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L' Arrière Boutique

Le Bon Ton : librairie jeunesse, école de musique et de danse – quand le commerce indépendant devient théâtre de découvertes et d’émotions

Le Bon Ton : librairie jeunesse, école de musique et de danse – quand le commerce indépendant devient théâtre de découvertes et d’émotions

1h35 |31/10/2024
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1h35 |31/10/2024
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Description

Librairie jeunesse, école de musique et de danse : plongez dans l’univers unique du Bon Ton, là où le commerce devient théâtre de découvertes et d’émotions !


Dans cet épisode de L’Arrière Boutique, je pars à la rencontre de Claire Wyniecki, fondatrice du Bon Ton. Elle partage son parcours d'entrepreneure et les réflexions qui ont guidé la création de cet espace où le commerce prend vie sous forme d’une véritable expérience pour petits et grands.


Parmi les nombreux thèmes abordés, Claire nous confie l'importance de construire un univers fort, elle nous parle du rôle du commerçant qui comme un interprète façonne l’atmosphère et fait de chaque visite un moment unique. Nous abordons les défis de l’entrepreneuriat et de la maternité, l’importance de collaborer avec des experts et le travail stratégique qu'est le merchandising pour optimiser sa rentabilité. Claire évoque aussi les moments de doutes et l’importance de garder une énergie sincère pour embarquer ses clients, le tout entrecoupé d’anecdotes marquantes, comme l'incendie qui l’a poussée à réinventer son projet.


Enfin, Claire termine l’épisode en partageant des recommandations de lecture et des ressources pour l’éveil musical des plus jeunes.


Que vous soyez (futur) commerçant, ou simplement curieux de découvrir cet univers créatif, cet épisode vous promet inspiration et conseils précieux !


Bonne écoute 🎶


Retrouvez toutes les personnes et ressources mentionnées dans cet épisode :INFL (Institut National de Formation de la Librairie) / Agence Link / Helène Lacombe : architecte / Steffi Brocoli : @steffibrocoli / Boutique Klin d’Oeil / ICI Librairie : @icilibrairie / Make My Lemonade / Oh My Cream


Livres jeunesse recommandés :

"Tu vois le jour" par Laurent Moreau (Éditions Hélium)

"Les Trois Petits Pourceaux" de la collection Didier Jeunesse

"Les Incroyables" par Clotilde Perrin (École des loisirs)

"Nous traverserons les orages" par Anne-Laure Bondoux (École des loisirs)

Collection "Pirouette" chez Didier Jeunesse


Pour découvrir toutes mes offres d'accompagnement, ressources et conseils pour commerçants, rendez-vous sur mon site l'Arrière Boutique !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Audrey bis

    Bonjour et bienvenue sur L'Arrière Boutique, le podcast qui vous invite dans les coulisses de l'expérience retail.

  • Claire

    Je suis Audrey Gallier,

  • Audrey

    consultante dans les domaines du retail, de l'entrepreneuriat et du développement de marques. Après dix années passionnantes à créer et développer mes boutiques, j'ai envie aujourd'hui de transmettre mon expérience mais aussi celle de mes invités. Pour cela, je reçois dans ce podcast des personnes inspirantes qui vous ouvrent les portes de leurs boutiques pour vous raconter leurs aventures. Je vous livre aussi, dans des épisodes boîte à outils, des pensées et astuces pour vous motiver et vous aider dans vos projets retail. Très bonne écoute ! Salut ! Dans ce nouvel épisode, je pars à la rencontre de Claire, fondatrice du Bon Ton, un lieu unique à Paris qui mêle école de musique, de danse, librairie jeunesse et marque d'accessoires pour enfants qui s'appelle Prout Prout. Ce projet est bien plus qu'un simple commerce, c'est un univers fort et audacieux qu'elle a créé, en repoussant les limites du concept traditionnel de la boutique. Avec Claire, on a abordé mille et un sujets, comme par exemple la place centrale que le commerçant occupe dans son projet. Pour elle, c'est un peu comme au théâtre. Tenir une boutique, c'est incarner un personnage, donner vie à un lieu. C'est une véritable performance quotidienne pour attirer et fidéliser, mais aussi pour se renouveler sans cesse. Elle nous partage aussi les moments de doute, ces phases où l'énergie vient à manquer. Claire, elle, les voit comme des indicateurs essentiels de la nécessité de se réinventer. Parce que si l'on n'est pas nous-mêmes embarqués dans notre projet, comment réussir à embarquer nos clients ? On abordera également des sujets très concrets, comme l'importance de bien réfléchir au merchandising pour que chaque mètre carré soit plus rentable, tout en facilitant l'analyse des ventes et l'achat d'assortiments. Claire nous explique aussi pourquoi est-ce qu'elle a choisi de s'entourer d'experts plutôt que de s'associer, et comment ça va lui permettre de garder son indépendance tout en bénéficiant de compétences clés. Et bien sûr, elle revient sur les défis imprévus, comme cet incendie qui a failli tout remettre en question. Comment a-t-elle rebondi ? Quel apprentissage en a-t-elle tiré ? Et à la fin de l'épisode, on prend 10 minutes pour que Claire nous fasse ses recommandations lecture pour nos chers enfants, du plus jeune âge à l'adolescence, et elle va aussi nous parler de ses petits conseils pour tout ce qui est éveil musical. Donc que vous soyez parent ou que vous ayez des enfants dans votre entourage, je suis sûre que ça vous donnera tout un tas d'idées, d'autant plus que Noël approche. Cet épisode regorge donc de conseils et de partages d'expériences très précieux. Bonne écoute ! Salut Claire !

  • Audrey bis

    Salut !

  • Audrey

    Alors aujourd'hui on est au Bonton, on est bien installées au fond, toutes les deux dans une petite salle et on va raconter un peu ton histoire, raconter le parcours du Bonton et je pense que ça va être hyper intéressant parce que c'est un projet méga pluriel. On va commencer d'abord par le début, est-ce que tu peux te présenter s'il te plaît ?

  • Claire

    Donc je m'appelle Claire, j'ai 36 ans. depuis hier. Je suis donc la fondatrice de Le Bon Ton, qui est une école de musique et danse principalement destinée aux tout-petits dès la naissance, et librairie jeunesse. Donc c'est installé à Paris dans le 9e, près de Pigalle-Saint-Georges. C'est un lieu, donc effectivement, le mot pluriel, je ne l'avais jamais utilisé, mais c'est vrai que ça colle. Mais pour moi, tout est cohérent, c'est-à-dire qu'on fait vibrer la littérature de jeunesse avec l'éveil à l'art. Alors l'art scénique, puisqu'on ne fait pas d'art plastique. L'art scénique, donc éveil musical, éveil à la danse.

  • Audrey

    Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur le bon ton ? Quand est-ce que l'idée est arrivée ? Enfin, un peu les étapes clés du développement. Après, on ira un peu plus en profondeur sur le sujet. Qu'on comprenne un peu la jeunesse du projet.

  • Claire

    Oui. Alors, en fait, moi, je suis violoniste professionnelle. Et ça a toujours été clair pour moi que je ne voulais pas être interprète. Mais j'étais en musique-études. Si tu veux, j'étais un peu sur les rails. Enfin, j'ai toujours été vouée à une carrière d'interprète. Et moi, ce que je voulais, c'était écrire. C'était mon obsession depuis que j'étais au lycée. Je voulais devenir critique musicale et donc l'écriture a toujours fait partie de moi et ce qu'on m'avait conseillé, j'avais à l'époque été conseillée, j'ai eu la chance d'être en contact avec le directeur du groupe Bayard qui m'avait dit écoute, soit tu fais une école de journalisme mais c'est pas compatible avec tes études musicales très poussées, avec des heures de travail d'instrument, etc. soit tu rentres par la petite porte et tu deviens très spécialiste dans ton domaine et tu verras, on t'ouvrira les portes, etc. Et donc ce monsieur, j'ai eu de la chance parce qu'il m'a dégoté un stage chez le journal La Croix. J'étais très très jeune, mais effectivement, en même temps, je m'y connaissais très bien en musique. Donc son petit pari a marché parce qu'on... C'est difficile d'être spécialisée dans la musique et la danse. Tout le monde n'est pas spécialisé dans ces domaines-là. Et du coup, suite à ça, je suis très vite devenue pigiste. Et après, j'ai été engagée par Le Parisien Aujourd'hui en France. J'étais leur critique musique et danse, j'ai fait ça pas mal d'années, puis après pour Diapason, etc. Donc j'ai fait assez jeune ma place dans la presse musicale. Je dis ça parce qu'il y avait vraiment cette écriture, l'écriture qui était toujours là. Et parallèlement, je continuais mes études de violon, pas que de violon, j'ai fait beaucoup de culture musicale au sud de Paris, et j'étais à la Sorbonne en musicaux. en master et j'ai aussi fait un master de médiation de la musique. Donc cette formation à la médiation entre le public, qui n'était pas forcément à l'époque le jeune public, ça peut être tous les publics empêchés aussi, enfin le public quoi, tous les publics. Donc voilà, et c'est dans le cadre... Donc j'ai toujours enseigné aussi... A l'époque, quand j'étais au lycée, c'était surtout pour me faire des sous et pour aller chez Zara derrière. Mais voilà, j'ai toujours enseigné le violon et c'est quelque chose qui me plaisait beaucoup. Et aussi dans mon univers, il y a toujours eu une patte très potache, très enfantine. C'est quelque chose qui m'est propre. Donc voilà, à partir de ce tapis... J'ai eu un coup de foudre professionnel quand je travaillais chez Le Parisien. C'était à l'époque le boom des livres-disques pour enfants, qui sont complètement en perdition maintenant suite à l'arrêt du disque. Mais à l'époque, c'était un univers foisonnant. Et forcément, comme Le Parisien est un gros média, il y a tous les éditeurs qui m'avaient sauté dessus. Et j'ai eu vraiment un coup de cœur pour cet univers-là, le rapport musique-texte-image. ça m'a semblé être une mise en scène hyper intéressante. Et donc, je me suis vraiment passionnée de ça. J'en ai fait un master, d'ailleurs, derrière de littérature de jeunesse spécialisée là-dedans. Et je me suis dit, l'écriture pour enfants, le livre pour enfants, notamment musical, mais musical, ça peut être pas forcément le disque. Ça peut être un livre continue ou alors rien que la musicalité du texte. Ça m'a beaucoup intéressée. Et donc, je me suis spécialisée là-dedans. en même temps que j'étais donc musicienne pro. Et voilà, c'est ça qui a fondé un peu tout le bon temps. Donc aujourd'hui, on croit qu'il y a quelque part une librairie jeunesse et une école de musique collée. Mais pour moi, tout est ensemble. C'est tout ce à quoi je... Voilà, tout ce qui me fait vivre.

  • Audrey

    Ok. Et donc, au début, il me semble que tu n'avais pas de lieu qui était propre.

  • Claire

    Au début... Je... Alors, en fait, au début, j'ai... Bon, c'était un souci aussi. Peut-être que je... En fait, j'ai fondé une première boîte en 2017 où, effectivement, je ne m'étais pas donnée de lieu propre. C'était à la fois par côté financier. J'avais pas les investissements nécessaires. D'autre part, c'était peut-être un manque de confiance aussi. Je voulais tester mon truc. Et c'est vrai qu'à l'époque, j'avais été accueillie dans des super jolis lieux. Donc, c'était assez sympa. J'étais au théâtre de l'Atelier, à l'Éléphant de Paname. J'étais aussi à l'Hôtel du Temps. Et puis, je bossais aussi beaucoup en B2B pour des marques. Je faisais des gros événements pour des marques qui me plaisaient à l'époque et qui avaient un peu le vent en poube, genre Balzac Paris, Et Moi Et Moi, etc. Et donc, je faisais ce B2B. Donc j'ai fait ça pendant trois ans. Et puis le Covid est tombé, ça a coupé un peu tout ça. Grosse remise en question de mon côté. Et puis à ce moment-là, je suis aussi devenue maman. Donc le côté itinérant, ça commence à être un petit peu galère les dimanches matins avec mon piano sous le bras, etc. Et donc, je me suis posée. J'ai fermé ma boîte au moment du Covid pour permettre de me poser, de réfléchir. J'ai challengé aussi ma créativité à ce moment-là parce que je me sentais un peu en perdition en faisant des stages d'écriture, plein de choses différentes. Et donc, quand je me suis ressentie d'attaque, J'ai lancé le bon ton, mais cette fois, je me suis dit, en fait... Il faut taper gros, en fait, pour faire... Voilà, il faut faire sa place, s'installer. Oui, plus c'est fini de rentrer par la petite porte, maintenant, je vais taper gros. Donc, lieu, waouh, mais ce n'était pas que le lieu. Je me suis dit, je fais un investissement au niveau de la DA. Je suis allée taper à la porte d'un très, très gros studio de design et de DA, qui est Link Studio, qui ont... énormément apporté parce que j'ai fait exprès de prendre des gens qui ne travaillent absolument pas dans la culture, qui sont des modeux mais j'aimais bien leur côté limite trash des fois quand ils travaillent sur certains voilà notamment ils travaillent pour Christophe et ils ont complètement dézingué le truc et donc j'aimais bien faire cohabiter ça donc je me suis dit mais qu'est-ce qu'ils vont penser d'un projet sur les veilles les tout petits etc et Et en fait, c'était canon, c'est super bien entendu, parce qu'ils m'ont rendu visible l'impertinence que j'avais envie de mettre dedans. Donc, eux ont été très, très, très importants dans toute la patte de D.A. Et puis après, gros coup aussi en étant dans la presse. Voilà, j'ai voulu taper gros. C'était... Parce que sinon, on reste un peu... Enfin voilà, moi toute l'idée c'était de m'asseoir et d'asseoir les veilles culturelles et artistiques pour les tout-petits, qui n'ont pas forcément toujours une place très élégante ou très mode, très branchée, très désirable. Enfin je ne sais pas ce que tu veux mettre comme mot dessus, mais en tout cas, je voulais asseoir ça et en faire quelque chose d'hyper sexy. Aussi parce qu'en tant que jeunes parents, des fois ça fait du bien d'aller dans un truc un peu sexy et pas toujours être dans le truc...

  • Audrey

    C'est bien parce qu'en fait, tu as eu ces trois années où tu as gagné en confiance, où tu as solidifié, tu as observé le retour, les besoins de tes clients, etc. Et donc, je comprends cette envie de dire, OK, ça fait trois ans que je fais ça. J'ai fait ma pause, j'ai retrouvé ma créativité et maintenant, je reprends le marteau et j'enfonce le clou d'un coup. Je fais ça vraiment, je sais où je vais et je sais comment je veux faire.

  • Claire

    Voilà, j'avais déjà testé que clairement... Parce que bon, on a une... J'ai mis en place une... Alors, ça fait un peu prétentieux de dire ça. Je ne sais pas comment le dire autrement. Mais bon, tu as compris. J'ai mis en place une pédagogie un peu particulière. Qui n'est pas quelque chose... Je ne suis pas pédopsychiatre ou neuroscientifique, etc. C'est des choses qui me sont venues naturellement par rapport à mon parcours. Par rapport à je ne sais pas quoi. Mes envies, mes aspirations. Et j'ai vu que mes... Mes contenus marchaient très bien autant auprès des enfants que des parents qui passaient aussi un bon moment, etc. Donc j'ai pu tester ça aussi, j'ai pu tester ma pédagogie, que j'ai renforcée après pendant mes trois années de... Enfin c'était pas vraiment des années de pause, mais mes années de formation, etc.

  • Audrey

    Non, t'as continué en fait à construire le projet tranquillement, en prenant du recul, etc. C'est pas parce qu'on n'est pas dans le... L'action concrète, qu'on n'a pas une boutique ouverte, etc. Ça ne veut pas dire qu'on est en train d'y travailler. Ça prend du temps de le mûrir et ça permet d'arriver à quelque chose qui est plus abouti aussi dans notre tête.

  • Claire

    Sachant que moi, c'est un projet. Donc là, l'aboutissement qu'on voit aujourd'hui, c'est une idée que j'ai eue. J'avais, je crois que j'avais genre 22 ans. Et tu vois, je l'ai ouvert à 34 ans. Et... Et en fait, franchement, j'ai eu des longues traversées du désert, genre de frustration. De frustration à la fois, je n'ai pas les sous, je ne me sens pas capable, je n'ai pas d'associés, en fait, je ne suis pas capable de faire tout seule, des trucs comme ça. Et des fois, je me suis souvent dit, mais heureusement que, en fait, j'ai eu des bâtons dans les roues à tel, tel, tel moment, parce que ça serait ça, il n'y aurait pas ça, ça, il n'y aurait pas ça, ça, il n'y aurait pas ça. Et encore, si ça se trouve, si j'avais ouvert cinq ans plus tard, il y aurait plein de choses en plus, tu vois.

  • Audrey

    Mais t'as senti que c'était le bon moment là ? T'avais fait suffisamment de chemin ?

  • Claire

    Alors c'est venu... En fait je vais être honnête. C'est venu... Il y a un moment tu prends du recul pour te former, pour rebooster ta créativité etc. Moi j'ai commencé à travailler très jeune donc du coup j'avais beaucoup de choses à... Voilà tu prends beaucoup d'automatisme quand tu travailles et des fois c'est bien de... de casser tous les automatismes, de te remettre en danger, etc. Et on n'a pas toujours le temps de le faire dans notre vie. Mais pour être honnête, au bout d'un moment, quand tu recherches, recherches, recherches sur toi, surtout dans une pratique un peu qui est quand même... Aujourd'hui, je suis chef d'entreprise, mais je reste quand même, j'espère, je reste artiste. C'est ce que je suis à la base. Tu peux te perdre au bout d'un moment aussi dans tes recherches et ta raison en question. Donc moi, j'en étais à cette étape-là. Et il s'est passé deux choses. C'est tout bête des fois la vie, mais il s'est passé vraiment deux choses vraiment fondatrices. La première, c'est que je me suis pris un de ces vents par un éditeur jeunesse. Un truc horrible. J'avais écrit un roman. J'avais proposé un roman à l'école des loisirs. Enfin, à plein d'éditeurs. L'école des loisirs me repère. Me dit, en fait, ok, c'est super. L'école des loisirs qui est un peu le Graal. Ils me disent... C'est un roman que j'avais écrit à quatre mains avec une personne. L'école des loisirs nous appelle. Ils nous disent, putain, vous nous avez décoiffé. On adore. Mais le sujet, ça ne va pas du tout. Donc, vous nous réécrivez ça. Ok. Je réécris. Et là, on m'appelle, on me fait En fait, ça va pas du tout. Ciao. Et genre, mais le truc, le truc, mais hop ! Et c'était hyper dur. Hyper dur. Et moi, j'avais encore... En fait, c'était hyper fondateur. Et je me dis Mais merci qu'il me soit arrivé ça. Même si ça m'a fait... tellement pâle.

  • Audrey

    C'est un peu sorrier, tu te rends compte que des fois, il y a des moments comme ça.

  • Claire

    Mais c'est ça. Mais moi, je m'étais tellement battue. J'avais passé tout l'été, j'avais deux bébés, j'avais tellement bossé, j'avais tellement une remise en question. Là, tu t'arrives à un aboutissement, l'école des loisirs t'appelle, te dit que, ok, le roman, nanana. Et là, en fait, non.

  • Audrey

    Non,

  • Claire

    et la porte est fermée. Et en fait, oh putain, ça m'a fait super mal. Et là, je déjeune avec une amie d'enfance, donc qui me connaît vraiment depuis l'enfance, qui est contrebassiste, notamment à l'Orchestre de l'Opéra, à la Garde Nationale. C'est une nana qui est un génie de la contrebasse. Elle est rentrée au CNSM très, très tôt, avant le bac. Elle était au lycée, une nana extra. Et en fait, je dis ça, ça a un lien parce que... En fait, on est quand même habitués dans la musique à se prendre des gros vents, à passer des concours toute notre vie, à rater la plupart des concours. Enfin, je veux dire, l'échec, ça fait partie quand même de nous et même des fois, ça fait très, très, très mal. On sait quand même rebondir. Et en tout cas, je déjeunais avec cette nana, j'étais effondrée. Et là, elle me dit, voilà, moi, en fait, cette nana, c'était un génie de la contrebasse, mais pendant dix ans. Elle a fait que rater des concours pendant dix ans. Elle me disait mais c'était horrible, après je me mettais à tout prendre sur moi, je ratais un métro, je me disais mais t'es une pauvre meuf, je me mettais du mascara sur le côté, je me disais mais t'as raté ta vie, et elle me dit écoute, aujourd'hui je suis à la garde nationale, la garde républicaine, à l'opéra, etc. Le truc dont je suis le plus fière, c'est d'avoir monté mon petit stage de contrebasse et elle me fait clair, t'es faite pour faire des trucs par toi-même, ne pas demander... Et je crois que je m'étais un peu égarée dans cette période de recherche où je me disais je veux plus monter par moi même, je suis pas capable de monter par moi même et du coup j'attends des gens, j'attends qu'un éditeur prenne soin de moi, j'attends que truc truc m'embauche, j'attends que... mais moi je suis pas une personnalité comme ça en fait, je crois que ça ne marche pas quand j'essaye de faire des trucs pour des gens, c'est cata quoi, je suis incapable de rester dans le cadre et du coup elle, elle a commencé à me mettre un tu vois, me relancer. Elle a vraiment été fondamentale. Et après, j'ai ma sœur au téléphone qui me dit Écoute, là, bouge-toi, parce qu'en fait, tu ne vas pas te reconnaître dans dix ans, tu ne vas pas te reconnaître, moi, je ne te reconnais pas. Donc, ok, tu es fatiguée, tu as tes deux bébés, nanana, mais bouge-toi le cul, parce qu'en fait, voilà. Et là, après, moi, j'ai eu la chance d'avoir un mari qui est complètement taré, qui me... qui me... Je crois que... qui est pas du tout comme moi, mais qui me comprend totalement, et qui est aussi fou que moi, parce que là, je lui dis, en fait, je vais me lancer. Il fait, ok, écoute, on va acheter un local, et puis on va y aller, et tout. Et du coup... Alors, il m'aide pas du tout. Alors lui, il n'est pas du tout de conseil sur mon business, etc. Mais il est là derrière. Il soutient pas. Mais pas de problème, ça va faire. Et du coup, je me suis lancée comme ça, et ça m'a... Voilà, mais comme quoi ça peut être des déclics dans la vie qui sont une grosse baffe. Voilà, donc la conclusion de ça c'est ok, c'est bien de se remettre en question. Après au bout d'un moment on s'y perd, donc au bout d'un moment il faut y aller.

  • Audrey

    Mais ouais, et aussi se dire que parfois les signes, c'est pas des signes positifs, ça peut être aussi un échec, une marche ratée, une grosse claque. Et puis ça fait réfléchir et c'est pas qui permet d'avancer.

  • Claire

    Moi j'avoue que... Ouais, mais... très très grosse douleur dans la vie ça a été mes gros steps.

  • Audrey

    Donc si vous êtes en galère,

  • Claire

    si vous écoutez ça, c'est la misère. Des trucs qui font bien bien mal où on se sent bien bien.

  • Audrey

    De choses chouettes qui vont se passer après quoi.

  • Claire

    Ouais.

  • Audrey

    C'est vrai que dans mon histoire pro aussi, on avait eu ça avec mon associé, on s'était pris une grosse gifle quoi. Au moment de créer notre boîte. Et le truc où tu te dis, peut-être en fait je vais arrêter quoi.

  • Claire

    Ouais.

  • Audrey

    Et finalement, pareil. Là c'est parce qu'en plus on était deux, donc discussion etc. Et on a eu un déclic, on s'est dit, en fait non on va pas arrêter, on va travailler trois fois plus dur. Et je pense qu'on a bien fait ce point de cette gifle parce qu'on n'aurait pas pris la bonne direction. On partait dans le mauvais sens. Et donc tu te dis, ok, finalement, je suis capable, je vais le faire, je n'ai pas besoin d'attendre quelqu'un pour le faire.

  • Claire

    Et là, je me suis rendue compte que tout était prêt dans ma tête. On me dit souvent, mais attends, mais quelle énergie pour faire ça. Moi, j'ai l'impression que ça ne m'a pas du tout demandé de l'énergie. En fait, c'était déjà prêt, c'était tout là.

  • Audrey

    Ça a bien mijoté pendant 12 ans.

  • Claire

    Donc vraiment le gros choix c'était d'aller sur un studio design un peu coup de poing parce que j'avais peur de faire appel à la petite graphiste qui allait me faire un truc hyper layette. L'autre truc c'était de faire appel à l'architecte, donc j'ai choisi Hélène Lacombe au final qui n'avait pas... Donc Hélène c'est une architecte... C'est vrai qu'il y a quelques années, on aurait pu dire qu'elle était encore émergente. Aujourd'hui, elle est tellement en train de cartonner que je ne sais pas. Je suis très heureuse pour elle. Mais en fait, Hélène, ce qui m'a plu dans son travail, c'est qu'elle faisait tout en rondeur. Et c'est pour ça que je l'ai choisie, parce qu'en soi, on aurait pu se dire qu'elle n'a pas l'univers du tout coloré. Parce qu'au contraire, elle, elle est très dans les beiges, etc. Mais... Mais c'était son ergonomie, en fait, qui m'a vachement plu. Et on s'est tellement bien entendues sur le projet. C'était tellement fluide. C'était un régal de travailler ensemble. Donc ça, c'était vraiment très important. En fait, je pense que ce qui est important, c'est que c'est ça aussi. J'ai souvent eu, et je pense que beaucoup de gens ont ça, veulent se dire... peux pas partir tout seul, j'ai envie d'être associée. Et moi j'avais, déjà je trouvais pas spécialement d'associée, et en plus de ça j'avais mon mec qui me disait mais non, c'est toi, c'est ton univers, vas-y, tu vas pas filer la moitié à quelqu'un qui connait rien, qui va te mettre des bâtons dans les roues, etc. Et puis, j'ai une amie qui me dit, mais t'es pas obligée d'être associée, mais tu peux bien t'entourer en fait, d'avoir des... des gens, des collaborateurs ponctuels sur des trucs. Et je sais que, par exemple, j'avais été conseillée très gentiment par Fanny Pecioda, qui était la fondatrice de Seasonly et My Little Paris. Et je sais que c'était un peu sa stratégie. Bon, alors, eux, évidemment, c'est énorme. Il y avait plusieurs associés à la base. Mais quand elle veut lancer un truc, par exemple, elle veut monter My Little Gambette, elle prend la directrice machin truc de Dim et elle monte le projet en mode voilà quelques jours de boulot et tac en mode prestataire. C'est intéressant. Et du coup aujourd'hui je bosse vachement comme ça en fait. Je fais rentrer personne dans la boîte. Quand tu me dis on est que deux oui on est que deux avec Morgane mais par contre on a des prestataires qui ont une place importante dans le projet et qui nous permettent de passer des...... Des marches comme ça. Et en fait, tu vois, Hélène, c'est quelqu'un qui a été hyper important. Link, c'est quelqu'un... Enfin, ils sont super importants pour moi. Et ils peuvent encore être référents quand j'ai des questions. Quand je veux refaire un shooting, je fais appel à eux. Voilà. Et il y en a d'autres. Il y a Anne Pascal aujourd'hui qui est mon illustratrice. Anne... Alors, il était question qu'elle rentre dans la boîte. et puis au final j'ai trouvé que c'était pas forcément notre meilleure manière de collaborer donc Anne aujourd'hui elle est l'illustratrice de toute la partie garçon chez Jacques Haddy en interne mais par contre elle est prestataire pour nous et elle me fait toutes mes vitrines, toute ma carterie tout mon prout prout donc...

  • Audrey

    Oui parce qu'on n'a pas encore parlé de prout prout c'est une activité spécialement Oui

  • Claire

    Prout prout bah oui en fait à la base ça partait d'un constat Dans toutes les librairies, on vend un peu de hors-livre. Bon, c'est parce que... On ne va pas se mentir, le hors-livre, ça fait un peu plus de marge que le livre où la marge n'est pas terrible. Et puis, ça crée une petite fantaisie, etc. Mais moi, je n'ai jamais réussi à comprendre. À chaque fois qu'il y a une librairie qui a un coin jeunesse, on se dit, à côté, ils font du Djeiko, je vais faire du Djeiko aussi. Quelle bonne idée ! Et voilà, c'est fait en Chine, etc. Ça n'a aucun impact sur l'identité de la boutique. Donc voilà. Et du coup, j'ai cherché des trucs qui me plaisaient moi en tant que maman. Et ce qui a fait mouche, c'est... Il se trouve que moi, mes enfants, je les habillais avec des pulls qui me rappelaient ma grand-mère, avec des personnages, des pulls en laine un peu ringards avec des personnages. Et ces pulls avaient toujours vachement de succès. Je sais pas, je vais chez le médecin, elle me dit Mais vous avez trouvé où vos pulls ? et tout ça. Et du coup, je me suis dit La mamie à qui je les achète sur Vinted... Ils sont neufs, mais elle vend sur Vinted, etc. je lui ai demandé si elle peut me faire une collection là m'a mis à donf et du coup elle commence à tricoter, c'est une usine à gaz voilà et donc je mets quelques pulls mais à la base c'était juste pour que ce soit rigolo tu vois et là carton total on me commandait plus etc du coup moi je branche Régine j'ai fait Régine et je me suis rendu compte que il y avait un un Déjà, il y avait des mamies qui avaient besoin de compléments de retraite et puis aussi de petits projets dans leur vie, etc. Ça leur faisait super plaisir. Et puis, de l'autre côté, il y a le capital sympathie de se dire que c'est une mamie. Moi, j'en ai deux, dans le nord de la France, une en Bretagne qui tricote leur truc. Et donc, voilà, j'ai mis ça en place. Et suite à ça... Après, c'était mon amitié avec Anne. On a commencé à délirer sur des petits trucs. Enfin, voilà. Pour l'instant, c'est un peu mon petit plaisir. C'est mon petit espace créatif. Un petit laboratoire aussi. Et bon, il faut que... Clairement, c'est pas bien pensé encore en termes de... Parce que je fais tout en France, à la main, dans des petites choses, dans des toutes petites quantités. Donc voilà, c'est pas bien pensé en termes de business, mais je me fais plaisir, je mets de l'identité dans la boutique, etc. Après, ça partait aussi d'un constat, c'est qu'on avait, quand on a ouvert le bon ton, on avait quelques créateurs extérieurs, type Mains Sauvages, qui plaît beaucoup, c'est des doudous en laine. Adada, c'est des peluches un peu haut de gamme. des créateurs, donc Made in France ou Europe, très responsables parce que ça, ça fait partie évidemment de l'ADN du bon ton. Et en fait, ça ne marchait pas du tout. Ah ouais ? Alors, ça va marcher dans la boutique à 3 mètres, mais ça ne marchait pas du tout.

  • Audrey

    C'est parce que les gens cherchaient chez eux, en fait.

  • Claire

    Et en fait, c'est ça. Et ce qui marchait, c'était nos gros délires hyper impertinents, nos jouets vintage, voilà. Et on a eu le malheur d'avoir un incendie qui a tout cramé, on a perdu tout notre stock et il a fallu faire une réimplantation. Et là, évidemment, on n'a pas repris ce qui ne marchait pas. Donc, cet incendie...

  • Audrey

    Encore une fois !

  • Claire

    Le gros coup de poing qui... Voilà, c'est ça. Ça, c'était le 30 août 2023.

  • Audrey

    Attends, donc du coup, est-ce que tu pourrais juste me refaire une petite temporalité, qu'on comprenne quand est-ce que tu as eu les clés, quand est-ce que tu as ouvert, etc., pour qu'on visualise ?

  • Claire

    Alors, j'ai eu les clés en janvier 2022.

  • Audrey

    D'accord.

  • Claire

    Mais on a fait... Enfin, en fait, j'ai pas vraiment eu les clés, j'ai acheté... Alors, moi, j'ai acheté les murs du local. C'était une ancienne épicerie qui était dans son jus depuis les années 70. Et en fait, c'était assez touchant parce que quand j'ai acheté... Le mec avait les larmes aux yeux parce que c'était une histoire familiale. Et tout à coup, il a eu un gros, je ne sais pas, beaucoup d'émotions et beaucoup de peur de vider son stock, de vider tout ça. Et donc, je lui ai laissé jusqu'à l'été 2022 pour finir son magasin, etc. Et moi, de toute façon, j'étais, tu sais, c'est une formation qui est obligatoire quand même quand tu veux faire les choses correctement. J'étais à l'école de la librairie. C'est un passage incontournable. Il y a beaucoup de gens qui lancent des trucs sans faire l'école de la librairie.

  • Audrey

    Tu recommanderais de le faire ?

  • Claire

    Oui, tu ne peux pas vraiment.

  • Audrey

    Ça dure combien de temps ?

  • Claire

    Alors moi, j'ai fait une formation de un an. Donc, ce qui n'est pas du tout suffisant, ça ne m'invente pas libraire. C'est pour ça que je collabore avec une personne qui était libraire depuis dix ans. Sinon, voilà. Mais... C'était une formation, moi j'ai fait la formation de création de librairie, donc c'est plus le côté business, stratégie, etc. Et donc voilà, de toute façon j'étais dans cette formation-là à ce moment-là, et donc j'ai eu vraiment les clés fin août 2022. Et il y a eu quand même très très longtemps de travaux, parce qu'ils ont commencé direct en septembre, et ça s'est fini, ben c'était pas encore fini quand ça a ouvert, donc voilà. Donc ça a fini en avril. Donc on a ouvert en avril. Et avec une demi-vitrine. Les mecs nous avaient...

  • Audrey

    Les ouvertures,

  • Claire

    c'est toujours... Voilà, ils nous avaient livré que la demi-vitrine. Et d'ailleurs, les gens... C'est un concept, ça. J'étais là, mais mon Dieu. Et en fait, les gens croyaient que c'était trop cool, que c'était une vitrine télescopique. Et en fait, non, pas du tout. On avait juste une demi-vitrine. Du coup, les jours où il pleuvait, on ne pouvait pas ouvrir et tout. C'était la loose. Bref. Et... Et donc voilà, on passe le temps et le 30 août, méga tuile, incendie. Et là, tout crame, l'horreur. Et la chance que j'ai eue, c'est que les ouvriers ont pris sur eux de refaire les travaux avant même d'être payés par l'assurance. C'est ça qui est souvent...

  • Audrey

    La même équipe avec qui tu avais fait tes premiers travaux ?

  • Claire

    Moi, c'est... Donc, quand j'ai eu ça, je me suis rendue compte...

  • Audrey

    Mais qu'est-ce que t'as dû halluciner ?

