07 - Justine Gineste, cordonnier-bottier et lauréate des J.M. Weston Foundation Awards cover
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Histoires d'Artisans

07 - Justine Gineste, cordonnier-bottier et lauréate des J.M. Weston Foundation Awards

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49min |02/01/2020
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Description

Dans cet épisode nous accueillons Justine Gineste, cordonnier-bottier. Cet épisode est un peu spécial puisqu’il a été réalisé en partenariat avec la Fondation J.M. Weston dans le cadre du programme “J.M. Weston Foundation Awards”.

J.M. Weston vous parle peut-être. Malgré son nom à consonance anglaise, la marque est bien française. Aujourd’hui J.M. Weston est l’une des dernières entreprises à conserver une production 100% française. Son savoir-faire d’excellence est exercé par 170 artisans dans sa Manufacture de Limoges. Pour transmettre et valoriser ce savoir-faire d’exception, J.M. Weston a créé la Fondation J.M. Weston. La Fondation a noué un partenariat privilégié avec l’Association des Compagnons du Devoir et du Tour de France, qui a donné naissance à plusieurs initiatives, dont la création les « J.M. Weston Foundation Awards ». Il s’agit d’un échange international entre la France et un pays étranger réputé pour sa tradition artisanale. Les dernières éditions ont permis aux lauréats français de découvrir le Japon. L’objectif est de permettre à des apprentis cordonniers-bottiers français et étrangers de rejoindre pendant deux mois les meilleurs ateliers des deux pays. 

C’est dans ce cadre que j’interview Justine. Fraîchement revenue du Japon, Justine nous raconte ses expériences en tant que Compagnon du devoir et lauréate des « J.M. Weston Foundation Awards ». J’ai encore une fois beaucoup appris de cet échange, et j’espère qu’il en sera de même pour vous. Belle écoute

Si vous souhaitez en savoir plus sur la Fondation J.M. Weston et les compagnons du devoir n’hésitez pas à m’écrire sur Facebook ou Instagram à histoiresdartisans. N’hésitez pas à mettre une note sur Itunes pour faire découvrir les Histoires d’Artisans au plus grand nombre et à vous abonner sur votre plateforme de streaming préférée. Je vous dis à très vite avec une nouvelle histoire. 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans la maison des Compagnons du Devoir de Pantin, aux ateliers du Pôle d'Excellence de Matériaux Souples.

  • Speaker #1

    Pourquoi les ateliers du Pôle d'Excellence de Matériaux Souples ?

  • Speaker #0

    Il y a les cordonniers-boutiers, les marronquiniers, les tapissiers, les scellés-garnisseurs et les tapissiers-décors.

  • Speaker #2

    Bienvenue dans Histoire d'Artisan. Je suis Lisa Millet et je serai votre guide dans l'exploration de l'artisanat. Je vous fais découvrir les visages, ou plutôt les voies. de ces femmes et hommes qui ont décidé de passer leur vie à créer. Aujourd'hui, nous accueillons Justine Ginest, cordonnier bottier. Cet épisode est un peu spécial puisqu'il a été réalisé en partenariat avec la fondation JM Weston, dans le cadre du programme JM Weston Foundation Awards. JM Weston vous parle peut-être, malgré son nom à consonance anglaise, la marque vient française. Aujourd'hui, JM Weston est l'une des dernières entreprises à conserver une production 100% française. Son savoir-faire d'excellence est exercé par 170 artisans dans sa manufacture de Limoges. Pour transmettre et valoriser ce savoir-faire d'exception, JM Weston a créé la Fondation JM Weston. La Fondation a noué un partenariat privilégié avec l'Association des Compagnons du Devoir et du Tour de France, qui a donné naissance à plusieurs initiatives, dont la création des JM Weston Foundation Awards. Il s'agit d'un échange international entre la France et un pays étranger réputé pour sa tradition artisanale. Les dernières éditions ont permis aux lauréats français de découvrir le Japon. L'objectif est de permettre à des apprentis coordonnés beautif français et étrangers de rejoindre pendant deux mois les meilleurs ateliers des deux pays. C'est dans ce cadre que j'interviens Justine.

  • Speaker #1

    Franchement revenue du Japon,

  • Speaker #2

    Justine nous raconte ses expériences en tant que compagnon du devoir et lauréat des JM Weston Foundation Awards. J'ai encore une fois beaucoup appris de cet échange et j'espère qu'il en sera de même pour vous. Belle écoute !

  • Speaker #1

    Bonjour Justine, merci de m'accueillir dans votre maison des compagnons. Alors Justine, on se rencontre aujourd'hui pour une raison un peu particulière. Tu as fait un échange au Japon. dans le cadre d'un partenariat entre les Compagnons du Devoir et la Fondation JM Weston.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    Avant qu'on discute de cet échange, qui je pense est passionnant, j'aimerais que tu nous racontes un petit peu ton parcours et que tu nous expliques comment tu es devenue... Voilà.

  • Speaker #0

    Alors moi j'ai fait un bac général en littérature. Ensuite je suis partie en Belgique pendant deux ans. faire une école de cinéma, que c'était pas pour moi. Avant de choisir l'école de cinéma qui était sur concours, j'étais déjà en train de regarder chez les compagnons, parce que je voulais faire de la salle d'équitation. Donc je me suis dit, au cas où, j'ai un plan B. Donc une fois que je suis rentrée en France, je suis allée à la maison des compagnons de Paris, à un hôtel de ville, pour me renseigner, et ils m'ont tout de suite aiguillée sur la formation de cellier. J'ai été mal aiguillée parce que j'ai été accueillie par des gens qui n'étaient pas du tout du métier des matériaux souples. Du coup ils m'ont dit oui oui tu peux faire de la céleri d'équitation alors qu'en fait non c'était de la céleri garnisseur. Donc c'est les sièges de voiture, c'est les bâches, tout ce qui est bateau. C'était pas du cuir que je voulais. Moi c'était vraiment un cuir un peu plus épais avec des coutures à la main, avec du fil presque fait à la main. Vu qu'on est tous ensemble, je passais souvent devant les cordonniers bâtiers et je me suis dit je crois que c'est vraiment bon. ça que je veux faire au niveau de la technique du travail de cuir. C'est pas tant la chaussure qui m'intéressait, c'était la technique. Un jour je me suis dit, j'aime pas la scène de nuit, j'ai essayé de tout mon coeur d'aimer mais ça ne me plait pas, je vais changer d'orientation. Alors là ils m'ont dit tout de suite, non mais ça fait trois fois, t'exagères ! Et bien en fait ils avaient peur que je m'ennuie, parce que c'est vrai que j'ai tendance à m'ennuyer assez rapidement. Parce que la scène à garnisseur c'est très varié, tu peux faire du sac à dos, tu peux faire... la voiture, tu peux faire du bateau. Et en chaussures, c'était que la chaussure. Donc ensuite, grâce à la sellerie, j'avais fait beaucoup de machines à coudre. Du coup, j'ai pu passer directement en apprentissage en piquage à Rouen. Et là, j'ai fait deux ans là-bas, ça m'a plu. Et j'étais dans une super communauté à Rouen, je suis partie sur le Trou de France. Ma première année, je l'ai faite dans le sud de la France, à côté d'Aix-en-Provence, en podologie. Et ensuite, j'ai voulu partir à l'étranger. Mon premier choix c'était la Finlande, je rêvais d'aller dans les pays nordiques et j'avais envie de voir ce que ça allait faire au niveau de la chaussure. J'ai démarché l'Islande, la Norvège, la Finlande et la Suède.

  • Speaker #1

    C'est-à-dire quoi j'ai démarché ?

  • Speaker #0

    J'ai envoyé énormément de mails, j'ai beaucoup appelé. L'Irlande, c'est beaucoup trop petit comme pays. La Norvège, je n'avais rien trouvé. La Suède, c'était pareil. La Finlande, j'y suis allée. On m'a dit, vas-y, ça peut fonctionner. Je suis restée deux mois et demi là-bas. J'ai tout essayé, ça n'a pas fonctionné. Du coup, je me suis dit, bon, je n'ai pas envie de rentrer en France, je vais aller en Angleterre. En fait, on a des prévots un peu partout dans le monde maintenant. Et le prévot m'avait dit, j'ai sûrement quelque chose pour toi.

  • Speaker #1

    C'est quoi un prévot ?

  • Speaker #0

    C'est quelqu'un qui s'occupe de toute une maison, toute une communauté qui s'occupe de placer les jeunes dans les entreprises. Et en Angleterre, on en a un. Il m'a dit « Ouais, ouais, j'ai quelque chose pour toi, je suis en contact avec une entreprise qui serait intéressée de te prendre, tu peux venir, c'est bon. » Donc moi j'ai pris mon billet, une semaine après j'étais à Londres, et deux jours après je reçois un mail en disant « Bon bah, on peut pas la payer, elle peut venir faire un stage mais on peut pas la payer. » Et le prévôt, moi je lui dis « Je peux pas, là ça fait deux mois et demi que j'ai pas de boulot, j'en peux plus, vraiment là je suis à bout, je veux bien être persévérante. » moment je la ctc ça commence à être difficile pour moi Je me suis dit bon j'arrête d'attendre et du coup je suis allée à Northampton, c'est la capitale de la chaussure. Il faut savoir que là bas il y a une quinzaine d'usines de fabrication de chaussures, de chez Tokyo Port. Et j'ai eu de la chance que Crocretten Jones, il y avait un français qui travaillait là bas, il était intéressé par mon CV, j'avais fait un beau book aussi, j'avais dit voilà moi en piquage je sais le faire, et ça les intéressait et j'ai passé 7 mois, 8 mois même là bas à la chaîne. C'était vraiment sympa, je sais que beaucoup de gens disent que l'industrie c'est pas terrible mais en fait... avec l'équipe dans laquelle tu es et le poste que tu occupes et toi qui t'ennuies vite tu t'es pas ennuyée et bah non parce que j'allais tout le temps du boulot parce que je changeais tout le temps de modèle parce que à la fin en plus avec l'anglais et les gens avec qui je discutais quand t'avais d'un problème t'arrivais à régler le problème c'était vraiment intéressant surtout à la fin ça m'a fait mal au coeur de partir et ensuite bah en fait le fait de passer par Grand Cat Engine ça m'a permis d'entrer chez Barluti en mesure c'est à dire quoi en mesure ? C'est du sur mesure, donc ça veut dire qu'on fait tout, tout aux mesures du client, à l'ancienne, tout est fait à la main. Si le client veut une broderie, il en aura une, si il veut ses initiales quelque part, il en aura une. Client est roi.

  • Speaker #1

    Il y a peut-être un élément sur lequel il faut revenir, quand tu as dit j'ai commencé mon tour de France. Moi je me suis renseignée avant qu'on se rencontre sur les compagnons parce que je ne connaissais pas du tout. Je connaissais le terme les compagnons du devoir mais je ne savais pas du tout comment ça fonctionnait. Et j'en ai appris encore juste avant qu'on enregistre. Tu nous as expliqué un peu comment ça fonctionnait. Il faut savoir, en fait, les compagnons, vous avez donc deux ans d'apprentissage.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    On vous délivre un CAP. Et après, pendant 7 à 12 ans, vous changez tous les ans de lieu en France. La journée, vous êtes dans une entreprise. Et le soir, vous continuez des cours.

  • Speaker #0

    C'est ça. Alors, c'est pas de 7 à 12 ans maintenant. On raccourcit parce qu'il y a une dizaine d'années, il y avait des gens qui arrêtaient l'école. au collège et du coup qui était assez jeune donc qui finissait compagnon à 25 ans, 26 ans et maintenant c'est différent il y en a beaucoup comme moi qui ont fait des choses avant 7 ans c'est trop long alors du coup on rétrécit un petit peu mais il faut savoir que quand tu deviens un compagnon t'es compagnon à vie, si tu veux vraiment continuer à être compagnon, il faut venir voir les jeunes il faut les aider, il faut venir aux réunions il faut s'impliquer dans l'association et continuer à faire vivre tout ça parce que c'est nous qui la faisons vivre mais c'est aussi les anciens Et puis on a des liens particuliers avec ces gens-là. Et ça nous ouvre parfois des portes dans les entreprises dans lesquelles ils ont été. Ils ont dit « Ah, j'ai une super jeune là qui est intéressée. » Ça peut marcher aussi comme ça. C'est un peu du piston. C'est beaucoup de bouche à oreille, cette association.

  • Speaker #1

    Est-ce que c'est vraiment du piston ?

  • Speaker #0

    C'est plutôt du bouche à oreille. Du réseau ? C'est du réseau. C'est exactement ça, ouais.

  • Speaker #1

    C'est incroyable parce que, tu vois, moi je viens du parcours classique école de commerce où on te dit « Tu en ressors avec un réseau » . En fait, les compagnons sont encore plus que ça, c'est une vraie communauté.

  • Speaker #0

    Oui, c'est plus que ça. On crée des liens qui sont très chouettes et on se connaît pratiquement tous, on s'est déjà vus. Parfois, on fait des fêtes et là, on est là, oh mais je t'ai vu il y a trois ans, comment ça va ? C'est un très très grand réseau, oui.

  • Speaker #1

    Et toi, il te reste combien de temps dans ce cas-là, dans ce Tour de France ?

  • Speaker #0

    Le Tour de France, alors il me resterait, parce que ça dépend si je fais ma réception cette année. Il me reste

  • Speaker #1

    3 à 4 ans. Ok. C'est-à-dire quoi je fais ma réception cette année ?

  • Speaker #0

    La réception, c'est l'étape du passage d'aspirant au compagnon. Donc aspirant, tu fais ton tour de France, tu as des stages, tu as des progressions à faire pour voir ton niveau d'évolution. Et une fois que tu te sens prêt, tu demandes ta réception et tu vas faire un chef-d'oeuvre, le plus beau travail que tu puisses fournir. Donc souvent c'est quelque chose d'artistique, tu peux faire artistique, tu peux faire ce qu'il faut, que ce soit technique et artistique à la fois. Et une fois que tu es reçu, tu deviens compagnon et tu as deux années de devoir, deux retransmissions. Et là en fait il faut que tu sois là pour les jeunes aspirants et apprentis. pour qu'ils soient encadrés et tu les amènes. En fait, c'est une boucle sans fin, les compagnons.

  • Speaker #1

    Ok, ouais. Ça veut dire que pendant deux ans, tu vas devoir être prof.

  • Speaker #0

    Soit tu fais prof, donc maître de stage, formateur, soit tu es juste là en tant que compagnon itinérant, tu es dans la maison, tu encadres les jeunes, notamment le soir, tu les aides à s'orienter au niveau du travail ou alors même au niveau moral. Tu dois être là, ouais. Ok. Il y a d'autres choses à faire aussi, tu peux placer les jeunes dans les villes, il y a beaucoup de choses à faire. Tu t'investis d'une manière différente.

  • Speaker #1

    C'est trop marrant parce que quand on faisait la visite des locaux des compagnons, tu as un élève qui donne des cours à un formateur, parce que le formateur est en barbouclerie et que l'élève est...

  • Speaker #0

    Ça arrive beaucoup parfois sur nos chefs-d'oeuvre. On fait appel à des menuisiers, à des chaudronniers pour des structures par exemple. Et du coup on va, on se déplace et on change complètement de tenue. On jette le tablier, on met le largeot et on met la main à la pâte. Et on se découvre comme ça des métiers, c'est très intéressant. Il y en a une par exemple, je ne sais pas si vous avez vu, la paire de chaussures qui est en vitrine. C'est des bottes de samouraï. Et elle a fait une cote de maille, et la cote de maille, elle l'a fait avec un serrurier, elle a fait sa cote de maille à la main. Et ça, tu demandes aux autres métiers, il y en a certains, il y en a beaucoup qui sont passionnés de choses, et du coup c'est très intéressant des fois de travailler avec eux, parce que vu qu'ils sont hyper passionnés, ils savent exactement comment faire, et ils se croutent la tête et tout, c'est hyper cool. Là je fais des chaussures pour un formateur serrurier, métalliste serrurier, et il m'a dit si tu veux je te ferai un escalier.

  • Speaker #1

    C'est trop bien ! Tu peux refaire toute ta maison gratuitement. Ouais, ouais, ouais. Sympa. Ok. Et j'avais une question sur quand tu dis le métier de cellier m'a pas plu. Pour moi, cellier, c'est sel. Donc c'est sel de cheval. Et quand t'as dit j'ai voulu faire cellier pour faire des sels et qu'après tu me dis ben non, en fait, tu fais des fauteuils.

  • Speaker #0

    Pourquoi ? Parce que le métier de cellier-arnacheur, historiquement... C'était des salles de cheval ici, chez les compagnons. Mais maintenant, l'évolution a fait qu'on n'a plus besoin du cheval pour se déplacer. Et du coup, ils ont évolué dans les intérieurs de voiture. C'est aussi très intéressant, mais moi, ça ne me plaisait pas. Oui,

  • Speaker #1

    oui, oui. Il n'y en a pas beaucoup,

  • Speaker #0

    mon bus d'essai. C'est difficile de gagner sa vie avec ce métier.

  • Speaker #1

    Parce qu'après, tu finis dans les bureaux d'études des...

  • Speaker #0

    Honnêtement, je ne sais pas. Parce que je ne suis pas rencontrée. Sur le tour de foin, je n'en ai pas rencontré. C'est linge. Là, il n'y en a pas ? Non, il y a une formation à Ras-du-Pin qui coûte assez cher. Et là, tu es formée, je crois, pendant deux ans. Tu fais des selles, tu dois faire du filet et de l'attelage. Mais après, je ne sais pas vraiment ce qu'ils font. Je connais quelqu'un qui est en salle avec moi, qui a fait cette formation, qui a ouvert son atelier. Mais je pense que ça se compte sur les doigts de la main.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    Sinon je bosse chez Hermès. Je ne suis même pas sûre que Hermès fasse beaucoup de production de salles de cheval. Historiquement, c'est aussi la salle de cheval. Mais maintenant, je ne suis pas sûre qu'ils en fassent autant qu'avant.

  • Speaker #1

    Sur le site des compagnons, je suis allée fouiller. Il y a des trucs que j'ai notés. Je trouve ça hyper intéressant qu'une formation ait mis des valeurs comme ça. dans son fonctionnement et les valeurs c'est ni se servir, ni s'asservir, mais servir ça c'est notre devise c'est incroyable bon je trouve ça trop cool et après ils disent qu'il y a un encart sur la transmission ouais c'est ce que j'expliquais après

  • Speaker #0

    Une fois que tu as tout fini ton tour de France, vu que tu as reçu énormément, en fait, tu reçois tellement, tellement pendant ton tour de France que maintenant, c'est à toi de donner.

  • Speaker #1

    Oui. Mais ils disent non seulement savoir-faire, mais en plus savoir-être. Ils disent, le compagnon se donne pour devoir de transmettre son savoir-faire et son savoir-être, car il aspire à être un bon ouvrier, un homme bon.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Je trouve ça trop cool.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et après, ils disent...

  • Speaker #0

    On a des vertus compagnoniques, qui sont la fidélité. l'honnêteté, la fraternité, le courage, la discipline et la patience.

  • Speaker #1

    C'est trop bien. Et seulement toutes les entreprises pouvaient avoir ça.

  • Speaker #0

    Après, bien sûr, il y a toujours des... Tout n'est pas parfait, donc c'est difficile d'être trop croisant de ses bottes. Mais en règle générale, ceux qui finissent jusqu'à la fin... Moi je connais des anciens, il y en a un, il y en a certains que j'ai rencontrés, mais c'est des gens qui sont géniaux. Et même eux disent, tu n'es pas obligé d'être compagnon pour l'être vraiment, je veux dire, tu peux avoir toutes ces vertus, tu peux avoir tout ça, mais ne pas être compagnon. C'est juste, c'est un titre qu'on a, mais le compagnonnage il s'étend partout, partout, partout. Je suis sûre qu'on pourrait créer les compagnons médecins, t'as des gens qui sont géniaux comme ça, et c'est plus...

  • Speaker #1

    C'est un état d'esprit.

  • Speaker #0

    C'est un état d'esprit.

  • Speaker #1

    il y a un autre truc sur le voyage qui fait écho à vous devez faire le tour de France ils disent le voyage est une étape nécessaire dans la construction de l'homme se remettre en cause et abandonner ses certitudes tu

  • Speaker #0

    doutes énormément pendant tout ton tour de France il y a beaucoup de doutes il y a beaucoup de choses que tu remets en question pour certains c'est très difficile de partir de chez eux Pour certains, c'est difficile de revenir chez eux.

  • Speaker #1

    Moi, je trouve que c'est...

  • Speaker #0

    On rencontre beaucoup de gens. On se casse la gueule, on remet pied à l'étrier.

  • Speaker #1

    C'est des belles valeurs à partager.

  • Speaker #0

    Beaucoup de choses à gérer. Surtout la première année du Tour de France, c'est la plus difficile pour moi.

  • Speaker #1

    Parce que c'est la première fois que tu coupes le cordon ?

  • Speaker #0

    Non, moi j'avais déjà coupé le cordon depuis longtemps avec ma famille, mais c'est plus au niveau des responsabilités parce que tu arrives, du coup tu n'es plus apprenti, tu es aspirant. Donc là on te dit maintenant, il faut y aller et du coup tu te donnes beaucoup trop de responsabilités et je pense que tu as une surcharge de travail, c'est un peu comme la première année de fac quoi. Ouais. T'as une surcharge de travail et du coup parfois c'est difficile à gérer. Ouais, il y en a beaucoup qui arrêtent. Ah ouais ? Ouais, au niveau de Noël parce qu'ils rentrent chez eux, ils ont du mal à rentrer. Parce que c'est quand même pas mal de pression. On nous met la pression, on en met à nous-mêmes. On n'arrive pas à gérer. Et après, ça va mieux. Quand tu commences à prendre le pli, déjà à gérer ta propre pression, à t'organiser dans ton travail, ça va mieux. Mais la première année, c'est assez difficile à gérer.

  • Speaker #1

    Mais parce que c'est la première année où tu rentres dans le monde vraiment de ton travail.

  • Speaker #0

    C'est ça. En plus, à l'entreprise, tu dois être... être considéré comme étant ouvrier alors qu'après l'apprentissage c'est difficile d'être ouvrier donc il y a tout ça, tout accumulé, c'est vrai que c'est la première année difficile il y en a beaucoup qui me disent là, j'ai du mal, t'inquiète pas c'est normal ouais,

  • Speaker #1

    mais tiens le coup parce que t'as l'air mieux et... ok Comme je disais en tout début, la raison pour laquelle on se rencontre aujourd'hui, c'est que toi, tu as fait un échange qui est organisé en partenariat avec les Compagnons de Devoir et la Fondation JM Weston. Encore une fois, moi, j'ai dû me renseigner parce que je connaissais JM Weston, mais je ne savais pas tout ce qu'il y avait derrière. Donc, j'ai appris que c'est une marque qui a encore toute sa chaîne de production en France, à Limoges. J'ai vu qu'ils avaient leur tannerie végétale à côté de Limoges. Toutes les chaussures sont créées à Limoges. Pour donner un peu un détail sur une paire de JM Weston, j'ai vu que c'était deux mois de travail et 150 prises en main. Donc c'est assez impressionnant. Après, pour la petite anecdote aussi, j'ai appris que JM Weston était le fournisseur officiel de la garde républicaine depuis 1975. Et ça, c'est quand même grave la classe ! Et donc la fondation JM Weston, c'est une fondation qui a été créée justement pour transmettre le savoir-faire d'excellence de JM Weston. Et dans ce cadre-là, ils ont mis en place plusieurs choses avec les compagnons, dont cet échange. Si je résume bien et si j'ai bien tout compris, et encore une fois, dis-moi si je me trompe, toi t'as postulé, t'as été prise à cet échange. Le principe c'est que toi tu vas au Japon. Et tu vas étudier deux mois au Japon, donc dans une manufacture japonaise. Et t'as deux japonais qui viennent dans les usines, enfin dans la manufacture, pardon, de JM Weston. Par rapport à ça, ma première question, c'est qu'est-ce qui t'a donné envie de faire l'échange ? Et un peu comment ça s'est passé pour postuler ?

  • Speaker #0

    J'avais déjà postulé l'année dernière. Mais vu que je partais à l'étranger, j'avais demandé à enlever ma candidature. Et du coup, là, quand j'étais en Angleterre, je ne savais pas trop s'ils allaient renouveler ça. Mais quand j'ai vu les mails, je me suis dit, vas-y, c'est maintenant ou jamais. Par. Et j'ai tout fait en anglais. J'ai mis mon CV, ma lettre de motivation en anglais. Peut-être qu'ils se sont dit, on va la mettre en avant parce qu'elle avait déjà demandé. Alors, on demande. On va peut-être la faire partir cette fois-ci. Et j'avais eu des échos de Juliette qui était partie en 2018, elle avait adoré et on en a beaucoup parlé.

  • Speaker #1

    C'est quoi concrètement qui t'a donné envie d'y aller ? C'est quoi dans ces propos à Juliette qui te faisaient dire mais c'est une expérience incroyable ?

  • Speaker #0

    Elle m'a dit déjà l'atelier où on a travaillé c'est super bien. Parce que d'une ça te remet un peu sur la beauté, sur la technique de beauté. Et étant donné que c'est un stage, on prend vachement de recul sur notre travail et du coup on prend plus le temps de faire les choses, on essaie plus de comprendre et ils sont vraiment très très très gentils là-bas. On a eu d'excellents retours des collègues, de leur gentillesse, des rapports qu'ils ont eu avec eux et de toutes les activités qu'ils ont pu faire là-bas. Puis les photos étaient magnifiques, le cadre était superbe aussi.

  • Speaker #1

    C'est à Tokyo ?

  • Speaker #0

    C'était à Tokyo, ouais.

  • Speaker #1

    Et donc tu peux nous raconter un peu concrètement comment ça s'est passé ?

  • Speaker #0

    Alors moi le premier mois j'étais en manufacture dans une maison. J'en avais déjà fait chez Croquette & Jules, donc j'étais pas dans un environnement que je ne connaissais pas, je connaissais un peu le fonctionnement et tout. Et le deuxième mois j'ai fait chez M. Fukuda dans l'atelier sur mesure. Alors l'ambiance était complètement différente, on n'avait rien à voir. Mais j'ai eu plus de mal à m'adapter pour le deuxième mois. Mais en fait, au final, après, au bout de deux, trois semaines,

  • Speaker #1

    c'est fini. Je suis venue à votre remise de diplôme.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Fukuda. C'est le master de la chaussure, non ?

  • Speaker #0

    Oui, il est très bon. Il s'est formé en anglais.

  • Speaker #1

    Il y a une description qu'ils font dans le communiqué de presse de l'événement. Ils disent son nom est aujourd'hui synonyme de talent et de goût. C'est quand même incroyable de se dire, moi quand on parle de moi, c'est du talent et du goût.

  • Speaker #0

    C'est vrai, c'est vrai.

  • Speaker #1

    C'est l'objectif de toute une vie.

  • Speaker #0

    Très beau ce qu'il fait. Ah ouais ? Très beau, ouais.

  • Speaker #1

    C'est quoi, c'est des chefs-d'oeuvre à chaque chaussure ?

  • Speaker #0

    Presque. En fait, c'est pas lui qui fait tout. Oui. Maintenant, il est plus, il fait plus la communication, il fait plus ça. C'est ses employés. Après, il décide du modèle, il choisit toutes les lignes et tout. Il fait les formes. Et ensuite, c'est trois employés qui suivent, qui forment. Trois excellents employés.

  • Speaker #1

    Ok. Quand on s'était rencontrés la première fois, tu m'avais dit que tu as appris des choses que tu n'avais pas appris dans les autres cadres, notamment de ce que j'ai cru comprendre par la culture japonaise. Est-ce que tu peux nous raconter justement ces éléments qui sont un peu particuliers que tu as pris ?

