- Speaker #0
Bonjour et bienvenue sur L'Arrière Boutique, le podcast qui vous invite dans les coulisses de l'expérience retail. Je suis Audrey Gallier, consultante dans les domaines du retail, de l'entrepreneuriat et du développement de marques. Après dix années passionnantes à créer et développer mes boutiques, j'ai envie aujourd'hui de transmettre mon expérience, mais aussi celle de mes invités. Pour cela, je reçois dans ce podcast des personnes inspirantes, qui vous ouvrent les portes de leur boutique pour vous raconter leurs aventures. Je vous livre aussi, dans des épisodes boîte à outils, des pensées et astuces pour vous motiver et vous aider dans vos projets retail. Très bonne écoute ! Fermer une boutique, c'est un moment très fort. Parfois, c'est un soulagement. Parfois, une décision douloureuse. Ça peut ressembler à un échec, à une étape vers autre chose, à une conviction, une joie. Ou même un petit peu de tout ça à la fois. Quoi qu'il en soit, c'est un très grand chapitre qui se tourne, parce qu'on y a mis souvent des années, de l'énergie et des rêves. Derrière chaque fermeture, il y a une histoire, des raisons, des émotions et des apprentissages. Et ce mois-ci, dans la R boutique, j'ai eu envie de donner la parole à deux entrepreneurs qui ont traversé ce moment. Vous allez voir, ce sont deux parcours et deux manières d'aborder la fin et l'après très différentes. Cette mini-série s'appelle l'après boutique, parce qu'après, il y a toujours quelque chose. Parfois de différent, d'inattendu. ou tout simplement plus aligné avec la personne qu'on est devenu. J'espère que ce nouveau format vous plaira autant que j'ai aimé le préparer, parce que j'aime aussi me dire que le podcast peut prendre parfois d'autres visages, et qu'on peut faire des focus sur des sujets qui sont importants à aborder. Et justement, je trouve que parler de fermeture, c'est important, parce que c'est des moments forts et nécessaires qu'on traversera tous les uns et les autres. Et j'avais donc à cœur d'ouvrir la parole et le dialogue là-dessus.
- Speaker #1
Aujourd'hui, je pars à la rencontre de Marie, la fondatrice de la supermarchette. Marie avait ouvert sa boutique en 2017. C'était un petit écrin rose, en plein quart de Paris, dédié aux produits fabriqués en France. Elle l'avait imaginé comme une boutique de souvenirs pour les touristes qui voulaient ramener un objet français avec une âme, pas un bibelot sans histoire. Un projet à son image, créatif, sincère et un peu rêveur aussi. Mais assez rapidement, la réalité du commerce l'a rattrapé.
- Speaker #0
La solitude,
- Speaker #1
la fatigue, les charges, la pression quotidienne. Le plaisir s'est transformé en une usure, et la boutique qu'elle avait tant rêvée est devenue un poids. Dans cet épisode, On revient ensemble sur ce moment-là, le moment où on réalise que le projet qu'on a porté de toutes ses forces ne nous rend plus heureux, et où fermer devient un acte de lucidité, parfois même de survie. Marie raconte tout et sans détour.
- Speaker #0
La difficulté de tout porter seule,
- Speaker #1
la perte de confiance, le regard des autres, mais aussi le processus pour se reconstruire, retrouver du sens et du plaisir dans le travail. Elle explique aussi pourquoi, contrairement à ce qu'on entend souvent quand il s'agit d'entrepreneuriat, ça ne suffit pas, selon elle, d'être passionnée et de faire les choses avec du cœur pour y arriver. Aujourd'hui, Marie s'est réinventée. Freelance et créatrice de contenu autour de la brocante et du vintage, elle chine, restaure, crée et a retrouvé un cadre qui lui correspond beaucoup mieux. J'ai adoré cette discussion. C'était un échange très vrai, touchant, plein de recul, qui parle d'alignement, de désillusion, mais aussi beaucoup de courage et de la nécessité de s'écouter. Bonne écoute !
- Speaker #0
Salut Marie ! Salut ! Ça va ?
- Speaker #2
Ça va,
- Speaker #0
super ! Merci de me recevoir chez toi. On est... Très confortablement installée dans ton canapé, très moelleux. C'est vrai,
- Speaker #2
ça me fait trop plaisir de te voir ici.
- Speaker #0
Moi aussi, j'ai enfin l'occasion de découvrir ta magnifique cuisine qui est en travaux cet été. J'ai trop hâte de montrer au monde cette cuisine rose merveilleuse. On va parler aujourd'hui de ton aventure avec la Supermarket, qui aujourd'hui a un visage un peu différent du projet initial. Est-ce que peut-être déjà tu peux nous raconter qui tu es ? Ouais,
- Speaker #2
alors je suis Marie, je m'appelle Lasupermarket sur Instagram et à la base Lasupermarket c'était ma boutique de souvenirs fabriqués en France et de produits français fabriqués en France. J'ai lancé ce projet en 2017 et aujourd'hui effectivement comme tu l'as dit il a bien changé. À part ça, mes passions dans la vie c'est genre mon petit chien, la brocante, Euh... voilà... Je suis passionnée de plein de trucs, j'aime fabriquer des choses et je me questionne beaucoup sur mon parcours entrepreneurial. Je suis trop contente de parler de ça avec toi aujourd'hui.
- Speaker #0
Ça va être hyper intéressant. On a déjà un peu commencé en off à se dire des trucs hyper intéressants. Et donc ce parcours entrepreneurial, est-ce que tu peux nous l'expliquer déjà rapidement dans les grandes lignes aussi ?
- Speaker #2
Moi j'ai fait un parcours hyper classique. J'ai fait une prépa et une école de commerce à la sortie du lycée, donc hyper classique. Pour les gens qui se retrouvent dans la situation d'entreprendre, il faut quand même beaucoup avoir suivi ce parcours-là. Et j'ai bossé dans la com et dans le milieu de l'art contemporain au début de ma carrière, je mets des guillemets. Et puis je me sentais très mal au travail tout le temps en fait, enfin je me sentais déjà très mal dans mes études, je me sentais déplacée par rapport à ce qui m'intéressait. Et tout le temps on me disait mais tu vas réussir à travailler dans le milieu que t'aimes et à faire des choses un peu sérieuses. C'est un peu l'argument de mes parents, tout ça. Et en fait, même en travaillant dans un milieu que j'aimais, le fait de faire quelque chose d'annexe, ça ne me plaisait pas. Et j'ai fini par bosser chez TF1 pendant un petit temps. Et en fait, c'était vraiment la goutte d'eau. C'était une chouette entreprise pour plein de raisons, mais c'était aussi un cadre qui ne m'allait pas du tout. Et à la fin de cette expérience-là, j'étais en CDD, donc j'ai pu partir et j'ai décidé que j'allais... J'essayais de faire quelque chose qui m'allait mieux et c'est à ce moment-là que j'ai ouvert ma boutique. C'était une toute petite boutique qui était rue Rambuteau. L'idée, c'était de vendre des produits fabriqués en France, mais pour les étrangers. Mon constat, c'était de dire que quand tu es un touriste, tu viens du bout du monde, tu arrives en France et tu achètes un vieux béret qui est fabriqué probablement plus près de chez toi que de la France. Je trouvais ça trop dommage. Et donc, moi, je suis passionnée de... D'entreprises françaises tradies, ça me plaît trop ces trucs-là, d'artisanat. Depuis très longtemps, c'est aussi pour ça que j'aime le vintage, parce que j'aime les vieux objets bien faits.
- Speaker #0
Avec une histoire.
- Speaker #2
Le savoir-faire, qu'il y ait des petits gens qui ont fait des choses avec leurs mains derrière les objets qu'on utilise. C'est des petits gens, des grands gens. Ça me passionne. Et du coup, l'idée c'était d'amener ça et j'ai commencé à en parler autour de moi. On m'a dit c'est une trop bonne idée, Made in France était déjà hyper tendance en 2017. Et du coup, je me suis lancée, j'ai cherché un local, j'ai fait un prêt. On pourra parler, moi ça m'intéresse aussi vachement de parler de ce qui m'a permis de le faire parce que clairement je viens d'un milieu où j'étais grave soutenue là-dessus, financièrement.
- Speaker #0
Oui parce que c'est un gros investissement. souvent, je sais pas, t'avais un pas de porte ? Ouais. Et ça, c'est beaucoup d'argent à sortir d'un coup ? Tu te rappelles la somme que c'était ?
- Speaker #2
Je suis très nulle avec les chiffres, surtout quand c'est des chiffres qui me font pas plaisir.
- Speaker #0
Ouais. On a envie de les oublier, ceux-là.
- Speaker #2
Je sais plus si c'est... Je crois que c'était 200... Quelque chose, 200 000 euros, un peu plus. J'ai fait des travaux. Ouais. Ça peut être 300. Non, je crois que c'était 200 000 euros. Non, mais tu vois, ça fait partie des trucs que j'ai effacés de ma mémoire. Je me rappelle que je payais 2800 euros de loyer par mois en plus.
- Speaker #0
Oui, mais tu avais une petite surface ?
- Speaker #2
J'avais tout petit. J'avais 22 mètres carrés en rez-de-chaussée et la même surface à l'étage en stock.
- Speaker #0
Ok, après tu étais dans un endroit hautement visité.
- Speaker #2
Vraiment entre le centre Pompidou et les Halles. Un endroit où il y a énormément de passages et il y a aussi beaucoup de commerce de bouche. Donc c'est pas du tout un environnement où il y avait d'autres boutiques un peu lifestyle, mignonnes et tout. C'était vraiment des falafels, des glaces, des petits bistrots.
- Speaker #0
Et ça t'as senti que ça te desservait ?
- Speaker #2
Ouais très vite. Alors au début en fait j'ai commencé à regarder un peu les endroits et je me suis rendu compte qu'il fallait quand même que je sois dans un quartier touristique parce que ma clientèle c'était des touristes. la clientèle que je visais. Et en fait, j'ai quand même beaucoup cherché. Ça a duré presque huit mois, je dirais. Et je ne voyais pas grand-chose. Donc, j'avais visité un truc vers le Luxembourg, mais dans un endroit qui était un peu sur le côté des sentiers battus. Ça me paraissait être un endroit un peu planqué. Puis, j'avais visité un peu dans le 18e et tout, mais dans des endroits, pareil, pas vraiment du bon côté de la butte et tout. Et j'avais pas du tout anticipé que ma clientèle, au final c'est ce qui s'est passé, serait essentiellement parisienne. Et donc en fait, moi je voulais être dans un endroit où il y a des touristes qui passent toute la journée. Le rêve pour moi c'était d'être à Abès, avec les boutiques de touristes quoi. Et quand j'ai trouvé ce local, il était vraiment tout près du reste des boutiques de souvenirs. On était quand même pas très loin du Marais et tout, donc je me suis dit, c'est pas mal, mais pour le coup c'était hyper hyper cher quoi. Et il se trouve que mon père, il est entrepreneur, il a une boîte, il fait du bâtiment, donc rien à voir. Mais il m'a grave soutenue financièrement.
- Speaker #0
Il a cru en toi tout de suite ?
- Speaker #2
Ouais, il croyait au projet, il m'a soutenue direct. Et puis en fait, il voyait que j'étais en souffrance, ma souffrance au travail, elle était là depuis longtemps et on en parlait beaucoup. Et ouais, il s'est dit go, on y va, on met les sous. Donc j'avais dû emprunter la moitié peut-être et il m'a prêté le reste.
- Speaker #0
Et toi, quand t'as eu cette idée de cet endroit-là, tout de suite t'as senti une flamme ? T'étais dans une arme à l'être et tout de suite ça t'a réanimée ? Ou c'était à la moitié de la crainte et de la peur et en même temps beaucoup d'enthousiasme ? Ou t'étais 100% à foncer ?