  • Claire

    Ouais, ouais, non mais c'était horrible. Mais en fait, je me suis rendue compte que le gros, gros problème, si tu veux, là, on est plus d'un an après l'incendie, j'ai pas encore touché tous les sous. Ah ouais ? Et en fait, quand t'as pas cette équipe qui est... Enfin, voilà, je les remercie. Donc, quand t'as pas cette équipe comme la mienne de travaux, en fait, les mecs doivent attendre, donc là, plus d'un an pour... commencer les travaux. Donc les locaux restent en friche comme ça pendant des mois et des mois. Et ça c'est la normalité du truc donc tu t'en mets pas en fait quand t'as fermé pendant un an et demi et qu'après tu dois faire les travaux et que... Recompte,

  • Audrey

    retrouver l'énergie pour recommencer alors que...

  • Claire

    Exactement et moi j'ai eu beaucoup de chance parce que les mecs ils étaient prêts à travailler dès le lendemain pour faire le truc.

  • Audrey

    Ça change tout, c'est vrai qu'ils n'auraient pas joué le jeu...

  • Claire

    Après, en fait, c'est parce que aussi, déjà, ils étaient très fiers de ce local, que l'ouverture de ce local leur avait rapporté beaucoup de contrats privés dans le quartier, que ça jasait un petit peu aussi sur pourquoi c'est passé ça, etc. Même si c'était un pur accident ultra bête. Et donc, voilà, ils se sont mis au boulot. Alors, il y avait des légos quand même à respecter, trois semaines, machin. Et puis, je suis tombée sur des experts. On les critique souvent, mais là je voudrais vraiment leur rendre à César ce qui est à César. J'ai eu un expert d'assurance, un mec canon et alors canon, efficace, il était canon aussi. Écoute-moi François si tu m'écoutes. Mais voilà, et en fait cette personne, j'ai pu... Alors petite anecdote mais quand même marrante parce qu'au début en fait quand tu as des... gros, gros pépins comme ça, avec beaucoup, beaucoup de sous en jeu, l'assurance t'attribue aussi un expert d'assuré qui te fait ton dossier. Parce que c'est énorme. Et le premier qu'on m'attribue, je vois le mec arriver qui me dit, vous fermerez... longtemps, longtemps. Et il me fait, les gens qui se désinscrivent, c'est des cons. Il me dit ça, mais c'est peut-être des gens qui veulent faire faire de la musique à leurs enfants. Enfin, je veux dire, ils sont peut-être malheureux pour moi, mais quand même, ils ont envie que leurs enfants fassent machin. Et donc, j'appelle mon expert d'assurance et je lui dis, bah là, il m'a l'air chelou, quand même, la personne. Et il m'a recommandé un mec, c'était un cador, il a tout dézingué, tout de suite. Il a fait, écoute... Déjà, il faut débarrasser ce lieu parce que c'était invivable pour tout l'immeuble. Ça puait, c'était irrespirable, ultra efficace. Et voilà, c'était dans mon malheur. J'ai quand même eu de la chance parce que l'incendie était le 30 août. On a rouvert le 20 octobre.

  • Audrey

    Ah mais ça a été super rapide.

  • Claire

    Ça a été super rapide. Après, du coup, c'était une période lunaire pour moi et pour Morgane. C'est un monde,

  • Audrey

    tu venais à peine d'ouvrir.

  • Claire

    Je venais à peine d'ouvrir et...

  • Audrey

    Morgane, elle a rejoint l'aventure dès le début. Alors

  • Claire

    Morgane avait son contrat un an avant l'ouverture du canton.

  • Audrey

    Ah oui, d'accord, ok.

  • Claire

    Ouais. Morgane, c'est quelqu'un qui travaillait dans une librairie que j'aimais bien. D'accord. Et j'allais dans cette librairie pour cette libraire que je trouvais extra. Et donc j'avais un coup de foudre professionnel pour elle. Et quand... Il se trouve que c'était un hasard total parce qu'elle ne me connaissait pas personnellement, elle ne connaissait pas ma vie, etc. Mais quand je m'étais dit que j'allais peut-être aller lui parler de mon projet, non pas pour la débaucher, mais pour savoir si elle avait quelqu'un à me recommander, etc. Elle quittait la librairie où elle était et donc je lui ai mis le grappin dessus. Pendant un an, elle a fait autre chose. Elle était libraire volante, c'était des gens qui se sont envoyés dans plusieurs librairies, etc. Et elle m'a rejoint. D'accord. Voilà. Et Morgane n'est pas que, je dirais, c'est pas qu'une libraire à la caisse, c'est quelqu'un qui a bossé trois mois avec moi avant l'ouverture du bon ton pour plein de choses. Voilà. Donc là, effectivement, c'était une période très, très dense au moment où on a eu, enfin, il y avait des travaux ici, mais nous, il fallait qu'on re-questionne notre stock. qu'on balance tous les bilans, les factures de tout ce qui s'était passé avant, parce que tu as le calcul de tous les dégâts, mais tu as le calcul de la perte d'exploitation. Hyper galère à négocier quand tu n'as pas trop d'ancienneté. Oui,

  • Audrey

    c'est galère.

  • Claire

    Donc, c'est sur des projections, mais les projections, il faut qu'elles soient quand même cohérentes, etc. Donc, beaucoup, beaucoup de boulot en attendant nos cours. Moi, c'était vraiment... Je m'étais tellement donnée... Notre école de musique était déjà complète, en fait, dès la première année. Donc, je me retrouvais avec 150 élèves sur les bras à qui les parents avaient dit Ah, tu feras de la musique, du hip-hop, machin, la rentrée. Et là, la semaine avant la rentrée, genre, et donc, moi, j'ai délocalisé tous mes cours. J'ai un centre d'art qui a délocalisé mes cours, donc, de la rentrée aux vacances de la Toussaint. Donc, on était sur plusieurs lieux.

  • Audrey

    Mais c'est quand même, enfin, c'est pas un miracle, mais c'est quand même incroyable que tu aies réussi à rouvrir si vite. Parce que finalement, t'as eu un mois et demi de fermeture. Ouais. Donc t'as eu beaucoup de désinscrits ?

  • Claire

    Non, zéro.

  • Audrey

    Donc c'est chouette ça.

  • Claire

    Et je peux te dire que j'ai eu des messages qui m'ont fait du baume au cœur, genre... Un papa, une fois, qui m'envoie un texto pour me dire Écoute, ta façon de rebondir est remarquable. Alors, encore une fois, vraiment, c'est grâce aux mecs de travaux, grâce à... Oui, la bonne équipe, quoi. Ouais. Mais, euh... Mais... Ouais, c'était... Pour moi, c'était mon premier but que les gamins aient leur cours. Ouais. Ça, c'était mon socle. Et après, on se démerde autour. Voilà.

  • Audrey

    À l'entrée en matière, quand même.

  • Claire

    Ouais.

  • Audrey

    C'est fou quoi.

  • Claire

    Après, il faut voir quand même le positif. Ça peut être une chance de faire une réimplantation six mois après l'implantation, parce que tu requestionnes sans te farcir du vieux stock que tu ne sais pas quoi faire.

  • Audrey

    Oui, tu n'auras jamais en plus vraiment pris le temps de requestionner, tu étais encore vraiment dans l'élan du début.

  • Claire

    Oui, et il y avait quand même des erreurs d'implantation que je pense qu'on fait tous. Ça m'a renforcé l'idée que j'avais envie de raconter des histoires, des sélections beaucoup plus fortes, etc. Donc on est parti, c'est là qu'Anne-Pascale a rejoint l'aventure. Et pour la réouverture, on a fait, on a joué la carte de la dérision, mais on a fait une vitrine pompier. Du coup, elle m'a fait des gros camions de pompiers, etc. Et c'est là qu'on a vu que vraiment raconter... Les forces sur les thématiques, aller à contre-courant de la nouveauté et raconter ce qu'on avait envie de raconter aux gens, c'est vraiment la force du bon ton. En fait, ça m'a apporté plein de choses, cette histoire. Et puis, ben... Mais tu sais, j'étais... Puisque... Alors, moi, j'aime pas du tout... J'aime pas du tout parler de... C'est-à-dire que je suis maman de jeunes enfants aussi, mais c'est quelque chose que, comme je suis plongée dans la petite enfance depuis toujours, je veux dire, c'est pas un projet qui s'est inventé avec la naissance de mes enfants. Mais par contre... C'est vrai que je dois dire que c'est une période qui est assez forte pour moi en tant que maman. Enfin, j'en garderai un souvenir très fort en tant que maman parce que souvent, on me disait mais comment tu le fais, etc. Et en fait, quand ça s'est passé, mon bébé avait un mois. Mais de toute façon, toute l'aventure du début du bon ton, c'est vrai que c'est quelque chose qui est très pour le coulier. En fait, la maternité m'a donné... On n'est pas d'amblice, mais l'idée, c'est que je ne sais pas. Je suis tombée enceinte par surprise. On était déjà en travaux. Au début, ça a été dur et tout. Et en fait, ça m'a donné une force, une confiance, un truc pour me protéger. Donc déjà, ça m'avait donné beaucoup de force et d'épanouissement au moment où j'ai ouvert le bâton. Et là, cet incendie... mon bébé avait un mois, je me rappelle j'étais sur l'autoroute avec mes trois enfants quand Morgane m'appelle et Vérissure me harcèle de messages etc et donc j'étais pas du tout à Paris et j'avais ma mère qui était sur Paris, je l'appelle en pleurs, je m'arrête sur une autoroute, je l'appelle en pleurs je fais le bon ton et en feu machin et ma Ma mère, le premier truc qu'elle m'a dit, ça peut paraître rude, mais elle me fait t'as des tout-petits, tu te reprends, pour eux tu te reprends, machin Parce que je leur faisais peur en fait. Et en fait j'ai pris sur moi. Et à partir de là, ça s'est passé, je me suis dit ok, j'ai mes tout-petits en fait, ils vont bien J'ai eu un peu un coup de sang quand je me suis dit qu'ils évacuaient l'immeuble. Mais au final... C'était que moi et l'immeuble et famille. Il faut remettre les choses aussi en place. Et après, dans toute cette période, j'avais quand même mon nouveau-né. Et je me suis accrochée, par exemple, ce que je n'ai pas fait pour les autres, je me suis accrochée pour l'allaiter. Et ça me faisait des pauses. À toutes les deux heures, je devais aller de toute façon l'allaiter. Et voilà. Donc, ça m'a vachement protégée. Voilà. Donc, on se dit qu'au final... C'est dur, la maternité avec les étapes de l'entrepreneuriat et tout ça. Mais moi, dans ce cas-là précisément, ça m'a beaucoup aidée, ça m'a beaucoup portée et ça m'a mis de la distance.

  • Audrey

    C'est chouette. C'est vrai que souvent, on a tendance à dire, oui, quand on a des enfants, en plus jeunes, il ne faut pas se lancer dans des projets pro aussi intenses. Je fais bien d'entendre des histoires.

  • Claire

    Mais il faut aussi voir que c'est des périodes où on... se rend compte de notre force c'est vrai que c'est la même chose on se rend compte de notre puissance et de notre résilience et c'est des périodes où on est touché par une grâce une énergie très particulière et je l'avais Pas tellement sentie pour mes premiers, parce que, enfin, je sais pas, mais en tout cas, le troisième, c'était assez net, qui m'a aidée plus que ça m'a posé problème d'avoir un nouveau-né dans cette période.

  • Audrey

    Ça t'a portée aussi dans le projet, quoi.

  • Claire

    Ouais, ça m'a complètement portée et il m'a pas du tout encombrée.

  • Audrey

    C'est cool.

  • Claire

    Ouais. Donc voilà, et on a rouvert le 20 octobre. Et depuis, écoute, pas tellement de grosses, grosses galères. Ça va mieux, ça fait un an que... Voilà.

  • Audrey

    Ouais, ça fait du bien aussi.

  • Claire

    Ouais, ça fait du bien. Non, non, ça fait du bien. Et voilà, donc... Et Prout Prout s'est lancé... S'est lancé à quoi ? Novembre, octobre... Novembre, décembre 2023.

  • Audrey

    D'accord, donc ça fait aussi une petite année que ça existe.

  • Claire

    Voilà.

  • Audrey

    Ok. Donc là, dans tes activités, on a la partie Libre et Jeunesse. On a la partie École de danse, École de musique. On a la marque Prout Prout. Et tu fais aussi du B2B ?

  • Claire

    Je fais un peu de B2B. Donc un peu de consulting pour des éditeurs. Et tu loues l'espace ? Je loue aussi l'espace, je loue la salle de danse, mais je le loue... C'est bizarre, je me sens à l'aise à louer qu'avec des gens, des musiciens. Je ne loue pas du tout pour des cours de yoga, des anniversaires. Non, pas d'anniversaire chez Le Bonton. Voilà, je retrouve là mon contact avec mon métier premier. C'est des musiciens qui viennent répéter, c'est des auditions de chanteurs, des choses comme ça.

  • Audrey

    Ok, et donc c'est quand même un business model qui est assez original, parce que tu as vraiment plein de sources de revenus qui sont différentes. Comment ça se répartit à peu près, tu dirais, ton chiffre d'affaires ?

  • Claire

    Effectivement, on a plusieurs sources de revenus. Ce qui nous... permet aussi de... On ne va pas se mentir de pallier au fait que la librairie, ce n'est pas génial comme marge. Donc, ça s'équilibre plutôt bien. Il paraît que c'est bordeur de faire des sources de revenus aussi différentes dans une seule entité. Bon, écoute, ça passe en compta, mais voilà. Et donc, pour l'instant, on est sur un gros 50-50. École de musique et... et librairie jeunesse. Tout ce qui est pour l'instant B2B et location de salle, je mets ça un peu en marginal pour l'instant. Mais par contre, la marge est plus importante en école de musique qu'en librairie jeunesse. Et école de musique principalement sur les événements du week-end. C'est là que ça nous permet de mieux vivre.

  • Audrey

    Et donc, c'est des formats d'abonnement ou du pas du ponctuel ?

  • Claire

    Alors, on a deux formats. En fait, on a École de musique la semaine, du lundi au vendredi. Tout ce qu'il y a de plus classique. Les enfants sont inscrits à l'année et reviennent toutes les semaines. Le week-end, on a des formats ponctuels que tu peux prendre qu'en one shot. Ok,

  • Audrey

    c'est intéressant.

  • Claire

    Voilà. Et en fait, l'idée, c'était que... Alors déjà, on s'adresse à un public de tout petit. Donc, l'engagement est parfois difficile, surtout pour les 0-3 ans. Et on a aussi, pour l'instant... qu'un seul lieu, donc on a beaucoup de gens qui viennent en dehors du quartier et puis il faut reconnaître que c'est aussi une nouvelle façon de consommer aujourd'hui les pratiques les expériences non matérielles de piocher un peu partout, donc ce week-end là on va faire telle activité, ce week-end là telle telle autre et on est aussi dans un quartier où où où il y a beaucoup de gens qui partent le week-end. Du coup, j'ai créé cette offre à l'unité. Mais comme je suis quand même un peu jusqueboutiste sur l'enseignement, on retrouve une grande régularité. Par exemple, l'éveil musical, c'est deux fois par mois, à chaque fois avec une thématique différente. Donc, les enfants peuvent revenir et ce n'est pas la même chose. Et on construit quand même quelque chose. En gros, toute l'année est un cycle où l'enfant qui vient à tous construit quelque chose. D'accord. Et l'enfant qui vient que à un se sent pas paumé au milieu d'enfants qui viendraient tout le temps. Ok.

  • Audrey

    Et côté du coup librairie, donc tu as fait cette formation pour avoir un peu les bases du bon libraire. C'est quoi les difficultés que tu peux rencontrer ou peut-être que tu as des conseils pour des gens qui ont envie d'ouvrir une librairie ou une librairie avec un espace à côté ? Je ne sais pas si tu as des apprentissages ou des retours que tu pourrais faire sur ce point-là ?

  • Claire

    Alors... Il faut savoir que libraire est un métier qui attire de plus en plus. Et il y a, historiquement, il y avait des masters de librairie, mais aujourd'hui, il n'y a qu'une seule école qui fait référence, c'est l'INFL, qui est à Maison-Alfort. Et il faut vraiment, vraiment passer par cette formation. Donc, ceux qui veulent vraiment être libraire, c'est-à-dire pas forcément créer ou reprendre une librairie, mais être libraire, il y a des... les brevets professionnels, les CAP et je ne sais pas quoi. Donc ça, c'est des formations de deux ans, trois ans. Et puis, tous les libraires aujourd'hui sortent de là. C'est-à-dire que se faire embaucher aujourd'hui, il y a des gens qui passent proposer des CV. Le libraire n'est pas un vendeur de boutique. Le libraire, c'est vraiment un métier spécifique parce que le libraire fait de l'achat, fait de la gestion de stock, etc. En librairie, ce n'est pas que le gestionnaire qui fait... les achats. Le libraire a une vraie place, en tout cas moi c'est aussi comme ça que je le conçois, mais a une vraie place dans la patte éditoriale du lieu, dans l'esprit du lieu. Et puis voilà, c'est un vrai métier. Il faut s'y connaître en histoire du livre, en plein de choses. Donc, il faut absolument passer par l'INFL. Et l'INFL a une formation professionnelle de création et de reprise de librairie. C'est absolument indispensable parce que quand tu ouvres tes comptes auprès des distributeurs, c'est si tu n'as pas fait l'INFL. Déjà, quand tu as fait l'INFL, on te dit encore une librairie qui se crée. Mais alors, si tu n'as pas fait l'INFL, c'est mort.

  • Audrey

    Tu es blacklisté.

  • Claire

    Voilà. Et quand t'appelles au début pour ta création de compte, tu racontes ta vie. Donc tu fais, voilà, moi je suis machin. Donc moi en l'occurrence, c'était, voilà, voilà mon parcours. Je suis aussi autrice jeunesse, ça m'a aidée à me faire valoir auprès des distributeurs. Et je collabore avec une libraire qui est libraire depuis dix ans, machin, nanana, qui a fait telle, telle, telle référence. Il ne faut pas croire que c'est ici aujourd'hui de devenir libraire. Et donc, j'ai fait cette formation. J'insiste vraiment dessus parce que pour moi, c'est important. On a l'air à la cool, on a l'air sympa, on a une image cool, etc. Mais on demande... Enfin, voilà, on s'est formé. Je ne demande que des gens qui sont très formés, etc. Ce n'est pas parce qu'on ne balance pas toujours notre CV que c'est hyper important pour moi. Il faut quand même, à un moment donné, faire les choses bien et arrêter de croire qu'on peut être autodidacte dans tout. Après, c'est ma vision des choses. C'est peut-être une vision un peu scolaire, mais il y a un moment, il faut apprendre aussi. Par rapport aux enseignements, il y a un truc qui m'a vraiment beaucoup servi. C'est tout bête, mais pour les libraires, ce n'est pas si évident que ça. Nous, on a une capacité de retour. Déjà, il faut comprendre tout ce système-là, le marché du livre. est un marché... On est des commerçants, mais on est là aussi pour défendre des plumes, des propositions artistiques, etc. Et donc, on a encore ce que n'ont pas eu les disquaires, et c'était ça qui les a accoulés. On a une capacité de retour. Alors, je ne connais pas bien comment ça se passe dans les autres pays du monde. Mais nous, c'est-à-dire que tu achètes, par exemple, tu te dis, moi, je veux défendre cet auteur. OK, il est un peu niche, mais si jamais je prends une pile de 10 et que ça ne marche pas, je peux la retourner. Alors, il y a des conditions générales de vente, il y a des exceptions, etc. On s'en fout.

  • Audrey

    Globalement, c'est comme ça.

  • Claire

    Globalement, c'est comme ça. Donc, dans cette formation, j'ai surtout bien compris ça. Mais surtout, ce qu'on nous a fait comprendre, c'est... arrêtez avec le mythe du libraire. Si vous, vous aimez ce livre, mais qu'il ne se vend pas, il y a un moment, vous arrêtez de vous accrocher, vous dégagez. Et donc, voilà, ça m'a donné des codes. Ce livre-là, il a le droit d'être en place entre trois et six mois. Sinon, il part. Tu as le stock âgé, le stock... Enfin, voilà. Donc, c'était surtout... On avait quelqu'un de vraiment super qui nous a... Ouais, qui enlève la vision artistique du livre. Enfin... Voilà, et qui te remet les choses en place. Après, moi, il y a un boulot que j'ai adoré. C'est, donc, quand tu penses ton local, tu, en fait, nous, la moindre étagère au bon ton, je sais son CA potentiel. Et donc, ça, c'était trop bien. Par exemple, donc, telle étagère, donc, tu as tant de mètres linéaires. Dans tant de mètres linéaires, mettons... tu mets 70 BD, 70 BD, coût moyen de la BD, hors taxe, achat, machin, c'est ça, prix de vente, truc, truc, c'est ça. Donc, mon CA potentiel de 7 étagères, c'est tant. Et donc, j'ai calculé toutes mes étagères, donc ça, c'est un travail, j'ai plongé Hélène dedans, l'architecte, c'est trop marrant, on calculait nos étagères et tout. Donc, en fait, je lui disais, alors là, je veux 20 cm, tant de linéaires, nanana. Et donc après tu calcules, tu dis alors cette étagère elle me fait pas assez gagner, celle-là machin, tu équilibres. Ok. Et alors c'est vrai que nous on a la chance d'avoir une épaisseur un peu type de BD, mais ça c'était vraiment un espèce de petit truc passionnant, de petit bricolage passionnant. Et alors à ce moment-là on avait des stages obligatoires et j'étais en stage dans une librairie et les nanas me regardaient genre... Moi, je n'ai jamais fait ça. Et pourtant,

  • Audrey

    je trouve ça... En fait, c'est l'optimisation de l'espace.

  • Claire

    Optimisation de l'espace. Et savoir que, en fait, tel coin, il n'y a pas assez de CA potentiel. Et donc,

  • Audrey

    ça donne des indications aussi quand tu fais tes chiffres de te dire... Ah ouais, bah là, peut-être que ce point-là, il est un peu trop mort. Comment je le redynamise ? Qu'est-ce que je fais ? Enfin, ça donne des outils de réflexion,

  • Claire

    quoi. Super intéressant. Et du coup, parce qu'on te dit, mettons, t'as un potentiel de 200 000 quartiers, tata, tata, t'as un potentiel de 200 000 de CA par an. Ok, bah ouais, mais... Il faut qu'en même temps, chaque étagère corresponde à ce potentiel. Parce que sinon, tu te plains de ne pas avoir le CA qu'on te disait que tu aurais. Mais si tu... Enfin, tu vois.

  • Audrey

    Ça permet de décomposer. C'est-à-dire que tu sais que tu dois faire tant de choses à faire dans ta boutique. Et de décomposer, ça rend aussi le truc un peu plus accessible, quoi.

  • Claire

    Exactement.

  • Audrey

    Ah bah en fait, déjà, si jamais j'aurais parti en 10 séquences, enfin en 10 endroits, 10 lieux dans la boutique, je peux traiter lieu par lieu, espace par espace. C'est vrai que c'est...

  • Claire

    C'est hyper intéressant. Et après, du coup, dans notre logiciel, c'est ventilé. Très bien ventilé par catégorie. Donc ça, c'est... Alors, je sais que toutes les librairies ne le font pas. Nous, on a été vraiment jusque boutistes là-dessus. On a les catégories, sous-catégories, etc. Ce qui nous permet de vraiment ventiler. Alors après, autant ranger dans les catégories. Maintenant, c'est tellement bien rangé que dès qu'un livre arrive, on le ventile et tout. Mais... c'est pas un boulot qu'on fait tous les jours non plus mais assez régulièrement on peut faire le point de tiens telle catégorie sous catégorie enfin zéro quoi tu vois donc ça nous permet de remettre en question c'est comme ça que par exemple là pour le coup c'était tellement un bit que on a pas eu besoin trop d'aller voir dans le logiciel mais par exemple les mangas nous qui sommes très très homologuée petite enfance, on n'était pas the place to be pour un gars et on en a viré beaucoup. On avait des incontournables, mais on a viré beaucoup. Et on a... On les a mis ailleurs, et on a cette étagère-là. Moi, je veux que chaque étagère et... C'est intéressant,

  • Audrey

    parce qu'on peut être hyper agile comme ça, en fait.

  • Claire

    Tu te sers et tu réagis vite.

  • Audrey

    Et comme tu as cette capacité de retour... Ça t'évite d'avoir un stock qui va te plomber et qui va te...

  • Claire

    Ah bah il faut pas.

  • Audrey

    Ouais c'est ça, tu peux être rapide et efficace quoi.

  • Claire

    Ouais exactement. Et ça c'est une cuisine que j'ai appris à l'INFL. Je sais pas si mes camarades de session l'utilisent, mais en tout cas moi c'est un outil qui à la fois je trouve hyper utile et qui m'amuse énormément. Cette petite cuisine d'optimisation me passionne. Et donc, voilà, j'ai appris ça. Et puis après, c'était beaucoup sur le parcours de vente. On a nos grandes idées, mais c'était sur le facing. Donc, tu sais, en librairie, c'est comment tu mets tes livres. Parce que quand ils sont tous rangés par tranches, voilà, donc tu mets en avant des livres. Mais après, tout se remet. Enfin, moi, je suis quelqu'un qui... Ça énerve Morgane, mais... des fois elle arrive, donc elle prend ses jours off le lundi, mardi, des fois elle arrive les rayonnages ont totalement changé parce que j'ai tout remis en question voilà je sais que je brainstorm pas mal avec une libraire qui elle n'a pas créé mais a repris une librairie à peu près en même temps que moi, donc Prédit Giverny la compagnie du livre et on... Enfin, tu vois, on échange vachement. Elle est là, oui, alors je me suis rendue compte que quand t'arrives et que t'es en zone chaude, à hauteur de vue, les romans première lecture, en fait, depuis, je vends des romans première lecture et tatata. Et du coup, c'est hyper intéressant. En fait,

  • Audrey

    c'est ça, c'est hyper intéressant, mais c'est pas toujours évident de réussir à faire un peu la pause et de regarder, observer les gens, comment ils agissent. Mais c'est indispensable parce qu'en fait, ça change tout, quoi.

  • Claire

    On vendait pas de romans, on vendait... pas de roman, à tel point que Morgane me disait mais moi j'en ai marre, je vais pas parce qu'un album ça va mais un roman, tu te tapes tout un roman pour au final pas le lire pas le conseiller, jamais le conseiller même personne te demande de quoi tu sois dessus enfin bon et un jour, bon, Marge brainstorm avec Aude de la compagnie Le Livre je me dis, voilà, qu'est-ce qui se passe je remets tout en question, je le vire tout je refais tout, là et ben on vend du roman c'est génial quoi et c'est...

  • Audrey

    il faut... Déjà c'est trop bien de pouvoir brainstormer avec des pairs parce que c'est ça qui te sort des fois de ton quotidien, de tes problématiques et qui te touche des yeux sur des choses auxquelles tu n'aurais pas pensé

  • Claire

    Il faut voir en fonction de toi

  • Audrey

    Comment je ferais moi ? Comment j'expliquerais là ? Comment je trouverais la cohérence si c'était chez moi ? Et donc là, par exemple, les romans, je me suis fait... Alors Morgane était là, c'est pas logique, c'est pas logique. Je vois pas la cohérence, je suis complètement perdue. Enfin, elle aime bien aller, mais c'est pour ça que je l'aime. Mais en fait, j'ai mis, moi, ma cohérence, et quelle est la cohérence du bon ton ? C'est de mettre en avant tout l'écriture française, nos grands auteurs français. On me parle tout le temps de Roald Dahl. Vous connaissez Roald Dahl ? Oui, je connais. Mais je ne vends pas Roald Dahl parce que tout le monde connaît, je n'ai pas d'intérêt à présenter ça. Et donc, j'ai fait une étagère littérature française classée plutôt par les grandes héroïnes sur l'ambition. Nous, on travaille beaucoup là-dedans, l'ambition féminine, les romans plus historiques, etc. J'ai mon étagère française, j'ai les premiers romans et puis après, j'ai tout ce qui est plus fantastique, des trades américaines, etc. C'était ma logique et visiblement... Comme c'est plus cohérent pour moi, c'est plus cohérent pour les gens. Mais remettre en question ces rayonnages tout le temps, tout le temps, tout le temps. Avoir, voilà, être entre la passion, ce qu'on a envie de raconter, mais que tout ait un sens de projection CA. Oui. Je pense. Oui,

  • Claire

    oui. Ressayer à faire la balance entre les deux, quoi.

  • Audrey

    Oui. Ok, ton étagère, elle est belle, mais quel est le potentiel CA de ton étagère ? Et par étagère.

  • Claire

    Et comment c'est lu et comment c'est approché par tes clients.

  • Audrey

    Oui. Voilà. Après... Je m'éloigne un peu de la formation INFL, mais pour prolonger ce qu'on est en train de se dire, je réfléchis vachement en ce moment au mindset des gens dans leur quotidien et quand ils rentrent dans une librairie jeunesse. Comment leur rendre service ? Comment répondre à leur mood du moment ?

  • Claire

    Je pense qu'il faut réussir à se mettre dans les baskets de ses clients et savoir qu'est-ce qu'ils attendent quand ils rentrent chez soi. pouvoir leur proposer ça et pas réussir à sortir de nous nos envies en tant que gestionnaire de cet espace il faut réussir à être vraiment changer de basket quoi et se dire qu'est-ce qu'ils attendent et du coup leur proposer ce qu'ils attendent mais c'est vrai que ça c'est un travail de questionnement, d'observation de discussion et d'ailleurs en parlant justement de clients de tout ça, ça me fait penser à cette histoire d'univers super fort que t'as créé Je pense qu'on rentre dans la boutique sans avoir regardé l'enseigne, on regarde vos communications Instagram, on sent le bon ton, on sait que c'est le bon ton. Donc ça déjà, c'est un sacré enjeu. Et je me demande comment est-ce que tu fais pour réussir à faire en sorte que ce soit durable, que ça continue d'infuser, et que ce soit un levier de... d'implantation de cette marque sur le long terme,

  • Audrey

    je sais pas si je suis claire ouais j'ai toujours voulu créer une marque Le Bonton je sais pas pourquoi, mais j'ai toujours voulu cette identité très forte, encore une fois le studio Link de DA m'a beaucoup aidée, après je crois que la DA la création d'univers c'est pas mon métier, mais c'est quelque chose que j'adore j'adore, voilà... Donc, après, je me pose beaucoup de questions. Je suis hyper vigilante. J'ai la chance, en fait, ça, je pense que c'est intéressant pour tout le monde, d'aller dans une déat très forte. Moi, je suis... Voilà. Mais, en fait, j'ai demandé à mes graphistes, qui faisaient partie du Studio Link, de me créer tout un tas de choses visuelles qu'ils m'ont mis... Je ne suis pas graphiste. Je sais vaguement me servir de Photoshop, mais bof. Et donc du coup aujourd'hui on a ce fabuleux outil qui est Canva. Alors attention Canva le problème c'est qu'on peut créer des choses ultra kitsch avec et se laisser aller à du moche. Mais en fait moi les graphistes m'ont implanté tous mes éléments dans Canva. D'accord. Et du coup maintenant je suis autonome avec ça et j'essaye de ne pas essayer de... de créer par moi-même, un truc de folie. T'as un brand book,

  • Claire

    t'as une image de marque, elle a été écrite, c'est un peu ta bible. Et maintenant tu suis le fil rouge, mais t'as cette autonomie pour continuer à alimenter cet univers et en faire quelque chose qui vive.

  • Audrey

    Voilà, et quand je sais que ça patine, je recrée des éléments en plus. Après, il y a un truc qui m'a fait quand même réfléchir, c'est que il faut continuer à parler aux gens, à être en connexion avec les gens et pas être... magazine. Donc il faut qu'il y ait une part d'imperfection. Et je me suis fait la réflexion parce que j'ai eu une super stagiaire graphiste qui était là trois mois l'année dernière. Et cette nana m'a fait des reels. canon, genre canon, tout bien, bien sous tous aspects, contrairement à moi qui fait mes trucs tout pourris avec des trucs mal raccordés, voilà. Et ils ont vachement moins bien marché en fait. Ouais. Et en fait, je me suis... Enfin, c'est une réflexion que je m'étais déjà faite avant pour d'autres trucs. Quand c'est trop lisse, quand c'est trop magazine, quand c'est trop bien fait, ça parle plus à la vraie vie des gens. Ouais. Et du coup, je chéris cette petite part d'imperfection sans que ça devienne moche. Il y a toujours un petit fil. Des fois, quand même, c'est moche.

  • Claire

    Peut-être que c'est authentique et que c'est ça que les gens aiment.

  • Audrey

    C'est authentique tout en respectant les gens, leur présentant une idée.

  • Claire

    Tu restes dans ton cadre mais on sent que c'est marketé mais ça reste humain.

  • Audrey

    Exactement. Et ça, on perd un petit peu quand tu vois les visuels de... ouf pour du vinaigre de cidre. T'es là... Je veux dire, quand je bois du vinaigre de cidre... Enfin, je sais pas.

  • Claire

    Non, mais en fait, c'est ça. Il faut réussir à à la fois ne pas être trop dans du bricolage, enfin en tout cas avoir un univers global, quel qu'il soit. Chacun trouve son univers. Mais il faut quand même qu'il existe pour réussir à sortir du lot. C'est hyper important. Pour toi, si jamais tu devais un peu résumer les ingrédients qui font le fait que la mayonnaise a pris, la mayonnaise de bon ton a pris, qu'est-ce que c'est ? Est-ce que ça, ça en fait partie ? Ouais.

  • Audrey

    Le ton. Et le ton, c'est pas pour rien que j'ai appelé ça le bon ton d'ailleurs, mais le ton, c'est quelque chose qui me porte énormément. Voilà, le ton, mais ça va être aussi comment on s'adresse au client, comment on dit bonjour, etc. C'est, je pense qu'une des grosses leçons dans ma vie, c'est un truc que j'y pense beaucoup en ce moment, Quand j'étais au conservatoire, j'avais tendance à... Moi j'étais le type d'élève qui se pose 10 000 questions et en fait quand je jouais et que je mettais un pain, je faisais une grimace. Et j'avais un prof qui me reprenait tout le temps pour ça en me disant, nous on est dans un métier de divertissement. Les gens sont là pour se faire plaisir, se détendre, aller écouter des belles choses. Tu peux pas leur mettre le doigt dans le caca en leur disant je me suis plantée, regardez c'est nul, et leur casser leur truc tu vois. Et je tiens vachement à ça parce que quand on va dire bonjour, quand on va accueillir le client, je t'avais parlé quand on avait préparé du personnage de commerçant.

  • Claire

    Oui, c'est hyper intéressant.

  • Audrey

    C'est hyper important, le personnage que tu crées. Et je trouve qu'en ce moment, c'est un peu... Enfin, en ce moment, depuis quelques années, et notamment avec Instagram, je trouve qu'on se laisse aller à la plainte, à déballer un peu trop nos vies. et en fait tu sors de ton personnage. Moi évidemment, la claire que je suis sur mes présentations insta, je suis là l'autre jour j'ai quelqu'un qui m'a dit, pour être transparente, je voyais ma psy à qui je disais que j'étais complètement au bout du rouleau et que ça n'allait pas du tout. Bref on fait la séance et à la fin elle me dit oui je regarde de temps en temps, c'est très sympa. Et donc, je suis contente parce que ce contraste est là. C'est pas parce que... Mais je vais pas vous plomber avec la nuit de merde que j'ai passée avec mon bébé qui a fait une otite. En fait, les gens, ils ont pas à savoir ça. Moi, je considère que je suis dans mon personnage d'artiste. Morgane est dans son personnage d'artiste. Elle est pas comme elle est là dans la vraie vie. On est des artistes, des commerçants en présentation. Et ça, je pense que ça fait aussi la mayonnaise.

