- Speaker #0
présenté très rapidement. Donc je voudrais qu'on commence peut-être cette table ronde d'ouverture par un constat. Notre système de santé n'est pas dans de favorables conditions. On a vu que le vote du PLFSS qui est intervenu, donc le projet de loi de financement de la sécurité sociale, qui est intervenu lundi au Sénat, s'est passé dans des conditions où personne n'est vraiment satisfait du résultat. Mais... On devait voter ce texte. Aujourd'hui, on a des difficultés d'accès aux soins. En particulier, il y a des déserts médicaux. Et on a en même temps des professionnels, ici présents, et dans ces assises des pratiques complémentaires, vous allez en rencontrer de nombreux autres, qui se forment, qui ont des référentiels de formation de qualité. qui demandent au pouvoir public d'encadrer leurs écoles, d'avoir des agréments exigeants. Et ces professionnels de santé qui ne figurent pas dans le code de la santé publique sont aujourd'hui laissés un peu de côté alors qu'ils sont en mesure d'apporter des solutions aux Français. Partant de ce constat, nous avons monté cette table ronde. qui va nous amener à parler un petit peu de la reconnaissance de ces pratiques complémentaires. Et donc cette thématique, pratiques complémentaires, c'est le sujet des assises. Je voulais qu'on commence, Madame la Sénatrice, en ayant votre avis sur cette terminologie et avoir votre avis de manière générale sur cette table ronde, sur cette thématique.
- Speaker #1
Merci Madame. Tout d'abord... Permettez-moi de vous remercier de m'avoir invité à participer à cette journée riche et longue, puisque j'ai vu qu'elle s'étalait de 9h ce matin jusqu'à ce soir. Donc je me permettrai de rester un petit peu pour aller voir dans les autres salles ensuite, mais mon temps sera limité, mais j'aurai bien passé plus de temps avec vous. Alors, ce que vous avez résumé avec le vote du PLFSS... Il est réel qu'on en a beaucoup parlé, que beaucoup de Français ont découvert qu'un PLFSS ça existait, puisque tout le monde ne connaît pas, mais là avec le retard du budget, et qu'en effet nous avons voté lundi d'une façon particulière. Je suis obligée de parler de politique, si vous me permettez, puisque je suis un personnage politique. Dans la politique il y a des partis, et les partis prennent des positions. et c'est ce qui va orienter les décisions donc moi je suis sénatrice du barin donc en alsace et je suis apparente LR donc pour nous la droite au sénat c'était on ne dépose aucun amendement nous voulons aller vite et donc un vote conforme voilà ce qui vous dit dans quel esprit nous étions pendant tous les débats nous n'avions pas la possibilité d'intervenir la gauche est intervenu avec des amendements qui ont tous été rejetés, bien sûr, puisque le but était de voter conforme. C'était un 49-3 au niveau de l'Assemblée nationale et un vote conforme au Sénat. Depuis quelques années, nous travaillons comme ça. Donc, vous savez, le législateur, il s'inscrit dans un système qui est très contraint. Ce n'est pas facile de faire évoluer la loi. Ce n'est pas facile, c'est très très contraint, contrairement à ce qu'on pourrait croire. Donc voilà pour le PLFSS et on annonce 23 ou 24 milliards de déficit. Et on voulait, dans les travaux que nous, nous avions réalisés, on voulait aller jusqu'à 15 milliards de déficit. En fait, ce n'est pas possible et voilà ce qui est annoncé. Alors moi, je me dis que c'est contrainte financière. je dirais même ces graves orientations financières, elles peuvent peut-être être favorables à la médecine et je dirais plutôt aux thérapies dont nous voulons parler aujourd'hui. Parce que le tout médicamenteux est très très coûteux. Donc est-ce qu'à un moment, on ne va pas être devant ce mur du coup ? du médicament, parce qu'on l'entend tous les jours, au-delà des aires médicaux, vous avez évoqué, mais... Le coût, le manque d'argent, c'est peut-être ça qui, à un moment, va faire qu'on sera contraint et peut-être ce sera favorable pour d'autres façons d'aborder la santé. Moi, je pense qu'ici, on est avec des praticiens de santé et les médecins sont des praticiens de la maladie. Donc, des praticiens de santé qui travaillent sur la prévention, qui travaillent sur le bien-être quand on a des pathologies chroniques. ou douloureuse, et qu'on n'est pas dans le même registre. Voilà. Mais pour vous dire qu'aujourd'hui, et depuis quelques années, tout s'est durci. On a connu des remboursements de l'homéopathie, même si des sénateurs n'étaient pas pour. Vous voyez, ce n'est pas parce qu'on a une voix qu'on n'est pas d'accord. C'est un système qui fait que vous allez vous orienter, un système aussi de lobbying. au sein de nos instances politiques, ce n'est pas seulement en Europe qu'il y a du lobbying, mais aussi dans nos institutions nationales, qui fait qu'on est arrivé à un durcissement, et avec la création de la Mivilude, vous en parlerez sans doute au cours de la journée, un durcissement des possibilités de pratique des thérapeutiques qui sont non conventionnelles. Alors moi, je parle de médecine intégrative, ni de médecine douce, parce qu'elles ne sont pas complètement douces, ni de complémentaire, mais intégrative, parce qu'on doit les intégrer dans le cheminement du patient. Et s'il n'est pas encore un patient, qu'il est soucieux de sa santé, eh bien, il intègre ça dans sa façon de vivre. Voilà, je ne sais pas si j'ai répondu à votre question.
- Speaker #0
Vous avez parfaitement répondu et c'est très intéressant. d'avoir tout de suite cette orientation que vous donnez. Je vais maintenant demander à nos invités de rebondir sur cette question de la terminologie de pratiques complémentaires. Je vous présente déjà Julie de Stoutz, qui est présidente de la Fédération française des musicothérapeutes et qui travaille beaucoup sur les questions de gériatrie. À côté d'elle, vous avez la directrice générale de la Fondation Médéric Alzheimer, donc Christine Tabuenka, qui est également psychomotricienne et diplômée de l'École nationale de santé publique de Rennes. Nous avons aussi aujourd'hui avec nous Benjamin Dupuis, qui est le directeur de l'OMNES, donc c'est les naturopathes, et qui est vice-président de la Fédération mondiale de naturopathie. Et enfin, nous avons Philippe Sterlingo. qui cumulent les titres. Philippe est président du Syndicat français des ostéopathes, SFDO. Il est également président de l'Unité pour l'ostéopathie, qui est la fédération qui réunit de très nombreux acteurs de l'ostéopathie en France. Et il est également, depuis peu, mais bravo Philippe, président de l'Ostéopathique International Alliance, donc la fédération internationale. Je voudrais vous demander, Philippe, est-ce que l'ostéopathie c'est une pratique complémentaire ou vous appelez ça comment ?
