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#14 – François Mattens (XXII) : IA, souveraineté et lobbying, itinéraire d’un explorateur

#14 – François Mattens (XXII) : IA, souveraineté et lobbying, itinéraire d’un explorateur

35min |27/06/2025
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#14 – François Mattens (XXII) : IA, souveraineté et lobbying, itinéraire d’un explorateur

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Description

💬 « L’espèce humaine a peur de ce qu’elle ne comprend pas. Le réflexe, c’est de ne rien faire et de mettre sous contrainte. »


De la défense aux startups, en passant par la fabrique de la loi, François Mattens incarne une nouvelle génération de lobbyistes engagés sur des terrains stratégiques : intelligence artificielle, souveraineté industrielle et technologies duales.


Directeur des affaires publiques chez 22, cofondateur de Défense Angels et membre de la Société des explorateurs français, il déploie une vision lucide des enjeux technologiques et démocratiques qui façonnent notre futur commun.


Dans cet épisode, on parle de :


🔹 son coup de foudre pour la vision par ordinateur et la naissance de 22,
🔹 la souveraineté technologique comme enjeu industriel et politique,
🔹 l’éthique face aux risques de surveillance généralisée,
🔹 la complexité des réglementations européennes (AI Act, RGPD, DSA…),
🔹 l’art de convaincre députés et régulateurs quand on est une startup,
🔹 le financement de l’innovation dans un climat géopolitique tendu,
🔹 et de sa conviction qu’innover, c’est d’abord assumer ses responsabilités citoyennes.


Un échange sans langue de bois, passionnant, avec l’un des visages les plus singuliers de la tech française.


Vous pouvez contacter Pierre sur Linkedin.

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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    L'espèce humaine a peur de ce qu'elle ne comprend pas. Donc le réflexe quand t'as peur, c'est que tu ne fais pas et tu le mets sous contrainte. La France est un très beau pays pour monter des boîtes. D'abord t'es bon dans ce que tu fais, ensuite t'es compétitif au niveau des prix, et en plus de ça, c'est génial, t'es souverain. Mais quelqu'un qui dit « Ah ouais, je suis souverain, donc tu vas m'acheter » , Non mais t'es nul et tu coûtes cher. Renverse le sens de la chose.

  • Speaker #1

    Qui sont ceux qui font la loi ? Je m'appelle Pierre, fondateur de la plateforme de veille institutionnelle Légit Watch, et je rencontre celles et ceux qui font les coulisses de notre vie politique. Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir François Matins, vice-président des affaires publiques et des partenariats stratégiques chez 22, donc 22 qui est l'un des leaders français de l'intelligence artificielle appliquée à la vision par ordinateur. François, tu es aussi co-fondateur de Défense Angels. donc tu connais par cœur les ponts entre technologie de rupture souveraineté industrielle et régulation et puis finalement tu enseignes dans plusieurs écoles et universités. Est-ce que tu veux rajouter quelque chose à ton parcours François ?

  • Speaker #0

    T'as déjà pas mal résumé de pas mal de choses que je fais actuellement mais on pourra rajouter parce que c'est un peu une fierté c'est aussi quelque chose sur lequel ça me nourrit et je partage c'est que j'ai l'occasion d'être depuis quelques années membre de la société d'explorateurs français donc je suis explorateur dans certains sens du terme et ça me donne l'occasion de voyager et de faire des rencontres passionnantes avec beaucoup de gens, donc on va peut-être avoir l'occasion de discuter même si c'est pas le thème du podcast du jour.

  • Speaker #1

    Explorateur en quoi ?

  • Speaker #0

    Explorateur, moi j'ai beaucoup centré ma philosophie d'exploration sur rencontrer des gens décalés, bizarres, qui explorent certains champs de l'humanité et de la société. Et c'est des gens avec qui j'ai fait des rencontres assez incroyables, qui ont tous des parcours de vie assez dingues et qui contribuent à faire évoluer la société sur des sujets comme le climat. les rapports sociaux, l'espace, les océans. Enfin bref, ça me nourrit beaucoup intellectuellement.

  • Speaker #1

    Donc en termes d'évolution de société, t'es en plein dedans. Donc qu'est-ce qui t'a amené à rejoindre 22 ? Donc je rappelle qu'ils bossent dans l'intelligence artificielle pour la surveillance vidéo, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Exactement. Alors pas de la surveillance, justement, on y reviendra. C'est de l'analyse de flux vidéo, mais ça fait loin de là que de la surveillance. Et c'est un des sujets sur lesquels moi je travaille beaucoup. Mais pourquoi 22 ou 22 ? C'est tout simple, ça a été un coup de foudre amical avec le cofondateur William Eldin. qui est un personnage qui est fou, comme moi, dans le bon sens du terme, et avec qui on s'est retrouvés sur un système de valeurs, sur une manière de voir le monde et une philosophie. Puis on s'est rencontrés et au bout d'une heure, on s'est dit, écoute, on ne sait pas quand, on ne sait pas comment, mais un jour, on travaillera ensemble. Et deux ans plus tard, il y a eu un aliment des planètes. Moi, j'ai dit, j'aimerais bien bosser vraiment avec toi. Lui m'a dit, j'ai besoin d'un mec comme toi et ça s'est fait. Trop bien.

  • Speaker #1

    Tu l'as rencontré dans une exploration ?

  • Speaker #0

    Alors non, on a une amie en commun qui m'a dit, écoute, François, t'es complètement fou. Je pense que si vous rencontrez, ça peut faire un truc incroyable. Et donc, elle a eu le nez creux et voilà, ça a fait des chocapics, comme dit l'autre.

  • Speaker #1

    Génial. Et là, du coup, quel est ton rôle exact chez 22 ? Quel est ton quotidien ?

  • Speaker #0

    C'est une bonne question qui est à la fois très claire sur certains aspects et beaucoup moins, parce que le métier des affaires publiques est à la fois un métier qui est très paradoxalement ultra régulé. Et tant mieux sur la profession, on entend-il le terme lobbyiste, qui est toujours un peu... On voit des caricatures, etc. Alors que le métier des affaires publiques reste un métier qui est très contraint par la loi, par certaines règles. juridiques ou déontologiques et c'est une très bonne chose mais à côté de ça un directeur ou un responsable affaires publiques d'une entreprise à une autre il fait pas du tout la même chose et moi la manière dont je fonctionne au sein de cette entreprise il y est sur trois volets le premier volet c'est que je fais on va dire de manière assez classique des affaires parlementaires où mon travail c'est d'être au contact du législateur parce que on travaille sur une technologie on pourrait revenir qui aujourd'hui est très peu encadré légalement et qui fonctionne beaucoup sur la jurisprudence. Donc, on est toujours sur l'interprétation. Et moi, je promeux que cette technologie qu'on utilise soit beaucoup mieux encadrée pour travailler dans un cadre légal beaucoup plus simple à comprendre. Donc ça, c'est le premier aspect. Ensuite, j'ai un autre aspect qui est être au contact du régulateur, qui aujourd'hui est quelqu'un avec qui on est en contact, évidemment, régulièrement sur ces sujets-là. J'ai le volet, on va dire, représenter mon CEO, donc William. Quand tu as des endroits, il ne peut pas le faire, tu vois, pour des podcasts, pour des conférences, certains niveaux de discussion, que ce soit politique, institutionnel. en gros je fais son bras droit ou son plan B quand il peut pas être là. Et le dernier volet, qui aussi ça va être très spécifique au monde des startups, c'est que j'aide mes commerciaux dans une logique un peu de business development stratégique, c'est-à-dire que moi de par ma fonction et de par mon réseau, j'ai une capacité à aller sentir des choses, comprendre certaines problématiques, aller ouvrir des portes à un niveau stratégique, dans des institutions, dans des ministères ou dans des grandes entreprises, qui permet ensuite de redescendre ça à mes sales qui ensuite font leur boulot de commerciaux derrière. Ok,

  • Speaker #1

    donc si je comprends bien, il y a une partie de... de ta journée qui est autour de la législation et l'autre qui est autour du business.

  • Speaker #0

    Exactement, tout à fait. C'est bien résumé.

  • Speaker #1

    T'es très investi dans l'écosystème souveraineté-défense avec Défense Angels. Pourquoi t'as lancé Défense Angels ? Et ensuite, en quoi est-ce que ça influence ta vision des politiques publiques liées à l'intelligence artificielle ?

  • Speaker #0

    En fait, c'est quelque chose que j'avais lancé en side project, d'ailleurs qui est toujours un side project, que je fais ça le soir et le week-end. donc j'ai confondé ça moi avec un camarade qui s'appelle Guy Gourevitch, qui est quelqu'un qui a beaucoup plus d'expérience que moi. Dans le monde de la finance, moi je venais plutôt du monde de la défense, historiquement. Et on a monté ça, qui était en gros de se dire, mais quand je te dis ça, tu vois, l'actualité nous a, heureusement, slash malheureusement, donné raison, qu'il y a un gros problème, un déficit d'image du secteur de la défense et de l'industrie de défense, qui aujourd'hui a très mauvaise réputation, parfois sur certains aspects, à tort ou à raison. Et le monde de la finance et de l'investissement rejetait ça à ce moment-là en disant, ben non, c'est pas bien, avec toutes les normes ESG, compliance, etc. Ce qui... encore une fois c'est des normes qui sont nécessaires, il n'y a pas de problème et du coup il y avait une vraie frilosité bancaire et financière pour suivre ces boîtes-là et donc nous ce qu'on a fait on a dit mais c'est dommage pour pas dire dangereux qu'on a des briques technologiques en France qui répondent à un vrai besoin parce que c'est très spécifique et ça mettrait en danger la souveraineté de la France et de l'Europe si ces boîtes-là partent à l'étranger et comme personne ne voulait les financer elle disait bah moi soit je vais mourir ou soit je vais aller me financer à l'étranger parce qu'eux ils sont moins frileux aller mettre de l'argent chez moi. Et donc c'est là qu'on a créé ce réseau d'investisseurs qui maintenant a pris une... énorme ampleur et l'actualité depuis quelques mois fait que ça décolle très très fort pour se dire, oui la souveraineté c'est technologique c'est hyper important sur plein d'aspects mais il y a aussi un maillon de la chaîne c'est le côté souveraineté du financement pour pouvoir garder la capacité à ces technologies, à ce qu'elles restent françaises en termes de capital et pour pouvoir donner à la France les moyens de ses ambitions sur certains aspects.

  • Speaker #1

    Tout est 100% français dans les logiciels, dans ce que vous soutenez ?

  • Speaker #0

    Ça n'existe pas du 100% français c'est pour ça que moi je me méfie beaucoup du terme souveraineté qui maintenant fait beaucoup... paraître certaines personnes intelligentes dans les dîners en ville parce que ça fait intelligent de dire souveraineté. Déjà, personne n'est capable de définir ce que c'est exactement la souveraineté. Je te prends un exemple. Là, je suis sur mon Mac, j'ai un iPhone, je gère mes mails sur Gmail. Est-ce que je suis souverain quand je fais tout ce que je fais ? Une partie non. Donc, il faut se méfier du mot souveraineté. La souveraineté, c'est une acceptabilité, une perte d'autonomie qui est plus ou moins anticipée et calculée. Moi, je sais que pour moi, avoir une perte d'autonomie complète sur ce truc-là, ce n'est pas très grave, ce n'est pas critique. En revanche, sur d'autres aspects, c'est indispensable. d'avoir cette autonomie, donc de rester souverain. Et c'est où est-ce que tu mets le curseur ? Pour répondre à ta question, le 100% souverain, à part sur des niches très spécifiques, n'existe quasiment jamais. C'est où est-ce que tu mets le curseur pour être souverain à 80-90% pour te laisser cette marge ?

  • Speaker #1

    Pour toi, il est où le bon curseur,

  • Speaker #0

    justement ? Ça dépend des sujets, encore une fois, c'est difficile de faire une généralité. Quand tu parles de technologies qui sont liées au nucléaire, là tu te rapproches beaucoup plus des 100%, et quand tu te rapproches de certaines choses qui sont du back-office, Bouge pas du marketing ou de la com' Bon, tu... tu t'en fous quasiment d'être souverain, tu prends le truc qui fonctionne le mieux, qui rentre dans ton budget pour obtenir ça. Encore une fois, c'est chacun met le curseur où il veut en fonction de son acceptation du risque et de la perte d'autonomie et de l'écosystème dans lequel il évolue.

  • Speaker #1

    Ok, super intéressant. Du coup, pour parler de 22, tu m'as repris tout à l'heure en disant que justement, ce n'était pas de la vidéo surveillance. Est-ce que tu peux parler des cas d'usage que vous rencontrez ? Et aussi, est-ce qu'il peut y avoir des usages liés à la défense,

  • Speaker #0

    justement ? Bien sûr. Alors, je peux t'en parler, mais le podcast durait 4 heures parce que les cas d'usage sont infinis. Je te prends un exemple très concret. Aujourd'hui, tu l'as dit, parce que le mot caméra est souvent associé à surveillance, c'est normal. Historiquement, on met des caméras pour surveiller ou protéger, peu importe où tu utilises la terminologie. Donc oui, on a des cas d'usage qui permettent de détecter les bagarres, de détecter certains objets dangereux, de détecter des mouvements de foule, de détecter des départs d'incendie. Tu vois, ça, c'est des cas d'usage, on va dire, très liés à la sécurité. Mais cette technologie qui est la même, elle est capable aujourd'hui de sauver des vies, où je te prends un exemple. nous, notre solution, elle est capable de détecter des gens qui se noient dans des piscines ou aux abords de certaines bases nautiques. Donc là, est-ce que tu fais de la surveillance en tant que telle ? À côté de ça, on est capable d'optimiser la capacité à mieux gérer des endroits qui reçoivent du public ou, pour une logique, tu vois, d'expérience client, je sais pas, je prends des parcs d'attraction, des stades, où on s'est dit, ben voilà, on voit qu'en temps réel, cette entrée elle est bouchée, donc il y a une file d'attente qui est plus de 30 minutes, c'est pas normal. Donc ça envoie une alerte à la personne qui gère le stade ou qui gère le truc. rééquiper, on va rouvrir trois portes en plus pour fluidifier le flux, donc ça te permet de gagner du temps. Et après, on peut descendre dans un niveau de granularité qui est bien plus puissant. Aujourd'hui, on bosse avec des fast-foods, où le manager d'un fast-food maintenant, il a une tablette, et en temps réel, ça lui dit que quand il y a plus de trois voitures qui rentrent sur le parking, ça lui dit qu'il va préchauffer des steaks. Quand il y a un plateau qui est abandonné sur la table, ça lui dit qu'il va nettoyer la table 18. Quand il y a 20 personnes qui vont aux toilettes, ça lui dit qu'il va nettoyer les toilettes. Et quand il y a plus de 12 minutes d'attente à la caisse, ça lui dit va demander à la caisse. Et je te prends l'exemple qu'on connaît tous aussi, à l'aéroport. Aujourd'hui, nous, on a appris à ce que c'est un camion de bagage, un camion de fuel et un camion de 4 rings. Et en temps réel, c'est capable de dire, ton avion, la F422, qui devait décoller à 10h30, oublie. Parce qu'en fait, ça, ça a déjà du retard, ça a déjà du retard. Donc, je peux déjà te dire de manière quasi anticipée que ton avion, il a 8 minutes de retard. Et ça, ça te permet en temps réel, à la tour de contrôle, d'envoyer 3 avions en plus sur la piste dans ces 8 minutes-là. Donc, les cas d'usage, si tu veux, ils sont les mêmes que ceux que tu utilises avec tes yeux. Au quotidien, tes yeux, tu n'utilises pas pour faire la surveillance. c'était pas que en mode paranoïaque et bien non tu les fais pour admirer ça, tu les fais pour comprendre telle situation, tu les fais pour t'alimenter intellectuellement. La technologie de la vision par ordinateur, c'est exactement la même chose. Donc c'est ce qu'on essaie de faire chez 22, c'est utiliser tous les cas d'usage aujourd'hui qui existent, qui sont les mêmes que ceux de tes yeux, pour apporter une information stratégique au preneur de délais. décision pour qu'il puisse utiliser cette technologie pour non pas remplacer l'humain, mais augmenter l'humain dans sa prise de décision.

  • Speaker #1

    Je comprends. Après, si je vais dans un cas extrême, qu'est-ce qui garantit que vous ne pouvez pas l'utiliser à d'autres fins ? Par exemple, si demain, il y a un fonds chinois qui veut vous racheter, qui a la capacité, qui acquiert la capacité que vous avez, qu'est-ce que...

  • Speaker #0

    La question est à la fois légitime et normale. Il y a plusieurs guerres de fou. Déjà, un fonds chinois en dira non. La réponse est assez simple. Mais à côté de ça, je t'enlève le côté uniquement... tu vois nationalité du fond, la première chose et c'est vrai qu'on oublie, c'est qu'on est entreprise, on est là pour gagner de l'argent. Mais on reste des citoyens. William, moi-même et tous les gens qui sont en la boîte n'ont pas envie que notre technologie serve à surveiller les gens. On est des citoyens au quotidien, on n'a pas envie de contribuer à une société de surveillance. Donc tu vois déjà, il y a notre propre système de valeur qui est contre un système de surveillance généralisé. Et en plus de ça, derrière, on a mis des garde-fous au sein de l'entreprise. Je t'en cite deux principaux. Le premier, c'est qu'on a bridé volontairement notre technologie Merci. pour que ça soit impossible by design de détourner la technologie pour par exemple faire de la reco faciale parce que c'est pas possible donc quelqu'un qui demain rachète notre techno il peut pas rajouter la couche de reco faciale en tout cas sans notre autorisation et deux on a un comité éthique aussi qui challenge la stratégie de l'entreprise sur des cas d'usage qui peuvent potentiellement porter à confusion et donc du coup on a en fonction du développement du produit et du business development et bah le comité éthique a son mot à dire en disant bah non là ça nous dérange et dans le comité éthique on a des gens ... qui sont de l'interne et des gens qui sont de l'interne voient qu'ils sont des anti-technologies, tu vois, des associations qui ne sont pas forcément nos amis. On les associe à la prise de décision pour prendre leurs avis. Après, c'est nous qui décidons, c'est notre entreprise, mais tu vois, on ne se coupe pas de ce dialogue des gens qui ne sont pas toujours d'accord avec nous. OK.

  • Speaker #1

    Comment on fait techniquement pour interdire, tu disais, by design, on ne peut pas...

  • Speaker #0

    Tu brides une partie de certaines technologies, tu vois, la manière dont tu fabriques tes algorithmes. Tu te dis, cette anulénie, tu ne pourras pas franchir telle limite de reconnaissance biométrique. ou de l'utiliser dans telle situation de cas d'usage. Je te prends un exemple très concret. On nous a demandé il y a quelques temps, une ville qui nous a demandé de détecter les caravanes. On se doute bien du cas d'usage qu'il pouvait y avoir sur détecter des caravanes à l'entrée d'une ville. On a dit, techniquement, on saurait le faire, mais on a refusé. On a dit, nous, on peut vous détecter les caravanes pour de la statistique, si vous voulez, à froid. C'est-à-dire, au bout d'une semaine, d'un mois, deux mois, combien il y a eu de caravanes dans votre ville, mais on ne vous fera pas de la détection en temps réel. Donc on a refusé de vendre la partie détection en temps réel des caravanes.

  • Speaker #1

    donc tu vois c'est un truc très concret qu'on est capable de faire Justement un amendement en ce moment prévoit de limiter la reconnaissance biométrique en temps réel dans l'espace public, est-ce que ça change quelque chose pour vous, est-ce que comme dans tous les cas vous avez pas prévu le temps ?

  • Speaker #0

    Non ça change rien aujourd'hui puisque nous on fait pas de reconnaissance biométrique donc c'est pas un sujet pour nous en tant que tel mais évidemment c'est des évolutions qu'on suit, encore une fois si tu veux, faut pas être manichéen, faut pas dire la reconnaissance faciale c'est horrible, on va surveiller tout le monde, oui d'accord, et en même temps faut pas dire c'est génial, faut en mettre partout moi je te prends des cas très concrets, moi je suis content de savoir que potentiellement, aujourd'hui légalement dans certaines conditions, les forces de l'ordre sous le mandat d'un magistrat sont en capacité d'utiliser de la reconnaissance faciale quand il y a eu un crime de sang, quand il y a eu quelqu'un qui s'est fait agresser et tu peux gagner des heures et des jours précieux de retrouver quelqu'un parce qu'il y a l'utilisation de cette technologie. Voilà, tu vois, je dis, c'est bien, cette technologie, elle est géniale. Et inversement, je me dis, je n'ai pas envie qu'au quotidien, tout ce qu'on fait soit scanné et qu'on nous... tu vois je te prends la caricature de la Chine où tu as un crédit social, où si tu as craché par terre, tu perds des points et tu n'as pas le droit de voyager. Et à aucun moment, j'ai envie de vivre dans ce monde-là. Et c'est la même technologie pourtant.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu penses de la phrase qui dit « Les États-Unis innovent, la Chine copie et l'Europe régule » ?

  • Speaker #0

    Comme toute caricature, c'est jamais faux à la base, mais c'est volontairement un peu étiré. Oui, aujourd'hui, c'est vrai que c'est une question de culture. Alors là où je modère beaucoup, c'est « C'est fini, les Chinois ne copient plus. » Les Chinois aujourd'hui, ils produisent des millions d'ingénieurs. Les Chinois y publient. plus de publications en IA que les Etats-Unis. Donc c'est fini cette caricature du chinois qui fait que de l'espionnage. Je dis pas qu'ils en font pas, évidemment ils en font encore plein, et ils ont raison, tout le monde le fait. Mais ils produisent maintenant de la vraie intelligence. Déjà le côté chinois, non, ça c'est obsolète. En revanche, je te prends le côté US versus Europe et France, c'est vrai que nous, on a une tendance à... Quand une technologie est nouvelle, et nous on est en plein dedans en ce moment avec 22, c'est que tout de suite on voit le côté anxiogène de la chose, on dit oulala, c'est une technologie nouvelle, donc principe de précaution, on va surtout tout faire pour la brider au début pour ne pas prendre de risques et ensuite petit à petit, on va voir comment on peut l'étendre, etc. La culture et le mindset américain, il est différencié. Waouh ! Il y a une nouvelle technologie, c'est inopportune, incroyable. On y va à fond et de manière empirique et pragmatique, on va voir comment on la régule s'il y a des dérives qui apparaissent. Et donc tu vois qu'avec ce décalage-là, en effet, malheureusement pour certaines entreprises européennes, c'est plus long et plus compliqué d'innover et d'aller chercher des marchés quand on te met de la contrainte réglementaire a priori plutôt que d'avoir la contrainte de manière, si tu veux... empirique et pragmatique et c'est là où c'est une culture qui est différente entre états unis et l'europe mais encore une fois tu as dans l'autre sens aujourd'hui tu vois que beaucoup de personnes réfléchissent actuellement aux états unis pour s'inspirer de certaines réglementations européennes notamment l'air gpd donc si c'était si mauvais il le prendrait pas encore une fois c'est ouest On met le curseur de réguler, c'est important, mais en même temps ne pas brider l'innovation et la capacité à faire du business.

  • Speaker #1

    En parlant de contraintes, certains élus veulent interdire totalement la surveillance algorithmique dans l'espace public. Qu'est-ce que tu en penses ?

  • Speaker #0

    Comme toute idée manichéenne, c'est mauvais. Cette technologie-là, et moi c'est un argument que je pousse et on communique beaucoup avec ma boîte, c'est que cette technologie-là, il faut arrêter de l'associer uniquement à la surveillance. Alors des fois, c'est très important de faire de la surveillance, encore une fois, on veut tous vivre en sécurité dans l'endroit où on est. quel garde-fou en termes de liberté publique tu mets si tu utilises cette technologie pour la surveillance. Mais à côté de ça, moi, je mets au défi de dire des gens, on va intéresser cette technologie alors qu'elle peut sauver des vies. On a prouvé que notre technologie, quand elle est utilisée dans certains cas, elle sauve des vies, des gens des noyades, des gens qui font des arrêts cardiaques, des départs d'incendie. On va dire, OK, signe en bas à droite, toi, monsieur tel élu, que dans cet endroit-là où il y a toujours des feux de forêt, où il y a toujours tel problème de sécurité ou de vivre ensemble, que tu es prêt à assumer. moralement et potentiellement électoralement, légalement, que si on n'avait pas mis cette technologie-là, on aurait peut-être... Enfin, si on avait mis, pardon, on aurait pu sauver des vies. Donc, encore une fois, le problème, c'est que c'est une technologie qui est assez compliquée et donc l'espèce humaine a peur de ce qu'elle ne comprend pas. Donc, le réflexe quand t'as peur, c'est que tu ne fais pas et tu le mets sous contrainte. Nous, et c'est une partie de mon métier, c'est de faire de la pédagogie sur cette technologie en disant oui, c'est une technologie nouvelle, mais il faut voir le bon côté de la chose, il faut l'encadrer, il faut le réguler mais laissez-nous vous prouver qu'on est capable de faire des choses extraordinaires c'est pour rendre un monde meilleur et pas un monde de surveillance parce que nous 22 et moi individu qui travaille en U je n'ai pas envie de contribuer à une société de surveillance et ça du coup tu fais de la pédagogie mais c'est avec qui ?

  • Speaker #1

    tu t'adresses aux élus ?

  • Speaker #0

    c'est dur c'est dur et ça tu vois on est plein dedans et j'ai chanchouin avec mes homologues c'est que dès que t'as une technologie et une partie de mon métier qui fait la beauté c'est de rendre intelligible des choses complexes c'est une partie du métier du directeur affaires publiques c'est quelqu'un qui doit comprendre tout ce qui se passe dans sa boîte et qui est un traducteur à des gens qui sont en dehors de son écosystème et ils doivent comprendre tous les enjeux. Faire comprendre que le monde extérieur, quel impact il peut avoir dans sa boîte et parler souvent à des techs qui leur expliquent attention, si tu fais ça, le législateur ne va pas comprendre. Et donc, tu es au milieu, tu es ce point nodal qui doit faire l'aller-retour entre les deux.

  • Speaker #1

    C'est qui pour toi le législateur ?

