- Sandrine Corbiau
Bonjour et bienvenue dans "J'ai 50 ans et alors ?" un podcast qui accompagne nos transitions. Je suis Sandrine Corbiau, j'adore faciliter les liens, les prises de conscience et le changement. Dans ce podcast, je vous partage des inspirations, des réflexions, des rencontres qui enrichissent mon quotidien. Pas de recettes toutes faites, juste des moments authentiques pour vous inspirer. Un rendez-vous qui fait du bien, une parenthèse qu'on s'octroie dans son quotidien pour marcher vers soi à son rythme. Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode. Alors comme déjà évoqué, à 50 ans nous sommes bien souvent dans une période de transition. Une transition qui ne se voit pas, une transition qui est plus intérieure. Et aujourd'hui, j'avais envie de parler de nos maisons, de nos lieux de vie, qui peuvent être de puissants alliés et des socles pour nos transformations. Et c'est pour ça qu'aujourd'hui, pour en parler, je suis vraiment très heureuse d'accueillir Marie-Pierre Dillenseger, qui est l'une des principales spécialistes de vitalité chinoise, qui vient de sortir un livre qui s'appelle "Bien chez soi" dans lequel elle explore avec beaucoup de clarté et de clairvoyance comment nos lieux de vie influencent notre équilibre et accompagnent nos parcours de vie. Elle nous invite aussi à reconsidérer la relation que nous entretenons avec nos espaces de vie et comme elle l'écrit dans son livre nos lieux de vie, "au même titre que nos familles, nos conjoints, nos voisins agencent, freinent ou facilitent nos avancées". Et donc je peux vous dire aussi que moi j'ai terminé son livre il y a deux jours et que ça m'a vraiment soutenue dans les changements que j'ai envie d'engranger dans ma vie. J'en parlerai peut-être tout au long du podcast, mais en tout cas, je suis ravie de vous accueillir. Bonjour Marie-Pierre.
- Marie-Pierre Dillenseger
Bonjour.
- Sandrine Corbiau
Alors, je vous souhaite la bienvenue aujourd'hui dans ce studio, même si vous, vous êtes à distance, vous êtes aux États-Unis. Je vous remercie vraiment d'être avec nous aujourd'hui.
- Marie-Pierre Dillenseger
Je vous en prie, merci de m'accueillir chez vous.
- Sandrine Corbiau
Merci Marie-Pierre. Alors pour commencer, j'aime bien toujours prendre un petit temps pour qu'on puisse découvrir qui vous êtes, d'où vous venez, qu'est-ce qui vous a amené aujourd'hui à écrire ce livre. Voilà, donc je vais vous proposer un petit temps pour vous présenter.
- Marie-Pierre Dillenseger
Alors, essayez, je vais faire court.
- Sandrine Corbiau
Non, prenez votre temps.
- Marie-Pierre Dillenseger
En tout cas, je vis à Boston depuis vraiment bien longtemps. Je suis Alsacienne au départ et ce qui a, moi, changé ma vie, en fait, ça a été un diagnostic médical il y a 30 ans qui posait le fait que je n'avais plus que trois mois à vivre. Il se trouve que je suis encore là, mais qu'au moment où j'ai été confrontée au pire, à ce diagnostic médical qui était finalement une prédiction qui s'est avérée fausse, je me suis fait la promesse, si j'en sortais, de changer ma carrière professionnelle et de me consacrer complètement à des sujets qui m'intéressaient depuis longtemps, qui ont à voir avec l'énergie chinoise, la manière dont cette culture ancestrale voit le temps comme un allié ou comme un frein, mais aussi comme elle voit l'espace. Et je me suis aussi intéressée à tout ce qui a à voir avec l'art de la guerre, le Yi King, c'est-à-dire des enseignements qui ont à voir avec la manière dont nous nous posons dans l'environnement qui nous entoure. Le lieu dans lequel nous vivons et dans lequel nous travaillons est en presque la seconde enveloppe après notre peau. Donc, j'ai tenu ma promesse et je suis quelqu'un qui non seulement, et je crois que ça c'est le huitième livre, mais qui aussi tous les jours, suis en mode d'accompagnement de personnes qui sont soit en panne de vitalité, en perte de repère ou en souffrance, de manière à ajuster, à voir comment ajuster, ne serait-ce que petitement, mais le petitement répété longtemps a un effet, à ajuster leur posture.