- Speaker #2
Merci Nicole. Alors d'abord, oui je suis multiprésident mais c'est aussi parce qu'on a un déficit d'engagement. Et s'il y a ici des personnes qui veulent s'engager pour porter les couleurs, elles sont les bienvenues. Alors c'est une question à la fois essentielle et extrêmement complexe. Comment rassembler sous un même terme des médecines aussi différentes les unes des autres ? Alors complémentaire, c'est une partie de la réalité, parce que parfois effectivement, les ostéopathes en particulier, mais d'autres pratiques également, interviennent en complément. Dans complémentaire, il y a compléter. Donc parfois oui, et il y a un travail pluridisciplinaire important qui se fait. Beaucoup d'ostéopathes travaillent avec des médecins, des kinés, des sages-femmes, etc. Donc il y a une dimension complémentaire. Mais ça ne suffit pas à décrire une pratique. Et aussi parce que l'ostéopathie est une discipline qu'on appelle une intervention complexe. C'est-à-dire que le processus de compréhension intellectuelle du patient cherche à identifier les interrelations entre les systèmes du patient de façon à aboutir à une hypothèse diagnostique, de manière à construire un traitement. Et on n'est pas du tout dans une dimension linéaire séquentielle où on part d'un symptôme pour aboutir à un traitement un peu standard. De ce point de vue-là aussi, dire complémentaire, ce n'est pas adapté, approprié, parce que complémentaire d'une médecine dite conventionnelle, non, en fait, parce qu'on porte un regard très, très différent sur le patient. pour aller vite et tenir mon temps de parole. Si je devais trouver un mot un peu valise ou une locution un peu valise, peut-être qu'on parlerait de médecine intégrative, de médecine manuelle complexe. Médecine manuelle complexe pourrait définir la profession que je représente. Et d'une manière générale, moi j'aime bien le terme de l'OMS, médecine intégrative et complémentaire, parce que dans intégratif et complémentaire, il y a à la fois cette dimension pluridisciplinaire et complémentaire, puis à la fois le fait que ces professions... peuvent intervenir, comme c'est notre cas, en première intention, parce que parfois, c'est par l'ostéopathe qu'on rentre dans le système et qu'ensuite, après, on peut coopérer.
- Speaker #3
Oui, donc je vais rentrer un petit peu dans ce qu'a dit Philippe et je suis assez d'accord avec les propos que vous avez tenus. Effectivement, on pourrait parler de pratiques complémentaires quand on parle de naturopathie. Mais il y a quand même une définition exacte qui existe aujourd'hui vis-à-vis de la naturopathie, c'est que c'est une médecine traditionnelle et complémentaire. Et c'est comme ça qu'elle est effectivement présentée par l'Organisation Mondiale de la Santé. C'est exactement aussi la définition qu'a choisie la Fédération Mondiale de Naturopathie. Donc en ce sens-là, il est important pour nous de s'attacher au mot et de respecter cette vision qui est la médecine traditionnelle et complémentaire. On retrouve malgré tout complémentaire dans le terme. Alors pourquoi ce terme aussi ? Au-delà des racines de la naturopathie, qui est une médecine traditionnelle occidentale, il y a aussi cette notion que la naturopathie, ce n'est pas une seule pratique, c'est un ensemble de techniques, et comme pour la médecine chinoise ou la médecine ayurvédique, c'est la raison pour laquelle on utilise aussi le terme de médecine. Cependant, on est conscient aussi qu'en France, c'est parfois un peu compliqué d'utiliser le terme de médecine, surtout quand on parle de médecine traditionnelle, bien qu'il n'y ait pas de... d'un aspect juridique qui ne soit pas réservé au seul médecin. Il y a une loi qui autorise l'utilisation du terme de médecine quand on parle de médecine traditionnelle. Il y a même eu une jurisprudence en 2008 avec la médecine chinoise pour confirmer le fait qu'on puisse utiliser le terme de médecine. C'est la raison pour laquelle nous, on est assez attachés à ce terme et qu'on souhaite le conserver. Malgré tout, on accepte aussi le terme de pratique complémentaire et effectivement, comme l'a dit aussi Philippe, quand ça s'inscrit... Dans un parcours avec la médecine conventionnelle, on parlera soit de parcours intégratif, de santé intégrative, de médecine intégrative, et en ce sens-là on vous rejoint. Et la dernière chose, là où c'est important pour nous d'accentuer, c'est des fois on voit attribuer le terme de pratique alternative, et là par contre nous on refuse clairement ce terme. Alternative ça sous-entend étymologiquement à la place de, et c'est pas la place de nos pratiques, pas de la naturopathie, mais bien en complément de la médecine conventionnelle. et là où elle a toute sa place dans la prévention de santé.
- Speaker #0
Merci beaucoup Benjamin. Julie, pouvez-vous nous parler de la musicothérapie pour vous ? Comment qualifiez-vous la musicothérapie ?
- Speaker #4
Je vais rejoindre évidemment ce qui a été dit précédemment. Je pense qu'aujourd'hui nous on a trois niveaux, c'est-à-dire qu'il y a cette médecine intégrative qui va pour nous intégrer ces thérapies complémentaires et dans lesquelles on va retrouver aussi des interventions non médicamenteuses qui se font quand même... références aujourd'hui qui sont pour le coup des protocoles, on en parlait juste avant avec Philippe justement sur cette notion de protocoliser une discipline et des interventions, c'est pas du tout la même chose et on peut pas être dans une protocolisation des interventions, ça c'est sûr, par contre nous on se considère comme dans cette approche complémentaire dans le sens où c'est un levier thérapeutique qui enrichit, qui soutient et je peux rejoindre Benjamin aussi où parfois en première intention ça peut être aussi utilisé en tout cas la musicothérapie ... Je ferai juste un petit focus d'exemples très cliniques, mais par exemple, j'en profite, sur la pathologie d'Alzheimer. Aujourd'hui, on sait que les médicaments ne marchent pas, ont été déremboursés aussi. Et on voit, la musicothérapie est très utilisée dans ce contexte-là parce qu'elle est un des seuls leviers pour aller rechercher des souvenirs, l'ancrage mnésique, pour intégrer des nouvelles informations aussi, parce qu'on peut le faire grâce à la musique. donner des nouvelles informations à ces patients-là, et puis aussi pour la gestion émotionnelle. Et c'est vrai que c'est un des outils, la musicothérapie, qui fonctionne le mieux dans cette pathologie-là. Donc voilà, on est et complémentaires et présents, je dirais qu'on est hautement complémentaires dans une médecine intégrative qui prend en compte le fait que c'est la globalité de la personne, c'est la vision un peu holistique qui manque aujourd'hui, en tout cas de nous, dans notre ressenti au niveau de la fédération. la place des pratiques complémentaires manque dans un système global, mais je crois qu'on y revient après, donc je ne vais pas aller plus loin là-dessus.
- Speaker #0
Merci beaucoup Julie. Alors Christine, vous avez une approche différente en tant que fondation Médéric Alzheimer. J'ai voulu vous mettre à côté déjà parce que vous avez travaillé aussi sur cette question de la musicothérapie. Donc expliquez-nous un petit peu ce qu'est la fondation et ce que vous avez pu constater en matière de musicothérapie.
