undefined cover
undefined cover
#22 - Roxane Fournier (Mavence) : recruter les nouveaux visages de l’influence cover
#22 - Roxane Fournier (Mavence) : recruter les nouveaux visages de l’influence cover
Hemicycle

#22 - Roxane Fournier (Mavence) : recruter les nouveaux visages de l’influence

#22 - Roxane Fournier (Mavence) : recruter les nouveaux visages de l’influence

27min |12/09/2025
Play
undefined cover
undefined cover
#22 - Roxane Fournier (Mavence) : recruter les nouveaux visages de l’influence cover
#22 - Roxane Fournier (Mavence) : recruter les nouveaux visages de l’influence cover
Hemicycle

#22 - Roxane Fournier (Mavence) : recruter les nouveaux visages de l’influence

#22 - Roxane Fournier (Mavence) : recruter les nouveaux visages de l’influence

27min |12/09/2025
Play

Description

Le lobbying reste un mot tabou, parfois diabolisé, souvent mal compris. Et pourtant, il est aujourd’hui au cœur du dialogue démocratique et de la performance des organisations.


Dans cet épisode d’Hémicycle, nous recevons Roxane Perrault-Fournier, directrice générale associée chez Mavence, cabinet de recrutement spécialisé dans les affaires publiques.


Ancienne collaboratrice parlementaire au Sénat, passée par Bruxelles, puis par plusieurs grands groupes industriels, elle chasse aujourd’hui les meilleurs profils d’influenceurs publics – pour le compte de grandes entreprises, fédérations, ONG ou think tanks.


Avec elle, on explore :


✅ L’évolution du métier de lobbyiste et les nouveaux profils qui émergent (affaires territoriales, Chief Geopolitical Officers, responsables parties prenantes)
✅ Pourquoi toutes les organisations, petites ou grandes, ont intérêt à structurer leurs affaires publiques
✅ Le rôle clé du lobbying pour anticiper les impacts d’une norme ou corriger un angle mort politique
✅ Les limites du "carnet d’adresses" et l’importance des compétences techniques et de la capacité de conviction
✅ Les lignes rouges personnelles que Roxane refuse de franchir dans ses recrutements
✅ La transformation du secteur : plus féminisé, plus transparent, plus technique
✅ Le besoin de restaurer la confiance autour de l’influence par plus de pédagogie, de formation et de clarté


💡 Pour Roxane, "représenter un intérêt, ce n’est jamais mauvais – tant qu’on permet à chacun de décider en connaissance de cause."


Un épisode éclairant pour comprendre le vrai visage d’un métier mal connu mais essentiel à la fabrique de la loi.


Vous pouvez contacter Pierre sur Linkedin.

Vous souhaitez en savoir plus sur Legiwatch ou participer au podcast ? Prenez rendez-vous avec nous ici.

Vous souhaitez sponsoriser Hémicycle ou nous proposer un partenariat ? Contactez nous via ce formulaire.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Il y a un accroissement des postes en affaires publiques parce qu'on se rend enfin compte de l'importance d'avoir un représentant d'intérêt en interne. On est dans un climat très conflictuel, beaucoup de personnes ne prennent plus le temps justement du débat, de l'argumentation. Le sujet, c'est pas de dire, utilisez ça, c'est bien, ou ne faites pas ça, c'est mal. Le sujet, c'est de dire, comment est-ce qu'on entrevoit ensemble l'avenir sans ce produit, sans cette substance, ou par quelle alternative ?

  • Speaker #1

    Qui sont ceux qui font la loi ? Je m'appelle Pierre, fondateur de la plateforme de veille institutionnelle Légit Watch, et je rencontre celles et ceux qui font les coulisses de notre vie politique. Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir Roxane Perrault-Fournier, directrice générale associée de M'Avance France, cabinet spécialisé dans le recrutement en affaires publiques, Ancienne collaboratrice au Sénat, puis lobbyiste dans le sport, l'énergie, l'industrie, elle est aujourd'hui la chasseuse de tête des influenceurs publics. Salut Roxane.

  • Speaker #0

    Bonjour Pierre.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu veux ajouter quelque chose à cette description ?

  • Speaker #0

    Ah ben c'est très complet.

  • Speaker #1

    Parfait, alors t'es passée du droit politique du Sénat à Bruxelles, puis en affaires publiques, en entreprise et maintenant donc en recrutement. Qu'est-ce qui t'a guidée dans ce parcours ? Qu'est-ce que t'as retrouvé ? Qu'est-ce que tu retrouves maintenant dans cette fonction ?

  • Speaker #0

    Le début du parcours est, si je puis dire, assez classique. C'est-à-dire que les métiers du droit, de la politique, On parle toujours de plaidoyer, d'advocacy. Quand c'est pour les entreprises, c'est a priori plutôt économique. Quand c'est pour du politique, c'est plutôt généralement pour le grand public. Il faut savoir aussi que le parcours, encore une fois, il est assez classique. Quand on revient à l'époque où j'ai passé mon bac, on ne choisissait pas encore de devenir lobbyiste ou représentant d'intérêt pour utiliser le terme adéquat aujourd'hui. C'était un petit peu des opportunités de parcours en réalité. On faisait souvent droit, Sciences Po, éco. On était généralement intéressés par la vie politique. On s'encartait ou non, mais on suivait parfois un élu local, parfois un élu national, ce qui a été mon cas. On faisait des rencontres et comme ça, on devenait collaborateurs parlementaires, soit à l'Assemblée, soit au Sénat, ce qui était mon cas. Et quand on sortait du Parlement, généralement, on était assez rapidement chassés pour devenir ce qu'on découvrait être le métier de lobbyiste, donc de représentant d'intérêt. Donc c'est comme ça que je suis allée représenter les intérêts du sport français du comité olympique à Bruxelles. Et puis ensuite, revenu en France, pour les mêmes raisons, représenter les intérêts de certains secteurs, tu l'as dit, d'abord de l'énergie et ensuite de l'industrie. Donc finalement, tu vois, c'est un parcours assez classique sur son début en tout cas.

  • Speaker #1

    Donc tu as découvert lors des premiers entretiens que c'était le métier de lobbyiste auquel tu postulais ?

  • Speaker #0

    Non, en fait, tu le découvres, jamais on ne te dit que tu vas devenir lobbyiste. Mais tu comprends rapidement qu'effectivement, ton métier, c'est ça, c'est de la représentation d'intérêt. Et donc, tu deviens, je ne peux pas en dire malgré tout, parce que c'est un parcours choisi, mais en fait, c'est ça, lobbyiste. Voilà, on tombe un peu dedans par hasard au départ, là où aujourd'hui, c'est très différent, puisqu'il y a des formations pour devenir lobbyiste, avec tout un tas, notamment, d'écoles, d'affaires publiques, de master de affaires publiques, avec des jeunes générations qui, elles, décident de faire ce métier. Et c'est une bonne chose.

  • Speaker #1

    Et donc toi t'as décidé de recruter tous ces gens là Pour quelles raisons ?

  • Speaker #0

    Alors c'est un mélange à la fois de souhaits et d'opportunités. J'arrivais sans doute au bout d'un cycle avec mon dernier employeur. On avait vécu dix ans de développement à la fois au niveau des affaires publiques, mais également de développement commercial international absolument passionnant. Puis là, on tombait dans un moment où on était un petit peu plus calme. Il y avait des investissements, mais qui étaient plutôt immobiliers, enfin bref. Et par conséquent, il était temps pour moi de voir autre chose. Et puis Jason, le fondateur du groupe M'Avance, m'a contacté, m'a chassé, c'est le terme adéquat, combien même il est toujours très désagréable pour des êtres humains, pour prendre la tête du bureau à Paris et développer le bureau parisien. Et pour moi, ça a été une superbe opportunité, à la fois de moi-même, si je puis dire, et sans aucun présomptif, à la fois un peu la lobbyiste des lobbyistes, c'est-à-dire d'expliquer pourquoi ce métier est absolument nécessaire pour les organisations. Et puis comment aussi essayer de le démocratiser, de le professionnaliser en cherchant des personnes qui, comme moi à l'époque, ne pensaient pas forcément être lobbyistes un jour.

  • Speaker #1

    Alors pourquoi c'est absolument nécessaire ? Si on fait l'exercice que je suis un potentiel client, qu'est-ce que tu me dirais ?

  • Speaker #0

    En fait, si tu veux, les affaires publiques, ça va concourir à la performance globale d'une organisation. C'est le pont, si je puis dire, entre les pouvoirs publics... Aujourd'hui, on pourrait même dire entre les parties prenantes de manière plus large, on y reviendra peut-être, mais en tout cas, entre les pouvoirs publics et l'organisation. C'est la personne qui va à la fois faire en sorte d'anticiper l'intégralité des normes, règlements, qui potentiellement pourraient être impactés. son secteur d'activité, et donc alerter son entreprise, son organisation, sur les potentielles contraintes ou opportunités, c'est elle aussi, à l'inverse, qui va expliquer au pouvoir public les conséquences de la décision qu'ils sont en train de prendre. Et pour moi, ça c'est primordial, c'est que chacun puisse prendre ses décisions en connaissance de cause. Je dis le politique de manière très générale, mais ne peut pas connaître tous les sujets techniquement qu'il a à traiter. Il est donc important quand il prend une décision, quand bien même elle est bonne dans l'intérêt commun, de voir les conséquences de ses décisions immédiatement sur le terrain, pour essayer de temps en temps, soit de les amender, soit de les retarder dans le temps, soit au contraire de les accélérer. Donc c'est vraiment la personne qui va s'assurer du lien entre pouvoir public, encore une fois plus largement aujourd'hui partie prenante, et l'organisation qu'elle va représenter.

  • Speaker #1

    Alors je ne suis pas encore Élise Lucet, mais là tu parles d'un monde qui est parfait, où chaque entreprise a peut-être les mêmes moyens, chaque cause a les mêmes moyens pour être entendue. Est-ce que le lobbying justement ne récompense pas ceux qui ont le plus de puissance financière et finalement ne donne pas une voix qu'à ceux qui sont déjà le plus entendus ?

  • Speaker #0

    Alors ? Je ne nierai pas qu'un poste en affaires publiques, c'est un poste. Donc, par conséquent, il a un coût, tout simplement, parce que la personne est rémunérée. Maintenant, au regard notamment de ce qu'on va appeler la démocratisation des affaires publiques, c'est-à-dire qu'on le voit, et derrière la HATVP, dans son dernier rapport, le rapport, montre que de plus en plus d'organisations, de petites associations, d'ONG, vont aller solliciter les pouvoirs publics. Ces organisations-là, ce sont des organisations qui sont intrinsèquement, elles font du lobbying, elles sont nées pour ça. Une ONG, elle fait du lobbying. Une association, une organisation professionnelle, son cœur même, c'est de faire du lobbying. Donc oui, évidemment, plus l'entreprise a des moyens, plus elle pourra rémunérer un lobbyiste senior ou très technique, etc. Mais j'ai envie de dire, c'est comme absolument tous les secteurs, dans toutes les organisations et pour tous les métiers. Une entreprise qui a beaucoup d'argent va pouvoir payer un super commercial. Une entreprise qui a beaucoup d'argent va pouvoir payer un super lobbyiste. Pardon, c'est un peu trivial, mais c'est la réalité.

  • Speaker #1

    Alors justement, qu'est-ce que c'est un super lobbyiste ? Est-ce qu'il y a un profil rêvé pour toi ? Un parcours ou des compétences qui sont nécessaires, essentielles ? Alors,

  • Speaker #0

    surtout pas. Il n'y a pas un parcours ou une compétence. Et c'est exactement pour ça notamment que je fais ce métier aujourd'hui de recrutement, pour élargir le bassin. Il y a autant de bons lobbyistes qu'il y a d'objectifs. Il n'y a pas une manière de faire du lobbying, il y en a énormément, et d'ailleurs ces manières évoluent dans le temps. Le lobbying avant était vu comme quelque chose, un métier très légistique, très législatif. On parlait souvent des personnes qui grenouillent dans les couloirs du Parlement. Ça fait longtemps que ce n'est plus ça, le lobbying, et d'ailleurs je ne pense pas que ça a un jour été uniquement ça. Le lobbyiste, et le bon lobbyiste, tout dépend à la fois de son secteur d'activité, est-ce qu'il est très réglementé, est-ce qu'il est plutôt libéral, c'est-à-dire que les normes vont le contraindre énormément ou pas. Et la deuxième chose, c'est quelle est sa strate, si je puis dire, d'influence. Est-ce que c'est du lobbying territorial ? Est-ce que c'est du lobbying national, européen, international ? Tout ça n'enquiert pas du tout les mêmes compétences. Ce qui est en revanche certain, c'est qu'un bon lobbyiste se doit d'être à l'écoute, d'analyser et d'être en capacité de vulgariser certaines choses, à la fois très politiques pour le compte de leur organisation ou à la fois très techniques pour le compte des pouvoirs publics. Il doit adapter son discours en fonction de ses interlocuteurs cibles, de manière à ce que chacun comprenne bien ce qu'il a envie de lui porter.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'à l'inverse, quelqu'un qui serait moins compétent, mais qui a simplement un carnet d'adresses, peut faire l'affaire ? On voit beaucoup de politiques qui font l'aller-retour, probablement pour cette raison-là.

  • Speaker #0

    Alors j'ose espérer, Pierre, que les politiques n'ont pas de carnet d'adresses, et que derrière il y a un petit peu de technicité quand même. Parfois, je suis d'accord, on peut se poser la question. Non, blague mise à part. Si la question c'est est-ce que le réseau et le carnet d'adresses suffit, non. C'est comme tout, le réseau sert parfois à ouvrir une porte plus rapidement, il ne permet jamais de convaincre. Donc évidemment que le lobbying reste un métier de rencontre et de réseau. Il faut aller rencontrer des personnes pour leur exposer certaines données. Maintenant, avoir uniquement le 06 d'un collab parlementaire ou d'un ministre, heureusement, ce n'est pas suffisant. Ça va peut-être suffire pour ouvrir une porte, ça ne va pas suffire pour le convaincre. Par contre, ce qui va le convaincre, effectivement, c'est d'avoir les bons éléments de langage, des données stables sur lesquelles il peut se fier et sur lesquelles il peut travailler. Donc, ça reste un métier de réseau. Si on n'a pas envie de rencontrer des personnes, c'est compliqué de faire ce métier. Néanmoins, le carnet d'adresse, heureusement, ne suffit pas. Il y a des vrais hard skills à avoir derrière.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a un nouveau type de profil que tu vois émerger ? Est-ce que c'est mouvant ou est-ce que, par exemple moi je baigne dans l'entrepreneuriat et je remarque qu'il y a des comportements qui sont un peu des green flags pour l'entrepreneur où on voit qu'il tombe amoureux de son problème et il va tout faire pour baigner dans ce milieu et réussir à comprendre vraiment ce qu'il n'a pas compris. On pense souvent en tant qu'entrepreneur qu'on va avoir une idée géniale et que ça va révolutionner le monde alors que pas du tout, c'est juste qu'il faut qu'on comprenne un monde. qui n'est pas le nôtre, et essayer de voir juste où est-ce qu'on peut aider. Est-ce que, pour un jeune qui voudrait se lancer et qui cherche comment réussir dans ce milieu, est-ce que tu vois des choses qu'il faut faire,

  • Speaker #0

    justement ? Alors là, il y a plusieurs questions dans une. Pour répondre à la première, oui, c'est un métier, comme tous, qui est en perpétuelle évolution, tout simplement parce que notre modèle démocratique, notre modèle social est en perpétuelle évolution. Parce que la société évolue, tout simplement, et par conséquent, nos politiques publiques évoluent avec. Maintenant, il reste un... Moi, j'aime dire qu'il y a un grand carcan qui s'appelle les affaires publiques. qui est un secteur éminemment large. Ensuite, dedans, ce qu'on voit naître, effectivement, ce sont des nouvelles terminologies de métiers. Ce n'est pas qu'ils n'existaient pas avant, c'est qu'on en a peut-être davantage besoin aujourd'hui, ou du moins différemment. Je vais te prendre quelques exemples très concrets, mais encore une fois, pour ça, pour moi, c'est sous le carcan des affaires publiques, ou du moins de ce qu'on appelle aujourd'hui l'influence. On a toujours les classiques, responsables, directeurs, peu importe, des relations institutionnelles, des affaires publiques. Et on voit de plus en plus aujourd'hui arriver, ce qu'on évoquait avant, des responsables des relations avec les parties prenantes. Parce qu'aujourd'hui, on se rend bien compte, évidemment, que les pouvoirs publics ont toujours un impact considérable, bien entendu, mais que la société a un impact qui, parfois, peut aller tordre le bras du politique. Et donc, les parties prenantes, ce sont toutes les personnes qui, à un moment, vont peser sur la décision publique. Avant... Par raccourci, je vais dire, on allait directement chez le politique. Aujourd'hui, si on veut tordre le bras du politique, il n'y a rien de mieux que la société civile pour ça. Et donc, effectivement, la partie prenante, ce n'est plus uniquement le côté légistique, si je puis dire, gouvernemental, c'est aussi toute personne qui peut être influente à un moment sur une décision. Ça peut être des journalistes, ça peut être des associations de riverains, ça peut être un président d'organisation très influent. Donc voilà, il y a ça dans un premier temps, il y a tout ce qui va être partie prenante. Ensuite, il y a aussi sur les strates d'influence, ... on voit de plus en plus de responsables de ce qu'on va appeler les affaires territoriales. Les affaires territoriales, c'est du lobbying au niveau territorial. C'est très lié souvent, et d'ailleurs ça doit toujours être le cas, mais en relation avec du développement économique. Il y a un caractère très commercial derrière. C'est faire en sorte que sur un territoire, on puisse promouvoir soit de nouvelles infrastructures, soit un nouveau produit, soit des nouveaux services. Et donc effectivement, ça reste des relations institutionnelles avec des parties prenantes territoriales. Je vais prendre un dernier exemple qui est son opposé, si je puis dire, quand bien même évidemment je ne veux pas opposer les deux, mais d'un point de vue des compétences, c'est la nouvelle mode de ce qu'on va appeler les CGO. CGO, c'est Chief Geopolitical Officer. Ce n'est rien de moins qu'un directeur des affaires publiques internationales. C'est quelqu'un qui, lui, va travailler à l'échelle internationale dans le contexte géopolitique international qu'on connaît aujourd'hui. C'est très compliqué pour les entreprises d'assurer la pérennité, si je puis dire, de certains de leurs investissements. Et par conséquent, elles vont avoir... des directeurs des affaires publiques internationales ou des CGO, qui ont pour mission, justement, comme tout directeur affaires publiques ou comme tout responsable affaires publiques, d'aller analyser, anticiper les décisions, les événements qui pourraient arriver dans un pays et qui pourraient... porter atteinte ou créer de nouvelles opportunités à l'organisation. Voilà, c'est un petit peu pour te montrer le spectre de ces nouvelles terminologies qui existent. Et puis après, parce que lobbying, c'est toujours très négatif, on a inventé la représentation d'intérêt. Et puis maintenant, on a plaidoyer, advocacy. Ça fait moins péjoratif, mais ça reste le même métier.