- Sandrine Corbiau
Et que vous apporte la pensée chinoise dans votre quotidien ?
- Marie-Pierre Dillenseger
Elle est le terreau fondamental, le fondateur de ma pratique d'accompagnement. Il y a aussi l'approche jungienne ou d'autres approches qui ont à voir avec l'accompagnement de personnes qui ont suivi des deuils ou des traumas. Mais ce qui pour moi, si je veux relever juste une chose par rapport à la pensée, encore une fois, ancestrale chinoise, pas forcément contemporaine, c'est le rapport au temps. Le temps et l'espace, c'est-à-dire que nous voyons le temps linéaire, nous avons une pensée qui est logique, déductive, qui est formidable, mais qui par moment va se trouver en difficulté. lorsqu'il s'agit en fait de gérer des passages. La pensée chinoise voit le temps comme un allié et il est cyclique. Donc cette capacité de voir le temps comme un changement perpétuel, comme une force qui nous amène non pas vers un futur déjà défini, mais comme des carrefours multiples qui vont nous permettre de nous repositionner. Ça pour moi ça a été majeur, parce que je crois que c'est ce point-là, et c'est aussi une pensée qui considère que l'individu va être d'autant plus agissant qu'il se pose la question du lieu et du temps. Être au bon moment, au bon endroit, c'est souvent mon propos, n'est pas une question juste de hasard ou de chance. Nous pouvons... en anglais "engineering", nous pouvons provoquer favorablement des changements dès lors que nous acceptons d'ajuster nos postures, d'être observateurs de ce qui nous entoure, de sortir de notre capacité qui est grande de nous centrer beaucoup sur nous. Je suis sûrement très attentive quand je… Je suis à Paris, par exemple, ou à New York ou à Boston, c'est toujours intéressant de voir quand vous marchez dans la rue les personnes que vous croisez. Sur le nombre, combien ont le nez à votre hauteur ? Nous sommes pris dans nos pensées, nous regardons nos pieds, nous avançons, nous ne voyons pas l'autre, nous ne voyons pas l'oiseau sur la branche, nous ne voyons pas la branche qui fleurit, nous ne voyons pas ce qui, en fait, nous donne continuellement des opportunités de prendre du recul ou de nous réjouir ou, au contraire, de nous replier parce qu'il y aurait danger.
- Sandrine Corbiau
C'est une ouverture du regard. C'est en quelque sorte une ouverture d'un autre regard en fait.
- Marie-Pierre Dillenseger
C'est absolument un autre regard et c'est important pour moi de poser le fait que je ne le vois pas comme mieux que le nôtre. Il est complémentaire. L'objectif n'est pas, par exemple, quand on part du lieu, de partir d'une pensée occidentale qui voit souvent le lieu comme un investissement, un territoire fonctionnel, avec des critères extrêmement objectifs, qui sont tout à fait nécessaires. L'objectif n'est pas de transformer ça en une pensée qui verrait le lieu comme une entité magique, laquelle aurait tout pouvoir sur nous.
- Sandrine Corbiau
Donc ça, c'est un petit peu la pensée occidentale, c'est ça ?
- Marie-Pierre Dillenseger
La pensée occidentale, elle est soit très, très objective, linéaire, factuelle. Pratique. Soit, ce que je vois parfois, et ça me chagrine, ce qui est dit au nom de certaines de ces techniques qui ont à voir avec le lieu, soit on part presque en pensée magique, où les lieux seraient vraiment dangereux, il faut s'équiper de praticiens qui vont nous aider à voir clair. Or, la pensée chinoise est pragmatique. Elle a une capacité à être plus symbolique, je pense, que la nôtre. Et elle considère que plus nous sommes observants de ce qui nous entoure, dont le lieu, le lieu de vie, par exemple, de ses qualités, de ses défauts, aussi de ses besoins. Et puis aussi conscients de qui nous sommes, avec une vraie sincérité quant à nos besoins, plus nous allons pouvoir mitiger, négocier, interpréter, traduire ce qui se joue entre l'être que nous sommes à ce moment-ci de notre vie et, le lieu qui nous accueille pour X années dans cette phase actuelle de notre vie. Et donc ça devient d'une certaine manière plus… Alors à terme, moi je pense que presque plus joyeux, parce que c'est aussi une ouverture, un appel aux signes, mais sans que tout soit signe, mais c'est aussi un appel sans arrêt, on garde le pouls de qui nous sommes et nous collaborons pas simplement avec les êtres qui nous rencontrent. Les lieux, les moments, les circonstances, eux aussi, sont en relation avec nous. Et moi, je demande simplement, ou je propose plutôt, je ne demande rien, que l'on fasse un petit peu de place à ce qui se joue entre nos lieux de vie et nous, parce que, je crois que vous l'avez lu, je pense que la relation fondamentale que nous avons avec nos lieux de vie, n'est pas si différente de celle que nous avons avec les personnes qui nous entourent. Simplement, le langage n'est pas le même.
