- Speaker #0
Bonjour et bienvenue dans mon atelier.
- Speaker #1
Bienvenue dans Histoire d'artisan. Je suis Lisa Millet et je serai votre guide dans l'exploration de l'artisanat. Je vous fais découvrir les visages, plutôt les voix, de ces femmes et hommes qui ont décidé de passer leur vie à créer. Aujourd'hui, nous accueillons Joséphine Viau, céramiste. Avec Joséphine, nous parlons de la céramique en sens large, à la fois dans la création utilitaire comme dans la création artistique. Joséphine a voulu se détacher de l'aspect monétaire pour être le plus libre possible dans son art. Elle nous explique sa vision de son métier comme une véritable expression de soi et l'impact des réseaux sociaux dans cette expression. Elle nous parle de son projet de tour du monde de la céramique et j'espère que vous terminerez cet épisode comme moi, avec le sourire. Belle écoute ! Bonjour Joséphine et merci de m'accueillir dans ton atelier. Est-ce que tu peux me raconter ton parcours ? Ce qui fait qu'aujourd'hui tu es ici avec moi.
- Speaker #0
En fait j'ai fait des études en design de produits, en art appliqué. J'ai passé un bac à art appliqué. Donc j'ai tout de suite fait ça. Et après j'ai continué en design de produits. Moi ce qui me plaisait c'était... créer des objets pour des gens, pour des personnes, et voir comment est-ce qu'on utilise les objets, comment est-ce qu'au quotidien on vit avec tous ces objets qui nous entourent, et quelles pratiques on a, quels rituels on a, parce que rien n'est anodin. Et donc je trouvais ça hyper important de travailler ces objets en fonction des personnes. Et après, en continuant mes études dans le design, il a fallu que je fasse un choix de... continuer et plus j'avançais, plus je sentais que je m'engageais dans une filière industrielle en fait et plus du tout proche de l'utilisateur parce qu'après on fait des objets pour la plupart des postes proposés en tant que designer c'est dans une entreprise et tu crées des objets en milliards d'exemplaires faits à l'autre bout du monde et tout en plastique évidemment et là je me suis dit non je peux pas participer à ça, j'ai pas envie de faire ça. Le job a l'air passionnant mais j'ai pas envie de participer à ça. Et j'avais fait un stage en céramique parce qu'en design de produits on a découvert dans la théorie tous les matériaux, enfin beaucoup de matériaux différents. Et j'avais décidé de faire mon stage que j'avais fait en studio de design, je l'ai fait en fait dans un atelier de céramique parce que je le sentais bien et j'avais adoré et la céramiste avait consacré tout son temps à m'apprendre le tournage. C'était magique, elle m'a tout donné. Et après, à la fin de ce stage, elle m'avait dit « Je pense que tu vas faire de la céramique. » Je disais « Non, pas du tout. » Ce que j'aime, c'est vraiment toucher à tout et pouvoir proposer un objet qui soit complet. Et donc pas qu'avec un seul matériau. Je me sentais brimée par un seul matériau. Et donc ça, c'était un an avant de devoir choisir un parcours plus précis. Et donc là, j'ai... à ce moment-là où j'étais bloquée, où je sentais que je ne pouvais plus continuer là-dedans, j'ai repensé à cette expérience et voilà. J'ai regardé les écoles qui proposaient les formations. J'en ai trouvé une en Alsace qui commençait six mois plus tard. Et voilà, j'ai eu cette école. Et je suis arrivée là-bas, je ne savais pas du tout quoi m'attendre. Je n'avais pas l'ambition d'être céramiste, je voulais découvrir un nouveau matériau. Je ne voyais même pas quelle place avait la céramique dans le monde aujourd'hui. Et en fait, j'ai juste rencontré des personnes sur place, des profs qui étaient eux-mêmes céramistes. Et donc, c'était quatre profs qui donnaient tout, pareil. C'est une toute petite école. On était sept pendant un an.
- Speaker #1
Elle s'appelle comment cette école ?