- Speaker #2
Non, j'avais pas peur du tout. Et en fait, j'étais persuadée d'un truc qui est très faux. J'étais persuadée que si tu fais les choses bien, avec du cœur, ça marche. Moi, je croyais vraiment à ça, dur comme fer. Et en fait, je me rappelle, j'avais pris vachement de temps entre mon taf chez TF1 et le moment où j'ai ouvert. J'ai quasiment eu un an et demi. Donc, je bossais dans une boulangerie sur le côté pour me faire un peu de sous, puis voir un peu ce que c'était que le commerce quand même. Et puis, le reste du temps, je réfléchissais à mon projet, j'allais à la bibliothèque, je faisais des recherches, je contactais des fournisseurs. Et en fait, je passais beaucoup de temps sur mon vélo dans Paris à regarder les boutiques et à me dire, non mais lui, tu vois, évidemment, ça ne marche pas, il est en train de fermer, mais parce que Il est au mauvais endroit, sa devanture est moche, ce qu'il vend c'est pas cool. Et à l'inverse, j'allais dans des boutiques et j'étais là, mais eux, tout est bien. Donc c'est pour ça que ça marche. Et en fait, j'arrivais pas à voir qu'il y avait d'autres paramètres qui rentraient en ligne de compte, qui n'avaient rien à voir avec tout ça, dont on pourra reparler. Et du coup, je me disais, ça va marcher, c'est sûr. Et les gens qui me disaient, il faut faire dans ton business plan des choses... très très précise de ton mix produit pour savoir qui va acheter quoi et tout. Je disais maintenant les gars, je vais avoir des produits trop au champ mais une com cool et une boutique mignonne et les gens ils vont venir et ça va marcher quoi. Et en plus le lieu était trop chouette, j'ai fait des travaux. Donc mon père bosse dans le bâtiment donc c'est lui qui a refait ma vitrine. J'ai fait une vitrine rose, j'avais un petit store rose. Ça c'était trop excitant, enfin j'ai bossé avec un pote qui était archi, on a tout choisi ensemble, on a tout fait avec des produits français. C'était trop magnifique.
- Speaker #0
Tu as aimé ce moment de préparation ?
- Speaker #2
Oui, la déco,
- Speaker #0
c'est un truc.
- Speaker #2
Aujourd'hui, je me rends compte que c'est quasiment le truc que j'ai préféré. Ça, faire les vitrines, c'était trop bien. J'ai trop aimé réfléchir à comment optimiser la boutique, comment la rendre belle, comment bosser avec des artisans cools. Ça, c'était trop bien. C'était le moment le plus excitant. En fait, tout est possible. Tu dis potentiellement. Dans deux ans, j'en ai six. Et en fait, trop bien, tout le monde avait envie d'acheter du souvenir français fabriqué en France. Et c'est parfait, go quoi. J'avais en tête des boutiques comme Maison Empereur à Marseille, des boutiques plus à l'étranger, mais il y a Fiches Cédis à New York, il y a une boutique à... J'avais vu plein de boutiques dans plein d'endroits, de produits locaux, où moi j'allais vachement. Dès que je voyage, je vais chercher des souvenirs dans ce genre de boutique. Je me disais qu'il y a un vrai potentiel là-dessus.
- Speaker #0
Ça a duré un moment tes travaux ?
- Speaker #2
Non, ça a été hyper rapide. Je pense qu'entre le moment où tu commences à payer ton loyer, tu te bouges. J'ai eu deux mois de travaux.
- Speaker #0
Et toute la partie préparation stratégique, le business plan, tu l'avais fait parce que tu avais acquis les compétences en école ou tu t'es fait aider ?
- Speaker #2
Non, je l'ai fait solo, un peu avec... J'ai une pote qui fait de la stratégie pour des boîtes d'aéronautique. Mais en tout cas, elle avait fait du conseil pendant hyper longtemps. Donc elle, elle m'a pas mal aidée. Et pour le coup, elle, elle était hyper dans le... Elle me disait, il faut que tu choisisses qu'est-ce que tu vas mettre sur chaque étagère pour avoir le bon mix produit et tout. Et moi, j'étais... Je me rappelle d'un dîner lunaire qu'on a eu où j'ai dit en fait, on va pas faire ça. Ça m'allait pas.
- Speaker #0
Ouais.
- Speaker #2
Et après, oui, j'ai utilisé mes compétences d'école de commerce. Et en vrai, le business plan, je lui ai fait dire ce que j'avais envie qu'il dise. J'ai dit, mon panier moyen, ça va être ça. J'ai compté. Il y a tant de personnes qui passent devant la boutique chaque jour. On peut dire qu'il y en a 10% qui va rentrer. Sur les 10%, il y en a 10% qui va acheter un truc.
- Speaker #0
Voilà. Oui, en même temps,
- Speaker #2
il faut y aller.
- Speaker #0
Il faut convaincre le banquier.
- Speaker #2
Mais pour le coup, c'est un truc que je ne me suis pas vraiment posé comme question non plus. qui était genre, c'est quoi la réalité de... du business et j'avais entre le prêt et le loyer, il fallait que je paie à peu près 4600 euros par mois, ça je m'en rappelle.
- Speaker #0
C'était tes charges fixes quoi, sans ta rémunération ? Sans rien. Que t'avais pas anticipé, tu l'avais pas compté ?
- Speaker #2
Non, je m'étais dit au bout de six mois c'est bon, j'avais encore le chômage, il y avait l'ACRE à l'époque donc je touchais le chômage même quand j'avais... Enfin ça a changé maintenant, mais en tout cas à l'époque t'avais... Tu avais ton chômage, même si tu avais une activité dans une société qui était la tienne. Et donc, du coup, je me disais, c'est bon, 4 600. En fait, je n'avais pas du tout saisi ce que ça voulait dire, 4 600 euros par mois. Donc, j'avais six jours d'ouverture par semaine. Combien il fallait que je vende par jour ? Enfin, en tout cas, aujourd'hui, à posteriori, mon père, on en reparle parfois, il me dit, ce n'est pas vrai, tu avais vraiment ce chiffre en tête. Moi j'ai l'impression que j'étais en mode si je vends des trucs tant mieux, je me mettais pas d'objectif, je me disais pas aujourd'hui tu vends deux marinières et un sac. En fait, si je faisais une grosse vente, j'étais trop contente. Et puis si je faisais pas de vente, je me disais c'est pas grave, demain je me rattraperais. J'essayais de pas trop me foutre la pression non plus parce que sinon c'est infernal. Et puis surtout très vite quand j'ai ouvert, j'ai atteint mes objectifs. C'est-à-dire que quasiment le deuxième ou troisième mois, je remboursais mes charges fixes.
- Speaker #0
Donc tu t'étais quand même donné des objectifs finalement ?
- Speaker #2
Je me suis dit c'est bon, un peu inconsciemment tu vois, mais je me suis dit c'est bon ça passe. tranquille,
- Speaker #0
trop bien. Ouais, ce qui est rassurant, effectivement, au début, si tu te dis, bon bah, ok, je peux au moins payer l'argent qu'on me demande, quoi.
- Speaker #2
Et puis, tu fais un premier Noël, j'ai ouvert le 14 juillet, donc tu vois, j'ai eu six premiers mois, puis j'ai fait un premier Noël formidable, où j'ai fait un très très gros mois, un très gros mois. En fait, en gros, je faisais à peu près 5 000 euros par mois, et le mois de décembre, j'ai fait genre 15K, tu vois. Donc en fait, bah, trop bien, ça fait des sous en plus, tu peux racheter du stock et tout. Et puis... Du coup, ça payait vraiment juste juste. Donc assez vite, mon père s'est mis à me faire des apports en compte courant pour m'aider à continuer à investir en me disant de toute façon, les trois premières années d'une boutique, tu ne dégages pas de revenus. Donc on va faire comme ça jusqu'à ce que ça prenne.
- Speaker #0
Et tu le vivais comment ça ? À ce moment-là, tu étais dans l'angoisse ou c'était OK ?
- Speaker #2
Au début, pas du tout. J'avoue, les six premiers mois, c'est hyper excitant. Oui,
- Speaker #0
en même temps, tu es en train de construire quelque chose. Ça prend du temps.
- Speaker #2
Ça marche. Il y a des gens qui viennent. Tu as tes premiers clients. Tu fais tes vitrines. Je dirais, les six premiers mois, c'était hyper excitant.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #2
Après, je bossais quand même six jours par semaine.
- Speaker #0
Oui, parce que tu étais seule. Tu n'avais pas d'aide.
- Speaker #2
J'étais toute seule et je ne fermais que le mardi.
- Speaker #0
OK.
- Speaker #2
Et au début, tu as de l'énergie et tout. Puis, en fait, après, tu es fatiguée. Au bout d'un moment, tu es fatiguée. Donc, tu as vachement de mal à... faire ton sourcing, ma compta, le ménage, tous ces trucs-là, trouver des idées de scénos et continuer à avoir ta famille, tes amis, tes proches.
- Speaker #0
T'es plus dans l'élan du début.
- Speaker #2
Ouais, je pense que ça, ça m'a... Voilà, et puis assez vite, je me suis dit, en fait, je vais pas pouvoir prendre une vendeuse et très vite, je me suis rendue compte que les gens, les clients, parfois... me rendait ouf en fait. Et que ça ne m'allait pas d'être confrontée. Enfin, tous les jours, les gens font des réflexions et en fait, moi, je suis trop sensible à ces trucs-là.
- Speaker #0
Oui, parce que c'est vrai que ça, je pense qu'il n'y a que les commerçants qui le savent, qui peuvent le comprendre à l'instant même où tu l'évoques là, c'est ce genre de réflexion que tu as tous les jours, des trucs improbables. Tu te dis, mais attends, d'où ça sort ça ? C'est un délire ce que tu peux entendre en boutique parfois, mais nous, on avait un carnet et des fois, on se disait...
- Speaker #2
Moi je me rappelle de quelques trucs, beaucoup de gens te disent mais ça marche votre truc.
- Speaker #0
Ça c'est l'enfer,
- Speaker #2
je ne vais jamais dire ça comme un sens. Le dis pas avec incrédulité en tout cas. Beaucoup de gens qui prennent des photos des objets, je dis ça vous intéresse machin. Non non je prends une photo pour le chercher sur internet parce que je veux voir si c'est moins cher.
- Speaker #0
Mais quel manque de politesse.
- Speaker #2
Non mais me le dis pas, fais le. Beaucoup de gens qui me disaient c'est hyper cher vos trucs et tout. Mais pas en mode constructif, tu vois, en mode juste... C'est même pas de la marque. Après, j'étais dans un quartier où il y avait plein de gens qui n'étaient pas éduqués au Made in France, qui s'en fichaient, tu vois, et qui cherchaient pas ça. Et donc, ils comprenaient pas. J'étais dans une boutique de petites choses mignonnes. Et petites choses mignonnes, ça coûte pas cher, tu vois. Et puis après, beaucoup de gens, vous devriez... Moi, c'est le truc qui me rend ouf et que j'essaie vraiment de pas faire avec les gens qui entreprennent. Vous devriez faire ça, il faut faire ça.
- Speaker #0
Les avis non sollicités comme ça.
- Speaker #2
il faut ouvrir tous les jours, il faut être ouvert jusqu'à 21h moi j'étais ouverte de midi à 20h c'est énorme déjà tous les jours, sauf le dimanche le samedi de 10h à 20h et le dimanche juste de 14h à 18h les gens ils me disaient mais il faut ouvrir en continu de 10h à 20h bah en fait non il faut avoir telle marque, mais en fait je sais que telle marque elle marche pas il faut être plus présent sur Instagram faire de la pub, enfin en fait les gens ils te disent tout le temps quoi faire Et en fait... C'est toi qui es dans tes pompes et tu sais ce que tu es capable de faire et bien sûr que tu as des limitations et qu'il y a des gens qui feraient mieux que toi, mais en fait tu fais comme tu peux. Soit tu dis tiens j'ai vu tel truc, j'ai pensé à toi, ça pourrait t'intéresser, mais genre il faut, on dit pas il faut à un entrepreneur, on dit ni à une daronne, ni à quelqu'un qui est malade, on dit pas il faut quand on n'est pas dans les pompes de l'autre personne. C'est un principe de base.
- Speaker #0
Mais même quand on est dans les pompes aussi, c'est...
- Speaker #2
Ah,
- Speaker #0
ça me dérangeait moins quand ça venait d'autres commerçants. Oui, mais il y a quand même aussi pas mal de paramètres qui varient d'un commerce à un autre.
- Speaker #2
La clientèle est différente. Il y avait un mec qui avait une boutique de souvenirs de tout réflérent à paillettes de l'esplanade de Beaubourg qui venait tout le temps me voir et qui me donnait des conseils. J'étais super... Stop.
