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Journal d'une parabadiste

#11 De retour des Jeux Paralympiques : bilan de ma compétition

#11 De retour des Jeux Paralympiques : bilan de ma compétition

19min |02/10/2024
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Journal d'une parabadiste

#11 De retour des Jeux Paralympiques : bilan de ma compétition

#11 De retour des Jeux Paralympiques : bilan de ma compétition

19min |02/10/2024
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Description

Le 29 août 2024, j'ai réalisé mon rêve de gosse : participer aux jeux paralympiques.


Dans l'épisode du jour, je reviens sur cette compétition unique et hors du commun. De la gestion de l'approche de ce grand rendez-vous au bilan de mes matchs, j'aborde dans cette 1ère partie la manière dont j'ai vécu cette quinzaine et les émotions qui m'ont traversée à chaque instant !


Vous avez tous vécu ces jeux olympiques et paralympiques en tant que spectateur, mais comment les vit-on de l'intérieur lorsque l'on est joueuse de badminton comme moi ?


C'est ce que je vous fais vivre aujourd'hui !


Dans le prochaine épisode, j'aborderai le fameux village des athlètes, ce qu'on y trouve, ce qu'on y fait, comment on s'y déplace... si vous avez des questions à ce sujet : c'est le moment ! Posez-les moi sur instagram ou sur Spotify afin que je puisse y répondre dans la 2e partie de ce retour des jeux paralympiques !


***

🎙️ Pour suivre le podcast sur Instagram, et découvrir du contenu vidéo exclusif, interagir avec moi et poser vos questions qui pourront être abordées dans les futurs épisodes : https://www.instagram.com/paralympienne.podcast/


🏸 Pour me suivre dans mon quotidien de sportive de haut niveau, sur mes tournois internationaux et à l'entraînement : https://www.instagram.com/milena_surreau/



Pour les puristes : https://www.facebook.com/MilenaSurreau


📥 Pour ne rien rater, c'est sur ma Newsletter que ça se passe : http://eepurl.com/ib1cZ5


Avis aux professionnel, LinkedIn est encore le réseau ou je suis la plus active ! https://www.linkedin.com/in/milena-surreau/


