- Speaker #0
Bonjour, alors aujourd'hui on va parler avec Sophie. On est parti pour une super chouette discussion. Alors Sophie, on s'est rencontré, on vient d'en parler en 2019. Moi j'étais enceinte et toi t'étais vraiment au tout début de ta reconversion professionnelle à vraiment te demander vers où tu allais aller. Mais en tout cas tu savais déjà que ça aurait un lien avec la maternité alors que tu ne venais pas du tout de ce monde-là à la base. Pas du tout. Je vais commencer par ma première question habituelle. Est-ce que tu peux présenter en quelques mots qui était la petite Sophie ? D'où elle vient ? Comment s'est passée son enfance en quelques mots ?
- Speaker #1
D'accord. Donc d'abord, bonjour à tous et merci à toi Stéphanie pour l'invitation. Je suis super contente d'être là aujourd'hui avec toi. Alors la petite Sophie, ça commence à remonter quand même assez loin. Je dirais qu'elle adorait être en groupe, faire beaucoup de choses en communauté, etc. Et que déjà, mes copines, quand on était petites, elles aimaient bien venir près de moi, se confier, demander des conseils, etc. D'accord.
- Speaker #0
Et... Où est-ce que tu as grandi ? Enfin, pas où, mais je veux dire dans quel type d'environnement est-ce que tu grandis ?
- Speaker #1
Donc, je grandis dans un environnement familial. Donc, je suis l'aînée de trois filles. On est dans la région légeoise avec des parents qui ont été employés à une époque et qui ont été indépendants aussi à d'autres époques. Donc, j'ai un peu vu toutes les facettes, on va dire, du travail déjà à l'époque. Et puis ensuite, j'ai fait HEC. HEC pourquoi ? Parce que je n'avais absolument aucune idée de ce que j'allais faire de ma vie. Comme beaucoup je pense à 18 ans, c'est pas facile de pouvoir se projeter quelques années après sur ce qu'on va faire. Et du coup je me suis dit, en fait ça a l'air d'ouvrir plein de portes, donc allons-y à la découverte de tout ça. J'ai découvert surtout de nouveau le fait d'être en groupe, de faire beaucoup de choses, de faire la fête. Vive HEC !
- Speaker #0
HEC est très connu, ceux qui ne sont pas de la région, est très connu. Moi, j'ai fait les mêmes études que toi, donc on a quelques petites années d'écart. C'est connu pour faire la fête, pour bosser.
- Speaker #1
Bien sûr, et on bosse bien aussi. Et on bosse bien aussi,
- Speaker #0
mais c'est, comment est-ce qu'on disait ? Work hard, play hard. Travaille beaucoup,
- Speaker #1
joue beaucoup, quoi. Oui, oui, oui, tout à fait. Mais c'est vraiment ça. Et c'est justement pouvoir aussi trouver le temps où on fait la fête, où on se lâche, etc. Et après, quand on doit délivrer tous ces travaux de groupe, encore ces examens, etc. Là, on est plutôt focus là-dessus. Tu l'as bien vécu ? Je l'ai très bien vécu à tout niveau. Et surtout pour la suite, ça m'a appris justement à se focaliser sur les choses et de s'engager aussi envers soi-même, se dire quand il faut délivrer, on délivre. Et on y va, et surtout dans des temps très courts. Quand on se retrouve avec deux examens par jour ou quatre travaux de groupe à délivrer dans les quelques semaines, ça nous apprend quand même à être vachement focus, efficace. Et de nouveau, cette interaction avec les autres, moi, c'est quelque chose qui me plaît énormément, et donc aussi à l'époque.
- Speaker #0
Après HEC, qu'est-ce qui se passe ?
- Speaker #1
Alors déjà, j'ai quand même envie de revenir sur un truc, c'est que pendant HEC, j'ai fait un stage en entreprise, et donc j'ai découvert le monde de l'industrie, qui est un monde que je ne connaissais absolument pas, et qui m'a plu énormément dans le sens où j'ai trouvé ça très technique, et en même temps le fait que le côté technique a quand même besoin de marketing, parce que moi j'étais dans la filière... marketing à l'époque et je me suis dit j'aime bien cette notion des deux et donc j'ai postulé plutôt dans ce genre de filière on va dire à l'époque mais bon sans expérience c'était quand même un petit peu compliqué donc je me suis retrouvée à bruxelles pendant plusieurs années à travailler pour une grosse société au niveau commercial et c'est là que j'ai fait entre guillemets ma première expérience comme commerciale donc toi tu étais commercial et la société était une société industrielle Non pas du tout justement, je peux en parler. C'est Biposte, donc j'ai commencé ma carrière professionnelle chez Biposte.
- Speaker #0
Donc c'est la Poste belge ?
- Speaker #1
Oui la Poste belge tout à fait, où j'ai pu justement réimplémenter des services de la Poste chez des partenaires privés suite à des fermetures de bureaux etc. Donc c'était une première expérience professionnelle très enrichissante aussi. J'ai encore des contacts avec mes collègues de l'époque avec qui je m'entendais très bien, qui m'ont formée etc. Et puis j'ai eu l'opportunité justement de repartir plutôt dans ce domaine industriel et donc de revenir sur Liège. Et donc je suis rentrée dans un domaine industriel, plutôt industrie chimique à consonance médicale pour ma partie en tout cas. Et donc en fait pendant presque dix ans j'ai fait la gestion de grands comptes clients justement autour de cette dimension médicale à l'international. Donc ça, c'était vraiment incroyable pour moi, ce niveau, avec voyage, ce contact avec les gens, rencontrer des personnes, travailler avec eux, qu'ils soient français, turcs, italiens, russes, turcs, vraiment, je paroudais partout en Europe et en Asie également. Donc très, très enrichissant, très fatigant aussi, parce que jamais une semaine qui ressemble à l'autre, rarement dormir les cinq nuits chez moi, etc., deux semaines en tout cas, c'était plutôt minimum une nuit de déplacement par semaine. Donc très très chouette expérience.
- Speaker #0
Tout le monde se pose toujours la question, dans ces voyages-là, vous avez le temps de voyager pour de vrai ou c'est juste du déplacement ?
- Speaker #1
Pas tellement, c'est souvent du déplacement. Alors quand les collègues, après quand on revient et me disent « ah non, c'était comment le Portugal par exemple ? » Ben je ne sais pas, j'ai vu l'avion, la voiture de location, la salle de réunion, l'hôtel et je suis repartie. Donc oui, ça peut arriver une fois ou l'autre qu'un avion, sans décalage par rapport à une réunion, qu'on puisse profiter quelques heures, mais bon, ça reste quand même rare, on a quand même envie de rentrer chez soi. Voilà, pouvoir faire autre chose aussi. C'est vrai que j'entends souvent « ah oui,
- Speaker #0
donc j'ai voyagé, ça fait rêver » . Et puis en fait, quand on creuse, celui qui l'a fait a en général très peu pu en profiter.
- Speaker #1
Bien que j'ai été dans des régions comme Moscou, des choses comme ça, que je n'aurais pas spécialement fait moi, seule ou en famille, j'ai envie de dire que j'ai pu quand même côtoyer un minimum. même si c'est plutôt à l'état de salle de réunion ou de quelques restaurants ou peut-être un point touristique, parce que les personnes aiment bien aussi nous montrer justement dans quel environnement elles vivent. Donc on a parfois aussi l'occasion que le client nous présente sa ville, donc c'est toujours intéressant. Et moi j'aime bien justement savoir quelle est la culture, comment ça fonctionne, comment on travaille. Et j'avais toujours justement cette notion, cette relation client déjà, de connaître tout sur mes clients, leur famille, comment ils fonctionnent, etc., de m'intéresser à l'autre. Moi, je préférerais faire ça finalement que négocier ce qu'il y avait à négocier derrière. Relation humaine, déjà.
- Speaker #0
Pourquoi est-ce que tu quittes cette entreprise ? Qu'est-ce qui se passe ?
- Speaker #1
Tout ce que je viens de partager, qui était très challengeant et pour moi très enrichissant, est devenu un peu plus compliqué quand j'ai eu mon fils. Parce que fatalement, on commençait à barouder toute l'Europe et l'Asie quand on a un enfant de quelques mois, c'est quand même un petit peu plus compliqué. Surtout que mon fils qui va avoir 10 ans aujourd'hui a développé assez rapidement des problèmes de santé, mais sur lesquels on n'a pas su mettre des mots directement. Mais donc il y a eu beaucoup de passages à l'hôpital, aux urgences, chez différents médecins, de la rééducation qui est quand même intervenue assez rapidement. Et en fait, il n'y a pas eu à l'époque vraiment de reconnaissance de mon management ou de ma direction par rapport à ça. Et j'ai déjà, moi, les premières semaines à mon retour de congé de maternité, je me suis rendue compte qu'en fait, il n'y avait personne, qu'on n'avait rien d'affiche, qu'on revienne de cette bulle où on est complètement, je veux dire, dans notre monde ou en parallèle au monde réel pendant quelques mois. Et en fait, quand on revient, rien n'a changé, entre guillemets, pour les autres et on est censé se réacclimater directement. Si nous, on avait une réclamation client qui était sortie la semaine d'avant, ils ont attendu que je revienne et donc j'avais le client. qui venait directement le jour même où je pense le lendemain de mon retour de congé mat pour discuter de la réclamation avec moi. J'avais aucune idée après être partie 4 mois de ce qui s'était passé. Mais Sophie, tu reviens à ton client, donc tu t'occupes de ce qui se passe avec ton client. Évidemment ! Bienvenue ! Tu reviens comme ça. Donc c'est ça, se rendre compte que waouh, en fait, il n'y a pas d'espace pour dire les gars, je reviens, je ne dors pas encore 4 heures d'affilée parce que c'était compliqué, je suis fatiguée. Je n'ai pas vraiment trouvé mon rythme et là je reprends à temps plein, c'est compliqué, il n'y a pas eu vraiment de « new welcome back » ou de « est-ce que ça va ? Comment est-ce que tu peux faire ? » Donc très compliqué, plus c'est sous-distranté par rapport à mon fils qui se sont mis en plus et vraiment se rendre compte que personne n'en a rien à faire, vraiment, et que donc tout le monde a l'impression, moi j'avais l'impression en tout cas à l'époque que tout le monde s'en sortait très bien avec ses enfants. Et moi je trouvais ça très très difficile et donc du coup je me suis dit en fait c'est moi qui déconne, c'est moi qui n'y arrive pas, c'est moi qui n'ai pas le monde d'emploi. Du coup ça a été très très difficile pendant un certain temps. J'ai essayé de m'accrocher comme je pouvais, partager avec ma direction quand même le fait que c'était compliqué. Et puis on est quand même dans une société où on nous en demande plus plus plus. C'est temps qu'on ne râle pas, on va nous en ajouter encore plus sur le dos de l'âne comme on dit. Et donc moi je partageais aussi le fait qu'on me demandait encore de plus en plus de choses et que j'étais toute seule et que j'avais besoin de renforts. Mais au lieu de me donner du renfort au départ, c'était peut-être se dire « Finalement, est-ce qu'elle est si capable que ça Sophie ? » Parce que Sophie, elle est humaine comme tout le monde, elle a 24 heures dans une journée, elle a splitté maintenant avec une vie de famille aussi, donc pas évident du tout. Et donc la décision a été, quelques années après, de se dire « C'est plus possible pour moi non plus dans cet environnement-là, j'ai envie de changer. » Oui, j'ai changé de travail. Nathan est né en 2015 et j'ai changé de travail en 2018.
