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#15 – Jordan Allouche (Ecolobby) : Réinventer le lobbying au service de l’écologie

#15 – Jordan Allouche (Ecolobby) : Réinventer le lobbying au service de l’écologie

21min |30/06/2025
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#15 – Jordan Allouche (Ecolobby) : Réinventer le lobbying au service de l’écologie

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Description

Jordan Allouche est lobbyiste écologiste et fondateur d’Écolobby, un cabinet de conseil en affaires publiques dédié à la transition écologique. Formé aux sciences politiques et ancien collaborateur parlementaire, il milite pour un lobbying assumé, plus transparent et plus démocratique.


Dans cet épisode, il revient sur son parcours : de ses premiers pas chez un grand cabinet, où il représentait McDonald's, jusqu’à la création d’Écolobby, convaincu qu’il fallait allier ses convictions écologiques avec son expertise du plaidoyer.


Il raconte comment il défend aujourd’hui l’agriculture biologique, lutte contre l’obsolescence logicielle et organise des campagnes citoyennes pour faire pression sur les décideurs publics. Jordan partage aussi sa vision d’un lobbying qui ne soit pas réservé aux grandes entreprises, mais accessible à tous ceux qui veulent influencer la loi.


Un échange passionnant qui interroge la place des lobbyistes dans notre démocratie et montre qu’il est possible de porter ses convictions jusque dans les couloirs de l’Assemblée nationale.

Vous pouvez contacter Pierre sur Linkedin.

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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Je ne mesure pas la croissance au nombre de salariés ou au montant du chiffre d'affaires, je mesure la croissance au nombre de dossiers et de victoires qu'on obtient. On est en train, notre génération, de mettre fin au tabou autour du lobbying. Si vous êtes un citoyen ou citoyenne et que vous demandez à la mairie de changer l'emplacement des poubelles devant chez vous, vous faites du lobbying.

  • Speaker #1

    Qui sont ceux qui font la loi ? Je m'appelle Pierre, fondateur de la plateforme de veille institutionnelle Légit Watch, et je rencontre celles et ceux qui font les coulisses de notre vie politique. Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir Jordan Allouche, fondateur d'Ecolobby, une structure spécialisée dans le plaidoyer environnemental. Formé aux sciences politiques, Jordan milite pour une autre façon de faire du lobbying, plus transparente, plus démocratique, plus citoyenne. Avec Ecolobby, il accompagne collectif, association ou simple citoyen dans leur démarche d'influence. Salut Jordan !

  • Speaker #0

    Salut !

  • Speaker #1

    Est-ce que tu vas ajouter quelque chose à cette description ?

  • Speaker #0

    Oui, peut-être dire que je suis un lobbyiste écologiste. C'est important, c'est une notion qui est très importante pour moi parce que d'abord j'assume le mot lobbying, j'assume le fait d'être un lobbyiste, c'est une activité, et on en reparlera sans doute, qui est consubstantielle à la démocratie, qui est très importante, et c'est un mot que j'assume et qu'il faut assumer. Et écologiste parce que j'ai des convictions et que je les exprime à travers mon métier et à travers ce cabinet de conseil en affaires publiques, Écolobie donc.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que ça change de dire qu'on fait du lobbying plutôt que du plaidoyer ?

  • Speaker #0

    Lobbying et plaidoyer renvoient à des logiques qui sont assez similaires, qui consistent à avoir un impact ou tenter d'avoir un impact sur la décision politique. Bien sûr, il y a des actions qui sont relativement différentes dans le répertoire d'actions, mais au fond, il y a un objectif qui est le même, c'est changer la réglementation, changer la loi dans le but de l'intérêt. L'intérêt peut être là aussi différent entre les intérêts économiques pour le lobbying et des intérêts plus écologistes pour le plaidoyer. Mais le grand risque de faire une différence entre les deux, c'est au fond de renvoyer à deux univers alors que ça renvoie à peu près à la même logique. Et en fait, ça vient d'un fantasme qu'on a en France par rapport au lobbying, puisque le mot à mauvaise presse, l'activité à mauvaise presse, ça renvoie évidemment à notre rapport aux représentants d'intérêt. Et c'était important pour moi de pouvoir assumer le mot lobbying précisément pour essayer de lutter sémantiquement parlant. contre les lobbies industrielles sur leur terrain et même sur le terrain des mots.

  • Speaker #1

    Alors justement, tu es formé aux sciences politiques, tu as été collaborateur parlementaire également, donc tu suivais une voie peut-être presque royale pour aller vers le lobbying industriel. Comment ça se fait que tu aies choisi d'incarner ce que tu appelles, dans la présentation que j'ai pu lire, le David contre Goliath ?

  • Speaker #0

    Alors j'ai peut-être un petit retour en arrière. J'ai été formé effectivement aux sciences politiques. Mon premier stage a été chez Avas en 2016, au moment un an avant l'élection présidentielle. et Ava c'est l'une des plus grandes. d'entreprise dans le secteur des affaires publiques. C'est un peu le stage royal. Et on m'a assigné un client que vous connaissez toutes et tous, qui est McDonald's, et qui m'a déjà posé des problèmes de conviction. Mon objectif, c'était d'installer des McDo dans les régions et dans les territoires ruraux. Et quand on m'a proposé de travailler sur la première participation ou la deuxième participation de McDo au Salon de l'agriculture, j'en suis parti. Donc ça a été mon premier rapport avec à la fois les affaires publiques, mais aussi rapport avec mes propres convictions. J'ai rejoint... Pour information ensuite, l'ambassade de France en Ouganda qui n'a pas grand chose à voir avec nos sujets. Quoique c'est là-bas que j'ai rencontré celle qui allait devenir ma députée, en tout cas celle qui allait devenir la députée pour laquelle j'allais travailler puisque en 2017 elle m'a proposé de la rejoindre, tout juste élue à l'Assemblée Nationale. J'y ai travaillé pendant deux ans. En 2019, on m'a proposé de rejoindre un cabinet de conseil en affaires publiques et j'ai adoré à la fois le défi, la mission, les enjeux des affaires publiques. J'ai mesuré l'impact que ça pouvait avoir mais j'ai eu... Une deuxième déclic qui était liée aux convictions, puisque le cabinet dans lequel je travaillais, travaillait pour des acteurs comme la Fédération des sodas, la Fédération des détergents, travaillait pour des acteurs de la logistique. Je n'étais pas aligné avec ce que je faisais, donc j'ai décidé, en profitant du premier et surtout du deuxième confinement, fin 2020, début 2021, d'allier une conviction forte pour les enjeux de transition écologique avec un métier qui est absolument passionnant, qui est celui de lobbyiste.

  • Speaker #1

    Et c'est à ce moment-là que tu as créé Ecolovi ?

  • Speaker #0

    Et c'est absolument à ce moment-là que j'ai créé EcoloBee, commencé à réfléchir autour de novembre, décembre 2020, puis lancement officiel en février-mars 2021, au moment même où l'examen du projet de loi Climat et Résilience qui a été issu de la Convention citoyenne pour le climat arrivait sur la table des députés.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu peux nous raconter ton quotidien ? Du coup, comment ça se passe ? Est-ce que tu es tout seul à EcoloBee ? Est-ce que vous êtes plusieurs ? Comment est-ce que tu es allé chercher tes premiers clients et quel genre de dossier tu traites ?

  • Speaker #0

    EcoloB est un cabinet de conseil en affaires publiques dédié aux acteurs de la transition écologique. Mais la première partie de la phrase, elle est hyper importante et intéressante. C'est un cabinet de conseil en affaires publiques. C'est-à-dire que nous faisons du lobbying comme absolument tous les cabinets. Nous faisons de la veille, nous faisons de la mise en relation, nous réfléchissons à des stratégies d'influence et nous essayons de déployer... opérationnellement, de façon opérationnelle, c'est stratégie. Le lobbying, c'est simplement, pour celles et ceux qui nous écoutent, mais qui le savent, j'imagine, c'est parler aux bonnes personnes au bon moment avec les bons outils, les bons arguments. Je n'ai pas une journée classique. En revanche, on a des actions qui sont classiques dans le secteur des affaires publiques. Donc, on fait de la veille, on passe beaucoup de temps à lire la presse, les réseaux sociaux, bien sûr, mais aussi la veille réglementaire, institutionnelle, médiatique. On passe beaucoup de temps à essayer de créer du lien, de créer des relations avec des décideurs publics ou des parties prenantes. ou des associations. Et puis, avec la presse également, on essaye d'avoir des relations pour essayer d'avoir un impact sur l'opinion publique. Et puis, la rédaction d'avendements, la transmission de documents, la rédaction de notes, l'organisation d'événements, tout ça fait partie du giron des affaires publiques.

  • Speaker #1

    Et du coup, là, vous êtes combien dans l'entreprise ?

  • Speaker #0

    On est aujourd'hui trois. Je travaille avec quelqu'un qui s'appelle Grégoire Frati, qui est un ancien membre de la Convention citoyenne pour le climat, qui a fait partie des 150 tirés au sort en... 2019-2020 au moment du lancement de la convention citoyenne pour le climat et qui a voulu poursuivre son engagement au sein de la CCC dans le cadre de ce cabinet pour essayer d'avoir un impact autrement et en faisant du lobbying. Donc je travaille beaucoup avec lui sur un certain nombre de sujets. Je travaille avec quelqu'un qui s'appelle Benjamin qui m'aide à structurer la société puisque ça reste un vrai métier de pouvoir être entrepreneur. Et puis je travaille de temps en temps avec quelqu'un qui s'appelle Lucie qui vient de nous rejoindre. et qui est mobilisé sur un certain nombre de clients.

  • Speaker #1

    Du coup, tu dis, on fait du lobbying comme toutes les entreprises. Est-ce que, comme toutes les entreprises, vous avez une volonté de croissance exponentielle ? Est-ce que tu as envie de grossir pour peut-être essayer de faire tête à vos adversaires ?

  • Speaker #0

    Question extrêmement intéressante et importante. Je ne mesure pas la croissance au nombre de salariés ou au montant du chiffre d'affaires. Je mesure la croissance au nombre de dossiers et de victoires qu'on obtient. Et donc, moi, ma plus grande joie, c'est quand on arrive sur une année à obtenir plus de victoires politiques, d'amendements déposés et adoptés, de papiers éventuellement dans la presse, qu'on arrive à faire avancer un certain nombre de sujets, d'obtenir un certain nombre de victoires au nombre de clients. Pour moi, c'est ça le bon indicateur de croissance. Sur le reste, on n'a pas vocation, évidemment, à devenir avace ou bourri-talon. On est trop petit et on le restera. En revanche, on a vocation à être un cabinet installé, sérieux, crédible. dont on sait qu'il peut obtenir des victoires et dont on connaît évidemment l'intégrité puisque nous garantissons de pouvoir travailler qu'avec des acteurs engagés dans la transition écologique. Et ça, j'y tiens, j'y tiens absolument, j'y tiens à tout prix. Il y a une sorte de comité informel qui est composé de mes anciens clients, d'acteurs que je connais dans l'écosystème qui valident, qui vérifient si les acteurs pour lesquels on pourrait travailler ou pour lesquels on a été sollicité correspondent à nos engagements et à nos convictions. Mais c'est très important de pouvoir garantir cela à la fois à nos clients et puis à nous-mêmes.

  • Speaker #1

    Alors justement, tu parles de transition écologique. J'ai l'impression que ce n'est pas un sujet prioritaire en ce moment, qu'il y a peu de choses qui bougent sur le sujet. J'ai reçu dans ce podcast Arnaud Gilles, le porte-parole du WWF, et qui disait que ce n'est pas parce que les politiques ont déserté qu'on a le droit de rien faire. Comment tu le vis ? Est-ce que vous arrivez à faire passer des dossiers ?

  • Speaker #0

    On vit un moment de backlash écologique. ce qu'on appelle le backlash écologique, c'est-à-dire un moment de détricotage d'un certain nombre de choses qui d'ailleurs ont été votées il y a très peu de temps. Les ânes, les ADFE, la réintroduction d'un certain nombre de pesticides, et puis plus récemment, un moratoire sur les énergies renouvelables. Je crois que c'est dans ce temps qui semble être un temps de reculade qu'il faut absolument agir, tenir bon, maintenir la digue, parce que c'est comme ça qu'on installe un certain nombre de sujets. On vit dans une période politique qui est très difficile, qui est instable. qui est incertaine, mais qui devrait se terminer bientôt, compte tenu des élections à venir. Et je crois que c'est exactement et précisément à ce moment-là qu'il faut maintenir la pression. Parce qu'il est possible d'abord d'obtenir des victoires, mais surtout on a... l'impérieuse nécessité de pouvoir préserver l'existant. C'est une autre façon d'agir, c'est en défendant l'existant, mais si on ne le fait pas, alors tout s'écroulera et on sera très loin d'atteindre nos objectifs carbone et climatique.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as un dossier en cours, une victoire dont tu peux parler ?

  • Speaker #0

    Comme tout le monde dans les acteurs de la transition écologique, c'est un peu difficile en ce moment, mais je travaille sur au moins quatre sujets qui sont très importants. Le premier, je travaille avec les acteurs de la bio, de la filière bio, et un... On est bien sûr très concernés par l'examen de la proposition de loi Duplon qui arrive en commission mixte paritaire d'ici quelques jours, qui est une vraie reculade sur la question de l'agriculture française. Et on est en train de se battre et on espère y arriver pour faire en sorte qu'on évite la réintroduction d'un certain nombre de pesticides, notamment les néocotinoïdes. Et il y a une deuxième campagne sur laquelle je travaille, c'est sur la question de l'obsolescence logicielle. il va y avoir une mise à jour autour de mi-octobre qui va être imposée par Microsoft qui est payante, qui va être obligatoire et qui promet... l'obsolescence logicielle, c'est-à-dire l'arrêt d'un certain nombre de programmes et de fonctionnalités sur des appareils qui sont équipés de Windows 10. Tout ça est très technique, mais ce qu'il faut savoir, c'est qu'on va se lutter contre un autre géant qui est Microsoft et ça me plaît beaucoup et ça m'intéresse beaucoup. J'espère qu'on obtiendra des victoires là-dessus.

  • Speaker #1

    Comment on obtient des victoires ? Alors, est-ce que t'es reçu par des parlementaires ou c'est via la sensibilisation du public ?

