- Speaker #0
Bonjour et bienvenue dans mon atelier.
- Speaker #1
Bienvenue dans Histoire d'artisan. Je suis Lisa Millet et je serai votre guide dans l'exploration de l'artisanat. Je vous fais découvrir chaque jeudi les visages, ou plutôt les voix, de ces femmes et hommes qui ont décidé de passer leur vie à créer. Aujourd'hui nous accueillons Alice Hubert, créatrice de bijoux, ciseleuse, illustratrice, bref, artisan à multiples casquettes. Avec Alice nous parlons de rencontres qui sont devenues des opportunités. de concessions pour la passion et de se faire confiance. Alice a créé sa marque un peu par hasard et continue de la raconter sous différents formats. Elle nous explique comment elle équilibre sa vie pro et sa vie perso. Vous entendrez la joie d'Alice quand elle nous parle de son métier et j'espère que vous terminerez cet épisode comme moi, avec le sourire. Belle écoute ! Bonjour Alice, merci de m'accueillir dans ton atelier. Est-ce que tu peux nous raconter... ton histoire ?
- Speaker #0
Par où commencer ? Mon histoire, en fait, depuis toute petite, je pense que je voulais faire des bijoux ou je voulais faire des accessoires. Enfin, je ne savais pas très bien, mais je voulais faire un truc un peu dans cet ordre de métier-là. Et en fait, un jour, j'ai vu la sœur d'un copain qui avait une bague en métal. qui m'a dit c'est moi qui l'ai faite, je suis à l'école boules et j'ai fait ça. Et en fait ça m'a fascinée de me dire que cette fille pouvait fabriquer son propre bijou, qu'elle portait elle-même etc. Et donc du coup ça m'a complètement fascinée de me dire qu'on pouvait fabriquer ça alors que j'avais jamais pensé avant en fait. Et du coup j'ai gardé ça un peu en tête en me disant que peut-être qu'un jour je ferai ça. Et à l'époque où je passais mon bac et où il était question après de choisir une orientation, le garçon avec qui j'étais était à l'école Boulle en fait. Donc du coup je suis allée plusieurs fois dans son école et j'ai vu un peu les différents ateliers. Et j'ai vu notamment l'atelier qu'avait fait cette fille qui était juste à côté du sien et qui était l'atelier de ciselure en fait. Et donc de temps en temps j'allais chercher mon amoureux dans son école. Et je passais un quart d'heure à regarder par la fenêtre l'atelier d'acoté, l'atelier de cisellure. Et en fait, je pense que je n'aurais pas forcément osé passer les concours et tout ça. Et lui m'a poussé en me disant, mais si, bien sûr que si, tu peux complètement l'avoir et tout ça. Donc, j'ai passé le concours et je me souviens que j'avais passé deux concours pour rentrer à l'école Boulle. En ayant l'idée d'apprendre la cisellure et d'apprendre à travailler le métal pour faire des bijoux. Et j'avais passé le concours pour du péré. donc plus pour faire styliste et travailler dans les vêtements et tout ça. Et en fait, la lettre de motivation que j'avais écrite pour Boulle était beaucoup plus engagée et beaucoup plus intense que celle que j'avais rédigée pour Dupéré. Et en fait, je n'ai pas été prise à Dupéré, j'ai été prise à Boulle en fait. Et donc du coup, j'ai commencé cette formation. Donc j'ai passé trois ans à l'école Boulle où j'ai passé un diplôme des métiers d'art de 6 lues. quand même arrivé major de la promotion. Félicitations ! Parce que ça me plaisait vraiment en fait donc c'est vraiment j'ai été toujours un peu moyenne à l'école parce que pas très intéressée et là je me suis dit que vraiment le jour où tu trouves ce qui t'intéresse bah du coup tu y vas à fond et en sortant de cette école après j'ai fait des formations en cours du soir pendant trois ans je pense au lycée Nicolas Flamel à l'époque qui était l'école de bijouterie en fait. J'ai fait différentes formations de bijoux, de sertie, de gémologie, d'émailage. J'ai appris plein de techniques différentes comme ça. Et pendant la journée, je travaillais. C'était les premiers boulots à droite à gauche. Ça, c'est un peu le côté formation. Et puis après, en fait, je pédale dans la semoule. Et oui, après, mon idée, c'était de travailler dans les maisons de haute couture, en fait. Moi, ce qui me plaisait, c'était de faire des bijoux pour les défilés, pour des couturiers, etc. C'était ça que j'avais comme but dans la vie. Et puis, un jour, j'ai un copain qui m'a dit, « Mais viens, moi, je vais présenter des collections à Franck & Fils, qui était un grand magasin à l'époque, dans le XVIe, qui n'existe plus aujourd'hui, et qui était vraiment un magasin de référence, et notamment pour les bijoux. » l'acheteuse était vraiment renommée comme étant une nana qui trouvait vraiment les nouveaux créateurs et tout ça. Et il m'a emmenée avec lui, avec mes collections sous le bras, je suis allée présenter mes collections, et cette femme m'a dit, ok, je vous prends telle collection, telle collection, et comment s'appelle la marque ? Sauf que moi, je n'avais pas du tout pensé à me faire une marque, donc je me suis retrouvée un peu... un peu bête et je lui ai sorti mon nom, donc je me suis dit, bah Alice Hubert. Et en fait, ça a commencé comme ça, j'ai commencé à vendre mes bijoux là-bas. Et puis, il y a plein d'autres gens après qui sont venus me voir et qui m'ont dit, mais moi ça m'intéresse, je voudrais les prendre pour ma boutique. Et en fait, la marque a commencé presque malgré moi, en fait, où du coup, ça s'est lancé comme ça. Et où cette idée de travailler pour des maisons de couture est complètement passée à l'as.
- Speaker #1
Je voudrais revenir sur la formation boule.
- Speaker #0
Ouais.
- Speaker #1
On en entend beaucoup parler quand on est dans le milieu de l'artisanat, mais on ne connaît pas forcément cette école quand on est novice. Est-ce que tu peux nous expliquer ce qu'est l'école Boulle et si c'est difficile à voir les types de concours qu'il y a ?