- Speaker #5
Quelques mots rapidement sur la Fondation. On a été créé il y a 25 ans sur une conviction que dans l'absence de traitement, les sciences humaines et sociales étaient la solution alternative pour améliorer la qualité de vie et la qualité des soins des personnes atteintes de troubles cognitifs. Donc forcément, tout ce qui est pratiques complémentaires, interventions non médicamenteuses, médecine intégrative, fait partie effectivement de notre champ. Ceci dit, on rejette un peu le terme de pratiques complémentaires parce qu'on peut... y trouver tout et n'importe quoi. Et que pour nous, une intervention non médicamenteuse, c'est avant tout un protocole de soins, de prévention, de santé, efficace, adapté, personnalisé, et qui est pratiqué par des personnes qualifiées. Et ça, c'est important de le rappeler. Et ça, c'est notre position. Et effectivement, on a œuvré depuis 25 ans à la reconnaissance de ces interventions non médicamenteuses. D'une part, parce que même si un médicament arrivait pour soigner la maladie d'Alzheimer, Il serait tellement coûteux qu'il ne serait pas accessible à tout le monde, soyons très clairs. C'est le cas aujourd'hui avec la première molécule. Et que de toute façon, pour les maladies chroniques incurables, aujourd'hui, la seule solution pour permettre à une personne de vivre dignement, j'ose utiliser ce terme-là, les pratiques complémentaires sont nécessaires. J'aborde peut-être la deuxième question, mais ce n'est pas grave, puisque vous avez parlé de collaboration avec la musicothérapie. Nous avons sorti un guide en 2021 et en 2024. qui mettent en avant les 10 interventions non médicamenteuses qui ont fait preuve d'efficacité auprès de personnes présentant des troubles cognitifs. Vous pouvez le télécharger sur notre site internet, il est gratuit. Et la musicothérapie occupe une place importante parce que la réminiscence, la stimulation cognitive, etc., vous pouvez les trouver dans l'art-thérapie, vous pouvez les trouver dans la musicothérapie, dans la médiation animale. Je vous laisse découvrir dans le livre.
- Speaker #0
On se rend compte que ce titre qu'on a posé au départ, dans quelle mesure les pratiques complémentaires peuvent-elles contribuer à une politique de santé publique et exister dans les parcours de soins, ce n'est pas tout à fait ça. On parle effectivement d'intervention non médicamenteuse, ça on aura Grégory Nino cet après-midi qui viendra parler de tout son travail sur les INM, et on est plutôt dans une voie de pratique intégrative. Donc Madame la Sénatrice, vous étiez dans la bonne direction. Ce qui est rassurant, puisqu'en écho, on aimerait savoir, puisqu'on est dans une démarche de reconnaissance, Julie, qu'est-ce que vous avez fait, vous, qu'est-ce que vous faites vis-à-vis des pouvoirs publics ? Quelles ont été vos demandes et vos démarches à ce stade ? Et quel type de reconnaissance attendez-vous ?
- Speaker #4
Il y a plusieurs choses. Il y a l'aspect reconnaissance et l'aspect réglementation. Je pense que ce sont deux choses qu'il faut mettre en parallèle. Aujourd'hui, au niveau de la musicothérapie, on a un début de reconnaissance et un début de reconnaissance politique aussi, parce qu'on a plusieurs recommandations qui vont dans notre sens, qui ont commencé en 2008 par les recommandations de l'ANES et de l'HAS, bien évidemment en 2018. Récemment, on a eu les recommandations de la Société française de gériatrie et géontologie. qui nous placent vraiment dans les approches complémentaires avec un haut niveau de reconnaissance. Quand on tape sur PubMed, on a plus de 9500 recherches et articles qui parlent de la musicothérapie et qui met en avant son intérêt. Donc d'un point de vue scientifique et clinique, on a une reconnaissance. On a cette reconnaissance-là et qu'on va retrouver dans d'autres pays européens. Après, sur le terrain... cette reconnaissance elle est plus compliquée parce que la musique déjà c'est chic la musique ça marche la musique adoucit les mœurs, on a quand même un certain nombre d'adages là-dessus qui finalement vont dans engagent aussi un risque parce que la musique ne fait pas que adoucir les mœurs on peut avoir des exemples en psychiatrie aiguë où j'interviens aussi parce que c'est vrai qu'on a fait le focus sur la gériatrie mais on a Mais la musicothérapie, elle est vraiment très large, de la néonate. On a beaucoup d'études aussi en neurologie, évidemment en psychiatrie, en addictologie. Et par exemple, dans le contexte de la psychiatrie ou de l'addictologie, la musique, elle peut entraîner des ruminations, déclencher des cravings, etc. Donc elle peut vraiment être nocive et il faut connaître ses limites et ses mésusages. Et dans cette reconnaissance... Nous, dans notre travail de réglementation, autour de la réglementation, on va au-delà de la reconnaissance. C'est vraiment de dire qu'il faut un contexte clair qui montre les indications, les limites. Évidemment, je vous rejoins sur cet aspect hautement important de la formation pour éviter toutes les dérives parce que c'est quelque chose d'important. Pour nous aussi, on est en train de travailler sur un rapport. pour montrer un petit peu les dérives qu'il peut y avoir. Écouter de la musique, alors la musique ne nous appartient pas en tant que musicothérapeute, bien évidemment que non, mais une utilisation intentionnelle. Pour utiliser de façon intentionnelle les propriétés et le potentiel de la musique dans un contexte de soins, d'accompagnement, de soutien et de relations d'aide, ça demande une formation et ça va dans ce sens-là. C'est vrai qu'on a travaillé aussi au référentiel formation en cours de déploiement parce que tout ça prend évidemment beaucoup de temps. temps et qui va dans le sens de la reconnaissance avec des standards élevés de qualité de formation pour les professionnels et aussi pour qu'on puisse faciliter l'accès dans le service de soins à la reconnaissance. Elle permet d'intégrer ces pratiques comme la musicothérapie dans le système de santé et faciliter la pratique aussi des musicothérapies. Je ferai un petit point aussi sur l'article 10, je suis obligée d'en parler, de la loi de finances qui a été sortie. Je suis obligée parce que ça... C'est-à-dire sans reconnaissance, sans réglementation, sans numéro RPPS, aujourd'hui, on a quand même une précarisation beaucoup de la pratique et qui entrave le bien-être des patients aussi. Parce qu'on a parlé d'un mal d'Alzheimer, mais ce sont des outils qui ne vont plus être proposés à certains patients et c'est vraiment dommageable pour leur santé globale. Et je vais m'arrêter là parce que j'ai largement dépassé mon temps de parole.
- Speaker #0
C'est très intéressant. Christine, de votre côté, une fondation fait aussi des actions de lobbying, en tous les cas s'adresse au pouvoir public et demande des... Vous voulez ? Ah voilà. Le message a été difficile à faire passer. Véronique était très occupée. Vous travaillez aussi sur la question d'une expérimentation. Est-ce que vous pouvez nous en dire quelques mots de cet article 51 ?
