- Speaker #0
Bienvenue. Aujourd'hui, on plonge dans un sujet qui peut sembler très technique au premier abord, la dette technique.
- Speaker #1
Mais on va voir que c'est en fait bien plus que ça. C'est un phénomène complexe qui s'infiltre dans les organisations. Pour en parler, on s'est basé sur pas mal de sources, des articles, des analyses du CIGREF, de consultants, des retours d'expérience, et même une petite touche de réflexion plus organisationnelle, presque psycho on pourrait dire. Notre but ? Bye. Essayez de comprendre ce qu'est cette fameuse dette, d'où elle vient vraiment, et surtout, pourquoi c'est si important de la gérer, et pas juste pour les informaticiens. Allez, on y va !
- Speaker #0
Pour commencer, c'est quoi la dette IT, au sens large ? Le CIGREF, on parle comme de l'écart entre l'état actuel du système d'information, le CI, et puis l'état qu'on voudrait atteindre, l'état de l'art. Et ça recoule plusieurs choses. Il y a la dette technique pure, le code, les technos vieillissantes, mais aussi la dette applicative. Des applications qui sont dépassées ou pour lesquelles on n'a plus les compétences. Et même une dette fonctionnelle, quand des fonctions deviennent inutiles ou trop complexes.
- Speaker #1
C'est un peu l'image du tiroir fourre-tout qui finit par ne plus fermer, c'est ça ?
- Speaker #0
Exactement. On y met les rustines, les solutions rapides. Et à la fin, c'est le bazar. C'est ingérable.
- Speaker #1
D'accord. Mais alors, comment on en arrive là ? Quelles sont les causes ?
- Speaker #0
Ah, les causes. Elles sont multiples. Souvent, ce qu'on voit en premier, c'est la pression des délais. Il faut sortir le projet vite, donc on fait des compromis. Il y a aussi l'obsolescence des technologies, les changements constants qui bousculent tout, un manque de rigueur sur la qualité parfois, ou alors les compétences qui manquent, ou une externalisation qui n'est pas super bien maîtrisée.
- Speaker #1
Et ce qui est intéressant, c'est que d'après certaines sources, parfois c'est presque un choix. On accumule de la dette volontairement.
- Speaker #0
Oui, c'est assez contre-intuitif, mais ça arrive. On décide de repousser une refonte par exemple. pour lancer un produit plus vite sur le marché. C'est un pari,
- Speaker #1
quoi. Un pari sur l'avenir, qui peut se retourner contre nous.
- Speaker #0
Tout à fait. Mais au-delà de ces raisons, disons, visibles, il y a peut-être des choses plus profondes, au niveau de l'organisation elle-même. Certains travaux, inspirés par la psychosociologie des organisations, comme ceux d'Elio Jax, suggèrent que les organisations mettent en place des défenses contre l'anxiété. L'incertitude, la complexité, ça génère de l'angoisse. Et une façon de gérer ça, c'est parfois de projeter les problèmes sur un groupe, un bouc émissaire. L'Haïti est souvent une cible facile, non ? Pour éviter de voir des problèmes plus structurels.
- Speaker #1
Donc, cette dette technique qui s'accumule, ça pourrait être le signe, le symptôme d'un évitement collectif. Le refus de regarder en face la complexité, le vieillissement inévitable des systèmes. Ou même la nécessité de changer des choses qui font peur.
- Speaker #0
C'est une lecture, oui. Et ça change complètement la perspective. Le problème n'est plus seulement technique, il devient aussi culturel, organisationnel. Cette inertie face à la dette, elle pourrait traduire une résistance au changement plus générale, une peur de...
- Speaker #1
De perdre le contrôle, ou peut-être un déni de cette obsolescence qui nous concerne tous, en fait.
- Speaker #0
Et pendant ce temps, la dette, elle, elle a des conséquences bien réelles. Et pas des moindres. Ah oui,
- Speaker #1
ça va des systèmes qui rament, qui sont lents. aux failles de sécurité qui se multiplient, le CRTFR et d'autres alertent souvent là-dessus.
- Speaker #0
Sans parler de la difficulté à faire évoluer quoi que ce soit. L'infrastructure devient rigide et les coûts de maintenance y grimpent en flèche. Exactement. Et il y a aussi ce qu'on appelle le coût d'opportunité. Toutes ces innovations qu'on ne peut pas faire parce que le SI ne suit pas. C'est énorme comme impact. C'est pour ça que piloter cette dette, ce n'est plus juste une tâche tactique pour la DSI, la direction informatique. Non, c'est devenu stratégique. Pour toute l'entreprise.
- Speaker #1
D'accord, mais concrètement, on fait comment pour piloter ça ?
- Speaker #0
Il faut une approche méthodique. D'abord, savoir de quoi on parle. Faire l'inventaire. Cartographier ce qui existe. Une CMDB, une base de données de configuration, ça aide pour ça.
- Speaker #1
Ensuite, il faut évaluer.
- Speaker #0
Mesurer l'obsolescence, la criticité, avec des matrices par exemple. Puis, évidemment, prioriser. Où est-ce qu'on met l'effort en premier ?
- Speaker #1
Il existe des outils pour aider, j'imagine.
- Speaker #0
Click Up. Asana, ce genre de choses. Oui, il y a plein d'outils qui peuvent aider au suivi, à la planification. Mais attention, l'outil ne fait pas tout, c'est juste un support.
- Speaker #1
Le plus important, c'est la démarche derrière. Et surtout, qui porte cette démarche ? La gouvernance.
- Speaker #0
Exactement. Il faut que ce soit porté au plus haut niveau. La direction générale. Les métiers doivent être impliqués. Il faut un budget dédié, des responsabilités claires, une vision partagée. Sans cette impulsion stratégique, les efforts techniques risquent de rester l'être morte ou d'être insuffisants.
- Speaker #1
Donc si on résume, cette dette technique, c'est bien plus qu'un simple problème de code ou de serveur vieillissant. C'est souvent le reflet des choix passés, des compromis, des tensions internes de l'organisation. Et peut-être, oui, de ce qu'on préfère ne pas voir collectivement.
- Speaker #0
C'est ça. Ça demande de la lucidité et aussi du courage managérial. Il faut une vision de la collaboration entre l'IT et les autres directions et accepter d'investir maintenant pour l'avenir, pour garder de l'agilité. D'ailleurs, la crise Covid a un peu secoué les choses là-dessus, non ? Ça a mis en lumière l'importance d'un SI agile et donc les dangers d'une dette trop lourde.
- Speaker #1
Absolument. Et ça nous amène peut-être à une dernière question, un peu pour réfléchir. Si la dette technique, c'est ce qui s'accumule quand on évite de gérer la complexité ou le changement dans l'IT, est-ce qu'une organisation ne pourrait pas accumuler d'autres formes de dettes invisibles dans d'autres domaines, en repoussant d'autres transformations nécessaires ? Voilà, une petite pensée pour la route.