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Journal d'une parabadiste

#12 Je t'emmène faire un tour au village des athlètes ! (Jeux Olympiques et Paralympiques)

#12 Je t'emmène faire un tour au village des athlètes ! (Jeux Olympiques et Paralympiques)

21min |17/10/2024
Play
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21min |17/10/2024
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Description

On en entend parler avant et pendant les quinzaines de compète, il nourrit des mythes et fait rêver les sportifs avant même d'y entrer : le village des athlètes est l'un des symboles des Jeux Olympiques et Paralympiques, la plus grande compétition sportive au monde !


Aujourd'hui je vous invite à y faire un tour entre généralités et anecdotes.


Car si tous les athlètes n'y logent pas pendant leur compétition, ceux qui y sont vivent pleinement "l'expérience Jeux" en y passant la majorité de leur temps libre.


***


🎙️ Pour suivre le podcast sur Instagram, et découvrir du contenu vidéo exclusif, interagir avec moi et poser vos questions qui pourront être abordées dans les futurs épisodes : https://www.instagram.com/paralympienne.podcast/


🏸 Pour me suivre dans mon quotidien de sportive de haut niveau, sur mes tournois internationaux et à l'entraînement : https://www.instagram.com/milena_surreau/



Pour les puristes : https://www.facebook.com/MilenaSurreau


📥 Pour ne rien rater, c'est sur ma Newsletter que ça se passe : http://eepurl.com/ib1cZ5


Avis aux professionnel, LinkedIn est encore le réseau ou je suis la plus active ! https://www.linkedin.com/in/milena-surreau/