- Speaker #0
Je sais que l'école a beaucoup changé depuis que j'en suis sortie. En fait, à la base, Boulle, c'est un ébéniste. C'était l'ébéniste de Louis XIV. Donc l'école Boulle, c'était vraiment pour fabriquer les meubles à l'époque du Louis XIV, donc il y avait trois ateliers. Si je ne dis pas de bêtises, il me semble bien que c'était l'ébénisterie, la marqueterie et la ciselure. La ciselure faisait partie vraiment des premiers ateliers à l'école Boulle, mais donc c'était pour faire les ornements sur les meubles en fait. Donc c'était vraiment très ornemental et très classique, ce n'était pas du tout ce que c'est devenu aujourd'hui de manière... Ça s'est beaucoup plus ouvert et il y a beaucoup... plus de choses dans ces ateliers. Et moi, quand j'ai passé mon diplôme, il y a pas longtemps, je voulais faire ma pièce de diplôme, c'était un bijou de corps, en fait, qui recouvrait tout le haut du corps. Et en fait, je me suis battue avec mes professeurs parce qu'ils me disaient, non, c'est une école de mobilier, de design, donc on ne fait pas de bijoux. Et en fait, moi, j'avais fait cette école, j'avais fait cette formation en sachant que je voulais faire ça, donc je me suis battue pour faire ça. Mais à l'époque, ce n'était pas du tout bijoux. J'ai suivi une formation après à l'école Nicolas Flamel. Et depuis quelques années, ces deux écoles-là ont fusionné. Et maintenant, à l'école Boulle, il y a une formation bijoux, qui n'était pas du tout le cas à l'époque, quand j'ai suivi la formation là-bas. Donc après, dans l'école Boulle, il y a plein de choses. C'est une école qui est très, très, très ancrée dans l'artisanat, mais qui s'ouvre aussi sur... plein de choses différentes. Et moi, je sais que j'ai fait un diplôme des métiers d'art. Donc, dans mon cas, j'ai passé mon bac. Après avoir eu mon bac, je suis rentrée à l'école Boulle. J'ai fait trois ans. Et au bout de trois ans, j'ai eu ce diplôme. Après, je sais qu'il y a plein de formations différentes. Et je pense qu'elles ont dû changer en plus depuis que j'en suis partie. Donc, je ne saurais pas dire précisément tout ce qu'il y a. Mais il y a vraiment... un éventail d'ateliers autour du design et du mobilier, essentiellement, à l'époque. Maintenant, il y a le bijou en plus, et je sais qu'il y a d'autres formations supérieures qui sont un peu différentes.
- Speaker #1
Est-ce que tu peux nous expliquer ce qu'est la ciselure ?
- Speaker #0
La ciselure, c'est le travail du métal, c'est-à-dire qu'on va travailler à partir d'une plaque de métal. qu'on va mettre en ciment, ça s'appelle. C'est-à-dire que c'est comme un boulet de canon qui est tronqué en deux, sur lequel il y a du ciment de fontaine. Ce ciment de fontaine, ça ressemble à de la cire à cacheter, en fait. Donc on va venir chauffer avec une flamme, ça va se liquéfier. On va pouvoir mettre la plaque de métal dans le ciment. On travaille essentiellement les métaux cuivres, donc c'est du laiton, du cuivre, ça peut être de l'argent ou de l'or aussi. On va laisser refroidir. Une fois que ça a refroidi, cette matière va se rigidifier et va maintenir la plaque de métal. Après, on va venir travailler avec des ciselés, qui sont des petites tiges en acier, qui vont être travaillées de telle manière à ce que quand on les frappe sur le métal, elles vont imprimer le métal, soit en faisant des traits assez tranchés, soit en faisant des matières, des mats. et donc on a tout un tas de ciselés qui sont faits par le cisleur normalement, suivant son besoin. Il va faire un ciselé avec tel motif ou telle matière pour les commandes ou les envies qu'il a de faire. Et donc on travaille avec des marteaux et on va venir frapper ce ciselé sur le métal. Donc voilà, ça c'est l'essentiel de la ciselure. Après la ciselure, il y a le repousser aussi. Le repousser, on va travailler pareil sur la plaque, mais on va travailler sur l'envers de la plaque. C'est-à-dire qu'on va frapper beaucoup plus fortement. pour emboutir le métal, pour repousser le métal en fait. Et on viendra travailler sur l'autre face après. Et donc du coup on fait des allers-retours comme ça sur les deux côtés pour pouvoir travailler le volume et la finition après. de la pièce qu'on veut faire. Donc ça c'est la base de la ciselure. Après en ciselure, moi je sais que j'avais appris, et c'est une des choses que je travaille encore aujourd'hui, à travailler la cire aussi. C'est-à-dire qu'on va utiliser de la cire qu'on va dur, assez rigide, qu'on va venir sculpter avec des outils qui vont gratter la cire, avec des limes. et on va du coup former un bijou comme ça, bijou pour moi, après ce n'est pas forcément des bijoux, on va former une pièce comme ça, qui va être moulée, donc dans du plâtre, on va enlever la cire, et on va couler le métal fondu dans le moule en plâtre. Et donc on va récupérer une pièce, ça c'est vraiment de la fonte à cire perdue, ça s'appelle, mais on peut retravailler du coup après cette pièce, pareil en refaisant le système de de mise en ciment dans le boulet, on va pouvoir retravailler aussi cette pièce avec la technique de la scissure. Très clair.
- Speaker #1
Est-ce que tu peux nous présenter, je vais dire ton artisanat aujourd'hui, mais je sais qu'il est très vaste. Est-ce que tu peux nous présenter tout ce que tu crées aujourd'hui ?
- Speaker #0
Alors, c'est effectivement assez vaste et je me suis éloignée. un petit peu de la ciselure puisque je fais plus de la bijouterie que essentiellement de la ciselure. Cependant j'essaye de garder dans toutes mes pièces, j'essaye de garder toujours une petite partie de ciselure. Alors en fait ça va être vraiment parfois une toute petite touche qui va être un centième de ce que je suis capable de faire, de ce qui est possible de faire en ciselure, mais j'ai toujours un peu ce côté du métal frappé en fait. Donc je vais utiliser encore mes ciselés, mais je vais utiliser aussi des poinçons avec des lettres par exemple pour certaines collections. Du coup moi je fais du bijou, fantaisie, donc c'est vraiment laiton, bronze, doré ou argenté. Et puis j'utilise les techniques de la cire perdue, de la ciselure, et puis je travaille le métal, je le forme, je le frappe pour le marteler, pour le mettre en forme. Je vais faire des soudures aussi. Donc c'est plein de techniques qui sont empruntées à la fois à la bijouterie, à la fois à la ciselure. Et puis en fait, je mélange un peu tout ça, je secoue et puis il en sort des bijoux. Voilà.
