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L'Actu En Tête

Episode 16 : Noel, réveillon, famille, la dinde... et ma belle mère

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22min |11/12/2025
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22min |11/12/2025
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Description

Ah, Noël.

Les lumières, les cadeaux, le repas interminable… et les dynamiques familiales parfois dignes d’un huis clos comique.

Entre la dinde trop cuite, les traditions qui dérapent, les sujets qu’on évite et la belle-mère qui a toujours quelque chose à dire, les fêtes peuvent être aussi intenses qu’inoubliables.


Dans cet épisode, L’Actu en Tête explore :

🎄 Pourquoi les fêtes réveillent autant d’émotions

😅 Les attentes (souvent irréalistes) d’un “Noël parfait”

🧠 Le poids des traditions, des rôles familiaux… et des petites tensions de fin d’année

🍗 Le repas : terrain d’expression, de stress, ou de fous rires

🤦‍♀️ Et comment survivre (avec humour) à ce fameux duo : la dinde… et ma belle-mère


Un épisode chaleureux, décomplexant et un peu thérapeutique, pour naviguer les fêtes avec plus de recul… et plus de paix.


🎧 L’Actu en Tête — comprendre ce qui nous touche, même autour de la table de Noël.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur l'Actu en Tête.

  • Speaker #1

    Bonjour à toutes, bonjour à tous. Bienvenue dans l'Actu en Tête. Comme chaque semaine dans ce podcast, nous prenons un peu de recul sur l'actualité, comme vous le savez. Et vous êtes, comme nous tous, alors que vous nous écoutez, peut-être en pleine préparation de cette période des fêtes. Vous allez rentrer dans une des périodes où dans notre pays, comme ailleurs, se préparent... Mais vécu de rituels, il va falloir courir, cuisiner, emballer, sourire, chercher sa vraie place autour de la table, cuisiner la dinde ou le chapon dans la chaîne alimentaire émotionnelle. Pour nous accompagner dans cette traversée des fêtes, qui nous l'espérons tous sera festive, je retrouve Fabrice Pastor, neuropsychologue, formateur conférencier. Bonjour Fabrice.

  • Speaker #0

    Et bonjour Didier, bonjour à toutes et à tous. Bon, aujourd'hui, peut-être un épisode un peu plus léger, un peu plus à l'approche des fêtes, un peu plus... Voilà, tu l'as dit, festif, mais malgré tout, on va toujours se recentrer sur le fond de notre podcast qui est s'intéresser à l'actualité et aussi à notre santé mentale. Donc Didier, je rappelle que tu es journaliste, président du Psycho-Droit et commissaire général du Forum National de la Santé Mentale. Et tu sais... que cette période dit souvent beaucoup de nous parce que chaque année, on se retrouve, tu l'as dit, face à un marathon où on mélange les traditions, les repas interminables et potentiellement une belle-mère capable de détecter en 10 secondes si la cuisson de la viande n'est pas exactement celle qu'elle aurait choisie. Bon, on va faire pas mal de traits d'humour, je pense, sur cet épisode.

  • Speaker #1

    Eh oui, parce que préparer les fêtes, c'est aussi prendre le risque de s'exposer à... à des charges mentales nouvelles. Est-ce qu'on va choisir les bons cadeaux ? Est-ce qu'on va arriver à tout boucler pour que tout soit en place sous le sapin de Noël ? Est-ce que le repas conviendra à tout le monde ? Et est-ce que, entre parfois mon stress et puis parfois le fait qu'en effet, la belle-mère soit très sûre dans la surveillance de la cuisson de la dame, mais c'est parfois aussi, pour certains, la belle-mère à avaler, si tu me passes l'expression. et il faut dire que c'est un moment assez unique où les familles se rassemblent dans un espace qui est une sorte de petite république autonome avec ses règles, ses débats, des micro-tensions et des explosions plus ou moins contrôlées ou contrôlables. Il y a toujours ce moment où tout se passe bien, où les enfants, les ados courent partout, les embrassades des uns et des autres et puis les plats qui sortent du four et puis soudain, quelqu'un demande « Est-ce que tu as vu les déclarations de Jean-Luc Mélenchon ou de Marine Le Pen ? » peine et ça peut faire chauffer les plats.

  • Speaker #0

    Oui, alors là, c'est le code rouge. Parce que Noël, c'est un territoire qui est très chargé émotionnellement. On se retrouve dans un environnement qui réactive les souvenirs, qui réactive des rôles aussi et on va le voir aussi parfois des blessures anciennes. On va en parler. On veut faire plaisir, on veut garder le sourire, on veut tenir le cap et on veut donner même parfois bonne figure. Pourtant, rien n'épuise plus vite qu'un repas de famille. où chacun revient malgré lui dans son personnage habituel. En gros, on a l'aîné responsable, on a le cadet un peu provoque, on a le tonton spécialiste en géopolitique, et après il y a toi qui veux juste survivre à l'entrée.

  • Speaker #1

    C'est difficile de trouver sa place, et ça peut être l'occasion d'un vrai épuisement tchichique, les fêtes de Noël. Alors maintenant que tout le monde a bien visualisé la belle-mère, la dinde dans la cuisine et le tonton prêts à lancer un débat improvisé sur Mélenchon, parlons de la fatigue des fêtes. Alors j'ai l'impression qu'on commence Noël deux ou trois semaines avant, face aux vitrines, différentes courses, et qu'on le vit, différentes courses dans tous les sens du terme. Trois jours durant et qu'on le récupère, quinze jours après. Ça semble épuisant en fait, c'est aussi les obligations.

  • Speaker #0

    C'est le triathlon du tablier quoi. Il y a la course aux cadeaux, il y a la gestion des offres du Black Friday. Et il faut acheter les cadeaux des enfants au meilleur prix. On le dit rarement, mais la période des fêtes nous active, elle nous suractive. On prend des décisions du matin au soir. Tu l'as dit, quoi acheter d'un chapon au huit, on ne sait plus. Ça dit quoi cette année les huit du bassin d'Arcachon ? Est-ce qu'il n'y a pas, vous savez, tous les ans, il y a les algues tueuses. Alors est-ce que cette année, il y a les algues tueuses ? Comment est-ce qu'on va organiser la soirée ? Où est-ce qu'on va asseoir, mamie ? Quelle recette on va suivre ? C'est de la chursarge mentale tout le temps.

  • Speaker #1

    Et comment les mamies vont-elles s'entendre ? Est-ce que celle-ci va préférer tel vin ou pas de vin ? Est-ce que c'est bûche maison ou bûche pâtissière ? Est-ce que la belle-fille et la belle-mère vont bien collaborer ? Où se composent beaucoup de relations, mais le choisir la bûche est un acte quasiment politique. Chocolat, citron, marron, vegan, gluten ou pas, pour que la cousine et celle-ci qui en a décidé que c'était mieux pour elle ou celle-ci qui dit que personne n'a rien compris. Bref, chaque décision semble une importance colossale.

  • Speaker #0

    Oui, voilà, tu l'as bien écrit Didier. C'est plein de petites décisions, micro-décisions qui au final vont pomper une énergie mentale colossale. C'est ce qu'on appelle la fatigue décisionnelle. En gros, plus on enchaîne les choix et plus on fatigue. Et quand on est saturé, notre cerveau commence à fonctionner en mode auto. On arrive à nos... On est déjà à... Il y a un entamé alors que c'est à ce moment-là, c'est sur la ligne d'arrivée que tout se joue

  • Speaker #1

    C'est sur l'entrée en scène. D'ailleurs, on a posé les décors, il y a le sapin, il y a la table de Noël, on sait où va être la belle-mère, on sait où va être la maman, les enfants, on sait un peu le menu, mais en fait, notre cerveau vit Noël en mode un peu commando. C'est une opération spéciale.

  • Speaker #0

    C'est ça, le cerveau va gérer le bruit, les conversations croisées, le bruit dans la cuisine, le timing du repas, les attentes des uns, des autres, les opinions tranchées. Bon, ça crée, on l'a dit, une énorme surcharge cognitive. Asselin ! Tu rajoutes le sucre, l'alcool, le manque de sommeil. Le corps va donc réagir à tout ça avec une bonne montée de cortisol. C'est l'hormone du stress qui va pousser finalement à manger encore plus, pour consommer encore plus. Bon, tout ça, ça nous fait compenser. Mais au final, il est difficile de tenir.

  • Speaker #1

    Moi, je vois bien dans ma propre famille, j'en ai qui, pendant les repas de Noël, vont se baffrer. Il y en a même qui vont dire, allez, je reprends un petit peu de bûche encore. pour me donner du courage pour la suite. Mais c'est justement ce qui rend les fêtes si vivantes. En même temps, on rit, on cuisine, on se chamaille, on compose, parce qu'il y en a qu'on ne peut pas encadrer, mais on va composer pour faire une bonne figure. On mange trop, on pique une petite sieste en douce pour récupérer. Bref, c'est un chaos organisé, mais c'est un chaos qui, en même temps, paradoxalement, nous ressemble, nous rassemble.

  • Speaker #0

    Oui, oui, voilà, c'est vrai que depuis tout à l'heure, on n'est pas un Noël un peu... caricaturales, mais même si c'est fatigant, c'est aussi un moment où on renforce les liens.

  • Speaker #1

    Ces moments d'obligation familiale sont tellement enthousiasmants, tellement joyeux, mais en même temps, c'est une véritable cocotte minute. La famille est en mode cocotte minute et ça peut exploser à Noël une fois le décor posé, que la famille arrive, que les plats s'alignent et défilent, que les chaises se collent. Les enfants courent, les adultes se lancent dans des blagues qui font plus ou moins rire, selon la situation des uns et des autres, et selon les modes d'humour. Bon, il y en a qui ne me font pas rire du tout, mais allez, on peut dire à son épouse, gratte-moi un peu sous le bras, ça nous aide à rire de tel ou tel, et à chaque Noël, dans un coin de France, quelque part entre la bûche et le café, c'est souvent là, une famille vit un petit séisme, c'est un concentré d'esclandres, même si ça nous amuse.

  • Speaker #0

    Ah, et Noël réunit tous les ingrédients d'une réaction en chaîne. Premier ingrédient, on se retrouve dans un lieu fortement chargé en souvenirs. Tu as le deuxième ingrédient, on réunit des personnes qui partagent une histoire parfois longue, parfois courte d'ailleurs, avec des heures et souvent des désaccords. Troisième ingrédient, on enferme tout le monde dans un petit espace réduit, avec du bruit, avec des émotions, avec des attentes et beaucoup de fatigue. Et là, bim !

  • Speaker #1

    Et alors si jamais il fait ultra chaud et qu'il y a un feu de cheminée à fond des ballons. Tout le monde est mouche, car là, l'alcool est dans, attention, danger, il y a une forme de mécanique relationnelle qui est très particulière.

  • Speaker #0

    Les esclaves de Noël, c'est le point de collision entre plusieurs forces. D'abord, il y a les non-dits accumulés pendant l'année. On se dit souvent, bon, c'est bon, on n'en parle plus, ça a disparu, c'est oublié, c'est sous le tapis. Mais non, non, ils sont là, ils dorment. Et donc, notre mémoire, quand il y a une forte charge émotionnelle, elle garde des traces très, très fines. On se rappelle de l'année dernière ou durant l'année, le ton sec du tonton, la décision qu'on n'a pas très bien compris, le conflit qui n'a jamais été réglé. Et donc, quand la famille se retrouve, tout ça, ça remonte en quelques minutes et le cerveau va reconnecter tout ça avec des anciens épisodes. Et dès qu'il retrouve les mêmes voix, les mêmes dynamiques ou les mêmes personnes, eh bien, ça éclate.

  • Speaker #1

    Comme si la maison, le lieu des festivités, les lieux... Le lieu du repas de Noël déclenchait une sorte d'application automatique.

  • Speaker #0

    C'est ça. Et puis le deuxième élément, c'est la réactivation des rôles. On croit avoir évolué, mais Noël fait revenir chaque membre dans son rôle habituel, qu'il n'est d'ailleurs pas toujours d'accord de prendre. On a le genre conciliant. On a l'attente susceptible. On a le frère qui est toujours épuisé. On a le fils qui se plaint tout le temps, qu'on qualifie de feignant. Et on a le... cousin provocateur qui lance une phrase au milieu du repas juste pour voir ce que ça fait.

  • Speaker #1

    Alors si je comprends bien, c'est que pour les fêtes, et les fêtes de Noël en particulier, chacun va être un peu dans une forme d'obligation de reprendre son rôle. Je vais me retrouver le fils de... Je vais me retrouver le gendre de... Et souvent, on n'a pas tellement envie de prendre ce rôle-là d'une manière aussi ponctuelle. Et puis... Il y a celle qui, quand même, nous amuse beaucoup, la belle-mère dans tout ça, Fabrice.