  • Speaker #0

    On obtient des victoires en faisant de la stratégie d'abord. C'est très important de savoir Où est-ce qu'on met les pieds ? Qu'est-ce qu'il est possible d'obtenir comme victoire ? D'être réaliste, d'être organisé et d'anticiper un maximum les choses. Donc on obtient des victoires en mettant en place une veille sur un certain nombre de sujets, en essayant de savoir qui se positionne sur quel sujet, en essayant d'identifier le plus précisément quels sont les acteurs et les parties prenantes qui peuvent être impactants sur une décision. Et puis ensuite, en essayant de construire autour des opérations très concrètes. Ça peut aller du rapport à la note de synthèse à... et c'est l'avantage de travailler pour des acteurs associatifs ou des acteurs engagés dans la transition écologique à des actions qui renvoient au répertoire d'actions militants. Et là, pour le coup, on peut être créatif, inventif et c'est toujours intéressant d'imaginer un certain nombre de choses. Par exemple, sur la proposition de loi Duplon, très classique et en même temps très innovant par rapport à des enjeux de lobbying classiques, c'est qu'on est en train d'organiser des manifestations devant le Sénat, devant l'Assemblée. C'est en train de prendre, il devrait y avoir du monde. C'est assez relayé sur les réseaux sociaux. On a créé une campagne qui s'appelle Tous exposés pour montrer le niveau d'exposition des Françaises et des Français aux pesticides chimiques. Et ça, c'est quelque chose qui fonctionne plutôt bien. Ça fonctionne plutôt bien pour avoir un impact sur l'opinion publique. On verra si ça a un impact sur la décision politique dans le cadre de la CMP.

  • Speaker #1

    Jordan, quelle est ta stratégie pour faire connaître tes activités ou en tout cas pour essayer de susciter de l'enthousiasme et avoir le plus d'impact possible ?

  • Speaker #0

    D'abord, être bien installé dans l'écosystème des acteurs de la transition écologique. en obtenant des victoires, c'est quand même la première des crédibilités. Et puis ensuite, en tant que lobbyiste, j'essaye de valoriser mes activités, ce qui peut paraître contre-intuitif, puisque le lobbyiste est celui qui a un métier de l'ombre. Mais j'essaye au contraire de communiquer, d'informer sur un certain nombre de réseaux sociaux, Instagram et surtout LinkedIn, où j'essaye de publier quasiment tous les jours. C'est aussi une hygiène de vie de pouvoir écrire sur un certain nombre de sujets, et ça m'intéresse. Mais c'est aussi une façon d'informer celles et ceux qui me suivent modestement sur ces enjeux, sur ces... sur ces luttes à distance qui se jouent entre parfois plusieurs acteurs et plusieurs gros lobbies industriels, c'est important pour moi, compte tenu de l'information dont on est très peu à disposer, de pouvoir la partager tout simplement et de pouvoir faire un travail, j'espère réussi, de pédagogie, un travail de vulgarisation aussi, pour montrer ce qui se joue derrière ces grandes batailles de lobbying qui paraissent bien trop souvent obscures et inaccessibles. En réalité, c'est assez accessible à partir du moment où on fait ce travail de vulgarisation.

  • Speaker #1

    Est-ce que quand on porte des combats écologistes, est-ce qu'on ne s'adresse qu'à des députés qui ont la couleur écologiste ?

  • Speaker #0

    Il ne faut surtout pas s'adresser qu'aux députés écologistes. Vous imaginez bien que les écologistes sont sensibles aux arguments et aux intérêts que l'on porte et qu'on leur représente. C'est évident. Et ça reste des très bons alliés. Mais dans la configuration actuelle de l'Assemblée nationale, ça ne vous aura pas échappé que les écologistes sont loin d'être hégémoniques. Ça veut dire qu'il faut... construire des argumentaires, construire des coalitions, construire même des alliances parfois éphémères, le plus large possible. Quand je dis le plus large possible, j'exclus, et ça me permet de le dire là dans le cadre de cette intervention, j'exclus les députés du Rassemblement National. Je suis l'un des seuls lobbyistes en France à avoir pris l'engagement en 2022, renouvelé en 2024, de ne jamais... s'adresser aux députés issus de l'extrême droite. Pour quelles raisons ? Là encore pour des raisons de conviction personnelle. Je sais bien qu'il y a l'enjeu de l'intérêt supérieur du client, c'est l'argument qui revient le plus souvent, et j'y souscris volontiers. Néanmoins, en tant que lobbyiste, on appartient à ces champs de professions connexes à la politique, comme les journalistes, comme un certain nombre d'avocats, comme un certain nombre de présidents ou de représentants de fédérations professionnelles, qui participons de fait à la banalisation de l'extrême droite. Donc je ne veux absolument pas leur donner la parole ni leur offrir potentiellement des victoires, parce que donner des argumentaires ou donner des idées à des parlementaires, c'est aussi parfois leur donner des victoires et participer à leur banalisation ou à leur notoriabilisation. C'est hors de question pour moi et donc j'ai pris l'engagement de ne jamais discuter avec eux et mes clients le savent. Et quand on s'engage pour des clients, ils savent qu'il n'y aura pas de mobilisation faite auprès de l'extrême droite. Alors il se trouve que je porte un certain nombre de sujets qui sont issus plutôt de la transition écologique, en tout cas positionnés comme tel. Et ça m'arrange bien puisque l'extrême droite française ne s'y intéresse pas tellement. Donc finalement, ce n'est pas si compliqué que ça.

  • Speaker #1

    On va passer à une séquence qui est la séquence vrai-faux.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Je vais te donner trois phrases. Tu réponds par vrai ou faux et tu peux évidemment développer si tu le souhaites.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    La première phrase, tu y as déjà répondu partiellement, mais tu peux développer. Le lobbying n'appartient pas qu'aux grandes entreprises.

  • Speaker #0

    Totalement vrai. Elle appartient à tous ceux qui veulent faire du lobbying. Et d'ailleurs, le lobbying, ce n'est pas simplement au niveau national, au niveau européen, au niveau international. Faire du lobbying, c'est avoir un impact sur la décision politique. Si vous êtes un citoyen, citoyenne, et que vous demandez à la mairie de changer l'emplacement des poubelles devant chez vous, vous faites du lobbying, puisque vous essayez d'avoir une action, un argumentaire, pour avoir un impact sur la décision publique et sur la décision politique. À toutes les échelles, il y a du lobbying, et en fait, on est tous et toutes des lobbyistes en puissance.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu t'es déjà retrouvé dans une situation qui pourrait être très cinématographique, dans une salle avec des lobbyistes de grandes entreprises, et toi... avec ton stylo à la main, essayant de contrer leur argumentaire, ou c'est complètement autrement, via des canaux où vous ne vous voyez jamais ?

  • Speaker #0

    Je vais même aller plus loin. Je suis un lobbyiste, donc je tiens à faire partie du réseau et de l'écosystème de la grande famille des lobbyistes. Donc ça m'arrive d'avoir des relations tout à fait informelles, amicales, avec un certain nombre de représentants de très grosses entreprises contre lesquelles j'essaye de lutter par ailleurs. Et il m'est arrivé assez récemment d'être invité à un pot de départ, et j'étais entouré de la plupart des lobbyistes du secteur de l'agroalimentaire, qui m'avait bien identifié Merci. à cause de mes publications, et ça a été assez pénible, je dois dire, pour moi.

  • Speaker #1

    La deuxième phrase, l'Europe est l'échelon le plus stratégique pour faire avancer les causes écologiques.

  • Speaker #0

    C'est un échelon essentiel, très important. 80% de notre droit est issu, en fait, du droit européen, mais ce n'est pas le seul, évidemment. Et la France, compte tenu de sa place dans l'architecture européenne, est un État membre non seulement important, mais est un levier très important dans le cadre de la transition écologique. Je vous donne un exemple. En 2020, la... La réglementation française était pionnière sur la question de la gestion des déchets avec la loi AGEC, Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire, qui a été votée et adoptée en 2020. Et c'est cette loi-là qui a inspiré la Commission européenne et a donc inspiré l'Europe pour mettre en place une directive, en tout cas un règlement, sur les emballages et les déchets d'emballage. Donc voilà un exemple sur la question de la transition écologique, sur la question de la gestion des déchets, où la France a inspiré l'Europe et on espère peut-être inspirer le monde. Donc on a vraiment des enjeux en France qui sont très importants et qui peuvent avoir des impacts considérables.

  • Speaker #1

    Toi, tu travailles plutôt à l'échelle nationale,

  • Speaker #0

    c'est ça ? Moi, je suis un lobbyiste national parce qu'il y a déjà beaucoup à faire, parce que je ne sais pas faire, et il faut être modeste, sur les affaires publiques européennes, ni sur les affaires publiques territoriales. Il ne faut pas les oublier, elles sont très importantes. Il y a de plus en plus d'acteurs qui se spécialisent sur ces affaires publiques. Et j'y suis très heureux parce qu'en plus, ça renvoie un peu à mon parcours, modestement. J'étais collaborateur parlementaire à l'Assemblée nationale. Il se trouve que j'aime beaucoup la politique et les enjeux de politique publique au niveau parlementaire, au niveau des ministères. Et donc, c'est là où je me sens le plus à l'aise.

  • Speaker #1

    Et la dernière phrase, les citoyens n'ont pas besoin de cabinet pour influencer la loi.

  • Speaker #0

    C'est vrai, mais c'est mieux. C'est mieux d'être accompagné par un expert parce qu'il y a un coût d'entrée immense dans les affaires publiques, dans le lobbying, qui est connaissance du système, connaissance... je parle même pas de connaissance des acteurs, mais connaissance même du langage, du fonctionnement, de la fabrique, de la loi, il y a un certain nombre d'expertises qui sont difficiles à avoir, mais c'est tout à fait possible pour un citoyen ordinaire de faire bouger les lignes, heureusement.

  • Speaker #1

    Jordan, on va passer à l'avant-dernière partie de ce podcast que j'ai nommé Engagement, Transmission, Vision. L'idée là, c'est vraiment de comprendre ce qui t'anime dans ton travail, pourquoi l'engagement écologique, comment t'en es arrivé là, voilà, comprendre le combat que tu portes.

  • Speaker #0

    Moi, j'ai eu mon déclic écolo en 2020. au moment même où j'étais chargé pour les grands industriels du secteur agroalimentaire de suivre les débats et les travaux de la Convention citoyenne pour le climat, parce que j'ai eu mon déclic en même temps que les citoyens. C'est parce que je suivais les travaux et que je suivais un certain nombre de choses, notamment des informations auxquelles ils avaient accès, que j'ai eu mon déclic environnemental. Donc c'est très important pour moi de pouvoir poursuivre cet engagement et de le faire en étant utile. Et je pense que là où j'étais utile, compte tenu de ce que je savais faire, compte tenu de mes activités, compte tenu de ma formation, compte tenu de mon petit parcours professionnel, notamment à l'Assemblée nationale, j'avais le sentiment en 2020 et confirmé depuis cinq ans maintenant que c'était dans le secteur des affaires publiques que je pouvais être le plus utile à la cause générale qui est la transition écologique. Donc il est très important de pouvoir entrer dans le sujet par le prisme, par le biais de petites portes d'entrée. La mienne c'était naturellement les affaires publiques mais si j'avais été menuisier ça aurait été la menuiserie et si j'avais été... pilote de course aurait été l'automobile.

  • Speaker #1

    Si tu pouvais te rencontrer justement Jordan plus jeune qui sort d'école et qui n'est pas encore dans les affaires publiques, qu'est-ce que tu lui dirais ? Est-ce que tu aurais des conseils à lui fournir, à lui proposer ?

  • Speaker #0

    Ouais, je lui dirais d'aller chez Arras. de prendre le client de McDo, de serrer les dents, et je lui fais assez confiance sans lui dire pour qu'il s'en aille. Et je pense qu'il l'aurait fait quand même.

  • Speaker #1

    Jordan, on va arriver à la fin de cet épisode. Est-ce que tu aurais une recommandation culturelle pour nos auditeurs ? Ça peut être un livre, un podcast, un film, quelque chose qui t'a guidé récemment.

  • Speaker #0

    Il y a le film Goliath, avec Pierre Nunez, qui est une référence dans notre secteur. Je vais vous en proposer un autre, peut-être une lecture, L'Heure des Prédateurs, de Daampoli. C'est l'auteur du match du Kremlin notamment, qui a fait tout un essai, quasi-essai politique, sur la période que l'on traverse et comment est-ce que les règles du jeu sont en train de changer pour le pire. Et il y a toute une partie, pour celles et ceux qui l'ont déjà lu ou pour celles et ceux qui vont le découvrir, une toute petite partie sur les affaires publiques, sur les communicants, que je trouve très intéressante. Et ça me permet peut-être de poser une question assez énigmatique, mais si tu lis le livre, tu verras de quoi je parle. Si tu étais vendeur de coca et que tu devais vendre des coca... dans un cinéma, quelle serait l'élection que tu conduirais ? Voilà, le chapitre commence comme ça.

  • Speaker #1

    Je pense que je réchaufferais la salle.

  • Speaker #0

    C'est ça. C'est ça ?

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Bon bah y'a plus aucun effet d'avance.

  • Speaker #1

    Content d'avoir trouvé la réponse. Jordan, on arrive à la toute fin de cet épisode. Est-ce qu'il y a quelque chose que tu voulais développer ici, que t'as pas encore eu le temps d'exprimer ?

  • Speaker #0

    Pour celles et ceux qui nous écoutent, et notamment pour celles et ceux qui sont en études, il faut absolument qu'ils poursuivent dans la voie des affaires publiques. c'est un beau secteur qui est en train de se... structuré, se développer, qui est en train aussi de devenir visible. On est en train, notre génération, de mettre fin aux tabous autour du lobbying. Le lobbying est consubstantiel à la démocratie, il participe à une bonne prise de décision. Il y a tellement de choses à inventer pour améliorer ce secteur en termes de déontologie, en termes de transparence, en termes d'outils notamment qui utilisent l'IA, que je les encourage à faire deux choses. D'abord, s'investir à fond dans ce secteur d'activité, et puis aussi de le questionner à fond, et pourquoi pas de le réinventer comme j'ai tenté modestement de le faire sur la question de la transition écologique. à eux d'en faire autant sur tout un tas d'autres sujets.