- Sandrine Corbiau
Non, et puis c'est une autre habitude en fait. C'est une autre façon de faire.
- Marie-Pierre Dillenseger
Ça c'est différent. Et donc cette capacité qu'a cette pensée, en tout cas telle que je la lis, et que je la traduis et que je la transmets, cette capacité qu'a cette pensée... de faire de la place à du plus grand que nous, ce qui nous entoure, paradoxalement allège et déculpabilise aussi.
- Sandrine Corbiau
C'est-à-dire ?
- Marie-Pierre Dillenseger
C'est-à-dire que, vous savez, quand on est, nous avons tous vécu des situations qui ne sont pas simples, ou des deuils, ou des trahisons, lorsque nous sommes dans ces moments très douloureux, la tentation est grande de nous jeter la pierre ou de considérer que notre vie est une série de malchances ou de considérer que c'est l'autre qui a forcément tort. Or, lorsque dans la partie, nous introduisons aussi un lien, nous sortons du lien unique entre nous et l'autre. Pour chacun d'entre nous, nous n'avons pas la même forme le matin, à midi et le soir. Certaines lumières sont plus énergisantes, nous donnent plus d'allant que d'autres, certaines saisons plus que d'autres, certains lieux, certaines pièces dans nos lieux aussi. Donc à partir du moment où nous sortons même dans des moments de grande difficulté, où nous avons identifié chez nous ou ailleurs, et que nous y allons, un endroit qui facilite notre sortie de l'ornière, notre sortie de la rumination. Parce qu'on est près d'une fenêtre qui nous montre, je ne sais quoi, qui nous fait du bien à l'extérieur. Nous développons, ce n'est pas immédiat, mais nous développons une capacité d'accompagnement de nous-mêmes en nous appuyant sur ce qui finalement ne coûte pas grand-chose. Une fois qu'on a identifié les endroits, les lieux, voire même les personnes qui nous font du bien, la règle, elle est simple. Rapprochons-nous de ces personnes, de ces lieux, de ces moments, intensifions ces connexions. Et en même temps, minimisons de plus en plus, prenons de plus en plus de recul par rapport au lieu, au moment, aux personnes dans lesquelles nous finissons par avoir la certitude qu'ils ou elles n'ont pas notre intérêt et notre vitalité le plus à cœur. Comme vous êtes rentré chez vous après avoir été… ailleurs. Vous avez lu mon livre, mais vous avez vu ce que vous ne voyez pas précédemment.
- Sandrine Corbiau
J'explique, je suis partie en vacances, effectivement, j'étais en train de lire votre livre, je suis partie en vacances et quand je suis revenue chez moi, j'ai eu envie de changer les choses parce que j'ai vu mon lieu autrement. Je l'ai vu autrement et j'avais envie que l'énergie circule autrement. Et donc ça m'a fait bouger. Je trouve que partir, rentrer, ça nous fait voir les choses aussi autrement.
- Marie-Pierre Dillenseger
Absolument. Et simplement, ce que je propose, avec des exercices très très simples, c'est d'activer plus fréquemment cette capacité de voir notre lieu, pas forcément différemment, enfin, on le voit différemment. On voit des choses qui étaient déjà là, mais on les voit alors qu'on ne les voyait pas avant. Alors ça, ça arrive naturellement en retour de vacances, bien sûr. Mais pourquoi faut-il attendre les grandes vacances de l'été, et puis le retour en septembre, pour développer une acuité, une capacité d'observation et une attention finalement plus grande à notre lieu ? C'est dommage.
- Sandrine Corbiau
Oui, c'est dommage. Ça peut se faire du fil de l'eau. Parce que vous écrivez, et ça m'a beaucoup parlé, "lorsque nous donnons au lieu son statut d'allié, de compagnon de route et de partenaire,
- Marie-Pierre Dillenseger
Notre regard change". Oui, je n'ai rien à rajouter.