  • Claire

    C'est un peu... Genre un personnage un peu théâtral, en fait. Oui. Le matin, t'arrives et tu mets ton costume de commerçante.

  • Audrey

    Exactement.

  • Claire

    et tu proposes le divertissement le conseil etc qui est en fait ton taf parce que mon taf c'est de mettre de divertir on rentre parce qu'ils ont envie de passer un bon moment d'avoir une expérience positive avec quelqu'un qui va leur apprendre des choses et ils appuient chaleureusement je suis maman de trois enfants donc il y a de l'identification parce que c'est naturel mais

  • Audrey

    je dis voilà moi mes enfants ont adoré mais ça termine là ouais ouais Point barre. Mes problèmes, mes angoisses et tout ça, c'est pour la maison. Ce n'est pas dans mon travail. C'est pas un événement important pour toi. Aussi, quand tu te rends compte que tu es dans une boutique où souvent le gérant de la boutique n'est pas la personne en front derrière la caisse, c'est élégant de se rendre compte que cette personne-là, ce n'est pas une personne interchangeable. C'est une personne à qui on crée, qui se crée aussi petit à petit son personnage. qui n'a pas à être un clone du patron, mais qui est quelqu'un qui est là, qui est important, et qui ne s'emmerde pas, qui a sa vraie place ici. Voilà. Morgane, c'est quelqu'un que j'essaye de mettre en scène sur Instagram, notamment. Mais ce n'est pas la Morgane, c'est la vraie Morgane, parce que Morgane est comme elle est. Mais c'est le personnage de Morgane. Et les clients adorent Morgane, les clients connaissent Morgane. Morgane est une entité de la...

  • Claire

    Mais c'est comme tu disais tout à l'heure, moi je pense que les clients s'attachent énormément à leurs commerçants. Et c'est aussi une des raisons de déplacement et des visites en boutique. Ça va être le contact avec son commerçant. Et tout à l'heure tu disais, tu allais typiquement dans cette librairie parce que Morgane était là. Et que parfois quand on est à la tête de sa boutique, qu'on est commerçant, qu'on est dans les mille galères, qu'il y a tel logiciel qui ne veut plus marcher, qu'il faut faire les achats, qu'on doit recruter... On est dans ce rôle-là et dans ce travail-là de gestionnaire. Et parfois, c'est vrai qu'on a tendance à oublier à quel point les gens qui vont passer la porte, ils ont besoin et envie de pouvoir s'attacher et discuter avec son commerçant. Parce qu'eux, ils ne nous voient pas comme cette personne qui doit gérer milliers de trucs. Ils nous voient comme la personne qui les accueille et qui leur... fait découvrir des nouveautés.

  • Audrey

    Le truc, c'est que le client lui aussi, il a Jérémy Lémy le truc, et ce qui vient là, c'est aussi pour changer les idées et pas prendre ton bagage à toi. Exactement. Et le truc, c'est qu'aussi, il y a beaucoup de turnover en boutique, des gens qui sont malheureux, ça se voit. Enfin, je ne sais pas, il y a une librairie, pour ne pas les citer, à Aix, en Provence, quand je rentre. Mais c'est un gag, quoi. Ils sont toujours en train de se plaindre de leurs conditions de travail. Mais devant les clients, comme ça, ouvertement, etc., ils se font yesh, quoi. Et en fait, je me dis, mais tu peux faire n'importe quel boulot. En fait, ça dépend la manière... C'est la manière dont on le fait qui...

  • Claire

    L'énergie qu'on va y mettre.

  • Audrey

    Voilà. Et c'est un vrai travail. Moi, c'est une des choses qui me passionne le plus au bon ton. Cette co-travail avec Morgane. de voir comment elle aussi, je peux la faire grandir, la faire blooming. C'est pas drôle. Ouais. Et comment elle prend sa place et qu'elle fasse plaisir aux clients, mais elle aussi, elle se fasse plaisir et qu'elle se fasse... Voilà. Je ne sais pas si je suis claire, mais je trouve que ça, c'est vraiment important. Moi, j'entre trop souvent dans des commerces où... Où on sent que le vendeur a soit rien à foutre là, soit est malheureux, soit s'ennuie, soit a la flemme d'eux.

  • Claire

    C'est vrai que c'est pas facile d'être tous les jours en pleine énergie et de donner le meilleur de soi quand on sent que... Comment tu fais toi quand t'arrives que c'est les journées où... Tu vois ce genre de journée où t'as pas trop envie de parler aux gens mais en même temps il faut que tu fasses du chiffre d'affaires. ou t'as pas trop l'énergie, comment tu fais pour réussir à aller contre et mettre ton costume de Claire, la super libraire, la super chef d'entreprise, tu vois ? C'est ça, c'est un peu difficile je trouve parfois, quand tes semaines sont dures quoi.

  • Audrey

    Je sais pas, je... Alors là j'arrive pas à répondre... A ta question parce que je... Déjà je pense que je suis très habituée à être plutôt un personnage... Ouais. Enfin... Voilà. Et d'autre part, quand même, j'ai justement Morgane en duo.

  • Claire

    Ouais c'est ça qui est bien quand tu travailles en équipe effectivement.

  • Audrey

    Ouais.

  • Claire

    Faire un ping-pong en fonction de comment les gens se sentent.

  • Audrey

    Oui. Oui oui. Ouais.

  • Claire

    C'est pour ça que c'est aussi bien de s'entourer quand on est tout le temps tout seul en boutique. Au bout d'un moment, c'est vrai que ça peut être lourd. Et d'avoir quelqu'un avec qui...

  • Audrey

    Après, en vrai, quand c'est lourd... c'est qu'il faut réanimer quelque chose.

  • Claire

    Ouais.

  • Audrey

    Tu vois, j'avais... J'ai eu un petit moment off. Je me suis plantée sur ma sélection de rentrée. Parce que comme je sortais un lit... sur la musique, j'ai fait une sélection de musique. Franchement pourquoi une sélection de musique en septembre ? Enfin je veux dire on s'en fout. Mais tout était raté dès la base. Tu vois quand j'ai briefé Anne sur la vitrine, j'étais là je sais pas trop, là je vois tata. C'était pas clair. Je suis rarement comme ça. Là c'était pas clair, c'était patiné. En plus on n'a pas reçu les livres, la vitrine est arrivée dans le 19e. Enfin bon. Tout était raté. Et ça a patiné, ça a patiné. Et moi, je perdais mon... Un peu là, ouais, bon. Et puis on a fait un mauvais mois de septembre. Enfin, on n'a pas progressé sur septembre, voilà. Et puis, il y avait cette vitrine que j'avais vraiment hâte de mettre en place. Sur Plikplok, c'est une vitrine, j'en parle à Anne depuis le mois de mai. Voilà, je voyais les grosses gouttes, le côté très graphique, etc. Moi, dans ma tête, tout part toujours de... de l'image dans ma tête. Enfin, je visualise les couleurs et tout ça. Et puis, alors nous, on est au courant, minimum trois mois avant des sorties livres. Du coup, on se projette. Donc, je savais qu'il y avait des très jolis livres, très sensoriels, plein de choses. Donc,

  • Claire

    pli-pli-pli, là, on parle de la pluie, quoi. En gros, thématique...

  • Audrey

    Pluie, automne, mouillée,

  • Claire

    eau,

  • Audrey

    voilà. Je fais attention aux traits sensoriels que ça convoque absolument tous les sens. Et donc, j'ai mis cette vitrine en place. Là, j'étais beaucoup plus animée. Et moi, ça me donne de l'énergie. Les gens arrivent... Enfin, ça marche très bien depuis la mise en place de cette nouvelle thématique. Donc, c'est quand tu commences à te faire un peu chier...

  • Claire

    C'est un signal que...

  • Audrey

    C'est peut-être un signal qu'il faut réenchanter un peu le truc et raconter une nouvelle histoire. C'est pas juste...

  • Claire

    toi qui est un peu fatigué ou quoi et ouais ouais c'est peut-être qu'il faut en tirer à une collab avec un ouais réfléchir à rentrer à nous un événement entre nouveaux produits refaire son maire c'est peut-être aussi effectivement signal de si jamais je ressens ça je peux pas donner autre chose à mes clients donc il faut peut-être que je me vois je me remette en mouvement sur quelque chose que je retrouvais un peu la flamme sur quelque chose et comme ça je pourrais transmettre

  • Audrey

    Et quand même, moi, je crois vachement en l'énergie. Alors, ça peut paraître... En plus, je ne suis pas du tout une nana holistique ou je ne sais pas quoi. Mais je me suis rendue compte. J'ai écrit, comme j'ai beaucoup écrit, et notamment des newsletters. C'est très étonnant. Quand tu écris, tu as quand même une formation professionnelle. Donc, quand tu... Quand tu dois écrire une newsletter, tu l'écris. Et soit ça te fait chier, vraiment, t'as la flemme, le sujet t'intéresse pas et c'est poussif. Mais au final, elle est là, elle est correcte et tout. Et puis des fois, tu le fais avec plaisir, etc. Mais ça va pas marcher pareil. C'est quand même un truc de dingue. Et en fait, même si les gens n'étaient pas là... Quand on a brainstormé avec Anne sur la vitrine, etc., même s'ils n'étaient pas là ce soir où j'ai fait ma sélection de livres, même s'ils n'étaient pas là quand je les ai reçus, que je les ai lus et que j'étais super contente, etc., il y a quelque chose.

  • Claire

    Oui, il y a un truc qui se crée, une sorte de petite magie qui opère.

  • Audrey

    Oui. Et du coup, si toi tu n'as pas l'énergie, il faut absolument, urgemment réenchanter le truc. pour que cette énergie passe auprès des gens.

  • Claire

    Oui, mais je pense que les clients, ils le sentent vraiment.

  • Audrey

    Ils le sentent ?

  • Claire

    En 10 années de boutique, ça se voit tout le temps.

  • Audrey

    C'est très étonnant.

  • Claire

    Oui, c'est fou.

  • Audrey

    Oui. Et c'est vraiment de l'impalpable, de l'énergie. Ils le sentent,

  • Claire

    quoi. Oui. De toute façon, en un clin d'œil. Oui. Je pense que même sans regarder le commerçant, en rentrant dans la boutique, tu peux ressentir un peu l'ambiance. L'état d'esprit, ce qui se passe.

  • Audrey

    Voilà. Mais après, il faut toujours se rappeler que c'est ton métier et tu n'as pas le droit, tout comme un interprète n'a pas le droit de se merder sur scène et de faire des grimaces. Voilà. Toi, tu n'as pas le droit de perdre de l'énergie quand tu es là pour divertir et faire du bien aux gens. Oui,

  • Claire

    c'est intéressant de le voir comme ça. C'est marrant, c'est justement ton parcours avec la musique. Cette interprétation de la musique te permet d'avoir cette vision un peu plus théâtrale et spectacle du commerce. Et c'est vrai que je ne l'avais jamais vraiment abordé comme ça, comme un spectacle qu'on propose. Mais c'est hyper intéressant. Il y a un sujet qu'on n'a pas trop évoqué, pourtant c'est quand même au cœur de ce que tu proposes, c'est ta clientèle qui sont les enfants, cet univers kids. C'est vrai que c'est quand même assez particulier parce que tu as des clients qui sont à la fois les parents et les enfants, tu dois parler à tout le monde, ils ont des attentes très différentes. Comment c'est de travailler dans cet univers-là ? Parce que je sais aussi que c'est des choses que les gens... Tout à l'heure, on disait que la librairie, c'est un peu... On romantise un peu la librairie, tout le monde s'imagine derrière son comptoir à vendre des livres avec l'automne au dehors, un peu comme dans les films américains. Travailler auprès des enfants, créer des espaces où on accueille les enfants, les parents, c'est aussi quelque chose qui peut faire vibrer, qui peut donner envie. Comment c'est dans la vraie vie que d'évoluer dans cet univers-là ?

  • Audrey

    C'est vrai qu'on donne peut-être l'image que, voilà, au bon temps, c'est mignon, on s'amuse beaucoup. C'est vrai qu'on s'amuse parce que nous, nos discussions avec Morgane, c'est est-ce qu'on prend le livre du tyrannosaure qui a une carie ? Mais en fait, c'est beaucoup, c'est beaucoup de... C'est très, très dur comme public. Il ne faut pas croire que... que c'est que de l'amusement, que c'est que du mignon, que travailler dans l'enfance c'est choisir la veilleuse terracotta, voilà. C'est très dur, les parents sont très exigeants sur l'encadrement de leurs enfants. Je sais que ça fait rêver, j'ai beaucoup de gens qui viennent me rencontrer parce qu'ils veulent ouvrir un kids club, etc. C'est pas quelque chose qui s'invente de travailler dans l'enfance, il faut être extrêmement vigilant, il faut... Il faut être formé. Voilà, c'est fascinant, mais c'est extrêmement sensible. Et c'est particulièrement un domaine où il faut être solide. Parce que quand un parent vient nous reprocher ça ou ça ou ça, il faut avoir quelqu'un en face qui peut lui dire, c'est ça qui s'est passé. Et je pense que parmi les ingrédients qui font que le bon ton, ça marche correctement, c'est vraiment de... qu'on se rend compte qu'il peut y avoir des déconvenues, etc., des fois, mais il y a quelqu'un en face qui sait pourquoi il fait les choses et qui est solide. Et attention, ça, c'est très dur, même moralement, de toujours avoir une... Enfin, d'être solide,

  • Claire

    quoi. On va finir cet épisode qui est méga dense par peut-être nous dire un peu quelles sont les prochaines étapes pour le bon ton. les enjeux actuels et où est-ce que tu veux mener ta barque ?

  • Audrey

    Alors mon enjeu actuel c'est clairement moi j'ai le rêve d'en ouvrir d'autres mais la question c'est le financement et surtout d'arriver à trouver l'équilibre entre le financement et garder la magie très sensible qui est propre au bon ton donc pour l'instant je n'ai pas trouvé cet équilibre là donc il ne faut pas que je me précipite mais c'est... C'est en train de bouillonner. Et puis, évidemment, sur des questions un peu moins glamour, le développement du B2B, puisque je m'apprête à avoir deux gros challenges en B2B. Un pour coacher sur l'éveil de l'enfant dans un réseau de crèche important et puis l'autre plutôt dans l'édition. et puis à titre personnel c'est vrai que j'écris des livres et que je me fais de plus en plus plaisir et je suis de plus en plus moi dans ces projets là ça ne rapporte absolument aucun sou mais c'est aussi je

  • Claire

    continue à créer aussi comme ça ok et je voulais finir cet épisode sur des questions un peu différentes est-ce que tu aurais des boutiques que tu aimes particulièrement ou justement l'énergie te porte à nous conseiller

  • Audrey

    Alors, c'est vrai que je vais très peu en boutique. Je crois que tu les avais rencontrées, mais évidemment, clin d'œil, c'est une source d'inspiration. Parce que pour moi, c'est des nanas qui ont beaucoup d'expérience et qui sont solides, qui sont dénicheuses, qui ont une patte très forte aussi. Après, il y a des librairies où j'aime beaucoup aller. Je suis très admirative de ICI Librairie. Parce que c'est extrêmement sobre, mais c'est des nanas qui ont créé un espace. C'est une librairie indépendante, mais c'est un espace énorme au Grand Boulevard. Donc j'aime beaucoup, beaucoup cette boutique. Et si, rien à voir, mais je suis assez admirative de deux personnes au niveau de la création de l'univers. on peut pas dire, c'est Lisa Gachet pour Make My Limonade même si je ne porte pas forcément les vêtements Make My Limonade, je suis ultra admirative parce que voilà c'est une personne qui a un personnage, elle est très très forte, elle a une vision et j'aime beaucoup aussi les boutiques Oh My Cream parce que pareil vraie vision voilà typiquement on a un univers fort, on transige sur rien. l'accueil client c'est quelque chose alors là ça c'est un peu assoupli mais à l'époque elles avaient même le dress code etc donc ça c'est des premiers exemples pour moi et j'aime bien aller les voir et puis c'est vrai qu'on parlait de l'expérience client mais tu rentres là-dedans tu te sens privilégiée tu te sens écoutée tu te sens voilà il y a un truc premium dans l'histoire que j'aime bien...

  • Claire

    Ok. Avant-dernière petite question. Est-ce que tu aurais trois livres jeunesse à nous recommander, tes petits favoris qu'il faudrait absolument avoir dans la bibliothèque pour nos enfants ?

  • Audrey

    Oui. Alors, pour la naissance, absolument, tu vois le jour chez Helium de Laurent Moreau. C'est un livre accordéon en noir et blanc. Moi, c'est un livre qui me marque particulièrement parce que... En fait, tu le mets autour du tapis allongé ou du tapis d'éveil. Moi, je l'avais mis autour du berceau de mon bébé à la maternité. Et en fait, c'est étonnant parce que ça fascine les enfants dès le... des nourrissons. Et moi, mon bébé regardait comme ça, ça me permettait d'aller prendre ma douche. Et là, j'ai une grande illustratrice qui s'appelle Stéphie Brocoli. Ah, j'adore. Oui. Elle m'a envoyé une photo de sa petite qui a quelques semaines là, qu'elle a acheté sur nos recommandations, ce Leporello. Donc le Leporello, c'est un livre accordéon pour sa petite. Et on voit la petite qui veut comme ça, avec ses petits pieds qui avancent et tout. C'est complètement fascinant. Et là, tu comprends pourquoi le livre dès la naissance. Donc ça, c'est hyper important. Là, j'ai envie de te dire après, si tu passes un cap, On saute jusqu'à la maternelle et là j'ai envie de te conseiller les trois petits poursauts ou globalement la collection à petit peu ton chez Didier Genest. Pourquoi je te parle de ça ? C'est parce que c'est un peu mon challenge de l'année. Didier Genest est un éditeur qui est fascinant mais qui a... qui parle plus aujourd'hui à des instituteurs qu'à des parents parce qu'au niveau graphisme, il s'intéresse aux enfants, à ce qui va marcher chez les enfants, et moins aux codes actuels, etc. Et en fait, c'est des livres exceptionnels au point de vue sensoriel, texture, et c'est des livres qui ont été écrits par des conteurs professionnels qui savent raconter. Et donc, c'est des livres qui sont faciles à raconter pour les parents, pour y mettre tout de suite le ton.

  • Claire

    D'accord.

  • Audrey

    Et voilà. Et donc, les trois petits pourceaux, c'est évidemment l'histoire des trois petits cochons, mais avec un loup trop marrant. Donc, je conseillerais ça. Et si je devais aller pour les un peu plus grands, je conseillerais les... Alors, tu me poses la même question demain, je te conseille d'autres livres. Mais là, je pense aux Incroyables, qui est un livre très grand format de Clotilde Perrin à l'École des loisirs. Et les Incroyables, en fait, tu as une double page. ou une page, je ne sais plus. Et en fait, c'est un livre passionnant parce que tu as des profils. Par exemple, tu as l'enfant vert et donc tu as un dessin de l'enfant tout en vert. Et c'est caricatural, mais ça parle des profils psychologiques de tout le monde. C'est un livre qui est fascinant, qui fait beaucoup réfléchir les enfants. Et je rajoute une quatrième recette, puisque c'est moi, je ne peux jamais m'arrêter. Et là, je passe carrément pour les plus grands à partir du collège. Je conseille vraiment, nous traverserons les orages de Anne-Laure Bondou chez l'école des loisirs. Pourquoi ? Parce que je pense qu'à l'époque actuelle, le devoir de mémoire est particulièrement important sur qu'est-ce qui s'est passé dans notre histoire les 100 dernières années, qu'on a un peu... Trop tendance à oublier. Et en fait, elle retrace l'histoire d'une famille sur un siècle de 1914 à 2014. Donc ça commence à la veille de la Première Guerre mondiale. Et cette famille, il y a les pertes avec les guerres, il y a l'antisémitisme, il y a... Plein de problèmes de famille, il y a des problèmes perso et des problèmes historiques globales. Il y a le sida, il y a tout ce qui s'est passé et comment une famille a été confrontée à ça. Avec ses moments joyeux et ses moments terribles. Et c'est un livre qui, pour moi, devrait être lu. Il est sorti l'année dernière et ça devrait être lu dans tous les collèges, lycées, à la place des espèces de trucs qui saoulent tous les enfants. Et voilà.

  • Claire

    Ok, trop chouette. C'est bien pour tous les âges, c'est cool.

  • Audrey

    Voilà, je t'ai fait bébé, maternelle, primaire, collège. Voilà,

  • Claire

    nickel. Et donc la dernière question, je voulais aussi avoir tes recos, plutôt musique, pour les enfants. Qu'est-ce qu'on peut leur faire écouter qui soit un petit peu différent, qui les mette en contact avec la musique et que ce soit des moments chouettes à partager avec eux ?

  • Audrey

    Ok, alors là je vais complètement t'étonner, mais on me demande, on me pose souvent cette question, et en fait le meilleur réveil musical pour l'enfant... c'est de chanter pour son enfant. C'est pas de lui faire écouter machin. C'est déjà de chanter pour son enfant. Ça, ça se perd totalement. Donc, le répertoire des comptines pour enfants. Idéalement, se munir de livres comptines pour avoir un support, parce que souvent, on a oublié les paroles, etc.

  • Claire

    C'était lointain.

  • Audrey

    Voilà, c'est lointain. Et aussi, on a l'impression qu'on est moins con quand on a un support livre.

  • Claire

    C'est vrai que quand on n'a pas la voix...

  • Audrey

    chanter, il s'enfonce. En fait, c'est tellement important pour lui le genre adressé, parce que ça lui fait un choc multisensoriel, notamment quand il y a le livre avec, parce qu'il va entendre chanter, donc il y a le son, mais en plus il y a l'émotion de ta propre voix, du moment que tu passes avec lui, de ce moment accordé avec lui. En plus qu'il va voir le livre, et en même temps, tu peux notamment sur le travail de Didier Jeunesse la collection Pirouette que les parents trouvent moche mais qui sont hyper bien parce que c'est du collage de matière il va y avoir du trompe-l'œil donc l'enfant va avoir envie d'attraper le livre. Donc ça c'est vraiment mais déjà commencer par ça quoi. Il y a un truc fascinant c'est que l'enfant tu sais il y a une vieille légende, tu vas me dire que je suis trop longue, mais il y a une vieille légende qui dit qu'un empereur chinois s'était fait peindre une fresque avec une cascade sur un mur. Et que finalement, il avait demandé d'enlever cette fresque parce que le bruit de l'eau le gênait. Et en fait, c'est ça, les enfants ont une capacité de projection bien plus grande que la nôtre. Et ils sont capables de sentir l'odeur du feu en voyant une image de feu, etc. Et donc, il y a aussi la sensation. Et un beau livre, c'est un livre qui convoque tous les sens. Parce que chacun va avoir un cerveau codé pour... pour prendre tel ou tel sens particulièrement. Donc, commencer l'éveil musical par lire avec un album comptine au tout petit. Après, un peu plus grand, c'est les albums CD. Alors, je sais que le CD se perd, mais en fait, ce n'est pas une excuse parce que la plupart des albums CD, ils sont sur Spotify, YouTube, etc. Donc, moi, je me les mets sur mon iPhone et il y a les pages du livre avec. Donc, souvent... Je continue avec Didier Jeunesse, mais aussi Gallimard Jeunesse, Gauthier Langreau, on fait des très beaux livres-disques, c'est bien pensé, c'est par des gens qui connaissent l'enfance, etc. Après, tu leur mets à dispo une petite malle d'instruments où ils expérimentent par eux-mêmes l'astronorité, etc. Tu valorises leur création en disant Ah, mais c'est pas magnifique, ou je sais pas quoi, tu te mets pas à avoir du second degré, mais voilà, c'est... Dis donc, c'est intéressant. Là, tu fais très, très fort. Là, tu ne fais pas fort du tout. Voilà. Déjà, c'est le premier réveil musical. Et après, il ne faut pas se forcer à aller sur telle ou telle musique. L'enfant, ce qui est important pour lui, c'est de voir aussi... Il ressent beaucoup de choses à travers le regard du parent. Donc, si le parent... L'enfant sent que c'est vendredi soir et le parent est en train de se faire son petit apéro avec une musique qu'il aime bien. En fait, c'est ça qui va marquer l'enfant. qu'est-ce qu'on s'en fiche que je sais pas quoi.

  • Claire

    Qu'il écoute Mozart ou je ne sais pas. Ouais.

  • Audrey

    Et Mozart, Mozart, on va en parler. La perception rythmique, encore chez Mozart ça va, mais c'est pas évident pour un tout petit petit. Tu vois ? Autant un gros hip-hop, ça lui fait percevoir la pulsation, etc. Donc aller vers ce qu'on aime bien et surtout chanter, chanter, chanter.

  • Claire

    En fait, partager des moments avec eux autour de la musique et qu'ils voient aussi qu'on apprécie ça et que c'est chouette.

  • Audrey

    ouais je crois qu'on en fait on est comme ça chaque parent on peut pas inventer autre chose chaque parent transmet ce qu'il a en lui il faut pas essayer de se forcer à être autre chose je suis pas une sportive de haut niveau quoi que mais non non on transmet ce qu'il nous fait et euh Et se forcer toujours à faire des activités, machin...

  • Claire

    Oui, de toute façon, ils sentent quand on fait des choses avec envie ou pas. Oui. Comme je disais tout à l'heure, les gens, quand ils rentrent dans la boutique, ils sentent l'ambiance. Les enfants, ils sentent encore mieux.

  • Audrey

    Exactement. Donc, l'enfant qui va se faire remarquer que ses parents, ils ont telle playlist en commun, qu'ils se font du bien, qu'ils arrivent à se détendre à ce moment-là ou qu'ils se mettent à chanter. Voilà, c'est ça qui est important. C'est ça. On veut créer des gamins, on s'en fout qu'ils deviennent violinistes plus tard, on veut créer juste des gamins qui prennent du plaisir, qui bénéficient de la musique comme espace d'évasion.

  • Claire

    Ok, super. Bon bah, y'a plus qu'à.

  • Audrey

    Voilà, y'a plus qu'à monter tout ça. C'est parti.

  • Claire

    Merci beaucoup, c'était très cool.

  • Audrey

    Avec plaisir.

  • Claire

    Et je te souhaite plein de bonnes choses.

  • Audrey

    Merci.

  • Claire

    A bientôt. A bientôt. Ciao.

  • Audrey bis

    Et voilà, j'espère que cette interview vous a plu. Merci pour votre écoute. Si vous souhaitez soutenir l'arrière-boutique, vous pouvez laisser 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute et le partager à celles et ceux que ça pourrait intéresser. Ça m'aide énormément à rendre le podcast visible. Donc un grand merci. Si vous ressentez le besoin d'un accompagnement personnalisé pour avancer sur vos projets, que ce soit pour le lancement d'une boutique, d'une marque ou pour toute ce stratégie commerciale, n'hésitez pas à jeter un œil à mes op'sur mon site l'arrière-boutique.fr ou à me contacter. Je propose des accompagnements sur mesure qui vous aideront à surmonter vos blocages et à atteindre vos objectifs. Pour ce qui est du podcast, on se retrouve dans deux semaines pour un nouvel épisode. Bonne journée !

Description

Librairie jeunesse, école de musique et de danse : plongez dans l’univers unique du Bon Ton, là où le commerce devient théâtre de découvertes et d’émotions !


Dans cet épisode de L’Arrière Boutique, je pars à la rencontre de Claire Wyniecki, fondatrice du Bon Ton. Elle partage son parcours d'entrepreneure et les réflexions qui ont guidé la création de cet espace où le commerce prend vie sous forme d’une véritable expérience pour petits et grands.


Parmi les nombreux thèmes abordés, Claire nous confie l'importance de construire un univers fort, elle nous parle du rôle du commerçant qui comme un interprète façonne l’atmosphère et fait de chaque visite un moment unique. Nous abordons les défis de l’entrepreneuriat et de la maternité, l’importance de collaborer avec des experts et le travail stratégique qu'est le merchandising pour optimiser sa rentabilité. Claire évoque aussi les moments de doutes et l’importance de garder une énergie sincère pour embarquer ses clients, le tout entrecoupé d’anecdotes marquantes, comme l'incendie qui l’a poussée à réinventer son projet.


Enfin, Claire termine l’épisode en partageant des recommandations de lecture et des ressources pour l’éveil musical des plus jeunes.


Que vous soyez (futur) commerçant, ou simplement curieux de découvrir cet univers créatif, cet épisode vous promet inspiration et conseils précieux !


Bonne écoute 🎶


Retrouvez toutes les personnes et ressources mentionnées dans cet épisode :INFL (Institut National de Formation de la Librairie) / Agence Link / Helène Lacombe : architecte / Steffi Brocoli : @steffibrocoli / Boutique Klin d’Oeil / ICI Librairie : @icilibrairie / Make My Lemonade / Oh My Cream


Livres jeunesse recommandés :

"Tu vois le jour" par Laurent Moreau (Éditions Hélium)

"Les Trois Petits Pourceaux" de la collection Didier Jeunesse

"Les Incroyables" par Clotilde Perrin (École des loisirs)

"Nous traverserons les orages" par Anne-Laure Bondoux (École des loisirs)

Collection "Pirouette" chez Didier Jeunesse


Pour découvrir toutes mes offres d'accompagnement, ressources et conseils pour commerçants, rendez-vous sur mon site l'Arrière Boutique !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Audrey bis

    Bonjour et bienvenue sur L'Arrière Boutique, le podcast qui vous invite dans les coulisses de l'expérience retail.

  • Claire

    Je suis Audrey Gallier,

  • Audrey

    consultante dans les domaines du retail, de l'entrepreneuriat et du développement de marques. Après dix années passionnantes à créer et développer mes boutiques, j'ai envie aujourd'hui de transmettre mon expérience mais aussi celle de mes invités. Pour cela, je reçois dans ce podcast des personnes inspirantes qui vous ouvrent les portes de leurs boutiques pour vous raconter leurs aventures. Je vous livre aussi, dans des épisodes boîte à outils, des pensées et astuces pour vous motiver et vous aider dans vos projets retail. Très bonne écoute ! Salut ! Dans ce nouvel épisode, je pars à la rencontre de Claire, fondatrice du Bon Ton, un lieu unique à Paris qui mêle école de musique, de danse, librairie jeunesse et marque d'accessoires pour enfants qui s'appelle Prout Prout. Ce projet est bien plus qu'un simple commerce, c'est un univers fort et audacieux qu'elle a créé, en repoussant les limites du concept traditionnel de la boutique. Avec Claire, on a abordé mille et un sujets, comme par exemple la place centrale que le commerçant occupe dans son projet. Pour elle, c'est un peu comme au théâtre. Tenir une boutique, c'est incarner un personnage, donner vie à un lieu. C'est une véritable performance quotidienne pour attirer et fidéliser, mais aussi pour se renouveler sans cesse. Elle nous partage aussi les moments de doute, ces phases où l'énergie vient à manquer. Claire, elle, les voit comme des indicateurs essentiels de la nécessité de se réinventer. Parce que si l'on n'est pas nous-mêmes embarqués dans notre projet, comment réussir à embarquer nos clients ? On abordera également des sujets très concrets, comme l'importance de bien réfléchir au merchandising pour que chaque mètre carré soit plus rentable, tout en facilitant l'analyse des ventes et l'achat d'assortiments. Claire nous explique aussi pourquoi est-ce qu'elle a choisi de s'entourer d'experts plutôt que de s'associer, et comment ça va lui permettre de garder son indépendance tout en bénéficiant de compétences clés. Et bien sûr, elle revient sur les défis imprévus, comme cet incendie qui a failli tout remettre en question. Comment a-t-elle rebondi ? Quel apprentissage en a-t-elle tiré ? Et à la fin de l'épisode, on prend 10 minutes pour que Claire nous fasse ses recommandations lecture pour nos chers enfants, du plus jeune âge à l'adolescence, et elle va aussi nous parler de ses petits conseils pour tout ce qui est éveil musical. Donc que vous soyez parent ou que vous ayez des enfants dans votre entourage, je suis sûre que ça vous donnera tout un tas d'idées, d'autant plus que Noël approche. Cet épisode regorge donc de conseils et de partages d'expériences très précieux. Bonne écoute ! Salut Claire !

  • Audrey bis

    Salut !

  • Audrey

    Alors aujourd'hui on est au Bonton, on est bien installées au fond, toutes les deux dans une petite salle et on va raconter un peu ton histoire, raconter le parcours du Bonton et je pense que ça va être hyper intéressant parce que c'est un projet méga pluriel. On va commencer d'abord par le début, est-ce que tu peux te présenter s'il te plaît ?

  • Claire

    Donc je m'appelle Claire, j'ai 36 ans. depuis hier. Je suis donc la fondatrice de Le Bon Ton, qui est une école de musique et danse principalement destinée aux tout-petits dès la naissance, et librairie jeunesse. Donc c'est installé à Paris dans le 9e, près de Pigalle-Saint-Georges. C'est un lieu, donc effectivement, le mot pluriel, je ne l'avais jamais utilisé, mais c'est vrai que ça colle. Mais pour moi, tout est cohérent, c'est-à-dire qu'on fait vibrer la littérature de jeunesse avec l'éveil à l'art. Alors l'art scénique, puisqu'on ne fait pas d'art plastique. L'art scénique, donc éveil musical, éveil à la danse.

  • Audrey

    Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur le bon ton ? Quand est-ce que l'idée est arrivée ? Enfin, un peu les étapes clés du développement. Après, on ira un peu plus en profondeur sur le sujet. Qu'on comprenne un peu la jeunesse du projet.