- Speaker #0
L'IEAC, l'Institut européen des arts céramiques. Et du coup, c'était une année de rencontres avec chaque semaine, on avait un nouveau prof, un céramiste qui nous donnait cours et qui nous apprenait ses techniques, sa sensibilité et son approche dans le monde de la céramique, comment est-ce qu'il vit sa réalité de céramiste, de potier. Et voilà, et après, on avait six mois de formation technique et après six mois de projet personnel. Et donc j'ai mis au point un projet de sculpture, c'était de la vaisselle, donc proche de l'utilisateur toujours, mais pour être encore plus proche, pour vraiment lui donner un caractère et une humanité, cette vaisselle est devenue la sculpture. Et voilà, l'année s'est terminée et on a trouvé cet atelier à Paris avec un copain de la formation d'Alsace. Donc on s'est installé ici, on a trouvé d'autres gens pour s'installer avec nous parce que c'était beaucoup trop grand pour nous deux.
- Speaker #1
Est-ce que tu peux présenter ton artisanat et notamment tu as rebondi sur potier. Quelle est la différence entre céramiste et potier ?
- Speaker #0
C'est la même chose. Pour moi, potier c'est plus artisanal. C'est déjà de l'utilitaire, de la vaisselle, pour beaucoup, des pots, on se sert des objets. Et c'est des petites séries, c'est un travail plus traditionnel dans les techniques. Voilà, céramique, pour moi, c'est plus ouvert. Et ça peut être aussi artiste, enfin, art plastique comme vaisselle utilitaire, enfin, comme utilitaire. Et céramique, c'est le terme un peu plus contemporain. Mais je crois que personne n'a la même définition. Donc, voilà.
- Speaker #1
D'accord. Et donc, toi ? Comment tu définis ce que tu fais aujourd'hui ?
- Speaker #0
Le mien ? La manière dont je le vis moi ? En fait, j'arrive... J'ai pas du tout envie de me définir. J'adore l'utilitaire, je continue de faire de la sculpture en parallèle. Et les pièces utilitaires que je fais, je veux absolument pas que ce soit de la série. Je joue la carte de l'inattendu et du hasard dans toute la vaisselle que je fais et je veux pas que deux assiettes soient pareilles. mais je veux que ce soit un ensemble cohérent. Donc je n'arrive pas du tout à savoir si je suis dans l'artisanat ou dans l'art. Mais cette question m'a hantée depuis que je suis installée, parce que quand je suis arrivée à Paris, j'ai trouvé un job alimentaire. J'ai voulu vraiment avoir un temps à l'atelier pour chercher et pas avoir la question financière qui me contraint dans la pratique. Et en fait, j'ai trouvé ça génial d'avoir ce luxe, d'avoir du temps et de l'espace pour travailler. Petit à petit, j'ai eu l'impression d'avoir une pression à me dire « Ah non, mais tu ne peux pas te définir en tant que céramiste si tu as un job alimentaire. » À un moment, j'ai arrêté ce job et j'ai eu full time pour l'atelier. Et au final, je n'étais pas plus heureuse en fait, parce que je sentais que du coup, je n'étais plus que céramiste. Et donc, j'étais définie par ça et il fallait que ça marche. Et quand on rencontre quelqu'un et qu'on dit « Je fais tel job » , si tu dis que tu es céramiste, du coup, ça marche, tu vis. Et cette question ne m'intéresse pas du tout. que j'ai envie qu'on me pose comme question, c'est qu'est-ce que tu fais dans tes journées, qu'est-ce qui te plaît, qu'est-ce que tu as envie, comment tu occupes ton temps, et qu'est-ce qui te passionne, et juste la question de comment tu payes ton loyer. Je trouve ça dommage de rattacher les deux. Et donc maintenant, je suis complètement décidée de séparer les deux, la question de l'argent et la pratique de la céramique.
- Speaker #1
Tu n'as pas envie que ton rapport à la céramique soit un rapport avec l'argent ?
- Speaker #0
Ouais, en fait, j'ai pas envie que ce soit contraint par ça. Ok. Ça l'est sûrement. En fait, à partir du moment où on vend des pièces, j'achète de la matière, il y a un rapport à l'argent forcément et je vends des pièces. Donc ça entre en jeu, mais c'est le moteur de rien, détaché de ça. Ok.
- Speaker #1
Est-ce que tu peux nous parler de cet équilibre entre justement ce travail alimentaire, quel est ce travail alimentaire, et comment tu organises ? ton emploi du temps entre ce travail alimentaire et ton travail de céramiste.
