- Nora
Bienvenue dans Jeudi tout aux usagers, le rendez-vous dédié à celles et ceux qui œuvrent chaque jour pour les usagers. Patients, résidents, accompagnants, aidants, ce podcast est pour vous. Plongez au cœur d'une maison des usagers où la santé se raconte et se partage autrement. Installez-vous confortablement et préparez-vous à découvrir des témoignages inspirants et des perspectives nouvelles. Jeudi tout aux usagers, le podcast où la parole des usagers prend toute sa valeur. Bonjour et bienvenue dans Jeudi tout aux usagers. Aujourd'hui nous abordons un sujet délicat mais essentiel, le deuil. Pour nous éclairer, nous avons le plaisir d'accueillir Chantal et Eliane, deux animatrices bénévoles de l'association Vivre son deuil.
- Philippe
Bonjour Chantal, bonjour Eliane. Merci d'être déjà avec nous. Pour commencer, pourriez-vous nous dire quelques mots, qui vous êtes et comment vous êtes arrivée pour vous engager auprès de Vivre son deuil ?
- Eliane
Alors, Eliane, j'ai 66 ans. Dans ma vie, j'ai été professeure des écoles, un métier passion comme on le dit. Et c'est en 2008 que notre vie a basculé avec le décès de notre aîné, Gabriel, à l'âge de 26 ans, des suites d'une leucémie. Ça a complètement bouleversé ma vie, enfin voilà, j'étais en plein désarroi. Et au bout d'un an, je n'allais toujours pas bien et j'ai contacté l'association Vivre son deuil où j'ai suivi un groupe de parole. qui m'a permis de partager et de me remettre sur les rails de la vie. J'ai rentré dans une association qui s'appelle Capucine et qui lutte contre la leucémie. J'avais vraiment envie de faire quelque chose contre cette maladie. J'ai fait beaucoup de promotions sur le don de moelle osseuse notamment. Puis voilà, quelques années après, j'ai arrêté. Quelques mois de pause, l'association me manquait. Et c'est tout naturellement que je suis revenue à Vivre son deuil, qui m'avait tant aidée suite au décès de notre fils. Je pense que j'avais besoin de rendre un petit peu ce que j'avais reçu. Donc à l'association, je fais de l'accompagnement individuel et je suis responsable notamment de l'accueil téléphonique.
- Chantal
Alors Chantal, j'ai 70 ans et donc... J'ai connu Vivre son deuil par l'intermédiaire d'une amie qui s'était engagée dans l'association un an auparavant. En fait, mon parcours privé fait que j'ai eu deux suicides dans ma famille, un frère et une sœur. Et cette amie m'a dit, écoute, de toute façon, ce serait assez logique que tu puisses participer à ces accompagnements, sachant que ces deuils remontaient à plus de 20 ans, donc je ne connaissais pas l'association Vivre son deuil à ce moment-là. Et donc, voilà. Donc je fais aussi, là aussi, des accompagnements individuels, des groupes de parole, et je suis responsable du recrutement des bénévoles.
- Philippe
Justement pour celles et ceux qui ne connaissent pas, qu'est-ce que l'association Vivre son deuil, et quelle est sa mission principale ?
- Eliane
Alors l'association Vivre son deuil est née en décembre 1999, à l'initiative de Michel Hanus et un groupe de soignants. Nous faisons partie de la fédération européenne Vivre son deuil. L'antenne Lille existe depuis 25 ans.
- Chantal
Nos missions, c'est accompagner, c'est former et sensibiliser. Donc accompagner les personnes endeuillées, que ce soit en entretenue individuelle ou en groupe parole. Former aussi les bénévoles, puisque nous avons un parcours de formation très strict au niveau des bénévoles. Nous sommes tous bénévoles, mais nous sommes en face de personnes fragiles. fragile donc on ne peut pas dire et faire n'importe quoi. Et puis il y a la partie sensibilisation pour essayer de rendre la mort moins taboue et que du coup ça rentre un peu plus dans le cycle de la vie et que ce soit plus normal, on va dire, et même quand il s'agit de deuil traumatique, comment on peut faire, comment on peut trouver des ressources.