Milena SURREAU


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Vous vous êtes déjà enflammé devant une finale du 100 mètres et les podiums des Jeux vous procurent des frissons. Le sport vous galvanise et les sportifs vous font rêver. Mais derrière les médailles, le chemin vers le jour de gloire est un long parcours semé d'embûches et de challenges. Alors quant à cela s'ajoute le handicap, la route peut s'annoncer encore plus sinueuse. Je m'appelle Milena Suro, je suis sportive de haut niveau en para-badminton. Le but de ce podcast est de vous parler de la vie d'une sportive en quête des Jeux, entre exigence du haut niveau et galère du handicap. afin de mieux comprendre le quotidien de ces sportifs à part et de cerner les enjeux de l'accessibilité. Alors si vous aimez le sport, le développement personnel ou que vous êtes touché de près ou de loin par le handicap, ce podcast est fait pour vous. Bonjour et bienvenue dans l'épisode 12 de mon podcast, journal d'une parabadiste. Aujourd'hui, c'est un peu la partie 2 de mon retour des Jeux paralympiques. Il y a deux semaines, je vous expliquais ma compétition, mon ressenti, mes matchs. On continue maintenant avec le fameux village des athlètes dont on entend beaucoup parler en amont des jeux mais aussi pendant. Alors aujourd'hui c'est parti pour vous en parler un petit peu mais aussi aborder ce que j'ai vécu en dehors des terrains pendant les dix jours où j'étais à Paris et comment tout ça se passait en tant qu'athlète. Donc tout commence avec l'arrivée au village. Donc c'est une procédure assez spécifique parce que déjà il faut arriver. Avec un véhicule accrédité, les alentours du village sont vraiment très contrôlés et sécurisés. Donc n'importe qui ne peut pas y accéder en voiture. Donc tout commence pour moi par un rendez-vous à l'INSEP, où j'ai pu garer ma voiture pour les 10 jours de compétition et être emmenée par une voiture accréditée. Et arriver sur place, pouvoir accéder au dépose-minute juste à côté de l'entrée et de l'espace accréditation. Donc dès la sortie de la voiture, on a des bénévoles qui sont là pour nous aider avec les valises. Et on doit passer à la sécurité parce que tout ce qui entre dans le village est passé au rayon X pour vérifier l'intérieur. C'est pareil pour les navettes qui nous déposent à l'intérieur du village et des salles de compétition. Il y avait systématiquement un contrôle des véhicules avec des agents qui passaient des miroirs pour vérifier le dessous et le dessus des bus. Donc tout était vraiment extrêmement sécurisé. Ensuite, on fait l'accréditation. Ton accréditation, ça devient vraiment la chose la plus importante de ta vie pendant la compétition. Il faut l'avoir toujours avec toi parce que ça devient ton justificatif d'identité et surtout ton laissé-passer partout. Il n'y a pas le même niveau d'accréditation pour tout le monde. Par exemple, les athlètes ont accès à la salle de leur sport, à tout le village, y compris les restaurants. tous les espaces médias, radio, etc. Alors que par exemple, ma cousine, qui était mon aidante, avait accès au village que du matin au soir, tous les jours, mais pas à la salle de compétition. Et d'autres accréditations pouvaient donner accès uniquement au village sans les restaurants et avec des contraintes horaires très précises. Donc l'accréditation, super important, il faut toujours l'avoir sur soi et on est amené à la présenter vraiment tout le temps. partout où on va. Donc moi au village, j'étais dans un appartement de huit personnes. Dans cet appartement, il y avait quatre chambres. Moi j'avais une chambre pour moi toute seule avec Eugène, mon chien d'assistance. Et il y avait aussi deux salles de bain avec toilettes, dont une salle de bain PMR. Tout a été un peu pensé pour que ce soit accessible au PMR, mais malheureusement comme partout entre ce qui est accessible sur le papier et ce qui l'est vraiment dans la pratique, il y a souvent un monde. Donc par exemple dans la salle de bain PMR, le verrou pour fermer la porte était beaucoup trop petit et difficile à manipuler. Donc moi qui n'ai pas de force dans les doigts, j'ai pas du tout pu l'utiliser. Donc j'ai passé 10 jours sans pouvoir verrouiller la porte de ma salle de bain et des toilettes. Donc vraiment pas dingue pour l'intimité, c'est assez stressant. Pareil pour la porte d'entrée qui était super lourde avec... un seuil de porte à franchir. Et en plus de ça, dans le couloir c'était de la moquette très épaisse. Donc ce combo quand on est en fauteuil roulant et qu'en plus on n'a pas de force dans les bras, c'est super difficile pour ouvrir les portes. Et donc ça c'est des petites choses auxquelles personne ne pense jamais quand on rend accessible un bâtiment. Et c'est très fréquent qu'on se retrouve en galère avec les portes dans les hôtels par exemple. Sinon on avait vraiment tout ce qu'il faut dans les chambres, un étendoir, un ventilateur, une multiprise, une table de chevet, une lampe accrochée au lit. Et donc pour répondre à la question qui m'a été énormément posée, les liens en carton et les matelas en nylon, moi j'ai trouvé ça très bien, j'ai eu aucun souci à dormir. A la limite je ferais plus une réflexion sur la couette qui était pas très grande et surtout pas très chaude et c'est vrai que... Avec mon autisme, j'aime beaucoup dormir avec du poids sur moi. Donc la couette, c'était pas une grande réussite, mais on était vraiment très bien installés. Et j'ai vraiment pas eu de soucis pour dormir au village. Je suis arrivée au village trois jours avant le début de ma compétition. Ça peut paraître pas beaucoup pour certains. Le reste de l'équipe de France de Parabades était arrivée cinq jours avant. Moi, ça reste toujours assez difficile et énergivore d'être en dehors de chez moi. J'ai souvent de la difficulté à me nourrir comme il faut à l'extérieur, etc. Donc j'essaye d'arriver le plus proche possible du début des compétitions. En plus, là, il n'y avait pas de décalage horaire. Donc ce n'était vraiment pas un problème d'arriver un peu au dernier moment. Et les premiers jours ont vraiment servi à prendre mes marques et à installer des routines qui fonctionnent pour que les jours de match, tout roule du mieux possible. Donc j'avais avec moi ma cousine Manon qui était mon aidante sur cette compétition et on a rapidement mis en place ce qui fonctionnait le mieux au niveau des promenades de mon chien, des repas, des siestes, des récupérations kinés, etc. Par exemple, je me suis vite rendu compte que le restaurant, c'était vraiment super compliqué pour Eugène, mon chien d'assistance, parce que vraiment tout le monde voulait toujours le prendre en photo. Les gens le caressaient parfois sans demander, dans un environnement très très riche sensoriellement, donc c'était assez fatigant et difficile pour lui. Donc j'ai pu tout de suite ajuster mes horaires de lever, de sa balade, pour pouvoir le laisser à la chambre pendant mon petit déjeuner, mon déjeuner, et que Manon soit également présente au dîner pour m'aider, vu que Jeanne ne pouvait pas le faire. C'est là que j'ai été super contente d'avoir ma motorisation sur mon fauteuil roulant manuel. Comme je l'avais expliqué dans l'épisode 8, j'ai une roue à propulsion Jumper qui est fabriquée par Acecare. Et donc, comme Eugène ne m'accompagnait pas au repas et donc ne pouvait pas me tracter sur ces trajets-là, je pouvais me reposer à 100% sur ma motorisation et ainsi ne pas solliciter mon épaule qui est fragile. et ne pas trop me fatiguer en marge de la compétition. Parce que le village, c'est vraiment immense. Ce qui est bien, c'est que globalement, ça a été un peu pensé pour que ce soit accessible en fauteuil roulant. Donc, il y a des rampes partout, y compris à certains endroits, des très très longues rampes en escargot qui permettent d'accéder à des bâtiments en haut d'escalier. Donc, c'est vrai qu'avoir un fauteuil manuel motorisé, c'était vraiment très appréciable. et ça m'a permis d'optimiser mes efforts, mes temps de parcours et de ne pas imposer à Eugène des tâches quand c'était trop fatigant pour lui. Pour ceux qui veulent en savoir plus sur les motorisations et plus précisément la yomper, vous pouvez aller écouter l'épisode 8 où je parle en détail de tout ça. Par contre, au village c'est bien, ils ont pensé aux rampes d'accès mais gros carton rouge sur tout le reste. J'ai été assez hallucinée d'ailleurs. de voir autant de défauts de l'accessibilité, parce que c'est un quartier neuf qui a été vraiment construit spécifiquement pour les Jeux de Paris, mais qui évidemment a vocation de devenir un quartier de vie normal à Saint-Denis. Et des standards hyper basiques en termes d'accessibilité n'étaient pas respectés. Par exemple, au niveau des passages piétons, à beaucoup d'endroits, si ce n'est une majorité d'endroits, il n'y avait pas de bateau. Donc tu te retrouves avec ton fauteuil à devoir passer des trottoirs d'une dizaine de centimètres. Cette hauteur, elle est clairement pas accessible pour beaucoup de personnes en fonction du matériel qu'elles utilisent, de leur capacité physique et technique avec le fauteuil. Et même quand tu maîtrises les franchissements d'obstacles, tu peux quand même parfois te faire avoir et te renverser si tu lèves tes roues un peu trop tôt ou trop tard. Ça m'est arrivé une fois en allant à l'entraînement. En plus de ça, c'était encore plus vicieux que ça parce que parfois il y avait un bateau entre la route et la piste cyclable, mais ensuite entre la piste cyclable et le trottoir, il n'y en avait pas. Du coup, pour quelqu'un qui voit pas bien, ou qui a des défauts du traitement de l'information visuelle, ce qui est très fréquent chez les autistes ou les paralysés cérébraux, tu peux te faire avoir en pensant qu'en toute logique, il y a aussi un bateau après la piste cyclable, et en fait non, et bim, trébucher ou carrément renverser ton fauteuil. C'est pareil, tant qu'on reste sur le visuel, la couleur des pistes cyclables, du rebord du trottoir et du trottoir, c'était la même. pour distinguer la marche du trottoir, c'était vraiment super compliqué. Déjà pour les gens qui voient bien, mais alors pour les gens qui ont une mauvaise acuité visuelle ou qui sont carrément malvoyants, c'était vraiment l'enfer. Du coup, c'était quand même assez dangereux et très peu confortable pour naviguer dans le quartier. Et le pompon, je vous dis que tout ça, c'était de la même couleur, mais c'est même pire que ça, c'est que c'était des pavés. Et les pavés, c'est très joli, ça je dis pas le contraire. mais quand on est en situation de handicap, c'est l'enfer. Pour les fauteuils roulants, ça vibre de partout. Parfois, les petits trous se prennent dedans et on chute. Pour les personnes qui ont des douleurs articulaires, c'est un enfer et je sais de quoi je parle. Pour les personnes qui utilisent une canne blanche, c'est pareil. C'est souvent pas idéal parce que c'est moins fluide. Quand il pleut, ça glisse. Vraiment, les pavés, vous demandez à n'importe quelle personne handicapée ce qu'elle en pense. on sera unanime pour dire que c'est le pire revêtement en ville. C'est vraiment un cauchemar. Donc j'avoue que je n'ai pas du tout compris tous ces trucs qui paraissent tellement évidents pour nous qui sommes concernés. Donc encore une fois, je me dis juste que les personnes responsables du projet sont des personnes non concernées par le handicap, qui n'ont aucune idée de ce qu'on vit au quotidien avec nos déficits et nos aides techniques. Et pourtant, c'est censé faire... partie de leurs compétences, puisque l'accessibilité, c'est quand même quelque chose qui concerne 12 millions de personnes en France. C'est d'ailleurs une réflexion qui m'a été faite quand j'ai relevé tous ces soucis d'accessibilité. On m'a dit Oui, mais le village, ça n'a pas été conçu pour deux semaines de Jeux paralympiques, mais pour après. Oui, mais après, on a besoin des mêmes exigences pour les 20% de la population concernée par le handicap en France. C'est pour ça que c'est primordial de penser l'accessibilité totale, parce qu'on n'est pas que des athlètes paralympiques, nous on est monsieur et madame tout le monde dans la société civile. Bref, je referme cette parenthèse sur l'accessibilité du village pour vous parler du reste, qui était franchement bien. Donc au niveau du bâtiment France, on était déjà super bien placé, parce qu'on n'était pas trop loin des navettes et du restaurant, et donc globalement un peu... toute ta vie au village, elle est régie par tes repas et par tes entraînements et compétitions. Donc navettes et restaurants, c'est vraiment le point central. On avait à l'intérieur du bâtiment une terrasse et un rooftop avec vue panoramique sur Paris. Et en bas, à l'entrée, on avait un coin avec un écran géant. Donc c'était des endroits où on pouvait se retrouver entre joueurs et staff pour regarder les épreuves tous ensemble. On avait aussi une salle de sport pour nous tout seuls au bâtiment France. Mais ailleurs dans le village, il y avait aussi une salle de sport pour tous les athlètes où on avait aussi accès. On trouvait à chaque coin de rue des food trucks où on pouvait prendre des cafés, des croissants, des glaces. Et on en avait un juste en bas du bâtiment France. Évidemment, il y avait un gros pôle repas. au centre du village, avec un immense restaurant qui avait cinq ou six salles. C'était un principe de self, donc on passait avec son plateau et on choisissait ce qu'on voulait. Il y avait du choix sur les fruits, les yaourts, fromage, céréales. Il y avait un bar à salade aussi. Par contre, sur les plats principaux, j'ai trouvé ça quand même assez compliqué. C'était toujours froid. Le riz et les pâtes, c'était comme ce dont on a l'habitude à la cantine au collège. C'était tellement cuit que ça faisait des gros blocs. Il y avait assez peu de choix d'accompagnement. Et par exemple, le fromage râpé, les pots étaient toujours vides, même assez tôt dans la soirée. Moi, je mange généralement vers 19h, 19h30. Et on nous disait que ce ne serait pas re-rempli parce que juste, il n'y en avait plus. Pareil, le matin, très vite, il n'y avait plus d'œufs, plus de galettes de pommes de terre. Il fallait courir entre les six restaurants pour essayer de récupérer ce que tu voulais avant que ce soit en rupture de stock partout. Donc globalement, les repas assez compliqués quand même. Par contre, à côté du restaurant, il y avait un petit coin repas avec des plats assez sophistiqués faits par un grand chef. Donc moi, je n'aime vraiment pas ce type de nourriture, mais tout le monde a absolument adoré ce qui se faisait là-bas. Donc pour le midi, ça faisait... Ça faisait une bonne petite dégustation. Et surtout là-bas, il y avait une boulangerie avec constamment des viennoiseries chaudes, mais surtout des petits pains cacao absolument incroyables. Et je ne parle pas des muffins industriels dont on avait beaucoup entendu parler pendant les JO, mais vraiment des petits pains au cacao issus de la boulangerie sur place et qui étaient vraiment excellents. On pouvait aussi s'acheter ce dont on avait besoin à la super-aide du village. Bon là évidemment les prix étaient délirants mais ça pouvait toujours servir en cas de besoin. Il y avait aussi une laverie où on pouvait juste déposer nos affaires et revenir le lendemain avec tout propre et sec. Niveau service, il y avait aussi un bureau de poste pour acheter et envoyer des cartes postales, des colis. Et on pouvait faire imprimer des timbres à notre effigie. Donc c'était assez sympa. Au village, on trouvait aussi un centre confessionnel pour toutes les religions, un centre médical, un centre de réparation pour les orthèses, prothèses et les fauteux roulants, que ce soit ceux de compétition ou ceux de vie. Enfin vraiment... le village c'est une vraie ville avec tout ce qu'on peut trouver dans une ville normale, simplement sans voiture et avec beaucoup de sécurité après c'est pas parce qu'il n'y avait pas de voiture que ça veut dire qu'on était obligé de se déplacer à pied, il y avait un grand parc de vélos qu'on pouvait emprunter et déposer dans plein de points dans le village donc c'était très facile et fluide et les gens étaient très respectueux de l'endroit où ils posaient leur vélo Ensuite, il y avait un service de navettes électriques qui faisait le tour du village avec plusieurs arrêts. On pouvait monter à six personnes debout et une personne fauteuil. Le déploiement de la rampe était très rapide et facile, vraiment. C'était super fluide. Et enfin, pour les personnes en fauteuil roulant, il y a eu le déploiement d'une solution de mobilité électrique accrochée au fauteuil, un peu comme une trottinette qu'on clipse devant. Donc perso, je n'ai pas eu besoin vu que j'ai ma propre motorisation, mais pas mal de fauteuils ont pu tester ce système pour motoriser son fauteuil manuel, comme j'en parlais dans l'épisode 8, que je vous invite à aller écouter si ce n'est pas encore fait. Après, pour se rendre sur les sites de compétition, on avait des navettes qui partaient du village. Il y avait une grande gare routière avec une ou plusieurs navettes par sport qui partaient généralement une fois par heure. Et du coup, c'était des bus accessibles avec plusieurs emplacements fauteuils, contrairement aux bus de ville habituels. Là, ils avaient retiré quelques places assises pour pouvoir mettre plusieurs fauteuils roulants à bord, en plus des places pour ceux qui sont debout. Donc, contrairement à ce que beaucoup de gens pensent ou pensaient en amont des Jeux, les athlètes ne se déplacent pas en transport en commun. Et heureusement, parce qu'à Paris, avec les problèmes et les grèves, il fallait une solution plus fiable. Donc beaucoup de gens s'inquiétaient de l'accessibilité des transports parisiens pour les athlètes, mais évidemment, on avait des navettes accessibles et rien que pour nous. Cependant, oui, ça restait un souci pour le reste du séjour sur Paris, puisque une fois notre compétition terminée, on pouvait sortir du village et faire un peu ce qu'on voulait, notamment aller voir d'autres épreuves. Mais là, il fallait se débrouiller par nos propres moyens, et du coup, c'était pas forcément simple. Après, le village... C'est aussi le symbole un peu de la communauté paralympique et de la diversité qu'on peut y trouver en termes de handicap. C'est un endroit où tu vois des malvoyants guider des aveugles, où tu vois un petit train de personnes en fauteuil manuel tracté par un mec en fauteuil électrique devant. C'est un endroit où c'est normal de voir des gens manger avec leurs pieds ou carrément avec leur bouche directement dans l'assiette. Alors pour nous, athlètes paras, on a l'habitude parce que c'est notre quotidien sur les compétitions. Mais c'est vrai que pour certains nouveaux staffs ou pour les bénévoles qui découvrent le parasport, ça peut parfois même être un peu difficile selon les mots de certains parce que tu te retrouves face à des handicaps que tu ne connais pas, face à des choses que tu n'avais jamais vues auparavant. Mais c'est super important de se rendre compte qu'il faut tout simplement banaliser tout ça. parce qu'on est simplement des gens qui font partie de la société, même si on ne fait pas forcément toujours attention au fait qu'on existe dans le quotidien, parce que, encore une fois, comme la société est difficilement accessible, les PMR sortent difficilement de chez eux et sont parfois tout simplement physiquement coincés chez eux. Donc oui, on n'a pas l'habitude de nous voir dehors, dans les transports, dans les magasins. Les gens n'ont aussi pas eu l'habitude de côtoyer des enfants handicapés. Parce que malheureusement, les écoles ne sont pas toujours accessibles. Souvent, les notifications d'aide humaine à l'école ne sont pas respectées. Du coup, les enfants ne sont pas admis en classe, etc. Donc, tous ces facteurs font que certaines personnes au village ou autour du village se sont retrouvées à côtoyer des personnes handicapées pour la première fois de leur vie. En tout cas, j'espère sincèrement que les petits soucis d'accessibilité au village seront corrigés. J'espère aussi que le réaménagement des appartements... qui étaient du coup tous prévus pour être PMR pendant les Jeux, garderont l'accessibilité universelle pour un maximum d'entre eux et pas que pour les 20% requis par la loi quand ils seront mis en vente au grand public, parce que la problématique du logement, elle est réelle quand on est handicapé en France. Je vous mets des vidéos sur le compte Instagram pour que vous voyez un peu à quoi ressemble réellement le village. Et comme toujours, si vous avez des questions, que ce soit sur le paralympisme, le handicap, le sport de haut niveau, posez-les-moi pour que je puisse y répondre dans les prochains épisodes. Merci d'avoir écouté cet épisode jusqu'à la fin. J'imagine donc que le contenu vous a plu, alors je compte sur vous pour le faire savoir autour de vous et vous abonner pour ne louper aucun épisode à venir. Tous les liens utiles sont dans la description, alors allez y jeter un coup d'œil, et moi je vous dis à la prochaine !