  • Speaker #0

    Le législateur, c'est le parlementaire, c'est le conseiller du ministre Intel, c'est le journaliste qui influence forcément la perception qu'on a de cette technologie. C'est l'association qui est en face de toi, qui, pour des bonnes ou de mauvaises raisons, caricature ta technologie, etc. Et donc, tu passes ta journée aujourd'hui à expliquer que cette technologie-là... il faut la rendre intelligible et il faut passer des messages et c'est là où c'est difficile en ce moment particulièrement c'est que toi tu es inscrit dans une temporalité qui est moyennement longue c'est-à-dire que à la fois tu as des urgences business et donc ça c'est de l'urgence au jour le jour et à côté de ça tu dois expliquer que ce que tu vas faire ne va pas être un changement de société et puis c'est technologiquement parlant tu dois expliquer mais la temporalité du monde politique et médiatique il n'est pas celui que tu expliques et donc parfois il y a un décalage qui peut être frustrant quand tu bosses dans la tech pour expliquer certaines choses ou le législateur ils ne voient pas l'intérêt politique. de t'aider.

  • Speaker #1

    Ok. Donc, très concrètement, si je grossis le trait, ce que je comprends, c'est je suis François, je sors mon téléphone, j'appelle des députés et je leur dis moi, je gère une start-up, ma priorité, c'est ça, ça, ça. Les États-Unis ont de l'avance, les Chinois ont de l'avance. Comment tu t'y prends ? Est-ce que c'est ça ton...

  • Speaker #0

    Alors, oui, si on caricature, c'est un peu ça, mais moi, je suis plutôt dans une logique. J'ai entretien une relation avec les gens de l'écosystème législatif, qu'ils soient des collaborateurs. les régulateurs, les parlementaires, les régulateurs, etc. pour avoir un dialogue quotidien et pas uniquement avoir, quand j'ai besoin de quelque chose ou quand il y a une urgence, faire de la pédagogie au quotidien en expliquant ce qu'on fait, en expliquant les prochaines évolutions qu'on va avoir. Et en effet, c'est le métier des affaires publiques d'alerter le décideur public en disant attention. Sachez que si on ne fait pas ça, la conséquence pour des boîtes comme la nôtre qui sont françaises, qui représentent l'écosystème tech français et qui essaient de faire les choses bien, c'est préjudiciable pour une boîte comme nous, donc pour la France. Et inversement... leur dire attention si vous allez faire ça dans ce cadre là ça va nous mettre en contrainte nous on n'est pas d'accord et puis c'est un dialogue que tu crées avec eux donc c'est dans les deux sens on s'auto-alimente pour comprendre qui fait quoi toi en tant que start-upper finalement t'es reçu t'es écouté par les parlementaires alors oui c'est pas facile tous les jours parce que quand t'es pas un grand groupe t'es pas une grande fédération t'as moins la capacité à te faire entendre en revanche c'est l'avantage de 22 c'est qu'on est une boîte qui commence à être très connue dans l'écosystème de l'IA en France. deux, on a un personnage qui incarne la boîte qui est William Hélin qui est charismatique et qui est visible donc du coup ça aide et après c'est là aussi une raison pour laquelle William m'a recruté il y a 3 ans maintenant c'est parce que moi quand je suis arrivé dans la boîte j'ai créé ce côté direction affaires publiques chez 22 mais j'arrivais avec mon réseau ma connaissance qui m'a permis et me permet encore aujourd'hui d'être reçu au-delà de ma caisse K2N2. Je suis reçu parce que François Matins, je suis connu auprès des gens à qui j'ai créé une relation de confiance et qui me permet de pousser des messages qui sont les miens, qui sont ceux de l'entreprise que je représente.

  • Speaker #1

    Alors j'ai lu que la tech française plaide pour une exception européenne, une voix française. Est-ce que c'est ce que tu défends toi et est-ce que tu peux en parler ?

  • Speaker #0

    Ouais, sur certains aspects, c'est important. C'est qu'aujourd'hui, si tu veux, tu as une logique du marché libre complet à Bruxelles ou sur des appels d'offres ou sur certains marchés européens. tu te retrouves face à des boîtes américaines, chinoises et israéliennes. Parce que la philosophie de Bruxelles, c'est qu'on vit dans un monde où ça permet de tout le monde la concurrence saine, etc. Tu le vois au jour le jour et tous les gens qui nous écoutent se rendent compte que le monde des bisounours, en disant tout le monde s'aime, c'est génial, la concurrence elle est normale, c'est pas vrai. Ce que fait aujourd'hui un Trump avec les droits de douane, ce que font les Chinois. Donc beaucoup de gens aujourd'hui, et je ne paronne pas du tout une logique de protectionnisme, parce que le protectionnisme c'est le renfermement et c'est jamais bon. En revanche, oui, sur certains sujets, sur certaines technologies, il pourrait y avoir, on va dire, je ne sais pas, mais une sorte de fast track. ou une priorisation de certaines boîtes françaises ou européennes pour certains marchés, parce que c'est dans l'intérêt de tout le monde que ce soit des entreprises françaises ou européennes qui contribuent soit dans une logique de souveraineté, soit dans une logique économique, de se dire qu'il faut faire bosser les Européens en Europe en priorité. Encore une fois, la souveraineté, moi ce que je dis souvent, ce n'est pas un cash-sex pour se retenir d'être bon. D'abord, tu es bon dans ce que tu fais, ensuite tu es compétitif au niveau des prix, et en plus de ça, c'est génial, tu es souverain. Mais quelqu'un qui dit « Ah ouais, je suis souverain, donc tu vas m'acheter » , Non mais t'es nul et tu coûtes cher. renverse le sens de la chose. Donc là aussi, il faut faire ça en bonne intelligence, mais c'est une idée située sur le principe qui n'est pas déconnante. Après, c'est comment on la met en œuvre, et là, t'es avec des contraintes légales et politiques qui ne sont pas toujours faciles.

  • Speaker #1

    Donc on revient sur les contraintes légales. Alors j'ai trouvé plein de choses qui, pour moi, sont des acronymes difficiles à comprendre. Il y a le AI Act, DSA, DMA, RGPD, NIS2, bref, plein de choses qui tentent de réguler, je pense, l'intelligence artificielle. Est-ce que pour toi, c'est cohérent ou est-ce que c'est un empilement ?

  • Speaker #0

    Non, c'est pas cohérent. Enfin, le fou qui est schizophrène, il a une cohérence qui lui est propre. Sans dire qu'à Bruxelles, ils sont schizophrènes et fous. Mais pour te dire que c'est qu'on rajoute des couches qui, quand tu les annies chacun à leur niveau, sont très cohérentes. Les high-heights vont réguler une telle partie de l'IA. Nice 2 va réguler la sécurité des IA et la cyber. Le DMA va faire autre chose. Donc, encore une fois, chacun prie individuellement. C'est cohérent dans une chose. Mais quand tu vois que tu es une entreprise où tu dois gérer au quotidien, notamment une startup comme la nôtre, Tu te doutes bien qu'on n'a pas un département juridique à 15 personnes. c'est très compliqué de savoir dans quel environnement on doit travailler et du coup ça nous coûte du temps sur comprendre ce qu'on a le droit de faire ou de ne pas faire, pendant ce temps là on ne fait pas du business qui est quand même l'objectif encore une fois d'une entreprise et donc c'est cohérent à certains niveaux mais cet empilement, et tu as bien utilisé le mot aujourd'hui est très chronophage et épuisant quand tu travailles face à des concurrents ou tu travailles sur d'autres continents où on te demande de respecter la législation locale oui non, d'être compétitif par rapport aux autres oui non, et d'être capable de délivrer et donc ouais, tu vois c'est ce que je disais tout à l'heure c'est les contraintes qu'on te met a priori. avant même que tu aies commencé à bosser, tu dois déjà passer du temps sur savoir si tu es compliant vis-à-vis de tout ce que tu viens de nous citer. C'est fatigant et du coup, ce n'est pas forcément l'avantage des entreprises de la tech en Europe.

  • Speaker #1

    Est-ce que l'État, vous êtes quand même d'une part, alors j'ai cru comprendre que vous êtes bénéficiaire de France 2030, donc vous êtes soutenu par la BPI, est-ce que l'État est actionnaire chez vous ?

  • Speaker #0

    Ouais, tout à fait. Alors, encore une fois, en bon français, et parce que c'est un sport national, je râle super bien sur la France, c'est horrible. On reste un très beau pays ou tu peux créer des très belles boîtes ou t'as du crédit impôt recherche où tu as des ingénieurs d'excellente qualité. Donc oui, Cocorico, la France est un très beau pays pour monter des boîtes. Et encore une fois, il n'y a pas de sujet. Donc BPI nous a soutenus depuis le début et heureusement que BPI est là. On a plein de programmes dans lesquels on a bénéficié. Bon, après, on s'est fait challenger. Ce n'est pas parce qu'ils nous aiment bien qu'ils l'ont fait. C'est qu'on a répondu à une partie de leurs attentes. Donc l'État est actionnaire à travers BPI. on travaille au profit de plusieurs ministères et d'institutions régaliennes. on est soutenu par le plus haut niveau de l'État je te prends l'exemple c'est qu'il y a quelques mois William est parti dans l'avion présidentiel avec le président de la République en déplacement d'État au Maroc et c'était la seule boîte d'IA de ce déplacement pour proposer au Maroc voilà 22 est une boîte qui fait ça donc William a pu rencontrer plein d'autorités locales publics privés etc donc oui l'État français nous soutient c'est toujours appréciable et encore une fois on vit dans un beau pays après rien n'est parfait il y a plein de choses où l'État nous met sous certaines contraintes qui sont plus ou moins un... intelligente par rapport à ce qu'on fait. On n'est pas toujours d'accord avec l'État sur plein de trucs, donc on le lui dit. Mais globalement, on reste dans un pays où quand tu fais une boîte dans ce secteur-là, tu fais bien les choses et que tu respectes la loi, ça se passe bien.

  • Speaker #1

    Comment on fait pour aller dans l'avion présidentiel ? Comment vous êtes arrivés à ce point ?

  • Speaker #0

    On a un très bon lobbyiste. Non, mais encore une fois, il n'y a pas de secret. C'est que moi, j'ai entretien une relation avec des gens qui sont proches du président de la République. On discute régulièrement, on les alimente, on explique ce qu'on fait. On crée une relation de confiance.

  • Speaker #1

    Comment ces gens-là ?

  • Speaker #0

    Tu ne les connais pas plus que ça. C'est des gens que tu croises, que tu as dans des réseaux. Tu leur as fait un mail. Est-ce qu'on peut vous présenter ce qu'on fait ? Tu les recroises à un autre endroit. Après, c'est un petit milieu. C'est le milieu parisien. Donc, tu as des amis en commun. Tu les croises. Tu expliques ce que tu fais. Puis, à un moment, tu vois l'info que le président de la République part dans deux mois au Maroc. Nous, on a des intérêts dans certains pays, dont le Maroc. et on dit, tiens, on a un appel d'offres sur lequel on va se positionner, c'est un marché qui nous intéresse, etc. Et tu rencontres le conseiller qui va bien... du président de la République, il dit « bah voilà, nous ça, ça » . Et il dit « ok, bah why not, ça peut cocher les cases, faites-moi une note qui m'explique ce que vous faites au Maroc, ce que vous voudriez faire au Maroc » . Et puis après, eux, ils ont une réunion d'arbitrage avec toutes les places qu'ils attribuent au monde économique à chaque déplacement du président de la République. Ils ont estimé que 22 était pertinent par rapport à ce qu'on faisait. Et voilà, William s'est retrouvé pendant trois jours aux côtés du président de la République.

  • Speaker #1

    Trop bien. À chaque fois que le président se déplace, il y a des acteurs économiques ?

  • Speaker #0

    Alors, souvent. Après, ça dépend du niveau, si tu veux, protocolaire, ou quand il fait un déplacement. De quelques heures dans tel pays, il ne va pas s'amuser, il fait de la politique et de la diplomatie. En revanche, quand il y a des gros déplacements, quasi tout le temps, tu as des PDG du Bois de Gag 40, tu as des représentants de PME et maintenant, depuis l'ère Emmanuel Macron et même un peu avant, il y a des startups qui sont mises aussi en avant grâce à ça. Et donc, c'est toujours bon à prendre. Et encore une fois, c'est aussi une forme de soutien très concret que l'État français au plus haut niveau de l'État peut faire pour des entreprises comme la nôtre.

  • Speaker #1

    Que penses-tu du débat actuel sur l'intégration de l'IA dans les forces de sécurité ?

  • Speaker #0

    Le débat, déjà, il est légitime. il est sain et c'est normal qu'il y ait et moi ça m'inquiéterait en tant que citoyen qu'il n'y ait pas de débat là-dessus le débat il doit être là en revanche c'est par qui il est porté et est-ce qu'il est mis dans des bonnes conditions c'est un peu comme tout c'est demain tu lances un sondage la question que tu poses conditionne déjà à 90% la réponse que tu vas avoir donc quand déjà ton débat il est biaisé ou tu l'apportes avec une vision un peu anxiogène tu vois je te prends l'exemple très concret aujourd'hui moi ce que je fais on me dit que c'est de la VSA la vidéosurveillance algorithmique. Donc déjà, t'entends le mot, t'as peur. T'enlèves tout le débat, rien que la terminologie. qu'on utilise, mais moi je ne fais pas de la vidéosurveillance. Je fais de la vidéo intelligente ou de la vidéo algorithmique. Donc tu vois, moi je ne suis pas là pour te surveiller, je suis là pour une technologie qui aujourd'hui est mature, te permet de mieux comprendre le monde qui t'entoure. Pas pour faire de la science, mais parfois pour améliorer tes flux logistiques, parfois pour mieux gérer l'espace public, pour moins consommer d'énergie, parfois pour sauver des vies. Et oui, parfois pour faire de la surveillance pour des raisons de sécurité. Le débat, forcément, quand tu l'associes à la sécurité, il crée des tensions, il crée des anxiolymes. C'est là où nous, on essaie de montrer que, oui, c'est une technologie qui peut être utile au monde de la sécurité, c'est le cas. Mais pour certains cas d'usage très particuliers, dans lesquels il faut l'encadrer, pour à la fois qu'on puisse l'utiliser de manière opérationnelle, et que ça soit utile, on n'innove pas pour se faire plaisir, on innove pour que ça serve à quelque chose, et tout ça dans un cadre légal qui permet de l'utiliser. Et donc, le débat, il est là, on essaie d'y contribuer à notre petit niveau, c'est pas toujours facile est-ce que

  • Speaker #1

    Ton entourage comprend ce que tu fais ? Est-ce que justement c'est les mêmes questions ? Surtout qu'il y a un climat assez anxiogène avec la montée de l'extrême droite un peu partout. C'est vrai que ça paraît facile à imaginer un détournement.

  • Speaker #0

    Il y a plusieurs niveaux si tu veux. C'est que déjà, je ne sais pas si tu as déjà abordé ça dans tes précédents podcasts, mais le mot affaire publique c'est un truc de parisien. Moi je viens du nord de la France. Quand tu dis je suis directeur affaire publique, les gens qui ne traînent pas dans ce domaine, ils disent mais c'est quoi ? C'est un métier ça ? « Ok, directeur commercial de la com » , mais « affaires publiques » , c'est un truc d'un peu de consanguin parisien ? On voit tout de suite ce que c'est. Donc déjà, moi, expliquer mon métier, ce que c'est, je passe déjà une partie du temps à mon entourage à expliquer c'est quoi les affaires publiques. Et après, derrière, sur ma technologie, il faut la rendre, en effet, intelligible. Et les gens, ils comprennent ce qu'ils consomment dans les médias, globalement. Donc forcément, quand globalement, on associe toujours cette technologie à la sécurité, tout de suite, ils voient dire « Ouais, mais t'es là pour surveiller la population ? » Non, ok, donc que tu veux. La discussion qu'on a là, je l'ai re auprès d'un entourage, en disant bah non regarde demain quand ton gamin tombe dans la piscine parce que t'es avec la fête des voisins et que t'es bien content que tu reçoives une alerte sur ton téléphone parce que ton gamin est tombé dans la piscine et que tu l'avais pas vu donc est-ce que c'est de la vidéosurveillance ? Non,

  • Speaker #1

    c'est un truc qui sauvait la vie de ton gamin Je vais te proposer plusieurs phrases c'est la séquence vrai-faux

  • Speaker #0

    Est-ce que je dois dire la vérité ?

  • Speaker #1

    Tu dois dire la vérité, après je pourrais rien contrôler évidemment

  • Speaker #0

    Et je dis que vrai ou que faux ?

  • Speaker #1

    Non,

  • Speaker #0

    tu peux développer

  • Speaker #1

    Le AI Act mettra fin au développement de l'IA vidéo dans l'espace public Faux

  • Speaker #0

    En revanche, il le contraint, il le met sous certaines conditions, mais ce n'est pas ça qui va arrêter le développement, heureusement.

  • Speaker #1

    Une startup peut peser dans la fabrique de la loi si elle s'organise bien ?

  • Speaker #0

    Oui, ou double oui, surtout si mon chef m'écoute, parce que je suis quand même payé pour ça.

  • Speaker #1

    Le RGPD protège les données, mais freine l'innovation ?

  • Speaker #0

    Vrai d'une certaine manière. Alors, freine, en tout cas, il ne l'accélère pas, ça c'est clair.

  • Speaker #1

    Et enfin, la souveraineté technologique, c'est surtout une affaire de volonté politique ?

  • Speaker #0

    Tout à fait. Encore une fois, la souveraineté technologique, c'est un choix qui est fait, qui est dans un contexte très compliqué. Est-ce que tu as les moyens de le faire ? Est-ce que tu as l'outil pour le faire ? Mais quand il y a du volontarisme politique, tout est possible. Et on le voit, j'ai envie de te dire, malheureusement avec ce qui se passe aux Etats-Unis aujourd'hui, tu vois qu'il est capable, parce que le président dit, ils font des trucs qui sont quand même assez incroyables, où il y a encore 4 mois, 4-5 mois, on dit mais jamais de la vie, on ne verra ça. Et pourtant, il le fait.

  • Speaker #1

    On va passer sur ton parcours, tes moments clés à toi. Est-ce qu'il y a un dossier ou un amendement parlementaire que tu as réussi à faire évoluer et dont tu es particulièrement fier ?

  • Speaker #0

    Oui. Là aussi, je lance un message pour les écoutes, s'ils travaillent sur celui-là. C'est beaucoup de frustration, les affaires publiques, parce que c'est beaucoup plus d'échecs que de réussites, en général. Et puis, on vit dans un milieu d'humains où des fois, tu fais tout ce que tu peux faire. et tu comprends pas pourquoi ça marche pas et inversement des fois t'as pas fait grand chose et ça marche, tu sais pas non plus pourquoi mais ouais moi j'ai un exemple où c'est un peu une de mes fiertés parce que c'est en train de payer maintenant plusieurs années plus tard, c'est qu'à l'époque où je te disais je travaillais au JICA, j'étais le directeur d'affaires publiques du groupement industriel de la défense et de la sécurité terrestre et c'est au moment où je levais, alors sans faire le lanceur d'alerte mais j'expliquais qu'il y avait un problème de financement dans les PME, les startups de défense personne ne voulait m'écouter mais quand je dis personne, personne et par mon métier, par mes connaissances j'ai réussi à pousser l'idée de faire une mission d'information sur le financement de la défense, qui a été acceptée, qui a été votée à l'Assemblée nationale. Et à côté de ça, on a pu contribuer fortement à des propositions qui ont été mises dans le rapport. Et une des propositions mises dans le rapport, c'était la création de Défense Angels. Donc, un cas très concret de... Il y a un problème, j'explique le problème, comment je trouve le vecteur politique pour mettre en valeur mon problème et comment j'apporte une solution pour que ça soit mis en œuvre derrière et comment je le fais concrètement.

  • Speaker #1

    Du coup,

  • Speaker #0

    tu étais au début du projet.

  • Speaker #1

    Ton fonds, il est soutenu par l'État aussi ?

  • Speaker #0

    Alors oui, soutenu, alors pas financièrement. Mais en tout cas, on a eu un énorme soutien à l'époque de la ministre des Armées, Florence Parly, qui nous a cité dans son discours un gros événement en disant « Je félicite la création de Défense Angels parce que ça va dans le bon sens » .

  • Speaker #1

    Est-ce qu'à l'inverse, il y a un projet qui n'a pas abouti ou une frustration ?

  • Speaker #0

    Bien sûr. c'est l'histoire de ma vie de gérer ça mais je pourrais t'en citer des dizaines mais le nombre de fois où on va dire des choses et encore une fois sans citer de nom je te prends un exemple qui m'est arrivé il y a quelques mois où on pousse un sujet avec 22 et j'ai la personne qui est en face de moi qui est un proche collaborateur du premier ministre qui me dit mais François vous avez raison mais en fait on va pas pouvoir vous aider parce que moi dans 3 mois je sais pas si je suis encore là donc je vais pas dépenser du temps pour un truc où moi mon avenir politique et mon métier je sais pas donc comme si je t'aide l'impact peut avoir potentiellement des conséquences dans 6 mois, 1 an, 2 ans, moi c'est pas mon horizon politique, donc je vais pas passer du temps à t'aider tu réponds quoi à ça ? vu la démocratie qu'est-ce qu'il faudrait changer ? il faudrait changer plein de choses, et en même temps en venant dans le pays tu t'adaptes, tu trouves d'autres vecteurs t'essaies de trouver des gens qui sont peut-être un peu moins dans une logique politique-politicienne et qui disent bon je vais quand même t'aider parce que j'y crois et parce que ça fait avancer le système dans le bon sens Quand une fois, tu t'adaptes. Et c'est ce qui fait à la fois la frustration, mais la beauté de notre métier. C'est que quand on te ferme une porte, tu passes par la fenêtre. Quand on te ferme la fenêtre, tu passes par la cheminée et puis tu retournes à la porte trois mois après parce qu'il t'a peut-être oublié et tu repars à zéro.

  • Speaker #1

    C'est très joli mordi. On va arriver à la fin de cet épisode, François. Est-ce que tu as un conseil à donner à un jeune qui voudrait faire des affaires publiques ?

  • Speaker #0

    C'est un très beau métier, vraiment, parce que c'est un métier où on a une marge de manœuvre intellectuelle énorme. Et je te dis, des affaires publiques, tu peux en faire en ayant un angle de juriste, en ayant un angle d'un... un angle de politiste, un angle de communication. Donc, c'est un métier qui est passionnant. Et moi, j'ai découvert ça sur le tas parce que ce n'était pas du tout ma formation initiale. Donc, le conseil, c'est d'être passionné. Parce qu'il fait, c'est aimer les gens. Sincèrement, si tu veux faire des affaires publiques et que tu n'aimes pas l'interaction humaine, change de métier. Parce que c'est super d'avoir des très beaux outils de veille, comme les e-watch, par exemple. C'est super d'avoir une formation de hard skills, techniques, juridiques, etc. Génial, il faut en avoir. En revanche, ce qui va faire que tu aies un bon lobbyiste, ou un bon directeur de l'affaire publique, c'est que tu es capable de relier de l'humain et de mettre tout ça en réseau pour comprendre quels sont les tectoniques des plaques de la prise de décision politique. Et ça, c'est que l'humain et le côté passionné qui fera que tu seras bon dans ton métier.

  • Speaker #1

    Alors justement, si tu devais résumer ton rôle en une scène de film ou une chanson,

  • Speaker #0

    qu'est-ce que c'est que ça ? Tu me poses une colle. Une scène de film... Encore une fois, sincèrement, je vais te faire une réponse de Normand. Comment je définis mon métier ? Je le fais en... deux phrases. Le premier, c'est que je suis un facilitateur, dans le sens où mon boulot, c'est de rencontrer le matin des gens qui ont des problèmes, l'après-midi des gens qui ont des solutions, et le soir, je les mets en relation. Et ma vie au global, qui est très liée aux affaires publiques, c'est que c'est une succession de malentendus plus ou moins provoqués. Et donc du coup, tout ce que je fais, c'est très lié à avoir une compétence de fond, parce qu'il faut maîtriser ton sujet, vraiment sur le bout des doigts. Et en revanche, c'est mettre tout ça en réseau et recréer, être très curieux, rencontrer le plus de gens possible pour créer cette relation même qui fait qu'ils ont intérêt à t'écouter, ils te font confiance quand tu leur dis quelque chose. Et à côté de ça, rendre service, dans le bon sens du terme, sans attendre rien en retour. pour répondre à ta question quand même un film que j'aime beaucoup s'appelle Un Monde Meilleur avec Kevin Spacey qui date des années 90 et qui est sur la chaîne de la bienveillance et qui montre que quand tu rends service au quotidien petit à petit ça fait un effet papillon à travers le monde et que tu peux rendre le monde meilleur juste avec des petites BA du quotidien et ça te permet d'être reconnu et respecté dans ton métier.

  • Speaker #1

    Parfait, pour conclure François est-ce qu'il y a quelque chose que tu voulais aborder ici que t'as pas encore eu le temps d'exprimer ?

  • Speaker #0

    Il y a plein de trucs. Je fais plein de choses. Je suis en train de monter une école pour aider les dealers à la reconversion dans le monde de l'économie réelle. Je fais pas mal d'explorations. Il y a quelques mois, j'ai fait les tests de sélection des astronautes de la NASA parce que c'était un rêve de gosse. Je fais plein d'autres choses. Je suis pas mal engagé dans l'associatif parce que pour moi, un, ça m'a beaucoup formé. C'est une école de la vie. Je trouve l'associatif, ça t'apprend énormément. Et deux, ça comble beaucoup de choses que l'État ne peut pas faire. donc moi je suis le premier à dire Peu importe dans quelle cause ou dans quelle partie tu veux t'engager, je préfère toujours des gens qui sont engagés, même si je ne suis pas d'accord avec eux, que des gens qui subissent de la vie et qui sont des moutons et qui ne comprennent pas le monde qui les entoure. Un petit message là-dessus, c'est tout ce que vous faites, faites-le vraiment en bienveillance parce que 1, c'est crevant d'être un con, c'est plus fatigant que d'être sympa et c'est un bon investissement. Si je te parle, le ROI de la bienveillance est bien meilleur que d'être égoïste. Je le pense sincèrement. Et puis voilà, comme ton podcast tourne autour du métier des affaires publiques, c'est vraiment un secteur qui est passionnant, qui est encore avec plein de frontières à redéfinir. Mais en général, quand on met le pied dans les affaires publiques, on a du mal à repartir. Donc, allez-y, foncez. Si vous êtes passionné par ça, c'est un beau métier.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, François. J'étais un peu fatigué avant cet entretien. Tu m'as donné à nouveau la pêche. Merci, François.