  • Speaker #0

    Ah, la belle-mère. Alors évidemment, vous avez compris dans cet épisode que nous plaisantons sur la belle-mère, parce que c'est facile et parce que c'est un peu cliché aussi. Mais bon, elle a parfois, cette belle-mère, souvent un rôle un peu stratégique. Elle incarne une mémoire familiale, les normes implicites, parfois les normes implicites d'un clan, le clan de l'autre côté. Elle sait comment on fait dans la famille. Elle observe, elle évalue. Elle représente l'autorité symbolique. Un simple « tu es sûr » peut déclencher trois émotions la seconde, car cette phrase vient d'une figure centrale qui porte tout un héritage. Alors ça peut être la belle-mère, ça peut aussi être la mamie.

  • Speaker #1

    La mamie, la belle-mère, la régente un peu. Celle qui exerce une forme de régence, garante la mémoire collective de cette famille. Donc ce n'est pas que la phrase, c'est aussi tout ce qu'elle transporte, cette belle-mère ou cette mamie.

  • Speaker #0

    Oui, ce n'est pas strictement le contenu brut qui déclenche l'esclandre. C'est tout ce qui se cache derrière. C'est la reconnaissance, c'est la valeur personnelle, c'est le besoin d'exister dans le groupe, c'est les anciennes blessures aussi.

  • Speaker #1

    Et puis, bien sûr, il y a la fatigue, comme tu le disais tout à l'heure. Après une année de travail, un dernier trimestre de l'année qui souvent entraîne vers des bouclages, les personnes arrivent peut-être déjà quasiment à bout.

  • Speaker #0

    Oui, on l'a dit, on rajoute à cette espèce de cocotte minute géante la charge mentale des préparatifs, le manque de sommeil, le stress, les repas riches, l'exposition sonore. Tout ça, ça provoque une baisse de notre régulation émotionnelle. Notre cortex préfrontal, qui peut nous aider à réguler nos émotions, à inhiber les réactions, à inhiber l'impulsivité, va se retrouver un peu saturé, dirons-nous. Il passe en mode réactif au lieu de rester en mode réfléchi, impulsif.

  • Speaker #1

    En règle, si on est fatigué et qu'on rejoue les mêmes rôles, où on se remet dans la place, par exemple, de l'enfant ou du gendre idéal, on réactive nos vieux souvenirs et on se retrouve dans un espace surchargé.

  • Speaker #0

    Oui, et dernier facteur qui est un petit peu inconscient, c'est l'obligation d'être heureux. Tu sais, Marie Acaré qui en dégèle à chaque Noël avec sa chanson, les Reines de Noël, les chansons de Frank Sinatra, le Vin Chaud, bon, tout ça, c'est l'image de Noël, c'est l'ambiance un peu idéale. Tu rajoutes à ça les émissions et les films chaque année sur TF1 avec toutes les petites histoires d'amour de Noël. Bon, voilà, tout ça, ça fait une sorte d'ambiance un peu générale. On veut que tout soit parfait, on se dit tout va bien et donc cette injonction va créer une pression énorme. Et plus on veut, plus on projette une soirée parfaite, plus le moindre grain de sable peut déclencher une réaction disproportionnée.

  • Speaker #1

    On attend et on espère le Noël aussi clignotant et aussi rouge et vert que dans nos rêves les plus joyeux. Et alors l'esclandre devient la soupape.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça, l'explosion vide d'un coup tout ce qu'on aurait dû se dire plus tôt. Alors, ce n'est pas agréable, mais finalement, c'est un peu l'aboutissement d'un système saturé.

  • Speaker #1

    Oui, donc, il ne faut pas s'étonner qu'à certains moments ou dans certaines familles, avec toute cette responsabilité à être bien, à être heureux là, maintenant, ensemble, parfois, il puisse y avoir un plat de salade qui vole ou je ne sais quel morceau de dinde qui passe le travers. En tout cas, le moi, moi, le moi. Pendant les fêtes, monde d'identité, fatigue et plaisir d'offrir, tout ça peut être en difficulté pour cohabiter. On a parlé jusqu'ici, Fabrice, de la famille, mais on peut zoomer un peu, parce que dans ce tumulte, dans ces injonctions, dans ces obligations de relation dans la famille, il y a un oublié, c'est le moi, moi, celui qui essaye de tenir, de sourire, d'être parfait. par exemple un peu Nous, on peut se dire, Fabrice, toi et moi, on va être des bons maris, on va être des bons fils, on va être des bons pères. Et puis, on les efface, pas pour autant pendant les faits. Qu'est-ce que tu peux nous en dire ?

  • Speaker #0

    En général, à Noël, tout le monde pense aux autres et très peu pense à soi. On veut donner, faire plaisir, faire bien, faire assez. C'est très bien, mais il faut que ce soit réussi. Cette idée de « il faut que ce soit réussi » , ça pousse à mettre ses besoins en arrière-plan. On court partout. On dit oui à tout, on en oublie même ses propres limites. Didier, j'imagine que tu le vois de ton côté, cette pression d'être un peu irréprochable, cette idée que si on n'assure pas, on gâche le Noël des autres, non ?

  • Speaker #1

    Oui, on le voit, Fabrice, on devient presque tous un petit père Noël personnel. On veut absolument que tout se passe bien. On planifie, on organise, on gère, on se dit ce sera bien, je tiendrai comme ci, je tiendrai comme ça. On essaye de tout préparer pour que tout soit au mieux pour tous.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. et psychologiquement. Ce mécanisme va se baser sur une sorte de règle implicite. Je dois être aimable pour que tout le monde soit bien. C'est très noble, mais ça fatigue.

  • Speaker #1

    Ça met en tension. Alors, il y a la question des cadeaux. C'est un vrai casse-tête. Je mets le stress que ça ne convienne pas, que ça ne plaise pas. Moi aussi, si on me fait des cadeaux complètement à côté, j'ai même le stress d'avoir la tête à l'envers. Mais c'est quoi ce truc que tu m'as acheté ? Mais je ne vais pas avoir envie de le dire pour ne pas me blesser. Il y a la question du budget. Savoir offrir, savoir recevoir. Le cadeau, ça révèle de nous, Fabrice.

  • Speaker #0

    Oui, le cadeau, ça révèle beaucoup sur nous. Ça dit quelque chose de la relation, de l'attente. Ça dit aussi quelque chose de l'importance qu'on accorde à l'autre. Et donc, on a peur de faire mal. Alors, on se prend la tête. Est-ce que ça va plaire ? Des fois, on se demande, est-ce que c'est assez cher ?

  • Speaker #1

    Est-ce que c'est assez cher payé ? Même on pourrait se dire parfois. Si tu ne passes la symbolique psychologique. C'est vrai, quand on offre quelque chose, on espère secrètement une réaction positive. On espère que le cadeau va être réussi et qu'on ne se retrouve pas face à quelque chose qui pique un peu, comme... c'est original, ou alors, je ne m'y attendais pas.

  • Speaker #0

    J'ai l'impression que tu ressens peut-être un peu cette petite appréhension avant d'offrir des idées, non ?

  • Speaker #1

    Tout le monde la ressent. On a envie de faire plaisir, on a envie d'être dans le partage, que chacun soit heureux quand on offre quelque chose. Mais en même temps, il y a des moments où on se dit que l'autre aussi peut être et doit être en capacité de savoir recevoir. L'histoire du cadeau, c'est je te donne, tu reçois, tu reçois, je te donne. Si on est tous bienveillants les uns vers les autres, il n'y a pas de raison que ça se passe mal. Et puis si vraiment le cadeau est complètement à côté, tu sais quoi Fabrice ? On peut en rire, c'est qu'une blague au fond, ce n'est pas très grave.

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'en plus, au fond, offrir, c'est demander une confirmation. Est-ce que tu me vois ? Est-ce que tu me comprends ? Est-ce que ce cadeau dit quelque chose de juste sur ce que je suis pour toi ? Et justement, pendant les fêtes, cette dimension va s'intensifier. Tu le disais, le « moi » n'existe plus seulement pour soi, il existe sous le regard des autres.

  • Speaker #1

    On se retrouve dans une tension qui est quasi permanente, entre l'envie de faire plaisir, l'envie d'être reconnu et parfois de ne pas s'affaisser sur la table, roulant de fatigue, parce que tout ça, c'est une charge mentale. Donc, on va avoir envie d'aller se coucher parfois ou de trop manger. Donc, c'est très paradoxal.

  • Speaker #0

    Oui, à force, on se retrouve au service de tout le monde sans aucun retour à ses propres besoins.

  • Speaker #1

    Et on ne s'écoute même plus soi-même. On se dit, ce n'est pas grave, je gère, je m'en occuperai après. Et puis, on termine couché le 26 décembre parce qu'il y a un épuisement.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai.

  • Speaker #1

    Il y a beaucoup d'effets.

  • Speaker #0

    C'est vrai, fatigue, irritabilité, sensation de vide aussi.

  • Speaker #1

    Fabrice, on parle beaucoup des familles qui se retrouvent, qui discutent fort, qui s'énervent parfois. Mais il y a aussi... des moments moins visibles, tous ceux qui ne partagent rien de tout ça. Noël peut créer des moments merveilleux, mais il peut aussi creuser des sentiments de manque où l'isolement, par exemple, sera très fort en décembre et au moment des fêtes en particulier.

  • Speaker #0

    Oui, il faut penser aussi évidemment aux personnes qui sont seules, car tout le monde ne fête pas Noël devant une table pleine avec des lumières et des rires. ce sentiment d'exclusion que... peuvent vivre certaines personnes, auxquelles il faut penser, augmente pendant les périodes justement de Noël, où notre société va valoriser la convivialité.

  • Speaker #1

    Est-ce que ça a un coût à chaque année ? Les fêtes de Noël représentent un budget très important, parfois qui est même impossible de tenir pour certaines familles, entre les cadeaux, les repas, les déplacements. Décembre, c'est synonyme de calcul. Quand une personne ne peut pas offrir comme elle voudrait, elle se ressent là aussi diminuée, coupable. Alors qu'en fait, elle n'a rien à se reprocher. La pression sociale autour de Noël est immense.

  • Speaker #0

    Oui, et on a d'ailleurs une satire avec le fameux « Père Noël est une ordure » . Et justement, si vous vous souvenez bien du film, d'ailleurs, cette comédie, le film montre justement toutes ces vies cabossées que la magie de Noël n'arrive pas à effacer.

  • Speaker #1

    C'est pour ça qu'en fait, peut-être une des modalités pour avancer vers Noël avec plus de quiétude, c'est de garder de la bienveillance, de la simplicité, de se dire que parfois, euh... Il suffit d'un geste vers quelqu'un qui traverse une période difficile pour passer un bon Noël et que cela peut transformer profondément cette période parce que le manque se voit davantage, mais l'attention à l'autre, l'attention aux autres aussi se voit davantage. Peut-être pour conclure à chaud, Fabrice, j'aimerais bien que tu nous donnes un petit conseil pour qu'on se prépare à être tous ensemble le plus heureux possible face à cette pandémie. période de Noël, comment on peut faire pour y aller le plus zen possible ?

  • Speaker #0

    Peut-être en se disant tout simplement que ce n'est peut-être pas le moment de ressortir les vieux dossiers et que peut-être c'est le moment où justement on peut essayer de vivre cette journée un peu particulière de la manière la plus simple possible et dans la bienveillance.

  • Speaker #1

    Alors il nous reste plus qu'à vous souhaiter un bon Noël à toutes et à tous en famille et puis des fêtes de fin d'année les plus que... Joyeuse, on ne peut que vous préconiser de vous mettre dans cette disposition de joie. Tu sais quoi Fabrice, j'ai envie que te... J'ai un témoignage personnel. Moi, j'ai un père qui a 90 ans et qui se lève tous les matins en disant « j'ai la joie de vivre » . Je pense que ce qui est formidable pour passer cette période des fêtes, c'est de se centrer sur quelque chose d'aussi simple en se disant « mais voilà, j'ai la joie de vivre, j'ai entendu une musique, un petit oiseau, j'ai allumé une bougie » . Plutôt que de se prendre la tête, si tu me passes l'expression avec des vieilles rancœurs, Est-ce que tu crois que ça puisse être entendable, ce que je viens de te dire, ou c'est trop simpliste ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas si c'est simpliste. En tout cas, c'est tout à fait entendable. Et je pense que c'est une bonne manière aussi de prendre les choses en se disant que malgré tout, malgré tout ce qui peut se passer dans nos vies ou dans l'actualité, il y a toujours des bons moments. Et puis, la vie, c'est quand même quelque chose de joyeux.

  • Speaker #1

    Et tu te rappelles que l'on dit souvent en thérapie cognitocomportementale que nous ne sommes pas les nuages, nous sommes le ciel. c'est à dire que Si on est focus sur le nuage, on oublie qu'en fait, nous sommes le ciel et que le ciel, il est toujours limpide, immense et qu'il est toujours de retour au bleu. On va terminer comme ça. Je crois que ça nous permet d'aller vers une nouvelle année 2026 sous de beaux hospices, avec des ciels lumineux. Merci Fabrice.