- Eliane
Nous accompagnons les enfants à partir de 6 ans. Et ensuite, quel que soit l'âge, quelle que soit la distance avec le deuil, quelles que soient les circonstances du deuil, et quelle que soit la culture, la religion de la personne, on est inconfessionnel, bien sûr.
- Philippe
Concrètement, quels sont les types de soutien que vous amenez aux personnes endeuillées ? Vous nous avez déjà cité des entretiens individuels, des groupes de parole, ce que vous avez dit, est-ce que vous avez des activités spécifiques, quelque chose ? Qu'amenez-vous à quelqu'un qui vient vous voir, il vous explique ça, qu'est-ce que vous lui amenez et comment vous fonctionnez ?
- Chantal
Donc le premier contact se fait par téléphone et donc on voit avec la personne ce dont elle a envie, entre guillemets, quelquefois il y a des personnes qui disent tout de suite je voudrais un groupe de parole, mais on passe systématiquement par des entretiens individuels au démarrage pour justement vérifier qu'après elle puisse intégrer un groupe de parole et que ce soit bon pour elle, bon pour le groupe, enfin voilà. Donc par type de deuil pour les... Donc on a les deuils de conjoint, les deuils d'enfants, les deuils de parents. Et en revanche, pour les enfants, les groupes de parole sont par tranche d'âge. Donc on est sur du 6-13 ans et après les ados, à partir de 14 ans jusqu'à 18 ans de près. Ce qu'on propose aussi, ce sont des rencontres d'œil. Donc là, sans inscription préalable via notre plateforme téléphonique, les personnes voient sur notre site le calendrier des rencontres d'œil et peuvent, même sans inscription, venir à ces rencontres d'œil où l'objectif est de pouvoir partager de son expérience du dœil avec des personnes qu'on ne connaît pas. Donc il y a deux co-animatrices qui animent ces rencontres d'œil qui durent à peu près deux heures et demie. Et à la suite de quoi, bon, quelques fois, des personnes demandent un accompagnement, quelques fois, ce n'est pas nécessaire, ça suffit, et puis voilà.
- Philippe
En tant qu'animatrice bénévole, quel est votre rôle au sein de cette association et comment accompagnez-vous les personnes ?
- Eliane
Alors, ce qui est important lors d'un premier entretien, lorsqu'on reçoit une personne endeuillée, c'est déjà de l'accueillir de manière vraiment inconditionnelle, de l'écouter. Nous sommes formés à l'écoute active et bienveillante. C'est très important d'installer les règles de la communication, le respect, le non-jugement, la confidentialité, installer un climat de confiance pour que la personne puisse déposer sa souffrance, puisse se livrer en toute sérénité et confiance. Parce que plus elle va exprimer, ses émotions, ses difficultés. Et plus le deuil va se faire, en quelque sorte, plus elle sera sur le chemin d'une guérison, entre guillemets. Tout s'installe dans la relation de confiance.
- Philippe
Surtout la confiance. Vous l'avez dit deux, trois fois, c'est la confiance qu'il y a entre vous et les personnes qui veulent vous voir dans une situation difficile.
- Eliane
Oui, parce qu'on fait des entretiens au rythme de une fois par mois à peu près, le temps nécessaire. C'est pas nous qui décidons, c'est aussi avec la personne qui vient que l'on décide, ça va un peu mieux, on va espacer les rendez-vous, et puis un jour on se dit au revoir. L'accompagnement, il a un début et il a une fin. Mais c'est vraiment, il n'y a pas de règle. Ça peut être trois mois, six mois, un an.
- Philippe
C'est la personne qui vient, qui décide, qui est actuelle. avec vous, celle qui décide quand elle se dit, ou vous la conseillez, ou vous la laissez venir en disant, maintenant c'est bon. Comment vous faites ?