Description

On en entend parler avant et pendant les quinzaines de compète, il nourrit des mythes et fait rêver les sportifs avant même d'y entrer : le village des athlètes est l'un des symboles des Jeux Olympiques et Paralympiques, la plus grande compétition sportive au monde !


Aujourd'hui je vous invite à y faire un tour entre généralités et anecdotes.


Car si tous les athlètes n'y logent pas pendant leur compétition, ceux qui y sont vivent pleinement "l'expérience Jeux" en y passant la majorité de leur temps libre.


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    Vous vous êtes déjà enflammé devant une finale du 100 mètres et les podiums des Jeux vous procurent des frissons. Le sport vous galvanise et les sportifs vous font rêver. Mais derrière les médailles, le chemin vers le jour de gloire est un long parcours semé d'embûches et de challenges. Alors quant à cela s'ajoute le handicap, la route peut s'annoncer encore plus sinueuse. Je m'appelle Milena Suro, je suis sportive de haut niveau en para-badminton. Le but de ce podcast est de vous parler de la vie d'une sportive en quête des Jeux, entre exigence du haut niveau et galère du handicap. afin de mieux comprendre le quotidien de ces sportifs à part et de cerner les enjeux de l'accessibilité. Alors si vous aimez le sport, le développement personnel ou que vous êtes touché de près ou de loin par le handicap, ce podcast est fait pour vous. Bonjour et bienvenue dans l'épisode 12 de mon podcast, journal d'une parabadiste. Aujourd'hui, c'est un peu la partie 2 de mon retour des Jeux paralympiques. Il y a deux semaines, je vous expliquais ma compétition, mon ressenti, mes matchs. On continue maintenant avec le fameux village des athlètes dont on entend beaucoup parler en amont des jeux mais aussi pendant. Alors aujourd'hui c'est parti pour vous en parler un petit peu mais aussi aborder ce que j'ai vécu en dehors des terrains pendant les dix jours où j'étais à Paris et comment tout ça se passait en tant qu'athlète. Donc tout commence avec l'arrivée au village. Donc c'est une procédure assez spécifique parce que déjà il faut arriver. Avec un véhicule accrédité, les alentours du village sont vraiment très contrôlés et sécurisés. Donc n'importe qui ne peut pas y accéder en voiture. Donc tout commence pour moi par un rendez-vous à l'INSEP, où j'ai pu garer ma voiture pour les 10 jours de compétition et être emmenée par une voiture accréditée. Et arriver sur place, pouvoir accéder au dépose-minute juste à côté de l'entrée et de l'espace accréditation. Donc dès la sortie de la voiture, on a des bénévoles qui sont là pour nous aider avec les valises. Et on doit passer à la sécurité parce que tout ce qui entre dans le village est passé au rayon X pour vérifier l'intérieur. C'est pareil pour les navettes qui nous déposent à l'intérieur du village et des salles de compétition. Il y avait systématiquement un contrôle des véhicules avec des agents qui passaient des miroirs pour vérifier le dessous et le dessus des bus. Donc tout était vraiment extrêmement sécurisé. Ensuite, on fait l'accréditation. Ton accréditation, ça devient vraiment la chose la plus importante de ta vie pendant la compétition. Il faut l'avoir toujours avec toi parce que ça devient ton justificatif d'identité et surtout ton laissé-passer partout. Il n'y a pas le même niveau d'accréditation pour tout le monde. Par exemple, les athlètes ont accès à la salle de leur sport, à tout le village, y compris les restaurants. tous les espaces médias, radio, etc. Alors que par exemple, ma cousine, qui était mon aidante, avait accès au village que du matin au soir, tous les jours, mais pas à la salle de compétition. Et d'autres accréditations pouvaient donner accès uniquement au village sans les restaurants et avec des contraintes horaires très précises. Donc l'accréditation, super important, il faut toujours l'avoir sur soi et on est amené à la présenter vraiment tout le temps. partout où on va. Donc moi au village, j'étais dans un appartement de huit personnes. Dans cet appartement, il y avait quatre chambres. Moi j'avais une chambre pour moi toute seule avec Eugène, mon chien d'assistance. Et il y avait aussi deux salles de bain avec toilettes, dont une salle de bain PMR. Tout a été un peu pensé pour que ce soit accessible au PMR, mais malheureusement comme partout entre ce qui est accessible sur le papier et ce qui l'est vraiment dans la pratique, il y a souvent un monde. Donc par exemple dans la salle de bain PMR, le verrou pour fermer la porte était beaucoup trop petit et difficile à manipuler. Donc moi qui n'ai pas de force dans les doigts, j'ai pas du tout pu l'utiliser. Donc j'ai passé 10 jours sans pouvoir verrouiller la porte de ma salle de bain et des toilettes. Donc vraiment pas dingue pour l'intimité, c'est assez stressant. Pareil pour la porte d'entrée qui était super lourde avec... un seuil de porte à franchir. Et en plus de ça, dans le couloir c'était de la moquette très épaisse. Donc ce combo quand on est en fauteuil roulant et qu'en plus on n'a pas de force dans les bras, c'est super difficile pour ouvrir les portes. Et donc ça c'est des petites choses auxquelles personne ne pense jamais quand on rend accessible un bâtiment. Et c'est très fréquent qu'on se retrouve en galère avec les portes dans les hôtels par exemple. Sinon on avait vraiment tout ce qu'il faut dans les chambres, un étendoir, un ventilateur, une multiprise, une table de chevet, une lampe accrochée au lit. Et donc pour répondre à la question qui m'a été énormément posée, les liens en carton et les matelas en nylon, moi j'ai trouvé ça très bien, j'ai eu aucun souci à dormir. A la limite je ferais plus une réflexion sur la couette qui était pas très grande et surtout pas très chaude et c'est vrai que... Avec mon autisme, j'aime beaucoup dormir avec du poids sur moi. Donc la couette, c'était pas une grande réussite, mais on était vraiment très bien installés. Et j'ai vraiment pas eu de soucis pour dormir au village. Je suis arrivée au village trois jours avant le début de ma compétition. Ça peut paraître pas beaucoup pour certains. Le reste de l'équipe de France de Parabades était arrivée cinq jours avant. Moi, ça reste toujours assez difficile et énergivore d'être en dehors de chez moi. J'ai souvent de la difficulté à me nourrir comme il faut à l'extérieur, etc. Donc j'essaye d'arriver le plus proche possible du début des compétitions. En plus, là, il n'y avait pas de décalage horaire. Donc ce n'était vraiment pas un problème d'arriver un peu au dernier moment. Et les premiers jours ont vraiment servi à prendre mes marques et à installer des routines qui fonctionnent pour que les jours de match, tout roule du mieux possible. Donc j'avais avec moi ma cousine Manon qui était mon aidante sur cette compétition et on a rapidement mis en place ce qui fonctionnait le mieux au niveau des promenades de mon chien, des repas, des siestes, des récupérations kinés, etc. Par exemple, je me suis vite rendu compte que le restaurant, c'était vraiment super compliqué pour Eugène, mon chien d'assistance, parce que vraiment tout le monde voulait toujours le prendre en photo. Les gens le caressaient parfois sans demander, dans un environnement très très riche sensoriellement, donc c'était assez fatigant et difficile pour lui. Donc j'ai pu tout de suite ajuster mes horaires de lever, de sa balade, pour pouvoir le laisser à la chambre pendant mon petit déjeuner, mon déjeuner, et que Manon soit également présente au dîner pour m'aider, vu que Jeanne ne pouvait pas le faire. C'est là que j'ai été super contente d'avoir ma motorisation sur mon fauteuil roulant manuel. Comme je l'avais expliqué dans l'épisode 8, j'ai une roue à propulsion Jumper qui est fabriquée par Acecare. Et donc, comme Eugène ne m'accompagnait pas au repas et donc ne pouvait pas me tracter sur ces trajets-là, je pouvais me reposer à 100% sur ma motorisation et ainsi ne pas solliciter mon épaule qui est fragile. et ne pas trop me fatiguer en marge de la compétition. Parce que le village, c'est vraiment immense. Ce qui est bien, c'est que globalement, ça a été un peu pensé pour que ce soit accessible en fauteuil roulant. Donc, il y a des rampes partout, y compris à certains endroits, des très très longues rampes en escargot qui permettent d'accéder à des bâtiments en haut d'escalier. Donc, c'est vrai qu'avoir un fauteuil manuel motorisé, c'était vraiment très appréciable. et ça m'a permis d'optimiser mes efforts, mes temps de parcours et de ne pas imposer à Eugène des tâches quand c'était trop fatigant pour lui. Pour ceux qui veulent en savoir plus sur les motorisations et plus précisément la yomper, vous pouvez aller écouter l'épisode 8 où je parle en détail de tout ça. Par contre, au village c'est bien, ils ont pensé aux rampes d'accès mais gros carton rouge sur tout le reste. J'ai été assez hallucinée d'ailleurs. de voir autant de défauts de l'accessibilité, parce que c'est un quartier neuf qui a été vraiment construit spécifiquement pour les Jeux de Paris, mais qui évidemment a vocation de devenir un quartier de vie normal à Saint-Denis. Et des standards hyper basiques en termes d'accessibilité n'étaient pas respectés. Par exemple, au niveau des passages piétons, à beaucoup d'endroits, si ce n'est une majorité d'endroits, il n'y avait pas de bateau. Donc tu te retrouves avec ton fauteuil à devoir passer des trottoirs d'une dizaine de centimètres. Cette hauteur, elle est clairement pas accessible pour beaucoup de personnes en fonction du matériel qu'elles utilisent, de leur capacité physique et technique avec le fauteuil. Et même quand tu maîtrises les franchissements d'obstacles, tu peux quand même parfois te faire avoir et te renverser si tu lèves tes roues un peu trop tôt ou trop tard. Ça m'est arrivé une fois en allant à l'entraînement. En plus de ça, c'était encore plus vicieux que ça parce que parfois il y avait un bateau entre la route et la piste cyclable, mais ensuite entre la piste cyclable et le trottoir, il n'y en avait pas. Du coup, pour quelqu'un qui voit pas bien, ou qui a des défauts du traitement de l'information visuelle, ce qui est très fréquent chez les autistes ou les paralysés cérébraux, tu peux te faire avoir en pensant qu'en toute logique, il y a aussi un bateau après la piste cyclable, et en fait non, et bim, trébucher ou carrément renverser ton fauteuil. C'est pareil, tant qu'on reste sur le visuel, la couleur des pistes cyclables, du rebord du trottoir et du trottoir, c'était la même. pour distinguer la marche du trottoir, c'était vraiment super compliqué. Déjà pour les gens qui voient bien, mais alors pour les gens qui ont une mauvaise acuité visuelle ou qui sont carrément malvoyants, c'était vraiment l'enfer. Du coup, c'était quand même assez dangereux