  • Speaker #0

    Merci. Salut.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté Hémicycle, le podcast qui décrypte la fabrique de la loi. Je m'appelle Pierre, je suis le co-fondateur de l'Ejiwatch, la plateforme qui vous aide dans votre veille institutionnelle. A bientôt !

Description

💬 « L’espèce humaine a peur de ce qu’elle ne comprend pas. Le réflexe, c’est de ne rien faire et de mettre sous contrainte. »


De la défense aux startups, en passant par la fabrique de la loi, François Mattens incarne une nouvelle génération de lobbyistes engagés sur des terrains stratégiques : intelligence artificielle, souveraineté industrielle et technologies duales.


Directeur des affaires publiques chez 22, cofondateur de Défense Angels et membre de la Société des explorateurs français, il déploie une vision lucide des enjeux technologiques et démocratiques qui façonnent notre futur commun.


Dans cet épisode, on parle de :


🔹 son coup de foudre pour la vision par ordinateur et la naissance de 22,
🔹 la souveraineté technologique comme enjeu industriel et politique,
🔹 l’éthique face aux risques de surveillance généralisée,
🔹 la complexité des réglementations européennes (AI Act, RGPD, DSA…),
🔹 l’art de convaincre députés et régulateurs quand on est une startup,
🔹 le financement de l’innovation dans un climat géopolitique tendu,
🔹 et de sa conviction qu’innover, c’est d’abord assumer ses responsabilités citoyennes.


Un échange sans langue de bois, passionnant, avec l’un des visages les plus singuliers de la tech française.


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Transcription

  • Speaker #0

    L'espèce humaine a peur de ce qu'elle ne comprend pas. Donc le réflexe quand t'as peur, c'est que tu ne fais pas et tu le mets sous contrainte. La France est un très beau pays pour monter des boîtes. D'abord t'es bon dans ce que tu fais, ensuite t'es compétitif au niveau des prix, et en plus de ça, c'est génial, t'es souverain. Mais quelqu'un qui dit « Ah ouais, je suis souverain, donc tu vas m'acheter » , Non mais t'es nul et tu coûtes cher. Renverse le sens de la chose.

  • Speaker #1

    Qui sont ceux qui font la loi ? Je m'appelle Pierre, fondateur de la plateforme de veille institutionnelle Légit Watch, et je rencontre celles et ceux qui font les coulisses de notre vie politique. Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir François Matins, vice-président des affaires publiques et des partenariats stratégiques chez 22, donc 22 qui est l'un des leaders français de l'intelligence artificielle appliquée à la vision par ordinateur. François, tu es aussi co-fondateur de Défense Angels. donc tu connais par cœur les ponts entre technologie de rupture souveraineté industrielle et régulation et puis finalement tu enseignes dans plusieurs écoles et universités. Est-ce que tu veux rajouter quelque chose à ton parcours François ?

  • Speaker #0

    T'as déjà pas mal résumé de pas mal de choses que je fais actuellement mais on pourra rajouter parce que c'est un peu une fierté c'est aussi quelque chose sur lequel ça me nourrit et je partage c'est que j'ai l'occasion d'être depuis quelques années membre de la société d'explorateurs français donc je suis explorateur dans certains sens du terme et ça me donne l'occasion de voyager et de faire des rencontres passionnantes avec beaucoup de gens, donc on va peut-être avoir l'occasion de discuter même si c'est pas le thème du podcast du jour.

  • Speaker #1

    Explorateur en quoi ?

  • Speaker #0

    Explorateur, moi j'ai beaucoup centré ma philosophie d'exploration sur rencontrer des gens décalés, bizarres, qui explorent certains champs de l'humanité et de la société. Et c'est des gens avec qui j'ai fait des rencontres assez incroyables, qui ont tous des parcours de vie assez dingues et qui contribuent à faire évoluer la société sur des sujets comme le climat. les rapports sociaux, l'espace, les océans. Enfin bref, ça me nourrit beaucoup intellectuellement.

  • Speaker #1

    Donc en termes d'évolution de société, t'es en plein dedans. Donc qu'est-ce qui t'a amené à rejoindre 22 ? Donc je rappelle qu'ils bossent dans l'intelligence artificielle pour la surveillance vidéo, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Exactement. Alors pas de la surveillance, justement, on y reviendra. C'est de l'analyse de flux vidéo, mais ça fait loin de là que de la surveillance. Et c'est un des sujets sur lesquels moi je travaille beaucoup. Mais pourquoi 22 ou 22 ? C'est tout simple, ça a été un coup de foudre amical avec le cofondateur William Eldin. qui est un personnage qui est fou, comme moi, dans le bon sens du terme, et avec qui on s'est retrouvés sur un système de valeurs, sur une manière de voir le monde et une philosophie. Puis on s'est rencontrés et au bout d'une heure, on s'est dit, écoute, on ne sait pas quand, on ne sait pas comment, mais un jour, on travaillera ensemble. Et deux ans plus tard, il y a eu un aliment des planètes. Moi, j'ai dit, j'aimerais bien bosser vraiment avec toi. Lui m'a dit, j'ai besoin d'un mec comme toi et ça s'est fait. Trop bien.

  • Speaker #1

    Tu l'as rencontré dans une exploration ?

  • Speaker #0

    Alors non, on a une amie en commun qui m'a dit, écoute, François, t'es complètement fou. Je pense que si vous rencontrez, ça peut faire un truc incroyable. Et donc, elle a eu le nez creux et voilà, ça a fait des chocapics, comme dit l'autre.

  • Speaker #1

    Génial. Et là, du coup, quel est ton rôle exact chez 22 ? Quel est ton quotidien ?

  • Speaker #0

    C'est une bonne question qui est à la fois très claire sur certains aspects et beaucoup moins, parce que le métier des affaires publiques est à la fois un métier qui est très paradoxalement ultra régulé. Et tant mieux sur la profession, on entend-il le terme lobbyiste, qui est toujours un peu... On voit des caricatures, etc. Alors que le métier des affaires publiques reste un métier qui est très contraint par la loi, par certaines règles. juridiques ou déontologiques et c'est une très bonne chose mais à côté de ça un directeur ou un responsable affaires publiques d'une entreprise à une autre il fait pas du tout la même chose et moi la manière dont je fonctionne au sein de cette entreprise il y est sur trois volets le premier volet c'est que je fais on va dire de manière assez classique des affaires parlementaires où mon travail c'est d'être au contact du législateur parce que on travaille sur une technologie on pourrait revenir qui aujourd'hui est très peu encadré légalement et qui fonctionne beaucoup sur la jurisprudence. Donc, on est toujours sur l'interprétation. Et moi, je promeux que cette technologie qu'on utilise soit beaucoup mieux encadrée pour travailler dans un cadre légal beaucoup plus simple à comprendre. Donc ça, c'est le premier aspect. Ensuite, j'ai un autre aspect qui est être au contact du régulateur, qui aujourd'hui est quelqu'un avec qui on est en contact, évidemment, régulièrement sur ces sujets-là. J'ai le volet, on va dire, représenter mon CEO, donc William. Quand tu as des endroits, il ne peut pas le faire, tu vois, pour des podcasts, pour des conférences, certains niveaux de discussion, que ce soit politique, institutionnel. en gros je fais son bras droit ou son plan B quand il peut pas être là. Et le dernier volet, qui aussi ça va être très spécifique au monde des startups, c'est que j'aide mes commerciaux dans une logique un peu de business development stratégique, c'est-à-dire que moi de par ma fonction et de par mon réseau, j'ai une capacité à aller sentir des choses, comprendre certaines problématiques, aller ouvrir des portes à un niveau stratégique, dans des institutions, dans des ministères ou dans des grandes entreprises, qui permet ensuite de redescendre ça à mes sales qui ensuite font leur boulot de commerciaux derrière. Ok,

  • Speaker #1

    donc si je comprends bien, il y a une partie de... de ta journée qui est autour de la législation et l'autre qui est autour du business.

  • Speaker #0

    Exactement, tout à fait. C'est bien résumé.

  • Speaker #1

    T'es très investi dans l'écosystème souveraineté-défense avec Défense Angels. Pourquoi t'as lancé Défense Angels ? Et ensuite, en quoi est-ce que ça influence ta vision des politiques publiques liées à l'intelligence artificielle ?

  • Speaker #0

    En fait, c'est quelque chose que j'avais lancé en side project, d'ailleurs qui est toujours un side project, que je fais ça le soir et le week-end. donc j'ai confondé ça moi avec un camarade qui s'appelle Guy Gourevitch, qui est quelqu'un qui a beaucoup plus d'expérience que moi. Dans le monde de la finance, moi je venais plutôt du monde de la défense, historiquement. Et on a monté ça, qui était en gros de se dire, mais quand je te dis ça, tu vois, l'actualité nous a, heureusement, slash malheureusement, donné raison, qu'il y a un gros problème, un déficit d'image du secteur de la défense et de l'industrie de défense, qui aujourd'hui a très mauvaise réputation, parfois sur certains aspects, à tort ou à raison. Et le monde de la finance et de l'investissement rejetait ça à ce moment-là en disant, ben non, c'est pas bien, avec toutes les normes ESG, compliance, etc. Ce qui... encore une fois c'est des normes qui sont nécessaires, il n'y a pas de problème et du coup il y avait une vraie frilosité bancaire et financière pour suivre ces boîtes-là et donc nous ce qu'on a fait on a dit mais c'est dommage pour pas dire dangereux qu'on a des briques technologiques en France qui répondent à un vrai besoin parce que c'est très spécifique et ça mettrait en danger la souveraineté de la France et de l'Europe si ces boîtes-là partent à l'étranger et comme personne ne voulait les financer elle disait bah moi soit je vais mourir ou soit je vais aller me financer à l'étranger parce qu'eux ils sont moins frileux aller mettre de l'argent chez moi. Et donc c'est là qu'on a créé ce réseau d'investisseurs qui maintenant a pris une... énorme ampleur et l'actualité depuis quelques mois fait que ça décolle très très fort pour se dire, oui la souveraineté c'est technologique c'est hyper important sur plein d'aspects mais il y a aussi un maillon de la chaîne c'est le côté souveraineté du financement pour pouvoir garder la capacité à ces technologies, à ce qu'elles restent françaises en termes de capital et pour pouvoir donner à la France les moyens de ses ambitions sur certains aspects.

  • Speaker #1

    Tout est 100% français dans les logiciels, dans ce que vous soutenez ?

  • Speaker #0

    Ça n'existe pas du 100% français c'est pour ça que moi je me méfie beaucoup du terme souveraineté qui maintenant fait beaucoup... paraître certaines personnes intelligentes dans les dîners en ville parce que ça fait intelligent de dire souveraineté. Déjà, personne n'est capable de définir ce que c'est exactement la souveraineté. Je te prends un exemple. Là, je suis sur mon Mac, j'ai un iPhone, je gère mes mails sur Gmail. Est-ce que je suis souverain quand je fais tout ce que je fais ? Une partie non. Donc, il faut se méfier du mot souveraineté. La souveraineté, c'est une acceptabilité, une perte d'autonomie qui est plus ou moins anticipée et calculée. Moi, je sais que pour moi, avoir une perte d'autonomie complète sur ce truc-là, ce n'est pas très grave, ce n'est pas critique. En revanche, sur d'autres aspects, c'est indispensable. d'avoir cette autonomie, donc de rester souverain. Et c'est où est-ce que tu mets le curseur ? Pour répondre à ta question, le 100% souverain, à part sur des niches très spécifiques, n'existe quasiment jamais. C'est où est-ce que tu mets le curseur pour être souverain à 80-90% pour te laisser cette marge ?

  • Speaker #1

    Pour toi, il est où le bon curseur,

  • Speaker #0

    justement ? Ça dépend des sujets, encore une fois, c'est difficile de faire une généralité. Quand tu parles de technologies qui sont liées au nucléaire, là tu te rapproches beaucoup plus des 100%, et quand tu te rapproches de certaines choses qui sont du back-office, Bouge pas du marketing ou de la com' Bon, tu... tu t'en fous quasiment d'être souverain, tu prends le truc qui fonctionne le mieux, qui rentre dans ton budget pour obtenir ça. Encore une fois, c'est chacun met le curseur où il veut en fonction de son acceptation du risque et de la perte d'autonomie et de l'écosystème dans lequel il évolue.

  • Speaker #1

    Ok, super intéressant. Du coup, pour parler de 22, tu m'as repris tout à l'heure en disant que justement, ce n'était pas de la vidéo surveillance. Est-ce que tu peux parler des cas d'usage que vous rencontrez ? Et aussi, est-ce qu'il peut y avoir des usages liés à la défense,

  • Speaker #0

    justement ? Bien sûr. Alors, je peux t'en parler, mais le podcast durait 4 heures parce que les cas d'usage sont infinis. Je te prends un exemple très concret. Aujourd'hui, tu l'as dit, parce que le mot caméra est souvent associé à surveillance, c'est normal. Historiquement, on met des caméras pour surveiller ou protéger, peu importe où tu utilises la terminologie. Donc oui, on a des cas d'usage qui permettent de détecter les bagarres, de détecter certains objets dangereux, de détecter des mouvements de foule, de détecter des départs d'incendie. Tu vois, ça, c'est des cas d'usage, on va dire, très liés à la sécurité. Mais cette technologie qui est la même, elle est capable aujourd'hui de sauver des vies, où je te prends un exemple. nous, notre solution, elle est capable de détecter des gens qui se noient dans des piscines ou aux abords de certaines bases nautiques. Donc là, est-ce que tu fais de la surveillance en tant que telle ? À côté de ça, on est capable d'optimiser la capacité à mieux gérer des endroits qui reçoivent du public ou, pour une logique, tu vois, d'expérience client, je sais pas, je prends des parcs d'attraction, des stades, où on s'est dit, ben voilà, on voit qu'en temps réel, cette entrée elle est bouchée, donc il y a une file d'attente qui est plus de 30 minutes, c'est pas normal. Donc ça envoie une alerte à la personne qui gère le stade ou qui gère le truc. rééquiper, on va rouvrir trois portes en plus pour fluidifier le flux, donc ça te permet de gagner du temps. Et après, on peut descendre dans un niveau de granularité qui est bien plus puissant. Aujourd'hui, on bosse avec des fast-foods, où le manager d'un fast-food maintenant, il a une tablette, et en temps réel, ça lui dit que quand il y a plus de trois voitures qui rentrent sur le parking, ça lui dit qu'il va préchauffer des steaks. Quand il y a un plateau qui est abandonné sur la table, ça lui dit qu'il va nettoyer la table 18. Quand il y a 20 personnes qui vont aux toilettes, ça lui dit qu'il va nettoyer les toilettes. Et quand il y a plus de 12 minutes d'attente à la caisse, ça lui dit va demander à la caisse. Et je te prends l'exemple qu'on connaît tous aussi, à l'aéroport. Aujourd'hui, nous, on a appris à ce que c'est un camion de bagage, un camion de fuel et un camion de 4 rings. Et en temps réel, c'est capable de dire, ton avion, la F422, qui devait décoller à 10h30, oublie. Parce qu'en fait, ça, ça a déjà du retard, ça a déjà du retard. Donc, je peux déjà te dire de manière quasi anticipée que ton avion, il a 8 minutes de retard. Et ça, ça te permet en temps réel, à la tour de contrôle, d'envoyer 3 avions en plus sur la piste dans ces 8 minutes-là. Donc, les cas d'usage, si tu veux, ils sont les mêmes que ceux que tu utilises avec tes yeux. Au quotidien, tes yeux, tu n'utilises pas pour faire la surveillance. c'était pas que en mode paranoïaque et bien non tu les fais pour admirer ça, tu les fais pour comprendre telle situation, tu les fais pour t'alimenter intellectuellement. La technologie de la vision par ordinateur, c'est exactement la même chose. Donc c'est ce qu'on essaie de faire chez 22, c'est utiliser tous les cas d'usage aujourd'hui qui existent, qui sont les mêmes que ceux de tes yeux, pour apporter une information stratégique au preneur de délais. décision pour qu'il puisse utiliser cette technologie pour non pas remplacer l'humain, mais augmenter l'humain dans sa prise de décision.

  • Speaker #1

    Je comprends. Après, si je vais dans un cas extrême, qu'est-ce qui garantit que vous ne pouvez pas l'utiliser à d'autres fins ? Par exemple, si demain, il y a un fonds chinois qui veut vous racheter, qui a la capacité, qui acquiert la capacité que vous avez, qu'est-ce que...

  • Speaker #0

    La question est à la fois légitime et normale. Il y a plusieurs guerres de fou. Déjà, un fonds chinois en dira non. La réponse est assez simple. Mais à côté de ça, je t'enlève le côté uniquement... tu vois nationalité du fond, la première chose et c'est vrai qu'on oublie, c'est qu'on est entreprise, on est là pour gagner de l'argent. Mais on reste des citoyens. William, moi-même et tous les gens qui sont en la boîte n'ont pas envie que notre technologie serve à surveiller les gens. On est des citoyens au quotidien, on n'a pas envie de contribuer à une société de surveillance. Donc tu vois déjà, il y a notre propre système de valeur qui est contre un système de surveillance généralisé. Et en plus de ça, derrière, on a mis des garde-fous au sein de l'entreprise. Je t'en cite deux principaux. Le premier, c'est qu'on a bridé volontairement notre technologie Merci. pour que ça soit impossible by design de détourner la technologie pour par exemple faire de la reco faciale parce que c'est pas possible donc quelqu'un qui demain rachète notre techno il peut pas rajouter la couche de reco faciale en tout cas sans notre autorisation et deux on a un comité éthique aussi qui challenge la stratégie de l'entreprise sur des cas d'usage qui peuvent potentiellement porter à confusion et donc du coup on a en fonction du développement du produit et du business development et bah le comité éthique a son mot à dire en disant bah non là ça nous dérange et dans le comité éthique on a des gens ... qui sont de l'interne et des gens qui sont de l'interne voient qu'ils sont des anti-technologies, tu vois, des associations qui ne sont pas forcément nos amis. On les associe à la prise de décision pour prendre leurs avis. Après, c'est nous qui décidons, c'est notre entreprise, mais tu vois, on ne se coupe pas de ce dialogue des gens qui ne sont pas toujours d'accord avec nous. OK.

  • Speaker #1

    Comment on fait techniquement pour interdire, tu disais, by design, on ne peut pas...

  • Speaker #0

    Tu brides une partie de certaines technologies, tu vois, la manière dont tu fabriques tes algorithmes. Tu te dis, cette anulénie, tu ne pourras pas franchir telle limite de reconnaissance biométrique. ou de l'utiliser dans telle situation de cas d'usage. Je te prends un exemple très concret. On nous a demandé il y a quelques temps, une ville qui nous a demandé de détecter les caravanes. On se doute bien du cas d'usage qu'il pouvait y avoir sur détecter des caravanes à l'entrée d'une ville. On a dit, techniquement, on saurait le faire, mais on a refusé. On a dit, nous, on peut vous détecter les caravanes pour de la statistique, si vous voulez, à froid. C'est-à-dire, au bout d'une semaine, d'un mois, deux mois, combien il y a eu de caravanes dans votre ville, mais on ne vous fera pas de la détection en temps réel. Donc on a refusé de vendre la partie détection en temps réel des caravanes.

  • Speaker #1

    donc tu vois c'est un truc très concret qu'on est capable de faire Justement un amendement en ce moment prévoit de limiter la reconnaissance biométrique en temps réel dans l'espace public, est-ce que ça change quelque chose pour vous, est-ce que comme dans tous les cas vous avez pas prévu le temps ?

  • Speaker #0

    Non ça change rien aujourd'hui puisque nous on fait pas de reconnaissance biométrique donc c'est pas un sujet pour nous en tant que tel mais évidemment c'est des évolutions qu'on suit, encore une fois si tu veux, faut pas être manichéen, faut pas dire la reconnaissance faciale c'est horrible, on va surveiller tout le monde, oui d'accord, et en même temps faut pas dire c'est génial, faut en mettre partout moi je te prends des cas très concrets, moi je suis content de savoir que potentiellement, aujourd'hui légalement dans certaines conditions, les forces de l'ordre sous le mandat d'un magistrat sont en capacité d'utiliser de la reconnaissance faciale quand il y a eu un crime de sang, quand il y a eu quelqu'un qui s'est fait agresser et tu peux gagner des heures et des jours précieux de retrouver quelqu'un parce qu'il y a l'utilisation de cette technologie. Voilà, tu vois, je dis, c'est bien, cette technologie, elle est géniale. Et inversement, je me dis, je n'ai pas envie qu'au quotidien, tout ce qu'on fait soit scanné et qu'on nous... tu vois je te prends la caricature de la Chine où tu as un crédit social, où si tu as craché par terre, tu perds des points et tu n'as pas le droit de voyager. Et à aucun moment, j'ai envie de vivre dans ce monde-là. Et c'est la même technologie pourtant.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu penses de la phrase qui dit « Les États-Unis innovent, la Chine copie et l'Europe régule » ?

  • Speaker #0

    Comme toute caricature, c'est jamais faux à la base, mais c'est volontairement un peu étiré. Oui, aujourd'hui, c'est vrai que c'est une question de culture. Alors là où je modère beaucoup, c'est « C'est fini, les Chinois ne copient plus. » Les Chinois aujourd'hui, ils produisent des millions d'ingénieurs. Les Chinois y publient. plus de publications en IA que les Etats-Unis. Donc c'est fini cette caricature du chinois qui fait que de l'espionnage. Je dis pas qu'ils en font pas, évidemment ils en font encore plein, et ils ont raison, tout le monde le fait. Mais ils produisent maintenant de la vraie intelligence. Déjà le côté chinois, non, ça c'est obsolète. En revanche, je te prends le côté US versus Europe et France, c'est vrai que nous, on a une tendance à... Quand une technologie est nouvelle, et nous on est en plein dedans en ce moment avec 22, c'est que tout de suite on voit le côté anxiogène de la chose, on dit oulala, c'est une technologie nouvelle, donc principe de précaution, on va surtout tout faire pour la brider au début pour ne pas prendre de risques et ensuite petit à petit, on va voir comment on peut l'étendre, etc. La culture et le mindset américain, il est différencié. Waouh ! Il y a une nouvelle technologie, c'est inopportune, incroyable. On y va à fond et de manière empirique et pragmatique, on va voir comment on la régule s'il y a des dérives qui apparaissent. Et donc tu vois qu'avec ce décalage-là, en effet, malheureusement pour certaines entreprises européennes, c'est plus long et plus compliqué d'innover et d'aller chercher des marchés quand on te met de la contrainte réglementaire a priori plutôt que d'avoir la contrainte de manière, si tu veux... empirique et pragmatique et c'est là où c'est une culture qui est différente entre états unis et l'europe mais encore une fois tu as dans l'autre sens aujourd'hui tu vois que beaucoup de personnes réfléchissent actuellement aux états unis pour s'inspirer de certaines réglementations européennes notamment l'air gpd donc si c'était si mauvais il le prendrait pas encore une fois c'est ouest On met le curseur de réguler, c'est important, mais en même temps ne pas brider l'innovation et la capacité à faire du business.

  • Speaker #1

    En parlant de contraintes, certains élus veulent interdire totalement la surveillance algorithmique dans l'espace public. Qu'est-ce que tu en penses ?

  • Speaker #0

    Comme toute idée manichéenne, c'est mauvais. Cette technologie-là, et moi c'est un argument que je pousse et on communique beaucoup avec ma boîte, c'est que cette technologie-là, il faut arrêter de l'associer uniquement à la surveillance. Alors des fois, c'est très important de faire de la surveillance, encore une fois, on veut tous vivre en sécurité dans l'endroit où on est. quel garde-fou en termes de liberté publique tu mets si tu utilises cette technologie pour la surveillance. Mais à côté de ça, moi, je mets au défi de dire des gens, on va intéresser cette technologie alors qu'elle peut sauver des vies. On a prouvé que notre technologie, quand elle est utilisée dans certains cas, elle sauve des vies, des gens des noyades, des gens qui font des arrêts cardiaques, des départs d'incendie. On va dire, OK, signe en bas à droite, toi, monsieur tel élu, que dans cet endroit-là où il y a toujours des feux de forêt, où il y a toujours tel problème de sécurité ou de vivre ensemble, que tu es prêt à assumer. moralement et potentiellement électoralement, légalement, que si on n'avait pas mis cette technologie-là, on aurait peut-être... Enfin, si on avait mis, pardon, on aurait pu sauver des vies. Donc, encore une fois, le problème, c'est que c'est une technologie qui est assez compliquée et donc l'espèce humaine a peur de ce qu'elle ne comprend pas. Donc, le réflexe quand t'as peur, c'est que tu ne fais pas et tu le mets sous contrainte. Nous, et c'est une partie de mon métier, c'est de faire de la pédagogie sur cette technologie en disant oui, c'est une technologie nouvelle, mais il faut voir le bon côté de la chose, il faut l'encadrer, il faut le réguler mais laissez-nous vous prouver qu'on est capable de faire des choses extraordinaires c'est pour rendre un monde meilleur et pas un monde de surveillance parce que nous 22 et moi individu qui travaille en U je n'ai pas envie de contribuer à une société de surveillance et ça du coup tu fais de la pédagogie mais c'est avec qui ?

  • Speaker #1

    tu t'adresses aux élus ?

  • Speaker #0

    c'est dur c'est dur et ça tu vois on est plein dedans et j'ai chanchouin avec mes homologues c'est que dès que t'as une technologie et une partie de mon métier qui fait la beauté c'est de rendre intelligible des choses complexes c'est une partie du métier du directeur affaires publiques c'est quelqu'un qui doit comprendre tout ce qui se passe dans sa boîte et qui est un traducteur à des gens qui sont en dehors de son écosystème et ils doivent comprendre tous les enjeux. Faire comprendre que le monde extérieur, quel impact il peut avoir dans sa boîte et parler souvent à des techs qui leur expliquent attention, si tu fais ça, le législateur ne va pas comprendre. Et donc, tu es au milieu, tu es ce point nodal qui doit faire l'aller-retour entre les deux.

  • Speaker #1

    C'est qui pour toi le législateur ?