- Chantal
En fait, effectivement, on peut l'amener à certains moments à dire, écoutez, moi ça m'est arrivé il n'y a pas très longtemps, j'ai terminé un accompagnement il n'y a pas très longtemps, ça faisait deux séances, donc c'est tous les mois, deux séances que l'on parlait d'autre chose que du deuil. La personne avait bien avancé sur son deuil, elle avait récupéré, des ressources familiales parce qu'elle avait coupé avec sa famille, ça c'était rétabli etc. Et donc je lui ai dit qu'est ce que vous en pensez ? Là maintenant ça fait deux fois qu'on parle d'autre chose, est-ce qu'il serait pas temps d'arrêter ? Surtout qu'on a d'autres endeuillés qui nous attendent aussi. Et donc là voilà en fait en expliquant comme ça pas brutalement et puis en regardant aussi les derniers entretiens, ce qui s'est passé aux derniers entretiens. On arrive d'un commun accord à une fin d'accompagnement.
- Philippe
Merci.
- Nora
Alors le deuil c'est je suppose un processus unique pour chacun, mais est-ce qu'il y a des étapes, des manifestations communes que vous observez chez les personnes accompagnées ?
- Eliane
Oui, le processus de deuil il est commun à tous les deuils, même si chaque deuil est unique en soi. Donc déjà, on apprend l'annonce, c'est le choc, l'assidération, c'est pas possible, c'est pas vrai. La personne peut se fudger ou au contraire être hyperactive, agir comme un robot. On se demande comment elle est capable d'annoncer à tout le monde, de préparer les funérailles, mais ça se passe. Donc c'est cette phase un petit peu de choc et de sidération. Puis vient la phase de désorganisation qui a des conséquences à tous les niveaux, donc au niveau physique. Ça peut s'accompagner évidemment de douleurs, de perte de sommeil, de l'appétit, de perte de la concentration. Au niveau physique, ça a des répercussions. Au niveau émotionnel, bien sûr, avec l'expression de toutes les émotions, et on sait combien c'est important, et c'est pour ça que nous, l'association, on vise à faire exprimer les émotions, la tristesse, la peur, la culpabilité. Le soulagement, parfois la honte, la colère, la colère qui est présente dans le deuil. On n'ose pas être en colère contre le conjoint qui est parti et pourtant tu m'as abandonné. Et faire exprimer cette colère, ça a du goût, parce qu'effectivement il peut y avoir de la colère contre la personne qui s'est suicidée. Donc toutes les émotions, c'est important de ne pas les garder en soi. Des répercussions au niveau social, relationnel. Oui, les gens changent. Quelquefois, on pourrait compter sur un ami et puis, il n'a pas fait signe, il n'a pas mieux retenu rail. Et puis d'autres, un étranger, quelqu'un d'inconnu, il va vous parler et puis il y a quelque chose qui va s'installer. Les relations changent. Et ça, les personnes endeuillées nous le disent très souvent. Alors, cette phase s'accompagne aussi d'une phase dépressive, qui n'est pas la dépression, mais dans la plupart des deuils, il y a cette phase dépressive qui est longue, qui fait mal, et voilà quoi, mais elle annonce en soi une phase aussi de reconstruction. Un deuil peut aussi provoquer des soucis matériels, financiers, parce que tout le monde... S'il s'agissait d'un conjoint, il s'occupait des papiers, il s'occupait de la maison, et puis on se retrouve seul à faire tout ça, à assumer, et donc c'est difficile. Donc passer cette phase petit à petit, ça se parle sur des semaines, des mois, ça c'est chacun son rythme, il y a une phase de réorganisation. Là, la personne nous dit, mobilisez ces ressources. Elle va être capable à nouveau de se tourner vers l'extérieur, d'un repli sur soi, petit à petit, elle va se ouvrir et nouer peut-être de nouvelles relations. On dit souvent qu'il y a un avant et un après. Et s'autoriser à sortir, à passer des petits bons moments, à sourire, parce qu'au début on s'interdit. Je n'ai pas le droit de rire, je n'ai pas le droit, ah non, je suis en deuil, mais non, voilà, c'est important, petit à petit. de s'ouvrir et de faire de nouveaux projets. Alors il y a des rechutes qui sont possibles pendant cette phase, mais elles sont moins douloureuses et elles durent moins longtemps, parce qu'évidemment ce n'est pas linéaire le processus de deuil, il y a aussi des hauts et des bas. Là je vous passe deux phases, c'est aussi selon chaque personne, et c'est surtout chacun son rythme. Pour certains c'est la plus vite et pour d'autres non. Puis on intègre petit à petit la séparation. le décès, vers, je ne sais pas si on peut dire le mot acceptation parce qu'il est un peu fort, mais intégrer l'absence, pour mettre la personne proche qui est partie à sa juste place. On n'est plus envahi par son deuil, mais on lui fait une juste place et on ne se rouvre pas d'autre chose. On passe d'une relation, d'une absence physique à une présence. intérieur, intime, durable, une relation transformée en soi. C'est tout le travail de deuil. Et l'accompagnement vise ça.