- Speaker #1
J'ai vu dans ta boutique que tu avais aussi des carnets, des t-shirts.
- Speaker #0
Ah oui, alors du coup, c'est moins de l'artisanat pour moi, ça. Mais effectivement, comme je dessine... pour fabriquer mes bijoux en fait. Du coup, je dessine et je me suis dit en fait, en été, on n'a pas forcément envie de porter des bijoux en été, en métal surtout quand il fait chaud, etc. Et je me suis dit, je vais dessiner des t-shirts en fait. Et donc, mon thème favori, mon obsession, c'est un peu les bouches. Et en fait, du coup, j'ai commencé à dessiner des t-shirts avec des bouches en disant en été, c'est sympa d'avoir un t-shirt. avec un petit clin d'œil de l'univers de la marque, mais qui ne soit pas forcément un bijou. Puis c'est un truc un peu plus facile à acheter. Et en fait, ça a tellement plu que du coup, j'ai continué encore. Depuis quelques années, je fais ça. Et donc, du coup, j'ai des t-shirts, des suites. J'ai fait des carnets aussi, parce qu'à un moment donné, je travaillais avec un imprimeur sur un autre projet. Et que du coup, je me suis dit que c'était une bonne idée de faire des carnets. Et puis, je travaille avec... compagnon qui organise une soirée et pour lequel je fais toute la DA d'images en fait. Donc du coup je fais des illustrations pour lui très régulièrement, quasi tous les mois, enfin tous les mois si ce n'est plus. Et puis je travaille ponctuellement sur des projets comme ça en illustration, j'ai fait une couverture de livres, j'ai fait un partenariat aussi avec une marque de téléphone pour faire des coques personnalisées, enfin bon voilà j'ai un peu le dessin aussi qui est là mais c'est très lié à ce que je fais dans les bijoux parce qu'en fait mes bijoux sont très dessinés en fait c'est pas juste des formes assemblées il y a vraiment le côté dessin qui existe dans mes bijoux et du coup c'est un peu un univers c'est un peu un tout dans ce tout il y a aussi de la céramique où je me suis mise à faire de la céramique à un moment donné où je n'avais pas d'atelier mon atelier était un peu coincé, du coup je me suis dit je peux pas rester sans rien faire et du coup je me suis mise un peu à faire de la terre. Pareil, je fais en terre des pièces que je fais en métal en fait d'une autre manière, donc voilà, c'est un truc un peu large avec toujours les mêmes inspirations et différentes techniques en fait. Ça m'amène à une question. Quand on a dû prendre rendez-vous pour l'enregistrement de cet épisode, ça a été compliqué de trouver une date, parce que j'ai l'impression que tu as un peu la bougeotte et que tu fais beaucoup, beaucoup de choses. Comment tu combines vie privée, vie pro, tous tes projets sur lesquels tu travailles ?
- Speaker #1
C'est vrai que j'ai la bougeotte. Quand c'est vrai que j'ai la bougeotte, c'est que j'aime bien faire plein de trucs. et que souvent il y a des histoires de rencontres aussi avec des personnes avec qui il se passe quelque chose avec qui il y a des échanges sur une matière, sur une technique, sur une envie et du coup c'est vrai que j'ai toujours fonctionné comme ça, à me dire bah tiens j'ai envie de faire ça, souvent c'est des par exemple pour les collections, pour les bijoux j'ai envie de porter des grandes boucles d'oreilles comme ci comme ça bah je vais les faire et puis du coup je vais faire toute la collection derrière Et c'est vrai que mon boulot me prend, disons, 95% de ma vie, mais parce que je suis complètement passionnée et que c'est un vrai plaisir. Ça me manque si je ne suis pas dans mon atelier, ça me manque en fait. Si je suis le week-end à la maison, je vais être contente d'être à la maison et d'être avec ma famille, mais il y a un moment donné où j'aurais envie de faire quelque chose, de mettre les doigts dans la terre. de former un bijou parce que j'ai une idée qui me passe par la tête. Donc j'ai effectivement tout le temps envie de faire des trucs. Avant que j'ai un enfant, je passais beaucoup de temps à travailler. Je travaillais beaucoup la nuit, en fait, car on est plus calme, on est dans une bulle, on peut vraiment être dans une bulle sans être interrompue, ne serait-ce que par les bruits alentours, etc. Et puis je travaillais comme ça quasi non-stop parfois, où je faisais des pauses pour aller à dîner avec des amis, boire un verre dehors, et puis je revenais. Et parfois je me remettais à bosser. J'ai très souvent bossé des nuits entières jusqu'au petit matin, tout ça. Et tout a changé. quand j'ai eu un enfant, puisqu'effectivement on est obligé de respecter des horaires qui sont pas du tout les horaires que moi j'ai en fait naturellement dans mon travail. Comme j'ai un compagnon qui fait aussi pas mal de choses... mais pareil avec des horaires toujours un peu décalés c'est vrai que c'est pas évident parce que il faut trouver le temps de bosser de faire ses trucs il faut trouver aussi du temps pour vivre en famille et partager des choses avec ma fille mon mec et puis tout ensemble donc c'est vrai que je suis un peu tout le temps en train de courir en fait parce que il faut toujours c'est toujours au moment où il faut partir pour aller la chercher que me vient une dégénération. qu'il n'y a plus personne dans le bureau et que enfin je peux me concentrer et que je peux m'y mettre vraiment. Donc c'est vrai que c'est assez pour moi, je pense que c'est pas forcément pour tout le monde, mais pour moi c'est un truc assez difficile cet emploi du temps où il faut jongler entre tous les emplois du temps et impératifs de chacun en fait. Et passer mon temps à l'atelier et amener ma fille d'ici et tout ça, mais j'ai pas forcément envie de lui imposer ça, en tout cas pas tout de suite donc c'est vrai que j'essaye d'être là quand même assez régulièrement avec elle et de faire des choses avec elle et notamment de dessiner parce que je dessine beaucoup, du coup c'est un truc que je partage avec elle. C'est pour ça aussi que je me suis mise à plus dessiner. C'est que quand j'étais à la maison, je ne pouvais pas être à mon établi à bricoler des trucs. Donc je me suis mise à dessiner. Je dessine beaucoup plus à la maison maintenant, une fois qu'elle est coulée et tout ça, et puis avec elle aussi.