  • Speaker #1

    Alors justement, je voulais passer à la section que j'ai nommée « Assumer le mot lobbying » . Qu'est-ce que tu revendiques ? Pourquoi est-ce que pour toi, il y a un besoin de clarté ? Qu'est-ce que tu réponds à ceux qui diabolisent le mot lobbying ?

  • Speaker #0

    Qui ne connaissent malheureusement pas bien le métier. C'est-à-dire que je comprends à un moment la volonté de passer outre le lobbying. C'est important d'être précis, notamment dans les termes utilisés. C'est important aussi d'être efficace. Et donc aujourd'hui, on a préféré le terme de représentant d'intérêt, qui me va très bien, et puis c'est un terme français, pour ceux qui... Partirait du principe qu'il y a une mauvaise représentation d'intérêt ou un mauvais lobbying et un bon lobbying. La représentation d'intérêt, elle est toujours bonne, dès lors qu'elle permet à tout un chacun de prendre une décision en connaissance de cause. Et pour moi, c'est ça le seul, enfin le seul, sans vouloir le restreindre à ça, mais c'est ça le métier principal et l'action principale, l'objectif du représentant d'intérêt ou du lobbyiste, c'est de faire en sorte que chacun puisse prendre ses décisions en connaissance de cause. Et représenter des intérêts, c'est jamais mauvais. À mon sens.

  • Speaker #1

    Est-ce que pour toi, il y a une ligne rouge, justement, le tabac, les pesticides ?

  • Speaker #0

    La fameuse question du tabac et des pesticides. Il y a évidemment des lignes rouges pour chacun, mais je crois qu'elles sont très personnelles. Moi, je n'en ai pas. Ou du moins, je n'en ai pas sur des secteurs, et je le revendique volontiers, en tout cas, je ne m'en cache pas. Je travaille pour le secteur du tabac, je travaille pour le secteur agro-ali, en matière de recrutement, j'entends. Encore une fois, il y a des mauvaises manières de faire du lobbying, mais il n'y a pas de mauvais lobbying de facto. Chaque entreprise, chaque organisation, chaque secteur mérite d'être défendu. Et il ne faut pas oublier encore une fois que le lobbyiste représentant de l'industrie du tabac, Il n'est pas là forcément pour dire « fumer, c'est bien » . Ce n'est même pas qu'il n'est pas là forcément pour ça, c'est qu'il n'est pas là du tout pour ça. Il est là pour faire en sorte d'anticiper des conséquences, de choses, de décisions qui pourraient être prises. Je vais prendre un exemple très concret. Évidemment que le tabac n'est pas bon pour la santé, on ne va pas s'en cacher. Néanmoins, derrière l'industrie du tabac, ce sont, un, des jobs, donc une économie qui tourne dans certains territoires. Ce sont, deux, si on les augmente trop, des ouvertures au marché noir et à la contrefaction qui sont immenses. Donc ce que je veux dire par là, c'est que, encore une fois, le rôle du lobbyiste, ce n'est pas de défendre le tabac en tant que tel, ce n'est pas de dire « allez fumer » , c'est de faire comprendre au pouvoir public quelles seraient les conséquences d'une hausse complémentaire de la taxe, notamment sur la contrefaçon, notamment sur le marché noir, et d'anticiper ensemble quelles seraient les solutions, les leviers d'action pour améliorer. l'ensemble, sans porter de facto préjudice à certains acteurs qui n'y sont pour rien. Parce que ce qui commence à être interdit ou mal vu aujourd'hui, il ne faut pas oublier que ce sont des choses qui ont été autorisées par le passé, où des investissements ont été faits, etc. Deuxième exemple que tu prends, qui est tout aussi clivant, les pesticides. Et d'ailleurs, la loi Duplon nous en donne un exemple actuel assez intéressant. Pour les pesticides, c'est pareil. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, évidemment qu'on veut tous aller vers une meilleure santé du grand public. Maintenant, arrêter certaines utilisations de pesticides aujourd'hui, c'est s'assurer qu'il y a un rendement similaire, si nécessaire, avec une alternative qui soit crédible et qui soit meilleure pour la santé, ce qui n'est pas toujours le cas, parce que supprimer c'est bien, mais on remplace par quoi ? Le sujet est toujours le même, si tu veux. Ce n'est pas de dire, utilisez ça, c'est bien, ou ne faites pas ça, c'est mal. Le sujet, c'est de dire, à tel jour c'est existant, il y a des consommateurs, comment est-ce qu'on entrevoit ensemble ? l'avenir sans ce produit, sans cette substance ou par quelle alternative. Et donc, pour moi, en ce sens, il n'y a pas du tout de mauvais lobbying. Par contre, encore une fois, il y a des mauvaises manières de faire du lobbying. Et pour répondre à ta deuxième question, je n'ai pas de ligne rouge sur le secteur parce que je pense vraiment que tout mérite un moment d'avoir ses intérêts représentés. Dès lors qu'encore une fois, chaque décision, chaque décision, quand bien même elle est bonne à long terme et elle est prise pour les bonnes raisons, elle entraîne de facto immédiatement des conséquences. économique, sociale, etc. Et donc, il faut juste les anticiper. Ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas interdire in fine, ça veut dire qu'il faut anticiper. Moi, mes lignes rouges, elles sont plutôt organisationnelles. C'est-à-dire qu'effectivement, je donne des exemples, un client qui me dirait... Encore une fois, on comprend beaucoup de choses. Qu'il y ait des sujets d'équité au sein des équipes, qu'il y ait des sujets en fonction, on l'évoquait précédemment, de dissolution, de tendance plutôt, en gros, pour faire très partie de droite ou de gauche, ça, je l'entends parfaitement. Maintenant, effectivement, une organisation Merci. qui, dans sa manière de fonctionner, dans sa manière de se présenter, dans sa manière de recruter ou de faire des choix de candidats en fonction uniquement de leur parcours, de choses qui aujourd'hui sont illégales à prendre en compte, ça, je m'y refuse. De la même manière, je ne serai pas à l'aise, et ce n'est pas que je ne serai pas à l'aise, c'est que je le refuserai, et tant pis si c'est une clientèle en moins, à titre personnel, encore une fois, ça ne veut pas dire que je n'ai pas certains collaborateurs qui le feraient, je ne travaillerai pas pour certaines entreprises qui font de l'ingérence dans notre propre pays. Encore une fois, c'est très personnel.

  • Speaker #1

    On vous l'a déjà proposé ? Oui. D'accord. Et justement, ces mauvaises façons de faire du lobbying, on vous les propose comme ça ? Alors,

  • Speaker #0

    on ne nous les propose pas parce que nous, on est là pour recruter les personnes. Mais effectivement, on voit vite dans le discours, nous, notre rôle en tant que recruteur aujourd'hui, c'est d'abord et avant tout de bien comprendre l'objectif de notre client. Pourquoi est-ce qu'il a besoin d'un représentant d'intérêt ? Quelle est la réalité du profil recherché ? Pourquoi est-ce qu'il en a besoin ? Parce que notre premier rôle, c'est un rôle de conseil en fait. On a des personnes qui viennent nous voir en disant « j'ai besoin d'un lobbyiste » , mais pour nous, ce qui est important, c'est de connaître l'objectif, pourquoi il en a besoin pour définir le bon profil. Parce qu'encore une fois, comme on l'a dit, il n'y a pas un seul bon lobbyiste, il y en a plein, tout dépend de l'objectif. Donc c'est de comprendre l'objectif pour ensuite définir la meilleure fiche de poste et lui chercher le meilleur talent, pour encore une fois utiliser les termes techniques du métier. Si dans cet échange, nous voyons effectivement que... Soit les profils sont trop restrictifs, c'est-à-dire qu'il nous dit « je veux qu'il sorte absolument de cette école parce que tout le reste c'est nul » ou « je veux que ce soit quelqu'un qui… » Encore une fois, des choses qui sont aujourd'hui illégales, qu'on n'a pas le droit de prendre en compte. Ça peut être l'orientation sexuelle, ça peut être l'orientation religieuse, ça peut être… Enfin voilà, tout ça, ça on s'y refuse bien entendu. Maintenant, ce n'est pas à nous de juger d'un lobbying qui doit être bon ou mauvais au sein d'une organisation. Et de ce point de vue-là, tu l'as compris, moi je suis plutôt libérale. Chaque organisation a le droit de voir ses intérêts représentés.

  • Speaker #1

    Alors... Est-ce que d'après toi, il y a plus d'organisations qui sont équipées maintenant, pas seulement dans les entreprises, mais aussi dans les associations, dans les petits mouvements ? Est-ce que tu as l'impression que le lobbying, c'est quelque chose dont tout le monde s'empare en ce moment ?

  • Speaker #0

    Dont les gens s'emparent de plus en plus, et c'est une bonne chose. Pas encore assez à mon sens, mais tant que tout le monde ne sera pas doté d'un représentant d'intérêt, je ne serai évidemment pas satisfaite et je continuerai à prendre mon bâton de pèlerin. Mais plus sérieusement, oui, aujourd'hui, beaucoup, je ne veux pas dire la plupart parce que je ne sais pas, et d'ailleurs je pense que non, mais beaucoup d'organisations sont dotées de représentants d'intérêt. Encore une fois, avec des terminologies qui parfois ne leur font même pas rendre compte qu'elles ont un lobbyiste en interne. C'est-à-dire que de temps en temps, on parle avec un patron qui nous dit « oui, mais moi j'ai quelqu'un, c'est plutôt pour le développement commercial dans le territoire » . Et en réalité, c'est un lobbyiste. En tout cas, ça fait partie du carcan des affaires publiques. Il y a de plus en plus d'organisations, oui, et pas que des entreprises, tu as raison de le préciser. Déjà, il faut savoir que, et j'étais surprise quand j'ai commencé ce métier de recruteur, que toutes les boîtes du CAC 40 ne sont pas dotées de représentants d'intérêt. Et, à contrario, beaucoup de nouvelles organisations sont dotées. Tu parlais des entreprises, tu parlais des organisations, des associations, c'est très vrai, mais aujourd'hui, il faut savoir que, alors, ça peut fluctuer d'une année à l'autre, mais dans notre clientèle, on va avoir, et cette année est particulièrement intéressante, allez, ce n'est pas une science exacte, mais ... 60% d'entreprises, 30% d'organisations professionnelles. Dedans, je mets aussi l'association Think Tank, je ne devrais pas m'échapper à un résumé. Et puis 10% de tout ce qu'on va appeler cabinet de conseil. spécialisés ou non en affaires publiques. Il y a, et notamment cette année, ça fait deux ans maintenant, un développement croissant de ces métiers-là au sein des organisations professionnelles, notamment à des postes de DG, donc délégués généraux, secrétariats généraux, où avant c'était plutôt des personnes identifiées, issues du secteur et où maintenant, on va chercher des personnes qui ont cette vraie capacité, si je puis dire, de représentation d'intérêt aussi. Parce que finalement, une organisation professionnelle, un syndicat, son essence même, sa raison d'être, c'est de faire de la représentation d'intérêt. C'est de défendre un secteur, c'est de défendre une typologie de structure. Et par conséquent, ils sont de facto lobbyistes. Donc oui, on voit de plus en plus de petites structures d'organisation, TPE plutôt PME. mais qui se dotent de représentants d'intérêt. Donc clairement, ce n'est pas un poste réservé à des entreprises cotées, bien au contraire.

  • Speaker #1

    Donc il y a plus d'ouverture. Tu le disais aussi tout à l'heure, il y a aussi beaucoup plus de formation maintenant. Ça se structure. Il y a des écoles même qui apparaissent autour des affaires publiques. Est-ce que toi, tu remarques qu'il y a beaucoup plus de demandes pour les postes de juniors ? Finalement, est-ce qu'il y a encore assez de travail pour tout le monde ?

  • Speaker #0

    Alors oui, il y a encore assez de travail pour tout le monde, fort heureusement. Parce qu'encore une fois, comme on le disait, il y a un accroissement. des postes en affaires publiques, parce qu'on se rend enfin compte de l'importance d'avoir un représentant d'intérêt en interne, et par conséquent, effectivement, plus il y a d'ouverture de postes, plus il y a de potentiels candidats. Tu le disais, et c'est vrai, il y a de plus en plus d'écoles ou de formations aux affaires publiques, soit post-bac, soit école de reconversion, ce qui, un, montre bien une chose, c'est qu'on doit apprendre une certaine technicité. et que le métier de lobbyiste nécessite, pardon, une certaine technicité, parce que ce n'est pas à l'école qu'on vous donne votre carnet d'adresse. Donc voilà, je me permets juste cette digression pour répondre en partie à ta toute première question. Mais oui, il y a beaucoup de formations, ce qui est une bonne chose, parce qu'on voit en plus des formations qui, avant, étaient très généralistes, affaires publiques, et qui commencent aujourd'hui aussi à se spécialiser dans certains secteurs, par exemple, affaires publiques, santé, affaires publiques, sécurité-défense. Donc c'est intéressant, on voit qu'effectivement, ... On nécessite une certaine technicité. Et puis surtout, ce qui est super, c'est que ça permet à des jeunes étudiants d'arriver sur le marché avec d'ores et déjà, entre guillemets, des clés de compréhension et une espèce de, excusez-moi le terme trivial, mais une boîte à outils immédiatement utilisable. Quand nous, à l'époque, on apprenait quand même sur le tas. Donc, il y a des choses qu'on mettait un petit peu de temps à apprendre.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu aurais aimé savoir quand tu as commencé ? Si tu pouvais te voir maintenant plus jeune, quels conseils tu te donnerais ?

  • Speaker #0

    Alors, dans du très détaillé, ça c'est idiot, mais je me souviens à toute ma vie, la première fois que ma sénatrice à l'époque me demande de déposer un amendement. Je ne savais pas du tout comment ça fonctionnait ce truc-là. Et pourtant, j'étais embauchée au Sénat, il fallait se connecter à une plateforme. Même le formalisme de la chose, je n'ai jamais vu ça. Après, on m'a dit qu'il fallait le motiver. Alors, motiver l'amendement, je ne savais pas ce que je devais écrire là-dedans. Bref, c'est du détail et c'est anecdotique, mais on était balancé entre guillemets dans un milieu où on n'y connaissait pas grand-chose et où finalement, on était aussi un petit peu naïf. aujourd'hui ce qu'ils apprennent à l'école c'est à la fois l'importance de l'information intégralité des interlocuteurs, l'importance de bien vérifier son actualité, c'est l'importance de savoir comment travaille une commission, quelle est son influence, est-ce que le gouvernement peut émettre des avis favorables, enfin voilà, tout un tas de choses qui sont des choses techniques, qui sont très utiles, et quand on le sait, on gagne beaucoup, beaucoup de temps les premières fois.

  • Speaker #1

    J'ai deux autres questions pour toi, Roxane. Qu'est-ce qu'il faudrait, d'après toi, pour restaurer la confiance autour du métier, en tout cas pour changer peut-être son image qui est parfois mal connotée ?

  • Speaker #0

    C'est une bonne question. Déjà, il faut des sujets de transparence qui, aujourd'hui, sont faits par la HATVP. Alors, de temps en temps, ça va un petit peu trop loin, mais bref, c'est un autre sujet. Donc déjà, tu as cette transparence sur le métier, ce qui se développe quand même bien ces dernières années. C'est également, comme on l'a vu, d'avoir des formations qui sont adaptées. Parce que quand on a une définition et qu'on sait ce qu'on apprend, on sait aussi quel est le métier qui est réalisé derrière. Donc tout ça est concours. Après, ta question, elle est évidemment vague et j'adorerais avoir la solution, mais j'ai envie de dire que c'est un petit peu comme aujourd'hui. Comment on redonne confiance dans nos politiques ? C'est un peu pareil. C'est-à-dire dans un climat où il y a autant de... On est dans un climat très conflictuel, où beaucoup de personnes ne prennent plus le temps, justement, du débat, de l'argumentation. On prend des éléments de langage trouvés sur les réseaux sociaux et chacun se façonne son idée, sans chercher, sans creuser bien loin. C'est très compliqué dans le climat de défiance actuel. Comment est-ce qu'on restaure la confiance entre ces métiers-là, entre les politiques, mais j'ai envie de dire aussi, parfois avec nos chefs d'entreprise ? C'est pas évident. En France, on a l'habitude de dire, les Français n'aiment pas les riches. Les Français n'aiment pas les politiques, les Français n'aiment pas les lobbyistes. J'ai pas la réponse, mais en tout cas, il y a tout un tas de petites choses qui y concourent. Et notamment, effectivement, d'avoir des formations qui sont claires, comme ça on sait ce qu'on y apprend, et puis avoir des obligations en termes de transparence.

  • Speaker #1

    Si toi, tu pouvais pousser une réforme, parce qu'il y a quelque chose... Ça fait des années que tu dis... Si je pouvais, si j'avais le pouvoir de mettre ce sujet sur la table, j'aimerais qu'il soit débattu.

  • Speaker #0

    Alors si j'avais l'idée, je me présenterais. Non, il n'y a sans doute pas une norme. En tout cas, et je paraphrase un peu le président du MEDEF à l'heure de la dernière RF, mais pour rétablir un dialogue sain, c'est même pas un dialogue, mais une confiance entre entreprise et pouvoir public, les entreprises, elles ne demandent pas grand-chose. Et ça, c'est aussi la chef d'entreprise qui parle, mais il faut de la pérennité, il faut avoir une certaine vision. Et aujourd'hui, ce qui est très compliqué, c'est, et puis on va le voir si on a à nouveau une dissolution, ce qui est très compliqué, c'est de naviguer un petit peu à vue de nos interlocuteurs au sein des pouvoirs publics. C'est vrai en France, mais c'est vrai aussi à échelle internationale. On ne reviendra pas effectivement sur l'accord qui a été trouvé entre l'Union européenne et les États-Unis et que le président Trump aujourd'hui nous semble balayer d'un coup de main. C'est très compliqué pour des entreprises, parce que les entreprises ont un temps court, mais elles ont aussi et surtout un temps long, si elles veulent perdurer, d'avancer, d'investir. de continuer à prendre des risques dans un environnement où on ne sait pas de quoi demain sera fait. Donc pour ça, je pense d'ailleurs que tout ce qui est sujet à simplification, c'est une bonne chose. Alors ça fait un petit moment que c'est sur la table. On verra si ça arrive à améliorer certaines choses, mais non, j'ai pas la recette magique. Mais si je l'ai, je reviens.

  • Speaker #1

    Roxane, on arrive bientôt à la fin de cet épisode. Est-ce qu'il y a un sujet que tu voulais développer et que t'as pas encore eu le temps de... d'exprimer ?

  • Speaker #0

    Je ne crois pas parce que tu m'as largement permis de défendre, je crois, le métier de représentant d'intérêt, de montrer sa diversité et puis son impact positif. Donc non, je ne crois pas.

  • Speaker #1

    Est-ce que, pour conclure, tu aurais une recommandation culturelle ?