et très peu confortable pour naviguer dans le quartier. Et le pompon, je vous dis que tout ça, c'était de la même couleur, mais c'est même pire que ça, c'est que c'était des pavés. Et les pavés, c'est très joli, ça je dis pas le contraire. mais quand on est en situation de handicap, c'est l'enfer. Pour les fauteuils roulants, ça vibre de partout. Parfois, les petits trous se prennent dedans et on chute. Pour les personnes qui ont des douleurs articulaires, c'est un enfer et je sais de quoi je parle. Pour les personnes qui utilisent une canne blanche, c'est pareil. C'est souvent pas idéal parce que c'est moins fluide. Quand il pleut, ça glisse. Vraiment, les pavés, vous demandez à n'importe quelle personne handicapée ce qu'elle en pense. on sera unanime pour dire que c'est le pire revêtement en ville. C'est vraiment un cauchemar. Donc j'avoue que je n'ai pas du tout compris tous ces trucs qui paraissent tellement évidents pour nous qui sommes concernés. Donc encore une fois, je me dis juste que les personnes responsables du projet sont des personnes non concernées par le handicap, qui n'ont aucune idée de ce qu'on vit au quotidien avec nos déficits et nos aides techniques. Et pourtant, c'est censé faire... partie de leurs compétences, puisque l'accessibilité, c'est quand même quelque chose qui concerne 12 millions de personnes en France. C'est d'ailleurs une réflexion qui m'a été faite quand j'ai relevé tous ces soucis d'accessibilité. On m'a dit Oui, mais le village, ça n'a pas été conçu pour deux semaines de Jeux paralympiques, mais pour après. Oui, mais après, on a besoin des mêmes exigences pour les 20% de la population concernée par le handicap en France. C'est pour ça que c'est primordial de penser l'accessibilité totale, parce qu'on n'est pas que des athlètes paralympiques, nous on est monsieur et madame tout le monde dans la société civile. Bref, je referme cette parenthèse sur l'accessibilité du village pour vous parler du reste, qui était franchement bien. Donc au niveau du bâtiment France, on était déjà super bien placé, parce qu'on n'était pas trop loin des navettes et du restaurant, et donc globalement un peu... toute ta vie au village, elle est régie par tes repas et par tes entraînements et compétitions. Donc navettes et restaurants, c'est vraiment le point central. On avait à l'intérieur du bâtiment une terrasse et un rooftop avec vue panoramique sur Paris. Et en bas, à l'entrée, on avait un coin avec un écran géant. Donc c'était des endroits où on pouvait se retrouver entre joueurs et staff pour regarder les épreuves tous ensemble. On avait aussi une salle de sport pour nous tout seuls au bâtiment France. Mais ailleurs dans le village, il y avait aussi une salle de sport pour tous les athlètes où on avait aussi accès. On trouvait à chaque coin de rue des food trucks où on pouvait prendre des cafés, des croissants, des glaces. Et on en avait un juste en bas du bâtiment France. Évidemment, il y avait un gros pôle repas. au centre du village, avec un immense restaurant qui avait cinq ou six salles. C'était un principe de self, donc on passait avec son plateau et on choisissait ce qu'on voulait. Il y avait du choix sur les fruits, les yaourts, fromage, céréales. Il y avait un bar à salade aussi. Par contre, sur les plats principaux, j'ai trouvé ça quand même assez compliqué. C'était toujours froid. Le riz et les pâtes, c'était comme ce dont on a l'habitude à la cantine au collège. C'était tellement cuit que ça faisait des gros blocs. Il y avait assez peu de choix d'accompagnement. Et par exemple, le fromage râpé, les pots étaient toujours vides, même assez tôt dans la soirée. Moi, je mange généralement vers 19h, 19h30. Et on nous disait que ce ne serait pas re-rempli parce que juste, il n'y en avait plus. Pareil, le matin, très vite, il n'y avait plus d'œufs, plus de galettes de pommes de terre. Il fallait courir entre les six restaurants pour essayer de récupérer ce que tu voulais avant que ce soit en rupture de stock partout. Donc globalement, les repas assez compliqués quand même. Par contre, à côté du restaurant, il y avait un petit coin repas avec des plats assez sophistiqués faits par un grand chef. Donc moi, je n'aime vraiment pas ce type de nourriture, mais tout le monde a absolument adoré ce qui se faisait là-bas. Donc pour le midi, ça faisait... Ça faisait une bonne petite dégustation. Et surtout là-bas, il y avait une boulangerie avec constamment des viennoiseries chaudes, mais surtout des petits pains cacao absolument incroyables. Et je ne parle pas des muffins industriels dont on avait beaucoup entendu parler pendant les JO, mais vraiment des petits pains au cacao issus de la boulangerie sur place et qui étaient vraiment excellents. On pouvait aussi s'acheter ce dont on avait besoin à la super-aide du village. Bon là évidemment les prix étaient délirants mais ça pouvait toujours servir en cas de besoin. Il y avait aussi une laverie où on pouvait juste déposer nos affaires et revenir le lendemain avec tout propre et sec. Niveau service, il y avait aussi un bureau de poste pour acheter et envoyer des cartes postales, des colis. Et on pouvait faire imprimer des timbres à notre effigie. Donc c'était assez sympa. Au village, on trouvait aussi un centre confessionnel pour toutes les religions, un centre médical, un centre de réparation pour les orthèses, prothèses et les fauteux roulants, que ce soit ceux de compétition ou ceux de vie. Enfin vraiment... le village c'est une vraie ville avec tout ce qu'on peut trouver dans une ville normale, simplement sans voiture et avec beaucoup de sécurité après c'est pas parce qu'il n'y avait pas de voiture que ça veut dire qu'on était obligé de se déplacer à pied, il y avait un grand parc de vélos qu'on pouvait emprunter et déposer dans plein de points dans le village donc c'était très facile et fluide et les gens étaient très respectueux de l'endroit où ils posaient leur vélo Ensuite, il y avait un service de navettes électriques qui faisait le tour du village avec plusieurs arrêts. On pouvait monter à six personnes debout et une personne fauteuil. Le déploiement de la rampe était très rapide et facile, vraiment. C'était super fluide. Et enfin, pour les personnes en fauteuil roulant, il y a eu le déploiement d'une solution de mobilité électrique accrochée au fauteuil, un peu comme une trottinette qu'on clipse devant. Donc perso, je n'ai pas eu besoin vu que j'ai ma propre motorisation, mais pas mal de fauteuils ont pu tester ce système pour motoriser son fauteuil manuel, comme j'en parlais dans l'épisode 8, que je vous invite à aller écouter si ce n'est pas encore fait. Après, pour se rendre sur les sites de compétition, on avait des navettes qui partaient du village. Il y avait une grande gare routière avec une ou plusieurs navettes par sport qui partaient généralement une fois par heure. Et du coup, c'était des bus accessibles avec plusieurs emplacements fauteuils, contrairement aux bus de ville habituels. Là, ils avaient retiré quelques places assises pour pouvoir mettre plusieurs fauteuils roulants à bord, en plus des places pour ceux qui sont debout. Donc, contrairement à ce que beaucoup de gens pensent ou pensaient en amont des Jeux, les athlètes ne se déplacent pas en transport en commun. Et heureusement, parce qu'à Paris, avec les problèmes et les grèves, il fallait une solution plus fiable. Donc beaucoup de gens s'inquiétaient de l'accessibilité des transports parisiens pour les athlètes, mais évidemment, on avait des navettes accessibles et rien que pour nous. Cependant, oui, ça restait un souci pour le reste du séjour sur Paris, puisque une fois notre compétition terminée, on pouvait sortir du village et faire un peu ce qu'on voulait, notamment aller voir d'autres épreuves. Mais là, il fallait se débrouiller par nos propres moyens, et du coup, c'était pas forcément simple. Après, le village... C'est aussi le symbole un peu de la communauté paralympique et de la diversité qu'on peut y trouver en termes de handicap. C'est un endroit où tu vois des malvoyants guider des aveugles, où tu vois un petit train de personnes en fauteuil manuel tracté par un mec en fauteuil électrique devant. C'est un endroit où c'est normal de voir des gens manger avec leurs pieds ou carrément avec leur bouche directement dans l'assiette. Alors pour nous, athlètes paras, on a l'habitude parce que c'est notre quotidien sur les compétitions. Mais c'est vrai que pour certains nouveaux staffs ou pour les bénévoles qui découvrent le parasport, ça peut parfois même être un peu difficile selon les mots de certains parce que tu te retrouves face à des handicaps que tu ne connais pas, face à des choses que tu n'avais jamais vues auparavant. Mais c'est super important de se rendre compte qu'il faut tout simplement banaliser tout ça. parce qu'on est simplement des gens qui font partie de la société, même si on ne fait pas forcément toujours attention au fait qu'on existe dans le quotidien, parce que, encore une fois, comme la société est difficilement accessible, les PMR sortent difficilement de chez eux et sont parfois tout simplement physiquement coincés chez eux. Donc oui, on n'a pas l'habitude de nous voir dehors, dans les transports, dans les magasins. Les gens n'ont aussi pas eu l'habitude de côtoyer des enfants handicapés. Parce que malheureusement, les écoles ne sont pas toujours accessibles. Souvent, les notifications d'aide humaine à l'école ne sont pas respectées. Du coup, les enfants ne sont pas admis en classe, etc. Donc, tous ces facteurs font que certaines personnes au village ou autour du village se sont retrouvées à côtoyer des personnes handicapées pour la première fois de leur vie. En tout cas, j'espère sincèrement que les petits soucis d'accessibilité au village seront corrigés. J'espère aussi que le réaménagement des appartements... qui étaient du coup tous prévus pour être PMR pendant les Jeux, garderont l'accessibilité universelle pour un maximum d'entre eux et pas que pour les 20% requis par la loi quand ils seront mis en vente au grand public, parce que la problématique du logement, elle est réelle quand on est handicapé en France. Je vous mets des vidéos sur le compte Instagram pour que vous voyez un peu à quoi ressemble réellement le village. Et comme toujours, si vous avez des questions, que ce soit sur le paralympisme, le handicap, le sport de haut niveau, posez-les-moi pour que je puisse y répondre dans les prochains épisodes. Merci d'avoir écouté cet épisode jusqu'à la fin. J'imagine donc que le contenu vous a plu, alors je compte sur vous pour le faire savoir autour de vous et vous abonner pour ne louper aucun épisode à venir. Tous les liens utiles sont dans la description, alors allez y jeter un coup d'œil, et moi je vous dis à la prochaine !