  • Speaker #0

    Le législateur, c'est le parlementaire, c'est le conseiller du ministre Intel, c'est le journaliste qui influence forcément la perception qu'on a de cette technologie. C'est l'association qui est en face de toi, qui, pour des bonnes ou de mauvaises raisons, caricature ta technologie, etc. Et donc, tu passes ta journée aujourd'hui à expliquer que cette technologie-là... il faut la rendre intelligible et il faut passer des messages et c'est là où c'est difficile en ce moment particulièrement c'est que toi tu es inscrit dans une temporalité qui est moyennement longue c'est-à-dire que à la fois tu as des urgences business et donc ça c'est de l'urgence au jour le jour et à côté de ça tu dois expliquer que ce que tu vas faire ne va pas être un changement de société et puis c'est technologiquement parlant tu dois expliquer mais la temporalité du monde politique et médiatique il n'est pas celui que tu expliques et donc parfois il y a un décalage qui peut être frustrant quand tu bosses dans la tech pour expliquer certaines choses ou le législateur ils ne voient pas l'intérêt politique. de t'aider.

  • Speaker #1

    Ok. Donc, très concrètement, si je grossis le trait, ce que je comprends, c'est je suis François, je sors mon téléphone, j'appelle des députés et je leur dis moi, je gère une start-up, ma priorité, c'est ça, ça, ça. Les États-Unis ont de l'avance, les Chinois ont de l'avance. Comment tu t'y prends ? Est-ce que c'est ça ton...

  • Speaker #0

    Alors, oui, si on caricature, c'est un peu ça, mais moi, je suis plutôt dans une logique. J'ai entretien une relation avec les gens de l'écosystème législatif, qu'ils soient des collaborateurs. les régulateurs, les parlementaires, les régulateurs, etc. pour avoir un dialogue quotidien et pas uniquement avoir, quand j'ai besoin de quelque chose ou quand il y a une urgence, faire de la pédagogie au quotidien en expliquant ce qu'on fait, en expliquant les prochaines évolutions qu'on va avoir. Et en effet, c'est le métier des affaires publiques d'alerter le décideur public en disant attention. Sachez que si on ne fait pas ça, la conséquence pour des boîtes comme la nôtre qui sont françaises, qui représentent l'écosystème tech français et qui essaient de faire les choses bien, c'est préjudiciable pour une boîte comme nous, donc pour la France. Et inversement... leur dire attention si vous allez faire ça dans ce cadre là ça va nous mettre en contrainte nous on n'est pas d'accord et puis c'est un dialogue que tu crées avec eux donc c'est dans les deux sens on s'auto-alimente pour comprendre qui fait quoi toi en tant que start-upper finalement t'es reçu t'es écouté par les parlementaires alors oui c'est pas facile tous les jours parce que quand t'es pas un grand groupe t'es pas une grande fédération t'as moins la capacité à te faire entendre en revanche c'est l'avantage de 22 c'est qu'on est une boîte qui commence à être très connue dans l'écosystème de l'IA en France. deux, on a un personnage qui incarne la boîte qui est William Hélin qui est charismatique et qui est visible donc du coup ça aide et après c'est là aussi une raison pour laquelle William m'a recruté il y a 3 ans maintenant c'est parce que moi quand je suis arrivé dans la boîte j'ai créé ce côté direction affaires publiques chez 22 mais j'arrivais avec mon réseau ma connaissance qui m'a permis et me permet encore aujourd'hui d'être reçu au-delà de ma caisse K2N2. Je suis reçu parce que François Matins, je suis connu auprès des gens à qui j'ai créé une relation de confiance et qui me permet de pousser des messages qui sont les miens, qui sont ceux de l'entreprise que je représente.

  • Speaker #1

    Alors j'ai lu que la tech française plaide pour une exception européenne, une voix française. Est-ce que c'est ce que tu défends toi et est-ce que tu peux en parler ?

  • Speaker #0

    Ouais, sur certains aspects, c'est important. C'est qu'aujourd'hui, si tu veux, tu as une logique du marché libre complet à Bruxelles ou sur des appels d'offres ou sur certains marchés européens. tu te retrouves face à des boîtes américaines, chinoises et israéliennes. Parce que la philosophie de Bruxelles, c'est qu'on vit dans un monde où ça permet de tout le monde la concurrence saine, etc. Tu le vois au jour le jour et tous les gens qui nous écoutent se rendent compte que le monde des bisounours, en disant tout le monde s'aime, c'est génial, la concurrence elle est normale, c'est pas vrai. Ce que fait aujourd'hui un Trump avec les droits de douane, ce que font les Chinois. Donc beaucoup de gens aujourd'hui, et je ne paronne pas du tout une logique de protectionnisme, parce que le protectionnisme c'est le renfermement et c'est jamais bon. En revanche, oui, sur certains sujets, sur certaines technologies, il pourrait y avoir, on va dire, je ne sais pas, mais une sorte de fast track. ou une priorisation de certaines boîtes françaises ou européennes pour certains marchés, parce que c'est dans l'intérêt de tout le monde que ce soit des entreprises françaises ou européennes qui contribuent soit dans une logique de souveraineté, soit dans une logique économique, de se dire qu'il faut faire bosser les Européens en Europe en priorité. Encore une fois, la souveraineté, moi ce que je dis souvent, ce n'est pas un cash-sex pour se retenir d'être bon. D'abord, tu es bon dans ce que tu fais, ensuite tu es compétitif au niveau des prix, et en plus de ça, c'est génial, tu es souverain. Mais quelqu'un qui dit « Ah ouais, je suis souverain, donc tu vas m'acheter » , Non mais t'es nul et tu coûtes cher. renverse le sens de la chose. Donc là aussi, il faut faire ça en bonne intelligence, mais c'est une idée située sur le principe qui n'est pas déconnante. Après, c'est comment on la met en œuvre, et là, t'es avec des contraintes légales et politiques qui ne sont pas toujours faciles.

  • Speaker #1

    Donc on revient sur les contraintes légales. Alors j'ai trouvé plein de choses qui, pour moi, sont des acronymes difficiles à comprendre. Il y a le AI Act, DSA, DMA, RGPD, NIS2, bref, plein de choses qui tentent de réguler, je pense, l'intelligence artificielle. Est-ce que pour toi, c'est cohérent ou est-ce que c'est un empilement ?

  • Speaker #0

    Non, c'est pas cohérent. Enfin, le fou qui est schizophrène, il a une cohérence qui lui est propre. Sans dire qu'à Bruxelles, ils sont schizophrènes et fous. Mais pour te dire que c'est qu'on rajoute des couches qui, quand tu les annies chacun à leur niveau, sont très cohérentes. Les high-heights vont réguler une telle partie de l'IA. Nice 2 va réguler la sécurité des IA et la cyber. Le DMA va faire autre chose. Donc, encore une fois, chacun prie individuellement. C'est cohérent dans une chose. Mais quand tu vois que tu es une entreprise où tu dois gérer au quotidien, notamment une startup comme la nôtre, Tu te doutes bien qu'on n'a pas un département juridique à 15 personnes. c'est très compliqué de savoir dans quel environnement on doit travailler et du coup ça nous coûte du temps sur comprendre ce qu'on a le droit de faire ou de ne pas faire, pendant ce temps là on ne fait pas du business qui est quand même l'objectif encore une fois d'une entreprise et donc c'est cohérent à certains niveaux mais cet empilement, et tu as bien utilisé le mot aujourd'hui est très chronophage et épuisant quand tu travailles face à des concurrents ou tu travailles sur d'autres continents où on te demande de respecter la législation locale oui non, d'être compétitif par rapport aux autres oui non, et d'être capable de délivrer et donc ouais, tu vois c'est ce que je disais tout à l'heure c'est les contraintes qu'on te met a priori. avant même que tu aies commencé à bosser, tu dois déjà passer du temps sur savoir si tu es compliant vis-à-vis de tout ce que tu viens de nous citer. C'est fatigant et du coup, ce n'est pas forcément l'avantage des entreprises de la tech en Europe.

  • Speaker #1

    Est-ce que l'État, vous êtes quand même d'une part, alors j'ai cru comprendre que vous êtes bénéficiaire de France 2030, donc vous êtes soutenu par la BPI, est-ce que l'État est actionnaire chez vous ?

  • Speaker #0

    Ouais, tout à fait. Alors, encore une fois, en bon français, et parce que c'est un sport national, je râle super bien sur la France, c'est horrible. On reste un très beau pays ou tu peux créer des très belles boîtes ou t'as du crédit impôt recherche où tu as des ingénieurs d'excellente qualité. Donc oui, Cocorico, la France est un très beau pays pour monter des boîtes. Et encore une fois, il n'y a pas de sujet. Donc BPI nous a soutenus depuis le début et heureusement que BPI est là. On a plein de programmes dans lesquels on a bénéficié. Bon, après, on s'est fait challenger. Ce n'est pas parce qu'ils nous aiment bien qu'ils l'ont fait. C'est qu'on a répondu à une partie de leurs attentes. Donc l'État est actionnaire à travers BPI. on travaille au profit de plusieurs ministères et d'institutions régaliennes. on est soutenu par le plus haut niveau de l'État je te prends l'exemple c'est qu'il y a quelques mois William est parti dans l'avion présidentiel avec le président de la République en déplacement d'État au Maroc et c'était la seule boîte d'IA de ce déplacement pour proposer au Maroc voilà 22 est une boîte qui fait ça donc William a pu rencontrer plein d'autorités locales publics privés etc donc oui l'État français nous soutient c'est toujours appréciable et encore une fois on vit dans un beau pays après rien n'est parfait il y a plein de choses où l'État nous met sous certaines contraintes qui sont plus ou moins un... intelligente par rapport à ce qu'on fait. On n'est pas toujours d'accord avec l'État sur plein de trucs, donc on le lui dit. Mais globalement, on reste dans un pays où quand tu fais une boîte dans ce secteur-là, tu fais bien les choses et que tu respectes la loi, ça se passe bien.

  • Speaker #1

    Comment on fait pour aller dans l'avion présidentiel ? Comment vous êtes arrivés à ce point ?

  • Speaker #0

    On a un très bon lobbyiste. Non, mais encore une fois, il n'y a pas de secret. C'est que moi, j'ai entretien une relation avec des gens qui sont proches du président de la République. On discute régulièrement, on les alimente, on explique ce qu'on fait. On crée une relation de confiance.

  • Speaker #1

    Comment ces gens-là ?

  • Speaker #0

    Tu ne les connais pas plus que ça. C'est des gens que tu croises, que tu as dans des réseaux. Tu leur as fait un mail. Est-ce qu'on peut vous présenter ce qu'on fait ? Tu les recroises à un autre endroit. Après, c'est un petit milieu. C'est le milieu parisien. Donc, tu as des amis en commun. Tu les croises. Tu expliques ce que tu fais. Puis, à un moment, tu vois l'info que le président de la République part dans deux mois au Maroc. Nous, on a des intérêts dans certains pays, dont le Maroc. et on dit, tiens, on a un appel d'offres sur lequel on va se positionner, c'est un marché qui nous intéresse, etc. Et tu rencontres le conseiller qui va bien... du président de la République, il dit « bah voilà, nous ça, ça » . Et il dit « ok, bah why not, ça peut cocher les cases, faites-moi une note qui m'explique ce que vous faites au Maroc, ce que vous voudriez faire au Maroc » . Et puis après, eux, ils ont une réunion d'arbitrage avec toutes les places qu'ils attribuent au monde économique à chaque déplacement du président de la République. Ils ont estimé que 22 était pertinent par rapport à ce qu'on faisait. Et voilà, William s'est retrouvé pendant trois jours aux côtés du président de la République.

  • Speaker #1

    Trop bien. À chaque fois que le président se déplace, il y a des acteurs économiques ?

  • Speaker #0

    Alors, souvent. Après, ça dépend du niveau, si tu veux, protocolaire, ou quand il fait un déplacement. De quelques heures dans tel pays, il ne va pas s'amuser, il fait de la politique et de la diplomatie. En revanche, quand il y a des gros déplacements, quasi tout le temps, tu as des PDG du Bois de Gag 40, tu as des représentants de PME et maintenant, depuis l'ère Emmanuel Macron et même un peu avant, il y a des startups qui sont mises aussi en avant grâce à ça. Et donc, c'est toujours bon à prendre. Et encore une fois, c'est aussi une forme de soutien très concret que l'État français au plus haut niveau de l'État peut faire pour des entreprises comme la nôtre.

  • Speaker #1

    Que penses-tu du débat actuel sur l'intégration de l'IA dans les forces de sécurité ?

  • Speaker #0

    Le débat, déjà, il est légitime. il est sain et c'est normal qu'il y ait et moi ça m'inquiéterait en tant que citoyen qu'il n'y ait pas de débat là-dessus le débat il doit être là en revanche c'est par qui il est porté et est-ce qu'il est mis dans des bonnes conditions c'est un peu comme tout c'est demain tu lances un sondage la question que tu poses conditionne déjà à 90% la réponse que tu vas avoir donc quand déjà ton débat il est biaisé ou tu l'apportes avec une vision un peu anxiogène tu vois je te prends l'exemple très concret aujourd'hui moi ce que je fais on me dit que c'est de la VSA la vidéosurveillance algorithmique. Donc déjà, t'entends le mot, t'as peur. T'enlèves tout le débat, rien que la terminologie. qu'on utilise, mais moi je ne fais pas de la vidéosurveillance. Je fais de la vidéo intelligente ou de la vidéo algorithmique. Donc tu vois, moi je ne suis pas là pour te surveiller, je suis là pour une technologie qui aujourd'hui est mature, te permet de mieux comprendre le monde qui t'entoure. Pas pour faire de la science, mais parfois pour améliorer tes flux logistiques, parfois pour mieux gérer l'espace public, pour moins consommer d'énergie, parfois pour sauver des vies. Et oui, parfois pour faire de la surveillance pour des raisons de sécurité. Le débat, forcément, quand tu l'associes à la sécurité, il crée des tensions, il crée des anxiolymes. C'est là où nous, on essaie de montrer que, oui, c'est une technologie qui peut être utile au monde de la sécurité, c'est le cas. Mais pour certains cas d'usage très particuliers, dans lesquels il faut l'encadrer, pour à la fois qu'on puisse l'utiliser de manière opérationnelle, et que ça soit utile, on n'innove pas pour se faire plaisir, on innove pour que ça serve à quelque chose, et tout ça dans un cadre légal qui permet de l'utiliser. Et donc, le débat, il est là, on essaie d'y contribuer à notre petit niveau, c'est pas toujours facile est-ce que

  • Speaker #1

    Ton entourage comprend ce que tu fais ? Est-ce que justement c'est les mêmes questions ? Surtout qu'il y a un climat assez anxiogène avec la montée de l'extrême droite un peu partout. C'est vrai que ça paraît facile à imaginer un détournement.

  • Speaker #0

    Il y a plusieurs niveaux si tu veux. C'est que déjà, je ne sais pas si tu as déjà abordé ça dans tes précédents podcasts, mais le mot affaire publique c'est un truc de parisien. Moi je viens du nord de la France. Quand tu dis je suis directeur affaire publique, les gens qui ne traînent pas dans ce domaine, ils disent mais c'est quoi ? C'est un métier ça ? « Ok, directeur commercial de la com » , mais « affaires publiques » , c'est un truc d'un peu de consanguin parisien ? On voit tout de suite ce que c'est. Donc déjà, moi, expliquer mon métier, ce que c'est, je passe déjà une partie du temps à mon entourage à expliquer c'est quoi les affaires publiques. Et après, derrière, sur ma technologie, il faut la rendre, en effet, intelligible. Et les gens, ils comprennent ce qu'ils consomment dans les médias, globalement. Donc forcément, quand globalement, on associe toujours cette technologie à la sécurité, tout de suite, ils voient dire « Ouais, mais t'es là pour surveiller la population ? » Non, ok, donc que tu veux. La discussion qu'on a là, je l'ai re auprès d'un entourage, en disant bah non regarde demain quand ton gamin tombe dans la piscine parce que t'es avec la fête des voisins et que t'es bien content que tu reçoives une alerte sur ton téléphone parce que ton gamin est tombé dans la piscine et que tu l'avais pas vu donc est-ce que c'est de la vidéosurveillance ? Non,

  • Speaker #1

    c'est un truc qui sauvait la vie de ton gamin Je vais te proposer plusieurs phrases c'est la séquence vrai-faux

  • Speaker #0

    Est-ce que je dois dire la vérité ?

  • Speaker #1

    Tu dois dire la vérité, après je pourrais rien contrôler évidemment

  • Speaker #0

    Et je dis que vrai ou que faux ?

  • Speaker #1

    Non,

  • Speaker #0

    tu peux développer

  • Speaker #1

    Le AI Act mettra fin au développement de l'IA vidéo dans l'espace public Faux

  • Speaker #0

    En revanche, il le contraint, il le met sous certaines conditions, mais ce n'est pas ça qui va arrêter le développement, heureusement.

  • Speaker #1

    Une startup peut peser dans la fabrique de la loi si elle s'organise bien ?

  • Speaker #0

    Oui, ou double oui, surtout si mon chef m'écoute, parce que je suis quand même payé pour ça.

  • Speaker #1

    Le RGPD protège les données, mais freine l'innovation ?

  • Speaker #0

    Vrai d'une certaine manière. Alors, freine, en tout cas, il ne l'accélère pas, ça c'est clair.

  • Speaker #1

    Et enfin, la souveraineté technologique, c'est surtout une affaire de volonté politique ?

  • Speaker #0

    Tout à fait. Encore une fois, la souveraineté technologique, c'est un choix qui est fait, qui est dans un contexte très compliqué. Est-ce que tu as les moyens de le faire ? Est-ce que tu as l'outil pour le faire ? Mais quand il y a du volontarisme politique, tout est possible. Et on le voit, j'ai envie de te dire, malheureusement avec ce qui se passe aux Etats-Unis aujourd'hui, tu vois qu'il est capable, parce que le président dit, ils font des trucs qui sont quand même assez incroyables, où il y a encore 4 mois, 4-5 mois, on dit mais jamais de la vie, on ne verra ça. Et pourtant, il le fait.

  • Speaker #1

    On va passer sur ton parcours, tes moments clés à toi. Est-ce qu'il y a un dossier ou un amendement parlementaire que tu as réussi à faire évoluer et dont tu es particulièrement fier ?

  • Speaker #0

    Oui. Là aussi, je lance un message pour les écoutes, s'ils travaillent sur celui-là. C'est beaucoup de frustration, les affaires publiques, parce que c'est beaucoup plus d'échecs que de réussites, en général. Et puis, on vit dans un milieu d'humains où des fois, tu fais tout ce que tu peux faire. et tu comprends pas pourquoi ça marche pas et inversement des fois t'as pas fait grand chose et ça marche, tu sais pas non plus pourquoi mais ouais moi j'ai un exemple où c'est un peu une de mes fiertés parce que c'est en train de payer maintenant plusieurs années plus tard, c'est qu'à l'époque où je te disais je travaillais au JICA, j'étais le directeur d'affaires publiques du groupement industriel de la défense et de la sécurité terrestre et c'est au moment où je levais, alors sans faire le lanceur d'alerte mais j'expliquais qu'il y avait un problème de financement dans les PME, les startups de défense personne ne voulait m'écouter mais quand je dis personne, personne et par mon métier, par mes connaissances j'ai réussi à pousser l'idée de faire une mission d'information sur le financement de la défense, qui a été acceptée, qui a été votée à l'Assemblée nationale. Et à côté de ça, on a pu contribuer fortement à des propositions qui ont été mises dans le rapport. Et une des propositions mises dans le rapport, c'était la création de Défense Angels. Donc, un cas très concret de... Il y a un problème, j'explique le problème, comment je trouve le vecteur politique pour mettre en valeur mon problème et comment j'apporte une solution pour que ça soit mis en œuvre derrière et comment je le fais concrètement.

  • Speaker #1

    Du coup,

  • Speaker #0

    tu étais au début du projet.

  • Speaker #1

    Ton fonds, il est soutenu par l'État aussi ?

  • Speaker #0

    Alors oui, soutenu, alors pas financièrement. Mais en tout cas, on a eu un énorme soutien à l'époque de la ministre des Armées, Florence Parly, qui nous a cité dans son discours un gros événement en disant « Je félicite la création de Défense Angels parce que ça va dans le bon sens » .

  • Speaker #1

    Est-ce qu'à l'inverse, il y a un projet qui n'a pas abouti ou une frustration ?

  • Speaker #0

    Bien sûr. c'est l'histoire de ma vie de gérer ça mais je pourrais t'en citer des dizaines mais le nombre de fois où on va dire des choses et encore une fois sans citer de nom je te prends un exemple qui m'est arrivé il y a quelques mois où on pousse un sujet avec 22 et j'ai la personne qui est en face de moi qui est un proche collaborateur du premier ministre qui me dit mais François vous avez raison mais en fait on va pas pouvoir vous aider parce que moi dans 3 mois je sais pas si je suis encore là donc je vais pas dépenser du temps pour un truc où moi mon avenir politique et mon métier je sais pas donc comme si je t'aide l'impact peut avoir potentiellement des conséquences dans 6 mois, 1 an, 2 ans, moi c'est pas mon horizon politique, donc je vais pas passer du temps à t'aider tu réponds quoi à ça ? vu la démocratie qu'est-ce qu'il faudrait changer ? il faudrait changer plein de choses, et en même temps en venant dans le pays tu t'adaptes, tu trouves d'autres vecteurs t'essaies de trouver des gens qui sont peut-être un peu moins dans une logique politique-politicienne et qui disent bon je vais quand même t'aider parce que j'y crois et parce que ça fait avancer le système dans le bon sens Quand une fois, tu t'adaptes. Et c'est ce qui fait à la fois la frustration, mais la beauté de notre métier. C'est que quand on te ferme une porte, tu passes par la fenêtre. Quand on te ferme la fenêtre, tu passes par la cheminée et puis tu retournes à la porte trois mois après parce qu'il t'a peut-être oublié et tu repars à zéro.

  • Speaker #1

    C'est très joli mordi. On va arriver à la fin de cet épisode, François. Est-ce que tu as un conseil à donner à un jeune qui voudrait faire des affaires publiques ?

  • Speaker #0

    C'est un très beau métier, vraiment, parce que c'est un métier où on a une marge de manœuvre intellectuelle énorme. Et je te dis, des affaires publiques, tu peux en faire en ayant un angle de juriste, en ayant un angle d'un... un angle de politiste, un angle de communication. Donc, c'est un métier qui est passionnant. Et moi, j'ai découvert ça sur le tas parce que ce n'était pas du tout ma formation initiale. Donc, le conseil, c'est d'être passionné. Parce qu'il fait, c'est aimer les gens. Sincèrement, si tu veux faire des affaires publiques et que tu n'aimes pas l'interaction humaine, change de métier. Parce que c'est super d'avoir des très beaux outils de veille, comme les e-watch, par exemple. C'est super d'avoir une formation de hard skills, techniques, juridiques, etc. Génial, il faut en avoir. En revanche, ce qui va faire que tu aies un bon lobbyiste, ou un bon directeur de l'affaire publique, c'est que tu es capable de relier de l'humain et de mettre tout ça en réseau pour comprendre quels sont les tectoniques des plaques de la prise de décision politique. Et ça, c'est que l'humain et le côté passionné qui fera que tu seras bon dans ton métier.

  • Speaker #1

    Alors justement, si tu devais résumer ton rôle en une scène de film ou une chanson,

  • Speaker #0

    qu'est-ce que c'est que ça ? Tu me poses une colle. Une scène de film... Encore une fois, sincèrement, je vais te faire une réponse de Normand. Comment je définis mon métier ? Je le fais en... deux phrases. Le premier, c'est que je suis un facilitateur, dans le sens où mon boulot, c'est de rencontrer le matin des gens qui ont des problèmes, l'après-midi des gens qui ont des solutions, et le soir, je les mets en relation. Et ma vie au global, qui est très liée aux affaires publiques, c'est que c'est une succession de malentendus plus ou moins provoqués. Et donc du coup, tout ce que je fais, c'est très lié à avoir une compétence de fond, parce qu'il faut maîtriser ton sujet, vraiment sur le bout des doigts. Et en revanche, c'est mettre tout ça en réseau et recréer, être très curieux, rencontrer le plus de gens possible pour créer cette relation même qui fait qu'ils ont intérêt à t'écouter, ils te font confiance quand tu leur dis quelque chose. Et à côté de ça, rendre service, dans le bon sens du terme, sans attendre rien en retour. pour répondre à ta question quand même un film que j'aime beaucoup s'appelle Un Monde Meilleur avec Kevin Spacey qui date des années 90 et qui est sur la chaîne de la bienveillance et qui montre que quand tu rends service au quotidien petit à petit ça fait un effet papillon à travers le monde et que tu peux rendre le monde meilleur juste avec des petites BA du quotidien et ça te permet d'être reconnu et respecté dans ton métier.

  • Speaker #1

    Parfait, pour conclure François est-ce qu'il y a quelque chose que tu voulais aborder ici que t'as pas encore eu le temps d'exprimer ?

  • Speaker #0

    Il y a plein de trucs. Je fais plein de choses. Je suis en train de monter une école pour aider les dealers à la reconversion dans le monde de l'économie réelle. Je fais pas mal d'explorations. Il y a quelques mois, j'ai fait les tests de sélection des astronautes de la NASA parce que c'était un rêve de gosse. Je fais plein d'autres choses. Je suis pas mal engagé dans l'associatif parce que pour moi, un, ça m'a beaucoup formé. C'est une école de la vie. Je trouve l'associatif, ça t'apprend énormément. Et deux, ça comble beaucoup de choses que l'État ne peut pas faire. donc moi je suis le premier à dire Peu importe dans quelle cause ou dans quelle partie tu veux t'engager, je préfère toujours des gens qui sont engagés, même si je ne suis pas d'accord avec eux, que des gens qui subissent de la vie et qui sont des moutons et qui ne comprennent pas le monde qui les entoure. Un petit message là-dessus, c'est tout ce que vous faites, faites-le vraiment en bienveillance parce que 1, c'est crevant d'être un con, c'est plus fatigant que d'être sympa et c'est un bon investissement. Si je te parle, le ROI de la bienveillance est bien meilleur que d'être égoïste. Je le pense sincèrement. Et puis voilà, comme ton podcast tourne autour du métier des affaires publiques, c'est vraiment un secteur qui est passionnant, qui est encore avec plein de frontières à redéfinir. Mais en général, quand on met le pied dans les affaires publiques, on a du mal à repartir. Donc, allez-y, foncez. Si vous êtes passionné par ça, c'est un beau métier.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, François. J'étais un peu fatigué avant cet entretien. Tu m'as donné à nouveau la pêche. Merci, François.