- Speaker #0
Ce travail alimentaire, c'est vendeuse dans une boulangerie. Et j'ai une patronne absolument géniale. En fait, c'est aussi pour ça que j'ai pu avoir ce parcours. Commencer à penser mon organisation autrement et à accepter l'idée de continuer à avoir les deux. C'est que mon travail alimentaire, il se passe super bien. Et c'est facile. Enfin, je veux dire, la boulangerie, ma patronne, c'est quelqu'un de... magique, une reconversion d'une dame qui était pharmacienne et qui a 50 ans qui s'est dit je vais ouvrir une boulangerie. Tous mes collègues, c'est des gens qui font du théâtre ou qui font des études complètement... qui ont des ambitions autres que la boulangerie dans la vie et même ceux qui veulent faire de la boulangerie c'est leur passion. Et donc j'ai super bien vécu cet équilibre parce que ma patronne comprend mon projet, elle me laisse libre. d'organiser mon temps comme je veux et elle est hyper à l'écoute de ça. Et donc, quand j'étais à plein temps, je travaillais trois jours et demi par semaine à plein temps. Et elle, pour son emploi du temps, de gérer ses employés, c'était pas pratique. Mais elle l'a fait parce qu'elle savait que c'était nécessaire pour moi.
- Speaker #1
Quels sont les projets sur lesquels tu travailles en ce moment ?
- Speaker #0
Alors, en fait, j'ai surtout comme projet de partir en voyage. Donc, j'ai surtout... prévu de terminer les projets que j'avais en cours. J'avais 3-4 projets en parallèle. J'ai fait de la dinette en porcelaine pour enfants, donc, des dinettes de luxe. J'ai fait de la sculpture, donc c'est des pièces... Ah, c'est super dur de parler de ça. J'arrive pas du tout à les définir. C'est des monstres... Pour moi, c'est des monstres comme des... C'est des pièces que je fais en colombin, donc c'est du modelage. Pour moi, c'est comme des petits monstres qui habitent nos maisons. C'est une pièce de céramique auquel on s'attache, donc un objet inerte. et en faire quelque chose de plastique et inutile. J'adore ce paradoxe. Et pourtant vraiment incarné parce qu'on reconnaît une posture, parce qu'on reconnaît... On voit un caractère qui ressort de la pièce et du coup ça en devient une petite bête, un animal. Sinon je fais aussi de la vaisselle, donc des assiettes et des tasses beaucoup. Et donc là il y a plein de collections de pièces différentes. Je travaille beaucoup en fonction des terres. En fait, vraiment la base, c'est la terre et l'aboutissement, c'est la nourriture. Toute la réflexion qui va de l'un à l'autre, à partir de quelle terre je vais arriver à présenter cette nourriture. C'est autant la matière brute qui m'inspire et qui me donne envie, si elle réagit de telle manière, si elle a telle couleur, telle matière. Alors je vais avoir envie d'une pièce plus épaisse, plus fine, en fonction de ses caractéristiques, je vais jouer avec ça. Et de l'autre côté de la chaîne, quand je pense à tel plat, comment est-ce qu'on mange des tomates à la provençale ? Est-ce qu'on les mange de la même manière qu'on mangerait un plat de pâtes ou des sushis ? Et ce n'est pas du tout les mêmes gestes, ce n'est pas du tout la même manière de porter cette vaisselle quand on la met à la table ou quand on la prend en main.
- Speaker #1
Par rapport justement à toutes tes créations, est-ce que tu aurais une anecdote à nous raconter sur ton métier de céramiste, ou non d'ailleurs, sur ton rapport à la céramique ?
- Speaker #0
La matière de la céramique, comme c'est malléable, et je pense qu'on ne retrouve pas ça avec beaucoup d'autres matériaux, c'est une source d'expression qu'on ne peut pas soupçonner. Si on ne l'a pas testée, on n'imagine pas à quel point ça parle pour nous. Quand j'ai commencé la céramique à l'école, c'était flagrant de voir ça. Parce qu'on était 7 étudiants, j'étais la plus jeune, j'avais 22 ans, et personne après moi, c'était 30, 35. 40, 50 ans. Et donc, on avait des parcours de vie complètement différents. Et on avait une expression complètement différente. Et pourtant, on était confrontés aux mêmes exercices, avec le même cadre. Et on avait des pièces, et on sortait des choses complètement différentes. Et on ne se connaissait pas à la base. On avait toujours cette illustration de la personne en fonction de ce qui se passe avec ses mains. C'est aussi pour ça, je pense, que je suis tombée amoureuse de cette matière. C'est parce qu'à chaque fois qu'on voit une personne, travailler la terre, ça dit énormément de choses et ça c'est passionnant. Et à chaque fois ça fait ça et c'est super joli.