- Nora
Et dans l'accompagnement, justement, vous nous avez parlé de l'importance de l'écoute active. Pourquoi est-ce si important dans l'accompagnement du deuil ? Est-ce que justement c'est plus facile de parler finalement à quelqu'un qu'on ne connaît pas ? Parce qu'on peut très bien avoir une personne qui est très entourée. Et pourquoi c'est important pour autant d'être reçu par vous ?
- Eliane
Tout à fait. Parce que l'écoute, c'est primordial, parce que beaucoup de personnes nous disent aussi, vous savez, chez moi, je suis isolée, je ne trouve personne à qui parler de mon deuil. Et puis dans la famille, auprès des amis, ils n'osent pas, parce que ça va les gêner. Et puis même les amis, quelquefois, ils n'ont pas trop envie non plus. Et puis on peut peut-être se protéger aussi en famille. Donc il y a un besoin de déposer à une personne neutre, en fait, qui ne va pas vous juger. qui va être simplement là pour écouter. En fait, on dit souvent l'importance d'être là.
- Nora
Une présence.
- Eliane
C'est primordial. L'entourage, une présence.
- Nora
Et alors, justement, Chantal, vous aviez parlé tout à l'heure de tabou. On voit bien dans ce que vous avez pu exprimer. Est-ce qu'il y a aujourd'hui toujours des idées reçues à déconstruire justement sur la notion de décès, de deuil ?
- Chantal
Oui. Déjà le fait qu'il y a une durée limite. Je veux dire, voilà, quelquefois la famille au bout d'un an dit bon maintenant c'est bon, on va passer à autre chose. Donc il y a une durée, voilà. Donc souvent c'est, dans l'esprit, c'est un an à peu près, grosso modo. Or non, chacun a son rythme, ça peut être des semaines, ça peut être des mois, ça peut être des années. Donc là, il n'y a pas de durée fixe. On ne fait pas son deuil non plus, parce que le terme faire... Faire son deuil, ça va pas, on vit avec. Et d'ailleurs, vivre son deuil, c'est pour... Le sous-titre de vivre son deuil, c'est pour choisir la vie. Donc voilà, on va apprendre à vivre avec ça. On compare souvent à une cicatrice. Au début, la cicatrice est hyper douloureuse. Elle fait très mal, c'est... Voilà. Et au fur et à mesure du temps, elle va s'apaiser. Elle va jamais disparaître. C'est pour ça, tout à l'heure, on disait, il y a des moments où il y a des... des rechutes entre guillemets à la faveur d'une musique de quoi que ce soit mais on va apprendre à vivre avec ces cicatrices et avancer dans la vie de façon différente. Il y a aussi une autre idée reçue, c'est surtout qu'il ne faut plus parler de la personne décédée. On n'en parle plus, comme ça on cache et c'est tout. Et non, justement, il est important de lui garder sa place, notamment au moment des fêtes, des moments d'anniversaire ou des choses comme ça. À Noël, on propose de faire, notamment avec les groupes de paroles d'enfants, de faire un petit... une bougie, en tout cas avec une assiette, etc. pour représenter la personne décédée et qu'elle soit toujours présente. Puisque c'est comme ça aussi que ça va avancer dans le deuil, le fait d'intégrer ça. Qu'est-ce qu'on a d'autre ? Oui, et puis la hiérarchie dans les deuils. Alors là aussi, c'est plus logique une personne âgée, donc c'est moins douloureux. Un enfant, un jeune, c'est juste l'horreur. On est tout à fait d'accord. qu'on n'est pas du tout dans le rythme normal des choses. Mais