  • Speaker #0

    Merci. Salut.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté Hémicycle, le podcast qui décrypte la fabrique de la loi. Je m'appelle Pierre, je suis le co-fondateur de l'Ejiwatch, la plateforme qui vous aide dans votre veille institutionnelle. A bientôt !

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Description

💬 « L’espèce humaine a peur de ce qu’elle ne comprend pas. Le réflexe, c’est de ne rien faire et de mettre sous contrainte. »


De la défense aux startups, en passant par la fabrique de la loi, François Mattens incarne une nouvelle génération de lobbyistes engagés sur des terrains stratégiques : intelligence artificielle, souveraineté industrielle et technologies duales.


Directeur des affaires publiques chez 22, cofondateur de Défense Angels et membre de la Société des explorateurs français, il déploie une vision lucide des enjeux technologiques et démocratiques qui façonnent notre futur commun.


Dans cet épisode, on parle de :


🔹 son coup de foudre pour la vision par ordinateur et la naissance de 22,
🔹 la souveraineté technologique comme enjeu industriel et politique,
🔹 l’éthique face aux risques de surveillance généralisée,
🔹 la complexité des réglementations européennes (AI Act, RGPD, DSA…),
🔹 l’art de convaincre députés et régulateurs quand on est une startup,
🔹 le financement de l’innovation dans un climat géopolitique tendu,
🔹 et de sa conviction qu’innover, c’est d’abord assumer ses responsabilités citoyennes.


Un échange sans langue de bois, passionnant, avec l’un des visages les plus singuliers de la tech française.


Vous pouvez contacter Pierre sur Linkedin.

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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    L'espèce humaine a peur de ce qu'elle ne comprend pas. Donc le réflexe quand t'as peur, c'est que tu ne fais pas et tu le mets sous contrainte. La France est un très beau pays pour monter des boîtes. D'abord t'es bon dans ce que tu fais, ensuite t'es compétitif au niveau des prix, et en plus de ça, c'est génial, t'es souverain. Mais quelqu'un qui dit « Ah ouais, je suis souverain, donc tu vas m'acheter » , Non mais t'es nul et tu coûtes cher. Renverse le sens de la chose.

  • Speaker #1

    Qui sont ceux qui font la loi ? Je m'appelle Pierre, fondateur de la plateforme de veille institutionnelle Légit Watch, et je rencontre celles et ceux qui font les coulisses de notre vie politique. Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir François Matins, vice-président des affaires publiques et des partenariats stratégiques chez 22, donc 22 qui est l'un des leaders français de l'intelligence artificielle appliquée à la vision par ordinateur. François, tu es aussi co-fondateur de Défense Angels. donc tu connais par cœur les ponts entre technologie de rupture souveraineté industrielle et régulation et puis finalement tu enseignes dans plusieurs écoles et universités. Est-ce que tu veux rajouter quelque chose à ton parcours François ?

  • Speaker #0

    T'as déjà pas mal résumé de pas mal de choses que je fais actuellement mais on pourra rajouter parce que c'est un peu une fierté c'est aussi quelque chose sur lequel ça me nourrit et je partage c'est que j'ai l'occasion d'être depuis quelques années membre de la société d'explorateurs français donc je suis explorateur dans certains sens du terme et ça me donne l'occasion de voyager et de faire des rencontres passionnantes avec beaucoup de gens, donc on va peut-être avoir l'occasion de discuter même si c'est pas le thème du podcast du jour.

  • Speaker #1

    Explorateur en quoi ?

  • Speaker #0

    Explorateur, moi j'ai beaucoup centré ma philosophie d'exploration sur rencontrer des gens décalés, bizarres, qui explorent certains champs de l'humanité et de la société. Et c'est des gens avec qui j'ai fait des rencontres assez incroyables, qui ont tous des parcours de vie assez dingues et qui contribuent à faire évoluer la société sur des sujets comme le climat. les rapports sociaux, l'espace, les océans. Enfin bref, ça me nourrit beaucoup intellectuellement.

  • Speaker #1

    Donc en termes d'évolution de société, t'es en plein dedans. Donc qu'est-ce qui t'a amené à rejoindre 22 ? Donc je rappelle qu'ils bossent dans l'intelligence artificielle pour la surveillance vidéo, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Exactement. Alors pas de la surveillance, justement, on y reviendra. C'est de l'analyse de flux vidéo, mais ça fait loin de là que de la surveillance. Et c'est un des sujets sur lesquels moi je travaille beaucoup. Mais pourquoi 22 ou 22 ? C'est tout simple, ça a été un coup de foudre amical avec le cofondateur William Eldin. qui est un personnage qui est fou, comme moi, dans le bon sens du terme, et avec qui on s'est retrouvés sur un système de valeurs, sur une manière de voir le monde et une philosophie. Puis on s'est rencontrés et au bout d'une heure, on s'est dit, écoute, on ne sait pas quand, on ne sait pas comment, mais un jour, on travaillera ensemble. Et deux ans plus tard, il y a eu un aliment des planètes. Moi, j'ai dit, j'aimerais bien bosser vraiment avec toi. Lui m'a dit, j'ai besoin d'un mec comme toi et ça s'est fait. Trop bien.

  • Speaker #1

    Tu l'as rencontré dans une exploration ?

  • Speaker #0

    Alors non, on a une amie en commun qui m'a dit, écoute, François, t'es complètement fou. Je pense que si vous rencontrez, ça peut faire un truc incroyable. Et donc, elle a eu le nez creux et voilà, ça a fait des chocapics, comme dit l'autre.

  • Speaker #1

    Génial. Et là, du coup, quel est ton rôle exact chez 22 ? Quel est ton quotidien ?

  • Speaker #0

    C'est une bonne question qui est à la fois très claire sur certains aspects et beaucoup moins, parce que le métier des affaires publiques est à la fois un métier qui est très paradoxalement ultra régulé. Et tant mieux sur la profession, on entend-il le terme lobbyiste, qui est toujours un peu... On voit des caricatures, etc. Alors que le métier des affaires publiques reste un métier qui est très contraint par la loi, par certaines règles. juridiques ou déontologiques et c'est une très bonne chose mais à côté de ça un directeur ou un responsable affaires publiques d'une entreprise à une autre il fait pas du tout la même chose et moi la manière dont je fonctionne au sein de cette entreprise il y est sur trois volets le premier volet c'est que je fais on va dire de manière assez classique des affaires parlementaires où mon travail c'est d'être au contact du législateur parce que on travaille sur une technologie on pourrait revenir qui aujourd'hui est très peu encadré légalement et qui fonctionne beaucoup sur la jurisprudence. Donc, on est toujours sur l'interprétation. Et moi, je promeux que cette technologie qu'on utilise soit beaucoup mieux encadrée pour travailler dans un cadre légal beaucoup plus simple à comprendre. Donc ça, c'est le premier aspect. Ensuite, j'ai un autre aspect qui est être au contact du régulateur, qui aujourd'hui est quelqu'un avec qui on est en contact, évidemment, régulièrement sur ces sujets-là. J'ai le volet, on va dire, représenter mon CEO, donc William. Quand tu as des endroits, il ne peut pas le faire, tu vois, pour des podcasts, pour des conférences, certains niveaux de discussion, que ce soit politique, institutionnel. en gros je fais son bras droit ou son plan B quand il peut pas être là. Et le dernier volet, qui aussi ça va être très spécifique au monde des startups, c'est que j'aide mes commerciaux dans une logique un peu de business development stratégique, c'est-à-dire que moi de par ma fonction et de par mon réseau, j'ai une capacité à aller sentir des choses, comprendre certaines problématiques, aller ouvrir des portes à un niveau stratégique, dans des institutions, dans des ministères ou dans des grandes entreprises, qui permet ensuite de redescendre ça à mes sales qui ensuite font leur boulot de commerciaux derrière. Ok,

  • Speaker #1

    donc si je comprends bien, il y a une partie de... de ta journée qui est autour de la législation et l'autre qui est autour du business.

  • Speaker #0

    Exactement, tout à fait. C'est bien résumé.

  • Speaker #1

    T'es très investi dans l'écosystème souveraineté-défense avec Défense Angels. Pourquoi t'as lancé Défense Angels ? Et ensuite, en quoi est-ce que ça influence ta vision des politiques publiques liées à l'intelligence artificielle ?

  • Speaker #0

    En fait, c'est quelque chose que j'avais lancé en side project, d'ailleurs qui est toujours un side project, que je fais ça le soir et le week-end. donc j'ai confondé ça moi avec un camarade qui s'appelle Guy Gourevitch, qui est quelqu'un qui a beaucoup plus d'expérience que moi. Dans le monde de la finance, moi je venais plutôt du monde de la défense, historiquement. Et on a monté ça, qui était en gros de se dire, mais quand je te dis ça, tu vois, l'actualité nous a, heureusement, slash malheureusement, donné raison, qu'il y a un gros problème, un déficit d'image du secteur de la défense et de l'industrie de défense, qui aujourd'hui a très mauvaise réputation, parfois sur certains aspects, à tort ou à raison. Et le monde de la finance et de l'investissement rejetait ça à ce moment-là en disant, ben non, c'est pas bien, avec toutes les normes ESG, compliance, etc. Ce qui... encore une fois c'est des normes qui sont nécessaires, il n'y a pas de problème et du coup il y avait une vraie frilosité bancaire et financière pour suivre ces boîtes-là et donc nous ce qu'on a fait on a dit mais c'est dommage pour pas dire dangereux qu'on a des briques technologiques en France qui répondent à un vrai besoin parce que c'est très spécifique et ça mettrait en danger la souveraineté de la France et de l'Europe si ces boîtes-là partent à l'étranger et comme personne ne voulait les financer elle disait bah moi soit je vais mourir ou soit je vais aller me financer à l'étranger parce qu'eux ils sont moins frileux aller mettre de l'argent chez moi. Et donc c'est là qu'on a créé ce réseau d'investisseurs qui maintenant a pris une... énorme ampleur et l'actualité depuis quelques mois fait que ça décolle très très fort pour se dire, oui la souveraineté c'est technologique c'est hyper important sur plein d'aspects mais il y a aussi un maillon de la chaîne c'est le côté souveraineté du financement pour pouvoir garder la capacité à ces technologies, à ce qu'elles restent françaises en termes de capital et pour pouvoir donner à la France les moyens de ses ambitions sur certains aspects.

  • Speaker #1

    Tout est 100% français dans les logiciels, dans ce que vous soutenez ?

  • Speaker #0

    Ça n'existe pas du 100% français c'est pour ça que moi je me méfie beaucoup du terme souveraineté qui maintenant fait beaucoup... paraître certaines personnes intelligentes dans les dîners en ville parce que ça fait intelligent de dire souveraineté. Déjà, personne n'est capable de définir ce que c'est exactement la souveraineté. Je te prends un exemple. Là, je suis sur mon Mac, j'ai un iPhone, je gère mes mails sur Gmail. Est-ce que je suis souverain quand je fais tout ce que je fais ? Une partie non. Donc, il faut se méfier du mot souveraineté. La souveraineté, c'est une acceptabilité, une perte d'autonomie qui est plus ou moins anticipée et calculée. Moi, je sais que pour moi, avoir une perte d'autonomie complète sur ce truc-là, ce n'est pas très grave, ce n'est pas critique. En revanche, sur d'autres aspects, c'est indispensable. d'avoir cette autonomie, donc de rester souverain. Et c'est où est-ce que tu mets le curseur ? Pour répondre à ta question, le 100% souverain, à part sur des niches très spécifiques, n'existe quasiment jamais. C'est où est-ce que tu mets le curseur pour être souverain à 80-90% pour te laisser cette marge ?

  • Speaker #1

    Pour toi, il est où le bon curseur,

  • Speaker #0

    justement ? Ça dépend des sujets, encore une fois, c'est difficile de faire une généralité. Quand tu parles de technologies qui sont liées au nucléaire, là tu te rapproches beaucoup plus des 100%, et quand tu te rapproches de certaines choses qui sont du back-office, Bouge pas du marketing ou de la com' Bon, tu... tu t'en fous quasiment d'être souverain, tu prends le truc qui fonctionne le mieux, qui rentre dans ton budget pour obtenir ça. Encore une fois, c'est chacun met le curseur où il veut en fonction de son acceptation du risque et de la perte d'autonomie et de l'écosystème dans lequel il évolue.

  • Speaker #1

    Ok, super intéressant. Du coup, pour parler de 22, tu m'as repris tout à l'heure en disant que justement, ce n'était pas de la vidéo surveillance. Est-ce que tu peux parler des cas d'usage que vous rencontrez ? Et aussi, est-ce qu'il peut y avoir des usages liés à la défense,

  • Speaker #0

    justement ? Bien sûr. Alors, je peux t'en parler, mais le podcast durait 4 heures parce que les cas d'usage sont infinis. Je te prends un exemple très concret. Aujourd'hui, tu l'as dit, parce que le mot caméra est souvent associé à surveillance, c'est normal. Historiquement, on met des caméras pour surveiller ou protéger, peu importe où tu utilises la terminologie. Donc oui, on a des cas d'usage qui permettent de détecter les bagarres, de détecter certains objets dangereux, de détecter des mouvements de foule, de détecter des départs d'incendie. Tu vois, ça, c'est des cas d'usage, on va dire, très liés à la sécurité. Mais cette technologie qui est la même, elle est capable aujourd'hui de sauver des vies, où je te prends un exemple. nous, notre solution, elle est capable de détecter des gens qui se noient dans des piscines ou aux abords de certaines bases nautiques. Donc là, est-ce que tu fais de la surveillance en tant que telle ? À côté de ça, on est capable d'optimiser la capacité à mieux gérer des endroits qui reçoivent du public ou, pour une logique, tu vois, d'expérience client, je sais pas, je prends des parcs d'attraction, des stades, où on s'est dit, ben voilà, on voit qu'en temps réel, cette entrée elle est bouchée, donc il y a une file d'attente qui est plus de 30 minutes, c'est pas normal. Donc ça envoie une alerte à la personne qui gère le stade ou qui gère le truc. rééquiper, on va rouvrir trois portes en plus pour fluidifier le flux, donc ça te permet de gagner du temps. Et après, on peut descendre dans un niveau de granularité qui est bien plus puissant. Aujourd'hui, on bosse avec des fast-foods, où le manager d'un fast-food maintenant, il a une tablette, et en temps réel, ça lui dit que quand il y a plus de trois voitures qui rentrent sur le parking, ça lui dit qu'il va préchauffer des steaks. Quand il y a un plateau qui est abandonné sur la table, ça lui dit qu'il va nettoyer la table 18. Quand il y a 20 personnes qui vont aux toilettes, ça lui dit qu'il va nettoyer les toilettes. Et quand il y a plus de 12 minutes d'attente à la caisse, ça lui dit va demander à la caisse. Et je te prends l'exemple qu'on connaît tous aussi, à l'aéroport. Aujourd'hui, nous, on a appris à ce que c'est un camion de bagage, un camion de fuel et un camion de 4 rings. Et en temps réel, c'est capable de dire, ton avion, la F422, qui devait décoller à 10h30, oublie. Parce qu'en fait, ça, ça a déjà du retard, ça a déjà du retard. Donc, je peux déjà te dire de manière quasi anticipée que ton avion, il a 8 minutes de retard. Et ça, ça te permet en temps réel, à la tour de contrôle, d'envoyer 3 avions en plus sur la piste dans ces 8 minutes-là. Donc, les cas d'usage, si tu veux, ils sont les mêmes que ceux que tu utilises avec tes yeux. Au quotidien, tes yeux, tu n'utilises pas pour faire la surveillance. c'était pas que en mode paranoïaque et bien non tu les fais pour admirer ça, tu les fais pour comprendre telle situation, tu les fais pour t'alimenter intellectuellement. La technologie de la vision par ordinateur, c'est exactement la même chose. Donc c'est ce qu'on essaie de faire chez 22, c'est utiliser tous les cas d'usage aujourd'hui qui existent, qui sont les mêmes que ceux de tes yeux, pour apporter une information stratégique au preneur de délais. décision pour qu'il puisse utiliser cette technologie pour non pas remplacer l'humain, mais augmenter l'humain dans sa prise de décision.

  • Speaker #1

    Je comprends. Après, si je vais dans un cas extrême, qu'est-ce qui garantit que vous ne pouvez pas l'utiliser à d'autres fins ? Par exemple, si demain, il y a un fonds chinois qui veut vous racheter, qui a la capacité, qui acquiert la capacité que vous avez, qu'est-ce que...

  • Speaker #0

    La question est à la fois légitime et normale. Il y a plusieurs guerres de fou. Déjà, un fonds chinois en dira non. La réponse est assez simple. Mais à côté de ça, je t'enlève le côté uniquement... tu vois nationalité du fond, la première chose et c'est vrai qu'on oublie, c'est qu'on est entreprise, on est là pour gagner de l'argent. Mais on reste des citoyens. William, moi-même et tous les gens qui sont en la boîte n'ont pas envie que notre technologie serve à surveiller les gens. On est des citoyens au quotidien, on n'a pas envie de contribuer à une société de surveillance. Donc tu vois déjà, il y a notre propre système de valeur qui est contre un système de surveillance généralisé. Et en plus de ça, derrière, on a mis des garde-fous au sein de l'entreprise. Je t'en cite deux principaux. Le premier, c'est qu'on a bridé volontairement notre technologie Merci. pour que ça soit impossible by design de détourner la technologie pour par exemple faire de la reco faciale parce que c'est pas possible donc quelqu'un qui demain rachète notre techno il peut pas rajouter la couche de reco faciale en tout cas sans notre autorisation et deux on a un comité éthique aussi qui challenge la stratégie de l'entreprise sur des cas d'usage qui peuvent potentiellement porter à confusion et donc du coup on a en fonction du développement du produit et du business development et bah le comité éthique a son mot à dire en disant bah non là ça nous dérange et dans le comité éthique on a des gens ... qui sont de l'interne et des gens qui sont de l'interne voient qu'ils sont des anti-technologies, tu vois, des associations qui ne sont pas forcément nos amis. On les associe à la prise de décision pour prendre leurs avis. Après, c'est nous qui décidons, c'est notre entreprise, mais tu vois, on ne se coupe pas de ce dialogue des gens qui ne sont pas toujours d'accord avec nous. OK.

  • Speaker #1

    Comment on fait techniquement pour interdire, tu disais, by design, on ne peut pas...

  • Speaker #0

    Tu brides une partie de certaines technologies, tu vois, la manière dont tu fabriques tes algorithmes. Tu te dis, cette anulénie, tu ne pourras pas franchir telle limite de reconnaissance biométrique. ou de l'utiliser dans telle situation de cas d'usage. Je te prends un exemple très concret. On nous a demandé il y a quelques temps, une ville qui nous a demandé de détecter les caravanes. On se doute bien du cas d'usage qu'il pouvait y avoir sur détecter des caravanes à l'entrée d'une ville. On a dit, techniquement, on saurait le faire, mais on a refusé. On a dit, nous, on peut vous détecter les caravanes pour de la statistique, si vous voulez, à froid. C'est-à-dire, au bout d'une semaine, d'un mois, deux mois, combien il y a eu de caravanes dans votre ville, mais on ne vous fera pas de la détection en temps réel. Donc on a refusé de vendre la partie détection en temps réel des caravanes.

  • Speaker #1

    donc tu vois c'est un truc très concret qu'on est capable de faire Justement un amendement en ce moment prévoit de limiter la reconnaissance biométrique en temps réel dans l'espace public, est-ce que ça change quelque chose pour vous, est-ce que comme dans tous les cas vous avez pas prévu le temps ?

  • Speaker #0

    Non ça change rien aujourd'hui puisque nous on fait pas de reconnaissance biométrique donc c'est pas un sujet pour nous en tant que tel mais évidemment c'est des évolutions qu'on suit, encore une fois si tu veux, faut pas être manichéen, faut pas dire la reconnaissance faciale c'est horrible, on va surveiller tout le monde, oui d'accord, et en même temps faut pas dire c'est génial, faut en mettre partout moi je te prends des cas très concrets, moi je suis content de savoir que potentiellement, aujourd'hui légalement dans certaines conditions, les forces de l'ordre sous le mandat d'un magistrat sont en capacité d'utiliser de la reconnaissance faciale quand il y a eu un crime de sang, quand il y a eu quelqu'un qui s'est fait agresser et tu peux gagner des heures et des jours précieux de retrouver quelqu'un parce qu'il y a l'utilisation de cette technologie. Voilà, tu vois, je dis, c'est bien, cette technologie, elle est géniale. Et inversement, je me dis, je n'ai pas envie qu'au quotidien, tout ce qu'on fait soit scanné et qu'on nous... tu vois je te prends la caricature de la Chine où tu as un crédit social, où si tu as craché par terre, tu perds des points et tu n'as pas le droit de voyager. Et à aucun moment, j'ai envie de vivre dans ce monde-là. Et c'est la même technologie pourtant.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu penses de la phrase qui dit « Les États-Unis innovent, la Chine copie et l'Europe régule » ?

  • Speaker #0

    Comme toute caricature, c'est jamais faux à la base, mais c'est volontairement un peu étiré. Oui, aujourd'hui, c'est vrai que c'est une question de culture. Alors là où je modère beaucoup, c'est « C'est fini, les Chinois ne copient plus. » Les Chinois aujourd'hui, ils produisent des millions d'ingénieurs. Les Chinois y publient. plus de publications en IA que les Etats-Unis. Donc c'est fini cette caricature du chinois qui fait que de l'espionnage. Je dis pas qu'ils en font pas, évidemment ils en font encore plein, et ils ont raison, tout le monde le fait. Mais ils produisent maintenant de la vraie intelligence. Déjà le côté chinois, non, ça c'est obsolète. En revanche, je te prends le côté US versus Europe et France, c'est vrai que nous, on a une tendance à... Quand une technologie est nouvelle, et nous on est en plein dedans en ce moment avec 22, c'est que tout de suite on voit le côté anxiogène de la chose, on dit oulala, c'est une technologie nouvelle, donc principe de précaution, on va surtout tout faire pour la brider au début pour ne pas prendre de risques et ensuite petit à petit, on va voir comment on peut l'étendre, etc. La culture et le mindset américain, il est différencié. Waouh ! Il y a une nouvelle technologie, c'est inopportune, incroyable. On y va à fond et de manière empirique et pragmatique, on va voir comment on la régule s'il y a des dérives qui apparaissent. Et donc tu vois qu'avec ce décalage-là, en effet, malheureusement pour certaines entreprises européennes, c'est plus long et plus compliqué d'innover et d'aller chercher des marchés quand on te met de la contrainte réglementaire a priori plutôt que d'avoir la contrainte de manière, si tu veux... empirique et pragmatique et c'est là où c'est une culture qui est différente entre états unis et l'europe mais encore une fois tu as dans l'autre sens aujourd'hui tu vois que beaucoup de personnes réfléchissent actuellement aux états unis pour s'inspirer de certaines réglementations européennes notamment l'air gpd donc si c'était si mauvais il le prendrait pas encore une fois c'est ouest On met le curseur de réguler, c'est important, mais en même temps ne pas brider l'innovation et la capacité à faire du business.

  • Speaker #1

    En parlant de contraintes, certains élus veulent interdire totalement la surveillance algorithmique dans l'espace public. Qu'est-ce que tu en penses ?

  • Speaker #0

    Comme toute idée manichéenne, c'est mauvais. Cette technologie-là, et moi c'est un argument que je pousse et on communique beaucoup avec ma boîte, c'est que cette technologie-là, il faut arrêter de l'associer uniquement à la surveillance. Alors des fois, c'est très important de faire de la surveillance, encore une fois, on veut tous vivre en sécurité dans l'endroit où on est. quel garde-fou en termes de liberté publique tu mets si tu utilises cette technologie pour la surveillance. Mais à côté de ça, moi, je mets au défi de dire des gens, on va intéresser cette technologie alors qu'elle peut sauver des vies. On a prouvé que notre technologie, quand elle est utilisée dans certains cas, elle sauve des vies, des gens des noyades, des gens qui font des arrêts cardiaques, des départs d'incendie. On va dire, OK, signe en bas à droite, toi, monsieur tel élu, que dans cet endroit-là où il y a toujours des feux de forêt, où il y a toujours tel problème de sécurité ou de vivre ensemble, que tu es prêt à assumer. moralement et potentiellement électoralement, légalement, que si on n'avait pas mis cette technologie-là, on aurait peut-être... Enfin, si on avait mis, pardon, on aurait pu sauver des vies. Donc, encore une fois, le problème, c'est que c'est une technologie qui est assez compliquée et donc l'espèce humaine a peur de ce qu'elle ne comprend pas. Donc, le réflexe quand t'as peur, c'est que tu ne fais pas et tu le mets sous contrainte. Nous, et c'est une partie de mon métier, c'est de faire de la pédagogie sur cette technologie en disant oui, c'est une technologie nouvelle, mais il faut voir le bon côté de la chose, il faut l'encadrer, il faut le réguler mais laissez-nous vous prouver qu'on est capable de faire des choses extraordinaires c'est pour rendre un monde meilleur et pas un monde de surveillance parce que nous 22 et moi individu qui travaille en U je n'ai pas envie de contribuer à une société de surveillance et ça du coup tu fais de la pédagogie mais c'est avec qui ?

  • Speaker #1

    tu t'adresses aux élus ?

  • Speaker #0

    c'est dur c'est dur et ça tu vois on est plein dedans et j'ai chanchouin avec mes homologues c'est que dès que t'as une technologie et une partie de mon métier qui fait la beauté c'est de rendre intelligible des choses complexes c'est une partie du métier du directeur affaires publiques c'est quelqu'un qui doit comprendre tout ce qui se passe dans sa boîte et qui est un traducteur à des gens qui sont en dehors de son écosystème et ils doivent comprendre tous les enjeux. Faire comprendre que le monde extérieur, quel impact il peut avoir dans sa boîte et parler souvent à des techs qui leur expliquent attention, si tu fais ça, le législateur ne va pas comprendre. Et donc, tu es au milieu, tu es ce point nodal qui doit faire l'aller-retour entre les deux.

  • Speaker #1

    C'est qui pour toi le législateur ?