  • Speaker #1

    Merci Jordan.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté Hémicycle, le podcast qui décrypte la fabrique de la loi. Je m'appelle Pierre, je suis le cofondateur de l'Egywatch, la plateforme qui vous aide dans votre veille institutionnelle. A bientôt.

Description

Jordan Allouche est lobbyiste écologiste et fondateur d’Écolobby, un cabinet de conseil en affaires publiques dédié à la transition écologique. Formé aux sciences politiques et ancien collaborateur parlementaire, il milite pour un lobbying assumé, plus transparent et plus démocratique.


Dans cet épisode, il revient sur son parcours : de ses premiers pas chez un grand cabinet, où il représentait McDonald's, jusqu’à la création d’Écolobby, convaincu qu’il fallait allier ses convictions écologiques avec son expertise du plaidoyer.


Il raconte comment il défend aujourd’hui l’agriculture biologique, lutte contre l’obsolescence logicielle et organise des campagnes citoyennes pour faire pression sur les décideurs publics. Jordan partage aussi sa vision d’un lobbying qui ne soit pas réservé aux grandes entreprises, mais accessible à tous ceux qui veulent influencer la loi.


Un échange passionnant qui interroge la place des lobbyistes dans notre démocratie et montre qu’il est possible de porter ses convictions jusque dans les couloirs de l’Assemblée nationale.

Vous pouvez contacter Pierre sur Linkedin.

Vous souhaitez en savoir plus sur Legiwatch ou participer au podcast ? Prenez rendez-vous avec nous ici.

Vous souhaitez sponsoriser Hémicycle ou nous proposer un partenariat ? Contactez nous via ce formulaire.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Je ne mesure pas la croissance au nombre de salariés ou au montant du chiffre d'affaires, je mesure la croissance au nombre de dossiers et de victoires qu'on obtient. On est en train, notre génération, de mettre fin au tabou autour du lobbying. Si vous êtes un citoyen ou citoyenne et que vous demandez à la mairie de changer l'emplacement des poubelles devant chez vous, vous faites du lobbying.

  • Speaker #1

    Qui sont ceux qui font la loi ? Je m'appelle Pierre, fondateur de la plateforme de veille institutionnelle Légit Watch, et je rencontre celles et ceux qui font les coulisses de notre vie politique. Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir Jordan Allouche, fondateur d'Ecolobby, une structure spécialisée dans le plaidoyer environnemental. Formé aux sciences politiques, Jordan milite pour une autre façon de faire du lobbying, plus transparente, plus démocratique, plus citoyenne. Avec Ecolobby, il accompagne collectif, association ou simple citoyen dans leur démarche d'influence. Salut Jordan !

  • Speaker #0

    Salut !

  • Speaker #1

    Est-ce que tu vas ajouter quelque chose à cette description ?

  • Speaker #0

    Oui, peut-être dire que je suis un lobbyiste écologiste. C'est important, c'est une notion qui est très importante pour moi parce que d'abord j'assume le mot lobbying, j'assume le fait d'être un lobbyiste, c'est une activité, et on en reparlera sans doute, qui est consubstantielle à la démocratie, qui est très importante, et c'est un mot que j'assume et qu'il faut assumer. Et écologiste parce que j'ai des convictions et que je les exprime à travers mon métier et à travers ce cabinet de conseil en affaires publiques, Écolobie donc.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que ça change de dire qu'on fait du lobbying plutôt que du plaidoyer ?

  • Speaker #0

    Lobbying et plaidoyer renvoient à des logiques qui sont assez similaires, qui consistent à avoir un impact ou tenter d'avoir un impact sur la décision politique. Bien sûr, il y a des actions qui sont relativement différentes dans le répertoire d'actions, mais au fond, il y a un objectif qui est le même, c'est changer la réglementation, changer la loi dans le but de l'intérêt. L'intérêt peut être là aussi différent entre les intérêts économiques pour le lobbying et des intérêts plus écologistes pour le plaidoyer. Mais le grand risque de faire une différence entre les deux, c'est au fond de renvoyer à deux univers alors que ça renvoie à peu près à la même logique. Et en fait, ça vient d'un fantasme qu'on a en France par rapport au lobbying, puisque le mot à mauvaise presse, l'activité à mauvaise presse, ça renvoie évidemment à notre rapport aux représentants d'intérêt. Et c'était important pour moi de pouvoir assumer le mot lobbying précisément pour essayer de lutter sémantiquement parlant. contre les lobbies industrielles sur leur terrain et même sur le terrain des mots.

  • Speaker #1

    Alors justement, tu es formé aux sciences politiques, tu as été collaborateur parlementaire également, donc tu suivais une voie peut-être presque royale pour aller vers le lobbying industriel. Comment ça se fait que tu aies choisi d'incarner ce que tu appelles, dans la présentation que j'ai pu lire, le David contre Goliath ?

  • Speaker #0

    Alors j'ai peut-être un petit retour en arrière. J'ai été formé effectivement aux sciences politiques. Mon premier stage a été chez Avas en 2016, au moment un an avant l'élection présidentielle. et Ava c'est l'une des plus grandes. d'entreprise dans le secteur des affaires publiques. C'est un peu le stage royal. Et on m'a assigné un client que vous connaissez toutes et tous, qui est McDonald's, et qui m'a déjà posé des problèmes de conviction. Mon objectif, c'était d'installer des McDo dans les régions et dans les territoires ruraux. Et quand on m'a proposé de travailler sur la première participation ou la deuxième participation de McDo au Salon de l'agriculture, j'en suis parti. Donc ça a été mon premier rapport avec à la fois les affaires publiques, mais aussi rapport avec mes propres convictions. J'ai rejoint... Pour information ensuite, l'ambassade de France en Ouganda qui n'a pas grand chose à voir avec nos sujets. Quoique c'est là-bas que j'ai rencontré celle qui allait devenir ma députée, en tout cas celle qui allait devenir la députée pour laquelle j'allais travailler puisque en 2017 elle m'a proposé de la rejoindre, tout juste élue à l'Assemblée Nationale. J'y ai travaillé pendant deux ans. En 2019, on m'a proposé de rejoindre un cabinet de conseil en affaires publiques et j'ai adoré à la fois le défi, la mission, les enjeux des affaires publiques. J'ai mesuré l'impact que ça pouvait avoir mais j'ai eu... Une deuxième déclic qui était liée aux convictions, puisque le cabinet dans lequel je travaillais, travaillait pour des acteurs comme la Fédération des sodas, la Fédération des détergents, travaillait pour des acteurs de la logistique. Je n'étais pas aligné avec ce que je faisais, donc j'ai décidé, en profitant du premier et surtout du deuxième confinement, fin 2020, début 2021, d'allier une conviction forte pour les enjeux de transition écologique avec un métier qui est absolument passionnant, qui est celui de lobbyiste.

  • Speaker #1

    Et c'est à ce moment-là que tu as créé Ecolovi ?

  • Speaker #0

    Et c'est absolument à ce moment-là que j'ai créé EcoloBee, commencé à réfléchir autour de novembre, décembre 2020, puis lancement officiel en février-mars 2021, au moment même où l'examen du projet de loi Climat et Résilience qui a été issu de la Convention citoyenne pour le climat arrivait sur la table des députés.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu peux nous raconter ton quotidien ? Du coup, comment ça se passe ? Est-ce que tu es tout seul à EcoloBee ? Est-ce que vous êtes plusieurs ? Comment est-ce que tu es allé chercher tes premiers clients et quel genre de dossier tu traites ?

  • Speaker #0

    EcoloB est un cabinet de conseil en affaires publiques dédié aux acteurs de la transition écologique. Mais la première partie de la phrase, elle est hyper importante et intéressante. C'est un cabinet de conseil en affaires publiques. C'est-à-dire que nous faisons du lobbying comme absolument tous les cabinets. Nous faisons de la veille, nous faisons de la mise en relation, nous réfléchissons à des stratégies d'influence et nous essayons de déployer... opérationnellement, de façon opérationnelle, c'est stratégie. Le lobbying, c'est simplement, pour celles et ceux qui nous écoutent, mais qui le savent, j'imagine, c'est parler aux bonnes personnes au bon moment avec les bons outils, les bons arguments. Je n'ai pas une journée classique. En revanche, on a des actions qui sont classiques dans le secteur des affaires publiques. Donc, on fait de la veille, on passe beaucoup de temps à lire la presse, les réseaux sociaux, bien sûr, mais aussi la veille réglementaire, institutionnelle, médiatique. On passe beaucoup de temps à essayer de créer du lien, de créer des relations avec des décideurs publics ou des parties prenantes. ou des associations. Et puis, avec la presse également, on essaye d'avoir des relations pour essayer d'avoir un impact sur l'opinion publique. Et puis, la rédaction d'avendements, la transmission de documents, la rédaction de notes, l'organisation d'événements, tout ça fait partie du giron des affaires publiques.

  • Speaker #1

    Et du coup, là, vous êtes combien dans l'entreprise ?

  • Speaker #0

    On est aujourd'hui trois. Je travaille avec quelqu'un qui s'appelle Grégoire Frati, qui est un ancien membre de la Convention citoyenne pour le climat, qui a fait partie des 150 tirés au sort en... 2019-2020 au moment du lancement de la convention citoyenne pour le climat et qui a voulu poursuivre son engagement au sein de la CCC dans le cadre de ce cabinet pour essayer d'avoir un impact autrement et en faisant du lobbying. Donc je travaille beaucoup avec lui sur un certain nombre de sujets. Je travaille avec quelqu'un qui s'appelle Benjamin qui m'aide à structurer la société puisque ça reste un vrai métier de pouvoir être entrepreneur. Et puis je travaille de temps en temps avec quelqu'un qui s'appelle Lucie qui vient de nous rejoindre. et qui est mobilisé sur un certain nombre de clients.

  • Speaker #1

    Du coup, tu dis, on fait du lobbying comme toutes les entreprises. Est-ce que, comme toutes les entreprises, vous avez une volonté de croissance exponentielle ? Est-ce que tu as envie de grossir pour peut-être essayer de faire tête à vos adversaires ?

  • Speaker #0

    Question extrêmement intéressante et importante. Je ne mesure pas la croissance au nombre de salariés ou au montant du chiffre d'affaires. Je mesure la croissance au nombre de dossiers et de victoires qu'on obtient. Et donc, moi, ma plus grande joie, c'est quand on arrive sur une année à obtenir plus de victoires politiques, d'amendements déposés et adoptés, de papiers éventuellement dans la presse, qu'on arrive à faire avancer un certain nombre de sujets, d'obtenir un certain nombre de victoires au nombre de clients. Pour moi, c'est ça le bon indicateur de croissance. Sur le reste, on n'a pas vocation, évidemment, à devenir avace ou bourri-talon. On est trop petit et on le restera. En revanche, on a vocation à être un cabinet installé, sérieux, crédible. dont on sait qu'il peut obtenir des victoires et dont on connaît évidemment l'intégrité puisque nous garantissons de pouvoir travailler qu'avec des acteurs engagés dans la transition écologique. Et ça, j'y tiens, j'y tiens absolument, j'y tiens à tout prix. Il y a une sorte de comité informel qui est composé de mes anciens clients, d'acteurs que je connais dans l'écosystème qui valident, qui vérifient si les acteurs pour lesquels on pourrait travailler ou pour lesquels on a été sollicité correspondent à nos engagements et à nos convictions. Mais c'est très important de pouvoir garantir cela à la fois à nos clients et puis à nous-mêmes.

  • Speaker #1

    Alors justement, tu parles de transition écologique. J'ai l'impression que ce n'est pas un sujet prioritaire en ce moment, qu'il y a peu de choses qui bougent sur le sujet. J'ai reçu dans ce podcast Arnaud Gilles, le porte-parole du WWF, et qui disait que ce n'est pas parce que les politiques ont déserté qu'on a le droit de rien faire. Comment tu le vis ? Est-ce que vous arrivez à faire passer des dossiers ?

  • Speaker #0

    On vit un moment de backlash écologique. ce qu'on appelle le backlash écologique, c'est-à-dire un moment de détricotage d'un certain nombre de choses qui d'ailleurs ont été votées il y a très peu de temps. Les ânes, les ADFE, la réintroduction d'un certain nombre de pesticides, et puis plus récemment, un moratoire sur les énergies renouvelables. Je crois que c'est dans ce temps qui semble être un temps de reculade qu'il faut absolument agir, tenir bon, maintenir la digue, parce que c'est comme ça qu'on installe un certain nombre de sujets. On vit dans une période politique qui est très difficile, qui est instable. qui est incertaine, mais qui devrait se terminer bientôt, compte tenu des élections à venir. Et je crois que c'est exactement et précisément à ce moment-là qu'il faut maintenir la pression. Parce qu'il est possible d'abord d'obtenir des victoires, mais surtout on a... l'impérieuse nécessité de pouvoir préserver l'existant. C'est une autre façon d'agir, c'est en défendant l'existant, mais si on ne le fait pas, alors tout s'écroulera et on sera très loin d'atteindre nos objectifs carbone et climatique.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as un dossier en cours, une victoire dont tu peux parler ?

  • Speaker #0

    Comme tout le monde dans les acteurs de la transition écologique, c'est un peu difficile en ce moment, mais je travaille sur au moins quatre sujets qui sont très importants. Le premier, je travaille avec les acteurs de la bio, de la filière bio, et un... On est bien sûr très concernés par l'examen de la proposition de loi Duplon qui arrive en commission mixte paritaire d'ici quelques jours, qui est une vraie reculade sur la question de l'agriculture française. Et on est en train de se battre et on espère y arriver pour faire en sorte qu'on évite la réintroduction d'un certain nombre de pesticides, notamment les néocotinoïdes. Et il y a une deuxième campagne sur laquelle je travaille, c'est sur la question de l'obsolescence logicielle. il va y avoir une mise à jour autour de mi-octobre qui va être imposée par Microsoft qui est payante, qui va être obligatoire et qui promet... l'obsolescence logicielle, c'est-à-dire l'arrêt d'un certain nombre de programmes et de fonctionnalités sur des appareils qui sont équipés de Windows 10. Tout ça est très technique, mais ce qu'il faut savoir, c'est qu'on va se lutter contre un autre géant qui est Microsoft et ça me plaît beaucoup et ça m'intéresse beaucoup. J'espère qu'on obtiendra des victoires là-dessus.

  • Speaker #1

    Comment on obtient des victoires ? Alors, est-ce que t'es reçu par des parlementaires ou c'est via la sensibilisation du public ?