- Speaker #0
Et tu voyageais encore pendant ces trois années-là ?
- Speaker #1
Oui, ça a été très compliqué pour moi. Ça a été très difficile. Chaque fois que je devais déposer Nathan à la crèche, c'était chaque fois la question de se dire « Ouh là là, 48 heures avant, j'anticipais déjà le pet que j'allais partir. » Et cette femme incroyable qui démarrait sa crèche à ce moment-là aussi, chaque fois, elle avait mal au cœur pour moi. Elle me disait « Combien de nuits ? » trois nuits, je lui ai donné Nathan, c'était vraiment difficile. Et cette culpabilité aussi, d'avoir l'impression de l'abandonner, pour finalement du travail. C'était une période assez compliquée. Je me suis dit, va chercher autre chose, quelque chose peut-être de plus local aussi. J'aime bien cette dimension internationale, mais je me dis qu'il y a moyen d'avoir une dimension internationale tout en restant 7 jours sur 7. À l'époque, je pleurais sur la table de mon ostéopathe à dire que je veux être une maman normale qui dort tous les soirs chez elle. Oui, mais ce n'est pas drôle. Non, ce n'est pas drôle, mais maintenant, on se dit après coup. Mais c'était vraiment… Ça dépend de ça,
- Speaker #0
pour passer le pas aussi.
- Speaker #1
Et donc, j'ai changé d'entreprise. Et finalement, pour me retrouver dans une autre entreprise où j'étais censée être plus… Enfin, le fait de moins bouger. Et en fait, j'ai quand même dû aussi pas mal bouger. Moins loin, mais quand même. Et de nouveau, c'était surtout ce manque de considération par rapport à le fait qu'on a autre chose à faire dans notre vie que travailler. qu'on a aussi une vie de famille, qu'on n'est pas que employé et qu'on est aussi parent, ça n'avait de nouveau pas sa place là-bas. C'était très compliqué.
- Speaker #0
C'était des environnements très masculins ou pas du tout ?
- Speaker #1
Alors le précédent, où je suis restée presque dix ans, c'était clairement un domaine très industriel, très technique, très masculin. Alors une jeune femme qui débarque déjà dans ce monde comme ça, c'est un petit peu étrange. Mais bon, par la suite, il y a de plus en plus de femmes aussi qui ont rejoint l'entreprise, mais on était quand même en minorité. Et par contre, dans la deuxième entreprise, je dirais qu'il y avait quand même pas mal de femmes, mais de nouveau, on était dans le fait de nourrir cette prétention que le monde à côté n'existe pas. D'accord. Donc voilà, et moi j'ai quand même ouvert ma bouche à plusieurs reprises, que je ne suis pas d'accord de descendre, parce que le groupe était français, de région parisienne. Et donc par exemple, le jour de rentrée de mon fils, il y avait une réunion stratégique de rentrée. Et moi j'ai dit, hors de question que je ne sois pas là. à la rentrée en maternelle de mon fils. Donc, je prendrais la visio parce que eux étaient déjà assez en avance sur ces technologies-là, faisaient pas mal de choses en visio. Et donc, j'étais la seule Belge à être restée chez moi, à être en gros écran comme ça, en réunion stratégique. Mais je m'en fichais parce que moi, j'avais déposé mon fils le matin à l'école. C'était ma priorité. C'est mon premier jour d'école. Oui, oui. Voilà. Mais il n'y avait pas de considération pour ça. Ça a été accordé, mais si je ne l'avais pas demandé spécialement... Ça a toujours été des combats comme ça. Et je pense que j'étais déjà bien épuisée de tout ce qui s'était passé avant, de tous les combats que j'avais menés avant. Et puis, il n'y a rien à faire à la maison aussi. C'était quand même fort compliqué, parce qu'on n'avait toujours pas de diagnostic par rapport à l'état de santé de Nathan. Et donc, en fait, en octobre 2018, on m'a diagnostiqué un burn-out. Vraiment, j'étais de plus en plus mal. Je faisais des angines coup sur coup, migraine tout le temps. Ben oui, on m'empêchait de parler, on m'empêchait de m'exprimer, on me renfermait tout le temps. Et donc, voilà, diagnostic du médecin en octobre que je n'ai pas du tout assumé au départ, parce qu'on ne veut pas abandonner les troupes, surtout quand on a... Oui, tu as le temps,
- Speaker #0
tu as la routine et donc tu ne vois pas. Voilà.
- Speaker #1
Mais non, j'ai deux salons hyper importants, parce qu'en plus, ma collègue était partie en congé mat, donc je reprenais en plus un travail supplémentaire d'une personne, d'une collègue, et donc c'était hors de question que j'abandonne les personnes. Alors la personne m'a dit « ben si » , le médecin m'a dit « ben si » . Allez faire vos deux salons le mois prochain en Allemagne et en France et après on vous hospitalisera. Voilà,
- Speaker #0
bravo.
- Speaker #1
Mais non, j'arrive à me lever, je fais jusque pleurer tout le temps et ça ne va plus de ça, mais je sais me lever. Ben continuez,
- Speaker #0
comme ça la prochaine fois vous ne pourrez plus vous lever.
- Speaker #1
Voilà, donc j'ai quand même écouté mon médecin que je remercie aujourd'hui. Mais de nouveau, on rigole,
- Speaker #0
mais une fois qu'on est dedans, on ne le voit pas, on ne le voit pas de la même façon, non ? Non,
- Speaker #1
du tout. C'est avec ces années de recul que je peux me dire, voilà, maintenant j'ai ce recul-là sur la situation, mais quand on est en plein dedans, clairement... C'est pour ça que je me permets de l'exprimer en détail ici, parce que si ça peut résonner chez certaines personnes, on ne l'entend pas, c'est un diagnostic, on ne veut pas l'entendre. Il y a toute une période de déni. Mais en fait, quand on est en déni, on est déjà totalement dans le fond. Et puis,
- Speaker #0
je trouve qu'on associe souvent le burn-out au fait de ne plus, du jour au lendemain, ne plus être capable de se lever le matin. C'est un peu l'histoire un peu facile à expliquer et facile à voir. Je n'étais plus capable de me lever, donc j'étais en burn-out. Quand on n'est plus capable de se lever, on est en burn-out depuis déjà un moment.
- Speaker #1
C'est ça.
- Speaker #0
C'est juste que tout s'est accumulé.
- Speaker #1
Exactement. Donc, ça a été une fameuse étape dans ma vie, fatalement professionnelle et personnelle aussi. Parce qu'être aux quatre coins de l'Europe et même beaucoup en région parisienne, etc. Par la suite, beaucoup dans les trains, etc. Puis se retrouver du jour au lendemain à la maison et je ne fais rien et je ne sers plus à rien. Et où est mon utilité ? Et de croiser justement des gens, je me rappelle encore avoir croisé un ami que j'avais plus vu depuis des années et qui me dit « alors ça va ton job ? » « ça fait bien le job à l'international, machin, ça va ? » J'ai été incapable de lui répondre et j'ai expliqué à ma psy par la suite, parce que j'étais accompagnée bien sûr pendant tout un temps par rapport à cette période de ma vie, où j'ai dit « mais en fait c'est fou parce que quand on nous retire ce job, on a l'impression qu'on n'existe plus. » C'est ça. Alors qu'on est une personne, enfin je reste ennuyée dans le...
- Speaker #0
Alors que pas du tout en fait. Oui. C'est vrai que, surtout dans les pays occidentaux, quand on te demande les premières questions qu'on te pose, il va y avoir d'office le nombre d'enfants que tu as éventuellement, mais en tout cas, le job que tu fais.
- Speaker #1
Bien sûr. Ou les personnes que tu recroises à des soirées d'anciens, des choses comme ça, c'est directement qu'est-ce que tu fais dans la vie ? Logique. Évidemment. Pas qu'est-ce que tu es. Oui,
- Speaker #0
ou comment tu te sens. Oui, c'est ça.
- Speaker #1
J'ai découvert les rêves que tu as accomplis. Exactement. Et là, c'est... Par contre, une transition de vie super intéressante parce que justement, avec ma psy, j'ai fait tout un travail sur moi-même, de connaissance de moi et des manières de fonctionnement que j'ai avec moi-même et avec les autres, que je n'avais jamais mis en lumière en fait. Donc ça m'a permis de faire le deuil, la compréhension de plein de choses dans mes interactions avec les autres ou des choses que je voyais, pas que je jugeais négativement, mais par exemple, je suis quelqu'un de très extravertie. Je ne comprenais pas quand un manager me disait « oui, je vais parler de ça en réunion » . J'ai dit « oui, oui, tu fais bien » . Et puis, on était en réunion manager et elle, le vendredi après-midi, et il ne sortait pas sa problématique. Je disais « mais enfin, ce n'est pas possible, il n'en parle pas, etc. » . Mais c'était une personne totalement introvertie. Donc, une personne introvertie, comment est-ce qu'elle va discuter de ça ? Juste avec une personne et pas 15 personnes ou par écrit. Et donc, c'est ça de se dire « ah oui, mais la personne, elle a autant de bonnes idées, elle veut s'exprimer, mais on n'a pas tous les mêmes canaux d'expression » . Donc tout ça, j'ai appris, ou la manière de fonctionner de mes managers ou de mes directeurs d'avant, de pouvoir se dire, bah oui, lui il était comme ça, il avait cette vision-là, moi j'avais cette vision-là, bah fatalement on n'était pas fait pour se rencontrer, on n'a pas trouvé les bonnes connexions pour continuer à avancer.
- Speaker #0
Et ce n'est pas forcément contre moi, c'est juste une relation professionnelle qui ne fonctionne pas pour plein de raisons. Mais il n'y a pas une seule façon de bien faire son job, ce qui est quand même assez... Quand on rentre dans le monde du travail, on ne s'en rend pas compte,
- Speaker #1
je trouve.
- Speaker #0
Et on trouve qu'il y en a qui sont bons et d'autres qui sont mauvais. Mais en fait, oui, certes, il y a des gens qui sont meilleurs que d'autres. Mais il y a aussi simplement des profils différents.