  • Speaker #0

    Le législateur, c'est le parlementaire, c'est le conseiller du ministre Intel, c'est le journaliste qui influence forcément la perception qu'on a de cette technologie. C'est l'association qui est en face de toi, qui, pour des bonnes ou de mauvaises raisons, caricature ta technologie, etc. Et donc, tu passes ta journée aujourd'hui à expliquer que cette technologie-là... il faut la rendre intelligible et il faut passer des messages et c'est là où c'est difficile en ce moment particulièrement c'est que toi tu es inscrit dans une temporalité qui est moyennement longue c'est-à-dire que à la fois tu as des urgences business et donc ça c'est de l'urgence au jour le jour et à côté de ça tu dois expliquer que ce que tu vas faire ne va pas être un changement de société et puis c'est technologiquement parlant tu dois expliquer mais la temporalité du monde politique et médiatique il n'est pas celui que tu expliques et donc parfois il y a un décalage qui peut être frustrant quand tu bosses dans la tech pour expliquer certaines choses ou le législateur ils ne voient pas l'intérêt politique. de t'aider.

  • Speaker #1

    Ok. Donc, très concrètement, si je grossis le trait, ce que je comprends, c'est je suis François, je sors mon téléphone, j'appelle des députés et je leur dis moi, je gère une start-up, ma priorité, c'est ça, ça, ça. Les États-Unis ont de l'avance, les Chinois ont de l'avance. Comment tu t'y prends ? Est-ce que c'est ça ton...

  • Speaker #0

    Alors, oui, si on caricature, c'est un peu ça, mais moi, je suis plutôt dans une logique. J'ai entretien une relation avec les gens de l'écosystème législatif, qu'ils soient des collaborateurs. les régulateurs, les parlementaires, les régulateurs, etc. pour avoir un dialogue quotidien et pas uniquement avoir, quand j'ai besoin de quelque chose ou quand il y a une urgence, faire de la pédagogie au quotidien en expliquant ce qu'on fait, en expliquant les prochaines évolutions qu'on va avoir. Et en effet, c'est le métier des affaires publiques d'alerter le décideur public en disant attention. Sachez que si on ne fait pas ça, la conséquence pour des boîtes comme la nôtre qui sont françaises, qui représentent l'écosystème tech français et qui essaient de faire les choses bien, c'est préjudiciable pour une boîte comme nous, donc pour la France. Et inversement... leur dire attention si vous allez faire ça dans ce cadre là ça va nous mettre en contrainte nous on n'est pas d'accord et puis c'est un dialogue que tu crées avec eux donc c'est dans les deux sens on s'auto-alimente pour comprendre qui fait quoi toi en tant que start-upper finalement t'es reçu t'es écouté par les parlementaires alors oui c'est pas facile tous les jours parce que quand t'es pas un grand groupe t'es pas une grande fédération t'as moins la capacité à te faire entendre en revanche c'est l'avantage de 22 c'est qu'on est une boîte qui commence à être très connue dans l'écosystème de l'IA en France. deux, on a un personnage qui incarne la boîte qui est William Hélin qui est charismatique et qui est visible donc du coup ça aide et après c'est là aussi une raison pour laquelle William m'a recruté il y a 3 ans maintenant c'est parce que moi quand je suis arrivé dans la boîte j'ai créé ce côté direction affaires publiques chez 22 mais j'arrivais avec mon réseau ma connaissance qui m'a permis et me permet encore aujourd'hui d'être reçu au-delà de ma caisse K2N2. Je suis reçu parce que François Matins, je suis connu auprès des gens à qui j'ai créé une relation de confiance et qui me permet de pousser des messages qui sont les miens, qui sont ceux de l'entreprise que je représente.

  • Speaker #1

    Alors j'ai lu que la tech française plaide pour une exception européenne, une voix française. Est-ce que c'est ce que tu défends toi et est-ce que tu peux en parler ?

  • Speaker #0

    Ouais, sur certains aspects, c'est important. C'est qu'aujourd'hui, si tu veux, tu as une logique du marché libre complet à Bruxelles ou sur des appels d'offres ou sur certains marchés européens. tu te retrouves face à des boîtes américaines, chinoises et israéliennes. Parce que la philosophie de Bruxelles, c'est qu'on vit dans un monde où ça permet de tout le monde la concurrence saine, etc. Tu le vois au jour le jour et tous les gens qui nous écoutent se rendent compte que le monde des bisounours, en disant tout le monde s'aime, c'est génial, la concurrence elle est normale, c'est pas vrai. Ce que fait aujourd'hui un Trump avec les droits de douane, ce que font les Chinois. Donc beaucoup de gens aujourd'hui, et je ne paronne pas du tout une logique de protectionnisme, parce que le protectionnisme c'est le renfermement et c'est jamais bon. En revanche, oui, sur certains sujets, sur certaines technologies, il pourrait y avoir, on va dire, je ne sais pas, mais une sorte de fast track. ou une priorisation de certaines boîtes françaises ou européennes pour certains marchés, parce que c'est dans l'intérêt de tout le monde que ce soit des entreprises françaises ou européennes qui contribuent soit dans une logique de souveraineté, soit dans une logique économique, de se dire qu'il faut faire bosser les Européens en Europe en priorité. Encore une fois, la souveraineté, moi ce que je dis souvent, ce n'est pas un cash-sex pour se retenir d'être bon. D'abord, tu es bon dans ce que tu fais, ensuite tu es compétitif au niveau des prix, et en plus de ça, c'est génial, tu es souverain. Mais quelqu'un qui dit « Ah ouais, je suis souverain, donc tu vas m'acheter » , Non mais t'es nul et tu coûtes cher. renverse le sens de la chose. Donc là aussi, il faut faire ça en bonne intelligence, mais c'est une idée située sur le principe qui n'est pas déconnante. Après, c'est comment on la met en œuvre, et là, t'es avec des contraintes légales et politiques qui ne sont pas toujours faciles.

  • Speaker #1

    Donc on revient sur les contraintes légales. Alors j'ai trouvé plein de choses qui, pour moi, sont des acronymes difficiles à comprendre. Il y a le AI Act, DSA, DMA, RGPD, NIS2, bref, plein de choses qui tentent de réguler, je pense, l'intelligence artificielle. Est-ce que pour toi, c'est cohérent ou est-ce que c'est un empilement ?

  • Speaker #0

    Non, c'est pas cohérent. Enfin, le fou qui est schizophrène, il a une cohérence qui lui est propre. Sans dire qu'à Bruxelles, ils sont schizophrènes et fous. Mais pour te dire que c'est qu'on rajoute des couches qui, quand tu les annies chacun à leur niveau, sont très cohérentes. Les high-heights vont réguler une telle partie de l'IA. Nice 2 va réguler la sécurité des IA et la cyber. Le DMA va faire autre chose. Donc, encore une fois, chacun prie individuellement. C'est cohérent dans une chose. Mais quand tu vois que tu es une entreprise où tu dois gérer au quotidien, notamment une startup comme la nôtre, Tu te doutes bien qu'on n'a pas un département juridique à 15 personnes. c'est très compliqué de savoir dans quel environnement on doit travailler et du coup ça nous coûte du temps sur comprendre ce qu'on a le droit de faire ou de ne pas faire, pendant ce temps là on ne fait pas du business qui est quand même l'objectif encore une fois d'une entreprise et donc c'est cohérent à certains niveaux mais cet empilement, et tu as bien utilisé le mot aujourd'hui est très chronophage et épuisant quand tu travailles face à des concurrents ou tu travailles sur d'autres continents où on te demande de respecter la législation locale oui non, d'être compétitif par rapport aux autres oui non, et d'être capable de délivrer et donc ouais, tu vois c'est ce que je disais tout à l'heure c'est les contraintes qu'on te met a priori. avant même que tu aies commencé à bosser, tu dois déjà passer du temps sur savoir si tu es compliant vis-à-vis de tout ce que tu viens de nous citer. C'est fatigant et du coup, ce n'est pas forcément l'avantage des entreprises de la tech en Europe.

  • Speaker #1

    Est-ce que l'État, vous êtes quand même d'une part, alors j'ai cru comprendre que vous êtes bénéficiaire de France 2030, donc vous êtes soutenu par la BPI, est-ce que l'État est actionnaire chez vous ?

  • Speaker #0

    Ouais, tout à fait. Alors, encore une fois, en bon français, et parce que c'est un sport national, je râle super bien sur la France, c'est horrible. On reste un très beau pays ou tu peux créer des très belles boîtes ou t'as du crédit impôt recherche où tu as des ingénieurs d'excellente qualité. Donc oui, Cocorico, la France est un très beau pays pour monter des boîtes. Et encore une fois, il n'y a pas de sujet. Donc BPI nous a soutenus depuis le début et heureusement que BPI est là. On a plein de programmes dans lesquels on a bénéficié. Bon, après, on s'est fait challenger. Ce n'est pas parce qu'ils nous aiment bien qu'ils l'ont fait. C'est qu'on a répondu à une partie de leurs attentes. Donc l'État est actionnaire à travers BPI. on travaille au profit de plusieurs ministères et d'institutions régaliennes. on est soutenu par le plus haut niveau de l'État je te prends l'exemple c'est qu'il y a quelques mois William est parti dans l'avion présidentiel avec le président de la République en déplacement d'État au Maroc et c'était la seule boîte d'IA de ce déplacement pour proposer au Maroc voilà 22 est une boîte qui fait ça donc William a pu rencontrer plein d'autorités locales publics privés etc donc oui l'État français nous soutient c'est toujours appréciable et encore une fois on vit dans un beau pays après rien n'est parfait il y a plein de choses où l'État nous met sous certaines contraintes qui sont plus ou moins un... intelligente par rapport à ce qu'on fait. On n'est pas toujours d'accord avec l'État sur plein de trucs, donc on le lui dit. Mais globalement, on reste dans un pays où quand tu fais une boîte dans ce secteur-là, tu fais bien les choses et que tu respectes la loi, ça se passe bien.

  • Speaker #1

    Comment on fait pour aller dans l'avion présidentiel ? Comment vous êtes arrivés à ce point ?

  • Speaker #0

    On a un très bon lobbyiste. Non, mais encore une fois, il n'y a pas de secret. C'est que moi, j'ai entretien une relation avec des gens qui sont proches du président de la République. On discute régulièrement, on les alimente, on explique ce qu'on fait. On crée une relation de confiance.

  • Speaker #1

    Comment ces gens-là ?

  • Speaker #0

    Tu ne les connais pas plus que ça. C'est des gens que tu croises, que tu as dans des réseaux. Tu leur as fait un mail. Est-ce qu'on peut vous présenter ce qu'on fait ? Tu les recroises à un autre endroit. Après, c'est un petit milieu. C'est le milieu parisien. Donc, tu as des amis en commun. Tu les croises. Tu expliques ce que tu fais. Puis, à un moment, tu vois l'info que le président de la République part dans deux mois au Maroc. Nous, on a des intérêts dans certains pays, dont le Maroc. et on dit, tiens, on a un appel d'offres sur lequel on va se positionner, c'est un marché qui nous intéresse, etc. Et tu rencontres le conseiller qui va bien... du président de la République, il dit « bah voilà, nous ça, ça » . Et il dit « ok, bah why not, ça peut cocher les cases, faites-moi une note qui m'explique ce que vous faites au Maroc, ce que vous voudriez faire au Maroc » . Et puis après, eux, ils ont une réunion d'arbitrage avec toutes les places qu'ils attribuent au monde économique à chaque déplacement du président de la République. Ils ont estimé que 22 était pertinent par rapport à ce qu'on faisait. Et voilà, William s'est retrouvé pendant trois jours aux côtés du président de la République.

  • Speaker #1

    Trop bien. À chaque fois que le président se déplace, il y a des acteurs économiques ?

  • Speaker #0

    Alors, souvent. Après, ça dépend du niveau, si tu veux, protocolaire, ou quand il fait un déplacement. De quelques heures dans tel pays, il ne va pas s'amuser, il fait de la politique et de la diplomatie. En revanche, quand il y a des gros déplacements, quasi tout le temps, tu as des PDG du Bois de Gag 40, tu as des représentants de PME et maintenant, depuis l'ère Emmanuel Macron et même un peu avant, il y a des startups qui sont mises aussi en avant grâce à ça. Et donc, c'est toujours bon à prendre. Et encore une fois, c'est aussi une forme de soutien très concret que l'État français au plus haut niveau de l'État peut faire pour des entreprises comme la nôtre.

  • Speaker #1

    Que penses-tu du débat actuel sur l'intégration de l'IA dans les forces de sécurité ?

  • Speaker #0

    Le débat, déjà, il est légitime. il est sain et c'est normal qu'il y ait et moi ça m'inquiéterait en tant que citoyen qu'il n'y ait pas de débat là-dessus le débat il doit être là en revanche c'est par qui il est porté et est-ce qu'il est mis dans des bonnes conditions c'est un peu comme tout c'est demain tu lances un sondage la question que tu poses conditionne déjà à 90% la réponse que tu vas avoir donc quand déjà ton débat il est biaisé ou tu l'apportes avec une vision un peu anxiogène tu vois je te prends l'exemple très concret aujourd'hui moi ce que je fais on me dit que c'est de la VSA la vidéosurveillance algorithmique. Donc déjà, t'entends le mot, t'as peur. T'enlèves tout le débat, rien que la terminologie. qu'on utilise, mais moi je ne fais pas de la vidéosurveillance. Je fais de la vidéo intelligente ou de la vidéo algorithmique. Donc tu vois, moi je ne suis pas là pour te surveiller, je suis là pour une technologie qui aujourd'hui est mature, te permet de mieux comprendre le monde qui t'entoure. Pas pour faire de la science, mais parfois pour améliorer tes flux logistiques, parfois pour mieux gérer l'espace public, pour moins consommer d'énergie, parfois pour sauver des vies. Et oui, parfois pour faire de la surveillance pour des raisons de sécurité. Le débat, forcément, quand tu l'associes à la sécurité, il crée des tensions, il crée des anxiolymes. C'est là où nous, on essaie de montrer que, oui, c'est une technologie qui peut être utile au monde de la sécurité, c'est le cas. Mais pour certains cas d'usage très particuliers, dans lesquels il faut l'encadrer, pour à la fois qu'on puisse l'utiliser de manière opérationnelle, et que ça soit utile, on n'innove pas pour se faire plaisir, on innove pour que ça serve à quelque chose, et tout ça dans un cadre légal qui permet de l'utiliser. Et donc, le débat, il est là, on essaie d'y contribuer à notre petit niveau, c'est pas toujours facile est-ce que

  • Speaker #1

    Ton entourage comprend ce que tu fais ? Est-ce que justement c'est les mêmes questions ? Surtout qu'il y a un climat assez anxiogène avec la montée de l'extrême droite un peu partout. C'est vrai que ça paraît facile à imaginer un détournement.

  • Speaker #0

    Il y a plusieurs niveaux si tu veux. C'est que déjà, je ne sais pas si tu as déjà abordé ça dans tes précédents podcasts, mais le mot affaire publique c'est un truc de parisien. Moi je viens du nord de la France. Quand tu dis je suis directeur affaire publique, les gens qui ne traînent pas dans ce domaine, ils disent mais c'est quoi ? C'est un métier ça ? « Ok, directeur commercial de la com » , mais « affaires publiques » , c'est un truc d'un peu de consanguin parisien ? On voit tout de suite ce que c'est. Donc déjà, moi, expliquer mon métier, ce que c'est, je passe déjà une partie du temps à mon entourage à expliquer c'est quoi les affaires publiques. Et après, derrière, sur ma technologie, il faut la rendre, en effet, intelligible. Et les gens, ils comprennent ce qu'ils consomment dans les médias, globalement. Donc forcément, quand globalement, on associe toujours cette technologie à la sécurité, tout de suite, ils voient dire « Ouais, mais t'es là pour surveiller la population ? » Non, ok, donc que tu veux. La discussion qu'on a là, je l'ai re auprès d'un entourage, en disant bah non regarde demain quand ton gamin tombe dans la piscine parce que t'es avec la fête des voisins et que t'es bien content que tu reçoives une alerte sur ton téléphone parce que ton gamin est tombé dans la piscine et que tu l'avais pas vu donc est-ce que c'est de la vidéosurveillance ? Non,

  • Speaker #1

    c'est un truc qui sauvait la vie de ton gamin Je vais te proposer plusieurs phrases c'est la séquence vrai-faux

  • Speaker #0

    Est-ce que je dois dire la vérité ?

  • Speaker #1

    Tu dois dire la vérité, après je pourrais rien contrôler évidemment

  • Speaker #0

    Et je dis que vrai ou que faux ?

  • Speaker #1

    Non,

  • Speaker #0

    tu peux développer

  • Speaker #1

    Le AI Act mettra fin au développement de l'IA vidéo dans l'espace public Faux

  • Speaker #0

    En revanche, il le contraint, il le met sous certaines conditions, mais ce n'est pas ça qui va arrêter le développement, heureusement.

  • Speaker #1

    Une startup peut peser dans la fabrique de la loi si elle s'organise bien ?

  • Speaker #0

    Oui, ou double oui, surtout si mon chef m'écoute, parce que je suis quand même payé pour ça.

  • Speaker #1

    Le RGPD protège les données, mais freine l'innovation ?

  • Speaker #0

    Vrai d'une certaine manière. Alors, freine, en tout cas, il ne l'accélère pas, ça c'est clair.

  • Speaker #1

    Et enfin, la souveraineté technologique, c'est surtout une affaire de volonté politique ?

  • Speaker #0

    Tout à fait. Encore une fois, la souveraineté technologique, c'est un choix qui est fait, qui est dans un contexte très compliqué. Est-ce que tu as les moyens de le faire ? Est-ce que tu as l'outil pour le faire ? Mais quand il y a du volontarisme politique, tout est possible. Et on le voit, j'ai envie de te dire, malheureusement avec ce qui se passe aux Etats-Unis aujourd'hui, tu vois qu'il est capable, parce que le président dit, ils font des trucs qui sont quand même assez incroyables, où il y a encore 4 mois, 4-5 mois, on dit mais jamais de la vie, on ne verra ça. Et pourtant, il le fait.

  • Speaker #1

    On va passer sur ton parcours, tes moments clés à toi. Est-ce qu'il y a un dossier ou un amendement parlementaire que tu as réussi à faire évoluer et dont tu es particulièrement fier ?

  • Speaker #0

    Oui. Là aussi, je lance un message pour les écoutes, s'ils travaillent sur celui-là. C'est beaucoup de frustration, les affaires publiques, parce que c'est beaucoup plus d'échecs que de réussites, en général. Et puis, on vit dans un milieu d'humains où des fois, tu fais tout ce que tu peux faire. et tu comprends pas pourquoi ça marche pas et inversement des fois t'as pas fait grand chose et ça marche, tu sais pas non plus pourquoi mais ouais moi j'ai un exemple où c'est un peu une de mes fiertés parce que c'est en train de payer maintenant plusieurs années plus tard, c'est qu'à l'époque où je te disais je travaillais au JICA, j'étais le directeur d'affaires publiques du groupement industriel de la défense et de la sécurité terrestre et c'est au moment où je levais, alors sans faire le lanceur d'alerte mais j'expliquais qu'il y avait un problème de financement dans les PME, les startups de défense personne ne voulait m'écouter mais quand je dis personne, personne et par mon métier, par mes connaissances j'ai réussi à pousser l'idée de faire une mission d'information sur le financement de la défense, qui a été acceptée, qui a été votée à l'Assemblée nationale. Et à côté de ça, on a pu contribuer fortement à des propositions qui ont été mises dans le rapport. Et une des propositions mises dans le rapport, c'était la création de Défense Angels. Donc, un cas très concret de... Il y a un problème, j'explique le problème, comment je trouve le vecteur politique pour mettre en valeur mon problème et comment j'apporte une solution pour que ça soit mis en œuvre derrière et comment je le fais concrètement.

  • Speaker #1

    Du coup,

  • Speaker #0

    tu étais au début du projet.

  • Speaker #1

    Ton fonds, il est soutenu par l'État aussi ?

  • Speaker #0

    Alors oui, soutenu, alors pas financièrement. Mais en tout cas, on a eu un énorme soutien à l'époque de la ministre des Armées, Florence Parly, qui nous a cité dans son discours un gros événement en disant « Je félicite la création de Défense Angels parce que ça va dans le bon sens » .

  • Speaker #1

    Est-ce qu'à l'inverse, il y a un projet qui n'a pas abouti ou une frustration ?

  • Speaker #0

    Bien sûr. c'est l'histoire de ma vie de gérer ça mais je pourrais t'en citer des dizaines mais le nombre de fois où on va dire des choses et encore une fois sans citer de nom je te prends un exemple qui m'est arrivé il y a quelques mois où on pousse un sujet avec 22 et j'ai la personne qui est en face de moi qui est un proche collaborateur du premier ministre qui me dit mais François vous avez raison mais en fait on va pas pouvoir vous aider parce que moi dans 3 mois je sais pas si je suis encore là donc je vais pas dépenser du temps pour un truc où moi mon avenir politique et mon métier je sais pas donc comme si je t'aide l'impact peut avoir potentiellement des conséquences dans 6 mois, 1 an, 2 ans, moi c'est pas mon horizon politique, donc je vais pas passer du temps à t'aider tu réponds quoi à ça ? vu la démocratie qu'est-ce qu'il faudrait changer ? il faudrait changer plein de choses, et en même temps en venant dans le pays tu t'adaptes, tu trouves d'autres vecteurs t'essaies de trouver des gens qui sont peut-être un peu moins dans une logique politique-politicienne et qui disent bon je vais quand même t'aider parce que j'y crois et parce que ça fait avancer le système dans le bon sens Quand une fois, tu t'adaptes. Et c'est ce qui fait à la fois la frustration, mais la beauté de notre métier. C'est que quand on te ferme une porte, tu passes par la fenêtre. Quand on te ferme la fenêtre, tu passes par la cheminée et puis tu retournes à la porte trois mois après parce qu'il t'a peut-être oublié et tu repars à zéro.

  • Speaker #1

    C'est très joli mordi. On va arriver à la fin de cet épisode, François. Est-ce que tu as un conseil à donner à un jeune qui voudrait faire des affaires publiques ?

  • Speaker #0

    C'est un très beau métier, vraiment, parce que c'est un métier où on a une marge de manœuvre intellectuelle énorme. Et je te dis, des affaires publiques, tu peux en faire en ayant un angle de juriste, en ayant un angle d'un... un angle de politiste, un angle de communication. Donc, c'est un métier qui est passionnant. Et moi, j'ai découvert ça sur le tas parce que ce n'était pas du tout ma formation initiale. Donc, le conseil, c'est d'être passionné. Parce qu'il fait, c'est aimer les gens. Sincèrement, si tu veux faire des affaires publiques et que tu n'aimes pas l'interaction humaine, change de métier. Parce que c'est super d'avoir des très beaux outils de veille, comme les e-watch, par exemple. C'est super d'avoir une formation de hard skills, techniques, juridiques, etc. Génial, il faut en avoir. En revanche, ce qui va faire que tu aies un bon lobbyiste, ou un bon directeur de l'affaire publique, c'est que tu es capable de relier de l'humain et de mettre tout ça en réseau pour comprendre quels sont les tectoniques des plaques de la prise de décision politique. Et ça, c'est que l'humain et le côté passionné qui fera que tu seras bon dans ton métier.

  • Speaker #1

    Alors justement, si tu devais résumer ton rôle en une scène de film ou une chanson,

  • Speaker #0

    qu'est-ce que c'est que ça ? Tu me poses une colle. Une scène de film... Encore une fois, sincèrement, je vais te faire une réponse de Normand. Comment je définis mon métier ? Je le fais en... deux phrases. Le premier, c'est que je suis un facilitateur, dans le sens où mon boulot, c'est de rencontrer le matin des gens qui ont des problèmes, l'après-midi des gens qui ont des solutions, et le soir, je les mets en relation. Et ma vie au global, qui est très liée aux affaires publiques, c'est que c'est une succession de malentendus plus ou moins provoqués. Et donc du coup, tout ce que je fais, c'est très lié à avoir une compétence de fond, parce qu'il faut maîtriser ton sujet, vraiment sur le bout des doigts. Et en revanche, c'est mettre tout ça en réseau et recréer, être très curieux, rencontrer le plus de gens possible pour créer cette relation même qui fait qu'ils ont intérêt à t'écouter, ils te font confiance quand tu leur dis quelque chose. Et à côté de ça, rendre service, dans le bon sens du terme, sans attendre rien en retour. pour répondre à ta question quand même un film que j'aime beaucoup s'appelle Un Monde Meilleur avec Kevin Spacey qui date des années 90 et qui est sur la chaîne de la bienveillance et qui montre que quand tu rends service au quotidien petit à petit ça fait un effet papillon à travers le monde et que tu peux rendre le monde meilleur juste avec des petites BA du quotidien et ça te permet d'être reconnu et respecté dans ton métier.

  • Speaker #1

    Parfait, pour conclure François est-ce qu'il y a quelque chose que tu voulais aborder ici que t'as pas encore eu le temps d'exprimer ?

  • Speaker #0

    Il y a plein de trucs. Je fais plein de choses. Je suis en train de monter une école pour aider les dealers à la reconversion dans le monde de l'économie réelle. Je fais pas mal d'explorations. Il y a quelques mois, j'ai fait les tests de sélection des astronautes de la NASA parce que c'était un rêve de gosse. Je fais plein d'autres choses. Je suis pas mal engagé dans l'associatif parce que pour moi, un, ça m'a beaucoup formé. C'est une école de la vie. Je trouve l'associatif, ça t'apprend énormément. Et deux, ça comble beaucoup de choses que l'État ne peut pas faire. donc moi je suis le premier à dire Peu importe dans quelle cause ou dans quelle partie tu veux t'engager, je préfère toujours des gens qui sont engagés, même si je ne suis pas d'accord avec eux, que des gens qui subissent de la vie et qui sont des moutons et qui ne comprennent pas le monde qui les entoure. Un petit message là-dessus, c'est tout ce que vous faites, faites-le vraiment en bienveillance parce que 1, c'est crevant d'être un con, c'est plus fatigant que d'être sympa et c'est un bon investissement. Si je te parle, le ROI de la bienveillance est bien meilleur que d'être égoïste. Je le pense sincèrement. Et puis voilà, comme ton podcast tourne autour du métier des affaires publiques, c'est vraiment un secteur qui est passionnant, qui est encore avec plein de frontières à redéfinir. Mais en général, quand on met le pied dans les affaires publiques, on a du mal à repartir. Donc, allez-y, foncez. Si vous êtes passionné par ça, c'est un beau métier.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, François. J'étais un peu fatigué avant cet entretien. Tu m'as donné à nouveau la pêche. Merci, François.

  • Speaker #0

    Merci. Salut.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté Hémicycle, le podcast qui décrypte la fabrique de la loi. Je m'appelle Pierre, je suis le co-fondateur de l'Ejiwatch, la plateforme qui vous aide dans votre veille institutionnelle. A bientôt !