  • Speaker #0

    Merci et de très bonnes fêtes à tous et à très bientôt.

  • Speaker #1

    A bientôt. Au revoir.

Description

Ah, Noël.

Les lumières, les cadeaux, le repas interminable… et les dynamiques familiales parfois dignes d’un huis clos comique.

Entre la dinde trop cuite, les traditions qui dérapent, les sujets qu’on évite et la belle-mère qui a toujours quelque chose à dire, les fêtes peuvent être aussi intenses qu’inoubliables.


Dans cet épisode, L’Actu en Tête explore :

🎄 Pourquoi les fêtes réveillent autant d’émotions

😅 Les attentes (souvent irréalistes) d’un “Noël parfait”

🧠 Le poids des traditions, des rôles familiaux… et des petites tensions de fin d’année

🍗 Le repas : terrain d’expression, de stress, ou de fous rires

🤦‍♀️ Et comment survivre (avec humour) à ce fameux duo : la dinde… et ma belle-mère


Un épisode chaleureux, décomplexant et un peu thérapeutique, pour naviguer les fêtes avec plus de recul… et plus de paix.


🎧 L’Actu en Tête — comprendre ce qui nous touche, même autour de la table de Noël.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur l'Actu en Tête.

  • Speaker #1

    Bonjour à toutes, bonjour à tous. Bienvenue dans l'Actu en Tête. Comme chaque semaine dans ce podcast, nous prenons un peu de recul sur l'actualité, comme vous le savez. Et vous êtes, comme nous tous, alors que vous nous écoutez, peut-être en pleine préparation de cette période des fêtes. Vous allez rentrer dans une des périodes où dans notre pays, comme ailleurs, se préparent... Mais vécu de rituels, il va falloir courir, cuisiner, emballer, sourire, chercher sa vraie place autour de la table, cuisiner la dinde ou le chapon dans la chaîne alimentaire émotionnelle. Pour nous accompagner dans cette traversée des fêtes, qui nous l'espérons tous sera festive, je retrouve Fabrice Pastor, neuropsychologue, formateur conférencier. Bonjour Fabrice.

  • Speaker #0

    Et bonjour Didier, bonjour à toutes et à tous. Bon, aujourd'hui, peut-être un épisode un peu plus léger, un peu plus à l'approche des fêtes, un peu plus... Voilà, tu l'as dit, festif, mais malgré tout, on va toujours se recentrer sur le fond de notre podcast qui est s'intéresser à l'actualité et aussi à notre santé mentale. Donc Didier, je rappelle que tu es journaliste, président du Psycho-Droit et commissaire général du Forum National de la Santé Mentale. Et tu sais... que cette période dit souvent beaucoup de nous parce que chaque année, on se retrouve, tu l'as dit, face à un marathon où on mélange les traditions, les repas interminables et potentiellement une belle-mère capable de détecter en 10 secondes si la cuisson de la viande n'est pas exactement celle qu'elle aurait choisie. Bon, on va faire pas mal de traits d'humour, je pense, sur cet épisode.

  • Speaker #1

    Eh oui, parce que préparer les fêtes, c'est aussi prendre le risque de s'exposer à... à des charges mentales nouvelles. Est-ce qu'on va choisir les bons cadeaux ? Est-ce qu'on va arriver à tout boucler pour que tout soit en place sous le sapin de Noël ? Est-ce que le repas conviendra à tout le monde ? Et est-ce que, entre parfois mon stress et puis parfois le fait qu'en effet, la belle-mère soit très sûre dans la surveillance de la cuisson de la dame, mais c'est parfois aussi, pour certains, la belle-mère à avaler, si tu me passes l'expression. et il faut dire que c'est un moment assez unique où les familles se rassemblent dans un espace qui est une sorte de petite république autonome avec ses règles, ses débats, des micro-tensions et des explosions plus ou moins contrôlées ou contrôlables. Il y a toujours ce moment où tout se passe bien, où les enfants, les ados courent partout, les embrassades des uns et des autres et puis les plats qui sortent du four et puis soudain, quelqu'un demande « Est-ce que tu as vu les déclarations de Jean-Luc Mélenchon ou de Marine Le Pen ? » peine et ça peut faire chauffer les plats.

  • Speaker #0

    Oui, alors là, c'est le code rouge. Parce que Noël, c'est un territoire qui est très chargé émotionnellement. On se retrouve dans un environnement qui réactive les souvenirs, qui réactive des rôles aussi et on va le voir aussi parfois des blessures anciennes. On va en parler. On veut faire plaisir, on veut garder le sourire, on veut tenir le cap et on veut donner même parfois bonne figure. Pourtant, rien n'épuise plus vite qu'un repas de famille. où chacun revient malgré lui dans son personnage habituel. En gros, on a l'aîné responsable, on a le cadet un peu provoque, on a le tonton spécialiste en géopolitique, et après il y a toi qui veux juste survivre à l'entrée.

  • Speaker #1

    C'est difficile de trouver sa place, et ça peut être l'occasion d'un vrai épuisement tchichique, les fêtes de Noël. Alors maintenant que tout le monde a bien visualisé la belle-mère, la dinde dans la cuisine et le tonton prêts à lancer un débat improvisé sur Mélenchon, parlons de la fatigue des fêtes. Alors j'ai l'impression qu'on commence Noël deux ou trois semaines avant, face aux vitrines, différentes courses, et qu'on le vit, différentes courses dans tous les sens du terme. Trois jours durant et qu'on le récupère, quinze jours après. Ça semble épuisant en fait, c'est aussi les obligations.

  • Speaker #0

    C'est le triathlon du tablier quoi. Il y a la course aux cadeaux, il y a la gestion des offres du Black Friday. Et il faut acheter les cadeaux des enfants au meilleur prix. On le dit rarement, mais la période des fêtes nous active, elle nous suractive. On prend des décisions du matin au soir. Tu l'as dit, quoi acheter d'un chapon au huit, on ne sait plus. Ça dit quoi cette année les huit du bassin d'Arcachon ? Est-ce qu'il n'y a pas, vous savez, tous les ans, il y a les algues tueuses. Alors est-ce que cette année, il y a les algues tueuses ? Comment est-ce qu'on va organiser la soirée ? Où est-ce qu'on va asseoir, mamie ? Quelle recette on va suivre ? C'est de la chursarge mentale tout le temps.

  • Speaker #1

    Et comment les mamies vont-elles s'entendre ? Est-ce que celle-ci va préférer tel vin ou pas de vin ? Est-ce que c'est bûche maison ou bûche pâtissière ? Est-ce que la belle-fille et la belle-mère vont bien collaborer ? Où se composent beaucoup de relations, mais le choisir la bûche est un acte quasiment politique. Chocolat, citron, marron, vegan, gluten ou pas, pour que la cousine et celle-ci qui en a décidé que c'était mieux pour elle ou celle-ci qui dit que personne n'a rien compris. Bref, chaque décision semble une importance colossale.

  • Speaker #0

    Oui, voilà, tu l'as bien écrit Didier. C'est plein de petites décisions, micro-décisions qui au final vont pomper une énergie mentale colossale. C'est ce qu'on appelle la fatigue décisionnelle. En gros, plus on enchaîne les choix et plus on fatigue. Et quand on est saturé, notre cerveau commence à fonctionner en mode auto. On arrive à nos... On est déjà à... Il y a un entamé alors que c'est à ce moment-là, c'est sur la ligne d'arrivée que tout se joue

  • Speaker #1

    C'est sur l'entrée en scène. D'ailleurs, on a posé les décors, il y a le sapin, il y a la table de Noël, on sait où va être la belle-mère, on sait où va être la maman, les enfants, on sait un peu le menu, mais en fait, notre cerveau vit Noël en mode un peu commando. C'est une opération spéciale.

  • Speaker #0

    C'est ça, le cerveau va gérer le bruit, les conversations croisées, le bruit dans la cuisine, le timing du repas, les attentes des uns, des autres, les opinions tranchées. Bon, ça crée, on l'a dit, une énorme surcharge cognitive. Asselin ! Tu rajoutes le sucre, l'alcool, le manque de sommeil. Le corps va donc réagir à tout ça avec une bonne montée de cortisol. C'est l'hormone du stress qui va pousser finalement à manger encore plus, pour consommer encore plus. Bon, tout ça, ça nous fait compenser. Mais au final, il est difficile de tenir.

  • Speaker #1

    Moi, je vois bien dans ma propre famille, j'en ai qui, pendant les repas de Noël, vont se baffrer. Il y en a même qui vont dire, allez, je reprends un petit peu de bûche encore. pour me donner du courage pour la suite. Mais c'est justement ce qui rend les fêtes si vivantes. En même temps, on rit, on cuisine, on se chamaille, on compose, parce qu'il y en a qu'on ne peut pas encadrer, mais on va composer pour faire une bonne figure. On mange trop, on pique une petite sieste en douce pour récupérer. Bref, c'est un chaos organisé, mais c'est un chaos qui, en même temps, paradoxalement, nous ressemble, nous rassemble.

  • Speaker #0

    Oui, oui, voilà, c'est vrai que depuis tout à l'heure, on n'est pas un Noël un peu... caricaturales, mais même si c'est fatigant, c'est aussi un moment où on renforce les liens.

  • Speaker #1

    Ces moments d'obligation familiale sont tellement enthousiasmants, tellement joyeux, mais en même temps, c'est une véritable cocotte minute. La famille est en mode cocotte minute et ça peut exploser à Noël une fois le décor posé, que la famille arrive, que les plats s'alignent et défilent, que les chaises se collent. Les enfants courent, les adultes se lancent dans des blagues qui font plus ou moins rire, selon la situation des uns et des autres, et selon les modes d'humour. Bon, il y en a qui ne me font pas rire du tout, mais allez, on peut dire à son épouse, gratte-moi un peu sous le bras, ça nous aide à rire de tel ou tel, et à chaque Noël, dans un coin de France, quelque part entre la bûche et le café, c'est souvent là, une famille vit un petit séisme, c'est un concentré d'esclandres, même si ça nous amuse.

  • Speaker #0

    Ah, et Noël réunit tous les ingrédients d'une réaction en chaîne. Premier ingrédient, on se retrouve dans un lieu fortement chargé en souvenirs. Tu as le deuxième ingrédient, on réunit des personnes qui partagent une histoire parfois longue, parfois courte d'ailleurs, avec des heures et souvent des désaccords. Troisième ingrédient, on enferme tout le monde dans un petit espace réduit, avec du bruit, avec des émotions, avec des attentes et beaucoup de fatigue. Et là, bim !

  • Speaker #1

    Et alors si jamais il fait ultra chaud et qu'il y a un feu de cheminée à fond des ballons. Tout le monde est mouche, car là, l'alcool est dans, attention, danger, il y a une forme de mécanique relationnelle qui est très particulière.

  • Speaker #0

    Les esclaves de Noël, c'est le point de collision entre plusieurs forces. D'abord, il y a les non-dits accumulés pendant l'année. On se dit souvent, bon, c'est bon, on n'en parle plus, ça a disparu, c'est oublié, c'est sous le tapis. Mais non, non, ils sont là, ils dorment. Et donc, notre mémoire, quand il y a une forte charge émotionnelle, elle garde des traces très, très fines. On se rappelle de l'année dernière ou durant l'année, le ton sec du tonton, la décision qu'on n'a pas très bien compris, le conflit qui n'a jamais été réglé. Et donc, quand la famille se retrouve, tout ça, ça remonte en quelques minutes et le cerveau va reconnecter tout ça avec des anciens épisodes. Et dès qu'il retrouve les mêmes voix, les mêmes dynamiques ou les mêmes personnes, eh bien, ça éclate.

  • Speaker #1

    Comme si la maison, le lieu des festivités, les lieux... Le lieu du repas de Noël déclenchait une sorte d'application automatique.

  • Speaker #0

    C'est ça. Et puis le deuxième élément, c'est la réactivation des rôles. On croit avoir évolué, mais Noël fait revenir chaque membre dans son rôle habituel, qu'il n'est d'ailleurs pas toujours d'accord de prendre. On a le genre conciliant. On a l'attente susceptible. On a le frère qui est toujours épuisé. On a le fils qui se plaint tout le temps, qu'on qualifie de feignant. Et on a le... cousin provocateur qui lance une phrase au milieu du repas juste pour voir ce que ça fait.

  • Speaker #1

    Alors si je comprends bien, c'est que pour les fêtes, et les fêtes de Noël en particulier, chacun va être un peu dans une forme d'obligation de reprendre son rôle. Je vais me retrouver le fils de... Je vais me retrouver le gendre de... Et souvent, on n'a pas tellement envie de prendre ce rôle-là d'une manière aussi ponctuelle. Et puis... Il y a celle qui, quand même, nous amuse beaucoup, la belle-mère dans tout ça, Fabrice.