- Speaker #0
Comment tu fais pour vivre de ton artisanat aujourd'hui Alice ?
- Speaker #1
Je galère, je ne galère pas tant que ça en fait. Je ne galère pas tant que ça, mais c'est vrai que c'est un métier où forcément il y a des hauts et des bas. Donc il y a des moments où il y a des super projets. et puis ça marche super bien et on vend bien, etc. Et puis il y a des moments où c'est beaucoup plus difficile. Après, c'est un vrai choix de vie, en fait. Je me souviens de ma maman qui m'avait dit, quand je lui ai dit que je voulais faire ça, elle m'a dit, Alice, je te préviens, tu vas manger des pâtes. pour me dire qu'effectivement les pépés n'était pas toujours facile et pas tout l'euro c'est que j'avais très bien compris à l'époque ce qu'elle me disait à travers cette phrase j'avais réfléchi un peu je me suis dit ok moi je j'aime vraiment bien les pâtes mais je comprenais très bien en pleurs de ce que ça voulait dire et effectivement c'est ça c'est à dire que c'est des choix et je pense que au quotidien même si je travaille beaucoup et qu'il ya des gens qui vont se dire que c'est pas possible de finir à des heures pareilles etc, ben en fait je trouve que ma vie est plus douce et plus riche que tout un tas de gens que je vois travailler dans des boîtes où finalement ils savent plus pourquoi ils sont là, qui donnent corps et âme pour un projet qui est pas vraiment le leur et puis qui se font déposséder de leurs trucs et où c'est je trouve assez violent et c'est vrai que du coup il y a plein de choses que je ne fais pas que j'aimerais faire autrement j'aimerais bien ne pas me poser de questions pour les vacances et me dire on va là et là et même si c'est cher on s'en fiche etc j'aimerais voyager peut-être plus aussi mais finalement en fait je me dis que si je ne le fais pas C'est que dans la balance, je préfère quand même la vie que j'ai au quotidien avec effectivement les manques, parce que ce n'est pas vraiment des manques, mais avec des... des choses que j'ai, d'autres choses que je n'ai pas en fait. Donc tout ce qui est effectivement... Enfin moi, le seul truc qui me manquerait a priori, c'est les voyages en fait. C'est vraiment le seul truc où je me dis que j'aimerais bien avoir un peu plus de fric pour ça et d'avoir un appartement aussi. C'est vrai que c'est important, j'aimerais bien avoir un appartement, c'est avec un jardin ou une grande terrasse, cœur de Paris. Donc voilà. C'est peut-être les quelques trucs qui me font me dire que j'ai un peu choisi la mauvaise voie. Mais voilà, après, c'est vrai que c'est une manière de vivre qui, pour moi, est évidente. Je pense que je ne pourrais pas vivre autrement et qui n'est pas une évidence pour tout le monde. Je pense qu'il y a des gens, enfin moi je vois en discutant avec des gens qui font d'autres métiers, qui sont complètement angoissés à l'idée de ne pas savoir s'il y a des sous qui vont rentrer ou pas. et... Moi, je sais que c'est un truc que j'ai dû apprendre aussi à gérer, parce que quand j'ai commencé à travailler, je travaillais pour d'autres gens. Donc, effectivement, j'avais un salaire et tout ça. Et puis, quand j'ai tout quitté pour vraiment travailler complètement pour moi, c'était un moment où ça marchait quand même assez bien. Donc, je savais que je ne sautais pas dans le vide non plus. En fait, il faut apprendre ce truc d'angoisse et de dompter cette angoisse en se disant qu'à un moment donné, il y aura moins, qu'à un moment donné, il y aura plus et de savoir effectivement fluctuer avec tout ça. Et le truc qui est difficile, je pense, c'est de se dire les jours où on est fatigué, de se dire bon alors aujourd'hui, qu'est-ce que je fais ? Il faut y aller, il faut avoir de l'énergie tout le temps. Quand on fait un métier comme ça, il faut avoir de l'énergie tout le temps et des idées tout le temps. Et forcément, il y a des moments où on en a moins que d'autres. Notamment, quand j'ai eu ma fille, j'avais l'esprit un peu occupé par la maternité, par toute l'organisation de cette nouvelle vie. Ce qui a été très difficile par rapport à mon travail où j'ai un peu pataud. au jet, bon finalement ça s'est très bien passé quand même mais il y a eu un moment un peu de flou mais c'est comment tu fais pour
- Speaker #0
pour vivre de ton artisanat.
- Speaker #1
Oui, c'est ça. C'est accepter de ne pas forcément gagner des mille et des cents et puis accepter cette fluctuation des rentrées et cette énergie qui... qui des fois est là, des fois n'est pas là, énergie créatrice, puisque c'est vraiment de ça dont on parle, et de savoir se faire confiance en fait, et de savoir se dire que si là ça ne marche pas, si on n'a pas d'idée pour un truc, etc., on va rebondir et on va faire autre chose en fait. Donc du coup, il y a des fois, il y a des collections qui marchent moins que d'autres, parce qu'on y croit moins, puis d'un coup tu as une idée, puis tu es allé partir, et puis c'est fini, puis tu en as marre, etc., puis d'un coup tu te dis... Ah mais attends, c'est ça que je vais faire ! Et en cinq minutes, tu fais une collection qui va cartonner. Alors que ça fait un mois que tu galènes à trouver des idées et tout ça. Donc voilà, je pense que c'est un peu ça la manière que moi j'ai de vivre avec mon artisanat. Se faire confiance. C'est joli.
- Speaker #0
Tu as parlé d'idées, du coup je vais rebondir sur... sur cette phrase, sur cette idée. Et je voulais savoir quelles étaient tes inspirations, à part la bouche.