- Speaker #0
On n'a pas les mêmes clients. Peut-être que potentiellement, il y a d'un voir qui vont acheter dans les deux boutiques, mais c'est pas...
- Speaker #2
Donc ça, ça m'a très vite... J'ai senti que... Et puis, tu vois, mon chiffre d'affaires stagnait.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #2
Je voyais que... Parce que je pense que ça aurait été très différent dans un truc où ça marchait hyper bien, tu vois. Comme ça ne marchait pas hyper bien, ça marchait OK, quoi. Et que je voyais bien que j'avais besoin de rechercher du cash à chaque fois. Et que... Donc après, j'ai plus mon chômage. Donc je me suis payée... et... Le plus petit salaire que je pouvais me payer, je crois que je me payais 1000 euros net ou 800 euros net.
- Speaker #0
Pour pouvoir cotiser un peu.
- Speaker #2
Et puis ouais, pour pouvoir payer mon prêt.
- Speaker #0
Oui, et aussi bien sûr.
- Speaker #2
Tu vois, ma vie quoi. Et je faisais plus rien. Du coup, il n'y avait plus de kiff. Enfin, c'est les premiers trucs que j'ai enlevés, mais plus de coiffeur, plus de voyage avec les copines. Je ne suis pas allée, il y a plein de mariages de mes potes, je ne suis pas allée. Pas de VJF, pas de... Fête d'annives,
- Speaker #0
quand il faut,
- Speaker #2
pas de week-end.
- Speaker #0
Tu te mets dans un décalage total. Déjà, tu es en décalage parce que tu travailles le week-end et que tu n'as plus de dispo. En plus, effectivement, il y a un décalage de niveau de vie.
- Speaker #2
Pas de dîner, pas de brunch. Après, ce n'est pas grave. Je n'étais pas à la rue.
- Speaker #0
Mais tu ressens quand même une frustration obligatoirement.
- Speaker #2
Oui, tu travailles tout le temps. Moi, j'en suis venue à... J'étais vraiment pas contente d'être là. Et donc c'est là que ça a commencé à un peu dégringoler. Et je me suis dit...
- Speaker #0
Ça du coup, tu l'as ressenti assez rapidement finalement ?
- Speaker #2
Au bout de 7-8 mois, je dirais. Les 6 premiers mois, ça allait. Et assez vite, je me suis dit... Au début, je me suis dit, on va voir ce qui va se passer. Et en fait, j'ai vu qu'il ne se passait pas grand-chose. Et j'ai essayé. J'avais pas mal de presse. J'avais bossé dans... les relations presse avant donc j'avais poussé mon communiqué à plein de gens mais bon t'es dans une boutique dont a pas non plus le temps de faire toute la stratégie à fond tu vois mais j'ai eu pas mal de presse et moi j'attendais d'avoir d'être dans un guide en fait je me disais le jour où je serai dans un guide ça va me débloquer plein de clients ce qui est arrivé je pense près de deux mois avant que je ferme mais ça c'est le temps long en fait la boutique t'as pas le temps long et donc... J'ai vachement réfléchi à comment faire pour faire venir des gens. J'ai invité d'autres marques, fait des partenariats avec des gens. J'ai essayé de créer du lien sur Insta, vachement. Et en fait, ce qui s'est passé assez vite, c'est qu'il y a eu le deuxième Noël. En fait, il y avait la crise des gilets jaunes.
- Speaker #0
Il y a eu trois Noëls. Afro, je m'en rappelle.
- Speaker #2
Le premier, ça allait. Le deuxième, ils avaient migré.
- Speaker #0
Ils avaient la grève RATP aussi.
- Speaker #2
Ouais.
- Speaker #0
Tout l'hiver. Ouais. le premier hiver il y avait la grève après c'était les gilets jaunes après il y avait la réforme des retraites donc là il y avait des énormes manifs c'était le tout début de la réforme des retraites il y avait le début des black blocs je me rappelle j'allais en boutique à pied je marchais une heure pour pouvoir arriver en boutique c'était l'enfer surtout qu'on était dans le même quartier et que ça chauffait à mort moi je me suis fait fermer ma boutique genre 6 samedis dans le mois de décembre les flics ils venaient,
- Speaker #2
non vous fermez puis moi je restais à l'intérieur de ma boutique assise derrière ma vitrine me disant genre je vais pas me faire péter ma vitrine clairement j'étais pas la cible mais tu vois tu as peur au début et après en fait moi je vais pas, toutes ces luttes étaient légitimes mais genre je dis pas que c'est abusé d'avoir fait ça c'est juste que ça a eu un impact j'étais un dommage collatéral de ce truc là et que j'avais pas envie de râler là dessus Mais qu'en même temps, du coup, j'ai eu deux Noëls vraiment merdiques.
- Speaker #0
Ouais. En sachant que c'est des mois où tu fais de la trésor, où ça bouge un peu.
- Speaker #2
Et puis moi j'avais des touristes et c'est le moment où il y a eu les no-go zones, où il y a eu tout Fox News qui était en mode Paris est à feu et à sang. Donc en fait les Américains et les Japonais qui étaient ma plus grosse clientèle, en tout cas les gens qui dépensaient le plus d'argent en boutique, ne sont plus venus. en tout cas ils allaient pas à Châtelet et en fait du coup j'ai vu mon chiffre d'affaires diminuer et là ça a commencé à être vraiment très compliqué j'étais en mode il faut que je me sorte de ce truc là d'une manière ou d'une autre et tout à l'heure juste avant qu'on enregistre tu me disais que assez
- Speaker #0
rapidement t'as ressenti le fait que t'étais pas vraiment à ta place enfin qu'en fait finalement tu vivais pas vraiment ce que t'imaginais vivre ou que c'était pas exactement ce qu'il te fallait ... finalement il y a eu deux aspects il y a eu cet aspect où l'activité a du mal à prendre et parfois c'est normal parce que c'est long et en plus effectivement il y a eu des gros sujets sur la route avec ces Noëls un peu compliqués mais en plus de ça assez rapidement, intimement, t'as été convaincue que c'était pas vraiment le truc pour toi non ça m'allait pas donc les deux combinés c'était un peu qu'à t'en
- Speaker #2
Puis je n'avais pas du tout anticipé que ça ne m'irait pas à ce point-là. Et puis aussi, je m'étais dit que ça allait marcher, j'aurais une vendeuse, je ne serais pas obligée d'être tout le temps dans la boutique, je pourrais faire plus de sourcing, je pourrais faire des trucs plus créatifs.
- Speaker #0
Oui, parce que c'était l'aspect d'être un peu lié à un lieu, de ne pas pouvoir bouger, qui t'a vite pesé en fait.
- Speaker #2
Et puis le côté, la gestion au quotidien, les vols,
- Speaker #0
franchement. Ah ouais, ça c'est dur.
- Speaker #2
Moi, je crois que c'est le pire truc.
- Speaker #0
Tu le prends tellement personnellement.
- Speaker #2
Tu vois, moi je faisais une marge de 2, voire 1,7.
- Speaker #0
Oui, donc... minuscule.
- Speaker #2
Tu achètes un sac, tu le payes 200 balles, tu le vends 300, 350. Tu te fais voler un sac, tu dois 200 balles à la fille de toute façon. Et ça m'est arrivé plusieurs fois sur des gros trucs. Je me suis fait voler de l'argent. Les deux fois où j'ai confié ma boutique à quelqu'un d'autre, cette autre personne s'est fait voler de l'argent et s'est fait voler 200 balles dans la caisse et s'est fait voler l'iPad qui servait à encaisser.
- Speaker #0
enfin c'était les vols c'était j'ai pu mais chialer je comprends nous aussi c'était atroce surtout que souvent t'es seule et puis les gens en fait parfois tu te fais vraiment rouler par des gens où tu t'imagines pas qu'ils vont te rouler et ils te parlent et tu sympathises à la fin tu te rends compte que tu t'es fait juste avoir ils t'ont filé un faux billet de 50 balles les faux billets de 50 balles faut savoir ils circulent
- Speaker #2
Parce que les commerçants qui les récupèrent, ils les remettent dans le circuit. C'est ça. Ils ne les déchirent pas en se disant, c'est pas grave, je vais m'assier sur mes 50 balles. Non, non.
- Speaker #0
Mais c'est très dur, je trouve.
- Speaker #2
C'était...
- Speaker #0
Je me suis fait voler mon portable, moi. Après, j'ai couru après le mec pour le récupérer. J'avais une rage, en fait. Je me disais, mais c'est pas possible.
- Speaker #2
On peut pas... Moi, c'est pas du tout mon caractère aussi. Je suis vraiment une vicosse, en fait. De vraie vie. Non, mais vraiment, enfin... Je ne suis pas une battante. Je ne suis pas une guerrière. Non, mais ce n'est pas grave. Je suis OK avec ça. Mais en fait, je n'ai pas la gnaque. Et quand on me dit un truc méchant, je n'ai pas de répondant. Je suis trop sidérée. Moi, j'étais un peu bully quand j'étais au collège ou au lycée. Du coup, j'ai encore ce truc en moi. Quand tu es méchant avec moi, mon réflexe, c'est que je me ferme et je me cache derrière mon truc. Je ne veux pas te parler. Je t'ignore et je pars.
- Speaker #0
En tout cas, c'est sûr qu'à la fin de la journée, je trouve que c'est Entre toutes ces remarques que tu peux avoir parfois, c'est vol, c'est épuisant. C'est vrai que ça demande vraiment beaucoup d'énergie et c'est pas facile.
- Speaker #2
Je sais pas comment font les gens qui sont vraiment tout seuls. Je me dis quand t'es deux ou que t'as une vendeuse ou que tu peux te reposer sur quelqu'un, c'est formidable. Mais tout seul, tout seul, c'est... Mon mec, il a tout pris. Non, après, en vrai, la vérité. Pour les gens qui me suivaient sur Instagram à cette époque-là, je ne faisais que bicher sur Instagram. Et dès qu'il m'arrivait un truc, dès qu'il y avait une remarque négative, je racontais sur Instagram. En français et en anglais, je faisais mes stories bilingues à l'époque. Je me disais, non mais là, il y a un mec qui m'a dit que je ne faisais pas comme il faut tel truc. Vraiment, les boomers, ce n'est plus possible. Tous les jours, je racontais une histoire parce que j'étais là. Au moins, j'extériorise, j'échange avec les gens.
- Speaker #0
finalement t'étais seule en boutique mais t'avais quand même une communauté derrière et heureusement c'est aussi ça qui porte en fait finalement quand t'es seule mais que tu le fais que t'as une clientèle qui te suit et qui est là qui te soutient t'es quand même portée c'est ça qui a fait que j'ai tenu je pense j'ai créé plein de super belles relations en vrai
- Speaker #2
il y a une une gamine qui venait, qui m'a acheté un jour un panier, je me rappelle. Et après, elle venait tout le temps me voir et elle m'avait dit « J'ai passé les concours de médecine et tout » . Puis après, elle avait été major de sa promo, donc elle m'avait raconté. Après, elle m'avait dit « Je veux passer mon permis » . Puis genre trois mois après, elle est revenue, elle m'a dit « J'ai eu mon permis et tout » . J'aimais trop, en fait, toutes ces relations.
- Speaker #0
C'est vrai que c'est hyper touchant, voir les enfants grandir.
- Speaker #2
Ouais, exactement.
- Speaker #0
Tu vois les femmes enceintes et après, tu vois l'enfant qui se fait ses premiers pas.
- Speaker #2
Une fille qui était venue et qui m'a raconté toute sa vie, qui m'avait dit je vais faire un enfant toute seule et tout. Elle avait galéré, sa fille, après elle est venue avec le bébé. C'est trop bien. Enfin...
- Speaker #0
Et tu suis des parcours de vie trop chouette. Enfin vraiment, il y avait des couples, je me disais « Oh, j'espère qu'on sera comme ça quand on sera vieux avec mon mec et tout. » Enfin non, ça c'était trop bien. Et c'est ça qui te porte et c'est ça qui fait qu'au final, il y a des moments qui sont tellement des moments de grâce, d'échange avec des gens où tu te sens alignée et t'es là. C'est trop ça que j'aime en fait. C'est trop ça que je veux faire tout le temps. Et parfois, il y a des gens qui rentrent dans ta boutique et qui comprennent tout, et qui sont là, j'aime la déco, et j'aime les objets.
- Speaker #1
Il y a un site parfait.