  • Speaker #0

    Ah, la belle-mère. Alors évidemment, vous avez compris dans cet épisode que nous plaisantons sur la belle-mère, parce que c'est facile et parce que c'est un peu cliché aussi. Mais bon, elle a parfois, cette belle-mère, souvent un rôle un peu stratégique. Elle incarne une mémoire familiale, les normes implicites, parfois les normes implicites d'un clan, le clan de l'autre côté. Elle sait comment on fait dans la famille. Elle observe, elle évalue. Elle représente l'autorité symbolique. Un simple « tu es sûr » peut déclencher trois émotions la seconde, car cette phrase vient d'une figure centrale qui porte tout un héritage. Alors ça peut être la belle-mère, ça peut aussi être la mamie.

  • Speaker #1

    La mamie, la belle-mère, la régente un peu. Celle qui exerce une forme de régence, garante la mémoire collective de cette famille. Donc ce n'est pas que la phrase, c'est aussi tout ce qu'elle transporte, cette belle-mère ou cette mamie.

  • Speaker #0

    Oui, ce n'est pas strictement le contenu brut qui déclenche l'esclandre. C'est tout ce qui se cache derrière. C'est la reconnaissance, c'est la valeur personnelle, c'est le besoin d'exister dans le groupe, c'est les anciennes blessures aussi.

  • Speaker #1

    Et puis, bien sûr, il y a la fatigue, comme tu le disais tout à l'heure. Après une année de travail, un dernier trimestre de l'année qui souvent entraîne vers des bouclages, les personnes arrivent peut-être déjà quasiment à bout.

  • Speaker #0

    Oui, on l'a dit, on rajoute à cette espèce de cocotte minute géante la charge mentale des préparatifs, le manque de sommeil, le stress, les repas riches, l'exposition sonore. Tout ça, ça provoque une baisse de notre régulation émotionnelle. Notre cortex préfrontal, qui peut nous aider à réguler nos émotions, à inhiber les réactions, à inhiber l'impulsivité, va se retrouver un peu saturé, dirons-nous. Il passe en mode réactif au lieu de rester en mode réfléchi, impulsif.

  • Speaker #1

    En règle, si on est fatigué et qu'on rejoue les mêmes rôles, où on se remet dans la place, par exemple, de l'enfant ou du gendre idéal, on réactive nos vieux souvenirs et on se retrouve dans un espace surchargé.

  • Speaker #0

    Oui, et dernier facteur qui est un petit peu inconscient, c'est l'obligation d'être heureux. Tu sais, Marie Acaré qui en dégèle à chaque Noël avec sa chanson, les Reines de Noël, les chansons de Frank Sinatra, le Vin Chaud, bon, tout ça, c'est l'image de Noël, c'est l'ambiance un peu idéale. Tu rajoutes à ça les émissions et les films chaque année sur TF1 avec toutes les petites histoires d'amour de Noël. Bon, voilà, tout ça, ça fait une sorte d'ambiance un peu générale. On veut que tout soit parfait, on se dit tout va bien et donc cette injonction va créer une pression énorme. Et plus on veut, plus on projette une soirée parfaite, plus le moindre grain de sable peut déclencher une réaction disproportionnée.

  • Speaker #1

    On attend et on espère le Noël aussi clignotant et aussi rouge et vert que dans nos rêves les plus joyeux. Et alors l'esclandre devient la soupape.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça, l'explosion vide d'un coup tout ce qu'on aurait dû se dire plus tôt. Alors, ce n'est pas agréable, mais finalement, c'est un peu l'aboutissement d'un système saturé.

  • Speaker #1

    Oui, donc, il ne faut pas s'étonner qu'à certains moments ou dans certaines familles, avec toute cette responsabilité à être bien, à être heureux là, maintenant, ensemble, parfois, il puisse y avoir un plat de salade qui vole ou je ne sais quel morceau de dinde qui passe le travers. En tout cas, le moi, moi, le moi. Pendant les fêtes, monde d'identité, fatigue et plaisir d'offrir, tout ça peut être en difficulté pour cohabiter. On a parlé jusqu'ici, Fabrice, de la famille, mais on peut zoomer un peu, parce que dans ce tumulte, dans ces injonctions, dans ces obligations de relation dans la famille, il y a un oublié, c'est le moi, moi, celui qui essaye de tenir, de sourire, d'être parfait. par exemple un peu Nous, on peut se dire, Fabrice, toi et moi, on va être des bons maris, on va être des bons fils, on va être des bons pères. Et puis, on les efface, pas pour autant pendant les faits. Qu'est-ce que tu peux nous en dire ?

  • Speaker #0

    En général, à Noël, tout le monde pense aux autres et très peu pense à soi. On veut donner, faire plaisir, faire bien, faire assez. C'est très bien, mais il faut que ce soit réussi. Cette idée de « il faut que ce soit réussi » , ça pousse à mettre ses besoins en arrière-plan. On court partout. On dit oui à tout, on en oublie même ses propres limites. Didier, j'imagine que tu le vois de ton côté, cette pression d'être un peu irréprochable, cette idée que si on n'assure pas, on gâche le Noël des autres, non ?

  • Speaker #1

    Oui, on le voit, Fabrice, on devient presque tous un petit père Noël personnel. On veut absolument que tout se passe bien. On planifie, on organise, on gère, on se dit ce sera bien, je tiendrai comme ci, je tiendrai comme ça. On essaye de tout préparer pour que tout soit au mieux pour tous.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. et psychologiquement. Ce mécanisme va se baser sur une sorte de règle implicite. Je dois être aimable pour que tout le monde soit bien. C'est très noble, mais ça fatigue.

  • Speaker #1

    Ça met en tension. Alors, il y a la question des cadeaux. C'est un vrai casse-tête. Je mets le stress que ça ne convienne pas, que ça ne plaise pas. Moi aussi, si on me fait des cadeaux complètement à côté, j'ai même le stress d'avoir la tête à l'envers. Mais c'est quoi ce truc que tu m'as acheté ? Mais je ne vais pas avoir envie de le dire pour ne pas me blesser. Il y a la question du budget. Savoir offrir, savoir recevoir. Le cadeau, ça révèle de nous, Fabrice.

  • Speaker #0

    Oui, le cadeau, ça révèle beaucoup sur nous. Ça dit quelque chose de la relation, de l'attente. Ça dit aussi quelque chose de l'importance qu'on accorde à l'autre. Et donc, on a peur de faire mal. Alors, on se prend la tête. Est-ce que ça va plaire ? Des fois, on se demande, est-ce que c'est assez cher ?

  • Speaker #1

    Est-ce que c'est assez cher payé ? Même on pourrait se dire parfois. Si tu ne passes la symbolique psychologique. C'est vrai, quand on offre quelque chose, on espère secrètement une réaction positive. On espère que le cadeau va être réussi et qu'on ne se retrouve pas face à quelque chose qui pique un peu, comme... c'est original, ou alors, je ne m'y attendais pas.

  • Speaker #0

    J'ai l'impression que tu ressens peut-être un peu cette petite appréhension avant d'offrir des idées, non ?

  • Speaker #1

    Tout le monde la ressent. On a envie de faire plaisir, on a envie d'être dans le partage, que chacun soit heureux quand on offre quelque chose. Mais en même temps, il y a des moments où on se dit que l'autre aussi peut être et doit être en capacité de savoir recevoir. L'histoire du cadeau, c'est je te donne, tu reçois, tu reçois, je te donne. Si on est tous bienveillants les uns vers les autres, il n'y a pas de raison que ça se passe mal. Et puis si vraiment le cadeau est complètement à côté, tu sais quoi Fabrice ? On peut en rire, c'est qu'une blague au fond, ce n'est pas très grave.

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'en plus, au fond, offrir, c'est demander une confirmation. Est-ce que tu me vois ? Est-ce que tu me comprends ? Est-ce que ce cadeau dit quelque chose de juste sur ce que je suis pour toi ? Et justement, pendant les fêtes, cette dimension va s'intensifier. Tu le disais, le « moi » n'existe plus seulement pour soi, il existe sous le regard des autres.

  • Speaker #1

    On se retrouve dans une tension qui est quasi permanente, entre l'envie de faire plaisir, l'envie d'être reconnu et parfois de ne pas s'affaisser sur la table, roulant de fatigue, parce que tout ça, c'est une charge mentale. Donc, on va avoir envie d'aller se coucher parfois ou de trop manger. Donc, c'est très paradoxal.

  • Speaker #0

    Oui, à force, on se retrouve au service de tout le monde sans aucun retour à ses propres besoins.

  • Speaker #1

    Et on ne s'écoute même plus soi-même. On se dit, ce n'est pas grave, je gère, je m'en occuperai après. Et puis, on termine couché le 26 décembre parce qu'il y a un épuisement.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai.

  • Speaker #1

    Il y a beaucoup d'effets.

  • Speaker #0

    C'est vrai, fatigue, irritabilité, sensation de vide aussi.

  • Speaker #1

    Fabrice, on parle beaucoup des familles qui se retrouvent, qui discutent fort, qui s'énervent parfois. Mais il y a aussi... des moments moins visibles, tous ceux qui ne partagent rien de tout ça. Noël peut créer des moments merveilleux, mais il peut aussi creuser des sentiments de manque où l'isolement, par exemple, sera très fort en décembre et au moment des fêtes en particulier.

  • Speaker #0

    Oui, il faut penser aussi évidemment aux personnes qui sont seules, car tout le monde ne fête pas Noël devant une table pleine avec des lumières et des rires. ce sentiment d'exclusion que... peuvent vivre certaines personnes, auxquelles il faut penser, augmente pendant les périodes justement de Noël, où notre société va valoriser la convivialité.

  • Speaker #1

    Est-ce que ça a un coût à chaque année ? Les fêtes de Noël représentent un budget très important, parfois qui est même impossible de tenir pour certaines familles, entre les cadeaux, les repas, les déplacements. Décembre, c'est synonyme de calcul. Quand une personne ne peut pas offrir comme elle voudrait, elle se ressent là aussi diminuée, coupable. Alors qu'en fait, elle n'a rien à se reprocher. La pression sociale autour de Noël est immense.

  • Speaker #0

    Oui, et on a d'ailleurs une satire avec le fameux « Père Noël est une ordure » . Et justement, si vous vous souvenez bien du film, d'ailleurs, cette comédie, le film montre justement toutes ces vies cabossées que la magie de Noël n'arrive pas à effacer.

  • Speaker #1

    C'est pour ça qu'en fait, peut-être une des modalités pour avancer vers Noël avec plus de quiétude, c'est de garder de la bienveillance, de la simplicité, de se dire que parfois, euh... Il suffit d'un geste vers quelqu'un qui traverse une période difficile pour passer un bon Noël et que cela peut transformer profondément cette période parce que le manque se voit davantage, mais l'attention à l'autre, l'attention aux autres aussi se voit davantage. Peut-être pour conclure à chaud, Fabrice, j'aimerais bien que tu nous donnes un petit conseil pour qu'on se prépare à être tous ensemble le plus heureux possible face à cette pandémie. période de Noël, comment on peut faire pour y aller le plus zen possible ?

  • Speaker #0

    Peut-être en se disant tout simplement que ce n'est peut-être pas le moment de ressortir les vieux dossiers et que peut-être c'est le moment où justement on peut essayer de vivre cette journée un peu particulière de la manière la plus simple possible et dans la bienveillance.

  • Speaker #1

    Alors il nous reste plus qu'à vous souhaiter un bon Noël à toutes et à tous en famille et puis des fêtes de fin d'année les plus que... Joyeuse, on ne peut que vous préconiser de vous mettre dans cette disposition de joie. Tu sais quoi Fabrice, j'ai envie que te... J'ai un témoignage personnel. Moi, j'ai un père qui a 90 ans et qui se lève tous les matins en disant « j'ai la joie de vivre » . Je pense que ce qui est formidable pour passer cette période des fêtes, c'est de se centrer sur quelque chose d'aussi simple en se disant « mais voilà, j'ai la joie de vivre, j'ai entendu une musique, un petit oiseau, j'ai allumé une bougie » . Plutôt que de se prendre la tête, si tu me passes l'expression avec des vieilles rancœurs, Est-ce que tu crois que ça puisse être entendable, ce que je viens de te dire, ou c'est trop simpliste ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas si c'est simpliste. En tout cas, c'est tout à fait entendable. Et je pense que c'est une bonne manière aussi de prendre les choses en se disant que malgré tout, malgré tout ce qui peut se passer dans nos vies ou dans l'actualité, il y a toujours des bons moments. Et puis, la vie, c'est quand même quelque chose de joyeux.

  • Speaker #1

    Et tu te rappelles que l'on dit souvent en thérapie cognitocomportementale que nous ne sommes pas les nuages, nous sommes le ciel. c'est à dire que Si on est focus sur le nuage, on oublie qu'en fait, nous sommes le ciel et que le ciel, il est toujours limpide, immense et qu'il est toujours de retour au bleu. On va terminer comme ça. Je crois que ça nous permet d'aller vers une nouvelle année 2026 sous de beaux hospices, avec des ciels lumineux. Merci Fabrice.

  • Speaker #0

    Merci et de très bonnes fêtes à tous et à très bientôt.

