Speaker #0L'entretien d'embauche ment, et vous aussi. L'entretien d'embauche, ce rituel vieux de 100 ans, continue de tromper tout le monde, même de bonne foi. On va se dire la vérité, l'entretien d'embauche vous ment. Et le plus ironique dans l'histoire, c'est que vous mentez aussi. Pas forcément volontairement, pas forcément par stratégie, mais parce que tout le cadre de l'entretien pousse à ne pas être complètement authentique. Le recruteur joue un rôle, le candidat joue un rôle aussi, chacun donc a une version optimisée, polie, hiérarchisée de lui-même. Et ensuite, tout le monde s'étonne que la réalité du poste, la réalité de la collaboration, ne corresponde pas à ce qu'on avait perçu. Aujourd'hui, je vous propose de décortiquer tout ça, pourquoi on ment, comment on ment, et surtout, comment s'en sortir. L'entretien d'embauche dans son format classique est un théâtre. Pas par malveillance, mais par construction. Le candidat veut plaire, l'entreprise de son côté veut séduire, le recruteur veut contrôler l'image de la marque et le manager veut rassurer son futur collaborateur. Résultat, on ne parle finalement pas vraiment du métier, on parle plutôt de la version idéalisée du métier. On ne parle pas vraiment de la personne, on va plutôt parler de la version marketée. Et cette symétrie de façade va créer un décalage colossal. Entre ce qu'on dit et ce qu'on va vivre une fois dans le poste. Voyons d'abord comment les candidats mentent. Pas pour tricher, mais pour survivre. Ils amplifient leurs compétences. Oui, oui, je maîtrise Excel, jusqu'à ce qu'on leur demande un croisé dynamique. Ils embellissent leur motivation. Votre entreprise correspond parfaitement à mes valeurs. Alors qu'en réalité, souvent, on ne trouve pas mieux à proximité ou on veut juste évoluer dans sa carrière. On minimise les limites. Je gère très bien la pression. En réalité, personne ne gère bien la pression, ça mérite souvent une vraie conversation sur le sujet. Et puis on va jouer la partition du candidat parfait. Souriant, disponible, poli, positif, même si au final on peut très bien vivre un cauchemar dans son travail actuel. Bref, les candidats ont tendance à montrer ce qu'ils pensent que l'entreprise veut voir d'eux. Côté entreprise, comment elle mente ? Là aussi, pas pour tromper, mais pour se rassurer et attirer. Elle survend de la culture. On est une entreprise familiale, mais avec 1200 employés et 8 niveaux hiérarchiques, ça commence à être compliqué. Elle minimise les problèmes, on traverse une petite phase de transition. Bon, traduction, c'est souvent la moitié de l'équipe est partie en 6 mois. Elle parle du poste, version PowerPoint, un rôle polyvalent, très autonome. Ce qu'il faut comprendre derrière, c'est tu feras le boulot de deux personnes. Elle peigne un avenir radieux, on va mettre en place beaucoup de projets RH, alors que personne n'a finalement vraiment le temps et ça fait 3 ans qu'on le dit. Résultat, déception mutuelle à l'arrivée. Bon, vous l'aurez compris, je grossis volontairement le trait et j'exagère un petit peu. Le problème, c'est que personne ne parle finalement de la réalité. On parle de compétences, on parle de missions, on parle de parcours. Mais le message que je veux faire passer, c'est qu'on parle finalement assez peu de comment on travaille vraiment. Comment on communique vraiment. Comment les décisions se prennent vraiment. Ce qui énerve vraiment le manager. Ce que n'importe quel membre de l'équipe dirait finalement hors micro. Parce que ces sujets-là, ils sont sensibles, ils sont nuancés et ils sont parfois inconfortables. Et pourtant, c'est exactement ceux qui déterminent si une collaboration va fonctionner. Une fois que tout cela est dit, comment s'en sortir ? La solution, ce n'est pas d'obliger les gens à dire la vérité. C'est de changer de cadre pour voir et pour sentir. qu'on n'ait plus besoin de mentir. Voici comment d'abord il faudrait remplacer les questions théâtrales par des questions vraies. Le fameux c'est quoi vos qualités et défauts c'est fini, personne ne répond honnêtement. Mais plutôt dans quel type de situation vous perdez votre énergie, dans lesquelles au contraire vous allez en gagner. Il faut mettre de la transparence radicale, ne pas survendre le poste, ne pas masquer les tensions internes. Peut-être expliquer les difficultés réelles du poste et en parler. Le candidat sérieux respecte ça. et les autres vont de toute façon s'éliminer d'eux-mêmes. Il faut montrer le travail réel. 5 minutes dans l'équipe valent bien 50 minutes d'entretien. Parler de soi, pas de son rôle. Un manager qui dit je suis exigeant, je réponds vite, je déteste quand les infos ne circulent pas est 10 fois plus utile qu'un manager finalement qui récite la fiche de poste en entretien. Donc il faut accepter que l'entretien n'est qu'un outil, un test concret, un cas réel, une mise en situation simple, une discussion avec un père. Ça n'est pas un jeu de p... questions-réponses brutes, ça en dit plus que n'importe quelle question préparée. En conclusion, donc, l'entretien d'embauche peut mentir. Vous mentez certainement en entretien. L'entreprise peut mentir aussi, pas par malveillance, mais par habitude. Mais le futur du recrutement appartient à ceux qui réduisent l'écart entre ce qu'ils disent et ce qu'ils sont vraiment. La transparence n'est plus un risque, c'est un avantage concurrentiel pour attirer les candidats. Un collaborateur ne cherche pas une version parfaite de l'entreprise, il cherche une relation vraie. Et c'est exactement ce que permet un entretien qui arrête de jouer au théâtre et qui commence à parler humain. Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager ou à mettre 5 étoiles sur les plateformes d'écoute. Et en attendant, retrouvez tous les numéros de Joborama. C'était JoboChrono, votre shot d'info emploi en 5 minutes chrono.