  • Claire

    Oui. Alors, en fait, moi, je suis violoniste professionnelle. Et ça a toujours été clair pour moi que je ne voulais pas être interprète. Mais j'étais en musique-études. Si tu veux, j'étais un peu sur les rails. Enfin, j'ai toujours été vouée à une carrière d'interprète. Et moi, ce que je voulais, c'était écrire. C'était mon obsession depuis que j'étais au lycée. Je voulais devenir critique musicale et donc l'écriture a toujours fait partie de moi et ce qu'on m'avait conseillé, j'avais à l'époque été conseillée, j'ai eu la chance d'être en contact avec le directeur du groupe Bayard qui m'avait dit écoute, soit tu fais une école de journalisme mais c'est pas compatible avec tes études musicales très poussées, avec des heures de travail d'instrument, etc. soit tu rentres par la petite porte et tu deviens très spécialiste dans ton domaine et tu verras, on t'ouvrira les portes, etc. Et donc ce monsieur, j'ai eu de la chance parce qu'il m'a dégoté un stage chez le journal La Croix. J'étais très très jeune, mais effectivement, en même temps, je m'y connaissais très bien en musique. Donc son petit pari a marché parce qu'on... C'est difficile d'être spécialisée dans la musique et la danse. Tout le monde n'est pas spécialisé dans ces domaines-là. Et du coup, suite à ça, je suis très vite devenue pigiste. Et après, j'ai été engagée par Le Parisien Aujourd'hui en France. J'étais leur critique musique et danse, j'ai fait ça pas mal d'années, puis après pour Diapason, etc. Donc j'ai fait assez jeune ma place dans la presse musicale. Je dis ça parce qu'il y avait vraiment cette écriture, l'écriture qui était toujours là. Et parallèlement, je continuais mes études de violon, pas que de violon, j'ai fait beaucoup de culture musicale au sud de Paris, et j'étais à la Sorbonne en musicaux. en master et j'ai aussi fait un master de médiation de la musique. Donc cette formation à la médiation entre le public, qui n'était pas forcément à l'époque le jeune public, ça peut être tous les publics empêchés aussi, enfin le public quoi, tous les publics. Donc voilà, et c'est dans le cadre... Donc j'ai toujours enseigné aussi... A l'époque, quand j'étais au lycée, c'était surtout pour me faire des sous et pour aller chez Zara derrière. Mais voilà, j'ai toujours enseigné le violon et c'est quelque chose qui me plaisait beaucoup. Et aussi dans mon univers, il y a toujours eu une patte très potache, très enfantine. C'est quelque chose qui m'est propre. Donc voilà, à partir de ce tapis... J'ai eu un coup de foudre professionnel quand je travaillais chez Le Parisien. C'était à l'époque le boom des livres-disques pour enfants, qui sont complètement en perdition maintenant suite à l'arrêt du disque. Mais à l'époque, c'était un univers foisonnant. Et forcément, comme Le Parisien est un gros média, il y a tous les éditeurs qui m'avaient sauté dessus. Et j'ai eu vraiment un coup de cœur pour cet univers-là, le rapport musique-texte-image. ça m'a semblé être une mise en scène hyper intéressante. Et donc, je me suis vraiment passionnée de ça. J'en ai fait un master, d'ailleurs, derrière de littérature de jeunesse spécialisée là-dedans. Et je me suis dit, l'écriture pour enfants, le livre pour enfants, notamment musical, mais musical, ça peut être pas forcément le disque. Ça peut être un livre continue ou alors rien que la musicalité du texte. Ça m'a beaucoup intéressée. Et donc, je me suis spécialisée là-dedans. en même temps que j'étais donc musicienne pro. Et voilà, c'est ça qui a fondé un peu tout le bon temps. Donc aujourd'hui, on croit qu'il y a quelque part une librairie jeunesse et une école de musique collée. Mais pour moi, tout est ensemble. C'est tout ce à quoi je... Voilà, tout ce qui me fait vivre.

  • Audrey

    Ok. Et donc, au début, il me semble que tu n'avais pas de lieu qui était propre.

  • Claire

    Au début... Je... Alors, en fait, au début, j'ai... Bon, c'était un souci aussi. Peut-être que je... En fait, j'ai fondé une première boîte en 2017 où, effectivement, je ne m'étais pas donnée de lieu propre. C'était à la fois par côté financier. J'avais pas les investissements nécessaires. D'autre part, c'était peut-être un manque de confiance aussi. Je voulais tester mon truc. Et c'est vrai qu'à l'époque, j'avais été accueillie dans des super jolis lieux. Donc, c'était assez sympa. J'étais au théâtre de l'Atelier, à l'Éléphant de Paname. J'étais aussi à l'Hôtel du Temps. Et puis, je bossais aussi beaucoup en B2B pour des marques. Je faisais des gros événements pour des marques qui me plaisaient à l'époque et qui avaient un peu le vent en poube, genre Balzac Paris, Et Moi Et Moi, etc. Et donc, je faisais ce B2B. Donc j'ai fait ça pendant trois ans. Et puis le Covid est tombé, ça a coupé un peu tout ça. Grosse remise en question de mon côté. Et puis à ce moment-là, je suis aussi devenue maman. Donc le côté itinérant, ça commence à être un petit peu galère les dimanches matins avec mon piano sous le bras, etc. Et donc, je me suis posée. J'ai fermé ma boîte au moment du Covid pour permettre de me poser, de réfléchir. J'ai challengé aussi ma créativité à ce moment-là parce que je me sentais un peu en perdition en faisant des stages d'écriture, plein de choses différentes. Et donc, quand je me suis ressentie d'attaque, J'ai lancé le bon ton, mais cette fois, je me suis dit, en fait... Il faut taper gros, en fait, pour faire... Voilà, il faut faire sa place, s'installer. Oui, plus c'est fini de rentrer par la petite porte, maintenant, je vais taper gros. Donc, lieu, waouh, mais ce n'était pas que le lieu. Je me suis dit, je fais un investissement au niveau de la DA. Je suis allée taper à la porte d'un très, très gros studio de design et de DA, qui est Link Studio, qui ont... énormément apporté parce que j'ai fait exprès de prendre des gens qui ne travaillent absolument pas dans la culture, qui sont des modeux mais j'aimais bien leur côté limite trash des fois quand ils travaillent sur certains voilà notamment ils travaillent pour Christophe et ils ont complètement dézingué le truc et donc j'aimais bien faire cohabiter ça donc je me suis dit mais qu'est-ce qu'ils vont penser d'un projet sur les veilles les tout petits etc et Et en fait, c'était canon, c'est super bien entendu, parce qu'ils m'ont rendu visible l'impertinence que j'avais envie de mettre dedans. Donc, eux ont été très, très, très importants dans toute la patte de D.A. Et puis après, gros coup aussi en étant dans la presse. Voilà, j'ai voulu taper gros. C'était... Parce que sinon, on reste un peu... Enfin voilà, moi toute l'idée c'était de m'asseoir et d'asseoir les veilles culturelles et artistiques pour les tout-petits, qui n'ont pas forcément toujours une place très élégante ou très mode, très branchée, très désirable. Enfin je ne sais pas ce que tu veux mettre comme mot dessus, mais en tout cas, je voulais asseoir ça et en faire quelque chose d'hyper sexy. Aussi parce qu'en tant que jeunes parents, des fois ça fait du bien d'aller dans un truc un peu sexy et pas toujours être dans le truc...

  • Audrey

    C'est bien parce qu'en fait, tu as eu ces trois années où tu as gagné en confiance, où tu as solidifié, tu as observé le retour, les besoins de tes clients, etc. Et donc, je comprends cette envie de dire, OK, ça fait trois ans que je fais ça. J'ai fait ma pause, j'ai retrouvé ma créativité et maintenant, je reprends le marteau et j'enfonce le clou d'un coup. Je fais ça vraiment, je sais où je vais et je sais comment je veux faire.

  • Claire

    Voilà, j'avais déjà testé que clairement... Parce que bon, on a une... J'ai mis en place une... Alors, ça fait un peu prétentieux de dire ça. Je ne sais pas comment le dire autrement. Mais bon, tu as compris. J'ai mis en place une pédagogie un peu particulière. Qui n'est pas quelque chose... Je ne suis pas pédopsychiatre ou neuroscientifique, etc. C'est des choses qui me sont venues naturellement par rapport à mon parcours. Par rapport à je ne sais pas quoi. Mes envies, mes aspirations. Et j'ai vu que mes... Mes contenus marchaient très bien autant auprès des enfants que des parents qui passaient aussi un bon moment, etc. Donc j'ai pu tester ça aussi, j'ai pu tester ma pédagogie, que j'ai renforcée après pendant mes trois années de... Enfin c'était pas vraiment des années de pause, mais mes années de formation, etc.

  • Audrey

    Non, t'as continué en fait à construire le projet tranquillement, en prenant du recul, etc. C'est pas parce qu'on n'est pas dans le... L'action concrète, qu'on n'a pas une boutique ouverte, etc. Ça ne veut pas dire qu'on est en train d'y travailler. Ça prend du temps de le mûrir et ça permet d'arriver à quelque chose qui est plus abouti aussi dans notre tête.

  • Claire

    Sachant que moi, c'est un projet. Donc là, l'aboutissement qu'on voit aujourd'hui, c'est une idée que j'ai eue. J'avais, je crois que j'avais genre 22 ans. Et tu vois, je l'ai ouvert à 34 ans. Et... Et en fait, franchement, j'ai eu des longues traversées du désert, genre de frustration. De frustration à la fois, je n'ai pas les sous, je ne me sens pas capable, je n'ai pas d'associés, en fait, je ne suis pas capable de faire tout seule, des trucs comme ça. Et des fois, je me suis souvent dit, mais heureusement que, en fait, j'ai eu des bâtons dans les roues à tel, tel, tel moment, parce que ça serait ça, il n'y aurait pas ça, ça, il n'y aurait pas ça, ça, il n'y aurait pas ça. Et encore, si ça se trouve, si j'avais ouvert cinq ans plus tard, il y aurait plein de choses en plus, tu vois.

  • Audrey

    Mais t'as senti que c'était le bon moment là ? T'avais fait suffisamment de chemin ?

  • Claire

    Alors c'est venu... En fait je vais être honnête. C'est venu... Il y a un moment tu prends du recul pour te former, pour rebooster ta créativité etc. Moi j'ai commencé à travailler très jeune donc du coup j'avais beaucoup de choses à... Voilà tu prends beaucoup d'automatisme quand tu travailles et des fois c'est bien de... de casser tous les automatismes, de te remettre en danger, etc. Et on n'a pas toujours le temps de le faire dans notre vie. Mais pour être honnête, au bout d'un moment, quand tu recherches, recherches, recherches sur toi, surtout dans une pratique un peu qui est quand même... Aujourd'hui, je suis chef d'entreprise, mais je reste quand même, j'espère, je reste artiste. C'est ce que je suis à la base. Tu peux te perdre au bout d'un moment aussi dans tes recherches et ta raison en question. Donc moi, j'en étais à cette étape-là. Et il s'est passé deux choses. C'est tout bête des fois la vie, mais il s'est passé vraiment deux choses vraiment fondatrices. La première, c'est que je me suis pris un de ces vents par un éditeur jeunesse. Un truc horrible. J'avais écrit un roman. J'avais proposé un roman à l'école des loisirs. Enfin, à plein d'éditeurs. L'école des loisirs me repère. Me dit, en fait, ok, c'est super. L'école des loisirs qui est un peu le Graal. Ils me disent... C'est un roman que j'avais écrit à quatre mains avec une personne. L'école des loisirs nous appelle. Ils nous disent, putain, vous nous avez décoiffé. On adore. Mais le sujet, ça ne va pas du tout. Donc, vous nous réécrivez ça. Ok. Je réécris. Et là, on m'appelle, on me fait En fait, ça va pas du tout. Ciao. Et genre, mais le truc, le truc, mais hop ! Et c'était hyper dur. Hyper dur. Et moi, j'avais encore... En fait, c'était hyper fondateur. Et je me dis Mais merci qu'il me soit arrivé ça. Même si ça m'a fait... tellement pâle.

  • Audrey

    C'est un peu sorrier, tu te rends compte que des fois, il y a des moments comme ça.

  • Claire

    Mais c'est ça. Mais moi, je m'étais tellement battue. J'avais passé tout l'été, j'avais deux bébés, j'avais tellement bossé, j'avais tellement une remise en question. Là, tu t'arrives à un aboutissement, l'école des loisirs t'appelle, te dit que, ok, le roman, nanana. Et là, en fait, non.

  • Audrey

    Non,

  • Claire

    et la porte est fermée. Et en fait, oh putain, ça m'a fait super mal. Et là, je déjeune avec une amie d'enfance, donc qui me connaît vraiment depuis l'enfance, qui est contrebassiste, notamment à l'Orchestre de l'Opéra, à la Garde Nationale. C'est une nana qui est un génie de la contrebasse. Elle est rentrée au CNSM très, très tôt, avant le bac. Elle était au lycée, une nana extra. Et en fait, je dis ça, ça a un lien parce que... En fait, on est quand même habitués dans la musique à se prendre des gros vents, à passer des concours toute notre vie, à rater la plupart des concours. Enfin, je veux dire, l'échec, ça fait partie quand même de nous et même des fois, ça fait très, très, très mal. On sait quand même rebondir. Et en tout cas, je déjeunais avec cette nana, j'étais effondrée. Et là, elle me dit, voilà, moi, en fait, cette nana, c'était un génie de la contrebasse, mais pendant dix ans. Elle a fait que rater des concours pendant dix ans. Elle me disait mais c'était horrible, après je me mettais à tout prendre sur moi, je ratais un métro, je me disais mais t'es une pauvre meuf, je me mettais du mascara sur le côté, je me disais mais t'as raté ta vie, et elle me dit écoute, aujourd'hui je suis à la garde nationale, la garde républicaine, à l'opéra, etc. Le truc dont je suis le plus fière, c'est d'avoir monté mon petit stage de contrebasse et elle me fait clair, t'es faite pour faire des trucs par toi-même, ne pas demander... Et je crois que je m'étais un peu égarée dans cette période de recherche où je me disais je veux plus monter par moi même, je suis pas capable de monter par moi même et du coup j'attends des gens, j'attends qu'un éditeur prenne soin de moi, j'attends que truc truc m'embauche, j'attends que... mais moi je suis pas une personnalité comme ça en fait, je crois que ça ne marche pas quand j'essaye de faire des trucs pour des gens, c'est cata quoi, je suis incapable de rester dans le cadre et du coup elle, elle a commencé à me mettre un tu vois, me relancer. Elle a vraiment été fondamentale. Et après, j'ai ma sœur au téléphone qui me dit Écoute, là, bouge-toi, parce qu'en fait, tu ne vas pas te reconnaître dans dix ans, tu ne vas pas te reconnaître, moi, je ne te reconnais pas. Donc, ok, tu es fatiguée, tu as tes deux bébés, nanana, mais bouge-toi le cul, parce qu'en fait, voilà. Et là, après, moi, j'ai eu la chance d'avoir un mari qui est complètement taré, qui me... qui me... Je crois que... qui est pas du tout comme moi, mais qui me comprend totalement, et qui est aussi fou que moi, parce que là, je lui dis, en fait, je vais me lancer. Il fait, ok, écoute, on va acheter un local, et puis on va y aller, et tout. Et du coup... Alors, il m'aide pas du tout. Alors lui, il n'est pas du tout de conseil sur mon business, etc. Mais il est là derrière. Il soutient pas. Mais pas de problème, ça va faire. Et du coup, je me suis lancée comme ça, et ça m'a... Voilà, mais comme quoi ça peut être des déclics dans la vie qui sont une grosse baffe. Voilà, donc la conclusion de ça c'est ok, c'est bien de se remettre en question. Après au bout d'un moment on s'y perd, donc au bout d'un moment il faut y aller.

  • Audrey

    Mais ouais, et aussi se dire que parfois les signes, c'est pas des signes positifs, ça peut être aussi un échec, une marche ratée, une grosse claque. Et puis ça fait réfléchir et c'est pas qui permet d'avancer.

  • Claire

    Moi j'avoue que... Ouais, mais... très très grosse douleur dans la vie ça a été mes gros steps.

  • Audrey

    Donc si vous êtes en galère,

  • Claire

    si vous écoutez ça, c'est la misère. Des trucs qui font bien bien mal où on se sent bien bien.

  • Audrey

    De choses chouettes qui vont se passer après quoi.

  • Claire

    Ouais.

  • Audrey

    C'est vrai que dans mon histoire pro aussi, on avait eu ça avec mon associé, on s'était pris une grosse gifle quoi. Au moment de créer notre boîte. Et le truc où tu te dis, peut-être en fait je vais arrêter quoi.

  • Claire

    Ouais.

  • Audrey

    Et finalement, pareil. Là c'est parce qu'en plus on était deux, donc discussion etc. Et on a eu un déclic, on s'est dit, en fait non on va pas arrêter, on va travailler trois fois plus dur. Et je pense qu'on a bien fait ce point de cette gifle parce qu'on n'aurait pas pris la bonne direction. On partait dans le mauvais sens. Et donc tu te dis, ok, finalement, je suis capable, je vais le faire, je n'ai pas besoin d'attendre quelqu'un pour le faire.

  • Claire

    Et là, je me suis rendue compte que tout était prêt dans ma tête. On me dit souvent, mais attends, mais quelle énergie pour faire ça. Moi, j'ai l'impression que ça ne m'a pas du tout demandé de l'énergie. En fait, c'était déjà prêt, c'était tout là.

  • Audrey

    Ça a bien mijoté pendant 12 ans.

  • Claire

    Donc vraiment le gros choix c'était d'aller sur un studio design un peu coup de poing parce que j'avais peur de faire appel à la petite graphiste qui allait me faire un truc hyper layette. L'autre truc c'était de faire appel à l'architecte, donc j'ai choisi Hélène Lacombe au final qui n'avait pas... Donc Hélène c'est une architecte... C'est vrai qu'il y a quelques années, on aurait pu dire qu'elle était encore émergente. Aujourd'hui, elle est tellement en train de cartonner que je ne sais pas. Je suis très heureuse pour elle. Mais en fait, Hélène, ce qui m'a plu dans son travail, c'est qu'elle faisait tout en rondeur. Et c'est pour ça que je l'ai choisie, parce qu'en soi, on aurait pu se dire qu'elle n'a pas l'univers du tout coloré. Parce qu'au contraire, elle, elle est très dans les beiges, etc. Mais... Mais c'était son ergonomie, en fait, qui m'a vachement plu. Et on s'est tellement bien entendues sur le projet. C'était tellement fluide. C'était un régal de travailler ensemble. Donc ça, c'était vraiment très important. En fait, je pense que ce qui est important, c'est que c'est ça aussi. J'ai souvent eu, et je pense que beaucoup de gens ont ça, veulent se dire... peux pas partir tout seul, j'ai envie d'être associée. Et moi j'avais, déjà je trouvais pas spécialement d'associée, et en plus de ça j'avais mon mec qui me disait mais non, c'est toi, c'est ton univers, vas-y, tu vas pas filer la moitié à quelqu'un qui connait rien, qui va te mettre des bâtons dans les roues, etc. Et puis, j'ai une amie qui me dit, mais t'es pas obligée d'être associée, mais tu peux bien t'entourer en fait, d'avoir des... des gens, des collaborateurs ponctuels sur des trucs. Et je sais que, par exemple, j'avais été conseillée très gentiment par Fanny Pecioda, qui était la fondatrice de Seasonly et My Little Paris. Et je sais que c'était un peu sa stratégie. Bon, alors, eux, évidemment, c'est énorme. Il y avait plusieurs associés à la base. Mais quand elle veut lancer un truc, par exemple, elle veut monter My Little Gambette, elle prend la directrice machin truc de Dim et elle monte le projet en mode voilà quelques jours de boulot et tac en mode prestataire. C'est intéressant. Et du coup aujourd'hui je bosse vachement comme ça en fait. Je fais rentrer personne dans la boîte. Quand tu me dis on est que deux oui on est que deux avec Morgane mais par contre on a des prestataires qui ont une place importante dans le projet et qui nous permettent de passer des...... Des marches comme ça. Et en fait, tu vois, Hélène, c'est quelqu'un qui a été hyper important. Link, c'est quelqu'un... Enfin, ils sont super importants pour moi. Et ils peuvent encore être référents quand j'ai des questions. Quand je veux refaire un shooting, je fais appel à eux. Voilà. Et il y en a d'autres. Il y a Anne Pascal aujourd'hui qui est mon illustratrice. Anne... Alors, il était question qu'elle rentre dans la boîte. et puis au final j'ai trouvé que c'était pas forcément notre meilleure manière de collaborer donc Anne aujourd'hui elle est l'illustratrice de toute la partie garçon chez Jacques Haddy en interne mais par contre elle est prestataire pour nous et elle me fait toutes mes vitrines, toute ma carterie tout mon prout prout donc...

  • Audrey

    Oui parce qu'on n'a pas encore parlé de prout prout c'est une activité spécialement Oui

  • Claire

    Prout prout bah oui en fait à la base ça partait d'un constat Dans toutes les librairies, on vend un peu de hors-livre. Bon, c'est parce que... On ne va pas se mentir, le hors-livre, ça fait un peu plus de marge que le livre où la marge n'est pas terrible. Et puis, ça crée une petite fantaisie, etc. Mais moi, je n'ai jamais réussi à comprendre. À chaque fois qu'il y a une librairie qui a un coin jeunesse, on se dit, à côté, ils font du Djeiko, je vais faire du Djeiko aussi. Quelle bonne idée ! Et voilà, c'est fait en Chine, etc. Ça n'a aucun impact sur l'identité de la boutique. Donc voilà. Et du coup, j'ai cherché des trucs qui me plaisaient moi en tant que maman. Et ce qui a fait mouche, c'est... Il se trouve que moi, mes enfants, je les habillais avec des pulls qui me rappelaient ma grand-mère, avec des personnages, des pulls en laine un peu ringards avec des personnages. Et ces pulls avaient toujours vachement de succès. Je sais pas, je vais chez le médecin, elle me dit Mais vous avez trouvé où vos pulls ? et tout ça. Et du coup, je me suis dit La mamie à qui je les achète sur Vinted... Ils sont neufs, mais elle vend sur Vinted, etc. je lui ai demandé si elle peut me faire une collection là m'a mis à donf et du coup elle commence à tricoter, c'est une usine à gaz voilà et donc je mets quelques pulls mais à la base c'était juste pour que ce soit rigolo tu vois et là carton total on me commandait plus etc du coup moi je branche Régine j'ai fait Régine et je me suis rendu compte que il y avait un un Déjà, il y avait des mamies qui avaient besoin de compléments de retraite et puis aussi de petits projets dans leur vie, etc. Ça leur faisait super plaisir. Et puis, de l'autre côté, il y a le capital sympathie de se dire que c'est une mamie. Moi, j'en ai deux, dans le nord de la France, une en Bretagne qui tricote leur truc. Et donc, voilà, j'ai mis ça en place. Et suite à ça... Après, c'était mon amitié avec Anne. On a commencé à délirer sur des petits trucs. Enfin, voilà. Pour l'instant, c'est un peu mon petit plaisir. C'est mon petit espace créatif. Un petit laboratoire aussi. Et bon, il faut que... Clairement, c'est pas bien pensé encore en termes de... Parce que je fais tout en France, à la main, dans des petites choses, dans des toutes petites quantités. Donc voilà, c'est pas bien pensé en termes de business, mais je me fais plaisir, je mets de l'identité dans la boutique, etc. Après, ça partait aussi d'un constat, c'est qu'on avait, quand on a ouvert le bon ton, on avait quelques créateurs extérieurs, type Mains Sauvages, qui plaît beaucoup, c'est des doudous en laine. Adada, c'est des peluches un peu haut de gamme. des créateurs, donc Made in France ou Europe, très responsables parce que ça, ça fait partie évidemment de l'ADN du bon ton. Et en fait, ça ne marchait pas du tout. Ah ouais ? Alors, ça va marcher dans la boutique à 3 mètres, mais ça ne marchait pas du tout.

  • Audrey

    C'est parce que les gens cherchaient chez eux, en fait.

  • Claire

    Et en fait, c'est ça. Et ce qui marchait, c'était nos gros délires hyper impertinents, nos jouets vintage, voilà. Et on a eu le malheur d'avoir un incendie qui a tout cramé, on a perdu tout notre stock et il a fallu faire une réimplantation. Et là, évidemment, on n'a pas repris ce qui ne marchait pas. Donc, cet incendie...

  • Audrey

    Encore une fois !

  • Claire

    Le gros coup de poing qui... Voilà, c'est ça. Ça, c'était le 30 août 2023.

  • Audrey

    Attends, donc du coup, est-ce que tu pourrais juste me refaire une petite temporalité, qu'on comprenne quand est-ce que tu as eu les clés, quand est-ce que tu as ouvert, etc., pour qu'on visualise ?

  • Claire

    Alors, j'ai eu les clés en janvier 2022.

  • Audrey

    D'accord.

  • Claire

    Mais on a fait... Enfin, en fait, j'ai pas vraiment eu les clés, j'ai acheté... Alors, moi, j'ai acheté les murs du local. C'était une ancienne épicerie qui était dans son jus depuis les années 70. Et en fait, c'était assez touchant parce que quand j'ai acheté... Le mec avait les larmes aux yeux parce que c'était une histoire familiale. Et tout à coup, il a eu un gros, je ne sais pas, beaucoup d'émotions et beaucoup de peur de vider son stock, de vider tout ça. Et donc, je lui ai laissé jusqu'à l'été 2022 pour finir son magasin, etc. Et moi, de toute façon, j'étais, tu sais, c'est une formation qui est obligatoire quand même quand tu veux faire les choses correctement. J'étais à l'école de la librairie. C'est un passage incontournable. Il y a beaucoup de gens qui lancent des trucs sans faire l'école de la librairie.

  • Audrey

    Tu recommanderais de le faire ?

  • Claire

    Oui, tu ne peux pas vraiment.

  • Audrey

    Ça dure combien de temps ?

  • Claire

    Alors moi, j'ai fait une formation de un an. Donc, ce qui n'est pas du tout suffisant, ça ne m'invente pas libraire. C'est pour ça que je collabore avec une personne qui était libraire depuis dix ans. Sinon, voilà. Mais... C'était une formation, moi j'ai fait la formation de création de librairie, donc c'est plus le côté business, stratégie, etc. Et donc voilà, de toute façon j'étais dans cette formation-là à ce moment-là, et donc j'ai eu vraiment les clés fin août 2022. Et il y a eu quand même très très longtemps de travaux, parce qu'ils ont commencé direct en septembre, et ça s'est fini, ben c'était pas encore fini quand ça a ouvert, donc voilà. Donc ça a fini en avril. Donc on a ouvert en avril. Et avec une demi-vitrine. Les mecs nous avaient...

  • Audrey

    Les ouvertures,

  • Claire

    c'est toujours... Voilà, ils nous avaient livré que la demi-vitrine. Et d'ailleurs, les gens... C'est un concept, ça. J'étais là, mais mon Dieu. Et en fait, les gens croyaient que c'était trop cool, que c'était une vitrine télescopique. Et en fait, non, pas du tout. On avait juste une demi-vitrine. Du coup, les jours où il pleuvait, on ne pouvait pas ouvrir et tout. C'était la loose. Bref. Et... Et donc voilà, on passe le temps et le 30 août, méga tuile, incendie. Et là, tout crame, l'horreur. Et la chance que j'ai eue, c'est que les ouvriers ont pris sur eux de refaire les travaux avant même d'être payés par l'assurance. C'est ça qui est souvent...

  • Audrey

    La même équipe avec qui tu avais fait tes premiers travaux ?

  • Claire

    Moi, c'est... Donc, quand j'ai eu ça, je me suis rendue compte...

  • Audrey

    Mais qu'est-ce que t'as dû halluciner ?

  • Claire

    Ouais, ouais, non mais c'était horrible. Mais en fait, je me suis rendue compte que le gros, gros problème, si tu veux, là, on est plus d'un an après l'incendie, j'ai pas encore touché tous les sous. Ah ouais ? Et en fait, quand t'as pas cette équipe qui est... Enfin, voilà, je les remercie. Donc, quand t'as pas cette équipe comme la mienne de travaux, en fait, les mecs doivent attendre, donc là, plus d'un an pour... commencer les travaux. Donc les locaux restent en friche comme ça pendant des mois et des mois. Et ça c'est la normalité du truc donc tu t'en mets pas en fait quand t'as fermé pendant un an et demi et qu'après tu dois faire les travaux et que... Recompte,

  • Audrey

    retrouver l'énergie pour recommencer alors que...

  • Claire

    Exactement et moi j'ai eu beaucoup de chance parce que les mecs ils étaient prêts à travailler dès le lendemain pour faire le truc.

  • Audrey

    Ça change tout, c'est vrai qu'ils n'auraient pas joué le jeu...

  • Claire

    Après, en fait, c'est parce que aussi, déjà, ils étaient très fiers de ce local, que l'ouverture de ce local leur avait rapporté beaucoup de contrats privés dans le quartier, que ça jasait un petit peu aussi sur pourquoi c'est passé ça, etc. Même si c'était un pur accident ultra bête. Et donc, voilà, ils se sont mis au boulot. Alors, il y avait des légos quand même à respecter, trois semaines, machin. Et puis, je suis tombée sur des experts. On les critique souvent, mais là je voudrais vraiment leur rendre à César ce qui est à César. J'ai eu un expert d'assurance, un mec canon et alors canon, efficace, il était canon aussi. Écoute-moi François si tu m'écoutes. Mais voilà, et en fait cette personne, j'ai pu... Alors petite anecdote mais quand même marrante parce qu'au début en fait quand tu as des... gros, gros pépins comme ça, avec beaucoup, beaucoup de sous en jeu, l'assurance t'attribue aussi un expert d'assuré qui te fait ton dossier. Parce que c'est énorme. Et le premier qu'on m'attribue, je vois le mec arriver qui me dit, vous fermerez... longtemps, longtemps. Et il me fait, les gens qui se désinscrivent, c'est des cons. Il me dit ça, mais c'est peut-être des gens qui veulent faire faire de la musique à leurs enfants. Enfin, je veux dire, ils sont peut-être malheureux pour moi, mais quand même, ils ont envie que leurs enfants fassent machin. Et donc, j'appelle mon expert d'assurance et je lui dis, bah là, il m'a l'air chelou, quand même, la personne. Et il m'a recommandé un mec, c'était un cador, il a tout dézingué, tout de suite. Il a fait, écoute... Déjà, il faut débarrasser ce lieu parce que c'était invivable pour tout l'immeuble. Ça puait, c'était irrespirable, ultra efficace. Et voilà, c'était dans mon malheur. J'ai quand même eu de la chance parce que l'incendie était le 30 août. On a rouvert le 20 octobre.

  • Audrey

    Ah mais ça a été super rapide.

  • Claire

    Ça a été super rapide. Après, du coup, c'était une période lunaire pour moi et pour Morgane. C'est un monde,

  • Audrey

    tu venais à peine d'ouvrir.

  • Claire

    Je venais à peine d'ouvrir et...

  • Audrey

    Morgane, elle a rejoint l'aventure dès le début. Alors

  • Claire

    Morgane avait son contrat un an avant l'ouverture du canton.

  • Audrey

    Ah oui, d'accord, ok.

  • Claire

    Ouais. Morgane, c'est quelqu'un qui travaillait dans une librairie que j'aimais bien. D'accord. Et j'allais dans cette librairie pour cette libraire que je trouvais extra. Et donc j'avais un coup de foudre professionnel pour elle. Et quand... Il se trouve que c'était un hasard total parce qu'elle ne me connaissait pas personnellement, elle ne connaissait pas ma vie, etc. Mais quand je m'étais dit que j'allais peut-être aller lui parler de mon projet, non pas pour la débaucher, mais pour savoir si elle avait quelqu'un à me recommander, etc. Elle quittait la librairie où elle était et donc je lui ai mis le grappin dessus. Pendant un an, elle a fait autre chose. Elle était libraire volante, c'était des gens qui se sont envoyés dans plusieurs librairies, etc. Et elle m'a rejoint. D'accord. Voilà. Et Morgane n'est pas que, je dirais, c'est pas qu'une libraire à la caisse, c'est quelqu'un qui a bossé trois mois avec moi avant l'ouverture du bon ton pour plein de choses. Voilà. Donc là, effectivement, c'était une période très, très dense au moment où on a eu, enfin, il y avait des travaux ici, mais nous, il fallait qu'on re-questionne notre stock. qu'on balance tous les bilans, les factures de tout ce qui s'était passé avant, parce que tu as le calcul de tous les dégâts, mais tu as le calcul de la perte d'exploitation. Hyper galère à négocier quand tu n'as pas trop d'ancienneté. Oui,

  • Audrey

    c'est galère.

  • Claire

    Donc, c'est sur des projections, mais les projections, il faut qu'elles soient quand même cohérentes, etc. Donc, beaucoup, beaucoup de boulot en attendant nos cours. Moi, c'était vraiment... Je m'étais tellement donnée... Notre école de musique était déjà complète, en fait, dès la première année. Donc, je me retrouvais avec 150 élèves sur les bras à qui les parents avaient dit Ah, tu feras de la musique, du hip-hop, machin, la rentrée. Et là, la semaine avant la rentrée, genre, et donc, moi, j'ai délocalisé tous mes cours. J'ai un centre d'art qui a délocalisé mes cours, donc, de la rentrée aux vacances de la Toussaint. Donc, on était sur plusieurs lieux.

  • Audrey

    Mais c'est quand même, enfin, c'est pas un miracle, mais c'est quand même incroyable que tu aies réussi à rouvrir si vite. Parce que finalement, t'as eu un mois et demi de fermeture. Ouais. Donc t'as eu beaucoup de désinscrits ?

  • Claire

    Non, zéro.

  • Audrey

    Donc c'est chouette ça.

  • Claire

    Et je peux te dire que j'ai eu des messages qui m'ont fait du baume au cœur, genre... Un papa, une fois, qui m'envoie un texto pour me dire Écoute, ta façon de rebondir est remarquable. Alors, encore une fois, vraiment, c'est grâce aux mecs de travaux, grâce à... Oui, la bonne équipe, quoi. Ouais. Mais, euh... Mais... Ouais, c'était... Pour moi, c'était mon premier but que les gamins aient leur cours. Ouais. Ça, c'était mon socle. Et après, on se démerde autour. Voilà.

  • Audrey

    À l'entrée en matière, quand même.

  • Claire

    Ouais.

  • Audrey

    C'est fou quoi.

  • Claire

    Après, il faut voir quand même le positif. Ça peut être une chance de faire une réimplantation six mois après l'implantation, parce que tu requestionnes sans te farcir du vieux stock que tu ne sais pas quoi faire.

  • Audrey

    Oui, tu n'auras jamais en plus vraiment pris le temps de requestionner, tu étais encore vraiment dans l'élan du début.