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On en entend parler avant et pendant les quinzaines de compète, il nourrit des mythes et fait rêver les sportifs avant même d'y entrer : le village des athlètes est l'un des symboles des Jeux Olympiques et Paralympiques, la plus grande compétition sportive au monde !


Aujourd'hui je vous invite à y faire un tour entre généralités et anecdotes.


Car si tous les athlètes n'y logent pas pendant leur compétition, ceux qui y sont vivent pleinement "l'expérience Jeux" en y passant la majorité de leur temps libre.


***


🎙️ Pour suivre le podcast sur Instagram, et découvrir du contenu vidéo exclusif, interagir avec moi et poser vos questions qui pourront être abordées dans les futurs épisodes : https://www.instagram.com/paralympienne.podcast/


🏸 Pour me suivre dans mon quotidien de sportive de haut niveau, sur mes tournois internationaux et à l'entraînement : https://www.instagram.com/milena_surreau/



Pour les puristes : https://www.facebook.com/MilenaSurreau


📥 Pour ne rien rater, c'est sur ma Newsletter que ça se passe : http://eepurl.com/ib1cZ5


Avis aux professionnel, LinkedIn est encore le réseau ou je suis la plus active ! https://www.linkedin.com/in/milena-surreau/


Milena SURREAU


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Vous vous êtes déjà enflammé devant une finale du 100 mètres et les podiums des Jeux vous procurent des frissons. Le sport vous galvanise et les sportifs vous font rêver. Mais derrière les médailles, le chemin vers le jour de gloire est un long parcours semé d'embûches et de challenges. Alors quant à cela s'ajoute le handicap, la route peut s'annoncer encore plus sinueuse. Je m'appelle Milena Suro, je suis sportive de haut niveau en para-badminton. Le but de ce podcast est de vous parler de la vie d'une sportive en quête des Jeux, entre exigence du haut niveau et galère du handicap. afin de mieux comprendre le quotidien de ces sportifs à part et de cerner les enjeux de l'accessibilité. Alors si vous aimez le sport, le développement personnel ou que vous êtes touché de près ou de loin par le handicap, ce podcast est fait pour vous. Bonjour et bienvenue dans l'épisode 12 de mon podcast, journal d'une parabadiste. Aujourd'hui, c'est un peu la partie 2 de mon retour des Jeux paralympiques. Il y a deux semaines, je vous expliquais ma compétition, mon ressenti, mes matchs. On continue maintenant avec le fameux village des athlètes dont on entend beaucoup parler en amont des jeux mais aussi pendant. Alors aujourd'hui c'est parti pour vous en parler un petit peu mais aussi aborder ce que j'ai vécu en dehors des terrains pendant les dix jours où j'étais à Paris et comment tout ça se passait en tant qu'athlète. Donc tout commence avec l'arrivée au village. Donc c'est une procédure assez spécifique parce que déjà il faut arriver. Avec un véhicule accrédité, les alentours du village sont vraiment très contrôlés et sécurisés. Donc n'importe qui ne peut pas y accéder en voiture. Donc tout commence pour moi par un rendez-vous à l'INSEP, où j'ai pu garer ma voiture pour les 10 jours de compétition et être emmenée par une voiture accréditée. Et arriver sur place, pouvoir accéder au dépose-minute juste à côté de l'entrée et de l'espace accréditation. Donc dès la sortie de la voiture, on a des bénévoles qui sont là pour nous aider avec les valises. Et on doit passer à la sécurité parce que tout ce qui entre dans le village est passé au rayon X pour vérifier l'intérieur. C'est pareil pour les navettes qui nous déposent à l'intérieur du village et des salles de compétition. Il y avait systématiquement un contrôle des véhicules avec des agents qui passaient des miroirs pour vérifier le dessous et le dessus des bus. Donc tout était vraiment extrêmement sécurisé. Ensuite, on fait l'accréditation. Ton accréditation, ça devient vraiment la chose la plus importante de ta vie pendant la compétition. Il faut l'avoir toujours avec toi parce que ça devient ton justificatif d'identité et surtout ton laissé-passer partout. Il n'y a pas le même niveau d'accréditation pour tout le monde. Par exemple, les athlètes ont accès à la salle de leur sport, à tout le village, y compris les restaurants. tous les espaces médias, radio, etc. Alors que par exemple, ma cousine, qui était mon aidante, avait accès au village que du matin au soir, tous les jours, mais pas à la salle de compétition. Et d'autres accréditations pouvaient donner accès uniquement au village sans les restaurants et avec des contraintes horaires très précises. Donc l'accréditation, super important, il faut toujours l'avoir sur soi et on est amené à la présenter vraiment tout le temps. partout où on va. Donc moi au village, j'étais dans un appartement de huit personnes. Dans cet appartement, il y avait quatre chambres. Moi j'avais une chambre pour moi toute seule avec Eugène, mon chien d'assistance. Et il y avait aussi deux salles de bain avec toilettes, dont une salle de bain PMR. Tout a été un peu pensé pour que ce soit accessible au PMR, mais malheureusement comme partout entre ce qui est accessible sur le papier et ce qui l'est vraiment dans la pratique, il y a souvent un monde. Donc par exemple dans la salle de bain PMR, le verrou pour fermer la porte était beaucoup trop petit et difficile à manipuler. Donc moi qui n'ai pas de force dans les doigts, j'ai pas du tout pu l'utiliser. Donc j'ai passé 10 jours sans pouvoir verrouiller la porte de ma salle de bain et des toilettes. Donc vraiment pas dingue pour l'intimité, c'est assez stressant. Pareil pour la porte d'entrée qui était super lourde avec... un seuil de porte à franchir. Et en plus de ça, dans le couloir c'était de la moquette très épaisse. Donc ce combo quand on est en fauteuil roulant et qu'en plus on n'a pas de force dans les bras, c'est super difficile pour ouvrir les portes. Et donc ça c'est des petites choses auxquelles personne ne pense jamais quand on rend accessible un bâtiment. Et c'est très fréquent qu'on se retrouve en galère avec les portes dans les hôtels par exemple. Sinon on avait vraiment tout ce qu'il faut dans les chambres, un étendoir, un ventilateur, une multiprise, une table de chevet, une lampe accrochée au lit. Et donc pour répondre à la question qui m'a été énormément posée, les liens en carton et les matelas en nylon, moi j'ai trouvé ça très bien, j'ai eu aucun souci à dormir. A la limite je ferais plus une réflexion sur la couette qui était pas très grande et surtout pas très chaude et c'est vrai que... Avec mon autisme, j'aime beaucoup dormir avec du poids sur moi. Donc la couette, c'était pas une grande réussite, mais on était vraiment très bien installés. Et j'ai vraiment pas eu de soucis pour dormir au village. Je suis arrivée au village trois jours avant le début de ma compétition. Ça peut paraître pas beaucoup pour certains. Le reste de l'équipe de France de Parabades était arrivée cinq jours avant. Moi, ça reste toujours assez difficile et énergivore d'être en dehors de chez moi. J'ai souvent de la difficulté à me nourrir comme il faut à l'extérieur, etc. Donc j'essaye d'arriver le plus proche possible du début des compétitions. En plus, là, il n'y avait pas de décalage horaire. Donc ce n'était vraiment pas un problème d'arriver un peu au dernier moment. Et les premiers jours ont vraiment servi à prendre mes marques et à installer des routines qui fonctionnent pour que les jours de match, tout roule du mieux possible. Donc j'avais avec moi ma cousine Manon qui était mon aidante sur cette compétition et on a rapidement mis en place ce qui fonctionnait le mieux au niveau des promenades de mon chien, des repas, des siestes, des récupérations kinés, etc. Par exemple, je me suis vite rendu compte que le restaurant, c'était vraiment super compliqué pour Eugène, mon chien d'assistance, parce que vraiment tout le monde voulait toujours le prendre en photo. Les gens le caressaient parfois sans demander, dans un environnement très très riche sensoriellement, donc c'était assez fatigant et difficile pour lui. Donc j'ai pu tout de suite ajuster mes horaires de lever, de sa balade, pour pouvoir le laisser à la chambre pendant mon petit déjeuner, mon déjeuner, et que Manon soit également présente au dîner pour m'aider, vu que Jeanne ne pouvait pas le faire. C'est là que j'ai été super contente d'avoir ma motorisation sur mon fauteuil roulant manuel. Comme je l'avais expliqué dans l'épisode 8, j'ai une roue à propulsion Jumper qui est fabriquée par Acecare. Et donc, comme Eugène ne m'accompagnait pas au repas et donc ne pouvait pas me tracter sur ces trajets-là, je pouvais me reposer à 100% sur ma motorisation et ainsi ne pas solliciter mon épaule qui est fragile. et ne pas trop me fatiguer en marge de la compétition. Parce que le village, c'est vraiment immense. Ce qui est bien, c'est que globalement, ça a été un peu pensé pour que ce soit accessible en fauteuil roulant. Donc, il y a des rampes partout, y compris à certains endroits, des très très longues rampes en escargot qui permettent d'accéder à des bâtiments en haut d'escalier. Donc, c'est vrai qu'avoir un fauteuil manuel motorisé, c'était vraiment très appréciable. et ça m'a permis d'optimiser mes efforts, mes temps de parcours et de ne pas imposer à Eugène des tâches quand c'était trop fatigant pour lui. Pour ceux qui veulent en savoir plus sur les motorisations et plus précisément la yomper, vous pouvez aller écouter l'épisode 8 où je parle en détail de tout ça. Par contre, au village c'est bien, ils ont pensé aux rampes d'accès mais gros carton rouge sur tout le reste. J'ai été assez hallucinée d'ailleurs. de voir autant de défauts de l'accessibilité, parce que c'est un quartier neuf qui a été vraiment construit spécifiquement pour les Jeux de Paris, mais qui évidemment a vocation de devenir un quartier de vie normal à Saint-Denis. Et des standards hyper basiques en termes d'accessibilité n'étaient pas respectés. Par exemple, au niveau des passages piétons, à beaucoup d'endroits, si ce n'est une majorité d'endroits, il n'y avait pas de bateau. Donc tu te retrouves avec ton fauteuil à devoir passer des trottoirs d'une dizaine de centimètres. Cette hauteur, elle est clairement pas accessible pour beaucoup de personnes en fonction du matériel qu'elles utilisent, de leur capacité physique et technique avec le fauteuil. Et même quand tu maîtrises les franchissements d'obstacles, tu peux quand même parfois te faire avoir et te renverser si tu lèves tes roues un peu trop tôt ou trop tard. Ça m'est arrivé une fois en allant à l'entraînement. En plus de ça, c'était encore plus vicieux que ça parce que parfois il y avait un bateau entre la route et la piste cyclable, mais ensuite entre la piste cyclable et le trottoir, il n'y en avait pas. Du coup, pour quelqu'un qui voit pas bien, ou qui a des défauts du traitement de l'information visuelle, ce qui est très fréquent chez les autistes ou les paralysés cérébraux, tu peux te faire avoir en pensant qu'en toute logique, il y a aussi un bateau après la piste cyclable, et en fait non, et bim, trébucher ou carrément renverser ton fauteuil. C'est pareil, tant qu'on reste sur le