- Speaker #1
Aujourd'hui quelles sont tes sources d'inspiration ?
- Speaker #0
Pour les pièces plus culturales que je fais, qui n'ont pas de but utilitaire, c'est tout et n'importe quoi. C'est plus des sensations et des émotions que je ressens. Par exemple, oui, je n'ai pas parlé de ça, mais le dernier projet que j'ai fait, c'est des nuages. Et je voulais sculpter des nuages en céramique, à suspendre, en porcelaine. Et je voulais un truc très littéral. Enfin, vraiment, je voulais juste faire un nuage qu'on accroche au plafond. Et j'étais hyper gênée de ça parce que c'est très simple. Ça me semblait bête, en fait, comme idée. Mais j'avais besoin de ça. Un jour, je me suis dit, OK, en fait, je vais... J'adore regarder les nuages et je veux un nuage, je veux faire un nuage. C'est aussi pour ça que le temps que je m'offre à l'atelier, je trouve ça très précieux, ça m'est très précieux parce que là j'avais envie de faire des nuages, donc j'ai fait des nuages et je ne me suis pas posé la question de si ça va plaire aux gens, si ça va m'apporter ou quoi que ce soit, je l'ai juste fait. C'est viscéral en fait comme inspiration, ce n'est pas conscient. Et pour la vaisselle, c'est des photos de nourriture, surtout les aires de la table. En ce moment, on voit des images partout, c'est mis en valeur de tous les côtés, donc il y a énormément d'images. Et ce que j'aime bien, c'est les choses assez brutes. Il y a des céramistes qui travaillent vraiment en allant chercher la terre dans la terre, en trouvant leur source d'argile, en la transformant, et en jouant avec les différentes sources qu'ils trouvent. Et en fait, le fait d'être intégré à un lieu, Ça a du sens dans leur pratique. Ça ajoute une donnée dans la pièce qu'ils vont réaliser. C'est toute cette cohérence. Ça, ça m'inspire. C'est ces personnes qui me donnent envie de continuer.
- Speaker #1
Je remarque quand même que, quand tu nous as parlé des nuages... T'as dit, j'avais peur d'être ridicule. Enfin, je ne sais pas exactement comment tu l'as dit, mais il y a quand même le regard, j'ai l'impression, des autres. T'as un problème avec, j'ai l'étiquette céramiste, j'ai envie de faire un projet, je me demande ce que vont penser les gens. Est-ce que tu ressens un jugement de la société, de ce que tu as envie de faire en tant qu'artiste ?
- Speaker #0
Oui, il y en a un. Et surtout parce que... Parce que l'artisanat et la céramique, on le vend en poupe. Instagram, les réseaux sociaux, tout ça, ça porte tout ça. Ça m'amène, moi, à me comparer, à voir quelle pratique et comment chacun vit sa pratique. Et du coup, je fuis tout ça, en fait. Et pour les nuages, c'est ce que je disais. J'essaie de me protéger de ce regard et de ce qu'on attend de moi pour me libérer de ça. Et vraiment, j'ai envie de dire ça et je le dis comme ça. et en fait je me... Je suis confortée dans cette manière de faire parce que je me rends compte que ça touche les gens quand je suis le plus sincère possible et que je ne me dis pas « ah non, ça n'a pas dans le sens de ce qu'on voit aujourd'hui » . Quand je ne réagis pas comme ça, les gens sont sincèrement touchés. Je trouve des personnes à qui ça parle en fait. Du coup, je me dis « non, il y a vraiment moyen de communiquer comme ça » . Je pense quand même que j'ai un caractère très indépendant. Quand je vois ce qu'on attend de moi, J'ai l'impression que le jeu est déjà joué en fait, que les règles sont énoncées clairement et ça ne m'intéresse pas du coup parce qu'il suffit de suivre la règle et on va arriver au point où on m'attend. À l'école, je sentais vraiment ça. Quand on suit la consigne, on connaît les réponses. Je ne suis pas du tout une anarchiste. J'ai un mode de vie très conventionnel. Mais si je sens qu'il y a une règle à suivre, du coup j'ai envie de la dépasser, de provoquer et de ne pas suivre la règle. Parce que sinon je connais déjà la réponse, donc à quoi... Le regard des autres, c'est un peu ça, si je vais là où on m'attend... Ça ne m'intéresse pas de faire ça. Et je préfère juste être le plus possible à l'écoute de ce que j'ai envie de dire, sans me soucier de quelle était la méthode ou quelle était la règle du jeu. Je suis consciente que vouloir être à l'inverse des gens, ça veut forcément dire que tu fais attention à la vie des gens. Mais j'essaie d'oublier tout ça pour juste écouter ce que j'ai envie de dire.