Milena SURREAU


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Vous vous êtes déjà enflammé devant une finale du 100 mètres et les podiums des Jeux vous procurent des frissons. Le sport vous galvanise et les sportifs vous font rêver. Mais derrière les médailles, le chemin vers le jour de gloire est un long parcours semé d'embûches et de challenges. Alors quant à cela s'ajoute le handicap, la route peut s'annoncer encore plus sinueuse. Je m'appelle Milena Suro, je suis sportive de haut niveau en para-badminton. Le but de ce podcast est de vous parler de la vie d'une sportive en quête des Jeux, entre exigence du haut niveau et galère du handicap. afin de mieux comprendre le quotidien de ces sportifs à part et de cerner les enjeux de l'accessibilité. Alors si vous aimez le sport, le développement personnel ou que vous êtes touché de près ou de loin par le handicap, ce podcast est fait pour vous. Bon, et bien voilà, je suis une paralympienne. Après une petite pause sur le podcast, c'est naturellement par un épisode débrief de mes Jeux paralympiques que je fais mon retour ici. Pour ceux qui ne me connaissent pas encore, je m'appelle Milena Suro, je fais du para-badminton et sur mon podcast, je parle du sport de haut niveau, de sa face cachée, de notre quotidien. Je réponds à toutes les questions que vous vous êtes toujours posées sur ce métier qui fait rêver beaucoup de monde. Et j'aborde aussi le sujet du handicap dans la société, dans la vie quotidienne, parce que j'ai un handicap moteur dû à une maladie neurologique et je suis aussi autiste. Voilà pour la présentation rapide. J'ai déjà abordé tout ça en détail dans les premiers épisodes du podcast. Donc je vous invite à aller les écouter pour mieux me connaître et me poser vos questions s'il y a certains sujets qui vous interrogent mais que je n'ai pas encore abordé. Place à l'épisode du jour sur les Jeux Paralympiques de Paris 2024. On a vraiment vécu un truc de dingue. Après les Jeux Olympiques, on s'attendait vraiment... à vivre une expérience hors du commun, mais avec quand même toujours cette petite incertitude en tant que para, est-ce que le public va suivre ? Est-ce qu'on va vivre un truc aussi énorme que les JO ? Ou est-ce que ce sera bien mais pas incroyable parce que c'est la rentrée, le sport paralympique attire moins et il est parfois un peu complexe à comprendre avec toutes les classifications, etc. Donc... On était vraiment excités, on avait super hâte, mais avec toujours ce petit doute qui plane quand même sur qu'est-ce qu'on va vivre réellement. Pour ma part, les deux semaines entre la fin des JO et le départ pour les JP ont été vraiment très longues. Ça n'a pas été super simple à vivre parce que les Jeux Olympiques m'ont vraiment tellement boostée. Voir tous ces stades pleins, les médailles, les... podiums, la ferveur populaire et médiatique. J'avais tellement hâte d'y être. Sauf qu'à la fin des JO, il y avait encore deux semaines à attendre avant nos Jeux. Et deux semaines, c'est assez long, surtout dans le contexte dans lequel on est, c'est-à-dire qu'on a vécu un an de qualification, en 2023-2024. Après, on part direct sur cinq mois de préparation. Et tout ça, c'est très long. C'est des entraînements tous les jours, des prépas physiques, des prépas mentales, des sollicitations au niveau des médias, les gens dans la vie de tous les jours qui te parlent des jeux, qui t'encouragent, qui te demandent quand est-ce que sont exactement tes matchs, et comment pour aller regarder, etc. Et c'est vrai que ça demande beaucoup d'énergie pour répondre présent à tout ça. Et en plus de ça, c'est vrai que plus on se rapproche de la date fatidique, plus il y avait pour moi cette peur de me... blesser, parce que là si tu te blesses à ce moment-là, c'est foutu t'auras pas le temps de récupérer et de pouvoir participer au jeu donc il y a eu un peu ce stress au fur et à mesure que ça approchait de si je me blesse, c'est vraiment le pire truc qui peut m'arriver. Donc à la fin quand il ne reste que deux semaines c'est deux semaines qui paraissent vraiment interminables moi j'étais vraiment à bout de souffle, je commençais à être assez fatiguée... D'autant plus que j'étais au centre de rééducation jusqu'au 13 août. Donc quand les JO se sont terminées, ma rééducation s'est terminée quasi en même temps. Et derrière, il y a eu deux semaines assez vides d'un coup, avec cette hâte d'être au 28 août pour le début des Jeux paralympiques. Donc ça a été une période assez compliquée. Et enfin, le 24 août, départ pour le village paralympique, après tant d'attentes tillées. T'es sur le point de réaliser ton rêve de gosse. Donc on commence par faire son accréditation. C'est d'ailleurs là que je me suis rendue compte que j'avais perdu mon passeport et mes ordonnances de médicaments dans le van qui m'a emmenée au village. Donc je ne garde pas un souvenir incroyable de mon arrivée parce que ça a été un stress énorme avec cette histoire de passeport. Mais ensuite, on se dirige vers le bâtiment de l'équipe de France où on va rejoindre l'appartement dans lequel je serai pour ces 10 jours de compétition. Il y avait vraiment plein de bénévoles qui étaient là pour nous aider à... apporter nos bagages, nous montrer le chemin. Donc vraiment, du début à la fin, grand merci aux bénévoles de Paris 2024. La première journée, elle a été assez dense et fatigante parce qu'après mon arrivée le matin, j'avais directement un créneau à la salle de compétition pour la découvrir, installer les affaires de gêne, mon chien d'assistance. Et ensuite, le soir, on avait la conférence de presse puisque chaque équipe de France devait faire une conférence de presse au Club France avant le début de leur compétition. Cette conférence de presse, elle a été assez chouette à mes yeux, parce que notre fédération a fait le choix qu'on y participe tous, contrairement à d'autres collectifs qui n'ont eu que deux ou trois athlètes choisis pour les représenter. Donc, on a tous pu être présentés à la presse et répondre aux questions des journalistes. Dans les jours qui ont suivi, l'objectif, c'était vraiment de prendre mes marques au village, de trouver un rythme et des routines efficaces dans la gestion de mon chien et de ses besoins, mes besoins à moi, et une mécanique qui roule avec ma cousine, qui était mon aide de vie sur cette compétition. Donc Manon avait une accréditation au village du matin jusqu'au soir, elle pouvait m'y accompagner partout toute la journée, mais elle dormait dans un hôtel à l'extérieur. Ça a vraiment été un appui primordial sur la compétition, d'autant plus qu'elle est kinée, donc un vrai plus pour l'écupération à la chambre. et pour ma vie autour de la compétition. Et aussi, ces jours ont servi pour prendre mes marques dans la salle de compétition avec deux entraînements que j'ai eus le mardi et le mercredi. Ces practices, ils sont importants avant chaque compétition parce qu'on va pouvoir tester les volants, leur vitesse de chaque côté, sur chaque terrain, s'il y a du vent aussi avec la clim, à quel endroit. C'est des paramètres super importants. Pour nous, parce qu'un volant, c'est très léger, c'est donc hypersensible à tous ces petits changements. Ça permet aussi de prendre ses repères par rapport aux lumières et donc aux limites du terrain. C'est aussi là qu'on a découvert que les sièges pour s'asseoir aux changements de côté étaient en velours. Et donc pour moi, ça a été horrible parce qu'avec mon autisme, il y a des matières que je supporte pas et le velours en fait partie. Donc c'est pour ça que vous pouvez me voir déposer une serviette avant de m'asseoir. pendant mes matchs, et m'appuyer sur le bac de rangement et ma raquette pour me relever, plutôt que m'appuyer sur le siège. Et il y a aussi une petite anecdote à ce sujet. Quand on a fait remonter à l'orga que les sièges en velours, c'était vraiment pas terrible, parce qu'en plus, quand on s'assoit au changement de côté, on transpire. Donc les sièges étaient vraiment trempés de sueur, c'était vraiment immonde. On nous a répondu, non mais vous inquiétez pas, on n'a pas eu de retour négatif des joueurs aux Jeux Olympiques. Sauf qu'aux Jeux Olympiques, les joueurs ne s'assoient pas au changement de côté. C'est vraiment un truc de para de s'asseoir. Donc c'est là qu'on voit qu'il y a encore plein de choses qui peuvent être améliorées dans l'organisation des événements para, avec ce genre de détails à prendre en compte. Et puis est venu le jour J, le jour où tu deviens paralympienne. J'ai eu un tirage assez relevé, mais en même temps, aux Jeux Olympiques, il y a les 9 meilleures joueuses du monde. Donc qui que tu tires, c'est forcément relevé. Donc je me suis pas trop pris la tête par rapport à ça. Avec un peu de chance, j'aurais pu avoir un tirage un peu plus accessible, avec une chance d'accrocher un quart de finale. Mais j'étais déjà très heureuse de pouvoir jouer contre Leani Oktila. C'est une indonésienne numéro 2 mondiale, vice-championne paralympique en titre, vice-championne du monde en titre. Un gros morceau à jouer, mais je prends toujours beaucoup de plaisir à jouer contre elle. Son jeu est plaisant à jouer pour moi. On fait toujours des gros combats. Et c'est en plus une personne que j'apprécie sur et en dehors du terrain. Donc j'ai été déjà très contente de pouvoir prendre du plaisir dans un match sur ces Jeux paralympiques. Mais avant ça, il fallait s'attaquer à l'indienne Palak Kohli. Donc ça c'est l'inverse. C'est une joueuse que je n'aime pas du tout jouer. J'ai de la difficulté à mettre en place mon jeu contre elle. Donc c'est un vrai contraste avec Léanie. Et donc j'ai commencé ma compétition par ce match, avec l'immense chance non seulement d'être sur un terrain filmé, et donc diffusé sur le site et l'application France.tv, mais aussi d'avoir le match diffusé en direct sur France 2 et commenté. Et c'est vrai qu'avec la densité d'épreuves qu'il y a sur les jeux, c'est une vraie chance d'avoir été choisie pour passer à l'antenne en direct parmi les autres sports qui se déroulaient à ce moment-là. Donc j'ai vraiment pu... pleinement vivre l'expérience des Jeux Paralympiques dans son entièreté. De ce premier match, je retiens mon entrée dans une salle vraiment très remplie, un brouhaha énorme avec des applaudissements et des acclamations. C'était vraiment incroyable comme expérience et comme sensation. Ça m'a pas mal rappelé mes concerts quand j'étais musicienne, mais là c'était quand même encore le cran au-dessus. Et ensuite, pendant tout le match, beaucoup d'encouragement, de chant. Il y avait aussi des grosses têtes en carton imprimées par le CPSF dont on a beaucoup... parler. Et c'est vrai que ça fait super bizarre de se voir comme ça dans les tribunes en énorme. Ça m'a vraiment boostée. Je sais que certains joueurs ont été un peu tétanisés. Ils n'ont pas joué à leur meilleur niveau à cause du public. Parce qu'il faut le dire, on ne joue jamais devant des gens. Au mieux, s'il y a 100 personnes qui viennent nous voir en comptant les joueurs, les coachs et les quelques écoles qui sont parfois en sortie scolaire sur nos compétitions, c'est déjà énorme. Donc jouer devant des milliers de personnes en feu, c'était vraiment pas habituel pour nous. Et pour moi, ça a été un vrai plus. J'ai jamais été stressée pendant ces jeux. Je veux dire, sur certaines compétitions, le stress peut être un peu paralysant ou au moins un peu trop présent la veille ou le matin du match. Ça peut parfois me causer des difficultés à dormir ou à manger, voire carrément à installer mon jeu. et avoir confiance en moi sur le terrain, comme ça avait été le cas au championnat d'Europe en 2023. Mais sur ces Jeux, j'ai eu un peu de trac, ce qu'on appelle le bon stress dans le milieu de la musique d'où je viens, mais c'est tout, ça n'a eu aucun impact négatif. À aucun moment, j'ai eu la main qui tremble à l'échauffement ou avant le premier service du match. Ça a été un vrai plus pour profiter à fond du moment et m'appliquer à mettre en place mon meilleur jeu. Le match était un peu à sens unique malheureusement pour diverses raisons et notamment ma préparation tronquée à cause de ma chute et ma paralysie complète au mois de mai. Il faut quand même avoir à l'esprit que jusqu'au mois de juillet, je n'ai pas pu faire d'entraînement normal debout sur grand terrain et que j'ai passé tout l'été en rééducation pour essayer de retrouver mes jambes. Donc avec la grosse différence physique entre elle et moi, la marche était trop haute pour pouvoir rivaliser. Le match étant diffusé, il y a eu une belle audience et du coup ça a beaucoup fait parler sur l'équité entre Palak Kohli et moi, parce que Palak a un handicap visible qui est un bras amputé et un handicap invisible qui est une arthrodèse à la cheville. Donc je ferai un épisode complet sur la classification en parasport, ce que c'est, comment ça se passe, comment on garantit au mieux l'équité. Mais voilà, la joueuse indienne avait bel et bien un handicap aux membres inférieurs également, même si c'est un handicap léger. D'où sa participation en SL4 et pas en SU5. Donc j'entame la compétition par une défaite, malgré mes très bonnes sensations de jeu. Le lendemain, j'ai eu un jour de pause pendant lequel j'ai pu faire un entraînement, mais déjà là, physiquement, ça commençait à être compliqué. J'avais très peu de force dans les jambes et on savait que le match du lendemain allait être un combat énorme. Le samedi, on va pas se mentir, c'était un peu David contre Goliath. Vu le résultat de l'autre match dans la poule... pour me qualifier en quart de finale, il aurait fallu un exploit énorme parce que non seulement il aurait fallu que je batte Léanie, mais en plus que je la batte en 2-7. Donc on va pas dire que c'était impossible et que je partais vaincue parce que je rentre jamais sur un terrain en me disant que je vais perdre, mais là clairement il fallait sortir le match parfait, en ayant toutes mes jambes et tous mes bras, en étant dans le meilleur jour et que toutes les planètes s'alignent. Du coup, j'étais vraiment super détendue avant d'entrer sur le cours. J'ai essayé de me dire de profiter à fond du moment, parce qu'on était samedi. La salle était à guichet fermé, l'ambiance depuis le matin était vraiment folle. Et en plus, je jouais contre cette joueuse que j'adore et pour qui j'ai beaucoup de respect. Vraiment, pour moi, c'était parfait. Et j'avais déjà été émerveillée par mon entrée dans l'aréna le jeudi. Mais là, le samedi, j'ai vraiment pris une claque. Quand le speaker a annoncé l'entrée de Léani, c'était vraiment comme à Roland-Garros quand c'est Nadal qui entre. Il a énoncé son palmarès long comme le bras et la foule était déjà hyper bruyante. Et ensuite, quand le drapeau français et mon nom sont apparus sur l'écran, la foule était tellement en délire qu'on n'entendait même plus le speaker annoncer mon nom. J'ai passé ma jeunesse dans le COP Nord à Geoffroy Guichard, à supporter Saint-Etienne, donc clairement un des stades les plus bruyants en Europe, un des COP les plus chauds. Il en faut quand même pas mal pour me secouer et m'interpeller. Mais là, l'entrée que j'ai vécue dans cette salle qui est ni trop grande, ni trop petite, avec du coup une acoustique incroyable, avec 100% du public derrière moi, c'était vraiment fou. Pendant tout le match, l'ambiance était encore plus dingue que le jeudi. J'ai pas gagné beaucoup de points parce que Léani a vraiment fait un match de très haut niveau et moi, mes jambes et mes bras étaient au bout de leur vie. Mais chaque point que je gagnais avec ce public de dingue, c'était comme si je gagnais le match. T'es là, tu passes de 17-10 à 17-11 et t'as l'impression d'avoir gagné le match tellement les gens sont debout à serrer les poings, à hurler. J'ai vraiment eu beaucoup d'émotions à la fin du match parce que même si j'ai pris un plaisir de dingue sur le terrain et que je m'attendais malheureusement... à finir ma compétition ce jour-là, c'est vraiment très dur de se dire que voilà, c'est fini. C'était le dernier match probablement de ta vie que tu vivras dans ces conditions incroyables. J'aurais vraiment aimé que ça dure beaucoup plus longtemps parce qu'on sait qu'on ne revivra jamais ça. En tant que para, on a déjà si peu de monde sur les compétitions, mais là, même les valides, qui pourtant jouent toujours dans des salles combles, ont vécu un truc à Paris qu'ils n'ont jamais vécu ailleurs. Donc j'étais vraiment super triste que ça se finisse, mais j'étais à la fois super reconnaissante de ce que j'ai pu vivre pendant ces 49 minutes à l'aréna. Ce que je savais pas à ce moment-là, c'est qu'on allait vivre encore une dernière danse incroyable avec le public parisien. Après la médaille de Lucas, Faustine et Charles, on est allés célébrer au Club France. Le Club France, c'était un lieu... à la Villette, où les gens pouvaient venir célébrer les médailles avec les athlètes. Il y avait une grande scène avec de la musique, des confettis, et généralement, c'était les médaillés qui avaient droit à leur moment avec le public. Mais nous, on a aussi eu le droit d'aller célébrer nos Jeux avec toute l'équipe du Parabas. Donc, on a eu notre moment de célébration avec le public, tous ensemble, tous les huit. Le Club France était... complet, l'ambiance était dingue. Alors moi, j'étais avec mes bouchons plus mon casque anti-bruit parce que avec mon autisme, ça faisait vraiment beaucoup sensoriellement. Mais on était un mardi soir, en semaine, le lendemain de la rentrée. Et il y a des milliers de personnes qui sont venues nous célébrer. Et c'est là que je me suis vraiment dit, waouh, ces Jeux paralympiques ont été un succès du début à la fin. Malgré tout ce que les gens disaient sur la date, le fait que ce soit décalé des JO, à la rentrée... Ces Jeux ont vraiment été une réussite pleine pour moi, même si sportivement j'aurais bien sûr aimé faire mieux. Parfois on peut tout simplement pas rivaliser, même en jouant à notre meilleur niveau. Quand on connaît mon parcours, ce qui m'a mené jusque là, les combats que j'ai dû mener jusqu'au bout pour pouvoir participer en défendant mes chances à Paris... Je saisis pleinement la chance que j'ai eu de pouvoir vivre ces 49 minutes à l'aréna Porte de la Chapelle, ces 10 jours au village paralympique. D'ailleurs, le prochain épisode, ce sera un épisode dédié au village paralympique, parce que vous êtes beaucoup à m'avoir posé plein de questions à ce sujet. Donc si vous avez des questions, vous pouvez me les poser facilement sur Instagram, sur LinkedIn ou directement sur Spotify. Comme ça... je pourrais y répondre dans l'épisode spécial village des athlètes et j'expliquerai un peu tout ce que j'ai fait après ma compétition donc voilà je vous attends sur instagram je rappelle l'instagram c'est parabadiste.podcast et comme ça je pourrais répondre à toutes vos questions dans le prochain épisode dans deux semaines donc voilà en quelque sorte un épisode en deux temps pour mon retour des jeux aujourd'hui la compétition vécue de l'intérieur et la prochaine fois dans deux semaines au revoir La vie autour de la compète ! Merci d'avoir écouté cet épisode jusqu'à la fin. J'imagine donc que le contenu vous a plu, alors je compte sur vous pour le faire savoir autour de vous et vous abonner pour ne louper aucun épisode à venir. Tous les liens utiles sont dans la description, alors allez y jeter un coup d'œil et moi je vous dis à la prochaine !