ce qu'on dit toujours, c'est que ce qui va caractériser la force d'un deuil, c'est le lien que l'on avait avec la personne. Et quelquefois, on peut avoir un lien avec un jeune qui était peut-être un peu moins fort qu'avec une personne âgée. Et donc, il n'y a pas de hiérarchie. Et c'est pour ça, quelquefois, on a du mal à comprendre le deuil d'un animal pour une personne âgée, parce que le lien était tellement fort. Donc voilà. Donc pas de hiérarchie, en tout cas c'est notre façon de voir les choses. L'échec est lié à l'attachement,
- Eliane
au degré d'attachement aussi avec la personne.
- Philippe
Je pense que vous avez ouvert l'esprit, en tout cas pour moi, comme je pense pour les auditeurs, cette comparaison avec la cicatrice. Je pense qu'expliquer comme ça, vous ouvrez des horizons, d'autres horizons, et je pense à une ouverture effectivement à une cicatrice, et bien oui, je pense que l'exemple, c'est un très bel exemple que vous avez donné. Et justement, sans trahir des confidences, avez-vous des exemples où vous avez eu un impact positif sur de l'accompagnement de Vivre son deuil sur une personne ou un groupe ? Est-ce que vous avez des choses qui sont sorties et vous vous êtes dit, j'ai réussi, vous réussissez souvent, mais là, quelque chose de fort. Est-ce que vous avez des exemples ?
- Eliane
Alors, au niveau des groupes de parole, c'est sur plusieurs séances, sur huit séances. Donc, c'est un même groupe de personnes qui va se retrouver tous les mois. pendant trois heures et donc ça nous des liens, ça nous quelque chose aussi et donc quelquefois à la fin, on est déjà arrivé à la dernière séance, il y a quelque chose qui s'est créé et qui redonne une impulsion pour repartir dans la vie et souvent il n'est pas rare qu'il s'échange les numéros de téléphone ou tout ça donc c'est important.
- Chantal
On a aussi quelque chose qui est très fort, je coanime des groupes d'enfants. Merci. Et c'est impressionnant la dynamique de groupe qui se crée entre les enfants parce qu'ils se retrouvent entre pères. C'est-à-dire, voilà, enfin j'ai d'autres enfants en face de moi qui vivent la même chose parce qu'ils ont tous perdu un papa ou une maman. Et donc ça crée une dynamique de groupe qui est assez étonnante à chaque fois parce qu'en plus il y a une spontanéité qui est là et qui est forte. Et d'ailleurs à la fin de l'accompagnement des groupes d'enfants, leur pouvoir. pose la question, si vous rencontrez un enfant qui est endeuillé, qui est dans la même situation que vous, qu'est-ce que vous lui diriez ? Et donc, c'est quasi général, venir à vivre son deuil. Parce qu'il y a un vrai avant et un vrai après. Franchement, on les voit s'épanouir au fur et à mesure des séances. Et c'est vraiment... L'impact de position. C'est vraiment important.
- Eliane
Un des impacts positifs aussi, c'est quand on nous appelle à l'accueil téléphonique, on nous dit, je vous appelle parce que j'ai une amie qui a été accompagnée par votre association, et je suis en deuil, et elle m'a conseillé de vous appeler. Et en fait, il y a beaucoup le bouche à oreille aussi, et quelquefois, ça arrive de temps en temps qu'à l'issue d'un groupe de parole, alors peut-être pas tout de suite, mais quelques mois après, un an, cinq ans après, la personne revient à vivre son deuil.