- Speaker #5
En termes de lobbying, on fait partie d'un comité de pilotage de la stratégie MND. La stratégie maladie neurodégénérative fait suite aux différents plans qu'il y a pu avoir, plan Alzheimer, plan maladie neurodégénérative. En étant membre de ce comité de pilotage, effectivement, on arrive à faire passer des messages. Et la bonne nouvelle, mais il y en a une mauvaise qui suit, c'est que les interventions non médicamenteuses ont toute leur place aujourd'hui dans cette stratégie des maladies neuromusculaires, puisqu'il y a trois mesures dédiées. Alors certes, ça ne va pas toucher l'ensemble des interventions non médicamenteuses. On reste sur de l'alimentation, sur de l'activité physique et sur de la stimulation cognitive. Mais c'est un vrai progrès. La mauvaise nouvelle, c'est que cette stratégie est sur le bureau de différents ministres depuis plus d'un an. en attendant qu'elle soit signée et que de toute façon, le budget est à zéro en face. Mais c'est quand même une belle reconnaissance. Belle reconnaissance qui s'explique également par le fait que les consultations mémoires aujourd'hui prescrivent à plus de 95% de leurs patients des interventions non médicamenteuses. Notre dernière enquête qui est sortie là en 2024, donc c'est une vraie avancée. La problématique, c'est qu'ils prescrivent des interventions non médicamenteuses, mais que du coup, ce sont des professionnels comme des psychologues, des kinés... ou des psychomotriciens qui se retrouvent à devoir pratiquer l'intervention non médicamenteuse. Et on rejoint tout ce que vous avez pu dire tout à l'heure, Julie. Donc notre lobbying va encore plus loin, puisqu'on est persuadé que ces interventions non médicamenteuses ont un rôle à jouer dans la prévention, et notamment dans la prévention primaire, un vaste sujet abandonné par nos politiques publiques. On sait aujourd'hui qu'on peut réduire la maladie d'Alzheimer de 45% si on agit précocement. En justement... en utilisant un programme multidomaine basé sur des interventions non-micamonteuses. On sait tout ce qu'il faut bien manger, qu'il faut faire du sport, etc. Et donc notre article 51 qu'on a déposé consiste à créer une cohorte de 45 à 65 ans en proposant un programme multidomaine basé sur l'activité physique, l'alimentation, la stimulation cognitive pour prouver que tout ce qui a été démontré à l'étranger existe aussi en France. Donc programme sur trois ans. Et ce qui est intéressant, c'est que parallèlement, nous faisons une étude pour montrer le gain financier que l'on gagnerait à éviter 45% de malades d'Alzheimer, sachant également que de toute façon, on n'a pas suffisamment d'établissements pour accueillir tous les malades qui vont arriver dans les années à venir. Désolée, j'en profite pour faire mon plaidouin.
- Speaker #1
Non, mais je crois que là, vous donnez l'exemple de la maladie d'Alzheimer, mais je crois qu'il y a beaucoup de pathologies où il y aurait des moyens de faire des économies certaines. Mais les dépenses font vivre beaucoup de monde. Il est là le problème. C'est que ces derniers temps, vous entendez parler du cancer, du soin du cancer, vous entendez. Et donc, la dépense, elle fait vivre beaucoup, beaucoup. d'entreprises, d'industries, de chercheurs, d'universitaires comme de praticiens. Donc, vous avez raison, le lobbying est important. Vous avez raison, il faut être dans tous les comités, le pilotage, le lobbying auprès des politiques pour éveiller à cette... Et je crois qu'il y a beaucoup... de plus en plus de gens qui s'y éveillent. Mais le mur est important. Le mur financier est important. Et c'est pour ça que je disais tout à l'heure, c'est peut-être le problème financier qui va nous aider. Vous voyez ? Parce qu'aujourd'hui, on voit bien que lorsque un thérapeute semble trouver un chemin et va accompagner les malades, s'il ne rentre pas... pas dans le système officiel, il est très vite mis de côté. Et on en connaît tous autour de nous. Et là, c'est très très dur. Il n'y a pas de pitié. Il n'y a pas de pitié. Donc, plus nous serons nombreux au niveau de la politique, c'est le dernier, le chemin le plus difficile. Le chemin le plus difficile, je vous assure. L'OMERTA est là. Vous l'avez vu pendant la période de la crise sanitaire, vous pouvez le voir aujourd'hui tous les jours. Et voilà, moi je me suis encore, je le dis entre guillemets, fait traiter il y a trois jours d'antivax. Vous vous rendez compte, cinq ans plus tard, en n'ayant jamais été... Mais ça continue, et donc on est très très polissé, et je crois que c'est la... La réglementation doit évoluer par votre présence au sein des institutions, par des organisations comme celle-ci, où à la fois des politiques, des fonctionnaires, des praticiens peuvent s'exprimer pour pouvoir avancer ensemble. Et je pense qu'il y a beaucoup de... de points dans la réglementation à faire avancer, dans la labellisation, la certification. Alors il y a à la fois la législation, mais il y a aussi tout ce qui est réglementaire. Et il ne faut pas l'oublier, la réglementation peut quelquefois avancer plus vite que le législateur.
- Speaker #0
Merci beaucoup. Ça nous donne un peu d'espoir, même si on sait que la porte est... à peine entre-ouverte. Moi, je vais rebondir sur la question de la labellisation en interrogeant Benjamin. Vous, vous avez une démarche dans ce sens. Est-ce que vous pouvez nous en parler et à cette occasion nous dire aussi ce que vous demandez au pouvoir public, vous, les naturopathes ?