  • Speaker #0

    Moi j'ai pris beaucoup de recul avec mon boulot et j'ai pris beaucoup confiance en moi. Alors peut-être parce qu'on n'était pas japonais, mais ils nous faisaient beaucoup de compliments sur ce qu'on faisait. Et c'était vraiment agréable. Ici on a un amour. C'est vrai que sur le coup les anciens compagnons des fois se serrent un peu la vie. C'est un compliment un peu difficile. Et des fois, ça fait douter de nous, et la confiance en soi est assez difficile à accueillir chez les compagnons.

  • Speaker #1

    Parce que c'est pas franco-français. On est radins du compliment.

  • Speaker #0

    Alors que là-bas, c'était carrément amiable. On est plus notre temps, on était plus zen. Et en fait, plus t'es zen, plus ton boulot est beau, en fait. Je m'en suis rendue compte. Plus je suis stressée, plus c'est la catastrophe. Mais c'est normal, parce qu'on essaie d'aller vite. On n'a pas encore la capacité d'aller aussi vite que quelqu'un qui a fait 20 ans de métier. Mais on a du mal parce que du coup, quand ils arrivent, ils disent « Ouais, moi je fais ça en 5 minutes. » Ok, mais t'as 20 ans de métier.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Et ils ont du mal à se remettre à la place dans laquelle nous, on était.

  • Speaker #1

    Tu veux dire les gens...

  • Speaker #0

    Les anciens compagnons et même les jeunes, des fois, ils sont là « Non, ça va, t'es là. » « Ouais, mais toi, tu l'as déjà fait plein de fois. » « Moi, c'est ma deuxième fois. » Sont un peu plus... Tolérants, disons. des fois ça manque un peu de tolérance. Et la base c'était plus tolérance, c'est clair que... vu qu'ils sont... en règle générale plus patient et plus minutieux dans leur travail et bien toi tu te sens beaucoup plus zen et t'as plus de confiance en toi en disant c'est bon ma main c'est plus des bébés mes mains donc ça va mieux maintenant j'ai juste besoin d'avoir un peu de confiance et que je prenne plus mon temps sur certaines étapes que j'ai mal à faire et que c'est pas grave si je mets une demi-heure de plus alors que ici parfois si je mets une demi-heure de moins et quand j'essaie d'aller vite ça va pas alors que quand je prends mon temps à la boîte je prends beaucoup plus mon temps maintenant et c'est beaucoup mieux je le vois très bien à la boîte tu veux dire ? à l'outil, à mon entreprise je prends mon temps et c'est bien ce que je fais

  • Speaker #1

    Oui. Et tu as appris en fait, enfin ce qu'on appelle, pas des compétences techniques, mais des compétences sur toi et sur ta façon de fonctionner.

  • Speaker #0

    Sur la technique, tu apprends toujours des choses, mais le truc c'est que si tu ne travailles pas longtemps avec quelqu'un, moi j'ai vachement de mal à avoir la technique rapidement. Oui. Donc il aurait fallu rester six mois là-bas pour travailler comme eux, disons.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Une fois, ce n'était pas suffisant.

  • Speaker #1

    Tu n'as pas peur de finir par oublier ce que tu as appris là-bas, du coup ?

  • Speaker #0

    Si, si, si, bien sûr. Mais après, c'est similaire aussi à ce que nous, on fait en France. Donc, il n'y aura pas des... Il y a des points que tu vas faire différemment, mais vraiment, le résultat, c'est ce qui compte. Oui. Ce n'est pas tant de la manière dont tu le fais, c'est le résultat qui compte.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    Il y a des outils que j'ai achetés de là-bas et que j'utilise. Il y a des techniques. que non ça m'intéressait pas plus que ça. Disons que il y a des techniques qui eux le font différemment mais toi étant donné que tu l'as déjà acquise que tu es déjà à l'aise avec ton outil bah tu vas pas t'amuser à acheter un autre outil avec un affûtage différent et à essayer juste parce que c'est japonais et que ça fonctionnait très bien avec eux. Mais toi finalement t'arrives à le faire avec ton outil enfin reste avec ton outil quoi.

  • Speaker #1

    On te remet pas tout en question.

  • Speaker #0

    Non on remet pas tout en question c'est parfait un mélange mais c'est ce qu'on fait de toute façon sur Tineux Trucs de France parce que à chaque fois même dans l'atelier t'as du boulot, y'a quelqu'un qui va dire ça, et un autre juste après, cinq minutes après, il va dire autre chose, et encore un autre qui va dire autre chose. Là, je peux pas, les gars. C'est fait, de toute façon. C'est fait. J'entends ce que vous dites, mais je peux pas déjà d'une toute assimiler, et à chaque fois, vous me dites des choses différentes, ils nous disent tous, bah ouais, faut que tu fasses un milieu. Bah c'est ce que je fais. Pour leur dire, non mais stop, arrête, ça sert à rien de me dire quatre fois des choses différentes. Enfin, j'ai déjà fait, de toute façon. La prochaine fois, ouais. Mais moi, je m'adapte à la personne qui est en face de moi, quoi. Avec qui je travaille. Ils auront tous des techniques différentes, bien sûr. Mais bon.

  • Speaker #1

    Ça, c'est vraiment pour moi un concept. Quand tu dis, quand t'apprends à faire une chaussure, tu dis, bon, très bien, dans la chaussure, il y a ça. Une fois que tu sais la faire, la chaussure, c'est bon, t'as compris. Et en fait, plus j'échange...

  • Speaker #0

    avec les artisans dans le cadre de ce podcast et plus je me rends compte qu'en fait la connaissance elle est tout le temps et t'apprends toujours et même moi des fois j'arrive je fais des choses que j'ai appris par quelqu'un et il y en a des anciens qui ont 50 ans ah tu fais ça comme ça c'est intéressant ils sont pas non plus contre le fait de voir une autre manière de faire alors ils la feront peut-être pas ils en feront ce qu'ils voudront mais en soi tu fais ce que tu veux de ce que t'as appris mais c'est aussi intéressant de savoir comment ils font. Vu qu'on a des métiers qui sont créatifs et vachement manuels, et bien c'est vrai que t'as des techniques qui sont toujours différentes, avec un rendu différent, parce qu'on a tous à la fin, en plus je pense qu'au bout de 30 ans de métier, t'as ta petite touche que t'as faite, que t'as façonnée, et c'est hyper intéressant de voir comment les autres font. Après, parce que dans d'autres métiers, moi c'est pareil, je suis issue d'une famille de médecins et d'ingénieurs. Et ta fraction, il n'y a qu'une seule façon de la faire. Oui, c'est ça. Ton diagnostic, il n'y a qu'une seule façon de le faire.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Donc là, tu es dans ta formation des compagnons.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu as envie de faire de cette formation ?

  • Speaker #0

    Là, je me suis un peu spécialisée dans le piquage. C'est toute la partie souple de la chaussure dans laquelle on va rentrer le pied, avec le laçage, toutes les coutures. à la machine, faites les assemblages pour ensuite que ce soit monté sur la semelle. Et il se trouve qu'on a de la demande dans les entreprises et que chez les compagnons, notre formation est très axée sur le montage, le semelage, la mise en forme de la chaussure. Et tout ce qui est participicage, elle a été mise de côté pendant des années, parce qu'il y a 10 ans, ils cherchaient des moteurs et maintenant, on cherche des piqueurs et ils ont du mal à trouver des gens. qui ont des compétences et moi j'aimerais bien être un peu la formatrice, la doyenne de tout ça. Et former des jeunes qui veulent se spécialiser dans le piquage. D'accord. Donc ouvrir des embauches et avoir des compétences acquises là-dedans. Et dire, voilà, cette personne maintenant, elle peut travailler en chef d'atelier de piquage.

  • Speaker #1

    En chef d'atelier.

  • Speaker #0

    Ok. Ouais. Ça serait bien. Je sais qu'il y a du monde qui serait intéressé. Parce que j'ai beaucoup de jeunes qui nous voient. Oh, ça m'intéresserait bien de faire ça. Mais ils ne savent pas comment commencer. Ils ont peur de la machine. C'est... Voilà. Quand on fait pas en entreprise, je peux comprendre que ça puisse t'effrayer. C'est pour ça que j'ai envie d'ouvrir ça un peu plus. Comme ça, une personne qui voudra faire sa propre paire de chaussures ne sera pas bloquée. Parce que la plupart des... Même les anciens compagnons que je rencontre disent moi je suis incapable de faire ça. Ils sont excellents, c'est des excellents bottiers, mais ils sont incapables de toucher une machine à coudre. Ouais.

  • Speaker #1

    Pourquoi ça se fait ?

  • Speaker #0

    Parce qu'ils n'ont jamais été formés pour. En fait, ils ont toujours eu de la sous-traitance, ils ont toujours eu des gens qui le faisaient pour eux, ils demandaient aux maroquiniers pour faire une petite piqûre. Et du coup, c'est très récent qu'on commence à toucher aux machines à coudre chez les compagnons de l'Union. on a guéri deux ou trois machines. Mais il y a 3-4 ans, il n'y en avait pas. Ok. C'était soit tu avais de la chance, c'était une entreprise et tu pouvais en faire, soit souvent quand tu avais des paires à monter, tu demandais à la piqueuse « Tu peux me piquer s'il te plaît ? » Et je pense qu'avec ça, il y aura des gens qui seront vraiment complets et qui nous dépendront parce qu'il y a beaucoup de gens qui dépendent de ça. Et du coup... pour une piqueuse qui fait ça chez elle, c'est génial parce que du coup on a tout le temps du boulot mais ça serait bien aussi de voir que c'est possible si un jour tu veux faire un peu de piquage, tu veux commencer à faire tes propres choses, tu fais une petite formation. Ok.

  • Speaker #1

    Et donc dans ta formation des compagnons, tu dois faire un chef-d'œuvre ?

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et tu m'avais parlé de ce chef-d'œuvre.

  • Speaker #0

    Oui, moi j'aimerais faire des vôtres d'équitation pour... Quelqu'un d'handicapé.

  • Speaker #1

    Quelle est la particularité de ces bottes d'équitation ?

  • Speaker #0

    Là, j'ai contacté une cavalière qui est paraplégique, donc elle n'a plus l'usage de ses jambes. et elle serait très intéressante d'être élaborée avec moi. Je prendrais toutes ces mesures et de là je fabriquerais une paire de bottes sur mesure, élégantes et durables.

  • Speaker #1

    Elles ont quoi de particulier ces bottes d'équitation pour handicapés ?

  • Speaker #0

    Déjà j'ai un peu demandé comment ils faisaient pour ce chaussé. Donc il me disait qu'ils avaient effectivement du mal à trouver des bottes qui soient ajustées. Parce que même je pense que si tu vas chez un bottier qui fait du sur-mesure en équitation qui est assez rare maintenant, et ben soit il va te demander du prix exorbitant, soit il va dire non je sais pas faire parce que je ne fais que de la botterie, je ne fais pas d'orthopédie. Ça fait peur en fait disons. C'est un vrai challenge de se dire cette personne. Parce que quand on est paraplégique, vu qu'on n'a pas le visage de ses jambes, les muscles sont...

  • Speaker #1

    Atrophiés.

  • Speaker #0

    Atrophiés. Et du coup, le mollet est bien plus petit. Un calme normalement d'une botte a quand même un mollet assez conséquent.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    L'idée, c'est que j'ai envie de lui faire un truc quand même assez joli, donc avoir un galbe de mollet, qui est quand même digne de la botte classique, mais à sa mesure.

  • Speaker #1

    D'accord, ok. Ok, je comprends. C'est pas un système pour lui permettre de commander ses jambes ? Non. Ok. C'est vraiment pour faire un truc esthétique ?

  • Speaker #0

    Parce qu'en plus, souvent, les bottes que tu achètes dans des entreprises, comme, je crois que c'est Fellini qui fait un peu de demi-mesure, disons. En fait, la demi-mesure, ça va être plutôt la hauteur de mollet, des fois le tour, mais ça, c'est pas souvent, et la pointure, et la demi-pointure, et la largeur. et elle me disait non c'est vrai que c'est trop grand et du coup quand c'est trop grand souvent le tuyau de bottes ça fesse et c'est pas très joli ça fait de la guile et on veut pas ah ouais ok c'est hyper intéressant donc grâce

  • Speaker #1

    à ce chef d'oeuvre t'aurais du technique et tu m'avais dit quoi technique et esthétique et esthétique et donc toi ton objectif c'est de dire

  • Speaker #0

    j'en fais mon chef d'oeuvre et je vois s'il y a un marché après ouais là c'est ça un petit business plan classique l'idée c'est qu'elle les porte en compétition et je pense que c'est comme ça que ça fonctionne quand tu commences à avoir du monde qui porte tes chaussures bah après c'est tout ils ont tous fait comme ça, Marcelo, Berluti Weston, Crockett & Jones, il faut que ça se porte il faut en parler et bien c'est de l'influence marketing ouais c'est pas dans ton atelier à 100% en mettant en vitrine que tu vas... que ça va fonctionner.

  • Speaker #1

    Clairement. Oui, et puis, ils se connaissent tous. En plus,

  • Speaker #0

    ouais. En plus, je pense que le Paralympique est encore plus petit que les Jeux Olympiques. Oui. Valide. Le monde doit être un peu petit. Et c'est marrant parce que je discute même avec des gens qui sont très intéressés par l'orthopédie et ils me disent « Je me suis jamais vraiment intéressée à comment ils se chaussent tous ces athlètes handicapés. »

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Je dis « Mais c'est hyper intéressant. Attends, c'est... » Parce que les athlètes valides, ils ont tous des sponsors. Ils se font chausser chez Nike et chez Adidas. Les grands cavaliers, je pense qu'ils vont dans des usines. Ils ne vont pas chez des bottiers parce que c'est trop cher. Il y en a quelques-uns qui les ont, mais je ne pense pas qu'il y en ait beaucoup. Et les paralympiques, en fait, on les laisse complètement de côté.

  • Speaker #1

    Oui, parce qu'en plus, ce que tu m'expliquais, c'est que les paralympiques, ce n'est absolument pas leur métier.

  • Speaker #0

    Oui, des fois. Alors, il y en a certains, c'est des professionnels, mais il y en a d'autres, non. Et là, j'ai vu la... la dame qui s'occupe de la Fédération de la Fondation des Équipements, je l'ai eue au téléphone et elle m'a dit en fait c'est encore plus bizarre, j'ai trouvé que c'était vraiment très bizarre, ils vont savoir s'ils vont partir aux JO deux semaines avant.

  • Speaker #1

    Mais non. Si.

  • Speaker #0

    Je n'ai pas compris pourquoi.

  • Speaker #1

    Mais comment ils font pour se préparer ?

  • Speaker #0

    Ben ouais. Alors ils ont des qualifications, donc ils m'ont dit là, les qualifications des gens qui seront qualifiés aux JO olympiques, ce sera en janvier, déjà je trouve ça très tard, alors que toutes les équipes de valide sont faites.

  • Speaker #1

    Janvier 2024.

  • Speaker #0

    2020.

  • Speaker #1

    Ah oui, pour Tokyo.

  • Speaker #0

    Donc je demandais, parce que j'ai regardé, là les sélections françaises des valides sont faites. Eux, il faut qu'ils attendent janvier, et ensuite ils vont savoir, deux, trois semaines avant, s'ils peuvent partir ou pas. Ah, bine. Ouais, moi j'ai trouvé ça scandaleux, je me disais mais c'est pas possible. Comment ils font ? Pour s'organiser, il faut quand même mettre ton cheval dans un avion quoi. C'est pas des baskets qu'ils font mettre là, c'est un cheval quand même. C'est clair ? Oui.

  • Speaker #1

    Oui, et puis deux semaines avant, le billet d'avion n'est pas gratuit.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas. J'ai trouvé que c'était étrange. Après, on verra. Il faut que je me renseigne, il faut que je les rencontre et que je discute un peu avec eux.

  • Speaker #1

    Et donc, ton chef-d'oeuvre, toi, tu vas le faire pour les JO de 2020 ou 2024 ?

  • Speaker #0

    De toute façon, ce ne sera ni l'un ni l'autre parce que la cavalière, son cheval est blessé, donc elle ne participera pas aux JO. Par contre, elle participera aux championnats d'Europe.

  • Speaker #1

    Ok. Et c'est quand ?

  • Speaker #0

    Je sais pas. Je ne l'ai pas encore rencontré parce qu'il faut que j'attende l'accord de mon métier. Il me dit « Ok, c'est bon, tu peux y aller, t'as le niveau, t'es prête. » Ou alors ce sera peut-être au bout de cette année prochaine, je ne sais pas encore. Donc c'est pour ça que je n'ai pas envie de m'avancer en me disant « C'est bon, je suis prête, je te rencontre, je te l'ai fait cette année. » Ouais, je n'ai pas envie de lui donner de faux espoirs ou quoi que ce soit.

  • Speaker #1

    Ouais, ok

  • Speaker #0

    Pour l'instant je suis sur la réserve J'attends le mois de janvier Si moi j'ai envie de faire le feu vert, et bien là je vais me rappeler. Ah oui, oui, oui. Ok.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu peux nous raconter une anecdote, idéalement, sur ton échange au Japon ?

  • Speaker #0

    Je me souviens surtout, parce que la culture du Japon est quand même très très éloignée de la nous, et en fait, pour faire du riz, c'est quand même leur aliment principal, et en fait, ils ont une machine à riz spécifique.

  • Speaker #1

    Un rice cooker.

  • Speaker #0

    Voilà. Et nous, on se dit, tu fais du riz en France, pour un quart d'heure, vingt minutes, voilà. Et là, il fallait attendre une heure. C'est quoi ça ? C'est une vie de qualité supérieure. Alors déjà, quand tu vas t'acheter ton riz, j'ai jamais vu autant de choix de riz de l'anguille. Je savais pas du tout ce que lequel prendre. On prenait toujours au pif parce que tout, tout est traduit en lettres. C'est que des signes. Et alors à chaque fois, il fallait avoir un... Alors ils ont des petits verre-doseurs qui vont mettre ta dose de riz équivalent à ta dose d'eau. Fallait laver trois fois, tout ça nous gonflait, je crois. Et un jour on a fait c'est bon, y'a personne nous alentour, on a mis le riz comme ça du sachet, on a mis de l'eau, on a mélangé, on a mis dedans, et en fait y'en avait un qui était là et il nous a regardé ! Il était choqué, il a dit mais vous êtes folle ! On aurait dit qu'on avait pris un risque ! Alors c'était juste du riz quoi, si c'était raté c'était pas grave !

  • Speaker #1

    Ah mais non !

  • Speaker #0

    On a bien rigolé ouais. Du coup à chaque fois qu'on était là on était dans le japonais qui prend des risques. c'est un japonais qui dose pas son vie quoi attention hein Il y a ça, il y a aussi... Une fois aussi, on a eu une autre interview dans l'entreprise. Et alors, moi j'étais avec Lara, on regardait comment ça allait se passer. Et là, on a vu, attention, l'échange de carte de visite. Le plus drôle que j'ai jamais vu. Alors ils sont complètement courbés. Et ça dure au moins 3 minutes. L'échange de carte, parce qu'en fait, je pense que le fait que si tu lâches la carte de visite avant ton interlocuteur, ça va être un manque de politesse. Du coup ils sont là en train de se dire Aligato gozaimasu dix fois de suite, et tu vois les change de carte très très très très lent, jusqu'à temps que le premier lâche la carte quoi ! C'est excessément drôle et puis ils sont trop mauvais comme ça, et ça dure et ça dure, et on a ri, mais on a ri !

  • Speaker #1

    Ouais c'est le summum de la politesse là.

  • Speaker #0

    C'est ça, et on a eu beaucoup beaucoup de typhons aussi, alors à chaque fois qu'on voulait aller quelque part en route. Le week-end c'était compliqué avec les trains,

  • Speaker #1

    j'ai jamais vu de train,

  • Speaker #0

    c'est très compliqué les billets de train là-bas, c'est très cher aussi, mais sinon c'était vraiment super, on avait des paysages magnifiques, on a vu le mont Fuji deux jours avant de partir quoi, c'était le graal de notre voyage, le mont Fuji ça a été, on était en train de marcher et puis là je fais regarde ce qu'il y a là-bas et là il y avait le mont Fuji, heureusement qu'on l'a vu parce que l'après-midi on le voyait plus. Et c'était trop bien. On est restés devant une demi-heure en regardant, en disant « Ouais, c'est bon, la vue. » « C'est bientôt. » « C'est vraiment super. » On a fait une gyoza party avec nos collègues. On les a invités dans notre coloc et on a appris à faire des gyozas avec eux. C'était génial, c'était vraiment super.

  • Speaker #1

    Ils ont l'air d'être quand même hyper serviables. Ouais.

  • Speaker #0

    Mais mes parents sont venus au Japon, mais pas du tout pour me voir. Ils avaient déjà booké leur voyage avant que j'aie la confirmation d'y aller. Et quand je suis revenue et ils m'ont vu, ils m'ont fait « Ouais, franchement, je pense qu'on n'aurait pas autant aimé s'il n'y avait pas eu ces gens qui étaient excessivement gentils, serviables, accueillants, chaleureux. » C'est vrai que quand tu voyages comme ça, il y a des pays qui sont très beaux, mais où les gens sont plus hostiles. On ne t'en garde pas un super souvenir, tu vois. Tu te dis, ouais, c'était super et tout, c'était beau, on avait des beaux paysages, mais en matière d'humanité ou de bien se sentir dans le pays, c'était pas ça. Alors que là-bas, là-bas, c'était complètement différent. On se sentait vraiment très bien. Grâce aux gens. Je pense que c'était vraiment grâce aux gens qui habitaient.

  • Speaker #1

    Il y a une question qui me vient, comme ça. Comment vous échangez avec Maître Fukuda ?

  • Speaker #0

    Il parlait très bien l'anglais. Vu qu'il s'est formé en Angleterre, donc il avait un anglais vraiment nickel. Et je pense qu'il continuait de l'entretenir parce qu'il voyage beaucoup. Et grâce aux réseaux sociaux, notamment Instagram, il a énormément d'abonnés. Vraiment beaucoup, beaucoup. Et du coup, il est tout le temps en train d'entretenir son anglais. C'était plus avec certains employés qui avaient des bases d'anglais, mais un petit peu difficile. Mais vu qu'on a un métier très visuel et manuel, et bien c'est avec des photos, avec des gestes, avec des dessins, c'est facile de se faire connaître.

  • Speaker #1

    Ok. Ce qui est incroyable, parce que le geste est... Enfin, c'est international, quoi. Complètement. Le geste est international.

  • Speaker #0

    Et nous, on avait déjà des bases, parce qu'on avait déjà un peu d'expérience. Du coup, on avait moins de mal à comprendre qu'un apprenti, par exemple, qui aurait eu beaucoup plus de mal à comprendre. Oui.

  • Speaker #1

    Ok. Et donc, j'en reviens à la dernière question que je pose à chacun de mes invités. qui m'intéresse plus particulièrement pour toi parce que justement tu es la nouvelle génération d'artisans quelle est ta vision de l'artisanat aujourd'hui et ta vision de l'artisanat pour le futur je

  • Speaker #0

    sais qu'il y en a beaucoup notamment des anciens qui ont une vision un peu sombre de l'artisanat mais moi je suis plutôt confiante parce qu'on a toujours toujours ce gage de qualité en matière d'artisanat, on met beaucoup de coeur à l'ouvrage et on a toujours du produit qui sera meilleur qu'en industrie quoi qu'on fasse, quoi qu'on dise sur l'artisanat alors oui ce sera plus cher, ce sera toujours plus cher mais euh... Mais non, je pense que l'avenir peut encore durer pour nous. Et ça a encore plus de succès, parce qu'on voit beaucoup de reconversions professionnelles tardives. Les gens ne veulent plus bosser dans des bureaux. Et du coup, je pense que c'est ça qui va vraiment nous faire monter en flèche. Et après, je sais qu'il y a beaucoup de gens qui sont passionnés de chaussures, sans forcément en faire. Et ça, c'est ce qui continue à nous faire vivre. C'est vraiment ces gens qui sont passionnés de chaussures. Il y en a, je sais, on travaille dans une grosse boîte, il y en a un, là, on lui a fait dix paires de chaussures, juste pour une personne. Le mec adore Berluti, quoi. Mais c'est bien, parce que nous, ça nous fait travailler, et en plus, parfois, ils ont des demandes un peu spécifiques, du coup, il faut qu'on se cause la tête. Non, non, je pense que... Je pense que l'avenir est encore... ... ...

  • Speaker #1

    Et au sein même de l'école, tu vois le nombre de compagnons augmenter, diminuer ?

  • Speaker #0

    En fait, disons que l'arrivée du compagnonnage sera toujours plus réduite par rapport à ce qui part sur le Tour de France. Parce qu'il y a des gens qui ont des opportunités, parce qu'il y a des gens où c'est pas fait pour eux... Il y a tout un tas de critères qui peuvent entrer en jeu. Mais je pense que c'est pas tant le nombre de compagnons qui arrive à ce stade là, c'est plutôt la qualité des compagnons. Et c'est pour ça que le Tour de France existe. C'est pour avoir la qualité plutôt que le nombre.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    Mais c'est hyper important de continuer cette retransmission pour faire vivre l'artisanat et le compagnonnage parce qu'il y a des gens qui refusent, vraiment, il y a des gens qui ne veulent pas. qui veulent garder ça pour eux et une fois que c'est fini, ils emportent ça dans leur tombe et c'est perdu oui et puis il y a des fondations comme JM Weston moi je trouve ça vraiment top qu'ils aient réussi à mettre ça en place super, il faut vraiment continuer de faire ça ce qui serait bien c'est que cette fondation JM Weston Je donne exemple à d'autres fondations dans la maroquinerie, dans la tapisserie, partout, partout, partout, pour faire la même chose pour d'autres jeunes. Parce que je suis sûre qu'on peut faire ça partout, et dans d'autres métiers.

  • Speaker #1

    On a encore des manufactures en France, avec un savoir-faire d'excellence, il y en a peu, mais il y en a encore, et je pense que si on va arriver à les faire tourner... De toute façon, les marques, elles n'auront pas le choix à un moment.

  • Speaker #0

    Non, ouais.

  • Speaker #1

    Si elles veulent retransmettre et continuer de faire des...

  • Speaker #0

    des objets de qualité mais pour ça la fondation c'est super et puis de toute façon après JM Weston ce qui est bien c'est qu'ils ont une renommée internationale tu vas tu vas en Amérique du Sud, tu vas au Japon, tu vas partout, tout le monde connait JM Weston alors c'est marrant parce qu'ils pensent tous que ce mec n'est pas français alors que c'est vrai mais ouais ouais ça a une renommée internationale et les grosses boîtes comme ça ils font Il faut tous qu'ils fassent ça. Dans d'autres métiers. Parce que j'en vois beaucoup des pôles d'amateur. Ceux qui sont... C'est super et tout. Et je leur dis... Ouais, c'est génial. Et ça serait bien que vous fassiez pareil. Pendant deux mois, tu vas... Je sais pas. T'as pas besoin d'aller au Japon. Il y a plein d'autres destinations. Tu vas en Inde. Tu vas n'importe où. Et tu amènes deux gens ici aussi en France. Et tu fais la même chose.

  • Speaker #1

    Hermès, si vous nous entendez.

  • Speaker #0

    Ouais. Faites donc des échanges, envoyez vos jeunes là-bas. En plus Louis Vuitton commence à s'importer aussi hors d'ordre à France.

  • Speaker #1

    Oui. Bon, sur cette note positive et plein d'entrain, je te remercie pour cet échange Justine.

  • Speaker #0

    C'est un grand plaisir.

  • Speaker #1

    Et puis merci pour votre accueil et les compagnies.

  • Speaker #0

    On a le sens de l'accueil. Le sens de l'hospitalité. C'est top,

  • Speaker #1

    merci. Merci beaucoup pour votre écoute. J'espère que le parcours de Justine vous aura inspiré. Si vous souhaitez en savoir plus sur la fondation JM Weston et les Compagnons du Devoir, n'hésitez pas à m'écrire sur Facebook ou Instagram à Histoire d'Artisan. N'hésitez pas à mettre une note sur iTunes pour faire découvrir les histoires d'artisan au plus grand nombre et à vous abonner sur votre plateforme de streaming préférée. Je vous dis à très vite avec une nouvelle histoire.