- Chantal
On tente de devenir bénévole.
- Philippe
Tout à l'heure, vous parliez de ce qui faisait partie du recrutement des bénévoles, etc. Alors, est-ce que l'association s'adapte ? Est-ce qu'il y a des personnes qui sont plus... Voir des gens, malheureusement, qui se sont rencontrés sans deuil, de suicide, des enfants, etc. Est-ce qu'il y a une adaptation par rapport à tel ou tel deuil ? Est-ce qu'il y a des personnes... Je n'aime pas ce terme. Plus à l'écoute, plus spécialisé, je n'aime pas ce terme. Mais par rapport au deuil ?
- Chantal
Déjà... tous les bénévoles passent par des formations spécifiques. Alors il y a des formations, toute une période de formation initiale et des formations spécifiques. Par exemple, on ne va pas recevoir une personne endeuillée par suicide si on n'a pas suivi la formation d'œil traumatique. Mais il est vrai que spontanément, moi qui ai vécu des suicides, je sais que si dans l'entretien, je ne vais pas en parler tout de suite, je ne vais pas dire tout de suite, mais si dans l'entretien Je sens que ça peut être, quand la personne dit, de toute façon personne ne me comprend, je peux lui dire, écoutez, je peux comprendre un peu parce que j'ai vécu aussi cette situation. Donc il y a quelque part aussi cette adaptation des bénévoles. Il y a des bénévoles qui vont plus facilement vers les enfants ou les adultes. Donc c'est une osmose qui se fait au fur et à mesure, puisque quand un endeuillé nous demande de le recontacter, on a un petit peu le petit résumé de sa demande. Donc, chaque bénévole peut voir concrètement le type de demande et dire, ça, en dehors de, bien sûr, la zone géographique, parce qu'effectivement, il y a aussi quand même ce sujet-là, mais en dehors de ça, il y a aussi cette possibilité-là. Mais il y a surtout aussi les formations qui sont vraiment... Les formations...
- Philippe
Top. Et justement, vous parlez de deux choses. Alors, les questions sur les deux choses. Pour ceux qui nous écoutent, qui se sentent concernés, comment peuvent-ils contacter Vivre son deuil ? Et deuxième question, je pense que dans toute association, on a besoin de bénévoles. Aujourd'hui, je voudrais devenir bénévole dans votre association. Comment cela fonctionne-t-il ?
- Eliane
Pour contacter Vivre son deuil, nous avons deux accueils téléphoniques, le mardi de 18h à 20h30 et le jeudi de 14h30 à 17h. Donc la personne fait le numéro de Vivre son deuil.
- Philippe
Quel est le numéro justement ?
- Eliane
Alors, c'est le 03 20 88 73 46. Et les personnes qui sont à l'accueil téléphonique ne sont pas toujours les mêmes. D'ailleurs, tous les nouveaux bénévoles passent par de l'accueil téléphonique. On a une formation à l'accueil téléphonique. Parce que c'est tellement coûteux pour la personne déjà de décrocher son téléphone pour demander un soutien. Qu'il faut en face une bénévole qui accueille cette souffrance. peut aussi déjà craquer au téléphone. Donc il y a une formation aussi à l'accueil téléphonique qui est importante. Et puis selon la personne, quelquefois c'est déjà un petit mini-entretien. Et la personne se sent écoutée, c'est très important. Donc on recueille sa demande et puis voilà, on lui demande quelques renseignements sur pratique au niveau de sa localisation pour essayer d'être au plus près pour la recevoir. Et puis c'est un bénévole qui choisit d'accompagner cette personne qui va la recontacter. boire avec elle, ses disponibilités, quand est-ce que c'est mieux pour elle d'être accompagnée, toujours dans la confiance, dans l'accueil.
- Philippe
Et si je veux devenir bénévole ?