- Speaker #3
Oui, merci. Effectivement, les organisations de naturopathie en France ont décidé de s'organiser, de se structurer autour d'une norme, donc un travail essentiel autour de la norme AFNOR de la naturopathie. Il y a plusieurs organisations en France en naturopathie, je les citerai rapidement mais il faut les citer quand même puisque c'est important de le faire, la FNAT, la PHN, la PNF, la FENA, l'OMNES et le SPN. Donc ces six organisations-là avec des organisations historiques, la nôtre principalement aussi a été créée en 1981, donc c'est quand même aussi une association qui existe depuis longtemps. Donc oui, nous avons trouvé essentiel de rédiger une norme. Pourquoi ? Effectivement pour avoir justement, déjà, savoir ce que c'est la naturopathie, parce que tout le monde ne sait pas forcément toujours ce que c'est la naturopathie, les usagers, mais aussi les pouvoirs publics, donc la définition de la naturopathie était importante, le parcours de formation, la pratique du métier, dans quel champ d'activité ils participent. Et puis là où c'était intéressant aussi dans nos échanges, c'est qu'on a élaboré la norme avec deux avocates,
- Speaker #0
Donc une avocate en droit de la santé qui est maître au rebard, qui a déjà participé aussi à l'élaboration de normes en ostéopathie. Et puis une Victoria Farge-Palais qui est aussi avocate en droit des affaires et naturopathe. Donc ça nous a permis de bien délimiter le champ justement d'activité du naturopathe pour éviter d'être dans l'exercice illégal de la médecine. Puisque ce n'est pas une volonté de notre part, mais on y tombe très rapidement aujourd'hui sans encadrement. C'est d'où l'importance d'une réglementation en fait, c'est de délimiter. clairement quelles sont les limites de chacune des activités. Quel est le but de cette norme ? C'est d'informer les usagers sur ce qu'est la naturopathie, mais comment identifier aussi un praticien qui soit qualifié et compétent. Et ça aussi, la norme, ça vient ajouter une dimension supplémentaire. Ça permet aussi de différencier les professionnels formés des professionnels autodidactes, puisque en absence de réglementation, à aujourd'hui, tout le monde peut se dire naturopathe. Ça existe pour d'autres professions aussi, mais même sans diplôme, sans formation. aucune même de titre privé. Et c'est là qu'est le drame. Clairement, nous, c'est important qu'on puisse arriver à... En tout cas, que les usagers puissent différencier un professionnel qui a suivi une formation aboutie de celui qui a fait une formation en ligne de quelques heures ou ouvert un bouquin et qui s'est dit « ça y est, je suis naturopathe » . Ça sert aussi de référence dans l'application du droit commun, une norme, et ça c'est important, c'est-à-dire qu'un juge peut se saisir de cette norme comme référence. et ce qui permet de mieux aussi appréhender des situations professionnelles et d'apporter un cadre clair là-dessus. Donc ça aussi c'est une partie qui est importante, même si ce n'est pas une réglementation en elle-même, d'un point de vue juridique ça a une valeur et c'est important de le souligner. Et puis ça permet de poser justement les bases d'une réglementation, c'est-à-dire que les pouvoirs publics pourront s'appuyer sur cette norme pour poser une réglementation, même si nous on doit aussi être force de proposition vis-à-vis de ça. Voilà ce qui a été fait au niveau de la norme. Après, il existait déjà des critères, nous à l'OMNES, en tant qu'organisation. On avait déjà mis en place des critères pour identifier des praticiens de qualité. C'est-à-dire que nous, nos adhérents, et il y en a 2000 en fait, naturopathes à l'OMNES, répartis sur toute la France, on reconnaît des cursus de formation de 1200 heures minimum, mais ils vont jusqu'à 1500, 1800 heures de formation, et majoritairement en présentiel, puisque ça aussi, des fois, la notion de distanciel, ça peut jouer sur la qualité de la formation qui est dispensée. pratique, je pense que l'humain c'est quand même important et c'est important de pouvoir assurer des cours en présentiel. Nos naturopathes ont souscrit aussi à une assurance responsabilité civile professionnelle, un organisme de médiation à la consommation, parce que ça c'est obligatoire avec le code de la consommation aujourd'hui. Ils ont également, ils se sont engagés dans une charte de déontologie, une charte d'éthique, et puis ils se sont engagés aussi à continuer de se former, donc la formation continue, comme dans tous les métiers en fait, pour continuer de se perfectionner dans ses pratiques et au-delà de se perfectionner, c'est de se tenir à jour des informations, parce qu'elles évoluent aussi en fonction de la recherche, etc. Donc voilà ce que nous avons fait, et après sur le plan scientifique, nous on a la chance à Naturopathie de pouvoir s'appuyer sur des données qui existent déjà aussi, et donc en tant que vice-président de la Fédération Mondiale de Naturopathie, j'ai accès aussi à ces données, et on essaye au maximum de les diffuser, parce que c'est important de le faire, on rencontre aussi des problèmes des fois, c'est-à-dire qu'on vient apporter les études scientifiques, mais en fait personne ne veut les lire a priori. Mais elles existent. Oui, elles sont en anglais, c'est vrai que ce n'est pas toujours évident. Il y a quand même 2000 études scientifiques en naturopathie, 300 essais cliniques qui sont référencées dans un document qui s'appelle le Health Technology Assessment, qui regroupe justement l'efficacité, la pratique, la formation au niveau mondial. Du coup, on a quand même heureusement des acteurs en France qui sont engagés comme le GEDCOP. On participe à ces travaux d'analyse de textes scientifiques avec le GEDCOP. Et au niveau de la Fédération mondiale, on a aussi la chance de pouvoir collaborer avec l'Organisation mondiale de la santé. Donc là, on dépense même le cadre national et au niveau international. Donc on a été sollicité pour la stratégie 2025-2034 des médecines traditionnelles et complémentaires, qui vient de sortir et qui va être votée en mai à l'Assemblée mondiale. Et on espère que ce travail au niveau international, ça pourra avoir aussi des répercussions et donner des bonnes idées sur le fait de l'importance de... de porter une réglementation aujourd'hui en France. Et juste pour terminer, sur la partie institutionnelle, nous on a eu la chance de rencontrer directement Mme Muller-Brun, et je la remercie encore, et vous avez pu tous le constater, que Mme la Sénatrice est très engagée, très à l'écoute, et mène beaucoup d'actions pour la médecine intégrative, et si on pouvait avoir la chance d'avoir des personnes comme ça, qui soient représentées dans les différentes instances, ça nous aiderait beaucoup.
- Speaker #1
Alors moi je voudrais quand même que vous nous disiez précisément ce que vous voulez. Voilà, vous avez le législateur en face de vous, législateur visiblement bienveillant parce qu'il connaît vos pratiques, mais vous demandez quoi ?
- Speaker #0
Simplement un encadrement de la profession comme ça peut exister dans d'autres pays européens. On a des exemples très concrets et c'est l'avantage aussi de travailler avec une fédération mondiale. Les Suisses par exemple ont un diplôme fédéral de naturopathe. Les Allemands ont mis en place un système qui s'appelle le Heilpraktiker qui là aussi a un statut légitime et on voit clairement quelle est son action au niveau du domaine de la santé et de ses interactions avec la médecine conventionnelle. Donc ce n'est pas une médicalisation de la pratique, qu'on comprenne bien, en fait c'est une pratique qui vient compléter celle de la médecine conventionnelle. Donc aujourd'hui, nous, il existe des dispositifs en France qui pourraient nous permettre d'atteindre sensiblement ce même résultat. Nous, et c'est ce qu'on vise en naturopathie bien évidemment, il y a le cheminement par lequel sont passées les ostéopathes, à savoir une réglementation par décret de loi. Donc là, il faut être force de proposition aussi sur la question de la réglementation. Il existe aussi aujourd'hui la possibilité d'avoir un titre professionnel inscrit au RNCP, au Répertoire National des Certifications Professionnelles. Et il y a déjà des demandes qui ont été effectuées. On voit la complexité puisque, a priori, on a formulé plusieurs demandes qui sont légitimes. Pour avoir travaillé moi personnellement dans ma vie d'avant en tant que formateur dans des organismes de formation et des référents pédagogiques, je comprends le fonctionnement des titres professionnels. Et je n'ai jamais eu aucun mal d'obtenir des titres sur des... fonction plus légère et c'est vrai que c'est plus délicat quand on aborde les titres RNCP dans le domaine de la santé en fait clairement.
- Speaker #1
Merci pour toutes ces explications. Alors Philippe Bou qui avait poursuivi un parcours exemplaire avec la norme, enfin tout, vous avez tout, qu'est-ce que vous demandez au pouvoir public ? Merci de nous faire un petit rappel de ce que vous avez déjà réalisé parce que c'est énorme, ça fait plus de 20 ans que vous êtes engagé.