Description

Dans cet épisode nous accueillons Justine Gineste, cordonnier-bottier. Cet épisode est un peu spécial puisqu’il a été réalisé en partenariat avec la Fondation J.M. Weston dans le cadre du programme “J.M. Weston Foundation Awards”.

J.M. Weston vous parle peut-être. Malgré son nom à consonance anglaise, la marque est bien française. Aujourd’hui J.M. Weston est l’une des dernières entreprises à conserver une production 100% française. Son savoir-faire d’excellence est exercé par 170 artisans dans sa Manufacture de Limoges. Pour transmettre et valoriser ce savoir-faire d’exception, J.M. Weston a créé la Fondation J.M. Weston. La Fondation a noué un partenariat privilégié avec l’Association des Compagnons du Devoir et du Tour de France, qui a donné naissance à plusieurs initiatives, dont la création les « J.M. Weston Foundation Awards ». Il s’agit d’un échange international entre la France et un pays étranger réputé pour sa tradition artisanale. Les dernières éditions ont permis aux lauréats français de découvrir le Japon. L’objectif est de permettre à des apprentis cordonniers-bottiers français et étrangers de rejoindre pendant deux mois les meilleurs ateliers des deux pays. 

C’est dans ce cadre que j’interview Justine. Fraîchement revenue du Japon, Justine nous raconte ses expériences en tant que Compagnon du devoir et lauréate des « J.M. Weston Foundation Awards ». J’ai encore une fois beaucoup appris de cet échange, et j’espère qu’il en sera de même pour vous. Belle écoute

Si vous souhaitez en savoir plus sur la Fondation J.M. Weston et les compagnons du devoir n’hésitez pas à m’écrire sur Facebook ou Instagram à histoiresdartisans. N’hésitez pas à mettre une note sur Itunes pour faire découvrir les Histoires d’Artisans au plus grand nombre et à vous abonner sur votre plateforme de streaming préférée. Je vous dis à très vite avec une nouvelle histoire. 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans la maison des Compagnons du Devoir de Pantin, aux ateliers du Pôle d'Excellence de Matériaux Souples.

  • Speaker #1

    Pourquoi les ateliers du Pôle d'Excellence de Matériaux Souples ?

  • Speaker #0

    Il y a les cordonniers-boutiers, les marronquiniers, les tapissiers, les scellés-garnisseurs et les tapissiers-décors.

  • Speaker #2

    Bienvenue dans Histoire d'Artisan. Je suis Lisa Millet et je serai votre guide dans l'exploration de l'artisanat. Je vous fais découvrir les visages, ou plutôt les voies. de ces femmes et hommes qui ont décidé de passer leur vie à créer. Aujourd'hui, nous accueillons Justine Ginest, cordonnier bottier. Cet épisode est un peu spécial puisqu'il a été réalisé en partenariat avec la fondation JM Weston, dans le cadre du programme JM Weston Foundation Awards. JM Weston vous parle peut-être, malgré son nom à consonance anglaise, la marque vient française. Aujourd'hui, JM Weston est l'une des dernières entreprises à conserver une production 100% française. Son savoir-faire d'excellence est exercé par 170 artisans dans sa manufacture de Limoges. Pour transmettre et valoriser ce savoir-faire d'exception, JM Weston a créé la Fondation JM Weston. La Fondation a noué un partenariat privilégié avec l'Association des Compagnons du Devoir et du Tour de France, qui a donné naissance à plusieurs initiatives, dont la création des JM Weston Foundation Awards. Il s'agit d'un échange international entre la France et un pays étranger réputé pour sa tradition artisanale. Les dernières éditions ont permis aux lauréats français de découvrir le Japon. L'objectif est de permettre à des apprentis coordonnés beautif français et étrangers de rejoindre pendant deux mois les meilleurs ateliers des deux pays. C'est dans ce cadre que j'interviens Justine.

  • Speaker #1

    Franchement revenue du Japon,

  • Speaker #2

    Justine nous raconte ses expériences en tant que compagnon du devoir et lauréat des JM Weston Foundation Awards. J'ai encore une fois beaucoup appris de cet échange et j'espère qu'il en sera de même pour vous. Belle écoute !

  • Speaker #1

    Bonjour Justine, merci de m'accueillir dans votre maison des compagnons. Alors Justine, on se rencontre aujourd'hui pour une raison un peu particulière. Tu as fait un échange au Japon. dans le cadre d'un partenariat entre les Compagnons du Devoir et la Fondation JM Weston.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    Avant qu'on discute de cet échange, qui je pense est passionnant, j'aimerais que tu nous racontes un petit peu ton parcours et que tu nous expliques comment tu es devenue... Voilà.

  • Speaker #0

    Alors moi j'ai fait un bac général en littérature. Ensuite je suis partie en Belgique pendant deux ans. faire une école de cinéma, que c'était pas pour moi. Avant de choisir l'école de cinéma qui était sur concours, j'étais déjà en train de regarder chez les compagnons, parce que je voulais faire de la salle d'équitation. Donc je me suis dit, au cas où, j'ai un plan B. Donc une fois que je suis rentrée en France, je suis allée à la maison des compagnons de Paris, à un hôtel de ville, pour me renseigner, et ils m'ont tout de suite aiguillée sur la formation de cellier. J'ai été mal aiguillée parce que j'ai été accueillie par des gens qui n'étaient pas du tout du métier des matériaux souples. Du coup ils m'ont dit oui oui tu peux faire de la céleri d'équitation alors qu'en fait non c'était de la céleri garnisseur. Donc c'est les sièges de voiture, c'est les bâches, tout ce qui est bateau. C'était pas du cuir que je voulais. Moi c'était vraiment un cuir un peu plus épais avec des coutures à la main, avec du fil presque fait à la main. Vu qu'on est tous ensemble, je passais souvent devant les cordonniers bâtiers et je me suis dit je crois que c'est vraiment bon. ça que je veux faire au niveau de la technique du travail de cuir. C'est pas tant la chaussure qui m'intéressait, c'était la technique. Un jour je me suis dit, j'aime pas la scène de nuit, j'ai essayé de tout mon coeur d'aimer mais ça ne me plait pas, je vais changer d'orientation. Alors là ils m'ont dit tout de suite, non mais ça fait trois fois, t'exagères ! Et bien en fait ils avaient peur que je m'ennuie, parce que c'est vrai que j'ai tendance à m'ennuyer assez rapidement. Parce que la scène à garnisseur c'est très varié, tu peux faire du sac à dos, tu peux faire... la voiture, tu peux faire du bateau. Et en chaussures, c'était que la chaussure. Donc ensuite, grâce à la sellerie, j'avais fait beaucoup de machines à coudre. Du coup, j'ai pu passer directement en apprentissage en piquage à Rouen. Et là, j'ai fait deux ans là-bas, ça m'a plu. Et j'étais dans une super communauté à Rouen, je suis partie sur le Trou de France. Ma première année, je l'ai faite dans le sud de la France, à côté d'Aix-en-Provence, en podologie. Et ensuite, j'ai voulu partir à l'étranger. Mon premier choix c'était la Finlande, je rêvais d'aller dans les pays nordiques et j'avais envie de voir ce que ça allait faire au niveau de la chaussure. J'ai démarché l'Islande, la Norvège, la Finlande et la Suède.

  • Speaker #1

    C'est-à-dire quoi j'ai démarché ?

  • Speaker #0

    J'ai envoyé énormément de mails, j'ai beaucoup appelé. L'Irlande, c'est beaucoup trop petit comme pays. La Norvège, je n'avais rien trouvé. La Suède, c'était pareil. La Finlande, j'y suis allée. On m'a dit, vas-y, ça peut fonctionner. Je suis restée deux mois et demi là-bas. J'ai tout essayé, ça n'a pas fonctionné. Du coup, je me suis dit, bon, je n'ai pas envie de rentrer en France, je vais aller en Angleterre. En fait, on a des prévots un peu partout dans le monde maintenant. Et le prévot m'avait dit, j'ai sûrement quelque chose pour toi.

  • Speaker #1

    C'est quoi un prévot ?

  • Speaker #0

    C'est quelqu'un qui s'occupe de toute une maison, toute une communauté qui s'occupe de placer les jeunes dans les entreprises. Et en Angleterre, on en a un. Il m'a dit « Ouais, ouais, j'ai quelque chose pour toi, je suis en contact avec une entreprise qui serait intéressée de te prendre, tu peux venir, c'est bon. » Donc moi j'ai pris mon billet, une semaine après j'étais à Londres, et deux jours après je reçois un mail en disant « Bon bah, on peut pas la payer, elle peut venir faire un stage mais on peut pas la payer. » Et le prévôt, moi je lui dis « Je peux pas, là ça fait deux mois et demi que j'ai pas de boulot, j'en peux plus, vraiment là je suis à bout, je veux bien être persévérante. » moment je la ctc ça commence à être difficile pour moi Je me suis dit bon j'arrête d'attendre et du coup je suis allée à Northampton, c'est la capitale de la chaussure. Il faut savoir que là bas il y a une quinzaine d'usines de fabrication de chaussures, de chez Tokyo Port. Et j'ai eu de la chance que Crocretten Jones, il y avait un français qui travaillait là bas, il était intéressé par mon CV, j'avais fait un beau book aussi, j'avais dit voilà moi en piquage je sais le faire, et ça les intéressait et j'ai passé 7 mois, 8 mois même là bas à la chaîne. C'était vraiment sympa, je sais que beaucoup de gens disent que l'industrie c'est pas terrible mais en fait... avec l'équipe dans laquelle tu es et le poste que tu occupes et toi qui t'ennuies vite tu t'es pas ennuyée et bah non parce que j'allais tout le temps du boulot parce que je changeais tout le temps de modèle parce que à la fin en plus avec l'anglais et les gens avec qui je discutais quand t'avais d'un problème t'arrivais à régler le problème c'était vraiment intéressant surtout à la fin ça m'a fait mal au coeur de partir et ensuite bah en fait le fait de passer par Grand Cat Engine ça m'a permis d'entrer chez Barluti en mesure c'est à dire quoi en mesure ? C'est du sur mesure, donc ça veut dire qu'on fait tout, tout aux mesures du client, à l'ancienne, tout est fait à la main. Si le client veut une broderie, il en aura une, si il veut ses initiales quelque part, il en aura une. Client est roi.

  • Speaker #1

    Il y a peut-être un élément sur lequel il faut revenir, quand tu as dit j'ai commencé mon tour de France. Moi je me suis renseignée avant qu'on se rencontre sur les compagnons parce que je ne connaissais pas du tout. Je connaissais le terme les compagnons du devoir mais je ne savais pas du tout comment ça fonctionnait. Et j'en ai appris encore juste avant qu'on enregistre. Tu nous as expliqué un peu comment ça fonctionnait. Il faut savoir, en fait, les compagnons, vous avez donc deux ans d'apprentissage.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    On vous délivre un CAP. Et après, pendant 7 à 12 ans, vous changez tous les ans de lieu en France. La journée, vous êtes dans une entreprise. Et le soir, vous continuez des cours.

  • Speaker #0

    C'est ça. Alors, c'est pas de 7 à 12 ans maintenant. On raccourcit parce qu'il y a une dizaine d'années, il y avait des gens qui arrêtaient l'école. au collège et du coup qui était assez jeune donc qui finissait compagnon à 25 ans, 26 ans et maintenant c'est différent il y en a beaucoup comme moi qui ont fait des choses avant 7 ans c'est trop long alors du coup on rétrécit un petit peu mais il faut savoir que quand tu deviens un compagnon t'es compagnon à vie, si tu veux vraiment continuer à être compagnon, il faut venir voir les jeunes il faut les aider, il faut venir aux réunions il faut s'impliquer dans l'association et continuer à faire vivre tout ça parce que c'est nous qui la faisons vivre mais c'est aussi les anciens Et puis on a des liens particuliers avec ces gens-là. Et ça nous ouvre parfois des portes dans les entreprises dans lesquelles ils ont été. Ils ont dit « Ah, j'ai une super jeune là qui est intéressée. » Ça peut marcher aussi comme ça. C'est un peu du piston. C'est beaucoup de bouche à oreille, cette association.

  • Speaker #1

    Est-ce que c'est vraiment du piston ?

  • Speaker #0

    C'est plutôt du bouche à oreille. Du réseau ? C'est du réseau. C'est exactement ça, ouais.

  • Speaker #1

    C'est incroyable parce que, tu vois, moi je viens du parcours classique école de commerce où on te dit « Tu en ressors avec un réseau » . En fait, les compagnons sont encore plus que ça, c'est une vraie communauté.

  • Speaker #0

    Oui, c'est plus que ça. On crée des liens qui sont très chouettes et on se connaît pratiquement tous, on s'est déjà vus. Parfois, on fait des fêtes et là, on est là, oh mais je t'ai vu il y a trois ans, comment ça va ? C'est un très très grand réseau, oui.

  • Speaker #1

    Et toi, il te reste combien de temps dans ce cas-là, dans ce Tour de France ?

  • Speaker #0

    Le Tour de France, alors il me resterait, parce que ça dépend si je fais ma réception cette année. Il me reste

  • Speaker #1

    3 à 4 ans. Ok. C'est-à-dire quoi je fais ma réception cette année ?

  • Speaker #0

    La réception, c'est l'étape du passage d'aspirant au compagnon. Donc aspirant, tu fais ton tour de France, tu as des stages, tu as des progressions à faire pour voir ton niveau d'évolution. Et une fois que tu te sens prêt, tu demandes ta réception et tu vas faire un chef-d'oeuvre, le plus beau travail que tu puisses fournir. Donc souvent c'est quelque chose d'artistique, tu peux faire artistique, tu peux faire ce qu'il faut, que ce soit technique et artistique à la fois. Et une fois que tu es reçu, tu deviens compagnon et tu as deux années de devoir, deux retransmissions. Et là en fait il faut que tu sois là pour les jeunes aspirants et apprentis. pour qu'ils soient encadrés et tu les amènes. En fait, c'est une boucle sans fin, les compagnons.

  • Speaker #1

    Ok, ouais. Ça veut dire que pendant deux ans, tu vas devoir être prof.

  • Speaker #0

    Soit tu fais prof, donc maître de stage, formateur, soit tu es juste là en tant que compagnon itinérant, tu es dans la maison, tu encadres les jeunes, notamment le soir, tu les aides à s'orienter au niveau du travail ou alors même au niveau moral. Tu dois être là, ouais. Ok. Il y a d'autres choses à faire aussi, tu peux placer les jeunes dans les villes, il y a beaucoup de choses à faire. Tu t'investis d'une manière différente.

  • Speaker #1

    C'est trop marrant parce que quand on faisait la visite des locaux des compagnons, tu as un élève qui donne des cours à un formateur, parce que le formateur est en barbouclerie et que l'élève est...

  • Speaker #0

    Ça arrive beaucoup parfois sur nos chefs-d'oeuvre. On fait appel à des menuisiers, à des chaudronniers pour des structures par exemple. Et du coup on va, on se déplace et on change complètement de tenue. On jette le tablier, on met le largeot et on met la main à la pâte. Et on se découvre comme ça des métiers, c'est très intéressant. Il y en a une par exemple, je ne sais pas si vous avez vu, la paire de chaussures qui est en vitrine. C'est des bottes de samouraï. Et elle a fait une cote de maille, et la cote de maille, elle l'a fait avec un serrurier, elle a fait sa cote de maille à la main. Et ça, tu demandes aux autres métiers, il y en a certains, il y en a beaucoup qui sont passionnés de choses, et du coup c'est très intéressant des fois de travailler avec eux, parce que vu qu'ils sont hyper passionnés, ils savent exactement comment faire, et ils se croutent la tête et tout, c'est hyper cool. Là je fais des chaussures pour un formateur serrurier, métalliste serrurier, et il m'a dit si tu veux je te ferai un escalier.

  • Speaker #1

    C'est trop bien ! Tu peux refaire toute ta maison gratuitement. Ouais, ouais, ouais. Sympa. Ok. Et j'avais une question sur quand tu dis le métier de cellier m'a pas plu. Pour moi, cellier, c'est sel. Donc c'est sel de cheval. Et quand t'as dit j'ai voulu faire cellier pour faire des sels et qu'après tu me dis ben non, en fait, tu fais des fauteuils.

  • Speaker #0

    Pourquoi ? Parce que le métier de cellier-arnacheur, historiquement... C'était des salles de cheval ici, chez les compagnons. Mais maintenant, l'évolution a fait qu'on n'a plus besoin du cheval pour se déplacer. Et du coup, ils ont évolué dans les intérieurs de voiture. C'est aussi très intéressant, mais moi, ça ne me plaisait pas. Oui,

  • Speaker #1

    oui, oui. Il n'y en a pas beaucoup,

  • Speaker #0

    mon bus d'essai. C'est difficile de gagner sa vie avec ce métier.

  • Speaker #1

    Parce qu'après, tu finis dans les bureaux d'études des...

  • Speaker #0

    Honnêtement, je ne sais pas. Parce que je ne suis pas rencontrée. Sur le tour de foin, je n'en ai pas rencontré. C'est linge. Là, il n'y en a pas ? Non, il y a une formation à Ras-du-Pin qui coûte assez cher. Et là, tu es formée, je crois, pendant deux ans. Tu fais des selles, tu dois faire du filet et de l'attelage. Mais après, je ne sais pas vraiment ce qu'ils font. Je connais quelqu'un qui est en salle avec moi, qui a fait cette formation, qui a ouvert son atelier. Mais je pense que ça se compte sur les doigts de la main.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    Sinon je bosse chez Hermès. Je ne suis même pas sûre que Hermès fasse beaucoup de production de salles de cheval. Historiquement, c'est aussi la salle de cheval. Mais maintenant, je ne suis pas sûre qu'ils en fassent autant qu'avant.

  • Speaker #1

    Sur le site des compagnons, je suis allée fouiller. Il y a des trucs que j'ai notés. Je trouve ça hyper intéressant qu'une formation ait mis des valeurs comme ça. dans son fonctionnement et les valeurs c'est ni se servir, ni s'asservir, mais servir ça c'est notre devise c'est incroyable bon je trouve ça trop cool et après ils disent qu'il y a un encart sur la transmission ouais c'est ce que j'expliquais après

  • Speaker #0

    Une fois que tu as tout fini ton tour de France, vu que tu as reçu énormément, en fait, tu reçois tellement, tellement pendant ton tour de France que maintenant, c'est à toi de donner.

  • Speaker #1

    Oui. Mais ils disent non seulement savoir-faire, mais en plus savoir-être. Ils disent, le compagnon se donne pour devoir de transmettre son savoir-faire et son savoir-être, car il aspire à être un bon ouvrier, un homme bon.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Je trouve ça trop cool.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et après, ils disent...

  • Speaker #0

    On a des vertus compagnoniques, qui sont la fidélité. l'honnêteté, la fraternité, le courage, la discipline et la patience.

  • Speaker #1

    C'est trop bien. Et seulement toutes les entreprises pouvaient avoir ça.

  • Speaker #0

    Après, bien sûr, il y a toujours des... Tout n'est pas parfait, donc c'est difficile d'être trop croisant de ses bottes. Mais en règle générale, ceux qui finissent jusqu'à la fin... Moi je connais des anciens, il y en a un, il y en a certains que j'ai rencontrés, mais c'est des gens qui sont géniaux. Et même eux disent, tu n'es pas obligé d'être compagnon pour l'être vraiment, je veux dire, tu peux avoir toutes ces vertus, tu peux avoir tout ça, mais ne pas être compagnon. C'est juste, c'est un titre qu'on a, mais le compagnonnage il s'étend partout, partout, partout. Je suis sûre qu'on pourrait créer les compagnons médecins, t'as des gens qui sont géniaux comme ça, et c'est plus...

  • Speaker #1

    C'est un état d'esprit.

  • Speaker #0

    C'est un état d'esprit.

  • Speaker #1

    il y a un autre truc sur le voyage qui fait écho à vous devez faire le tour de France ils disent le voyage est une étape nécessaire dans la construction de l'homme se remettre en cause et abandonner ses certitudes tu

  • Speaker #0

    doutes énormément pendant tout ton tour de France il y a beaucoup de doutes il y a beaucoup de choses que tu remets en question pour certains c'est très difficile de partir de chez eux Pour certains, c'est difficile de revenir chez eux.

  • Speaker #1

    Moi, je trouve que c'est...

  • Speaker #0

    On rencontre beaucoup de gens. On se casse la gueule, on remet pied à l'étrier.

  • Speaker #1

    C'est des belles valeurs à partager.

  • Speaker #0

    Beaucoup de choses à gérer. Surtout la première année du Tour de France, c'est la plus difficile pour moi.

  • Speaker #1

    Parce que c'est la première fois que tu coupes le cordon ?

  • Speaker #0

    Non, moi j'avais déjà coupé le cordon depuis longtemps avec ma famille, mais c'est plus au niveau des responsabilités parce que tu arrives, du coup tu n'es plus apprenti, tu es aspirant. Donc là on te dit maintenant, il faut y aller et du coup tu te donnes beaucoup trop de responsabilités et je pense que tu as une surcharge de travail, c'est un peu comme la première année de fac quoi. Ouais. T'as une surcharge de travail et du coup parfois c'est difficile à gérer. Ouais, il y en a beaucoup qui arrêtent. Ah ouais ? Ouais, au niveau de Noël parce qu'ils rentrent chez eux, ils ont du mal à rentrer. Parce que c'est quand même pas mal de pression. On nous met la pression, on en met à nous-mêmes. On n'arrive pas à gérer. Et après, ça va mieux. Quand tu commences à prendre le pli, déjà à gérer ta propre pression, à t'organiser dans ton travail, ça va mieux. Mais la première année, c'est assez difficile à gérer.

  • Speaker #1

    Mais parce que c'est la première année où tu rentres dans le monde vraiment de ton travail.

  • Speaker #0

    C'est ça. En plus, à l'entreprise, tu dois être... être considéré comme étant ouvrier alors qu'après l'apprentissage c'est difficile d'être ouvrier donc il y a tout ça, tout accumulé, c'est vrai que c'est la première année difficile il y en a beaucoup qui me disent là, j'ai du mal, t'inquiète pas c'est normal ouais,

  • Speaker #1

    mais tiens le coup parce que t'as l'air mieux et... ok Comme je disais en tout début, la raison pour laquelle on se rencontre aujourd'hui, c'est que toi, tu as fait un échange qui est organisé en partenariat avec les Compagnons de Devoir et la Fondation JM Weston. Encore une fois, moi, j'ai dû me renseigner parce que je connaissais JM Weston, mais je ne savais pas tout ce qu'il y avait derrière. Donc, j'ai appris que c'est une marque qui a encore toute sa chaîne de production en France, à Limoges. J'ai vu qu'ils avaient leur tannerie végétale à côté de Limoges. Toutes les chaussures sont créées à Limoges. Pour donner un peu un détail sur une paire de JM Weston, j'ai vu que c'était deux mois de travail et 150 prises en main. Donc c'est assez impressionnant. Après, pour la petite anecdote aussi, j'ai appris que JM Weston était le fournisseur officiel de la garde républicaine depuis 1975. Et ça, c'est quand même grave la classe ! Et donc la fondation JM Weston, c'est une fondation qui a été créée justement pour transmettre le savoir-faire d'excellence de JM Weston. Et dans ce cadre-là, ils ont mis en place plusieurs choses avec les compagnons, dont cet échange. Si je résume bien et si j'ai bien tout compris, et encore une fois, dis-moi si je me trompe, toi t'as postulé, t'as été prise à cet échange. Le principe c'est que toi tu vas au Japon. Et tu vas étudier deux mois au Japon, donc dans une manufacture japonaise. Et t'as deux japonais qui viennent dans les usines, enfin dans la manufacture, pardon, de JM Weston. Par rapport à ça, ma première question, c'est qu'est-ce qui t'a donné envie de faire l'échange ? Et un peu comment ça s'est passé pour postuler ?

  • Speaker #0

    J'avais déjà postulé l'année dernière. Mais vu que je partais à l'étranger, j'avais demandé à enlever ma candidature. Et du coup, là, quand j'étais en Angleterre, je ne savais pas trop s'ils allaient renouveler ça. Mais quand j'ai vu les mails, je me suis dit, vas-y, c'est maintenant ou jamais. Par. Et j'ai tout fait en anglais. J'ai mis mon CV, ma lettre de motivation en anglais. Peut-être qu'ils se sont dit, on va la mettre en avant parce qu'elle avait déjà demandé. Alors, on demande. On va peut-être la faire partir cette fois-ci. Et j'avais eu des échos de Juliette qui était partie en 2018, elle avait adoré et on en a beaucoup parlé.

  • Speaker #1

    C'est quoi concrètement qui t'a donné envie d'y aller ? C'est quoi dans ces propos à Juliette qui te faisaient dire mais c'est une expérience incroyable ?

  • Speaker #0

    Elle m'a dit déjà l'atelier où on a travaillé c'est super bien. Parce que d'une ça te remet un peu sur la beauté, sur la technique de beauté. Et étant donné que c'est un stage, on prend vachement de recul sur notre travail et du coup on prend plus le temps de faire les choses, on essaie plus de comprendre et ils sont vraiment très très très gentils là-bas. On a eu d'excellents retours des collègues, de leur gentillesse, des rapports qu'ils ont eu avec eux et de toutes les activités qu'ils ont pu faire là-bas. Puis les photos étaient magnifiques, le cadre était superbe aussi.

  • Speaker #1

    C'est à Tokyo ?

  • Speaker #0

    C'était à Tokyo, ouais.

  • Speaker #1

    Et donc tu peux nous raconter un peu concrètement comment ça s'est passé ?

  • Speaker #0

    Alors moi le premier mois j'étais en manufacture dans une maison. J'en avais déjà fait chez Croquette & Jules, donc j'étais pas dans un environnement que je ne connaissais pas, je connaissais un peu le fonctionnement et tout. Et le deuxième mois j'ai fait chez M. Fukuda dans l'atelier sur mesure. Alors l'ambiance était complètement différente, on n'avait rien à voir. Mais j'ai eu plus de mal à m'adapter pour le deuxième mois. Mais en fait, au final, après, au bout de deux, trois semaines,

  • Speaker #1

    c'est fini. Je suis venue à votre remise de diplôme.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Fukuda. C'est le master de la chaussure, non ?

  • Speaker #0

    Oui, il est très bon. Il s'est formé en anglais.

  • Speaker #1

    Il y a une description qu'ils font dans le communiqué de presse de l'événement. Ils disent son nom est aujourd'hui synonyme de talent et de goût. C'est quand même incroyable de se dire, moi quand on parle de moi, c'est du talent et du goût.

  • Speaker #0

    C'est vrai, c'est vrai.

  • Speaker #1

    C'est l'objectif de toute une vie.

  • Speaker #0

    Très beau ce qu'il fait. Ah ouais ? Très beau, ouais.

  • Speaker #1

    C'est quoi, c'est des chefs-d'oeuvre à chaque chaussure ?

  • Speaker #0

    Presque. En fait, c'est pas lui qui fait tout. Oui. Maintenant, il est plus, il fait plus la communication, il fait plus ça. C'est ses employés. Après, il décide du modèle, il choisit toutes les lignes et tout. Il fait les formes. Et ensuite, c'est trois employés qui suivent, qui forment. Trois excellents employés.

  • Speaker #1

    Ok. Quand on s'était rencontrés la première fois, tu m'avais dit que tu as appris des choses que tu n'avais pas appris dans les autres cadres, notamment de ce que j'ai cru comprendre par la culture japonaise. Est-ce que tu peux nous raconter justement ces éléments qui sont un peu particuliers que tu as pris ?