  • Speaker #0

    Ah bah oui, les newsletters m'avancent. Non, alors sans blague, pour tous ceux qui s'intéressent un petit peu justement aux jeux d'influence... Je pense que dans le milieu, tout le monde le connaît déjà, mais tous les derniers bouquins de Daum Poly, je ne veux pas être trop pessimiste, ce n'est pas hyper réjouissant, mais en tout cas, pour ceux qui s'intéressent à ce secteur global de l'influence à la fois nationale, internationale, je pense que ça peut être très intéressant.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Roxane.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté Hémicycle, le podcast qui décrypte la fabrique de la loi. Je m'appelle Pierre, je suis le cofondateur de l'EG Watch, la plateforme qui vous aide dans votre veille institutionnelle. À bientôt.

Description

Le lobbying reste un mot tabou, parfois diabolisé, souvent mal compris. Et pourtant, il est aujourd’hui au cœur du dialogue démocratique et de la performance des organisations.


Dans cet épisode d’Hémicycle, nous recevons Roxane Perrault-Fournier, directrice générale associée chez Mavence, cabinet de recrutement spécialisé dans les affaires publiques.


Ancienne collaboratrice parlementaire au Sénat, passée par Bruxelles, puis par plusieurs grands groupes industriels, elle chasse aujourd’hui les meilleurs profils d’influenceurs publics – pour le compte de grandes entreprises, fédérations, ONG ou think tanks.


Avec elle, on explore :


✅ L’évolution du métier de lobbyiste et les nouveaux profils qui émergent (affaires territoriales, Chief Geopolitical Officers, responsables parties prenantes)
✅ Pourquoi toutes les organisations, petites ou grandes, ont intérêt à structurer leurs affaires publiques
✅ Le rôle clé du lobbying pour anticiper les impacts d’une norme ou corriger un angle mort politique
✅ Les limites du "carnet d’adresses" et l’importance des compétences techniques et de la capacité de conviction
✅ Les lignes rouges personnelles que Roxane refuse de franchir dans ses recrutements
✅ La transformation du secteur : plus féminisé, plus transparent, plus technique
✅ Le besoin de restaurer la confiance autour de l’influence par plus de pédagogie, de formation et de clarté


💡 Pour Roxane, "représenter un intérêt, ce n’est jamais mauvais – tant qu’on permet à chacun de décider en connaissance de cause."


Un épisode éclairant pour comprendre le vrai visage d’un métier mal connu mais essentiel à la fabrique de la loi.


Vous pouvez contacter Pierre sur Linkedin.

Vous souhaitez en savoir plus sur Legiwatch ou participer au podcast ? Prenez rendez-vous avec nous ici.

Vous souhaitez sponsoriser Hémicycle ou nous proposer un partenariat ? Contactez nous via ce formulaire.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Il y a un accroissement des postes en affaires publiques parce qu'on se rend enfin compte de l'importance d'avoir un représentant d'intérêt en interne. On est dans un climat très conflictuel, beaucoup de personnes ne prennent plus le temps justement du débat, de l'argumentation. Le sujet, c'est pas de dire, utilisez ça, c'est bien, ou ne faites pas ça, c'est mal. Le sujet, c'est de dire, comment est-ce qu'on entrevoit ensemble l'avenir sans ce produit, sans cette substance, ou par quelle alternative ?

  • Speaker #1

    Qui sont ceux qui font la loi ? Je m'appelle Pierre, fondateur de la plateforme de veille institutionnelle Légit Watch, et je rencontre celles et ceux qui font les coulisses de notre vie politique. Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir Roxane Perrault-Fournier, directrice générale associée de M'Avance France, cabinet spécialisé dans le recrutement en affaires publiques, Ancienne collaboratrice au Sénat, puis lobbyiste dans le sport, l'énergie, l'industrie, elle est aujourd'hui la chasseuse de tête des influenceurs publics. Salut Roxane.

  • Speaker #0

    Bonjour Pierre.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu veux ajouter quelque chose à cette description ?

  • Speaker #0

    Ah ben c'est très complet.

  • Speaker #1

    Parfait, alors t'es passée du droit politique du Sénat à Bruxelles, puis en affaires publiques, en entreprise et maintenant donc en recrutement. Qu'est-ce qui t'a guidée dans ce parcours ? Qu'est-ce que t'as retrouvé ? Qu'est-ce que tu retrouves maintenant dans cette fonction ?

  • Speaker #0

    Le début du parcours est, si je puis dire, assez classique. C'est-à-dire que les métiers du droit, de la politique, On parle toujours de plaidoyer, d'advocacy. Quand c'est pour les entreprises, c'est a priori plutôt économique. Quand c'est pour du politique, c'est plutôt généralement pour le grand public. Il faut savoir aussi que le parcours, encore une fois, il est assez classique. Quand on revient à l'époque où j'ai passé mon bac, on ne choisissait pas encore de devenir lobbyiste ou représentant d'intérêt pour utiliser le terme adéquat aujourd'hui. C'était un petit peu des opportunités de parcours en réalité. On faisait souvent droit, Sciences Po, éco. On était généralement intéressés par la vie politique. On s'encartait ou non, mais on suivait parfois un élu local, parfois un élu national, ce qui a été mon cas. On faisait des rencontres et comme ça, on devenait collaborateurs parlementaires, soit à l'Assemblée, soit au Sénat, ce qui était mon cas. Et quand on sortait du Parlement, généralement, on était assez rapidement chassés pour devenir ce qu'on découvrait être le métier de lobbyiste, donc de représentant d'intérêt. Donc c'est comme ça que je suis allée représenter les intérêts du sport français du comité olympique à Bruxelles. Et puis ensuite, revenu en France, pour les mêmes raisons, représenter les intérêts de certains secteurs, tu l'as dit, d'abord de l'énergie et ensuite de l'industrie. Donc finalement, tu vois, c'est un parcours assez classique sur son début en tout cas.

  • Speaker #1

    Donc tu as découvert lors des premiers entretiens que c'était le métier de lobbyiste auquel tu postulais ?

  • Speaker #0

    Non, en fait, tu le découvres, jamais on ne te dit que tu vas devenir lobbyiste. Mais tu comprends rapidement qu'effectivement, ton métier, c'est ça, c'est de la représentation d'intérêt. Et donc, tu deviens, je ne peux pas en dire malgré tout, parce que c'est un parcours choisi, mais en fait, c'est ça, lobbyiste. Voilà, on tombe un peu dedans par hasard au départ, là où aujourd'hui, c'est très différent, puisqu'il y a des formations pour devenir lobbyiste, avec tout un tas, notamment, d'écoles, d'affaires publiques, de master de affaires publiques, avec des jeunes générations qui, elles, décident de faire ce métier. Et c'est une bonne chose.

  • Speaker #1

    Et donc toi t'as décidé de recruter tous ces gens là Pour quelles raisons ?

  • Speaker #0

    Alors c'est un mélange à la fois de souhaits et d'opportunités. J'arrivais sans doute au bout d'un cycle avec mon dernier employeur. On avait vécu dix ans de développement à la fois au niveau des affaires publiques, mais également de développement commercial international absolument passionnant. Puis là, on tombait dans un moment où on était un petit peu plus calme. Il y avait des investissements, mais qui étaient plutôt immobiliers, enfin bref. Et par conséquent, il était temps pour moi de voir autre chose. Et puis Jason, le fondateur du groupe M'Avance, m'a contacté, m'a chassé, c'est le terme adéquat, combien même il est toujours très désagréable pour des êtres humains, pour prendre la tête du bureau à Paris et développer le bureau parisien. Et pour moi, ça a été une superbe opportunité, à la fois de moi-même, si je puis dire, et sans aucun présomptif, à la fois un peu la lobbyiste des lobbyistes, c'est-à-dire d'expliquer pourquoi ce métier est absolument nécessaire pour les organisations. Et puis comment aussi essayer de le démocratiser, de le professionnaliser en cherchant des personnes qui, comme moi à l'époque, ne pensaient pas forcément être lobbyistes un jour.

  • Speaker #1

    Alors pourquoi c'est absolument nécessaire ? Si on fait l'exercice que je suis un potentiel client, qu'est-ce que tu me dirais ?

  • Speaker #0

    En fait, si tu veux, les affaires publiques, ça va concourir à la performance globale d'une organisation. C'est le pont, si je puis dire, entre les pouvoirs publics... Aujourd'hui, on pourrait même dire entre les parties prenantes de manière plus large, on y reviendra peut-être, mais en tout cas, entre les pouvoirs publics et l'organisation. C'est la personne qui va à la fois faire en sorte d'anticiper l'intégralité des normes, règlements, qui potentiellement pourraient être impactés. son secteur d'activité, et donc alerter son entreprise, son organisation, sur les potentielles contraintes ou opportunités, c'est elle aussi, à l'inverse, qui va expliquer au pouvoir public les conséquences de la décision qu'ils sont en train de prendre. Et pour moi, ça c'est primordial, c'est que chacun puisse prendre ses décisions en connaissance de cause. Je dis le politique de manière très générale, mais ne peut pas connaître tous les sujets techniquement qu'il a à traiter. Il est donc important quand il prend une décision, quand bien même elle est bonne dans l'intérêt commun, de voir les conséquences de ses décisions immédiatement sur le terrain, pour essayer de temps en temps, soit de les amender, soit de les retarder dans le temps, soit au contraire de les accélérer. Donc c'est vraiment la personne qui va s'assurer du lien entre pouvoir public, encore une fois plus largement aujourd'hui partie prenante, et l'organisation qu'elle va représenter.

  • Speaker #1

    Alors je ne suis pas encore Élise Lucet, mais là tu parles d'un monde qui est parfait, où chaque entreprise a peut-être les mêmes moyens, chaque cause a les mêmes moyens pour être entendue. Est-ce que le lobbying justement ne récompense pas ceux qui ont le plus de puissance financière et finalement ne donne pas une voix qu'à ceux qui sont déjà le plus entendus ?

  • Speaker #0

    Alors ? Je ne nierai pas qu'un poste en affaires publiques, c'est un poste. Donc, par conséquent, il a un coût, tout simplement, parce que la personne est rémunérée. Maintenant, au regard notamment de ce qu'on va appeler la démocratisation des affaires publiques, c'est-à-dire qu'on le voit, et derrière la HATVP, dans son dernier rapport, le rapport, montre que de plus en plus d'organisations, de petites associations, d'ONG, vont aller solliciter les pouvoirs publics. Ces organisations-là, ce sont des organisations qui sont intrinsèquement, elles font du lobbying, elles sont nées pour ça. Une ONG, elle fait du lobbying. Une association, une organisation professionnelle, son cœur même, c'est de faire du lobbying. Donc oui, évidemment, plus l'entreprise a des moyens, plus elle pourra rémunérer un lobbyiste senior ou très technique, etc. Mais j'ai envie de dire, c'est comme absolument tous les secteurs, dans toutes les organisations et pour tous les métiers. Une entreprise qui a beaucoup d'argent va pouvoir payer un super commercial. Une entreprise qui a beaucoup d'argent va pouvoir payer un super lobbyiste. Pardon, c'est un peu trivial, mais c'est la réalité.

  • Speaker #1

    Alors justement, qu'est-ce que c'est un super lobbyiste ? Est-ce qu'il y a un profil rêvé pour toi ? Un parcours ou des compétences qui sont nécessaires, essentielles ? Alors,

  • Speaker #0

    surtout pas. Il n'y a pas un parcours ou une compétence. Et c'est exactement pour ça notamment que je fais ce métier aujourd'hui de recrutement, pour élargir le bassin. Il y a autant de bons lobbyistes qu'il y a d'objectifs. Il n'y a pas une manière de faire du lobbying, il y en a énormément, et d'ailleurs ces manières évoluent dans le temps. Le lobbying avant était vu comme quelque chose, un métier très légistique, très législatif. On parlait souvent des personnes qui grenouillent dans les couloirs du Parlement. Ça fait longtemps que ce n'est plus ça, le lobbying, et d'ailleurs je ne pense pas que ça a un jour été uniquement ça. Le lobbyiste, et le bon lobbyiste, tout dépend à la fois de son secteur d'activité, est-ce qu'il est très réglementé, est-ce qu'il est plutôt libéral, c'est-à-dire que les normes vont le contraindre énormément ou pas. Et la deuxième chose, c'est quelle est sa strate, si je puis dire, d'influence. Est-ce que c'est du lobbying territorial ? Est-ce que c'est du lobbying national, européen, international ? Tout ça n'enquiert pas du tout les mêmes compétences. Ce qui est en revanche certain, c'est qu'un bon lobbyiste se doit d'être à l'écoute, d'analyser et d'être en capacité de vulgariser certaines choses, à la fois très politiques pour le compte de leur organisation ou à la fois très techniques pour le compte des pouvoirs publics. Il doit adapter son discours en fonction de ses interlocuteurs cibles, de manière à ce que chacun comprenne bien ce qu'il a envie de lui porter.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'à l'inverse, quelqu'un qui serait moins compétent, mais qui a simplement un carnet d'adresses, peut faire l'affaire ? On voit beaucoup de politiques qui font l'aller-retour, probablement pour cette raison-là.

  • Speaker #0

    Alors j'ose espérer, Pierre, que les politiques n'ont pas de carnet d'adresses, et que derrière il y a un petit peu de technicité quand même. Parfois, je suis d'accord, on peut se poser la question. Non, blague mise à part. Si la question c'est est-ce que le réseau et le carnet d'adresses suffit, non. C'est comme tout, le réseau sert parfois à ouvrir une porte plus rapidement, il ne permet jamais de convaincre. Donc évidemment que le lobbying reste un métier de rencontre et de réseau. Il faut aller rencontrer des personnes pour leur exposer certaines données. Maintenant, avoir uniquement le 06 d'un collab parlementaire ou d'un ministre, heureusement, ce n'est pas suffisant. Ça va peut-être suffire pour ouvrir une porte, ça ne va pas suffire pour le convaincre. Par contre, ce qui va le convaincre, effectivement, c'est d'avoir les bons éléments de langage, des données stables sur lesquelles il peut se fier et sur lesquelles il peut travailler. Donc, ça reste un métier de réseau. Si on n'a pas envie de rencontrer des personnes, c'est compliqué de faire ce métier. Néanmoins, le carnet d'adresse, heureusement, ne suffit pas. Il y a des vrais hard skills à avoir derrière.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a un nouveau type de profil que tu vois émerger ? Est-ce que c'est mouvant ou est-ce que, par exemple moi je baigne dans l'entrepreneuriat et je remarque qu'il y a des comportements qui sont un peu des green flags pour l'entrepreneur où on voit qu'il tombe amoureux de son problème et il va tout faire pour baigner dans ce milieu et réussir à comprendre vraiment ce qu'il n'a pas compris. On pense souvent en tant qu'entrepreneur qu'on va avoir une idée géniale et que ça va révolutionner le monde alors que pas du tout, c'est juste qu'il faut qu'on comprenne un monde. qui n'est pas le nôtre, et essayer de voir juste où est-ce qu'on peut aider. Est-ce que, pour un jeune qui voudrait se lancer et qui cherche comment réussir dans ce milieu, est-ce que tu vois des choses qu'il faut faire,

  • Speaker #0

    justement ? Alors là, il y a plusieurs questions dans une. Pour répondre à la première, oui, c'est un métier, comme tous, qui est en perpétuelle évolution, tout simplement parce que notre modèle démocratique, notre modèle social est en perpétuelle évolution. Parce que la société évolue, tout simplement, et par conséquent, nos politiques publiques évoluent avec. Maintenant, il reste un... Moi, j'aime dire qu'il y a un grand carcan qui s'appelle les affaires publiques. qui est un secteur éminemment large. Ensuite, dedans, ce qu'on voit naître, effectivement, ce sont des nouvelles terminologies de métiers. Ce n'est pas qu'ils n'existaient pas avant, c'est qu'on en a peut-être davantage besoin aujourd'hui, ou du moins différemment. Je vais te prendre quelques exemples très concrets, mais encore une fois, pour ça, pour moi, c'est sous le carcan des affaires publiques, ou du moins de ce qu'on appelle aujourd'hui l'influence. On a toujours les classiques, responsables, directeurs, peu importe, des relations institutionnelles, des affaires publiques. Et on voit de plus en plus aujourd'hui arriver, ce qu'on évoquait avant, des responsables des relations avec les parties prenantes. Parce qu'aujourd'hui, on se rend bien compte, évidemment, que les pouvoirs publics ont toujours un impact considérable, bien entendu, mais que la société a un impact qui, parfois, peut aller tordre le bras du politique. Et donc, les parties prenantes, ce sont toutes les personnes qui, à un moment, vont peser sur la décision publique. Avant... Par raccourci, je vais dire, on allait directement chez le politique. Aujourd'hui, si on veut tordre le bras du politique, il n'y a rien de mieux que la société civile pour ça. Et donc, effectivement, la partie prenante, ce n'est plus uniquement le côté légistique, si je puis dire, gouvernemental, c'est aussi toute personne qui peut être influente à un moment sur une décision. Ça peut être des journalistes, ça peut être des associations de riverains, ça peut être un président d'organisation très influent. Donc voilà, il y a ça dans un premier temps, il y a tout ce qui va être partie prenante. Ensuite, il y a aussi sur les strates d'influence, ... on voit de plus en plus de responsables de ce qu'on va appeler les affaires territoriales. Les affaires territoriales, c'est du lobbying au niveau territorial. C'est très lié souvent, et d'ailleurs ça doit toujours être le cas, mais en relation avec du développement économique. Il y a un caractère très commercial derrière. C'est faire en sorte que sur un territoire, on puisse promouvoir soit de nouvelles infrastructures, soit un nouveau produit, soit des nouveaux services. Et donc effectivement, ça reste des relations institutionnelles avec des parties prenantes territoriales. Je vais prendre un dernier exemple qui est son opposé, si je puis dire, quand bien même évidemment je ne veux pas opposer les deux, mais d'un point de vue des compétences, c'est la nouvelle mode de ce qu'on va appeler les CGO. CGO, c'est Chief Geopolitical Officer. Ce n'est rien de moins qu'un directeur des affaires publiques internationales. C'est quelqu'un qui, lui, va travailler à l'échelle internationale dans le contexte géopolitique international qu'on connaît aujourd'hui. C'est très compliqué pour les entreprises d'assurer la pérennité, si je puis dire, de certains de leurs investissements. Et par conséquent, elles vont avoir... des directeurs des affaires publiques internationales ou des CGO, qui ont pour mission, justement, comme tout directeur affaires publiques ou comme tout responsable affaires publiques, d'aller analyser, anticiper les décisions, les événements qui pourraient arriver dans un pays et qui pourraient... porter atteinte ou créer de nouvelles opportunités à l'organisation. Voilà, c'est un petit peu pour te montrer le spectre de ces nouvelles terminologies qui existent. Et puis après, parce que lobbying, c'est toujours très négatif, on a inventé la représentation d'intérêt. Et puis maintenant, on a plaidoyer, advocacy. Ça fait moins péjoratif, mais ça reste le même métier.

  • Speaker #1

    Alors justement, je voulais passer à la section que j'ai nommée « Assumer le mot lobbying » . Qu'est-ce que tu revendiques ? Pourquoi est-ce que pour toi, il y a un besoin de clarté ? Qu'est-ce que tu réponds à ceux qui diabolisent le mot lobbying ?