- Speaker #2
Non, ne le rappelez pas, ça ne nous ralentit pas tout ça.
- Speaker #1
Montrez votre obstination. Ça fait de nombreuses années que vous intervenez, vous avez obtenu ce que de nombreuses professions souhaiteraient obtenir, notamment les musicothérapeutes. Au début, quand on s'est rencontrés, Julie, vous avez dit que notre graal serait d'avoir la même chose que les ostéos. J'en ai entendu d'autres qui m'ont dit que le Graal, c'est le même. Maintenant que M. Sterlingo a atteint le Graal, que souhaite-t-il maintenant ?
- Speaker #2
Juste pour rebondir sur ce que vient de dire Benjamin, je voudrais rappeler une citation de Francis Brunel, qui était conseiller auprès de Xavier Bertrand il y a pas mal de temps, qui disait « Les professions de santé, c'est une vaste prairie avec plein de barbelés dedans. » Et je trouve cette image, je l'ai... Toujours garder parce que c'est vraiment, on est dans ce secteur où dès qu'une profession commence à prendre de l'ampleur, à émerger, à être reconnue par les patients, tout de suite, il y a tous ces barbelés qui se hérissent, toutes ces herses qui montent et les combats deviennent très durs. L'ostéopathie en France, elle est réglementée depuis maintenant 18 ans bientôt. 25% des Français viennent nous voir chaque année. La moitié des Français viennent tous les 5 ans nous voir. On voit beaucoup de patients et évidemment ce succès d'estime déclenche un tas de réactions et plus on a du succès, on a gagné 3,5 millions de patients en 5 ans, plus ce succès augmente et plus les résistances farouches, très corporatistes, augmentent à peu près au même rythme. Et ça c'est un vrai sujet et là aujourd'hui vous devez lire la presse certainement comme moi, on en prend un peu plein la figure de tous les côtés. Mais ce n'est pas par hasard en fait. Alors... Pour répondre à Nicole, parce que j'ai quand même entouillé la question, oui, c'était un parcours. On a commencé, et je rends hommage à mes prédécesseurs, en 2000, par établir un référentiel de formation qui était le premier d'une série. Puis on a proposé aux écoles de se soumettre à une certification sur ce référentiel de formation. Et je voudrais vraiment ici dire qu'une profession qui veut aboutir à une législation, donc reconnaissance d'un titre professionnel, puis une réglementation, J'ai vraiment la conviction avec mon expérience qu'il y a un passage obligé par la formalisation d'un parcours de formation exigeant, ambitieux, rigoureux. Et il y a un passage obligé par la volonté des écoles qui délivrent ce programme de permettre à des agences extérieures de venir vérifier que ce qu'elles disent, ce qu'elles font, elles le font vraiment. Sinon, on ne peut pas être crédible. Or, les pouvoirs publics et l'administration, au premier rang desquels... attendent de notre part qu'on démontre que ce qu'on enseigne va pouvoir permettre de garantir une sécurité des patients in fine. Et donc, je crois que nous tous ici, nous, on est passé par là. Et encore une fois, je rends hommage à ceux qui m'ont précédé. Et on est toujours là-dedans. Et le deuxième étage de mon propos, c'est... On est cette profession aujourd'hui qui a un vrai succès. On a beaucoup d'ostéopathes. Mais du coup, se pose tout de suite derrière la question de la régulation. C'est-à-dire quand une profession devient importante numériquement, qu'elle devient un enjeu économique, parce que forcément, toutes ces consultations, et je vous rejoins en termes d'économie de santé, parce que nos actes, nous, sont remboursés par le monde privé, par les mutuelles complémentaires. On ne coûte pas un sou à l'assurance maladie obligatoire. Et quand on compare le coût d'un traitement médicamenteux, notamment toutes les douleurs musculosquelettiques, et ce que coûte un traitement ostéopathique, et l'imagerie qu'on peut éventuellement permettre d'éviter, il n'y a pas photo. Même si on manque de données probantes parce que tout ça coûte cher et qu'on manque de ressources financières pour mener des études d'économétrie, le bon sens permet de s'en rendre compte. Mais dès qu'on devient une profession qui grandit, tout de suite se pose la question de la régulation, des mauvaises pratiques, la question de la formation. délivrés par des établissements de formation uniquement privés, avec une partie qui est vertueuse, mais aussi une partie qui cherche plutôt à maximiser le profit qu'à faire une pédagogie ambitieuse. Donc tout ça demande un organisme de régulation qui puisse permettre à la profession d'éviter, d'encadrer, de restreindre certaines dérives qui sont inévitables à une profession qui est grantie. Et donc c'est la raison pour laquelle notre profession... Pousse maintenant depuis presque un an le projet de création d'une autorité publique indépendante, qui serait un organisme qui bénéficierait d'une délégation de mission de l'État pour agréer les écoles, pour délivrer l'autorisation d'exercice, pour contrôler la formation continue, pour contrôler le respect d'une déontologie, etc. Parce que, évidemment, le modèle dominant, c'est le modèle de l'ordre professionnel, mais ce modèle-là, il ne répond pas à l'ensemble des enjeux d'une profession comme la nôtre. Et c'est la raison pour laquelle on pousse plutôt vers un... Pas de côté, comme les commissaires aux comptes, qui ont ce genre d'autorité. C'est-à-dire véritablement un organisme co-piloté par l'administration et par la profession, centré sur l'intérêt du patient, sur la sécurité du patient, et non pas centré sur le nombril de la profession, de manière à offrir un vrai cadre de régulation. Et c'est, je le pense, la condition nécessaire pour que notre profession continue à se développer de manière harmonieuse. Mais on pourra éventuellement en reparler avec grand plaisir.
- Speaker #1
Merci. Ah oui, super. Maintenant, parce qu'on voudrait laisser un petit peu à Madame la Sénatrice la possibilité de nous dire comment elle voit la suite, je voudrais que vous puissiez faire un dernier petit tour de table sur ce que vous avez retenu de ces échanges et peut-être de redire en deux mots ce que vous attendez des pouvoirs publics. Vous avez toutes les deux un micro à votre disposition.
- Speaker #3
Moi, ce que je retiens, c'est qu'il y a une vraie volonté des fédérations qui regroupent les différentes disciplines de rentrer dans une législation pour le bien-être des patients. Donc ça, c'est prioritaire. Ce n'est pas forcément ce que les médias relatent au quotidien. La nécessité de formation, je pense qu'on est tous convaincus. Nous-mêmes, nous avons développé un diplôme universitaire avec l'université de Caen. Non pas pour former à une discipline, mais pour des règles d'éthique, par exemple, comment on protocolise une intervention non médicamenteuse. Et puis les demandes, je les ai exprimées tout à l'heure. On est ravis que les politiques publiques commencent à s'intéresser à ces interventions non médicamenteuses, mais derrière il faut qu'il y ait des moyens, quels qu'ils soient d'ailleurs, que ce soit les mutuelles ou que ce soit d'ailleurs la sécurité sociale, parce qu'on l'oublie très souvent, mais les mutuelles sont prêtes aussi sur ces interventions non médicamenteuses. à intervenir et elles ont été assez précurseurs au niveau de l'ostéopathie, pas encore sur la musicothérapie, mais naturopathie aussi. Donc je pense que tous ensemble, on y arrivera.