  • Claire

    Oui, et il y avait quand même des erreurs d'implantation que je pense qu'on fait tous. Ça m'a renforcé l'idée que j'avais envie de raconter des histoires, des sélections beaucoup plus fortes, etc. Donc on est parti, c'est là qu'Anne-Pascale a rejoint l'aventure. Et pour la réouverture, on a fait, on a joué la carte de la dérision, mais on a fait une vitrine pompier. Du coup, elle m'a fait des gros camions de pompiers, etc. Et c'est là qu'on a vu que vraiment raconter... Les forces sur les thématiques, aller à contre-courant de la nouveauté et raconter ce qu'on avait envie de raconter aux gens, c'est vraiment la force du bon ton. En fait, ça m'a apporté plein de choses, cette histoire. Et puis, ben... Mais tu sais, j'étais... Puisque... Alors, moi, j'aime pas du tout... J'aime pas du tout parler de... C'est-à-dire que je suis maman de jeunes enfants aussi, mais c'est quelque chose que, comme je suis plongée dans la petite enfance depuis toujours, je veux dire, c'est pas un projet qui s'est inventé avec la naissance de mes enfants. Mais par contre... C'est vrai que je dois dire que c'est une période qui est assez forte pour moi en tant que maman. Enfin, j'en garderai un souvenir très fort en tant que maman parce que souvent, on me disait mais comment tu le fais, etc. Et en fait, quand ça s'est passé, mon bébé avait un mois. Mais de toute façon, toute l'aventure du début du bon ton, c'est vrai que c'est quelque chose qui est très pour le coulier. En fait, la maternité m'a donné... On n'est pas d'amblice, mais l'idée, c'est que je ne sais pas. Je suis tombée enceinte par surprise. On était déjà en travaux. Au début, ça a été dur et tout. Et en fait, ça m'a donné une force, une confiance, un truc pour me protéger. Donc déjà, ça m'avait donné beaucoup de force et d'épanouissement au moment où j'ai ouvert le bâton. Et là, cet incendie... mon bébé avait un mois, je me rappelle j'étais sur l'autoroute avec mes trois enfants quand Morgane m'appelle et Vérissure me harcèle de messages etc et donc j'étais pas du tout à Paris et j'avais ma mère qui était sur Paris, je l'appelle en pleurs, je m'arrête sur une autoroute, je l'appelle en pleurs je fais le bon ton et en feu machin et ma Ma mère, le premier truc qu'elle m'a dit, ça peut paraître rude, mais elle me fait t'as des tout-petits, tu te reprends, pour eux tu te reprends, machin Parce que je leur faisais peur en fait. Et en fait j'ai pris sur moi. Et à partir de là, ça s'est passé, je me suis dit ok, j'ai mes tout-petits en fait, ils vont bien J'ai eu un peu un coup de sang quand je me suis dit qu'ils évacuaient l'immeuble. Mais au final... C'était que moi et l'immeuble et famille. Il faut remettre les choses aussi en place. Et après, dans toute cette période, j'avais quand même mon nouveau-né. Et je me suis accrochée, par exemple, ce que je n'ai pas fait pour les autres, je me suis accrochée pour l'allaiter. Et ça me faisait des pauses. À toutes les deux heures, je devais aller de toute façon l'allaiter. Et voilà. Donc, ça m'a vachement protégée. Voilà. Donc, on se dit qu'au final... C'est dur, la maternité avec les étapes de l'entrepreneuriat et tout ça. Mais moi, dans ce cas-là précisément, ça m'a beaucoup aidée, ça m'a beaucoup portée et ça m'a mis de la distance.

  • Audrey

    C'est chouette. C'est vrai que souvent, on a tendance à dire, oui, quand on a des enfants, en plus jeunes, il ne faut pas se lancer dans des projets pro aussi intenses. Je fais bien d'entendre des histoires.

  • Claire

    Mais il faut aussi voir que c'est des périodes où on... se rend compte de notre force c'est vrai que c'est la même chose on se rend compte de notre puissance et de notre résilience et c'est des périodes où on est touché par une grâce une énergie très particulière et je l'avais Pas tellement sentie pour mes premiers, parce que, enfin, je sais pas, mais en tout cas, le troisième, c'était assez net, qui m'a aidée plus que ça m'a posé problème d'avoir un nouveau-né dans cette période.

  • Audrey

    Ça t'a portée aussi dans le projet, quoi.

  • Claire

    Ouais, ça m'a complètement portée et il m'a pas du tout encombrée.

  • Audrey

    C'est cool.

  • Claire

    Ouais. Donc voilà, et on a rouvert le 20 octobre. Et depuis, écoute, pas tellement de grosses, grosses galères. Ça va mieux, ça fait un an que... Voilà.

  • Audrey

    Ouais, ça fait du bien aussi.

  • Claire

    Ouais, ça fait du bien. Non, non, ça fait du bien. Et voilà, donc... Et Prout Prout s'est lancé... S'est lancé à quoi ? Novembre, octobre... Novembre, décembre 2023.

  • Audrey

    D'accord, donc ça fait aussi une petite année que ça existe.

  • Claire

    Voilà.

  • Audrey

    Ok. Donc là, dans tes activités, on a la partie Libre et Jeunesse. On a la partie École de danse, École de musique. On a la marque Prout Prout. Et tu fais aussi du B2B ?

  • Claire

    Je fais un peu de B2B. Donc un peu de consulting pour des éditeurs. Et tu loues l'espace ? Je loue aussi l'espace, je loue la salle de danse, mais je le loue... C'est bizarre, je me sens à l'aise à louer qu'avec des gens, des musiciens. Je ne loue pas du tout pour des cours de yoga, des anniversaires. Non, pas d'anniversaire chez Le Bonton. Voilà, je retrouve là mon contact avec mon métier premier. C'est des musiciens qui viennent répéter, c'est des auditions de chanteurs, des choses comme ça.

  • Audrey

    Ok, et donc c'est quand même un business model qui est assez original, parce que tu as vraiment plein de sources de revenus qui sont différentes. Comment ça se répartit à peu près, tu dirais, ton chiffre d'affaires ?

  • Claire

    Effectivement, on a plusieurs sources de revenus. Ce qui nous... permet aussi de... On ne va pas se mentir de pallier au fait que la librairie, ce n'est pas génial comme marge. Donc, ça s'équilibre plutôt bien. Il paraît que c'est bordeur de faire des sources de revenus aussi différentes dans une seule entité. Bon, écoute, ça passe en compta, mais voilà. Et donc, pour l'instant, on est sur un gros 50-50. École de musique et... et librairie jeunesse. Tout ce qui est pour l'instant B2B et location de salle, je mets ça un peu en marginal pour l'instant. Mais par contre, la marge est plus importante en école de musique qu'en librairie jeunesse. Et école de musique principalement sur les événements du week-end. C'est là que ça nous permet de mieux vivre.

  • Audrey

    Et donc, c'est des formats d'abonnement ou du pas du ponctuel ?

  • Claire

    Alors, on a deux formats. En fait, on a École de musique la semaine, du lundi au vendredi. Tout ce qu'il y a de plus classique. Les enfants sont inscrits à l'année et reviennent toutes les semaines. Le week-end, on a des formats ponctuels que tu peux prendre qu'en one shot. Ok,

  • Audrey

    c'est intéressant.

  • Claire

    Voilà. Et en fait, l'idée, c'était que... Alors déjà, on s'adresse à un public de tout petit. Donc, l'engagement est parfois difficile, surtout pour les 0-3 ans. Et on a aussi, pour l'instant... qu'un seul lieu, donc on a beaucoup de gens qui viennent en dehors du quartier et puis il faut reconnaître que c'est aussi une nouvelle façon de consommer aujourd'hui les pratiques les expériences non matérielles de piocher un peu partout, donc ce week-end là on va faire telle activité, ce week-end là telle telle autre et on est aussi dans un quartier où où où il y a beaucoup de gens qui partent le week-end. Du coup, j'ai créé cette offre à l'unité. Mais comme je suis quand même un peu jusqueboutiste sur l'enseignement, on retrouve une grande régularité. Par exemple, l'éveil musical, c'est deux fois par mois, à chaque fois avec une thématique différente. Donc, les enfants peuvent revenir et ce n'est pas la même chose. Et on construit quand même quelque chose. En gros, toute l'année est un cycle où l'enfant qui vient à tous construit quelque chose. D'accord. Et l'enfant qui vient que à un se sent pas paumé au milieu d'enfants qui viendraient tout le temps. Ok.

  • Audrey

    Et côté du coup librairie, donc tu as fait cette formation pour avoir un peu les bases du bon libraire. C'est quoi les difficultés que tu peux rencontrer ou peut-être que tu as des conseils pour des gens qui ont envie d'ouvrir une librairie ou une librairie avec un espace à côté ? Je ne sais pas si tu as des apprentissages ou des retours que tu pourrais faire sur ce point-là ?

  • Claire

    Alors... Il faut savoir que libraire est un métier qui attire de plus en plus. Et il y a, historiquement, il y avait des masters de librairie, mais aujourd'hui, il n'y a qu'une seule école qui fait référence, c'est l'INFL, qui est à Maison-Alfort. Et il faut vraiment, vraiment passer par cette formation. Donc, ceux qui veulent vraiment être libraire, c'est-à-dire pas forcément créer ou reprendre une librairie, mais être libraire, il y a des... les brevets professionnels, les CAP et je ne sais pas quoi. Donc ça, c'est des formations de deux ans, trois ans. Et puis, tous les libraires aujourd'hui sortent de là. C'est-à-dire que se faire embaucher aujourd'hui, il y a des gens qui passent proposer des CV. Le libraire n'est pas un vendeur de boutique. Le libraire, c'est vraiment un métier spécifique parce que le libraire fait de l'achat, fait de la gestion de stock, etc. En librairie, ce n'est pas que le gestionnaire qui fait... les achats. Le libraire a une vraie place, en tout cas moi c'est aussi comme ça que je le conçois, mais a une vraie place dans la patte éditoriale du lieu, dans l'esprit du lieu. Et puis voilà, c'est un vrai métier. Il faut s'y connaître en histoire du livre, en plein de choses. Donc, il faut absolument passer par l'INFL. Et l'INFL a une formation professionnelle de création et de reprise de librairie. C'est absolument indispensable parce que quand tu ouvres tes comptes auprès des distributeurs, c'est si tu n'as pas fait l'INFL. Déjà, quand tu as fait l'INFL, on te dit encore une librairie qui se crée. Mais alors, si tu n'as pas fait l'INFL, c'est mort.

  • Audrey

    Tu es blacklisté.

  • Claire

    Voilà. Et quand t'appelles au début pour ta création de compte, tu racontes ta vie. Donc tu fais, voilà, moi je suis machin. Donc moi en l'occurrence, c'était, voilà, voilà mon parcours. Je suis aussi autrice jeunesse, ça m'a aidée à me faire valoir auprès des distributeurs. Et je collabore avec une libraire qui est libraire depuis dix ans, machin, nanana, qui a fait telle, telle, telle référence. Il ne faut pas croire que c'est ici aujourd'hui de devenir libraire. Et donc, j'ai fait cette formation. J'insiste vraiment dessus parce que pour moi, c'est important. On a l'air à la cool, on a l'air sympa, on a une image cool, etc. Mais on demande... Enfin, voilà, on s'est formé. Je ne demande que des gens qui sont très formés, etc. Ce n'est pas parce qu'on ne balance pas toujours notre CV que c'est hyper important pour moi. Il faut quand même, à un moment donné, faire les choses bien et arrêter de croire qu'on peut être autodidacte dans tout. Après, c'est ma vision des choses. C'est peut-être une vision un peu scolaire, mais il y a un moment, il faut apprendre aussi. Par rapport aux enseignements, il y a un truc qui m'a vraiment beaucoup servi. C'est tout bête, mais pour les libraires, ce n'est pas si évident que ça. Nous, on a une capacité de retour. Déjà, il faut comprendre tout ce système-là, le marché du livre. est un marché... On est des commerçants, mais on est là aussi pour défendre des plumes, des propositions artistiques, etc. Et donc, on a encore ce que n'ont pas eu les disquaires, et c'était ça qui les a accoulés. On a une capacité de retour. Alors, je ne connais pas bien comment ça se passe dans les autres pays du monde. Mais nous, c'est-à-dire que tu achètes, par exemple, tu te dis, moi, je veux défendre cet auteur. OK, il est un peu niche, mais si jamais je prends une pile de 10 et que ça ne marche pas, je peux la retourner. Alors, il y a des conditions générales de vente, il y a des exceptions, etc. On s'en fout.

  • Audrey

    Globalement, c'est comme ça.

  • Claire

    Globalement, c'est comme ça. Donc, dans cette formation, j'ai surtout bien compris ça. Mais surtout, ce qu'on nous a fait comprendre, c'est... arrêtez avec le mythe du libraire. Si vous, vous aimez ce livre, mais qu'il ne se vend pas, il y a un moment, vous arrêtez de vous accrocher, vous dégagez. Et donc, voilà, ça m'a donné des codes. Ce livre-là, il a le droit d'être en place entre trois et six mois. Sinon, il part. Tu as le stock âgé, le stock... Enfin, voilà. Donc, c'était surtout... On avait quelqu'un de vraiment super qui nous a... Ouais, qui enlève la vision artistique du livre. Enfin... Voilà, et qui te remet les choses en place. Après, moi, il y a un boulot que j'ai adoré. C'est, donc, quand tu penses ton local, tu, en fait, nous, la moindre étagère au bon ton, je sais son CA potentiel. Et donc, ça, c'était trop bien. Par exemple, donc, telle étagère, donc, tu as tant de mètres linéaires. Dans tant de mètres linéaires, mettons... tu mets 70 BD, 70 BD, coût moyen de la BD, hors taxe, achat, machin, c'est ça, prix de vente, truc, truc, c'est ça. Donc, mon CA potentiel de 7 étagères, c'est tant. Et donc, j'ai calculé toutes mes étagères, donc ça, c'est un travail, j'ai plongé Hélène dedans, l'architecte, c'est trop marrant, on calculait nos étagères et tout. Donc, en fait, je lui disais, alors là, je veux 20 cm, tant de linéaires, nanana. Et donc après tu calcules, tu dis alors cette étagère elle me fait pas assez gagner, celle-là machin, tu équilibres. Ok. Et alors c'est vrai que nous on a la chance d'avoir une épaisseur un peu type de BD, mais ça c'était vraiment un espèce de petit truc passionnant, de petit bricolage passionnant. Et alors à ce moment-là on avait des stages obligatoires et j'étais en stage dans une librairie et les nanas me regardaient genre... Moi, je n'ai jamais fait ça. Et pourtant,

  • Audrey

    je trouve ça... En fait, c'est l'optimisation de l'espace.

  • Claire

    Optimisation de l'espace. Et savoir que, en fait, tel coin, il n'y a pas assez de CA potentiel. Et donc,

  • Audrey

    ça donne des indications aussi quand tu fais tes chiffres de te dire... Ah ouais, bah là, peut-être que ce point-là, il est un peu trop mort. Comment je le redynamise ? Qu'est-ce que je fais ? Enfin, ça donne des outils de réflexion,

  • Claire

    quoi. Super intéressant. Et du coup, parce qu'on te dit, mettons, t'as un potentiel de 200 000 quartiers, tata, tata, t'as un potentiel de 200 000 de CA par an. Ok, bah ouais, mais... Il faut qu'en même temps, chaque étagère corresponde à ce potentiel. Parce que sinon, tu te plains de ne pas avoir le CA qu'on te disait que tu aurais. Mais si tu... Enfin, tu vois.

  • Audrey

    Ça permet de décomposer. C'est-à-dire que tu sais que tu dois faire tant de choses à faire dans ta boutique. Et de décomposer, ça rend aussi le truc un peu plus accessible, quoi.

  • Claire

    Exactement.

  • Audrey

    Ah bah en fait, déjà, si jamais j'aurais parti en 10 séquences, enfin en 10 endroits, 10 lieux dans la boutique, je peux traiter lieu par lieu, espace par espace. C'est vrai que c'est...

  • Claire

    C'est hyper intéressant. Et après, du coup, dans notre logiciel, c'est ventilé. Très bien ventilé par catégorie. Donc ça, c'est... Alors, je sais que toutes les librairies ne le font pas. Nous, on a été vraiment jusque boutistes là-dessus. On a les catégories, sous-catégories, etc. Ce qui nous permet de vraiment ventiler. Alors après, autant ranger dans les catégories. Maintenant, c'est tellement bien rangé que dès qu'un livre arrive, on le ventile et tout. Mais... c'est pas un boulot qu'on fait tous les jours non plus mais assez régulièrement on peut faire le point de tiens telle catégorie sous catégorie enfin zéro quoi tu vois donc ça nous permet de remettre en question c'est comme ça que par exemple là pour le coup c'était tellement un bit que on a pas eu besoin trop d'aller voir dans le logiciel mais par exemple les mangas nous qui sommes très très homologuée petite enfance, on n'était pas the place to be pour un gars et on en a viré beaucoup. On avait des incontournables, mais on a viré beaucoup. Et on a... On les a mis ailleurs, et on a cette étagère-là. Moi, je veux que chaque étagère et... C'est intéressant,

  • Audrey

    parce qu'on peut être hyper agile comme ça, en fait.

  • Claire

    Tu te sers et tu réagis vite.

  • Audrey

    Et comme tu as cette capacité de retour... Ça t'évite d'avoir un stock qui va te plomber et qui va te...

  • Claire

    Ah bah il faut pas.

  • Audrey

    Ouais c'est ça, tu peux être rapide et efficace quoi.

  • Claire

    Ouais exactement. Et ça c'est une cuisine que j'ai appris à l'INFL. Je sais pas si mes camarades de session l'utilisent, mais en tout cas moi c'est un outil qui à la fois je trouve hyper utile et qui m'amuse énormément. Cette petite cuisine d'optimisation me passionne. Et donc, voilà, j'ai appris ça. Et puis après, c'était beaucoup sur le parcours de vente. On a nos grandes idées, mais c'était sur le facing. Donc, tu sais, en librairie, c'est comment tu mets tes livres. Parce que quand ils sont tous rangés par tranches, voilà, donc tu mets en avant des livres. Mais après, tout se remet. Enfin, moi, je suis quelqu'un qui... Ça énerve Morgane, mais... des fois elle arrive, donc elle prend ses jours off le lundi, mardi, des fois elle arrive les rayonnages ont totalement changé parce que j'ai tout remis en question voilà je sais que je brainstorm pas mal avec une libraire qui elle n'a pas créé mais a repris une librairie à peu près en même temps que moi, donc Prédit Giverny la compagnie du livre et on... Enfin, tu vois, on échange vachement. Elle est là, oui, alors je me suis rendue compte que quand t'arrives et que t'es en zone chaude, à hauteur de vue, les romans première lecture, en fait, depuis, je vends des romans première lecture et tatata. Et du coup, c'est hyper intéressant. En fait,

  • Audrey

    c'est ça, c'est hyper intéressant, mais c'est pas toujours évident de réussir à faire un peu la pause et de regarder, observer les gens, comment ils agissent. Mais c'est indispensable parce qu'en fait, ça change tout, quoi.

  • Claire

    On vendait pas de romans, on vendait... pas de roman, à tel point que Morgane me disait mais moi j'en ai marre, je vais pas parce qu'un album ça va mais un roman, tu te tapes tout un roman pour au final pas le lire pas le conseiller, jamais le conseiller même personne te demande de quoi tu sois dessus enfin bon et un jour, bon, Marge brainstorm avec Aude de la compagnie Le Livre je me dis, voilà, qu'est-ce qui se passe je remets tout en question, je le vire tout je refais tout, là et ben on vend du roman c'est génial quoi et c'est...

  • Audrey

    il faut... Déjà c'est trop bien de pouvoir brainstormer avec des pairs parce que c'est ça qui te sort des fois de ton quotidien, de tes problématiques et qui te touche des yeux sur des choses auxquelles tu n'aurais pas pensé

  • Claire

    Il faut voir en fonction de toi

  • Audrey

    Comment je ferais moi ? Comment j'expliquerais là ? Comment je trouverais la cohérence si c'était chez moi ? Et donc là, par exemple, les romans, je me suis fait... Alors Morgane était là, c'est pas logique, c'est pas logique. Je vois pas la cohérence, je suis complètement perdue. Enfin, elle aime bien aller, mais c'est pour ça que je l'aime. Mais en fait, j'ai mis, moi, ma cohérence, et quelle est la cohérence du bon ton ? C'est de mettre en avant tout l'écriture française, nos grands auteurs français. On me parle tout le temps de Roald Dahl. Vous connaissez Roald Dahl ? Oui, je connais. Mais je ne vends pas Roald Dahl parce que tout le monde connaît, je n'ai pas d'intérêt à présenter ça. Et donc, j'ai fait une étagère littérature française classée plutôt par les grandes héroïnes sur l'ambition. Nous, on travaille beaucoup là-dedans, l'ambition féminine, les romans plus historiques, etc. J'ai mon étagère française, j'ai les premiers romans et puis après, j'ai tout ce qui est plus fantastique, des trades américaines, etc. C'était ma logique et visiblement... Comme c'est plus cohérent pour moi, c'est plus cohérent pour les gens. Mais remettre en question ces rayonnages tout le temps, tout le temps, tout le temps. Avoir, voilà, être entre la passion, ce qu'on a envie de raconter, mais que tout ait un sens de projection CA. Oui. Je pense. Oui,

  • Claire

    oui. Ressayer à faire la balance entre les deux, quoi.

  • Audrey

    Oui. Ok, ton étagère, elle est belle, mais quel est le potentiel CA de ton étagère ? Et par étagère.

  • Claire

    Et comment c'est lu et comment c'est approché par tes clients.

  • Audrey

    Oui. Voilà. Après... Je m'éloigne un peu de la formation INFL, mais pour prolonger ce qu'on est en train de se dire, je réfléchis vachement en ce moment au mindset des gens dans leur quotidien et quand ils rentrent dans une librairie jeunesse. Comment leur rendre service ? Comment répondre à leur mood du moment ?

  • Claire

    Je pense qu'il faut réussir à se mettre dans les baskets de ses clients et savoir qu'est-ce qu'ils attendent quand ils rentrent chez soi. pouvoir leur proposer ça et pas réussir à sortir de nous nos envies en tant que gestionnaire de cet espace il faut réussir à être vraiment changer de basket quoi et se dire qu'est-ce qu'ils attendent et du coup leur proposer ce qu'ils attendent mais c'est vrai que ça c'est un travail de questionnement, d'observation de discussion et d'ailleurs en parlant justement de clients de tout ça, ça me fait penser à cette histoire d'univers super fort que t'as créé Je pense qu'on rentre dans la boutique sans avoir regardé l'enseigne, on regarde vos communications Instagram, on sent le bon ton, on sait que c'est le bon ton. Donc ça déjà, c'est un sacré enjeu. Et je me demande comment est-ce que tu fais pour réussir à faire en sorte que ce soit durable, que ça continue d'infuser, et que ce soit un levier de... d'implantation de cette marque sur le long terme,

  • Audrey

    je sais pas si je suis claire ouais j'ai toujours voulu créer une marque Le Bonton je sais pas pourquoi, mais j'ai toujours voulu cette identité très forte, encore une fois le studio Link de DA m'a beaucoup aidée, après je crois que la DA la création d'univers c'est pas mon métier, mais c'est quelque chose que j'adore j'adore, voilà... Donc, après, je me pose beaucoup de questions. Je suis hyper vigilante. J'ai la chance, en fait, ça, je pense que c'est intéressant pour tout le monde, d'aller dans une déat très forte. Moi, je suis... Voilà. Mais, en fait, j'ai demandé à mes graphistes, qui faisaient partie du Studio Link, de me créer tout un tas de choses visuelles qu'ils m'ont mis... Je ne suis pas graphiste. Je sais vaguement me servir de Photoshop, mais bof. Et donc du coup aujourd'hui on a ce fabuleux outil qui est Canva. Alors attention Canva le problème c'est qu'on peut créer des choses ultra kitsch avec et se laisser aller à du moche. Mais en fait moi les graphistes m'ont implanté tous mes éléments dans Canva. D'accord. Et du coup maintenant je suis autonome avec ça et j'essaye de ne pas essayer de... de créer par moi-même, un truc de folie. T'as un brand book,

  • Claire

    t'as une image de marque, elle a été écrite, c'est un peu ta bible. Et maintenant tu suis le fil rouge, mais t'as cette autonomie pour continuer à alimenter cet univers et en faire quelque chose qui vive.

  • Audrey

    Voilà, et quand je sais que ça patine, je recrée des éléments en plus. Après, il y a un truc qui m'a fait quand même réfléchir, c'est que il faut continuer à parler aux gens, à être en connexion avec les gens et pas être... magazine. Donc il faut qu'il y ait une part d'imperfection. Et je me suis fait la réflexion parce que j'ai eu une super stagiaire graphiste qui était là trois mois l'année dernière. Et cette nana m'a fait des reels. canon, genre canon, tout bien, bien sous tous aspects, contrairement à moi qui fait mes trucs tout pourris avec des trucs mal raccordés, voilà. Et ils ont vachement moins bien marché en fait. Ouais. Et en fait, je me suis... Enfin, c'est une réflexion que je m'étais déjà faite avant pour d'autres trucs. Quand c'est trop lisse, quand c'est trop magazine, quand c'est trop bien fait, ça parle plus à la vraie vie des gens. Ouais. Et du coup, je chéris cette petite part d'imperfection sans que ça devienne moche. Il y a toujours un petit fil. Des fois, quand même, c'est moche.

  • Claire

    Peut-être que c'est authentique et que c'est ça que les gens aiment.

  • Audrey

    C'est authentique tout en respectant les gens, leur présentant une idée.

  • Claire

    Tu restes dans ton cadre mais on sent que c'est marketé mais ça reste humain.

  • Audrey

    Exactement. Et ça, on perd un petit peu quand tu vois les visuels de... ouf pour du vinaigre de cidre. T'es là... Je veux dire, quand je bois du vinaigre de cidre... Enfin, je sais pas.

  • Claire

    Non, mais en fait, c'est ça. Il faut réussir à à la fois ne pas être trop dans du bricolage, enfin en tout cas avoir un univers global, quel qu'il soit. Chacun trouve son univers. Mais il faut quand même qu'il existe pour réussir à sortir du lot. C'est hyper important. Pour toi, si jamais tu devais un peu résumer les ingrédients qui font le fait que la mayonnaise a pris, la mayonnaise de bon ton a pris, qu'est-ce que c'est ? Est-ce que ça, ça en fait partie ? Ouais.

  • Audrey

    Le ton. Et le ton, c'est pas pour rien que j'ai appelé ça le bon ton d'ailleurs, mais le ton, c'est quelque chose qui me porte énormément. Voilà, le ton, mais ça va être aussi comment on s'adresse au client, comment on dit bonjour, etc. C'est, je pense qu'une des grosses leçons dans ma vie, c'est un truc que j'y pense beaucoup en ce moment, Quand j'étais au conservatoire, j'avais tendance à... Moi j'étais le type d'élève qui se pose 10 000 questions et en fait quand je jouais et que je mettais un pain, je faisais une grimace. Et j'avais un prof qui me reprenait tout le temps pour ça en me disant, nous on est dans un métier de divertissement. Les gens sont là pour se faire plaisir, se détendre, aller écouter des belles choses. Tu peux pas leur mettre le doigt dans le caca en leur disant je me suis plantée, regardez c'est nul, et leur casser leur truc tu vois. Et je tiens vachement à ça parce que quand on va dire bonjour, quand on va accueillir le client, je t'avais parlé quand on avait préparé du personnage de commerçant.

  • Claire

    Oui, c'est hyper intéressant.

  • Audrey

    C'est hyper important, le personnage que tu crées. Et je trouve qu'en ce moment, c'est un peu... Enfin, en ce moment, depuis quelques années, et notamment avec Instagram, je trouve qu'on se laisse aller à la plainte, à déballer un peu trop nos vies. et en fait tu sors de ton personnage. Moi évidemment, la claire que je suis sur mes présentations insta, je suis là l'autre jour j'ai quelqu'un qui m'a dit, pour être transparente, je voyais ma psy à qui je disais que j'étais complètement au bout du rouleau et que ça n'allait pas du tout. Bref on fait la séance et à la fin elle me dit oui je regarde de temps en temps, c'est très sympa. Et donc, je suis contente parce que ce contraste est là. C'est pas parce que... Mais je vais pas vous plomber avec la nuit de merde que j'ai passée avec mon bébé qui a fait une otite. En fait, les gens, ils ont pas à savoir ça. Moi, je considère que je suis dans mon personnage d'artiste. Morgane est dans son personnage d'artiste. Elle est pas comme elle est là dans la vraie vie. On est des artistes, des commerçants en présentation. Et ça, je pense que ça fait aussi la mayonnaise.

  • Claire

    C'est un peu... Genre un personnage un peu théâtral, en fait. Oui. Le matin, t'arrives et tu mets ton costume de commerçante.

  • Audrey

    Exactement.

  • Claire

    et tu proposes le divertissement le conseil etc qui est en fait ton taf parce que mon taf c'est de mettre de divertir on rentre parce qu'ils ont envie de passer un bon moment d'avoir une expérience positive avec quelqu'un qui va leur apprendre des choses et ils appuient chaleureusement je suis maman de trois enfants donc il y a de l'identification parce que c'est naturel mais

  • Audrey

    je dis voilà moi mes enfants ont adoré mais ça termine là ouais ouais Point barre. Mes problèmes, mes angoisses et tout ça, c'est pour la maison. Ce n'est pas dans mon travail. C'est pas un événement important pour toi. Aussi, quand tu te rends compte que tu es dans une boutique où souvent le gérant de la boutique n'est pas la personne en front derrière la caisse, c'est élégant de se rendre compte que cette personne-là, ce n'est pas une personne interchangeable. C'est une personne à qui on crée, qui se crée aussi petit à petit son personnage. qui n'a pas à être un clone du patron, mais qui est quelqu'un qui est là, qui est important, et qui ne s'emmerde pas, qui a sa vraie place ici. Voilà. Morgane, c'est quelqu'un que j'essaye de mettre en scène sur Instagram, notamment. Mais ce n'est pas la Morgane, c'est la vraie Morgane, parce que Morgane est comme elle est. Mais c'est le personnage de Morgane. Et les clients adorent Morgane, les clients connaissent Morgane. Morgane est une entité de la...

  • Claire

    Mais c'est comme tu disais tout à l'heure, moi je pense que les clients s'attachent énormément à leurs commerçants. Et c'est aussi une des raisons de déplacement et des visites en boutique. Ça va être le contact avec son commerçant. Et tout à l'heure tu disais, tu allais typiquement dans cette librairie parce que Morgane était là. Et que parfois quand on est à la tête de sa boutique, qu'on est commerçant, qu'on est dans les mille galères, qu'il y a tel logiciel qui ne veut plus marcher, qu'il faut faire les achats, qu'on doit recruter... On est dans ce rôle-là et dans ce travail-là de gestionnaire. Et parfois, c'est vrai qu'on a tendance à oublier à quel point les gens qui vont passer la porte, ils ont besoin et envie de pouvoir s'attacher et discuter avec son commerçant. Parce qu'eux, ils ne nous voient pas comme cette personne qui doit gérer milliers de trucs. Ils nous voient comme la personne qui les accueille et qui leur... fait découvrir des nouveautés.

  • Audrey

    Le truc, c'est que le client lui aussi, il a Jérémy Lémy le truc, et ce qui vient là, c'est aussi pour changer les idées et pas prendre ton bagage à toi. Exactement. Et le truc, c'est qu'aussi, il y a beaucoup de turnover en boutique, des gens qui sont malheureux, ça se voit. Enfin, je ne sais pas, il y a une librairie, pour ne pas les citer, à Aix, en Provence, quand je rentre. Mais c'est un gag, quoi. Ils sont toujours en train de se plaindre de leurs conditions de travail. Mais devant les clients, comme ça, ouvertement, etc., ils se font yesh, quoi. Et en fait, je me dis, mais tu peux faire n'importe quel boulot. En fait, ça dépend la manière... C'est la manière dont on le fait qui...

  • Claire

    L'énergie qu'on va y mettre.

  • Audrey

    Voilà. Et c'est un vrai travail. Moi, c'est une des choses qui me passionne le plus au bon ton. Cette co-travail avec Morgane. de voir comment elle aussi, je peux la faire grandir, la faire blooming. C'est pas drôle. Ouais. Et comment elle prend sa place et qu'elle fasse plaisir aux clients, mais elle aussi, elle se fasse plaisir et qu'elle se fasse... Voilà. Je ne sais pas si je suis claire, mais je trouve que ça, c'est vraiment important. Moi, j'entre trop souvent dans des commerces où... Où on sent que le vendeur a soit rien à foutre là, soit est malheureux, soit s'ennuie, soit a la flemme d'eux.

  • Claire

    C'est vrai que c'est pas facile d'être tous les jours en pleine énergie et de donner le meilleur de soi quand on sent que... Comment tu fais toi quand t'arrives que c'est les journées où... Tu vois ce genre de journée où t'as pas trop envie de parler aux gens mais en même temps il faut que tu fasses du chiffre d'affaires. ou t'as pas trop l'énergie, comment tu fais pour réussir à aller contre et mettre ton costume de Claire, la super libraire, la super chef d'entreprise, tu vois ? C'est ça, c'est un peu difficile je trouve parfois, quand tes semaines sont dures quoi.

  • Audrey

    Je sais pas, je... Alors là j'arrive pas à répondre... A ta question parce que je... Déjà je pense que je suis très habituée à être plutôt un personnage... Ouais. Enfin... Voilà. Et d'autre part, quand même, j'ai justement Morgane en duo.

  • Claire

    Ouais c'est ça qui est bien quand tu travailles en équipe effectivement.

  • Audrey

    Ouais.

  • Claire

    Faire un ping-pong en fonction de comment les gens se sentent.

  • Audrey

    Oui. Oui oui. Ouais.

  • Claire

    C'est pour ça que c'est aussi bien de s'entourer quand on est tout le temps tout seul en boutique. Au bout d'un moment, c'est vrai que ça peut être lourd. Et d'avoir quelqu'un avec qui...

  • Audrey

    Après, en vrai, quand c'est lourd... c'est qu'il faut réanimer quelque chose.

  • Claire

    Ouais.

  • Audrey

    Tu vois, j'avais... J'ai eu un petit moment off. Je me suis plantée sur ma sélection de rentrée. Parce que comme je sortais un lit... sur la musique, j'ai fait une sélection de musique. Franchement pourquoi une sélection de musique en septembre ? Enfin je veux dire on s'en fout. Mais tout était raté dès la base. Tu vois quand j'ai briefé Anne sur la vitrine, j'étais là je sais pas trop, là je vois tata. C'était pas clair. Je suis rarement comme ça. Là c'était pas clair, c'était patiné. En plus on n'a pas reçu les livres, la vitrine est arrivée dans le 19e. Enfin bon. Tout était raté. Et ça a patiné, ça a patiné. Et moi, je perdais mon... Un peu là, ouais, bon. Et puis on a fait un mauvais mois de septembre. Enfin, on n'a pas progressé sur septembre, voilà. Et puis, il y avait cette vitrine que j'avais vraiment hâte de mettre en place. Sur Plikplok, c'est une vitrine, j'en parle à Anne depuis le mois de mai. Voilà, je voyais les grosses gouttes, le côté très graphique, etc. Moi, dans ma tête, tout part toujours de... de l'image dans ma tête. Enfin, je visualise les couleurs et tout ça. Et puis, alors nous, on est au courant, minimum trois mois avant des sorties livres. Du coup, on se projette. Donc, je savais qu'il y avait des très jolis livres, très sensoriels, plein de choses. Donc,

  • Claire

    pli-pli-pli, là, on parle de la pluie, quoi. En gros, thématique...