  • Speaker #0

    Moi j'ai pris beaucoup de recul avec mon boulot et j'ai pris beaucoup confiance en moi. Alors peut-être parce qu'on n'était pas japonais, mais ils nous faisaient beaucoup de compliments sur ce qu'on faisait. Et c'était vraiment agréable. Ici on a un amour. C'est vrai que sur le coup les anciens compagnons des fois se serrent un peu la vie. C'est un compliment un peu difficile. Et des fois, ça fait douter de nous, et la confiance en soi est assez difficile à accueillir chez les compagnons.

  • Speaker #1

    Parce que c'est pas franco-français. On est radins du compliment.

  • Speaker #0

    Alors que là-bas, c'était carrément amiable. On est plus notre temps, on était plus zen. Et en fait, plus t'es zen, plus ton boulot est beau, en fait. Je m'en suis rendue compte. Plus je suis stressée, plus c'est la catastrophe. Mais c'est normal, parce qu'on essaie d'aller vite. On n'a pas encore la capacité d'aller aussi vite que quelqu'un qui a fait 20 ans de métier. Mais on a du mal parce que du coup, quand ils arrivent, ils disent « Ouais, moi je fais ça en 5 minutes. » Ok, mais t'as 20 ans de métier.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Et ils ont du mal à se remettre à la place dans laquelle nous, on était.

  • Speaker #1

    Tu veux dire les gens...

  • Speaker #0

    Les anciens compagnons et même les jeunes, des fois, ils sont là « Non, ça va, t'es là. » « Ouais, mais toi, tu l'as déjà fait plein de fois. » « Moi, c'est ma deuxième fois. » Sont un peu plus... Tolérants, disons. des fois ça manque un peu de tolérance. Et la base c'était plus tolérance, c'est clair que... vu qu'ils sont... en règle générale plus patient et plus minutieux dans leur travail et bien toi tu te sens beaucoup plus zen et t'as plus de confiance en toi en disant c'est bon ma main c'est plus des bébés mes mains donc ça va mieux maintenant j'ai juste besoin d'avoir un peu de confiance et que je prenne plus mon temps sur certaines étapes que j'ai mal à faire et que c'est pas grave si je mets une demi-heure de plus alors que ici parfois si je mets une demi-heure de moins et quand j'essaie d'aller vite ça va pas alors que quand je prends mon temps à la boîte je prends beaucoup plus mon temps maintenant et c'est beaucoup mieux je le vois très bien à la boîte tu veux dire ? à l'outil, à mon entreprise je prends mon temps et c'est bien ce que je fais

  • Speaker #1

    Oui. Et tu as appris en fait, enfin ce qu'on appelle, pas des compétences techniques, mais des compétences sur toi et sur ta façon de fonctionner.

  • Speaker #0

    Sur la technique, tu apprends toujours des choses, mais le truc c'est que si tu ne travailles pas longtemps avec quelqu'un, moi j'ai vachement de mal à avoir la technique rapidement. Oui. Donc il aurait fallu rester six mois là-bas pour travailler comme eux, disons.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Une fois, ce n'était pas suffisant.

  • Speaker #1

    Tu n'as pas peur de finir par oublier ce que tu as appris là-bas, du coup ?

  • Speaker #0

    Si, si, si, bien sûr. Mais après, c'est similaire aussi à ce que nous, on fait en France. Donc, il n'y aura pas des... Il y a des points que tu vas faire différemment, mais vraiment, le résultat, c'est ce qui compte. Oui. Ce n'est pas tant de la manière dont tu le fais, c'est le résultat qui compte.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    Il y a des outils que j'ai achetés de là-bas et que j'utilise. Il y a des techniques. que non ça m'intéressait pas plus que ça. Disons que il y a des techniques qui eux le font différemment mais toi étant donné que tu l'as déjà acquise que tu es déjà à l'aise avec ton outil bah tu vas pas t'amuser à acheter un autre outil avec un affûtage différent et à essayer juste parce que c'est japonais et que ça fonctionnait très bien avec eux. Mais toi finalement t'arrives à le faire avec ton outil enfin reste avec ton outil quoi.

  • Speaker #1

    On te remet pas tout en question.

  • Speaker #0

    Non on remet pas tout en question c'est parfait un mélange mais c'est ce qu'on fait de toute façon sur Tineux Trucs de France parce que à chaque fois même dans l'atelier t'as du boulot, y'a quelqu'un qui va dire ça, et un autre juste après, cinq minutes après, il va dire autre chose, et encore un autre qui va dire autre chose. Là, je peux pas, les gars. C'est fait, de toute façon. C'est fait. J'entends ce que vous dites, mais je peux pas déjà d'une toute assimiler, et à chaque fois, vous me dites des choses différentes, ils nous disent tous, bah ouais, faut que tu fasses un milieu. Bah c'est ce que je fais. Pour leur dire, non mais stop, arrête, ça sert à rien de me dire quatre fois des choses différentes. Enfin, j'ai déjà fait, de toute façon. La prochaine fois, ouais. Mais moi, je m'adapte à la personne qui est en face de moi, quoi. Avec qui je travaille. Ils auront tous des techniques différentes, bien sûr. Mais bon.

  • Speaker #1

    Ça, c'est vraiment pour moi un concept. Quand tu dis, quand t'apprends à faire une chaussure, tu dis, bon, très bien, dans la chaussure, il y a ça. Une fois que tu sais la faire, la chaussure, c'est bon, t'as compris. Et en fait, plus j'échange...

  • Speaker #0

    avec les artisans dans le cadre de ce podcast et plus je me rends compte qu'en fait la connaissance elle est tout le temps et t'apprends toujours et même moi des fois j'arrive je fais des choses que j'ai appris par quelqu'un et il y en a des anciens qui ont 50 ans ah tu fais ça comme ça c'est intéressant ils sont pas non plus contre le fait de voir une autre manière de faire alors ils la feront peut-être pas ils en feront ce qu'ils voudront mais en soi tu fais ce que tu veux de ce que t'as appris mais c'est aussi intéressant de savoir comment ils font. Vu qu'on a des métiers qui sont créatifs et vachement manuels, et bien c'est vrai que t'as des techniques qui sont toujours différentes, avec un rendu différent, parce qu'on a tous à la fin, en plus je pense qu'au bout de 30 ans de métier, t'as ta petite touche que t'as faite, que t'as façonnée, et c'est hyper intéressant de voir comment les autres font. Après, parce que dans d'autres métiers, moi c'est pareil, je suis issue d'une famille de médecins et d'ingénieurs. Et ta fraction, il n'y a qu'une seule façon de la faire. Oui, c'est ça. Ton diagnostic, il n'y a qu'une seule façon de le faire.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Donc là, tu es dans ta formation des compagnons.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu as envie de faire de cette formation ?

  • Speaker #0

    Là, je me suis un peu spécialisée dans le piquage. C'est toute la partie souple de la chaussure dans laquelle on va rentrer le pied, avec le laçage, toutes les coutures. à la machine, faites les assemblages pour ensuite que ce soit monté sur la semelle. Et il se trouve qu'on a de la demande dans les entreprises et que chez les compagnons, notre formation est très axée sur le montage, le semelage, la mise en forme de la chaussure. Et tout ce qui est participicage, elle a été mise de côté pendant des années, parce qu'il y a 10 ans, ils cherchaient des moteurs et maintenant, on cherche des piqueurs et ils ont du mal à trouver des gens. qui ont des compétences et moi j'aimerais bien être un peu la formatrice, la doyenne de tout ça. Et former des jeunes qui veulent se spécialiser dans le piquage. D'accord. Donc ouvrir des embauches et avoir des compétences acquises là-dedans. Et dire, voilà, cette personne maintenant, elle peut travailler en chef d'atelier de piquage.

  • Speaker #1

    En chef d'atelier.

  • Speaker #0

    Ok. Ouais. Ça serait bien. Je sais qu'il y a du monde qui serait intéressé. Parce que j'ai beaucoup de jeunes qui nous voient. Oh, ça m'intéresserait bien de faire ça. Mais ils ne savent pas comment commencer. Ils ont peur de la machine. C'est... Voilà. Quand on fait pas en entreprise, je peux comprendre que ça puisse t'effrayer. C'est pour ça que j'ai envie d'ouvrir ça un peu plus. Comme ça, une personne qui voudra faire sa propre paire de chaussures ne sera pas bloquée. Parce que la plupart des... Même les anciens compagnons que je rencontre disent moi je suis incapable de faire ça. Ils sont excellents, c'est des excellents bottiers, mais ils sont incapables de toucher une machine à coudre. Ouais.

  • Speaker #1

    Pourquoi ça se fait ?

  • Speaker #0

    Parce qu'ils n'ont jamais été formés pour. En fait, ils ont toujours eu de la sous-traitance, ils ont toujours eu des gens qui le faisaient pour eux, ils demandaient aux maroquiniers pour faire une petite piqûre. Et du coup, c'est très récent qu'on commence à toucher aux machines à coudre chez les compagnons de l'Union. on a guéri deux ou trois machines. Mais il y a 3-4 ans, il n'y en avait pas. Ok. C'était soit tu avais de la chance, c'était une entreprise et tu pouvais en faire, soit souvent quand tu avais des paires à monter, tu demandais à la piqueuse « Tu peux me piquer s'il te plaît ? » Et je pense qu'avec ça, il y aura des gens qui seront vraiment complets et qui nous dépendront parce qu'il y a beaucoup de gens qui dépendent de ça. Et du coup... pour une piqueuse qui fait ça chez elle, c'est génial parce que du coup on a tout le temps du boulot mais ça serait bien aussi de voir que c'est possible si un jour tu veux faire un peu de piquage, tu veux commencer à faire tes propres choses, tu fais une petite formation. Ok.

  • Speaker #1

    Et donc dans ta formation des compagnons, tu dois faire un chef-d'œuvre ?

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et tu m'avais parlé de ce chef-d'œuvre.

  • Speaker #0

    Oui, moi j'aimerais faire des vôtres d'équitation pour... Quelqu'un d'handicapé.

  • Speaker #1

    Quelle est la particularité de ces bottes d'équitation ?

  • Speaker #0

    Là, j'ai contacté une cavalière qui est paraplégique, donc elle n'a plus l'usage de ses jambes. et elle serait très intéressante d'être élaborée avec moi. Je prendrais toutes ces mesures et de là je fabriquerais une paire de bottes sur mesure, élégantes et durables.

  • Speaker #1

    Elles ont quoi de particulier ces bottes d'équitation pour handicapés ?

  • Speaker #0

    Déjà j'ai un peu demandé comment ils faisaient pour ce chaussé. Donc il me disait qu'ils avaient effectivement du mal à trouver des bottes qui soient ajustées. Parce que même je pense que si tu vas chez un bottier qui fait du sur-mesure en équitation qui est assez rare maintenant, et ben soit il va te demander du prix exorbitant, soit il va dire non je sais pas faire parce que je ne fais que de la botterie, je ne fais pas d'orthopédie. Ça fait peur en fait disons. C'est un vrai challenge de se dire cette personne. Parce que quand on est paraplégique, vu qu'on n'a pas le visage de ses jambes, les muscles sont...

  • Speaker #1

    Atrophiés.

  • Speaker #0

    Atrophiés. Et du coup, le mollet est bien plus petit. Un calme normalement d'une botte a quand même un mollet assez conséquent.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    L'idée, c'est que j'ai envie de lui faire un truc quand même assez joli, donc avoir un galbe de mollet, qui est quand même digne de la botte classique, mais à sa mesure.

  • Speaker #1

    D'accord, ok. Ok, je comprends. C'est pas un système pour lui permettre de commander ses jambes ? Non. Ok. C'est vraiment pour faire un truc esthétique ?

  • Speaker #0

    Parce qu'en plus, souvent, les bottes que tu achètes dans des entreprises, comme, je crois que c'est Fellini qui fait un peu de demi-mesure, disons. En fait, la demi-mesure, ça va être plutôt la hauteur de mollet, des fois le tour, mais ça, c'est pas souvent, et la pointure, et la demi-pointure, et la largeur. et elle me disait non c'est vrai que c'est trop grand et du coup quand c'est trop grand souvent le tuyau de bottes ça fesse et c'est pas très joli ça fait de la guile et on veut pas ah ouais ok c'est hyper intéressant donc grâce

  • Speaker #1

    à ce chef d'oeuvre t'aurais du technique et tu m'avais dit quoi technique et esthétique et esthétique et donc toi ton objectif c'est de dire

  • Speaker #0

    j'en fais mon chef d'oeuvre et je vois s'il y a un marché après ouais là c'est ça un petit business plan classique l'idée c'est qu'elle les porte en compétition et je pense que c'est comme ça que ça fonctionne quand tu commences à avoir du monde qui porte tes chaussures bah après c'est tout ils ont tous fait comme ça, Marcelo, Berluti Weston, Crockett & Jones, il faut que ça se porte il faut en parler et bien c'est de l'influence marketing ouais c'est pas dans ton atelier à 100% en mettant en vitrine que tu vas... que ça va fonctionner.

  • Speaker #1

    Clairement. Oui, et puis, ils se connaissent tous. En plus,

  • Speaker #0

    ouais. En plus, je pense que le Paralympique est encore plus petit que les Jeux Olympiques. Oui. Valide. Le monde doit être un peu petit. Et c'est marrant parce que je discute même avec des gens qui sont très intéressés par l'orthopédie et ils me disent « Je me suis jamais vraiment intéressée à comment ils se chaussent tous ces athlètes handicapés. »

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Je dis « Mais c'est hyper intéressant. Attends, c'est... » Parce que les athlètes valides, ils ont tous des sponsors. Ils se font chausser chez Nike et chez Adidas. Les grands cavaliers, je pense qu'ils vont dans des usines. Ils ne vont pas chez des bottiers parce que c'est trop cher. Il y en a quelques-uns qui les ont, mais je ne pense pas qu'il y en ait beaucoup. Et les paralympiques, en fait, on les laisse complètement de côté.

  • Speaker #1

    Oui, parce qu'en plus, ce que tu m'expliquais, c'est que les paralympiques, ce n'est absolument pas leur métier.

  • Speaker #0

    Oui, des fois. Alors, il y en a certains, c'est des professionnels, mais il y en a d'autres, non. Et là, j'ai vu la... la dame qui s'occupe de la Fédération de la Fondation des Équipements, je l'ai eue au téléphone et elle m'a dit en fait c'est encore plus bizarre, j'ai trouvé que c'était vraiment très bizarre, ils vont savoir s'ils vont partir aux JO deux semaines avant.

  • Speaker #1

    Mais non. Si.

  • Speaker #0

    Je n'ai pas compris pourquoi.

  • Speaker #1

    Mais comment ils font pour se préparer ?

  • Speaker #0

    Ben ouais. Alors ils ont des qualifications, donc ils m'ont dit là, les qualifications des gens qui seront qualifiés aux JO olympiques, ce sera en janvier, déjà je trouve ça très tard, alors que toutes les équipes de valide sont faites.

  • Speaker #1

    Janvier 2024.

  • Speaker #0

    2020.

  • Speaker #1

    Ah oui, pour Tokyo.

  • Speaker #0

    Donc je demandais, parce que j'ai regardé, là les sélections françaises des valides sont faites. Eux, il faut qu'ils attendent janvier, et ensuite ils vont savoir, deux, trois semaines avant, s'ils peuvent partir ou pas. Ah, bine. Ouais, moi j'ai trouvé ça scandaleux, je me disais mais c'est pas possible. Comment ils font ? Pour s'organiser, il faut quand même mettre ton cheval dans un avion quoi. C'est pas des baskets qu'ils font mettre là, c'est un cheval quand même. C'est clair ? Oui.

  • Speaker #1

    Oui, et puis deux semaines avant, le billet d'avion n'est pas gratuit.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas. J'ai trouvé que c'était étrange. Après, on verra. Il faut que je me renseigne, il faut que je les rencontre et que je discute un peu avec eux.

  • Speaker #1

    Et donc, ton chef-d'oeuvre, toi, tu vas le faire pour les JO de 2020 ou 2024 ?

  • Speaker #0

    De toute façon, ce ne sera ni l'un ni l'autre parce que la cavalière, son cheval est blessé, donc elle ne participera pas aux JO. Par contre, elle participera aux championnats d'Europe.

  • Speaker #1

    Ok. Et c'est quand ?

  • Speaker #0

    Je sais pas. Je ne l'ai pas encore rencontré parce qu'il faut que j'attende l'accord de mon métier. Il me dit « Ok, c'est bon, tu peux y aller, t'as le niveau, t'es prête. » Ou alors ce sera peut-être au bout de cette année prochaine, je ne sais pas encore. Donc c'est pour ça que je n'ai pas envie de m'avancer en me disant « C'est bon, je suis prête, je te rencontre, je te l'ai fait cette année. » Ouais, je n'ai pas envie de lui donner de faux espoirs ou quoi que ce soit.

  • Speaker #1

    Ouais, ok

  • Speaker #0

    Pour l'instant je suis sur la réserve J'attends le mois de janvier Si moi j'ai envie de faire le feu vert, et bien là je vais me rappeler. Ah oui, oui, oui. Ok.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu peux nous raconter une anecdote, idéalement, sur ton échange au Japon ?

  • Speaker #0

    Je me souviens surtout, parce que la culture du Japon est quand même très très éloignée de la nous, et en fait, pour faire du riz, c'est quand même leur aliment principal, et en fait, ils ont une machine à riz spécifique.

  • Speaker #1

    Un rice cooker.

  • Speaker #0

    Voilà. Et nous, on se dit, tu fais du riz en France, pour un quart d'heure, vingt minutes, voilà. Et là, il fallait attendre une heure. C'est quoi ça ? C'est une vie de qualité supérieure. Alors déjà, quand tu vas t'acheter ton riz, j'ai jamais vu autant de choix de riz de l'anguille. Je savais pas du tout ce que lequel prendre. On prenait toujours au pif parce que tout, tout est traduit en lettres. C'est que des signes. Et alors à chaque fois, il fallait avoir un... Alors ils ont des petits verre-doseurs qui vont mettre ta dose de riz équivalent à ta dose d'eau. Fallait laver trois fois, tout ça nous gonflait, je crois. Et un jour on a fait c'est bon, y'a personne nous alentour, on a mis le riz comme ça du sachet, on a mis de l'eau, on a mélangé, on a mis dedans, et en fait y'en avait un qui était là et il nous a regardé ! Il était choqué, il a dit mais vous êtes folle ! On aurait dit qu'on avait pris un risque ! Alors c'était juste du riz quoi, si c'était raté c'était pas grave !

  • Speaker #1

    Ah mais non !

  • Speaker #0

    On a bien rigolé ouais. Du coup à chaque fois qu'on était là on était dans le japonais qui prend des risques. c'est un japonais qui dose pas son vie quoi attention hein Il y a ça, il y a aussi... Une fois aussi, on a eu une autre interview dans l'entreprise. Et alors, moi j'étais avec Lara, on regardait comment ça allait se passer. Et là, on a vu, attention, l'échange de carte de visite. Le plus drôle que j'ai jamais vu. Alors ils sont complètement courbés. Et ça dure au moins 3 minutes. L'échange de carte, parce qu'en fait, je pense que le fait que si tu lâches la carte de visite avant ton interlocuteur, ça va être un manque de politesse. Du coup ils sont là en train de se dire Aligato gozaimasu dix fois de suite, et tu vois les change de carte très très très très lent, jusqu'à temps que le premier lâche la carte quoi ! C'est excessément drôle et puis ils sont trop mauvais comme ça, et ça dure et ça dure, et on a ri, mais on a ri !

  • Speaker #1

    Ouais c'est le summum de la politesse là.

  • Speaker #0

    C'est ça, et on a eu beaucoup beaucoup de typhons aussi, alors à chaque fois qu'on voulait aller quelque part en route. Le week-end c'était compliqué avec les trains,

  • Speaker #1

    j'ai jamais vu de train,

  • Speaker #0

    c'est très compliqué les billets de train là-bas, c'est très cher aussi, mais sinon c'était vraiment super, on avait des paysages magnifiques, on a vu le mont Fuji deux jours avant de partir quoi, c'était le graal de notre voyage, le mont Fuji ça a été, on était en train de marcher et puis là je fais regarde ce qu'il y a là-bas et là il y avait le mont Fuji, heureusement qu'on l'a vu parce que l'après-midi on le voyait plus. Et c'était trop bien. On est restés devant une demi-heure en regardant, en disant « Ouais, c'est bon, la vue. » « C'est bientôt. » « C'est vraiment super. » On a fait une gyoza party avec nos collègues. On les a invités dans notre coloc et on a appris à faire des gyozas avec eux. C'était génial, c'était vraiment super.

  • Speaker #1

    Ils ont l'air d'être quand même hyper serviables. Ouais.

  • Speaker #0

    Mais mes parents sont venus au Japon, mais pas du tout pour me voir. Ils avaient déjà booké leur voyage avant que j'aie la confirmation d'y aller. Et quand je suis revenue et ils m'ont vu, ils m'ont fait « Ouais, franchement, je pense qu'on n'aurait pas autant aimé s'il n'y avait pas eu ces gens qui étaient excessivement gentils, serviables, accueillants, chaleureux. » C'est vrai que quand tu voyages comme ça, il y a des pays qui sont très beaux, mais où les gens sont plus hostiles. On ne t'en garde pas un super souvenir, tu vois. Tu te dis, ouais, c'était super et tout, c'était beau, on avait des beaux paysages, mais en matière d'humanité ou de bien se sentir dans le pays, c'était pas ça. Alors que là-bas, là-bas, c'était complètement différent. On se sentait vraiment très bien. Grâce aux gens. Je pense que c'était vraiment grâce aux gens qui habitaient.

  • Speaker #1

    Il y a une question qui me vient, comme ça. Comment vous échangez avec Maître Fukuda ?

  • Speaker #0

    Il parlait très bien l'anglais. Vu qu'il s'est formé en Angleterre, donc il avait un anglais vraiment nickel. Et je pense qu'il continuait de l'entretenir parce qu'il voyage beaucoup. Et grâce aux réseaux sociaux, notamment Instagram, il a énormément d'abonnés. Vraiment beaucoup, beaucoup. Et du coup, il est tout le temps en train d'entretenir son anglais. C'était plus avec certains employés qui avaient des bases d'anglais, mais un petit peu difficile. Mais vu qu'on a un métier très visuel et manuel, et bien c'est avec des photos, avec des gestes, avec des dessins, c'est facile de se faire connaître.

  • Speaker #1

    Ok. Ce qui est incroyable, parce que le geste est... Enfin, c'est international, quoi. Complètement. Le geste est international.

  • Speaker #0

    Et nous, on avait déjà des bases, parce qu'on avait déjà un peu d'expérience. Du coup, on avait moins de mal à comprendre qu'un apprenti, par exemple, qui aurait eu beaucoup plus de mal à comprendre. Oui.

  • Speaker #1

    Ok. Et donc, j'en reviens à la dernière question que je pose à chacun de mes invités. qui m'intéresse plus particulièrement pour toi parce que justement tu es la nouvelle génération d'artisans quelle est ta vision de l'artisanat aujourd'hui et ta vision de l'artisanat pour le futur je

  • Speaker #0

    sais qu'il y en a beaucoup notamment des anciens qui ont une vision un peu sombre de l'artisanat mais moi je suis plutôt confiante parce qu'on a toujours toujours ce gage de qualité en matière d'artisanat, on met beaucoup de coeur à l'ouvrage et on a toujours du produit qui sera meilleur qu'en industrie quoi qu'on fasse, quoi qu'on dise sur l'artisanat alors oui ce sera plus cher, ce sera toujours plus cher mais euh... Mais non, je pense que l'avenir peut encore durer pour nous. Et ça a encore plus de succès, parce qu'on voit beaucoup de reconversions professionnelles tardives. Les gens ne veulent plus bosser dans des bureaux. Et du coup, je pense que c'est ça qui va vraiment nous faire monter en flèche. Et après, je sais qu'il y a beaucoup de gens qui sont passionnés de chaussures, sans forcément en faire. Et ça, c'est ce qui continue à nous faire vivre. C'est vraiment ces gens qui sont passionnés de chaussures. Il y en a, je sais, on travaille dans une grosse boîte, il y en a un, là, on lui a fait dix paires de chaussures, juste pour une personne. Le mec adore Berluti, quoi. Mais c'est bien, parce que nous, ça nous fait travailler, et en plus, parfois, ils ont des demandes un peu spécifiques, du coup, il faut qu'on se cause la tête. Non, non, je pense que... Je pense que l'avenir est encore... ... ...

  • Speaker #1

    Et au sein même de l'école, tu vois le nombre de compagnons augmenter, diminuer ?

  • Speaker #0

    En fait, disons que l'arrivée du compagnonnage sera toujours plus réduite par rapport à ce qui part sur le Tour de France. Parce qu'il y a des gens qui ont des opportunités, parce qu'il y a des gens où c'est pas fait pour eux... Il y a tout un tas de critères qui peuvent entrer en jeu. Mais je pense que c'est pas tant le nombre de compagnons qui arrive à ce stade là, c'est plutôt la qualité des compagnons. Et c'est pour ça que le Tour de France existe. C'est pour avoir la qualité plutôt que le nombre.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    Mais c'est hyper important de continuer cette retransmission pour faire vivre l'artisanat et le compagnonnage parce qu'il y a des gens qui refusent, vraiment, il y a des gens qui ne veulent pas. qui veulent garder ça pour eux et une fois que c'est fini, ils emportent ça dans leur tombe et c'est perdu oui et puis il y a des fondations comme JM Weston moi je trouve ça vraiment top qu'ils aient réussi à mettre ça en place super, il faut vraiment continuer de faire ça ce qui serait bien c'est que cette fondation JM Weston Je donne exemple à d'autres fondations dans la maroquinerie, dans la tapisserie, partout, partout, partout, pour faire la même chose pour d'autres jeunes. Parce que je suis sûre qu'on peut faire ça partout, et dans d'autres métiers.

  • Speaker #1

    On a encore des manufactures en France, avec un savoir-faire d'excellence, il y en a peu, mais il y en a encore, et je pense que si on va arriver à les faire tourner... De toute façon, les marques, elles n'auront pas le choix à un moment.

  • Speaker #0

    Non, ouais.

  • Speaker #1

    Si elles veulent retransmettre et continuer de faire des...

  • Speaker #0

    des objets de qualité mais pour ça la fondation c'est super et puis de toute façon après JM Weston ce qui est bien c'est qu'ils ont une renommée internationale tu vas tu vas en Amérique du Sud, tu vas au Japon, tu vas partout, tout le monde connait JM Weston alors c'est marrant parce qu'ils pensent tous que ce mec n'est pas français alors que c'est vrai mais ouais ouais ça a une renommée internationale et les grosses boîtes comme ça ils font Il faut tous qu'ils fassent ça. Dans d'autres métiers. Parce que j'en vois beaucoup des pôles d'amateur. Ceux qui sont... C'est super et tout. Et je leur dis... Ouais, c'est génial. Et ça serait bien que vous fassiez pareil. Pendant deux mois, tu vas... Je sais pas. T'as pas besoin d'aller au Japon. Il y a plein d'autres destinations. Tu vas en Inde. Tu vas n'importe où. Et tu amènes deux gens ici aussi en France. Et tu fais la même chose.

  • Speaker #1

    Hermès, si vous nous entendez.

  • Speaker #0

    Ouais. Faites donc des échanges, envoyez vos jeunes là-bas. En plus Louis Vuitton commence à s'importer aussi hors d'ordre à France.

  • Speaker #1

    Oui. Bon, sur cette note positive et plein d'entrain, je te remercie pour cet échange Justine.

  • Speaker #0

    C'est un grand plaisir.

  • Speaker #1

    Et puis merci pour votre accueil et les compagnies.

  • Speaker #0

    On a le sens de l'accueil. Le sens de l'hospitalité. C'est top,

  • Speaker #1

    merci. Merci beaucoup pour votre écoute. J'espère que le parcours de Justine vous aura inspiré. Si vous souhaitez en savoir plus sur la fondation JM Weston et les Compagnons du Devoir, n'hésitez pas à m'écrire sur Facebook ou Instagram à Histoire d'Artisan. N'hésitez pas à mettre une note sur iTunes pour faire découvrir les histoires d'artisan au plus grand nombre et à vous abonner sur votre plateforme de streaming préférée. Je vous dis à très vite avec une nouvelle histoire.