- Speaker #4
Moi, je rejoins ce travail qu'on mène tous à nos échelles et dans l'intérêt du bien commun. On est souvent bénévoles là-dedans, ça prend du temps et de l'énergie. Et c'est vrai qu'au niveau de la fédération, le travail de référentiel métier, de fiche métier, de référentiel formation sur lequel on travaille beaucoup, d'établir un code de déontologie. Donc on a tous d'avoir un comité d'éthique. Voilà, c'est des choses que nous, on a pu mettre en place ces dernières années. Et on a tous cette même volonté qui est la sécurité des patients, l'absence de dérive et de pouvoir réglementer afin de rentrer vraiment dans une politique de santé, une vision de la santé différente. et réduit les coûts d'une part et travaille sur la prévention comme vous l'avez bien exprimé mais quand on a une action préventive dans l'action de soigner c'est gagnant pour tout le monde et on a un système de santé aussi qui va mieux et de réduction de coûts donc c'est vraiment cette volonté de réglementation par rapport au travail qu'on a fait et qu'on est en train de faire et qu'on est prêt à mener tous ensemble et on a la même démarche on a le Graal, mais on tend vers ça, et on est dans la même logique avec des organisations aussi mondiales, européennes, dans le cadre de la musicothérapie et du travail des musicothérapeutes. Donc je pense qu'on va tous dans le même sens, et que le discours est clair, et qu'en plus on est tous prêts à travailler dans cette démarche-là, avec les pouvoirs publics, et de façon...
- Speaker #1
Merci Julie. Benjamin, est-ce que vous pourriez nous dire votre retour d'expérience de cette table ronde et nous indiquer votre priorité auprès des pouvoirs publics et nous dire où vous en êtes. Est-ce que vous êtes en lien avec la direction générale de l'offre de soins ? Est-ce que vous êtes en lien avec les parlementaires ? On a vu que oui, vous avez engagé cette démarche. Quelle est votre prochaine étape ?
- Speaker #0
Alors ce que je retiens, effectivement, c'est un peu comme toutes les personnes ici à la table ronde, je l'exprimerai sous la forme de... La santé s'exprime sur différents plans, en fait. Ça peut être le plan physique, ça peut être le plan biologique, émotionnel, mental, environnemental, socioculturel. Et aujourd'hui, la médecine conventionnelle, aussi performante soit-elle, elle ne peut pas répondre à toutes ces attentes, en fait. Et c'est d'où l'intérêt, effectivement, d'ouvrir le champ. des professions et de donner accès aux citoyens à cette offre élargie de soins. On le voit, il y en a pour qui ça passera par la musique, pour gérer des émotions, pour gérer un stress, je connais mal la musicothérapie, vous l'expliquerez certainement beaucoup mieux que moi, mais en tout cas, le choix se prendrait sur la musicothérapie. Il y en a pour qui c'est important de revenir au corps, aux sensations, aux touchés, ils passeront peut-être par des actes ostéopathiques ou de la réflexologie, même s'il n'y a pas de représentant ici à cette table ronde. Des fois, ça peut être par des conseils d'hygiène de vie et de naturopathie. Déjà, à mon sens, c'est important de dire qu'effectivement, et je rejoins ce que vient d'être dit par Julie, sur la coordination des différents acteurs qui peuvent être présents. Ce que je souhaiterais, c'est qu'il y ait une ouverture, un dialogue avec les parties prenantes. L'État, le ministère de la Santé, avait créé un comité d'appui à l'encadrement des pratiques de soins non conventionnelles, mais il n'y avait pas... aucune organisation professionnelle qui était représentée dans ce comité. Et moi, à mon sens, c'est justement là où on devrait avoir un degré d'ouverture. Ceux qui connaissent les pratiques, c'est les organisations professionnelles qui les encadrent depuis un certain nombre d'années maintenant. Et c'est avec ce type d'échange, je pense qu'on pourra arriver à des choses qui soient constructives derrière sur comment coordonner, comment réguler avec les bonnes personnes autour de la table. Donc effectivement, nous avons rencontré Madame la Sénatrice et on a pu bénéficier de ses bons conseils aussi. Il y avait notamment aussi d'avoir des données chiffrées sur le soutien du grand public vis-à-vis de voir une réglementation sur ces pratiques. Donc on est actuellement en train de travailler sur un sondage avec un institut de sondage pour recueillir l'avis des français sur la pratique de l'anthropathie. Il existe des données en fait sur les pratiques de soins non conventionnelles, on les connaît. Je pense qu'on cite tous à chaque fois un peu le même sondage qui est celui d'Odoxa. qui dit que 51% des Français utilisent les pratiques de soins non conventionnelles, elles sont nommées comme ça dans le sondage, 71% ont un avis favorable sur ces pratiques et que 81% attendent que l'État réglemente mieux ces pratiques donc même le grand public, vous citoyens, nous citoyens, parce qu'on est aussi citoyens au-delà de notre pratique, on attend cette réglementation-là. Et voilà, je conclurai là-dessus sur... Alors sur les projets qu'on a aussi, c'est évidemment de construire ce projet de de loi pour la réglementation et grâce à nos deux avocates qui nous accompagnent aussi sur le sujet j'ai bien entendu aussi ce qu'exprimait Philippe vis-à-vis de même quand on a atteint le Graal et effectivement on voit que c'est encore balotté etc voilà c'est pas fini, Maître Ausha nous l'a dit, c'est la première fois qu'elle voit ça en 20 ans en tant qu'avocate de devoir revenir sur des choses qui ont été votées, qui ont été inscrites dans un décret de loi, de devoir les redéfendre à nouveau alors qu'elles avaient été inscrites voilà Et juste pour terminer, c'est de dire qu'au-delà de notre pratique, même si aujourd'hui je suis là pour parler de la naturopathie, je suis moi-même un citoyen, et j'attends moi aussi pour moi, pour mes enfants, pour les générations futures, d'avoir accès à un système de soins qui prenne la personne dans sa globalité, qui permette de soigner sur tous les plans, comme je l'ai exprimé tout à l'heure.