- Speaker #1
Aujourd'hui, quels sont les principaux enjeux que tu rencontres dans ton métier de céramiste ?
- Speaker #0
Comme je te disais, je pars en voyage. Et ce n'est pas des vacances, c'est vraiment un jeu. Je quitte l'atelier ici, j'arrête ma vie à Paris et je continue la céramique partout dans le monde. J'ai envie que ce soit un mode de vie, de rencontrer des céramistes pour apprendre d'eux énormément, pour découvrir de nouvelles manières de penser via le matériau. Et comme ce qu'on disait sur la règle du jeu, j'ai pris conscience que j'avais vraiment envie de partir en voyage, parce que j'avais pensé à ce voyage il y a un an. Et j'avais renoncé en me disant que j'avais encore des choses à dire à l'atelier. C'est un atelier qu'on partage et je me sens hyper bien ici. Et j'ai envie de continuer l'aventure avec les filles ici. Et en fait, je me suis dit, ok, en fait, là, je vais être céramiste pendant encore plusieurs années. Donc, je vais faire des pièces et je vais essayer de les vendre. Et voilà. Et donc, ça, c'est la règle du jeu. Et donc, je sais où ça mène. Et si je joue le jeu, surtout aujourd'hui, on voit de plus en plus de céramique. si je joue le jeu d'Instagram et de... et de contacter des petits restaurateurs qui commencent à faire de la vaisselle faite main, à montrer mon travail à des boutiques qui fonctionnent bien. Je sens que ça peut marcher et donc voilà, je vois où ça va me mener. Et le fait de savoir, du coup j'ai l'impression que ça ne vaut pas le coup parce que j'ai déjà la réponse. Et donc là, l'enjeu aujourd'hui pour moi, c'est de dépasser tout ça et de me mettre dans une situation beaucoup plus risquée en fait, où rien n'est sûr. et voir où ça me mène et pas du tout de... j'ai pas envie de savoir.
- Speaker #1
Bah du coup ça m'amène à cette question est-ce que tu peux nous parler justement de tes projets futurs de comment t'as organisé ce voyage tu nous expliquais pourquoi qu'est-ce que tu vas y faire comment tu vas supporter le... parce qu'on revient quand même au coût du voyage, comment tu vas supporter le coût du voyage, qu'est-ce qui va te permettre justement de... de vivre de la céramique et de vivre ton voyage.