- Speaker #1
Eh bien, elles sont bien larges et variées, mes inspirations. Je suis en train de passer en revue un peu dans ma tête les différentes connexions que je peux avoir. Très souvent, elles sont liées à des histoires d'amour d'ailleurs, mes inspirations. De rencontres en fait, de gens avec qui j'ai partagé des fois une nuit, des fois un moment de vie en fait. Qu'est-ce que ça peut être d'autre ? C'est aussi beaucoup d'images, c'est beaucoup d'expositions, de choses. qu'on ingère en fait, c'est-à-dire que j'ai besoin de belles choses en fait. Donc du coup, de regarder beaucoup Pinterest, je suis complètement addict, donc je peux passer des heures à regarder plein d'images, de me faire des expos, j'y arrive pas suffisamment, j'aurais bien de faire beaucoup plus, mais de temps en temps, de se faire des expos, de se mettre plein d'images dans la figure, je trouve que c'est pas forcément ça qui va... déclencher d'ailleurs une collection derrière en fait mais ça va me mettre dans un état d'ouverture et de je sais pas comment dire de comme si j'avais des petites antennes qui captaient un peu les choses et puis en fait il va se passer un truc à un moment donné où je vais voir une pièce je vais en voir une autre et puis je vais faire un mélange entre les deux et je vais me dire ah tiens j'ai hyper envie de porter ce truc là et puis bim bim bim je vais me le faire je vais me mettre à l'établi je vais essayer un truc ça va pas marcher je vais rajouter un autre truc et finalement ça va marcher donc c'est très difficile pour moi de dire mes inspirations viennent de là ou là ou là parce qu'en fait c'est un myriade myriade de plein de petites choses qui à un moment donné se connectent tout ensemble pour pour créer une histoire en fait c'est
- Speaker #0
joli est ce que tu peux nous raconter une anecdote sur ta vie d'artisan alors une anecdote
- Speaker #1
Ce n'est pas complètement une anecdote, mais récemment, j'ai eu l'occasion de rencontrer des gens avec qui j'ai mis en place des ateliers do-it-yourself. C'est-à-dire que ce sont des gens qui viennent pendant 3-4 heures faire un atelier avec moi, autour de la ciselure et du bijou. Ce n'est pas une anecdote précise, mais je rencontre beaucoup de gens très différents. que j'aurais certainement pas rencontré autrement et je trouve ça assez intéressant et enrichissant de voir tous ces gens-là. Et en fait, j'aime bien parce que chacun vient avec son idée et je les accompagne dans leur confection. C'est-à-dire qu'ils viennent avec leur idée et je les accompagne jusqu'à la finition de ce projet. Et en fait, je me suis rendue compte, à travers ces ateliers, ce qui est assez perturbant, enfin pas perturbant, mais assez... troublant disons, c'est assez troublant il y a beaucoup de gens qui sont un peu perdus dans leur profession de question, enfin niveau professionnel, je parle pas du tout de niveau intime qui sont dans des changements de vie qui ont fait un métier qui ont fait des burn-out qui ne savent plus où ils sont dans leur métier, pourquoi ils font ça etc, et qui viennent faire ces ateliers et qui tous me disent j'ai besoin de ce retour à un truc concret à une matière avec laquelle on fait quelque chose et en fait je me rends compte de la thérapie que peut être l'artisanat, l'art et l'artisanat, où effectivement, dans ce cas, on va être plongé dans un projet de petite envergure, mais qu'on va mener du début à la fin. Et ça, c'est une des choses que j'ai vécues dernièrement par rapport à l'artisanat, qui est assez nouvelle pour moi et qui est une vision vraiment différente de l'artisanat. il y a ça que je trouve intéressant comme, c'est pas vraiment une anecdote mais vision de l'artisanat parce que toi en fait t'as toujours été artisan toujours j'ai fait que ça j'ai fait que ça et je me rends compte en l'expliquant aux gens qu'effectivement je leur explique que c'est comme la méditation sur certaines parties je me rends compte qu'en fait il y en a qui font des mandalas il y en a qui font de la méditation du coup moi en faisant les bijoux d'une certaine manière je vais me retrouver dans le même état en fait et c'est Et c'est vrai que d'être face à des gens dont ce n'est pas le métier, qui n'ont pas du tout fait ça, ou qui ont été dans des métiers complètement différents, de mettre des mots dessus, de leur expliquer, de les voir faire et de voir parfois à quel moment, tout à l'heure tu as soulevé une phrase que j'ai dite en disant il faut se faire confiance. Moi je pense que j'ai une confiance dans ce que je fais parce que sinon je ne ferais pas ce métier-là, dans cette forme-là. Je vois le manque de confiance qu'ont les gens et à quel point on peut leur insuffler de la confiance en justement créant cet objet où à chaque fois les nanas, parce que c'est beaucoup des nanas, sont à la... fin quand elles ont leur objet fini leur bijou fini dans les mains sont hyper fiers d'avoir réussi à faire ça en fait et je trouve que c'est c'est assez gratifiant et c'est plaisant de voir que ça que ça fait du bien en fait quoi surtout que pour moi les bijoux c'est vraiment des trucs chargé donc du coup elles font un bijou qui est chargé quand elles viennent le faire ici c'est vraiment une histoire en fait il ya ça j'ai fait chez ce que j'ai d'autres trucs vraiment non quand j'ai commencé Quand j'ai commencé, que j'étais toute jeune et que je travaillais, du coup je travaille toujours avec des artisans qui sont là parfois depuis des dizaines et des dizaines d'années, des centaines d'années, parce que des fois c'est de père en fils. et bien moi j'arrivais toute jeune avec ma bouche rouge de rouge à lèvres en disant bonjour je viens faire mes trucs et que en fait il me prenait pour une bleue et que il me disait ouais ouais bien sûr et puis quand je sortais les pièces que je faisais et bien d'un seul coup il y avait le respect des vieux artisans qui voyaient qu'une petite nana savait faire des trucs et j'aimais bien ce rapport-là en fait de moi je suis envieux de la vieille et je sais faire et toi attention et que finalement tu sais faire et de gagner le respect de gagner le respect des anciens un peu comme on dit en étant complètement différentes et pas du tout dans les mêmes codes qu'eux. Je trouvais ça assez marrant, ça.