Description

Le 29 août 2024, j'ai réalisé mon rêve de gosse : participer aux jeux paralympiques.


Dans l'épisode du jour, je reviens sur cette compétition unique et hors du commun. De la gestion de l'approche de ce grand rendez-vous au bilan de mes matchs, j'aborde dans cette 1ère partie la manière dont j'ai vécu cette quinzaine et les émotions qui m'ont traversée à chaque instant !


Vous avez tous vécu ces jeux olympiques et paralympiques en tant que spectateur, mais comment les vit-on de l'intérieur lorsque l'on est joueuse de badminton comme moi ?


C'est ce que je vous fais vivre aujourd'hui !


Dans le prochaine épisode, j'aborderai le fameux village des athlètes, ce qu'on y trouve, ce qu'on y fait, comment on s'y déplace... si vous avez des questions à ce sujet : c'est le moment ! Posez-les moi sur instagram ou sur Spotify afin que je puisse y répondre dans la 2e partie de ce retour des jeux paralympiques !


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  • Speaker #0

    Vous vous êtes déjà enflammé devant une finale du 100 mètres et les podiums des Jeux vous procurent des frissons. Le sport vous galvanise et les sportifs vous font rêver. Mais derrière les médailles, le chemin vers le jour de gloire est un long parcours semé d'embûches et de challenges. Alors quant à cela s'ajoute le handicap, la route peut s'annoncer encore plus sinueuse. Je m'appelle Milena Suro, je suis sportive de haut niveau en para-badminton. Le but de ce podcast est de vous parler de la vie d'une sportive en quête des Jeux, entre exigence du haut niveau et galère du handicap. afin de mieux comprendre le quotidien de ces sportifs à part et de cerner les enjeux de l'accessibilité. Alors si vous aimez le sport, le développement personnel ou que vous êtes touché de près ou de loin par le handicap, ce podcast est fait pour vous. Bon, et bien voilà, je suis une paralympienne. Après une petite pause sur le podcast, c'est naturellement par un épisode débrief de mes Jeux paralympiques que je fais mon retour ici. Pour ceux qui ne me connaissent pas encore, je m'appelle Milena Suro, je fais du para-badminton et sur mon podcast, je parle du sport de haut niveau, de sa face cachée, de notre quotidien. Je réponds à toutes les questions que vous vous êtes toujours posées sur ce métier qui fait rêver beaucoup de monde. Et j'aborde aussi le sujet du handicap dans la société, dans la vie quotidienne, parce que j'ai un handicap moteur dû à une maladie neurologique et je suis aussi autiste. Voilà pour la présentation rapide. J'ai déjà abordé tout ça en détail dans les premiers épisodes du podcast. Donc je vous invite à aller les écouter pour mieux me connaître et me poser vos questions s'il y a certains sujets qui vous interrogent mais que je n'ai pas encore abordé. Place à l'épisode du jour sur les Jeux Paralympiques de Paris 2024. On a vraiment vécu un truc de dingue. Après les Jeux Olympiques, on s'attendait vraiment... à vivre une expérience hors du commun, mais avec quand même toujours cette petite incertitude en tant que para, est-ce que le public va suivre ? Est-ce qu'on va vivre un truc aussi énorme que les JO ? Ou est-ce que ce sera bien mais pas incroyable parce que c'est la rentrée, le sport paralympique attire moins et il est parfois un peu complexe à comprendre avec toutes les classifications, etc. Donc... On était vraiment excités, on avait super hâte, mais avec toujours ce petit doute qui plane quand même sur qu'est-ce qu'on va vivre réellement. Pour ma part, les deux semaines entre la fin des JO et le départ pour les JP ont été vraiment très longues. Ça n'a pas été super simple à vivre parce que les Jeux Olympiques m'ont vraiment tellement boostée. Voir tous ces stades pleins, les médailles, les... podiums, la ferveur populaire et médiatique. J'avais tellement hâte d'y être. Sauf qu'à la fin des JO, il y avait encore deux semaines à attendre avant nos Jeux. Et deux semaines, c'est assez long, surtout dans le contexte dans lequel on est, c'est-à-dire qu'on a vécu un an de qualification, en 2023-2024. Après, on part direct sur cinq mois de préparation. Et tout ça, c'est très long. C'est des entraînements tous les jours, des prépas physiques, des prépas mentales, des sollicitations au niveau des médias, les gens dans la vie de tous les jours qui te parlent des jeux, qui t'encouragent, qui te demandent quand est-ce que sont exactement tes matchs, et comment pour aller regarder, etc. Et c'est vrai que ça demande beaucoup d'énergie pour répondre présent à tout ça. Et en plus de ça, c'est vrai que plus on se rapproche de la date fatidique, plus il y avait pour moi cette peur de me... blesser, parce que là si tu te blesses à ce moment-là, c'est foutu t'auras pas le temps de récupérer et de pouvoir participer au jeu donc il y a eu un peu ce stress au fur et à mesure que ça approchait de si je me blesse, c'est vraiment le pire truc qui peut m'arriver. Donc à la fin quand il ne reste que deux semaines c'est deux semaines qui paraissent vraiment interminables moi j'étais vraiment à bout de souffle, je commençais à être assez fatiguée... D'autant plus que j'étais au centre de rééducation jusqu'au 13 août. Donc quand les JO se sont terminées, ma rééducation s'est terminée quasi en même temps. Et derrière, il y a eu deux semaines assez vides d'un coup, avec cette hâte d'être au 28 août pour le début des Jeux paralympiques. Donc ça a été une période assez compliquée. Et enfin, le 24 août, départ pour le village paralympique, après tant d'attentes tillées. T'es sur le point de réaliser ton rêve de gosse. Donc on commence par faire son accréditation. C'est d'ailleurs là que je me suis rendue compte que j'avais perdu mon passeport et mes ordonnances de médicaments dans le van qui m'a emmenée au village. Donc je ne garde pas un souvenir incroyable de mon arrivée parce que ça a été un stress énorme avec cette histoire de passeport. Mais ensuite, on se dirige vers le bâtiment de l'équipe de France où on va rejoindre l'appartement dans lequel je serai pour ces 10 jours de compétition. Il y avait vraiment plein de bénévoles qui étaient là pour nous aider à... apporter nos bagages, nous montrer le chemin. Donc vraiment, du début à la fin, grand merci aux bénévoles de Paris 2024. La première journée, elle a été assez dense et fatigante parce qu'après mon arrivée le matin, j'avais directement un créneau à la salle de compétition pour la découvrir, installer les affaires de gêne, mon chien d'assistance. Et ensuite, le soir, on avait la conférence de presse puisque chaque équipe de France devait faire une conférence de presse au Club France avant le début de leur compétition. Cette conférence de presse, elle a été assez chouette à mes yeux, parce que notre fédération a fait le choix qu'on y participe tous, contrairement à d'autres collectifs qui n'ont eu que deux ou trois athlètes choisis pour les représenter. Donc, on a tous pu être présentés à la presse et répondre aux questions des journalistes. Dans les jours qui ont suivi, l'objectif, c'était vraiment de prendre mes marques au village, de trouver un rythme et des routines efficaces dans la gestion de mon chien et de ses besoins, mes besoins à moi, et une mécanique qui roule avec ma cousine, qui était mon aide de vie sur cette compétition. Donc Manon avait une accréditation au village du matin jusqu'au soir, elle pouvait m'y accompagner partout toute la journée, mais elle dormait dans un hôtel à l'extérieur. Ça a vraiment été un appui primordial sur la compétition, d'autant plus qu'elle est kinée, donc un vrai plus pour l'écupération à la chambre. et pour ma vie autour de la compétition. Et aussi, ces jours ont servi pour prendre mes marques dans la salle de compétition avec deux entraînements que j'ai eus le mardi et le mercredi. Ces practices, ils sont importants avant chaque compétition parce qu'on va pouvoir tester les volants, leur vitesse de chaque côté, sur chaque terrain, s'il y a du vent aussi avec la clim, à quel endroit. C'est des paramètres super importants. Pour nous, parce qu'un volant, c'est très léger, c'est donc hypersensible à tous ces petits changements. Ça permet aussi de prendre ses repères par rapport aux lumières et donc aux limites du terrain. C'est aussi là qu'on a découvert que les sièges pour s'asseoir aux changements de côté étaient en velours. Et donc pour moi, ça a été horrible parce qu'avec mon autisme, il y a des matières que je supporte pas et le velours en fait partie. Donc c'est pour ça que vous pouvez me voir déposer une serviette avant de m'asseoir. pendant mes matchs, et m'appuyer sur le bac de rangement et ma raquette pour me relever, plutôt que m'appuyer sur le siège. Et il y a aussi une petite anecdote à ce sujet. Quand on a fait remonter à l'orga que les sièges en velours, c'était vraiment pas terrible, parce qu'en plus, quand on s'assoit au changement de côté, on transpire. Donc les sièges étaient vraiment trempés de sueur, c'était vraiment immonde. On nous a répondu, non mais vous inquiétez pas, on n'a pas eu de retour négatif des joueurs aux Jeux Olympiques. Sauf qu'aux Jeux Olympiques, les joueurs ne s'assoient pas au changement de côté. C'est vraiment un truc de para de s'asseoir. Donc c'est là qu'on voit qu'il y a encore plein de choses qui peuvent être améliorées dans l'organisation des événements para, avec ce genre de détails à prendre en compte. Et puis est venu le jour J, le jour où tu deviens paralympienne. J'ai eu un tirage assez relevé, mais en même temps, aux Jeux Olympiques, il y a les 9 meilleures joueuses du monde. Donc qui que tu tires, c'est forcément relevé. Donc je me suis pas trop pris la tête par rapport à ça. Avec un peu de chance, j'aurais pu avoir un tirage un peu plus accessible, avec une chance d'accrocher un quart de finale. Mais j'étais déjà très heureuse de pouvoir jouer contre Leani Oktila. C'est une indonésienne numéro 2 mondiale, vice-championne paralympique en titre, vice-championne du monde en titre. Un gros morceau à jouer, mais je prends toujours beaucoup de plaisir à jouer contre elle. Son jeu est plaisant à jouer pour moi. On fait toujours des gros combats. Et c'est en plus une personne que j'apprécie sur et en