Description

💬 « L’espèce humaine a peur de ce qu’elle ne comprend pas. Le réflexe, c’est de ne rien faire et de mettre sous contrainte. »


De la défense aux startups, en passant par la fabrique de la loi, François Mattens incarne une nouvelle génération de lobbyistes engagés sur des terrains stratégiques : intelligence artificielle, souveraineté industrielle et technologies duales.


Directeur des affaires publiques chez 22, cofondateur de Défense Angels et membre de la Société des explorateurs français, il déploie une vision lucide des enjeux technologiques et démocratiques qui façonnent notre futur commun.


Dans cet épisode, on parle de :


🔹 son coup de foudre pour la vision par ordinateur et la naissance de 22,
🔹 la souveraineté technologique comme enjeu industriel et politique,
🔹 l’éthique face aux risques de surveillance généralisée,
🔹 la complexité des réglementations européennes (AI Act, RGPD, DSA…),
🔹 l’art de convaincre députés et régulateurs quand on est une startup,
🔹 le financement de l’innovation dans un climat géopolitique tendu,
🔹 et de sa conviction qu’innover, c’est d’abord assumer ses responsabilités citoyennes.


Un échange sans langue de bois, passionnant, avec l’un des visages les plus singuliers de la tech française.


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Transcription

  • Speaker #0

    L'espèce humaine a peur de ce qu'elle ne comprend pas. Donc le réflexe quand t'as peur, c'est que tu ne fais pas et tu le mets sous contrainte. La France est un très beau pays pour monter des boîtes. D'abord t'es bon dans ce que tu fais, ensuite t'es compétitif au niveau des prix, et en plus de ça, c'est génial, t'es souverain. Mais quelqu'un qui dit « Ah ouais, je suis souverain, donc tu vas m'acheter » , Non mais t'es nul et tu coûtes cher. Renverse le sens de la chose.

  • Speaker #1

    Qui sont ceux qui font la loi ? Je m'appelle Pierre, fondateur de la plateforme de veille institutionnelle Légit Watch, et je rencontre celles et ceux qui font les coulisses de notre vie politique. Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir François Matins, vice-président des affaires publiques et des partenariats stratégiques chez 22, donc 22 qui est l'un des leaders français de l'intelligence artificielle appliquée à la vision par ordinateur. François, tu es aussi co-fondateur de Défense Angels. donc tu connais par cœur les ponts entre technologie de rupture souveraineté industrielle et régulation et puis finalement tu enseignes dans plusieurs écoles et universités. Est-ce que tu veux rajouter quelque chose à ton parcours François ?

  • Speaker #0

    T'as déjà pas mal résumé de pas mal de choses que je fais actuellement mais on pourra rajouter parce que c'est un peu une fierté c'est aussi quelque chose sur lequel ça me nourrit et je partage c'est que j'ai l'occasion d'être depuis quelques années membre de la société d'explorateurs français donc je suis explorateur dans certains sens du terme et ça me donne l'occasion de voyager et de faire des rencontres passionnantes avec beaucoup de gens, donc on va peut-être avoir l'occasion de discuter même si c'est pas le thème du podcast du jour.

  • Speaker #1

    Explorateur en quoi ?

  • Speaker #0

    Explorateur, moi j'ai beaucoup centré ma philosophie d'exploration sur rencontrer des gens décalés, bizarres, qui explorent certains champs de l'humanité et de la société. Et c'est des gens avec qui j'ai fait des rencontres assez incroyables, qui ont tous des parcours de vie assez dingues et qui contribuent à faire évoluer la société sur des sujets comme le climat. les rapports sociaux, l'espace, les océans. Enfin bref, ça me nourrit beaucoup intellectuellement.

  • Speaker #1

    Donc en termes d'évolution de société, t'es en plein dedans. Donc qu'est-ce qui t'a amené à rejoindre 22 ? Donc je rappelle qu'ils bossent dans l'intelligence artificielle pour la surveillance vidéo, c'est ça ?

  • Speaker #0

    Exactement. Alors pas de la surveillance, justement, on y reviendra. C'est de l'analyse de flux vidéo, mais ça fait loin de là que de la surveillance. Et c'est un des sujets sur lesquels moi je travaille beaucoup. Mais pourquoi 22 ou 22 ? C'est tout simple, ça a été un coup de foudre amical avec le cofondateur William Eldin. qui est un personnage qui est fou, comme moi, dans le bon sens du terme, et avec qui on s'est retrouvés sur un système de valeurs, sur une manière de voir le monde et une philosophie. Puis on s'est rencontrés et au bout d'une heure, on s'est dit, écoute, on ne sait pas quand, on ne sait pas comment, mais un jour, on travaillera ensemble. Et deux ans plus tard, il y a eu un aliment des planètes. Moi, j'ai dit, j'aimerais bien bosser vraiment avec toi. Lui m'a dit, j'ai besoin d'un mec comme toi et ça s'est fait. Trop bien.

  • Speaker #1

    Tu l'as rencontré dans une exploration ?

  • Speaker #0

    Alors non, on a une amie en commun qui m'a dit, écoute, François, t'es complètement fou. Je pense que si vous rencontrez, ça peut faire un truc incroyable. Et donc, elle a eu le nez creux et voilà, ça a fait des chocapics, comme dit l'autre.

  • Speaker #1

    Génial. Et là, du coup, quel est ton rôle exact chez 22 ? Quel est ton quotidien ?

  • Speaker #0

    C'est une bonne question qui est à la fois très claire sur certains aspects et beaucoup moins, parce que le métier des affaires publiques est à la fois un métier qui est très paradoxalement ultra régulé. Et tant mieux sur la profession, on entend-il le terme lobbyiste, qui est toujours un peu... On voit des caricatures, etc. Alors que le métier des affaires publiques reste un métier qui est très contraint par la loi, par certaines règles. juridiques ou déontologiques et c'est une très bonne chose mais à côté de ça un directeur ou un responsable affaires publiques d'une entreprise à une autre il fait pas du tout la même chose et moi la manière dont je fonctionne au sein de cette entreprise il y est sur trois volets le premier volet c'est que je fais on va dire de manière assez classique des affaires parlementaires où mon travail c'est d'être au contact du législateur parce que on travaille sur une technologie on pourrait revenir qui aujourd'hui est très peu encadré légalement et qui fonctionne beaucoup sur la jurisprudence. Donc, on est toujours sur l'interprétation. Et moi, je promeux que cette technologie qu'on utilise soit beaucoup mieux encadrée pour travailler dans un cadre légal beaucoup plus simple à comprendre. Donc ça, c'est le premier aspect. Ensuite, j'ai un autre aspect qui est être au contact du régulateur, qui aujourd'hui est quelqu'un avec qui on est en contact, évidemment, régulièrement sur ces sujets-là. J'ai le volet, on va dire, représenter mon CEO, donc William. Quand tu as des endroits, il ne peut pas le faire, tu vois, pour des podcasts, pour des conférences, certains niveaux de discussion, que ce soit politique, institutionnel. en gros je fais son bras droit ou son plan B quand il peut pas être là. Et le dernier volet, qui aussi ça va être très spécifique au monde des startups, c'est que j'aide mes commerciaux dans une logique un peu de business development stratégique, c'est-à-dire que moi de par ma fonction et de par mon réseau, j'ai une capacité à aller sentir des choses, comprendre certaines problématiques, aller ouvrir des portes à un niveau stratégique, dans des institutions, dans des ministères ou dans des grandes entreprises, qui permet ensuite de redescendre ça à mes sales qui ensuite font leur boulot de commerciaux derrière. Ok,

  • Speaker #1

    donc si je comprends bien, il y a une partie de... de ta journée qui est autour de la législation et l'autre qui est autour du business.

  • Speaker #0

    Exactement, tout à fait. C'est bien résumé.

  • Speaker #1

    T'es très investi dans l'écosystème souveraineté-défense avec Défense Angels. Pourquoi t'as lancé Défense Angels ? Et ensuite, en quoi est-ce que ça influence ta vision des politiques publiques liées à l'intelligence artificielle ?

  • Speaker #0

    En fait, c'est quelque chose que j'avais lancé en side project, d'ailleurs qui est toujours un side project, que je fais ça le soir et le week-end. donc j'ai confondé ça moi avec un camarade qui s'appelle Guy Gourevitch, qui est quelqu'un qui a beaucoup plus d'expérience que moi. Dans le monde de la finance, moi je venais plutôt du monde de la défense, historiquement. Et on a monté ça, qui était en gros de se dire, mais quand je te dis ça, tu vois, l'actualité nous a, heureusement, slash malheureusement, donné raison, qu'il y a un gros problème, un déficit d'image du secteur de la défense et de l'industrie de défense, qui aujourd'hui a très mauvaise réputation, parfois sur certains aspects, à tort ou à raison. Et le monde de la finance et de l'investissement rejetait ça à ce moment-là en disant, ben non, c'est pas bien, avec toutes les normes ESG, compliance, etc. Ce qui... encore une fois c'est des normes qui sont nécessaires, il n'y a pas de problème et du coup il y avait une vraie frilosité bancaire et financière pour suivre ces boîtes-là et donc nous ce qu'on a fait on a dit mais c'est dommage pour pas dire dangereux qu'on a des briques technologiques en France qui répondent à un vrai besoin parce que c'est très spécifique et ça mettrait en danger la souveraineté de la France et de l'Europe si ces boîtes-là partent à l'étranger et comme personne ne voulait les financer elle disait bah moi soit je vais mourir ou soit je vais aller me financer à l'étranger parce qu'eux ils sont moins frileux aller mettre de l'argent chez moi. Et donc c'est là qu'on a créé ce réseau d'investisseurs qui maintenant a pris une... énorme ampleur et l'actualité depuis quelques mois fait que ça décolle très très fort pour se dire, oui la souveraineté c'est technologique c'est hyper important sur plein d'aspects mais il y a aussi un maillon de la chaîne c'est le côté souveraineté du financement pour pouvoir garder la capacité à ces technologies, à ce qu'elles restent françaises en termes de capital et pour pouvoir donner à la France les moyens de ses ambitions sur certains aspects.

  • Speaker #1

    Tout est 100% français dans les logiciels, dans ce que vous soutenez ?

  • Speaker #0

    Ça n'existe pas du 100% français c'est pour ça que moi je me méfie beaucoup du terme souveraineté qui maintenant fait beaucoup... paraître certaines personnes intelligentes dans les dîners en ville parce que ça fait intelligent de dire souveraineté. Déjà, personne n'est capable de définir ce que c'est exactement la souveraineté. Je te prends un exemple. Là, je suis sur mon Mac, j'ai un iPhone, je gère mes mails sur Gmail. Est-ce que je suis souverain quand je fais tout ce que je fais ? Une partie non. Donc, il faut se méfier du mot souveraineté. La souveraineté, c'est une acceptabilité, une perte d'autonomie qui est plus ou moins anticipée et calculée. Moi, je sais que pour moi, avoir une perte d'autonomie complète sur ce truc-là, ce n'est pas très grave, ce n'est pas critique. En revanche, sur d'autres aspects, c'est indispensable. d'avoir cette autonomie, donc de rester souverain. Et c'est où est-ce que tu mets le curseur ? Pour répondre à ta question, le 100% souverain, à part sur des niches très spécifiques, n'existe quasiment jamais. C'est où est-ce que tu mets le curseur pour être souverain à 80-90% pour te laisser cette marge ?

  • Speaker #1

    Pour toi, il est où le bon curseur,

  • Speaker #0

    justement ? Ça dépend des sujets, encore une fois, c'est difficile de faire une généralité. Quand tu parles de technologies qui sont liées au nucléaire, là tu te rapproches beaucoup plus des 100%, et quand tu te rapproches de certaines choses qui sont du back-office, Bouge pas du marketing ou de la com' Bon, tu... tu t'en fous quasiment d'être souverain, tu prends le truc qui fonctionne le mieux, qui rentre dans ton budget pour obtenir ça. Encore une fois, c'est chacun met le curseur où il veut en fonction de son acceptation du risque et de la perte d'autonomie et de l'écosystème dans lequel il évolue.

  • Speaker #1

    Ok, super intéressant. Du coup, pour parler de 22, tu m'as repris tout à l'heure en disant que justement, ce n'était pas de la vidéo surveillance. Est-ce que tu peux parler des cas d'usage que vous rencontrez ? Et aussi, est-ce qu'il peut y avoir des usages liés à la défense,

  • Speaker #0

    justement ? Bien sûr. Alors, je peux t'en parler, mais le podcast durait 4 heures parce que les cas d'usage sont infinis. Je te prends un exemple très concret. Aujourd'hui, tu l'as dit, parce que le mot caméra est souvent associé à surveillance, c'est normal. Historiquement, on met des caméras pour surveiller ou protéger, peu importe où tu utilises la terminologie. Donc oui, on a des cas d'usage qui permettent de détecter les bagarres, de détecter certains objets dangereux, de détecter des mouvements de foule, de détecter des départs d'incendie. Tu vois, ça, c'est des cas d'usage, on va dire, très liés à la sécurité. Mais cette technologie qui est la même, elle est capable aujourd'hui de sauver des vies, où je te prends un exemple. nous, notre solution, elle est capable de détecter des gens qui se noient dans des piscines ou aux abords de certaines bases nautiques. Donc là, est-ce que tu fais de la surveillance en tant que telle ? À côté de ça, on est capable d'optimiser la capacité à mieux gérer des endroits qui reçoivent du public ou, pour une logique, tu vois, d'expérience client, je sais pas, je prends des parcs d'attraction, des stades, où on s'est dit, ben voilà, on voit qu'en temps réel, cette entrée elle est bouchée, donc il y a une file d'attente qui est plus de 30 minutes, c'est pas normal. Donc ça envoie une alerte à la personne qui gère le stade ou qui gère le truc. rééquiper, on va rouvrir trois portes en plus pour fluidifier le flux, donc ça te permet de gagner du temps. Et après, on peut descendre dans un niveau de granularité qui est bien plus puissant. Aujourd'hui, on bosse avec des fast-foods, où le manager d'un fast-food maintenant, il a une tablette, et en temps réel, ça lui dit que quand il y a plus de trois voitures qui rentrent sur le parking, ça lui dit qu'il va préchauffer des steaks. Quand il y a un plateau qui est abandonné sur la table, ça lui dit qu'il va nettoyer la table 18. Quand il y a 20 personnes qui vont aux toilettes, ça lui dit qu'il va nettoyer les toilettes. Et quand il y a plus de 12 minutes d'attente à la caisse, ça lui dit va demander à la caisse. Et je te prends l'exemple qu'on connaît tous aussi, à l'aéroport. Aujourd'hui, nous, on a appris à ce que c'est un camion de bagage, un camion de fuel et un camion de 4 rings. Et en temps réel, c'est capable de dire, ton avion, la F422, qui devait décoller à 10h30, oublie. Parce qu'en fait, ça, ça a déjà du retard, ça a déjà du retard. Donc, je peux déjà te dire de manière quasi anticipée que ton avion, il a 8 minutes de retard. Et ça, ça te permet en temps réel, à la tour de contrôle, d'envoyer 3 avions en plus sur la piste dans ces 8 minutes-là. Donc, les cas d'usage, si tu veux, ils sont les mêmes que ceux que tu utilises avec tes yeux. Au quotidien, tes yeux, tu n'utilises pas pour faire la surveillance. c'était pas que en mode paranoïaque et bien non tu les fais pour admirer ça, tu les fais pour comprendre telle situation, tu les fais pour t'alimenter intellectuellement. La technologie de la vision par ordinateur, c'est exactement la même chose. Donc c'est ce qu'on essaie de faire chez 22, c'est utiliser tous les cas d'usage aujourd'hui qui existent, qui sont les mêmes que ceux de tes yeux, pour apporter une information stratégique au preneur de délais. décision pour qu'il puisse utiliser cette technologie pour non pas remplacer l'humain, mais augmenter l'humain dans sa prise de décision.

  • Speaker #1

    Je comprends. Après, si je vais dans un cas extrême, qu'est-ce qui garantit que vous ne pouvez pas l'utiliser à d'autres fins ? Par exemple, si demain, il y a un fonds chinois qui veut vous racheter, qui a la capacité, qui acquiert la capacité que vous avez, qu'est-ce que...

  • Speaker #0

    La question est à la fois légitime et normale. Il y a plusieurs guerres de fou. Déjà, un fonds chinois en dira non. La réponse est assez simple. Mais à côté de ça, je t'enlève le côté uniquement... tu vois nationalité du fond, la première chose et c'est vrai qu'on oublie, c'est qu'on est entreprise, on est là pour gagner de l'argent. Mais on reste des citoyens. William, moi-même et tous les gens qui sont en la boîte n'ont pas envie que notre technologie serve à surveiller les gens. On est des citoyens au quotidien, on n'a pas envie de contribuer à une société de surveillance. Donc tu vois déjà, il y a notre propre système de valeur qui est contre un système de surveillance généralisé. Et en plus de ça, derrière, on a mis des garde-fous au sein de l'entreprise. Je t'en cite deux principaux. Le premier, c'est qu'on a bridé volontairement notre technologie Merci. pour que ça soit impossible by design de détourner la technologie pour par exemple faire de la reco faciale parce que c'est pas possible donc quelqu'un qui demain rachète notre techno il peut pas rajouter la couche de reco faciale en tout cas sans notre autorisation et deux on a un comité éthique aussi qui challenge la stratégie de l'entreprise sur des cas d'usage qui peuvent potentiellement porter à confusion et donc du coup on a en fonction du développement du produit et du business development et bah le comité éthique a son mot à dire en disant bah non là ça nous dérange et dans le comité éthique on a des gens ... qui sont de l'interne et des gens qui sont de l'interne voient qu'ils sont des anti-technologies, tu vois, des associations qui ne sont pas forcément nos amis. On les associe à la prise de décision pour prendre leurs avis. Après, c'est nous qui décidons, c'est notre entreprise, mais tu vois, on ne se coupe pas de ce dialogue des gens qui ne sont pas toujours d'accord avec nous. OK.

  • Speaker #1

    Comment on fait techniquement pour interdire, tu disais, by design, on ne peut pas...

  • Speaker #0

    Tu brides une partie de certaines technologies, tu vois, la manière dont tu fabriques tes algorithmes. Tu te dis, cette anulénie, tu ne pourras pas franchir telle limite de reconnaissance biométrique. ou de l'utiliser dans telle situation de cas d'usage. Je te prends un exemple très concret. On nous a demandé il y a quelques temps, une ville qui nous a demandé de détecter les caravanes. On se doute bien du cas d'usage qu'il pouvait y avoir sur détecter des caravanes à l'entrée d'une ville. On a dit, techniquement, on saurait le faire, mais on a refusé. On a dit, nous, on peut vous détecter les caravanes pour de la statistique, si vous voulez, à froid. C'est-à-dire, au bout d'une semaine, d'un mois, deux mois, combien il y a eu de caravanes dans votre ville, mais on ne vous fera pas de la détection en temps réel. Donc on a refusé de vendre la partie détection en temps réel des caravanes.

  • Speaker #1

    donc tu vois c'est un truc très concret qu'on est capable de faire Justement un amendement en ce moment prévoit de limiter la reconnaissance biométrique en temps réel dans l'espace public, est-ce que ça change quelque chose pour vous, est-ce que comme dans tous les cas vous avez pas prévu le temps ?

  • Speaker #0

    Non ça change rien aujourd'hui puisque nous on fait pas de reconnaissance biométrique donc c'est pas un sujet pour nous en tant que tel mais évidemment c'est des évolutions qu'on suit, encore une fois si tu veux, faut pas être manichéen, faut pas dire la reconnaissance faciale c'est horrible, on va surveiller tout le monde, oui d'accord, et en même temps faut pas dire c'est génial, faut en mettre partout moi je te prends des cas très concrets, moi je suis content de savoir que potentiellement, aujourd'hui légalement dans certaines conditions, les forces de l'ordre sous le mandat d'un magistrat sont en capacité d'utiliser de la reconnaissance faciale quand il y a eu un crime de sang, quand il y a eu quelqu'un qui s'est fait agresser et tu peux gagner des heures et des jours précieux de retrouver quelqu'un parce qu'il y a l'utilisation de cette technologie. Voilà, tu vois, je dis, c'est bien, cette technologie, elle est géniale. Et inversement, je me dis, je n'ai pas envie qu'au quotidien, tout ce qu'on fait soit scanné et qu'on nous... tu vois je te prends la caricature de la Chine où tu as un crédit social, où si tu as craché par terre, tu perds des points et tu n'as pas le droit de voyager. Et à aucun moment, j'ai envie de vivre dans ce monde-là. Et c'est la même technologie pourtant.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu penses de la phrase qui dit « Les États-Unis innovent, la Chine copie et l'Europe régule » ?

  • Speaker #0

    Comme toute caricature, c'est jamais faux à la base, mais c'est volontairement un peu étiré. Oui, aujourd'hui, c'est vrai que c'est une question de culture. Alors là où je modère beaucoup, c'est « C'est fini, les Chinois ne copient plus. » Les Chinois aujourd'hui, ils produisent des millions d'ingénieurs. Les Chinois y publient. plus de publications en IA que les Etats-Unis. Donc c'est fini cette caricature du chinois qui fait que de l'espionnage. Je dis pas qu'ils en font pas, évidemment ils en font encore plein, et ils ont raison, tout le monde le fait. Mais ils produisent maintenant de la vraie intelligence. Déjà le côté chinois, non, ça c'est obsolète. En revanche, je te prends le côté US versus Europe et France, c'est vrai que nous, on a une tendance à... Quand une technologie est nouvelle, et nous on est en plein dedans en ce moment avec 22, c'est que tout de suite on voit le côté anxiogène de la chose, on dit oulala, c'est une technologie nouvelle, donc principe de précaution, on va surtout tout faire pour la brider au début pour ne pas prendre de risques et ensuite petit à petit, on va voir comment on peut l'étendre, etc. La culture et le mindset américain, il est différencié. Waouh ! Il y a une nouvelle technologie, c'est inopportune, incroyable. On y va à fond et de manière empirique et pragmatique, on va voir comment on la régule s'il y a des dérives qui apparaissent. Et donc tu vois qu'avec ce décalage-là, en effet, malheureusement pour certaines entreprises européennes, c'est plus long et plus compliqué d'innover et d'aller chercher des marchés quand on te met de la contrainte réglementaire a priori plutôt que d'avoir la contrainte de manière, si tu veux... empirique et pragmatique et c'est là où c'est une culture qui est différente entre états unis et l'europe mais encore une fois tu as dans l'autre sens aujourd'hui tu vois que beaucoup de personnes réfléchissent actuellement aux états unis pour s'inspirer de certaines réglementations européennes notamment l'air gpd donc si c'était si mauvais il le prendrait pas encore une fois c'est ouest On met le curseur de réguler, c'est important, mais en même temps ne pas brider l'innovation et la capacité à faire du business.

  • Speaker #1

    En parlant de contraintes, certains élus veulent interdire totalement la surveillance algorithmique dans l'espace public. Qu'est-ce que tu en penses ?

  • Speaker #0

    Comme toute idée manichéenne, c'est mauvais. Cette technologie-là, et moi c'est un argument que je pousse et on communique beaucoup avec ma boîte, c'est que cette technologie-là, il faut arrêter de l'associer uniquement à la surveillance. Alors des fois, c'est très important de faire de la surveillance, encore une fois, on veut tous vivre en sécurité dans l'endroit où on est. quel garde-fou en termes de liberté publique tu mets si tu utilises cette technologie pour la surveillance. Mais à côté de ça, moi, je mets au défi de dire des gens, on va intéresser cette technologie alors qu'elle peut sauver des vies. On a prouvé que notre technologie, quand elle est utilisée dans certains cas, elle sauve des vies, des gens des noyades, des gens qui font des arrêts cardiaques, des départs d'incendie. On va dire, OK, signe en bas à droite, toi, monsieur tel élu, que dans cet endroit-là où il y a toujours des feux de forêt, où il y a toujours tel problème de sécurité ou de vivre ensemble, que tu es prêt à assumer. moralement et potentiellement électoralement, légalement, que si on n'avait pas mis cette technologie-là, on aurait peut-être... Enfin, si on avait mis, pardon, on aurait pu sauver des vies. Donc, encore une fois, le problème, c'est que c'est une technologie qui est assez compliquée et donc l'espèce humaine a peur de ce qu'elle ne comprend pas. Donc, le réflexe quand t'as peur, c'est que tu ne fais pas et tu le mets sous contrainte. Nous, et c'est une partie de mon métier, c'est de faire de la pédagogie sur cette technologie en disant oui, c'est une technologie nouvelle, mais il faut voir le bon côté de la chose, il faut l'encadrer, il faut le réguler mais laissez-nous vous prouver qu'on est capable de faire des choses extraordinaires c'est pour rendre un monde meilleur et pas un monde de surveillance parce que nous 22 et moi individu qui travaille en U je n'ai pas envie de contribuer à une société de surveillance et ça du coup tu fais de la pédagogie mais c'est avec qui ?

  • Speaker #1

    tu t'adresses aux élus ?

  • Speaker #0

    c'est dur c'est dur et ça tu vois on est plein dedans et j'ai chanchouin avec mes homologues c'est que dès que t'as une technologie et une partie de mon métier qui fait la beauté c'est de rendre intelligible des choses complexes c'est une partie du métier du directeur affaires publiques c'est quelqu'un qui doit comprendre tout ce qui se passe dans sa boîte et qui est un traducteur à des gens qui sont en dehors de son écosystème et ils doivent comprendre tous les enjeux. Faire comprendre que le monde extérieur, quel impact il peut avoir dans sa boîte et parler souvent à des techs qui leur expliquent attention, si tu fais ça, le législateur ne va pas comprendre. Et donc, tu es au milieu, tu es ce point nodal qui doit faire l'aller-retour entre les deux.

  • Speaker #1

    C'est qui pour toi le législateur ?

  • Speaker #0

    Le législateur, c'est le parlementaire, c'est le conseiller du ministre Intel, c'est le journaliste qui influence forcément la perception qu'on a de cette technologie. C'est l'association qui est en face de toi, qui, pour des bonnes ou de mauvaises raisons, caricature ta technologie, etc. Et donc, tu passes ta journée aujourd'hui à expliquer que cette technologie-là... il faut la rendre intelligible et il faut passer des messages et c'est là où c'est difficile en ce moment particulièrement c'est que toi tu es inscrit dans une temporalité qui est moyennement longue c'est-à-dire que à la fois tu as des urgences business et donc ça c'est de l'urgence au jour le jour et à côté de ça tu dois expliquer que ce que tu vas faire ne va pas être un changement de société et puis c'est technologiquement parlant tu dois expliquer mais la temporalité du monde politique et médiatique il n'est pas celui que tu expliques et donc parfois il y a un décalage qui peut être frustrant quand tu bosses dans la tech pour expliquer certaines choses ou le législateur ils ne voient pas l'intérêt politique. de t'aider.

