- Speaker #0
Bonjour, alors aujourd'hui on va creuser une question assez présente je pense au niveau C-Level, cette quête de sécurité, de conformité dans les entreprises. Est-ce que c'est juste une histoire de cocher des cases ou est-ce qu'il y a autre chose derrière ? Pour en parler on s'est appuyé sur différentes choses, des analyses de l'INSEE sur la culture de sécurité, des textes de L'Arcier sur l'évolution de la conformité, le regard de l'ANSEE sur le risque numérique et puis des réflexions un peu plus, disons, Philosophique, sur la perte de sens, les valeurs, trouvées sur backlog.gc.ca et polémia.
- Speaker #1
L'idée, c'est d'essayer de décoder un peu comment ces stratégies de sécurité, parfois très poussées, pourraient être des réponses à des choses moins visibles. Des peurs, un besoin de confiance, peut-être même une recherche de sens. On va regarder ça de plus près. Commençons peut-être par la culture de sécurité. L'IXI le dit bien, c'est pas juste une somme de comportements individuels. C'est plus large, c'est systémique. Quand on pense à Tchernobyl, Challenger, les causes profondes étaient organisationnelles.
- Speaker #0
Oui, tout à fait. La culture de sécurité, c'est vraiment cette façon collective de penser, d'agir, pour maîtriser les risques importants. Et l'IXI pose une question clé. Quel risque l'organisation regarde-t-elle vraiment ?
- Speaker #1
Ah oui, c'est-à-dire ?
- Speaker #0
Est-ce qu'on se concentre sur les petits incidents, ceux qu'on mesure avec le fameux taux de fréquence, le TF ? Ou est-ce qu'on est lucide sur les risques majeurs, ceux qui peuvent vraiment menacer l'entreprise ? Les audits de maturité, que ce soit ceux de l'INSEE ou même les démarches d'homologation de l'ANSI, ça sert à ça aussi, évaluer cette vision.
- Speaker #1
D'accord, et il y a cette distinction que fait l'INSEE aussi entre sécurité réglée et gérée.
- Speaker #0
Exactement. La réglée, c'est les procédures, la technique, le planifié. La gérée, c'est l'intelligence humaine en situation, la capacité à s'adapter à l'imprévu. Et souvent, cette sécurité gérée, elle est un peu le parent pauvre.
- Speaker #1
Alors qu'il faudrait un équilibre.
- Speaker #0
Voilà. Un bon leadership managérial, ça sait articuler les deux. Et cet équilibre, c'est pas juste bon pour la sécurité, c'est lié à la performance globale, comme le suggère aussi Preventica par exemple.
- Speaker #1
Et ça nous amène logiquement à la conformité. On voit bien avec l'Arcier que ça a évolué. C'est plus seulement une exigence réglementaire, genre finance ou GDPR, c'est devenu un élément de culture d'entreprise. Avec un impact direct sur la responsabilité des dirigeants.
- Speaker #0
Oui, la conformité, c'est un outil de gestion du risque, c'est clair. Mais est-ce que ça suffit ? Est-ce que ça construit la confiance ? La vraie ? C'est là que ça devient intéressant.
- Speaker #1
La confiance ?
- Speaker #0
C'est autre chose.
- Speaker #1
C'est ça. L'IXI parle de culture juste, c'est-à-dire créer un climat où on peut signaler un problème, une erreur, sans craindre la sanction immédiate. Pour apprendre collectivement. Et éviter ce qu'ils appellent le silence organisationnel.
- Speaker #0
Où plus personne n'ose rien dire, par peur. Exactement. La confiance, ça passe par le dialogue, la transparence. D'ailleurs, l'ANSI, quand elle parle d'homologation pour des systèmes critiques, elle insiste beaucoup sur l'engagement de la direction pour établir cette confiance. Ce n'est pas qu'une validation technique, en fait.
- Speaker #1
Bon, on a la culture, la confiance, mais parfois on a l'impression que certaines organisations sont presque obsédées par le risque, les règles, les audits. Une focalisation qui semble démesurée, non ?
- Speaker #0
C'est une observation très juste. Et on peut se demander si cette quête intense de contrôle ne cache pas une forme d'angoisse, quelque chose de plus profond.
- Speaker #1
Une angoisse ? Comment ça ?
- Speaker #0
Si on regarde du côté de réflexions plus philosophiques, comme celles inspirées par les textes qu'on a mentionnés, ce besoin très fort de règles, de cadres, ça pourrait révéler une peur face au chaos, à l'incertitude, voire une réponse à une perte de repère. De valeur suprême, comme disent certains.
- Speaker #1
La sécurité comme une façon de remettre de l'ordre ?
- Speaker #0
En quelque sorte, oui. Une tentative de restaurer une valeur tangible, mesurable, face à un sentiment de vide, ou ce que certains nomment un nihilisme latent. Attention, pas le nihilisme comme doctrine philosophique, mais plutôt comme un malaise profond. Une perte de sens dans un monde perçu comme instable.
- Speaker #1
Et cette idée de tout voir mesuré ?
- Speaker #0
Exactement. Polémiam est en garde contre ça. Le risque de réduire la valeur au seul succès quantifiable, au calcul. Ça fait écho d'ailleurs à la critique de l'INSEE sur l'obsession du trèfle. À force de se focaliser sur les petits chiffres rassurants, on peut passer à côté des vrais dangers, ceux qui ne se quantifient pas facilement.
- Speaker #1
Donc si on essaye de synthétiser un peu tout ça, la sécurité, la conformité, ce n'est pas que technique ou légale. C'est aussi et peut-être surtout une affaire humaine, culturelle. Ça touche à la confiance bien sûr, aux peurs collectives et peut-être même à une... quête de sens au sein de l'organisation.
- Speaker #0
Tout à fait. Et ça laisse une question ouverte, une pensée peut-être un peu provocatrice pour finir. Au fond, la manière dont une organisation aborde sa sécurité, est-ce que ça ne révèle pas sa capacité fondamentale à faire face à l'incertitude, à construire un sens partagé ?
- Speaker #1
Ou est-ce que c'est avant tout une tentative... De se barricader contre une angoisse plus existentielle, face à un monde qui semble parfois vide de repères stables. Quelle est la nature profonde de la volonté qui anime cette quête de sécurité ?