  • Speaker #1

    A bientôt. Au revoir.

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Description

Ah, Noël.

Les lumières, les cadeaux, le repas interminable… et les dynamiques familiales parfois dignes d’un huis clos comique.

Entre la dinde trop cuite, les traditions qui dérapent, les sujets qu’on évite et la belle-mère qui a toujours quelque chose à dire, les fêtes peuvent être aussi intenses qu’inoubliables.


Dans cet épisode, L’Actu en Tête explore :

🎄 Pourquoi les fêtes réveillent autant d’émotions

😅 Les attentes (souvent irréalistes) d’un “Noël parfait”

🧠 Le poids des traditions, des rôles familiaux… et des petites tensions de fin d’année

🍗 Le repas : terrain d’expression, de stress, ou de fous rires

🤦‍♀️ Et comment survivre (avec humour) à ce fameux duo : la dinde… et ma belle-mère


Un épisode chaleureux, décomplexant et un peu thérapeutique, pour naviguer les fêtes avec plus de recul… et plus de paix.


🎧 L’Actu en Tête — comprendre ce qui nous touche, même autour de la table de Noël.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur l'Actu en Tête.

  • Speaker #1

    Bonjour à toutes, bonjour à tous. Bienvenue dans l'Actu en Tête. Comme chaque semaine dans ce podcast, nous prenons un peu de recul sur l'actualité, comme vous le savez. Et vous êtes, comme nous tous, alors que vous nous écoutez, peut-être en pleine préparation de cette période des fêtes. Vous allez rentrer dans une des périodes où dans notre pays, comme ailleurs, se préparent... Mais vécu de rituels, il va falloir courir, cuisiner, emballer, sourire, chercher sa vraie place autour de la table, cuisiner la dinde ou le chapon dans la chaîne alimentaire émotionnelle. Pour nous accompagner dans cette traversée des fêtes, qui nous l'espérons tous sera festive, je retrouve Fabrice Pastor, neuropsychologue, formateur conférencier. Bonjour Fabrice.

  • Speaker #0

    Et bonjour Didier, bonjour à toutes et à tous. Bon, aujourd'hui, peut-être un épisode un peu plus léger, un peu plus à l'approche des fêtes, un peu plus... Voilà, tu l'as dit, festif, mais malgré tout, on va toujours se recentrer sur le fond de notre podcast qui est s'intéresser à l'actualité et aussi à notre santé mentale. Donc Didier, je rappelle que tu es journaliste, président du Psycho-Droit et commissaire général du Forum National de la Santé Mentale. Et tu sais... que cette période dit souvent beaucoup de nous parce que chaque année, on se retrouve, tu l'as dit, face à un marathon où on mélange les traditions, les repas interminables et potentiellement une belle-mère capable de détecter en 10 secondes si la cuisson de la viande n'est pas exactement celle qu'elle aurait choisie. Bon, on va faire pas mal de traits d'humour, je pense, sur cet épisode.

  • Speaker #1

    Eh oui, parce que préparer les fêtes, c'est aussi prendre le risque de s'exposer à... à des charges mentales nouvelles. Est-ce qu'on va choisir les bons cadeaux ? Est-ce qu'on va arriver à tout boucler pour que tout soit en place sous le sapin de Noël ? Est-ce que le repas conviendra à tout le monde ? Et est-ce que, entre parfois mon stress et puis parfois le fait qu'en effet, la belle-mère soit très sûre dans la surveillance de la cuisson de la dame, mais c'est parfois aussi, pour certains, la belle-mère à avaler, si tu me passes l'expression. et il faut dire que c'est un moment assez unique où les familles se rassemblent dans un espace qui est une sorte de petite république autonome avec ses règles, ses débats, des micro-tensions et des explosions plus ou moins contrôlées ou contrôlables. Il y a toujours ce moment où tout se passe bien, où les enfants, les ados courent partout, les embrassades des uns et des autres et puis les plats qui sortent du four et puis soudain, quelqu'un demande « Est-ce que tu as vu les déclarations de Jean-Luc Mélenchon ou de Marine Le Pen ? » peine et ça peut faire chauffer les plats.

  • Speaker #0

    Oui, alors là, c'est le code rouge. Parce que Noël, c'est un territoire qui est très chargé émotionnellement. On se retrouve dans un environnement qui réactive les souvenirs, qui réactive des rôles aussi et on va le voir aussi parfois des blessures anciennes. On va en parler. On veut faire plaisir, on veut garder le sourire, on veut tenir le cap et on veut donner même parfois bonne figure. Pourtant, rien n'épuise plus vite qu'un repas de famille. où chacun revient malgré lui dans son personnage habituel. En gros, on a l'aîné responsable, on a le cadet un peu provoque, on a le tonton spécialiste en géopolitique, et après il y a toi qui veux juste survivre à l'entrée.

  • Speaker #1

    C'est difficile de trouver sa place, et ça peut être l'occasion d'un vrai épuisement tchichique, les fêtes de Noël. Alors maintenant que tout le monde a bien visualisé la belle-mère, la dinde dans la cuisine et le tonton prêts à lancer un débat improvisé sur Mélenchon, parlons de la fatigue des fêtes. Alors j'ai l'impression qu'on commence Noël deux ou trois semaines avant, face aux vitrines, différentes courses, et qu'on le vit, différentes courses dans tous les sens du terme. Trois jours durant et qu'on le récupère, quinze jours après. Ça semble épuisant en fait, c'est aussi les obligations.

  • Speaker #0

    C'est le triathlon du tablier quoi. Il y a la course aux cadeaux, il y a la gestion des offres du Black Friday. Et il faut acheter les cadeaux des enfants au meilleur prix. On le dit rarement, mais la période des fêtes nous active, elle nous suractive. On prend des décisions du matin au soir. Tu l'as dit, quoi acheter d'un chapon au huit, on ne sait plus. Ça dit quoi cette année les huit du bassin d'Arcachon ? Est-ce qu'il n'y a pas, vous savez, tous les ans, il y a les algues tueuses. Alors est-ce que cette année, il y a les algues tueuses ? Comment est-ce qu'on va organiser la soirée ? Où est-ce qu'on va asseoir, mamie ? Quelle recette on va suivre ? C'est de la chursarge mentale tout le temps.

  • Speaker #1

    Et comment les mamies vont-elles s'entendre ? Est-ce que celle-ci va préférer tel vin ou pas de vin ? Est-ce que c'est bûche maison ou bûche pâtissière ? Est-ce que la belle-fille et la belle-mère vont bien collaborer ? Où se composent beaucoup de relations, mais le choisir la bûche est un acte quasiment politique. Chocolat, citron, marron, vegan, gluten ou pas, pour que la cousine et celle-ci qui en a décidé que c'était mieux pour elle ou celle-ci qui dit que personne n'a rien compris. Bref, chaque décision semble une importance colossale.

  • Speaker #0

    Oui, voilà, tu l'as bien écrit Didier. C'est plein de petites décisions, micro-décisions qui au final vont pomper une énergie mentale colossale. C'est ce qu'on appelle la fatigue décisionnelle. En gros, plus on enchaîne les choix et plus on fatigue. Et quand on est saturé, notre cerveau commence à fonctionner en mode auto. On arrive à nos... On est déjà à... Il y a un entamé alors que c'est à ce moment-là, c'est sur la ligne d'arrivée que tout se joue

  • Speaker #1

    C'est sur l'entrée en scène. D'ailleurs, on a posé les décors, il y a le sapin, il y a la table de Noël, on sait où va être la belle-mère, on sait où va être la maman, les enfants, on sait un peu le menu, mais en fait, notre cerveau vit Noël en mode un peu commando. C'est une opération spéciale.

  • Speaker #0

    C'est ça, le cerveau va gérer le bruit, les conversations croisées, le bruit dans la cuisine, le timing du repas, les attentes des uns, des autres, les opinions tranchées. Bon, ça crée, on l'a dit, une énorme surcharge cognitive. Asselin ! Tu rajoutes le sucre, l'alcool, le manque de sommeil. Le corps va donc réagir à tout ça avec une bonne montée de cortisol. C'est l'hormone du stress qui va pousser finalement à manger encore plus, pour consommer encore plus. Bon, tout ça, ça nous fait compenser. Mais au final, il est difficile de tenir.

  • Speaker #1

    Moi, je vois bien dans ma propre famille, j'en ai qui, pendant les repas de Noël, vont se baffrer. Il y en a même qui vont dire, allez, je reprends un petit peu de bûche encore. pour me donner du courage pour la suite. Mais c'est justement ce qui rend les fêtes si vivantes. En même temps, on rit, on cuisine, on se chamaille, on compose, parce qu'il y en a qu'on ne peut pas encadrer, mais on va composer pour faire une bonne figure. On mange trop, on pique une petite sieste en douce pour récupérer. Bref, c'est un chaos organisé, mais c'est un chaos qui, en même temps, paradoxalement, nous ressemble, nous rassemble.

  • Speaker #0

    Oui, oui, voilà, c'est vrai que depuis tout à l'heure, on n'est pas un Noël un peu... caricaturales, mais même si c'est fatigant, c'est aussi un moment où on renforce les liens.

  • Speaker #1

    Ces moments d'obligation familiale sont tellement enthousiasmants, tellement joyeux, mais en même temps, c'est une véritable cocotte minute. La famille est en mode cocotte minute et ça peut exploser à Noël une fois le décor posé, que la famille arrive, que les plats s'alignent et défilent, que les chaises se collent. Les enfants courent, les adultes se lancent dans des blagues qui font plus ou moins rire, selon la situation des uns et des autres, et selon les modes d'humour. Bon, il y en a qui ne me font pas rire du tout, mais allez, on peut dire à son épouse, gratte-moi un peu sous le bras, ça nous aide à rire de tel ou tel, et à chaque Noël, dans un coin de France, quelque part entre la bûche et le café, c'est souvent là, une famille vit un petit séisme, c'est un concentré d'esclandres, même si ça nous amuse.

  • Speaker #0

    Ah, et Noël réunit tous les ingrédients d'une réaction en chaîne. Premier ingrédient, on se retrouve dans un lieu fortement chargé en souvenirs. Tu as le deuxième ingrédient, on réunit des personnes qui partagent une histoire parfois longue, parfois courte d'ailleurs, avec des heures et souvent des désaccords. Troisième ingrédient, on enferme tout le monde dans un petit espace réduit, avec du bruit, avec des émotions, avec des attentes et beaucoup de fatigue. Et là, bim !

  • Speaker #1

    Et alors si jamais il fait ultra chaud et qu'il y a un feu de cheminée à fond des ballons. Tout le monde est mouche, car là, l'alcool est dans, attention, danger, il y a une forme de mécanique relationnelle qui est très particulière.

  • Speaker #0

    Les esclaves de Noël, c'est le point de collision entre plusieurs forces. D'abord, il y a les non-dits accumulés pendant l'année. On se dit souvent, bon, c'est bon, on n'en parle plus, ça a disparu, c'est oublié, c'est sous le tapis. Mais non, non, ils sont là, ils dorment. Et donc, notre mémoire, quand il y a une forte charge émotionnelle, elle garde des traces très, très fines. On se rappelle de l'année dernière ou durant l'année, le ton sec du tonton, la décision qu'on n'a pas très bien compris, le conflit qui n'a jamais été réglé. Et donc, quand la famille se retrouve, tout ça, ça remonte en quelques minutes et le cerveau va reconnecter tout ça avec des anciens épisodes. Et dès qu'il retrouve les mêmes voix, les mêmes dynamiques ou les mêmes personnes, eh bien, ça éclate.

  • Speaker #1

    Comme si la maison, le lieu des festivités, les lieux... Le lieu du repas de Noël déclenchait une sorte d'application automatique.

  • Speaker #0

    C'est ça. Et puis le deuxième élément, c'est la réactivation des rôles. On croit avoir évolué, mais Noël fait revenir chaque membre dans son rôle habituel, qu'il n'est d'ailleurs pas toujours d'accord de prendre. On a le genre conciliant. On a l'attente susceptible. On a le frère qui est toujours épuisé. On a le fils qui se plaint tout le temps, qu'on qualifie de feignant. Et on a le... cousin provocateur qui lance une phrase au milieu du repas juste pour voir ce que ça fait.

  • Speaker #1

    Alors si je comprends bien, c'est que pour les fêtes, et les fêtes de Noël en particulier, chacun va être un peu dans une forme d'obligation de reprendre son rôle. Je vais me retrouver le fils de... Je vais me retrouver le gendre de... Et souvent, on n'a pas tellement envie de prendre ce rôle-là d'une manière aussi ponctuelle. Et puis... Il y a celle qui, quand même, nous amuse beaucoup, la belle-mère dans tout ça, Fabrice.