  • Speaker #0

    On obtient des victoires en faisant de la stratégie d'abord. C'est très important de savoir Où est-ce qu'on met les pieds ? Qu'est-ce qu'il est possible d'obtenir comme victoire ? D'être réaliste, d'être organisé et d'anticiper un maximum les choses. Donc on obtient des victoires en mettant en place une veille sur un certain nombre de sujets, en essayant de savoir qui se positionne sur quel sujet, en essayant d'identifier le plus précisément quels sont les acteurs et les parties prenantes qui peuvent être impactants sur une décision. Et puis ensuite, en essayant de construire autour des opérations très concrètes. Ça peut aller du rapport à la note de synthèse à... et c'est l'avantage de travailler pour des acteurs associatifs ou des acteurs engagés dans la transition écologique à des actions qui renvoient au répertoire d'actions militants. Et là, pour le coup, on peut être créatif, inventif et c'est toujours intéressant d'imaginer un certain nombre de choses. Par exemple, sur la proposition de loi Duplon, très classique et en même temps très innovant par rapport à des enjeux de lobbying classiques, c'est qu'on est en train d'organiser des manifestations devant le Sénat, devant l'Assemblée. C'est en train de prendre, il devrait y avoir du monde. C'est assez relayé sur les réseaux sociaux. On a créé une campagne qui s'appelle Tous exposés pour montrer le niveau d'exposition des Françaises et des Français aux pesticides chimiques. Et ça, c'est quelque chose qui fonctionne plutôt bien. Ça fonctionne plutôt bien pour avoir un impact sur l'opinion publique. On verra si ça a un impact sur la décision politique dans le cadre de la CMP.

  • Speaker #1

    Jordan, quelle est ta stratégie pour faire connaître tes activités ou en tout cas pour essayer de susciter de l'enthousiasme et avoir le plus d'impact possible ?

  • Speaker #0

    D'abord, être bien installé dans l'écosystème des acteurs de la transition écologique. en obtenant des victoires, c'est quand même la première des crédibilités. Et puis ensuite, en tant que lobbyiste, j'essaye de valoriser mes activités, ce qui peut paraître contre-intuitif, puisque le lobbyiste est celui qui a un métier de l'ombre. Mais j'essaye au contraire de communiquer, d'informer sur un certain nombre de réseaux sociaux, Instagram et surtout LinkedIn, où j'essaye de publier quasiment tous les jours. C'est aussi une hygiène de vie de pouvoir écrire sur un certain nombre de sujets, et ça m'intéresse. Mais c'est aussi une façon d'informer celles et ceux qui me suivent modestement sur ces enjeux, sur ces... sur ces luttes à distance qui se jouent entre parfois plusieurs acteurs et plusieurs gros lobbies industriels, c'est important pour moi, compte tenu de l'information dont on est très peu à disposer, de pouvoir la partager tout simplement et de pouvoir faire un travail, j'espère réussi, de pédagogie, un travail de vulgarisation aussi, pour montrer ce qui se joue derrière ces grandes batailles de lobbying qui paraissent bien trop souvent obscures et inaccessibles. En réalité, c'est assez accessible à partir du moment où on fait ce travail de vulgarisation.

  • Speaker #1

    Est-ce que quand on porte des combats écologistes, est-ce qu'on ne s'adresse qu'à des députés qui ont la couleur écologiste ?

  • Speaker #0

    Il ne faut surtout pas s'adresser qu'aux députés écologistes. Vous imaginez bien que les écologistes sont sensibles aux arguments et aux intérêts que l'on porte et qu'on leur représente. C'est évident. Et ça reste des très bons alliés. Mais dans la configuration actuelle de l'Assemblée nationale, ça ne vous aura pas échappé que les écologistes sont loin d'être hégémoniques. Ça veut dire qu'il faut... construire des argumentaires, construire des coalitions, construire même des alliances parfois éphémères, le plus large possible. Quand je dis le plus large possible, j'exclus, et ça me permet de le dire là dans le cadre de cette intervention, j'exclus les députés du Rassemblement National. Je suis l'un des seuls lobbyistes en France à avoir pris l'engagement en 2022, renouvelé en 2024, de ne jamais... s'adresser aux députés issus de l'extrême droite. Pour quelles raisons ? Là encore pour des raisons de conviction personnelle. Je sais bien qu'il y a l'enjeu de l'intérêt supérieur du client, c'est l'argument qui revient le plus souvent, et j'y souscris volontiers. Néanmoins, en tant que lobbyiste, on appartient à ces champs de professions connexes à la politique, comme les journalistes, comme un certain nombre d'avocats, comme un certain nombre de présidents ou de représentants de fédérations professionnelles, qui participons de fait à la banalisation de l'extrême droite. Donc je ne veux absolument pas leur donner la parole ni leur offrir potentiellement des victoires, parce que donner des argumentaires ou donner des idées à des parlementaires, c'est aussi parfois leur donner des victoires et participer à leur banalisation ou à leur notoriabilisation. C'est hors de question pour moi et donc j'ai pris l'engagement de ne jamais discuter avec eux et mes clients le savent. Et quand on s'engage pour des clients, ils savent qu'il n'y aura pas de mobilisation faite auprès de l'extrême droite. Alors il se trouve que je porte un certain nombre de sujets qui sont issus plutôt de la transition écologique, en tout cas positionnés comme tel. Et ça m'arrange bien puisque l'extrême droite française ne s'y intéresse pas tellement. Donc finalement, ce n'est pas si compliqué que ça.

  • Speaker #1

    On va passer à une séquence qui est la séquence vrai-faux.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Je vais te donner trois phrases. Tu réponds par vrai ou faux et tu peux évidemment développer si tu le souhaites.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    La première phrase, tu y as déjà répondu partiellement, mais tu peux développer. Le lobbying n'appartient pas qu'aux grandes entreprises.

  • Speaker #0

    Totalement vrai. Elle appartient à tous ceux qui veulent faire du lobbying. Et d'ailleurs, le lobbying, ce n'est pas simplement au niveau national, au niveau européen, au niveau international. Faire du lobbying, c'est avoir un impact sur la décision politique. Si vous êtes un citoyen, citoyenne, et que vous demandez à la mairie de changer l'emplacement des poubelles devant chez vous, vous faites du lobbying, puisque vous essayez d'avoir une action, un argumentaire, pour avoir un impact sur la décision publique et sur la décision politique. À toutes les échelles, il y a du lobbying, et en fait, on est tous et toutes des lobbyistes en puissance.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu t'es déjà retrouvé dans une situation qui pourrait être très cinématographique, dans une salle avec des lobbyistes de grandes entreprises, et toi... avec ton stylo à la main, essayant de contrer leur argumentaire, ou c'est complètement autrement, via des canaux où vous ne vous voyez jamais ?

  • Speaker #0

    Je vais même aller plus loin. Je suis un lobbyiste, donc je tiens à faire partie du réseau et de l'écosystème de la grande famille des lobbyistes. Donc ça m'arrive d'avoir des relations tout à fait informelles, amicales, avec un certain nombre de représentants de très grosses entreprises contre lesquelles j'essaye de lutter par ailleurs. Et il m'est arrivé assez récemment d'être invité à un pot de départ, et j'étais entouré de la plupart des lobbyistes du secteur de l'agroalimentaire, qui m'avait bien identifié Merci. à cause de mes publications, et ça a été assez pénible, je dois dire, pour moi.

  • Speaker #1

    La deuxième phrase, l'Europe est l'échelon le plus stratégique pour faire avancer les causes écologiques.

  • Speaker #0

    C'est un échelon essentiel, très important. 80% de notre droit est issu, en fait, du droit européen, mais ce n'est pas le seul, évidemment. Et la France, compte tenu de sa place dans l'architecture européenne, est un État membre non seulement important, mais est un levier très important dans le cadre de la transition écologique. Je vous donne un exemple. En 2020, la... La réglementation française était pionnière sur la question de la gestion des déchets avec la loi AGEC, Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire, qui a été votée et adoptée en 2020. Et c'est cette loi-là qui a inspiré la Commission européenne et a donc inspiré l'Europe pour mettre en place une directive, en tout cas un règlement, sur les emballages et les déchets d'emballage. Donc voilà un exemple sur la question de la transition écologique, sur la question de la gestion des déchets, où la France a inspiré l'Europe et on espère peut-être inspirer le monde. Donc on a vraiment des enjeux en France qui sont très importants et qui peuvent avoir des impacts considérables.

  • Speaker #1

    Toi, tu travailles plutôt à l'échelle nationale,

  • Speaker #0

    c'est ça ? Moi, je suis un lobbyiste national parce qu'il y a déjà beaucoup à faire, parce que je ne sais pas faire, et il faut être modeste, sur les affaires publiques européennes, ni sur les affaires publiques territoriales. Il ne faut pas les oublier, elles sont très importantes. Il y a de plus en plus d'acteurs qui se spécialisent sur ces affaires publiques. Et j'y suis très heureux parce qu'en plus, ça renvoie un peu à mon parcours, modestement. J'étais collaborateur parlementaire à l'Assemblée nationale. Il se trouve que j'aime beaucoup la politique et les enjeux de politique publique au niveau parlementaire, au niveau des ministères. Et donc, c'est là où je me sens le plus à l'aise.

  • Speaker #1

    Et la dernière phrase, les citoyens n'ont pas besoin de cabinet pour influencer la loi.

  • Speaker #0

    C'est vrai, mais c'est mieux. C'est mieux d'être accompagné par un expert parce qu'il y a un coût d'entrée immense dans les affaires publiques, dans le lobbying, qui est connaissance du système, connaissance... je parle même pas de connaissance des acteurs, mais connaissance même du langage, du fonctionnement, de la fabrique, de la loi, il y a un certain nombre d'expertises qui sont difficiles à avoir, mais c'est tout à fait possible pour un citoyen ordinaire de faire bouger les lignes, heureusement.

  • Speaker #1

    Jordan, on va passer à l'avant-dernière partie de ce podcast que j'ai nommé Engagement, Transmission, Vision. L'idée là, c'est vraiment de comprendre ce qui t'anime dans ton travail, pourquoi l'engagement écologique, comment t'en es arrivé là, voilà, comprendre le combat que tu portes.

  • Speaker #0

    Moi, j'ai eu mon déclic écolo en 2020. au moment même où j'étais chargé pour les grands industriels du secteur agroalimentaire de suivre les débats et les travaux de la Convention citoyenne pour le climat, parce que j'ai eu mon déclic en même temps que les citoyens. C'est parce que je suivais les travaux et que je suivais un certain nombre de choses, notamment des informations auxquelles ils avaient accès, que j'ai eu mon déclic environnemental. Donc c'est très important pour moi de pouvoir poursuivre cet engagement et de le faire en étant utile. Et je pense que là où j'étais utile, compte tenu de ce que je savais faire, compte tenu de mes activités, compte tenu de ma formation, compte tenu de mon petit parcours professionnel, notamment à l'Assemblée nationale, j'avais le sentiment en 2020 et confirmé depuis cinq ans maintenant que c'était dans le secteur des affaires publiques que je pouvais être le plus utile à la cause générale qui est la transition écologique. Donc il est très important de pouvoir entrer dans le sujet par le prisme, par le biais de petites portes d'entrée. La mienne c'était naturellement les affaires publiques mais si j'avais été menuisier ça aurait été la menuiserie et si j'avais été... pilote de course aurait été l'automobile.

  • Speaker #1

    Si tu pouvais te rencontrer justement Jordan plus jeune qui sort d'école et qui n'est pas encore dans les affaires publiques, qu'est-ce que tu lui dirais ? Est-ce que tu aurais des conseils à lui fournir, à lui proposer ?

  • Speaker #0

    Ouais, je lui dirais d'aller chez Arras. de prendre le client de McDo, de serrer les dents, et je lui fais assez confiance sans lui dire pour qu'il s'en aille. Et je pense qu'il l'aurait fait quand même.

  • Speaker #1

    Jordan, on va arriver à la fin de cet épisode. Est-ce que tu aurais une recommandation culturelle pour nos auditeurs ? Ça peut être un livre, un podcast, un film, quelque chose qui t'a guidé récemment.

  • Speaker #0

    Il y a le film Goliath, avec Pierre Nunez, qui est une référence dans notre secteur. Je vais vous en proposer un autre, peut-être une lecture, L'Heure des Prédateurs, de Daampoli. C'est l'auteur du match du Kremlin notamment, qui a fait tout un essai, quasi-essai politique, sur la période que l'on traverse et comment est-ce que les règles du jeu sont en train de changer pour le pire. Et il y a toute une partie, pour celles et ceux qui l'ont déjà lu ou pour celles et ceux qui vont le découvrir, une toute petite partie sur les affaires publiques, sur les communicants, que je trouve très intéressante. Et ça me permet peut-être de poser une question assez énigmatique, mais si tu lis le livre, tu verras de quoi je parle. Si tu étais vendeur de coca et que tu devais vendre des coca... dans un cinéma, quelle serait l'élection que tu conduirais ? Voilà, le chapitre commence comme ça.

  • Speaker #1

    Je pense que je réchaufferais la salle.

  • Speaker #0

    C'est ça. C'est ça ?

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Bon bah y'a plus aucun effet d'avance.

  • Speaker #1

    Content d'avoir trouvé la réponse. Jordan, on arrive à la toute fin de cet épisode. Est-ce qu'il y a quelque chose que tu voulais développer ici, que t'as pas encore eu le temps d'exprimer ?

  • Speaker #0

    Pour celles et ceux qui nous écoutent, et notamment pour celles et ceux qui sont en études, il faut absolument qu'ils poursuivent dans la voie des affaires publiques. c'est un beau secteur qui est en train de se... structuré, se développer, qui est en train aussi de devenir visible. On est en train, notre génération, de mettre fin aux tabous autour du lobbying. Le lobbying est consubstantiel à la démocratie, il participe à une bonne prise de décision. Il y a tellement de choses à inventer pour améliorer ce secteur en termes de déontologie, en termes de transparence, en termes d'outils notamment qui utilisent l'IA, que je les encourage à faire deux choses. D'abord, s'investir à fond dans ce secteur d'activité, et puis aussi de le questionner à fond, et pourquoi pas de le réinventer comme j'ai tenté modestement de le faire sur la question de la transition écologique. à eux d'en faire autant sur tout un tas d'autres sujets.