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Description

Dans cet épisode nous accueillons Justine Gineste, cordonnier-bottier. Cet épisode est un peu spécial puisqu’il a été réalisé en partenariat avec la Fondation J.M. Weston dans le cadre du programme “J.M. Weston Foundation Awards”.

J.M. Weston vous parle peut-être. Malgré son nom à consonance anglaise, la marque est bien française. Aujourd’hui J.M. Weston est l’une des dernières entreprises à conserver une production 100% française. Son savoir-faire d’excellence est exercé par 170 artisans dans sa Manufacture de Limoges. Pour transmettre et valoriser ce savoir-faire d’exception, J.M. Weston a créé la Fondation J.M. Weston. La Fondation a noué un partenariat privilégié avec l’Association des Compagnons du Devoir et du Tour de France, qui a donné naissance à plusieurs initiatives, dont la création les « J.M. Weston Foundation Awards ». Il s’agit d’un échange international entre la France et un pays étranger réputé pour sa tradition artisanale. Les dernières éditions ont permis aux lauréats français de découvrir le Japon. L’objectif est de permettre à des apprentis cordonniers-bottiers français et étrangers de rejoindre pendant deux mois les meilleurs ateliers des deux pays. 

C’est dans ce cadre que j’interview Justine. Fraîchement revenue du Japon, Justine nous raconte ses expériences en tant que Compagnon du devoir et lauréate des « J.M. Weston Foundation Awards ». J’ai encore une fois beaucoup appris de cet échange, et j’espère qu’il en sera de même pour vous. Belle écoute

Si vous souhaitez en savoir plus sur la Fondation J.M. Weston et les compagnons du devoir n’hésitez pas à m’écrire sur Facebook ou Instagram à histoiresdartisans. N’hésitez pas à mettre une note sur Itunes pour faire découvrir les Histoires d’Artisans au plus grand nombre et à vous abonner sur votre plateforme de streaming préférée. Je vous dis à très vite avec une nouvelle histoire. 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans la maison des Compagnons du Devoir de Pantin, aux ateliers du Pôle d'Excellence de Matériaux Souples.

  • Speaker #1

    Pourquoi les ateliers du Pôle d'Excellence de Matériaux Souples ?

  • Speaker #0

    Il y a les cordonniers-boutiers, les marronquiniers, les tapissiers, les scellés-garnisseurs et les tapissiers-décors.

  • Speaker #2

    Bienvenue dans Histoire d'Artisan. Je suis Lisa Millet et je serai votre guide dans l'exploration de l'artisanat. Je vous fais découvrir les visages, ou plutôt les voies. de ces femmes et hommes qui ont décidé de passer leur vie à créer. Aujourd'hui, nous accueillons Justine Ginest, cordonnier bottier. Cet épisode est un peu spécial puisqu'il a été réalisé en partenariat avec la fondation JM Weston, dans le cadre du programme JM Weston Foundation Awards. JM Weston vous parle peut-être, malgré son nom à consonance anglaise, la marque vient française. Aujourd'hui, JM Weston est l'une des dernières entreprises à conserver une production 100% française. Son savoir-faire d'excellence est exercé par 170 artisans dans sa manufacture de Limoges. Pour transmettre et valoriser ce savoir-faire d'exception, JM Weston a créé la Fondation JM Weston. La Fondation a noué un partenariat privilégié avec l'Association des Compagnons du Devoir et du Tour de France, qui a donné naissance à plusieurs initiatives, dont la création des JM Weston Foundation Awards. Il s'agit d'un échange international entre la France et un pays étranger réputé pour sa tradition artisanale. Les dernières éditions ont permis aux lauréats français de découvrir le Japon. L'objectif est de permettre à des apprentis coordonnés beautif français et étrangers de rejoindre pendant deux mois les meilleurs ateliers des deux pays. C'est dans ce cadre que j'interviens Justine.

  • Speaker #1

    Franchement revenue du Japon,

  • Speaker #2

    Justine nous raconte ses expériences en tant que compagnon du devoir et lauréat des JM Weston Foundation Awards. J'ai encore une fois beaucoup appris de cet échange et j'espère qu'il en sera de même pour vous. Belle écoute !

  • Speaker #1

    Bonjour Justine, merci de m'accueillir dans votre maison des compagnons. Alors Justine, on se rencontre aujourd'hui pour une raison un peu particulière. Tu as fait un échange au Japon. dans le cadre d'un partenariat entre les Compagnons du Devoir et la Fondation JM Weston.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    Avant qu'on discute de cet échange, qui je pense est passionnant, j'aimerais que tu nous racontes un petit peu ton parcours et que tu nous expliques comment tu es devenue... Voilà.

  • Speaker #0

    Alors moi j'ai fait un bac général en littérature. Ensuite je suis partie en Belgique pendant deux ans. faire une école de cinéma, que c'était pas pour moi. Avant de choisir l'école de cinéma qui était sur concours, j'étais déjà en train de regarder chez les compagnons, parce que je voulais faire de la salle d'équitation. Donc je me suis dit, au cas où, j'ai un plan B. Donc une fois que je suis rentrée en France, je suis allée à la maison des compagnons de Paris, à un hôtel de ville, pour me renseigner, et ils m'ont tout de suite aiguillée sur la formation de cellier. J'ai été mal aiguillée parce que j'ai été accueillie par des gens qui n'étaient pas du tout du métier des matériaux souples. Du coup ils m'ont dit oui oui tu peux faire de la céleri d'équitation alors qu'en fait non c'était de la céleri garnisseur. Donc c'est les sièges de voiture, c'est les bâches, tout ce qui est bateau. C'était pas du cuir que je voulais. Moi c'était vraiment un cuir un peu plus épais avec des coutures à la main, avec du fil presque fait à la main. Vu qu'on est tous ensemble, je passais souvent devant les cordonniers bâtiers et je me suis dit je crois que c'est vraiment bon. ça que je veux faire au niveau de la technique du travail de cuir. C'est pas tant la chaussure qui m'intéressait, c'était la technique. Un jour je me suis dit, j'aime pas la scène de nuit, j'ai essayé de tout mon coeur d'aimer mais ça ne me plait pas, je vais changer d'orientation. Alors là ils m'ont dit tout de suite, non mais ça fait trois fois, t'exagères ! Et bien en fait ils avaient peur que je m'ennuie, parce que c'est vrai que j'ai tendance à m'ennuyer assez rapidement. Parce que la scène à garnisseur c'est très varié, tu peux faire du sac à dos, tu peux faire... la voiture, tu peux faire du bateau. Et en chaussures, c'était que la chaussure. Donc ensuite, grâce à la sellerie, j'avais fait beaucoup de machines à coudre. Du coup, j'ai pu passer directement en apprentissage en piquage à Rouen. Et là, j'ai fait deux ans là-bas, ça m'a plu. Et j'étais dans une super communauté à Rouen, je suis partie sur le Trou de France. Ma première année, je l'ai faite dans le sud de la France, à côté d'Aix-en-Provence, en podologie. Et ensuite, j'ai voulu partir à l'étranger. Mon premier choix c'était la Finlande, je rêvais d'aller dans les pays nordiques et j'avais envie de voir ce que ça allait faire au niveau de la chaussure. J'ai démarché l'Islande, la Norvège, la Finlande et la Suède.

  • Speaker #1

    C'est-à-dire quoi j'ai démarché ?

  • Speaker #0

    J'ai envoyé énormément de mails, j'ai beaucoup appelé. L'Irlande, c'est beaucoup trop petit comme pays. La Norvège, je n'avais rien trouvé. La Suède, c'était pareil. La Finlande, j'y suis allée. On m'a dit, vas-y, ça peut fonctionner. Je suis restée deux mois et demi là-bas. J'ai tout essayé, ça n'a pas fonctionné. Du coup, je me suis dit, bon, je n'ai pas envie de rentrer en France, je vais aller en Angleterre. En fait, on a des prévots un peu partout dans le monde maintenant. Et le prévot m'avait dit, j'ai sûrement quelque chose pour toi.

  • Speaker #1

    C'est quoi un prévot ?

  • Speaker #0

    C'est quelqu'un qui s'occupe de toute une maison, toute une communauté qui s'occupe de placer les jeunes dans les entreprises. Et en Angleterre, on en a un. Il m'a dit « Ouais, ouais, j'ai quelque chose pour toi, je suis en contact avec une entreprise qui serait intéressée de te prendre, tu peux venir, c'est bon. » Donc moi j'ai pris mon billet, une semaine après j'étais à Londres, et deux jours après je reçois un mail en disant « Bon bah, on peut pas la payer, elle peut venir faire un stage mais on peut pas la payer. » Et le prévôt, moi je lui dis « Je peux pas, là ça fait deux mois et demi que j'ai pas de boulot, j'en peux plus, vraiment là je suis à bout, je veux bien être persévérante. » moment je la ctc ça commence à être difficile pour moi Je me suis dit bon j'arrête d'attendre et du coup je suis allée à Northampton, c'est la capitale de la chaussure. Il faut savoir que là bas il y a une quinzaine d'usines de fabrication de chaussures, de chez Tokyo Port. Et j'ai eu de la chance que Crocretten Jones, il y avait un français qui travaillait là bas, il était intéressé par mon CV, j'avais fait un beau book aussi, j'avais dit voilà moi en piquage je sais le faire, et ça les intéressait et j'ai passé 7 mois, 8 mois même là bas à la chaîne. C'était vraiment sympa, je sais que beaucoup de gens disent que l'industrie c'est pas terrible mais en fait... avec l'équipe dans laquelle tu es et le poste que tu occupes et toi qui t'ennuies vite tu t'es pas ennuyée et bah non parce que j'allais tout le temps du boulot parce que je changeais tout le temps de modèle parce que à la fin en plus avec l'anglais et les gens avec qui je discutais quand t'avais d'un problème t'arrivais à régler le problème c'était vraiment intéressant surtout à la fin ça m'a fait mal au coeur de partir et ensuite bah en fait le fait de passer par Grand Cat Engine ça m'a permis d'entrer chez Barluti en mesure c'est à dire quoi en mesure ? C'est du sur mesure, donc ça veut dire qu'on fait tout, tout aux mesures du client, à l'ancienne, tout est fait à la main. Si le client veut une broderie, il en aura une, si il veut ses initiales quelque part, il en aura une. Client est roi.

  • Speaker #1

    Il y a peut-être un élément sur lequel il faut revenir, quand tu as dit j'ai commencé mon tour de France. Moi je me suis renseignée avant qu'on se rencontre sur les compagnons parce que je ne connaissais pas du tout. Je connaissais le terme les compagnons du devoir mais je ne savais pas du tout comment ça fonctionnait. Et j'en ai appris encore juste avant qu'on enregistre. Tu nous as expliqué un peu comment ça fonctionnait. Il faut savoir, en fait, les compagnons, vous avez donc deux ans d'apprentissage.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    On vous délivre un CAP. Et après, pendant 7 à 12 ans, vous changez tous les ans de lieu en France. La journée, vous êtes dans une entreprise. Et le soir, vous continuez des cours.

  • Speaker #0

    C'est ça. Alors, c'est pas de 7 à 12 ans maintenant. On raccourcit parce qu'il y a une dizaine d'années, il y avait des gens qui arrêtaient l'école. au collège et du coup qui était assez jeune donc qui finissait compagnon à 25 ans, 26 ans et maintenant c'est différent il y en a beaucoup comme moi qui ont fait des choses avant 7 ans c'est trop long alors du coup on rétrécit un petit peu mais il faut savoir que quand tu deviens un compagnon t'es compagnon à vie, si tu veux vraiment continuer à être compagnon, il faut venir voir les jeunes il faut les aider, il faut venir aux réunions il faut s'impliquer dans l'association et continuer à faire vivre tout ça parce que c'est nous qui la faisons vivre mais c'est aussi les anciens Et puis on a des liens particuliers avec ces gens-là. Et ça nous ouvre parfois des portes dans les entreprises dans lesquelles ils ont été. Ils ont dit « Ah, j'ai une super jeune là qui est intéressée. » Ça peut marcher aussi comme ça. C'est un peu du piston. C'est beaucoup de bouche à oreille, cette association.

  • Speaker #1

    Est-ce que c'est vraiment du piston ?

  • Speaker #0

    C'est plutôt du bouche à oreille. Du réseau ? C'est du réseau. C'est exactement ça, ouais.

  • Speaker #1

    C'est incroyable parce que, tu vois, moi je viens du parcours classique école de commerce où on te dit « Tu en ressors avec un réseau » . En fait, les compagnons sont encore plus que ça, c'est une vraie communauté.

  • Speaker #0

    Oui, c'est plus que ça. On crée des liens qui sont très chouettes et on se connaît pratiquement tous, on s'est déjà vus. Parfois, on fait des fêtes et là, on est là, oh mais je t'ai vu il y a trois ans, comment ça va ? C'est un très très grand réseau, oui.

  • Speaker #1

    Et toi, il te reste combien de temps dans ce cas-là, dans ce Tour de France ?

  • Speaker #0

    Le Tour de France, alors il me resterait, parce que ça dépend si je fais ma réception cette année. Il me reste

  • Speaker #1

    3 à 4 ans. Ok. C'est-à-dire quoi je fais ma réception cette année ?

  • Speaker #0

    La réception, c'est l'étape du passage d'aspirant au compagnon. Donc aspirant, tu fais ton tour de France, tu as des stages, tu as des progressions à faire pour voir ton niveau d'évolution. Et une fois que tu te sens prêt, tu demandes ta réception et tu vas faire un chef-d'oeuvre, le plus beau travail que tu puisses fournir. Donc souvent c'est quelque chose d'artistique, tu peux faire artistique, tu peux faire ce qu'il faut, que ce soit technique et artistique à la fois. Et une fois que tu es reçu, tu deviens compagnon et tu as deux années de devoir, deux retransmissions. Et là en fait il faut que tu sois là pour les jeunes aspirants et apprentis. pour qu'ils soient encadrés et tu les amènes. En fait, c'est une boucle sans fin, les compagnons.

  • Speaker #1

    Ok, ouais. Ça veut dire que pendant deux ans, tu vas devoir être prof.

  • Speaker #0

    Soit tu fais prof, donc maître de stage, formateur, soit tu es juste là en tant que compagnon itinérant, tu es dans la maison, tu encadres les jeunes, notamment le soir, tu les aides à s'orienter au niveau du travail ou alors même au niveau moral. Tu dois être là, ouais. Ok. Il y a d'autres choses à faire aussi, tu peux placer les jeunes dans les villes, il y a beaucoup de choses à faire. Tu t'investis d'une manière différente.

  • Speaker #1

    C'est trop marrant parce que quand on faisait la visite des locaux des compagnons, tu as un élève qui donne des cours à un formateur, parce que le formateur est en barbouclerie et que l'élève est...

  • Speaker #0

    Ça arrive beaucoup parfois sur nos chefs-d'oeuvre. On fait appel à des menuisiers, à des chaudronniers pour des structures par exemple. Et du coup on va, on se déplace et on change complètement de tenue. On jette le tablier, on met le largeot et on met la main à la pâte. Et on se découvre comme ça des métiers, c'est très intéressant. Il y en a une par exemple, je ne sais pas si vous avez vu, la paire de chaussures qui est en vitrine. C'est des bottes de samouraï. Et elle a fait une cote de maille, et la cote de maille, elle l'a fait avec un serrurier, elle a fait sa cote de maille à la main. Et ça, tu demandes aux autres métiers, il y en a certains, il y en a beaucoup qui sont passionnés de choses, et du coup c'est très intéressant des fois de travailler avec eux, parce que vu qu'ils sont hyper passionnés, ils savent exactement comment faire, et ils se croutent la tête et tout, c'est hyper cool. Là je fais des chaussures pour un formateur serrurier, métalliste serrurier, et il m'a dit si tu veux je te ferai un escalier.

  • Speaker #1

    C'est trop bien ! Tu peux refaire toute ta maison gratuitement. Ouais, ouais, ouais. Sympa. Ok. Et j'avais une question sur quand tu dis le métier de cellier m'a pas plu. Pour moi, cellier, c'est sel. Donc c'est sel de cheval. Et quand t'as dit j'ai voulu faire cellier pour faire des sels et qu'après tu me dis ben non, en fait, tu fais des fauteuils.

  • Speaker #0

    Pourquoi ? Parce que le métier de cellier-arnacheur, historiquement... C'était des salles de cheval ici, chez les compagnons. Mais maintenant, l'évolution a fait qu'on n'a plus besoin du cheval pour se déplacer. Et du coup, ils ont évolué dans les intérieurs de voiture. C'est aussi très intéressant, mais moi, ça ne me plaisait pas. Oui,

  • Speaker #1

    oui, oui. Il n'y en a pas beaucoup,

  • Speaker #0

    mon bus d'essai. C'est difficile de gagner sa vie avec ce métier.

  • Speaker #1

    Parce qu'après, tu finis dans les bureaux d'études des...

  • Speaker #0

    Honnêtement, je ne sais pas. Parce que je ne suis pas rencontrée. Sur le tour de foin, je n'en ai pas rencontré. C'est linge. Là, il n'y en a pas ? Non, il y a une formation à Ras-du-Pin qui coûte assez cher. Et là, tu es formée, je crois, pendant deux ans. Tu fais des selles, tu dois faire du filet et de l'attelage. Mais après, je ne sais pas vraiment ce qu'ils font. Je connais quelqu'un qui est en salle avec moi, qui a fait cette formation, qui a ouvert son atelier. Mais je pense que ça se compte sur les doigts de la main.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    Sinon je bosse chez Hermès. Je ne suis même pas sûre que Hermès fasse beaucoup de production de salles de cheval. Historiquement, c'est aussi la salle de cheval. Mais maintenant, je ne suis pas sûre qu'ils en fassent autant qu'avant.

  • Speaker #1

    Sur le site des compagnons, je suis allée fouiller. Il y a des trucs que j'ai notés. Je trouve ça hyper intéressant qu'une formation ait mis des valeurs comme ça. dans son fonctionnement et les valeurs c'est ni se servir, ni s'asservir, mais servir ça c'est notre devise c'est incroyable bon je trouve ça trop cool et après ils disent qu'il y a un encart sur la transmission ouais c'est ce que j'expliquais après

  • Speaker #0

    Une fois que tu as tout fini ton tour de France, vu que tu as reçu énormément, en fait, tu reçois tellement, tellement pendant ton tour de France que maintenant, c'est à toi de donner.

  • Speaker #1

    Oui. Mais ils disent non seulement savoir-faire, mais en plus savoir-être. Ils disent, le compagnon se donne pour devoir de transmettre son savoir-faire et son savoir-être, car il aspire à être un bon ouvrier, un homme bon.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Je trouve ça trop cool.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et après, ils disent...

  • Speaker #0

    On a des vertus compagnoniques, qui sont la fidélité. l'honnêteté, la fraternité, le courage, la discipline et la patience.

  • Speaker #1

    C'est trop bien. Et seulement toutes les entreprises pouvaient avoir ça.

  • Speaker #0

    Après, bien sûr, il y a toujours des... Tout n'est pas parfait, donc c'est difficile d'être trop croisant de ses bottes. Mais en règle générale, ceux qui finissent jusqu'à la fin... Moi je connais des anciens, il y en a un, il y en a certains que j'ai rencontrés, mais c'est des gens qui sont géniaux. Et même eux disent, tu n'es pas obligé d'être compagnon pour l'être vraiment, je veux dire, tu peux avoir toutes ces vertus, tu peux avoir tout ça, mais ne pas être compagnon. C'est juste, c'est un titre qu'on a, mais le compagnonnage il s'étend partout, partout, partout. Je suis sûre qu'on pourrait créer les compagnons médecins, t'as des gens qui sont géniaux comme ça, et c'est plus...

  • Speaker #1

    C'est un état d'esprit.

  • Speaker #0

    C'est un état d'esprit.

  • Speaker #1

    il y a un autre truc sur le voyage qui fait écho à vous devez faire le tour de France ils disent le voyage est une étape nécessaire dans la construction de l'homme se remettre en cause et abandonner ses certitudes tu

  • Speaker #0

    doutes énormément pendant tout ton tour de France il y a beaucoup de doutes il y a beaucoup de choses que tu remets en question pour certains c'est très difficile de partir de chez eux Pour certains, c'est difficile de revenir chez eux.

  • Speaker #1

    Moi, je trouve que c'est...

  • Speaker #0

    On rencontre beaucoup de gens. On se casse la gueule, on remet pied à l'étrier.

  • Speaker #1

    C'est des belles valeurs à partager.

  • Speaker #0

    Beaucoup de choses à gérer. Surtout la première année du Tour de France, c'est la plus difficile pour moi.

  • Speaker #1

    Parce que c'est la première fois que tu coupes le cordon ?

  • Speaker #0

    Non, moi j'avais déjà coupé le cordon depuis longtemps avec ma famille, mais c'est plus au niveau des responsabilités parce que tu arrives, du coup tu n'es plus apprenti, tu es aspirant. Donc là on te dit maintenant, il faut y aller et du coup tu te donnes beaucoup trop de responsabilités et je pense que tu as une surcharge de travail, c'est un peu comme la première année de fac quoi. Ouais. T'as une surcharge de travail et du coup parfois c'est difficile à gérer. Ouais, il y en a beaucoup qui arrêtent. Ah ouais ? Ouais, au niveau de Noël parce qu'ils rentrent chez eux, ils ont du mal à rentrer. Parce que c'est quand même pas mal de pression. On nous met la pression, on en met à nous-mêmes. On n'arrive pas à gérer. Et après, ça va mieux. Quand tu commences à prendre le pli, déjà à gérer ta propre pression, à t'organiser dans ton travail, ça va mieux. Mais la première année, c'est assez difficile à gérer.

  • Speaker #1

    Mais parce que c'est la première année où tu rentres dans le monde vraiment de ton travail.

  • Speaker #0

    C'est ça. En plus, à l'entreprise, tu dois être... être considéré comme étant ouvrier alors qu'après l'apprentissage c'est difficile d'être ouvrier donc il y a tout ça, tout accumulé, c'est vrai que c'est la première année difficile il y en a beaucoup qui me disent là, j'ai du mal, t'inquiète pas c'est normal ouais,

  • Speaker #1

    mais tiens le coup parce que t'as l'air mieux et... ok Comme je disais en tout début, la raison pour laquelle on se rencontre aujourd'hui, c'est que toi, tu as fait un échange qui est organisé en partenariat avec les Compagnons de Devoir et la Fondation JM Weston. Encore une fois, moi, j'ai dû me renseigner parce que je connaissais JM Weston, mais je ne savais pas tout ce qu'il y avait derrière. Donc, j'ai appris que c'est une marque qui a encore toute sa chaîne de production en France, à Limoges. J'ai vu qu'ils avaient leur tannerie végétale à côté de Limoges. Toutes les chaussures sont créées à Limoges. Pour donner un peu un détail sur une paire de JM Weston, j'ai vu que c'était deux mois de travail et 150 prises en main. Donc c'est assez impressionnant. Après, pour la petite anecdote aussi, j'ai appris que JM Weston était le fournisseur officiel de la garde républicaine depuis 1975. Et ça, c'est quand même grave la classe ! Et donc la fondation JM Weston, c'est une fondation qui a été créée justement pour transmettre le savoir-faire d'excellence de JM Weston. Et dans ce cadre-là, ils ont mis en place plusieurs choses avec les compagnons, dont cet échange. Si je résume bien et si j'ai bien tout compris, et encore une fois, dis-moi si je me trompe, toi t'as postulé, t'as été prise à cet échange. Le principe c'est que toi tu vas au Japon. Et tu vas étudier deux mois au Japon, donc dans une manufacture japonaise. Et t'as deux japonais qui viennent dans les usines, enfin dans la manufacture, pardon, de JM Weston. Par rapport à ça, ma première question, c'est qu'est-ce qui t'a donné envie de faire l'échange ? Et un peu comment ça s'est passé pour postuler ?

  • Speaker #0

    J'avais déjà postulé l'année dernière. Mais vu que je partais à l'étranger, j'avais demandé à enlever ma candidature. Et du coup, là, quand j'étais en Angleterre, je ne savais pas trop s'ils allaient renouveler ça. Mais quand j'ai vu les mails, je me suis dit, vas-y, c'est maintenant ou jamais. Par. Et j'ai tout fait en anglais. J'ai mis mon CV, ma lettre de motivation en anglais. Peut-être qu'ils se sont dit, on va la mettre en avant parce qu'elle avait déjà demandé. Alors, on demande. On va peut-être la faire partir cette fois-ci. Et j'avais eu des échos de Juliette qui était partie en 2018, elle avait adoré et on en a beaucoup parlé.

  • Speaker #1

    C'est quoi concrètement qui t'a donné envie d'y aller ? C'est quoi dans ces propos à Juliette qui te faisaient dire mais c'est une expérience incroyable ?

  • Speaker #0

    Elle m'a dit déjà l'atelier où on a travaillé c'est super bien. Parce que d'une ça te remet un peu sur la beauté, sur la technique de beauté. Et étant donné que c'est un stage, on prend vachement de recul sur notre travail et du coup on prend plus le temps de faire les choses, on essaie plus de comprendre et ils sont vraiment très très très gentils là-bas. On a eu d'excellents retours des collègues, de leur gentillesse, des rapports qu'ils ont eu avec eux et de toutes les activités qu'ils ont pu faire là-bas. Puis les photos étaient magnifiques, le cadre était superbe aussi.

  • Speaker #1

    C'est à Tokyo ?

  • Speaker #0

    C'était à Tokyo, ouais.

  • Speaker #1

    Et donc tu peux nous raconter un peu concrètement comment ça s'est passé ?

  • Speaker #0

    Alors moi le premier mois j'étais en manufacture dans une maison. J'en avais déjà fait chez Croquette & Jules, donc j'étais pas dans un environnement que je ne connaissais pas, je connaissais un peu le fonctionnement et tout. Et le deuxième mois j'ai fait chez M. Fukuda dans l'atelier sur mesure. Alors l'ambiance était complètement différente, on n'avait rien à voir. Mais j'ai eu plus de mal à m'adapter pour le deuxième mois. Mais en fait, au final, après, au bout de deux, trois semaines,

  • Speaker #1

    c'est fini. Je suis venue à votre remise de diplôme.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Fukuda. C'est le master de la chaussure, non ?

  • Speaker #0

    Oui, il est très bon. Il s'est formé en anglais.

  • Speaker #1

    Il y a une description qu'ils font dans le communiqué de presse de l'événement. Ils disent son nom est aujourd'hui synonyme de talent et de goût. C'est quand même incroyable de se dire, moi quand on parle de moi, c'est du talent et du goût.

  • Speaker #0

    C'est vrai, c'est vrai.

  • Speaker #1

    C'est l'objectif de toute une vie.

  • Speaker #0

    Très beau ce qu'il fait. Ah ouais ? Très beau, ouais.

  • Speaker #1

    C'est quoi, c'est des chefs-d'oeuvre à chaque chaussure ?

  • Speaker #0

    Presque. En fait, c'est pas lui qui fait tout. Oui. Maintenant, il est plus, il fait plus la communication, il fait plus ça. C'est ses employés. Après, il décide du modèle, il choisit toutes les lignes et tout. Il fait les formes. Et ensuite, c'est trois employés qui suivent, qui forment. Trois excellents employés.

  • Speaker #1

    Ok. Quand on s'était rencontrés la première fois, tu m'avais dit que tu as appris des choses que tu n'avais pas appris dans les autres cadres, notamment de ce que j'ai cru comprendre par la culture japonaise. Est-ce que tu peux nous raconter justement ces éléments qui sont un peu particuliers que tu as pris ?

  • Speaker #0

    Moi j'ai pris beaucoup de recul avec mon boulot et j'ai pris beaucoup confiance en moi. Alors peut-être parce qu'on n'était pas japonais, mais ils nous faisaient beaucoup de compliments sur ce qu'on faisait. Et c'était vraiment agréable. Ici on a un amour. C'est vrai que sur le coup les anciens compagnons des fois se serrent un peu la vie. C'est un compliment un peu difficile. Et des fois, ça fait douter de nous, et la confiance en soi est assez difficile à accueillir chez les compagnons.