visuel, la couleur des pistes cyclables, du rebord du trottoir et du trottoir, c'était la même. pour distinguer la marche du trottoir, c'était vraiment super compliqué. Déjà pour les gens qui voient bien, mais alors pour les gens qui ont une mauvaise acuité visuelle ou qui sont carrément malvoyants, c'était vraiment l'enfer. Du coup, c'était quand même assez dangereux et très peu confortable pour naviguer dans le quartier. Et le pompon, je vous dis que tout ça, c'était de la même couleur, mais c'est même pire que ça, c'est que c'était des pavés. Et les pavés, c'est très joli, ça je dis pas le contraire. mais quand on est en situation de handicap, c'est l'enfer. Pour les fauteuils roulants, ça vibre de partout. Parfois, les petits trous se prennent dedans et on chute. Pour les personnes qui ont des douleurs articulaires, c'est un enfer et je sais de quoi je parle. Pour les personnes qui utilisent une canne blanche, c'est pareil. C'est souvent pas idéal parce que c'est moins fluide. Quand il pleut, ça glisse. Vraiment, les pavés, vous demandez à n'importe quelle personne handicapée ce qu'elle en pense. on sera unanime pour dire que c'est le pire revêtement en ville. C'est vraiment un cauchemar. Donc j'avoue que je n'ai pas du tout compris tous ces trucs qui paraissent tellement évidents pour nous qui sommes concernés. Donc encore une fois, je me dis juste que les personnes responsables du projet sont des personnes non concernées par le handicap, qui n'ont aucune idée de ce qu'on vit au quotidien avec nos déficits et nos aides techniques. Et pourtant, c'est censé faire... partie de leurs compétences, puisque l'accessibilité, c'est quand même quelque chose qui concerne 12 millions de personnes en France. C'est d'ailleurs une réflexion qui m'a été faite quand j'ai relevé tous ces soucis d'accessibilité. On m'a dit Oui, mais le village, ça n'a pas été conçu pour deux semaines de Jeux paralympiques, mais pour après. Oui, mais après, on a besoin des mêmes exigences pour les 20% de la population concernée par le handicap en France. C'est pour ça que c'est primordial de penser l'accessibilité totale, parce qu'on n'est pas que des athlètes paralympiques, nous on est monsieur et madame tout le monde dans la société civile. Bref, je referme cette parenthèse sur l'accessibilité du village pour vous parler du reste, qui était franchement bien. Donc au niveau du bâtiment France, on était déjà super bien placé, parce qu'on n'était pas trop loin des navettes et du restaurant, et donc globalement un peu... toute ta vie au village, elle est régie par tes repas et par tes entraînements et compétitions. Donc navettes et restaurants, c'est vraiment le point central. On avait à l'intérieur du bâtiment une terrasse et un rooftop avec vue panoramique sur Paris. Et en bas, à l'entrée, on avait un coin avec un écran géant. Donc c'était des endroits où on pouvait se retrouver entre joueurs et staff pour regarder les épreuves tous ensemble. On avait aussi une salle de sport pour nous tout seuls au bâtiment France. Mais ailleurs dans le village, il y avait aussi une salle de sport pour tous les athlètes où on avait aussi accès. On trouvait à chaque coin de rue des food trucks où on pouvait prendre des cafés, des croissants, des glaces. Et on en avait un juste en bas du bâtiment France. Évidemment, il y avait un gros pôle repas. au centre du village, avec un immense restaurant qui avait cinq ou six salles. C'était un principe de self, donc on passait avec son plateau et on choisissait ce qu'on voulait. Il y avait du choix sur les fruits, les yaourts, fromage, céréales. Il y avait un bar à salade aussi. Par contre, sur les plats principaux, j'ai trouvé ça quand même assez compliqué. C'était toujours froid. Le riz et les pâtes, c'était comme ce dont on a l'habitude à la cantine au collège. C'était tellement cuit que ça faisait des gros blocs. Il y avait assez peu de choix d'accompagnement. Et par exemple, le fromage râpé, les pots étaient toujours vides, même assez tôt dans la soirée. Moi, je mange généralement vers 19h, 19h30. Et on nous disait que ce ne serait pas re-rempli parce que juste, il n'y en avait plus. Pareil, le matin, très vite, il n'y avait plus d'œufs, plus de galettes de pommes de terre. Il fallait courir entre les six restaurants pour essayer de récupérer ce que tu voulais avant que ce soit en rupture de stock partout. Donc globalement, les repas assez compliqués quand même. Par contre, à côté du restaurant, il y avait un petit coin repas avec des plats assez sophistiqués faits par un grand chef. Donc moi, je n'aime vraiment pas ce type de nourriture, mais tout le monde a absolument adoré ce qui se faisait là-bas. Donc pour le midi, ça faisait... Ça faisait une bonne petite dégustation. Et surtout là-bas, il y avait une boulangerie avec constamment des viennoiseries chaudes, mais surtout des petits pains cacao absolument incroyables. Et je ne parle pas des muffins industriels dont on avait beaucoup entendu parler pendant les JO, mais vraiment des petits pains au cacao issus de la boulangerie sur place et qui étaient vraiment excellents. On pouvait aussi s'acheter ce dont on avait besoin à la super-aide du village. Bon là évidemment les prix étaient délirants mais ça pouvait toujours servir en cas de besoin. Il y avait aussi une laverie où on pouvait juste déposer nos affaires et revenir le lendemain avec tout propre et sec. Niveau service, il y avait aussi un bureau de poste pour acheter et envoyer des cartes postales, des colis. Et on pouvait faire imprimer des timbres à notre effigie. Donc c'était assez sympa. Au village, on trouvait aussi un centre confessionnel pour toutes les religions, un centre médical, un centre de réparation pour les orthèses, prothèses et les fauteux roulants, que ce soit ceux de compétition ou ceux de vie. Enfin vraiment... le village c'est une vraie ville avec tout ce qu'on peut trouver dans une ville normale, simplement sans voiture et avec beaucoup de sécurité après c'est pas parce qu'il n'y avait pas de voiture que ça veut dire qu'on était obligé de se déplacer à pied, il y avait un grand parc de vélos qu'on pouvait emprunter et déposer dans plein de points dans le village donc c'était très facile et fluide et les gens étaient très respectueux de l'endroit où ils posaient leur vélo Ensuite, il y avait un service de navettes électriques qui faisait le tour du village avec plusieurs arrêts. On pouvait monter à six personnes debout et une personne fauteuil. Le déploiement de la rampe était très rapide et facile, vraiment. C'était super fluide. Et enfin, pour les personnes en fauteuil roulant, il y a eu le déploiement d'une solution de mobilité électrique accrochée au fauteuil, un peu comme une trottinette qu'on clipse devant. Donc perso, je n'ai pas eu besoin vu que j'ai ma propre motorisation, mais pas mal de fauteuils ont pu tester ce système pour motoriser son fauteuil manuel, comme j'en parlais dans l'épisode 8, que je vous invite à aller écouter si ce n'est pas encore fait. Après, pour se rendre sur les sites de compétition, on avait des navettes qui partaient du village. Il y avait une grande gare routière avec une ou plusieurs navettes par sport qui partaient généralement une fois par heure. Et du coup, c'était des bus accessibles avec plusieurs emplacements fauteuils, contrairement aux bus de ville habituels. Là, ils avaient retiré quelques places assises pour pouvoir mettre plusieurs fauteuils roulants à bord, en plus des places pour ceux qui sont debout. Donc, contrairement à ce que beaucoup de gens pensent ou pensaient en amont des Jeux, les athlètes ne se déplacent pas en transport en commun. Et heureusement, parce qu'à Paris, avec les problèmes et les grèves, il fallait une solution plus fiable. Donc beaucoup de gens s'inquiétaient de l'accessibilité des transports parisiens pour les athlètes, mais évidemment, on avait des navettes accessibles et rien que pour nous. Cependant, oui, ça restait un souci pour le reste du séjour sur Paris, puisque une fois notre compétition terminée, on pouvait sortir du village et faire un peu ce qu'on voulait, notamment aller voir d'autres épreuves. Mais là, il fallait se débrouiller par nos propres moyens, et du coup, c'était pas forcément simple. Après, le village... C'est aussi le symbole un peu de la communauté paralympique et de la diversité qu'on peut y trouver en termes de handicap. C'est un endroit où tu vois des malvoyants guider des aveugles, où tu vois un petit train de personnes en fauteuil manuel tracté par un mec en fauteuil électrique devant. C'est un endroit où c'est normal de voir des gens manger avec leurs pieds ou carrément avec leur bouche directement dans l'assiette. Alors pour nous, athlètes paras, on a l'habitude parce que c'est notre quotidien sur les compétitions. Mais c'est vrai que pour certains nouveaux staffs ou pour les bénévoles qui découvrent le parasport, ça peut parfois même être un peu difficile selon les mots de certains parce que tu te retrouves face à des handicaps que tu ne connais pas, face à des choses que tu n'avais jamais vues auparavant. Mais c'est super important de se rendre compte qu'il faut tout simplement banaliser tout ça. parce qu'on est simplement des gens qui font partie de la société, même si on ne fait pas forcément toujours attention au fait qu'on existe dans le quotidien, parce que, encore une fois, comme la société est difficilement accessible, les PMR sortent difficilement de chez eux et sont parfois tout simplement physiquement coincés chez eux. Donc oui, on n'a pas l'habitude de nous voir dehors, dans les transports, dans les magasins. Les gens n'ont aussi pas eu l'habitude de côtoyer des enfants handicapés. Parce que malheureusement, les écoles ne sont pas toujours accessibles. Souvent, les notifications d'aide humaine à l'école ne sont pas respectées. Du coup, les enfants ne sont pas admis en classe, etc. Donc, tous ces facteurs font que certaines personnes au village ou autour du village se sont retrouvées à côtoyer des personnes handicapées pour la première fois de leur vie. En tout cas, j'espère sincèrement que les petits soucis d'accessibilité au village seront corrigés. J'espère aussi que le réaménagement des appartements... qui étaient du coup tous prévus pour être PMR pendant les Jeux, garderont l'accessibilité universelle pour un maximum d'entre eux et pas que pour les 20% requis par la loi quand ils seront mis en vente au grand public, parce que la problématique du logement, elle est réelle quand on est handicapé en France. Je vous mets des vidéos sur le compte Instagram pour que vous voyez un peu à quoi ressemble réellement le village. Et comme toujours, si vous avez des questions, que ce soit sur le paralympisme, le handicap, le sport de haut niveau, posez-les-moi pour que je puisse y répondre dans les prochains épisodes. Merci d'avoir écouté cet épisode jusqu'à la fin. J'imagine donc que le contenu vous a plu, alors je compte sur vous pour le faire savoir autour de vous et vous abonner pour ne louper aucun épisode à venir. Tous les liens utiles sont dans la description, alors allez y jeter un coup d'œil, et moi je vous dis à la prochaine !