  • Audrey

    Pluie, automne, mouillée,

  • Claire

    eau,

  • Audrey

    voilà. Je fais attention aux traits sensoriels que ça convoque absolument tous les sens. Et donc, j'ai mis cette vitrine en place. Là, j'étais beaucoup plus animée. Et moi, ça me donne de l'énergie. Les gens arrivent... Enfin, ça marche très bien depuis la mise en place de cette nouvelle thématique. Donc, c'est quand tu commences à te faire un peu chier...

  • Claire

    C'est un signal que...

  • Audrey

    C'est peut-être un signal qu'il faut réenchanter un peu le truc et raconter une nouvelle histoire. C'est pas juste...

  • Claire

    toi qui est un peu fatigué ou quoi et ouais ouais c'est peut-être qu'il faut en tirer à une collab avec un ouais réfléchir à rentrer à nous un événement entre nouveaux produits refaire son maire c'est peut-être aussi effectivement signal de si jamais je ressens ça je peux pas donner autre chose à mes clients donc il faut peut-être que je me vois je me remette en mouvement sur quelque chose que je retrouvais un peu la flamme sur quelque chose et comme ça je pourrais transmettre

  • Audrey

    Et quand même, moi, je crois vachement en l'énergie. Alors, ça peut paraître... En plus, je ne suis pas du tout une nana holistique ou je ne sais pas quoi. Mais je me suis rendue compte. J'ai écrit, comme j'ai beaucoup écrit, et notamment des newsletters. C'est très étonnant. Quand tu écris, tu as quand même une formation professionnelle. Donc, quand tu... Quand tu dois écrire une newsletter, tu l'écris. Et soit ça te fait chier, vraiment, t'as la flemme, le sujet t'intéresse pas et c'est poussif. Mais au final, elle est là, elle est correcte et tout. Et puis des fois, tu le fais avec plaisir, etc. Mais ça va pas marcher pareil. C'est quand même un truc de dingue. Et en fait, même si les gens n'étaient pas là... Quand on a brainstormé avec Anne sur la vitrine, etc., même s'ils n'étaient pas là ce soir où j'ai fait ma sélection de livres, même s'ils n'étaient pas là quand je les ai reçus, que je les ai lus et que j'étais super contente, etc., il y a quelque chose.

  • Claire

    Oui, il y a un truc qui se crée, une sorte de petite magie qui opère.

  • Audrey

    Oui. Et du coup, si toi tu n'as pas l'énergie, il faut absolument, urgemment réenchanter le truc. pour que cette énergie passe auprès des gens.

  • Claire

    Oui, mais je pense que les clients, ils le sentent vraiment.

  • Audrey

    Ils le sentent ?

  • Claire

    En 10 années de boutique, ça se voit tout le temps.

  • Audrey

    C'est très étonnant.

  • Claire

    Oui, c'est fou.

  • Audrey

    Oui. Et c'est vraiment de l'impalpable, de l'énergie. Ils le sentent,

  • Claire

    quoi. Oui. De toute façon, en un clin d'œil. Oui. Je pense que même sans regarder le commerçant, en rentrant dans la boutique, tu peux ressentir un peu l'ambiance. L'état d'esprit, ce qui se passe.

  • Audrey

    Voilà. Mais après, il faut toujours se rappeler que c'est ton métier et tu n'as pas le droit, tout comme un interprète n'a pas le droit de se merder sur scène et de faire des grimaces. Voilà. Toi, tu n'as pas le droit de perdre de l'énergie quand tu es là pour divertir et faire du bien aux gens. Oui,

  • Claire

    c'est intéressant de le voir comme ça. C'est marrant, c'est justement ton parcours avec la musique. Cette interprétation de la musique te permet d'avoir cette vision un peu plus théâtrale et spectacle du commerce. Et c'est vrai que je ne l'avais jamais vraiment abordé comme ça, comme un spectacle qu'on propose. Mais c'est hyper intéressant. Il y a un sujet qu'on n'a pas trop évoqué, pourtant c'est quand même au cœur de ce que tu proposes, c'est ta clientèle qui sont les enfants, cet univers kids. C'est vrai que c'est quand même assez particulier parce que tu as des clients qui sont à la fois les parents et les enfants, tu dois parler à tout le monde, ils ont des attentes très différentes. Comment c'est de travailler dans cet univers-là ? Parce que je sais aussi que c'est des choses que les gens... Tout à l'heure, on disait que la librairie, c'est un peu... On romantise un peu la librairie, tout le monde s'imagine derrière son comptoir à vendre des livres avec l'automne au dehors, un peu comme dans les films américains. Travailler auprès des enfants, créer des espaces où on accueille les enfants, les parents, c'est aussi quelque chose qui peut faire vibrer, qui peut donner envie. Comment c'est dans la vraie vie que d'évoluer dans cet univers-là ?

  • Audrey

    C'est vrai qu'on donne peut-être l'image que, voilà, au bon temps, c'est mignon, on s'amuse beaucoup. C'est vrai qu'on s'amuse parce que nous, nos discussions avec Morgane, c'est est-ce qu'on prend le livre du tyrannosaure qui a une carie ? Mais en fait, c'est beaucoup, c'est beaucoup de... C'est très, très dur comme public. Il ne faut pas croire que... que c'est que de l'amusement, que c'est que du mignon, que travailler dans l'enfance c'est choisir la veilleuse terracotta, voilà. C'est très dur, les parents sont très exigeants sur l'encadrement de leurs enfants. Je sais que ça fait rêver, j'ai beaucoup de gens qui viennent me rencontrer parce qu'ils veulent ouvrir un kids club, etc. C'est pas quelque chose qui s'invente de travailler dans l'enfance, il faut être extrêmement vigilant, il faut... Il faut être formé. Voilà, c'est fascinant, mais c'est extrêmement sensible. Et c'est particulièrement un domaine où il faut être solide. Parce que quand un parent vient nous reprocher ça ou ça ou ça, il faut avoir quelqu'un en face qui peut lui dire, c'est ça qui s'est passé. Et je pense que parmi les ingrédients qui font que le bon ton, ça marche correctement, c'est vraiment de... qu'on se rend compte qu'il peut y avoir des déconvenues, etc., des fois, mais il y a quelqu'un en face qui sait pourquoi il fait les choses et qui est solide. Et attention, ça, c'est très dur, même moralement, de toujours avoir une... Enfin, d'être solide,

  • Claire

    quoi. On va finir cet épisode qui est méga dense par peut-être nous dire un peu quelles sont les prochaines étapes pour le bon ton. les enjeux actuels et où est-ce que tu veux mener ta barque ?

  • Audrey

    Alors mon enjeu actuel c'est clairement moi j'ai le rêve d'en ouvrir d'autres mais la question c'est le financement et surtout d'arriver à trouver l'équilibre entre le financement et garder la magie très sensible qui est propre au bon ton donc pour l'instant je n'ai pas trouvé cet équilibre là donc il ne faut pas que je me précipite mais c'est... C'est en train de bouillonner. Et puis, évidemment, sur des questions un peu moins glamour, le développement du B2B, puisque je m'apprête à avoir deux gros challenges en B2B. Un pour coacher sur l'éveil de l'enfant dans un réseau de crèche important et puis l'autre plutôt dans l'édition. et puis à titre personnel c'est vrai que j'écris des livres et que je me fais de plus en plus plaisir et je suis de plus en plus moi dans ces projets là ça ne rapporte absolument aucun sou mais c'est aussi je

  • Claire

    continue à créer aussi comme ça ok et je voulais finir cet épisode sur des questions un peu différentes est-ce que tu aurais des boutiques que tu aimes particulièrement ou justement l'énergie te porte à nous conseiller

  • Audrey

    Alors, c'est vrai que je vais très peu en boutique. Je crois que tu les avais rencontrées, mais évidemment, clin d'œil, c'est une source d'inspiration. Parce que pour moi, c'est des nanas qui ont beaucoup d'expérience et qui sont solides, qui sont dénicheuses, qui ont une patte très forte aussi. Après, il y a des librairies où j'aime beaucoup aller. Je suis très admirative de ICI Librairie. Parce que c'est extrêmement sobre, mais c'est des nanas qui ont créé un espace. C'est une librairie indépendante, mais c'est un espace énorme au Grand Boulevard. Donc j'aime beaucoup, beaucoup cette boutique. Et si, rien à voir, mais je suis assez admirative de deux personnes au niveau de la création de l'univers. on peut pas dire, c'est Lisa Gachet pour Make My Limonade même si je ne porte pas forcément les vêtements Make My Limonade, je suis ultra admirative parce que voilà c'est une personne qui a un personnage, elle est très très forte, elle a une vision et j'aime beaucoup aussi les boutiques Oh My Cream parce que pareil vraie vision voilà typiquement on a un univers fort, on transige sur rien. l'accueil client c'est quelque chose alors là ça c'est un peu assoupli mais à l'époque elles avaient même le dress code etc donc ça c'est des premiers exemples pour moi et j'aime bien aller les voir et puis c'est vrai qu'on parlait de l'expérience client mais tu rentres là-dedans tu te sens privilégiée tu te sens écoutée tu te sens voilà il y a un truc premium dans l'histoire que j'aime bien...

  • Claire

    Ok. Avant-dernière petite question. Est-ce que tu aurais trois livres jeunesse à nous recommander, tes petits favoris qu'il faudrait absolument avoir dans la bibliothèque pour nos enfants ?

  • Audrey

    Oui. Alors, pour la naissance, absolument, tu vois le jour chez Helium de Laurent Moreau. C'est un livre accordéon en noir et blanc. Moi, c'est un livre qui me marque particulièrement parce que... En fait, tu le mets autour du tapis allongé ou du tapis d'éveil. Moi, je l'avais mis autour du berceau de mon bébé à la maternité. Et en fait, c'est étonnant parce que ça fascine les enfants dès le... des nourrissons. Et moi, mon bébé regardait comme ça, ça me permettait d'aller prendre ma douche. Et là, j'ai une grande illustratrice qui s'appelle Stéphie Brocoli. Ah, j'adore. Oui. Elle m'a envoyé une photo de sa petite qui a quelques semaines là, qu'elle a acheté sur nos recommandations, ce Leporello. Donc le Leporello, c'est un livre accordéon pour sa petite. Et on voit la petite qui veut comme ça, avec ses petits pieds qui avancent et tout. C'est complètement fascinant. Et là, tu comprends pourquoi le livre dès la naissance. Donc ça, c'est hyper important. Là, j'ai envie de te dire après, si tu passes un cap, On saute jusqu'à la maternelle et là j'ai envie de te conseiller les trois petits poursauts ou globalement la collection à petit peu ton chez Didier Genest. Pourquoi je te parle de ça ? C'est parce que c'est un peu mon challenge de l'année. Didier Genest est un éditeur qui est fascinant mais qui a... qui parle plus aujourd'hui à des instituteurs qu'à des parents parce qu'au niveau graphisme, il s'intéresse aux enfants, à ce qui va marcher chez les enfants, et moins aux codes actuels, etc. Et en fait, c'est des livres exceptionnels au point de vue sensoriel, texture, et c'est des livres qui ont été écrits par des conteurs professionnels qui savent raconter. Et donc, c'est des livres qui sont faciles à raconter pour les parents, pour y mettre tout de suite le ton.

  • Claire

    D'accord.

  • Audrey

    Et voilà. Et donc, les trois petits pourceaux, c'est évidemment l'histoire des trois petits cochons, mais avec un loup trop marrant. Donc, je conseillerais ça. Et si je devais aller pour les un peu plus grands, je conseillerais les... Alors, tu me poses la même question demain, je te conseille d'autres livres. Mais là, je pense aux Incroyables, qui est un livre très grand format de Clotilde Perrin à l'École des loisirs. Et les Incroyables, en fait, tu as une double page. ou une page, je ne sais plus. Et en fait, c'est un livre passionnant parce que tu as des profils. Par exemple, tu as l'enfant vert et donc tu as un dessin de l'enfant tout en vert. Et c'est caricatural, mais ça parle des profils psychologiques de tout le monde. C'est un livre qui est fascinant, qui fait beaucoup réfléchir les enfants. Et je rajoute une quatrième recette, puisque c'est moi, je ne peux jamais m'arrêter. Et là, je passe carrément pour les plus grands à partir du collège. Je conseille vraiment, nous traverserons les orages de Anne-Laure Bondou chez l'école des loisirs. Pourquoi ? Parce que je pense qu'à l'époque actuelle, le devoir de mémoire est particulièrement important sur qu'est-ce qui s'est passé dans notre histoire les 100 dernières années, qu'on a un peu... Trop tendance à oublier. Et en fait, elle retrace l'histoire d'une famille sur un siècle de 1914 à 2014. Donc ça commence à la veille de la Première Guerre mondiale. Et cette famille, il y a les pertes avec les guerres, il y a l'antisémitisme, il y a... Plein de problèmes de famille, il y a des problèmes perso et des problèmes historiques globales. Il y a le sida, il y a tout ce qui s'est passé et comment une famille a été confrontée à ça. Avec ses moments joyeux et ses moments terribles. Et c'est un livre qui, pour moi, devrait être lu. Il est sorti l'année dernière et ça devrait être lu dans tous les collèges, lycées, à la place des espèces de trucs qui saoulent tous les enfants. Et voilà.

  • Claire

    Ok, trop chouette. C'est bien pour tous les âges, c'est cool.

  • Audrey

    Voilà, je t'ai fait bébé, maternelle, primaire, collège. Voilà,

  • Claire

    nickel. Et donc la dernière question, je voulais aussi avoir tes recos, plutôt musique, pour les enfants. Qu'est-ce qu'on peut leur faire écouter qui soit un petit peu différent, qui les mette en contact avec la musique et que ce soit des moments chouettes à partager avec eux ?

  • Audrey

    Ok, alors là je vais complètement t'étonner, mais on me demande, on me pose souvent cette question, et en fait le meilleur réveil musical pour l'enfant... c'est de chanter pour son enfant. C'est pas de lui faire écouter machin. C'est déjà de chanter pour son enfant. Ça, ça se perd totalement. Donc, le répertoire des comptines pour enfants. Idéalement, se munir de livres comptines pour avoir un support, parce que souvent, on a oublié les paroles, etc.

  • Claire

    C'était lointain.

  • Audrey

    Voilà, c'est lointain. Et aussi, on a l'impression qu'on est moins con quand on a un support livre.

  • Claire

    C'est vrai que quand on n'a pas la voix...

  • Audrey

    chanter, il s'enfonce. En fait, c'est tellement important pour lui le genre adressé, parce que ça lui fait un choc multisensoriel, notamment quand il y a le livre avec, parce qu'il va entendre chanter, donc il y a le son, mais en plus il y a l'émotion de ta propre voix, du moment que tu passes avec lui, de ce moment accordé avec lui. En plus qu'il va voir le livre, et en même temps, tu peux notamment sur le travail de Didier Jeunesse la collection Pirouette que les parents trouvent moche mais qui sont hyper bien parce que c'est du collage de matière il va y avoir du trompe-l'œil donc l'enfant va avoir envie d'attraper le livre. Donc ça c'est vraiment mais déjà commencer par ça quoi. Il y a un truc fascinant c'est que l'enfant tu sais il y a une vieille légende, tu vas me dire que je suis trop longue, mais il y a une vieille légende qui dit qu'un empereur chinois s'était fait peindre une fresque avec une cascade sur un mur. Et que finalement, il avait demandé d'enlever cette fresque parce que le bruit de l'eau le gênait. Et en fait, c'est ça, les enfants ont une capacité de projection bien plus grande que la nôtre. Et ils sont capables de sentir l'odeur du feu en voyant une image de feu, etc. Et donc, il y a aussi la sensation. Et un beau livre, c'est un livre qui convoque tous les sens. Parce que chacun va avoir un cerveau codé pour... pour prendre tel ou tel sens particulièrement. Donc, commencer l'éveil musical par lire avec un album comptine au tout petit. Après, un peu plus grand, c'est les albums CD. Alors, je sais que le CD se perd, mais en fait, ce n'est pas une excuse parce que la plupart des albums CD, ils sont sur Spotify, YouTube, etc. Donc, moi, je me les mets sur mon iPhone et il y a les pages du livre avec. Donc, souvent... Je continue avec Didier Jeunesse, mais aussi Gallimard Jeunesse, Gauthier Langreau, on fait des très beaux livres-disques, c'est bien pensé, c'est par des gens qui connaissent l'enfance, etc. Après, tu leur mets à dispo une petite malle d'instruments où ils expérimentent par eux-mêmes l'astronorité, etc. Tu valorises leur création en disant Ah, mais c'est pas magnifique, ou je sais pas quoi, tu te mets pas à avoir du second degré, mais voilà, c'est... Dis donc, c'est intéressant. Là, tu fais très, très fort. Là, tu ne fais pas fort du tout. Voilà. Déjà, c'est le premier réveil musical. Et après, il ne faut pas se forcer à aller sur telle ou telle musique. L'enfant, ce qui est important pour lui, c'est de voir aussi... Il ressent beaucoup de choses à travers le regard du parent. Donc, si le parent... L'enfant sent que c'est vendredi soir et le parent est en train de se faire son petit apéro avec une musique qu'il aime bien. En fait, c'est ça qui va marquer l'enfant. qu'est-ce qu'on s'en fiche que je sais pas quoi.

  • Claire

    Qu'il écoute Mozart ou je ne sais pas. Ouais.

  • Audrey

    Et Mozart, Mozart, on va en parler. La perception rythmique, encore chez Mozart ça va, mais c'est pas évident pour un tout petit petit. Tu vois ? Autant un gros hip-hop, ça lui fait percevoir la pulsation, etc. Donc aller vers ce qu'on aime bien et surtout chanter, chanter, chanter.

  • Claire

    En fait, partager des moments avec eux autour de la musique et qu'ils voient aussi qu'on apprécie ça et que c'est chouette.

  • Audrey

    ouais je crois qu'on en fait on est comme ça chaque parent on peut pas inventer autre chose chaque parent transmet ce qu'il a en lui il faut pas essayer de se forcer à être autre chose je suis pas une sportive de haut niveau quoi que mais non non on transmet ce qu'il nous fait et euh Et se forcer toujours à faire des activités, machin...

  • Claire

    Oui, de toute façon, ils sentent quand on fait des choses avec envie ou pas. Oui. Comme je disais tout à l'heure, les gens, quand ils rentrent dans la boutique, ils sentent l'ambiance. Les enfants, ils sentent encore mieux.

  • Audrey

    Exactement. Donc, l'enfant qui va se faire remarquer que ses parents, ils ont telle playlist en commun, qu'ils se font du bien, qu'ils arrivent à se détendre à ce moment-là ou qu'ils se mettent à chanter. Voilà, c'est ça qui est important. C'est ça. On veut créer des gamins, on s'en fout qu'ils deviennent violinistes plus tard, on veut créer juste des gamins qui prennent du plaisir, qui bénéficient de la musique comme espace d'évasion.

  • Claire

    Ok, super. Bon bah, y'a plus qu'à.

  • Audrey

    Voilà, y'a plus qu'à monter tout ça. C'est parti.

  • Claire

    Merci beaucoup, c'était très cool.

  • Audrey

    Avec plaisir.

  • Claire

    Et je te souhaite plein de bonnes choses.

  • Audrey

    Merci.

  • Claire

    A bientôt. A bientôt. Ciao.

  • Audrey bis

    Et voilà, j'espère que cette interview vous a plu. Merci pour votre écoute. Si vous souhaitez soutenir l'arrière-boutique, vous pouvez laisser 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute et le partager à celles et ceux que ça pourrait intéresser. Ça m'aide énormément à rendre le podcast visible. Donc un grand merci. Si vous ressentez le besoin d'un accompagnement personnalisé pour avancer sur vos projets, que ce soit pour le lancement d'une boutique, d'une marque ou pour toute ce stratégie commerciale, n'hésitez pas à jeter un œil à mes op'sur mon site l'arrière-boutique.fr ou à me contacter. Je propose des accompagnements sur mesure qui vous aideront à surmonter vos blocages et à atteindre vos objectifs. Pour ce qui est du podcast, on se retrouve dans deux semaines pour un nouvel épisode. Bonne journée !

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Description

Librairie jeunesse, école de musique et de danse : plongez dans l’univers unique du Bon Ton, là où le commerce devient théâtre de découvertes et d’émotions !


Dans cet épisode de L’Arrière Boutique, je pars à la rencontre de Claire Wyniecki, fondatrice du Bon Ton. Elle partage son parcours d'entrepreneure et les réflexions qui ont guidé la création de cet espace où le commerce prend vie sous forme d’une véritable expérience pour petits et grands.


Parmi les nombreux thèmes abordés, Claire nous confie l'importance de construire un univers fort, elle nous parle du rôle du commerçant qui comme un interprète façonne l’atmosphère et fait de chaque visite un moment unique. Nous abordons les défis de l’entrepreneuriat et de la maternité, l’importance de collaborer avec des experts et le travail stratégique qu'est le merchandising pour optimiser sa rentabilité. Claire évoque aussi les moments de doutes et l’importance de garder une énergie sincère pour embarquer ses clients, le tout entrecoupé d’anecdotes marquantes, comme l'incendie qui l’a poussée à réinventer son projet.


Enfin, Claire termine l’épisode en partageant des recommandations de lecture et des ressources pour l’éveil musical des plus jeunes.


Que vous soyez (futur) commerçant, ou simplement curieux de découvrir cet univers créatif, cet épisode vous promet inspiration et conseils précieux !


Bonne écoute 🎶


Retrouvez toutes les personnes et ressources mentionnées dans cet épisode :INFL (Institut National de Formation de la Librairie) / Agence Link / Helène Lacombe : architecte / Steffi Brocoli : @steffibrocoli / Boutique Klin d’Oeil / ICI Librairie : @icilibrairie / Make My Lemonade / Oh My Cream


Livres jeunesse recommandés :

"Tu vois le jour" par Laurent Moreau (Éditions Hélium)

"Les Trois Petits Pourceaux" de la collection Didier Jeunesse

"Les Incroyables" par Clotilde Perrin (École des loisirs)

"Nous traverserons les orages" par Anne-Laure Bondoux (École des loisirs)

Collection "Pirouette" chez Didier Jeunesse


Pour découvrir toutes mes offres d'accompagnement, ressources et conseils pour commerçants, rendez-vous sur mon site l'Arrière Boutique !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Audrey bis

    Bonjour et bienvenue sur L'Arrière Boutique, le podcast qui vous invite dans les coulisses de l'expérience retail.

  • Claire

    Je suis Audrey Gallier,

  • Audrey

    consultante dans les domaines du retail, de l'entrepreneuriat et du développement de marques. Après dix années passionnantes à créer et développer mes boutiques, j'ai envie aujourd'hui de transmettre mon expérience mais aussi celle de mes invités. Pour cela, je reçois dans ce podcast des personnes inspirantes qui vous ouvrent les portes de leurs boutiques pour vous raconter leurs aventures. Je vous livre aussi, dans des épisodes boîte à outils, des pensées et astuces pour vous motiver et vous aider dans vos projets retail. Très bonne écoute ! Salut ! Dans ce nouvel épisode, je pars à la rencontre de Claire, fondatrice du Bon Ton, un lieu unique à Paris qui mêle école de musique, de danse, librairie jeunesse et marque d'accessoires pour enfants qui s'appelle Prout Prout. Ce projet est bien plus qu'un simple commerce, c'est un univers fort et audacieux qu'elle a créé, en repoussant les limites du concept traditionnel de la boutique. Avec Claire, on a abordé mille et un sujets, comme par exemple la place centrale que le commerçant occupe dans son projet. Pour elle, c'est un peu comme au théâtre. Tenir une boutique, c'est incarner un personnage, donner vie à un lieu. C'est une véritable performance quotidienne pour attirer et fidéliser, mais aussi pour se renouveler sans cesse. Elle nous partage aussi les moments de doute, ces phases où l'énergie vient à manquer. Claire, elle, les voit comme des indicateurs essentiels de la nécessité de se réinventer. Parce que si l'on n'est pas nous-mêmes embarqués dans notre projet, comment réussir à embarquer nos clients ? On abordera également des sujets très concrets, comme l'importance de bien réfléchir au merchandising pour que chaque mètre carré soit plus rentable, tout en facilitant l'analyse des ventes et l'achat d'assortiments. Claire nous explique aussi pourquoi est-ce qu'elle a choisi de s'entourer d'experts plutôt que de s'associer, et comment ça va lui permettre de garder son indépendance tout en bénéficiant de compétences clés. Et bien sûr, elle revient sur les défis imprévus, comme cet incendie qui a failli tout remettre en question. Comment a-t-elle rebondi ? Quel apprentissage en a-t-elle tiré ? Et à la fin de l'épisode, on prend 10 minutes pour que Claire nous fasse ses recommandations lecture pour nos chers enfants, du plus jeune âge à l'adolescence, et elle va aussi nous parler de ses petits conseils pour tout ce qui est éveil musical. Donc que vous soyez parent ou que vous ayez des enfants dans votre entourage, je suis sûre que ça vous donnera tout un tas d'idées, d'autant plus que Noël approche. Cet épisode regorge donc de conseils et de partages d'expériences très précieux. Bonne écoute ! Salut Claire !

  • Audrey bis

    Salut !

  • Audrey

    Alors aujourd'hui on est au Bonton, on est bien installées au fond, toutes les deux dans une petite salle et on va raconter un peu ton histoire, raconter le parcours du Bonton et je pense que ça va être hyper intéressant parce que c'est un projet méga pluriel. On va commencer d'abord par le début, est-ce que tu peux te présenter s'il te plaît ?

  • Claire

    Donc je m'appelle Claire, j'ai 36 ans. depuis hier. Je suis donc la fondatrice de Le Bon Ton, qui est une école de musique et danse principalement destinée aux tout-petits dès la naissance, et librairie jeunesse. Donc c'est installé à Paris dans le 9e, près de Pigalle-Saint-Georges. C'est un lieu, donc effectivement, le mot pluriel, je ne l'avais jamais utilisé, mais c'est vrai que ça colle. Mais pour moi, tout est cohérent, c'est-à-dire qu'on fait vibrer la littérature de jeunesse avec l'éveil à l'art. Alors l'art scénique, puisqu'on ne fait pas d'art plastique. L'art scénique, donc éveil musical, éveil à la danse.

  • Audrey

    Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur le bon ton ? Quand est-ce que l'idée est arrivée ? Enfin, un peu les étapes clés du développement. Après, on ira un peu plus en profondeur sur le sujet. Qu'on comprenne un peu la jeunesse du projet.

  • Claire

    Oui. Alors, en fait, moi, je suis violoniste professionnelle. Et ça a toujours été clair pour moi que je ne voulais pas être interprète. Mais j'étais en musique-études. Si tu veux, j'étais un peu sur les rails. Enfin, j'ai toujours été vouée à une carrière d'interprète. Et moi, ce que je voulais, c'était écrire. C'était mon obsession depuis que j'étais au lycée. Je voulais devenir critique musicale et donc l'écriture a toujours fait partie de moi et ce qu'on m'avait conseillé, j'avais à l'époque été conseillée, j'ai eu la chance d'être en contact avec le directeur du groupe Bayard qui m'avait dit écoute, soit tu fais une école de journalisme mais c'est pas compatible avec tes études musicales très poussées, avec des heures de travail d'instrument, etc. soit tu rentres par la petite porte et tu deviens très spécialiste dans ton domaine et tu verras, on t'ouvrira les portes, etc. Et donc ce monsieur, j'ai eu de la chance parce qu'il m'a dégoté un stage chez le journal La Croix. J'étais très très jeune, mais effectivement, en même temps, je m'y connaissais très bien en musique. Donc son petit pari a marché parce qu'on... C'est difficile d'être spécialisée dans la musique et la danse. Tout le monde n'est pas spécialisé dans ces domaines-là. Et du coup, suite à ça, je suis très vite devenue pigiste. Et après, j'ai été engagée par Le Parisien Aujourd'hui en France. J'étais leur critique musique et danse, j'ai fait ça pas mal d'années, puis après pour Diapason, etc. Donc j'ai fait assez jeune ma place dans la presse musicale. Je dis ça parce qu'il y avait vraiment cette écriture, l'écriture qui était toujours là. Et parallèlement, je continuais mes études de violon, pas que de violon, j'ai fait beaucoup de culture musicale au sud de Paris, et j'étais à la Sorbonne en musicaux. en master et j'ai aussi fait un master de médiation de la musique. Donc cette formation à la médiation entre le public, qui n'était pas forcément à l'époque le jeune public, ça peut être tous les publics empêchés aussi, enfin le public quoi, tous les publics. Donc voilà, et c'est dans le cadre... Donc j'ai toujours enseigné aussi... A l'époque, quand j'étais au lycée, c'était surtout pour me faire des sous et pour aller chez Zara derrière. Mais voilà, j'ai toujours enseigné le violon et c'est quelque chose qui me plaisait beaucoup. Et aussi dans mon univers, il y a toujours eu une patte très potache, très enfantine. C'est quelque chose qui m'est propre. Donc voilà, à partir de ce tapis... J'ai eu un coup de foudre professionnel quand je travaillais chez Le Parisien. C'était à l'époque le boom des livres-disques pour enfants, qui sont complètement en perdition maintenant suite à l'arrêt du disque. Mais à l'époque, c'était un univers foisonnant. Et forcément, comme Le Parisien est un gros média, il y a tous les éditeurs qui m'avaient sauté dessus. Et j'ai eu vraiment un coup de cœur pour cet univers-là, le rapport musique-texte-image. ça m'a semblé être une mise en scène hyper intéressante. Et donc, je me suis vraiment passionnée de ça. J'en ai fait un master, d'ailleurs, derrière de littérature de jeunesse spécialisée là-dedans. Et je me suis dit, l'écriture pour enfants, le livre pour enfants, notamment musical, mais musical, ça peut être pas forcément le disque. Ça peut être un livre continue ou alors rien que la musicalité du texte. Ça m'a beaucoup intéressée. Et donc, je me suis spécialisée là-dedans. en même temps que j'étais donc musicienne pro. Et voilà, c'est ça qui a fondé un peu tout le bon temps. Donc aujourd'hui, on croit qu'il y a quelque part une librairie jeunesse et une école de musique collée. Mais pour moi, tout est ensemble. C'est tout ce à quoi je... Voilà, tout ce qui me fait vivre.

  • Audrey

    Ok. Et donc, au début, il me semble que tu n'avais pas de lieu qui était propre.

  • Claire

    Au début... Je... Alors, en fait, au début, j'ai... Bon, c'était un souci aussi. Peut-être que je... En fait, j'ai fondé une première boîte en 2017 où, effectivement, je ne m'étais pas donnée de lieu propre. C'était à la fois par côté financier. J'avais pas les investissements nécessaires. D'autre part, c'était peut-être un manque de confiance aussi. Je voulais tester mon truc. Et c'est vrai qu'à l'époque, j'avais été accueillie dans des super jolis lieux. Donc, c'était assez sympa. J'étais au théâtre de l'Atelier, à l'Éléphant de Paname. J'étais aussi à l'Hôtel du Temps. Et puis, je bossais aussi beaucoup en B2B pour des marques. Je faisais des gros événements pour des marques qui me plaisaient à l'époque et qui avaient un peu le vent en poube, genre Balzac Paris, Et Moi Et Moi, etc. Et donc, je faisais ce B2B. Donc j'ai fait ça pendant trois ans. Et puis le Covid est tombé, ça a coupé un peu tout ça. Grosse remise en question de mon côté. Et puis à ce moment-là, je suis aussi devenue maman. Donc le côté itinérant, ça commence à être un petit peu galère les dimanches matins avec mon piano sous le bras, etc. Et donc, je me suis posée. J'ai fermé ma boîte au moment du Covid pour permettre de me poser, de réfléchir. J'ai challengé aussi ma créativité à ce moment-là parce que je me sentais un peu en perdition en faisant des stages d'écriture, plein de choses différentes. Et donc, quand je me suis ressentie d'attaque, J'ai lancé le bon ton, mais cette fois, je me suis dit, en fait... Il faut taper gros, en fait, pour faire... Voilà, il faut faire sa place, s'installer. Oui, plus c'est fini de rentrer par la petite porte, maintenant, je vais taper gros. Donc, lieu, waouh, mais ce n'était pas que le lieu. Je me suis dit, je fais un investissement au niveau de la DA. Je suis allée taper à la porte d'un très, très gros studio de design et de DA, qui est Link Studio, qui ont... énormément apporté parce que j'ai fait exprès de prendre des gens qui ne travaillent absolument pas dans la culture, qui sont des modeux mais j'aimais bien leur côté limite trash des fois quand ils travaillent sur certains voilà notamment ils travaillent pour Christophe et ils ont complètement dézingué le truc et donc j'aimais bien faire cohabiter ça donc je me suis dit mais qu'est-ce qu'ils vont penser d'un projet sur les veilles les tout petits etc et Et en fait, c'était canon, c'est super bien entendu, parce qu'ils m'ont rendu visible l'impertinence que j'avais envie de mettre dedans. Donc, eux ont été très, très, très importants dans toute la patte de D.A. Et puis après, gros coup aussi en étant dans la presse. Voilà, j'ai voulu taper gros. C'était... Parce que sinon, on reste un peu... Enfin voilà, moi toute l'idée c'était de m'asseoir et d'asseoir les veilles culturelles et artistiques pour les tout-petits, qui n'ont pas forcément toujours une place très élégante ou très mode, très branchée, très désirable. Enfin je ne sais pas ce que tu veux mettre comme mot dessus, mais en tout cas, je voulais asseoir ça et en faire quelque chose d'hyper sexy. Aussi parce qu'en tant que jeunes parents, des fois ça fait du bien d'aller dans un truc un peu sexy et pas toujours être dans le truc...

  • Audrey

    C'est bien parce qu'en fait, tu as eu ces trois années où tu as gagné en confiance, où tu as solidifié, tu as observé le retour, les besoins de tes clients, etc. Et donc, je comprends cette envie de dire, OK, ça fait trois ans que je fais ça. J'ai fait ma pause, j'ai retrouvé ma créativité et maintenant, je reprends le marteau et j'enfonce le clou d'un coup. Je fais ça vraiment, je sais où je vais et je sais comment je veux faire.

  • Claire

    Voilà, j'avais déjà testé que clairement... Parce que bon, on a une... J'ai mis en place une... Alors, ça fait un peu prétentieux de dire ça. Je ne sais pas comment le dire autrement. Mais bon, tu as compris. J'ai mis en place une pédagogie un peu particulière. Qui n'est pas quelque chose... Je ne suis pas pédopsychiatre ou neuroscientifique, etc. C'est des choses qui me sont venues naturellement par rapport à mon parcours. Par rapport à je ne sais pas quoi. Mes envies, mes aspirations. Et j'ai vu que mes... Mes contenus marchaient très bien autant auprès des enfants que des parents qui passaient aussi un bon moment, etc. Donc j'ai pu tester ça aussi, j'ai pu tester ma pédagogie, que j'ai renforcée après pendant mes trois années de... Enfin c'était pas vraiment des années de pause, mais mes années de formation, etc.