  • Speaker #0

    Ah, la belle-mère. Alors évidemment, vous avez compris dans cet épisode que nous plaisantons sur la belle-mère, parce que c'est facile et parce que c'est un peu cliché aussi. Mais bon, elle a parfois, cette belle-mère, souvent un rôle un peu stratégique. Elle incarne une mémoire familiale, les normes implicites, parfois les normes implicites d'un clan, le clan de l'autre côté. Elle sait comment on fait dans la famille. Elle observe, elle évalue. Elle représente l'autorité symbolique. Un simple « tu es sûr » peut déclencher trois émotions la seconde, car cette phrase vient d'une figure centrale qui porte tout un héritage. Alors ça peut être la belle-mère, ça peut aussi être la mamie.

  • Speaker #1

    La mamie, la belle-mère, la régente un peu. Celle qui exerce une forme de régence, garante la mémoire collective de cette famille. Donc ce n'est pas que la phrase, c'est aussi tout ce qu'elle transporte, cette belle-mère ou cette mamie.

  • Speaker #0

    Oui, ce n'est pas strictement le contenu brut qui déclenche l'esclandre. C'est tout ce qui se cache derrière. C'est la reconnaissance, c'est la valeur personnelle, c'est le besoin d'exister dans le groupe, c'est les anciennes blessures aussi.

  • Speaker #1

    Et puis, bien sûr, il y a la fatigue, comme tu le disais tout à l'heure. Après une année de travail, un dernier trimestre de l'année qui souvent entraîne vers des bouclages, les personnes arrivent peut-être déjà quasiment à bout.

  • Speaker #0

    Oui, on l'a dit, on rajoute à cette espèce de cocotte minute géante la charge mentale des préparatifs, le manque de sommeil, le stress, les repas riches, l'exposition sonore. Tout ça, ça provoque une baisse de notre régulation émotionnelle. Notre cortex préfrontal, qui peut nous aider à réguler nos émotions, à inhiber les réactions, à inhiber l'impulsivité, va se retrouver un peu saturé, dirons-nous. Il passe en mode réactif au lieu de rester en mode réfléchi, impulsif.

  • Speaker #1

    En règle, si on est fatigué et qu'on rejoue les mêmes rôles, où on se remet dans la place, par exemple, de l'enfant ou du gendre idéal, on réactive nos vieux souvenirs et on se retrouve dans un espace surchargé.

  • Speaker #0

    Oui, et dernier facteur qui est un petit peu inconscient, c'est l'obligation d'être heureux. Tu sais, Marie Acaré qui en dégèle à chaque Noël avec sa chanson, les Reines de Noël, les chansons de Frank Sinatra, le Vin Chaud, bon, tout ça, c'est l'image de Noël, c'est l'ambiance un peu idéale. Tu rajoutes à ça les émissions et les films chaque année sur TF1 avec toutes les petites histoires d'amour de Noël. Bon, voilà, tout ça, ça fait une sorte d'ambiance un peu générale. On veut que tout soit parfait, on se dit tout va bien et donc cette injonction va créer une pression énorme. Et plus on veut, plus on projette une soirée parfaite, plus le moindre grain de sable peut déclencher une réaction disproportionnée.

  • Speaker #1

    On attend et on espère le Noël aussi clignotant et aussi rouge et vert que dans nos rêves les plus joyeux. Et alors l'esclandre devient la soupape.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça, l'explosion vide d'un coup tout ce qu'on aurait dû se dire plus tôt. Alors, ce n'est pas agréable, mais finalement, c'est un peu l'aboutissement d'un système saturé.

  • Speaker #1

    Oui, donc, il ne faut pas s'étonner qu'à certains moments ou dans certaines familles, avec toute cette responsabilité à être bien, à être heureux là, maintenant, ensemble, parfois, il puisse y avoir un plat de salade qui vole ou je ne sais quel morceau de dinde qui passe le travers. En tout cas, le moi, moi, le moi. Pendant les fêtes, monde d'identité, fatigue et plaisir d'offrir, tout ça peut être en difficulté pour cohabiter. On a parlé jusqu'ici, Fabrice, de la famille, mais on peut zoomer un peu, parce que dans ce tumulte, dans ces injonctions, dans ces obligations de relation dans la famille, il y a un oublié, c'est le moi, moi, celui qui essaye de tenir, de sourire, d'être parfait. par exemple un peu Nous, on peut se dire, Fabrice, toi et moi, on va être des bons maris, on va être des bons fils, on va être des bons pères. Et puis, on les efface, pas pour autant pendant les faits. Qu'est-ce que tu peux nous en dire ?

  • Speaker #0

    En général, à Noël, tout le monde pense aux autres et très peu pense à soi. On veut donner, faire plaisir, faire bien, faire assez. C'est très bien, mais il faut que ce soit réussi. Cette idée de « il faut que ce soit réussi » , ça pousse à mettre ses besoins en arrière-plan. On court partout. On dit oui à tout, on en oublie même ses propres limites. Didier, j'imagine que tu le vois de ton côté, cette pression d'être un peu irréprochable, cette idée que si on n'assure pas, on gâche le Noël des autres, non ?

  • Speaker #1

    Oui, on le voit, Fabrice, on devient presque tous un petit père Noël personnel. On veut absolument que tout se passe bien. On planifie, on organise, on gère, on se dit ce sera bien, je tiendrai comme ci, je tiendrai comme ça. On essaye de tout préparer pour que tout soit au mieux pour tous.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. et psychologiquement. Ce mécanisme va se baser sur une sorte de règle implicite. Je dois être aimable pour que tout le monde soit bien. C'est très noble, mais ça fatigue.

  • Speaker #1

    Ça met en tension. Alors, il y a la question des cadeaux. C'est un vrai casse-tête. Je mets le stress que ça ne convienne pas, que ça ne plaise pas. Moi aussi, si on me fait des cadeaux complètement à côté, j'ai même le stress d'avoir la tête à l'envers. Mais c'est quoi ce truc que tu m'as acheté ? Mais je ne vais pas avoir envie de le dire pour ne pas me blesser. Il y a la question du budget. Savoir offrir, savoir recevoir. Le cadeau, ça révèle de nous, Fabrice.

  • Speaker #0

    Oui, le cadeau, ça révèle beaucoup sur nous. Ça dit quelque chose de la relation, de l'attente. Ça dit aussi quelque chose de l'importance qu'on accorde à l'autre. Et donc, on a peur de faire mal. Alors, on se prend la tête. Est-ce que ça va plaire ? Des fois, on se demande, est-ce que c'est assez cher ?

  • Speaker #1

    Est-ce que c'est assez cher payé ? Même on pourrait se dire parfois. Si tu ne passes la symbolique psychologique. C'est vrai, quand on offre quelque chose, on espère secrètement une réaction positive. On espère que le cadeau va être réussi et qu'on ne se retrouve pas face à quelque chose qui pique un peu, comme... c'est original, ou alors, je ne m'y attendais pas.

  • Speaker #0

    J'ai l'impression que tu ressens peut-être un peu cette petite appréhension avant d'offrir des idées, non ?

  • Speaker #1

    Tout le monde la ressent. On a envie de faire plaisir, on a envie d'être dans le partage, que chacun soit heureux quand on offre quelque chose. Mais en même temps, il y a des moments où on se dit que l'autre aussi peut être et doit être en capacité de savoir recevoir. L'histoire du cadeau, c'est je te donne, tu reçois, tu reçois, je te donne. Si on est tous bienveillants les uns vers les autres, il n'y a pas de raison que ça se passe mal. Et puis si vraiment le cadeau est complètement à côté, tu sais quoi Fabrice ? On peut en rire, c'est qu'une blague au fond, ce n'est pas très grave.

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'en plus, au fond, offrir, c'est demander une confirmation. Est-ce que tu me vois ? Est-ce que tu me comprends ? Est-ce que ce cadeau dit quelque chose de juste sur ce que je suis pour toi ? Et justement, pendant les fêtes, cette dimension va s'intensifier. Tu le disais, le « moi » n'existe plus seulement pour soi, il existe sous le regard des autres.

  • Speaker #1

    On se retrouve dans une tension qui est quasi permanente, entre l'envie de faire plaisir, l'envie d'être reconnu et parfois de ne pas s'affaisser sur la table, roulant de fatigue, parce que tout ça, c'est une charge mentale. Donc, on va avoir envie d'aller se coucher parfois ou de trop manger. Donc, c'est très paradoxal.

  • Speaker #0

    Oui, à force, on se retrouve au service de tout le monde sans aucun retour à ses propres besoins.

  • Speaker #1

    Et on ne s'écoute même plus soi-même. On se dit, ce n'est pas grave, je gère, je m'en occuperai après. Et puis, on termine couché le 26 décembre parce qu'il y a un épuisement.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai.

  • Speaker #1

    Il y a beaucoup d'effets.

  • Speaker #0

    C'est vrai, fatigue, irritabilité, sensation de vide aussi.

  • Speaker #1

    Fabrice, on parle beaucoup des familles qui se retrouvent, qui discutent fort, qui s'énervent parfois. Mais il y a aussi... des moments moins visibles, tous ceux qui ne partagent rien de tout ça. Noël peut créer des moments merveilleux, mais il peut aussi creuser des sentiments de manque où l'isolement, par exemple, sera très fort en décembre et au moment des fêtes en particulier.

  • Speaker #0

    Oui, il faut penser aussi évidemment aux personnes qui sont seules, car tout le monde ne fête pas Noël devant une table pleine avec des lumières et des rires. ce sentiment d'exclusion que... peuvent vivre certaines personnes, auxquelles il faut penser, augmente pendant les périodes justement de Noël, où notre société va valoriser la convivialité.

  • Speaker #1

    Est-ce que ça a un coût à chaque année ? Les fêtes de Noël représentent un budget très important, parfois qui est même impossible de tenir pour certaines familles, entre les cadeaux, les repas, les déplacements. Décembre, c'est synonyme de calcul. Quand une personne ne peut pas offrir comme elle voudrait, elle se ressent là aussi diminuée, coupable. Alors qu'en fait, elle n'a rien à se reprocher. La pression sociale autour de Noël est immense.

  • Speaker #0

    Oui, et on a d'ailleurs une satire avec le fameux « Père Noël est une ordure » . Et justement, si vous vous souvenez bien du film, d'ailleurs, cette comédie, le film montre justement toutes ces vies cabossées que la magie de Noël n'arrive pas à effacer.

  • Speaker #1

    C'est pour ça qu'en fait, peut-être une des modalités pour avancer vers Noël avec plus de quiétude, c'est de garder de la bienveillance, de la simplicité, de se dire que parfois, euh... Il suffit d'un geste vers quelqu'un qui traverse une période difficile pour passer un bon Noël et que cela peut transformer profondément cette période parce que le manque se voit davantage, mais l'attention à l'autre, l'attention aux autres aussi se voit davantage. Peut-être pour conclure à chaud, Fabrice, j'aimerais bien que tu nous donnes un petit conseil pour qu'on se prépare à être tous ensemble le plus heureux possible face à cette pandémie. période de Noël, comment on peut faire pour y aller le plus zen possible ?

  • Speaker #0

    Peut-être en se disant tout simplement que ce n'est peut-être pas le moment de ressortir les vieux dossiers et que peut-être c'est le moment où justement on peut essayer de vivre cette journée un peu particulière de la manière la plus simple possible et dans la bienveillance.

  • Speaker #1

    Alors il nous reste plus qu'à vous souhaiter un bon Noël à toutes et à tous en famille et puis des fêtes de fin d'année les plus que... Joyeuse, on ne peut que vous préconiser de vous mettre dans cette disposition de joie. Tu sais quoi Fabrice, j'ai envie que te... J'ai un témoignage personnel. Moi, j'ai un père qui a 90 ans et qui se lève tous les matins en disant « j'ai la joie de vivre » . Je pense que ce qui est formidable pour passer cette période des fêtes, c'est de se centrer sur quelque chose d'aussi simple en se disant « mais voilà, j'ai la joie de vivre, j'ai entendu une musique, un petit oiseau, j'ai allumé une bougie » . Plutôt que de se prendre la tête, si tu me passes l'expression avec des vieilles rancœurs, Est-ce que tu crois que ça puisse être entendable, ce que je viens de te dire, ou c'est trop simpliste ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas si c'est simpliste. En tout cas, c'est tout à fait entendable. Et je pense que c'est une bonne manière aussi de prendre les choses en se disant que malgré tout, malgré tout ce qui peut se passer dans nos vies ou dans l'actualité, il y a toujours des bons moments. Et puis, la vie, c'est quand même quelque chose de joyeux.

  • Speaker #1

    Et tu te rappelles que l'on dit souvent en thérapie cognitocomportementale que nous ne sommes pas les nuages, nous sommes le ciel. c'est à dire que Si on est focus sur le nuage, on oublie qu'en fait, nous sommes le ciel et que le ciel, il est toujours limpide, immense et qu'il est toujours de retour au bleu. On va terminer comme ça. Je crois que ça nous permet d'aller vers une nouvelle année 2026 sous de beaux hospices, avec des ciels lumineux. Merci Fabrice.

  • Speaker #0

    Merci et de très bonnes fêtes à tous et à très bientôt.

  • Speaker #1

    A bientôt. Au revoir.