  • Speaker #1

    Merci Jordan.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté Hémicycle, le podcast qui décrypte la fabrique de la loi. Je m'appelle Pierre, je suis le cofondateur de l'Egywatch, la plateforme qui vous aide dans votre veille institutionnelle. A bientôt.

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Description

Jordan Allouche est lobbyiste écologiste et fondateur d’Écolobby, un cabinet de conseil en affaires publiques dédié à la transition écologique. Formé aux sciences politiques et ancien collaborateur parlementaire, il milite pour un lobbying assumé, plus transparent et plus démocratique.


Dans cet épisode, il revient sur son parcours : de ses premiers pas chez un grand cabinet, où il représentait McDonald's, jusqu’à la création d’Écolobby, convaincu qu’il fallait allier ses convictions écologiques avec son expertise du plaidoyer.


Il raconte comment il défend aujourd’hui l’agriculture biologique, lutte contre l’obsolescence logicielle et organise des campagnes citoyennes pour faire pression sur les décideurs publics. Jordan partage aussi sa vision d’un lobbying qui ne soit pas réservé aux grandes entreprises, mais accessible à tous ceux qui veulent influencer la loi.


Un échange passionnant qui interroge la place des lobbyistes dans notre démocratie et montre qu’il est possible de porter ses convictions jusque dans les couloirs de l’Assemblée nationale.

Vous pouvez contacter Pierre sur Linkedin.

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Transcription

  • Speaker #0

    Je ne mesure pas la croissance au nombre de salariés ou au montant du chiffre d'affaires, je mesure la croissance au nombre de dossiers et de victoires qu'on obtient. On est en train, notre génération, de mettre fin au tabou autour du lobbying. Si vous êtes un citoyen ou citoyenne et que vous demandez à la mairie de changer l'emplacement des poubelles devant chez vous, vous faites du lobbying.

  • Speaker #1

    Qui sont ceux qui font la loi ? Je m'appelle Pierre, fondateur de la plateforme de veille institutionnelle Légit Watch, et je rencontre celles et ceux qui font les coulisses de notre vie politique. Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir Jordan Allouche, fondateur d'Ecolobby, une structure spécialisée dans le plaidoyer environnemental. Formé aux sciences politiques, Jordan milite pour une autre façon de faire du lobbying, plus transparente, plus démocratique, plus citoyenne. Avec Ecolobby, il accompagne collectif, association ou simple citoyen dans leur démarche d'influence. Salut Jordan !

  • Speaker #0

    Salut !

  • Speaker #1

    Est-ce que tu vas ajouter quelque chose à cette description ?

  • Speaker #0

    Oui, peut-être dire que je suis un lobbyiste écologiste. C'est important, c'est une notion qui est très importante pour moi parce que d'abord j'assume le mot lobbying, j'assume le fait d'être un lobbyiste, c'est une activité, et on en reparlera sans doute, qui est consubstantielle à la démocratie, qui est très importante, et c'est un mot que j'assume et qu'il faut assumer. Et écologiste parce que j'ai des convictions et que je les exprime à travers mon métier et à travers ce cabinet de conseil en affaires publiques, Écolobie donc.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que ça change de dire qu'on fait du lobbying plutôt que du plaidoyer ?

  • Speaker #0

    Lobbying et plaidoyer renvoient à des logiques qui sont assez similaires, qui consistent à avoir un impact ou tenter d'avoir un impact sur la décision politique. Bien sûr, il y a des actions qui sont relativement différentes dans le répertoire d'actions, mais au fond, il y a un objectif qui est le même, c'est changer la réglementation, changer la loi dans le but de l'intérêt. L'intérêt peut être là aussi différent entre les intérêts économiques pour le lobbying et des intérêts plus écologistes pour le plaidoyer. Mais le grand risque de faire une différence entre les deux, c'est au fond de renvoyer à deux univers alors que ça renvoie à peu près à la même logique. Et en fait, ça vient d'un fantasme qu'on a en France par rapport au lobbying, puisque le mot à mauvaise presse, l'activité à mauvaise presse, ça renvoie évidemment à notre rapport aux représentants d'intérêt. Et c'était important pour moi de pouvoir assumer le mot lobbying précisément pour essayer de lutter sémantiquement parlant. contre les lobbies industrielles sur leur terrain et même sur le terrain des mots.

  • Speaker #1

    Alors justement, tu es formé aux sciences politiques, tu as été collaborateur parlementaire également, donc tu suivais une voie peut-être presque royale pour aller vers le lobbying industriel. Comment ça se fait que tu aies choisi d'incarner ce que tu appelles, dans la présentation que j'ai pu lire, le David contre Goliath ?

  • Speaker #0

    Alors j'ai peut-être un petit retour en arrière. J'ai été formé effectivement aux sciences politiques. Mon premier stage a été chez Avas en 2016, au moment un an avant l'élection présidentielle. et Ava c'est l'une des plus grandes. d'entreprise dans le secteur des affaires publiques. C'est un peu le stage royal. Et on m'a assigné un client que vous connaissez toutes et tous, qui est McDonald's, et qui m'a déjà posé des problèmes de conviction. Mon objectif, c'était d'installer des McDo dans les régions et dans les territoires ruraux. Et quand on m'a proposé de travailler sur la première participation ou la deuxième participation de McDo au Salon de l'agriculture, j'en suis parti. Donc ça a été mon premier rapport avec à la fois les affaires publiques, mais aussi rapport avec mes propres convictions. J'ai rejoint... Pour information ensuite, l'ambassade de France en Ouganda qui n'a pas grand chose à voir avec nos sujets. Quoique c'est là-bas que j'ai rencontré celle qui allait devenir ma députée, en tout cas celle qui allait devenir la députée pour laquelle j'allais travailler puisque en 2017 elle m'a proposé de la rejoindre, tout juste élue à l'Assemblée Nationale. J'y ai travaillé pendant deux ans. En 2019, on m'a proposé de rejoindre un cabinet de conseil en affaires publiques et j'ai adoré à la fois le défi, la mission, les enjeux des affaires publiques. J'ai mesuré l'impact que ça pouvait avoir mais j'ai eu... Une deuxième déclic qui était liée aux convictions, puisque le cabinet dans lequel je travaillais, travaillait pour des acteurs comme la Fédération des sodas, la Fédération des détergents, travaillait pour des acteurs de la logistique. Je n'étais pas aligné avec ce que je faisais, donc j'ai décidé, en profitant du premier et surtout du deuxième confinement, fin 2020, début 2021, d'allier une conviction forte pour les enjeux de transition écologique avec un métier qui est absolument passionnant, qui est celui de lobbyiste.

  • Speaker #1

    Et c'est à ce moment-là que tu as créé Ecolovi ?

  • Speaker #0

    Et c'est absolument à ce moment-là que j'ai créé EcoloBee, commencé à réfléchir autour de novembre, décembre 2020, puis lancement officiel en février-mars 2021, au moment même où l'examen du projet de loi Climat et Résilience qui a été issu de la Convention citoyenne pour le climat arrivait sur la table des députés.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu peux nous raconter ton quotidien ? Du coup, comment ça se passe ? Est-ce que tu es tout seul à EcoloBee ? Est-ce que vous êtes plusieurs ? Comment est-ce que tu es allé chercher tes premiers clients et quel genre de dossier tu traites ?

  • Speaker #0

    EcoloB est un cabinet de conseil en affaires publiques dédié aux acteurs de la transition écologique. Mais la première partie de la phrase, elle est hyper importante et intéressante. C'est un cabinet de conseil en affaires publiques. C'est-à-dire que nous faisons du lobbying comme absolument tous les cabinets. Nous faisons de la veille, nous faisons de la mise en relation, nous réfléchissons à des stratégies d'influence et nous essayons de déployer... opérationnellement, de façon opérationnelle, c'est stratégie. Le lobbying, c'est simplement, pour celles et ceux qui nous écoutent, mais qui le savent, j'imagine, c'est parler aux bonnes personnes au bon moment avec les bons outils, les bons arguments. Je n'ai pas une journée classique. En revanche, on a des actions qui sont classiques dans le secteur des affaires publiques. Donc, on fait de la veille, on passe beaucoup de temps à lire la presse, les réseaux sociaux, bien sûr, mais aussi la veille réglementaire, institutionnelle, médiatique. On passe beaucoup de temps à essayer de créer du lien, de créer des relations avec des décideurs publics ou des parties prenantes. ou des associations. Et puis, avec la presse également, on essaye d'avoir des relations pour essayer d'avoir un impact sur l'opinion publique. Et puis, la rédaction d'avendements, la transmission de documents, la rédaction de notes, l'organisation d'événements, tout ça fait partie du giron des affaires publiques.

  • Speaker #1

    Et du coup, là, vous êtes combien dans l'entreprise ?

  • Speaker #0

    On est aujourd'hui trois. Je travaille avec quelqu'un qui s'appelle Grégoire Frati, qui est un ancien membre de la Convention citoyenne pour le climat, qui a fait partie des 150 tirés au sort en... 2019-2020 au moment du lancement de la convention citoyenne pour le climat et qui a voulu poursuivre son engagement au sein de la CCC dans le cadre de ce cabinet pour essayer d'avoir un impact autrement et en faisant du lobbying. Donc je travaille beaucoup avec lui sur un certain nombre de sujets. Je travaille avec quelqu'un qui s'appelle Benjamin qui m'aide à structurer la société puisque ça reste un vrai métier de pouvoir être entrepreneur. Et puis je travaille de temps en temps avec quelqu'un qui s'appelle Lucie qui vient de nous rejoindre. et qui est mobilisé sur un certain nombre de clients.

  • Speaker #1

    Du coup, tu dis, on fait du lobbying comme toutes les entreprises. Est-ce que, comme toutes les entreprises, vous avez une volonté de croissance exponentielle ? Est-ce que tu as envie de grossir pour peut-être essayer de faire tête à vos adversaires ?

  • Speaker #0

    Question extrêmement intéressante et importante. Je ne mesure pas la croissance au nombre de salariés ou au montant du chiffre d'affaires. Je mesure la croissance au nombre de dossiers et de victoires qu'on obtient. Et donc, moi, ma plus grande joie, c'est quand on arrive sur une année à obtenir plus de victoires politiques, d'amendements déposés et adoptés, de papiers éventuellement dans la presse, qu'on arrive à faire avancer un certain nombre de sujets, d'obtenir un certain nombre de victoires au nombre de clients. Pour moi, c'est ça le bon indicateur de croissance. Sur le reste, on n'a pas vocation, évidemment, à devenir avace ou bourri-talon. On est trop petit et on le restera. En revanche, on a vocation à être un cabinet installé, sérieux, crédible. dont on sait qu'il peut obtenir des victoires et dont on connaît évidemment l'intégrité puisque nous garantissons de pouvoir travailler qu'avec des acteurs engagés dans la transition écologique. Et ça, j'y tiens, j'y tiens absolument, j'y tiens à tout prix. Il y a une sorte de comité informel qui est composé de mes anciens clients, d'acteurs que je connais dans l'écosystème qui valident, qui vérifient si les acteurs pour lesquels on pourrait travailler ou pour lesquels on a été sollicité correspondent à nos engagements et à nos convictions. Mais c'est très important de pouvoir garantir cela à la fois à nos clients et puis à nous-mêmes.

  • Speaker #1

    Alors justement, tu parles de transition écologique. J'ai l'impression que ce n'est pas un sujet prioritaire en ce moment, qu'il y a peu de choses qui bougent sur le sujet. J'ai reçu dans ce podcast Arnaud Gilles, le porte-parole du WWF, et qui disait que ce n'est pas parce que les politiques ont déserté qu'on a le droit de rien faire. Comment tu le vis ? Est-ce que vous arrivez à faire passer des dossiers ?

  • Speaker #0

    On vit un moment de backlash écologique. ce qu'on appelle le backlash écologique, c'est-à-dire un moment de détricotage d'un certain nombre de choses qui d'ailleurs ont été votées il y a très peu de temps. Les ânes, les ADFE, la réintroduction d'un certain nombre de pesticides, et puis plus récemment, un moratoire sur les énergies renouvelables. Je crois que c'est dans ce temps qui semble être un temps de reculade qu'il faut absolument agir, tenir bon, maintenir la digue, parce que c'est comme ça qu'on installe un certain nombre de sujets. On vit dans une période politique qui est très difficile, qui est instable. qui est incertaine, mais qui devrait se terminer bientôt, compte tenu des élections à venir. Et je crois que c'est exactement et précisément à ce moment-là qu'il faut maintenir la pression. Parce qu'il est possible d'abord d'obtenir des victoires, mais surtout on a... l'impérieuse nécessité de pouvoir préserver l'existant. C'est une autre façon d'agir, c'est en défendant l'existant, mais si on ne le fait pas, alors tout s'écroulera et on sera très loin d'atteindre nos objectifs carbone et climatique.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as un dossier en cours, une victoire dont tu peux parler ?

  • Speaker #0

    Comme tout le monde dans les acteurs de la transition écologique, c'est un peu difficile en ce moment, mais je travaille sur au moins quatre sujets qui sont très importants. Le premier, je travaille avec les acteurs de la bio, de la filière bio, et un... On est bien sûr très concernés par l'examen de la proposition de loi Duplon qui arrive en commission mixte paritaire d'ici quelques jours, qui est une vraie reculade sur la question de l'agriculture française. Et on est en train de se battre et on espère y arriver pour faire en sorte qu'on évite la réintroduction d'un certain nombre de pesticides, notamment les néocotinoïdes. Et il y a une deuxième campagne sur laquelle je travaille, c'est sur la question de l'obsolescence logicielle. il va y avoir une mise à jour autour de mi-octobre qui va être imposée par Microsoft qui est payante, qui va être obligatoire et qui promet... l'obsolescence logicielle, c'est-à-dire l'arrêt d'un certain nombre de programmes et de fonctionnalités sur des appareils qui sont équipés de Windows 10. Tout ça est très technique, mais ce qu'il faut savoir, c'est qu'on va se lutter contre un autre géant qui est Microsoft et ça me plaît beaucoup et ça m'intéresse beaucoup. J'espère qu'on obtiendra des victoires là-dessus.

  • Speaker #1

    Comment on obtient des victoires ? Alors, est-ce que t'es reçu par des parlementaires ou c'est via la sensibilisation du public ?