- Speaker #1
Je pense que c'est le thème de valeur, par contre, qui est important. Et quand on ne partage pas quand même les mêmes valeurs, ça, ça peut quand même être plus compliqué aussi. Donc voilà, ça a été un fameux chemin, un fameux travail aussi sur moi. Et de me dire aussi, mais qu'est-ce que je vais faire après ? Qu'est-ce que je vais faire de ma vie ? J'ai voulu d'abord beaucoup travailler avec les enfants. Je ne sais pas pourquoi. Pourquoi ? Est-ce que c'était le fait aussi de... Oui, je ne sais pas, c'était les enfants qui me touchaient au départ. Pour aussi, soi-disant, être plus disponible pour mon fils, je n'ai rien à faire, cette non-disponibilité, jusqu'à ces trois ans, trois ans et demi, où j'étais vraiment souvent partie, je m'étais dit, ah oui, j'ai envie d'être plus présente. Et ce qui est bien, c'est que ma psy, à l'époque, elle m'a dit, je m'étais projetée dans différents métiers, elle m'avait dit, appelez des gens qui sont déjà en activité pour voir comment ça fonctionne, poser-leur des questions. Alors, je suis... J'ai été très incroyablement surprise comme les gens en fait répondent, sont prêts à passer dix minutes au téléphone à expliquer, je trouve ça génial et c'est vrai que c'est quelque chose que je fais aussi aujourd'hui. Et en fait j'ai pu me projeter aussi et en fait me rendre compte, bah non si tu veux recevoir les enfants c'est quand ? C'est le mercredi après-midi et le samedi et donc ça va pas aller. Et donc se dire ah oui en fait j'avais pas vu ça comme ça. Donc ça m'a permis aussi de réaliser pas mal de choses, de pouvoir me projeter. d'éviter de me remettre dans des études de plusieurs années, comme je l'aurais voulu le faire à une époque, pour finalement me rendre compte que ça coïncède dans la réalité du quotidien et de ma vie familiale. Donc voilà, c'est toujours bien aussi, je conseille de se projeter, de ne pas hésiter à prendre son téléphone ou d'envoyer des messages avec tous les réseaux sociaux aujourd'hui. Il y en a qui vous répondront peut-être pas, mais je pense qu'il y a beaucoup de gens qui répondent.
- Speaker #0
Surtout si tu connais une personne du même réseau. C'est ça. Ou si toi, tu as... Je ne sais pas si tu avais déjà un profil, un profil LinkedIn. On voit un petit peu que tu es déjà quelqu'un de sérieux.
- Speaker #1
Je pense que c'est important pour aider les gens à se projeter. Ça, j'aide aussi beaucoup parce que mon mari a des enfants de son précédent mariage. L'aîné vient de rentrer à l'université. Ça a été un peu compliqué aussi de se stabiliser vers où il voulait vraiment aller, etc. Ou les gens autour de lui. Et chaque fois, vraiment, j'encourage en disant, allez discuter avec les gens qui sont vraiment... Parce que vous, vous avez une image du métier, mais vous ne connaissez pas la réalité au quotidien. Donc, allez confronter vos idées, vos questions, etc. pour savoir vraiment comment ça se passe, quoi. C'est important. Oui, oui.
- Speaker #0
Sortir de l'idéologie, de l'idée qu'on se fait.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
Et donc, comment est-ce que tu rebondis ?
- Speaker #1
Alors après, on sort un peu de l'aspect thérapeutique pur et donc je commence à aussi aller voir une coach en réorientation professionnelle, voir ce que j'aime faire, ce que j'aime moins faire, ce que je veux, ce que je ne veux plus, etc. Fatalement, j'ai beaucoup de temps aussi pour écouter. Il n'y avait pas tellement de podcasts encore à l'époque, c'était plutôt beaucoup de reportages TV, Internet, etc. Et un jour, je suis tombée sur un reportage sur les doulas, donc ces femmes incroyables qui accompagnent. Les femmes autour de la naissance, pas du tout au niveau médical, mais plutôt au niveau émotionnel, logistique, etc. Et je me suis dit, ah oui, c'est vrai que moi, je n'ai pas eu de place non plus pour déposer toutes mes émotions, mes craintes et tout ça. Je me vois encore avoir noté tous mes trucs sur un post-it et chaque fois garder le post-it dans ma poche parce que je n'osais pas le partager aux professionnels en blouse blanche et tout ça, dont on a besoin bien sûr. Mais pour moi, l'accompagnement en parallèle est super important. Et donc, je me suis dit, ah, ça pourrait être sympa de me lancer là-dedans. Et donc, il y avait justement une formation de doula sur Namur. Et donc j'ai décidé de me lancer dans cette formation, que j'ai adorée. J'ai rencontré plein de femmes incroyables, alors évidemment on venait toutes de parcours professionnels différents. Je me suis sentie quand même un petit peu différente du fait que c'était beaucoup de personnes qui étaient déjà en relation dans l'enfance, dans l'accompagnement potentiel, etc. Et je me souviens encore de Sarah qui m'avait présentée, c'était un des premiers exercices, c'était de présenter l'autre après avoir discuté un quart d'heure. Et elle m'a présentée directement comme businesswoman. Et là, je me suis sentie, j'ai voulu me cacher sous la table. En fait, j'étais super gênée, sous ma chaise plutôt que sous la table, parce que j'étais totalement en rejet de ce côté businesswoman que j'avais eu pendant plus de dix ans. Parce que pour moi, je me suis dit, en fait, je me suis plantée pendant plus de dix ans pour en arriver à ce burn-out et ces difficultés et cette souffrance. Donc, en fait, je ne voulais plus en entendre parler. Donc, j'étais très, très gênée de ce côté-là que j'ai voulu bien cacher, enfoncer quelque part. Et donc, on a cheminé ensemble, etc. Puis, il y a eu le Covid, on a dû à un moment donné faire... pose dans la formation. Mais moi, j'ai décidé que j'avais quand même envie de déjà accompagner des femmes parce que je le faisais déjà bénévolement. On avait dit que c'était sympa, si on voulait tester, de pouvoir accompagner. Donc moi, j'avais déjà plusieurs personnes que j'accompagnais. Donc moi, ça enrichissait ma pratique et ça leur permettait aussi d'avoir une personne à leur côté, etc. Et en fait, je me sentais tellement bien. Et ce n'était pas parce qu'il manquait le module 7 et le module 8 que je ne savais pas le faire. J'étais avec mon cœur, j'étais en présence. Oui, parce que vous êtes médicaux en plus. Voilà, c'est ça. On est vraiment dans la présence à la femme qui se pose des questions, qui a potentiellement une perte de confiance, qui a la recherche un peu d'une aide ou d'un repère dans tout ce qu'on propose autour de la maternité aujourd'hui. Et je me sentais bien, et en même temps, déjà à ce moment-là, parce que la base de la doula, en fait, c'est l'écoute active, ce qui est super, ce qui est un de mes outils préférés aussi aujourd'hui. Et en même temps, on nous dit bien... Ça s'arrête entre guillemets là, alors ça paraît très péjoratif ce que je dis, mais ça reste, moi j'étais déjà, quand on faisait des simulations, les plans d'action, les choses, plus ce qu'on fait en coaching, et on me disait, mais non, pas du tout, c'est pas là-dedans que tu dois partir. Et donc je me sentais fort restreinte en fait dans ce que je pouvais apporter. Donc je l'ai fait pendant tout un temps, j'ai accompagné ces futures mamans, dans leur aventure de la maternité. Et un temps,
- Speaker #0
donc apporter de conseils,
- Speaker #1
sans apporter...
- Speaker #0
d'action.
- Speaker #1
Oui, ou pas de challenge. Je ne savais pas aller les... Enfin, ce n'était pas permis, même si chacun, je pense, fait un peu quand même à sa sauce. Je l'ai challengé, mais ce n'était quand même pas... Je ne me sentais pas dans mon plein potentiel. Alors maintenant, je m'édaime aujourd'hui, mais à l'époque, je ne savais pas trop ce que ça voulait dire, mais je sentais bien que ce n'était pas... Voilà. Et alors, j'ai mes clients parce que moi, je parlais du fait que dès la potentielle idée de vouloir tomber enceinte... Jusqu'à le retour au travail, je pouvais les accompagner dans toute cette période assez large. Et en fait, c'est marrant parce que les femmes m'ont assez rapidement amenée vers ce retour au travail. En me disant, Sophie, ça va être compliqué, est-ce que tu peux m'aider ? Donc j'ai accompagné pas mal de grossesses et de postpartum, mais par la suite, ça a été fort quand même dirigé par là. Et en fait, là, je me suis éclatée. C'était complètement autre chose. Ça me rappelait moi, ma posture aussi, mes difficultés, etc. Alors on n'est pas là pour se projeter du tout les autres, bien sûr. Et en même temps, je sentais que chez moi, ça venait nourrir quelque chose et qu'il y avait un sentiment d'excitation, si je peux mettre le mot, beaucoup plus fort que vraiment la grossesse, le postpartum, etc., que je respecte et ce sont des transitions de vie incroyables. Mais il y avait quand même autre chose qui venait me chercher. Et donc je me suis dit, voilà, spécialisons-nous, entre guillemets, sur ce retour au travail pour aider les femmes à justement se sentir prêtes, entre guillemets. commencer à travailler parce que c'est une fameuse transition. On fait plein de choses pour notre grossesse, surtout notre accouchement. Moi j'ai milité entre guillemets tout un temps de dire mais attendez les gars l'accouchement c'est quand même le premier jour du reste de ta vie après c'est quand même tout à fait autre chose. J'ai adoré faire ça et puis je me suis dit ouais mais le retour au travail c'est encore pire. Parce que c'est, on fait tous des gamins, on retourne tous travailler mais en fait mais qu'est ce que c'est dur et personne n'en parle en fait.
- Speaker #0
Je l'ai pas vécu moi, je ne suis jamais retournée travailler mais il y en a plein aussi qui font ça.
- Speaker #1
Tout à fait.
- Speaker #0
Mais je ne vois pas. comment. Alors moi, je l'ai gardé un an à la maison. Il y avait le Covid en plus, mais de toute façon, c'était un peu le plan. Je ne vois pas comment j'aurais pu recommencer à travailler après trois mois. Je ne sais pas. Après un an, aucun problème. Après trois mois, je ne sais pas.
- Speaker #1
Oui, on n'est pas gâtés en Belgique, tout à fait.
- Speaker #0
Un an, aucun problème. Mais trois mois, et quand je vois les personnes qui le font, félicitations ou pas, peu importe, il n'y a pas de jugement de valeur à mettre là-derrière, mais moi, je n'étais pas capable.
- Speaker #1
Tout à fait. Ce n'était pas... Non.
- Speaker #0
C'est un mécanisme dans lequel... Oui, oui, mais c'est...
- Speaker #1
Ah oui,
- Speaker #0
je veux me prendre... On est tellement encore dans une transformation, cette fameuse matrescence, ce changement identitaire, et qui est là. Il y en a certaines qui le vivent peut-être moins fort que d'autres, ou à des moments différents que d'autres, mais en même temps, il est quand même là. Et quand on recommence à travailler si peu de temps après une naissance, on est clairement encore en pleine transformation identitaire. On atterrit potentiellement un peu, et encore. Oui,
- Speaker #1
on ne dort pas non plus.