  • Audrey

    Non, t'as continué en fait à construire le projet tranquillement, en prenant du recul, etc. C'est pas parce qu'on n'est pas dans le... L'action concrète, qu'on n'a pas une boutique ouverte, etc. Ça ne veut pas dire qu'on est en train d'y travailler. Ça prend du temps de le mûrir et ça permet d'arriver à quelque chose qui est plus abouti aussi dans notre tête.

  • Claire

    Sachant que moi, c'est un projet. Donc là, l'aboutissement qu'on voit aujourd'hui, c'est une idée que j'ai eue. J'avais, je crois que j'avais genre 22 ans. Et tu vois, je l'ai ouvert à 34 ans. Et... Et en fait, franchement, j'ai eu des longues traversées du désert, genre de frustration. De frustration à la fois, je n'ai pas les sous, je ne me sens pas capable, je n'ai pas d'associés, en fait, je ne suis pas capable de faire tout seule, des trucs comme ça. Et des fois, je me suis souvent dit, mais heureusement que, en fait, j'ai eu des bâtons dans les roues à tel, tel, tel moment, parce que ça serait ça, il n'y aurait pas ça, ça, il n'y aurait pas ça, ça, il n'y aurait pas ça. Et encore, si ça se trouve, si j'avais ouvert cinq ans plus tard, il y aurait plein de choses en plus, tu vois.

  • Audrey

    Mais t'as senti que c'était le bon moment là ? T'avais fait suffisamment de chemin ?

  • Claire

    Alors c'est venu... En fait je vais être honnête. C'est venu... Il y a un moment tu prends du recul pour te former, pour rebooster ta créativité etc. Moi j'ai commencé à travailler très jeune donc du coup j'avais beaucoup de choses à... Voilà tu prends beaucoup d'automatisme quand tu travailles et des fois c'est bien de... de casser tous les automatismes, de te remettre en danger, etc. Et on n'a pas toujours le temps de le faire dans notre vie. Mais pour être honnête, au bout d'un moment, quand tu recherches, recherches, recherches sur toi, surtout dans une pratique un peu qui est quand même... Aujourd'hui, je suis chef d'entreprise, mais je reste quand même, j'espère, je reste artiste. C'est ce que je suis à la base. Tu peux te perdre au bout d'un moment aussi dans tes recherches et ta raison en question. Donc moi, j'en étais à cette étape-là. Et il s'est passé deux choses. C'est tout bête des fois la vie, mais il s'est passé vraiment deux choses vraiment fondatrices. La première, c'est que je me suis pris un de ces vents par un éditeur jeunesse. Un truc horrible. J'avais écrit un roman. J'avais proposé un roman à l'école des loisirs. Enfin, à plein d'éditeurs. L'école des loisirs me repère. Me dit, en fait, ok, c'est super. L'école des loisirs qui est un peu le Graal. Ils me disent... C'est un roman que j'avais écrit à quatre mains avec une personne. L'école des loisirs nous appelle. Ils nous disent, putain, vous nous avez décoiffé. On adore. Mais le sujet, ça ne va pas du tout. Donc, vous nous réécrivez ça. Ok. Je réécris. Et là, on m'appelle, on me fait En fait, ça va pas du tout. Ciao. Et genre, mais le truc, le truc, mais hop ! Et c'était hyper dur. Hyper dur. Et moi, j'avais encore... En fait, c'était hyper fondateur. Et je me dis Mais merci qu'il me soit arrivé ça. Même si ça m'a fait... tellement pâle.

  • Audrey

    C'est un peu sorrier, tu te rends compte que des fois, il y a des moments comme ça.

  • Claire

    Mais c'est ça. Mais moi, je m'étais tellement battue. J'avais passé tout l'été, j'avais deux bébés, j'avais tellement bossé, j'avais tellement une remise en question. Là, tu t'arrives à un aboutissement, l'école des loisirs t'appelle, te dit que, ok, le roman, nanana. Et là, en fait, non.

  • Audrey

    Non,

  • Claire

    et la porte est fermée. Et en fait, oh putain, ça m'a fait super mal. Et là, je déjeune avec une amie d'enfance, donc qui me connaît vraiment depuis l'enfance, qui est contrebassiste, notamment à l'Orchestre de l'Opéra, à la Garde Nationale. C'est une nana qui est un génie de la contrebasse. Elle est rentrée au CNSM très, très tôt, avant le bac. Elle était au lycée, une nana extra. Et en fait, je dis ça, ça a un lien parce que... En fait, on est quand même habitués dans la musique à se prendre des gros vents, à passer des concours toute notre vie, à rater la plupart des concours. Enfin, je veux dire, l'échec, ça fait partie quand même de nous et même des fois, ça fait très, très, très mal. On sait quand même rebondir. Et en tout cas, je déjeunais avec cette nana, j'étais effondrée. Et là, elle me dit, voilà, moi, en fait, cette nana, c'était un génie de la contrebasse, mais pendant dix ans. Elle a fait que rater des concours pendant dix ans. Elle me disait mais c'était horrible, après je me mettais à tout prendre sur moi, je ratais un métro, je me disais mais t'es une pauvre meuf, je me mettais du mascara sur le côté, je me disais mais t'as raté ta vie, et elle me dit écoute, aujourd'hui je suis à la garde nationale, la garde républicaine, à l'opéra, etc. Le truc dont je suis le plus fière, c'est d'avoir monté mon petit stage de contrebasse et elle me fait clair, t'es faite pour faire des trucs par toi-même, ne pas demander... Et je crois que je m'étais un peu égarée dans cette période de recherche où je me disais je veux plus monter par moi même, je suis pas capable de monter par moi même et du coup j'attends des gens, j'attends qu'un éditeur prenne soin de moi, j'attends que truc truc m'embauche, j'attends que... mais moi je suis pas une personnalité comme ça en fait, je crois que ça ne marche pas quand j'essaye de faire des trucs pour des gens, c'est cata quoi, je suis incapable de rester dans le cadre et du coup elle, elle a commencé à me mettre un tu vois, me relancer. Elle a vraiment été fondamentale. Et après, j'ai ma sœur au téléphone qui me dit Écoute, là, bouge-toi, parce qu'en fait, tu ne vas pas te reconnaître dans dix ans, tu ne vas pas te reconnaître, moi, je ne te reconnais pas. Donc, ok, tu es fatiguée, tu as tes deux bébés, nanana, mais bouge-toi le cul, parce qu'en fait, voilà. Et là, après, moi, j'ai eu la chance d'avoir un mari qui est complètement taré, qui me... qui me... Je crois que... qui est pas du tout comme moi, mais qui me comprend totalement, et qui est aussi fou que moi, parce que là, je lui dis, en fait, je vais me lancer. Il fait, ok, écoute, on va acheter un local, et puis on va y aller, et tout. Et du coup... Alors, il m'aide pas du tout. Alors lui, il n'est pas du tout de conseil sur mon business, etc. Mais il est là derrière. Il soutient pas. Mais pas de problème, ça va faire. Et du coup, je me suis lancée comme ça, et ça m'a... Voilà, mais comme quoi ça peut être des déclics dans la vie qui sont une grosse baffe. Voilà, donc la conclusion de ça c'est ok, c'est bien de se remettre en question. Après au bout d'un moment on s'y perd, donc au bout d'un moment il faut y aller.

  • Audrey

    Mais ouais, et aussi se dire que parfois les signes, c'est pas des signes positifs, ça peut être aussi un échec, une marche ratée, une grosse claque. Et puis ça fait réfléchir et c'est pas qui permet d'avancer.

  • Claire

    Moi j'avoue que... Ouais, mais... très très grosse douleur dans la vie ça a été mes gros steps.

  • Audrey

    Donc si vous êtes en galère,

  • Claire

    si vous écoutez ça, c'est la misère. Des trucs qui font bien bien mal où on se sent bien bien.

  • Audrey

    De choses chouettes qui vont se passer après quoi.

  • Claire

    Ouais.

  • Audrey

    C'est vrai que dans mon histoire pro aussi, on avait eu ça avec mon associé, on s'était pris une grosse gifle quoi. Au moment de créer notre boîte. Et le truc où tu te dis, peut-être en fait je vais arrêter quoi.

  • Claire

    Ouais.

  • Audrey

    Et finalement, pareil. Là c'est parce qu'en plus on était deux, donc discussion etc. Et on a eu un déclic, on s'est dit, en fait non on va pas arrêter, on va travailler trois fois plus dur. Et je pense qu'on a bien fait ce point de cette gifle parce qu'on n'aurait pas pris la bonne direction. On partait dans le mauvais sens. Et donc tu te dis, ok, finalement, je suis capable, je vais le faire, je n'ai pas besoin d'attendre quelqu'un pour le faire.

  • Claire

    Et là, je me suis rendue compte que tout était prêt dans ma tête. On me dit souvent, mais attends, mais quelle énergie pour faire ça. Moi, j'ai l'impression que ça ne m'a pas du tout demandé de l'énergie. En fait, c'était déjà prêt, c'était tout là.

  • Audrey

    Ça a bien mijoté pendant 12 ans.

  • Claire

    Donc vraiment le gros choix c'était d'aller sur un studio design un peu coup de poing parce que j'avais peur de faire appel à la petite graphiste qui allait me faire un truc hyper layette. L'autre truc c'était de faire appel à l'architecte, donc j'ai choisi Hélène Lacombe au final qui n'avait pas... Donc Hélène c'est une architecte... C'est vrai qu'il y a quelques années, on aurait pu dire qu'elle était encore émergente. Aujourd'hui, elle est tellement en train de cartonner que je ne sais pas. Je suis très heureuse pour elle. Mais en fait, Hélène, ce qui m'a plu dans son travail, c'est qu'elle faisait tout en rondeur. Et c'est pour ça que je l'ai choisie, parce qu'en soi, on aurait pu se dire qu'elle n'a pas l'univers du tout coloré. Parce qu'au contraire, elle, elle est très dans les beiges, etc. Mais... Mais c'était son ergonomie, en fait, qui m'a vachement plu. Et on s'est tellement bien entendues sur le projet. C'était tellement fluide. C'était un régal de travailler ensemble. Donc ça, c'était vraiment très important. En fait, je pense que ce qui est important, c'est que c'est ça aussi. J'ai souvent eu, et je pense que beaucoup de gens ont ça, veulent se dire... peux pas partir tout seul, j'ai envie d'être associée. Et moi j'avais, déjà je trouvais pas spécialement d'associée, et en plus de ça j'avais mon mec qui me disait mais non, c'est toi, c'est ton univers, vas-y, tu vas pas filer la moitié à quelqu'un qui connait rien, qui va te mettre des bâtons dans les roues, etc. Et puis, j'ai une amie qui me dit, mais t'es pas obligée d'être associée, mais tu peux bien t'entourer en fait, d'avoir des... des gens, des collaborateurs ponctuels sur des trucs. Et je sais que, par exemple, j'avais été conseillée très gentiment par Fanny Pecioda, qui était la fondatrice de Seasonly et My Little Paris. Et je sais que c'était un peu sa stratégie. Bon, alors, eux, évidemment, c'est énorme. Il y avait plusieurs associés à la base. Mais quand elle veut lancer un truc, par exemple, elle veut monter My Little Gambette, elle prend la directrice machin truc de Dim et elle monte le projet en mode voilà quelques jours de boulot et tac en mode prestataire. C'est intéressant. Et du coup aujourd'hui je bosse vachement comme ça en fait. Je fais rentrer personne dans la boîte. Quand tu me dis on est que deux oui on est que deux avec Morgane mais par contre on a des prestataires qui ont une place importante dans le projet et qui nous permettent de passer des...... Des marches comme ça. Et en fait, tu vois, Hélène, c'est quelqu'un qui a été hyper important. Link, c'est quelqu'un... Enfin, ils sont super importants pour moi. Et ils peuvent encore être référents quand j'ai des questions. Quand je veux refaire un shooting, je fais appel à eux. Voilà. Et il y en a d'autres. Il y a Anne Pascal aujourd'hui qui est mon illustratrice. Anne... Alors, il était question qu'elle rentre dans la boîte. et puis au final j'ai trouvé que c'était pas forcément notre meilleure manière de collaborer donc Anne aujourd'hui elle est l'illustratrice de toute la partie garçon chez Jacques Haddy en interne mais par contre elle est prestataire pour nous et elle me fait toutes mes vitrines, toute ma carterie tout mon prout prout donc...

  • Audrey

    Oui parce qu'on n'a pas encore parlé de prout prout c'est une activité spécialement Oui

  • Claire

    Prout prout bah oui en fait à la base ça partait d'un constat Dans toutes les librairies, on vend un peu de hors-livre. Bon, c'est parce que... On ne va pas se mentir, le hors-livre, ça fait un peu plus de marge que le livre où la marge n'est pas terrible. Et puis, ça crée une petite fantaisie, etc. Mais moi, je n'ai jamais réussi à comprendre. À chaque fois qu'il y a une librairie qui a un coin jeunesse, on se dit, à côté, ils font du Djeiko, je vais faire du Djeiko aussi. Quelle bonne idée ! Et voilà, c'est fait en Chine, etc. Ça n'a aucun impact sur l'identité de la boutique. Donc voilà. Et du coup, j'ai cherché des trucs qui me plaisaient moi en tant que maman. Et ce qui a fait mouche, c'est... Il se trouve que moi, mes enfants, je les habillais avec des pulls qui me rappelaient ma grand-mère, avec des personnages, des pulls en laine un peu ringards avec des personnages. Et ces pulls avaient toujours vachement de succès. Je sais pas, je vais chez le médecin, elle me dit Mais vous avez trouvé où vos pulls ? et tout ça. Et du coup, je me suis dit La mamie à qui je les achète sur Vinted... Ils sont neufs, mais elle vend sur Vinted, etc. je lui ai demandé si elle peut me faire une collection là m'a mis à donf et du coup elle commence à tricoter, c'est une usine à gaz voilà et donc je mets quelques pulls mais à la base c'était juste pour que ce soit rigolo tu vois et là carton total on me commandait plus etc du coup moi je branche Régine j'ai fait Régine et je me suis rendu compte que il y avait un un Déjà, il y avait des mamies qui avaient besoin de compléments de retraite et puis aussi de petits projets dans leur vie, etc. Ça leur faisait super plaisir. Et puis, de l'autre côté, il y a le capital sympathie de se dire que c'est une mamie. Moi, j'en ai deux, dans le nord de la France, une en Bretagne qui tricote leur truc. Et donc, voilà, j'ai mis ça en place. Et suite à ça... Après, c'était mon amitié avec Anne. On a commencé à délirer sur des petits trucs. Enfin, voilà. Pour l'instant, c'est un peu mon petit plaisir. C'est mon petit espace créatif. Un petit laboratoire aussi. Et bon, il faut que... Clairement, c'est pas bien pensé encore en termes de... Parce que je fais tout en France, à la main, dans des petites choses, dans des toutes petites quantités. Donc voilà, c'est pas bien pensé en termes de business, mais je me fais plaisir, je mets de l'identité dans la boutique, etc. Après, ça partait aussi d'un constat, c'est qu'on avait, quand on a ouvert le bon ton, on avait quelques créateurs extérieurs, type Mains Sauvages, qui plaît beaucoup, c'est des doudous en laine. Adada, c'est des peluches un peu haut de gamme. des créateurs, donc Made in France ou Europe, très responsables parce que ça, ça fait partie évidemment de l'ADN du bon ton. Et en fait, ça ne marchait pas du tout. Ah ouais ? Alors, ça va marcher dans la boutique à 3 mètres, mais ça ne marchait pas du tout.

  • Audrey

    C'est parce que les gens cherchaient chez eux, en fait.

  • Claire

    Et en fait, c'est ça. Et ce qui marchait, c'était nos gros délires hyper impertinents, nos jouets vintage, voilà. Et on a eu le malheur d'avoir un incendie qui a tout cramé, on a perdu tout notre stock et il a fallu faire une réimplantation. Et là, évidemment, on n'a pas repris ce qui ne marchait pas. Donc, cet incendie...

  • Audrey

    Encore une fois !

  • Claire

    Le gros coup de poing qui... Voilà, c'est ça. Ça, c'était le 30 août 2023.

  • Audrey

    Attends, donc du coup, est-ce que tu pourrais juste me refaire une petite temporalité, qu'on comprenne quand est-ce que tu as eu les clés, quand est-ce que tu as ouvert, etc., pour qu'on visualise ?

  • Claire

    Alors, j'ai eu les clés en janvier 2022.

  • Audrey

    D'accord.

  • Claire

    Mais on a fait... Enfin, en fait, j'ai pas vraiment eu les clés, j'ai acheté... Alors, moi, j'ai acheté les murs du local. C'était une ancienne épicerie qui était dans son jus depuis les années 70. Et en fait, c'était assez touchant parce que quand j'ai acheté... Le mec avait les larmes aux yeux parce que c'était une histoire familiale. Et tout à coup, il a eu un gros, je ne sais pas, beaucoup d'émotions et beaucoup de peur de vider son stock, de vider tout ça. Et donc, je lui ai laissé jusqu'à l'été 2022 pour finir son magasin, etc. Et moi, de toute façon, j'étais, tu sais, c'est une formation qui est obligatoire quand même quand tu veux faire les choses correctement. J'étais à l'école de la librairie. C'est un passage incontournable. Il y a beaucoup de gens qui lancent des trucs sans faire l'école de la librairie.

  • Audrey

    Tu recommanderais de le faire ?

  • Claire

    Oui, tu ne peux pas vraiment.

  • Audrey

    Ça dure combien de temps ?

  • Claire

    Alors moi, j'ai fait une formation de un an. Donc, ce qui n'est pas du tout suffisant, ça ne m'invente pas libraire. C'est pour ça que je collabore avec une personne qui était libraire depuis dix ans. Sinon, voilà. Mais... C'était une formation, moi j'ai fait la formation de création de librairie, donc c'est plus le côté business, stratégie, etc. Et donc voilà, de toute façon j'étais dans cette formation-là à ce moment-là, et donc j'ai eu vraiment les clés fin août 2022. Et il y a eu quand même très très longtemps de travaux, parce qu'ils ont commencé direct en septembre, et ça s'est fini, ben c'était pas encore fini quand ça a ouvert, donc voilà. Donc ça a fini en avril. Donc on a ouvert en avril. Et avec une demi-vitrine. Les mecs nous avaient...

  • Audrey

    Les ouvertures,

  • Claire

    c'est toujours... Voilà, ils nous avaient livré que la demi-vitrine. Et d'ailleurs, les gens... C'est un concept, ça. J'étais là, mais mon Dieu. Et en fait, les gens croyaient que c'était trop cool, que c'était une vitrine télescopique. Et en fait, non, pas du tout. On avait juste une demi-vitrine. Du coup, les jours où il pleuvait, on ne pouvait pas ouvrir et tout. C'était la loose. Bref. Et... Et donc voilà, on passe le temps et le 30 août, méga tuile, incendie. Et là, tout crame, l'horreur. Et la chance que j'ai eue, c'est que les ouvriers ont pris sur eux de refaire les travaux avant même d'être payés par l'assurance. C'est ça qui est souvent...

  • Audrey

    La même équipe avec qui tu avais fait tes premiers travaux ?

  • Claire

    Moi, c'est... Donc, quand j'ai eu ça, je me suis rendue compte...

  • Audrey

    Mais qu'est-ce que t'as dû halluciner ?

  • Claire

    Ouais, ouais, non mais c'était horrible. Mais en fait, je me suis rendue compte que le gros, gros problème, si tu veux, là, on est plus d'un an après l'incendie, j'ai pas encore touché tous les sous. Ah ouais ? Et en fait, quand t'as pas cette équipe qui est... Enfin, voilà, je les remercie. Donc, quand t'as pas cette équipe comme la mienne de travaux, en fait, les mecs doivent attendre, donc là, plus d'un an pour... commencer les travaux. Donc les locaux restent en friche comme ça pendant des mois et des mois. Et ça c'est la normalité du truc donc tu t'en mets pas en fait quand t'as fermé pendant un an et demi et qu'après tu dois faire les travaux et que... Recompte,

  • Audrey

    retrouver l'énergie pour recommencer alors que...

  • Claire

    Exactement et moi j'ai eu beaucoup de chance parce que les mecs ils étaient prêts à travailler dès le lendemain pour faire le truc.

  • Audrey

    Ça change tout, c'est vrai qu'ils n'auraient pas joué le jeu...

  • Claire

    Après, en fait, c'est parce que aussi, déjà, ils étaient très fiers de ce local, que l'ouverture de ce local leur avait rapporté beaucoup de contrats privés dans le quartier, que ça jasait un petit peu aussi sur pourquoi c'est passé ça, etc. Même si c'était un pur accident ultra bête. Et donc, voilà, ils se sont mis au boulot. Alors, il y avait des légos quand même à respecter, trois semaines, machin. Et puis, je suis tombée sur des experts. On les critique souvent, mais là je voudrais vraiment leur rendre à César ce qui est à César. J'ai eu un expert d'assurance, un mec canon et alors canon, efficace, il était canon aussi. Écoute-moi François si tu m'écoutes. Mais voilà, et en fait cette personne, j'ai pu... Alors petite anecdote mais quand même marrante parce qu'au début en fait quand tu as des... gros, gros pépins comme ça, avec beaucoup, beaucoup de sous en jeu, l'assurance t'attribue aussi un expert d'assuré qui te fait ton dossier. Parce que c'est énorme. Et le premier qu'on m'attribue, je vois le mec arriver qui me dit, vous fermerez... longtemps, longtemps. Et il me fait, les gens qui se désinscrivent, c'est des cons. Il me dit ça, mais c'est peut-être des gens qui veulent faire faire de la musique à leurs enfants. Enfin, je veux dire, ils sont peut-être malheureux pour moi, mais quand même, ils ont envie que leurs enfants fassent machin. Et donc, j'appelle mon expert d'assurance et je lui dis, bah là, il m'a l'air chelou, quand même, la personne. Et il m'a recommandé un mec, c'était un cador, il a tout dézingué, tout de suite. Il a fait, écoute... Déjà, il faut débarrasser ce lieu parce que c'était invivable pour tout l'immeuble. Ça puait, c'était irrespirable, ultra efficace. Et voilà, c'était dans mon malheur. J'ai quand même eu de la chance parce que l'incendie était le 30 août. On a rouvert le 20 octobre.

  • Audrey

    Ah mais ça a été super rapide.

  • Claire

    Ça a été super rapide. Après, du coup, c'était une période lunaire pour moi et pour Morgane. C'est un monde,

  • Audrey

    tu venais à peine d'ouvrir.

  • Claire

    Je venais à peine d'ouvrir et...

  • Audrey

    Morgane, elle a rejoint l'aventure dès le début. Alors

  • Claire

    Morgane avait son contrat un an avant l'ouverture du canton.

  • Audrey

    Ah oui, d'accord, ok.

  • Claire

    Ouais. Morgane, c'est quelqu'un qui travaillait dans une librairie que j'aimais bien. D'accord. Et j'allais dans cette librairie pour cette libraire que je trouvais extra. Et donc j'avais un coup de foudre professionnel pour elle. Et quand... Il se trouve que c'était un hasard total parce qu'elle ne me connaissait pas personnellement, elle ne connaissait pas ma vie, etc. Mais quand je m'étais dit que j'allais peut-être aller lui parler de mon projet, non pas pour la débaucher, mais pour savoir si elle avait quelqu'un à me recommander, etc. Elle quittait la librairie où elle était et donc je lui ai mis le grappin dessus. Pendant un an, elle a fait autre chose. Elle était libraire volante, c'était des gens qui se sont envoyés dans plusieurs librairies, etc. Et elle m'a rejoint. D'accord. Voilà. Et Morgane n'est pas que, je dirais, c'est pas qu'une libraire à la caisse, c'est quelqu'un qui a bossé trois mois avec moi avant l'ouverture du bon ton pour plein de choses. Voilà. Donc là, effectivement, c'était une période très, très dense au moment où on a eu, enfin, il y avait des travaux ici, mais nous, il fallait qu'on re-questionne notre stock. qu'on balance tous les bilans, les factures de tout ce qui s'était passé avant, parce que tu as le calcul de tous les dégâts, mais tu as le calcul de la perte d'exploitation. Hyper galère à négocier quand tu n'as pas trop d'ancienneté. Oui,

  • Audrey

    c'est galère.

  • Claire

    Donc, c'est sur des projections, mais les projections, il faut qu'elles soient quand même cohérentes, etc. Donc, beaucoup, beaucoup de boulot en attendant nos cours. Moi, c'était vraiment... Je m'étais tellement donnée... Notre école de musique était déjà complète, en fait, dès la première année. Donc, je me retrouvais avec 150 élèves sur les bras à qui les parents avaient dit Ah, tu feras de la musique, du hip-hop, machin, la rentrée. Et là, la semaine avant la rentrée, genre, et donc, moi, j'ai délocalisé tous mes cours. J'ai un centre d'art qui a délocalisé mes cours, donc, de la rentrée aux vacances de la Toussaint. Donc, on était sur plusieurs lieux.

  • Audrey

    Mais c'est quand même, enfin, c'est pas un miracle, mais c'est quand même incroyable que tu aies réussi à rouvrir si vite. Parce que finalement, t'as eu un mois et demi de fermeture. Ouais. Donc t'as eu beaucoup de désinscrits ?

  • Claire

    Non, zéro.

  • Audrey

    Donc c'est chouette ça.

  • Claire

    Et je peux te dire que j'ai eu des messages qui m'ont fait du baume au cœur, genre... Un papa, une fois, qui m'envoie un texto pour me dire Écoute, ta façon de rebondir est remarquable. Alors, encore une fois, vraiment, c'est grâce aux mecs de travaux, grâce à... Oui, la bonne équipe, quoi. Ouais. Mais, euh... Mais... Ouais, c'était... Pour moi, c'était mon premier but que les gamins aient leur cours. Ouais. Ça, c'était mon socle. Et après, on se démerde autour. Voilà.

  • Audrey

    À l'entrée en matière, quand même.

  • Claire

    Ouais.

  • Audrey

    C'est fou quoi.

  • Claire

    Après, il faut voir quand même le positif. Ça peut être une chance de faire une réimplantation six mois après l'implantation, parce que tu requestionnes sans te farcir du vieux stock que tu ne sais pas quoi faire.

  • Audrey

    Oui, tu n'auras jamais en plus vraiment pris le temps de requestionner, tu étais encore vraiment dans l'élan du début.

  • Claire

    Oui, et il y avait quand même des erreurs d'implantation que je pense qu'on fait tous. Ça m'a renforcé l'idée que j'avais envie de raconter des histoires, des sélections beaucoup plus fortes, etc. Donc on est parti, c'est là qu'Anne-Pascale a rejoint l'aventure. Et pour la réouverture, on a fait, on a joué la carte de la dérision, mais on a fait une vitrine pompier. Du coup, elle m'a fait des gros camions de pompiers, etc. Et c'est là qu'on a vu que vraiment raconter... Les forces sur les thématiques, aller à contre-courant de la nouveauté et raconter ce qu'on avait envie de raconter aux gens, c'est vraiment la force du bon ton. En fait, ça m'a apporté plein de choses, cette histoire. Et puis, ben... Mais tu sais, j'étais... Puisque... Alors, moi, j'aime pas du tout... J'aime pas du tout parler de... C'est-à-dire que je suis maman de jeunes enfants aussi, mais c'est quelque chose que, comme je suis plongée dans la petite enfance depuis toujours, je veux dire, c'est pas un projet qui s'est inventé avec la naissance de mes enfants. Mais par contre... C'est vrai que je dois dire que c'est une période qui est assez forte pour moi en tant que maman. Enfin, j'en garderai un souvenir très fort en tant que maman parce que souvent, on me disait mais comment tu le fais, etc. Et en fait, quand ça s'est passé, mon bébé avait un mois. Mais de toute façon, toute l'aventure du début du bon ton, c'est vrai que c'est quelque chose qui est très pour le coulier. En fait, la maternité m'a donné... On n'est pas d'amblice, mais l'idée, c'est que je ne sais pas. Je suis tombée enceinte par surprise. On était déjà en travaux. Au début, ça a été dur et tout. Et en fait, ça m'a donné une force, une confiance, un truc pour me protéger. Donc déjà, ça m'avait donné beaucoup de force et d'épanouissement au moment où j'ai ouvert le bâton. Et là, cet incendie... mon bébé avait un mois, je me rappelle j'étais sur l'autoroute avec mes trois enfants quand Morgane m'appelle et Vérissure me harcèle de messages etc et donc j'étais pas du tout à Paris et j'avais ma mère qui était sur Paris, je l'appelle en pleurs, je m'arrête sur une autoroute, je l'appelle en pleurs je fais le bon ton et en feu machin et ma Ma mère, le premier truc qu'elle m'a dit, ça peut paraître rude, mais elle me fait t'as des tout-petits, tu te reprends, pour eux tu te reprends, machin Parce que je leur faisais peur en fait. Et en fait j'ai pris sur moi. Et à partir de là, ça s'est passé, je me suis dit ok, j'ai mes tout-petits en fait, ils vont bien J'ai eu un peu un coup de sang quand je me suis dit qu'ils évacuaient l'immeuble. Mais au final... C'était que moi et l'immeuble et famille. Il faut remettre les choses aussi en place. Et après, dans toute cette période, j'avais quand même mon nouveau-né. Et je me suis accrochée, par exemple, ce que je n'ai pas fait pour les autres, je me suis accrochée pour l'allaiter. Et ça me faisait des pauses. À toutes les deux heures, je devais aller de toute façon l'allaiter. Et voilà. Donc, ça m'a vachement protégée. Voilà. Donc, on se dit qu'au final... C'est dur, la maternité avec les étapes de l'entrepreneuriat et tout ça. Mais moi, dans ce cas-là précisément, ça m'a beaucoup aidée, ça m'a beaucoup portée et ça m'a mis de la distance.

  • Audrey

    C'est chouette. C'est vrai que souvent, on a tendance à dire, oui, quand on a des enfants, en plus jeunes, il ne faut pas se lancer dans des projets pro aussi intenses. Je fais bien d'entendre des histoires.

  • Claire

    Mais il faut aussi voir que c'est des périodes où on... se rend compte de notre force c'est vrai que c'est la même chose on se rend compte de notre puissance et de notre résilience et c'est des périodes où on est touché par une grâce une énergie très particulière et je l'avais Pas tellement sentie pour mes premiers, parce que, enfin, je sais pas, mais en tout cas, le troisième, c'était assez net, qui m'a aidée plus que ça m'a posé problème d'avoir un nouveau-né dans cette période.

  • Audrey

    Ça t'a portée aussi dans le projet, quoi.

  • Claire

    Ouais, ça m'a complètement portée et il m'a pas du tout encombrée.

  • Audrey

    C'est cool.

  • Claire

    Ouais. Donc voilà, et on a rouvert le 20 octobre. Et depuis, écoute, pas tellement de grosses, grosses galères. Ça va mieux, ça fait un an que... Voilà.

  • Audrey

    Ouais, ça fait du bien aussi.

  • Claire

    Ouais, ça fait du bien. Non, non, ça fait du bien. Et voilà, donc... Et Prout Prout s'est lancé... S'est lancé à quoi ? Novembre, octobre... Novembre, décembre 2023.

  • Audrey

    D'accord, donc ça fait aussi une petite année que ça existe.

  • Claire

    Voilà.

  • Audrey

    Ok. Donc là, dans tes activités, on a la partie Libre et Jeunesse. On a la partie École de danse, École de musique. On a la marque Prout Prout. Et tu fais aussi du B2B ?

  • Claire

    Je fais un peu de B2B. Donc un peu de consulting pour des éditeurs. Et tu loues l'espace ? Je loue aussi l'espace, je loue la salle de danse, mais je le loue... C'est bizarre, je me sens à l'aise à louer qu'avec des gens, des musiciens. Je ne loue pas du tout pour des cours de yoga, des anniversaires. Non, pas d'anniversaire chez Le Bonton. Voilà, je retrouve là mon contact avec mon métier premier. C'est des musiciens qui viennent répéter, c'est des auditions de chanteurs, des choses comme ça.

  • Audrey

    Ok, et donc c'est quand même un business model qui est assez original, parce que tu as vraiment plein de sources de revenus qui sont différentes. Comment ça se répartit à peu près, tu dirais, ton chiffre d'affaires ?

  • Claire

    Effectivement, on a plusieurs sources de revenus. Ce qui nous... permet aussi de... On ne va pas se mentir de pallier au fait que la librairie, ce n'est pas génial comme marge. Donc, ça s'équilibre plutôt bien. Il paraît que c'est bordeur de faire des sources de revenus aussi différentes dans une seule entité. Bon, écoute, ça passe en compta, mais voilà. Et donc, pour l'instant, on est sur un gros 50-50. École de musique et... et librairie jeunesse. Tout ce qui est pour l'instant B2B et location de salle, je mets ça un peu en marginal pour l'instant. Mais par contre, la marge est plus importante en école de musique qu'en librairie jeunesse. Et école de musique principalement sur les événements du week-end. C'est là que ça nous permet de mieux vivre.

  • Audrey

    Et donc, c'est des formats d'abonnement ou du pas du ponctuel ?

  • Claire

    Alors, on a deux formats. En fait, on a École de musique la semaine, du lundi au vendredi. Tout ce qu'il y a de plus classique. Les enfants sont inscrits à l'année et reviennent toutes les semaines. Le week-end, on a des formats ponctuels que tu peux prendre qu'en one shot. Ok,

  • Audrey

    c'est intéressant.

  • Claire

    Voilà. Et en fait, l'idée, c'était que... Alors déjà, on s'adresse à un public de tout petit. Donc, l'engagement est parfois difficile, surtout pour les 0-3 ans. Et on a aussi, pour l'instant... qu'un seul lieu, donc on a beaucoup de gens qui viennent en dehors du quartier et puis il faut reconnaître que c'est aussi une nouvelle façon de consommer aujourd'hui les pratiques les expériences non matérielles de piocher un peu partout, donc ce week-end là on va faire telle activité, ce week-end là telle telle autre et on est aussi dans un quartier où où où il y a beaucoup de gens qui partent le week-end. Du coup, j'ai créé cette offre à l'unité. Mais comme je suis quand même un peu jusqueboutiste sur l'enseignement, on retrouve une grande régularité. Par exemple, l'éveil musical, c'est deux fois par mois, à chaque fois avec une thématique différente. Donc, les enfants peuvent revenir et ce n'est pas la même chose. Et on construit quand même quelque chose. En gros, toute l'année est un cycle où l'enfant qui vient à tous construit quelque chose. D'accord. Et l'enfant qui vient que à un se sent pas paumé au milieu d'enfants qui viendraient tout le temps. Ok.

  • Audrey

    Et côté du coup librairie, donc tu as fait cette formation pour avoir un peu les bases du bon libraire. C'est quoi les difficultés que tu peux rencontrer ou peut-être que tu as des conseils pour des gens qui ont envie d'ouvrir une librairie ou une librairie avec un espace à côté ? Je ne sais pas si tu as des apprentissages ou des retours que tu pourrais faire sur ce point-là ?