- Sandrine Corbiau
Notre regard change, mais nos actions aussi, elles changent. Notre façon d'être chez nous et ailleurs change aussi.
- Marie-Pierre Dillenseger
Oui, et l'autre chose à votre question, ce qui a changé pour moi dans l'approche énergétique chinoise, qui a accouché des arts martiaux. du Qigong, du Tai Chi, c'est que devoir n'est pas simplement là pour alimenter notre pensée, notre raisonnement, nos conclusions, voir, en fait, donne une responsabilité d'action. Il y a d'action et puis, ce que j'aime aussi, ce n'est pas forcément l'action radicale, c'est l'action par petits pas ou au fil de l'eau. Je conseille, quand il y a des choses à changer, de commencer par la plus petite chose, la plus simple, que l'on peut faire immédiatement. Puis après, on va laisser reposer, éventuellement. Puis on s'y remet un peu plus tard. Sur les questions de vitalité, qui sont centrales dans mon travail et dans mes ouvrages, Je suis en alerte quant à ce qui me maintient dans une situation de perte de vitalité et ce que je peux trouver comme outil autour de moi me permettant d'en sortir. Cela invite l'action. Ce n'est pas parce que nous raisonnons ou nous continuons à raisonner que ce que vous auriez très bien pu repérer en rentrant chez vous, va changer. Cela va bouger parce que vous avez posé un ou deux actes qui ont suivi votre capacité d'observation. Dans ce mode de pensée, la vie est définie par le mouvement. Et donc, c'est un appel continuel à bouger. Ça ne veut pas dire s'agiter. Donc en prenant soin de notre lieu, un nous bougeons, deux, nous lui donnons les moyens d'être lui-même en forme. Aussi surprenant que ce propos puisse paraître.
- Sandrine Corbiau
Vous parlez aussi d'un équilibre entre le yin, le repos et le yang.
- Marie-Pierre Dillenseger
Oui.
- Sandrine Corbiau
Comment ? Quel geste ?
- Marie-Pierre Dillenseger
Il y a des lieux qui sont plus yin, c'est-à-dire cloisonnés avec des murs épais, avec peut-être, imaginez le château fort, c'est yin étant la métaphore du solide, du lourd, du... de ce qui protège. Le château fort en est une bonne illustration, même si nous ne vivons pas dans des châteaux forts. Mais aussi les maisons anciennes qui ont des murs très épais, les ouvertures sont étroites. Et puis de l'autre côté, une énergie plus dynamique, dont l'exemple serait par exemple, je pense à des lieux professionnels ou des maisons très ouvertes, débitrées partout, peu de cloisonnement, très ouvertes. Ce qui invite, bien évidemment, plus la lumière à rentrer, mais aussi il y a plus d'espace pour bouger, on est plus en mode d'activité, c'est pour ça qu'il y a les bureaux aussi paysagers, plus vous décloisonnez, plus vous invitez le mouvement. Mais de vivre continuellement dans des lieux très Ying, n'est pas meilleure que de vivre continuellement dans des lieux très ouverts, très exposés, très dynamisants. Ce qui permet à la vie de se nicher, de se déployer, d'être nourrie et d'alimenter nos chemins de vie, c'est qu'il y ait un équilibre entre des pièces de la maison, si on parle de la maison, qui permettent le repos, le retrait, le repli, au service de la récupération des forces, et puis des pièces, des lieux, voire des éléments mobiliers qui eux sont plus du côté de ce qui motive notre action, notre capacité à agir. Or nous n'avons pas une lecture, quand on va choisir un appartement ou que des fois on est un petit peu stressé, pressé, c'est pas facile de trouver, il y a un certain nombre de critères à respecter qui ne... le budget de surface, d'emplacement, mais là ce que je propose c'est, il y a des petits exercices qui permettent d'évaluer le degré d'énergie yin ou d'énergie yang dans un lieu. La règle, elle est très simple. Dans des moments de vie où nous sommes en construction, en déploiement, en avancée, nous avons besoin de territoires qui sont eux-mêmes plutôt du côté dynamique. Dans des moments de repos, de retraite, de convalescence, nous avons besoin d'appui. Nous ne pouvons pas être en surexposition tout le temps.
- Sandrine Corbiau
D'appui donc du yin, alors, ou le repos. C'est intéressant ce que vous dites, vraiment.