  • Speaker #0

    Qui ne connaissent malheureusement pas bien le métier. C'est-à-dire que je comprends à un moment la volonté de passer outre le lobbying. C'est important d'être précis, notamment dans les termes utilisés. C'est important aussi d'être efficace. Et donc aujourd'hui, on a préféré le terme de représentant d'intérêt, qui me va très bien, et puis c'est un terme français, pour ceux qui... Partirait du principe qu'il y a une mauvaise représentation d'intérêt ou un mauvais lobbying et un bon lobbying. La représentation d'intérêt, elle est toujours bonne, dès lors qu'elle permet à tout un chacun de prendre une décision en connaissance de cause. Et pour moi, c'est ça le seul, enfin le seul, sans vouloir le restreindre à ça, mais c'est ça le métier principal et l'action principale, l'objectif du représentant d'intérêt ou du lobbyiste, c'est de faire en sorte que chacun puisse prendre ses décisions en connaissance de cause. Et représenter des intérêts, c'est jamais mauvais. À mon sens.

  • Speaker #1

    Est-ce que pour toi, il y a une ligne rouge, justement, le tabac, les pesticides ?

  • Speaker #0

    La fameuse question du tabac et des pesticides. Il y a évidemment des lignes rouges pour chacun, mais je crois qu'elles sont très personnelles. Moi, je n'en ai pas. Ou du moins, je n'en ai pas sur des secteurs, et je le revendique volontiers, en tout cas, je ne m'en cache pas. Je travaille pour le secteur du tabac, je travaille pour le secteur agro-ali, en matière de recrutement, j'entends. Encore une fois, il y a des mauvaises manières de faire du lobbying, mais il n'y a pas de mauvais lobbying de facto. Chaque entreprise, chaque organisation, chaque secteur mérite d'être défendu. Et il ne faut pas oublier encore une fois que le lobbyiste représentant de l'industrie du tabac, Il n'est pas là forcément pour dire « fumer, c'est bien » . Ce n'est même pas qu'il n'est pas là forcément pour ça, c'est qu'il n'est pas là du tout pour ça. Il est là pour faire en sorte d'anticiper des conséquences, de choses, de décisions qui pourraient être prises. Je vais prendre un exemple très concret. Évidemment que le tabac n'est pas bon pour la santé, on ne va pas s'en cacher. Néanmoins, derrière l'industrie du tabac, ce sont, un, des jobs, donc une économie qui tourne dans certains territoires. Ce sont, deux, si on les augmente trop, des ouvertures au marché noir et à la contrefaction qui sont immenses. Donc ce que je veux dire par là, c'est que, encore une fois, le rôle du lobbyiste, ce n'est pas de défendre le tabac en tant que tel, ce n'est pas de dire « allez fumer » , c'est de faire comprendre au pouvoir public quelles seraient les conséquences d'une hausse complémentaire de la taxe, notamment sur la contrefaçon, notamment sur le marché noir, et d'anticiper ensemble quelles seraient les solutions, les leviers d'action pour améliorer. l'ensemble, sans porter de facto préjudice à certains acteurs qui n'y sont pour rien. Parce que ce qui commence à être interdit ou mal vu aujourd'hui, il ne faut pas oublier que ce sont des choses qui ont été autorisées par le passé, où des investissements ont été faits, etc. Deuxième exemple que tu prends, qui est tout aussi clivant, les pesticides. Et d'ailleurs, la loi Duplon nous en donne un exemple actuel assez intéressant. Pour les pesticides, c'est pareil. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, évidemment qu'on veut tous aller vers une meilleure santé du grand public. Maintenant, arrêter certaines utilisations de pesticides aujourd'hui, c'est s'assurer qu'il y a un rendement similaire, si nécessaire, avec une alternative qui soit crédible et qui soit meilleure pour la santé, ce qui n'est pas toujours le cas, parce que supprimer c'est bien, mais on remplace par quoi ? Le sujet est toujours le même, si tu veux. Ce n'est pas de dire, utilisez ça, c'est bien, ou ne faites pas ça, c'est mal. Le sujet, c'est de dire, à tel jour c'est existant, il y a des consommateurs, comment est-ce qu'on entrevoit ensemble ? l'avenir sans ce produit, sans cette substance ou par quelle alternative. Et donc, pour moi, en ce sens, il n'y a pas du tout de mauvais lobbying. Par contre, encore une fois, il y a des mauvaises manières de faire du lobbying. Et pour répondre à ta deuxième question, je n'ai pas de ligne rouge sur le secteur parce que je pense vraiment que tout mérite un moment d'avoir ses intérêts représentés. Dès lors qu'encore une fois, chaque décision, chaque décision, quand bien même elle est bonne à long terme et elle est prise pour les bonnes raisons, elle entraîne de facto immédiatement des conséquences. économique, sociale, etc. Et donc, il faut juste les anticiper. Ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas interdire in fine, ça veut dire qu'il faut anticiper. Moi, mes lignes rouges, elles sont plutôt organisationnelles. C'est-à-dire qu'effectivement, je donne des exemples, un client qui me dirait... Encore une fois, on comprend beaucoup de choses. Qu'il y ait des sujets d'équité au sein des équipes, qu'il y ait des sujets en fonction, on l'évoquait précédemment, de dissolution, de tendance plutôt, en gros, pour faire très partie de droite ou de gauche, ça, je l'entends parfaitement. Maintenant, effectivement, une organisation Merci. qui, dans sa manière de fonctionner, dans sa manière de se présenter, dans sa manière de recruter ou de faire des choix de candidats en fonction uniquement de leur parcours, de choses qui aujourd'hui sont illégales à prendre en compte, ça, je m'y refuse. De la même manière, je ne serai pas à l'aise, et ce n'est pas que je ne serai pas à l'aise, c'est que je le refuserai, et tant pis si c'est une clientèle en moins, à titre personnel, encore une fois, ça ne veut pas dire que je n'ai pas certains collaborateurs qui le feraient, je ne travaillerai pas pour certaines entreprises qui font de l'ingérence dans notre propre pays. Encore une fois, c'est très personnel.

  • Speaker #1

    On vous l'a déjà proposé ? Oui. D'accord. Et justement, ces mauvaises façons de faire du lobbying, on vous les propose comme ça ? Alors,

  • Speaker #0

    on ne nous les propose pas parce que nous, on est là pour recruter les personnes. Mais effectivement, on voit vite dans le discours, nous, notre rôle en tant que recruteur aujourd'hui, c'est d'abord et avant tout de bien comprendre l'objectif de notre client. Pourquoi est-ce qu'il a besoin d'un représentant d'intérêt ? Quelle est la réalité du profil recherché ? Pourquoi est-ce qu'il en a besoin ? Parce que notre premier rôle, c'est un rôle de conseil en fait. On a des personnes qui viennent nous voir en disant « j'ai besoin d'un lobbyiste » , mais pour nous, ce qui est important, c'est de connaître l'objectif, pourquoi il en a besoin pour définir le bon profil. Parce qu'encore une fois, comme on l'a dit, il n'y a pas un seul bon lobbyiste, il y en a plein, tout dépend de l'objectif. Donc c'est de comprendre l'objectif pour ensuite définir la meilleure fiche de poste et lui chercher le meilleur talent, pour encore une fois utiliser les termes techniques du métier. Si dans cet échange, nous voyons effectivement que... Soit les profils sont trop restrictifs, c'est-à-dire qu'il nous dit « je veux qu'il sorte absolument de cette école parce que tout le reste c'est nul » ou « je veux que ce soit quelqu'un qui… » Encore une fois, des choses qui sont aujourd'hui illégales, qu'on n'a pas le droit de prendre en compte. Ça peut être l'orientation sexuelle, ça peut être l'orientation religieuse, ça peut être… Enfin voilà, tout ça, ça on s'y refuse bien entendu. Maintenant, ce n'est pas à nous de juger d'un lobbying qui doit être bon ou mauvais au sein d'une organisation. Et de ce point de vue-là, tu l'as compris, moi je suis plutôt libérale. Chaque organisation a le droit de voir ses intérêts représentés.

  • Speaker #1

    Alors... Est-ce que d'après toi, il y a plus d'organisations qui sont équipées maintenant, pas seulement dans les entreprises, mais aussi dans les associations, dans les petits mouvements ? Est-ce que tu as l'impression que le lobbying, c'est quelque chose dont tout le monde s'empare en ce moment ?

  • Speaker #0

    Dont les gens s'emparent de plus en plus, et c'est une bonne chose. Pas encore assez à mon sens, mais tant que tout le monde ne sera pas doté d'un représentant d'intérêt, je ne serai évidemment pas satisfaite et je continuerai à prendre mon bâton de pèlerin. Mais plus sérieusement, oui, aujourd'hui, beaucoup, je ne veux pas dire la plupart parce que je ne sais pas, et d'ailleurs je pense que non, mais beaucoup d'organisations sont dotées de représentants d'intérêt. Encore une fois, avec des terminologies qui parfois ne leur font même pas rendre compte qu'elles ont un lobbyiste en interne. C'est-à-dire que de temps en temps, on parle avec un patron qui nous dit « oui, mais moi j'ai quelqu'un, c'est plutôt pour le développement commercial dans le territoire » . Et en réalité, c'est un lobbyiste. En tout cas, ça fait partie du carcan des affaires publiques. Il y a de plus en plus d'organisations, oui, et pas que des entreprises, tu as raison de le préciser. Déjà, il faut savoir que, et j'étais surprise quand j'ai commencé ce métier de recruteur, que toutes les boîtes du CAC 40 ne sont pas dotées de représentants d'intérêt. Et, à contrario, beaucoup de nouvelles organisations sont dotées. Tu parlais des entreprises, tu parlais des organisations, des associations, c'est très vrai, mais aujourd'hui, il faut savoir que, alors, ça peut fluctuer d'une année à l'autre, mais dans notre clientèle, on va avoir, et cette année est particulièrement intéressante, allez, ce n'est pas une science exacte, mais ... 60% d'entreprises, 30% d'organisations professionnelles. Dedans, je mets aussi l'association Think Tank, je ne devrais pas m'échapper à un résumé. Et puis 10% de tout ce qu'on va appeler cabinet de conseil. spécialisés ou non en affaires publiques. Il y a, et notamment cette année, ça fait deux ans maintenant, un développement croissant de ces métiers-là au sein des organisations professionnelles, notamment à des postes de DG, donc délégués généraux, secrétariats généraux, où avant c'était plutôt des personnes identifiées, issues du secteur et où maintenant, on va chercher des personnes qui ont cette vraie capacité, si je puis dire, de représentation d'intérêt aussi. Parce que finalement, une organisation professionnelle, un syndicat, son essence même, sa raison d'être, c'est de faire de la représentation d'intérêt. C'est de défendre un secteur, c'est de défendre une typologie de structure. Et par conséquent, ils sont de facto lobbyistes. Donc oui, on voit de plus en plus de petites structures d'organisation, TPE plutôt PME. mais qui se dotent de représentants d'intérêt. Donc clairement, ce n'est pas un poste réservé à des entreprises cotées, bien au contraire.

  • Speaker #1

    Donc il y a plus d'ouverture. Tu le disais aussi tout à l'heure, il y a aussi beaucoup plus de formation maintenant. Ça se structure. Il y a des écoles même qui apparaissent autour des affaires publiques. Est-ce que toi, tu remarques qu'il y a beaucoup plus de demandes pour les postes de juniors ? Finalement, est-ce qu'il y a encore assez de travail pour tout le monde ?

  • Speaker #0

    Alors oui, il y a encore assez de travail pour tout le monde, fort heureusement. Parce qu'encore une fois, comme on le disait, il y a un accroissement. des postes en affaires publiques, parce qu'on se rend enfin compte de l'importance d'avoir un représentant d'intérêt en interne, et par conséquent, effectivement, plus il y a d'ouverture de postes, plus il y a de potentiels candidats. Tu le disais, et c'est vrai, il y a de plus en plus d'écoles ou de formations aux affaires publiques, soit post-bac, soit école de reconversion, ce qui, un, montre bien une chose, c'est qu'on doit apprendre une certaine technicité. et que le métier de lobbyiste nécessite, pardon, une certaine technicité, parce que ce n'est pas à l'école qu'on vous donne votre carnet d'adresse. Donc voilà, je me permets juste cette digression pour répondre en partie à ta toute première question. Mais oui, il y a beaucoup de formations, ce qui est une bonne chose, parce qu'on voit en plus des formations qui, avant, étaient très généralistes, affaires publiques, et qui commencent aujourd'hui aussi à se spécialiser dans certains secteurs, par exemple, affaires publiques, santé, affaires publiques, sécurité-défense. Donc c'est intéressant, on voit qu'effectivement, ... On nécessite une certaine technicité. Et puis surtout, ce qui est super, c'est que ça permet à des jeunes étudiants d'arriver sur le marché avec d'ores et déjà, entre guillemets, des clés de compréhension et une espèce de, excusez-moi le terme trivial, mais une boîte à outils immédiatement utilisable. Quand nous, à l'époque, on apprenait quand même sur le tas. Donc, il y a des choses qu'on mettait un petit peu de temps à apprendre.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu aurais aimé savoir quand tu as commencé ? Si tu pouvais te voir maintenant plus jeune, quels conseils tu te donnerais ?

  • Speaker #0

    Alors, dans du très détaillé, ça c'est idiot, mais je me souviens à toute ma vie, la première fois que ma sénatrice à l'époque me demande de déposer un amendement. Je ne savais pas du tout comment ça fonctionnait ce truc-là. Et pourtant, j'étais embauchée au Sénat, il fallait se connecter à une plateforme. Même le formalisme de la chose, je n'ai jamais vu ça. Après, on m'a dit qu'il fallait le motiver. Alors, motiver l'amendement, je ne savais pas ce que je devais écrire là-dedans. Bref, c'est du détail et c'est anecdotique, mais on était balancé entre guillemets dans un milieu où on n'y connaissait pas grand-chose et où finalement, on était aussi un petit peu naïf. aujourd'hui ce qu'ils apprennent à l'école c'est à la fois l'importance de l'information intégralité des interlocuteurs, l'importance de bien vérifier son actualité, c'est l'importance de savoir comment travaille une commission, quelle est son influence, est-ce que le gouvernement peut émettre des avis favorables, enfin voilà, tout un tas de choses qui sont des choses techniques, qui sont très utiles, et quand on le sait, on gagne beaucoup, beaucoup de temps les premières fois.

  • Speaker #1

    J'ai deux autres questions pour toi, Roxane. Qu'est-ce qu'il faudrait, d'après toi, pour restaurer la confiance autour du métier, en tout cas pour changer peut-être son image qui est parfois mal connotée ?

  • Speaker #0

    C'est une bonne question. Déjà, il faut des sujets de transparence qui, aujourd'hui, sont faits par la HATVP. Alors, de temps en temps, ça va un petit peu trop loin, mais bref, c'est un autre sujet. Donc déjà, tu as cette transparence sur le métier, ce qui se développe quand même bien ces dernières années. C'est également, comme on l'a vu, d'avoir des formations qui sont adaptées. Parce que quand on a une définition et qu'on sait ce qu'on apprend, on sait aussi quel est le métier qui est réalisé derrière. Donc tout ça est concours. Après, ta question, elle est évidemment vague et j'adorerais avoir la solution, mais j'ai envie de dire que c'est un petit peu comme aujourd'hui. Comment on redonne confiance dans nos politiques ? C'est un peu pareil. C'est-à-dire dans un climat où il y a autant de... On est dans un climat très conflictuel, où beaucoup de personnes ne prennent plus le temps, justement, du débat, de l'argumentation. On prend des éléments de langage trouvés sur les réseaux sociaux et chacun se façonne son idée, sans chercher, sans creuser bien loin. C'est très compliqué dans le climat de défiance actuel. Comment est-ce qu'on restaure la confiance entre ces métiers-là, entre les politiques, mais j'ai envie de dire aussi, parfois avec nos chefs d'entreprise ? C'est pas évident. En France, on a l'habitude de dire, les Français n'aiment pas les riches. Les Français n'aiment pas les politiques, les Français n'aiment pas les lobbyistes. J'ai pas la réponse, mais en tout cas, il y a tout un tas de petites choses qui y concourent. Et notamment, effectivement, d'avoir des formations qui sont claires, comme ça on sait ce qu'on y apprend, et puis avoir des obligations en termes de transparence.

  • Speaker #1

    Si toi, tu pouvais pousser une réforme, parce qu'il y a quelque chose... Ça fait des années que tu dis... Si je pouvais, si j'avais le pouvoir de mettre ce sujet sur la table, j'aimerais qu'il soit débattu.

  • Speaker #0

    Alors si j'avais l'idée, je me présenterais. Non, il n'y a sans doute pas une norme. En tout cas, et je paraphrase un peu le président du MEDEF à l'heure de la dernière RF, mais pour rétablir un dialogue sain, c'est même pas un dialogue, mais une confiance entre entreprise et pouvoir public, les entreprises, elles ne demandent pas grand-chose. Et ça, c'est aussi la chef d'entreprise qui parle, mais il faut de la pérennité, il faut avoir une certaine vision. Et aujourd'hui, ce qui est très compliqué, c'est, et puis on va le voir si on a à nouveau une dissolution, ce qui est très compliqué, c'est de naviguer un petit peu à vue de nos interlocuteurs au sein des pouvoirs publics. C'est vrai en France, mais c'est vrai aussi à échelle internationale. On ne reviendra pas effectivement sur l'accord qui a été trouvé entre l'Union européenne et les États-Unis et que le président Trump aujourd'hui nous semble balayer d'un coup de main. C'est très compliqué pour des entreprises, parce que les entreprises ont un temps court, mais elles ont aussi et surtout un temps long, si elles veulent perdurer, d'avancer, d'investir. de continuer à prendre des risques dans un environnement où on ne sait pas de quoi demain sera fait. Donc pour ça, je pense d'ailleurs que tout ce qui est sujet à simplification, c'est une bonne chose. Alors ça fait un petit moment que c'est sur la table. On verra si ça arrive à améliorer certaines choses, mais non, j'ai pas la recette magique. Mais si je l'ai, je reviens.

  • Speaker #1

    Roxane, on arrive bientôt à la fin de cet épisode. Est-ce qu'il y a un sujet que tu voulais développer et que t'as pas encore eu le temps de... d'exprimer ?

  • Speaker #0

    Je ne crois pas parce que tu m'as largement permis de défendre, je crois, le métier de représentant d'intérêt, de montrer sa diversité et puis son impact positif. Donc non, je ne crois pas.

  • Speaker #1

    Est-ce que, pour conclure, tu aurais une recommandation culturelle ?