- Speaker #0
Voilà. Beaucoup, sauf celles qui tirent à la loterie, ça arrive, j'en connais et bravo pour elles. Mais en général, ça reste quand même une période très compliquée, très vulnérable, où je pense que la confiance en nous est fort entamée. Déjà, c'est premièrement avec nos enfants, il n'y a rien à faire, on n'a pas de monde d'emploi, donc on fait comme on peut. Et puis on est quand même fort isolés encore, et donc on est content dans un sens de retourner dans cette sociabilité, on va dire, avec le travail, et en même temps d'une fragilité par rapport à ce qu'on a vécu, par rapport à... Ou est-ce qu'on retourne, ou on attend à ce qu'on n'ait pas changé alors qu'on a changé ? Je me souviens encore de ma boss à l'époque, elle me disait « Tu resteras quand même toujours Sophie, la maternité ne te changera pas. » Et en fait, si. Mais dans les générations précédentes, pour moi, comme je dis à mes clientes aujourd'hui, vous n'êtes pas moins bien ou mieux qu'avant, vous êtes différente, clairement. Donc vos points de repère, tout a changé. Et donc c'est important aussi par rapport au travail. Mais donc c'était ça l'idée de base, c'était d'accompagner et de rendre confiance aux femmes qui retournaient travailler. Et en fait, je me rendais compte aussi, parce qu'on faisait des accompagnements, c'était un chemin de plusieurs séances de coaching, et après je me rendais compte qu'une fois qu'elles retournaient bosser, je les perdais un peu. Parce que oui, elles retournaient dans ce tourbillon de la vie professionnelle, ils n'avaient pas spécialement le temps encore de pouvoir venir me voir. Je m'étais dit, je pourrais faire créer des activités de groupe aussi par la suite. Mais de nouveau, entre le travail, l'enfant, potentiellement le peu d'activités qui restent dans ces temps de transition, je me suis dit, en fait, je les perds. Donc ce n'était pas facile. Et donc moi qui continue à me faire coacher moi-même, parce que c'est important aussi de continuer à se challenger, voir un peu ce qu'on peut faire, et aussi vers où on a envie d'aller, je pense que c'est important. Tu t'es fait coacher comment ? Je me suis fait coacher par différents coachs, mais cette personne à l'époque travaillait aussi tout le côté énergétique, et on était vraiment dans des moments aussi de projection dans le futur, ou parfois aussi on revenait dans des éléments du passé. Et en fait, je vois encore ce truc, c'était en janvier 2022, où elle me fait revenir aussi à moi, Sophie, au moment où je reprends le travail, avec Nathan, avec le boulot, je me vois en salle de réunion, machin. Et là, j'ai un truc qui monte de me dire, en fait, si j'avais eu quelqu'un qui avait été à mes côtés pour me redonner confiance, me challenger et aussi me montrer qu'en fait, ce n'est pas OK comment ça se passe, et qu'est-ce que tu peux faire toi ? En tant que personne, en tant qu'employée, en tant que manager, pour que les choses soient différentes, ça aurait été complètement différent. Et là, j'ai eu vraiment un éclair, un insight, comme on dit, de se dire, en fait, c'est super ce que tu fais avec les particuliers, mais en fait, tu vas remettre ta casquette de businesswoman et tu vas y aller. Parce qu'en fait, c'est important de partager ton histoire, ton vécu, ton expérience, et de dire aussi aux entreprises, aux employeurs que, bah si, c'est une transition de vie. Et c'est important en fait d'y être sensibilisé et de la soutenir. Et arrêter de mettre ça sous le tapis, de dire, vous recommencez à bosser, vous revenez et ça va aller. Pour que ça aille vraiment, il faudrait peut-être de 1, reconnaître que c'est une transition de vie, et de 2, potentiellement l'accompagner. C'est important.
- Speaker #1
Donc là, on est plus ou moins en 2022, c'est ça ?
- Speaker #0
Oui, on est courant 2022. Je commence un peu à me... Du coup, je suis chamboulée, je ne dors pas de la nuit après ce coaching incroyable. On a toujours des moments comme ça clés dans notre vie, où on a vraiment des prises de conscience. Je pense que le coaching, de toute façon, en général, amène à des prises de conscience, mais des fois, elles sont bien plus fortes que d'autres. Et là, je n'ai pas dormi la nuit, j'ai échangé avec des amis proches, parce que c'est bien aussi d'avoir ces personnes ressources à qui on peut demander des conseils, etc. Et je pense que les semaines après, je n'ai pas arrêté de regarder un petit peu autour de cette place, la parentalité, le travail, etc. Et de me rendre compte qu'en fait, dans les pays anglo-saxons, ils le travaillaient déjà depuis 2010 environ. En tout cas, moi, j'ai retrouvé des études par rapport à ça. Et ils se rendaient compte qu'il y avait beaucoup de femmes, peu importe les postes qu'elles avaient occupés avant, à responsabilité souvent quand même, comme ça avait été le cas pour moi, etc. Quand elles reviennent, il y a quand même, déjà, tout le monde ne revient pas. Et dans les deux à trois ans après un retour, elles s'en vont. Parce qu'en fait, elles ne sont plus en accord, ça ne fonctionne plus.
- Speaker #1
Ou elles finissent en burn-out.
- Speaker #0
Ou elles finissent en burn-out, clairement. Et en fait, certaines entreprises ont réalisé qu'en fait, ils avaient aussi un rôle à jouer là-dedans, et de se dire, en fait, c'est important pour nous de soutenir ces femmes aussi dans ce retour. Et donc, ils ont développé, avec des externes, des maternity coaching, justement. Donc, ce soutien au retour au travail, comme ça. Et les études montrent bien que, du coup, les gens, ils restent, ils reprennent confiance en eux. J'aime pas ce discours, mais en même temps, il est réaliste. Et c'est ça que je partage aussi aux entreprises, c'est que les gens sont de retour dans la performance plus rapidement. C'est important de le dire. Et les gens, après, se sentent soutenus par leur entreprise, reconnus. Et donc, t'as plus envie de rester dans une entreprise qui reconnaît aussi cette transition, et qui t'a aidée, et qui t'a accompagnée là-dedans. Donc je me suis dit, c'est bingo pour tout le monde.
- Speaker #1
Comment est-ce qu'une entreprise... Je ne sais pas si tu vas pouvoir répondre à la question, ou si c'est l'objectif, mais comment est-ce qu'une entreprise, qu'est-ce qu'elle peut mettre en place ? par exemple, ou alors justement le but c'est de ne pas donner des exemples parce que c'est trop lié à des cas précis ? Je ne sais pas. Est-ce qu'il y a des mesures que tu proposes aux entreprises et qui sont un petit peu standard et ça pourrait s'appliquer partout ? Je ne sais pas comment est-ce que ça fonctionne ?
- Speaker #0
Moi je préfère un petit peu voir comment chaque entreprise fonctionne déjà et j'entends souvent déjà le fait de dire ah mais c'est bon on ne refuse aucun congé parental ou aucun temps partiel etc. Donc c'est bon, en même temps ils n'ont pas le choix de ne pas refuser. Déjà vous êtes gentils mais ce n'est pas un cadeau, c'est la loi, c'est comme ça. Et en même temps, de nouveau, comment est-ce que ça va être vraiment impliqué ?
- Speaker #1
Tu peux les reporter pour des bonnes raisons.
- Speaker #0
Je peux reporter que x fois. La personne, si elle t'a demandé ça à ce moment-là, c'est qu'elle avait un problème de crèche, de garde, je ne sais pas quoi, ou de peu importe. Donc voilà, l'idée, c'est de se dire, ok, c'est bien beau de dire que vous faites des choses, mais en même temps, qu'est-ce que vous faites réellement ? Et de les conscientiser aussi. Quand ils disent, oui, on fait des petits-déj régulièrement, ou on fait beaucoup d'activités en dehors des heures de travail, de leur expliquer gentiment aussi, c'est super ce que vous faites, mais vous vous rendez compte que dans des familles avec des jeunes parents, c'est peut-être leur mettre aussi une difficulté supplémentaire d'encore se dégager du temps en plus du travail. Ça paraît anodin d'aller boire un verre ou de faire un barbecue avec les collègues, mais est-ce que ça rentre aussi dans l'organisation familiale, par exemple ? Donc c'est de leur réveiller un peu la conscience sur, tiens, peut-être que ça n'arrange pas. Je parle plutôt de flexibilité d'horaire, parce que c'est quand même des choses importantes. On entend beaucoup de difficultés autour de... On va dire que les horaires de crèche, ça va encore, mais une fois que les enfants rentrent à l'école, 15h15, voire 15h30, c'est autre chose que 18h ou 19h et chacun laisse son enfant le temps qu'il veut en crèche, je ne dis pas. Mais c'est quand même toute une autre organisation. Et je vois aujourd'hui dans ma pratique que ça reste un des points challengeants pour les parents. C'est le fait d'amener les parents à l'école. Tu arrives en retard en réunion, tu te fais engueuler parce que tu as 3 minutes 50 de retard. Mais s'il vous plaît, gardez quand même à l'esprit que la personne, ça fait 3 heures qu'elle est levée, ce n'est pas qu'elle a eu une panne de réveil. C'est qu'en fait, elle a galéré, que ce soit la crèche, l'école, une crise le matin avec l'enfant, peu importe.
- Speaker #1
Il a renversé son petit-déj,
- Speaker #0
il a fait ça. Et que 9h03, on a fait ce qu'on a pu et en même temps, on arrive dans un état. Donc, il n'y a rien de pire que de dire, ce n'est pas grave, tu es un peu en retard, bienvenue. Ah ben super, tu es en retard.
- Speaker #1
Il y a encore des entreprises qui vont fonctionner comme ça ?
- Speaker #0
Bien sûr.
- Speaker #1
Avec ce genre de discours ?
- Speaker #0
Bien sûr. C'est en train de changer et j'espère que le changement générationnel aussi dans les directions. Tu vois, je change parce que je pense qu'il y a énormément de différences entre la façon dont on élevait des enfants pour nos parents, nos grands-parents, et nous-mêmes aujourd'hui, ou les nouvelles générations. Et donc les gens à la tête d'entreprises qui n'ont pas été présents pour leur famille, il y a peut-être pour certains la culpabilité ou du regret de ne pas avoir été présents, et donc peut-être de vouloir mettre des choses en place, ou au contraire de se dire, moi en fait j'ai trimé, donc que les gens aussi, que ce soit difficile aussi pour les gens. Ou alors n'ont pas du tout conscience de dire, bah non, pour eux c'est normal de se dévouer à son boulot à 200% et de mettre de côté sa vie de famille. Mais je pense que ça change aussi avec les changements générationnels. C'est en ça que je crois en tout cas, c'est ma croyance à moi. Oui.
- Speaker #1
Mais je n'ai jamais connu ça.
- Speaker #0
Ce n'est pas plus mal. Voilà, ce n'est pas plus mal.
- Speaker #1
Après, on savait que la grossesse, chez nous, c'était quand même une voie de garage. Et que les femmes qui prenaient un 4-5e, parce que c'était des femmes, leur charge de travail ne diminuait pas, mais leur nombre de jours de congé, leur salaire bien. Donc, c'était quand même assez...