Description

On en entend parler avant et pendant les quinzaines de compète, il nourrit des mythes et fait rêver les sportifs avant même d'y entrer : le village des athlètes est l'un des symboles des Jeux Olympiques et Paralympiques, la plus grande compétition sportive au monde !


Aujourd'hui je vous invite à y faire un tour entre généralités et anecdotes.


Car si tous les athlètes n'y logent pas pendant leur compétition, ceux qui y sont vivent pleinement "l'expérience Jeux" en y passant la majorité de leur temps libre.


***


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Milena SURREAU


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Vous vous êtes déjà enflammé devant une finale du 100 mètres et les podiums des Jeux vous procurent des frissons. Le sport vous galvanise et les sportifs vous font rêver. Mais derrière les médailles, le chemin vers le jour de gloire est un long parcours semé d'embûches et de challenges. Alors quant à cela s'ajoute le handicap, la route peut s'annoncer encore plus sinueuse. Je m'appelle Milena Suro, je suis sportive de haut niveau en para-badminton. Le but de ce podcast est de vous parler de la vie d'une sportive en quête des Jeux, entre exigence du haut niveau et galère du handicap. afin de mieux comprendre le quotidien de ces sportifs à part et de cerner les enjeux de l'accessibilité. Alors si vous aimez le sport, le développement personnel ou que vous êtes touché de près ou de loin par le handicap, ce podcast est fait pour vous. Bonjour et bienvenue dans l'épisode 12 de mon podcast, journal d'une parabadiste. Aujourd'hui, c'est un peu la partie 2 de mon retour des Jeux paralympiques. Il y a deux semaines, je vous expliquais ma compétition, mon ressenti, mes matchs. On continue maintenant avec le fameux village des athlètes dont on entend beaucoup parler en amont des jeux mais aussi pendant. Alors aujourd'hui c'est parti pour vous en parler un petit peu mais aussi aborder ce que j'ai vécu en dehors des terrains pendant les dix jours où j'étais à Paris et comment tout ça se passait en tant qu'athlète. Donc tout commence avec l'arrivée au village. Donc c'est une procédure assez spécifique parce que déjà il faut arriver. Avec un véhicule accrédité, les alentours du village sont vraiment très contrôlés et sécurisés. Donc n'importe qui ne peut pas y accéder en voiture. Donc tout commence pour moi par un rendez-vous à l'INSEP, où j'ai pu garer ma voiture pour les 10 jours de compétition et être emmenée par une voiture accréditée. Et arriver sur place, pouvoir accéder au dépose-minute juste à côté de l'entrée et de l'espace accréditation. Donc dès la sortie de la voiture, on a des bénévoles qui sont là pour nous aider avec les valises. Et on doit passer à la sécurité parce que tout ce qui entre dans le village est passé au rayon X pour vérifier l'intérieur. C'est pareil pour les navettes qui nous déposent à l'intérieur du village et des salles de compétition. Il y avait systématiquement un contrôle des véhicules avec des agents qui passaient des miroirs pour vérifier le dessous et le dessus des bus. Donc tout était vraiment extrêmement sécurisé. Ensuite, on fait l'accréditation. Ton accréditation, ça devient vraiment la chose la plus importante de ta vie pendant la compétition. Il faut l'avoir toujours avec toi parce que ça devient ton justificatif d'identité et surtout ton laissé-passer partout. Il n'y a pas le même niveau d'accréditation pour tout le monde. Par exemple, les athlètes ont accès à la salle de leur sport, à tout le village, y compris les restaurants. tous les espaces médias, radio, etc. Alors que par exemple, ma cousine, qui était mon aidante, avait accès au village que du matin au soir, tous les jours, mais pas à la salle de compétition. Et d'autres accréditations pouvaient donner accès uniquement au village sans les restaurants et avec des contraintes horaires très précises. Donc l'accréditation, super important, il faut toujours l'avoir sur soi et on est amené à la présenter vraiment tout le temps. partout où on va. Donc moi au village, j'étais dans un appartement de huit personnes. Dans cet appartement, il y avait quatre chambres. Moi j'avais une chambre pour moi toute seule avec Eugène, mon chien d'assistance. Et il y avait aussi deux salles de bain avec toilettes, dont une salle de bain PMR. Tout a été un peu pensé pour que ce soit accessible au PMR, mais malheureusement comme partout entre ce qui est accessible sur le papier et ce qui l'est vraiment dans la pratique, il y a souvent un monde. Donc par exemple dans la salle de bain PMR, le verrou pour fermer la porte était beaucoup trop petit et difficile à manipuler. Donc moi qui n'ai pas de force dans les doigts, j'ai pas du tout pu l'utiliser. Donc j'ai passé 10 jours sans pouvoir verrouiller la porte de ma salle de bain et des toilettes. Donc vraiment pas dingue pour l'intimité, c'est assez stressant. Pareil pour la porte d'entrée qui était super lourde avec... un seuil de porte à franchir. Et en plus de ça, dans le couloir c'était de la moquette très épaisse. Donc ce combo quand on est en fauteuil roulant et qu'en plus on n'a pas de force dans les bras, c'est super difficile pour ouvrir les portes. Et donc ça c'est des petites choses auxquelles personne ne pense jamais quand on rend accessible un bâtiment. Et c'est très fréquent qu'on se retrouve en galère avec les portes dans les hôtels par exemple. Sinon on avait vraiment tout ce qu'il faut dans les chambres, un étendoir, un ventilateur, une multiprise, une table de chevet, une lampe accrochée au lit. Et donc pour répondre à la question qui m'a été énormément posée, les liens en carton et les matelas en nylon, moi j'ai trouvé ça très bien, j'ai eu aucun souci à dormir. A la limite je ferais plus une réflexion sur la couette qui était pas très grande et surtout pas très chaude et c'est vrai que... Avec mon autisme, j'aime beaucoup dormir avec du poids sur moi. Donc la couette, c'était pas une grande réussite, mais on était vraiment très bien installés. Et j'ai vraiment pas eu de soucis pour dormir au village. Je suis arrivée au village trois jours avant le début de ma compétition. Ça peut paraître pas beaucoup pour certains. Le reste de l'équipe de France de Parabades était arrivée cinq jours avant. Moi, ça reste toujours assez difficile et énergivore d'être en dehors de chez moi. J'ai souvent de la difficulté à me nourrir comme il faut à l'extérieur, etc. Donc j'essaye d'arriver le plus proche possible du début des compétitions. En plus, là, il n'y avait pas de décalage horaire. Donc ce n'était vraiment pas un problème d'arriver un peu au dernier moment. Et les premiers jours ont vraiment servi à prendre mes marques et à installer des routines qui fonctionnent pour que les jours de match, tout roule du mieux possible. Donc j'avais avec moi ma cousine Manon qui était mon aidante sur cette compétition et on a rapidement mis en place ce qui fonctionnait le mieux au niveau des promenades de mon chien, des repas, des siestes, des récupérations kinés, etc. Par exemple, je me suis vite rendu compte que le restaurant, c'était vraiment super compliqué pour Eugène, mon chien d'assistance, parce que vraiment tout le monde voulait toujours le prendre en photo. Les gens le caressaient parfois sans demander, dans un environnement très très riche sensoriellement, donc c'était assez fatigant et difficile pour lui. Donc j'ai pu tout de suite ajuster mes horaires de lever, de sa balade, pour pouvoir le laisser à la chambre pendant mon petit déjeuner, mon déjeuner, et que Manon soit également présente au dîner pour m'aider, vu que Jeanne ne pouvait pas le faire. C'est là que j'ai été super contente d'avoir ma motorisation sur mon fauteuil roulant manuel. Comme je l'avais expliqué dans l'épisode 8, j'ai une roue à propulsion Jumper qui est fabriquée par Acecare. Et donc, comme Eugène ne m'accompagnait pas au repas et donc ne pouvait pas me tracter sur ces trajets-là, je pouvais me reposer à 100% sur ma motorisation et ainsi ne pas solliciter mon épaule qui est fragile. et ne pas trop me fatiguer en marge de la compétition. Parce que le village, c'est vraiment immense. Ce qui est bien, c'est que globalement, ça a été un peu pensé pour que ce soit accessible en fauteuil roulant. Donc, il y a des rampes partout, y compris à certains endroits, des très très longues rampes en escargot qui permettent d'accéder à des bâtiments en haut d'escalier. Donc, c'est vrai qu'avoir un fauteuil manuel motorisé, c'était vraiment très appréciable. et ça m'a permis d'optimiser mes efforts, mes temps de parcours et de ne pas imposer à Eugène des tâches quand c'était trop fatigant pour lui. Pour ceux qui veulent en savoir plus sur les motorisations et plus précisément la yomper, vous pouvez aller écouter l'épisode 8 où je parle en détail de tout ça. Par contre, au village c'est bien, ils ont pensé aux rampes d'accès mais gros carton rouge sur tout le reste. J'ai été assez hallucinée d'ailleurs. de voir autant de défauts de l'accessibilité, parce que c'est un quartier neuf qui a été vraiment construit spécifiquement pour les Jeux de Paris, mais qui évidemment a vocation de devenir un quartier de vie normal à Saint-Denis. Et des standards hyper basiques en termes d'accessibilité n'étaient pas respectés. Par exemple, au niveau des passages piétons, à beaucoup d'endroits, si ce n'est une majorité d'endroits, il n'y avait pas de bateau. Donc tu te retrouves avec ton fauteuil à devoir passer des trottoirs d'une dizaine de centimètres. Cette hauteur, elle est clairement pas accessible pour beaucoup de personnes en fonction du matériel qu'elles utilisent, de leur capacité physique et technique avec le fauteuil. Et même quand tu maîtrises les franchissements d'obstacles, tu peux quand même parfois te faire avoir et te renverser si tu lèves tes roues un peu trop tôt ou trop tard. Ça m'est arrivé une fois en allant à l'entraînement. En plus de ça, c'était encore plus vicieux que ça parce que parfois il y avait un bateau entre la route et la piste cyclable, mais ensuite entre la piste cyclable et le trottoir, il n'y en avait pas. Du coup, pour quelqu'un qui voit pas bien, ou qui a des défauts du traitement de l'information visuelle, ce qui est très fréquent chez les autistes ou les paralysés cérébraux, tu peux te faire avoir en pensant qu'en toute logique, il y a aussi un bateau après la piste cyclable, et en fait non, et bim, trébucher ou carrément renverser ton fauteuil. C'est pareil, tant qu'on reste sur le visuel, la couleur des pistes cyclables, du rebord du trottoir et du trottoir, c'était la même. pour distinguer la marche du trottoir, c'était vraiment super compliqué. Déjà pour les gens qui voient bien, mais alors pour les gens qui ont une mauvaise acuité visuelle ou qui sont carrément malvoyants, c'était vraiment l'enfer. Du coup, c'était quand même