- Chantal
Alors si vous voulez devenir bénévole, vous pouvez aussi téléphoner, vous pouvez aussi nous envoyer un mail, puisque sur notre site internet, vous avez la possibilité de déposer aussi une demande. Et donc à ce moment-là, moi je vous recontacte, je vous envoie un petit questionnaire pour mieux faire connaissance. de votre passé, de ce que vous avez fait jusqu'à maintenant. Et puis il y a un premier entretien téléphonique qui dure à peu près une heure pour vérifier la disponibilité, voir aussi si c'est vraiment en adéquation avec le souhait du futur bénévole et les besoins de l'association. Et puis après il y a un deuxième entretien, là, présentiel, par un binôme de bénévoles. Puis il y a toute la partie... Donc si c'est ok, il y a toute la partie formation initiale, on a 12 jours de formation initiale obligatoire, et puis la formation à la cahier téléphonique, etc. Et un engagement aussi du bénévole, du nouveau bénévole, à accueillir, accompagner 3 personnes au minimum en continu, puisque nos bénévoles bénéficient au niveau des formations de tarifs vraiment très très préférentiels. Et donc voilà, c'est un jeu de je donne, je reçois. Et voilà, donc il y a cet engagement.
- Philippe
Merci.
- Nora
Alors pour Chantal et Liane, est-ce que vous avez un message à laisser à nos auditeurs concernant le deuil, l'accompagnement, un message positif peut-être pour les personnes qui nous écouteraient et qu'elles ne restent pas isolées ?
- Eliane
Alors, lorsqu'un proche décède, c'est important d'en parler, qu'il n'hésite pas à nous contacter parce que c'est important de prendre soin de soi. Être accompagné, ça permet de se confier, de déposer, d'alléger sa souffrance. de cheminer et petit à petit, c'est la personne qui va mobiliser ses ressources pour reprendre pied dans la vie et sans jamais oublier bien sûr d'être aimé parce que ça, les gens ont peur d'oublier, vous n'oublierez jamais d'être aimé mais vous aurez une relation transformée et apaisée, durable.
- Chantal
Et je pense que moi mon message ce serait d'abord, surtout ne pas hésiter à nous téléphoner même si vous n'allez pas bien, même si vous avez l'impression que... que rien ne pourra changer, essayez au moins de passer un petit coup de fil à vivre son deuil. Et puis n'oubliez pas les enfants, parce qu'un deuil non traité dans l'enfance, c'est un adulte qui va avoir des problèmes. Quand on est en deuil soi-même et qu'on a des enfants ou des petits-enfants, ne pas oublier aussi d'en parler à l'association et de pouvoir aussi leur permettre d'être accompagnés pour avancer dans la vie plus sereinement.
- Nora
Merci pour ces messages positifs. Chantal et Diane, un immense merci pour votre temps et le travail essentiel que vous faites. On retiendra l'importance de l'écoute, du soutien, de l'accompagnement, de ne pas laisser les personnes isolées. On n'oubliera pas d'indiquer toutes les coordonnées de l'association Vivre son deuil. De préciser également les lieux, puisque vous l'avez indiqué, il y a des zones géographiques. Donc nous manquons pas de les indiquer et d'indiquer également les coordonnées de la maison des usagers du centre hospitalier de Béthune-Beuvry. Merci bien. Merci à vous. Et voilà, notre exploration touche à sa fin. Nous espérons que cet épisode vous a inspiré et donné envie d'en apprendre davantage sur l'engagement au service des usagers. Au-delà de la maladie, il est possible de devenir un acteur clé du changement et de la solidarité. Retrouvez le calendrier des permanences et des événements de la Maison des Usagers du Centre hospitalier de Béthune-Beuverie sur la page internet. ou les réseaux sociaux de l'établissement Facebook et LinkedIn. Merci d'avoir été à l'écoute de Jeudi Tour Usagers. N'hésitez pas à partager cet épisode autour de vous et à nous laisser vos impressions. Et surtout, restez connectés pour de nouveaux témoignages et récits inspirants. A bientôt !