- Speaker #0
C'est des choses, on appelle la pénalité maternelle. Aujourd'hui, c'est vraiment ça, le fait d'avoir des enfants, alors qu'aujourd'hui, il n'y a que nous qui pouvons... qui pouvant mettre au monde des enfants, porter des enfants, c'est chaque fois la même chose à l'annonce aussi. Pour le moment, je te parle de retour au travail, mais mon rêve, c'est aussi ma vision d'un changement de paradigme dans le monde du travail, c'est qu'on puisse autant féliciter un homme qu'une femme quand il ou elle annonce qu'ils vont avoir un enfant. Parce que ça reste une nouvelle incroyable. Alors je comprends les personnes, les managers, j'en parle plein de fois avec des gens avec qui j'échange, qui me disent « Attends Sophie, quand la personne m'annonce qu'elle est enceinte et tout ça... » Moi, directement, je panique. Je me dis, oh là là, ça fait X mois d'absence, etc. Je dis, oui, tu peux avoir la panique, mais tu redescends de ta panique, qui est totalement humaine, et puis tu partages ta joie, entre guillemets, avec la personne, ou en tout cas, tu accueilles la sienne. Et puis, je veux dire, ça se prévoit.
- Speaker #1
Oui, on ne l'apprend pas deux jours avant,
- Speaker #0
en fait. Voilà, c'est ça. Normalement, si tout se passe bien, la plupart, on va dire, des trajets de maternité se passent bien, on a quand même six mois pour s'organiser. Si la personne te l'annonce à trois mois, tu as quand même six mois pour t'organiser, pour réorganiser l'équipe. Mais de nouveau, qu'est-ce que tu influes ? « T'as vu, encore un bébé, super ! » Ou bien « Super, elle est enceinte, bravo, félicitations ! » Et du coup, on va travailler différemment, on va répartir les tâches autrement, communiquer différemment, pour que même si elle doit s'absenter dans les deux mois pour raison médicale, ce qui n'est pas chouette pour les personnes, et de nouveau, je parlais de la culpabilité d'un burn-out, mais je peux t'assurer que plein de femmes enceintes qui sont arrêtées du jour au lendemain, il y a quand même une notion de culpabilité et qui vont même pousser leur corps trop loin, dire « Je ne peux pas arrêter de travailler, je ne peux pas laisser tomber les gens. » Oui, mais ton corps, t'en as qu'un ! Et c'est important de le mettre en priorité aussi, donc de travailler ça avec les managers aussi, de dire les gars, on y va cool quoi. Ouais, c'est compliqué. Oui.
- Speaker #1
Ici, j'ai eu une annonce de grossesse, voilà, et elle était stressée. Donc, dans une des employées.
- Speaker #0
Tout à fait.
- Speaker #1
Elle était stressée de me l'annoncer. Donc, voilà, je te le dis à ses tours. En plus, elle me le dit bien avant les trois mois. Bah, j'ai l'air de félicitations, enfin. Ah oui, ça va ? Tu ne me prends pas trop mal ? Trop mal. Déjà, je n'engage que des femmes qui, la plupart, ont entre 25 et 35 ans. Donc, je veux dire, à un moment donné, tu sais, enfin, des enfants, il y en aura. Ben non, pourquoi je le prendrais mal, je le sais six mois à l'avance. En plus, je sais que c'est quelqu'un, elle est super correcte. Puis même,
- Speaker #0
je veux dire,
- Speaker #1
je ne sais pas, mais sa façon de réagir, de « Ah ben ça va, je suis soulagée » . De quoi ? Qu'est-ce que j'allais faire ? J'allais quoi ? Râler parce que tu étais enceinte ? Ça n'a aucun sens. C'est le monde d'aujourd'hui.
- Speaker #0
Une femme sourde est tétanisée à l'idée d'annoncer qu'elle est enceinte, clairement.
- Speaker #1
Oui, tu vois. Oui, moi, je n'ai pas du tout connu ça, ni en banque, ni dans l'enseignement, clairement. Parce que dans l'enseignement,
- Speaker #0
quand tu annonces que tu es enceinte, voilà,
- Speaker #1
c'est un fait, tout le monde s'en fiche et bravo. Je ne me rends pas compte, en fait. Je crois que je ne me rends vraiment pas compte.
- Speaker #0
C'est incroyable le stress que ça met et les personnes me partagent aussi le fait qu'elles ont peur du changement de regard. Tu vois que le manager ou l'équipe va avoir sur elles du fait que maintenant, ça va être différent. Oui, mais on va arrêter de le prendre négativement. Oui, ça va être différent, mais ça peut être très bien aussi. Et il faut qu'on trouve que ce soit très bien.
- Speaker #1
Il y a des enfants, enfin une grosse masse, des enfants,
- Speaker #0
des enfants. Et heureusement, parce que sinon, il n'y aurait plus de terre, il n'y aurait plus d'humanité. Donc, à un moment donné, il faut un peu arrêter aussi d'aller sur le mauvais terrain.
- Speaker #1
Après, je crois qu'il y a une peur aussi, enfin, je suis employeur, il y a une peur de se dire, oui, mais est-ce que la personne ne va pas prendre des jours de... On appelle ça de complaisance. Il y en a aussi. Il n'y a rien à faire. Il y en a aussi.
- Speaker #0
Comme partout.
- Speaker #1
Il y a toujours ce côté un petit peu peur de « Oui, mais en fait, je vais payer des gens à ne pas travailler. » Forcément, en tant qu'entrepreneur, on n'a pas forcément les fonds pour aller faire ce genre de choses. Après, c'est partir sur la confiance et de se dire que si chacun met les choses en place de son côté pour que ça fonctionne, on doit pouvoir arriver à une situation qui est bonne pour les deux.
- Speaker #0
Je pense qu'à portée, tu me parlais des solutions tout à l'heure de manière globale. Je pense que pouvoir donner encore plus de flexibilité à une femme enceinte, c'est important, parce qu'elle, elle va se sentir soutenue, entendue dans son état, parce que ce n'est pas une excuse, c'est un état de fait, elle est enceinte, c'est une situation pour le moment, et se dire que si l'entreprise me fait confiance et m'accorde le fait peut-être de travailler un peu plus de chez moi, ou d'avoir moins de déplacements pour que ce soit moins difficile en fin de grossesse, enfin je donne des choses comme ça, ben ça... conditionne la personne à se dire aussi ben je veux aller jusqu'au plus loin que je peux aussi dans ma grossesse par rapport à mon travail parce qu'il y a aussi un peu cette recherche de dire les anciennes générations moi j'ai travaillé jusqu'à la veille de mon accouchement et j'ai repris mais c'est très bien tant mieux pour toi chacun son expérience chacun sa vie j'ai envie de te dire mais voilà c'est important aussi de se sentir soutenu en confiance que l'autre est confiant c'est justement pour se dire ok même si je ralentis un peu parce que là je me sens pas bien Mais en même temps, ça va me donner plus envie, à un moment donné, de peut-être retourner plus rapidement dans le boulot, parce qu'on m'a laissé, tu vois, c'est un peu à deux vitesses. Et je pense que c'est du win-win au temps.
- Speaker #1
Oui, c'est ça, ça peut être du donnant-donnant. Et il y aura toujours des situations. Quelqu'un qui tombe enceinte, on sait que statistiquement, il y a moins de chances qu'elle reste, il y a plus de chances qu'elle diminue ses heures, etc.
- Speaker #0
Ça fait partie du jeu et de la liberté personnelle. Clairement, clairement.
- Speaker #1
Aujourd'hui.
- Speaker #0
Qu'est-ce qu'elle fait Sophie de Séjourner ? Alors Sophie de Séjourner, je fais principalement ce fameux coaching de retour au travail. L'idée c'est qu'ici j'ai des contrats avec différentes entreprises dans différents secteurs d'activité où j'accompagne justement leurs collaboratrices qui retournent de congés et maternités. Je dis slash parental parce que pour le moment par exemple j'ai pas mal d'activités au Luxembourg. Au Luxembourg, ils ont la possibilité, ce qu'ils font souvent, après le congé maternité, d'embrayer directement sur un congé parental. Donc tu as beaucoup de femmes qui retournent au travail après 9 mois, voire un an. Ce qui est super, comme tu disais tout à l'heure, toi tu as profité de cette année, c'est chouette. Et en même temps, quand tu retournes dans ton entreprise après un an, c'est quand même un fameux... enfin un an, c'est quand même long. Et donc ici, ils ont mis en place un programme pour faire revenir ces personnes. Donc on parle plutôt de retour congé parental. Et alors j'espère de plus en plus avoir des papas aussi. Parce que...
- Speaker #1
En fait,
- Speaker #0
ce fameux congé parental, les hommes aussi sont, on va dire, encouragés à le faire. Et justement, de plus en plus, moi j'ai plusieurs femmes que j'accompagne pour le moment, qui viennent de revenir travailler. C'est maintenant papa qui est à la maison pendant six mois.
- Speaker #1
Et je me trompe ou non ? Ils ne peuvent pas les prendre en même temps ? Oui, c'est ça.
- Speaker #0
Tout à fait. T'as le congé mat où le mari peut prendre, enfin le papa peut prendre en même temps, etc. Mais c'est clair que par contre, par la suite, c'est à répartir. Et je trouve ça chouette parce que ça donne aussi une nouvelle place au papa qui découvre vraiment ce que c'est la charge mentale. J'en ai parlé justement avec des mamans que j'accompagne aujourd'hui, de se dire, bah oui, mais après, ce qui est bien, c'est quand on retrouve en égalité où tout le monde retravaille, etc., bah le papa est aussi conscient que la maman de ce que c'est de vivre un jour 24 avec un enfant, quoi. Donc je trouve ça top et je trouve... qu'on devrait justement encourager ça chez nous aussi en Belgique parce que ça aiderait tellement justement à cet équilibre entre les hommes et les femmes, les papas, les mamans, etc. Ça aiderait beaucoup de choses. Donc là, j'ai eu un des premiers papas que j'ai accompagné, c'était super. J'ai adoré d'avoir eu aussi une vision paternelle sur les choses et tout ça et surtout son retour, quoi faire, quels challenges et tout ça. Et l'idée, c'est dans les prochains mois, j'espère. avoir encore des papas, mais principalement aujourd'hui ce sont des femmes. Retour congé maternité, donc en Belgique, là plutôt 3-4 mois de manière classique. Et donc au Luxembourg, là on a une plus grande fracture, parce que le retour se fait après plus longtemps. Donc c'est très diversifié dans les coachings, parce qu'on peut aborder, en fait, chacun, chacune a sa propre histoire, sa propre expérience. Il y a des gens qui reviennent aussi, c'est une première naissance, d'autres c'est une deuxième ou une troisième. Et donc pour une fois qu'ils ont l'espace en plus pour partager autour de ça, on peut revenir sur des choses aussi qui datent d'avant. Ou bien, tiens, mon premier retour congé mat ou mon premier congé parental, ça s'est passé comme ça, ça a été terrible, cette fois-ci c'est comme ça, comment est-ce qu'on peut s'armer différemment ou travailler différemment ou avoir une autre vision ou une autre posture en tout cas. Donc ça c'est la...
- Speaker #1
Comme si bien des clients entreprises que des clients particuliers.