- Speaker #0
Qui s'attendrisent de petits détails. Tu as trop insisté pour que ça soit joli, et personne ne le voit jamais. Et eux, ils le voient, tu vois. Et ça, c'était trop bien. Donc, en fait, tu continues. Tu te dis, ça va finir par venir, et les gens, ils vont me trouver. Puis, à cette époque-là, il y avait d'autres boutiques. Il y avait les gars de Trésor Public à Nice qui faisait Le truc était assez proche de ce que je voulais faire, mais moi j'arrivais pas vraiment à le faire comme eux. Il y avait d'autres gens qui arrivaient, j'étais assez pote avec une fille qui a une boutique qui s'appelle Nouvelle Arrondissement à Aix. Et on se parlait vachement. Elle était en galère et moi aussi j'étais en galère. Et c'est marrant parce qu'elle maintenant sa boutique elle marche hyper bien. Alors qu'elle s'est posé la question d'arrêter en même temps que moi. Et elle me disait j'essaye de vendre, j'arrive pas à vendre. Et moi j'ai dit non moi je peux plus. et elle maintenant ça fonctionne de fou et moi je suis passée complètement à autre chose je trouvais ça trop intéressant et donc je voyais des gens comme ça je disais on va y arriver tous ensemble mais bon je savais que c'était compliqué et en fait le turning point vraiment vraiment c'est que quand il y a eu les grèves j'ai fait peut-être 4 jours ou 5 jours de suite à 0€ c'était vraiment dur et je me rappelle j'étais assise par terre dans la boutique il faisait nuit et je me suis mise à chialer assise par terre et là je me suis dit non on arrête direct et j'étais vraiment pas dans la merde je tiens à le dire parce que c'est aussi hyper important, j'ai beaucoup cru que les gens réussissaient tout seuls à la force de leur volonté et c'est pas le cas et je veux pas me faire croire que c'est le cas, même moi qui ai échoué je n'ai pas échoué seule Il y a vraiment ce truc où je n'étais pas dans la merde. Si j'avais des problèmes, je ne pouvais pas payer mon loyer, je n'allais pas être obligée de vendre mon appart. On n'allait pas saisir mes biens. J'étais soutenue, je savais que je pouvais demander de l'argent à mes parents. C'est quand même trop important de le dire. Oui,
- Speaker #1
c'est bien d'être transparent là-dessus.
- Speaker #0
Moi, j'ai eu de la chance parce que déjà, je connaissais des gens qui étaient dans ce milieu-là. Ça m'a aidée vachement et en plus, j'avais de l'argent. Vraiment, je n'étais pas en stress de ça. Et je partais en vacances. C'était genre la veille de mon départ en vacances. Et je partais à New York. Et on a été confinés une semaine après.
- Speaker #1
Ah,
- Speaker #0
mais non ! J'ai dit, mais très bien ! Quelle opportunité formidable ! Et en fait, on nous a dit, il faut fermer la boutique. Et puis revenir. Et j'étais trop contente.
- Speaker #1
Oui, ça a été un soulagement.
- Speaker #0
J'étais trop contente. J'étais trop heureuse.
- Speaker #1
Ça, c'est aussi un gros signal.
- Speaker #0
J'étais là, ok ! J'avais pas pris de vacances en 3 ans. J'avais pas pris de week-end, rien. Et j'étais là, je peux faire des choses chez moi, toute seule. Bricoler des trucs. Je m'en fiche, je suis pas obligée d'y aller. J'ai pas envie d'y aller, je veux pas en entendre parler. Et là, je me suis dit, ah, c'est bon. Et puis, énorme avantage, c'est pas de ma faute si ça a pas marché, c'est le Covid.
- Speaker #1
il a bon dos il y avait vraiment ce truc où les gens ne vont pas penser que je suis une loseuse parce qu'en fait c'est le Covid oui parce qu'il y a aussi toute cette histoire du regard des autres quand tu décides de fermer pour plein de raisons il y a mille trajectoires différentes mais en tout cas là en l'occurrence c'est que toi tu n'avais pas ta place là-dedans et que tu te sentais plus bien dans ce projet-là mais il y a toujours ce stress de dire mais comment j'arrête qu'est-ce que je dis, à qui je dis, qu'est-ce que vont penser les gens ...
- Speaker #0
Moi, les gens, il y a aussi une question que j'aime pas bien qu'on pose, c'est qu'ils disent « alors ça marche ton truc ? Tu as les gens de ta famille, tes potes, alors ça marche ? » En fait, tu peux pas dire non à cette question. Enfin genre...
- Speaker #1
Faudrait essayer. Non.
- Speaker #0
Enfin, je l'ai fait.
- Speaker #1
Pour mettre la personne bien mal à l'aise.
- Speaker #0
C'est hyper gênant, c'est comme « ça va ? Ben non, tu vois, tu peux pas. Donc demande comment ça se passe, tu vois, enfin genre... Mais alors ça marche ? » c'est vrai qu'elle est dure cette question on continue à me la poser tout le temps et vraiment maintenant je le dis on pose pas cette question et donc la réponse générique c'est ouais ouais ça va mais en fait tu vas à des soirées, tu rencontres des gens et tu passes ta vie à dire ouais ouais ça va alors que ça va pas du tout quoi et en fait du coup il y a très peu de gens qui savent que t'es pas bien que t'as envie de partir et Et du coup, c'est dur de l'annoncer aux gens et ça m'a gravé dès le Covid. Après j'ai passé un an avant de la boutique.
- Speaker #1
Et pourquoi ça t'a aidé ?
- Speaker #0
Parce que c'était une bonne excuse pour les gens à qui j'avais pas envie de raconter mon intimité.
- Speaker #1
Oui le Covid a eu raison de mon commerce. Bon après faut dire que c'est sûr que...
- Speaker #0
Ça n'a pas aidé, j'ai eu aucune aide en plus. J'ai été très mal conseillée par ma comptable qui m'a dit que compte tenu de mon statut je pouvais pas avoir d'aide du tout. Ce qui était faux mais bon c'est pas grave. J'ai touché genre 1000 euros de ma mutuelle pour 6 mois de fermeture, sachant que je continuais à avoir 2800 euros de loyer.
- Speaker #1
T'as pas pu négocier quoi que ce soit ?
- Speaker #0
J'ai négocié, je crois que le confinement m'a fait sauter mon loyer, donc 3 mois. À partir du moment où on a été réouvert, j'ai dû repayer. Là j'ai arrêté de payer mon loyer puisque du coup c'est un peu la suite. C'est que dès qu'on est sorti du confinement, je me suis dit c'est fini. Et donc j'ai cherché un autre boulot. Et je me suis dit, je vais liquider et essayer de vendre. Et donc, en fait, j'ai trouvé un boulot très vite dans un truc qui s'appelle La Ruche, qui dit oui. Et ils m'ont sauvé la vie. C'était trop bien. Je me rappelle qu'à l'entretien, j'ai demandé combien il y avait de semaines de vacances. Et elle m'a dit, il y a cinq semaines de vacances par an. Et j'ai eu les larmes aux yeux. Et elle m'a regardée et m'a dit, tu sais que c'est le minimum légal.
- Speaker #1
Mais merci quand même.
- Speaker #0
Et moi j'étais là genre c'est trop formidable. Je suis passée de 1000 balles de salaire à 2500, 2200 au début. Je ne sais plus. Je suis la pire négociatrice. J'étais là, oui, merci, donnez-moi de l'argent. C'était trop bien. J'étais trop heureuse de retrouver le salariat. C'était formidable. Du coup, le week-end, j'allais liquider la boutique, le stock. Et la semaine, je bossais à la ruche. avec des collègues, j'ai retrouvé des gens avec qui je travaillais, c'était trop bien. Et c'est le moment où je me suis rendue compte de ce que j'aimais dans le travail. J'aime être avec des gens, j'aime bosser à plusieurs sur un projet, j'aime que tout ne repose pas sur moi. Et c'est le moment où je me suis dit, je ne serai plus jamais entrepreneuse, c'est fini. J'aime trop le salariat, c'est ma vie. Et après, j'ai mis du coup quasiment un an et demi à vendre. J'ai perdu beaucoup d'argent.
- Speaker #1
Tu as revendu ton pas de porte ?
- Speaker #0
J'ai revendu mon pas de porte, mais donc... Je ne sais plus combien j'avais payé, mais on va dire que j'avais payé 220 et je crois que je l'ai vendu 150. Sachant que là-dessus, je n'avais pas payé le loyer pendant un an et demi, donc ils ont saisi les loyers là-dessus. Et puis on avait fait beaucoup d'apports en compte courant qui n'ont jamais été remboursés. Encore une fois, j'ai eu beaucoup de chance d'avoir été soutenue par mon père qui a perdu plein de sous. Comme de moi.
- Speaker #1
c'est vrai que parfois quand on est parent c'est pas ça qui importe si t'as vu heureuse dans ce projet il a eu envie de se soutenir je pense qu'il m'a vu surtout très malheureuse il s'est dit oh là là encore elle ne sera jamais heureuse nulle part non
- Speaker #0
mais encore une fois quand j'ai lancé la boutique j'ai écouté plein de podcasts de ses inspirations il y avait Génération XX et compagnie c'est formidable toutes ces filles qui ont eu une idée puis elles l'ont lancée puis pouf ... Il y a un investisseur qui est venu. Elles ont été dans un incubateur. Moi, j'ai été dans un incubateur. Ils m'ont dit, votre idée n'est pas du tout révolutionnaire. Au revoir. J'étais là, OK. Et tu vois, tu t'entends des histoires.
- Speaker #1
C'est vrai que quand tu es en commerce, les incubateurs, ce n'est pas toujours évident. Ils veulent des trucs web.
- Speaker #0
Ce n'est pas disruptif. Si, c'est hyper disruptif. À l'époque de Chine, de faire du Made in France. Et je trouve que, en fait, quand tu creuses un peu ces espèces de success stories, tu vois que... Une telle, son pote d'enfance, il est dans un fonds d'investissement. Un tel, sa mère, elle est directrice de la publication chez elle. Et ce n'est pas grave, c'est fine. Tant mieux.
- Speaker #1
C'est auquel de le dire.
- Speaker #0
Mais en fait, il faut le dire. Parce que quand tu es de dehors, tu as l'impression que c'est accessible à tout le monde. C'est accessible à tout le monde, mais il faut savoir où sont tes limitations et lutter contre et bosser là-dessus et se concentrer. Moi, j'ai été financée par ma famille et j'ai trop de chance, mais il faut le dire. ... Pas que les gens disent « tout le monde peut ouvrir une boutique » .
- Speaker #1
Est-ce que tu penses qu'on ne peut pas ouvrir une boutique si on n'a pas un soutien financier ? C'est sûr que c'est plus compliqué.
- Speaker #0
Je pense qu'on ne peut pas le faire comme moi, je l'ai fait. Tu n'achètes pas un pas de porte à 200 000 balles plus 70 000 euros de travaux.
- Speaker #1
Oui,
- Speaker #0
tu prends une location pure. Tu te fais aider par l'ADI. Il faut aller chercher des fonds ailleurs. se mettre avec un investisseur ou faire une petite levée de fonds du crowdfunding. Ou alors tu testes et d'abord tu fais des ventes sur Internet et puis tu arrives progressivement à faire grossir ton truc. Une fois que ton truc est assez gros, là, tu t'installes dans une boutique. C'est juste, c'est un autre process. Moi, je n'avais pas capté ce truc-là, que j'allais pas arriver avec mon idée et bien la faire, et qu'il n'y allait pas avoir la Terre entière qui allait être en mode... C'est formidable, parce que je n'entendais que des podcasts de gens... Peut-être que mon idée était merdique aussi, mais j'entendais que des podcasts de gens qui disaient « Moi, j'ai une idée, puis je l'ai fait à fond, et puis évidemment, quand tu fais les choses à fond, ça marche. » Non, non, non. Il faut arrêter de dire ça. Quand tu fais les choses à fond et que... tu rencontres les bonnes personnes, tu as les bons financements...
- Speaker #1
C'est les fameux paramètres dont tu parlais tout à l'heure. On en reparlerait tout à l'heure, mais il n'y a pas que la motivation, la passion...