  • Speaker #0

    Ah bah oui, les newsletters m'avancent. Non, alors sans blague, pour tous ceux qui s'intéressent un petit peu justement aux jeux d'influence... Je pense que dans le milieu, tout le monde le connaît déjà, mais tous les derniers bouquins de Daum Poly, je ne veux pas être trop pessimiste, ce n'est pas hyper réjouissant, mais en tout cas, pour ceux qui s'intéressent à ce secteur global de l'influence à la fois nationale, internationale, je pense que ça peut être très intéressant.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Roxane.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté Hémicycle, le podcast qui décrypte la fabrique de la loi. Je m'appelle Pierre, je suis le cofondateur de l'EG Watch, la plateforme qui vous aide dans votre veille institutionnelle. À bientôt.

Share

Embed

You may also like

Description

Le lobbying reste un mot tabou, parfois diabolisé, souvent mal compris. Et pourtant, il est aujourd’hui au cœur du dialogue démocratique et de la performance des organisations.


Dans cet épisode d’Hémicycle, nous recevons Roxane Perrault-Fournier, directrice générale associée chez Mavence, cabinet de recrutement spécialisé dans les affaires publiques.


Ancienne collaboratrice parlementaire au Sénat, passée par Bruxelles, puis par plusieurs grands groupes industriels, elle chasse aujourd’hui les meilleurs profils d’influenceurs publics – pour le compte de grandes entreprises, fédérations, ONG ou think tanks.


Avec elle, on explore :


✅ L’évolution du métier de lobbyiste et les nouveaux profils qui émergent (affaires territoriales, Chief Geopolitical Officers, responsables parties prenantes)
✅ Pourquoi toutes les organisations, petites ou grandes, ont intérêt à structurer leurs affaires publiques
✅ Le rôle clé du lobbying pour anticiper les impacts d’une norme ou corriger un angle mort politique
✅ Les limites du "carnet d’adresses" et l’importance des compétences techniques et de la capacité de conviction
✅ Les lignes rouges personnelles que Roxane refuse de franchir dans ses recrutements
✅ La transformation du secteur : plus féminisé, plus transparent, plus technique
✅ Le besoin de restaurer la confiance autour de l’influence par plus de pédagogie, de formation et de clarté


💡 Pour Roxane, "représenter un intérêt, ce n’est jamais mauvais – tant qu’on permet à chacun de décider en connaissance de cause."


Un épisode éclairant pour comprendre le vrai visage d’un métier mal connu mais essentiel à la fabrique de la loi.


Vous pouvez contacter Pierre sur Linkedin.

Vous souhaitez en savoir plus sur Legiwatch ou participer au podcast ? Prenez rendez-vous avec nous ici.

Vous souhaitez sponsoriser Hémicycle ou nous proposer un partenariat ? Contactez nous via ce formulaire.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Il y a un accroissement des postes en affaires publiques parce qu'on se rend enfin compte de l'importance d'avoir un représentant d'intérêt en interne. On est dans un climat très conflictuel, beaucoup de personnes ne prennent plus le temps justement du débat, de l'argumentation. Le sujet, c'est pas de dire, utilisez ça, c'est bien, ou ne faites pas ça, c'est mal. Le sujet, c'est de dire, comment est-ce qu'on entrevoit ensemble l'avenir sans ce produit, sans cette substance, ou par quelle alternative ?

  • Speaker #1

    Qui sont ceux qui font la loi ? Je m'appelle Pierre, fondateur de la plateforme de veille institutionnelle Légit Watch, et je rencontre celles et ceux qui font les coulisses de notre vie politique. Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir Roxane Perrault-Fournier, directrice générale associée de M'Avance France, cabinet spécialisé dans le recrutement en affaires publiques, Ancienne collaboratrice au Sénat, puis lobbyiste dans le sport, l'énergie, l'industrie, elle est aujourd'hui la chasseuse de tête des influenceurs publics. Salut Roxane.

  • Speaker #0

    Bonjour Pierre.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu veux ajouter quelque chose à cette description ?

  • Speaker #0

    Ah ben c'est très complet.

  • Speaker #1

    Parfait, alors t'es passée du droit politique du Sénat à Bruxelles, puis en affaires publiques, en entreprise et maintenant donc en recrutement. Qu'est-ce qui t'a guidée dans ce parcours ? Qu'est-ce que t'as retrouvé ? Qu'est-ce que tu retrouves maintenant dans cette fonction ?

  • Speaker #0

    Le début du parcours est, si je puis dire, assez classique. C'est-à-dire que les métiers du droit, de la politique, On parle toujours de plaidoyer, d'advocacy. Quand c'est pour les entreprises, c'est a priori plutôt économique. Quand c'est pour du politique, c'est plutôt généralement pour le grand public. Il faut savoir aussi que le parcours, encore une fois, il est assez classique. Quand on revient à l'époque où j'ai passé mon bac, on ne choisissait pas encore de devenir lobbyiste ou représentant d'intérêt pour utiliser le terme adéquat aujourd'hui. C'était un petit peu des opportunités de parcours en réalité. On faisait souvent droit, Sciences Po, éco. On était généralement intéressés par la vie politique. On s'encartait ou non, mais on suivait parfois un élu local, parfois un élu national, ce qui a été mon cas. On faisait des rencontres et comme ça, on devenait collaborateurs parlementaires, soit à l'Assemblée, soit au Sénat, ce qui était mon cas. Et quand on sortait du Parlement, généralement, on était assez rapidement chassés pour devenir ce qu'on découvrait être le métier de lobbyiste, donc de représentant d'intérêt. Donc c'est comme ça que je suis allée représenter les intérêts du sport français du comité olympique à Bruxelles. Et puis ensuite, revenu en France, pour les mêmes raisons, représenter les intérêts de certains secteurs, tu l'as dit, d'abord de l'énergie et ensuite de l'industrie. Donc finalement, tu vois, c'est un parcours assez classique sur son début en tout cas.

  • Speaker #1

    Donc tu as découvert lors des premiers entretiens que c'était le métier de lobbyiste auquel tu postulais ?

  • Speaker #0

    Non, en fait, tu le découvres, jamais on ne te dit que tu vas devenir lobbyiste. Mais tu comprends rapidement qu'effectivement, ton métier, c'est ça, c'est de la représentation d'intérêt. Et donc, tu deviens, je ne peux pas en dire malgré tout, parce que c'est un parcours choisi, mais en fait, c'est ça, lobbyiste. Voilà, on tombe un peu dedans par hasard au départ, là où aujourd'hui, c'est très différent, puisqu'il y a des formations pour devenir lobbyiste, avec tout un tas, notamment, d'écoles, d'affaires publiques, de master de affaires publiques, avec des jeunes générations qui, elles, décident de faire ce métier. Et c'est une bonne chose.

  • Speaker #1

    Et donc toi t'as décidé de recruter tous ces gens là Pour quelles raisons ?

  • Speaker #0

    Alors c'est un mélange à la fois de souhaits et d'opportunités. J'arrivais sans doute au bout d'un cycle avec mon dernier employeur. On avait vécu dix ans de développement à la fois au niveau des affaires publiques, mais également de développement commercial international absolument passionnant. Puis là, on tombait dans un moment où on était un petit peu plus calme. Il y avait des investissements, mais qui étaient plutôt immobiliers, enfin bref. Et par conséquent, il était temps pour moi de voir autre chose. Et puis Jason, le fondateur du groupe M'Avance, m'a contacté, m'a chassé, c'est le terme adéquat, combien même il est toujours très désagréable pour des êtres humains, pour prendre la tête du bureau à Paris et développer le bureau parisien. Et pour moi, ça a été une superbe opportunité, à la fois de moi-même, si je puis dire, et sans aucun présomptif, à la fois un peu la lobbyiste des lobbyistes, c'est-à-dire d'expliquer pourquoi ce métier est absolument nécessaire pour les organisations. Et puis comment aussi essayer de le démocratiser, de le professionnaliser en cherchant des personnes qui, comme moi à l'époque, ne pensaient pas forcément être lobbyistes un jour.

  • Speaker #1

    Alors pourquoi c'est absolument nécessaire ? Si on fait l'exercice que je suis un potentiel client, qu'est-ce que tu me dirais ?

  • Speaker #0

    En fait, si tu veux, les affaires publiques, ça va concourir à la performance globale d'une organisation. C'est le pont, si je puis dire, entre les pouvoirs publics... Aujourd'hui, on pourrait même dire entre les parties prenantes de manière plus large, on y reviendra peut-être, mais en tout cas, entre les pouvoirs publics et l'organisation. C'est la personne qui va à la fois faire en sorte d'anticiper l'intégralité des normes, règlements, qui potentiellement pourraient être impactés. son secteur d'activité, et donc alerter son entreprise, son organisation, sur les potentielles contraintes ou opportunités, c'est elle aussi, à l'inverse, qui va expliquer au pouvoir public les conséquences de la décision qu'ils sont en train de prendre. Et pour moi, ça c'est primordial, c'est que chacun puisse prendre ses décisions en connaissance de cause. Je dis le politique de manière très générale, mais ne peut pas connaître tous les sujets techniquement qu'il a à traiter. Il est donc important quand il prend une décision, quand bien même elle est bonne dans l'intérêt commun, de voir les conséquences de ses décisions immédiatement sur le terrain, pour essayer de temps en temps, soit de les amender, soit de les retarder dans le temps, soit au contraire de les accélérer. Donc c'est vraiment la personne qui va s'assurer du lien entre pouvoir public, encore une fois plus largement aujourd'hui partie prenante, et l'organisation qu'elle va représenter.

  • Speaker #1

    Alors je ne suis pas encore Élise Lucet, mais là tu parles d'un monde qui est parfait, où chaque entreprise a peut-être les mêmes moyens, chaque cause a les mêmes moyens pour être entendue. Est-ce que le lobbying justement ne récompense pas ceux qui ont le plus de puissance financière et finalement ne donne pas une voix qu'à ceux qui sont déjà le plus entendus ?

  • Speaker #0

    Alors ? Je ne nierai pas qu'un poste en affaires publiques, c'est un poste. Donc, par conséquent, il a un coût, tout simplement, parce que la personne est rémunérée. Maintenant, au regard notamment de ce qu'on va appeler la démocratisation des affaires publiques, c'est-à-dire qu'on le voit, et derrière la HATVP, dans son dernier rapport, le rapport, montre que de plus en plus d'organisations, de petites associations, d'ONG, vont aller solliciter les pouvoirs publics. Ces organisations-là, ce sont des organisations qui sont intrinsèquement, elles font du lobbying, elles sont nées pour ça. Une ONG, elle fait du lobbying. Une association, une organisation professionnelle, son cœur même, c'est de faire du lobbying. Donc oui, évidemment, plus l'entreprise a des moyens, plus elle pourra rémunérer un lobbyiste senior ou très technique, etc. Mais j'ai envie de dire, c'est comme absolument tous les secteurs, dans toutes les organisations et pour tous les métiers. Une entreprise qui a beaucoup d'argent va pouvoir payer un super commercial. Une entreprise qui a beaucoup d'argent va pouvoir payer un super lobbyiste. Pardon, c'est un peu trivial, mais c'est la réalité.

  • Speaker #1

    Alors justement, qu'est-ce que c'est un super lobbyiste ? Est-ce qu'il y a un profil rêvé pour toi ? Un parcours ou des compétences qui sont nécessaires, essentielles ? Alors,

  • Speaker #0

    surtout pas. Il n'y a pas un parcours ou une compétence. Et c'est exactement pour ça notamment que je fais ce métier aujourd'hui de recrutement, pour élargir le bassin. Il y a autant de bons lobbyistes qu'il y a d'objectifs. Il n'y a pas une manière de faire du lobbying, il y en a énormément, et d'ailleurs ces manières évoluent dans le temps. Le lobbying avant était vu comme quelque chose, un métier très légistique, très législatif. On parlait souvent des personnes qui grenouillent dans les couloirs du Parlement. Ça fait longtemps que ce n'est plus ça, le lobbying, et d'ailleurs je ne pense pas que ça a un jour été uniquement ça. Le lobbyiste, et le bon lobbyiste, tout dépend à la fois de son secteur d'activité, est-ce qu'il est très réglementé, est-ce qu'il est plutôt libéral, c'est-à-dire que les normes vont le contraindre énormément ou pas. Et la deuxième chose, c'est quelle est sa strate, si je puis dire, d'influence. Est-ce que c'est du lobbying territorial ? Est-ce que c'est du lobbying national, européen, international ? Tout ça n'enquiert pas du tout les mêmes compétences. Ce qui est en revanche certain, c'est qu'un bon lobbyiste se doit d'être à l'écoute, d'analyser et d'être en capacité de vulgariser certaines choses, à la fois très politiques pour le compte de leur organisation ou à la fois très techniques pour le compte des pouvoirs publics. Il doit adapter son discours en fonction de ses interlocuteurs cibles, de manière à ce que chacun comprenne bien ce qu'il a envie de lui porter.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'à l'inverse, quelqu'un qui serait moins compétent, mais qui a simplement un carnet d'adresses, peut faire l'affaire ? On voit beaucoup de politiques qui font l'aller-retour, probablement pour cette raison-là.

  • Speaker #0

    Alors j'ose espérer, Pierre, que les politiques n'ont pas de carnet d'adresses, et que derrière il y a un petit peu de technicité quand même. Parfois, je suis d'accord, on peut se poser la question. Non, blague mise à part. Si la question c'est est-ce que le réseau et le carnet d'adresses suffit, non. C'est comme tout, le réseau sert parfois à ouvrir une porte plus rapidement, il ne permet jamais de convaincre. Donc évidemment que le lobbying reste un métier de rencontre et de réseau. Il faut aller rencontrer des personnes pour leur exposer certaines données. Maintenant, avoir uniquement le 06 d'un collab parlementaire ou d'un ministre, heureusement, ce n'est pas suffisant. Ça va peut-être suffire pour ouvrir une porte, ça ne va pas suffire pour le convaincre. Par contre, ce qui va le convaincre, effectivement, c'est d'avoir les bons éléments de langage, des données stables sur lesquelles il peut se fier et sur lesquelles il peut travailler. Donc, ça reste un métier de réseau. Si on n'a pas envie de rencontrer des personnes, c'est compliqué de faire ce métier. Néanmoins, le carnet d'adresse, heureusement, ne suffit pas. Il y a des vrais hard skills à avoir derrière.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a un nouveau type de profil que tu vois émerger ? Est-ce que c'est mouvant ou est-ce que, par exemple moi je baigne dans l'entrepreneuriat et je remarque qu'il y a des comportements qui sont un peu des green flags pour l'entrepreneur où on voit qu'il tombe amoureux de son problème et il va tout faire pour baigner dans ce milieu et réussir à comprendre vraiment ce qu'il n'a pas compris. On pense souvent en tant qu'entrepreneur qu'on va avoir une idée géniale et que ça va révolutionner le monde alors que pas du tout, c'est juste qu'il faut qu'on comprenne un monde. qui n'est pas le nôtre, et essayer de voir juste où est-ce qu'on peut aider. Est-ce que, pour un jeune qui voudrait se lancer et qui cherche comment réussir dans ce milieu, est-ce que tu vois des choses qu'il faut faire,

  • Speaker #0

    justement ? Alors là, il y a plusieurs questions dans une. Pour répondre à la première, oui, c'est un métier, comme tous, qui est en perpétuelle évolution, tout simplement parce que notre modèle démocratique, notre modèle social est en perpétuelle évolution. Parce que la société évolue, tout simplement, et par conséquent, nos politiques publiques évoluent avec. Maintenant, il reste un... Moi, j'aime dire qu'il y a un grand carcan qui s'appelle les affaires publiques. qui est un secteur éminemment large. Ensuite, dedans, ce qu'on voit naître, effectivement, ce sont des nouvelles terminologies de métiers. Ce n'est pas qu'ils n'existaient pas avant, c'est qu'on en a peut-être davantage besoin aujourd'hui, ou du moins différemment. Je vais te prendre quelques exemples très concrets, mais encore une fois, pour ça, pour moi, c'est sous le carcan des affaires publiques, ou du moins de ce qu'on appelle aujourd'hui l'influence. On a toujours les classiques, responsables, directeurs, peu importe, des relations institutionnelles, des affaires publiques. Et on voit de plus en plus aujourd'hui arriver, ce qu'on évoquait avant, des responsables des relations avec les parties prenantes. Parce qu'aujourd'hui, on se rend bien compte, évidemment, que les pouvoirs publics ont toujours un impact considérable, bien entendu, mais que la société a un impact qui, parfois, peut aller tordre le bras du politique. Et donc, les parties prenantes, ce sont toutes les personnes qui, à un moment, vont peser sur la décision publique. Avant... Par raccourci, je vais dire, on allait directement chez le politique. Aujourd'hui, si on veut tordre le bras du politique, il n'y a rien de mieux que la société civile pour ça. Et donc, effectivement, la partie prenante, ce n'est plus uniquement le côté légistique, si je puis dire, gouvernemental, c'est aussi toute personne qui peut être influente à un moment sur une décision. Ça peut être des journalistes, ça peut être des associations de riverains, ça peut être un président d'organisation très influent. Donc voilà, il y a ça dans un premier temps, il y a tout ce qui va être partie prenante. Ensuite, il y a aussi sur les strates d'influence, ... on voit de plus en plus de responsables de ce qu'on va appeler les affaires territoriales. Les affaires territoriales, c'est du lobbying au niveau territorial. C'est très lié souvent, et d'ailleurs ça doit toujours être le cas, mais en relation avec du développement économique. Il y a un caractère très commercial derrière. C'est faire en sorte que sur un territoire, on puisse promouvoir soit de nouvelles infrastructures, soit un nouveau produit, soit des nouveaux services. Et donc effectivement, ça reste des relations institutionnelles avec des parties prenantes territoriales. Je vais prendre un dernier exemple qui est son opposé, si je puis dire, quand bien même évidemment je ne veux pas opposer les deux, mais d'un point de vue des compétences, c'est la nouvelle mode de ce qu'on va appeler les CGO. CGO, c'est Chief Geopolitical Officer. Ce n'est rien de moins qu'un directeur des affaires publiques internationales. C'est quelqu'un qui, lui, va travailler à l'échelle internationale dans le contexte géopolitique international qu'on connaît aujourd'hui. C'est très compliqué pour les entreprises d'assurer la pérennité, si je puis dire, de certains de leurs investissements. Et par conséquent, elles vont avoir... des directeurs des affaires publiques internationales ou des CGO, qui ont pour mission, justement, comme tout directeur affaires publiques ou comme tout responsable affaires publiques, d'aller analyser, anticiper les décisions, les événements qui pourraient arriver dans un pays et qui pourraient... porter atteinte ou créer de nouvelles opportunités à l'organisation. Voilà, c'est un petit peu pour te montrer le spectre de ces nouvelles terminologies qui existent. Et puis après, parce que lobbying, c'est toujours très négatif, on a inventé la représentation d'intérêt. Et puis maintenant, on a plaidoyer, advocacy. Ça fait moins péjoratif, mais ça reste le même métier.

  • Speaker #1

    Alors justement, je voulais passer à la section que j'ai nommée « Assumer le mot lobbying » . Qu'est-ce que tu revendiques ? Pourquoi est-ce que pour toi, il y a un besoin de clarté ? Qu'est-ce que tu réponds à ceux qui diabolisent le mot lobbying ?