Description

Ah, Noël.

Les lumières, les cadeaux, le repas interminable… et les dynamiques familiales parfois dignes d’un huis clos comique.

Entre la dinde trop cuite, les traditions qui dérapent, les sujets qu’on évite et la belle-mère qui a toujours quelque chose à dire, les fêtes peuvent être aussi intenses qu’inoubliables.


Dans cet épisode, L’Actu en Tête explore :

🎄 Pourquoi les fêtes réveillent autant d’émotions

😅 Les attentes (souvent irréalistes) d’un “Noël parfait”

🧠 Le poids des traditions, des rôles familiaux… et des petites tensions de fin d’année

🍗 Le repas : terrain d’expression, de stress, ou de fous rires

🤦‍♀️ Et comment survivre (avec humour) à ce fameux duo : la dinde… et ma belle-mère


Un épisode chaleureux, décomplexant et un peu thérapeutique, pour naviguer les fêtes avec plus de recul… et plus de paix.


🎧 L’Actu en Tête — comprendre ce qui nous touche, même autour de la table de Noël.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur l'Actu en Tête.

  • Speaker #1

    Bonjour à toutes, bonjour à tous. Bienvenue dans l'Actu en Tête. Comme chaque semaine dans ce podcast, nous prenons un peu de recul sur l'actualité, comme vous le savez. Et vous êtes, comme nous tous, alors que vous nous écoutez, peut-être en pleine préparation de cette période des fêtes. Vous allez rentrer dans une des périodes où dans notre pays, comme ailleurs, se préparent... Mais vécu de rituels, il va falloir courir, cuisiner, emballer, sourire, chercher sa vraie place autour de la table, cuisiner la dinde ou le chapon dans la chaîne alimentaire émotionnelle. Pour nous accompagner dans cette traversée des fêtes, qui nous l'espérons tous sera festive, je retrouve Fabrice Pastor, neuropsychologue, formateur conférencier. Bonjour Fabrice.

  • Speaker #0

    Et bonjour Didier, bonjour à toutes et à tous. Bon, aujourd'hui, peut-être un épisode un peu plus léger, un peu plus à l'approche des fêtes, un peu plus... Voilà, tu l'as dit, festif, mais malgré tout, on va toujours se recentrer sur le fond de notre podcast qui est s'intéresser à l'actualité et aussi à notre santé mentale. Donc Didier, je rappelle que tu es journaliste, président du Psycho-Droit et commissaire général du Forum National de la Santé Mentale. Et tu sais... que cette période dit souvent beaucoup de nous parce que chaque année, on se retrouve, tu l'as dit, face à un marathon où on mélange les traditions, les repas interminables et potentiellement une belle-mère capable de détecter en 10 secondes si la cuisson de la viande n'est pas exactement celle qu'elle aurait choisie. Bon, on va faire pas mal de traits d'humour, je pense, sur cet épisode.

  • Speaker #1

    Eh oui, parce que préparer les fêtes, c'est aussi prendre le risque de s'exposer à... à des charges mentales nouvelles. Est-ce qu'on va choisir les bons cadeaux ? Est-ce qu'on va arriver à tout boucler pour que tout soit en place sous le sapin de Noël ? Est-ce que le repas conviendra à tout le monde ? Et est-ce que, entre parfois mon stress et puis parfois le fait qu'en effet, la belle-mère soit très sûre dans la surveillance de la cuisson de la dame, mais c'est parfois aussi, pour certains, la belle-mère à avaler, si tu me passes l'expression. et il faut dire que c'est un moment assez unique où les familles se rassemblent dans un espace qui est une sorte de petite république autonome avec ses règles, ses débats, des micro-tensions et des explosions plus ou moins contrôlées ou contrôlables. Il y a toujours ce moment où tout se passe bien, où les enfants, les ados courent partout, les embrassades des uns et des autres et puis les plats qui sortent du four et puis soudain, quelqu'un demande « Est-ce que tu as vu les déclarations de Jean-Luc Mélenchon ou de Marine Le Pen ? » peine et ça peut faire chauffer les plats.

  • Speaker #0

    Oui, alors là, c'est le code rouge. Parce que Noël, c'est un territoire qui est très chargé émotionnellement. On se retrouve dans un environnement qui réactive les souvenirs, qui réactive des rôles aussi et on va le voir aussi parfois des blessures anciennes. On va en parler. On veut faire plaisir, on veut garder le sourire, on veut tenir le cap et on veut donner même parfois bonne figure. Pourtant, rien n'épuise plus vite qu'un repas de famille. où chacun revient malgré lui dans son personnage habituel. En gros, on a l'aîné responsable, on a le cadet un peu provoque, on a le tonton spécialiste en géopolitique, et après il y a toi qui veux juste survivre à l'entrée.

  • Speaker #1

    C'est difficile de trouver sa place, et ça peut être l'occasion d'un vrai épuisement tchichique, les fêtes de Noël. Alors maintenant que tout le monde a bien visualisé la belle-mère, la dinde dans la cuisine et le tonton prêts à lancer un débat improvisé sur Mélenchon, parlons de la fatigue des fêtes. Alors j'ai l'impression qu'on commence Noël deux ou trois semaines avant, face aux vitrines, différentes courses, et qu'on le vit, différentes courses dans tous les sens du terme. Trois jours durant et qu'on le récupère, quinze jours après. Ça semble épuisant en fait, c'est aussi les obligations.

  • Speaker #0

    C'est le triathlon du tablier quoi. Il y a la course aux cadeaux, il y a la gestion des offres du Black Friday. Et il faut acheter les cadeaux des enfants au meilleur prix. On le dit rarement, mais la période des fêtes nous active, elle nous suractive. On prend des décisions du matin au soir. Tu l'as dit, quoi acheter d'un chapon au huit, on ne sait plus. Ça dit quoi cette année les huit du bassin d'Arcachon ? Est-ce qu'il n'y a pas, vous savez, tous les ans, il y a les algues tueuses. Alors est-ce que cette année, il y a les algues tueuses ? Comment est-ce qu'on va organiser la soirée ? Où est-ce qu'on va asseoir, mamie ? Quelle recette on va suivre ? C'est de la chursarge mentale tout le temps.

  • Speaker #1

    Et comment les mamies vont-elles s'entendre ? Est-ce que celle-ci va préférer tel vin ou pas de vin ? Est-ce que c'est bûche maison ou bûche pâtissière ? Est-ce que la belle-fille et la belle-mère vont bien collaborer ? Où se composent beaucoup de relations, mais le choisir la bûche est un acte quasiment politique. Chocolat, citron, marron, vegan, gluten ou pas, pour que la cousine et celle-ci qui en a décidé que c'était mieux pour elle ou celle-ci qui dit que personne n'a rien compris. Bref, chaque décision semble une importance colossale.

  • Speaker #0

    Oui, voilà, tu l'as bien écrit Didier. C'est plein de petites décisions, micro-décisions qui au final vont pomper une énergie mentale colossale. C'est ce qu'on appelle la fatigue décisionnelle. En gros, plus on enchaîne les choix et plus on fatigue. Et quand on est saturé, notre cerveau commence à fonctionner en mode auto. On arrive à nos... On est déjà à... Il y a un entamé alors que c'est à ce moment-là, c'est sur la ligne d'arrivée que tout se joue

  • Speaker #1

    C'est sur l'entrée en scène. D'ailleurs, on a posé les décors, il y a le sapin, il y a la table de Noël, on sait où va être la belle-mère, on sait où va être la maman, les enfants, on sait un peu le menu, mais en fait, notre cerveau vit Noël en mode un peu commando. C'est une opération spéciale.

  • Speaker #0

    C'est ça, le cerveau va gérer le bruit, les conversations croisées, le bruit dans la cuisine, le timing du repas, les attentes des uns, des autres, les opinions tranchées. Bon, ça crée, on l'a dit, une énorme surcharge cognitive. Asselin ! Tu rajoutes le sucre, l'alcool, le manque de sommeil. Le corps va donc réagir à tout ça avec une bonne montée de cortisol. C'est l'hormone du stress qui va pousser finalement à manger encore plus, pour consommer encore plus. Bon, tout ça, ça nous fait compenser. Mais au final, il est difficile de tenir.

  • Speaker #1

    Moi, je vois bien dans ma propre famille, j'en ai qui, pendant les repas de Noël, vont se baffrer. Il y en a même qui vont dire, allez, je reprends un petit peu de bûche encore. pour me donner du courage pour la suite. Mais c'est justement ce qui rend les fêtes si vivantes. En même temps, on rit, on cuisine, on se chamaille, on compose, parce qu'il y en a qu'on ne peut pas encadrer, mais on va composer pour faire une bonne figure. On mange trop, on pique une petite sieste en douce pour récupérer. Bref, c'est un chaos organisé, mais c'est un chaos qui, en même temps, paradoxalement, nous ressemble, nous rassemble.

  • Speaker #0

    Oui, oui, voilà, c'est vrai que depuis tout à l'heure, on n'est pas un Noël un peu... caricaturales, mais même si c'est fatigant, c'est aussi un moment où on renforce les liens.

  • Speaker #1

    Ces moments d'obligation familiale sont tellement enthousiasmants, tellement joyeux, mais en même temps, c'est une véritable cocotte minute. La famille est en mode cocotte minute et ça peut exploser à Noël une fois le décor posé, que la famille arrive, que les plats s'alignent et défilent, que les chaises se collent. Les enfants courent, les adultes se lancent dans des blagues qui font plus ou moins rire, selon la situation des uns et des autres, et selon les modes d'humour. Bon, il y en a qui ne me font pas rire du tout, mais allez, on peut dire à son épouse, gratte-moi un peu sous le bras, ça nous aide à rire de tel ou tel, et à chaque Noël, dans un coin de France, quelque part entre la bûche et le café, c'est souvent là, une famille vit un petit séisme, c'est un concentré d'esclandres, même si ça nous amuse.

  • Speaker #0

    Ah, et Noël réunit tous les ingrédients d'une réaction en chaîne. Premier ingrédient, on se retrouve dans un lieu fortement chargé en souvenirs. Tu as le deuxième ingrédient, on réunit des personnes qui partagent une histoire parfois longue, parfois courte d'ailleurs, avec des heures et souvent des désaccords. Troisième ingrédient, on enferme tout le monde dans un petit espace réduit, avec du bruit, avec des émotions, avec des attentes et beaucoup de fatigue. Et là, bim !

  • Speaker #1

    Et alors si jamais il fait ultra chaud et qu'il y a un feu de cheminée à fond des ballons. Tout le monde est mouche, car là, l'alcool est dans, attention, danger, il y a une forme de mécanique relationnelle qui est très particulière.

  • Speaker #0

    Les esclaves de Noël, c'est le point de collision entre plusieurs forces. D'abord, il y a les non-dits accumulés pendant l'année. On se dit souvent, bon, c'est bon, on n'en parle plus, ça a disparu, c'est oublié, c'est sous le tapis. Mais non, non, ils sont là, ils dorment. Et donc, notre mémoire, quand il y a une forte charge émotionnelle, elle garde des traces très, très fines. On se rappelle de l'année dernière ou durant l'année, le ton sec du tonton, la décision qu'on n'a pas très bien compris, le conflit qui n'a jamais été réglé. Et donc, quand la famille se retrouve, tout ça, ça remonte en quelques minutes et le cerveau va reconnecter tout ça avec des anciens épisodes. Et dès qu'il retrouve les mêmes voix, les mêmes dynamiques ou les mêmes personnes, eh bien, ça éclate.

  • Speaker #1

    Comme si la maison, le lieu des festivités, les lieux... Le lieu du repas de Noël déclenchait une sorte d'application automatique.

  • Speaker #0

    C'est ça. Et puis le deuxième élément, c'est la réactivation des rôles. On croit avoir évolué, mais Noël fait revenir chaque membre dans son rôle habituel, qu'il n'est d'ailleurs pas toujours d'accord de prendre. On a le genre conciliant. On a l'attente susceptible. On a le frère qui est toujours épuisé. On a le fils qui se plaint tout le temps, qu'on qualifie de feignant. Et on a le... cousin provocateur qui lance une phrase au milieu du repas juste pour voir ce que ça fait.

  • Speaker #1

    Alors si je comprends bien, c'est que pour les fêtes, et les fêtes de Noël en particulier, chacun va être un peu dans une forme d'obligation de reprendre son rôle. Je vais me retrouver le fils de... Je vais me retrouver le gendre de... Et souvent, on n'a pas tellement envie de prendre ce rôle-là d'une manière aussi ponctuelle. Et puis... Il y a celle qui, quand même, nous amuse beaucoup, la belle-mère dans tout ça, Fabrice.