dehors du terrain. Donc j'ai été déjà très contente de pouvoir prendre du plaisir dans un match sur ces Jeux paralympiques. Mais avant ça, il fallait s'attaquer à l'indienne Palak Kohli. Donc ça c'est l'inverse. C'est une joueuse que je n'aime pas du tout jouer. J'ai de la difficulté à mettre en place mon jeu contre elle. Donc c'est un vrai contraste avec Léanie. Et donc j'ai commencé ma compétition par ce match, avec l'immense chance non seulement d'être sur un terrain filmé, et donc diffusé sur le site et l'application France.tv, mais aussi d'avoir le match diffusé en direct sur France 2 et commenté. Et c'est vrai qu'avec la densité d'épreuves qu'il y a sur les jeux, c'est une vraie chance d'avoir été choisie pour passer à l'antenne en direct parmi les autres sports qui se déroulaient à ce moment-là. Donc j'ai vraiment pu... pleinement vivre l'expérience des Jeux Paralympiques dans son entièreté. De ce premier match, je retiens mon entrée dans une salle vraiment très remplie, un brouhaha énorme avec des applaudissements et des acclamations. C'était vraiment incroyable comme expérience et comme sensation. Ça m'a pas mal rappelé mes concerts quand j'étais musicienne, mais là c'était quand même encore le cran au-dessus. Et ensuite, pendant tout le match, beaucoup d'encouragement, de chant. Il y avait aussi des grosses têtes en carton imprimées par le CPSF dont on a beaucoup... parler. Et c'est vrai que ça fait super bizarre de se voir comme ça dans les tribunes en énorme. Ça m'a vraiment boostée. Je sais que certains joueurs ont été un peu tétanisés. Ils n'ont pas joué à leur meilleur niveau à cause du public. Parce qu'il faut le dire, on ne joue jamais devant des gens. Au mieux, s'il y a 100 personnes qui viennent nous voir en comptant les joueurs, les coachs et les quelques écoles qui sont parfois en sortie scolaire sur nos compétitions, c'est déjà énorme. Donc jouer devant des milliers de personnes en feu, c'était vraiment pas habituel pour nous. Et pour moi, ça a été un vrai plus. J'ai jamais été stressée pendant ces jeux. Je veux dire, sur certaines compétitions, le stress peut être un peu paralysant ou au moins un peu trop présent la veille ou le matin du match. Ça peut parfois me causer des difficultés à dormir ou à manger, voire carrément à installer mon jeu. et avoir confiance en moi sur le terrain, comme ça avait été le cas au championnat d'Europe en 2023. Mais sur ces Jeux, j'ai eu un peu de trac, ce qu'on appelle le bon stress dans le milieu de la musique d'où je viens, mais c'est tout, ça n'a eu aucun impact négatif. À aucun moment, j'ai eu la main qui tremble à l'échauffement ou avant le premier service du match. Ça a été un vrai plus pour profiter à fond du moment et m'appliquer à mettre en place mon meilleur jeu. Le match était un peu à sens unique malheureusement pour diverses raisons et notamment ma préparation tronquée à cause de ma chute et ma paralysie complète au mois de mai. Il faut quand même avoir à l'esprit que jusqu'au mois de juillet, je n'ai pas pu faire d'entraînement normal debout sur grand terrain et que j'ai passé tout l'été en rééducation pour essayer de retrouver mes jambes. Donc avec la grosse différence physique entre elle et moi, la marche était trop haute pour pouvoir rivaliser. Le match étant diffusé, il y a eu une belle audience et du coup ça a beaucoup fait parler sur l'équité entre Palak Kohli et moi, parce que Palak a un handicap visible qui est un bras amputé et un handicap invisible qui est une arthrodèse à la cheville. Donc je ferai un épisode complet sur la classification en parasport, ce que c'est, comment ça se passe, comment on garantit au mieux l'équité. Mais voilà, la joueuse indienne avait bel et bien un handicap aux membres inférieurs également, même si c'est un handicap léger. D'où sa participation en SL4 et pas en SU5. Donc j'entame la compétition par une défaite, malgré mes très bonnes sensations de jeu. Le lendemain, j'ai eu un jour de pause pendant lequel j'ai pu faire un entraînement, mais déjà là, physiquement, ça commençait à être compliqué. J'avais très peu de force dans les jambes et on savait que le match du lendemain allait être un combat énorme. Le samedi, on va pas se mentir, c'était un peu David contre Goliath. Vu le résultat de l'autre match dans la poule... pour me qualifier en quart de finale, il aurait fallu un exploit énorme parce que non seulement il aurait fallu que je batte Léanie, mais en plus que je la batte en 2-7. Donc on va pas dire que c'était impossible et que je partais vaincue parce que je rentre jamais sur un terrain en me disant que je vais perdre, mais là clairement il fallait sortir le match parfait, en ayant toutes mes jambes et tous mes bras, en étant dans le meilleur jour et que toutes les planètes s'alignent. Du coup, j'étais vraiment super détendue avant d'entrer sur le cours. J'ai essayé de me dire de profiter à fond du moment, parce qu'on était samedi. La salle était à guichet fermé, l'ambiance depuis le matin était vraiment folle. Et en plus, je jouais contre cette joueuse que j'adore et pour qui j'ai beaucoup de respect. Vraiment, pour moi, c'était parfait. Et j'avais déjà été émerveillée par mon entrée dans l'aréna le jeudi. Mais là, le samedi, j'ai vraiment pris une claque. Quand le speaker a annoncé l'entrée de Léani, c'était vraiment comme à Roland-Garros quand c'est Nadal qui entre. Il a énoncé son palmarès long comme le bras et la foule était déjà hyper bruyante. Et ensuite, quand le drapeau français et mon nom sont apparus sur l'écran, la foule était tellement en délire qu'on n'entendait même plus le speaker annoncer mon nom. J'ai passé ma jeunesse dans le COP Nord à Geoffroy Guichard, à supporter Saint-Etienne, donc clairement un des stades les plus bruyants en Europe, un des COP les plus chauds. Il en faut quand même pas mal pour me secouer et m'interpeller. Mais là, l'entrée que j'ai vécue dans cette salle qui est ni trop grande, ni trop petite, avec du coup une acoustique incroyable, avec 100% du public derrière moi, c'était vraiment fou. Pendant tout le match, l'ambiance était encore plus dingue que le jeudi. J'ai pas gagné beaucoup de points parce que Léani a vraiment fait un match de très haut niveau et moi, mes jambes et mes bras étaient au bout de leur vie. Mais chaque point que je gagnais avec ce public de dingue, c'était comme si je gagnais le match. T'es là, tu passes de 17-10 à 17-11 et t'as l'impression d'avoir gagné le match tellement les gens sont debout à serrer les poings, à hurler. J'ai vraiment eu beaucoup d'émotions à la fin du match parce que même si j'ai pris un plaisir de dingue sur le terrain et que je m'attendais malheureusement... à finir ma compétition ce jour-là, c'est vraiment très dur de se dire que voilà, c'est fini. C'était le dernier match probablement de ta vie que tu vivras dans ces conditions incroyables. J'aurais vraiment aimé que ça dure beaucoup plus longtemps parce qu'on sait qu'on ne revivra jamais ça. En tant que para, on a déjà si peu de monde sur les compétitions, mais là, même les valides, qui pourtant jouent toujours dans des salles combles, ont vécu un truc à Paris qu'ils n'ont jamais vécu ailleurs. Donc j'étais vraiment super triste que ça se finisse, mais j'étais à la fois super reconnaissante de ce que j'ai pu vivre pendant ces 49 minutes à l'aréna. Ce que je savais pas à ce moment-là, c'est qu'on allait vivre encore une dernière danse incroyable avec le public parisien. Après la médaille de Lucas, Faustine et Charles, on est allés célébrer au Club France. Le Club France, c'était un lieu... à la Villette, où les gens pouvaient venir célébrer les médailles avec les athlètes. Il y avait une grande scène avec de la musique, des confettis, et généralement, c'était les médaillés qui avaient droit à leur moment avec le public. Mais nous, on a aussi eu le droit d'aller célébrer nos Jeux avec toute l'équipe du Parabas. Donc, on a eu notre moment de célébration avec le public, tous ensemble, tous les huit. Le Club France était... complet, l'ambiance était dingue. Alors moi, j'étais avec mes bouchons plus mon casque anti-bruit parce que avec mon autisme, ça faisait vraiment beaucoup sensoriellement. Mais on était un mardi soir, en semaine, le lendemain de la rentrée. Et il y a des milliers de personnes qui sont venues nous célébrer. Et c'est là que je me suis vraiment dit, waouh, ces Jeux paralympiques ont été un succès du début à la fin. Malgré tout ce que les gens disaient sur la date, le fait que ce soit décalé des JO, à la rentrée... Ces Jeux ont vraiment été une réussite pleine pour moi, même si sportivement j'aurais bien sûr aimé faire mieux. Parfois on peut tout simplement pas rivaliser, même en jouant à notre meilleur niveau. Quand on connaît mon parcours, ce qui m'a mené jusque là, les combats que j'ai dû mener jusqu'au bout pour pouvoir participer en défendant mes chances à Paris... Je saisis pleinement la chance que j'ai eu de pouvoir vivre ces 49 minutes à l'aréna Porte de la Chapelle, ces 10 jours au village paralympique. D'ailleurs, le prochain épisode, ce sera un épisode dédié au village paralympique, parce que vous êtes beaucoup à m'avoir posé plein de questions à ce sujet. Donc si vous avez des questions, vous pouvez me les poser facilement sur Instagram, sur LinkedIn ou directement sur Spotify. Comme ça... je pourrais y répondre dans l'épisode spécial village des athlètes et j'expliquerai un peu tout ce que j'ai fait après ma compétition donc voilà je vous attends sur instagram je rappelle l'instagram c'est parabadiste.podcast et comme ça je pourrais répondre à toutes vos questions dans le prochain épisode dans deux semaines donc voilà en quelque sorte un épisode en deux temps pour mon retour des jeux aujourd'hui la compétition vécue de l'intérieur et la prochaine fois dans deux semaines au revoir La vie autour de la compète ! Merci d'avoir écouté cet épisode jusqu'à la fin. J'imagine donc que le contenu vous a plu, alors je compte sur vous pour le faire savoir autour de vous et vous abonner pour ne louper aucun épisode à venir. Tous les liens utiles sont dans la description, alors allez y jeter un coup d'œil et moi je vous dis à la prochaine !