- Speaker #0
Quels sont les principaux enjeux que tu rencontres aujourd'hui dans ton artisanat, en tant qu'artisan ?
- Speaker #1
Les principaux enjeux, c'est-à-dire ?
- Speaker #0
Sur peut-être des nouvelles techniques que tu aimerais apprendre, sur la communication, la vente, qui sont pas forcément des métiques que tu as appris en fait parce que j'imagine qu'à l'école je sais pas en fait comment ça se passe à l'école boule mais est ce que par exemple tu as des cours de compta des cours de com des cours de pour de vente alors effectivement à l'école boule tu as à peu près des cours de compta mais qui sont pas non plus hyper poussé
- Speaker #1
Mais après, quand tu sors diplômé de diplôme des métiers d'art de ciselure, tu te retrouves un peu avec ton petit diplôme dans la rue et il n'y a nulle part où aller. Parce que personne ne cherche, il n'y a pas d'annonce qui recherche des ciselures vraiment. Et on ne nous apprend pas du tout la vente, la mise en valeur des produits, etc. Après, les choses entre le moment où j'ai commencé et aujourd'hui ont énormément changé. C'est-à-dire qu'en faisant le même métier, moi, depuis... depuis presque 20 ans, j'ai l'impression d'avoir complètement changé de métier finalement. Et aujourd'hui, moi mon boulot consiste pratiquement plus à faire de la communication, je passe plus de temps à travailler sur la communication qu'à travailler vraiment à la création et à l'établissement. C'est finalement pas quelque chose qui me dérange parce que je me retrouve dedans et j'aime bien faire ça. et en fait j'ai j'ai toujours eu ce parti pris de raconter des histoires, j'ai toujours construit cette marque pour raconter des histoires, pas pour raconter des histoires, mais en racontant des histoires. Donc du coup, tout ce côté storytelling qui est très à la mode et dont on entend beaucoup parler, en fait, il... il a toujours existé pour moi et c'est quelque chose que j'aime bien faire. J'aime bien faire des photos, j'aime bien faire des images. Et c'est là où effectivement ça prend beaucoup de temps. C'est-à-dire qu'en plus de faire les bijoux, après derrière il faut les mettre en scène, il faut raconter toute une histoire autour d'une collection. donc c'est ça qui est génial c'est à dire que tu fais un projet de A à Z en passant vraiment par toutes les étapes et c'est ça que je trouve hyper intéressant mais c'est là où effectivement c'est hyper difficile aussi parce que moi j'ai aucune formation en marketing aucune formation en com en pub, en je sais pas quoi je sais rien faire à la base de tout ça donc c'est vraiment, j'ai appris sur le tas et je me débrouille un peu comme ça aujourd'hui je trouve que moyens de communication par rapport à quand j'ai commencé et donc du coup la vente aussi a complètement changé mais c'est vraiment du tout au tout ce n'est plus du tout la même chose et avant je faisais des collections, je faisais des bijoux etc. Et puis je rencontrais des gens, je rencontrais des journalistes, les nanas aimaient bien mes trucs, elles les portaient, il y avait des comédiennes aussi qui les aimaient bien, donc elles les portaient beaucoup sur des émissions télé, etc. Donc ça m'a fait beaucoup de pubs comme ça. Je rencontrais aussi des gens qui bossaient dans des magazines, des photographes et tout ça. Donc, on a fait des projets ensemble. Donc, il y a eu beaucoup de choses qui se sont passées comme ça par les connexions, par les rencontres et tout ça. Aujourd'hui, déjà, j'ai un enfant. plus du tout aussi libre qu'avant d'aller à droite à gauche et rencontrer des gens, etc. Donc ça réduit un peu le champ. Et puis les manières de travailler ne sont plus du tout les mêmes. C'est-à-dire qu'avec tout ce truc des réseaux sociaux, moi je travaillais déjà quand ça a commencé. Et en fait, ça m'a beaucoup aidée. Ça m'a vraiment poussée et fait connaître. de manière vraiment significative mais maintenant c'est un vrai boulot c'est à dire que avant il suffisait de poster une image et tout le monde la voyait et puis c'était très facile aujourd'hui tout le monde reçoit tellement de mails tout le monde voit tellement d'images il y a tellement de créateurs de bijoux il y a tellement trop de tout tout le temps qu'en fait il faut réussir à se faire un chemin au milieu de tout ça et c'est un boulot de dingue qui n'est pas mon boulot de base en fait donc là c'est vraiment effectivement les Les enjeux auxquels je suis confrontée aujourd'hui, c'est de réussir à parler un langage que je n'ai pas appris, que je ne connais pas, que je ne maîtrise pas forcément. Parce qu'il y a aussi des choses qui sont très évidentes pour des plus jeunes que moi, qui ne le sont pas forcément pour moi. Réussir à parler aussi à mes clients potentiels. Après, en général, ce sont des gens qui me ressemblent un peu. J'arrive quand même à trouver d'une manière ou d'une autre une manière de les atteindre. Mais quand même, il y a plein de choses nouvelles qui sont arrivées et avec lesquelles il faut gérer. Donc ça, c'est un des enjeux vraiment qui a changé et qui est assez compliqué parce que ça prend beaucoup de temps. Après, au niveau des techniques, par exemple, moi, je suis ancrée dans ce que je fais et dans les techniques que j'utilise, qui sont des techniques ancestrales. Et j'aime bien avoir ce côté justement d'une technique qui est utilisée par l'homme depuis toujours, puisque ça a été utilisé depuis des millénaires. Et j'aime bien garder ça avec des formes nouvelles en fait. Donc au niveau des techniques, je ne suis pas forcément à la recherche vraiment de nouveautés. Et tout ce qui est impression en bijouterie, il n'y a pas non plus des révolutions incroyables. Mais tout ce qui est impression 3D, numérique et tout ça, ça me... concerne pas tellement et ça m'intéresse pas tellement en fait parce que j'aime bien le côté des mains où tu vas taper sur ton outil puis tu vas dépasser donc ça va se voir j'aime bien ce petit truc où tu vois que la main elle est là que j'ai l'impression qu'on va pas forcément retrouver dans les techniques nouvelles donc voilà les enjeux c'est plus sur la sur la vente et sur la communication et effectivement ce que je disais tout à l'heure où il y a énormément de choix et énormément de propositions. Ça aussi c'est très difficile, c'est-à-dire qu'avant il y avait beaucoup de gens qui faisaient des bijoux, mais toi t'étais repéré, donc en fait t'étais mise en avant par les journalistes, etc. Ce qui faisait qu'on te voyait toi et que toutes les autres qui étaient là on les voyait pas forcément. Là tout le monde peut faire son truc tout seul, donc on peut voir tout le monde. Donc c'est vrai que ça fait beaucoup de choses et et puis il y a aussi tout ce truc de... de grosses productions où finalement il y a des gens qui savent faire des choses, d'autres qui ont des idées mais qui ne savent pas forcément les faire, et où le consommateur se perd un peu dans les qualités, c'est-à-dire qu'il ne va pas forcément comprendre pourquoi un bijou coûte tel prix, alors qu'il y a celui-ci qui y ressemble, qui coûte trois fois moins. Ça c'est aussi une des choses actuelles qui est très difficile à gérer, et je pense dans mon métier, mais je pense dans beaucoup de domaines en fait. où l'artisanat, il faut vraiment réussir à faire comprendre aux gens ce que c'est et comprendre pourquoi ça a un certain prix. Et puis, le faire accepter aussi, parce que je comprends aussi que la nana, elle a envie d'un truc qui n'est pas trop cher et qu'elle va mettre pendant une saison, puis en changer après. Moi, je ne m'inscris pas du tout dans ce truc-là. Donc, c'est de réussir à trouver sa place dans tout ce monde, au milieu de toute cette... cette foule de gens qui font des choses et de réussir à le montrer.