- Speaker #0
Oui, alors aujourd'hui mon idée c'est vraiment de... Je pense que ma valeur ajoutée aujourd'hui, c'est aussi de la présence en entreprise, pour partager avec mon histoire personnelle aussi, et de montrer ce soutien qui est important. Et donc je continue à soutenir les parents. Et en même temps, c'est fait par l'Employe-Hobbes, pour moi c'est important qu'en fait, c'est ma vision à long terme, c'est ça, c'est le changement de la place de la parentalité véritable au travail. Pour moi c'est vraiment important de contribuer à justement cette place. Et donc aujourd'hui j'ai plus d'accompagnement via... les entreprises, que, en particulier, j'accompagne toujours en particulier s'il y a des demandes. Je fais aussi des ateliers, j'aime beaucoup la dimension collective aussi. Ça, c'est vraiment très intéressant, et ce que j'aime bien, c'est dans certaines entreprises, j'ai l'occasion d'être en entreprise aussi, donc via l'employeur. Ce qui est intéressant aussi, c'est de faire plusieurs sessions et laisser entre deux et trois semaines entre les sessions, et c'est génial les retours que j'ai après, par exemple. Donc là, je fais souvent des cycles de trois ateliers. Et les personnes reviennent avec des retours incroyables.
- Speaker #1
Mais là, tu mets autour de la table, pas uniquement des personnes qui reviennent de manger maternité.
- Speaker #0
C'est des parents.
- Speaker #1
Ah, quand même des parents. Pas forcément les managers.
- Speaker #0
Non, c'est vraiment des collaborateurs parents. D'accord. Mais tu as tout niveau confondu, on va dire. Ce qui est génial, c'est que finalement, dans la pièce, je reçois souvent le retour que j'arrive à instaurer un climat de confiance. Et que finalement, peu importe les niveaux. où sont les personnes dans le travail, là c'est vraiment des parents autour de la table, je tiens à la confidentialité aussi de ce qui se dit, et par contre ça crée des liens entre les personnes qui ne se connaissaient peut-être pas spécialement, parce qu'ils sont dans différents services, ou justement peut-être des personnes qui se connaissaient mais qui n'ont jamais exprimé ça. Et donc ça donne, je trouve, une autre dimension des autres liens. On est toujours en recherche de liens aussi, de reconnaissance, de voir qu'on est tous dans le même bateau, que la parentalité peut être difficile pour tout le monde. J'ai une personne une fois qui était enceinte et j'ai trouvé ça super le fait qu'elle puisse aussi se dire « tiens, je peux me projeter par rapport à toutes les expériences et ce que Sophie amène et tout ça » . Et d'ailleurs, elle était repartie reboostée en disant… Ah oui, elle n'a pas eu peur parce que… Elle n'a pas eu peur, mais elle dit en même temps « grâce à vous et grâce à ces trois ateliers, je me rends compte de la réalité, la vraie réalité et c'est ça que je prône, moi. La maternité, la parentalité, c'est génial, mais c'est challengeant et c'est difficile qu'on arrête de dire que tout est beau, tout est rose, parce que ce n'est pas vrai. » Parce qu'après toi tu t'en prends plein dans ta confiance en toi, alors que si tu sais que pour tout le monde c'est difficile, ça te permet un peu de baisser la pression et de te dire ok, je peux peut-être m'autoriser à travailler dessus, parce que de temps en temps on a honte aussi de travailler dessus parce qu'on croit que c'est nous qui déconnons. Donc c'est ça que je prône à plus large échelle, de dire non les gars c'est difficile quoi. Et donc elle est repartie rebooster et récemment j'ai une autre personne qui...
- Speaker #1
Et en même temps t'as baissé. T'as des difficultés qui sont très différentes. Même la même personne va très bien vivre une maternité, mais pas la deuxième.
- Speaker #0
Bien sûr. Ou différentes choses par rapport à ta parentalité. J'ai des parents d'enfants très petits, encore de quelques années, et il y en a d'autres, c'est des ados, voire presque des adultes, ou bien ils ont deux ados et un petit. Il y a des remariages, des communications au sein du couple, des choses comme ça, l'éducation. Il y a beaucoup de sujets comme ça qu'on aborde en atelier et qui sont super intéressants. Et le fait de partager en groupe aussi, je trouve ça incroyable, vraiment. Et je te dis, les prises de conscience, de temps en temps, j'en vois. Il y en a une, l'autre fois, je la voyais qu'elle dit « oui, oui, je vais penser beaucoup à vous les prochains jours » . Mais on en reparle dans trois semaines. J'ai justement mon atelier ici, fin de semaine, et je me réjouis de voir les prises de conscience parce qu'il y en a. Il y en a qui pleurent pendant l'atelier, ça arrive. Il y a de l'espace aussi pour ça. Et de pouvoir après dire, suite à l'atelier, j'ai fait ça, ça, ça. Et la personne revient, super. Donc, reprendre le pouvoir, le contrôle sur les choses. Arrêter de subir et de se dire, qu'est-ce que je peux faire ? C'est ça qui est important. C'est ça que j'essaie d'amener aux gens, que ce soit par du collectif ou aussi d'individuels, de se dire qu'on a toujours le choix. Il y a toujours un domaine d'action sur lequel on peut aller travailler. allons identifier où on peut avoir de l'action et allons-y. J'adore ce sujet.
- Speaker #1
J'embête souvent mon mari avec ça.
- Speaker #0
Quand il se plaint de quelque chose,
- Speaker #1
il dit « En fait, tu as le choix. »
- Speaker #0
Et si tu n'as pas le choix, c'est que tu as déjà fait le choix de ne pas avoir. C'est ça,
- Speaker #1
exactement. Mais ça ne fait pas toujours plaisir. Mais en fait, je suis convaincue à 1000% de ça. On n'a pas le choix de ce qui nous arrive, mais on a le choix de tout ce qu'on fait.
- Speaker #0
Bien sûr.
- Speaker #1
Après, on pourrait partir longtemps sur une discussion de ce qu'on choisit, ce qui nous arrive, etc. On ne va pas rentrer là-dedans. Mais... Ceci étant mis de côté, on a le choix de tout ce qu'on fait. On n'aime pas forcément l'alternative de chacun des choix, mais on a le choix. En tout cas dans nos pays, dans nos situations évidemment.
- Speaker #0
Oui, bien sûr.
- Speaker #1
Est-ce que tu aurais des statistiques en tête ? Ce n'est pas du tout prévu, donc peut-être que tu n'en as pas. Sur la différence homme-femme par rapport au retour au travail, à partir des chiffres que tu auras en tête, les femmes en général retournent après trois mois. Ou non, on a l'impression que la... La majorité des femmes retournent après trois mois, mais la plupart vont retourner après six mois au travail. Ou bien il y a tel pourcentage de femmes qui n'y retournent pas ou qui laissent tomber dans les X temps ou qui tombent en burn-out dans les X temps. Je ne sais pas si tu as des chiffres par rapport à ça.
- Speaker #0
Je n'ai pas tous les chiffres en tête. Par contre, comme je t'ai partagé tout à l'heure, il y avait une femme sur deux qui a des difficultés à annoncer, qui a peur en tout cas d'annoncer sa grossesse. Et on sait bien qu'effectivement, dans les deux ans, trois ans de retour, il y a... Plus de 25% de femmes qui changent d'activité professionnelle, et bizarrement c'est toujours les femmes. Tu as très peu d'hommes à nouveau qui font un revirement de carrière, on va dire, après la naissance de leurs enfants, parce que de nouveau ils ne sont pas dans la pénalité ou dans le changement identitaire au point que nous le sommes nous. Donc ça c'est important. Et aussi une autre stat que j'ai envie de partager aussi par rapport aux hommes, parce que je pense que c'est important aussi que les hommes prennent de plus en plus leur place au sein de leur famille, mais aussi au travail de pouvoir assumer. Et de nouveau, sociétalement parlant, c'est compliqué quand un homme décide d'aller chercher son gamin ou que le gamin est malade et qu'on lui dit « ben quoi, t'as pas une femme ? » « C'est pas aller chercher ? » « Ben non, j'ai fait le choix moi d'y aller, c'est notre organisation. » On est encore là-dedans, quoi. Et donc, il n'y a par exemple qu'un papa sur quatre qui prend véritablement son congé de paternité. Donc, on a beau augmenter le temps, tant que ce ne sera pas obligatoire de prendre X semaines aujourd'hui, les papas ne vont peut-être pas spécialement le prendre.
- Speaker #1
Le congé paternité ?
- Speaker #0
Oui, par exemple. On est à sur... On est sur quatre semaines, mais tu n'es pas obligé de prendre tes quatre semaines ou tu n'es pas obligé de les prendre d'un coup.
- Speaker #1
Et il n'y a qu'un seul sur quatre qui les prend ? Pour moi,
- Speaker #0
tout le monde le prend. Ah non, pas du tout.
- Speaker #1
Incroyable.
- Speaker #0
Pas du tout. Alors, il y a des raisons financières qu'on m'a partagées et que je comprends tout à fait et qui sont en train de changer. Avant, c'était à la fin de ton congé que tu pouvais toucher les indemnités, etc. Maintenant, ça a apparemment changé, mais il y a quand même le changement sociétal à faire aussi et à assumer dans son entreprise aussi, de dire si j'ai envie de prendre mon temps. Ou il y en a qui ne veulent pas s'absenter un mois, alors que pour moi, leur présence, dès les premières semaines, elle est capitale. Parce que c'est là que se construit ta famille. C'est là que ton épouse ou ta femme, peu importe, elle a besoin de toi, à ce moment-là. Et ton bébé aussi. Et de dormir. Et de dormir. Et de dormir. Voilà, c'est ce type d'exemple-là. Mais clairement, tout ce qui est burn-out, charge parentale, malheureusement, ça touche encore beaucoup trop les femmes. Clairement. Et des stages, j'en ai plein d'autres, mais je t'avoue que je ne les connais pas. Oui,
- Speaker #1
je ne t'ai pas posé la question avant.
- Speaker #0
Tu peux venir avec ton petit papier, mais je n'y ai pas pensé à pas de souci.
- Speaker #1
Et il y a aussi ce côté que je voulais aborder, comme tu disais tout à l'heure,
- Speaker #0
la pénalité maternelle.
- Speaker #1
Donc ça, on est bien d'accord que, tu me corriges si je me trompe, c'est le fait qu'après avoir eu un enfant... Déjà, le salaire en général d'une femme va diminuer, c'est juste, alors que celui de l'homme, pas forcément.