  • Speaker #1

    Parce que c'est pas franco-français. On est radins du compliment.

  • Speaker #0

    Alors que là-bas, c'était carrément amiable. On est plus notre temps, on était plus zen. Et en fait, plus t'es zen, plus ton boulot est beau, en fait. Je m'en suis rendue compte. Plus je suis stressée, plus c'est la catastrophe. Mais c'est normal, parce qu'on essaie d'aller vite. On n'a pas encore la capacité d'aller aussi vite que quelqu'un qui a fait 20 ans de métier. Mais on a du mal parce que du coup, quand ils arrivent, ils disent « Ouais, moi je fais ça en 5 minutes. » Ok, mais t'as 20 ans de métier.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Et ils ont du mal à se remettre à la place dans laquelle nous, on était.

  • Speaker #1

    Tu veux dire les gens...

  • Speaker #0

    Les anciens compagnons et même les jeunes, des fois, ils sont là « Non, ça va, t'es là. » « Ouais, mais toi, tu l'as déjà fait plein de fois. » « Moi, c'est ma deuxième fois. » Sont un peu plus... Tolérants, disons. des fois ça manque un peu de tolérance. Et la base c'était plus tolérance, c'est clair que... vu qu'ils sont... en règle générale plus patient et plus minutieux dans leur travail et bien toi tu te sens beaucoup plus zen et t'as plus de confiance en toi en disant c'est bon ma main c'est plus des bébés mes mains donc ça va mieux maintenant j'ai juste besoin d'avoir un peu de confiance et que je prenne plus mon temps sur certaines étapes que j'ai mal à faire et que c'est pas grave si je mets une demi-heure de plus alors que ici parfois si je mets une demi-heure de moins et quand j'essaie d'aller vite ça va pas alors que quand je prends mon temps à la boîte je prends beaucoup plus mon temps maintenant et c'est beaucoup mieux je le vois très bien à la boîte tu veux dire ? à l'outil, à mon entreprise je prends mon temps et c'est bien ce que je fais

  • Speaker #1

    Oui. Et tu as appris en fait, enfin ce qu'on appelle, pas des compétences techniques, mais des compétences sur toi et sur ta façon de fonctionner.

  • Speaker #0

    Sur la technique, tu apprends toujours des choses, mais le truc c'est que si tu ne travailles pas longtemps avec quelqu'un, moi j'ai vachement de mal à avoir la technique rapidement. Oui. Donc il aurait fallu rester six mois là-bas pour travailler comme eux, disons.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Une fois, ce n'était pas suffisant.

  • Speaker #1

    Tu n'as pas peur de finir par oublier ce que tu as appris là-bas, du coup ?

  • Speaker #0

    Si, si, si, bien sûr. Mais après, c'est similaire aussi à ce que nous, on fait en France. Donc, il n'y aura pas des... Il y a des points que tu vas faire différemment, mais vraiment, le résultat, c'est ce qui compte. Oui. Ce n'est pas tant de la manière dont tu le fais, c'est le résultat qui compte.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    Il y a des outils que j'ai achetés de là-bas et que j'utilise. Il y a des techniques. que non ça m'intéressait pas plus que ça. Disons que il y a des techniques qui eux le font différemment mais toi étant donné que tu l'as déjà acquise que tu es déjà à l'aise avec ton outil bah tu vas pas t'amuser à acheter un autre outil avec un affûtage différent et à essayer juste parce que c'est japonais et que ça fonctionnait très bien avec eux. Mais toi finalement t'arrives à le faire avec ton outil enfin reste avec ton outil quoi.

  • Speaker #1

    On te remet pas tout en question.

  • Speaker #0

    Non on remet pas tout en question c'est parfait un mélange mais c'est ce qu'on fait de toute façon sur Tineux Trucs de France parce que à chaque fois même dans l'atelier t'as du boulot, y'a quelqu'un qui va dire ça, et un autre juste après, cinq minutes après, il va dire autre chose, et encore un autre qui va dire autre chose. Là, je peux pas, les gars. C'est fait, de toute façon. C'est fait. J'entends ce que vous dites, mais je peux pas déjà d'une toute assimiler, et à chaque fois, vous me dites des choses différentes, ils nous disent tous, bah ouais, faut que tu fasses un milieu. Bah c'est ce que je fais. Pour leur dire, non mais stop, arrête, ça sert à rien de me dire quatre fois des choses différentes. Enfin, j'ai déjà fait, de toute façon. La prochaine fois, ouais. Mais moi, je m'adapte à la personne qui est en face de moi, quoi. Avec qui je travaille. Ils auront tous des techniques différentes, bien sûr. Mais bon.

  • Speaker #1

    Ça, c'est vraiment pour moi un concept. Quand tu dis, quand t'apprends à faire une chaussure, tu dis, bon, très bien, dans la chaussure, il y a ça. Une fois que tu sais la faire, la chaussure, c'est bon, t'as compris. Et en fait, plus j'échange...

  • Speaker #0

    avec les artisans dans le cadre de ce podcast et plus je me rends compte qu'en fait la connaissance elle est tout le temps et t'apprends toujours et même moi des fois j'arrive je fais des choses que j'ai appris par quelqu'un et il y en a des anciens qui ont 50 ans ah tu fais ça comme ça c'est intéressant ils sont pas non plus contre le fait de voir une autre manière de faire alors ils la feront peut-être pas ils en feront ce qu'ils voudront mais en soi tu fais ce que tu veux de ce que t'as appris mais c'est aussi intéressant de savoir comment ils font. Vu qu'on a des métiers qui sont créatifs et vachement manuels, et bien c'est vrai que t'as des techniques qui sont toujours différentes, avec un rendu différent, parce qu'on a tous à la fin, en plus je pense qu'au bout de 30 ans de métier, t'as ta petite touche que t'as faite, que t'as façonnée, et c'est hyper intéressant de voir comment les autres font. Après, parce que dans d'autres métiers, moi c'est pareil, je suis issue d'une famille de médecins et d'ingénieurs. Et ta fraction, il n'y a qu'une seule façon de la faire. Oui, c'est ça. Ton diagnostic, il n'y a qu'une seule façon de le faire.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Donc là, tu es dans ta formation des compagnons.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu as envie de faire de cette formation ?

  • Speaker #0

    Là, je me suis un peu spécialisée dans le piquage. C'est toute la partie souple de la chaussure dans laquelle on va rentrer le pied, avec le laçage, toutes les coutures. à la machine, faites les assemblages pour ensuite que ce soit monté sur la semelle. Et il se trouve qu'on a de la demande dans les entreprises et que chez les compagnons, notre formation est très axée sur le montage, le semelage, la mise en forme de la chaussure. Et tout ce qui est participicage, elle a été mise de côté pendant des années, parce qu'il y a 10 ans, ils cherchaient des moteurs et maintenant, on cherche des piqueurs et ils ont du mal à trouver des gens. qui ont des compétences et moi j'aimerais bien être un peu la formatrice, la doyenne de tout ça. Et former des jeunes qui veulent se spécialiser dans le piquage. D'accord. Donc ouvrir des embauches et avoir des compétences acquises là-dedans. Et dire, voilà, cette personne maintenant, elle peut travailler en chef d'atelier de piquage.

  • Speaker #1

    En chef d'atelier.

  • Speaker #0

    Ok. Ouais. Ça serait bien. Je sais qu'il y a du monde qui serait intéressé. Parce que j'ai beaucoup de jeunes qui nous voient. Oh, ça m'intéresserait bien de faire ça. Mais ils ne savent pas comment commencer. Ils ont peur de la machine. C'est... Voilà. Quand on fait pas en entreprise, je peux comprendre que ça puisse t'effrayer. C'est pour ça que j'ai envie d'ouvrir ça un peu plus. Comme ça, une personne qui voudra faire sa propre paire de chaussures ne sera pas bloquée. Parce que la plupart des... Même les anciens compagnons que je rencontre disent moi je suis incapable de faire ça. Ils sont excellents, c'est des excellents bottiers, mais ils sont incapables de toucher une machine à coudre. Ouais.

  • Speaker #1

    Pourquoi ça se fait ?

  • Speaker #0

    Parce qu'ils n'ont jamais été formés pour. En fait, ils ont toujours eu de la sous-traitance, ils ont toujours eu des gens qui le faisaient pour eux, ils demandaient aux maroquiniers pour faire une petite piqûre. Et du coup, c'est très récent qu'on commence à toucher aux machines à coudre chez les compagnons de l'Union. on a guéri deux ou trois machines. Mais il y a 3-4 ans, il n'y en avait pas. Ok. C'était soit tu avais de la chance, c'était une entreprise et tu pouvais en faire, soit souvent quand tu avais des paires à monter, tu demandais à la piqueuse « Tu peux me piquer s'il te plaît ? » Et je pense qu'avec ça, il y aura des gens qui seront vraiment complets et qui nous dépendront parce qu'il y a beaucoup de gens qui dépendent de ça. Et du coup... pour une piqueuse qui fait ça chez elle, c'est génial parce que du coup on a tout le temps du boulot mais ça serait bien aussi de voir que c'est possible si un jour tu veux faire un peu de piquage, tu veux commencer à faire tes propres choses, tu fais une petite formation. Ok.

  • Speaker #1

    Et donc dans ta formation des compagnons, tu dois faire un chef-d'œuvre ?

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et tu m'avais parlé de ce chef-d'œuvre.

  • Speaker #0

    Oui, moi j'aimerais faire des vôtres d'équitation pour... Quelqu'un d'handicapé.

  • Speaker #1

    Quelle est la particularité de ces bottes d'équitation ?

  • Speaker #0

    Là, j'ai contacté une cavalière qui est paraplégique, donc elle n'a plus l'usage de ses jambes. et elle serait très intéressante d'être élaborée avec moi. Je prendrais toutes ces mesures et de là je fabriquerais une paire de bottes sur mesure, élégantes et durables.

  • Speaker #1

    Elles ont quoi de particulier ces bottes d'équitation pour handicapés ?

  • Speaker #0

    Déjà j'ai un peu demandé comment ils faisaient pour ce chaussé. Donc il me disait qu'ils avaient effectivement du mal à trouver des bottes qui soient ajustées. Parce que même je pense que si tu vas chez un bottier qui fait du sur-mesure en équitation qui est assez rare maintenant, et ben soit il va te demander du prix exorbitant, soit il va dire non je sais pas faire parce que je ne fais que de la botterie, je ne fais pas d'orthopédie. Ça fait peur en fait disons. C'est un vrai challenge de se dire cette personne. Parce que quand on est paraplégique, vu qu'on n'a pas le visage de ses jambes, les muscles sont...

  • Speaker #1

    Atrophiés.

  • Speaker #0

    Atrophiés. Et du coup, le mollet est bien plus petit. Un calme normalement d'une botte a quand même un mollet assez conséquent.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    L'idée, c'est que j'ai envie de lui faire un truc quand même assez joli, donc avoir un galbe de mollet, qui est quand même digne de la botte classique, mais à sa mesure.

  • Speaker #1

    D'accord, ok. Ok, je comprends. C'est pas un système pour lui permettre de commander ses jambes ? Non. Ok. C'est vraiment pour faire un truc esthétique ?

  • Speaker #0

    Parce qu'en plus, souvent, les bottes que tu achètes dans des entreprises, comme, je crois que c'est Fellini qui fait un peu de demi-mesure, disons. En fait, la demi-mesure, ça va être plutôt la hauteur de mollet, des fois le tour, mais ça, c'est pas souvent, et la pointure, et la demi-pointure, et la largeur. et elle me disait non c'est vrai que c'est trop grand et du coup quand c'est trop grand souvent le tuyau de bottes ça fesse et c'est pas très joli ça fait de la guile et on veut pas ah ouais ok c'est hyper intéressant donc grâce

  • Speaker #1

    à ce chef d'oeuvre t'aurais du technique et tu m'avais dit quoi technique et esthétique et esthétique et donc toi ton objectif c'est de dire

  • Speaker #0

    j'en fais mon chef d'oeuvre et je vois s'il y a un marché après ouais là c'est ça un petit business plan classique l'idée c'est qu'elle les porte en compétition et je pense que c'est comme ça que ça fonctionne quand tu commences à avoir du monde qui porte tes chaussures bah après c'est tout ils ont tous fait comme ça, Marcelo, Berluti Weston, Crockett & Jones, il faut que ça se porte il faut en parler et bien c'est de l'influence marketing ouais c'est pas dans ton atelier à 100% en mettant en vitrine que tu vas... que ça va fonctionner.

  • Speaker #1

    Clairement. Oui, et puis, ils se connaissent tous. En plus,

  • Speaker #0

    ouais. En plus, je pense que le Paralympique est encore plus petit que les Jeux Olympiques. Oui. Valide. Le monde doit être un peu petit. Et c'est marrant parce que je discute même avec des gens qui sont très intéressés par l'orthopédie et ils me disent « Je me suis jamais vraiment intéressée à comment ils se chaussent tous ces athlètes handicapés. »

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Je dis « Mais c'est hyper intéressant. Attends, c'est... » Parce que les athlètes valides, ils ont tous des sponsors. Ils se font chausser chez Nike et chez Adidas. Les grands cavaliers, je pense qu'ils vont dans des usines. Ils ne vont pas chez des bottiers parce que c'est trop cher. Il y en a quelques-uns qui les ont, mais je ne pense pas qu'il y en ait beaucoup. Et les paralympiques, en fait, on les laisse complètement de côté.

  • Speaker #1

    Oui, parce qu'en plus, ce que tu m'expliquais, c'est que les paralympiques, ce n'est absolument pas leur métier.

  • Speaker #0

    Oui, des fois. Alors, il y en a certains, c'est des professionnels, mais il y en a d'autres, non. Et là, j'ai vu la... la dame qui s'occupe de la Fédération de la Fondation des Équipements, je l'ai eue au téléphone et elle m'a dit en fait c'est encore plus bizarre, j'ai trouvé que c'était vraiment très bizarre, ils vont savoir s'ils vont partir aux JO deux semaines avant.

  • Speaker #1

    Mais non. Si.

  • Speaker #0

    Je n'ai pas compris pourquoi.

  • Speaker #1

    Mais comment ils font pour se préparer ?

  • Speaker #0

    Ben ouais. Alors ils ont des qualifications, donc ils m'ont dit là, les qualifications des gens qui seront qualifiés aux JO olympiques, ce sera en janvier, déjà je trouve ça très tard, alors que toutes les équipes de valide sont faites.

  • Speaker #1

    Janvier 2024.

  • Speaker #0

    2020.

  • Speaker #1

    Ah oui, pour Tokyo.

  • Speaker #0

    Donc je demandais, parce que j'ai regardé, là les sélections françaises des valides sont faites. Eux, il faut qu'ils attendent janvier, et ensuite ils vont savoir, deux, trois semaines avant, s'ils peuvent partir ou pas. Ah, bine. Ouais, moi j'ai trouvé ça scandaleux, je me disais mais c'est pas possible. Comment ils font ? Pour s'organiser, il faut quand même mettre ton cheval dans un avion quoi. C'est pas des baskets qu'ils font mettre là, c'est un cheval quand même. C'est clair ? Oui.

  • Speaker #1

    Oui, et puis deux semaines avant, le billet d'avion n'est pas gratuit.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas. J'ai trouvé que c'était étrange. Après, on verra. Il faut que je me renseigne, il faut que je les rencontre et que je discute un peu avec eux.

  • Speaker #1

    Et donc, ton chef-d'oeuvre, toi, tu vas le faire pour les JO de 2020 ou 2024 ?

  • Speaker #0

    De toute façon, ce ne sera ni l'un ni l'autre parce que la cavalière, son cheval est blessé, donc elle ne participera pas aux JO. Par contre, elle participera aux championnats d'Europe.

  • Speaker #1

    Ok. Et c'est quand ?

  • Speaker #0

    Je sais pas. Je ne l'ai pas encore rencontré parce qu'il faut que j'attende l'accord de mon métier. Il me dit « Ok, c'est bon, tu peux y aller, t'as le niveau, t'es prête. » Ou alors ce sera peut-être au bout de cette année prochaine, je ne sais pas encore. Donc c'est pour ça que je n'ai pas envie de m'avancer en me disant « C'est bon, je suis prête, je te rencontre, je te l'ai fait cette année. » Ouais, je n'ai pas envie de lui donner de faux espoirs ou quoi que ce soit.

  • Speaker #1

    Ouais, ok

  • Speaker #0

    Pour l'instant je suis sur la réserve J'attends le mois de janvier Si moi j'ai envie de faire le feu vert, et bien là je vais me rappeler. Ah oui, oui, oui. Ok.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu peux nous raconter une anecdote, idéalement, sur ton échange au Japon ?

  • Speaker #0

    Je me souviens surtout, parce que la culture du Japon est quand même très très éloignée de la nous, et en fait, pour faire du riz, c'est quand même leur aliment principal, et en fait, ils ont une machine à riz spécifique.

  • Speaker #1

    Un rice cooker.

  • Speaker #0

    Voilà. Et nous, on se dit, tu fais du riz en France, pour un quart d'heure, vingt minutes, voilà. Et là, il fallait attendre une heure. C'est quoi ça ? C'est une vie de qualité supérieure. Alors déjà, quand tu vas t'acheter ton riz, j'ai jamais vu autant de choix de riz de l'anguille. Je savais pas du tout ce que lequel prendre. On prenait toujours au pif parce que tout, tout est traduit en lettres. C'est que des signes. Et alors à chaque fois, il fallait avoir un... Alors ils ont des petits verre-doseurs qui vont mettre ta dose de riz équivalent à ta dose d'eau. Fallait laver trois fois, tout ça nous gonflait, je crois. Et un jour on a fait c'est bon, y'a personne nous alentour, on a mis le riz comme ça du sachet, on a mis de l'eau, on a mélangé, on a mis dedans, et en fait y'en avait un qui était là et il nous a regardé ! Il était choqué, il a dit mais vous êtes folle ! On aurait dit qu'on avait pris un risque ! Alors c'était juste du riz quoi, si c'était raté c'était pas grave !

  • Speaker #1

    Ah mais non !

  • Speaker #0

    On a bien rigolé ouais. Du coup à chaque fois qu'on était là on était dans le japonais qui prend des risques. c'est un japonais qui dose pas son vie quoi attention hein Il y a ça, il y a aussi... Une fois aussi, on a eu une autre interview dans l'entreprise. Et alors, moi j'étais avec Lara, on regardait comment ça allait se passer. Et là, on a vu, attention, l'échange de carte de visite. Le plus drôle que j'ai jamais vu. Alors ils sont complètement courbés. Et ça dure au moins 3 minutes. L'échange de carte, parce qu'en fait, je pense que le fait que si tu lâches la carte de visite avant ton interlocuteur, ça va être un manque de politesse. Du coup ils sont là en train de se dire Aligato gozaimasu dix fois de suite, et tu vois les change de carte très très très très lent, jusqu'à temps que le premier lâche la carte quoi ! C'est excessément drôle et puis ils sont trop mauvais comme ça, et ça dure et ça dure, et on a ri, mais on a ri !

  • Speaker #1

    Ouais c'est le summum de la politesse là.

  • Speaker #0

    C'est ça, et on a eu beaucoup beaucoup de typhons aussi, alors à chaque fois qu'on voulait aller quelque part en route. Le week-end c'était compliqué avec les trains,

  • Speaker #1

    j'ai jamais vu de train,

  • Speaker #0

    c'est très compliqué les billets de train là-bas, c'est très cher aussi, mais sinon c'était vraiment super, on avait des paysages magnifiques, on a vu le mont Fuji deux jours avant de partir quoi, c'était le graal de notre voyage, le mont Fuji ça a été, on était en train de marcher et puis là je fais regarde ce qu'il y a là-bas et là il y avait le mont Fuji, heureusement qu'on l'a vu parce que l'après-midi on le voyait plus. Et c'était trop bien. On est restés devant une demi-heure en regardant, en disant « Ouais, c'est bon, la vue. » « C'est bientôt. » « C'est vraiment super. » On a fait une gyoza party avec nos collègues. On les a invités dans notre coloc et on a appris à faire des gyozas avec eux. C'était génial, c'était vraiment super.

  • Speaker #1

    Ils ont l'air d'être quand même hyper serviables. Ouais.

  • Speaker #0

    Mais mes parents sont venus au Japon, mais pas du tout pour me voir. Ils avaient déjà booké leur voyage avant que j'aie la confirmation d'y aller. Et quand je suis revenue et ils m'ont vu, ils m'ont fait « Ouais, franchement, je pense qu'on n'aurait pas autant aimé s'il n'y avait pas eu ces gens qui étaient excessivement gentils, serviables, accueillants, chaleureux. » C'est vrai que quand tu voyages comme ça, il y a des pays qui sont très beaux, mais où les gens sont plus hostiles. On ne t'en garde pas un super souvenir, tu vois. Tu te dis, ouais, c'était super et tout, c'était beau, on avait des beaux paysages, mais en matière d'humanité ou de bien se sentir dans le pays, c'était pas ça. Alors que là-bas, là-bas, c'était complètement différent. On se sentait vraiment très bien. Grâce aux gens. Je pense que c'était vraiment grâce aux gens qui habitaient.

  • Speaker #1

    Il y a une question qui me vient, comme ça. Comment vous échangez avec Maître Fukuda ?

  • Speaker #0

    Il parlait très bien l'anglais. Vu qu'il s'est formé en Angleterre, donc il avait un anglais vraiment nickel. Et je pense qu'il continuait de l'entretenir parce qu'il voyage beaucoup. Et grâce aux réseaux sociaux, notamment Instagram, il a énormément d'abonnés. Vraiment beaucoup, beaucoup. Et du coup, il est tout le temps en train d'entretenir son anglais. C'était plus avec certains employés qui avaient des bases d'anglais, mais un petit peu difficile. Mais vu qu'on a un métier très visuel et manuel, et bien c'est avec des photos, avec des gestes, avec des dessins, c'est facile de se faire connaître.

  • Speaker #1

    Ok. Ce qui est incroyable, parce que le geste est... Enfin, c'est international, quoi. Complètement. Le geste est international.

  • Speaker #0

    Et nous, on avait déjà des bases, parce qu'on avait déjà un peu d'expérience. Du coup, on avait moins de mal à comprendre qu'un apprenti, par exemple, qui aurait eu beaucoup plus de mal à comprendre. Oui.

  • Speaker #1

    Ok. Et donc, j'en reviens à la dernière question que je pose à chacun de mes invités. qui m'intéresse plus particulièrement pour toi parce que justement tu es la nouvelle génération d'artisans quelle est ta vision de l'artisanat aujourd'hui et ta vision de l'artisanat pour le futur je

  • Speaker #0

    sais qu'il y en a beaucoup notamment des anciens qui ont une vision un peu sombre de l'artisanat mais moi je suis plutôt confiante parce qu'on a toujours toujours ce gage de qualité en matière d'artisanat, on met beaucoup de coeur à l'ouvrage et on a toujours du produit qui sera meilleur qu'en industrie quoi qu'on fasse, quoi qu'on dise sur l'artisanat alors oui ce sera plus cher, ce sera toujours plus cher mais euh... Mais non, je pense que l'avenir peut encore durer pour nous. Et ça a encore plus de succès, parce qu'on voit beaucoup de reconversions professionnelles tardives. Les gens ne veulent plus bosser dans des bureaux. Et du coup, je pense que c'est ça qui va vraiment nous faire monter en flèche. Et après, je sais qu'il y a beaucoup de gens qui sont passionnés de chaussures, sans forcément en faire. Et ça, c'est ce qui continue à nous faire vivre. C'est vraiment ces gens qui sont passionnés de chaussures. Il y en a, je sais, on travaille dans une grosse boîte, il y en a un, là, on lui a fait dix paires de chaussures, juste pour une personne. Le mec adore Berluti, quoi. Mais c'est bien, parce que nous, ça nous fait travailler, et en plus, parfois, ils ont des demandes un peu spécifiques, du coup, il faut qu'on se cause la tête. Non, non, je pense que... Je pense que l'avenir est encore... ... ...

  • Speaker #1

    Et au sein même de l'école, tu vois le nombre de compagnons augmenter, diminuer ?

  • Speaker #0

    En fait, disons que l'arrivée du compagnonnage sera toujours plus réduite par rapport à ce qui part sur le Tour de France. Parce qu'il y a des gens qui ont des opportunités, parce qu'il y a des gens où c'est pas fait pour eux... Il y a tout un tas de critères qui peuvent entrer en jeu. Mais je pense que c'est pas tant le nombre de compagnons qui arrive à ce stade là, c'est plutôt la qualité des compagnons. Et c'est pour ça que le Tour de France existe. C'est pour avoir la qualité plutôt que le nombre.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    Mais c'est hyper important de continuer cette retransmission pour faire vivre l'artisanat et le compagnonnage parce qu'il y a des gens qui refusent, vraiment, il y a des gens qui ne veulent pas. qui veulent garder ça pour eux et une fois que c'est fini, ils emportent ça dans leur tombe et c'est perdu oui et puis il y a des fondations comme JM Weston moi je trouve ça vraiment top qu'ils aient réussi à mettre ça en place super, il faut vraiment continuer de faire ça ce qui serait bien c'est que cette fondation JM Weston Je donne exemple à d'autres fondations dans la maroquinerie, dans la tapisserie, partout, partout, partout, pour faire la même chose pour d'autres jeunes. Parce que je suis sûre qu'on peut faire ça partout, et dans d'autres métiers.

  • Speaker #1

    On a encore des manufactures en France, avec un savoir-faire d'excellence, il y en a peu, mais il y en a encore, et je pense que si on va arriver à les faire tourner... De toute façon, les marques, elles n'auront pas le choix à un moment.

  • Speaker #0

    Non, ouais.

  • Speaker #1

    Si elles veulent retransmettre et continuer de faire des...

  • Speaker #0

    des objets de qualité mais pour ça la fondation c'est super et puis de toute façon après JM Weston ce qui est bien c'est qu'ils ont une renommée internationale tu vas tu vas en Amérique du Sud, tu vas au Japon, tu vas partout, tout le monde connait JM Weston alors c'est marrant parce qu'ils pensent tous que ce mec n'est pas français alors que c'est vrai mais ouais ouais ça a une renommée internationale et les grosses boîtes comme ça ils font Il faut tous qu'ils fassent ça. Dans d'autres métiers. Parce que j'en vois beaucoup des pôles d'amateur. Ceux qui sont... C'est super et tout. Et je leur dis... Ouais, c'est génial. Et ça serait bien que vous fassiez pareil. Pendant deux mois, tu vas... Je sais pas. T'as pas besoin d'aller au Japon. Il y a plein d'autres destinations. Tu vas en Inde. Tu vas n'importe où. Et tu amènes deux gens ici aussi en France. Et tu fais la même chose.

  • Speaker #1

    Hermès, si vous nous entendez.

  • Speaker #0

    Ouais. Faites donc des échanges, envoyez vos jeunes là-bas. En plus Louis Vuitton commence à s'importer aussi hors d'ordre à France.

  • Speaker #1

    Oui. Bon, sur cette note positive et plein d'entrain, je te remercie pour cet échange Justine.

  • Speaker #0

    C'est un grand plaisir.

  • Speaker #1

    Et puis merci pour votre accueil et les compagnies.

  • Speaker #0

    On a le sens de l'accueil. Le sens de l'hospitalité. C'est top,

  • Speaker #1

    merci. Merci beaucoup pour votre écoute. J'espère que le parcours de Justine vous aura inspiré. Si vous souhaitez en savoir plus sur la fondation JM Weston et les Compagnons du Devoir, n'hésitez pas à m'écrire sur Facebook ou Instagram à Histoire d'Artisan. N'hésitez pas à mettre une note sur iTunes pour faire découvrir les histoires d'artisan au plus grand nombre et à vous abonner sur votre plateforme de streaming préférée. Je vous dis à très vite avec une nouvelle histoire.