  • Speaker #0

    Qui ne connaissent malheureusement pas bien le métier. C'est-à-dire que je comprends à un moment la volonté de passer outre le lobbying. C'est important d'être précis, notamment dans les termes utilisés. C'est important aussi d'être efficace. Et donc aujourd'hui, on a préféré le terme de représentant d'intérêt, qui me va très bien, et puis c'est un terme français, pour ceux qui... Partirait du principe qu'il y a une mauvaise représentation d'intérêt ou un mauvais lobbying et un bon lobbying. La représentation d'intérêt, elle est toujours bonne, dès lors qu'elle permet à tout un chacun de prendre une décision en connaissance de cause. Et pour moi, c'est ça le seul, enfin le seul, sans vouloir le restreindre à ça, mais c'est ça le métier principal et l'action principale, l'objectif du représentant d'intérêt ou du lobbyiste, c'est de faire en sorte que chacun puisse prendre ses décisions en connaissance de cause. Et représenter des intérêts, c'est jamais mauvais. À mon sens.

  • Speaker #1

    Est-ce que pour toi, il y a une ligne rouge, justement, le tabac, les pesticides ?

  • Speaker #0

    La fameuse question du tabac et des pesticides. Il y a évidemment des lignes rouges pour chacun, mais je crois qu'elles sont très personnelles. Moi, je n'en ai pas. Ou du moins, je n'en ai pas sur des secteurs, et je le revendique volontiers, en tout cas, je ne m'en cache pas. Je travaille pour le secteur du tabac, je travaille pour le secteur agro-ali, en matière de recrutement, j'entends. Encore une fois, il y a des mauvaises manières de faire du lobbying, mais il n'y a pas de mauvais lobbying de facto. Chaque entreprise, chaque organisation, chaque secteur mérite d'être défendu. Et il ne faut pas oublier encore une fois que le lobbyiste représentant de l'industrie du tabac, Il n'est pas là forcément pour dire « fumer, c'est bien » . Ce n'est même pas qu'il n'est pas là forcément pour ça, c'est qu'il n'est pas là du tout pour ça. Il est là pour faire en sorte d'anticiper des conséquences, de choses, de décisions qui pourraient être prises. Je vais prendre un exemple très concret. Évidemment que le tabac n'est pas bon pour la santé, on ne va pas s'en cacher. Néanmoins, derrière l'industrie du tabac, ce sont, un, des jobs, donc une économie qui tourne dans certains territoires. Ce sont, deux, si on les augmente trop, des ouvertures au marché noir et à la contrefaction qui sont immenses. Donc ce que je veux dire par là, c'est que, encore une fois, le rôle du lobbyiste, ce n'est pas de défendre le tabac en tant que tel, ce n'est pas de dire « allez fumer » , c'est de faire comprendre au pouvoir public quelles seraient les conséquences d'une hausse complémentaire de la taxe, notamment sur la contrefaçon, notamment sur le marché noir, et d'anticiper ensemble quelles seraient les solutions, les leviers d'action pour améliorer. l'ensemble, sans porter de facto préjudice à certains acteurs qui n'y sont pour rien. Parce que ce qui commence à être interdit ou mal vu aujourd'hui, il ne faut pas oublier que ce sont des choses qui ont été autorisées par le passé, où des investissements ont été faits, etc. Deuxième exemple que tu prends, qui est tout aussi clivant, les pesticides. Et d'ailleurs, la loi Duplon nous en donne un exemple actuel assez intéressant. Pour les pesticides, c'est pareil. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, évidemment qu'on veut tous aller vers une meilleure santé du grand public. Maintenant, arrêter certaines utilisations de pesticides aujourd'hui, c'est s'assurer qu'il y a un rendement similaire, si nécessaire, avec une alternative qui soit crédible et qui soit meilleure pour la santé, ce qui n'est pas toujours le cas, parce que supprimer c'est bien, mais on remplace par quoi ? Le sujet est toujours le même, si tu veux. Ce n'est pas de dire, utilisez ça, c'est bien, ou ne faites pas ça, c'est mal. Le sujet, c'est de dire, à tel jour c'est existant, il y a des consommateurs, comment est-ce qu'on entrevoit ensemble ? l'avenir sans ce produit, sans cette substance ou par quelle alternative. Et donc, pour moi, en ce sens, il n'y a pas du tout de mauvais lobbying. Par contre, encore une fois, il y a des mauvaises manières de faire du lobbying. Et pour répondre à ta deuxième question, je n'ai pas de ligne rouge sur le secteur parce que je pense vraiment que tout mérite un moment d'avoir ses intérêts représentés. Dès lors qu'encore une fois, chaque décision, chaque décision, quand bien même elle est bonne à long terme et elle est prise pour les bonnes raisons, elle entraîne de facto immédiatement des conséquences. économique, sociale, etc. Et donc, il faut juste les anticiper. Ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas interdire in fine, ça veut dire qu'il faut anticiper. Moi, mes lignes rouges, elles sont plutôt organisationnelles. C'est-à-dire qu'effectivement, je donne des exemples, un client qui me dirait... Encore une fois, on comprend beaucoup de choses. Qu'il y ait des sujets d'équité au sein des équipes, qu'il y ait des sujets en fonction, on l'évoquait précédemment, de dissolution, de tendance plutôt, en gros, pour faire très partie de droite ou de gauche, ça, je l'entends parfaitement. Maintenant, effectivement, une organisation Merci. qui, dans sa manière de fonctionner, dans sa manière de se présenter, dans sa manière de recruter ou de faire des choix de candidats en fonction uniquement de leur parcours, de choses qui aujourd'hui sont illégales à prendre en compte, ça, je m'y refuse. De la même manière, je ne serai pas à l'aise, et ce n'est pas que je ne serai pas à l'aise, c'est que je le refuserai, et tant pis si c'est une clientèle en moins, à titre personnel, encore une fois, ça ne veut pas dire que je n'ai pas certains collaborateurs qui le feraient, je ne travaillerai pas pour certaines entreprises qui font de l'ingérence dans notre propre pays. Encore une fois, c'est très personnel.

  • Speaker #1

    On vous l'a déjà proposé ? Oui. D'accord. Et justement, ces mauvaises façons de faire du lobbying, on vous les propose comme ça ? Alors,

  • Speaker #0

    on ne nous les propose pas parce que nous, on est là pour recruter les personnes. Mais effectivement, on voit vite dans le discours, nous, notre rôle en tant que recruteur aujourd'hui, c'est d'abord et avant tout de bien comprendre l'objectif de notre client. Pourquoi est-ce qu'il a besoin d'un représentant d'intérêt ? Quelle est la réalité du profil recherché ? Pourquoi est-ce qu'il en a besoin ? Parce que notre premier rôle, c'est un rôle de conseil en fait. On a des personnes qui viennent nous voir en disant « j'ai besoin d'un lobbyiste » , mais pour nous, ce qui est important, c'est de connaître l'objectif, pourquoi il en a besoin pour définir le bon profil. Parce qu'encore une fois, comme on l'a dit, il n'y a pas un seul bon lobbyiste, il y en a plein, tout dépend de l'objectif. Donc c'est de comprendre l'objectif pour ensuite définir la meilleure fiche de poste et lui chercher le meilleur talent, pour encore une fois utiliser les termes techniques du métier. Si dans cet échange, nous voyons effectivement que... Soit les profils sont trop restrictifs, c'est-à-dire qu'il nous dit « je veux qu'il sorte absolument de cette école parce que tout le reste c'est nul » ou « je veux que ce soit quelqu'un qui… » Encore une fois, des choses qui sont aujourd'hui illégales, qu'on n'a pas le droit de prendre en compte. Ça peut être l'orientation sexuelle, ça peut être l'orientation religieuse, ça peut être… Enfin voilà, tout ça, ça on s'y refuse bien entendu. Maintenant, ce n'est pas à nous de juger d'un lobbying qui doit être bon ou mauvais au sein d'une organisation. Et de ce point de vue-là, tu l'as compris, moi je suis plutôt libérale. Chaque organisation a le droit de voir ses intérêts représentés.

  • Speaker #1

    Alors... Est-ce que d'après toi, il y a plus d'organisations qui sont équipées maintenant, pas seulement dans les entreprises, mais aussi dans les associations, dans les petits mouvements ? Est-ce que tu as l'impression que le lobbying, c'est quelque chose dont tout le monde s'empare en ce moment ?

  • Speaker #0

    Dont les gens s'emparent de plus en plus, et c'est une bonne chose. Pas encore assez à mon sens, mais tant que tout le monde ne sera pas doté d'un représentant d'intérêt, je ne serai évidemment pas satisfaite et je continuerai à prendre mon bâton de pèlerin. Mais plus sérieusement, oui, aujourd'hui, beaucoup, je ne veux pas dire la plupart parce que je ne sais pas, et d'ailleurs je pense que non, mais beaucoup d'organisations sont dotées de représentants d'intérêt. Encore une fois, avec des terminologies qui parfois ne leur font même pas rendre compte qu'elles ont un lobbyiste en interne. C'est-à-dire que de temps en temps, on parle avec un patron qui nous dit « oui, mais moi j'ai quelqu'un, c'est plutôt pour le développement commercial dans le territoire » . Et en réalité, c'est un lobbyiste. En tout cas, ça fait partie du carcan des affaires publiques. Il y a de plus en plus d'organisations, oui, et pas que des entreprises, tu as raison de le préciser. Déjà, il faut savoir que, et j'étais surprise quand j'ai commencé ce métier de recruteur, que toutes les boîtes du CAC 40 ne sont pas dotées de représentants d'intérêt. Et, à contrario, beaucoup de nouvelles organisations sont dotées. Tu parlais des entreprises, tu parlais des organisations, des associations, c'est très vrai, mais aujourd'hui, il faut savoir que, alors, ça peut fluctuer d'une année à l'autre, mais dans notre clientèle, on va avoir, et cette année est particulièrement intéressante, allez, ce n'est pas une science exacte, mais ... 60% d'entreprises, 30% d'organisations professionnelles. Dedans, je mets aussi l'association Think Tank, je ne devrais pas m'échapper à un résumé. Et puis 10% de tout ce qu'on va appeler cabinet de conseil. spécialisés ou non en affaires publiques. Il y a, et notamment cette année, ça fait deux ans maintenant, un développement croissant de ces métiers-là au sein des organisations professionnelles, notamment à des postes de DG, donc délégués généraux, secrétariats généraux, où avant c'était plutôt des personnes identifiées, issues du secteur et où maintenant, on va chercher des personnes qui ont cette vraie capacité, si je puis dire, de représentation d'intérêt aussi. Parce que finalement, une organisation professionnelle, un syndicat, son essence même, sa raison d'être, c'est de faire de la représentation d'intérêt. C'est de défendre un secteur, c'est de défendre une typologie de structure. Et par conséquent, ils sont de facto lobbyistes. Donc oui, on voit de plus en plus de petites structures d'organisation, TPE plutôt PME. mais qui se dotent de représentants d'intérêt. Donc clairement, ce n'est pas un poste réservé à des entreprises cotées, bien au contraire.

  • Speaker #1

    Donc il y a plus d'ouverture. Tu le disais aussi tout à l'heure, il y a aussi beaucoup plus de formation maintenant. Ça se structure. Il y a des écoles même qui apparaissent autour des affaires publiques. Est-ce que toi, tu remarques qu'il y a beaucoup plus de demandes pour les postes de juniors ? Finalement, est-ce qu'il y a encore assez de travail pour tout le monde ?

  • Speaker #0

    Alors oui, il y a encore assez de travail pour tout le monde, fort heureusement. Parce qu'encore une fois, comme on le disait, il y a un accroissement. des postes en affaires publiques, parce qu'on se rend enfin compte de l'importance d'avoir un représentant d'intérêt en interne, et par conséquent, effectivement, plus il y a d'ouverture de postes, plus il y a de potentiels candidats. Tu le disais, et c'est vrai, il y a de plus en plus d'écoles ou de formations aux affaires publiques, soit post-bac, soit école de reconversion, ce qui, un, montre bien une chose, c'est qu'on doit apprendre une certaine technicité. et que le métier de lobbyiste nécessite, pardon, une certaine technicité, parce que ce n'est pas à l'école qu'on vous donne votre carnet d'adresse. Donc voilà, je me permets juste cette digression pour répondre en partie à ta toute première question. Mais oui, il y a beaucoup de formations, ce qui est une bonne chose, parce qu'on voit en plus des formations qui, avant, étaient très généralistes, affaires publiques, et qui commencent aujourd'hui aussi à se spécialiser dans certains secteurs, par exemple, affaires publiques, santé, affaires publiques, sécurité-défense. Donc c'est intéressant, on voit qu'effectivement, ... On nécessite une certaine technicité. Et puis surtout, ce qui est super, c'est que ça permet à des jeunes étudiants d'arriver sur le marché avec d'ores et déjà, entre guillemets, des clés de compréhension et une espèce de, excusez-moi le terme trivial, mais une boîte à outils immédiatement utilisable. Quand nous, à l'époque, on apprenait quand même sur le tas. Donc, il y a des choses qu'on mettait un petit peu de temps à apprendre.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu aurais aimé savoir quand tu as commencé ? Si tu pouvais te voir maintenant plus jeune, quels conseils tu te donnerais ?

  • Speaker #0

    Alors, dans du très détaillé, ça c'est idiot, mais je me souviens à toute ma vie, la première fois que ma sénatrice à l'époque me demande de déposer un amendement. Je ne savais pas du tout comment ça fonctionnait ce truc-là. Et pourtant, j'étais embauchée au Sénat, il fallait se connecter à une plateforme. Même le formalisme de la chose, je n'ai jamais vu ça. Après, on m'a dit qu'il fallait le motiver. Alors, motiver l'amendement, je ne savais pas ce que je devais écrire là-dedans. Bref, c'est du détail et c'est anecdotique, mais on était balancé entre guillemets dans un milieu où on n'y connaissait pas grand-chose et où finalement, on était aussi un petit peu naïf. aujourd'hui ce qu'ils apprennent à l'école c'est à la fois l'importance de l'information intégralité des interlocuteurs, l'importance de bien vérifier son actualité, c'est l'importance de savoir comment travaille une commission, quelle est son influence, est-ce que le gouvernement peut émettre des avis favorables, enfin voilà, tout un tas de choses qui sont des choses techniques, qui sont très utiles, et quand on le sait, on gagne beaucoup, beaucoup de temps les premières fois.

  • Speaker #1

    J'ai deux autres questions pour toi, Roxane. Qu'est-ce qu'il faudrait, d'après toi, pour restaurer la confiance autour du métier, en tout cas pour changer peut-être son image qui est parfois mal connotée ?

  • Speaker #0

    C'est une bonne question. Déjà, il faut des sujets de transparence qui, aujourd'hui, sont faits par la HATVP. Alors, de temps en temps, ça va un petit peu trop loin, mais bref, c'est un autre sujet. Donc déjà, tu as cette transparence sur le métier, ce qui se développe quand même bien ces dernières années. C'est également, comme on l'a vu, d'avoir des formations qui sont adaptées. Parce que quand on a une définition et qu'on sait ce qu'on apprend, on sait aussi quel est le métier qui est réalisé derrière. Donc tout ça est concours. Après, ta question, elle est évidemment vague et j'adorerais avoir la solution, mais j'ai envie de dire que c'est un petit peu comme aujourd'hui. Comment on redonne confiance dans nos politiques ? C'est un peu pareil. C'est-à-dire dans un climat où il y a autant de... On est dans un climat très conflictuel, où beaucoup de personnes ne prennent plus le temps, justement, du débat, de l'argumentation. On prend des éléments de langage trouvés sur les réseaux sociaux et chacun se façonne son idée, sans chercher, sans creuser bien loin. C'est très compliqué dans le climat de défiance actuel. Comment est-ce qu'on restaure la confiance entre ces métiers-là, entre les politiques, mais j'ai envie de dire aussi, parfois avec nos chefs d'entreprise ? C'est pas évident. En France, on a l'habitude de dire, les Français n'aiment pas les riches. Les Français n'aiment pas les politiques, les Français n'aiment pas les lobbyistes. J'ai pas la réponse, mais en tout cas, il y a tout un tas de petites choses qui y concourent. Et notamment, effectivement, d'avoir des formations qui sont claires, comme ça on sait ce qu'on y apprend, et puis avoir des obligations en termes de transparence.

  • Speaker #1

    Si toi, tu pouvais pousser une réforme, parce qu'il y a quelque chose... Ça fait des années que tu dis... Si je pouvais, si j'avais le pouvoir de mettre ce sujet sur la table, j'aimerais qu'il soit débattu.

  • Speaker #0

    Alors si j'avais l'idée, je me présenterais. Non, il n'y a sans doute pas une norme. En tout cas, et je paraphrase un peu le président du MEDEF à l'heure de la dernière RF, mais pour rétablir un dialogue sain, c'est même pas un dialogue, mais une confiance entre entreprise et pouvoir public, les entreprises, elles ne demandent pas grand-chose. Et ça, c'est aussi la chef d'entreprise qui parle, mais il faut de la pérennité, il faut avoir une certaine vision. Et aujourd'hui, ce qui est très compliqué, c'est, et puis on va le voir si on a à nouveau une dissolution, ce qui est très compliqué, c'est de naviguer un petit peu à vue de nos interlocuteurs au sein des pouvoirs publics. C'est vrai en France, mais c'est vrai aussi à échelle internationale. On ne reviendra pas effectivement sur l'accord qui a été trouvé entre l'Union européenne et les États-Unis et que le président Trump aujourd'hui nous semble balayer d'un coup de main. C'est très compliqué pour des entreprises, parce que les entreprises ont un temps court, mais elles ont aussi et surtout un temps long, si elles veulent perdurer, d'avancer, d'investir. de continuer à prendre des risques dans un environnement où on ne sait pas de quoi demain sera fait. Donc pour ça, je pense d'ailleurs que tout ce qui est sujet à simplification, c'est une bonne chose. Alors ça fait un petit moment que c'est sur la table. On verra si ça arrive à améliorer certaines choses, mais non, j'ai pas la recette magique. Mais si je l'ai, je reviens.

  • Speaker #1

    Roxane, on arrive bientôt à la fin de cet épisode. Est-ce qu'il y a un sujet que tu voulais développer et que t'as pas encore eu le temps de... d'exprimer ?

  • Speaker #0

    Je ne crois pas parce que tu m'as largement permis de défendre, je crois, le métier de représentant d'intérêt, de montrer sa diversité et puis son impact positif. Donc non, je ne crois pas.

  • Speaker #1

    Est-ce que, pour conclure, tu aurais une recommandation culturelle ?

  • Speaker #0

    Ah bah oui, les newsletters m'avancent. Non, alors sans blague, pour tous ceux qui s'intéressent un petit peu justement aux jeux d'influence... Je pense que dans le milieu, tout le monde le connaît déjà, mais tous les derniers bouquins de Daum Poly, je ne veux pas être trop pessimiste, ce n'est pas hyper réjouissant, mais en tout cas, pour ceux qui s'intéressent à ce secteur global de l'influence à la fois nationale, internationale, je pense que ça peut être très intéressant.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Roxane.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté Hémicycle, le podcast qui décrypte la fabrique de la loi. Je m'appelle Pierre, je suis le cofondateur de l'EG Watch, la plateforme qui vous aide dans votre veille institutionnelle. À bientôt.