- Speaker #0
J'adore, j'ai trop hâte de partir. Parce que quand on rencontre des céramistes, déjà on se rend compte que... tous les potiers du monde entier se connaissent. En gros, c'est le truc de tu connais deux personnes et tu connais le monde entier. En céramique, déjà, j'ai l'impression qu'en France, tous les potiers se connaissent au moins deux noms. Comme c'est une technique ancestrale, il y a vraiment de la céramique et de la poterie dans le monde entier, que ce soit artisanal ou plus contemporain. Comme si artisanal ne pouvait pas être contemporain. Artisanal, peut-être. Oui, plus traditionnel ou plus... plus détaché de la tradition. Il y a beaucoup de céramistes qui ont fait des résidences ou des voyages, des échanges à gauche et à droite. Et j'ai vraiment l'impression que le réseau est facilement, on peut très facilement contacter des personnes qui travaillent à l'autre bout du monde, qui sont enfermées dans leur atelier et pourtant qui connaissent des gens un peu partout dans le monde. Si les gens jouent le jeu d'Internet et des réseaux sociaux, en plus, c'est complètement accessible. Et voilà, moi, je vais fonctionner comme ça. En demandant à Ausha droite, est-ce que tu as travaillé dans tel pays ? Est-ce que tu connais des céramistes, des potiers qui seraient prêts à m'accueillir, qui ont une pratique intéressante ? Et voilà, j'espère qu'il y aura des gens pour m'accueillir et pour partager des choses avec moi. Et comme je te disais, je choisis maintenant d'avoir toujours un job alimentaire pour garder un confort de vie et pour me détacher de cette notion de l'argent dans la céramique. Et donc j'ai envie de voyager aussi en ayant des petits boulots à droite à gauche et donc organiser les voyages soit en ayant une partie seulement où je travaille d'un job alimentaire et après je consacre du temps à rester deux mois ou un certain temps avec un céramiste. Soit je trouve les deux en même temps en parallèle puisque je m'installe dans une ville et du coup j'ai la possibilité d'intégrer un atelier en même temps comme j'ai en ce moment ici à Paris. J'ai envie que ce soit très poreux et qu'il n'y ait pas de schéma. J'ai vraiment envie de faire du service, par exemple d'être serveuse, parce que ça me semble être un travail accessible à l'étranger. Et en plus, j'adore le contact. J'adore le service à la personne dans ce cadre-là, quand il y a la nourriture ou une scène à table. Je pense que le culinaire, c'est mon univers, c'est ma passion. et que ce soit pour de la vaisselle. Juste les moments, partager des moments autour de la nourriture, ça me passionne à tous les niveaux. Et donc que ce soit cultiver des légumes ou servir des vins ou imaginer un enchaînement de plats et du coup faire passer un moment à des personnes autour de la nourriture, ça me passionne. J'ai vraiment envie de continuer ma vie maintenant en ayant les deux et que ce soit en France ou... à Taïwan, enfin voilà, ça me paraît cohérent d'avoir les deux et de les faire cohabiter. Donc c'est comme ça que ça se finance. Ok.
- Speaker #1
Ma question un peu pour finir, c'est comment tu vois l'avenir de ton artisanat en général ?
- Speaker #0
J'ai l'impression qu'il y a deux mouvements qui s'installent. L'artisanat en général, ça... ça plaît énormément aux gens, il y a un truc qui monte. Du coup, on peut faire de l'argent avec ça et donc il y a tout un business qui s'organise autour de ça et on voit beaucoup de céramistes émerger qui ont une pratique de la céramique pour, je ne juge pas du tout ça, c'est juste que ça ne me touche pas, mais voilà, qui font des pièces pour vendre. C'est presque vraiment le côté artisanal, commerce de la chose. Voilà, donc je vois une céramique plus commerciale, en gros, qui en même temps se raccroche au manuel. Et en parallèle, et ça pour moi c'est la céramique qui existe depuis toujours, d'une pratique plus individuelle, du coup peut-être plus artistique, je ne sais pas, mais plus sincère et détachée de l'aspect vraiment commercial. Et voilà, et ça on... on en voit aussi de plus en plus en fait. Parce qu'il y a de plus en plus de céramiques, il y a les deux qui avancent chacun de leur côté. Et du coup, j'ai l'impression que le gap va vraiment se créer, s'intensifier et ce n'est pas du tout mal en fait.
- Speaker #1
Je te remercie Joséphine pour ton histoire. Merci d'avoir partagé ton vécu. Puis on te souhaite un bon voyage.
- Speaker #0
Tu pars quand ? Fin septembre.
- Speaker #1
Ça approche ?
- Speaker #0
Oui, ça approche.
- Speaker #1
On prend rendez-vous quand tu reviens pour que tu nous racontes.
- Speaker #0
Est-ce que je reviens ? Je ne sais pas. Tu reviens. Voilà, c'est ça. Merci à toi. Merci beaucoup.
- Speaker #1
Merci beaucoup pour votre écoute. J'espère que le parcours de Joséphine vous aura inspiré. Si vous avez des questions, des suggestions ou que vous souhaitez interagir, rendez-vous sur Facebook ou Instagram à Histoire d'Artisan. N'hésitez pas à mettre une note sur iTunes pour faire découvrir les histoires d'artisans au plus grand nombre. Je vous dis à très vite avec une nouvelle histoire.