  • Speaker #0

    On obtient des victoires en faisant de la stratégie d'abord. C'est très important de savoir Où est-ce qu'on met les pieds ? Qu'est-ce qu'il est possible d'obtenir comme victoire ? D'être réaliste, d'être organisé et d'anticiper un maximum les choses. Donc on obtient des victoires en mettant en place une veille sur un certain nombre de sujets, en essayant de savoir qui se positionne sur quel sujet, en essayant d'identifier le plus précisément quels sont les acteurs et les parties prenantes qui peuvent être impactants sur une décision. Et puis ensuite, en essayant de construire autour des opérations très concrètes. Ça peut aller du rapport à la note de synthèse à... et c'est l'avantage de travailler pour des acteurs associatifs ou des acteurs engagés dans la transition écologique à des actions qui renvoient au répertoire d'actions militants. Et là, pour le coup, on peut être créatif, inventif et c'est toujours intéressant d'imaginer un certain nombre de choses. Par exemple, sur la proposition de loi Duplon, très classique et en même temps très innovant par rapport à des enjeux de lobbying classiques, c'est qu'on est en train d'organiser des manifestations devant le Sénat, devant l'Assemblée. C'est en train de prendre, il devrait y avoir du monde. C'est assez relayé sur les réseaux sociaux. On a créé une campagne qui s'appelle Tous exposés pour montrer le niveau d'exposition des Françaises et des Français aux pesticides chimiques. Et ça, c'est quelque chose qui fonctionne plutôt bien. Ça fonctionne plutôt bien pour avoir un impact sur l'opinion publique. On verra si ça a un impact sur la décision politique dans le cadre de la CMP.

  • Speaker #1

    Jordan, quelle est ta stratégie pour faire connaître tes activités ou en tout cas pour essayer de susciter de l'enthousiasme et avoir le plus d'impact possible ?

  • Speaker #0

    D'abord, être bien installé dans l'écosystème des acteurs de la transition écologique. en obtenant des victoires, c'est quand même la première des crédibilités. Et puis ensuite, en tant que lobbyiste, j'essaye de valoriser mes activités, ce qui peut paraître contre-intuitif, puisque le lobbyiste est celui qui a un métier de l'ombre. Mais j'essaye au contraire de communiquer, d'informer sur un certain nombre de réseaux sociaux, Instagram et surtout LinkedIn, où j'essaye de publier quasiment tous les jours. C'est aussi une hygiène de vie de pouvoir écrire sur un certain nombre de sujets, et ça m'intéresse. Mais c'est aussi une façon d'informer celles et ceux qui me suivent modestement sur ces enjeux, sur ces... sur ces luttes à distance qui se jouent entre parfois plusieurs acteurs et plusieurs gros lobbies industriels, c'est important pour moi, compte tenu de l'information dont on est très peu à disposer, de pouvoir la partager tout simplement et de pouvoir faire un travail, j'espère réussi, de pédagogie, un travail de vulgarisation aussi, pour montrer ce qui se joue derrière ces grandes batailles de lobbying qui paraissent bien trop souvent obscures et inaccessibles. En réalité, c'est assez accessible à partir du moment où on fait ce travail de vulgarisation.

  • Speaker #1

    Est-ce que quand on porte des combats écologistes, est-ce qu'on ne s'adresse qu'à des députés qui ont la couleur écologiste ?

  • Speaker #0

    Il ne faut surtout pas s'adresser qu'aux députés écologistes. Vous imaginez bien que les écologistes sont sensibles aux arguments et aux intérêts que l'on porte et qu'on leur représente. C'est évident. Et ça reste des très bons alliés. Mais dans la configuration actuelle de l'Assemblée nationale, ça ne vous aura pas échappé que les écologistes sont loin d'être hégémoniques. Ça veut dire qu'il faut... construire des argumentaires, construire des coalitions, construire même des alliances parfois éphémères, le plus large possible. Quand je dis le plus large possible, j'exclus, et ça me permet de le dire là dans le cadre de cette intervention, j'exclus les députés du Rassemblement National. Je suis l'un des seuls lobbyistes en France à avoir pris l'engagement en 2022, renouvelé en 2024, de ne jamais... s'adresser aux députés issus de l'extrême droite. Pour quelles raisons ? Là encore pour des raisons de conviction personnelle. Je sais bien qu'il y a l'enjeu de l'intérêt supérieur du client, c'est l'argument qui revient le plus souvent, et j'y souscris volontiers. Néanmoins, en tant que lobbyiste, on appartient à ces champs de professions connexes à la politique, comme les journalistes, comme un certain nombre d'avocats, comme un certain nombre de présidents ou de représentants de fédérations professionnelles, qui participons de fait à la banalisation de l'extrême droite. Donc je ne veux absolument pas leur donner la parole ni leur offrir potentiellement des victoires, parce que donner des argumentaires ou donner des idées à des parlementaires, c'est aussi parfois leur donner des victoires et participer à leur banalisation ou à leur notoriabilisation. C'est hors de question pour moi et donc j'ai pris l'engagement de ne jamais discuter avec eux et mes clients le savent. Et quand on s'engage pour des clients, ils savent qu'il n'y aura pas de mobilisation faite auprès de l'extrême droite. Alors il se trouve que je porte un certain nombre de sujets qui sont issus plutôt de la transition écologique, en tout cas positionnés comme tel. Et ça m'arrange bien puisque l'extrême droite française ne s'y intéresse pas tellement. Donc finalement, ce n'est pas si compliqué que ça.

  • Speaker #1

    On va passer à une séquence qui est la séquence vrai-faux.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Je vais te donner trois phrases. Tu réponds par vrai ou faux et tu peux évidemment développer si tu le souhaites.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    La première phrase, tu y as déjà répondu partiellement, mais tu peux développer. Le lobbying n'appartient pas qu'aux grandes entreprises.

  • Speaker #0

    Totalement vrai. Elle appartient à tous ceux qui veulent faire du lobbying. Et d'ailleurs, le lobbying, ce n'est pas simplement au niveau national, au niveau européen, au niveau international. Faire du lobbying, c'est avoir un impact sur la décision politique. Si vous êtes un citoyen, citoyenne, et que vous demandez à la mairie de changer l'emplacement des poubelles devant chez vous, vous faites du lobbying, puisque vous essayez d'avoir une action, un argumentaire, pour avoir un impact sur la décision publique et sur la décision politique. À toutes les échelles, il y a du lobbying, et en fait, on est tous et toutes des lobbyistes en puissance.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu t'es déjà retrouvé dans une situation qui pourrait être très cinématographique, dans une salle avec des lobbyistes de grandes entreprises, et toi... avec ton stylo à la main, essayant de contrer leur argumentaire, ou c'est complètement autrement, via des canaux où vous ne vous voyez jamais ?

  • Speaker #0

    Je vais même aller plus loin. Je suis un lobbyiste, donc je tiens à faire partie du réseau et de l'écosystème de la grande famille des lobbyistes. Donc ça m'arrive d'avoir des relations tout à fait informelles, amicales, avec un certain nombre de représentants de très grosses entreprises contre lesquelles j'essaye de lutter par ailleurs. Et il m'est arrivé assez récemment d'être invité à un pot de départ, et j'étais entouré de la plupart des lobbyistes du secteur de l'agroalimentaire, qui m'avait bien identifié Merci. à cause de mes publications, et ça a été assez pénible, je dois dire, pour moi.

  • Speaker #1

    La deuxième phrase, l'Europe est l'échelon le plus stratégique pour faire avancer les causes écologiques.

  • Speaker #0

    C'est un échelon essentiel, très important. 80% de notre droit est issu, en fait, du droit européen, mais ce n'est pas le seul, évidemment. Et la France, compte tenu de sa place dans l'architecture européenne, est un État membre non seulement important, mais est un levier très important dans le cadre de la transition écologique. Je vous donne un exemple. En 2020, la... La réglementation française était pionnière sur la question de la gestion des déchets avec la loi AGEC, Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire, qui a été votée et adoptée en 2020. Et c'est cette loi-là qui a inspiré la Commission européenne et a donc inspiré l'Europe pour mettre en place une directive, en tout cas un règlement, sur les emballages et les déchets d'emballage. Donc voilà un exemple sur la question de la transition écologique, sur la question de la gestion des déchets, où la France a inspiré l'Europe et on espère peut-être inspirer le monde. Donc on a vraiment des enjeux en France qui sont très importants et qui peuvent avoir des impacts considérables.

  • Speaker #1

    Toi, tu travailles plutôt à l'échelle nationale,

  • Speaker #0

    c'est ça ? Moi, je suis un lobbyiste national parce qu'il y a déjà beaucoup à faire, parce que je ne sais pas faire, et il faut être modeste, sur les affaires publiques européennes, ni sur les affaires publiques territoriales. Il ne faut pas les oublier, elles sont très importantes. Il y a de plus en plus d'acteurs qui se spécialisent sur ces affaires publiques. Et j'y suis très heureux parce qu'en plus, ça renvoie un peu à mon parcours, modestement. J'étais collaborateur parlementaire à l'Assemblée nationale. Il se trouve que j'aime beaucoup la politique et les enjeux de politique publique au niveau parlementaire, au niveau des ministères. Et donc, c'est là où je me sens le plus à l'aise.

  • Speaker #1

    Et la dernière phrase, les citoyens n'ont pas besoin de cabinet pour influencer la loi.

  • Speaker #0

    C'est vrai, mais c'est mieux. C'est mieux d'être accompagné par un expert parce qu'il y a un coût d'entrée immense dans les affaires publiques, dans le lobbying, qui est connaissance du système, connaissance... je parle même pas de connaissance des acteurs, mais connaissance même du langage, du fonctionnement, de la fabrique, de la loi, il y a un certain nombre d'expertises qui sont difficiles à avoir, mais c'est tout à fait possible pour un citoyen ordinaire de faire bouger les lignes, heureusement.

  • Speaker #1

    Jordan, on va passer à l'avant-dernière partie de ce podcast que j'ai nommé Engagement, Transmission, Vision. L'idée là, c'est vraiment de comprendre ce qui t'anime dans ton travail, pourquoi l'engagement écologique, comment t'en es arrivé là, voilà, comprendre le combat que tu portes.

  • Speaker #0

    Moi, j'ai eu mon déclic écolo en 2020. au moment même où j'étais chargé pour les grands industriels du secteur agroalimentaire de suivre les débats et les travaux de la Convention citoyenne pour le climat, parce que j'ai eu mon déclic en même temps que les citoyens. C'est parce que je suivais les travaux et que je suivais un certain nombre de choses, notamment des informations auxquelles ils avaient accès, que j'ai eu mon déclic environnemental. Donc c'est très important pour moi de pouvoir poursuivre cet engagement et de le faire en étant utile. Et je pense que là où j'étais utile, compte tenu de ce que je savais faire, compte tenu de mes activités, compte tenu de ma formation, compte tenu de mon petit parcours professionnel, notamment à l'Assemblée nationale, j'avais le sentiment en 2020 et confirmé depuis cinq ans maintenant que c'était dans le secteur des affaires publiques que je pouvais être le plus utile à la cause générale qui est la transition écologique. Donc il est très important de pouvoir entrer dans le sujet par le prisme, par le biais de petites portes d'entrée. La mienne c'était naturellement les affaires publiques mais si j'avais été menuisier ça aurait été la menuiserie et si j'avais été... pilote de course aurait été l'automobile.

  • Speaker #1

    Si tu pouvais te rencontrer justement Jordan plus jeune qui sort d'école et qui n'est pas encore dans les affaires publiques, qu'est-ce que tu lui dirais ? Est-ce que tu aurais des conseils à lui fournir, à lui proposer ?

  • Speaker #0

    Ouais, je lui dirais d'aller chez Arras. de prendre le client de McDo, de serrer les dents, et je lui fais assez confiance sans lui dire pour qu'il s'en aille. Et je pense qu'il l'aurait fait quand même.

  • Speaker #1

    Jordan, on va arriver à la fin de cet épisode. Est-ce que tu aurais une recommandation culturelle pour nos auditeurs ? Ça peut être un livre, un podcast, un film, quelque chose qui t'a guidé récemment.

  • Speaker #0

    Il y a le film Goliath, avec Pierre Nunez, qui est une référence dans notre secteur. Je vais vous en proposer un autre, peut-être une lecture, L'Heure des Prédateurs, de Daampoli. C'est l'auteur du match du Kremlin notamment, qui a fait tout un essai, quasi-essai politique, sur la période que l'on traverse et comment est-ce que les règles du jeu sont en train de changer pour le pire. Et il y a toute une partie, pour celles et ceux qui l'ont déjà lu ou pour celles et ceux qui vont le découvrir, une toute petite partie sur les affaires publiques, sur les communicants, que je trouve très intéressante. Et ça me permet peut-être de poser une question assez énigmatique, mais si tu lis le livre, tu verras de quoi je parle. Si tu étais vendeur de coca et que tu devais vendre des coca... dans un cinéma, quelle serait l'élection que tu conduirais ? Voilà, le chapitre commence comme ça.

  • Speaker #1

    Je pense que je réchaufferais la salle.

  • Speaker #0

    C'est ça. C'est ça ?

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Bon bah y'a plus aucun effet d'avance.

  • Speaker #1

    Content d'avoir trouvé la réponse. Jordan, on arrive à la toute fin de cet épisode. Est-ce qu'il y a quelque chose que tu voulais développer ici, que t'as pas encore eu le temps d'exprimer ?

  • Speaker #0

    Pour celles et ceux qui nous écoutent, et notamment pour celles et ceux qui sont en études, il faut absolument qu'ils poursuivent dans la voie des affaires publiques. c'est un beau secteur qui est en train de se... structuré, se développer, qui est en train aussi de devenir visible. On est en train, notre génération, de mettre fin aux tabous autour du lobbying. Le lobbying est consubstantiel à la démocratie, il participe à une bonne prise de décision. Il y a tellement de choses à inventer pour améliorer ce secteur en termes de déontologie, en termes de transparence, en termes d'outils notamment qui utilisent l'IA, que je les encourage à faire deux choses. D'abord, s'investir à fond dans ce secteur d'activité, et puis aussi de le questionner à fond, et pourquoi pas de le réinventer comme j'ai tenté modestement de le faire sur la question de la transition écologique. à eux d'en faire autant sur tout un tas d'autres sujets.

  • Speaker #1

    Merci Jordan.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté Hémicycle, le podcast qui décrypte la fabrique de la loi. Je m'appelle Pierre, je suis le cofondateur de l'Egywatch, la plateforme qui vous aide dans votre veille institutionnelle. A bientôt.