- Speaker #0
Ouais, je trouve que... Et je pense qu'on peut... Et puis, ça a des avantages aussi, puisque moi, clairement, je savais que j'étais protégée par ce truc-là. J'avais pas la gnaque. Encore une fois, c'est pas ma personnalité non plus, mais j'étais pas du tout déterre comme jamais. Tu vois, les moments où j'avais pas envie, j'arrivais en retard... Hum. mais parce que je savais si ça marche pas c'est pas très grave peut-être que ça m'annuit quand je vois mon mec si ça marche pas c'est la fin du monde du coup il y va donc peut-être que c'est aussi je pense que c'est surtout vraiment un énorme privilège mais en tout cas je pense que ce qui est important ce qui serait trop bien c'est que les entrepreneurs soient transparents sur là où ils ont eu la chance du privilège et là où ils en avaient moins là où ils étaient plus challengés et dire la vérité sur ... voilà comment je... J'ai pas d'argent, mais j'ai un réseau de ouf. Le réseau de ouf, ça m'a aidée pour ça, ça et ça. Par contre, sur l'argent, j'ai réussi à en obtenir par ça, ça et ça et j'ai compensé. Ou à l'inverse, j'avais plein de sous, mais mon réseau était cata, du coup, j'ai utilisé tel et tel ressort et tout. Et ça, ça permet... Ou alors, j'avais aucun des deux et en fait, ce que j'ai fait, c'est tel truc, tel truc, tel truc. C'est beaucoup plus transparent que de faire croire que Merci. que les choses arrivent comme par magie oui je suis d'accord qu'effectivement quand t'es biberonné à des histoires comme ça tu te remets toujours en question tu te dis mais attends je vais pas y arriver pourquoi les autres y arrivent pourquoi une telle qui a monté une boutique une fois je me rappelle il y avait une boutique de trucs made in France qui avait ouvert un pop-up je crois et genre il y avait la queue devant et tout et j'étais là quoi et en fait je regarde et le truc avait été c'était une J'ai pris une succursale du groupe L'Oréal qui avait ouvert un pop-up pour vendre des produits, une ligne, enfin je me rappelle plus du détail, mais j'étais là, ah oui d'accord, donc en fait derrière il y a la force marketing de L'Oréal. Et en fait, c'est trop important de le savoir pour pas te sentir... Après peut-être, j'avais aussi beaucoup de défauts qui font que j'étais pas du tout faite pour ça. Je dis pas que j'ai échoué parce que j'avais pas le réseau, c'est pas... Enfin tu vois, je cherche pas d'excuses. Je sais pourquoi j'ai échoué, mais je trouve juste que c'est trop important d'être transparent sur les avantages avec lesquels tu pars. Et même dans ma vie de maintenant, dans mon travail de maintenant, non, je ne gagne pas ma vie avec l'achat-revente de choses que je chine. Il ne faut pas... C'est malsain de faire croire ça.
- Speaker #1
Oui, c'est clair. Parce que ça construit des imaginaires pour les uns et les autres qui sont faux. C'est des choses qui font que tu... Tu te dévalorises aussi, toi.
- Speaker #0
Et puis t'es mal équipée pour réussir, quoi. Parce que tu te lances...
- Speaker #1
Tu n'as pas le bon logiciel, quoi.
- Speaker #0
Tu te lances en pensant que là où t'as des défaillances, en fait, ça marche tout seul. Non ? Et si les gens te disent j'avais de l'argent et que toi t'en as pas, en fait, tu vas dire oula, j'en ai pas, attends, il faut en avoir, je vais trouver des moyens, tu vois. Je vais y réfléchir à ça, je vais rencontrer des gens, tu vois.
- Speaker #1
Enfin,
- Speaker #0
je sais pas. C'est important pour moi.
- Speaker #1
Non, mais je trouve ça très bien. Donc du coup, on te quitte. Tout à l'heure, tu étais nouvellement embauchée, nouvellement salariée et ravie de ce statut. Trop contente. Et aujourd'hui, tu n'es pas salariée encore de la ruche qui dit oui, mais tu as finalement recommencé une entreprise qui s'appelle toujours la Supermarket. Tu n'y fais une boutique. Raconte-nous un peu ce qui s'est passé.
- Speaker #0
J'ai failli à mes ambitions.
- Speaker #1
De super salariée.
- Speaker #0
C'était trop bien. c'était trop bien et du coup en 3 ans j'ai trop trop aimé même la ruche qui dit oui ça t'a réparé un peu ? Typiquement je pense que ma valeur avait été vachement endommagée dans ce truc là de la boutique qui marchait pas les gens qui disent des choses pas très agréables puis t'as pas de résultats financiers puis j'avais quand même des retours des gens mais ça me suffisait pas et en fait je suis arrivé dans cette boîte j'avais une boss formidable Alice que j'aime et tout de suite j'ai compris que Merci. J'étais bien, ce que je faisais s'était valorisé, je comprenais vite, je m'adaptais vite. Et d'un seul coup, je me suis dit en fait, je ne suis pas nulle. En fait, je suis forte, je suis trop forte. Juste, ça ne m'allait pas ce truc parce que je n'étais pas capable de tout porter en même temps. Donc ça, clairement, ça m'a fait trop de bien. Après, j'ai pris en responsabilité, j'ai géré. À la fin, je crois que j'avais 4 personnes. Trop chouette. Donc j'étais vraiment... En plus, j'avais jamais fait de manager des gens et tout. J'avais hyper peur aussi que la boutique, comme c'était une grosse pause dans mon parcours, j'ai arrêté 4 ans et demi. J'avais trop peur que ça me nuise. En fait, oui, en termes de salaire, je suis repartie derrière là où j'étais. J'avais arrêté de bosser, j'étais à 3 500. J'ai repris, j'étais à 2 200. Mais par contre, très vite, j'ai repris... J'ai été augmentée vite parce qu'ils ont vu que j'étais débrouillarde. J'ai retrouvé du boulot facilement. Je me suis sentie capable. Vraiment, ça n'a pas fait... J'avais très peur de ce trou de carrière. En fait, je crois que c'est un peu...
- Speaker #1
Toi, tu l'as vu comme un trou alors qu'en fait, tu n'as pas rien fait. Tu as quand même créé ta boîte.
- Speaker #0
Oui, mais je n'avais pas envie de capitaliser là-dessus. Parce que j'étais en mode... Je ne veux plus être commerçante. donc ce que j'ai appris là c'est à être commerçante et en fait je veux pas être commerçante
- Speaker #1
Donc je ne savais pas comment valoriser ces personnes.
- Speaker #0
Et puis moi j'ai vraiment tendance à croire que tout ce que je fais c'est facile, enfin tout ce que j'arrive à faire c'est facile. Et du coup en fait acheter des choses, les mettre dans une boutique et les vendre c'est facile. Et donc je ne voyais pas trop comment j'allais pouvoir. En fait je m'en suis quand même servi dans mon entretien et tout.
- Speaker #1
Mais tu voyais quand même comme un trou. Ouais. Ok c'est marrant.
- Speaker #0
Mais encore aujourd'hui.
- Speaker #1
C'est marrant je ne sais pas si c'est vrai.
- Speaker #0
Je vois ça comme du temps perdu. Mais bon. Maintenant j'ai fait le deuil, mais je ne regrette pas parce que je ne regrette pas les trucs.
- Speaker #1
Tu n'as pas l'impression d'avoir appris quelque chose pendant ces années-là ?
- Speaker #0
J'ai appris que je ne voulais pas être commerçante. C'était un peu long pour apprendre ça et un peu cher. On s'était demandé d'ailleurs quand j'ai arrêté ça, je me suis dit est-ce que je ne vais pas faire une boutique de fringues vintage parce que c'était ma deuxième passion. Puis j'ai dit non en fait, je peux plus là, j'ai plus l'énergie de relancer un nouveau truc et tout. Non, qu'est-ce que j'ai appris ? Ouais j'ai appris des choses sur moi, mais j'ai pas appris des choses quand t'es tout seule. Je trouve que t'apprends pas beaucoup quoi. Moi j'apprends des autres.
- Speaker #1
Déjà apprendre sur soi c'est pas mal hein. Oui. Je comprends ce que tu veux dire.
- Speaker #0
Non mais j'ai appris des choses sur ma comptable qui m'a engueulée sur la TVA, donc j'ai appris à déclarer ma TVA, enfin j'ai appris des trucs comme ça en vrai. mais je trouve que quand moi j'apprends beaucoup des autres gens qui sont pas comme moi et qui ont d'autres connaissances et qui en partagent tout seul dans ta boutique à faire tes trucs tu te trompes et du coup tu répares et là t'apprends mais c'est très lent comme processus par rapport à la ruche en 6 mois ma boss elle m'a appris à faire des trucs de fou sur Excel j'ai appris comment fonctionnait la gestion de stock avec des petites douchettes tellement plus qu'en 3 ans donc pardon j'ai fait une digression ... Donc, la ruche qui dit oui, ça dure trois ans, c'est trop bien, on adore. Sauf que c'est une boîte qui n'allait pas très bien. Et ils ont fait un gros licenciement économique en 2023. Et il y a 75% des effectifs qui sont partis à ce moment-là. Et donc, j'ai pris un plan de licenciement à ce moment-là. Et je me suis retrouvée reperdue avec rien à faire. Et c'est là que j'ai pris le contre-coup de ce que je te disais tout à l'heure. En fait, j'avais fermé la boutique, j'ai mis hyper longtemps à vendre. Moi, j'ai fini par vendre et tout. Tout ça, je l'avais fait en ayant la ruche à côté, j'avais repris ma vie sociale, j'étais bien. Et c'est à ce moment-là que j'ai vraiment capté qu'il y avait un trou. Du trauma, je n'arrivais pas à me projeter dans d'autres taffes, j'ai saboté un nombre d'entretiens pas possible, j'ai fait des périodes d'essais dans les boîtes où je suis partie au bout de deux semaines en pleurant, dans des crises d'angoisse. Et j'étais perdue, je ne savais pas ce que je voulais faire. J'ai eu trop de chance de trouver La Ruche, mais je pense que c'était pile poil ce qu'il me fallait parce qu'après La Ruche, j'ai vraiment erré. Et j'ai lancé un bilan de compétences en me disant on va voir ce que je peux faire. Et je voyais qu'il y avait un blocage sur réentreprendre, je ne voulais pas. Et en même temps, tout ce que j'aime faire, c'est des choses... Enfin, on va dire que je n'ai pas validé les compétences. suffisante pour faire ce que j'aime faire pour quelqu'un d'autre. Moi, ce que j'aime, c'est faire des vitrines, bricoler des choses, faire des photos, avoir des idées créatives, monter des vidéos, toutes ces choses, chiner, trouver des objets. Et tous ces trucs-là, l'expérience que j'avais, je ne pouvais pas être visual merchandiser au Galerie Lafayette. Je ne l'ai jamais fait, ils ne veulent pas de moi, j'avais déjà 35 ans à l'époque. c'était pas possible tu vois donc je pouvais faire ce que j'avais fait à la ruche donc de la logistique et des achats ce que j'avais fait avant qui était de la com et je n'avais pas du tout envie et du coup je me suis dit je vais quand même essayer de construire quelque chose qui me va et comme j'aime chiner enfin ça a pris très longtemps je te le fais court mais j'ai fait plein de rendez vous avec ma coach et tout et je me suis dit je vais essayer de parler de brocante sur Instagram. C'est comme ça que ça a commencé.
- Speaker #1
Donc tu as redonné naissance.
- Speaker #0
Et c'est là que...
- Speaker #1
Tel un phénix, le compte Instagram.
- Speaker #0
Le compte Instagram de la supermarché a ressuscité, alors que pour moi, c'était rattaché qu'à des choses négatives et je ne voulais pas y aller. Pendant trois ans, j'ai laissé le truc mourir et je n'y allais plus. Et j'ai une copine qui m'a dit, mais réutilise ton compte. Moi, je voulais créer autre chose. J'avais quand même 3000 abonnés dessus, donc je me suis dit, je le reprends. Et voilà, j'ai commencé à parler de brocante sur Instagram. En même temps, j'ai fait des stages chez des brocanteuses et tout. Et donc maintenant, je fais du contenu brocante, enfin seconde main sur Insta. Je vends tous les dimanches des objets que je chine. Et à côté de ça, je fais du freelance, deux jours et demi par semaine, pour des gens qui font de la déco dans des hôtels et des restos et qui sont source du vintage, restaure du vintage. Donc on reste dans cette... Cette zone-là. Et c'est trop bien parce que j'ai réussi à me faire embaucher par des gens qui font un truc que j'adore. Alors que justement, je n'avais pas validé les compétences. Mais je pense que, je ne sais pas, mon compte Insta m'a aidée. Enfin, tu vois, il y a des moments où les choses s'alignent, même sans avoir le super réseau de ouf. Donc voilà, maintenant, je fais ça. Et donc, la supermarché n'est plus un truc négatif pour moi. J'ai plus peur de ce mot. En tout cas, je ne passe toujours pas dans la boutique, tu vois.