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Le 29 août 2024, j'ai réalisé mon rêve de gosse : participer aux jeux paralympiques.


Dans l'épisode du jour, je reviens sur cette compétition unique et hors du commun. De la gestion de l'approche de ce grand rendez-vous au bilan de mes matchs, j'aborde dans cette 1ère partie la manière dont j'ai vécu cette quinzaine et les émotions qui m'ont traversée à chaque instant !


Vous avez tous vécu ces jeux olympiques et paralympiques en tant que spectateur, mais comment les vit-on de l'intérieur lorsque l'on est joueuse de badminton comme moi ?


C'est ce que je vous fais vivre aujourd'hui !


Dans le prochaine épisode, j'aborderai le fameux village des athlètes, ce qu'on y trouve, ce qu'on y fait, comment on s'y déplace... si vous avez des questions à ce sujet : c'est le moment ! Posez-les moi sur instagram ou sur Spotify afin que je puisse y répondre dans la 2e partie de ce retour des jeux paralympiques !


***

🎙️ Pour suivre le podcast sur Instagram, et découvrir du contenu vidéo exclusif, interagir avec moi et poser vos questions qui pourront être abordées dans les futurs épisodes : https://www.instagram.com/paralympienne.podcast/


🏸 Pour me suivre dans mon quotidien de sportive de haut niveau, sur mes tournois internationaux et à l'entraînement : https://www.instagram.com/milena_surreau/



Pour les puristes : https://www.facebook.com/MilenaSurreau


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Avis aux professionnel, LinkedIn est encore le réseau ou je suis la plus active ! https://www.linkedin.com/in/milena-surreau/