Description

Le lobbying reste un mot tabou, parfois diabolisé, souvent mal compris. Et pourtant, il est aujourd’hui au cœur du dialogue démocratique et de la performance des organisations.


Dans cet épisode d’Hémicycle, nous recevons Roxane Perrault-Fournier, directrice générale associée chez Mavence, cabinet de recrutement spécialisé dans les affaires publiques.


Ancienne collaboratrice parlementaire au Sénat, passée par Bruxelles, puis par plusieurs grands groupes industriels, elle chasse aujourd’hui les meilleurs profils d’influenceurs publics – pour le compte de grandes entreprises, fédérations, ONG ou think tanks.


Avec elle, on explore :


✅ L’évolution du métier de lobbyiste et les nouveaux profils qui émergent (affaires territoriales, Chief Geopolitical Officers, responsables parties prenantes)
✅ Pourquoi toutes les organisations, petites ou grandes, ont intérêt à structurer leurs affaires publiques
✅ Le rôle clé du lobbying pour anticiper les impacts d’une norme ou corriger un angle mort politique
✅ Les limites du "carnet d’adresses" et l’importance des compétences techniques et de la capacité de conviction
✅ Les lignes rouges personnelles que Roxane refuse de franchir dans ses recrutements
✅ La transformation du secteur : plus féminisé, plus transparent, plus technique
✅ Le besoin de restaurer la confiance autour de l’influence par plus de pédagogie, de formation et de clarté


💡 Pour Roxane, "représenter un intérêt, ce n’est jamais mauvais – tant qu’on permet à chacun de décider en connaissance de cause."


Un épisode éclairant pour comprendre le vrai visage d’un métier mal connu mais essentiel à la fabrique de la loi.


Vous pouvez contacter Pierre sur Linkedin.

Vous souhaitez en savoir plus sur Legiwatch ou participer au podcast ? Prenez rendez-vous avec nous ici.

Vous souhaitez sponsoriser Hémicycle ou nous proposer un partenariat ? Contactez nous via ce formulaire.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Il y a un accroissement des postes en affaires publiques parce qu'on se rend enfin compte de l'importance d'avoir un représentant d'intérêt en interne. On est dans un climat très conflictuel, beaucoup de personnes ne prennent plus le temps justement du débat, de l'argumentation. Le sujet, c'est pas de dire, utilisez ça, c'est bien, ou ne faites pas ça, c'est mal. Le sujet, c'est de dire, comment est-ce qu'on entrevoit ensemble l'avenir sans ce produit, sans cette substance, ou par quelle alternative ?

  • Speaker #1

    Qui sont ceux qui font la loi ? Je m'appelle Pierre, fondateur de la plateforme de veille institutionnelle Légit Watch, et je rencontre celles et ceux qui font les coulisses de notre vie politique. Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir Roxane Perrault-Fournier, directrice générale associée de M'Avance France, cabinet spécialisé dans le recrutement en affaires publiques, Ancienne collaboratrice au Sénat, puis lobbyiste dans le sport, l'énergie, l'industrie, elle est aujourd'hui la chasseuse de tête des influenceurs publics. Salut Roxane.

  • Speaker #0

    Bonjour Pierre.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu veux ajouter quelque chose à cette description ?

  • Speaker #0

    Ah ben c'est très complet.

  • Speaker #1

    Parfait, alors t'es passée du droit politique du Sénat à Bruxelles, puis en affaires publiques, en entreprise et maintenant donc en recrutement. Qu'est-ce qui t'a guidée dans ce parcours ? Qu'est-ce que t'as retrouvé ? Qu'est-ce que tu retrouves maintenant dans cette fonction ?

  • Speaker #0

    Le début du parcours est, si je puis dire, assez classique. C'est-à-dire que les métiers du droit, de la politique, On parle toujours de plaidoyer, d'advocacy. Quand c'est pour les entreprises, c'est a priori plutôt économique. Quand c'est pour du politique, c'est plutôt généralement pour le grand public. Il faut savoir aussi que le parcours, encore une fois, il est assez classique. Quand on revient à l'époque où j'ai passé mon bac, on ne choisissait pas encore de devenir lobbyiste ou représentant d'intérêt pour utiliser le terme adéquat aujourd'hui. C'était un petit peu des opportunités de parcours en réalité. On faisait souvent droit, Sciences Po, éco. On était généralement intéressés par la vie politique. On s'encartait ou non, mais on suivait parfois un élu local, parfois un élu national, ce qui a été mon cas. On faisait des rencontres et comme ça, on devenait collaborateurs parlementaires, soit à l'Assemblée, soit au Sénat, ce qui était mon cas. Et quand on sortait du Parlement, généralement, on était assez rapidement chassés pour devenir ce qu'on découvrait être le métier de lobbyiste, donc de représentant d'intérêt. Donc c'est comme ça que je suis allée représenter les intérêts du sport français du comité olympique à Bruxelles. Et puis ensuite, revenu en France, pour les mêmes raisons, représenter les intérêts de certains secteurs, tu l'as dit, d'abord de l'énergie et ensuite de l'industrie. Donc finalement, tu vois, c'est un parcours assez classique sur son début en tout cas.

  • Speaker #1

    Donc tu as découvert lors des premiers entretiens que c'était le métier de lobbyiste auquel tu postulais ?

  • Speaker #0

    Non, en fait, tu le découvres, jamais on ne te dit que tu vas devenir lobbyiste. Mais tu comprends rapidement qu'effectivement, ton métier, c'est ça, c'est de la représentation d'intérêt. Et donc, tu deviens, je ne peux pas en dire malgré tout, parce que c'est un parcours choisi, mais en fait, c'est ça, lobbyiste. Voilà, on tombe un peu dedans par hasard au départ, là où aujourd'hui, c'est très différent, puisqu'il y a des formations pour devenir lobbyiste, avec tout un tas, notamment, d'écoles, d'affaires publiques, de master de affaires publiques, avec des jeunes générations qui, elles, décident de faire ce métier. Et c'est une bonne chose.

  • Speaker #1

    Et donc toi t'as décidé de recruter tous ces gens là Pour quelles raisons ?

  • Speaker #0

    Alors c'est un mélange à la fois de souhaits et d'opportunités. J'arrivais sans doute au bout d'un cycle avec mon dernier employeur. On avait vécu dix ans de développement à la fois au niveau des affaires publiques, mais également de développement commercial international absolument passionnant. Puis là, on tombait dans un moment où on était un petit peu plus calme. Il y avait des investissements, mais qui étaient plutôt immobiliers, enfin bref. Et par conséquent, il était temps pour moi de voir autre chose. Et puis Jason, le fondateur du groupe M'Avance, m'a contacté, m'a chassé, c'est le terme adéquat, combien même il est toujours très désagréable pour des êtres humains, pour prendre la tête du bureau à Paris et développer le bureau parisien. Et pour moi, ça a été une superbe opportunité, à la fois de moi-même, si je puis dire, et sans aucun présomptif, à la fois un peu la lobbyiste des lobbyistes, c'est-à-dire d'expliquer pourquoi ce métier est absolument nécessaire pour les organisations. Et puis comment aussi essayer de le démocratiser, de le professionnaliser en cherchant des personnes qui, comme moi à l'époque, ne pensaient pas forcément être lobbyistes un jour.

  • Speaker #1

    Alors pourquoi c'est absolument nécessaire ? Si on fait l'exercice que je suis un potentiel client, qu'est-ce que tu me dirais ?

  • Speaker #0

    En fait, si tu veux, les affaires publiques, ça va concourir à la performance globale d'une organisation. C'est le pont, si je puis dire, entre les pouvoirs publics... Aujourd'hui, on pourrait même dire entre les parties prenantes de manière plus large, on y reviendra peut-être, mais en tout cas, entre les pouvoirs publics et l'organisation. C'est la personne qui va à la fois faire en sorte d'anticiper l'intégralité des normes, règlements, qui potentiellement pourraient être impactés. son secteur d'activité, et donc alerter son entreprise, son organisation, sur les potentielles contraintes ou opportunités, c'est elle aussi, à l'inverse, qui va expliquer au pouvoir public les conséquences de la décision qu'ils sont en train de prendre. Et pour moi, ça c'est primordial, c'est que chacun puisse prendre ses décisions en connaissance de cause. Je dis le politique de manière très générale, mais ne peut pas connaître tous les sujets techniquement qu'il a à traiter. Il est donc important quand il prend une décision, quand bien même elle est bonne dans l'intérêt commun, de voir les conséquences de ses décisions immédiatement sur le terrain, pour essayer de temps en temps, soit de les amender, soit de les retarder dans le temps, soit au contraire de les accélérer. Donc c'est vraiment la personne qui va s'assurer du lien entre pouvoir public, encore une fois plus largement aujourd'hui partie prenante, et l'organisation qu'elle va représenter.

  • Speaker #1

    Alors je ne suis pas encore Élise Lucet, mais là tu parles d'un monde qui est parfait, où chaque entreprise a peut-être les mêmes moyens, chaque cause a les mêmes moyens pour être entendue. Est-ce que le lobbying justement ne récompense pas ceux qui ont le plus de puissance financière et finalement ne donne pas une voix qu'à ceux qui sont déjà le plus entendus ?

  • Speaker #0

    Alors ? Je ne nierai pas qu'un poste en affaires publiques, c'est un poste. Donc, par conséquent, il a un coût, tout simplement, parce que la personne est rémunérée. Maintenant, au regard notamment de ce qu'on va appeler la démocratisation des affaires publiques, c'est-à-dire qu'on le voit, et derrière la HATVP, dans son dernier rapport, le rapport, montre que de plus en plus d'organisations, de petites associations, d'ONG, vont aller solliciter les pouvoirs publics. Ces organisations-là, ce sont des organisations qui sont intrinsèquement, elles font du lobbying, elles sont nées pour ça. Une ONG, elle fait du lobbying. Une association, une organisation professionnelle, son cœur même, c'est de faire du lobbying. Donc oui, évidemment, plus l'entreprise a des moyens, plus elle pourra rémunérer un lobbyiste senior ou très technique, etc. Mais j'ai envie de dire, c'est comme absolument tous les secteurs, dans toutes les organisations et pour tous les métiers. Une entreprise qui a beaucoup d'argent va pouvoir payer un super commercial. Une entreprise qui a beaucoup d'argent va pouvoir payer un super lobbyiste. Pardon, c'est un peu trivial, mais c'est la réalité.

  • Speaker #1

    Alors justement, qu'est-ce que c'est un super lobbyiste ? Est-ce qu'il y a un profil rêvé pour toi ? Un parcours ou des compétences qui sont nécessaires, essentielles ? Alors,

  • Speaker #0

    surtout pas. Il n'y a pas un parcours ou une compétence. Et c'est exactement pour ça notamment que je fais ce métier aujourd'hui de recrutement, pour élargir le bassin. Il y a autant de bons lobbyistes qu'il y a d'objectifs. Il n'y a pas une manière de faire du lobbying, il y en a énormément, et d'ailleurs ces manières évoluent dans le temps. Le lobbying avant était vu comme quelque chose, un métier très légistique, très législatif. On parlait souvent des personnes qui grenouillent dans les couloirs du Parlement. Ça fait longtemps que ce n'est plus ça, le lobbying, et d'ailleurs je ne pense pas que ça a un jour été uniquement ça. Le lobbyiste, et le bon lobbyiste, tout dépend à la fois de son secteur d'activité, est-ce qu'il est très réglementé, est-ce qu'il est plutôt libéral, c'est-à-dire que les normes vont le contraindre énormément ou pas. Et la deuxième chose, c'est quelle est sa strate, si je puis dire, d'influence. Est-ce que c'est du lobbying territorial ? Est-ce que c'est du lobbying national, européen, international ? Tout ça n'enquiert pas du tout les mêmes compétences. Ce qui est en revanche certain, c'est qu'un bon lobbyiste se doit d'être à l'écoute, d'analyser et d'être en capacité de vulgariser certaines choses, à la fois très politiques pour le compte de leur organisation ou à la fois très techniques pour le compte des pouvoirs publics. Il doit adapter son discours en fonction de ses interlocuteurs cibles, de manière à ce que chacun comprenne bien ce qu'il a envie de lui porter.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'à l'inverse, quelqu'un qui serait moins compétent, mais qui a simplement un carnet d'adresses, peut faire l'affaire ? On voit beaucoup de politiques qui font l'aller-retour, probablement pour cette raison-là.

  • Speaker #0

    Alors j'ose espérer, Pierre, que les politiques n'ont pas de carnet d'adresses, et que derrière il y a un petit peu de technicité quand même. Parfois, je suis d'accord, on peut se poser la question. Non, blague mise à part. Si la question c'est est-ce que le réseau et le carnet d'adresses suffit, non. C'est comme tout, le réseau sert parfois à ouvrir une porte plus rapidement, il ne permet jamais de convaincre. Donc évidemment que le lobbying reste un métier de rencontre et de réseau. Il faut aller rencontrer des personnes pour leur exposer certaines données. Maintenant, avoir uniquement le 06 d'un collab parlementaire ou d'un ministre, heureusement, ce n'est pas suffisant. Ça va peut-être suffire pour ouvrir une porte, ça ne va pas suffire pour le convaincre. Par contre, ce qui va le convaincre, effectivement, c'est d'avoir les bons éléments de langage, des données stables sur lesquelles il peut se fier et sur lesquelles il peut travailler. Donc, ça reste un métier de réseau. Si on n'a pas envie de rencontrer des personnes, c'est compliqué de faire ce métier. Néanmoins, le carnet d'adresse, heureusement, ne suffit pas. Il y a des vrais hard skills à avoir derrière.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a un nouveau type de profil que tu vois émerger ? Est-ce que c'est mouvant ou est-ce que, par exemple moi je baigne dans l'entrepreneuriat et je remarque qu'il y a des comportements qui sont un peu des green flags pour l'entrepreneur où on voit qu'il tombe amoureux de son problème et il va tout faire pour baigner dans ce milieu et réussir à comprendre vraiment ce qu'il n'a pas compris. On pense souvent en tant qu'entrepreneur qu'on va avoir une idée géniale et que ça va révolutionner le monde alors que pas du tout, c'est juste qu'il faut qu'on comprenne un monde. qui n'est pas le nôtre, et essayer de voir juste où est-ce qu'on peut aider. Est-ce que, pour un jeune qui voudrait se lancer et qui cherche comment réussir dans ce milieu, est-ce que tu vois des choses qu'il faut faire,

  • Speaker #0

    justement ? Alors là, il y a plusieurs questions dans une. Pour répondre à la première, oui, c'est un métier, comme tous, qui est en perpétuelle évolution, tout simplement parce que notre modèle démocratique, notre modèle social est en perpétuelle évolution. Parce que la société évolue, tout simplement, et par conséquent, nos politiques publiques évoluent avec. Maintenant, il reste un... Moi, j'aime dire qu'il y a un grand carcan qui s'appelle les affaires publiques. qui est un secteur éminemment large. Ensuite, dedans, ce qu'on voit naître, effectivement, ce sont des nouvelles terminologies de métiers. Ce n'est pas qu'ils n'existaient pas avant, c'est qu'on en a peut-être davantage besoin aujourd'hui, ou du moins différemment. Je vais te prendre quelques exemples très concrets, mais encore une fois, pour ça, pour moi, c'est sous le carcan des affaires publiques, ou du moins de ce qu'on appelle aujourd'hui l'influence. On a toujours les classiques, responsables, directeurs, peu importe, des relations institutionnelles, des affaires publiques. Et on voit de plus en plus aujourd'hui arriver, ce qu'on évoquait avant, des responsables des relations avec les parties prenantes. Parce qu'aujourd'hui, on se rend bien compte, évidemment, que les pouvoirs publics ont toujours un impact considérable, bien entendu, mais que la société a un impact qui, parfois, peut aller tordre le bras du politique. Et donc, les parties prenantes, ce sont toutes les personnes qui, à un moment, vont peser sur la décision publique. Avant... Par raccourci, je vais dire, on allait directement chez le politique. Aujourd'hui, si on veut tordre le bras du politique, il n'y a rien de mieux que la société civile pour ça. Et donc, effectivement, la partie prenante, ce n'est plus uniquement le côté légistique, si je puis dire, gouvernemental, c'est aussi toute personne qui peut être influente à un moment sur une décision. Ça peut être des journalistes, ça peut être des associations de riverains, ça peut être un président d'organisation très influent. Donc voilà, il y a ça dans un premier temps, il y a tout ce qui va être partie prenante. Ensuite, il y a aussi sur les strates d'influence, ... on voit de plus en plus de responsables de ce qu'on va appeler les affaires territoriales. Les affaires territoriales, c'est du lobbying au niveau territorial. C'est très lié souvent, et d'ailleurs ça doit toujours être le cas, mais en relation avec du développement économique. Il y a un caractère très commercial derrière. C'est faire en sorte que sur un territoire, on puisse promouvoir soit de nouvelles infrastructures, soit un nouveau produit, soit des nouveaux services. Et donc effectivement, ça reste des relations institutionnelles avec des parties prenantes territoriales. Je vais prendre un dernier exemple qui est son opposé, si je puis dire, quand bien même évidemment je ne veux pas opposer les deux, mais d'un point de vue des compétences, c'est la nouvelle mode de ce qu'on va appeler les CGO. CGO, c'est Chief Geopolitical Officer. Ce n'est rien de moins qu'un directeur des affaires publiques internationales. C'est quelqu'un qui, lui, va travailler à l'échelle internationale dans le contexte géopolitique international qu'on connaît aujourd'hui. C'est très compliqué pour les entreprises d'assurer la pérennité, si je puis dire, de certains de leurs investissements. Et par conséquent, elles vont avoir... des directeurs des affaires publiques internationales ou des CGO, qui ont pour mission, justement, comme tout directeur affaires publiques ou comme tout responsable affaires publiques, d'aller analyser, anticiper les décisions, les événements qui pourraient arriver dans un pays et qui pourraient... porter atteinte ou créer de nouvelles opportunités à l'organisation. Voilà, c'est un petit peu pour te montrer le spectre de ces nouvelles terminologies qui existent. Et puis après, parce que lobbying, c'est toujours très négatif, on a inventé la représentation d'intérêt. Et puis maintenant, on a plaidoyer, advocacy. Ça fait moins péjoratif, mais ça reste le même métier.

  • Speaker #1

    Alors justement, je voulais passer à la section que j'ai nommée « Assumer le mot lobbying » . Qu'est-ce que tu revendiques ? Pourquoi est-ce que pour toi, il y a un besoin de clarté ? Qu'est-ce que tu réponds à ceux qui diabolisent le mot lobbying ?