- Speaker #1
Ouais.
- Speaker #0
ça c'est dur en plus j'ai vendu à mon voisin qui avait un bistrot ça a été très compliqué la vente il m'a fait des trucs vraiment pas cool sur le prix au dernier moment t'étais accompagnée pour ça ?
- Speaker #1
c'est compliqué, c'est beaucoup d'administratif c'est beaucoup de choses où tu peux te faire avoir sur des petits détails j'avais un notaire et mon daron qui m'a aidée qui a un avocat je
- Speaker #0
sais pas comment on dit un avocat du business qui a regardé un peu non mais moi j'étais dans le déni en fait je veux même pas savoir j'ai vu le truc en fait il y a quelqu'un qui m'avait fait une offre à un prix cool mais qui a mis très longtemps à avoir son prêt et mon voisin m'a fait une offre inférieure mais en me disant moi j'ai le cash tout de suite donc j'ai planté le mec parce qu'on avait dépassé les délais légaux d'obtention de prêt donc il était vraiment pas content du tout mais bon ça faisait 6 mois que j'attendais attendait. Et l'autre, une fois qu'on a signé l'offre, m'a dit, en fait, ton truc, il ne vaut pas ça. Donc, je te fais un prix à 20 000 de moins ou rien. Sauf qu'il me l'a dit une semaine avant la fermeture. Ça faisait déjà deux mois qu'on était en égo sur le reste. Et moi, j'avais juste envie de m'en débarrasser. Donc, j'ai dit, OK, vas-y, c'est bon.
- Speaker #1
Alors, c'est quelqu'un que j'ai vu tous les jours,
- Speaker #0
tu vois. C'était le bistrot à côté. Tous les jours, j'allais chercher mon café chez lui. Il m'a vu galérer, il m'a soutenue, on a fait 12 milliards de soirées chez lui, boire tout le procès de la terre.
- Speaker #1
Ah ouais d'accord, vous aviez vraiment une proximité quoi. Ah ouais donc c'est un sujet émotionnel en plus là.
- Speaker #0
Sa fille venait tout le temps me raconter des trucs, on était proches. Et donc il a repris le truc, il a gardé mon sol rose et ma devanture rose, mais tout le reste il a changé. Et maintenant je ne veux pas repasser dedans. Déjà je ne veux pas le voir lui, mais ce n'est pas de sa faute, il a négocié, fine. Mais moi je suis blessée quoi.
- Speaker #1
Bah ouais normal.
- Speaker #0
Et je ne veux plus voir la boutique.
- Speaker #1
Il a profité du fait aussi que tu étais vulnérable. Oui.
- Speaker #0
Puis je suis une vicose, je l'ai dit.
- Speaker #1
Non, mais franchement, dans ces moments-là, c'est dur de...
- Speaker #0
Il y avait mon daron qui était avec moi et qui m'a vraiment aimé. C'est mon signe.
- Speaker #1
Oui. On passe à autre chose.
- Speaker #0
Je me rappelle que c'est la première fois depuis le début de la boutique où il m'a appelée, il m'a dit ça, l'acheteur. J'ai appelé mon père. J'ai dit franchement, appelle-le. Je ne veux plus parler. Déjà, je pense que parce que je suis une fille et que je suis jeune, et il est vraiment très... T'as ressenti ça pendant tout ton parcours le fait d'être jeune et en plus une femme beaucoup justement tous les commerçants autour c'était des mecs ils passaient leur vie à me faire sentir que je faisais pas le truc correctement c'est insupportable parce que j'ai une sensibilité donc moi je m'attache à des détails qu'ils trouvent nuls et à l'inverse Il y a des trucs qu'eux trouvent hyper importants et ils te le disent. Après, c'est les commerçants des Halles, c'est trop bien parce qu'il y a du franc-parler, c'est un peu Popu, Franchouillard. Il y a ce truc, c'était trop cool. Les mecs en face, ils du falafel. Dès que j'avais une galère, s'il y avait un mec chelou qui rentrait dans la boutique... Ils réappliquaient direct. Mais aussi, ils te disaient un peu « Mais qui est-ce que tu vends là ? Tu crois que tu vas gagner de l'argent avec tes marinières à 120 balles ? » Ils ne captaient pas. Parfois, ils te disent des trucs. Tu captes que... Oui, je l'ai vachement ressenti, mais pas ni avec les fournisseurs, ni avec la banque, ni juste avec...
- Speaker #1
Le voisinage.
- Speaker #0
Et puis des vieux mecs qui passent et qui font des commentaires.
- Speaker #1
Quand une fois, des commentaires que tu n'as rien demandé, tu ne veux pas leur avis. Ça n'a aucun intérêt. Mais ils ont envie de le donner. Voilà.
- Speaker #0
Mais bon, comme dans la vie normale, finalement. Oui.
- Speaker #1
Ce n'est pas faux. Oui. Donc aujourd'hui, super market, moitié finalement, enfin, tu es toujours entrepreneur.
- Speaker #0
Oui, mais alors justement...
- Speaker #1
Je ne sais pas si tu as un mot qui t'a fait... Enfin, dis-moi.
- Speaker #0
Je ne suis pas entrepreneur, je suis slasheuse. Je déteste ce mot. Non, mais je suis freelance. Enfin, en fait... C'est aussi à ça que ça m'a servi. Ce que je disais, c'est que j'ai appris sur moi. J'ai appris ce qui me faisait... Ce qui me rassurait, ce qui m'angoisse, là où je me sens bien, là où je suis hyper à l'aise. Enfin, tu vois, sur Instagram, ça a toujours été un média de communication que j'ai adoré. À la boutique, je partageais tout le temps des trucs et je créais du lien et je parlais avec les gens et j'aimais trop ça. Et ça, je pense que je l'ai toujours gardé en tête, même quand je bossais à la rue je m'en servais moins Je sentais qu'il y avait un truc et j'ai appris ça. J'ai aussi appris que moi, j'ai besoin d'être assurée sur l'aspect financier. Ça me stresse de ne pas gagner d'argent, vraiment. De ne pas être capable de payer mon loyer moi-même. En fait, fine que mon père m'ait aidée, mais quand tu as 30 ans et que tu dois appeler ton père parce que tu aimerais bien partir en week-end et que tu n'as pas de thunes. Ton père ou ton mec, mon mec m'a aidée aussi. Je trouve que c'est tellement dégradant. C'est OK, fine, mais je ne l'ai pas bien vécu. Et du coup, je me suis dit qu'il faut que je gagne de quoi payer mon loyer, ma bouffe et le minimum vital. Donc, j'ai trouvé du taf en freelance et j'ai bien négocié au début. C'était compliqué, mais maintenant que ça fait longtemps qu'on bosse ensemble, j'ai réussi à obtenir quelque chose de carré. Ça paye la base et c'est dur parce que du coup c'est trois jours par semaine où je peux pas faire mes trucs. C'est exigeant parce que eux c'est leur boîte, c'est leur bébé, ils ont envie que ce soit tout bien, tout parfait. Et donc parfois moi je suis fatiguée et je porte des meubles et je rénove des meubles. Il y a des produits chimiques et c'est fatigant. Quand je bosse en présentiel, c'est une heure et demie de route d'ici, donc c'est trois heures de transport dans la journée.
- Speaker #1
Du coup tu fais de la rénovation ? Et de la Chine pour des espaces.
- Speaker #0
Ouais, en fait, donc... T'as le couteau suisse. Ouais, eux, ils bossent pour... Ils s'appellent Dourition sur Instagram. C'est trop bien, ce qu'ils font. Ils bossent pour des hôtels et des restos pour lesquels ils chinent. Ils font de la déco. Ils chinent des meubles, des accessoires, des tableaux. Et donc, ils ont un dépôt avec plein de choses formidables et merveilleuses. Et moi, je les aide à la gestion de l'entreprise au sens large. Donc, je fais à la fois des présentations PowerPoint pour les clients, de la saisie de factures.
- Speaker #1
Ah oui, d'accord, c'est très vaste.
- Speaker #0
Comme j'adore Excel, je leur ai fait un fichier de ouf, avec des couleurs incroyables. Et puis, je fais aussi vider les camions, restaurer les meubles, enfin, genre poncer, reteindre, machin. Et je chine un peu aussi pour eux. Parfois je passe une demi-journée sur le Boncoin à chercher des trucs très spécifiques pour des clients. Et c'est très cool.
- Speaker #1
Tu te sens au bon endroit ?
- Speaker #0
Je ne sais pas, jamais je crois avec le travail. Mais plus, oui. Et surtout, c'est beaucoup de temps, mais ça me laisse quand même deux jours et demi par semaine pour faire mes trucs à moi. Parce que moi, je continue à travailler. 3 jours et demi, parce que je continue à travailler 6 jours par semaine. Ça, c'est pour toujours, je crois. Mais du coup, oui, faire mon Insta, chiner, revendre, mais ça, c'est pas le gros. C'est bricoler, écrire, coudre, faire plein de choses, développer plein de trucs créatifs. Et si une semaine, je n'ai pas envie de poster sur Insta, parfois, ça m'angoisse, mais je ne suis pas obligée. L'argent qui vient par Instagram, il n'est pas nécessaire, nécessaire. Donc, c'est hyper rassurant de te dire que si tu es fatiguée...
- Speaker #1
C'est pas grave,
- Speaker #0
si t'es pas inspirée, c'est pas grave.
- Speaker #1
Ok, et donc pour l'instant, est-ce que t'as des envies ou des projets pour les mois à venir ? Ou tu te laisses naviguer comme ça ?
- Speaker #0
J'ai mis longtemps à me dire que déjà c'était vraiment ce que je voulais faire. Au début, j'arrêtais pas de me dire je vais reprendre un boulot salarié, il faut que je retrouve quelque chose et tout. Là, comme ça fait un an et demi, bon maintenant... Ah oui, j'ai pas dit, j'écris pour un magazine aussi, je chine des choses pour un magazine.
- Speaker #1
Trop bien.
- Speaker #0
une fois par saison.
- Speaker #1
Comment il s'appelle ?
- Speaker #0
Regain. Ah oui. Trop bien aussi comme magazine. Donc du coup, ça me fait deux activités quand même qui sont un peu rémunératrices. mais Le truc, c'est que j'aimerais développer plus mes activités perso, donc éventuellement chiner pour des petits projets, tu vois, soit des gens qui refont leur appart, soit des petits bars, restos qui veulent un peu de déco. Et en même temps, dès que ça repose que sur moi, ça m'angoisse complètement. Donc je pense que j'ai encore vachement les traumas de la boutique parce que j'aime trop le faire pour d'autres gens, mais je me sens pas capable de le faire toute seule. Et pas genre pas capable, je sais pas, chiner, mais genre... Je sais que ça va être trop exigeant moralement et ça va trop me mettre mal.
- Speaker #1
Peut-être mener d'impression.
- Speaker #0
Donc j'aimerais bien le faire et en même temps, mon frère ouvre un resto en février.
- Speaker #1
Où ça ?
- Speaker #0
Derrière République. Et je ne fais que lui dire, t'es sûre que l'emplacement c'est bien ? Franchement c'est beaucoup d'argent, est-ce que t'es sûre ?
- Speaker #1
J'espère que tu ne lui fais pas des « tu devrais faire ci,
- Speaker #0
tu devrais faire ça » . Non mais je le stresse trop, j'étais « t'es sûre cet emplacement vraiment ? » Je suis horrible parce que j'essaie de ne pas lui faire porter mon truc mais en fait moi j'ai... Après lui il bosse dans un resto depuis toujours donc je sais que ça ça va lui aller tu vois il va être un poisson dans l'eau mais par contre j'ai trop peur que ça prenne pas et donc je lui fais sa déco. Trop chouette. Donc ça c'est un gros projet qui me prend beaucoup de temps et si ça se passe bien c'est avec mon frère donc quand je suis un peu en panique je peux lui dire.