- Marie-Pierre Dillenseger
Je m'explique assez simple avec des exercices qui permettent de faire cette évaluation dans les lieux que nous avons. Et en même temps, moi je considère que c'est important d'éviter une lecture qui serait trop dichotomique, alors que j'ai fait, là il y a le yin et le yang. Non, parce qu'en fait, c'est l'équilibre entre ces forces qui est porteuse de vie. qui induit de la vitalité. Donc, mettons que vous soyez justement dans une maison ouverte à quatre vents, qui est magnifique, qui vous donne une vue de tous les côtés sur le paysage, mais que le symptôme serait je n'arrive pas à m'y poser Bon, on ne va pas démolir la maison, construire des remparts autour, mais on va à ce moment-là identifier quand même quelle est la pièce qui est la plus importante, qui donne le plus d'appui, ou jouer avec les éléments mobiliers, introduire une tête de lit derrière le lit, par exemple, ou s'offrir enfin un fauteuil avec un haut dossier, plutôt que de rester à travailler sur le tabouret de cuisine, bon, ça suffit.
- Sandrine Corbiau
Dans lequel on s'assied.
- Marie-Pierre Dillenseger
Oui, C'est-à-dire que le lieu est fondamentalement au service de nos forces. Et Bon, ne nous faisons pas avoir par ce qui peut paraître un lieu absolument magnifique, mais qui va finalement consommer toutes nos réserves à la fois énergétiques et nos réserves financières, parce qu'il est en déperdition et nous deviendrions tout d'un coup le sauveur de l'endroit. Non. Ça dépend des phases de vie. Certains ont à vivre ce que c'est que de ne pas réussir à sauver l'autre ou le lieu.
- Sandrine Corbiau
Oui, peut-être en action.
- Marie-Pierre Dillenseger
Mais fondamentalement, ce qui doit être posé, c'est que le lieu, nous avons une responsabilité de lui donner les moyens de nous servir. Je pose que le lieu a des besoins.; des besoins en peinture, en canalisation, en ceci. Mais il est important que nous ne perdions pas notre visibilité, le sens de nos priorités. Et certains lieux peuvent nous dérailler de notre chemin.
- Sandrine Corbiau
J'ai bien aimé, à un moment donné, vous avez parlé des portes d'entrée. J'aime bien la porte d'entrée, c'est la transition du monde extérieur vers le monde intérieur et inversement. Que disent nos portes d'entrée ? Qu'est-ce qu'elles disent de nous ? Comment on peut leur redonner un peu d'éclat ? Voilà, ça m'a beaucoup parlé et j'ai moi-même pris soin de ma porte d'entrée et j'ai senti à l'intérieur de moi qu'il y avait quelque chose qui changeait, quelque chose qui s'installait, quelque chose qui se posait dans ma.posture aujourd'hui. C'est pour ça que j'ai envie que vous nous parliez de ces portes d'entrée.
- Marie-Pierre Dillenseger
Et c'est tout simple, en fait. Ça vous a pris combien de temps, finalement ?
- Sandrine Corbiau
Ça m'a pris 20 minutes, mais j'ai senti qu'il y avait une notion de territoire aussi avec ces portes.
