Speaker #0Vous vous êtes déjà enflammé devant une finale du 100 mètres et les podiums des jeux vous procurent des frissons. Le sport vous galvanise et les sportifs vous font rêver. Mais derrière les médailles, le chemin vers le jour de gloire est un long parcours semé d'embûches et de challenges. Alors quant à cela s'ajoute le handicap, la route peut s'annoncer encore plus sinueuse. Je m'appelle Milena Suro, je suis sportive de haut niveau en para-badminton. Le but de ce podcast est de vous parler de la vie d'une sportive en quête des jeux, entre exigence du haut niveau et galère du handicap. afin de mieux comprendre le quotidien de ces sportifs à part et de cerner les enjeux de l'accessibilité. Alors si vous aimez le sport, le développement personnel ou que vous êtes touché de près ou de loin par le handicap, ce podcast est fait pour vous. Bonjour à tous, on se retrouve pour l'épisode 7 avec aujourd'hui une question qu'on m'a posée sur Spotify. En tant qu'athlète paralympique, quelle relation a-t-on avec les athlètes valides ? Je suis vraiment super contente qu'on m'ait posé cette question parce que déjà, le but de mon podcast, c'est de pouvoir répondre aux interrogations des gens, de mettre en lumière la face cachée du sport de haut niveau, du handicap, du parasport. Et donc, répondre aux questions que vous vous posez, je trouve que c'est encore plus pertinent que d'aborder les sujets que moi j'imagine adéquats. Et aussi, la relation qu'on a avec les athlètes valides, c'est une question que je ne m'étais jamais vraiment posée. Du coup, j'ai pris beaucoup de plaisir à écrire cet épisode, à réfléchir à la question et à avoir un regard tout neuf sur ce sujet. Donc vraiment, je vous invite et je vous incite à me poser vos questions, que ce soit sur le sport de haut niveau en général, le para-badminton spécifiquement, mais aussi le handicap dans la vie de tous les jours, comme j'ai déjà pu l'aborder dans les épisodes 5 et 6. Vous pouvez facilement interagir sur Spotify dans la partie interaction, mais aussi sur le compte Instagram du podcast, paralimpienne.podcast, où vous pouvez facilement mettre des commentaires sur les vidéos ou m'envoyer directement des DM. Et pour ceux qui sont encore à l'ancienne, j'ai un compte Facebook et un compte Twitter où vous pouvez facilement me poser vos questions que je traiterai dans les futurs épisodes. J'en profite au passage pour vous rappeler de vous abonner et de noter le podcast, parce que c'est vraiment ce qui me permet de le développer, de le diffuser à un maximum de monde, et de rêver un peu plus chaque jour à ce que la société soit sensibilisée au handicap et donc accessible à un maximum de monde. Alors maintenant, on rentre dans le sujet de cette relation avec les athlètes valides. Étant athlète de haut niveau en para badminton classifié SL4, donc pour ceux qui nous rejoignent aujourd'hui, SL4 c'est handicap léger des jambes et on joue sur un terrain normal. Je parle un peu plus du sujet dans le tout premier épisode du podcast si vous voulez comprendre un peu mieux qui je suis. Du coup j'ai la chance de pouvoir encore jouer avec les valides sur certaines compétitions locales comme en interclub ou sur les tournois régionaux et nationaux. Du coup, je vais pouvoir aborder la question sous deux angles. Quel rapport on a avec les baddistes de haut niveau en équipe de France olympique et le rapport qu'on a avec les baddistes amateurs sur les compétitions le week-end. Déjà, pour mettre dans le contexte, au niveau du parasport, il y a un peu deux cas différents. Il y a les sports qui dépendent de la grande fédération française handisport. Donc c'est une fédé qui regroupe une dizaine de parasports. Les athlètes, par exemple, qui font du tennis de table handisport vont être licenciés à la FFH. Et c'est cette fédé qui va gérer leurs compétitions, leurs stages, leurs inscriptions aux tournois, etc. et c'est vraiment distinct de la Fédération Française de Tennis de Table qui, elle, gère les valides à haut niveau. Nous, au Para Badminton, on est dans le deuxième cas. C'est la Fédération Française de Badminton qui gère la section Para, donc on a une seule et même FED qui gère l'équipe de France Olympique et l'équipe Paralympique, avec bien sûr un staff attitré. Et moi, j'ai une licence à la FFBAD et pas à la Fédération Française Handisport. Mais du coup