- Speaker #1
pour l'instant ça va c'est un bon moyen de se mettre le pied à l'étrier et potentiellement le faire pour d'autres ouais mais après moi j'aime trop travailler avec des gens donc en fait je trouve ça trop cool qu'on soit tous les trois là quand je bosse en freelance ils
- Speaker #0
m'apprennent plein de trucs moi je pense que je leur apporte aussi des choses et c'est trop agréable de se sentir tous aller dans un... enfin parfois à la fin de la journée je me dis c'était trop cool on a fait des trucs trop bien Et toute seule, quand je fais une vidéo qui marche bien et que j'ai 60k sur une vidéo, là j'ai atteint les 10k sur Instagram, c'est pas la même joie. Je suis là, ouais, c'est cool,
- Speaker #1
tu vois. Parce que c'est une joie que tu partages pas avec quelqu'un ou vraiment c'est ce processus de travail ensemble qui te nourrit plus ?
- Speaker #0
Bah, je sais pas, j'ai du mal à être contente que pour moi,
- Speaker #1
tu vois.
- Speaker #0
Genre je suis contente quand on a réussi à faire des trucs ensemble et tout, mais... contente que pour mes trucs et parce que je suis pas très ambitieuse non plus donc j'ai pas d'objectif donc je me dis pas je vais pas gagner ma vie avec l'influence donc je sais pas je me dis oui c'est cool et en même temps à
- Speaker #1
quoi bon quoi au final comme tu disais tout à l'heure le fait que tout ce que tu as construit sur Instagram cette communauté tout ce que tu transmets aussi via ce média là ça peut t'apporter aussi des jolies rencontres professionnelles et pas que d'ailleurs mais ça c'est vrai que peut-être que tu ne mets pas ça en perspective mais finalement c'est quand même un outil de visibilité, de partage qui fait que ça peut quand même te mettre sur ton chemin des chouettes projets quoi.
- Speaker #0
Non en plus ça a été le cas déjà j'ai rencontré des gens trop cool, Flora de Bien Vu que j'adore et qui m'a fait bosser un peu d'ailleurs j'ai fini les petites choses pour certains de ses projets donc... Trop. Et puis parfois, je me dis, et après, c'est quoi ? Peut-être qu'après, ce sera passer à plein temps pour les gens avec qui je bosse. Ce sera peut-être bosser pour une autre agence. Ce sera peut-être partager mon temps entre deux agences. J'en sais rien, tu vois. Donc, c'est sûr qu'Instagram, c'est ma vitrine. Après, j'essaye de ne pas trop le voir comme ça non plus parce que sinon, ça devient trop angoissant de se dire, il faut que... ça reflète ce que je suis capable de faire. Moi, j'aime bien parler de parfois gâteau en plastique.
- Speaker #1
Je pense que justement, ça fonctionne bien quand on est soi-même, mais dans tout. J'ai l'impression qu'à partir du moment où tu restes fidèle à qui tu es, que ce soit bien même en entretien d'embauche. Je n'ai tellement à rien de faire semblant d'être quelqu'un. Tu ne sais pas mieux être que toi. Je n'arrive pas à exprimer.
- Speaker #0
Oui, mais en même temps, ce truc-là, j'en ai vachement douté parce que justement, la boutique, c'était vraiment moi. Et ça n'a pas du tout...
- Speaker #1
Il y a tellement de choses qui peuvent entrer en jeu. Comme tu dis, l'emplacement, le contexte, il y a plein de choses. C'était vraiment toi, mais peut-être que ce n'était pas toi qui devais la faire vivre aujourd'hui. Il a peut-être fallu que tu aies pu savoir quelqu'un en boutique avec qui tu partages ça, mais qui aurait eu vraiment cet amour du travail de commerçant.
- Speaker #0
Au début, on m'avait dit qu'il fallait que tu montes avec quelqu'un, mais je ne voulais faire aucun compromis. Oui,
- Speaker #1
parce qu'il aurait fallu que ce soit vraiment quelqu'un qui soit une sorte d'alter ego.
- Speaker #0
Ça n'existe pas parce que j'ai des goûts trop chelous. Non mais, je pense que ça, ça a été... Maintenant je recommence à prendre confiance parce que je vois que sur Insta ça marche bien, qu'il y a des gens qui aiment ce que je fais et tout. Mais très longtemps je me suis dit en fait, encore une fois cette croyance de si tu fais les choses bien et que ça te ressemble, ça marche. Et bien en fait j'ai dit ça marche pas donc c'est sans doute que... Ce que j'aime en fait ça parle à personne, enfin en fait c'est pas le cas parce qu'il y avait plein de gens sur Insta et tout mais tu vois il y a eu cette espèce de truc qui s'est mis dans ma tête, en fait j'ai eu des gouttes chiottes quoi, en tout cas ça peut pas être la base de mon business parce que ça parle pas aux gens et du coup je pense que ça m'empêche de me projeter dans des gros projets, de me dire mais oui bien sûr je suis capable de faire la déco dans un bar, bah non. Non, parce que la dernière fois que j'ai fait un gros projet comme ça, ça n'a pas marché, tu vois. Même si, au final, ce n'est pas un échec dans l'absolu, mais il y a tellement eu de moments durs et d'émotions négatives liées à tout ça que je n'arrive plus, je n'arrive pas à... Enfin, dans ma tête, je le sais, mais dans mon corps, je ressens trop de peur et d'angoisse. Et je suis trop admirative, j'écoutais Camille de Fleur Fleur Fleur. Mais même, chaque fois que j'écoutais podcast, Camille c'est flagrant, de gens qui disent vas-y on y va et on fait les trucs et on y croit et on est positif et on a plein de projets. Et moi j'ai peur tout le temps, tout le temps, tout le temps.
- Speaker #1
Oui mais après, effectivement il y a des expériences qui sont traumatisantes et qui font que tu cristallises encore plus des angoisses et des peurs. Et c'est normal. Ça met des fois du temps à se libérer de ça. Et puis, c'est aussi... Des fois, tu t'en libères pas totalement. Puis, il y a des personnalités.
- Speaker #0
Oui, c'est ça. Mais il y a des gens qui sont faits pour ça. Plus j'écoute ton podcast, plus je me dis que je ne suis pas du tout faite pour ça. Quand j'écoute les gens, la façon dont ils en parlent... Je crois bien que c'est Camille aussi qui disait que c'est son endroit préféré. Non,
- Speaker #1
si c'est ça. Mais tu sais, je pense aussi à Frédéric de Marcato, parce que tu as dû les connaître, ils n'étaient pas très loin de ta boutique. Et lui, vraiment, tu sens que c'est des commerçants nés, ils aiment être en boutique, ils aiment être en contact avec leurs clients et les équipes. Mais je pense que c'est...
- Speaker #0
Et moi, j'aime ça. Quand j'étais en boulangerie, j'étais la meilleure vendeuse. J'aimais trop les gens.
- Speaker #1
Peut-être que ce n'était pas tes trucs à toi, donc c'est dur aussi de défendre.
- Speaker #0
Moi, je suis une bonne vendeuse, mais je crois que c'est vraiment le côté patronne que je n'aime pas. Parce que par contre, j'adore être dans une boutique, j'adore parler de gens quand c'est pas mes trucs. Oui,
- Speaker #1
mais tu dis comme tout reposait sur toi. C'est aussi ça qui te fait flipper, quoi.
- Speaker #0
Ouais, ouais. Mais je sais pas, ouais. Chaque fois que j'écoute tes podcasts, les gens, ils sont là. Le matin, quand j'arrive à ma boutique, je suis trop contente. Moi, je suis là. Et moi, le matin, je me rappelle, j'arrivais. J'étais tout le temps en retard parce que je voulais pas y aller.
- Speaker #1
Ouais, t'avais la boule au ventre.
- Speaker #0
J'avais la boule au ventre de fou, j'avais pas envie d'ouvrir. Ça me saoulait trop, c'était le... bazar parce que j'avais plus envie d'y être donc dès que c'était fini je partais tu vois enfin faire le ménage c'était trop relou enfin ouais c'était horrible je suis trop contente que ce soit fini mais ouvrir une boutique je veux décourager personne mais aussi je trouve que c'est important parce que je te disais en off tout à l'heure moi j'avais pas anticipé ce que ça allait être que la boutique d'ailleurs j'avais écrit un ... un article, je sais pas si tu l'as lu, sur un magazine qui s'appelait Retard, qui existe plus maintenant, en ligne, sur ce que c'était qu'être commerçante, et j'avais écrit tout un truc que... Ouais mais c'était il y a hyper longtemps, c'était quand j'avais encore la boutique Non je crois pas que j'ai vu. Mais du coup je voulais aussi un peu désacraliser ce truc là, parce que je trouve que être entrepreneur c'est hyper glamour Ah ouais je suis d'accord,
- Speaker #1
il y a une romantisation même du commerçant, genre t'as la boutique, tu te fais ton petit thé, tu mets la musique, les gens sont gentils, non c'est pas exactement ça, faut vraiment...
- Speaker #0
Et du coup j'avais écrit un article genre hyper vénère, c'était un média un peu de girl badass, un peu vénère. Et donc j'avais écrit l'article, j'avais envoyé, j'avais dit est-ce que ça vous intéresse de partager ça ? Et en fait je trouve qu'il faut dire aussi, moi il y avait plein de choses que j'avais pas anticipées, que je savais pas que ça allait arriver. Et c'est pas genre faire les commandes, faire la compta, faire les vitrines, c'est pas ça qui est dur tu vois. ce qui est dur c'est Faut avoir une vraie carapace parce qu'il y a des gens qui te disent des trucs vraiment relous. Faut être un peu vénère parce que, comme tu dis, faut courir après les gens qui te volent des trucs. Faut être méfiant parce qu'en fait, une fois sur deux, on peut t'entourlouper.
- Speaker #1
La technique de faire la monnaie, il y avait une technique comme ça, ils te faisaient faire la monnaie et puis ils t'entourloupaient, ils te récupéraient des trucs dans ta caisse sans que tu t'en rendes compte.
- Speaker #0
C'est comme ça qu'elle s'est fait voler de son mal. La fille à qui j'avais... Pour le coup, je capte les gens. Je les voyais, les gens qui rentraient. Après, j'avais une boutique qui vendait des marinières et tu avais deux mecs de 60 ans qui rentraient. Qu'est-ce que vous faites là ? Si ce n'est pas pour me faire la morale... Tu les captes les gens, mais parfois non.
- Speaker #1
Des fois,
- Speaker #0
tu as raison. Tous ces trucs-là, tu ne le sais pas quand tu ouvres une boutique.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Et il y a des gens à qui ça va super bien. Et puis il y a des gens qui, comme Stella, qui traversent des trucs difficiles et puis après qui arrivent à faire des choses formidables.
- Speaker #1
Je pense que ça ne peut pas être linéaire, de toute façon.
- Speaker #0
Non.
- Speaker #1
Tu es obligée de passer par des moments de désert, d'anxiété totale. Mais bon, j'ai l'impression que...
- Speaker #0
dans la vie comme dans la vie globalement comme dans toute gestion d'entreprise globalement mais oui je pense que je pense qu'on sait quand on est salarié on croit trop que c'est trop bien de pas être salarié parce que je serais pas obligée d'être là jusqu'à 18h30 et j'aurais pas un patron qui me dit ce qu'il doit faire mais en fait c'est trop bien je capte mais moi je trouve que c'est trop bien d'avoir un patron qui te dit quoi faire s'il est pas toxique et relou tu vois que quelqu'un te dise ce que j'attends de toi c'est ça et si tu l'as fini à la fin de la semaine c'est trop cool si t'as besoin d'aide j'étais dans un environnement extrêmement bienveillant à la ruche où vraiment tout était mis en place pour que le travail se passe de façon formidable mais je trouve que ce qui est dur aussi quand t'es tout seul c'est que c'est dur de prioriser t'as personne sur qui te reposer quand t'arrives pas à faire un truc si t'arrives pas à te motiver tant pis pour toi Moi, je le vois, même encore aujourd'hui, quand je bosse en freelance, je suis dix fois plus efficace que quand je bosse pour moi. Parce qu'ils m'ont demandé de faire un truc, je le fais, en fait. Moi, je dois faire des trucs, ça fait trois semaines qu'elles sont dans ma tout doux. J'ai pas envie, je le fais pas. Et ça, faut pas le négliger. C'est une discipline de fou, faut être fort.