- Speaker #0
Comment toi, tu essayes de faire comprendre le prix de tes bijoux ?
- Speaker #1
C'est très difficile. Parce que ça, c'est un truc sur lequel je ne suis pas très bonne, je pense. J'essaye d'expliquer les techniques que j'utilise. Après, c'est des choses que je suis complètement capable de faire quand je suis face à quelqu'un. et qui va regarder le bijou et que je vais lui expliquer la technique etc. Après ce qui est au niveau de la communication donc sur les réseaux sociaux, sur mon site et tout ça, c'est des choses que je pense que je ne mets pas suffisamment en avant parce que ça demande un vrai travail où il faut faire des images, faire des montages de vidéos, des choses comme ça et que en fait j'ai autre chose à faire que moi j'ai envie de fabriquer aussi donc... Ça fait trop de choses à faire et je pense qu'effectivement, il faut que j'apprenne à mieux communiquer là-dessus. Et je pense que les ateliers que je fais permettent aussi, avec des gens qui ne sont pas du tout du métier, permettent aux gens de comprendre ce que c'est. Souvent, à la fin de l'atelier que les personnes viennent faire, ils se disent « Ah, mais je comprends en fait pourquoi un bijou, ça coûte ce prix-là, etc. » Et ça, je trouve que c'est assez chouette parce que du coup, les gens comprennent vraiment. qu'on ne va pas appuyer sur un bouton et que le bijou va sortir d'une machine déjà tout fait.
- Speaker #0
Je voulais rebondir sur un autre sujet que tu as abordé. Tu disais qu'au début de ta marque, tu avais été contactée par des journalistes. C'est toi qui allais les chercher ou ils sont tombés sur toi ?
- Speaker #1
En fait, j'ai vraiment eu une bonne étoile, je pense, parce que je suis très mauvaise pour me vendre. J'ai un contact avec les gens hyper facile, donc je peux parler de ce que je fais, puis comme je l'aime, comme j'aime ce que je fais, je communique assez facilement cet enthousiasme. Mais après, d'aller des marchés et les boutiques et les journalistes, etc., c'est un truc que j'ai quasiment jamais fait et qui est extrêmement douloureux pour moi, parce que je suis incapable de dire « regardez, c'est génial » . ça, vous allez le porter, vous allez vous sentir trop bien, ou vos clientes vont le porter, elles vont se sentir trop bien. Je ne sais pas du tout mettre en avant mon travail. Et c'est comme ça que je me suis dit, ok, je ne suis pas capable de dire aux gens acheter mes bijoux, donc je vais leur donner envie de les acheter. Et c'est comme ça que j'ai commencé à travailler sur l'image, etc. Et je pense que j'ai finalement réussi à faire autour de la marque une... tout un univers qui marche assez bien et qui... J'ai fait du marketing malgré moi presque, mais du coup j'ai pris des chemins un peu comme ça pour réussir à faire ça en fait. Et du coup j'ai eu la chance de de rencontrer des gens dans des soirées ou dans des événements qui se passaient à Paris et comme j'ai le contact facile et bien effectivement de parler de ce que je faisais, de montrer ce que je faisais. Et de dire, ah bah tiens, moi je suis photographe, ah bah viens, on fait un shooting ensemble. Ah bah attends, moi je suis journaliste, j'ai un sujet sur tel truc. Donc ça s'est beaucoup, beaucoup passé comme ça. Et après, quand il faut vraiment démarcher des gens que je ne connais pas, je ne sais pas le faire. Et je n'aime pas trop.
- Speaker #0
Donc des opportunités.
- Speaker #1
Oui, c'est vraiment des rencontres. Plus que des opportunités, c'est des histoires de rencontres. Effectivement, oui, si tu as raison, l'opportunité de se dire, ah bah tiens, il y a une porte ouverte, je vais aller voir ce qui se passe par là. Oui, oui, complètement.
- Speaker #0
Bon maintenant on va parler un peu plus de futur. Est-ce que tu veux nous raconter tes idées de projets à venir, là où tu as envie d'aller, là où tu as envie de mener ta marque ?