déjà ces deux situations vont sûrement donner un impact un peu différent dans la relation entre les athlètes valides et les paras au sein d'un même sport. Après malgré tout la relation qu'on a avec les athlètes de l'équipe de France Olympique, c'est simple, elle est quasi inexistante au quotidien. En fait, on ne se côtoie pas du tout parce qu'on n'a aucune compétition commune, ou quasi aucune, il y a juste une fois tous les quatre ans où il y a les Jeux. Et encore, les deux compétitions ne sont pas exactement aux mêmes dates. Nos calendriers sont vraiment propres à chacun. Du coup, les délégations olympiques et paralympiques ne se croisent jamais. On ne va jamais prendre l'avion en même temps quand on part sur une compétition, par exemple. Ça nous arrive parfois de faire des stages à l'INSEP quand on prépare des grandes échéances, mais là c'est pareil, on ne s'entraîne pas dans la même salle que les valides qui sont là-bas à l'année, parce que les terrains fauteuils doivent être en bois alors que les terrains valides sont en résine. Donc même dans ce cadre, on ne va pas du tout se croiser. Donc collectivement, il n'y a vraiment aucune relation et on se connaît très très peu. J'avoue que je ne peux même pas vous dire si les athlètes valides de l'équipe de France connaissent mon existence par exemple. Par contre, de manière individuelle, certains joueurs peuvent être amenés à en côtoyer d'autres, par exemple avec les sponsors. Moi, j'ai un sponsor, la Banque Populaire, qui a créé une team d'athlètes, le pôle sportif du Grand Ouest. On est huit, valides et paras confondus, on vient de plusieurs sports. Et dans la team, il y a Tom Jickel, qui est donc badiste en équipe de France Valide. Dans ce cas-là, il peut arriver qu'on se croise sur des événements à la Banque Pop. qu'on fasse des démonstrations de notre sport auprès des collaborateurs. Et du coup, fatalement, ça rapproche un peu d'avoir le même sport en commun. Mais voilà, ça ne va pas plus loin que ça. Après, je vous parle de tout ça, mais c'est vrai que de base, je suis une super quiche en relations sociales. Donc globalement, dans la vie, je suis plutôt la fille qui n'a de relations avec personne. Donc je pense que ça joue beaucoup dans les infos que je vous donne aujourd'hui. Après, notre fédération essaye quand même, avec les Jeux, de communiquer sur le fait qu'on est une seule équipe de France. Là, par exemple, il y a quelques semaines, on était à l'INSEP pour Media Day. Donc c'est une journée pour fournir du contenu aux médias avant les Jeux et qu'on puisse ensuite finir notre préparation finale sans être sollicité de ce côté-là. Et du coup, les deux équipes de France, Valide et Para, étaient réunies. On a fait les photos de groupe tous ensemble. On a eu des jeux de questions-réponses qui mêlaient les deux équipes. Mais disons que ça, c'est une fois tous les quatre ans. Et moi, littéralement, c'est la première fois que je croisais la route des badistes. Après, il y a cette question du niveau amateur. Comment ça se passe sur les tournois Valide quand on est Para ? Comment ça se passe en club ? Ben là, il y a... Un peu deux profils de joueurs sur lesquels on va tomber. globalement, ça se passe super bien. Et notamment parce que, du fait que notre fédération gère également la section para, il y a une communication qui est faite sur le parabad, et c'est quand même quelque chose qui est de plus en plus connu au sein des licenciés à la FFBad. On connaît un peu nos performances à l'international, on a un peu un statut, entre guillemets. Et du coup, sur les tournois, les joueuses sont souvent assez contentes de pouvoir jouer contre quelqu'un qui fait du haut niveau. Sur les tournois, ça va être assez cordial. On va beaucoup me poser des questions sur mes récents résultats, sur les prochains tournois internationaux, les qualifs pour les Jeux, etc. Et de manière générale, les joueurs sont vraiment contents de voir des joueurs parabades sur les tournois valides. Et d'ailleurs, pour la petite anecdote, c'est assez marrant parce que les joueurs en tournoi, une fois qu'ils ont fini leur match, je trouve qu'ils ont tendance à beaucoup venir me voir jouer parce que je comprends que ça peut être assez impressionnant et intriguant de se demander comment je vais faire sur le terrain quand on me voit arriver avec des béquilles ou sur un fauteuil