  • Speaker #1

    Ok. Donc, très concrètement, si je grossis le trait, ce que je comprends, c'est je suis François, je sors mon téléphone, j'appelle des députés et je leur dis moi, je gère une start-up, ma priorité, c'est ça, ça, ça. Les États-Unis ont de l'avance, les Chinois ont de l'avance. Comment tu t'y prends ? Est-ce que c'est ça ton...

  • Speaker #0

    Alors, oui, si on caricature, c'est un peu ça, mais moi, je suis plutôt dans une logique. J'ai entretien une relation avec les gens de l'écosystème législatif, qu'ils soient des collaborateurs. les régulateurs, les parlementaires, les régulateurs, etc. pour avoir un dialogue quotidien et pas uniquement avoir, quand j'ai besoin de quelque chose ou quand il y a une urgence, faire de la pédagogie au quotidien en expliquant ce qu'on fait, en expliquant les prochaines évolutions qu'on va avoir. Et en effet, c'est le métier des affaires publiques d'alerter le décideur public en disant attention. Sachez que si on ne fait pas ça, la conséquence pour des boîtes comme la nôtre qui sont françaises, qui représentent l'écosystème tech français et qui essaient de faire les choses bien, c'est préjudiciable pour une boîte comme nous, donc pour la France. Et inversement... leur dire attention si vous allez faire ça dans ce cadre là ça va nous mettre en contrainte nous on n'est pas d'accord et puis c'est un dialogue que tu crées avec eux donc c'est dans les deux sens on s'auto-alimente pour comprendre qui fait quoi toi en tant que start-upper finalement t'es reçu t'es écouté par les parlementaires alors oui c'est pas facile tous les jours parce que quand t'es pas un grand groupe t'es pas une grande fédération t'as moins la capacité à te faire entendre en revanche c'est l'avantage de 22 c'est qu'on est une boîte qui commence à être très connue dans l'écosystème de l'IA en France. deux, on a un personnage qui incarne la boîte qui est William Hélin qui est charismatique et qui est visible donc du coup ça aide et après c'est là aussi une raison pour laquelle William m'a recruté il y a 3 ans maintenant c'est parce que moi quand je suis arrivé dans la boîte j'ai créé ce côté direction affaires publiques chez 22 mais j'arrivais avec mon réseau ma connaissance qui m'a permis et me permet encore aujourd'hui d'être reçu au-delà de ma caisse K2N2. Je suis reçu parce que François Matins, je suis connu auprès des gens à qui j'ai créé une relation de confiance et qui me permet de pousser des messages qui sont les miens, qui sont ceux de l'entreprise que je représente.

  • Speaker #1

    Alors j'ai lu que la tech française plaide pour une exception européenne, une voix française. Est-ce que c'est ce que tu défends toi et est-ce que tu peux en parler ?

  • Speaker #0

    Ouais, sur certains aspects, c'est important. C'est qu'aujourd'hui, si tu veux, tu as une logique du marché libre complet à Bruxelles ou sur des appels d'offres ou sur certains marchés européens. tu te retrouves face à des boîtes américaines, chinoises et israéliennes. Parce que la philosophie de Bruxelles, c'est qu'on vit dans un monde où ça permet de tout le monde la concurrence saine, etc. Tu le vois au jour le jour et tous les gens qui nous écoutent se rendent compte que le monde des bisounours, en disant tout le monde s'aime, c'est génial, la concurrence elle est normale, c'est pas vrai. Ce que fait aujourd'hui un Trump avec les droits de douane, ce que font les Chinois. Donc beaucoup de gens aujourd'hui, et je ne paronne pas du tout une logique de protectionnisme, parce que le protectionnisme c'est le renfermement et c'est jamais bon. En revanche, oui, sur certains sujets, sur certaines technologies, il pourrait y avoir, on va dire, je ne sais pas, mais une sorte de fast track. ou une priorisation de certaines boîtes françaises ou européennes pour certains marchés, parce que c'est dans l'intérêt de tout le monde que ce soit des entreprises françaises ou européennes qui contribuent soit dans une logique de souveraineté, soit dans une logique économique, de se dire qu'il faut faire bosser les Européens en Europe en priorité. Encore une fois, la souveraineté, moi ce que je dis souvent, ce n'est pas un cash-sex pour se retenir d'être bon. D'abord, tu es bon dans ce que tu fais, ensuite tu es compétitif au niveau des prix, et en plus de ça, c'est génial, tu es souverain. Mais quelqu'un qui dit « Ah ouais, je suis souverain, donc tu vas m'acheter » , Non mais t'es nul et tu coûtes cher. renverse le sens de la chose. Donc là aussi, il faut faire ça en bonne intelligence, mais c'est une idée située sur le principe qui n'est pas déconnante. Après, c'est comment on la met en œuvre, et là, t'es avec des contraintes légales et politiques qui ne sont pas toujours faciles.

  • Speaker #1

    Donc on revient sur les contraintes légales. Alors j'ai trouvé plein de choses qui, pour moi, sont des acronymes difficiles à comprendre. Il y a le AI Act, DSA, DMA, RGPD, NIS2, bref, plein de choses qui tentent de réguler, je pense, l'intelligence artificielle. Est-ce que pour toi, c'est cohérent ou est-ce que c'est un empilement ?

  • Speaker #0

    Non, c'est pas cohérent. Enfin, le fou qui est schizophrène, il a une cohérence qui lui est propre. Sans dire qu'à Bruxelles, ils sont schizophrènes et fous. Mais pour te dire que c'est qu'on rajoute des couches qui, quand tu les annies chacun à leur niveau, sont très cohérentes. Les high-heights vont réguler une telle partie de l'IA. Nice 2 va réguler la sécurité des IA et la cyber. Le DMA va faire autre chose. Donc, encore une fois, chacun prie individuellement. C'est cohérent dans une chose. Mais quand tu vois que tu es une entreprise où tu dois gérer au quotidien, notamment une startup comme la nôtre, Tu te doutes bien qu'on n'a pas un département juridique à 15 personnes. c'est très compliqué de savoir dans quel environnement on doit travailler et du coup ça nous coûte du temps sur comprendre ce qu'on a le droit de faire ou de ne pas faire, pendant ce temps là on ne fait pas du business qui est quand même l'objectif encore une fois d'une entreprise et donc c'est cohérent à certains niveaux mais cet empilement, et tu as bien utilisé le mot aujourd'hui est très chronophage et épuisant quand tu travailles face à des concurrents ou tu travailles sur d'autres continents où on te demande de respecter la législation locale oui non, d'être compétitif par rapport aux autres oui non, et d'être capable de délivrer et donc ouais, tu vois c'est ce que je disais tout à l'heure c'est les contraintes qu'on te met a priori. avant même que tu aies commencé à bosser, tu dois déjà passer du temps sur savoir si tu es compliant vis-à-vis de tout ce que tu viens de nous citer. C'est fatigant et du coup, ce n'est pas forcément l'avantage des entreprises de la tech en Europe.

  • Speaker #1

    Est-ce que l'État, vous êtes quand même d'une part, alors j'ai cru comprendre que vous êtes bénéficiaire de France 2030, donc vous êtes soutenu par la BPI, est-ce que l'État est actionnaire chez vous ?

  • Speaker #0

    Ouais, tout à fait. Alors, encore une fois, en bon français, et parce que c'est un sport national, je râle super bien sur la France, c'est horrible. On reste un très beau pays ou tu peux créer des très belles boîtes ou t'as du crédit impôt recherche où tu as des ingénieurs d'excellente qualité. Donc oui, Cocorico, la France est un très beau pays pour monter des boîtes. Et encore une fois, il n'y a pas de sujet. Donc BPI nous a soutenus depuis le début et heureusement que BPI est là. On a plein de programmes dans lesquels on a bénéficié. Bon, après, on s'est fait challenger. Ce n'est pas parce qu'ils nous aiment bien qu'ils l'ont fait. C'est qu'on a répondu à une partie de leurs attentes. Donc l'État est actionnaire à travers BPI. on travaille au profit de plusieurs ministères et d'institutions régaliennes. on est soutenu par le plus haut niveau de l'État je te prends l'exemple c'est qu'il y a quelques mois William est parti dans l'avion présidentiel avec le président de la République en déplacement d'État au Maroc et c'était la seule boîte d'IA de ce déplacement pour proposer au Maroc voilà 22 est une boîte qui fait ça donc William a pu rencontrer plein d'autorités locales publics privés etc donc oui l'État français nous soutient c'est toujours appréciable et encore une fois on vit dans un beau pays après rien n'est parfait il y a plein de choses où l'État nous met sous certaines contraintes qui sont plus ou moins un... intelligente par rapport à ce qu'on fait. On n'est pas toujours d'accord avec l'État sur plein de trucs, donc on le lui dit. Mais globalement, on reste dans un pays où quand tu fais une boîte dans ce secteur-là, tu fais bien les choses et que tu respectes la loi, ça se passe bien.

  • Speaker #1

    Comment on fait pour aller dans l'avion présidentiel ? Comment vous êtes arrivés à ce point ?

  • Speaker #0

    On a un très bon lobbyiste. Non, mais encore une fois, il n'y a pas de secret. C'est que moi, j'ai entretien une relation avec des gens qui sont proches du président de la République. On discute régulièrement, on les alimente, on explique ce qu'on fait. On crée une relation de confiance.

  • Speaker #1

    Comment ces gens-là ?

  • Speaker #0

    Tu ne les connais pas plus que ça. C'est des gens que tu croises, que tu as dans des réseaux. Tu leur as fait un mail. Est-ce qu'on peut vous présenter ce qu'on fait ? Tu les recroises à un autre endroit. Après, c'est un petit milieu. C'est le milieu parisien. Donc, tu as des amis en commun. Tu les croises. Tu expliques ce que tu fais. Puis, à un moment, tu vois l'info que le président de la République part dans deux mois au Maroc. Nous, on a des intérêts dans certains pays, dont le Maroc. et on dit, tiens, on a un appel d'offres sur lequel on va se positionner, c'est un marché qui nous intéresse, etc. Et tu rencontres le conseiller qui va bien... du président de la République, il dit « bah voilà, nous ça, ça » . Et il dit « ok, bah why not, ça peut cocher les cases, faites-moi une note qui m'explique ce que vous faites au Maroc, ce que vous voudriez faire au Maroc » . Et puis après, eux, ils ont une réunion d'arbitrage avec toutes les places qu'ils attribuent au monde économique à chaque déplacement du président de la République. Ils ont estimé que 22 était pertinent par rapport à ce qu'on faisait. Et voilà, William s'est retrouvé pendant trois jours aux côtés du président de la République.

  • Speaker #1

    Trop bien. À chaque fois que le président se déplace, il y a des acteurs économiques ?

  • Speaker #0

    Alors, souvent. Après, ça dépend du niveau, si tu veux, protocolaire, ou quand il fait un déplacement. De quelques heures dans tel pays, il ne va pas s'amuser, il fait de la politique et de la diplomatie. En revanche, quand il y a des gros déplacements, quasi tout le temps, tu as des PDG du Bois de Gag 40, tu as des représentants de PME et maintenant, depuis l'ère Emmanuel Macron et même un peu avant, il y a des startups qui sont mises aussi en avant grâce à ça. Et donc, c'est toujours bon à prendre. Et encore une fois, c'est aussi une forme de soutien très concret que l'État français au plus haut niveau de l'État peut faire pour des entreprises comme la nôtre.

  • Speaker #1

    Que penses-tu du débat actuel sur l'intégration de l'IA dans les forces de sécurité ?

  • Speaker #0

    Le débat, déjà, il est légitime. il est sain et c'est normal qu'il y ait et moi ça m'inquiéterait en tant que citoyen qu'il n'y ait pas de débat là-dessus le débat il doit être là en revanche c'est par qui il est porté et est-ce qu'il est mis dans des bonnes conditions c'est un peu comme tout c'est demain tu lances un sondage la question que tu poses conditionne déjà à 90% la réponse que tu vas avoir donc quand déjà ton débat il est biaisé ou tu l'apportes avec une vision un peu anxiogène tu vois je te prends l'exemple très concret aujourd'hui moi ce que je fais on me dit que c'est de la VSA la vidéosurveillance algorithmique. Donc déjà, t'entends le mot, t'as peur. T'enlèves tout le débat, rien que la terminologie. qu'on utilise, mais moi je ne fais pas de la vidéosurveillance. Je fais de la vidéo intelligente ou de la vidéo algorithmique. Donc tu vois, moi je ne suis pas là pour te surveiller, je suis là pour une technologie qui aujourd'hui est mature, te permet de mieux comprendre le monde qui t'entoure. Pas pour faire de la science, mais parfois pour améliorer tes flux logistiques, parfois pour mieux gérer l'espace public, pour moins consommer d'énergie, parfois pour sauver des vies. Et oui, parfois pour faire de la surveillance pour des raisons de sécurité. Le débat, forcément, quand tu l'associes à la sécurité, il crée des tensions, il crée des anxiolymes. C'est là où nous, on essaie de montrer que, oui, c'est une technologie qui peut être utile au monde de la sécurité, c'est le cas. Mais pour certains cas d'usage très particuliers, dans lesquels il faut l'encadrer, pour à la fois qu'on puisse l'utiliser de manière opérationnelle, et que ça soit utile, on n'innove pas pour se faire plaisir, on innove pour que ça serve à quelque chose, et tout ça dans un cadre légal qui permet de l'utiliser. Et donc, le débat, il est là, on essaie d'y contribuer à notre petit niveau, c'est pas toujours facile est-ce que

  • Speaker #1

    Ton entourage comprend ce que tu fais ? Est-ce que justement c'est les mêmes questions ? Surtout qu'il y a un climat assez anxiogène avec la montée de l'extrême droite un peu partout. C'est vrai que ça paraît facile à imaginer un détournement.

  • Speaker #0

    Il y a plusieurs niveaux si tu veux. C'est que déjà, je ne sais pas si tu as déjà abordé ça dans tes précédents podcasts, mais le mot affaire publique c'est un truc de parisien. Moi je viens du nord de la France. Quand tu dis je suis directeur affaire publique, les gens qui ne traînent pas dans ce domaine, ils disent mais c'est quoi ? C'est un métier ça ? « Ok, directeur commercial de la com » , mais « affaires publiques » , c'est un truc d'un peu de consanguin parisien ? On voit tout de suite ce que c'est. Donc déjà, moi, expliquer mon métier, ce que c'est, je passe déjà une partie du temps à mon entourage à expliquer c'est quoi les affaires publiques. Et après, derrière, sur ma technologie, il faut la rendre, en effet, intelligible. Et les gens, ils comprennent ce qu'ils consomment dans les médias, globalement. Donc forcément, quand globalement, on associe toujours cette technologie à la sécurité, tout de suite, ils voient dire « Ouais, mais t'es là pour surveiller la population ? » Non, ok, donc que tu veux. La discussion qu'on a là, je l'ai re auprès d'un entourage, en disant bah non regarde demain quand ton gamin tombe dans la piscine parce que t'es avec la fête des voisins et que t'es bien content que tu reçoives une alerte sur ton téléphone parce que ton gamin est tombé dans la piscine et que tu l'avais pas vu donc est-ce que c'est de la vidéosurveillance ? Non,

  • Speaker #1

    c'est un truc qui sauvait la vie de ton gamin Je vais te proposer plusieurs phrases c'est la séquence vrai-faux

  • Speaker #0

    Est-ce que je dois dire la vérité ?

  • Speaker #1

    Tu dois dire la vérité, après je pourrais rien contrôler évidemment

  • Speaker #0

    Et je dis que vrai ou que faux ?

  • Speaker #1

    Non,

  • Speaker #0

    tu peux développer

  • Speaker #1

    Le AI Act mettra fin au développement de l'IA vidéo dans l'espace public Faux

  • Speaker #0

    En revanche, il le contraint, il le met sous certaines conditions, mais ce n'est pas ça qui va arrêter le développement, heureusement.

  • Speaker #1

    Une startup peut peser dans la fabrique de la loi si elle s'organise bien ?

  • Speaker #0

    Oui, ou double oui, surtout si mon chef m'écoute, parce que je suis quand même payé pour ça.

  • Speaker #1

    Le RGPD protège les données, mais freine l'innovation ?

  • Speaker #0

    Vrai d'une certaine manière. Alors, freine, en tout cas, il ne l'accélère pas, ça c'est clair.

  • Speaker #1

    Et enfin, la souveraineté technologique, c'est surtout une affaire de volonté politique ?

  • Speaker #0

    Tout à fait. Encore une fois, la souveraineté technologique, c'est un choix qui est fait, qui est dans un contexte très compliqué. Est-ce que tu as les moyens de le faire ? Est-ce que tu as l'outil pour le faire ? Mais quand il y a du volontarisme politique, tout est possible. Et on le voit, j'ai envie de te dire, malheureusement avec ce qui se passe aux Etats-Unis aujourd'hui, tu vois qu'il est capable, parce que le président dit, ils font des trucs qui sont quand même assez incroyables, où il y a encore 4 mois, 4-5 mois, on dit mais jamais de la vie, on ne verra ça. Et pourtant, il le fait.

  • Speaker #1

    On va passer sur ton parcours, tes moments clés à toi. Est-ce qu'il y a un dossier ou un amendement parlementaire que tu as réussi à faire évoluer et dont tu es particulièrement fier ?

  • Speaker #0

    Oui. Là aussi, je lance un message pour les écoutes, s'ils travaillent sur celui-là. C'est beaucoup de frustration, les affaires publiques, parce que c'est beaucoup plus d'échecs que de réussites, en général. Et puis, on vit dans un milieu d'humains où des fois, tu fais tout ce que tu peux faire. et tu comprends pas pourquoi ça marche pas et inversement des fois t'as pas fait grand chose et ça marche, tu sais pas non plus pourquoi mais ouais moi j'ai un exemple où c'est un peu une de mes fiertés parce que c'est en train de payer maintenant plusieurs années plus tard, c'est qu'à l'époque où je te disais je travaillais au JICA, j'étais le directeur d'affaires publiques du groupement industriel de la défense et de la sécurité terrestre et c'est au moment où je levais, alors sans faire le lanceur d'alerte mais j'expliquais qu'il y avait un problème de financement dans les PME, les startups de défense personne ne voulait m'écouter mais quand je dis personne, personne et par mon métier, par mes connaissances j'ai réussi à pousser l'idée de faire une mission d'information sur le financement de la défense, qui a été acceptée, qui a été votée à l'Assemblée nationale. Et à côté de ça, on a pu contribuer fortement à des propositions qui ont été mises dans le rapport. Et une des propositions mises dans le rapport, c'était la création de Défense Angels. Donc, un cas très concret de... Il y a un problème, j'explique le problème, comment je trouve le vecteur politique pour mettre en valeur mon problème et comment j'apporte une solution pour que ça soit mis en œuvre derrière et comment je le fais concrètement.

  • Speaker #1

    Du coup,

  • Speaker #0

    tu étais au début du projet.

  • Speaker #1

    Ton fonds, il est soutenu par l'État aussi ?

  • Speaker #0

    Alors oui, soutenu, alors pas financièrement. Mais en tout cas, on a eu un énorme soutien à l'époque de la ministre des Armées, Florence Parly, qui nous a cité dans son discours un gros événement en disant « Je félicite la création de Défense Angels parce que ça va dans le bon sens » .

  • Speaker #1

    Est-ce qu'à l'inverse, il y a un projet qui n'a pas abouti ou une frustration ?

  • Speaker #0

    Bien sûr. c'est l'histoire de ma vie de gérer ça mais je pourrais t'en citer des dizaines mais le nombre de fois où on va dire des choses et encore une fois sans citer de nom je te prends un exemple qui m'est arrivé il y a quelques mois où on pousse un sujet avec 22 et j'ai la personne qui est en face de moi qui est un proche collaborateur du premier ministre qui me dit mais François vous avez raison mais en fait on va pas pouvoir vous aider parce que moi dans 3 mois je sais pas si je suis encore là donc je vais pas dépenser du temps pour un truc où moi mon avenir politique et mon métier je sais pas donc comme si je t'aide l'impact peut avoir potentiellement des conséquences dans 6 mois, 1 an, 2 ans, moi c'est pas mon horizon politique, donc je vais pas passer du temps à t'aider tu réponds quoi à ça ? vu la démocratie qu'est-ce qu'il faudrait changer ? il faudrait changer plein de choses, et en même temps en venant dans le pays tu t'adaptes, tu trouves d'autres vecteurs t'essaies de trouver des gens qui sont peut-être un peu moins dans une logique politique-politicienne et qui disent bon je vais quand même t'aider parce que j'y crois et parce que ça fait avancer le système dans le bon sens Quand une fois, tu t'adaptes. Et c'est ce qui fait à la fois la frustration, mais la beauté de notre métier. C'est que quand on te ferme une porte, tu passes par la fenêtre. Quand on te ferme la fenêtre, tu passes par la cheminée et puis tu retournes à la porte trois mois après parce qu'il t'a peut-être oublié et tu repars à zéro.

  • Speaker #1

    C'est très joli mordi. On va arriver à la fin de cet épisode, François. Est-ce que tu as un conseil à donner à un jeune qui voudrait faire des affaires publiques ?

  • Speaker #0

    C'est un très beau métier, vraiment, parce que c'est un métier où on a une marge de manœuvre intellectuelle énorme. Et je te dis, des affaires publiques, tu peux en faire en ayant un angle de juriste, en ayant un angle d'un... un angle de politiste, un angle de communication. Donc, c'est un métier qui est passionnant. Et moi, j'ai découvert ça sur le tas parce que ce n'était pas du tout ma formation initiale. Donc, le conseil, c'est d'être passionné. Parce qu'il fait, c'est aimer les gens. Sincèrement, si tu veux faire des affaires publiques et que tu n'aimes pas l'interaction humaine, change de métier. Parce que c'est super d'avoir des très beaux outils de veille, comme les e-watch, par exemple. C'est super d'avoir une formation de hard skills, techniques, juridiques, etc. Génial, il faut en avoir. En revanche, ce qui va faire que tu aies un bon lobbyiste, ou un bon directeur de l'affaire publique, c'est que tu es capable de relier de l'humain et de mettre tout ça en réseau pour comprendre quels sont les tectoniques des plaques de la prise de décision politique. Et ça, c'est que l'humain et le côté passionné qui fera que tu seras bon dans ton métier.

  • Speaker #1

    Alors justement, si tu devais résumer ton rôle en une scène de film ou une chanson,

  • Speaker #0

    qu'est-ce que c'est que ça ? Tu me poses une colle. Une scène de film... Encore une fois, sincèrement, je vais te faire une réponse de Normand. Comment je définis mon métier ? Je le fais en... deux phrases. Le premier, c'est que je suis un facilitateur, dans le sens où mon boulot, c'est de rencontrer le matin des gens qui ont des problèmes, l'après-midi des gens qui ont des solutions, et le soir, je les mets en relation. Et ma vie au global, qui est très liée aux affaires publiques, c'est que c'est une succession de malentendus plus ou moins provoqués. Et donc du coup, tout ce que je fais, c'est très lié à avoir une compétence de fond, parce qu'il faut maîtriser ton sujet, vraiment sur le bout des doigts. Et en revanche, c'est mettre tout ça en réseau et recréer, être très curieux, rencontrer le plus de gens possible pour créer cette relation même qui fait qu'ils ont intérêt à t'écouter, ils te font confiance quand tu leur dis quelque chose. Et à côté de ça, rendre service, dans le bon sens du terme, sans attendre rien en retour. pour répondre à ta question quand même un film que j'aime beaucoup s'appelle Un Monde Meilleur avec Kevin Spacey qui date des années 90 et qui est sur la chaîne de la bienveillance et qui montre que quand tu rends service au quotidien petit à petit ça fait un effet papillon à travers le monde et que tu peux rendre le monde meilleur juste avec des petites BA du quotidien et ça te permet d'être reconnu et respecté dans ton métier.

  • Speaker #1

    Parfait, pour conclure François est-ce qu'il y a quelque chose que tu voulais aborder ici que t'as pas encore eu le temps d'exprimer ?

  • Speaker #0

    Il y a plein de trucs. Je fais plein de choses. Je suis en train de monter une école pour aider les dealers à la reconversion dans le monde de l'économie réelle. Je fais pas mal d'explorations. Il y a quelques mois, j'ai fait les tests de sélection des astronautes de la NASA parce que c'était un rêve de gosse. Je fais plein d'autres choses. Je suis pas mal engagé dans l'associatif parce que pour moi, un, ça m'a beaucoup formé. C'est une école de la vie. Je trouve l'associatif, ça t'apprend énormément. Et deux, ça comble beaucoup de choses que l'État ne peut pas faire. donc moi je suis le premier à dire Peu importe dans quelle cause ou dans quelle partie tu veux t'engager, je préfère toujours des gens qui sont engagés, même si je ne suis pas d'accord avec eux, que des gens qui subissent de la vie et qui sont des moutons et qui ne comprennent pas le monde qui les entoure. Un petit message là-dessus, c'est tout ce que vous faites, faites-le vraiment en bienveillance parce que 1, c'est crevant d'être un con, c'est plus fatigant que d'être sympa et c'est un bon investissement. Si je te parle, le ROI de la bienveillance est bien meilleur que d'être égoïste. Je le pense sincèrement. Et puis voilà, comme ton podcast tourne autour du métier des affaires publiques, c'est vraiment un secteur qui est passionnant, qui est encore avec plein de frontières à redéfinir. Mais en général, quand on met le pied dans les affaires publiques, on a du mal à repartir. Donc, allez-y, foncez. Si vous êtes passionné par ça, c'est un beau métier.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, François. J'étais un peu fatigué avant cet entretien. Tu m'as donné à nouveau la pêche. Merci, François.

  • Speaker #0

    Merci. Salut.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté Hémicycle, le podcast qui décrypte la fabrique de la loi. Je m'appelle Pierre, je suis le co-fondateur de l'Ejiwatch, la plateforme qui vous aide dans votre veille institutionnelle. A bientôt !

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