- Marie-Pierre Dillenseger
La porte d'entrée est, on peut dire, sur le chemin d'accès à chez vous, à chez nous. La porte d'entrée est à la fois le dernier rempart, on pourrait dire, le dernier obstacle qui est posé entre le monde extérieur et notre monde intérieur, notre microcosme intérieur, c'est-à-dire notre appartement ou notre maison. Et donc en cela, on peut dire que la porte d'entrée a à la fois un rôle d'ambassadeur, Puisqu'elle accueille les visiteurs, mais aussi le vent, mais aussi les éléments, on pourrait dire, parce qu'on parle d'une maison qui serait isolée dans la campagne. Elle a ce rôle d'ambassadeur, d'accueil, et elle est aussi ce qui nous protège, nous sépare de ce monde extérieur et parfois de son agitation. Donc elle a une valeur à la fois bien réelle, matérielle de clôture-ouverture du territoire. On ne va pas déplacer un mur et on ne va pas faire rentrer les personnes qui viennent nous voir par la fenêtre. C'est la porte d'entrée qui joue ce rôle. Et elle a aussi un rôle très clair qui est de protéger, mais aussi de poser nos limites. Elle marque comme les murs, mais dans une fonction un petit peu différente puisqu'elle permet l'entrée et la sortie. Le retour aussi, elle permet de transitionner entre le monde extérieur et le monde intérieur. C'est aussi le premier message que nous donnons à ceux et celles qui viennent nous voir. Dans quel état elle apporte ? De quoi est-elle précédée ? Est-ce qu'on y laisse traîner des affaires ? Une poubelle à descendre à l'extérieur ? Est-ce qu'il y a un paillasson ? Est-ce que notre nom y est ? Il y a tout un message, presque même un discours, qui est donné souvent à notre insu, puisqu'on ne le regarde pas. Puisque ce qui compte, c'est notre intérieur. Donc la porte a une fonction aussi symbolique. Elle est comparée, en Feng Shui classique, à la bouche de la maison. Donc, on va en prendre soin, on va lui mettre un peu de rouge à lèvres s'il le faut, ou pas, nos auditeurs masculins vont lever les yeux au ciel. Mais l'idée, c'est d'en prendre soin parce qu'elle est un marqueur énergétique majeur sur le chemin de l'extérieur, du macrocosme extérieur, à notre intérieur. Je parle aussi de ce qui l'entoure. Quel chemin faisons-nous prendre à ceux et celles qui viennent nous voir ? Est-ce que c'est un chemin de rose, littéralement, on traverse un jardin, c'est sympathique ? Ou est-ce qu'au contraire, c'est un parcours du combattant, il y a un code ceci, il faut passer par cela, il faut prendre l'arrière de ceci, etc. Les chemins, cette espèce de cordon ombilical qui est chaque fois différent de l'extérieur. à l'intérieur, pour chacun de nous, fait partie de l'expérience que nous allons avoir tous les jours, pendant toutes les années, où nous vivons dans ce lieu-là. Donc ouvrons les yeux. De quoi s'agit-il ? Qu'est-ce que cela dit, un, de nous, mais aussi de notre capacité de tolérer du dégradé, parfois ?
- Sandrine Corbiau
Oui, oui. Et ce qui est magnifique, c'est que dans votre livre, vous proposez chaque fois pour chaque sujet des petites actions ou des façons de regarder. Et en changeant, ça n'a pas pris beaucoup de temps, en changeant quelque chose, parce que j'ai senti l'élan, je sens qu'à l'intérieur de moi, il y a quelque chose qui a changé. Et c'est là qu'on sent que nos habitats, nos lieux où nous vivons, peuvent être des alliés vers une transformation, ou pas. Mais en tout cas, nos aliés, ils sont avec nous.
- Marie-Pierre Dillenseger
Oui, et moi aussi, je pense que la pensée traditionnelle chinoise est d'une richesse infinie dans sa capacité d'accompagnement le quotidien. Et ce que je cherche à faire dans mes ouvrages, mais aussi dans les consultations, c'est de mettre au service de qui a un petit peu de temps, de qui veut bien l'entendre, des outils simples. Parce que cette pensée fabuleuse n'a d'intérêt que si elle est traduite dans des effets applicables au quotidien. Pour moi, c'est un bonheur d'y aller, parce que de comprendre, c'est une chose, d'entendre. On sait tous, par exemple, nous, occidentaux, que d'être au bon endroit au bon moment, c'est mieux. Mais qu'est-ce que nous avons, nous, pour être au bon endroit au bon moment, à part l'essai, "when we try and we fall" après, à part l'expérience, etc. On a un réservoir d'outils qui permettent de naviguer. J'aime bien, moi, les métaphores maritimes, de naviguer, de rester ancré dans des moments de turbulence. J'ai sorti l'an dernier deux petits bouquins parce que je voyais le moment des turbulences que nous vivons. Il y a s'ancrer pour se déployer et du repli à l'avancer. Là, on est sur des... techniques très simples qui nous sortent de la tentation du découragement parce que je propose et le lieu est un allié là aussi des outils, des pratiques extrêmement simples permettant de mettre finalement un pied entre deux dans la porte pour qu'elle ne se referme pas sur notre capacité de nous culpabiliser et puis une capacité d'agir.