- Speaker #0
La chose, c'est que pénalité maternelle, elle va sur toute l'évolution de la carrière de la femme par la suite. Du fait qu'on s'arrête pendant X mois de toute façon. Après, il y en a qui décident ou c'est un choix ou c'est une obligation de prendre un travail à temps partiel. Fatalement, ton salaire diminue, même si ta charge de travail, comme on l'a dit tout à l'heure, elle ne diminue pas toujours, etc. Et dans l'évolution aussi, c'est... contre ça que je me bats aujourd'hui et que j'essaie de rendre le pouvoir aux femmes aussi, de dire, ce n'est pas à l'entreprise de décider ce que tu veux faire après. Quand j'ai monté ce projet plus au niveau des entreprises, le nombre de personnes qui sont venues à moi ou dès que je le partage à n'importe qui, en rue j'exagère parce que je n'aborde pas tous les gens, mais je dis, tu vas boire un café, tu discutes avec des gens que tu rencontres comme ça, qu'est-ce que tu fais, tu expliques. Et le nombre d'histoires qui me sont arrivées, de voir en fait qu'il y a plein de femmes dont la carrière n'a pas été choisie par la suite. Ah oui, finalement, t'as sorti de la formation parce que t'allais rentrer de ton congé mat, donc tu t'en fous. Ou tiens, ben non, telle promotion, etc. Ou bien non, ton évaluation, finalement, elle va être décalée parce que, me dis, t'as pas été là pendant six mois. Ben oui, mais j'ai donné la vie. Enfin, j'ai porté la vie, j'ai donné la vie. Et puis après, nouvelle vie pour tout le monde. Mais ça, il reste une pénalité dans les évaluations, dans les évolutions, dans les formations. Et c'est ça sur lequel j'ai envie vraiment de travailler aussi au niveau des entreprises, de dire, attendez, ça doit être justement valorisé tout ça, énormément. Alors du coup, tu as quand même une différence. Pour peu que tu fasses un enfant, deux enfants, trois enfants, fatalement, tu vas quand même avoir cette différence salariale ou ne serait-ce que l'occupation du temps au travail, etc., entre les hommes et les femmes. Et pour moi, aujourd'hui, un homme qui dit qu'il va avoir un enfant, c'est félicitations. Une femme, ça reste de un, compliqué, comme on disait, et de deux, potentiellement, ça va te bloquer. J'ai l'impression qu'on a plus de questions à se poser, de remises en question à faire qu'un homme, en fait, bon. Il continue à travailler, il est présent ou pas pour sa famille en fonction de ses choix, mais ce ne sont que ses choix, que la femme, je trouve, qu'on lui impose encore trop de choses. Et c'est ça, moi, ma valeur ajoutée aujourd'hui, c'est aux femmes de dire, non, non, non, toi, qu'est-ce que tu veux ? Et on va travailler sur toi, ce que tu veux, et comment tu peux l'avoir. Reprends-toi ton pouvoir et vas-y, quoi. C'est ça.
- Speaker #1
Est-ce que tu peux nous partager une erreur ou un échec, alors qu'aujourd'hui, il y a peut-être une très belle erreur ou un très bel échec, et ça t'a aidé, mais... Ou un obstacle ? Dans ton parcours de reconversion ?
- Speaker #0
Dans mon parcours de reconversion, j'aurais peut-être pu partir dans cette direction entreprise avant, parce que c'est quelque chose que j'avais déjà dans mon cœur et dans ma tête depuis plus longtemps que 2022. Et en fait, j'ai peut-être trop écouté certaines personnes de mon entourage de me dire « Ah non, ça n'intéresse pas, il n'y a personne qui s'intéresse au bien-être, qu'est-ce qu'on s'en fiche des femmes ? » Venant de femmes également. Ah oui ? Ah oui, c'est ça qui était hallucinant. Voilà, j'ai peut-être trop écouté ou je ne me suis pas assez moins écoutée à l'époque qu'aujourd'hui. Oui, j'entends les conseils et encore, je vais plus les chercher chez les personnes chez qui je peux vraiment aller les chercher. J'aurais peut-être plus dû à l'époque me faire confiance, même si je pense que tout s'est mis sur le chemin quand il fallait, etc. Et en même temps, je me dis, je vois certaines discussions où je me suis effacée. Ah ouais, tu as raison. Ouais, bah non en fait. Et on me le dit encore aujourd'hui, mais là j'écoute plus. Oui, c'est ça.
- Speaker #1
Il y a encore des gens. Alors que tu as envie aujourd'hui.
- Speaker #0
Oui, mais il y a des gens qui restent persuadés que c'est un peu bisounours comme vision, et que non, le monde de l'entreprise est tel qu'il est et qu'il restera tel qu'il est. Mais je dis non, le changement il est là. Et moi j'ai envie de participer à ce changement-là, et j'y crois, et c'est ma passion, c'est mon cœur, et donc j'y vais.
- Speaker #1
Puis il n'y a qu'une constante, c'est le changement. On n'est pas dans les mêmes entreprises qu'il y a 50 ans, et heureusement.
- Speaker #0
Donc forcément...
- Speaker #1
Dans 5, 10, 15, 20 ans, forcément que ça aura changé.
- Speaker #0
Oui, et je serai contente d'avoir contribué à mon échelle, évidemment, à ces changes.
- Speaker #1
Est-ce que tu penses que ta casquette HEC Businesswoman rassure les entreprises ?
- Speaker #0
Oui, j'en suis persuadée. Dans les discours que j'ai avec les dirigeants, les directeurs RH, etc., dans les phases, on va dire, plus de prospection et tout ça, je partage des cas personnels ou des choses où la parentalité a fatalement eu un impact dans ma vie. Et en même temps, je sais parler leur langage parce que j'ai été beaucoup dans tout ce qui est management, décision, projet, etc. Donc je connais leur langage, je le partage avec eux, donc ils se disent « Ah oui, quand même, elle connaît » . Et les parents aussi, ça les rassure. Par exemple, la semaine passée, je donnais un atelier au Luxembourg, je leur dis « Je sais ce que c'est » . La pression au boulot, les deadlines, les budgets, tout ça, la gestion de projet. La difficulté d'organiser son temps entre les deux, etc. Je l'ai vécu, je connais tout ça. Et donc ça a à soi aussi une certaine, je ne sais pas si c'est crédibilité, mais en tout cas un partage. Alors du coup, de temps en temps, ils me partagent peut-être même un peu trop leur langage, à eux de l'entreprise, de temps en temps. Je ne sais pas avoir un sous-titre parce que je ne connais quand même pas ce terme-là, parce que c'est associé à votre entreprise. Mais en tout cas, on se connecte assez vite parce qu'ils voient bien que j'ai connu ce monde-là pendant plus de dix ans et que... Je sais de quoi je parle plus mes formations que ce que j'amène aujourd'hui, mais voilà. J'ai été à leur place aussi, je sais.
- Speaker #1
Quel regard tu poses aujourd'hui sur ton burn-out ? Et tes dix années précédentes, à essayer de t'en sortir ?
- Speaker #0
Je me dis que finalement, tout ce que j'ai vécu, ça me permet d'accompagner les gens aujourd'hui. Et que finalement, ça n'a pas été pour rien, tout ce que j'ai vécu, même si j'ai eu des moments très très difficiles. Ça m'a permis de travailler sur moi, etc. Et en même temps, d'apporter ce que j'apporte. aujourd'hui et de croire vraiment à ce que je prône. On parle toujours d'histoires personnelles qui sont importantes à partager sur les réseaux et autres. Et en même temps, ça m'apporte une motivation, un feu, une conviction incroyable parce que quand je vois par quoi on peut passer, je voudrais éviter ça aux personnes et de dire que c'est un petit peu dommage de se prendre le mur pour travailler sur soi et sur ses forces et pouvoir tabler dessus et avoir peut-être une vision des choses un peu différente. Donc moi, j'essaie d'amener ça en amont, en prévention. Donc, le fait de cette prise de mur est bien, plusieurs fois. Ça permet aussi peut-être aux gens de dire « Attends, pourquoi ? »
- Speaker #1
Parce qu'il y a plusieurs fois,
- Speaker #0
dans le sens, au niveau du travail, il y a eu beaucoup de difficultés, etc. Et que peut-être j'aurais fait certaines choses différemment si j'avais su tout ce que je sais aujourd'hui. Mais en même temps, je n'en serais pas là, clairement. Et deuxièmement, cette phase burn-out, elle n'est quand même pas facile. Même si aujourd'hui, pour moi, ça a été une croisée de chemin qui était importante pour faire ce que je fais aujourd'hui. Et pour aussi prendre soin de moi différemment que ce que j'aurais fait avant, plus à l'écoute de son corps. C'est ce que je partage aussi aux parents aujourd'hui, c'est arrêter de vouloir être une Wonder Woman ou quoi, ça ne sert à rien. À part vous conduire au burnout, clairement. On peut tout faire, mais pas tout en même temps, c'est tout. Et ça, j'aurais peut-être bien...
- Speaker #1
On peut tout faire, mais pas tout en même temps.
- Speaker #0
Oui, exactement. J'aime beaucoup aussi cette phrase,
- Speaker #1
et ça fait réfléchir. Ah bah oui, moi je suis aussi dans ce style-là. Je vais essayer de tout faire, et en même temps. Jusqu'au moment où tu te prends une porte, dans le village, tant qu'à faire.
- Speaker #0
Oui, oui, clairement. Et ça, c'est important, parce que se dire que pour tout ce qu'on fait autour de notre travail, de notre parentalité, etc., on n'est pas dans un sprint, on est dans un marathon. Donc cette vie-là, on va la nourrir et on va la faire pendant très très longtemps. Donc comment est-ce qu'on prend soin de nous pour prendre aussi soin des autres et comment est-ce qu'on s'épanouit au travail et tout ça, ça se travaille. Donc je pense que de ne pas du tout avoir été là-dedans. Ça m'encourage encore plus à montrer aux gens que si c'est possible et que ça apporte plein de choses.
- Speaker #1
Qu'est-ce que tu arrives à mettre en place aujourd'hui pour éviter de retomber dans un burn-out ? Même si je suppose que ton travail ne t'y mènera pas comme ça pourrait être le cas avant.
- Speaker #0
Ah ben tu sens ton point P. Parce que soyons honnêtes, quatre cartes sur table. Quand c'est ton boss avant qui est soi-disant très exigeant, c'est quelque chose. Et puis les gens qui sont soumis au burn-out et tout ça, ils sont forts dans la recherche de reconnaissance. Aujourd'hui, mon boss, c'est moi. C'est le pire, hein ? C'est le pire.
- Speaker #1
Il ne te laisse pas tranquille.
- Speaker #0
Il ne te lâche pas. Il ne te lâche pas. Sous la douche, il ne te lâche pas.
- Speaker #1
Il a nuit en pensant à des trucs.
- Speaker #0
Bien sûr. Il ne te lâche jamais. Alors, il a un niveau d'exigence là, évidemment. Donc, c'est compliqué. et il n'y a rien à faire.
- Speaker #1
Tu ne peux pas être médicale parce qu'il te pousse pas loin. Tu ne peux pas.
- Speaker #0
Et quand tu as la recherche de clients, de développement, etc. et que tu as envie que ça marche, mais tu te prends des murs, des murs, des murs, tu veux toujours y aller encore plus fort, encore plus fort, sauf qu'à un moment donné, ça ne fonctionne pas comme ça. Et ça, j'ai remarqué aussi que d'être dans la difficulté, la souffrance et aller au-delà de ses limites tout le temps, alors mon corps me rappelle quand même plus vite que ce qu'il a fait à l'époque. Donc j'évite quand même des sensations corporelles que je reconnais. que j'ai voulu aussi mettre de côté, dire « ça va, c'est bon, ça va aller » , et en fait je me rends compte que du coup ça ne va pas. Et donc pour être honnête, on a les vieux schémas qui ressortent, les vieux démons, et c'est bien aussi de les entendre, et de se dire « non mais les gars, on ne va pas repartir comme c'était avant, donc on va se calmer » , et donc s'accorder aussi des temps pour soi. Dans l'acceptation de ça, je me suis dit que je l'ai quand même refrôlé une ou deux fois, où j'ai senti que, niveau limite et tout ça, je me suis dit « wow, cool » . C'est pas comme ça que finalement tu vas pouvoir faire de ta vie ce que tu as envie de faire, donc on va plutôt se calmer, se reposer, prendre des temps, etc. Et accepter aussi que pour être dans des moments comme ça où je... Comment dire ? Pour être bien présente avec les personnes que j'accompagne, en fait, c'est essentiel que moi je sois bien aussi, et que je prenne du temps pour moi. Et puis le fait...