Milena SURREAU


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Vous vous êtes déjà enflammé devant une finale du 100 mètres et les podiums des Jeux vous procurent des frissons. Le sport vous galvanise et les sportifs vous font rêver. Mais derrière les médailles, le chemin vers le jour de gloire est un long parcours semé d'embûches et de challenges. Alors quant à cela s'ajoute le handicap, la route peut s'annoncer encore plus sinueuse. Je m'appelle Milena Suro, je suis sportive de haut niveau en para-badminton. Le but de ce podcast est de vous parler de la vie d'une sportive en quête des Jeux, entre exigence du haut niveau et galère du handicap. afin de mieux comprendre le quotidien de ces sportifs à part et de cerner les enjeux de l'accessibilité. Alors si vous aimez le sport, le développement personnel ou que vous êtes touché de près ou de loin par le handicap, ce podcast est fait pour vous. Bon, et bien voilà, je suis une paralympienne. Après une petite pause sur le podcast, c'est naturellement par un épisode débrief de mes Jeux paralympiques que je fais mon retour ici. Pour ceux qui ne me connaissent pas encore, je m'appelle Milena Suro, je fais du para-badminton et sur mon podcast, je parle du sport de haut niveau, de sa face cachée, de notre quotidien. Je réponds à toutes les questions que vous vous êtes toujours posées sur ce métier qui fait rêver beaucoup de monde. Et j'aborde aussi le sujet du handicap dans la société, dans la vie quotidienne, parce que j'ai un handicap moteur dû à une maladie neurologique et je suis aussi autiste. Voilà pour la présentation rapide. J'ai déjà abordé tout ça en détail dans les premiers épisodes du podcast. Donc je vous invite à aller les écouter pour mieux me connaître et me poser vos questions s'il y a certains sujets qui vous interrogent mais que je n'ai pas encore abordé. Place à l'épisode du jour sur les Jeux Paralympiques de Paris 2024. On a vraiment vécu un truc de dingue. Après les Jeux Olympiques, on s'attendait vraiment... à vivre une expérience hors du commun, mais avec quand même toujours cette petite incertitude en tant que para, est-ce que le public va suivre ? Est-ce qu'on va vivre un truc aussi énorme que les JO ? Ou est-ce que ce sera bien mais pas incroyable parce que c'est la rentrée, le sport paralympique attire moins et il est parfois un peu complexe à comprendre avec toutes les classifications, etc. Donc... On était vraiment excités, on avait super hâte, mais avec toujours ce petit doute qui plane quand même sur qu'est-ce qu'on va vivre réellement. Pour ma part, les deux semaines entre la fin des JO et le départ pour les JP ont été vraiment très longues. Ça n'a pas été super simple à vivre parce que les Jeux Olympiques m'ont vraiment tellement boostée. Voir tous ces stades pleins, les médailles, les... podiums, la ferveur populaire et médiatique. J'avais tellement hâte d'y être. Sauf qu'à la fin des JO, il y avait encore deux semaines à attendre avant nos Jeux. Et deux semaines, c'est assez long, surtout dans le contexte dans lequel on est, c'est-à-dire qu'on a vécu un an de qualification, en 2023-2024. Après, on part direct sur cinq mois de préparation. Et tout ça, c'est très long. C'est des entraînements tous les jours, des prépas physiques, des prépas mentales, des sollicitations au niveau des médias, les gens dans la vie de tous les jours qui te parlent des jeux, qui t'encouragent, qui te demandent quand est-ce que sont exactement tes matchs, et comment pour aller regarder, etc. Et c'est vrai que ça demande beaucoup d'énergie pour répondre présent à tout ça. Et en plus de ça, c'est vrai que plus on se rapproche de la date fatidique, plus il y avait pour moi cette peur de me... blesser, parce que là si tu te blesses à ce moment-là, c'est foutu t'auras pas le temps de récupérer et de pouvoir participer au jeu donc il y a eu un peu ce stress au fur et à mesure que ça approchait de si je me blesse, c'est vraiment le pire truc qui peut m'arriver. Donc à la fin quand il ne reste que deux semaines c'est deux semaines qui paraissent vraiment interminables moi j'étais vraiment à bout de souffle, je commençais à être assez fatiguée... D'autant plus que j'étais au centre de rééducation jusqu'au 13 août. Donc quand les JO se sont terminées, ma rééducation s'est terminée quasi en même temps. Et derrière, il y a eu deux semaines assez vides d'un coup, avec cette hâte d'être au 28 août pour le début des Jeux paralympiques. Donc ça a été une période assez compliquée. Et enfin, le 24 août, départ pour le village paralympique, après tant d'attentes tillées. T'es sur le point de réaliser ton rêve de gosse. Donc on commence par faire son accréditation. C'est d'ailleurs là que je me suis rendue compte que j'avais perdu mon passeport et mes ordonnances de médicaments dans le van qui m'a emmenée au village. Donc je ne garde pas un souvenir incroyable de mon arrivée parce que ça a été un stress énorme avec cette histoire de passeport. Mais ensuite, on se dirige vers le bâtiment de l'équipe de France où on va rejoindre l'appartement dans lequel je serai pour ces 10 jours de compétition. Il y avait vraiment plein de bénévoles qui étaient là pour nous aider à... apporter nos bagages, nous montrer le chemin. Donc vraiment, du début à la fin, grand merci aux bénévoles de Paris 2024. La première journée, elle a été assez dense et fatigante parce qu'après mon arrivée le matin, j'avais directement un créneau à la salle de compétition pour la découvrir, installer les affaires de gêne, mon chien d'assistance. Et ensuite, le soir, on avait la conférence de presse puisque chaque équipe de France devait faire une conférence de presse au Club France avant le début de leur compétition. Cette conférence de presse, elle a été assez chouette à mes yeux, parce que notre fédération a fait le choix qu'on y participe tous, contrairement à d'autres collectifs qui n'ont eu que deux ou trois athlètes choisis pour les représenter. Donc, on a tous pu être présentés à la presse et répondre aux questions des journalistes. Dans les jours qui ont suivi, l'objectif, c'était vraiment de prendre mes marques au village, de trouver un rythme et des routines efficaces dans la gestion de mon chien et de ses besoins, mes besoins à moi, et une mécanique qui roule avec ma cousine, qui était mon aide de vie sur cette compétition. Donc Manon avait une accréditation au village du matin jusqu'au soir, elle pouvait m'y accompagner partout toute la journée, mais elle dormait dans un hôtel à l'extérieur. Ça a vraiment été un appui primordial sur la compétition, d'autant plus qu'elle est kinée, donc un vrai plus pour l'écupération à la chambre. et pour ma vie autour de la compétition. Et aussi, ces jours ont servi pour prendre mes marques dans la salle de compétition avec deux entraînements que j'ai eus le mardi et le mercredi. Ces practices, ils sont importants avant chaque compétition parce qu'on va pouvoir tester les volants, leur vitesse de chaque côté, sur chaque terrain, s'il y a du vent aussi avec la clim, à quel endroit. C'est des paramètres super importants. Pour nous, parce qu'un volant, c'est très léger, c'est donc hypersensible à tous ces petits changements. Ça permet aussi de prendre ses repères par rapport aux lumières et donc aux limites du terrain. C'est aussi là qu'on a découvert que les sièges pour s'asseoir aux changements de côté étaient en velours. Et donc pour moi, ça a été horrible parce qu'avec mon autisme, il y a des matières que je supporte pas et le velours en fait partie. Donc c'est pour ça que vous pouvez me voir déposer une serviette avant de m'asseoir. pendant mes matchs, et m'appuyer sur le bac de rangement et ma raquette pour me relever, plutôt que m'appuyer sur le siège. Et il y a aussi une petite anecdote à ce sujet. Quand on a fait remonter à l'orga que les sièges en velours, c'était vraiment pas terrible, parce qu'en plus, quand on s'assoit au changement de côté, on transpire. Donc les sièges étaient vraiment trempés de sueur, c'était vraiment immonde. On nous a répondu, non mais vous inquiétez pas, on n'a pas eu de retour négatif des joueurs aux Jeux Olympiques. Sauf qu'aux Jeux Olympiques, les joueurs ne s'assoient pas au changement de côté. C'est vraiment un truc de para de s'asseoir. Donc c'est là qu'on voit qu'il y a encore plein de choses qui peuvent être améliorées dans l'organisation des événements para, avec ce genre de détails à prendre en compte. Et puis est venu le jour J, le jour où tu deviens paralympienne. J'ai eu un tirage assez relevé, mais en même temps, aux Jeux Olympiques, il y a les 9 meilleures joueuses du monde. Donc qui que tu tires, c'est forcément relevé. Donc je me suis pas trop pris la tête par rapport à ça. Avec un peu de chance, j'aurais pu avoir un tirage un peu plus accessible, avec une chance d'accrocher un quart de finale. Mais j'étais déjà très heureuse de pouvoir jouer contre Leani Oktila. C'est une indonésienne numéro 2 mondiale, vice-championne paralympique en titre, vice-championne du monde en titre. Un gros morceau à jouer, mais je prends toujours beaucoup de plaisir à jouer contre elle. Son jeu est plaisant à jouer pour moi. On fait toujours des gros combats. Et c'est en plus une personne que j'apprécie sur et en dehors du terrain. Donc j'ai été déjà très contente de pouvoir prendre du plaisir dans un match sur ces Jeux paralympiques. Mais avant ça, il fallait s'attaquer à l'indienne Palak Kohli. Donc ça c'est l'inverse. C'est une joueuse que je n'aime pas du tout jouer. J'ai de la difficulté à mettre en place mon jeu contre elle. Donc c'est un vrai contraste avec Léanie. Et donc j'ai commencé ma compétition par ce match, avec l'immense chance non seulement d'être sur un terrain filmé, et donc diffusé sur le site et l'application France.tv, mais aussi d'avoir le match diffusé en direct sur France 2 et commenté. Et c'est vrai qu'avec la densité d'épreuves qu'il y a sur les jeux, c'est une vraie chance d'avoir été choisie pour passer à l'antenne en direct parmi les autres sports qui se déroulaient à ce moment-là. Donc j'ai vraiment pu... pleinement vivre l'expérience des Jeux Paralympiques dans son entièreté. De ce premier match, je retiens mon entrée dans une salle vraiment très remplie, un brouhaha énorme avec des applaudissements et des acclamations. C'était vraiment incroyable comme expérience et comme sensation. Ça m'a pas mal rappelé mes concerts quand j'étais musicienne, mais là c'était quand même encore le cran au-dessus. Et ensuite, pendant tout le match, beaucoup d'encouragement, de chant. Il y avait aussi des grosses têtes en carton imprimées par le CPSF dont on a beaucoup... parler. Et c'est vrai que ça fait super bizarre de se voir comme ça dans les tribunes en énorme. Ça m'a vraiment boostée. Je sais que certains joueurs ont été un peu tétanisés. Ils n'ont pas joué à leur meilleur niveau à cause du public. Parce qu'il faut le dire, on ne joue jamais devant des gens. Au mieux, s'il y a 100 personnes qui viennent nous voir en comptant les joueurs, les coachs et les quelques écoles qui sont parfois en sortie scolaire sur nos compétitions, c'est déjà énorme. Donc jouer devant des milliers de personnes en feu, c'était vraiment pas habituel pour nous. Et pour moi, ça a été un vrai plus. J'ai jamais été stressée pendant ces jeux. Je veux dire, sur certaines compétitions, le stress peut être un peu paralysant ou au moins un peu trop présent la veille ou le matin du match. Ça peut parfois me causer des difficultés à dormir ou à manger, voire carrément à installer mon jeu. et avoir confiance en moi sur le terrain, comme ça avait été le cas au championnat d'Europe en 2023. Mais sur ces Jeux, j'ai eu un peu de trac, ce qu'on appelle le bon stress dans le milieu de la musique d'où je viens, mais c'est tout, ça n'a eu aucun impact négatif. À aucun moment, j'ai eu la main qui tremble à l'échauffement ou avant le premier service du match. Ça a été un vrai plus pour profiter à fond du moment et m'appliquer à mettre en place mon meilleur jeu. Le match était un peu à sens unique malheureusement pour diverses raisons et notamment ma préparation tronquée à cause de ma chute et ma paralysie complète au mois de mai. Il faut quand même avoir à l'esprit que jusqu'au mois de juillet, je n'ai pas pu faire d'entraînement normal debout sur grand terrain et que j'ai passé tout l'été en rééducation pour essayer de retrouver mes jambes. Donc avec la grosse différence physique entre elle et moi, la marche était trop haute pour pouvoir rivaliser. Le match étant diffusé, il y a eu une belle audience et du coup ça a beaucoup fait parler sur l'équité entre Palak Kohli et moi, parce que Palak a un handicap visible qui est un bras amputé et un handicap invisible qui est une arthrodèse à la cheville. Donc je ferai un épisode complet sur la classification en parasport, ce que c'est, comment ça se passe, comment on garantit au mieux l'équité. Mais voilà, la joueuse indienne avait bel et bien un handicap aux membres inférieurs également, même si c'est un handicap léger. D'où sa participation en SL4 et pas en SU5. Donc j'entame la compétition par une défaite, malgré mes très bonnes sensations de jeu. Le lendemain, j'ai eu un jour de pause pendant lequel j'ai pu faire un entraînement, mais déjà là, physiquement, ça commençait à être compliqué. J'avais très peu de force dans les jambes et on savait que le match du lendemain allait être un combat énorme. Le samedi, on va pas se mentir, c'était un peu David contre Goliath. Vu le résultat de l'autre match dans la poule... pour me qualifier en quart de finale, il aurait fallu un exploit énorme parce que non seulement il aurait fallu que je batte Léanie, mais en plus que je la batte en 2-7. Donc on va pas dire que c'était impossible et que je partais vaincue parce que je rentre jamais sur un terrain en me disant que je vais perdre, mais là clairement il fallait sortir le match parfait, en ayant toutes mes jambes et tous mes bras, en étant dans le meilleur jour et que toutes les planètes s'alignent. Du coup, j'étais vraiment super détendue avant d'entrer sur le cours. J'ai essayé de me dire de profiter à fond du moment, parce qu'on était samedi. La salle était à guichet fermé, l'ambiance depuis le matin était vraiment folle. Et en plus, je jouais contre cette joueuse que j'adore et pour qui j'ai beaucoup de respect. Vraiment, pour moi, c'était parfait. Et j'avais déjà été émerveillée par mon entrée dans l'aréna le jeudi. Mais là, le samedi, j'ai vraiment pris une claque. Quand le speaker a annoncé l'entrée de Léani, c'était vraiment comme à Roland-Garros quand c'est Nadal qui entre. Il a énoncé son palmarès long comme le bras et la foule était déjà hyper bruyante. Et ensuite, quand le drapeau français et mon nom sont apparus sur l'écran, la foule était tellement en délire qu'on n'entendait même plus le speaker annoncer mon nom. J'ai passé ma jeunesse dans le COP Nord à Geoffroy Guichard, à supporter Saint-Etienne, donc clairement un des stades les plus bruyants en Europe, un des COP les plus chauds. Il en faut quand même pas mal pour me secouer et m'interpeller. Mais là, l'entrée que j'ai vécue dans cette salle qui est ni trop grande, ni trop petite, avec du coup une acoustique incroyable, avec 100% du public derrière moi, c'était vraiment fou. Pendant tout le match, l'ambiance était encore plus dingue que le jeudi. J'ai pas gagné beaucoup de points parce que Léani a vraiment fait un match de très haut niveau et moi, mes jambes et mes bras étaient au bout de leur vie. Mais chaque point que je gagnais avec ce public de dingue, c'était comme si je gagnais le match. T'es là, tu passes de 17-10 à 17-11 et t'as l'impression d'avoir gagné le match tellement les gens sont debout à serrer les poings, à hurler. J'ai vraiment eu beaucoup d'émotions à la fin du match parce que même si j'ai pris un plaisir de dingue sur le terrain et que je m'attendais malheureusement... à finir ma compétition ce jour-là, c'est vraiment très dur de se dire que voilà, c'est fini. C'était le dernier match probablement de ta vie que tu vivras dans ces conditions incroyables. J'aurais vraiment aimé que ça dure beaucoup plus longtemps parce qu'on sait qu'on ne revivra jamais ça. En tant que para, on a déjà si peu de monde sur les compétitions, mais là, même les valides, qui pourtant jouent toujours dans des salles combles, ont vécu un truc à Paris qu'ils n'ont jamais vécu ailleurs. Donc j'étais vraiment super triste que ça se finisse, mais j'étais à la fois super reconnaissante de ce que j'ai pu vivre pendant ces 49 minutes à l'aréna. Ce que je savais pas à ce moment-là, c'est qu'on allait vivre encore une dernière danse incroyable avec le public parisien. Après la médaille de Lucas, Faustine et Charles, on est allés célébrer au Club France. Le Club France, c'était un lieu... à la Villette, où les gens pouvaient venir célébrer les médailles avec les athlètes. Il y avait une grande scène avec de la musique, des confettis, et généralement, c'était les médaillés qui avaient droit à leur moment avec le public. Mais nous, on a aussi eu le droit d'aller célébrer nos Jeux avec toute l'équipe du Parabas. Donc, on a eu notre moment de célébration avec le public, tous ensemble, tous les huit. Le Club France était... complet, l'ambiance était dingue. Alors moi, j'étais avec mes bouchons plus mon casque anti-bruit parce que avec mon autisme, ça faisait vraiment beaucoup sensoriellement. Mais on était un mardi soir, en semaine, le lendemain de la rentrée. Et il y a des milliers de personnes qui sont venues nous célébrer. Et c'est là que je me suis vraiment dit, waouh, ces Jeux paralympiques ont été un succès du début à la fin. Malgré tout ce que les gens disaient sur la date, le fait que ce soit décalé des JO, à la rentrée... Ces Jeux ont vraiment été une réussite pleine pour moi, même si sportivement j'aurais bien sûr aimé faire mieux. Parfois on peut tout simplement pas rivaliser, même en jouant à notre meilleur niveau. Quand on connaît mon parcours, ce qui m'a mené jusque là, les combats que j'ai dû mener jusqu'au bout pour pouvoir participer en défendant mes chances à Paris... Je saisis pleinement la chance que j'ai eu de pouvoir vivre ces 49 minutes à l'aréna Porte de la Chapelle, ces 10 jours au village paralympique. D'ailleurs, le prochain épisode, ce sera un épisode dédié au village paralympique, parce que vous êtes beaucoup à m'avoir posé plein de questions à ce sujet. Donc si vous avez des questions, vous pouvez me les poser facilement sur Instagram, sur LinkedIn ou directement sur Spotify. Comme ça... je pourrais y répondre dans l'épisode spécial village des athlètes et j'expliquerai un peu tout ce que j'ai fait après ma compétition donc voilà je vous attends sur instagram je rappelle l'instagram c'est parabadiste.podcast et comme ça je pourrais répondre à toutes vos questions dans le prochain épisode dans deux semaines donc voilà en quelque sorte un épisode en deux temps pour mon retour des jeux aujourd'hui la compétition vécue de l'intérieur et la prochaine fois dans deux semaines au revoir La vie autour de la compète ! Merci d'avoir écouté cet épisode jusqu'à la fin. J'imagine donc que le contenu vous a plu, alors je compte sur vous pour le faire savoir autour de vous et vous abonner pour ne louper aucun épisode à venir. Tous les liens utiles sont dans la description, alors allez y jeter un coup d'œil et moi je vous dis à la prochaine !