Description

Jordan Allouche est lobbyiste écologiste et fondateur d’Écolobby, un cabinet de conseil en affaires publiques dédié à la transition écologique. Formé aux sciences politiques et ancien collaborateur parlementaire, il milite pour un lobbying assumé, plus transparent et plus démocratique.


Dans cet épisode, il revient sur son parcours : de ses premiers pas chez un grand cabinet, où il représentait McDonald's, jusqu’à la création d’Écolobby, convaincu qu’il fallait allier ses convictions écologiques avec son expertise du plaidoyer.


Il raconte comment il défend aujourd’hui l’agriculture biologique, lutte contre l’obsolescence logicielle et organise des campagnes citoyennes pour faire pression sur les décideurs publics. Jordan partage aussi sa vision d’un lobbying qui ne soit pas réservé aux grandes entreprises, mais accessible à tous ceux qui veulent influencer la loi.


Un échange passionnant qui interroge la place des lobbyistes dans notre démocratie et montre qu’il est possible de porter ses convictions jusque dans les couloirs de l’Assemblée nationale.

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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Je ne mesure pas la croissance au nombre de salariés ou au montant du chiffre d'affaires, je mesure la croissance au nombre de dossiers et de victoires qu'on obtient. On est en train, notre génération, de mettre fin au tabou autour du lobbying. Si vous êtes un citoyen ou citoyenne et que vous demandez à la mairie de changer l'emplacement des poubelles devant chez vous, vous faites du lobbying.

  • Speaker #1

    Qui sont ceux qui font la loi ? Je m'appelle Pierre, fondateur de la plateforme de veille institutionnelle Légit Watch, et je rencontre celles et ceux qui font les coulisses de notre vie politique. Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir Jordan Allouche, fondateur d'Ecolobby, une structure spécialisée dans le plaidoyer environnemental. Formé aux sciences politiques, Jordan milite pour une autre façon de faire du lobbying, plus transparente, plus démocratique, plus citoyenne. Avec Ecolobby, il accompagne collectif, association ou simple citoyen dans leur démarche d'influence. Salut Jordan !

  • Speaker #0

    Salut !

  • Speaker #1

    Est-ce que tu vas ajouter quelque chose à cette description ?

  • Speaker #0

    Oui, peut-être dire que je suis un lobbyiste écologiste. C'est important, c'est une notion qui est très importante pour moi parce que d'abord j'assume le mot lobbying, j'assume le fait d'être un lobbyiste, c'est une activité, et on en reparlera sans doute, qui est consubstantielle à la démocratie, qui est très importante, et c'est un mot que j'assume et qu'il faut assumer. Et écologiste parce que j'ai des convictions et que je les exprime à travers mon métier et à travers ce cabinet de conseil en affaires publiques, Écolobie donc.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que ça change de dire qu'on fait du lobbying plutôt que du plaidoyer ?

  • Speaker #0

    Lobbying et plaidoyer renvoient à des logiques qui sont assez similaires, qui consistent à avoir un impact ou tenter d'avoir un impact sur la décision politique. Bien sûr, il y a des actions qui sont relativement différentes dans le répertoire d'actions, mais au fond, il y a un objectif qui est le même, c'est changer la réglementation, changer la loi dans le but de l'intérêt. L'intérêt peut être là aussi différent entre les intérêts économiques pour le lobbying et des intérêts plus écologistes pour le plaidoyer. Mais le grand risque de faire une différence entre les deux, c'est au fond de renvoyer à deux univers alors que ça renvoie à peu près à la même logique. Et en fait, ça vient d'un fantasme qu'on a en France par rapport au lobbying, puisque le mot à mauvaise presse, l'activité à mauvaise presse, ça renvoie évidemment à notre rapport aux représentants d'intérêt. Et c'était important pour moi de pouvoir assumer le mot lobbying précisément pour essayer de lutter sémantiquement parlant. contre les lobbies industrielles sur leur terrain et même sur le terrain des mots.

  • Speaker #1

    Alors justement, tu es formé aux sciences politiques, tu as été collaborateur parlementaire également, donc tu suivais une voie peut-être presque royale pour aller vers le lobbying industriel. Comment ça se fait que tu aies choisi d'incarner ce que tu appelles, dans la présentation que j'ai pu lire, le David contre Goliath ?

  • Speaker #0

    Alors j'ai peut-être un petit retour en arrière. J'ai été formé effectivement aux sciences politiques. Mon premier stage a été chez Avas en 2016, au moment un an avant l'élection présidentielle. et Ava c'est l'une des plus grandes. d'entreprise dans le secteur des affaires publiques. C'est un peu le stage royal. Et on m'a assigné un client que vous connaissez toutes et tous, qui est McDonald's, et qui m'a déjà posé des problèmes de conviction. Mon objectif, c'était d'installer des McDo dans les régions et dans les territoires ruraux. Et quand on m'a proposé de travailler sur la première participation ou la deuxième participation de McDo au Salon de l'agriculture, j'en suis parti. Donc ça a été mon premier rapport avec à la fois les affaires publiques, mais aussi rapport avec mes propres convictions. J'ai rejoint... Pour information ensuite, l'ambassade de France en Ouganda qui n'a pas grand chose à voir avec nos sujets. Quoique c'est là-bas que j'ai rencontré celle qui allait devenir ma députée, en tout cas celle qui allait devenir la députée pour laquelle j'allais travailler puisque en 2017 elle m'a proposé de la rejoindre, tout juste élue à l'Assemblée Nationale. J'y ai travaillé pendant deux ans. En 2019, on m'a proposé de rejoindre un cabinet de conseil en affaires publiques et j'ai adoré à la fois le défi, la mission, les enjeux des affaires publiques. J'ai mesuré l'impact que ça pouvait avoir mais j'ai eu... Une deuxième déclic qui était liée aux convictions, puisque le cabinet dans lequel je travaillais, travaillait pour des acteurs comme la Fédération des sodas, la Fédération des détergents, travaillait pour des acteurs de la logistique. Je n'étais pas aligné avec ce que je faisais, donc j'ai décidé, en profitant du premier et surtout du deuxième confinement, fin 2020, début 2021, d'allier une conviction forte pour les enjeux de transition écologique avec un métier qui est absolument passionnant, qui est celui de lobbyiste.

  • Speaker #1

    Et c'est à ce moment-là que tu as créé Ecolovi ?

  • Speaker #0

    Et c'est absolument à ce moment-là que j'ai créé EcoloBee, commencé à réfléchir autour de novembre, décembre 2020, puis lancement officiel en février-mars 2021, au moment même où l'examen du projet de loi Climat et Résilience qui a été issu de la Convention citoyenne pour le climat arrivait sur la table des députés.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu peux nous raconter ton quotidien ? Du coup, comment ça se passe ? Est-ce que tu es tout seul à EcoloBee ? Est-ce que vous êtes plusieurs ? Comment est-ce que tu es allé chercher tes premiers clients et quel genre de dossier tu traites ?

  • Speaker #0

    EcoloB est un cabinet de conseil en affaires publiques dédié aux acteurs de la transition écologique. Mais la première partie de la phrase, elle est hyper importante et intéressante. C'est un cabinet de conseil en affaires publiques. C'est-à-dire que nous faisons du lobbying comme absolument tous les cabinets. Nous faisons de la veille, nous faisons de la mise en relation, nous réfléchissons à des stratégies d'influence et nous essayons de déployer... opérationnellement, de façon opérationnelle, c'est stratégie. Le lobbying, c'est simplement, pour celles et ceux qui nous écoutent, mais qui le savent, j'imagine, c'est parler aux bonnes personnes au bon moment avec les bons outils, les bons arguments. Je n'ai pas une journée classique. En revanche, on a des actions qui sont classiques dans le secteur des affaires publiques. Donc, on fait de la veille, on passe beaucoup de temps à lire la presse, les réseaux sociaux, bien sûr, mais aussi la veille réglementaire, institutionnelle, médiatique. On passe beaucoup de temps à essayer de créer du lien, de créer des relations avec des décideurs publics ou des parties prenantes. ou des associations. Et puis, avec la presse également, on essaye d'avoir des relations pour essayer d'avoir un impact sur l'opinion publique. Et puis, la rédaction d'avendements, la transmission de documents, la rédaction de notes, l'organisation d'événements, tout ça fait partie du giron des affaires publiques.

  • Speaker #1

    Et du coup, là, vous êtes combien dans l'entreprise ?

  • Speaker #0

    On est aujourd'hui trois. Je travaille avec quelqu'un qui s'appelle Grégoire Frati, qui est un ancien membre de la Convention citoyenne pour le climat, qui a fait partie des 150 tirés au sort en... 2019-2020 au moment du lancement de la convention citoyenne pour le climat et qui a voulu poursuivre son engagement au sein de la CCC dans le cadre de ce cabinet pour essayer d'avoir un impact autrement et en faisant du lobbying. Donc je travaille beaucoup avec lui sur un certain nombre de sujets. Je travaille avec quelqu'un qui s'appelle Benjamin qui m'aide à structurer la société puisque ça reste un vrai métier de pouvoir être entrepreneur. Et puis je travaille de temps en temps avec quelqu'un qui s'appelle Lucie qui vient de nous rejoindre. et qui est mobilisé sur un certain nombre de clients.

  • Speaker #1

    Du coup, tu dis, on fait du lobbying comme toutes les entreprises. Est-ce que, comme toutes les entreprises, vous avez une volonté de croissance exponentielle ? Est-ce que tu as envie de grossir pour peut-être essayer de faire tête à vos adversaires ?

  • Speaker #0

    Question extrêmement intéressante et importante. Je ne mesure pas la croissance au nombre de salariés ou au montant du chiffre d'affaires. Je mesure la croissance au nombre de dossiers et de victoires qu'on obtient. Et donc, moi, ma plus grande joie, c'est quand on arrive sur une année à obtenir plus de victoires politiques, d'amendements déposés et adoptés, de papiers éventuellement dans la presse, qu'on arrive à faire avancer un certain nombre de sujets, d'obtenir un certain nombre de victoires au nombre de clients. Pour moi, c'est ça le bon indicateur de croissance. Sur le reste, on n'a pas vocation, évidemment, à devenir avace ou bourri-talon. On est trop petit et on le restera. En revanche, on a vocation à être un cabinet installé, sérieux, crédible. dont on sait qu'il peut obtenir des victoires et dont on connaît évidemment l'intégrité puisque nous garantissons de pouvoir travailler qu'avec des acteurs engagés dans la transition écologique. Et ça, j'y tiens, j'y tiens absolument, j'y tiens à tout prix. Il y a une sorte de comité informel qui est composé de mes anciens clients, d'acteurs que je connais dans l'écosystème qui valident, qui vérifient si les acteurs pour lesquels on pourrait travailler ou pour lesquels on a été sollicité correspondent à nos engagements et à nos convictions. Mais c'est très important de pouvoir garantir cela à la fois à nos clients et puis à nous-mêmes.

  • Speaker #1

    Alors justement, tu parles de transition écologique. J'ai l'impression que ce n'est pas un sujet prioritaire en ce moment, qu'il y a peu de choses qui bougent sur le sujet. J'ai reçu dans ce podcast Arnaud Gilles, le porte-parole du WWF, et qui disait que ce n'est pas parce que les politiques ont déserté qu'on a le droit de rien faire. Comment tu le vis ? Est-ce que vous arrivez à faire passer des dossiers ?

  • Speaker #0

    On vit un moment de backlash écologique. ce qu'on appelle le backlash écologique, c'est-à-dire un moment de détricotage d'un certain nombre de choses qui d'ailleurs ont été votées il y a très peu de temps. Les ânes, les ADFE, la réintroduction d'un certain nombre de pesticides, et puis plus récemment, un moratoire sur les énergies renouvelables. Je crois que c'est dans ce temps qui semble être un temps de reculade qu'il faut absolument agir, tenir bon, maintenir la digue, parce que c'est comme ça qu'on installe un certain nombre de sujets. On vit dans une période politique qui est très difficile, qui est instable. qui est incertaine, mais qui devrait se terminer bientôt, compte tenu des élections à venir. Et je crois que c'est exactement et précisément à ce moment-là qu'il faut maintenir la pression. Parce qu'il est possible d'abord d'obtenir des victoires, mais surtout on a... l'impérieuse nécessité de pouvoir préserver l'existant. C'est une autre façon d'agir, c'est en défendant l'existant, mais si on ne le fait pas, alors tout s'écroulera et on sera très loin d'atteindre nos objectifs carbone et climatique.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as un dossier en cours, une victoire dont tu peux parler ?

  • Speaker #0

    Comme tout le monde dans les acteurs de la transition écologique, c'est un peu difficile en ce moment, mais je travaille sur au moins quatre sujets qui sont très importants. Le premier, je travaille avec les acteurs de la bio, de la filière bio, et un... On est bien sûr très concernés par l'examen de la proposition de loi Duplon qui arrive en commission mixte paritaire d'ici quelques jours, qui est une vraie reculade sur la question de l'agriculture française. Et on est en train de se battre et on espère y arriver pour faire en sorte qu'on évite la réintroduction d'un certain nombre de pesticides, notamment les néocotinoïdes. Et il y a une deuxième campagne sur laquelle je travaille, c'est sur la question de l'obsolescence logicielle. il va y avoir une mise à jour autour de mi-octobre qui va être imposée par Microsoft qui est payante, qui va être obligatoire et qui promet... l'obsolescence logicielle, c'est-à-dire l'arrêt d'un certain nombre de programmes et de fonctionnalités sur des appareils qui sont équipés de Windows 10. Tout ça est très technique, mais ce qu'il faut savoir, c'est qu'on va se lutter contre un autre géant qui est Microsoft et ça me plaît beaucoup et ça m'intéresse beaucoup. J'espère qu'on obtiendra des victoires là-dessus.

  • Speaker #1

    Comment on obtient des victoires ? Alors, est-ce que t'es reçu par des parlementaires ou c'est via la sensibilisation du public ?