assez dangereux et très peu confortable pour naviguer dans le quartier. Et le pompon, je vous dis que tout ça, c'était de la même couleur, mais c'est même pire que ça, c'est que c'était des pavés. Et les pavés, c'est très joli, ça je dis pas le contraire. mais quand on est en situation de handicap, c'est l'enfer. Pour les fauteuils roulants, ça vibre de partout. Parfois, les petits trous se prennent dedans et on chute. Pour les personnes qui ont des douleurs articulaires, c'est un enfer et je sais de quoi je parle. Pour les personnes qui utilisent une canne blanche, c'est pareil. C'est souvent pas idéal parce que c'est moins fluide. Quand il pleut, ça glisse. Vraiment, les pavés, vous demandez à n'importe quelle personne handicapée ce qu'elle en pense. on sera unanime pour dire que c'est le pire revêtement en ville. C'est vraiment un cauchemar. Donc j'avoue que je n'ai pas du tout compris tous ces trucs qui paraissent tellement évidents pour nous qui sommes concernés. Donc encore une fois, je me dis juste que les personnes responsables du projet sont des personnes non concernées par le handicap, qui n'ont aucune idée de ce qu'on vit au quotidien avec nos déficits et nos aides techniques. Et pourtant, c'est censé faire... partie de leurs compétences, puisque l'accessibilité, c'est quand même quelque chose qui concerne 12 millions de personnes en France. C'est d'ailleurs une réflexion qui m'a été faite quand j'ai relevé tous ces soucis d'accessibilité. On m'a dit Oui, mais le village, ça n'a pas été conçu pour deux semaines de Jeux paralympiques, mais pour après. Oui, mais après, on a besoin des mêmes exigences pour les 20% de la population concernée par le handicap en France. C'est pour ça que c'est primordial de penser l'accessibilité totale, parce qu'on n'est pas que des athlètes paralympiques, nous on est monsieur et madame tout le monde dans la société civile. Bref, je referme cette parenthèse sur l'accessibilité du village pour vous parler du reste, qui était franchement bien. Donc au niveau du bâtiment France, on était déjà super bien placé, parce qu'on n'était pas trop loin des navettes et du restaurant, et donc globalement un peu... toute ta vie au village, elle est régie par tes repas et par tes entraînements et compétitions. Donc navettes et restaurants, c'est vraiment le point central. On avait à l'intérieur du bâtiment une terrasse et un rooftop avec vue panoramique sur Paris. Et en bas, à l'entrée, on avait un coin avec un écran géant. Donc c'était des endroits où on pouvait se retrouver entre joueurs et staff pour regarder les épreuves tous ensemble. On avait aussi une salle de sport pour nous tout seuls au bâtiment France. Mais ailleurs dans le village, il y avait aussi une salle de sport pour tous les athlètes où on avait aussi accès. On trouvait à chaque coin de rue des food trucks où on pouvait prendre des cafés, des croissants, des glaces. Et on en avait un juste en bas du bâtiment France. Évidemment, il y avait un gros pôle repas. au centre du village, avec un immense restaurant qui avait cinq ou six salles. C'était un principe de self, donc on passait avec son plateau et on choisissait ce qu'on voulait. Il y avait du choix sur les fruits, les yaourts, fromage, céréales. Il y avait un bar à salade aussi. Par contre, sur les plats principaux, j'ai trouvé ça quand même assez compliqué. C'était toujours froid. Le riz et les pâtes, c'était comme ce dont on a l'habitude à la cantine au collège. C'était tellement cuit que ça faisait des gros blocs. Il y avait assez peu de choix d'accompagnement. Et par exemple, le fromage râpé, les pots étaient toujours vides, même assez tôt dans la soirée. Moi, je mange généralement vers 19h, 19h30. Et on nous disait que ce ne serait pas re-rempli parce que juste, il n'y en avait plus. Pareil, le matin, très vite, il n'y avait plus d'œufs, plus de galettes de pommes de terre. Il fallait courir entre les six restaurants pour essayer de récupérer ce que tu voulais avant que ce soit en rupture de stock partout. Donc globalement, les repas assez compliqués quand même. Par contre, à côté du restaurant, il y avait un petit coin repas avec des plats assez sophistiqués faits par un grand chef. Donc moi, je n'aime vraiment pas ce type de nourriture, mais tout le monde a absolument adoré ce qui se faisait là-bas. Donc pour le midi, ça faisait... Ça faisait une bonne petite dégustation. Et surtout là-bas, il y avait une boulangerie avec constamment des viennoiseries chaudes, mais surtout des petits pains cacao absolument incroyables. Et je ne parle pas des muffins industriels dont on avait beaucoup entendu parler pendant les JO, mais vraiment des petits pains au cacao issus de la boulangerie sur place et qui étaient vraiment excellents. On pouvait aussi s'acheter ce dont on avait besoin à la super-aide du village. Bon là évidemment les prix étaient délirants mais ça pouvait toujours servir en cas de besoin. Il y avait aussi une laverie où on pouvait juste déposer nos affaires et revenir le lendemain avec tout propre et sec. Niveau service, il y avait aussi un bureau de poste pour acheter et envoyer des cartes postales, des colis. Et on pouvait faire imprimer des timbres à notre effigie. Donc c'était assez sympa. Au village, on trouvait aussi un centre confessionnel pour toutes les religions, un centre médical, un centre de réparation pour les orthèses, prothèses et les fauteux roulants, que ce soit ceux de compétition ou ceux de vie. Enfin vraiment... le village c'est une vraie ville avec tout ce qu'on peut trouver dans une ville normale, simplement sans voiture et avec beaucoup de sécurité après c'est pas parce qu'il n'y avait pas de voiture que ça veut dire qu'on était obligé de se déplacer à pied, il y avait un grand parc de vélos qu'on pouvait emprunter et déposer dans plein de points dans le village donc c'était très facile et fluide et les gens étaient très respectueux de l'endroit où ils posaient leur vélo Ensuite, il y avait un service de navettes électriques qui faisait le tour du village avec plusieurs arrêts. On pouvait monter à six personnes debout et une personne fauteuil. Le déploiement de la rampe était très rapide et facile, vraiment. C'était super fluide. Et enfin, pour les personnes en fauteuil roulant, il y a eu le déploiement d'une solution de mobilité électrique accrochée au fauteuil, un peu comme une trottinette qu'on clipse devant. Donc perso, je n'ai pas eu besoin vu que j'ai ma propre motorisation, mais pas mal de fauteuils ont pu tester ce système pour motoriser son fauteuil manuel, comme j'en parlais dans l'épisode 8, que je vous invite à aller écouter si ce n'est pas encore fait. Après, pour se rendre sur les sites de compétition, on avait des navettes qui partaient du village. Il y avait une grande gare routière avec une ou plusieurs navettes par sport qui partaient généralement une fois par heure. Et du coup, c'était des bus accessibles avec plusieurs emplacements fauteuils, contrairement aux bus de ville habituels. Là, ils avaient retiré quelques places assises pour pouvoir mettre plusieurs fauteuils roulants à bord, en plus des places pour ceux qui sont debout. Donc, contrairement à ce que beaucoup de gens pensent ou pensaient en amont des Jeux, les athlètes ne se déplacent pas en transport en commun. Et heureusement, parce qu'à Paris, avec les problèmes et les grèves, il fallait une solution plus fiable. Donc beaucoup de gens s'inquiétaient de l'accessibilité des transports parisiens pour les athlètes, mais évidemment, on avait des navettes accessibles et rien que pour nous. Cependant, oui, ça restait un souci pour le reste du séjour sur Paris, puisque une fois notre compétition terminée, on pouvait sortir du village et faire un peu ce qu'on voulait, notamment aller voir d'autres épreuves. Mais là, il fallait se débrouiller par nos propres moyens, et du coup, c'était pas forcément simple. Après, le village... C'est aussi le symbole un peu de la communauté paralympique et de la diversité qu'on peut y trouver en termes de handicap. C'est un endroit où tu vois des malvoyants guider des aveugles, où tu vois un petit train de personnes en fauteuil manuel tracté par un mec en fauteuil électrique devant. C'est un endroit où c'est normal de voir des gens manger avec leurs pieds ou carrément avec leur bouche directement dans l'assiette. Alors pour nous, athlètes paras, on a l'habitude parce que c'est notre quotidien sur les compétitions. Mais c'est vrai que pour certains nouveaux staffs ou pour les bénévoles qui découvrent le parasport, ça peut parfois même être un peu difficile selon les mots de certains parce que tu te retrouves face à des handicaps que tu ne connais pas, face à des choses que tu n'avais jamais vues auparavant. Mais c'est super important de se rendre compte qu'il faut tout simplement banaliser tout ça. parce qu'on est simplement des gens qui font partie de la société, même si on ne fait pas forcément toujours attention au fait qu'on existe dans le quotidien, parce que, encore une fois, comme la société est difficilement accessible, les PMR sortent difficilement de chez eux et sont parfois tout simplement physiquement coincés chez eux. Donc oui, on n'a pas l'habitude de nous voir dehors, dans les transports, dans les magasins. Les gens n'ont aussi pas eu l'habitude de côtoyer des enfants handicapés. Parce que malheureusement, les écoles ne sont pas toujours accessibles. Souvent, les notifications d'aide humaine à l'école ne sont pas respectées. Du coup, les enfants ne sont pas admis en classe, etc. Donc, tous ces facteurs font que certaines personnes au village ou autour du village se sont retrouvées à côtoyer des personnes handicapées pour la première fois de leur vie. En tout cas, j'espère sincèrement que les petits soucis d'accessibilité au village seront corrigés. J'espère aussi que le réaménagement des appartements... qui étaient du coup tous prévus pour être PMR pendant les Jeux, garderont l'accessibilité universelle pour un maximum d'entre eux et pas que pour les 20% requis par la loi quand ils seront mis en vente au grand public, parce que la problématique du logement, elle est réelle quand on est handicapé en France. Je vous mets des vidéos sur le compte Instagram pour que vous voyez un peu à quoi ressemble réellement le village. Et comme toujours, si vous avez des questions, que ce soit sur le paralympisme, le handicap, le sport de haut niveau, posez-les-moi pour que je puisse y répondre dans les prochains épisodes. Merci d'avoir écouté cet épisode jusqu'à la fin. J'imagine donc que le contenu vous a plu, alors je compte sur vous pour le faire savoir autour de vous et vous abonner pour ne louper aucun épisode à venir. Tous les liens utiles sont dans la description, alors allez y jeter un coup d'œil, et moi je vous dis à la prochaine !

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