Description

Le 29 août 2024, j'ai réalisé mon rêve de gosse : participer aux jeux paralympiques.


Dans l'épisode du jour, je reviens sur cette compétition unique et hors du commun. De la gestion de l'approche de ce grand rendez-vous au bilan de mes matchs, j'aborde dans cette 1ère partie la manière dont j'ai vécu cette quinzaine et les émotions qui m'ont traversée à chaque instant !


Vous avez tous vécu ces jeux olympiques et paralympiques en tant que spectateur, mais comment les vit-on de l'intérieur lorsque l'on est joueuse de badminton comme moi ?


C'est ce que je vous fais vivre aujourd'hui !


Dans le prochaine épisode, j'aborderai le fameux village des athlètes, ce qu'on y trouve, ce qu'on y fait, comment on s'y déplace... si vous avez des questions à ce sujet : c'est le moment ! Posez-les moi sur instagram ou sur Spotify afin que je puisse y répondre dans la 2e partie de ce retour des jeux paralympiques !


***

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Milena SURREAU


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Transcription

  • Speaker #0

    Vous vous êtes déjà enflammé devant une finale du 100 mètres et les podiums des Jeux vous procurent des frissons. Le sport vous galvanise et les sportifs vous font rêver. Mais derrière les médailles, le chemin vers le jour de gloire est un long parcours semé d'embûches et de challenges. Alors quant à cela s'ajoute le handicap, la route peut s'annoncer encore plus sinueuse. Je m'appelle Milena Suro, je suis sportive de haut niveau en para-badminton. Le but de ce podcast est de vous parler de la vie d'une sportive en quête des Jeux, entre exigence du haut niveau et galère du handicap. afin de mieux comprendre le quotidien de ces sportifs à part et de cerner les enjeux de l'accessibilité. Alors si vous aimez le sport, le développement personnel ou que vous êtes touché de près ou de loin par le handicap, ce podcast est fait pour vous. Bon, et bien voilà, je suis une paralympienne. Après une petite pause sur le podcast, c'est naturellement par un épisode débrief de mes Jeux paralympiques que je fais mon retour ici. Pour ceux qui ne me connaissent pas encore, je m'appelle Milena Suro, je fais du para-badminton et sur mon podcast, je parle du sport de haut niveau, de sa face cachée, de notre quotidien. Je réponds à toutes les questions que vous vous êtes toujours posées sur ce métier qui fait rêver beaucoup de monde. Et j'aborde aussi le sujet du handicap dans la société, dans la vie quotidienne, parce que j'ai un handicap moteur dû à une maladie neurologique et je suis aussi autiste. Voilà pour la présentation rapide. J'ai déjà abordé tout ça en détail dans les premiers épisodes du podcast. Donc je vous invite à aller les écouter pour mieux me connaître et me poser vos questions s'il y a certains sujets qui vous interrogent mais que je n'ai pas encore abordé. Place à l'épisode du jour sur les Jeux Paralympiques de Paris 2024. On a vraiment vécu un truc de dingue. Après les Jeux Olympiques, on s'attendait vraiment... à vivre une expérience hors du commun, mais avec quand même toujours cette petite incertitude en tant que para, est-ce que le public va suivre ? Est-ce qu'on va vivre un truc aussi énorme que les JO ? Ou est-ce que ce sera bien mais pas incroyable parce que c'est la rentrée, le sport paralympique attire moins et il est parfois un peu complexe à comprendre avec toutes les classifications, etc. Donc... On était vraiment excités, on avait super hâte, mais avec toujours ce petit doute qui plane quand même sur qu'est-ce qu'on va vivre réellement. Pour ma part, les deux semaines entre la fin des JO et le départ pour les JP ont été vraiment très longues. Ça n'a pas été super simple à vivre parce que les Jeux Olympiques m'ont vraiment tellement boostée. Voir tous ces stades pleins, les médailles, les... podiums, la ferveur populaire et médiatique. J'avais tellement hâte d'y être. Sauf qu'à la fin des JO, il y avait encore deux semaines à attendre avant nos Jeux. Et deux semaines, c'est assez long, surtout dans le contexte dans lequel on est, c'est-à-dire qu'on a vécu un an de qualification, en 2023-2024. Après, on part direct sur cinq mois de préparation. Et tout ça, c'est très long. C'est des entraînements tous les jours, des prépas physiques, des prépas mentales, des sollicitations au niveau des médias, les gens dans la vie de tous les jours qui te parlent des jeux, qui t'encouragent, qui te demandent quand est-ce que sont exactement tes matchs, et comment pour aller regarder, etc. Et c'est vrai que ça demande beaucoup d'énergie pour répondre présent à tout ça. Et en plus de ça, c'est vrai que plus on se rapproche de la date fatidique, plus il y avait pour moi cette peur de me... blesser, parce que là si tu te blesses à ce moment-là, c'est foutu t'auras pas le temps de récupérer et de pouvoir participer au jeu donc il y a eu un peu ce stress au fur et à mesure que ça approchait de si je me blesse, c'est vraiment le pire truc qui peut m'arriver. Donc à la fin quand il ne reste que deux semaines c'est deux semaines qui paraissent vraiment interminables moi j'étais vraiment à bout de souffle, je commençais à être assez fatiguée... D'autant plus que j'étais au centre de rééducation jusqu'au 13 août. Donc quand les JO se sont terminées, ma rééducation s'est terminée quasi en même temps. Et derrière, il y a eu deux semaines assez vides d'un coup, avec cette hâte d'être au 28 août pour le début des Jeux paralympiques. Donc ça a été une période assez compliquée. Et enfin, le 24 août, départ pour le village paralympique, après tant d'attentes tillées. T'es sur le point de réaliser ton rêve de gosse. Donc on commence par faire son accréditation. C'est d'ailleurs là que je me suis rendue compte que j'avais perdu mon passeport et mes ordonnances de médicaments dans le van qui m'a emmenée au village. Donc je ne garde pas un souvenir incroyable de mon arrivée parce que ça a été un stress énorme avec cette histoire de passeport. Mais ensuite, on se dirige vers le bâtiment de l'équipe de France où on va rejoindre l'appartement dans lequel je serai pour ces 10 jours de compétition. Il y avait vraiment plein de bénévoles qui étaient là pour nous aider à... apporter nos bagages, nous montrer le chemin. Donc vraiment, du début à la fin, grand merci aux bénévoles de Paris 2024. La première journée, elle a été assez dense et fatigante parce qu'après mon arrivée le matin, j'avais directement un créneau à la salle de compétition pour la découvrir, installer les affaires de gêne, mon chien d'assistance. Et ensuite, le soir, on avait la conférence de presse puisque chaque équipe de France devait faire une conférence de presse au Club France avant le début de leur compétition. Cette conférence de presse, elle a été assez chouette à mes yeux, parce que notre fédération a fait le choix qu'on y participe tous, contrairement à d'autres collectifs qui n'ont eu que deux ou trois athlètes choisis pour les représenter. Donc, on a tous pu être présentés à la presse et répondre aux questions des journalistes. Dans les jours qui ont suivi, l'objectif, c'était vraiment de prendre mes marques au village, de trouver un rythme et des routines efficaces dans la gestion de mon chien et de ses besoins, mes besoins à moi, et une mécanique qui roule avec ma cousine, qui était mon aide de vie sur cette compétition. Donc Manon avait une accréditation au village du matin jusqu'au soir, elle pouvait m'y accompagner partout toute la journée, mais elle dormait dans un hôtel à l'extérieur. Ça a vraiment été un appui primordial sur la compétition, d'autant plus qu'elle est kinée, donc un vrai plus pour l'écupération à la chambre. et pour ma vie autour de la compétition. Et aussi, ces jours ont servi pour prendre mes marques dans la salle de compétition avec deux entraînements que j'ai eus le mardi et le mercredi. Ces practices, ils sont importants avant chaque compétition parce qu'on va pouvoir tester les volants, leur vitesse de chaque côté, sur chaque terrain, s'il y a du vent aussi avec la clim, à quel endroit. C'est des paramètres super importants. Pour nous, parce qu'un volant, c'est très léger, c'est donc hypersensible à tous ces petits changements. Ça permet aussi de prendre ses repères par rapport aux lumières et donc aux limites du terrain. C'est aussi là qu'on a découvert que les sièges pour s'asseoir aux changements de côté étaient en velours. Et donc pour moi, ça a été horrible parce qu'avec mon autisme, il y a des matières que je supporte pas et le velours en fait partie. Donc c'est pour ça que vous pouvez me voir déposer une serviette avant de m'asseoir. pendant mes matchs, et m'appuyer sur le bac de rangement et ma raquette pour me relever, plutôt que m'appuyer sur le siège. Et il y a aussi une petite anecdote à ce sujet. Quand on a fait remonter à l'orga que les sièges en velours, c'était vraiment pas terrible, parce qu'en plus, quand on s'assoit au changement de côté, on transpire. Donc les sièges étaient vraiment trempés de sueur, c'était vraiment immonde. On nous a répondu, non mais vous inquiétez pas, on n'a pas eu de retour négatif des joueurs aux Jeux Olympiques. Sauf qu'aux Jeux Olympiques, les joueurs ne s'assoient pas au changement de côté. C'est vraiment un truc de para de s'asseoir. Donc c'est là qu'on voit qu'il y a encore plein de choses qui peuvent être améliorées dans l'organisation des événements para, avec ce genre de détails à prendre en compte. Et puis est venu le jour J, le jour où tu deviens paralympienne. J'ai eu un tirage assez relevé, mais en même temps, aux Jeux Olympiques, il y a les 9 meilleures joueuses du monde. Donc qui que tu tires, c'est forcément relevé. Donc je me suis pas trop pris la tête par rapport à ça. Avec un peu de chance, j'aurais pu avoir un tirage un peu plus accessible, avec une chance d'accrocher un quart de finale. Mais j'étais déjà très heureuse de pouvoir jouer contre Leani Oktila. C'est une indonésienne numéro 2 mondiale, vice-championne paralympique en titre, vice-championne du monde en titre. Un gros morceau à jouer, mais je prends toujours beaucoup de plaisir à jouer contre elle. Son jeu est plaisant à jouer pour moi. On fait toujours des gros combats. Et c'est en plus une personne que