Description

Dans cet épisode nous accueillons Justine Gineste, cordonnier-bottier. Cet épisode est un peu spécial puisqu’il a été réalisé en partenariat avec la Fondation J.M. Weston dans le cadre du programme “J.M. Weston Foundation Awards”.

J.M. Weston vous parle peut-être. Malgré son nom à consonance anglaise, la marque est bien française. Aujourd’hui J.M. Weston est l’une des dernières entreprises à conserver une production 100% française. Son savoir-faire d’excellence est exercé par 170 artisans dans sa Manufacture de Limoges. Pour transmettre et valoriser ce savoir-faire d’exception, J.M. Weston a créé la Fondation J.M. Weston. La Fondation a noué un partenariat privilégié avec l’Association des Compagnons du Devoir et du Tour de France, qui a donné naissance à plusieurs initiatives, dont la création les « J.M. Weston Foundation Awards ». Il s’agit d’un échange international entre la France et un pays étranger réputé pour sa tradition artisanale. Les dernières éditions ont permis aux lauréats français de découvrir le Japon. L’objectif est de permettre à des apprentis cordonniers-bottiers français et étrangers de rejoindre pendant deux mois les meilleurs ateliers des deux pays. 

C’est dans ce cadre que j’interview Justine. Fraîchement revenue du Japon, Justine nous raconte ses expériences en tant que Compagnon du devoir et lauréate des « J.M. Weston Foundation Awards ». J’ai encore une fois beaucoup appris de cet échange, et j’espère qu’il en sera de même pour vous. Belle écoute

Si vous souhaitez en savoir plus sur la Fondation J.M. Weston et les compagnons du devoir n’hésitez pas à m’écrire sur Facebook ou Instagram à histoiresdartisans. N’hésitez pas à mettre une note sur Itunes pour faire découvrir les Histoires d’Artisans au plus grand nombre et à vous abonner sur votre plateforme de streaming préférée. Je vous dis à très vite avec une nouvelle histoire. 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans la maison des Compagnons du Devoir de Pantin, aux ateliers du Pôle d'Excellence de Matériaux Souples.

  • Speaker #1

    Pourquoi les ateliers du Pôle d'Excellence de Matériaux Souples ?

  • Speaker #0

    Il y a les cordonniers-boutiers, les marronquiniers, les tapissiers, les scellés-garnisseurs et les tapissiers-décors.

  • Speaker #2

    Bienvenue dans Histoire d'Artisan. Je suis Lisa Millet et je serai votre guide dans l'exploration de l'artisanat. Je vous fais découvrir les visages, ou plutôt les voies. de ces femmes et hommes qui ont décidé de passer leur vie à créer. Aujourd'hui, nous accueillons Justine Ginest, cordonnier bottier. Cet épisode est un peu spécial puisqu'il a été réalisé en partenariat avec la fondation JM Weston, dans le cadre du programme JM Weston Foundation Awards. JM Weston vous parle peut-être, malgré son nom à consonance anglaise, la marque vient française. Aujourd'hui, JM Weston est l'une des dernières entreprises à conserver une production 100% française. Son savoir-faire d'excellence est exercé par 170 artisans dans sa manufacture de Limoges. Pour transmettre et valoriser ce savoir-faire d'exception, JM Weston a créé la Fondation JM Weston. La Fondation a noué un partenariat privilégié avec l'Association des Compagnons du Devoir et du Tour de France, qui a donné naissance à plusieurs initiatives, dont la création des JM Weston Foundation Awards. Il s'agit d'un échange international entre la France et un pays étranger réputé pour sa tradition artisanale. Les dernières éditions ont permis aux lauréats français de découvrir le Japon. L'objectif est de permettre à des apprentis coordonnés beautif français et étrangers de rejoindre pendant deux mois les meilleurs ateliers des deux pays. C'est dans ce cadre que j'interviens Justine.

  • Speaker #1

    Franchement revenue du Japon,

  • Speaker #2

    Justine nous raconte ses expériences en tant que compagnon du devoir et lauréat des JM Weston Foundation Awards. J'ai encore une fois beaucoup appris de cet échange et j'espère qu'il en sera de même pour vous. Belle écoute !

  • Speaker #1

    Bonjour Justine, merci de m'accueillir dans votre maison des compagnons. Alors Justine, on se rencontre aujourd'hui pour une raison un peu particulière. Tu as fait un échange au Japon. dans le cadre d'un partenariat entre les Compagnons du Devoir et la Fondation JM Weston.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    Avant qu'on discute de cet échange, qui je pense est passionnant, j'aimerais que tu nous racontes un petit peu ton parcours et que tu nous expliques comment tu es devenue... Voilà.

  • Speaker #0

    Alors moi j'ai fait un bac général en littérature. Ensuite je suis partie en Belgique pendant deux ans. faire une école de cinéma, que c'était pas pour moi. Avant de choisir l'école de cinéma qui était sur concours, j'étais déjà en train de regarder chez les compagnons, parce que je voulais faire de la salle d'équitation. Donc je me suis dit, au cas où, j'ai un plan B. Donc une fois que je suis rentrée en France, je suis allée à la maison des compagnons de Paris, à un hôtel de ville, pour me renseigner, et ils m'ont tout de suite aiguillée sur la formation de cellier. J'ai été mal aiguillée parce que j'ai été accueillie par des gens qui n'étaient pas du tout du métier des matériaux souples. Du coup ils m'ont dit oui oui tu peux faire de la céleri d'équitation alors qu'en fait non c'était de la céleri garnisseur. Donc c'est les sièges de voiture, c'est les bâches, tout ce qui est bateau. C'était pas du cuir que je voulais. Moi c'était vraiment un cuir un peu plus épais avec des coutures à la main, avec du fil presque fait à la main. Vu qu'on est tous ensemble, je passais souvent devant les cordonniers bâtiers et je me suis dit je crois que c'est vraiment bon. ça que je veux faire au niveau de la technique du travail de cuir. C'est pas tant la chaussure qui m'intéressait, c'était la technique. Un jour je me suis dit, j'aime pas la scène de nuit, j'ai essayé de tout mon coeur d'aimer mais ça ne me plait pas, je vais changer d'orientation. Alors là ils m'ont dit tout de suite, non mais ça fait trois fois, t'exagères ! Et bien en fait ils avaient peur que je m'ennuie, parce que c'est vrai que j'ai tendance à m'ennuyer assez rapidement. Parce que la scène à garnisseur c'est très varié, tu peux faire du sac à dos, tu peux faire... la voiture, tu peux faire du bateau. Et en chaussures, c'était que la chaussure. Donc ensuite, grâce à la sellerie, j'avais fait beaucoup de machines à coudre. Du coup, j'ai pu passer directement en apprentissage en piquage à Rouen. Et là, j'ai fait deux ans là-bas, ça m'a plu. Et j'étais dans une super communauté à Rouen, je suis partie sur le Trou de France. Ma première année, je l'ai faite dans le sud de la France, à côté d'Aix-en-Provence, en podologie. Et ensuite, j'ai voulu partir à l'étranger. Mon premier choix c'était la Finlande, je rêvais d'aller dans les pays nordiques et j'avais envie de voir ce que ça allait faire au niveau de la chaussure. J'ai démarché l'Islande, la Norvège, la Finlande et la Suède.

  • Speaker #1

    C'est-à-dire quoi j'ai démarché ?

  • Speaker #0

    J'ai envoyé énormément de mails, j'ai beaucoup appelé. L'Irlande, c'est beaucoup trop petit comme pays. La Norvège, je n'avais rien trouvé. La Suède, c'était pareil. La Finlande, j'y suis allée. On m'a dit, vas-y, ça peut fonctionner. Je suis restée deux mois et demi là-bas. J'ai tout essayé, ça n'a pas fonctionné. Du coup, je me suis dit, bon, je n'ai pas envie de rentrer en France, je vais aller en Angleterre. En fait, on a des prévots un peu partout dans le monde maintenant. Et le prévot m'avait dit, j'ai sûrement quelque chose pour toi.

  • Speaker #1

    C'est quoi un prévot ?

  • Speaker #0

    C'est quelqu'un qui s'occupe de toute une maison, toute une communauté qui s'occupe de placer les jeunes dans les entreprises. Et en Angleterre, on en a un. Il m'a dit « Ouais, ouais, j'ai quelque chose pour toi, je suis en contact avec une entreprise qui serait intéressée de te prendre, tu peux venir, c'est bon. » Donc moi j'ai pris mon billet, une semaine après j'étais à Londres, et deux jours après je reçois un mail en disant « Bon bah, on peut pas la payer, elle peut venir faire un stage mais on peut pas la payer. » Et le prévôt, moi je lui dis « Je peux pas, là ça fait deux mois et demi que j'ai pas de boulot, j'en peux plus, vraiment là je suis à bout, je veux bien être persévérante. » moment je la ctc ça commence à être difficile pour moi Je me suis dit bon j'arrête d'attendre et du coup je suis allée à Northampton, c'est la capitale de la chaussure. Il faut savoir que là bas il y a une quinzaine d'usines de fabrication de chaussures, de chez Tokyo Port. Et j'ai eu de la chance que Crocretten Jones, il y avait un français qui travaillait là bas, il était intéressé par mon CV, j'avais fait un beau book aussi, j'avais dit voilà moi en piquage je sais le faire, et ça les intéressait et j'ai passé 7 mois, 8 mois même là bas à la chaîne. C'était vraiment sympa, je sais que beaucoup de gens disent que l'industrie c'est pas terrible mais en fait... avec l'équipe dans laquelle tu es et le poste que tu occupes et toi qui t'ennuies vite tu t'es pas ennuyée et bah non parce que j'allais tout le temps du boulot parce que je changeais tout le temps de modèle parce que à la fin en plus avec l'anglais et les gens avec qui je discutais quand t'avais d'un problème t'arrivais à régler le problème c'était vraiment intéressant surtout à la fin ça m'a fait mal au coeur de partir et ensuite bah en fait le fait de passer par Grand Cat Engine ça m'a permis d'entrer chez Barluti en mesure c'est à dire quoi en mesure ? C'est du sur mesure, donc ça veut dire qu'on fait tout, tout aux mesures du client, à l'ancienne, tout est fait à la main. Si le client veut une broderie, il en aura une, si il veut ses initiales quelque part, il en aura une. Client est roi.

  • Speaker #1

    Il y a peut-être un élément sur lequel il faut revenir, quand tu as dit j'ai commencé mon tour de France. Moi je me suis renseignée avant qu'on se rencontre sur les compagnons parce que je ne connaissais pas du tout. Je connaissais le terme les compagnons du devoir mais je ne savais pas du tout comment ça fonctionnait. Et j'en ai appris encore juste avant qu'on enregistre. Tu nous as expliqué un peu comment ça fonctionnait. Il faut savoir, en fait, les compagnons, vous avez donc deux ans d'apprentissage.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    On vous délivre un CAP. Et après, pendant 7 à 12 ans, vous changez tous les ans de lieu en France. La journée, vous êtes dans une entreprise. Et le soir, vous continuez des cours.

  • Speaker #0

    C'est ça. Alors, c'est pas de 7 à 12 ans maintenant. On raccourcit parce qu'il y a une dizaine d'années, il y avait des gens qui arrêtaient l'école. au collège et du coup qui était assez jeune donc qui finissait compagnon à 25 ans, 26 ans et maintenant c'est différent il y en a beaucoup comme moi qui ont fait des choses avant 7 ans c'est trop long alors du coup on rétrécit un petit peu mais il faut savoir que quand tu deviens un compagnon t'es compagnon à vie, si tu veux vraiment continuer à être compagnon, il faut venir voir les jeunes il faut les aider, il faut venir aux réunions il faut s'impliquer dans l'association et continuer à faire vivre tout ça parce que c'est nous qui la faisons vivre mais c'est aussi les anciens Et puis on a des liens particuliers avec ces gens-là. Et ça nous ouvre parfois des portes dans les entreprises dans lesquelles ils ont été. Ils ont dit « Ah, j'ai une super jeune là qui est intéressée. » Ça peut marcher aussi comme ça. C'est un peu du piston. C'est beaucoup de bouche à oreille, cette association.

  • Speaker #1

    Est-ce que c'est vraiment du piston ?

  • Speaker #0

    C'est plutôt du bouche à oreille. Du réseau ? C'est du réseau. C'est exactement ça, ouais.

  • Speaker #1

    C'est incroyable parce que, tu vois, moi je viens du parcours classique école de commerce où on te dit « Tu en ressors avec un réseau » . En fait, les compagnons sont encore plus que ça, c'est une vraie communauté.

  • Speaker #0

    Oui, c'est plus que ça. On crée des liens qui sont très chouettes et on se connaît pratiquement tous, on s'est déjà vus. Parfois, on fait des fêtes et là, on est là, oh mais je t'ai vu il y a trois ans, comment ça va ? C'est un très très grand réseau, oui.

  • Speaker #1

    Et toi, il te reste combien de temps dans ce cas-là, dans ce Tour de France ?

  • Speaker #0

    Le Tour de France, alors il me resterait, parce que ça dépend si je fais ma réception cette année. Il me reste

  • Speaker #1

    3 à 4 ans. Ok. C'est-à-dire quoi je fais ma réception cette année ?

  • Speaker #0

    La réception, c'est l'étape du passage d'aspirant au compagnon. Donc aspirant, tu fais ton tour de France, tu as des stages, tu as des progressions à faire pour voir ton niveau d'évolution. Et une fois que tu te sens prêt, tu demandes ta réception et tu vas faire un chef-d'oeuvre, le plus beau travail que tu puisses fournir. Donc souvent c'est quelque chose d'artistique, tu peux faire artistique, tu peux faire ce qu'il faut, que ce soit technique et artistique à la fois. Et une fois que tu es reçu, tu deviens compagnon et tu as deux années de devoir, deux retransmissions. Et là en fait il faut que tu sois là pour les jeunes aspirants et apprentis. pour qu'ils soient encadrés et tu les amènes. En fait, c'est une boucle sans fin, les compagnons.

  • Speaker #1

    Ok, ouais. Ça veut dire que pendant deux ans, tu vas devoir être prof.

  • Speaker #0

    Soit tu fais prof, donc maître de stage, formateur, soit tu es juste là en tant que compagnon itinérant, tu es dans la maison, tu encadres les jeunes, notamment le soir, tu les aides à s'orienter au niveau du travail ou alors même au niveau moral. Tu dois être là, ouais. Ok. Il y a d'autres choses à faire aussi, tu peux placer les jeunes dans les villes, il y a beaucoup de choses à faire. Tu t'investis d'une manière différente.

  • Speaker #1

    C'est trop marrant parce que quand on faisait la visite des locaux des compagnons, tu as un élève qui donne des cours à un formateur, parce que le formateur est en barbouclerie et que l'élève est...

  • Speaker #0

    Ça arrive beaucoup parfois sur nos chefs-d'oeuvre. On fait appel à des menuisiers, à des chaudronniers pour des structures par exemple. Et du coup on va, on se déplace et on change complètement de tenue. On jette le tablier, on met le largeot et on met la main à la pâte. Et on se découvre comme ça des métiers, c'est très intéressant. Il y en a une par exemple, je ne sais pas si vous avez vu, la paire de chaussures qui est en vitrine. C'est des bottes de samouraï. Et elle a fait une cote de maille, et la cote de maille, elle l'a fait avec un serrurier, elle a fait sa cote de maille à la main. Et ça, tu demandes aux autres métiers, il y en a certains, il y en a beaucoup qui sont passionnés de choses, et du coup c'est très intéressant des fois de travailler avec eux, parce que vu qu'ils sont hyper passionnés, ils savent exactement comment faire, et ils se croutent la tête et tout, c'est hyper cool. Là je fais des chaussures pour un formateur serrurier, métalliste serrurier, et il m'a dit si tu veux je te ferai un escalier.

  • Speaker #1

    C'est trop bien ! Tu peux refaire toute ta maison gratuitement. Ouais, ouais, ouais. Sympa. Ok. Et j'avais une question sur quand tu dis le métier de cellier m'a pas plu. Pour moi, cellier, c'est sel. Donc c'est sel de cheval. Et quand t'as dit j'ai voulu faire cellier pour faire des sels et qu'après tu me dis ben non, en fait, tu fais des fauteuils.

  • Speaker #0

    Pourquoi ? Parce que le métier de cellier-arnacheur, historiquement... C'était des salles de cheval ici, chez les compagnons. Mais maintenant, l'évolution a fait qu'on n'a plus besoin du cheval pour se déplacer. Et du coup, ils ont évolué dans les intérieurs de voiture. C'est aussi très intéressant, mais moi, ça ne me plaisait pas. Oui,

  • Speaker #1

    oui, oui. Il n'y en a pas beaucoup,

  • Speaker #0

    mon bus d'essai. C'est difficile de gagner sa vie avec ce métier.

  • Speaker #1

    Parce qu'après, tu finis dans les bureaux d'études des...

  • Speaker #0

    Honnêtement, je ne sais pas. Parce que je ne suis pas rencontrée. Sur le tour de foin, je n'en ai pas rencontré. C'est linge. Là, il n'y en a pas ? Non, il y a une formation à Ras-du-Pin qui coûte assez cher. Et là, tu es formée, je crois, pendant deux ans. Tu fais des selles, tu dois faire du filet et de l'attelage. Mais après, je ne sais pas vraiment ce qu'ils font. Je connais quelqu'un qui est en salle avec moi, qui a fait cette formation, qui a ouvert son atelier. Mais je pense que ça se compte sur les doigts de la main.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    Sinon je bosse chez Hermès. Je ne suis même pas sûre que Hermès fasse beaucoup de production de salles de cheval. Historiquement, c'est aussi la salle de cheval. Mais maintenant, je ne suis pas sûre qu'ils en fassent autant qu'avant.

  • Speaker #1

    Sur le site des compagnons, je suis allée fouiller. Il y a des trucs que j'ai notés. Je trouve ça hyper intéressant qu'une formation ait mis des valeurs comme ça. dans son fonctionnement et les valeurs c'est ni se servir, ni s'asservir, mais servir ça c'est notre devise c'est incroyable bon je trouve ça trop cool et après ils disent qu'il y a un encart sur la transmission ouais c'est ce que j'expliquais après

  • Speaker #0

    Une fois que tu as tout fini ton tour de France, vu que tu as reçu énormément, en fait, tu reçois tellement, tellement pendant ton tour de France que maintenant, c'est à toi de donner.

  • Speaker #1

    Oui. Mais ils disent non seulement savoir-faire, mais en plus savoir-être. Ils disent, le compagnon se donne pour devoir de transmettre son savoir-faire et son savoir-être, car il aspire à être un bon ouvrier, un homme bon.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Je trouve ça trop cool.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et après, ils disent...

  • Speaker #0

    On a des vertus compagnoniques, qui sont la fidélité. l'honnêteté, la fraternité, le courage, la discipline et la patience.

  • Speaker #1

    C'est trop bien. Et seulement toutes les entreprises pouvaient avoir ça.

  • Speaker #0

    Après, bien sûr, il y a toujours des... Tout n'est pas parfait, donc c'est difficile d'être trop croisant de ses bottes. Mais en règle générale, ceux qui finissent jusqu'à la fin... Moi je connais des anciens, il y en a un, il y en a certains que j'ai rencontrés, mais c'est des gens qui sont géniaux. Et même eux disent, tu n'es pas obligé d'être compagnon pour l'être vraiment, je veux dire, tu peux avoir toutes ces vertus, tu peux avoir tout ça, mais ne pas être compagnon. C'est juste, c'est un titre qu'on a, mais le compagnonnage il s'étend partout, partout, partout. Je suis sûre qu'on pourrait créer les compagnons médecins, t'as des gens qui sont géniaux comme ça, et c'est plus...

  • Speaker #1

    C'est un état d'esprit.

  • Speaker #0

    C'est un état d'esprit.

  • Speaker #1

    il y a un autre truc sur le voyage qui fait écho à vous devez faire le tour de France ils disent le voyage est une étape nécessaire dans la construction de l'homme se remettre en cause et abandonner ses certitudes tu

  • Speaker #0

    doutes énormément pendant tout ton tour de France il y a beaucoup de doutes il y a beaucoup de choses que tu remets en question pour certains c'est très difficile de partir de chez eux Pour certains, c'est difficile de revenir chez eux.

  • Speaker #1

    Moi, je trouve que c'est...

  • Speaker #0

    On rencontre beaucoup de gens. On se casse la gueule, on remet pied à l'étrier.

  • Speaker #1

    C'est des belles valeurs à partager.

  • Speaker #0

    Beaucoup de choses à gérer. Surtout la première année du Tour de France, c'est la plus difficile pour moi.

  • Speaker #1

    Parce que c'est la première fois que tu coupes le cordon ?

  • Speaker #0

    Non, moi j'avais déjà coupé le cordon depuis longtemps avec ma famille, mais c'est plus au niveau des responsabilités parce que tu arrives, du coup tu n'es plus apprenti, tu es aspirant. Donc là on te dit maintenant, il faut y aller et du coup tu te donnes beaucoup trop de responsabilités et je pense que tu as une surcharge de travail, c'est un peu comme la première année de fac quoi. Ouais. T'as une surcharge de travail et du coup parfois c'est difficile à gérer. Ouais, il y en a beaucoup qui arrêtent. Ah ouais ? Ouais, au niveau de Noël parce qu'ils rentrent chez eux, ils ont du mal à rentrer. Parce que c'est quand même pas mal de pression. On nous met la pression, on en met à nous-mêmes. On n'arrive pas à gérer. Et après, ça va mieux. Quand tu commences à prendre le pli, déjà à gérer ta propre pression, à t'organiser dans ton travail, ça va mieux. Mais la première année, c'est assez difficile à gérer.

  • Speaker #1

    Mais parce que c'est la première année où tu rentres dans le monde vraiment de ton travail.

  • Speaker #0

    C'est ça. En plus, à l'entreprise, tu dois être... être considéré comme étant ouvrier alors qu'après l'apprentissage c'est difficile d'être ouvrier donc il y a tout ça, tout accumulé, c'est vrai que c'est la première année difficile il y en a beaucoup qui me disent là, j'ai du mal, t'inquiète pas c'est normal ouais,

  • Speaker #1

    mais tiens le coup parce que t'as l'air mieux et... ok Comme je disais en tout début, la raison pour laquelle on se rencontre aujourd'hui, c'est que toi, tu as fait un échange qui est organisé en partenariat avec les Compagnons de Devoir et la Fondation JM Weston. Encore une fois, moi, j'ai dû me renseigner parce que je connaissais JM Weston, mais je ne savais pas tout ce qu'il y avait derrière. Donc, j'ai appris que c'est une marque qui a encore toute sa chaîne de production en France, à Limoges. J'ai vu qu'ils avaient leur tannerie végétale à côté de Limoges. Toutes les chaussures sont créées à Limoges. Pour donner un peu un détail sur une paire de JM Weston, j'ai vu que c'était deux mois de travail et 150 prises en main. Donc c'est assez impressionnant. Après, pour la petite anecdote aussi, j'ai appris que JM Weston était le fournisseur officiel de la garde républicaine depuis 1975. Et ça, c'est quand même grave la classe ! Et donc la fondation JM Weston, c'est une fondation qui a été créée justement pour transmettre le savoir-faire d'excellence de JM Weston. Et dans ce cadre-là, ils ont mis en place plusieurs choses avec les compagnons, dont cet échange. Si je résume bien et si j'ai bien tout compris, et encore une fois, dis-moi si je me trompe, toi t'as postulé, t'as été prise à cet échange. Le principe c'est que toi tu vas au Japon. Et tu vas étudier deux mois au Japon, donc dans une manufacture japonaise. Et t'as deux japonais qui viennent dans les usines, enfin dans la manufacture, pardon, de JM Weston. Par rapport à ça, ma première question, c'est qu'est-ce qui t'a donné envie de faire l'échange ? Et un peu comment ça s'est passé pour postuler ?

  • Speaker #0

    J'avais déjà postulé l'année dernière. Mais vu que je partais à l'étranger, j'avais demandé à enlever ma candidature. Et du coup, là, quand j'étais en Angleterre, je ne savais pas trop s'ils allaient renouveler ça. Mais quand j'ai vu les mails, je me suis dit, vas-y, c'est maintenant ou jamais. Par. Et j'ai tout fait en anglais. J'ai mis mon CV, ma lettre de motivation en anglais. Peut-être qu'ils se sont dit, on va la mettre en avant parce qu'elle avait déjà demandé. Alors, on demande. On va peut-être la faire partir cette fois-ci. Et j'avais eu des échos de Juliette qui était partie en 2018, elle avait adoré et on en a beaucoup parlé.

  • Speaker #1

    C'est quoi concrètement qui t'a donné envie d'y aller ? C'est quoi dans ces propos à Juliette qui te faisaient dire mais c'est une expérience incroyable ?

  • Speaker #0

    Elle m'a dit déjà l'atelier où on a travaillé c'est super bien. Parce que d'une ça te remet un peu sur la beauté, sur la technique de beauté. Et étant donné que c'est un stage, on prend vachement de recul sur notre travail et du coup on prend plus le temps de faire les choses, on essaie plus de comprendre et ils sont vraiment très très très gentils là-bas. On a eu d'excellents retours des collègues, de leur gentillesse, des rapports qu'ils ont eu avec eux et de toutes les activités qu'ils ont pu faire là-bas. Puis les photos étaient magnifiques, le cadre était superbe aussi.

  • Speaker #1

    C'est à Tokyo ?

  • Speaker #0

    C'était à Tokyo, ouais.

  • Speaker #1

    Et donc tu peux nous raconter un peu concrètement comment ça s'est passé ?

  • Speaker #0

    Alors moi le premier mois j'étais en manufacture dans une maison. J'en avais déjà fait chez Croquette & Jules, donc j'étais pas dans un environnement que je ne connaissais pas, je connaissais un peu le fonctionnement et tout. Et le deuxième mois j'ai fait chez M. Fukuda dans l'atelier sur mesure. Alors l'ambiance était complètement différente, on n'avait rien à voir. Mais j'ai eu plus de mal à m'adapter pour le deuxième mois. Mais en fait, au final, après, au bout de deux, trois semaines,

  • Speaker #1

    c'est fini. Je suis venue à votre remise de diplôme.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Fukuda. C'est le master de la chaussure, non ?

  • Speaker #0

    Oui, il est très bon. Il s'est formé en anglais.

  • Speaker #1

    Il y a une description qu'ils font dans le communiqué de presse de l'événement. Ils disent son nom est aujourd'hui synonyme de talent et de goût. C'est quand même incroyable de se dire, moi quand on parle de moi, c'est du talent et du goût.

  • Speaker #0

    C'est vrai, c'est vrai.

  • Speaker #1

    C'est l'objectif de toute une vie.

  • Speaker #0

    Très beau ce qu'il fait. Ah ouais ? Très beau, ouais.

  • Speaker #1

    C'est quoi, c'est des chefs-d'oeuvre à chaque chaussure ?

  • Speaker #0

    Presque. En fait, c'est pas lui qui fait tout. Oui. Maintenant, il est plus, il fait plus la communication, il fait plus ça. C'est ses employés. Après, il décide du modèle, il choisit toutes les lignes et tout. Il fait les formes. Et ensuite, c'est trois employés qui suivent, qui forment. Trois excellents employés.

  • Speaker #1

    Ok. Quand on s'était rencontrés la première fois, tu m'avais dit que tu as appris des choses que tu n'avais pas appris dans les autres cadres, notamment de ce que j'ai cru comprendre par la culture japonaise. Est-ce que tu peux nous raconter justement ces éléments qui sont un peu particuliers que tu as pris ?

  • Speaker #0

    Moi j'ai pris beaucoup de recul avec mon boulot et j'ai pris beaucoup confiance en moi. Alors peut-être parce qu'on n'était pas japonais, mais ils nous faisaient beaucoup de compliments sur ce qu'on faisait. Et c'était vraiment agréable. Ici on a un amour. C'est vrai que sur le coup les anciens compagnons des fois se serrent un peu la vie. C'est un compliment un peu difficile. Et des fois, ça fait douter de nous, et la confiance en soi est assez difficile à accueillir chez les compagnons.