- Speaker #1
Il y a l'affaire que tu éradies une certaine énergie, tu peux pas arriver comme ça...
- Speaker #0
C'est ça.
- Speaker #1
...stressée sur un lieu où en fait tu vas parler de bien-être au travail.
- Speaker #0
C'est ça. Même si on a tous nos thèses de la vie, nos challenges, il y a encore beaucoup de moments où je ne dors pas très bien parce que mon fils ne dort toujours pas très bien. Enfin voilà, c'est la vie. Mais c'est quand même se dire, se donner des temps qui sont importants justement et qui sont complètement à l'encontre de ce que la société nous montre ou les entrepreneurs, les indépendants doivent travailler même encore plus que les autres, etc. Oui, et en même temps, moi j'ai mis encore quelques années à capter que si je n'ai pas ces temps de recharge, et j'ai trouvé mes façons de me recharger à moi, je ne peux pas être en pleine présence. avec les personnes que j'accompagne ou en atelier collectif ou des choses comme ça et je ne suis pas congruente non plus et pour moi c'est super important la congruence aussi c'est de se dire en fait je te dis des choses mais je ne les fais pas moi-même alors je suis challengée tout le temps quand on me dit ah mais vous vous accompagnez à parentalité donc votre parentalité est parfaite énorme tout à fait la parentalité est parfaite ça n'existe pas et donc j'explique aux gens non j'ai encore des challenges quotidiens tous les jours bien sûr mais au moins j'ai ce recul de me dire attention etc etc Là, tu es en train de foirer, chérie, on se calme, qu'est-ce qu'on fait ? Ou bien, ce truc-là, mince, j'ai foiré, comment est-ce que je peux faire la prochaine fois ? Et c'est ça que je dis à mes coachés aussi, c'est en fait un laboratoire de vie, c'est un exercice de vie, on va s'exercer toute notre vie. En même temps, si j'ai pu mettre la petite graine chez vous, qui fait que vous allez vous dire, et le nombre de fois qu'on me dit, Sophie, en deux séances, la séance d'après, mais j'ai pensé à toi, oui, ce truc-là, je l'aurais fait avant comme ça, et là, je l'ai fait différemment. Et donc, on analyse un peu tout ça. Et ça c'est génial. Et moi aussi je suis là-dedans en permanence. Tu vois, je ne suis pas magicienne, je ne suis pas parfaite. Personne n'est parfait. Et donc c'est ça aussi, prôner ce fait de dire « je vous demande de prendre soin de vous, moi aussi je prends soin de moi. » Pour ma famille, et aussi pour moi, et pour être présente auprès des personnes que j'accompagne.
- Speaker #1
Et les activités que tu as mises en place pour prendre soin de toi, tu peux nous les partager ou pas forcément ?
- Speaker #0
J'ai besoin de marcher. beaucoup, c'est important. Le sport reste aussi quelque chose de très très important pour moi par rapport à mon énergie. Soit pour reprendre de l'énergie ou pour de temps en temps avoir un peu un exutoire pour des moments qui sont un peu plus compliqués. Parce qu'on a tous des moments compliqués, ça reste là de toute façon. Donc sport, marche, très important. Certains temps de repos aussi. On pourrait se dire, je n'ai pas le temps, je ne vais pas faire la sieste et tout ça. Si j'ai l'occasion de la faire, je la fais. Petite power nap, 10 minutes, 20 minutes, je la conseille à tout le monde. Ça fait un bien fou.
- Speaker #1
Ça ne m'arrive pas à me relever moi après.
- Speaker #0
Moi personnellement ça fonctionne c'est mon téléphone, c'est 20 minutes et les fois où j'ai pas le temps je me dis tant pis je m'allonge quand même 10 minutes si j'ai l'occasion, il y a des fois où j'en ai pas fait une sur la semaine parce que ça se mettait pas et il y a des fois où je sais le faire et ça me fait du bien donc ça je recommande quand même pour un petit peu recharger les batteries aussi Les temps aussi d'échange avec des personnes pour moi ressources sont extrêmement importants Moi je me nourris de l'échange avec l'autre il n'y a rien à faire pas que je dépends de l'autre par contre c'est important pour moi D'être en connexion avec d'autres personnes choisies au préalable, très important, parce qu'on ne peut pas être bien en présence de tout le monde non plus. Mais pour moi, ces temps d'échange et de partage, ils sont aussi super importants.
- Speaker #1
Tu as des mentors ?
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Que tu as trouvés comment ?
- Speaker #0
C'est des personnes que j'ai trouvées, par exemple, sur les réseaux sociaux, ou qui me vont accompagner, ou d'autres entrepreneurs, etc., avec qui je n'hésite pas à échanger. D'accord. C'est important. Et puis, il y a aussi un groupe d'entrepreneurs. Chère à mon cœur depuis plusieurs années, ces espaces aussi sont terriblement importants pour moi, pour profiter de l'effet du groupe, de l'énergie du groupe, et aussi à des moments un peu plus down, de pouvoir partager des inquiétudes, des questionnements, et la richesse du groupe et de l'intelligence collective, elle est incroyable à ce moment-là. Donc c'est important, ça fait partie de mes moments ressources, clairement.
- Speaker #1
Qu'est-ce qu'on peut te souhaiter pour la suite ?
- Speaker #0
Qu'est-ce qu'on peut me souhaiter pour la suite ? J'ai envie de dire de garder le feu, la foi, etc. Je pense que ça, je me fais assez confiance maintenant aujourd'hui pour garder cette foi en ce changement auquel je crois au plus profondément de mon cœur. De rester passionnée dans ce que je fais. Reste le fait de ne pas trop s'éparpiller aussi de temps en temps, ça c'est quelque chose. que je travaille encore au quotidien, de dire on pourrait faire tellement de choses, je suis tellement enthousiaste à faire plein de choses, et de temps en temps faire, oui ok, on se refocalise et ça va aller. Donc voilà, peut-être aussi à certains moments, de se dire ok, garder le chemin tracé, et d'arrêter peut-être d'essayer à plein de choses qu'on peut faire, c'est super et c'est pas à toi que je vais dire le contraire ! Oui ! Clairement ! Tu me fais aider maintenant ! Voilà, je pense que c'est important. Et donc ça, je me souhaite, et merci de me souhaiter ça aussi, c'est de se dire à un moment donné, ok, mais on ne peut pas être partout non plus. Donc, où est-ce que je choisis en conscience d'être ? Où est ma plus grande valeur ajoutée ? Et à nouveau, comme je disais tout à l'heure, on ne peut pas avoir tout en même temps. Et donc, pour moi, on ne peut pas faire tout en même temps non plus. Il y a un temps pour tout. Donc, essayer de vraiment trouver les bonnes choses à faire au bon moment, je pense que c'est important.
- Speaker #1
Est-ce qu'il y a une question ou un sujet qu'on n'a pas abordé ? mais que tu aurais bien voulu aborder ?
- Speaker #0
Moi j'aimerais peut-être juste partager ici avec ton audience quelque chose qui est important pour moi et que j'ai appris aussi sur le chemin. C'est un petit mantra comme ça aussi, c'est dans toute situation, soit on gagne, soit on apprend. Ça c'est quelque chose que j'ai envie de partager aussi, qui est super important pour moi, parce que non, on ne gagne pas à tous les coups, on n'obtient pas tout ce qu'on veut à tous les coups. Et en même temps, pour moi, il y a toujours une leçon quelque part, il y a toujours un apprentissage. Une de mes coachs adorées me partage aussi cette notion de cadeau mal emballé,
- Speaker #1
mais qu'on met du temps à déballer.
- Speaker #0
Et en même temps, il y a toujours quelque chose par la suite où tu dis, ah ben oui, finalement, tu vois, comme tout ce que j'ai vécu avant, c'est pour faire ce que je fais aujourd'hui. Et il y a plein de situations où tu ne vois pas spécialement, pourquoi ça tourne comme ça, tu comprendras un jour et ce sera toujours un effet, peut-être pas toujours positif, mais en même temps, ça t'amènera. où ça devait t'amener aussi. Pour moi, chaque situation, soit on gagne directement, soit on apprend quelque chose.
- Speaker #1
Tu as anticipé ma question suivante.
- Speaker #0
Quelle est la leçon que tu voulais partager ?
- Speaker #1
Tu gagnes un bonus. Est-ce que tu veux en partager une seconde ?
- Speaker #0
Une seconde que je voudrais partager ? Le fait, on en a déjà parlé, mais c'est important pour moi de le répéter, c'est dans cette société qui nous inculque le fait de devoir y aller à fond les ballons. Et que plus c'est difficile, plus on est en souffrance et plus on y va, mieux c'est. Moi, j'ai envie de casser un peu ce schéma-là aussi et de se dire que ça peut, de temps en temps, être plus fluide, plus facile. Alors, ce n'est pas le cas tout le temps. Par contre, ça peut l'être. Et s'il vous plaît, prendre aussi des temps pour soi. De temps en temps, pouvoir se dire, mes temps de pause, mes temps de recharge, comme je disais, moi, par rapport à mon travail, ils sont importants pour ma pleine présence aux personnes que j'accompagne. Pour moi, on mérite tous quand même un moment de prendre soin de soi. Et chacun a sa façon de prendre soin de soi. Mais s'il vous plaît, ça ne sert à rien d'aller droit dans le mur. Je répète, j'adore cette phrase aussi que je répète à tous mes coachés. On est parti pour un marathon et pas un sprint. Donc, on y va quand même cool. C'est important parce qu'on a beaucoup de choses à faire. Dans longtemps, sur une longue période de vie. Donc, allons-y pas à pas, en conscience.
- Speaker #1
Merci Sophie.
- Speaker #0
Merci Stéphanie. J'ai adoré cette parole. C'est trop chouette.
- Speaker #1
C'est trop chouette. On pourra encore parler pendant trois heures. Clairement. Un tout grand merci. Où est-ce qu'on peut te retrouver si une entreprise veut te contacter ? Est-ce que tu travailles à distance ou est-ce que tu vas toujours en entreprise déjà ?
- Speaker #0
Alors, mes coachings individuels, j'ai fait principalement en visio. Parfois, c'était pour moi, pour les personnes que j'accompagne, etc. Les ateliers, par contre, c'est principalement présentiel aujourd'hui. Et donc, les entreprises me contactent principalement via LinkedIn, sur mon nom, Sophie Litt, L-I-T-T.
- Speaker #1
On mettra le lien, évidemment, dans la description de l'épisode.
- Speaker #0
C'est principalement par là. Sinon, j'ai mon site internet, mais j'imagine que tu mettra aussi. Bien sûr. Donc, voilà.
- Speaker #1
Parfait. Merci beaucoup, Sophie.
- Speaker #0
Un grand plaisir. Merci à toi, Stéphanie.