  • Speaker #0

    On obtient des victoires en faisant de la stratégie d'abord. C'est très important de savoir Où est-ce qu'on met les pieds ? Qu'est-ce qu'il est possible d'obtenir comme victoire ? D'être réaliste, d'être organisé et d'anticiper un maximum les choses. Donc on obtient des victoires en mettant en place une veille sur un certain nombre de sujets, en essayant de savoir qui se positionne sur quel sujet, en essayant d'identifier le plus précisément quels sont les acteurs et les parties prenantes qui peuvent être impactants sur une décision. Et puis ensuite, en essayant de construire autour des opérations très concrètes. Ça peut aller du rapport à la note de synthèse à... et c'est l'avantage de travailler pour des acteurs associatifs ou des acteurs engagés dans la transition écologique à des actions qui renvoient au répertoire d'actions militants. Et là, pour le coup, on peut être créatif, inventif et c'est toujours intéressant d'imaginer un certain nombre de choses. Par exemple, sur la proposition de loi Duplon, très classique et en même temps très innovant par rapport à des enjeux de lobbying classiques, c'est qu'on est en train d'organiser des manifestations devant le Sénat, devant l'Assemblée. C'est en train de prendre, il devrait y avoir du monde. C'est assez relayé sur les réseaux sociaux. On a créé une campagne qui s'appelle Tous exposés pour montrer le niveau d'exposition des Françaises et des Français aux pesticides chimiques. Et ça, c'est quelque chose qui fonctionne plutôt bien. Ça fonctionne plutôt bien pour avoir un impact sur l'opinion publique. On verra si ça a un impact sur la décision politique dans le cadre de la CMP.

  • Speaker #1

    Jordan, quelle est ta stratégie pour faire connaître tes activités ou en tout cas pour essayer de susciter de l'enthousiasme et avoir le plus d'impact possible ?

  • Speaker #0

    D'abord, être bien installé dans l'écosystème des acteurs de la transition écologique. en obtenant des victoires, c'est quand même la première des crédibilités. Et puis ensuite, en tant que lobbyiste, j'essaye de valoriser mes activités, ce qui peut paraître contre-intuitif, puisque le lobbyiste est celui qui a un métier de l'ombre. Mais j'essaye au contraire de communiquer, d'informer sur un certain nombre de réseaux sociaux, Instagram et surtout LinkedIn, où j'essaye de publier quasiment tous les jours. C'est aussi une hygiène de vie de pouvoir écrire sur un certain nombre de sujets, et ça m'intéresse. Mais c'est aussi une façon d'informer celles et ceux qui me suivent modestement sur ces enjeux, sur ces... sur ces luttes à distance qui se jouent entre parfois plusieurs acteurs et plusieurs gros lobbies industriels, c'est important pour moi, compte tenu de l'information dont on est très peu à disposer, de pouvoir la partager tout simplement et de pouvoir faire un travail, j'espère réussi, de pédagogie, un travail de vulgarisation aussi, pour montrer ce qui se joue derrière ces grandes batailles de lobbying qui paraissent bien trop souvent obscures et inaccessibles. En réalité, c'est assez accessible à partir du moment où on fait ce travail de vulgarisation.

  • Speaker #1

    Est-ce que quand on porte des combats écologistes, est-ce qu'on ne s'adresse qu'à des députés qui ont la couleur écologiste ?

  • Speaker #0

    Il ne faut surtout pas s'adresser qu'aux députés écologistes. Vous imaginez bien que les écologistes sont sensibles aux arguments et aux intérêts que l'on porte et qu'on leur représente. C'est évident. Et ça reste des très bons alliés. Mais dans la configuration actuelle de l'Assemblée nationale, ça ne vous aura pas échappé que les écologistes sont loin d'être hégémoniques. Ça veut dire qu'il faut... construire des argumentaires, construire des coalitions, construire même des alliances parfois éphémères, le plus large possible. Quand je dis le plus large possible, j'exclus, et ça me permet de le dire là dans le cadre de cette intervention, j'exclus les députés du Rassemblement National. Je suis l'un des seuls lobbyistes en France à avoir pris l'engagement en 2022, renouvelé en 2024, de ne jamais... s'adresser aux députés issus de l'extrême droite. Pour quelles raisons ? Là encore pour des raisons de conviction personnelle. Je sais bien qu'il y a l'enjeu de l'intérêt supérieur du client, c'est l'argument qui revient le plus souvent, et j'y souscris volontiers. Néanmoins, en tant que lobbyiste, on appartient à ces champs de professions connexes à la politique, comme les journalistes, comme un certain nombre d'avocats, comme un certain nombre de présidents ou de représentants de fédérations professionnelles, qui participons de fait à la banalisation de l'extrême droite. Donc je ne veux absolument pas leur donner la parole ni leur offrir potentiellement des victoires, parce que donner des argumentaires ou donner des idées à des parlementaires, c'est aussi parfois leur donner des victoires et participer à leur banalisation ou à leur notoriabilisation. C'est hors de question pour moi et donc j'ai pris l'engagement de ne jamais discuter avec eux et mes clients le savent. Et quand on s'engage pour des clients, ils savent qu'il n'y aura pas de mobilisation faite auprès de l'extrême droite. Alors il se trouve que je porte un certain nombre de sujets qui sont issus plutôt de la transition écologique, en tout cas positionnés comme tel. Et ça m'arrange bien puisque l'extrême droite française ne s'y intéresse pas tellement. Donc finalement, ce n'est pas si compliqué que ça.

  • Speaker #1

    On va passer à une séquence qui est la séquence vrai-faux.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    Je vais te donner trois phrases. Tu réponds par vrai ou faux et tu peux évidemment développer si tu le souhaites.

  • Speaker #0

    Ok.

  • Speaker #1

    La première phrase, tu y as déjà répondu partiellement, mais tu peux développer. Le lobbying n'appartient pas qu'aux grandes entreprises.

  • Speaker #0

    Totalement vrai. Elle appartient à tous ceux qui veulent faire du lobbying. Et d'ailleurs, le lobbying, ce n'est pas simplement au niveau national, au niveau européen, au niveau international. Faire du lobbying, c'est avoir un impact sur la décision politique. Si vous êtes un citoyen, citoyenne, et que vous demandez à la mairie de changer l'emplacement des poubelles devant chez vous, vous faites du lobbying, puisque vous essayez d'avoir une action, un argumentaire, pour avoir un impact sur la décision publique et sur la décision politique. À toutes les échelles, il y a du lobbying, et en fait, on est tous et toutes des lobbyistes en puissance.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu t'es déjà retrouvé dans une situation qui pourrait être très cinématographique, dans une salle avec des lobbyistes de grandes entreprises, et toi... avec ton stylo à la main, essayant de contrer leur argumentaire, ou c'est complètement autrement, via des canaux où vous ne vous voyez jamais ?

  • Speaker #0

    Je vais même aller plus loin. Je suis un lobbyiste, donc je tiens à faire partie du réseau et de l'écosystème de la grande famille des lobbyistes. Donc ça m'arrive d'avoir des relations tout à fait informelles, amicales, avec un certain nombre de représentants de très grosses entreprises contre lesquelles j'essaye de lutter par ailleurs. Et il m'est arrivé assez récemment d'être invité à un pot de départ, et j'étais entouré de la plupart des lobbyistes du secteur de l'agroalimentaire, qui m'avait bien identifié Merci. à cause de mes publications, et ça a été assez pénible, je dois dire, pour moi.

  • Speaker #1

    La deuxième phrase, l'Europe est l'échelon le plus stratégique pour faire avancer les causes écologiques.

  • Speaker #0

    C'est un échelon essentiel, très important. 80% de notre droit est issu, en fait, du droit européen, mais ce n'est pas le seul, évidemment. Et la France, compte tenu de sa place dans l'architecture européenne, est un État membre non seulement important, mais est un levier très important dans le cadre de la transition écologique. Je vous donne un exemple. En 2020, la... La réglementation française était pionnière sur la question de la gestion des déchets avec la loi AGEC, Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire, qui a été votée et adoptée en 2020. Et c'est cette loi-là qui a inspiré la Commission européenne et a donc inspiré l'Europe pour mettre en place une directive, en tout cas un règlement, sur les emballages et les déchets d'emballage. Donc voilà un exemple sur la question de la transition écologique, sur la question de la gestion des déchets, où la France a inspiré l'Europe et on espère peut-être inspirer le monde. Donc on a vraiment des enjeux en France qui sont très importants et qui peuvent avoir des impacts considérables.

  • Speaker #1

    Toi, tu travailles plutôt à l'échelle nationale,

  • Speaker #0

    c'est ça ? Moi, je suis un lobbyiste national parce qu'il y a déjà beaucoup à faire, parce que je ne sais pas faire, et il faut être modeste, sur les affaires publiques européennes, ni sur les affaires publiques territoriales. Il ne faut pas les oublier, elles sont très importantes. Il y a de plus en plus d'acteurs qui se spécialisent sur ces affaires publiques. Et j'y suis très heureux parce qu'en plus, ça renvoie un peu à mon parcours, modestement. J'étais collaborateur parlementaire à l'Assemblée nationale. Il se trouve que j'aime beaucoup la politique et les enjeux de politique publique au niveau parlementaire, au niveau des ministères. Et donc, c'est là où je me sens le plus à l'aise.

  • Speaker #1

    Et la dernière phrase, les citoyens n'ont pas besoin de cabinet pour influencer la loi.

  • Speaker #0

    C'est vrai, mais c'est mieux. C'est mieux d'être accompagné par un expert parce qu'il y a un coût d'entrée immense dans les affaires publiques, dans le lobbying, qui est connaissance du système, connaissance... je parle même pas de connaissance des acteurs, mais connaissance même du langage, du fonctionnement, de la fabrique, de la loi, il y a un certain nombre d'expertises qui sont difficiles à avoir, mais c'est tout à fait possible pour un citoyen ordinaire de faire bouger les lignes, heureusement.

  • Speaker #1

    Jordan, on va passer à l'avant-dernière partie de ce podcast que j'ai nommé Engagement, Transmission, Vision. L'idée là, c'est vraiment de comprendre ce qui t'anime dans ton travail, pourquoi l'engagement écologique, comment t'en es arrivé là, voilà, comprendre le combat que tu portes.

  • Speaker #0

    Moi, j'ai eu mon déclic écolo en 2020. au moment même où j'étais chargé pour les grands industriels du secteur agroalimentaire de suivre les débats et les travaux de la Convention citoyenne pour le climat, parce que j'ai eu mon déclic en même temps que les citoyens. C'est parce que je suivais les travaux et que je suivais un certain nombre de choses, notamment des informations auxquelles ils avaient accès, que j'ai eu mon déclic environnemental. Donc c'est très important pour moi de pouvoir poursuivre cet engagement et de le faire en étant utile. Et je pense que là où j'étais utile, compte tenu de ce que je savais faire, compte tenu de mes activités, compte tenu de ma formation, compte tenu de mon petit parcours professionnel, notamment à l'Assemblée nationale, j'avais le sentiment en 2020 et confirmé depuis cinq ans maintenant que c'était dans le secteur des affaires publiques que je pouvais être le plus utile à la cause générale qui est la transition écologique. Donc il est très important de pouvoir entrer dans le sujet par le prisme, par le biais de petites portes d'entrée. La mienne c'était naturellement les affaires publiques mais si j'avais été menuisier ça aurait été la menuiserie et si j'avais été... pilote de course aurait été l'automobile.

  • Speaker #1

    Si tu pouvais te rencontrer justement Jordan plus jeune qui sort d'école et qui n'est pas encore dans les affaires publiques, qu'est-ce que tu lui dirais ? Est-ce que tu aurais des conseils à lui fournir, à lui proposer ?

  • Speaker #0

    Ouais, je lui dirais d'aller chez Arras. de prendre le client de McDo, de serrer les dents, et je lui fais assez confiance sans lui dire pour qu'il s'en aille. Et je pense qu'il l'aurait fait quand même.

  • Speaker #1

    Jordan, on va arriver à la fin de cet épisode. Est-ce que tu aurais une recommandation culturelle pour nos auditeurs ? Ça peut être un livre, un podcast, un film, quelque chose qui t'a guidé récemment.

  • Speaker #0

    Il y a le film Goliath, avec Pierre Nunez, qui est une référence dans notre secteur. Je vais vous en proposer un autre, peut-être une lecture, L'Heure des Prédateurs, de Daampoli. C'est l'auteur du match du Kremlin notamment, qui a fait tout un essai, quasi-essai politique, sur la période que l'on traverse et comment est-ce que les règles du jeu sont en train de changer pour le pire. Et il y a toute une partie, pour celles et ceux qui l'ont déjà lu ou pour celles et ceux qui vont le découvrir, une toute petite partie sur les affaires publiques, sur les communicants, que je trouve très intéressante. Et ça me permet peut-être de poser une question assez énigmatique, mais si tu lis le livre, tu verras de quoi je parle. Si tu étais vendeur de coca et que tu devais vendre des coca... dans un cinéma, quelle serait l'élection que tu conduirais ? Voilà, le chapitre commence comme ça.

  • Speaker #1

    Je pense que je réchaufferais la salle.

  • Speaker #0

    C'est ça. C'est ça ?

  • Speaker #1

    Ouais.

  • Speaker #0

    Bon bah y'a plus aucun effet d'avance.

  • Speaker #1

    Content d'avoir trouvé la réponse. Jordan, on arrive à la toute fin de cet épisode. Est-ce qu'il y a quelque chose que tu voulais développer ici, que t'as pas encore eu le temps d'exprimer ?

  • Speaker #0

    Pour celles et ceux qui nous écoutent, et notamment pour celles et ceux qui sont en études, il faut absolument qu'ils poursuivent dans la voie des affaires publiques. c'est un beau secteur qui est en train de se... structuré, se développer, qui est en train aussi de devenir visible. On est en train, notre génération, de mettre fin aux tabous autour du lobbying. Le lobbying est consubstantiel à la démocratie, il participe à une bonne prise de décision. Il y a tellement de choses à inventer pour améliorer ce secteur en termes de déontologie, en termes de transparence, en termes d'outils notamment qui utilisent l'IA, que je les encourage à faire deux choses. D'abord, s'investir à fond dans ce secteur d'activité, et puis aussi de le questionner à fond, et pourquoi pas de le réinventer comme j'ai tenté modestement de le faire sur la question de la transition écologique. à eux d'en faire autant sur tout un tas d'autres sujets.

  • Speaker #1

    Merci Jordan.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté Hémicycle, le podcast qui décrypte la fabrique de la loi. Je m'appelle Pierre, je suis le cofondateur de l'Egywatch, la plateforme qui vous aide dans votre veille institutionnelle. A bientôt.

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