  • Speaker #1

    Parce que c'est pas franco-français. On est radins du compliment.

  • Speaker #0

    Alors que là-bas, c'était carrément amiable. On est plus notre temps, on était plus zen. Et en fait, plus t'es zen, plus ton boulot est beau, en fait. Je m'en suis rendue compte. Plus je suis stressée, plus c'est la catastrophe. Mais c'est normal, parce qu'on essaie d'aller vite. On n'a pas encore la capacité d'aller aussi vite que quelqu'un qui a fait 20 ans de métier. Mais on a du mal parce que du coup, quand ils arrivent, ils disent « Ouais, moi je fais ça en 5 minutes. » Ok, mais t'as 20 ans de métier.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Et ils ont du mal à se remettre à la place dans laquelle nous, on était.

  • Speaker #1

    Tu veux dire les gens...

  • Speaker #0

    Les anciens compagnons et même les jeunes, des fois, ils sont là « Non, ça va, t'es là. » « Ouais, mais toi, tu l'as déjà fait plein de fois. » « Moi, c'est ma deuxième fois. » Sont un peu plus... Tolérants, disons. des fois ça manque un peu de tolérance. Et la base c'était plus tolérance, c'est clair que... vu qu'ils sont... en règle générale plus patient et plus minutieux dans leur travail et bien toi tu te sens beaucoup plus zen et t'as plus de confiance en toi en disant c'est bon ma main c'est plus des bébés mes mains donc ça va mieux maintenant j'ai juste besoin d'avoir un peu de confiance et que je prenne plus mon temps sur certaines étapes que j'ai mal à faire et que c'est pas grave si je mets une demi-heure de plus alors que ici parfois si je mets une demi-heure de moins et quand j'essaie d'aller vite ça va pas alors que quand je prends mon temps à la boîte je prends beaucoup plus mon temps maintenant et c'est beaucoup mieux je le vois très bien à la boîte tu veux dire ? à l'outil, à mon entreprise je prends mon temps et c'est bien ce que je fais

  • Speaker #1

    Oui. Et tu as appris en fait, enfin ce qu'on appelle, pas des compétences techniques, mais des compétences sur toi et sur ta façon de fonctionner.

  • Speaker #0

    Sur la technique, tu apprends toujours des choses, mais le truc c'est que si tu ne travailles pas longtemps avec quelqu'un, moi j'ai vachement de mal à avoir la technique rapidement. Oui. Donc il aurait fallu rester six mois là-bas pour travailler comme eux, disons.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Une fois, ce n'était pas suffisant.

  • Speaker #1

    Tu n'as pas peur de finir par oublier ce que tu as appris là-bas, du coup ?

  • Speaker #0

    Si, si, si, bien sûr. Mais après, c'est similaire aussi à ce que nous, on fait en France. Donc, il n'y aura pas des... Il y a des points que tu vas faire différemment, mais vraiment, le résultat, c'est ce qui compte. Oui. Ce n'est pas tant de la manière dont tu le fais, c'est le résultat qui compte.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    Il y a des outils que j'ai achetés de là-bas et que j'utilise. Il y a des techniques. que non ça m'intéressait pas plus que ça. Disons que il y a des techniques qui eux le font différemment mais toi étant donné que tu l'as déjà acquise que tu es déjà à l'aise avec ton outil bah tu vas pas t'amuser à acheter un autre outil avec un affûtage différent et à essayer juste parce que c'est japonais et que ça fonctionnait très bien avec eux. Mais toi finalement t'arrives à le faire avec ton outil enfin reste avec ton outil quoi.

  • Speaker #1

    On te remet pas tout en question.

  • Speaker #0

    Non on remet pas tout en question c'est parfait un mélange mais c'est ce qu'on fait de toute façon sur Tineux Trucs de France parce que à chaque fois même dans l'atelier t'as du boulot, y'a quelqu'un qui va dire ça, et un autre juste après, cinq minutes après, il va dire autre chose, et encore un autre qui va dire autre chose. Là, je peux pas, les gars. C'est fait, de toute façon. C'est fait. J'entends ce que vous dites, mais je peux pas déjà d'une toute assimiler, et à chaque fois, vous me dites des choses différentes, ils nous disent tous, bah ouais, faut que tu fasses un milieu. Bah c'est ce que je fais. Pour leur dire, non mais stop, arrête, ça sert à rien de me dire quatre fois des choses différentes. Enfin, j'ai déjà fait, de toute façon. La prochaine fois, ouais. Mais moi, je m'adapte à la personne qui est en face de moi, quoi. Avec qui je travaille. Ils auront tous des techniques différentes, bien sûr. Mais bon.

  • Speaker #1

    Ça, c'est vraiment pour moi un concept. Quand tu dis, quand t'apprends à faire une chaussure, tu dis, bon, très bien, dans la chaussure, il y a ça. Une fois que tu sais la faire, la chaussure, c'est bon, t'as compris. Et en fait, plus j'échange...

  • Speaker #0

    avec les artisans dans le cadre de ce podcast et plus je me rends compte qu'en fait la connaissance elle est tout le temps et t'apprends toujours et même moi des fois j'arrive je fais des choses que j'ai appris par quelqu'un et il y en a des anciens qui ont 50 ans ah tu fais ça comme ça c'est intéressant ils sont pas non plus contre le fait de voir une autre manière de faire alors ils la feront peut-être pas ils en feront ce qu'ils voudront mais en soi tu fais ce que tu veux de ce que t'as appris mais c'est aussi intéressant de savoir comment ils font. Vu qu'on a des métiers qui sont créatifs et vachement manuels, et bien c'est vrai que t'as des techniques qui sont toujours différentes, avec un rendu différent, parce qu'on a tous à la fin, en plus je pense qu'au bout de 30 ans de métier, t'as ta petite touche que t'as faite, que t'as façonnée, et c'est hyper intéressant de voir comment les autres font. Après, parce que dans d'autres métiers, moi c'est pareil, je suis issue d'une famille de médecins et d'ingénieurs. Et ta fraction, il n'y a qu'une seule façon de la faire. Oui, c'est ça. Ton diagnostic, il n'y a qu'une seule façon de le faire.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Donc là, tu es dans ta formation des compagnons.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu as envie de faire de cette formation ?

  • Speaker #0

    Là, je me suis un peu spécialisée dans le piquage. C'est toute la partie souple de la chaussure dans laquelle on va rentrer le pied, avec le laçage, toutes les coutures. à la machine, faites les assemblages pour ensuite que ce soit monté sur la semelle. Et il se trouve qu'on a de la demande dans les entreprises et que chez les compagnons, notre formation est très axée sur le montage, le semelage, la mise en forme de la chaussure. Et tout ce qui est participicage, elle a été mise de côté pendant des années, parce qu'il y a 10 ans, ils cherchaient des moteurs et maintenant, on cherche des piqueurs et ils ont du mal à trouver des gens. qui ont des compétences et moi j'aimerais bien être un peu la formatrice, la doyenne de tout ça. Et former des jeunes qui veulent se spécialiser dans le piquage. D'accord. Donc ouvrir des embauches et avoir des compétences acquises là-dedans. Et dire, voilà, cette personne maintenant, elle peut travailler en chef d'atelier de piquage.

  • Speaker #1

    En chef d'atelier.

  • Speaker #0

    Ok. Ouais. Ça serait bien. Je sais qu'il y a du monde qui serait intéressé. Parce que j'ai beaucoup de jeunes qui nous voient. Oh, ça m'intéresserait bien de faire ça. Mais ils ne savent pas comment commencer. Ils ont peur de la machine. C'est... Voilà. Quand on fait pas en entreprise, je peux comprendre que ça puisse t'effrayer. C'est pour ça que j'ai envie d'ouvrir ça un peu plus. Comme ça, une personne qui voudra faire sa propre paire de chaussures ne sera pas bloquée. Parce que la plupart des... Même les anciens compagnons que je rencontre disent moi je suis incapable de faire ça. Ils sont excellents, c'est des excellents bottiers, mais ils sont incapables de toucher une machine à coudre. Ouais.

  • Speaker #1

    Pourquoi ça se fait ?

  • Speaker #0

    Parce qu'ils n'ont jamais été formés pour. En fait, ils ont toujours eu de la sous-traitance, ils ont toujours eu des gens qui le faisaient pour eux, ils demandaient aux maroquiniers pour faire une petite piqûre. Et du coup, c'est très récent qu'on commence à toucher aux machines à coudre chez les compagnons de l'Union. on a guéri deux ou trois machines. Mais il y a 3-4 ans, il n'y en avait pas. Ok. C'était soit tu avais de la chance, c'était une entreprise et tu pouvais en faire, soit souvent quand tu avais des paires à monter, tu demandais à la piqueuse « Tu peux me piquer s'il te plaît ? » Et je pense qu'avec ça, il y aura des gens qui seront vraiment complets et qui nous dépendront parce qu'il y a beaucoup de gens qui dépendent de ça. Et du coup... pour une piqueuse qui fait ça chez elle, c'est génial parce que du coup on a tout le temps du boulot mais ça serait bien aussi de voir que c'est possible si un jour tu veux faire un peu de piquage, tu veux commencer à faire tes propres choses, tu fais une petite formation. Ok.

  • Speaker #1

    Et donc dans ta formation des compagnons, tu dois faire un chef-d'œuvre ?

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et tu m'avais parlé de ce chef-d'œuvre.

  • Speaker #0

    Oui, moi j'aimerais faire des vôtres d'équitation pour... Quelqu'un d'handicapé.

  • Speaker #1

    Quelle est la particularité de ces bottes d'équitation ?

  • Speaker #0

    Là, j'ai contacté une cavalière qui est paraplégique, donc elle n'a plus l'usage de ses jambes. et elle serait très intéressante d'être élaborée avec moi. Je prendrais toutes ces mesures et de là je fabriquerais une paire de bottes sur mesure, élégantes et durables.

  • Speaker #1

    Elles ont quoi de particulier ces bottes d'équitation pour handicapés ?

  • Speaker #0

    Déjà j'ai un peu demandé comment ils faisaient pour ce chaussé. Donc il me disait qu'ils avaient effectivement du mal à trouver des bottes qui soient ajustées. Parce que même je pense que si tu vas chez un bottier qui fait du sur-mesure en équitation qui est assez rare maintenant, et ben soit il va te demander du prix exorbitant, soit il va dire non je sais pas faire parce que je ne fais que de la botterie, je ne fais pas d'orthopédie. Ça fait peur en fait disons. C'est un vrai challenge de se dire cette personne. Parce que quand on est paraplégique, vu qu'on n'a pas le visage de ses jambes, les muscles sont...

  • Speaker #1

    Atrophiés.

  • Speaker #0

    Atrophiés. Et du coup, le mollet est bien plus petit. Un calme normalement d'une botte a quand même un mollet assez conséquent.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    L'idée, c'est que j'ai envie de lui faire un truc quand même assez joli, donc avoir un galbe de mollet, qui est quand même digne de la botte classique, mais à sa mesure.

  • Speaker #1

    D'accord, ok. Ok, je comprends. C'est pas un système pour lui permettre de commander ses jambes ? Non. Ok. C'est vraiment pour faire un truc esthétique ?

  • Speaker #0

    Parce qu'en plus, souvent, les bottes que tu achètes dans des entreprises, comme, je crois que c'est Fellini qui fait un peu de demi-mesure, disons. En fait, la demi-mesure, ça va être plutôt la hauteur de mollet, des fois le tour, mais ça, c'est pas souvent, et la pointure, et la demi-pointure, et la largeur. et elle me disait non c'est vrai que c'est trop grand et du coup quand c'est trop grand souvent le tuyau de bottes ça fesse et c'est pas très joli ça fait de la guile et on veut pas ah ouais ok c'est hyper intéressant donc grâce

  • Speaker #1

    à ce chef d'oeuvre t'aurais du technique et tu m'avais dit quoi technique et esthétique et esthétique et donc toi ton objectif c'est de dire

  • Speaker #0

    j'en fais mon chef d'oeuvre et je vois s'il y a un marché après ouais là c'est ça un petit business plan classique l'idée c'est qu'elle les porte en compétition et je pense que c'est comme ça que ça fonctionne quand tu commences à avoir du monde qui porte tes chaussures bah après c'est tout ils ont tous fait comme ça, Marcelo, Berluti Weston, Crockett & Jones, il faut que ça se porte il faut en parler et bien c'est de l'influence marketing ouais c'est pas dans ton atelier à 100% en mettant en vitrine que tu vas... que ça va fonctionner.

  • Speaker #1

    Clairement. Oui, et puis, ils se connaissent tous. En plus,

  • Speaker #0

    ouais. En plus, je pense que le Paralympique est encore plus petit que les Jeux Olympiques. Oui. Valide. Le monde doit être un peu petit. Et c'est marrant parce que je discute même avec des gens qui sont très intéressés par l'orthopédie et ils me disent « Je me suis jamais vraiment intéressée à comment ils se chaussent tous ces athlètes handicapés. »

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Je dis « Mais c'est hyper intéressant. Attends, c'est... » Parce que les athlètes valides, ils ont tous des sponsors. Ils se font chausser chez Nike et chez Adidas. Les grands cavaliers, je pense qu'ils vont dans des usines. Ils ne vont pas chez des bottiers parce que c'est trop cher. Il y en a quelques-uns qui les ont, mais je ne pense pas qu'il y en ait beaucoup. Et les paralympiques, en fait, on les laisse complètement de côté.

  • Speaker #1

    Oui, parce qu'en plus, ce que tu m'expliquais, c'est que les paralympiques, ce n'est absolument pas leur métier.

  • Speaker #0

    Oui, des fois. Alors, il y en a certains, c'est des professionnels, mais il y en a d'autres, non. Et là, j'ai vu la... la dame qui s'occupe de la Fédération de la Fondation des Équipements, je l'ai eue au téléphone et elle m'a dit en fait c'est encore plus bizarre, j'ai trouvé que c'était vraiment très bizarre, ils vont savoir s'ils vont partir aux JO deux semaines avant.

  • Speaker #1

    Mais non. Si.

  • Speaker #0

    Je n'ai pas compris pourquoi.

  • Speaker #1

    Mais comment ils font pour se préparer ?

  • Speaker #0

    Ben ouais. Alors ils ont des qualifications, donc ils m'ont dit là, les qualifications des gens qui seront qualifiés aux JO olympiques, ce sera en janvier, déjà je trouve ça très tard, alors que toutes les équipes de valide sont faites.

  • Speaker #1

    Janvier 2024.

  • Speaker #0

    2020.

  • Speaker #1

    Ah oui, pour Tokyo.

  • Speaker #0

    Donc je demandais, parce que j'ai regardé, là les sélections françaises des valides sont faites. Eux, il faut qu'ils attendent janvier, et ensuite ils vont savoir, deux, trois semaines avant, s'ils peuvent partir ou pas. Ah, bine. Ouais, moi j'ai trouvé ça scandaleux, je me disais mais c'est pas possible. Comment ils font ? Pour s'organiser, il faut quand même mettre ton cheval dans un avion quoi. C'est pas des baskets qu'ils font mettre là, c'est un cheval quand même. C'est clair ? Oui.

  • Speaker #1

    Oui, et puis deux semaines avant, le billet d'avion n'est pas gratuit.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas. J'ai trouvé que c'était étrange. Après, on verra. Il faut que je me renseigne, il faut que je les rencontre et que je discute un peu avec eux.

  • Speaker #1

    Et donc, ton chef-d'oeuvre, toi, tu vas le faire pour les JO de 2020 ou 2024 ?

  • Speaker #0

    De toute façon, ce ne sera ni l'un ni l'autre parce que la cavalière, son cheval est blessé, donc elle ne participera pas aux JO. Par contre, elle participera aux championnats d'Europe.

  • Speaker #1

    Ok. Et c'est quand ?

  • Speaker #0

    Je sais pas. Je ne l'ai pas encore rencontré parce qu'il faut que j'attende l'accord de mon métier. Il me dit « Ok, c'est bon, tu peux y aller, t'as le niveau, t'es prête. » Ou alors ce sera peut-être au bout de cette année prochaine, je ne sais pas encore. Donc c'est pour ça que je n'ai pas envie de m'avancer en me disant « C'est bon, je suis prête, je te rencontre, je te l'ai fait cette année. » Ouais, je n'ai pas envie de lui donner de faux espoirs ou quoi que ce soit.

  • Speaker #1

    Ouais, ok

  • Speaker #0

    Pour l'instant je suis sur la réserve J'attends le mois de janvier Si moi j'ai envie de faire le feu vert, et bien là je vais me rappeler. Ah oui, oui, oui. Ok.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu peux nous raconter une anecdote, idéalement, sur ton échange au Japon ?

  • Speaker #0

    Je me souviens surtout, parce que la culture du Japon est quand même très très éloignée de la nous, et en fait, pour faire du riz, c'est quand même leur aliment principal, et en fait, ils ont une machine à riz spécifique.

  • Speaker #1

    Un rice cooker.

  • Speaker #0

    Voilà. Et nous, on se dit, tu fais du riz en France, pour un quart d'heure, vingt minutes, voilà. Et là, il fallait attendre une heure. C'est quoi ça ? C'est une vie de qualité supérieure. Alors déjà, quand tu vas t'acheter ton riz, j'ai jamais vu autant de choix de riz de l'anguille. Je savais pas du tout ce que lequel prendre. On prenait toujours au pif parce que tout, tout est traduit en lettres. C'est que des signes. Et alors à chaque fois, il fallait avoir un... Alors ils ont des petits verre-doseurs qui vont mettre ta dose de riz équivalent à ta dose d'eau. Fallait laver trois fois, tout ça nous gonflait, je crois. Et un jour on a fait c'est bon, y'a personne nous alentour, on a mis le riz comme ça du sachet, on a mis de l'eau, on a mélangé, on a mis dedans, et en fait y'en avait un qui était là et il nous a regardé ! Il était choqué, il a dit mais vous êtes folle ! On aurait dit qu'on avait pris un risque ! Alors c'était juste du riz quoi, si c'était raté c'était pas grave !

  • Speaker #1

    Ah mais non !

  • Speaker #0

    On a bien rigolé ouais. Du coup à chaque fois qu'on était là on était dans le japonais qui prend des risques. c'est un japonais qui dose pas son vie quoi attention hein Il y a ça, il y a aussi... Une fois aussi, on a eu une autre interview dans l'entreprise. Et alors, moi j'étais avec Lara, on regardait comment ça allait se passer. Et là, on a vu, attention, l'échange de carte de visite. Le plus drôle que j'ai jamais vu. Alors ils sont complètement courbés. Et ça dure au moins 3 minutes. L'échange de carte, parce qu'en fait, je pense que le fait que si tu lâches la carte de visite avant ton interlocuteur, ça va être un manque de politesse. Du coup ils sont là en train de se dire Aligato gozaimasu dix fois de suite, et tu vois les change de carte très très très très lent, jusqu'à temps que le premier lâche la carte quoi ! C'est excessément drôle et puis ils sont trop mauvais comme ça, et ça dure et ça dure, et on a ri, mais on a ri !

  • Speaker #1

    Ouais c'est le summum de la politesse là.

  • Speaker #0

    C'est ça, et on a eu beaucoup beaucoup de typhons aussi, alors à chaque fois qu'on voulait aller quelque part en route. Le week-end c'était compliqué avec les trains,

  • Speaker #1

    j'ai jamais vu de train,

  • Speaker #0

    c'est très compliqué les billets de train là-bas, c'est très cher aussi, mais sinon c'était vraiment super, on avait des paysages magnifiques, on a vu le mont Fuji deux jours avant de partir quoi, c'était le graal de notre voyage, le mont Fuji ça a été, on était en train de marcher et puis là je fais regarde ce qu'il y a là-bas et là il y avait le mont Fuji, heureusement qu'on l'a vu parce que l'après-midi on le voyait plus. Et c'était trop bien. On est restés devant une demi-heure en regardant, en disant « Ouais, c'est bon, la vue. » « C'est bientôt. » « C'est vraiment super. » On a fait une gyoza party avec nos collègues. On les a invités dans notre coloc et on a appris à faire des gyozas avec eux. C'était génial, c'était vraiment super.

  • Speaker #1

    Ils ont l'air d'être quand même hyper serviables. Ouais.

  • Speaker #0

    Mais mes parents sont venus au Japon, mais pas du tout pour me voir. Ils avaient déjà booké leur voyage avant que j'aie la confirmation d'y aller. Et quand je suis revenue et ils m'ont vu, ils m'ont fait « Ouais, franchement, je pense qu'on n'aurait pas autant aimé s'il n'y avait pas eu ces gens qui étaient excessivement gentils, serviables, accueillants, chaleureux. » C'est vrai que quand tu voyages comme ça, il y a des pays qui sont très beaux, mais où les gens sont plus hostiles. On ne t'en garde pas un super souvenir, tu vois. Tu te dis, ouais, c'était super et tout, c'était beau, on avait des beaux paysages, mais en matière d'humanité ou de bien se sentir dans le pays, c'était pas ça. Alors que là-bas, là-bas, c'était complètement différent. On se sentait vraiment très bien. Grâce aux gens. Je pense que c'était vraiment grâce aux gens qui habitaient.

  • Speaker #1

    Il y a une question qui me vient, comme ça. Comment vous échangez avec Maître Fukuda ?

  • Speaker #0

    Il parlait très bien l'anglais. Vu qu'il s'est formé en Angleterre, donc il avait un anglais vraiment nickel. Et je pense qu'il continuait de l'entretenir parce qu'il voyage beaucoup. Et grâce aux réseaux sociaux, notamment Instagram, il a énormément d'abonnés. Vraiment beaucoup, beaucoup. Et du coup, il est tout le temps en train d'entretenir son anglais. C'était plus avec certains employés qui avaient des bases d'anglais, mais un petit peu difficile. Mais vu qu'on a un métier très visuel et manuel, et bien c'est avec des photos, avec des gestes, avec des dessins, c'est facile de se faire connaître.

  • Speaker #1

    Ok. Ce qui est incroyable, parce que le geste est... Enfin, c'est international, quoi. Complètement. Le geste est international.

  • Speaker #0

    Et nous, on avait déjà des bases, parce qu'on avait déjà un peu d'expérience. Du coup, on avait moins de mal à comprendre qu'un apprenti, par exemple, qui aurait eu beaucoup plus de mal à comprendre. Oui.

  • Speaker #1

    Ok. Et donc, j'en reviens à la dernière question que je pose à chacun de mes invités. qui m'intéresse plus particulièrement pour toi parce que justement tu es la nouvelle génération d'artisans quelle est ta vision de l'artisanat aujourd'hui et ta vision de l'artisanat pour le futur je

  • Speaker #0

    sais qu'il y en a beaucoup notamment des anciens qui ont une vision un peu sombre de l'artisanat mais moi je suis plutôt confiante parce qu'on a toujours toujours ce gage de qualité en matière d'artisanat, on met beaucoup de coeur à l'ouvrage et on a toujours du produit qui sera meilleur qu'en industrie quoi qu'on fasse, quoi qu'on dise sur l'artisanat alors oui ce sera plus cher, ce sera toujours plus cher mais euh... Mais non, je pense que l'avenir peut encore durer pour nous. Et ça a encore plus de succès, parce qu'on voit beaucoup de reconversions professionnelles tardives. Les gens ne veulent plus bosser dans des bureaux. Et du coup, je pense que c'est ça qui va vraiment nous faire monter en flèche. Et après, je sais qu'il y a beaucoup de gens qui sont passionnés de chaussures, sans forcément en faire. Et ça, c'est ce qui continue à nous faire vivre. C'est vraiment ces gens qui sont passionnés de chaussures. Il y en a, je sais, on travaille dans une grosse boîte, il y en a un, là, on lui a fait dix paires de chaussures, juste pour une personne. Le mec adore Berluti, quoi. Mais c'est bien, parce que nous, ça nous fait travailler, et en plus, parfois, ils ont des demandes un peu spécifiques, du coup, il faut qu'on se cause la tête. Non, non, je pense que... Je pense que l'avenir est encore... ... ...

  • Speaker #1

    Et au sein même de l'école, tu vois le nombre de compagnons augmenter, diminuer ?

  • Speaker #0

    En fait, disons que l'arrivée du compagnonnage sera toujours plus réduite par rapport à ce qui part sur le Tour de France. Parce qu'il y a des gens qui ont des opportunités, parce qu'il y a des gens où c'est pas fait pour eux... Il y a tout un tas de critères qui peuvent entrer en jeu. Mais je pense que c'est pas tant le nombre de compagnons qui arrive à ce stade là, c'est plutôt la qualité des compagnons. Et c'est pour ça que le Tour de France existe. C'est pour avoir la qualité plutôt que le nombre.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    Mais c'est hyper important de continuer cette retransmission pour faire vivre l'artisanat et le compagnonnage parce qu'il y a des gens qui refusent, vraiment, il y a des gens qui ne veulent pas. qui veulent garder ça pour eux et une fois que c'est fini, ils emportent ça dans leur tombe et c'est perdu oui et puis il y a des fondations comme JM Weston moi je trouve ça vraiment top qu'ils aient réussi à mettre ça en place super, il faut vraiment continuer de faire ça ce qui serait bien c'est que cette fondation JM Weston Je donne exemple à d'autres fondations dans la maroquinerie, dans la tapisserie, partout, partout, partout, pour faire la même chose pour d'autres jeunes. Parce que je suis sûre qu'on peut faire ça partout, et dans d'autres métiers.

  • Speaker #1

    On a encore des manufactures en France, avec un savoir-faire d'excellence, il y en a peu, mais il y en a encore, et je pense que si on va arriver à les faire tourner... De toute façon, les marques, elles n'auront pas le choix à un moment.

  • Speaker #0

    Non, ouais.

  • Speaker #1

    Si elles veulent retransmettre et continuer de faire des...

  • Speaker #0

    des objets de qualité mais pour ça la fondation c'est super et puis de toute façon après JM Weston ce qui est bien c'est qu'ils ont une renommée internationale tu vas tu vas en Amérique du Sud, tu vas au Japon, tu vas partout, tout le monde connait JM Weston alors c'est marrant parce qu'ils pensent tous que ce mec n'est pas français alors que c'est vrai mais ouais ouais ça a une renommée internationale et les grosses boîtes comme ça ils font Il faut tous qu'ils fassent ça. Dans d'autres métiers. Parce que j'en vois beaucoup des pôles d'amateur. Ceux qui sont... C'est super et tout. Et je leur dis... Ouais, c'est génial. Et ça serait bien que vous fassiez pareil. Pendant deux mois, tu vas... Je sais pas. T'as pas besoin d'aller au Japon. Il y a plein d'autres destinations. Tu vas en Inde. Tu vas n'importe où. Et tu amènes deux gens ici aussi en France. Et tu fais la même chose.

  • Speaker #1

    Hermès, si vous nous entendez.

  • Speaker #0

    Ouais. Faites donc des échanges, envoyez vos jeunes là-bas. En plus Louis Vuitton commence à s'importer aussi hors d'ordre à France.

  • Speaker #1

    Oui. Bon, sur cette note positive et plein d'entrain, je te remercie pour cet échange Justine.

  • Speaker #0

    C'est un grand plaisir.

  • Speaker #1

    Et puis merci pour votre accueil et les compagnies.

  • Speaker #0

    On a le sens de l'accueil. Le sens de l'hospitalité. C'est top,

  • Speaker #1

    merci. Merci beaucoup pour votre écoute. J'espère que le parcours de Justine vous aura inspiré. Si vous souhaitez en savoir plus sur la fondation JM Weston et les Compagnons du Devoir, n'hésitez pas à m'écrire sur Facebook ou Instagram à Histoire d'Artisan. N'hésitez pas à mettre une note sur iTunes pour faire découvrir les histoires d'artisan au plus grand nombre et à vous abonner sur votre plateforme de streaming préférée. Je vous dis à très vite avec une nouvelle histoire.

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