- Sandrine Corbiau
Oui,
- Marie-Pierre Dillenseger
c'est-à-dire que là, c'est au service, je pense fondamentalement en fait, que nous sommes vraiment responsables de notre taux de vitalité. Cette idée que certains seraient nés avec beaucoup plus de vitalité que d'autres et puis que plus nous avançons en âge, plus nous devons nous décatir et moins ça va aller, etc. Elle n'est… je l'entends, mais nous avons une vraie capacité d'identifier, d'alimenter et de décupler nos forces vitales. Oui, mais ça ne se passera pas si nous restons effectivement assis dans le canapé à penser que le monde va venir nous servir, ou que le lieu va être un allié alors que nous ignorons les tâches d'humidité et puis le volet qui pend.
- Sandrine Corbiau
Exactement, Marie-Pierre. Mais pour terminer, comme on est ici, on enregistre cet épisode, on est à la veille de Noël, on est à la veille de la fin d'année. Est-ce qu'il y a des périodes ? Qu'est-ce qu'on fait à cette période ? Qu'est-ce qu'on a envie ? Par rapport à nos lieux, est-ce qu'il y a des conseils parce que c'est en général c'est une période où on est chez soi. Est-ce que vous avez des conseils pour cette période ?
- Marie-Pierre Dillenseger
vraiment, c'est des petites choses à faire. Déjà, nous sommes certainement dans la période de l'année où le lieu peut jouer cette fonction de… cocon, repli, refuge, compagnon. Et donc, parce que il y a trois fonctions. La fonction refuge, pour récupérer. La fonction ancrage, pour s'affirmer. Et puis la fonction tremplin, pour déployer. Donc on est dans la période de l'année où le lieu joue cette fonction de repli, de compagnon. Moi, ce que je pense qu'il est faire, c'est si vous pouviez, chacun, chacune, et j'ai moi-même quelque chose en tête pour moi, d'ici la fin de l'année, identifier au moins une chose dans nos lieux dont nous savons qu'elles n'ont plus rien à y faire, soit parce qu'elles appartiennent à une part de notre vie passée, soit parce que nous savons que... Ça n'a plus rien à y faire. Et du coup, on se donne les moyens de l'éliminer. Ensuite, on peut le donner, on peut le jeter, la personne saura faire. Et en même temps, alors que Noël, enfin que la fin de l'année arrive, l'autre chose, c'est d'identifier au moins une chose dont nous avons vraiment envie dans notre lieu, qui n'y est pas encore, Et donnons-nous les moyens, soit de l'introduire, soit de commencer à poser quelques gestes qui vont nous permettre de l'avoir au moins d'ici, avant la fin de la nouvelle année.
- Sandrine Corbiau
Quelle belle idée. Une belle mise en mouvement.
- Marie-Pierre Dillenseger
Donnez-vous la priorité quelque part.
- Sandrine Corbiau
Oui, c'est ça. Et l'autorisation aussi.
- Marie-Pierre Dillenseger
Oui, tout à fait.
- Sandrine Corbiau
Eh bien, tout grand merci Marie-Pierre. Je vous conseille vivement son livre "Bien chez soi" paru chez Robert Laffont, écrit par Marie-Pierre Dillenseger. Un tout grand merci Marie-Pierre, je suis ravie d'avoir pu discuter de tout ça avec vous, d'avoir lu votre livre, d'avoir acté des changements dans mon quotidien grâce à vous. Et je garde précieusement ce livre, je ne le range pas dans ma bibliothèque, j'ai envie de le laisser dans un coin de ma maison où je peux y revenir régulièrement. Voilà, me ré-imprégner de tous ces bons petits conseils qui sont assez simples et assez clairvoyants. Et rapides. Un grand merci à Marie-Pierre.
- Marie-Pierre Dillenseger
Merci, merci à vous tous. Et puis, bon vent !
- Sandrine Corbiau
Merci, merci de nous avoir écoutés. Je me réjouis de vous retrouver dans une prochaine émission. À bientôt. J'espère que ce podcast vous a aidé à se miner. Si vous avez aimé ce podcast, n'hésitez pas à le partager ou à le commenter. Et si vous voulez plus d'infos sur mes activités, n'hésitez pas à vous inscrire à ma newsletter. Je mettrai tous les liens sous ce post. Ce podcast fait aussi partie d'une émission diffusée sur Radio Alma tous les deuxièmes mardi et dernier mardi du mois. J'en profite pour remercier David Martinez pour la réalisation de ce podcast. Pour rappel, je suis Sandrine Corbiau, j'adore faciliter les prises de conscience et le changement, et je me réjouis de vous retrouver la prochaine fois. À bientôt !