  • Speaker #0

    Ah, la belle-mère. Alors évidemment, vous avez compris dans cet épisode que nous plaisantons sur la belle-mère, parce que c'est facile et parce que c'est un peu cliché aussi. Mais bon, elle a parfois, cette belle-mère, souvent un rôle un peu stratégique. Elle incarne une mémoire familiale, les normes implicites, parfois les normes implicites d'un clan, le clan de l'autre côté. Elle sait comment on fait dans la famille. Elle observe, elle évalue. Elle représente l'autorité symbolique. Un simple « tu es sûr » peut déclencher trois émotions la seconde, car cette phrase vient d'une figure centrale qui porte tout un héritage. Alors ça peut être la belle-mère, ça peut aussi être la mamie.

  • Speaker #1

    La mamie, la belle-mère, la régente un peu. Celle qui exerce une forme de régence, garante la mémoire collective de cette famille. Donc ce n'est pas que la phrase, c'est aussi tout ce qu'elle transporte, cette belle-mère ou cette mamie.

  • Speaker #0

    Oui, ce n'est pas strictement le contenu brut qui déclenche l'esclandre. C'est tout ce qui se cache derrière. C'est la reconnaissance, c'est la valeur personnelle, c'est le besoin d'exister dans le groupe, c'est les anciennes blessures aussi.

  • Speaker #1

    Et puis, bien sûr, il y a la fatigue, comme tu le disais tout à l'heure. Après une année de travail, un dernier trimestre de l'année qui souvent entraîne vers des bouclages, les personnes arrivent peut-être déjà quasiment à bout.

  • Speaker #0

    Oui, on l'a dit, on rajoute à cette espèce de cocotte minute géante la charge mentale des préparatifs, le manque de sommeil, le stress, les repas riches, l'exposition sonore. Tout ça, ça provoque une baisse de notre régulation émotionnelle. Notre cortex préfrontal, qui peut nous aider à réguler nos émotions, à inhiber les réactions, à inhiber l'impulsivité, va se retrouver un peu saturé, dirons-nous. Il passe en mode réactif au lieu de rester en mode réfléchi, impulsif.

  • Speaker #1

    En règle, si on est fatigué et qu'on rejoue les mêmes rôles, où on se remet dans la place, par exemple, de l'enfant ou du gendre idéal, on réactive nos vieux souvenirs et on se retrouve dans un espace surchargé.

  • Speaker #0

    Oui, et dernier facteur qui est un petit peu inconscient, c'est l'obligation d'être heureux. Tu sais, Marie Acaré qui en dégèle à chaque Noël avec sa chanson, les Reines de Noël, les chansons de Frank Sinatra, le Vin Chaud, bon, tout ça, c'est l'image de Noël, c'est l'ambiance un peu idéale. Tu rajoutes à ça les émissions et les films chaque année sur TF1 avec toutes les petites histoires d'amour de Noël. Bon, voilà, tout ça, ça fait une sorte d'ambiance un peu générale. On veut que tout soit parfait, on se dit tout va bien et donc cette injonction va créer une pression énorme. Et plus on veut, plus on projette une soirée parfaite, plus le moindre grain de sable peut déclencher une réaction disproportionnée.

  • Speaker #1

    On attend et on espère le Noël aussi clignotant et aussi rouge et vert que dans nos rêves les plus joyeux. Et alors l'esclandre devient la soupape.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça, l'explosion vide d'un coup tout ce qu'on aurait dû se dire plus tôt. Alors, ce n'est pas agréable, mais finalement, c'est un peu l'aboutissement d'un système saturé.

  • Speaker #1

    Oui, donc, il ne faut pas s'étonner qu'à certains moments ou dans certaines familles, avec toute cette responsabilité à être bien, à être heureux là, maintenant, ensemble, parfois, il puisse y avoir un plat de salade qui vole ou je ne sais quel morceau de dinde qui passe le travers. En tout cas, le moi, moi, le moi. Pendant les fêtes, monde d'identité, fatigue et plaisir d'offrir, tout ça peut être en difficulté pour cohabiter. On a parlé jusqu'ici, Fabrice, de la famille, mais on peut zoomer un peu, parce que dans ce tumulte, dans ces injonctions, dans ces obligations de relation dans la famille, il y a un oublié, c'est le moi, moi, celui qui essaye de tenir, de sourire, d'être parfait. par exemple un peu Nous, on peut se dire, Fabrice, toi et moi, on va être des bons maris, on va être des bons fils, on va être des bons pères. Et puis, on les efface, pas pour autant pendant les faits. Qu'est-ce que tu peux nous en dire ?

  • Speaker #0

    En général, à Noël, tout le monde pense aux autres et très peu pense à soi. On veut donner, faire plaisir, faire bien, faire assez. C'est très bien, mais il faut que ce soit réussi. Cette idée de « il faut que ce soit réussi » , ça pousse à mettre ses besoins en arrière-plan. On court partout. On dit oui à tout, on en oublie même ses propres limites. Didier, j'imagine que tu le vois de ton côté, cette pression d'être un peu irréprochable, cette idée que si on n'assure pas, on gâche le Noël des autres, non ?

  • Speaker #1

    Oui, on le voit, Fabrice, on devient presque tous un petit père Noël personnel. On veut absolument que tout se passe bien. On planifie, on organise, on gère, on se dit ce sera bien, je tiendrai comme ci, je tiendrai comme ça. On essaye de tout préparer pour que tout soit au mieux pour tous.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. et psychologiquement. Ce mécanisme va se baser sur une sorte de règle implicite. Je dois être aimable pour que tout le monde soit bien. C'est très noble, mais ça fatigue.

  • Speaker #1

    Ça met en tension. Alors, il y a la question des cadeaux. C'est un vrai casse-tête. Je mets le stress que ça ne convienne pas, que ça ne plaise pas. Moi aussi, si on me fait des cadeaux complètement à côté, j'ai même le stress d'avoir la tête à l'envers. Mais c'est quoi ce truc que tu m'as acheté ? Mais je ne vais pas avoir envie de le dire pour ne pas me blesser. Il y a la question du budget. Savoir offrir, savoir recevoir. Le cadeau, ça révèle de nous, Fabrice.

  • Speaker #0

    Oui, le cadeau, ça révèle beaucoup sur nous. Ça dit quelque chose de la relation, de l'attente. Ça dit aussi quelque chose de l'importance qu'on accorde à l'autre. Et donc, on a peur de faire mal. Alors, on se prend la tête. Est-ce que ça va plaire ? Des fois, on se demande, est-ce que c'est assez cher ?

  • Speaker #1

    Est-ce que c'est assez cher payé ? Même on pourrait se dire parfois. Si tu ne passes la symbolique psychologique. C'est vrai, quand on offre quelque chose, on espère secrètement une réaction positive. On espère que le cadeau va être réussi et qu'on ne se retrouve pas face à quelque chose qui pique un peu, comme... c'est original, ou alors, je ne m'y attendais pas.

  • Speaker #0

    J'ai l'impression que tu ressens peut-être un peu cette petite appréhension avant d'offrir des idées, non ?

  • Speaker #1

    Tout le monde la ressent. On a envie de faire plaisir, on a envie d'être dans le partage, que chacun soit heureux quand on offre quelque chose. Mais en même temps, il y a des moments où on se dit que l'autre aussi peut être et doit être en capacité de savoir recevoir. L'histoire du cadeau, c'est je te donne, tu reçois, tu reçois, je te donne. Si on est tous bienveillants les uns vers les autres, il n'y a pas de raison que ça se passe mal. Et puis si vraiment le cadeau est complètement à côté, tu sais quoi Fabrice ? On peut en rire, c'est qu'une blague au fond, ce n'est pas très grave.

  • Speaker #0

    Oui, parce qu'en plus, au fond, offrir, c'est demander une confirmation. Est-ce que tu me vois ? Est-ce que tu me comprends ? Est-ce que ce cadeau dit quelque chose de juste sur ce que je suis pour toi ? Et justement, pendant les fêtes, cette dimension va s'intensifier. Tu le disais, le « moi » n'existe plus seulement pour soi, il existe sous le regard des autres.

  • Speaker #1

    On se retrouve dans une tension qui est quasi permanente, entre l'envie de faire plaisir, l'envie d'être reconnu et parfois de ne pas s'affaisser sur la table, roulant de fatigue, parce que tout ça, c'est une charge mentale. Donc, on va avoir envie d'aller se coucher parfois ou de trop manger. Donc, c'est très paradoxal.

  • Speaker #0

    Oui, à force, on se retrouve au service de tout le monde sans aucun retour à ses propres besoins.

  • Speaker #1

    Et on ne s'écoute même plus soi-même. On se dit, ce n'est pas grave, je gère, je m'en occuperai après. Et puis, on termine couché le 26 décembre parce qu'il y a un épuisement.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai.

  • Speaker #1

    Il y a beaucoup d'effets.

  • Speaker #0

    C'est vrai, fatigue, irritabilité, sensation de vide aussi.

  • Speaker #1

    Fabrice, on parle beaucoup des familles qui se retrouvent, qui discutent fort, qui s'énervent parfois. Mais il y a aussi... des moments moins visibles, tous ceux qui ne partagent rien de tout ça. Noël peut créer des moments merveilleux, mais il peut aussi creuser des sentiments de manque où l'isolement, par exemple, sera très fort en décembre et au moment des fêtes en particulier.

  • Speaker #0

    Oui, il faut penser aussi évidemment aux personnes qui sont seules, car tout le monde ne fête pas Noël devant une table pleine avec des lumières et des rires. ce sentiment d'exclusion que... peuvent vivre certaines personnes, auxquelles il faut penser, augmente pendant les périodes justement de Noël, où notre société va valoriser la convivialité.

  • Speaker #1

    Est-ce que ça a un coût à chaque année ? Les fêtes de Noël représentent un budget très important, parfois qui est même impossible de tenir pour certaines familles, entre les cadeaux, les repas, les déplacements. Décembre, c'est synonyme de calcul. Quand une personne ne peut pas offrir comme elle voudrait, elle se ressent là aussi diminuée, coupable. Alors qu'en fait, elle n'a rien à se reprocher. La pression sociale autour de Noël est immense.

  • Speaker #0

    Oui, et on a d'ailleurs une satire avec le fameux « Père Noël est une ordure » . Et justement, si vous vous souvenez bien du film, d'ailleurs, cette comédie, le film montre justement toutes ces vies cabossées que la magie de Noël n'arrive pas à effacer.

  • Speaker #1

    C'est pour ça qu'en fait, peut-être une des modalités pour avancer vers Noël avec plus de quiétude, c'est de garder de la bienveillance, de la simplicité, de se dire que parfois, euh... Il suffit d'un geste vers quelqu'un qui traverse une période difficile pour passer un bon Noël et que cela peut transformer profondément cette période parce que le manque se voit davantage, mais l'attention à l'autre, l'attention aux autres aussi se voit davantage. Peut-être pour conclure à chaud, Fabrice, j'aimerais bien que tu nous donnes un petit conseil pour qu'on se prépare à être tous ensemble le plus heureux possible face à cette pandémie. période de Noël, comment on peut faire pour y aller le plus zen possible ?

  • Speaker #0

    Peut-être en se disant tout simplement que ce n'est peut-être pas le moment de ressortir les vieux dossiers et que peut-être c'est le moment où justement on peut essayer de vivre cette journée un peu particulière de la manière la plus simple possible et dans la bienveillance.

  • Speaker #1

    Alors il nous reste plus qu'à vous souhaiter un bon Noël à toutes et à tous en famille et puis des fêtes de fin d'année les plus que... Joyeuse, on ne peut que vous préconiser de vous mettre dans cette disposition de joie. Tu sais quoi Fabrice, j'ai envie que te... J'ai un témoignage personnel. Moi, j'ai un père qui a 90 ans et qui se lève tous les matins en disant « j'ai la joie de vivre » . Je pense que ce qui est formidable pour passer cette période des fêtes, c'est de se centrer sur quelque chose d'aussi simple en se disant « mais voilà, j'ai la joie de vivre, j'ai entendu une musique, un petit oiseau, j'ai allumé une bougie » . Plutôt que de se prendre la tête, si tu me passes l'expression avec des vieilles rancœurs, Est-ce que tu crois que ça puisse être entendable, ce que je viens de te dire, ou c'est trop simpliste ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas si c'est simpliste. En tout cas, c'est tout à fait entendable. Et je pense que c'est une bonne manière aussi de prendre les choses en se disant que malgré tout, malgré tout ce qui peut se passer dans nos vies ou dans l'actualité, il y a toujours des bons moments. Et puis, la vie, c'est quand même quelque chose de joyeux.

  • Speaker #1

    Et tu te rappelles que l'on dit souvent en thérapie cognitocomportementale que nous ne sommes pas les nuages, nous sommes le ciel. c'est à dire que Si on est focus sur le nuage, on oublie qu'en fait, nous sommes le ciel et que le ciel, il est toujours limpide, immense et qu'il est toujours de retour au bleu. On va terminer comme ça. Je crois que ça nous permet d'aller vers une nouvelle année 2026 sous de beaux hospices, avec des ciels lumineux. Merci Fabrice.

  • Speaker #0

    Merci et de très bonnes fêtes à tous et à très bientôt.

  • Speaker #1

    A bientôt. Au revoir.

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