  • Speaker #0

    Qui ne connaissent malheureusement pas bien le métier. C'est-à-dire que je comprends à un moment la volonté de passer outre le lobbying. C'est important d'être précis, notamment dans les termes utilisés. C'est important aussi d'être efficace. Et donc aujourd'hui, on a préféré le terme de représentant d'intérêt, qui me va très bien, et puis c'est un terme français, pour ceux qui... Partirait du principe qu'il y a une mauvaise représentation d'intérêt ou un mauvais lobbying et un bon lobbying. La représentation d'intérêt, elle est toujours bonne, dès lors qu'elle permet à tout un chacun de prendre une décision en connaissance de cause. Et pour moi, c'est ça le seul, enfin le seul, sans vouloir le restreindre à ça, mais c'est ça le métier principal et l'action principale, l'objectif du représentant d'intérêt ou du lobbyiste, c'est de faire en sorte que chacun puisse prendre ses décisions en connaissance de cause. Et représenter des intérêts, c'est jamais mauvais. À mon sens.

  • Speaker #1

    Est-ce que pour toi, il y a une ligne rouge, justement, le tabac, les pesticides ?

  • Speaker #0

    La fameuse question du tabac et des pesticides. Il y a évidemment des lignes rouges pour chacun, mais je crois qu'elles sont très personnelles. Moi, je n'en ai pas. Ou du moins, je n'en ai pas sur des secteurs, et je le revendique volontiers, en tout cas, je ne m'en cache pas. Je travaille pour le secteur du tabac, je travaille pour le secteur agro-ali, en matière de recrutement, j'entends. Encore une fois, il y a des mauvaises manières de faire du lobbying, mais il n'y a pas de mauvais lobbying de facto. Chaque entreprise, chaque organisation, chaque secteur mérite d'être défendu. Et il ne faut pas oublier encore une fois que le lobbyiste représentant de l'industrie du tabac, Il n'est pas là forcément pour dire « fumer, c'est bien » . Ce n'est même pas qu'il n'est pas là forcément pour ça, c'est qu'il n'est pas là du tout pour ça. Il est là pour faire en sorte d'anticiper des conséquences, de choses, de décisions qui pourraient être prises. Je vais prendre un exemple très concret. Évidemment que le tabac n'est pas bon pour la santé, on ne va pas s'en cacher. Néanmoins, derrière l'industrie du tabac, ce sont, un, des jobs, donc une économie qui tourne dans certains territoires. Ce sont, deux, si on les augmente trop, des ouvertures au marché noir et à la contrefaction qui sont immenses. Donc ce que je veux dire par là, c'est que, encore une fois, le rôle du lobbyiste, ce n'est pas de défendre le tabac en tant que tel, ce n'est pas de dire « allez fumer » , c'est de faire comprendre au pouvoir public quelles seraient les conséquences d'une hausse complémentaire de la taxe, notamment sur la contrefaçon, notamment sur le marché noir, et d'anticiper ensemble quelles seraient les solutions, les leviers d'action pour améliorer. l'ensemble, sans porter de facto préjudice à certains acteurs qui n'y sont pour rien. Parce que ce qui commence à être interdit ou mal vu aujourd'hui, il ne faut pas oublier que ce sont des choses qui ont été autorisées par le passé, où des investissements ont été faits, etc. Deuxième exemple que tu prends, qui est tout aussi clivant, les pesticides. Et d'ailleurs, la loi Duplon nous en donne un exemple actuel assez intéressant. Pour les pesticides, c'est pareil. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, évidemment qu'on veut tous aller vers une meilleure santé du grand public. Maintenant, arrêter certaines utilisations de pesticides aujourd'hui, c'est s'assurer qu'il y a un rendement similaire, si nécessaire, avec une alternative qui soit crédible et qui soit meilleure pour la santé, ce qui n'est pas toujours le cas, parce que supprimer c'est bien, mais on remplace par quoi ? Le sujet est toujours le même, si tu veux. Ce n'est pas de dire, utilisez ça, c'est bien, ou ne faites pas ça, c'est mal. Le sujet, c'est de dire, à tel jour c'est existant, il y a des consommateurs, comment est-ce qu'on entrevoit ensemble ? l'avenir sans ce produit, sans cette substance ou par quelle alternative. Et donc, pour moi, en ce sens, il n'y a pas du tout de mauvais lobbying. Par contre, encore une fois, il y a des mauvaises manières de faire du lobbying. Et pour répondre à ta deuxième question, je n'ai pas de ligne rouge sur le secteur parce que je pense vraiment que tout mérite un moment d'avoir ses intérêts représentés. Dès lors qu'encore une fois, chaque décision, chaque décision, quand bien même elle est bonne à long terme et elle est prise pour les bonnes raisons, elle entraîne de facto immédiatement des conséquences. économique, sociale, etc. Et donc, il faut juste les anticiper. Ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas interdire in fine, ça veut dire qu'il faut anticiper. Moi, mes lignes rouges, elles sont plutôt organisationnelles. C'est-à-dire qu'effectivement, je donne des exemples, un client qui me dirait... Encore une fois, on comprend beaucoup de choses. Qu'il y ait des sujets d'équité au sein des équipes, qu'il y ait des sujets en fonction, on l'évoquait précédemment, de dissolution, de tendance plutôt, en gros, pour faire très partie de droite ou de gauche, ça, je l'entends parfaitement. Maintenant, effectivement, une organisation Merci. qui, dans sa manière de fonctionner, dans sa manière de se présenter, dans sa manière de recruter ou de faire des choix de candidats en fonction uniquement de leur parcours, de choses qui aujourd'hui sont illégales à prendre en compte, ça, je m'y refuse. De la même manière, je ne serai pas à l'aise, et ce n'est pas que je ne serai pas à l'aise, c'est que je le refuserai, et tant pis si c'est une clientèle en moins, à titre personnel, encore une fois, ça ne veut pas dire que je n'ai pas certains collaborateurs qui le feraient, je ne travaillerai pas pour certaines entreprises qui font de l'ingérence dans notre propre pays. Encore une fois, c'est très personnel.

  • Speaker #1

    On vous l'a déjà proposé ? Oui. D'accord. Et justement, ces mauvaises façons de faire du lobbying, on vous les propose comme ça ? Alors,

  • Speaker #0

    on ne nous les propose pas parce que nous, on est là pour recruter les personnes. Mais effectivement, on voit vite dans le discours, nous, notre rôle en tant que recruteur aujourd'hui, c'est d'abord et avant tout de bien comprendre l'objectif de notre client. Pourquoi est-ce qu'il a besoin d'un représentant d'intérêt ? Quelle est la réalité du profil recherché ? Pourquoi est-ce qu'il en a besoin ? Parce que notre premier rôle, c'est un rôle de conseil en fait. On a des personnes qui viennent nous voir en disant « j'ai besoin d'un lobbyiste » , mais pour nous, ce qui est important, c'est de connaître l'objectif, pourquoi il en a besoin pour définir le bon profil. Parce qu'encore une fois, comme on l'a dit, il n'y a pas un seul bon lobbyiste, il y en a plein, tout dépend de l'objectif. Donc c'est de comprendre l'objectif pour ensuite définir la meilleure fiche de poste et lui chercher le meilleur talent, pour encore une fois utiliser les termes techniques du métier. Si dans cet échange, nous voyons effectivement que... Soit les profils sont trop restrictifs, c'est-à-dire qu'il nous dit « je veux qu'il sorte absolument de cette école parce que tout le reste c'est nul » ou « je veux que ce soit quelqu'un qui… » Encore une fois, des choses qui sont aujourd'hui illégales, qu'on n'a pas le droit de prendre en compte. Ça peut être l'orientation sexuelle, ça peut être l'orientation religieuse, ça peut être… Enfin voilà, tout ça, ça on s'y refuse bien entendu. Maintenant, ce n'est pas à nous de juger d'un lobbying qui doit être bon ou mauvais au sein d'une organisation. Et de ce point de vue-là, tu l'as compris, moi je suis plutôt libérale. Chaque organisation a le droit de voir ses intérêts représentés.

  • Speaker #1

    Alors... Est-ce que d'après toi, il y a plus d'organisations qui sont équipées maintenant, pas seulement dans les entreprises, mais aussi dans les associations, dans les petits mouvements ? Est-ce que tu as l'impression que le lobbying, c'est quelque chose dont tout le monde s'empare en ce moment ?

  • Speaker #0

    Dont les gens s'emparent de plus en plus, et c'est une bonne chose. Pas encore assez à mon sens, mais tant que tout le monde ne sera pas doté d'un représentant d'intérêt, je ne serai évidemment pas satisfaite et je continuerai à prendre mon bâton de pèlerin. Mais plus sérieusement, oui, aujourd'hui, beaucoup, je ne veux pas dire la plupart parce que je ne sais pas, et d'ailleurs je pense que non, mais beaucoup d'organisations sont dotées de représentants d'intérêt. Encore une fois, avec des terminologies qui parfois ne leur font même pas rendre compte qu'elles ont un lobbyiste en interne. C'est-à-dire que de temps en temps, on parle avec un patron qui nous dit « oui, mais moi j'ai quelqu'un, c'est plutôt pour le développement commercial dans le territoire » . Et en réalité, c'est un lobbyiste. En tout cas, ça fait partie du carcan des affaires publiques. Il y a de plus en plus d'organisations, oui, et pas que des entreprises, tu as raison de le préciser. Déjà, il faut savoir que, et j'étais surprise quand j'ai commencé ce métier de recruteur, que toutes les boîtes du CAC 40 ne sont pas dotées de représentants d'intérêt. Et, à contrario, beaucoup de nouvelles organisations sont dotées. Tu parlais des entreprises, tu parlais des organisations, des associations, c'est très vrai, mais aujourd'hui, il faut savoir que, alors, ça peut fluctuer d'une année à l'autre, mais dans notre clientèle, on va avoir, et cette année est particulièrement intéressante, allez, ce n'est pas une science exacte, mais ... 60% d'entreprises, 30% d'organisations professionnelles. Dedans, je mets aussi l'association Think Tank, je ne devrais pas m'échapper à un résumé. Et puis 10% de tout ce qu'on va appeler cabinet de conseil. spécialisés ou non en affaires publiques. Il y a, et notamment cette année, ça fait deux ans maintenant, un développement croissant de ces métiers-là au sein des organisations professionnelles, notamment à des postes de DG, donc délégués généraux, secrétariats généraux, où avant c'était plutôt des personnes identifiées, issues du secteur et où maintenant, on va chercher des personnes qui ont cette vraie capacité, si je puis dire, de représentation d'intérêt aussi. Parce que finalement, une organisation professionnelle, un syndicat, son essence même, sa raison d'être, c'est de faire de la représentation d'intérêt. C'est de défendre un secteur, c'est de défendre une typologie de structure. Et par conséquent, ils sont de facto lobbyistes. Donc oui, on voit de plus en plus de petites structures d'organisation, TPE plutôt PME. mais qui se dotent de représentants d'intérêt. Donc clairement, ce n'est pas un poste réservé à des entreprises cotées, bien au contraire.

  • Speaker #1

    Donc il y a plus d'ouverture. Tu le disais aussi tout à l'heure, il y a aussi beaucoup plus de formation maintenant. Ça se structure. Il y a des écoles même qui apparaissent autour des affaires publiques. Est-ce que toi, tu remarques qu'il y a beaucoup plus de demandes pour les postes de juniors ? Finalement, est-ce qu'il y a encore assez de travail pour tout le monde ?

  • Speaker #0

    Alors oui, il y a encore assez de travail pour tout le monde, fort heureusement. Parce qu'encore une fois, comme on le disait, il y a un accroissement. des postes en affaires publiques, parce qu'on se rend enfin compte de l'importance d'avoir un représentant d'intérêt en interne, et par conséquent, effectivement, plus il y a d'ouverture de postes, plus il y a de potentiels candidats. Tu le disais, et c'est vrai, il y a de plus en plus d'écoles ou de formations aux affaires publiques, soit post-bac, soit école de reconversion, ce qui, un, montre bien une chose, c'est qu'on doit apprendre une certaine technicité. et que le métier de lobbyiste nécessite, pardon, une certaine technicité, parce que ce n'est pas à l'école qu'on vous donne votre carnet d'adresse. Donc voilà, je me permets juste cette digression pour répondre en partie à ta toute première question. Mais oui, il y a beaucoup de formations, ce qui est une bonne chose, parce qu'on voit en plus des formations qui, avant, étaient très généralistes, affaires publiques, et qui commencent aujourd'hui aussi à se spécialiser dans certains secteurs, par exemple, affaires publiques, santé, affaires publiques, sécurité-défense. Donc c'est intéressant, on voit qu'effectivement, ... On nécessite une certaine technicité. Et puis surtout, ce qui est super, c'est que ça permet à des jeunes étudiants d'arriver sur le marché avec d'ores et déjà, entre guillemets, des clés de compréhension et une espèce de, excusez-moi le terme trivial, mais une boîte à outils immédiatement utilisable. Quand nous, à l'époque, on apprenait quand même sur le tas. Donc, il y a des choses qu'on mettait un petit peu de temps à apprendre.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu aurais aimé savoir quand tu as commencé ? Si tu pouvais te voir maintenant plus jeune, quels conseils tu te donnerais ?

  • Speaker #0

    Alors, dans du très détaillé, ça c'est idiot, mais je me souviens à toute ma vie, la première fois que ma sénatrice à l'époque me demande de déposer un amendement. Je ne savais pas du tout comment ça fonctionnait ce truc-là. Et pourtant, j'étais embauchée au Sénat, il fallait se connecter à une plateforme. Même le formalisme de la chose, je n'ai jamais vu ça. Après, on m'a dit qu'il fallait le motiver. Alors, motiver l'amendement, je ne savais pas ce que je devais écrire là-dedans. Bref, c'est du détail et c'est anecdotique, mais on était balancé entre guillemets dans un milieu où on n'y connaissait pas grand-chose et où finalement, on était aussi un petit peu naïf. aujourd'hui ce qu'ils apprennent à l'école c'est à la fois l'importance de l'information intégralité des interlocuteurs, l'importance de bien vérifier son actualité, c'est l'importance de savoir comment travaille une commission, quelle est son influence, est-ce que le gouvernement peut émettre des avis favorables, enfin voilà, tout un tas de choses qui sont des choses techniques, qui sont très utiles, et quand on le sait, on gagne beaucoup, beaucoup de temps les premières fois.

  • Speaker #1

    J'ai deux autres questions pour toi, Roxane. Qu'est-ce qu'il faudrait, d'après toi, pour restaurer la confiance autour du métier, en tout cas pour changer peut-être son image qui est parfois mal connotée ?

  • Speaker #0

    C'est une bonne question. Déjà, il faut des sujets de transparence qui, aujourd'hui, sont faits par la HATVP. Alors, de temps en temps, ça va un petit peu trop loin, mais bref, c'est un autre sujet. Donc déjà, tu as cette transparence sur le métier, ce qui se développe quand même bien ces dernières années. C'est également, comme on l'a vu, d'avoir des formations qui sont adaptées. Parce que quand on a une définition et qu'on sait ce qu'on apprend, on sait aussi quel est le métier qui est réalisé derrière. Donc tout ça est concours. Après, ta question, elle est évidemment vague et j'adorerais avoir la solution, mais j'ai envie de dire que c'est un petit peu comme aujourd'hui. Comment on redonne confiance dans nos politiques ? C'est un peu pareil. C'est-à-dire dans un climat où il y a autant de... On est dans un climat très conflictuel, où beaucoup de personnes ne prennent plus le temps, justement, du débat, de l'argumentation. On prend des éléments de langage trouvés sur les réseaux sociaux et chacun se façonne son idée, sans chercher, sans creuser bien loin. C'est très compliqué dans le climat de défiance actuel. Comment est-ce qu'on restaure la confiance entre ces métiers-là, entre les politiques, mais j'ai envie de dire aussi, parfois avec nos chefs d'entreprise ? C'est pas évident. En France, on a l'habitude de dire, les Français n'aiment pas les riches. Les Français n'aiment pas les politiques, les Français n'aiment pas les lobbyistes. J'ai pas la réponse, mais en tout cas, il y a tout un tas de petites choses qui y concourent. Et notamment, effectivement, d'avoir des formations qui sont claires, comme ça on sait ce qu'on y apprend, et puis avoir des obligations en termes de transparence.

  • Speaker #1

    Si toi, tu pouvais pousser une réforme, parce qu'il y a quelque chose... Ça fait des années que tu dis... Si je pouvais, si j'avais le pouvoir de mettre ce sujet sur la table, j'aimerais qu'il soit débattu.

  • Speaker #0

    Alors si j'avais l'idée, je me présenterais. Non, il n'y a sans doute pas une norme. En tout cas, et je paraphrase un peu le président du MEDEF à l'heure de la dernière RF, mais pour rétablir un dialogue sain, c'est même pas un dialogue, mais une confiance entre entreprise et pouvoir public, les entreprises, elles ne demandent pas grand-chose. Et ça, c'est aussi la chef d'entreprise qui parle, mais il faut de la pérennité, il faut avoir une certaine vision. Et aujourd'hui, ce qui est très compliqué, c'est, et puis on va le voir si on a à nouveau une dissolution, ce qui est très compliqué, c'est de naviguer un petit peu à vue de nos interlocuteurs au sein des pouvoirs publics. C'est vrai en France, mais c'est vrai aussi à échelle internationale. On ne reviendra pas effectivement sur l'accord qui a été trouvé entre l'Union européenne et les États-Unis et que le président Trump aujourd'hui nous semble balayer d'un coup de main. C'est très compliqué pour des entreprises, parce que les entreprises ont un temps court, mais elles ont aussi et surtout un temps long, si elles veulent perdurer, d'avancer, d'investir. de continuer à prendre des risques dans un environnement où on ne sait pas de quoi demain sera fait. Donc pour ça, je pense d'ailleurs que tout ce qui est sujet à simplification, c'est une bonne chose. Alors ça fait un petit moment que c'est sur la table. On verra si ça arrive à améliorer certaines choses, mais non, j'ai pas la recette magique. Mais si je l'ai, je reviens.

  • Speaker #1

    Roxane, on arrive bientôt à la fin de cet épisode. Est-ce qu'il y a un sujet que tu voulais développer et que t'as pas encore eu le temps de... d'exprimer ?

  • Speaker #0

    Je ne crois pas parce que tu m'as largement permis de défendre, je crois, le métier de représentant d'intérêt, de montrer sa diversité et puis son impact positif. Donc non, je ne crois pas.

  • Speaker #1

    Est-ce que, pour conclure, tu aurais une recommandation culturelle ?

  • Speaker #0

    Ah bah oui, les newsletters m'avancent. Non, alors sans blague, pour tous ceux qui s'intéressent un petit peu justement aux jeux d'influence... Je pense que dans le milieu, tout le monde le connaît déjà, mais tous les derniers bouquins de Daum Poly, je ne veux pas être trop pessimiste, ce n'est pas hyper réjouissant, mais en tout cas, pour ceux qui s'intéressent à ce secteur global de l'influence à la fois nationale, internationale, je pense que ça peut être très intéressant.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Roxane.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté Hémicycle, le podcast qui décrypte la fabrique de la loi. Je m'appelle Pierre, je suis le cofondateur de l'EG Watch, la plateforme qui vous aide dans votre veille institutionnelle. À bientôt.

Share

Embed

You may also like