j'apprécie sur et en dehors du terrain. Donc j'ai été déjà très contente de pouvoir prendre du plaisir dans un match sur ces Jeux paralympiques. Mais avant ça, il fallait s'attaquer à l'indienne Palak Kohli. Donc ça c'est l'inverse. C'est une joueuse que je n'aime pas du tout jouer. J'ai de la difficulté à mettre en place mon jeu contre elle. Donc c'est un vrai contraste avec Léanie. Et donc j'ai commencé ma compétition par ce match, avec l'immense chance non seulement d'être sur un terrain filmé, et donc diffusé sur le site et l'application France.tv, mais aussi d'avoir le match diffusé en direct sur France 2 et commenté. Et c'est vrai qu'avec la densité d'épreuves qu'il y a sur les jeux, c'est une vraie chance d'avoir été choisie pour passer à l'antenne en direct parmi les autres sports qui se déroulaient à ce moment-là. Donc j'ai vraiment pu... pleinement vivre l'expérience des Jeux Paralympiques dans son entièreté. De ce premier match, je retiens mon entrée dans une salle vraiment très remplie, un brouhaha énorme avec des applaudissements et des acclamations. C'était vraiment incroyable comme expérience et comme sensation. Ça m'a pas mal rappelé mes concerts quand j'étais musicienne, mais là c'était quand même encore le cran au-dessus. Et ensuite, pendant tout le match, beaucoup d'encouragement, de chant. Il y avait aussi des grosses têtes en carton imprimées par le CPSF dont on a beaucoup... parler. Et c'est vrai que ça fait super bizarre de se voir comme ça dans les tribunes en énorme. Ça m'a vraiment boostée. Je sais que certains joueurs ont été un peu tétanisés. Ils n'ont pas joué à leur meilleur niveau à cause du public. Parce qu'il faut le dire, on ne joue jamais devant des gens. Au mieux, s'il y a 100 personnes qui viennent nous voir en comptant les joueurs, les coachs et les quelques écoles qui sont parfois en sortie scolaire sur nos compétitions, c'est déjà énorme. Donc jouer devant des milliers de personnes en feu, c'était vraiment pas habituel pour nous. Et pour moi, ça a été un vrai plus. J'ai jamais été stressée pendant ces jeux. Je veux dire, sur certaines compétitions, le stress peut être un peu paralysant ou au moins un peu trop présent la veille ou le matin du match. Ça peut parfois me causer des difficultés à dormir ou à manger, voire carrément à installer mon jeu. et avoir confiance en moi sur le terrain, comme ça avait été le cas au championnat d'Europe en 2023. Mais sur ces Jeux, j'ai eu un peu de trac, ce qu'on appelle le bon stress dans le milieu de la musique d'où je viens, mais c'est tout, ça n'a eu aucun impact négatif. À aucun moment, j'ai eu la main qui tremble à l'échauffement ou avant le premier service du match. Ça a été un vrai plus pour profiter à fond du moment et m'appliquer à mettre en place mon meilleur jeu. Le match était un peu à sens unique malheureusement pour diverses raisons et notamment ma préparation tronquée à cause de ma chute et ma paralysie complète au mois de mai. Il faut quand même avoir à l'esprit que jusqu'au mois de juillet, je n'ai pas pu faire d'entraînement normal debout sur grand terrain et que j'ai passé tout l'été en rééducation pour essayer de retrouver mes jambes. Donc avec la grosse différence physique entre elle et moi, la marche était trop haute pour pouvoir rivaliser. Le match étant diffusé, il y a eu une belle audience et du coup ça a beaucoup fait parler sur l'équité entre Palak Kohli et moi, parce que Palak a un handicap visible qui est un bras amputé et un handicap invisible qui est une arthrodèse à la cheville. Donc je ferai un épisode complet sur la classification en parasport, ce que c'est, comment ça se passe, comment on garantit au mieux l'équité. Mais voilà, la joueuse indienne avait bel et bien un handicap aux membres inférieurs également, même si c'est un handicap léger. D'où sa participation en SL4 et pas en SU5. Donc j'entame la compétition par une défaite, malgré mes très bonnes sensations de jeu. Le lendemain, j'ai eu un jour de pause pendant lequel j'ai pu faire un entraînement, mais déjà là, physiquement, ça commençait à être compliqué. J'avais très peu de force dans les jambes et on savait que le match du lendemain allait être un combat énorme. Le samedi, on va pas se mentir, c'était un peu David contre Goliath. Vu le résultat de l'autre match dans la poule... pour me qualifier en quart de finale, il aurait fallu un exploit énorme parce que non seulement il aurait fallu que je batte Léanie, mais en plus que je la batte en 2-7. Donc on va pas dire que c'était impossible et que je partais vaincue parce que je rentre jamais sur un terrain en me disant que je vais perdre, mais là clairement il fallait sortir le match parfait, en ayant toutes mes jambes et tous mes bras, en étant dans le meilleur jour et que toutes les planètes s'alignent. Du coup, j'étais vraiment super détendue avant d'entrer sur le cours. J'ai essayé de me dire de profiter à fond du moment, parce qu'on était samedi. La salle était à guichet fermé, l'ambiance depuis le matin était vraiment folle. Et en plus, je jouais contre cette joueuse que j'adore et pour qui j'ai beaucoup de respect. Vraiment, pour moi, c'était parfait. Et j'avais déjà été émerveillée par mon entrée dans l'aréna le jeudi. Mais là, le samedi, j'ai vraiment pris une claque. Quand le speaker a annoncé l'entrée de Léani, c'était vraiment comme à Roland-Garros quand c'est Nadal qui entre. Il a énoncé son palmarès long comme le bras et la foule était déjà hyper bruyante. Et ensuite, quand le drapeau français et mon nom sont apparus sur l'écran, la foule était tellement en délire qu'on n'entendait même plus le speaker annoncer mon nom. J'ai passé ma jeunesse dans le COP Nord à Geoffroy Guichard, à supporter Saint-Etienne, donc clairement un des stades les plus bruyants en Europe, un des COP les plus chauds. Il en faut quand même pas mal pour me secouer et m'interpeller. Mais là, l'entrée que j'ai vécue dans cette salle qui est ni trop grande, ni trop petite, avec du coup une acoustique incroyable, avec 100% du public derrière moi, c'était vraiment fou. Pendant tout le match, l'ambiance était encore plus dingue que le jeudi. J'ai pas gagné beaucoup de points parce que Léani a vraiment fait un match de très haut niveau et moi, mes jambes et mes bras étaient au bout de leur vie. Mais chaque point que je gagnais avec ce public de dingue, c'était comme si je gagnais le match. T'es là, tu passes de 17-10 à 17-11 et t'as l'impression d'avoir gagné le match tellement les gens sont debout à serrer les poings, à hurler. J'ai vraiment eu beaucoup d'émotions à la fin du match parce que même si j'ai pris un plaisir de dingue sur le terrain et que je m'attendais malheureusement... à finir ma compétition ce jour-là, c'est vraiment très dur de se dire que voilà, c'est fini. C'était le dernier match probablement de ta vie que tu vivras dans ces conditions incroyables. J'aurais vraiment aimé que ça dure beaucoup plus longtemps parce qu'on sait qu'on ne revivra jamais ça. En tant que para, on a déjà si peu de monde sur les compétitions, mais là, même les valides, qui pourtant jouent toujours dans des salles combles, ont vécu un truc à Paris qu'ils n'ont jamais vécu ailleurs. Donc j'étais vraiment super triste que ça se finisse, mais j'étais à la fois super reconnaissante de ce que j'ai pu vivre pendant ces 49 minutes à l'aréna. Ce que je savais pas à ce moment-là, c'est qu'on allait vivre encore une dernière danse incroyable avec le public parisien. Après la médaille de Lucas, Faustine et Charles, on est allés célébrer au Club France. Le Club France, c'était un lieu... à la Villette, où les gens pouvaient venir célébrer les médailles avec les athlètes. Il y avait une grande scène avec de la musique, des confettis, et généralement, c'était les médaillés qui avaient droit à leur moment avec le public. Mais nous, on a aussi eu le droit d'aller célébrer nos Jeux avec toute l'équipe du Parabas. Donc, on a eu notre moment de célébration avec le public, tous ensemble, tous les huit. Le Club France était... complet, l'ambiance était dingue. Alors moi, j'étais avec mes bouchons plus mon casque anti-bruit parce que avec mon autisme, ça faisait vraiment beaucoup sensoriellement. Mais on était un mardi soir, en semaine, le lendemain de la rentrée. Et il y a des milliers de personnes qui sont venues nous célébrer. Et c'est là que je me suis vraiment dit, waouh, ces Jeux paralympiques ont été un succès du début à la fin. Malgré tout ce que les gens disaient sur la date, le fait que ce soit décalé des JO, à la rentrée... Ces Jeux ont vraiment été une réussite pleine pour moi, même si sportivement j'aurais bien sûr aimé faire mieux. Parfois on peut tout simplement pas rivaliser, même en jouant à notre meilleur niveau. Quand on connaît mon parcours, ce qui m'a mené jusque là, les combats que j'ai dû mener jusqu'au bout pour pouvoir participer en défendant mes chances à Paris... Je saisis pleinement la chance que j'ai eu de pouvoir vivre ces 49 minutes à l'aréna Porte de la Chapelle, ces 10 jours au village paralympique. D'ailleurs, le prochain épisode, ce sera un épisode dédié au village paralympique, parce que vous êtes beaucoup à m'avoir posé plein de questions à ce sujet. Donc si vous avez des questions, vous pouvez me les poser facilement sur Instagram, sur LinkedIn ou directement sur Spotify. Comme ça... je pourrais y répondre dans l'épisode spécial village des athlètes et j'expliquerai un peu tout ce que j'ai fait après ma compétition donc voilà je vous attends sur instagram je rappelle l'instagram c'est parabadiste.podcast et comme ça je pourrais répondre à toutes vos questions dans le prochain épisode dans deux semaines donc voilà en quelque sorte un épisode en deux temps pour mon retour des jeux aujourd'hui la compétition vécue de l'intérieur et la prochaine fois dans deux semaines au revoir La vie autour de la compète ! Merci d'avoir écouté cet épisode jusqu'à la fin. J'imagine donc que le contenu vous a plu, alors je compte sur vous pour le faire savoir autour de vous et vous abonner pour ne louper aucun épisode à venir. Tous les liens utiles sont dans la description, alors allez y jeter un coup d'œil et moi je vous dis à la prochaine !

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