- Speaker #2
Wow, quelle responsabilité de nom, madame la fédératrice ! Alors moi, ce que je retiens de cette matinée, en fait, c'est qu'on a beaucoup d'enjeux communs, à des degrés divers, à des stades d'évolution de nos professions différents. Et moi, ce que j'entends, c'est qu'il y a peut-être une nécessité que des professions comme les nôtres, qui ne sont pas les professions conventionnelles, qui font l'objet quand même de pas mal d'agressions, puissent peut-être plus fréquemment se parler, faire des partages d'expérience. On l'a fait avec les musicothérapeutes il y a deux ans, trois ans, je ne me souviens plus. On avait échangé... C'est toujours notre parcours à nous. Mais je pense qu'on a vraiment besoin d'être en capacité de se parler entre nous pour identifier les difficultés, les enjeux, peut-être se serrer les coudes. Tout bêtement. Parce que oui, il y a une attente des Français. Les Français ont une très forte attente d'être soignés différemment, de pouvoir accéder à des soins de prévention ou à des préventions tout court avant de parler de soins. Et nos professions ont cette capacité à proposer de la prévention parce qu'à s'inscrire en amont de l'émergence de la pathologie. Donc on a un mot à dire. Les Français ont besoin de donner du sens aussi à la raison pour laquelle ils souffrent. Donc on répond à ces attentes-là. Mais parce qu'on y répond, au fond, on fait l'objet quand même de pas mal d'agressions et d'agressivité. Donc voilà, moi ce que je retiens de la matinée, c'est que c'était peut-être pour nous une occasion de se rencontrer, et puis de dire, peut-être qu'on se pute, on pourrait parler de temps en temps ensemble et partager nos difficultés. Et aussi nos espoirs.
- Speaker #1
Merci Philippe. Madame la sénatrice, alors maintenant, vos recommandations opérationnelles. Que peut faire la Commission des affaires sociales du Sénat, qui est entre les mains, traditionnellement, des médecins et des pharmaciens, donc pas forcément des alliés immédiats. Donc peut-être que vous êtes un OVNI dans cette commission. Que peut faire un OVNI ? Quelles sont vos recommandations ? Et que pouvez-vous faire ? Alors on parle aussi, moi ça m'a donné une idée en entendant les uns et les autres, est-ce qu'on ne pourrait pas organiser un événement au Sénat ? Est-ce que vous pourriez être l'initiatrice de cet événement pour porter... Essayer de convaincre Philippe Mouillet, le président de la commission, qui n'est pas médecin, d'organiser quelque chose et puis de nous faire tous venir pour acculturer cette commission.
- Speaker #5
Merci madame. Alors je voulais vous dire aussi des conseils ou des réflexions. La formation, c'est important. Vous avez parlé d'une réglementation de la formation, d'une labellisation de certification et de formation continue. Alors moi, je suis en Alsace, vous savez, nous sommes en frontière avec l'Allemagne et la Suisse. Et déjà, à l'université, les formations universitaires, c'est tellement important. À Strasbourg, il y a un module des médecines intégratives dans le cadre des études universitaires de médecine. Ce n'est pas le cas... dans le reste de la France. Et ça, c'est bien ce qui est une influence. En Allemagne, il y a 13 chaires universitaires de médecine intégrative. En Suisse, c'est pratiqué aussi. En France, c'est interdit. D'ailleurs, la chaire universitaire, l'enseignement, le module qui est pratiqué à l'Université de Strasbourg, subit actuellement des attaques très importantes pour la faire disparaître. Et donc, dans cette spécialisation, entre guillemets... le professeur Bernard, je crois qu'il est là ce matin aussi, qu'il intervient dans une table ronde, donc nous travaillons ensemble, il est chef de la psychiatrie de l'hôpital civil de Strasbourg, il se bat pour que cette spécialisation, dans le cadre des études de médecine, ne disparaisse pas sous la volonté française. Donc voilà, je pense que la formation universitaire, elle est importante, que les médecins aient aussi une sensibilisation. Ça ne... peut qu'enrichir leur approche globale du patient. Ensuite, définir un cadre juridique clair, vous l'avez dit, avec une liste officielle des pratiques de santé non conventionnelles, créer un label ou une certification d'état qui serait validée scientifiquement. Fixer des limites légales pour éviter les pratiques invasives, vous en avez parlé et puis vous avez tout intérêt, c'est dans toutes les professions pareilles, il faut éviter les charlatans. Parce que, vous l'avez dit, les attaques, elles vont de toute façon mettre un focus sur les charlatans et c'est ce que fait l'ami Villud d'ailleurs. En deuxième, réguler la formation et l'exercice des praticiens avec la mise en place de diplômes reconnus par l'État. Vous avez parlé, pas d'un ordre professionnel, mais d'un registre pour garantir la compétence des praticiens en partenariat avec l'État. C'est une surveillance nécessaire. Et puis, imposer des obligations de formation continue pour assurer l'évolution des connaissances. En fait, il faut un cadre légal. En troisième point, améliorer l'intégration des médecines intégratives dans le système de santé. en encourageant la recherche scientifique et son efficacité, l'efficacité des thérapeutiques, développer des consultations mixtes entre médecins et praticiens de médecine intégrative. et permettre bien sûr le remboursement par la Sécurité sociale et les mutuelles. Vous voyez, encore dernièrement, j'assistais à la première du film Le Jeune, Le Jeune, ce phénomène, et on sait qu'en Allemagne, Le Jeune est remboursé par la Sécurité sociale pour certaines pathologies, et que les témoignages sont très intéressants. Alors il y a des cliniques privées. qui vont accueillir, mais il y a aussi un remboursement au niveau de la sécurité sociale. Alors je me disais, je vous ai parlé d'un point qui pourrait être positif, c'est le financement, le fait que les finances soient dans le rouge, mais aussi je pense à un autre sujet, c'est la transition écologique. dont tout le monde parle, c'est une vraie propagande et toutes nos actions doivent y penser, en tenir compte. Donc la transition écologique dans le système de santé, mais là vous avez un rôle important à jouer, parce qu'elle s'accompagne d'une déprescription de médicaments, cette transition écologique. Elle s'accompagne d'un regard sur la surmédicantité. médication des personnes âgées et notamment des maladies cognitives et chroniques. Donc, moi, je pense que dans le ministère de la transition écologique et dans le volet santé, c'est par ce moyen-là qu'on peut peut-être aussi se faire entendre et proposer des alternatives et des solutions, des soins éco-responsables. On est complètement dans le soin éco-responsable. Donc ça peut être aussi un chemin. En tout cas, je retiens et bien entendu que je suis tout à fait favorable à vous accompagner pour organiser un colloque sous le format que vous souhaiterez au Sénat. L'intérêt qu'il soit organisé dans notre institution, ça lui donne bien sûr un visuel important. Il est très bien ici aussi. C'est très bien ici aussi. J'étais très contente de venir ici parce que ce n'est pas loin. Et puis en plus, j'ai découvert un très beau... C'est très beau. Il y a un joli jardin. Tout le monde découvre à Paris. C'est formidable. Mais bien sûr, le Sénat, c'est une institution qui donnerait une visibilité à toutes vos attentes, revendications. Et plutôt, nous devons être des partenaires. Et je crois que nous serons des partenaires.
- Speaker #1
Voilà. Merci pour ce magnifique mot de la fin. On vous remercie tous. d'être venu, de vous être engagé, et puis surtout de nous proposer de poursuivre ces échanges. On va essayer de les préparer, de les nourrir avec vous, et puis de prendre date. Voilà. Merci à tous. Nous avons un planning extrêmement contraint. Je ne sais pas qui vient dans cette salle après, mais en tous les cas, on est à votre disposition pour continuer à discuter à l'extérieur. N'hésitez pas.