roulant. avec mes orthèses et après voir comment je m'adapte debout sur le grand terrain. Et nous, à l'inverse, quand on est sur les tournois valides, on a toujours cette petite tendance à essayer de repérer s'il n'y a pas de joueurs qui ont un handicap et qui pourraient signer en para. Parce qu'on a vraiment envie que notre sport se développe et donc de recruter le plus de joueurs possible. Et il y a plein de gens qui ont des handicaps parfois très légers et qui ne savent pas qu'ils pourraient jouer en para. Donc parfois on observe un peu pour voir si on peut pas recruter des joueurs, mais c'est vraiment pas simple parce que le handicap ça se remarque pas du premier coup d'œil. Et parfois c'est difficile de savoir si la personne elle a un handicap ou juste un défaut dans son jeu. Une fois j'étais sur un tournoi valide avec mon coach, qui est aussi le coach adjoint de l'équipe de France. Et y'a un joueur qui utilisait son bras gauche de manière vraiment bizarre. Du coup, on l'a scruté de la tête aux pieds du début à la fin de son match pour essayer de voir s'il avait un plexus brachial ou juste s'il utilisait son bras pas comme il faut à cause d'un défaut technique. Et à la fin du match, on savait pas quoi. Et du coup, on savait pas quoi faire, parce que c'est super gênant d'aller voir quelqu'un pour lui demander s'il a un handicap, parce que si en fait pas du tout, bah ça devient monstrueux gênant. Donc on a essayé de voir si des gens dans la salle le connaissaient pour se renseigner, mais je crois qu'au final on n'a pas eu l'info. Mais donc, pour revenir à notre sujet de départ, il y a la deuxième catégorie de joueurs, ceux qui ne supportent pas de perdre contre un handicapé. On en croise moins souvent que ceux qui nous considèrent avant tout comme des joueurs de bad, mais parfois il arrive qu'on se retrouve à jouer contre des joueurs qui ont cette mentalité. Et d'un côté, je peux comprendre que ce soit frustrant de perdre contre quelqu'un qui est physiquement diminué, mais en même temps, il faut quand même grandir et se dire que oui, un handicapé, notamment qui s'entraîne tous les jours, qui joue à l'international dans mon cas, peut te battre et être meilleur que toi malgré tout, parce que techniquement, mentalement, tactiquement, c'est un joueur de haut niveau et qu'il est peut-être meilleur que toi. Et il y a aussi une différence entre le penser ou subir cette pensée et le dire tout haut dans le gymnase. C'est arrivé à un ami sur un tournoi, un joueur qui a pété un câble en perdant un point. Il a hurlé putain mais c'est hors de question que je perde contre un handicapé Résultat, ça a totalement galvanisé l'handicapé qui lui a mis 21-0 dans le deuxième set. C'est Donc oui, ça arrive qu'on se retrouve dans ces situations où des joueurs valides ne supportent pas l'idée qu'un handicapé puisse être meilleur qu'eux et les battent, et qui sont vraiment dégoûtés après leur match. Mais je pense qu'en parlant encore plus du parasport, et notamment du parasport de haut niveau, ce genre de mentalité va petit à petit disparaître, parce que les gens vont se rendre compte qu'on est vraiment des athlètes de haut niveau, et que fatalement, sur des compétitions amateurs locales, on a une expérience et un niveau hors normes. Même si on joue contre des valides. Donc voilà, je pense que j'ai fait le tour de la question. Après, bien sûr, ça reste du p... cas par cas et peut-être que dans certaines fédérations les équipes olympiques et paralympiques se côtoient énormément et se connaissent bien de manière individuelle il y a aussi des joueurs paras qui s'entraînent avec des joueurs valides à haut niveau aussi mais voilà ce qui est de mon expérience personnelle avec les joueurs valides dans mon sport et dans notre chemin vers les jeux olympiques et paralympiques N'oubliez pas, si vous souhaitez que comme aujourd'hui je réponde aux questions que vous vous posez, contactez-moi sur Instagram, LinkedIn, Facebook ou plus simplement directement dans la partie interaction dans Spotify. Merci d'avoir écouté cet épisode jusqu'à la fin. J'imagine donc que le contenu vous a plu alors je compte sur vous pour le faire savoir autour de vous et vous abonner pour ne louper aucun épisode à venir. Tous les liens utiles sont dans la description, alors allez y jeter un coup d'œil et moi je vous dis à la prochaine !