- Speaker #1
Faut bien se connaître, et savoir là où tu peux relever le défi, et là où ça risque de te challenger. Et ça veut pas dire qu'il faut pas y aller quand tu sens que ça peut te challenger, mais c'est bien effectivement d'être clairvoyant. Mais bon, des fois j'ai l'impression que c'est un peu dur, c'est un peu comme quand tu vas être parent, tu te dis, ben en fait, tu sais, j'en ai te raconte comment ça va être, et tu t'imagines, mais en fait, tant que tu l'es pas, tu sais pas. Et des fois, il y a des expériences par lesquelles il faut passer pour pouvoir en retirer et capter si vraiment, ça te va, ça te va pas, enfin je sais pas.
- Speaker #0
Mais je me pose grave cette question, tu vois, je me pose grave cette question de comment j'aurais pu faire pour pas... que ça m'arrive parce qu'en fait tout le monde avait dit t'as qu'à ouvrir un pop-up mais moi je voulais faire des trucs pour les touristes donc en fait un pop-up ça marche pas parce qu'il faut que les gens puissent prévoir leur donc je sais pas comment j'aurais pu tester parce que justement bosser pour d'autres gens c'est pas pareil comment j'aurais pu savoir à part en le faisant je sais pas je crois qu'à un moment il faut se mettre en action faire et puis bon juste faut le faire à la hauteur d'un truc qui vous met pas trop dans la merde tu vois Je pense qu'il faut avoir une porte de sortie. Moi, mon conseil numéro un, personne ne m'a demandé, mais...
- Speaker #1
Mais c'est bien parce que j'allais y venir, donc j'ai pas besoin de te demander.
- Speaker #0
Ça y est, je commence. Il faut ? Non, il faut pas. Non, mon conseil numéro un, c'est le pas de porte, c'est une mauvaise idée. J'ai dit ça à mon frère, il s'en fiche. Il a pris un pas de porte à la peau des fesses. Mais je sais que les endroits, les locaux avec de la location pure, souvent, ce n'est pas forcément les meilleurs.
- Speaker #1
Tu payes un peu plus cher ta location, mais effectivement, tu n'as pas tout cet argent.
- Speaker #0
Moi, j'avais le souvenir que je n'avais vu que des trucs dans des endroits absurdes. Mais je pense que ça a changé avec le Covid et tout.
- Speaker #1
Nous, on avait eu une location pure. Mais c'est bon. En fait, ça nous a mis beaucoup plus de temps à trouver. Parce que c'était un critère qu'on ne pouvait pas de toute façon...
- Speaker #0
avoir un pas de porte moi je pense que ça un bail 369 quand tu as jamais été commerçant franchement non mais le problème c'est que tu as pas un ton autre option c'est le bail précaire et puis souvent ouais ouais non mais je sais c'est dur à en trouver mais bon ouais en tout cas pas de pas de porte enfin voilà au début après C'est beaucoup plus facile de déménager dans un truc plus grand parce que vous gagnez plein de sous que de devoir vendre un truc trop cher parce que ça marche pas, tu vois. Mais après, c'est parce que moi, j'ai pas été assez prudente et donc voilà, je dirais ça.
- Speaker #1
Ok. Est-ce que t'as peut-être quelque chose d'autre que tu veux dire avant qu'on se quitte ?
- Speaker #0
Bah, franchement, merci parce que ça fait trop du bien de... D'en reparler et de me rendre compte que j'ai quand même un peu avancé.
- Speaker #1
Ouais.
- Speaker #0
Je suis plus coincée. Donc merci de t'être intéressée à ça, parce que c'est très différent de ce que tu fais d'habitude.
- Speaker #1
Ouais, mais justement, moi j'ai envie de te remercier aussi, parce que justement, je trouve que c'est important d'avoir ces prises de parole sur les fins d'aventure, sur se rendre compte que c'est peut-être pas fait pour nous, que c'est pas ce dont on a rêvé, que ça se passe pas bien. Et t'as une vraie transparence qui fait que je pense que c'est un épisode qui peut faire du bien à beaucoup de gens, qui peut permettre à beaucoup de gens même de réfléchir, de prendre du recul. Et c'est très difficile de prendre du recul quand t'es la tête dans le truc. Donc j'avais très envie de faire des épisodes comme ça aussi sur les fins d'aventure, sur tous les questionnements qu'on peut se poser, les moments difficiles. Et je suis contente de le faire avec toi, c'est très cool.
- Speaker #0
Tu vois, je réfléchis à ce qui aurait pu m'aider quand j'étais vraiment au plus mal. vraiment je pense que c'est important de se dire que tout passe enfin mais c'est tout pareil dans toute la vie tu vois mais alors premier truc on se met pas dans des situations où on est pris à la gorge mais la mise fin Moi je ne l'ai pas vu venir et j'étais déjà trop mal, alors que je n'étais pas vraiment en danger. Vraiment, vraiment attention à ça. Mais je pense que maintenant les banques sont vigiles, j'en sais rien.
- Speaker #1
En général ils sont assez frileux quand même.
- Speaker #0
Voilà, mais attention à ça. quand même. Moi, on m'a beaucoup dit « teste ton concept » . Moi, je crois pas à ça. Genre, teste ton concept, fais des pop-up, fais des boutiques en ligne et tout. Je trouve que le pop-up peut-être, mais je trouve qu'il y a rien de mieux que de faire le truc en vrai pour savoir si ça marche. Donc, je vais pas donner ce conseil. Et par contre, vraiment... Il y a toujours quelqu'un qui va trouver que ce que vous avez fait c'est cool et qui vous tendra la main pour un autre travail. Déjà juste ouvrir une boutique et la gérer, même mal, je pense qu'en fait c'est plein plein de skills. c'est pour ça que je vois pas de trou moi dans ton parcours non mais c'est dur de quand ça s'est pas bien passé puis j'avais pas envie d'en parler on m'entretient, j'ai dit arrêtez de me parler c'était très chaud en plus,
- Speaker #1
tu venais juste de terminer j'étais dedans,
- Speaker #0
j'ai pas envie, c'était nul en fait mais oui,
- Speaker #1
tu développes je pense que même si ça dure 6 mois peu importe le temps que ça dure quand ça se termine, qu'on est pas content de comment ça s'est terminé c'est bien de le savoir que t'as quand même développé Plein de choses, t'as appris plein de choses et qu'ouvrir une boutique c'est pas facile, c'est pas juste acheter.
- Speaker #0
Mais je trouve que là où c'est dur c'est qu'en fait tu le fais, quand t'es tout seul encore une fois, tu le fais pour tes exigences à toi. Donc en fait c'est facile d'atteindre ses propres exigences, c'est facile de la déco, il fallait que ça plaise à moi et c'est moi qui le faisais. Donc évidemment ça marche. Idem le mix produit, idem la compta, mes standards c'était mes standards. Je ne me suis pas fait rattraper par la patrouille des impôts, donc ça veut dire que j'ai bien fait.
- Speaker #1
Mais c'est vrai que le truc, c'est que quand tu es en commerce, tes standards, c'est aussi les standards de tes clients. C'est eux qui vont acheter. C'est eux qui décident. Oui,
- Speaker #0
mais justement.
- Speaker #1
Il faut réussir à trouver le... Tu vois,
- Speaker #0
comme ça, ça n'a pas marché. Je me dis en fait...
- Speaker #1
Non, mais parce que je pense qu'il y avait quand même, peut-être comme tu dis, l'emplacement d'être entourée de commerces de bouche. En fait, ça ne tire pas vers le haut sur une offre un peu plus lifestyle. si t'es entouré que de commerces qui ont Voilà, une approche un peu similaire. Ça t'aide aussi.
- Speaker #0
Il y a un autre truc que je n'ai pas dit, qui me fait penser à ce que tu viens de dire, c'est que moi, je me suis vachement entêtée. Je pense que je ne pouvais pas faire autrement. Je n'ai aucun regret parce que je pense qu'il n'y a rien que j'aurais pu faire différemment. Néanmoins, on m'a beaucoup dit qu'il fallait que je pivote. On m'a beaucoup dit genre, tu ne veux vendre que du made in France, peut-être que tu devrais vendre un peu des trucs made in China, pas cher aussi pour faire rentrer des gens En fait, écoutez pas ces trucs-là, parce que moi, tout ce que j'ai fait dans ce... Alors, j'ai jamais vendu de Made in China, mais par contre, j'ai fait rentrer des produits que moi j'aimais pas, parce que je me suis dit, ils vont bien se vendre, et effectivement, ils se vendaient bien, mais qui étaient des produits que je trouvais pas jolis, ou pas bien faits. J'ai essayé en me disant peut-être que ça va fonctionner, et je pense que ça fait qu'aujourd'hui, je suis pas 100% fière de ce que j'ai fait. Et oui, ça m'a peut-être permis de gagner 500 euros par mois en plus.
- Speaker #1
Oui, mais ce n'était pas le projet.
- Speaker #0
À l'inverse, si je m'étais posé la question différemment, j'ai commencé à intégrer du vintage vers la fin, mais je pense que j'aurais pu le faire beaucoup plus, en beaucoup plus grand temps. Tu as beaucoup plus de quantité, beaucoup plus de qualité. Là, j'en ai des assiettes à fromage à 5 balles, mais j'aurais pu faire des plus gros trucs. Et je pense que, justement, j'ai... J'ai pas cherché le pivot là où il était, mais après encore une fois, t'es pas clairvoyant.
- Speaker #1
C'est plus facile de le dire à postérieur, c'est sûr.
- Speaker #0
Mais sur le moment, j'y suis pas allée à fond, parce que ça a rien à voir, Love Vintage et tout. En fait, il faut suivre son instinct et pas écouter trop les gens. Quand il y a un doute,
- Speaker #1
il y a pas de doute. Une fois, Driss a dit ça pendant un des épisodes, et je trouve que c'est vrai, quand dans le fond, tu sens un truc. C'est dur de s'écouter parfois, parce qu'il y a besoin de...
- Speaker #0
Mais t'as tellement envie de gagner de l'argent, enfin il y a un moment où tu deviens driveée par ça, moi je me rappelle les gens ils m'achetaient des filets à provision, il y a un moment j'avais genre 800 filets dans la boutique mais c'était le seul truc que je vendais et du coup j'essayais de répliquer ce truc là, ça marchait pas, enfin... C'est trop dur, en vrai. Je ne sais pas ce que j'aurais pu faire différemment. Mais en tout cas, après, il y a des choses... Si vous êtes en train de vous dire pourquoi j'ai fait ça, après, il y a des trucs cools.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Et vous allez apprendre plein de trucs sur vous-même, même si c'est hyper dur. Et derrière, c'est possible de trouver un taf qui est trop chouette, même quand on est un peu plus âgé. Et de retrouver un équilibre et de se rassurer sur l'argent. Ça se reconstruit.
- Speaker #1
Ça peut être des moments de vie.
- Speaker #0
C'est juste ça que je peux dire.
- Speaker #1
C'est bien. C'est porteur d'espoir pour ceux qui vivent des moments un peu difficiles.
- Speaker #0
Et si vous voulez m'écrire à la supermarché pour me raconter vos problèmes, je suis une oreille attentive.
- Speaker #1
Merci beaucoup, Marie. C'était trop cool. C'était un super moment. Et puis, on suit tes aventures.
- Speaker #2
Merci beaucoup pour votre écoute. J'espère que cet épisode vous a plu. Si c'est le cas, n'hésitez pas à le partager et à laisser un commentaire ou une autre sur votre plateforme d'écoute. Ça paraît vraiment rien comme ça, je sais, mais ça m'aide énormément à faire grandir le podcast, à le rendre visible et à faire connaître ces histoires du commerce et de l'entrepreneuriat indépendant. Et si vous ne l'êtes pas encore, pensez à vous abonner à l'arrière-boutique pour ne pas rater le prochain épisode de cette mini-série La Pré-Boutique. Dans deux semaines, on poursuivra cette réflexion avec une autre entrepreneur qui, elle aussi, a décidé de fermer sa boutique. C'est un parcourci très différent, une autre manière d'aborder la fin et l'après. Je vous dis à très vite et d'ici là, prenez soin de vous et de vos boutiques. Ciao !