- Speaker #1
Alors, c'est bien compliqué tout ça parce que je ne sais pas vraiment. En fait, ce qui se passe, ce qui s'est passé, ce qui se passe... Euh... J'en parle mais sans savoir si ça va se réaliser vraiment ou pas. L'atelier où j'étais précédemment, dans le 10e, le plafond s'est écroulé. Je n'ai pas pu accéder à mon atelier pendant plusieurs mois. Ne pouvant pas accéder à mon atelier, je me suis dit que je ne pouvais pas rester sans rien faire. Je suis allée prendre des cours de céramique. En faisant de la céramique, en remettant les doigts dans la terre, je me suis rendue compte que j'en avais fait toute ma vie. A l'école, j'avais pris des cours avant, etc. Je me suis rendue compte que ce travail du volume... qui existe aussi dans le bijou mais en très petit. Là avec la terre, on peut tout de suite faire des choses un peu plus grandes. Je me suis rendu compte que ce travail-là me manquait. Et du coup, suite à tous ces travaux, ce plafond qui s'écroulait, j'ai fini par changer d'atelier et atterrir dans le nouvel atelier où je suis dans le deuxième, vraiment dans le centre de Paris, où j'ai quand même beaucoup plus de place qu'avant. J'ai une partie qui est vraiment atelier et une autre partie qui est vraiment boutique. où du coup je peux vraiment travailler dans un atelier comme dans un atelier donc c'est à dire en mettre partout et aussi ce côté cette boutique du coup qui est quand même assez grande et où du coup il y a de l'espace pour présenter des choses et bien en fait ça me donne envie de faire des objets donc je ne sais pas dans quel sens, dans quelle ordre, dans quelle matière etc mais je sens qu'il y a un truc qui est en train de bouillonner intérieurement qui va prendre forme à un moment donné avec une bonne forme ou pas, je ne sais pas, on verra bien si j'arrive à sortir quelque chose de bien, mais j'ai vraiment envie de travailler plus sur des choses plus grandes. d'objets, pas forcément usuels, j'ai pas envie de faire des tasses et des choses comme ça, mais de peut-être mélanger la céramique et mailler, puisque je fais de l'émail aussi sur mes bijoux, donc ça se rejoint, avec des parties de métal, j'ai vraiment envie de revenir à la ciselure beaucoup plus, et de faire vraiment des pièces ciselées, beaucoup plus que des petits bijoux où il y a une petite touche de ciselure. et peut-être de la peinture et tout ça c'est encore après plus loin c'est encore un peu plus abstrait pour l'instant mais voilà c'est un truc que j'ai en tête que j'aime bien et je sais pas comment ça va prendre forme mais je pense qu'à un moment donné ça va peut-être prendre forme un peu de prendre un peu plus d'espace il y a ça et il y a effectivement l'illustration dont tu as parlé tout à l'heure qui fait partie vraiment de ma vie maintenant où je dessine beaucoup plus qu'avant. Enfin, je suis revenue au dessin. Et pareil, j'ai envie de travailler un peu sur ce truc-là. Donc là, je travaille sur tablette numérique, en fait. Donc, c'est vraiment des dessins sur tablette. Mais pourquoi pas de réutiliser à nouveau des matières que je n'utilise plus, comme des craies grasses, comme de la peinture, etc. Pardon ! Et donc voilà, tout ça c'est un peu là, après je ne sais pas si j'en ferai quelque chose ou pas, ce que je disais tout à l'heure, c'est que des fois tu as des idées, tu te dis je vais aller là, je vais faire ça, et puis finalement tu fais tout un truc et tu travailles dessus pendant des semaines et des jours et tout ça, et puis finalement ça ne va rien donner, mais par contre le petit bout de terre qui est tombé à côté finalement ça va te donner une idée, puis tu vas partir sur complètement autre chose à côté, qu'on verra bien.
- Speaker #0
Alors, toujours dans l'esprit futur. comment tu vois ton artisanat dans le futur ?
- Speaker #1
ton artisanat en général pas que Alice Hubert mais vraiment l'artisanat la bijouterie d'accord alors après mon artisanat comme tu dis je ne sais pas très bien lequel il est en fait je suis bijoutière mais pas vraiment bijoutière, je suis cisleuse mais pas vraiment cisleuse donc c'est un truc un peu polyforme Merci. que je n'ai pas vu chez beaucoup d'autres gens. C'est-à-dire qu'en général, les gens font soit vraiment de la bijouterie, soit vraiment du montage. C'est-à-dire qu'ils n'ont pas forcément de technique, mais ils vont faire du montage. Soit c'est des sizzleurs, et souvent, ils font vraiment de la sizzlure. Donc en fait, moi, c'est un peu... Je ne sais pas bien, si tu veux, s'il y a d'autres gens comme moi quelque part dans ce monde. Mais je pense que c'est une technique, en tout cas la ciselure, qui existe depuis très très longtemps et bien avant moi et bien avant tout un tas de gens. Et je pense que c'est une, j'espère en tout cas que c'est une technique qui va continuer à perdurer. Et je trouve qu'aujourd'hui, il y a à nouveau un intérêt pour l'artisanat qui a un peu disparu pendant quelques années, où ça existait, mais en fait on le... On ne le mettait pas en avant, on ne le montrait pas. Aujourd'hui, c'est très important de faire de l'artisanat, de montrer les artisans, etc. Il y a beaucoup de gens qui jouent là-dessus, alors qu'ils ne sont pas du tout artisans parfois. Donc j'espère que cet engouement pour l'artisanat va permettre effectivement à tout un tas de gens qui travaillent avec des techniques diverses et variées de pouvoir vivre de leur métier et de pouvoir faire perdurer des techniques. et des créations encore pendant des années et des années. Après, ce que je trouve intéressant, c'est quand je vois des gens qui utilisent des techniques anciennes et qui font des trucs très, très modernes, que ce soit en bijoux ou pas que, vraiment de manière beaucoup plus large, ça me fait du bien et ça me fait plaisir de voir ça. J'espère que ça existera encore un temps et que quand je serai vieille, je pourrai voir les petits jeunes qui font plein de trucs intéressants.
- Speaker #0
Eh bien, sur cette note très optimiste pour l'artisanat, je te remercie Alice. C'était une très belle conclusion. Merci pour ton accueil.
- Speaker #1
Je t'en prie.
- Speaker #0
Et merci de nous avoir raconté ton histoire.
- Speaker #1
Merci à toi.
- Speaker #0
Merci beaucoup pour votre écoute. J'espère que le parcours d'Alice vous aura inspiré. Si vous avez des questions, des suggestions ou que vous souhaitez interagir, rendez-vous sur Facebook ou Instagram. à Histoire d'artisan. N'hésitez pas à mettre une note sur iTunes pour faire découvrir les histoires d'artisan au plus grand nombre. Je vous dis à très vite avec une nouvelle histoire.