  • Claire

    Alors... Il faut savoir que libraire est un métier qui attire de plus en plus. Et il y a, historiquement, il y avait des masters de librairie, mais aujourd'hui, il n'y a qu'une seule école qui fait référence, c'est l'INFL, qui est à Maison-Alfort. Et il faut vraiment, vraiment passer par cette formation. Donc, ceux qui veulent vraiment être libraire, c'est-à-dire pas forcément créer ou reprendre une librairie, mais être libraire, il y a des... les brevets professionnels, les CAP et je ne sais pas quoi. Donc ça, c'est des formations de deux ans, trois ans. Et puis, tous les libraires aujourd'hui sortent de là. C'est-à-dire que se faire embaucher aujourd'hui, il y a des gens qui passent proposer des CV. Le libraire n'est pas un vendeur de boutique. Le libraire, c'est vraiment un métier spécifique parce que le libraire fait de l'achat, fait de la gestion de stock, etc. En librairie, ce n'est pas que le gestionnaire qui fait... les achats. Le libraire a une vraie place, en tout cas moi c'est aussi comme ça que je le conçois, mais a une vraie place dans la patte éditoriale du lieu, dans l'esprit du lieu. Et puis voilà, c'est un vrai métier. Il faut s'y connaître en histoire du livre, en plein de choses. Donc, il faut absolument passer par l'INFL. Et l'INFL a une formation professionnelle de création et de reprise de librairie. C'est absolument indispensable parce que quand tu ouvres tes comptes auprès des distributeurs, c'est si tu n'as pas fait l'INFL. Déjà, quand tu as fait l'INFL, on te dit encore une librairie qui se crée. Mais alors, si tu n'as pas fait l'INFL, c'est mort.

  • Audrey

    Tu es blacklisté.

  • Claire

    Voilà. Et quand t'appelles au début pour ta création de compte, tu racontes ta vie. Donc tu fais, voilà, moi je suis machin. Donc moi en l'occurrence, c'était, voilà, voilà mon parcours. Je suis aussi autrice jeunesse, ça m'a aidée à me faire valoir auprès des distributeurs. Et je collabore avec une libraire qui est libraire depuis dix ans, machin, nanana, qui a fait telle, telle, telle référence. Il ne faut pas croire que c'est ici aujourd'hui de devenir libraire. Et donc, j'ai fait cette formation. J'insiste vraiment dessus parce que pour moi, c'est important. On a l'air à la cool, on a l'air sympa, on a une image cool, etc. Mais on demande... Enfin, voilà, on s'est formé. Je ne demande que des gens qui sont très formés, etc. Ce n'est pas parce qu'on ne balance pas toujours notre CV que c'est hyper important pour moi. Il faut quand même, à un moment donné, faire les choses bien et arrêter de croire qu'on peut être autodidacte dans tout. Après, c'est ma vision des choses. C'est peut-être une vision un peu scolaire, mais il y a un moment, il faut apprendre aussi. Par rapport aux enseignements, il y a un truc qui m'a vraiment beaucoup servi. C'est tout bête, mais pour les libraires, ce n'est pas si évident que ça. Nous, on a une capacité de retour. Déjà, il faut comprendre tout ce système-là, le marché du livre. est un marché... On est des commerçants, mais on est là aussi pour défendre des plumes, des propositions artistiques, etc. Et donc, on a encore ce que n'ont pas eu les disquaires, et c'était ça qui les a accoulés. On a une capacité de retour. Alors, je ne connais pas bien comment ça se passe dans les autres pays du monde. Mais nous, c'est-à-dire que tu achètes, par exemple, tu te dis, moi, je veux défendre cet auteur. OK, il est un peu niche, mais si jamais je prends une pile de 10 et que ça ne marche pas, je peux la retourner. Alors, il y a des conditions générales de vente, il y a des exceptions, etc. On s'en fout.

  • Audrey

    Globalement, c'est comme ça.

  • Claire

    Globalement, c'est comme ça. Donc, dans cette formation, j'ai surtout bien compris ça. Mais surtout, ce qu'on nous a fait comprendre, c'est... arrêtez avec le mythe du libraire. Si vous, vous aimez ce livre, mais qu'il ne se vend pas, il y a un moment, vous arrêtez de vous accrocher, vous dégagez. Et donc, voilà, ça m'a donné des codes. Ce livre-là, il a le droit d'être en place entre trois et six mois. Sinon, il part. Tu as le stock âgé, le stock... Enfin, voilà. Donc, c'était surtout... On avait quelqu'un de vraiment super qui nous a... Ouais, qui enlève la vision artistique du livre. Enfin... Voilà, et qui te remet les choses en place. Après, moi, il y a un boulot que j'ai adoré. C'est, donc, quand tu penses ton local, tu, en fait, nous, la moindre étagère au bon ton, je sais son CA potentiel. Et donc, ça, c'était trop bien. Par exemple, donc, telle étagère, donc, tu as tant de mètres linéaires. Dans tant de mètres linéaires, mettons... tu mets 70 BD, 70 BD, coût moyen de la BD, hors taxe, achat, machin, c'est ça, prix de vente, truc, truc, c'est ça. Donc, mon CA potentiel de 7 étagères, c'est tant. Et donc, j'ai calculé toutes mes étagères, donc ça, c'est un travail, j'ai plongé Hélène dedans, l'architecte, c'est trop marrant, on calculait nos étagères et tout. Donc, en fait, je lui disais, alors là, je veux 20 cm, tant de linéaires, nanana. Et donc après tu calcules, tu dis alors cette étagère elle me fait pas assez gagner, celle-là machin, tu équilibres. Ok. Et alors c'est vrai que nous on a la chance d'avoir une épaisseur un peu type de BD, mais ça c'était vraiment un espèce de petit truc passionnant, de petit bricolage passionnant. Et alors à ce moment-là on avait des stages obligatoires et j'étais en stage dans une librairie et les nanas me regardaient genre... Moi, je n'ai jamais fait ça. Et pourtant,

  • Audrey

    je trouve ça... En fait, c'est l'optimisation de l'espace.

  • Claire

    Optimisation de l'espace. Et savoir que, en fait, tel coin, il n'y a pas assez de CA potentiel. Et donc,

  • Audrey

    ça donne des indications aussi quand tu fais tes chiffres de te dire... Ah ouais, bah là, peut-être que ce point-là, il est un peu trop mort. Comment je le redynamise ? Qu'est-ce que je fais ? Enfin, ça donne des outils de réflexion,

  • Claire

    quoi. Super intéressant. Et du coup, parce qu'on te dit, mettons, t'as un potentiel de 200 000 quartiers, tata, tata, t'as un potentiel de 200 000 de CA par an. Ok, bah ouais, mais... Il faut qu'en même temps, chaque étagère corresponde à ce potentiel. Parce que sinon, tu te plains de ne pas avoir le CA qu'on te disait que tu aurais. Mais si tu... Enfin, tu vois.

  • Audrey

    Ça permet de décomposer. C'est-à-dire que tu sais que tu dois faire tant de choses à faire dans ta boutique. Et de décomposer, ça rend aussi le truc un peu plus accessible, quoi.

  • Claire

    Exactement.

  • Audrey

    Ah bah en fait, déjà, si jamais j'aurais parti en 10 séquences, enfin en 10 endroits, 10 lieux dans la boutique, je peux traiter lieu par lieu, espace par espace. C'est vrai que c'est...

  • Claire

    C'est hyper intéressant. Et après, du coup, dans notre logiciel, c'est ventilé. Très bien ventilé par catégorie. Donc ça, c'est... Alors, je sais que toutes les librairies ne le font pas. Nous, on a été vraiment jusque boutistes là-dessus. On a les catégories, sous-catégories, etc. Ce qui nous permet de vraiment ventiler. Alors après, autant ranger dans les catégories. Maintenant, c'est tellement bien rangé que dès qu'un livre arrive, on le ventile et tout. Mais... c'est pas un boulot qu'on fait tous les jours non plus mais assez régulièrement on peut faire le point de tiens telle catégorie sous catégorie enfin zéro quoi tu vois donc ça nous permet de remettre en question c'est comme ça que par exemple là pour le coup c'était tellement un bit que on a pas eu besoin trop d'aller voir dans le logiciel mais par exemple les mangas nous qui sommes très très homologuée petite enfance, on n'était pas the place to be pour un gars et on en a viré beaucoup. On avait des incontournables, mais on a viré beaucoup. Et on a... On les a mis ailleurs, et on a cette étagère-là. Moi, je veux que chaque étagère et... C'est intéressant,

  • Audrey

    parce qu'on peut être hyper agile comme ça, en fait.

  • Claire

    Tu te sers et tu réagis vite.

  • Audrey

    Et comme tu as cette capacité de retour... Ça t'évite d'avoir un stock qui va te plomber et qui va te...

  • Claire

    Ah bah il faut pas.

  • Audrey

    Ouais c'est ça, tu peux être rapide et efficace quoi.

  • Claire

    Ouais exactement. Et ça c'est une cuisine que j'ai appris à l'INFL. Je sais pas si mes camarades de session l'utilisent, mais en tout cas moi c'est un outil qui à la fois je trouve hyper utile et qui m'amuse énormément. Cette petite cuisine d'optimisation me passionne. Et donc, voilà, j'ai appris ça. Et puis après, c'était beaucoup sur le parcours de vente. On a nos grandes idées, mais c'était sur le facing. Donc, tu sais, en librairie, c'est comment tu mets tes livres. Parce que quand ils sont tous rangés par tranches, voilà, donc tu mets en avant des livres. Mais après, tout se remet. Enfin, moi, je suis quelqu'un qui... Ça énerve Morgane, mais... des fois elle arrive, donc elle prend ses jours off le lundi, mardi, des fois elle arrive les rayonnages ont totalement changé parce que j'ai tout remis en question voilà je sais que je brainstorm pas mal avec une libraire qui elle n'a pas créé mais a repris une librairie à peu près en même temps que moi, donc Prédit Giverny la compagnie du livre et on... Enfin, tu vois, on échange vachement. Elle est là, oui, alors je me suis rendue compte que quand t'arrives et que t'es en zone chaude, à hauteur de vue, les romans première lecture, en fait, depuis, je vends des romans première lecture et tatata. Et du coup, c'est hyper intéressant. En fait,

  • Audrey

    c'est ça, c'est hyper intéressant, mais c'est pas toujours évident de réussir à faire un peu la pause et de regarder, observer les gens, comment ils agissent. Mais c'est indispensable parce qu'en fait, ça change tout, quoi.

  • Claire

    On vendait pas de romans, on vendait... pas de roman, à tel point que Morgane me disait mais moi j'en ai marre, je vais pas parce qu'un album ça va mais un roman, tu te tapes tout un roman pour au final pas le lire pas le conseiller, jamais le conseiller même personne te demande de quoi tu sois dessus enfin bon et un jour, bon, Marge brainstorm avec Aude de la compagnie Le Livre je me dis, voilà, qu'est-ce qui se passe je remets tout en question, je le vire tout je refais tout, là et ben on vend du roman c'est génial quoi et c'est...

  • Audrey

    il faut... Déjà c'est trop bien de pouvoir brainstormer avec des pairs parce que c'est ça qui te sort des fois de ton quotidien, de tes problématiques et qui te touche des yeux sur des choses auxquelles tu n'aurais pas pensé

  • Claire

    Il faut voir en fonction de toi

  • Audrey

    Comment je ferais moi ? Comment j'expliquerais là ? Comment je trouverais la cohérence si c'était chez moi ? Et donc là, par exemple, les romans, je me suis fait... Alors Morgane était là, c'est pas logique, c'est pas logique. Je vois pas la cohérence, je suis complètement perdue. Enfin, elle aime bien aller, mais c'est pour ça que je l'aime. Mais en fait, j'ai mis, moi, ma cohérence, et quelle est la cohérence du bon ton ? C'est de mettre en avant tout l'écriture française, nos grands auteurs français. On me parle tout le temps de Roald Dahl. Vous connaissez Roald Dahl ? Oui, je connais. Mais je ne vends pas Roald Dahl parce que tout le monde connaît, je n'ai pas d'intérêt à présenter ça. Et donc, j'ai fait une étagère littérature française classée plutôt par les grandes héroïnes sur l'ambition. Nous, on travaille beaucoup là-dedans, l'ambition féminine, les romans plus historiques, etc. J'ai mon étagère française, j'ai les premiers romans et puis après, j'ai tout ce qui est plus fantastique, des trades américaines, etc. C'était ma logique et visiblement... Comme c'est plus cohérent pour moi, c'est plus cohérent pour les gens. Mais remettre en question ces rayonnages tout le temps, tout le temps, tout le temps. Avoir, voilà, être entre la passion, ce qu'on a envie de raconter, mais que tout ait un sens de projection CA. Oui. Je pense. Oui,

  • Claire

    oui. Ressayer à faire la balance entre les deux, quoi.

  • Audrey

    Oui. Ok, ton étagère, elle est belle, mais quel est le potentiel CA de ton étagère ? Et par étagère.

  • Claire

    Et comment c'est lu et comment c'est approché par tes clients.

  • Audrey

    Oui. Voilà. Après... Je m'éloigne un peu de la formation INFL, mais pour prolonger ce qu'on est en train de se dire, je réfléchis vachement en ce moment au mindset des gens dans leur quotidien et quand ils rentrent dans une librairie jeunesse. Comment leur rendre service ? Comment répondre à leur mood du moment ?

  • Claire

    Je pense qu'il faut réussir à se mettre dans les baskets de ses clients et savoir qu'est-ce qu'ils attendent quand ils rentrent chez soi. pouvoir leur proposer ça et pas réussir à sortir de nous nos envies en tant que gestionnaire de cet espace il faut réussir à être vraiment changer de basket quoi et se dire qu'est-ce qu'ils attendent et du coup leur proposer ce qu'ils attendent mais c'est vrai que ça c'est un travail de questionnement, d'observation de discussion et d'ailleurs en parlant justement de clients de tout ça, ça me fait penser à cette histoire d'univers super fort que t'as créé Je pense qu'on rentre dans la boutique sans avoir regardé l'enseigne, on regarde vos communications Instagram, on sent le bon ton, on sait que c'est le bon ton. Donc ça déjà, c'est un sacré enjeu. Et je me demande comment est-ce que tu fais pour réussir à faire en sorte que ce soit durable, que ça continue d'infuser, et que ce soit un levier de... d'implantation de cette marque sur le long terme,

  • Audrey

    je sais pas si je suis claire ouais j'ai toujours voulu créer une marque Le Bonton je sais pas pourquoi, mais j'ai toujours voulu cette identité très forte, encore une fois le studio Link de DA m'a beaucoup aidée, après je crois que la DA la création d'univers c'est pas mon métier, mais c'est quelque chose que j'adore j'adore, voilà... Donc, après, je me pose beaucoup de questions. Je suis hyper vigilante. J'ai la chance, en fait, ça, je pense que c'est intéressant pour tout le monde, d'aller dans une déat très forte. Moi, je suis... Voilà. Mais, en fait, j'ai demandé à mes graphistes, qui faisaient partie du Studio Link, de me créer tout un tas de choses visuelles qu'ils m'ont mis... Je ne suis pas graphiste. Je sais vaguement me servir de Photoshop, mais bof. Et donc du coup aujourd'hui on a ce fabuleux outil qui est Canva. Alors attention Canva le problème c'est qu'on peut créer des choses ultra kitsch avec et se laisser aller à du moche. Mais en fait moi les graphistes m'ont implanté tous mes éléments dans Canva. D'accord. Et du coup maintenant je suis autonome avec ça et j'essaye de ne pas essayer de... de créer par moi-même, un truc de folie. T'as un brand book,

  • Claire

    t'as une image de marque, elle a été écrite, c'est un peu ta bible. Et maintenant tu suis le fil rouge, mais t'as cette autonomie pour continuer à alimenter cet univers et en faire quelque chose qui vive.

  • Audrey

    Voilà, et quand je sais que ça patine, je recrée des éléments en plus. Après, il y a un truc qui m'a fait quand même réfléchir, c'est que il faut continuer à parler aux gens, à être en connexion avec les gens et pas être... magazine. Donc il faut qu'il y ait une part d'imperfection. Et je me suis fait la réflexion parce que j'ai eu une super stagiaire graphiste qui était là trois mois l'année dernière. Et cette nana m'a fait des reels. canon, genre canon, tout bien, bien sous tous aspects, contrairement à moi qui fait mes trucs tout pourris avec des trucs mal raccordés, voilà. Et ils ont vachement moins bien marché en fait. Ouais. Et en fait, je me suis... Enfin, c'est une réflexion que je m'étais déjà faite avant pour d'autres trucs. Quand c'est trop lisse, quand c'est trop magazine, quand c'est trop bien fait, ça parle plus à la vraie vie des gens. Ouais. Et du coup, je chéris cette petite part d'imperfection sans que ça devienne moche. Il y a toujours un petit fil. Des fois, quand même, c'est moche.

  • Claire

    Peut-être que c'est authentique et que c'est ça que les gens aiment.

  • Audrey

    C'est authentique tout en respectant les gens, leur présentant une idée.

  • Claire

    Tu restes dans ton cadre mais on sent que c'est marketé mais ça reste humain.

  • Audrey

    Exactement. Et ça, on perd un petit peu quand tu vois les visuels de... ouf pour du vinaigre de cidre. T'es là... Je veux dire, quand je bois du vinaigre de cidre... Enfin, je sais pas.

  • Claire

    Non, mais en fait, c'est ça. Il faut réussir à à la fois ne pas être trop dans du bricolage, enfin en tout cas avoir un univers global, quel qu'il soit. Chacun trouve son univers. Mais il faut quand même qu'il existe pour réussir à sortir du lot. C'est hyper important. Pour toi, si jamais tu devais un peu résumer les ingrédients qui font le fait que la mayonnaise a pris, la mayonnaise de bon ton a pris, qu'est-ce que c'est ? Est-ce que ça, ça en fait partie ? Ouais.

  • Audrey

    Le ton. Et le ton, c'est pas pour rien que j'ai appelé ça le bon ton d'ailleurs, mais le ton, c'est quelque chose qui me porte énormément. Voilà, le ton, mais ça va être aussi comment on s'adresse au client, comment on dit bonjour, etc. C'est, je pense qu'une des grosses leçons dans ma vie, c'est un truc que j'y pense beaucoup en ce moment, Quand j'étais au conservatoire, j'avais tendance à... Moi j'étais le type d'élève qui se pose 10 000 questions et en fait quand je jouais et que je mettais un pain, je faisais une grimace. Et j'avais un prof qui me reprenait tout le temps pour ça en me disant, nous on est dans un métier de divertissement. Les gens sont là pour se faire plaisir, se détendre, aller écouter des belles choses. Tu peux pas leur mettre le doigt dans le caca en leur disant je me suis plantée, regardez c'est nul, et leur casser leur truc tu vois. Et je tiens vachement à ça parce que quand on va dire bonjour, quand on va accueillir le client, je t'avais parlé quand on avait préparé du personnage de commerçant.

  • Claire

    Oui, c'est hyper intéressant.

  • Audrey

    C'est hyper important, le personnage que tu crées. Et je trouve qu'en ce moment, c'est un peu... Enfin, en ce moment, depuis quelques années, et notamment avec Instagram, je trouve qu'on se laisse aller à la plainte, à déballer un peu trop nos vies. et en fait tu sors de ton personnage. Moi évidemment, la claire que je suis sur mes présentations insta, je suis là l'autre jour j'ai quelqu'un qui m'a dit, pour être transparente, je voyais ma psy à qui je disais que j'étais complètement au bout du rouleau et que ça n'allait pas du tout. Bref on fait la séance et à la fin elle me dit oui je regarde de temps en temps, c'est très sympa. Et donc, je suis contente parce que ce contraste est là. C'est pas parce que... Mais je vais pas vous plomber avec la nuit de merde que j'ai passée avec mon bébé qui a fait une otite. En fait, les gens, ils ont pas à savoir ça. Moi, je considère que je suis dans mon personnage d'artiste. Morgane est dans son personnage d'artiste. Elle est pas comme elle est là dans la vraie vie. On est des artistes, des commerçants en présentation. Et ça, je pense que ça fait aussi la mayonnaise.

  • Claire

    C'est un peu... Genre un personnage un peu théâtral, en fait. Oui. Le matin, t'arrives et tu mets ton costume de commerçante.

  • Audrey

    Exactement.

  • Claire

    et tu proposes le divertissement le conseil etc qui est en fait ton taf parce que mon taf c'est de mettre de divertir on rentre parce qu'ils ont envie de passer un bon moment d'avoir une expérience positive avec quelqu'un qui va leur apprendre des choses et ils appuient chaleureusement je suis maman de trois enfants donc il y a de l'identification parce que c'est naturel mais

  • Audrey

    je dis voilà moi mes enfants ont adoré mais ça termine là ouais ouais Point barre. Mes problèmes, mes angoisses et tout ça, c'est pour la maison. Ce n'est pas dans mon travail. C'est pas un événement important pour toi. Aussi, quand tu te rends compte que tu es dans une boutique où souvent le gérant de la boutique n'est pas la personne en front derrière la caisse, c'est élégant de se rendre compte que cette personne-là, ce n'est pas une personne interchangeable. C'est une personne à qui on crée, qui se crée aussi petit à petit son personnage. qui n'a pas à être un clone du patron, mais qui est quelqu'un qui est là, qui est important, et qui ne s'emmerde pas, qui a sa vraie place ici. Voilà. Morgane, c'est quelqu'un que j'essaye de mettre en scène sur Instagram, notamment. Mais ce n'est pas la Morgane, c'est la vraie Morgane, parce que Morgane est comme elle est. Mais c'est le personnage de Morgane. Et les clients adorent Morgane, les clients connaissent Morgane. Morgane est une entité de la...

  • Claire

    Mais c'est comme tu disais tout à l'heure, moi je pense que les clients s'attachent énormément à leurs commerçants. Et c'est aussi une des raisons de déplacement et des visites en boutique. Ça va être le contact avec son commerçant. Et tout à l'heure tu disais, tu allais typiquement dans cette librairie parce que Morgane était là. Et que parfois quand on est à la tête de sa boutique, qu'on est commerçant, qu'on est dans les mille galères, qu'il y a tel logiciel qui ne veut plus marcher, qu'il faut faire les achats, qu'on doit recruter... On est dans ce rôle-là et dans ce travail-là de gestionnaire. Et parfois, c'est vrai qu'on a tendance à oublier à quel point les gens qui vont passer la porte, ils ont besoin et envie de pouvoir s'attacher et discuter avec son commerçant. Parce qu'eux, ils ne nous voient pas comme cette personne qui doit gérer milliers de trucs. Ils nous voient comme la personne qui les accueille et qui leur... fait découvrir des nouveautés.

  • Audrey

    Le truc, c'est que le client lui aussi, il a Jérémy Lémy le truc, et ce qui vient là, c'est aussi pour changer les idées et pas prendre ton bagage à toi. Exactement. Et le truc, c'est qu'aussi, il y a beaucoup de turnover en boutique, des gens qui sont malheureux, ça se voit. Enfin, je ne sais pas, il y a une librairie, pour ne pas les citer, à Aix, en Provence, quand je rentre. Mais c'est un gag, quoi. Ils sont toujours en train de se plaindre de leurs conditions de travail. Mais devant les clients, comme ça, ouvertement, etc., ils se font yesh, quoi. Et en fait, je me dis, mais tu peux faire n'importe quel boulot. En fait, ça dépend la manière... C'est la manière dont on le fait qui...

  • Claire

    L'énergie qu'on va y mettre.

  • Audrey

    Voilà. Et c'est un vrai travail. Moi, c'est une des choses qui me passionne le plus au bon ton. Cette co-travail avec Morgane. de voir comment elle aussi, je peux la faire grandir, la faire blooming. C'est pas drôle. Ouais. Et comment elle prend sa place et qu'elle fasse plaisir aux clients, mais elle aussi, elle se fasse plaisir et qu'elle se fasse... Voilà. Je ne sais pas si je suis claire, mais je trouve que ça, c'est vraiment important. Moi, j'entre trop souvent dans des commerces où... Où on sent que le vendeur a soit rien à foutre là, soit est malheureux, soit s'ennuie, soit a la flemme d'eux.

  • Claire

    C'est vrai que c'est pas facile d'être tous les jours en pleine énergie et de donner le meilleur de soi quand on sent que... Comment tu fais toi quand t'arrives que c'est les journées où... Tu vois ce genre de journée où t'as pas trop envie de parler aux gens mais en même temps il faut que tu fasses du chiffre d'affaires. ou t'as pas trop l'énergie, comment tu fais pour réussir à aller contre et mettre ton costume de Claire, la super libraire, la super chef d'entreprise, tu vois ? C'est ça, c'est un peu difficile je trouve parfois, quand tes semaines sont dures quoi.

  • Audrey

    Je sais pas, je... Alors là j'arrive pas à répondre... A ta question parce que je... Déjà je pense que je suis très habituée à être plutôt un personnage... Ouais. Enfin... Voilà. Et d'autre part, quand même, j'ai justement Morgane en duo.

  • Claire

    Ouais c'est ça qui est bien quand tu travailles en équipe effectivement.

  • Audrey

    Ouais.

  • Claire

    Faire un ping-pong en fonction de comment les gens se sentent.

  • Audrey

    Oui. Oui oui. Ouais.

  • Claire

    C'est pour ça que c'est aussi bien de s'entourer quand on est tout le temps tout seul en boutique. Au bout d'un moment, c'est vrai que ça peut être lourd. Et d'avoir quelqu'un avec qui...

  • Audrey

    Après, en vrai, quand c'est lourd... c'est qu'il faut réanimer quelque chose.

  • Claire

    Ouais.

  • Audrey

    Tu vois, j'avais... J'ai eu un petit moment off. Je me suis plantée sur ma sélection de rentrée. Parce que comme je sortais un lit... sur la musique, j'ai fait une sélection de musique. Franchement pourquoi une sélection de musique en septembre ? Enfin je veux dire on s'en fout. Mais tout était raté dès la base. Tu vois quand j'ai briefé Anne sur la vitrine, j'étais là je sais pas trop, là je vois tata. C'était pas clair. Je suis rarement comme ça. Là c'était pas clair, c'était patiné. En plus on n'a pas reçu les livres, la vitrine est arrivée dans le 19e. Enfin bon. Tout était raté. Et ça a patiné, ça a patiné. Et moi, je perdais mon... Un peu là, ouais, bon. Et puis on a fait un mauvais mois de septembre. Enfin, on n'a pas progressé sur septembre, voilà. Et puis, il y avait cette vitrine que j'avais vraiment hâte de mettre en place. Sur Plikplok, c'est une vitrine, j'en parle à Anne depuis le mois de mai. Voilà, je voyais les grosses gouttes, le côté très graphique, etc. Moi, dans ma tête, tout part toujours de... de l'image dans ma tête. Enfin, je visualise les couleurs et tout ça. Et puis, alors nous, on est au courant, minimum trois mois avant des sorties livres. Du coup, on se projette. Donc, je savais qu'il y avait des très jolis livres, très sensoriels, plein de choses. Donc,

  • Claire

    pli-pli-pli, là, on parle de la pluie, quoi. En gros, thématique...

  • Audrey

    Pluie, automne, mouillée,

  • Claire

    eau,

  • Audrey

    voilà. Je fais attention aux traits sensoriels que ça convoque absolument tous les sens. Et donc, j'ai mis cette vitrine en place. Là, j'étais beaucoup plus animée. Et moi, ça me donne de l'énergie. Les gens arrivent... Enfin, ça marche très bien depuis la mise en place de cette nouvelle thématique. Donc, c'est quand tu commences à te faire un peu chier...

  • Claire

    C'est un signal que...

  • Audrey

    C'est peut-être un signal qu'il faut réenchanter un peu le truc et raconter une nouvelle histoire. C'est pas juste...

  • Claire

    toi qui est un peu fatigué ou quoi et ouais ouais c'est peut-être qu'il faut en tirer à une collab avec un ouais réfléchir à rentrer à nous un événement entre nouveaux produits refaire son maire c'est peut-être aussi effectivement signal de si jamais je ressens ça je peux pas donner autre chose à mes clients donc il faut peut-être que je me vois je me remette en mouvement sur quelque chose que je retrouvais un peu la flamme sur quelque chose et comme ça je pourrais transmettre

  • Audrey

    Et quand même, moi, je crois vachement en l'énergie. Alors, ça peut paraître... En plus, je ne suis pas du tout une nana holistique ou je ne sais pas quoi. Mais je me suis rendue compte. J'ai écrit, comme j'ai beaucoup écrit, et notamment des newsletters. C'est très étonnant. Quand tu écris, tu as quand même une formation professionnelle. Donc, quand tu... Quand tu dois écrire une newsletter, tu l'écris. Et soit ça te fait chier, vraiment, t'as la flemme, le sujet t'intéresse pas et c'est poussif. Mais au final, elle est là, elle est correcte et tout. Et puis des fois, tu le fais avec plaisir, etc. Mais ça va pas marcher pareil. C'est quand même un truc de dingue. Et en fait, même si les gens n'étaient pas là... Quand on a brainstormé avec Anne sur la vitrine, etc., même s'ils n'étaient pas là ce soir où j'ai fait ma sélection de livres, même s'ils n'étaient pas là quand je les ai reçus, que je les ai lus et que j'étais super contente, etc., il y a quelque chose.

  • Claire

    Oui, il y a un truc qui se crée, une sorte de petite magie qui opère.

  • Audrey

    Oui. Et du coup, si toi tu n'as pas l'énergie, il faut absolument, urgemment réenchanter le truc. pour que cette énergie passe auprès des gens.

  • Claire

    Oui, mais je pense que les clients, ils le sentent vraiment.

  • Audrey

    Ils le sentent ?

  • Claire

    En 10 années de boutique, ça se voit tout le temps.

  • Audrey

    C'est très étonnant.

  • Claire

    Oui, c'est fou.

  • Audrey

    Oui. Et c'est vraiment de l'impalpable, de l'énergie. Ils le sentent,

  • Claire

    quoi. Oui. De toute façon, en un clin d'œil. Oui. Je pense que même sans regarder le commerçant, en rentrant dans la boutique, tu peux ressentir un peu l'ambiance. L'état d'esprit, ce qui se passe.

  • Audrey

    Voilà. Mais après, il faut toujours se rappeler que c'est ton métier et tu n'as pas le droit, tout comme un interprète n'a pas le droit de se merder sur scène et de faire des grimaces. Voilà. Toi, tu n'as pas le droit de perdre de l'énergie quand tu es là pour divertir et faire du bien aux gens. Oui,

  • Claire

    c'est intéressant de le voir comme ça. C'est marrant, c'est justement ton parcours avec la musique. Cette interprétation de la musique te permet d'avoir cette vision un peu plus théâtrale et spectacle du commerce. Et c'est vrai que je ne l'avais jamais vraiment abordé comme ça, comme un spectacle qu'on propose. Mais c'est hyper intéressant. Il y a un sujet qu'on n'a pas trop évoqué, pourtant c'est quand même au cœur de ce que tu proposes, c'est ta clientèle qui sont les enfants, cet univers kids. C'est vrai que c'est quand même assez particulier parce que tu as des clients qui sont à la fois les parents et les enfants, tu dois parler à tout le monde, ils ont des attentes très différentes. Comment c'est de travailler dans cet univers-là ? Parce que je sais aussi que c'est des choses que les gens... Tout à l'heure, on disait que la librairie, c'est un peu... On romantise un peu la librairie, tout le monde s'imagine derrière son comptoir à vendre des livres avec l'automne au dehors, un peu comme dans les films américains. Travailler auprès des enfants, créer des espaces où on accueille les enfants, les parents, c'est aussi quelque chose qui peut faire vibrer, qui peut donner envie. Comment c'est dans la vraie vie que d'évoluer dans cet univers-là ?

  • Audrey

    C'est vrai qu'on donne peut-être l'image que, voilà, au bon temps, c'est mignon, on s'amuse beaucoup. C'est vrai qu'on s'amuse parce que nous, nos discussions avec Morgane, c'est est-ce qu'on prend le livre du tyrannosaure qui a une carie ? Mais en fait, c'est beaucoup, c'est beaucoup de... C'est très, très dur comme public. Il ne faut pas croire que... que c'est que de l'amusement, que c'est que du mignon, que travailler dans l'enfance c'est choisir la veilleuse terracotta, voilà. C'est très dur, les parents sont très exigeants sur l'encadrement de leurs enfants. Je sais que ça fait rêver, j'ai beaucoup de gens qui viennent me rencontrer parce qu'ils veulent ouvrir un kids club, etc. C'est pas quelque chose qui s'invente de travailler dans l'enfance, il faut être extrêmement vigilant, il faut... Il faut être formé. Voilà, c'est fascinant, mais c'est extrêmement sensible. Et c'est particulièrement un domaine où il faut être solide. Parce que quand un parent vient nous reprocher ça ou ça ou ça, il faut avoir quelqu'un en face qui peut lui dire, c'est ça qui s'est passé. Et je pense que parmi les ingrédients qui font que le bon ton, ça marche correctement, c'est vraiment de... qu'on se rend compte qu'il peut y avoir des déconvenues, etc., des fois, mais il y a quelqu'un en face qui sait pourquoi il fait les choses et qui est solide. Et attention, ça, c'est très dur, même moralement, de toujours avoir une... Enfin, d'être solide,

  • Claire

    quoi. On va finir cet épisode qui est méga dense par peut-être nous dire un peu quelles sont les prochaines étapes pour le bon ton. les enjeux actuels et où est-ce que tu veux mener ta barque ?

  • Audrey

    Alors mon enjeu actuel c'est clairement moi j'ai le rêve d'en ouvrir d'autres mais la question c'est le financement et surtout d'arriver à trouver l'équilibre entre le financement et garder la magie très sensible qui est propre au bon ton donc pour l'instant je n'ai pas trouvé cet équilibre là donc il ne faut pas que je me précipite mais c'est... C'est en train de bouillonner. Et puis, évidemment, sur des questions un peu moins glamour, le développement du B2B, puisque je m'apprête à avoir deux gros challenges en B2B. Un pour coacher sur l'éveil de l'enfant dans un réseau de crèche important et puis l'autre plutôt dans l'édition. et puis à titre personnel c'est vrai que j'écris des livres et que je me fais de plus en plus plaisir et je suis de plus en plus moi dans ces projets là ça ne rapporte absolument aucun sou mais c'est aussi je

  • Claire

    continue à créer aussi comme ça ok et je voulais finir cet épisode sur des questions un peu différentes est-ce que tu aurais des boutiques que tu aimes particulièrement ou justement l'énergie te porte à nous conseiller

  • Audrey

    Alors, c'est vrai que je vais très peu en boutique. Je crois que tu les avais rencontrées, mais évidemment, clin d'œil, c'est une source d'inspiration. Parce que pour moi, c'est des nanas qui ont beaucoup d'expérience et qui sont solides, qui sont dénicheuses, qui ont une patte très forte aussi. Après, il y a des librairies où j'aime beaucoup aller. Je suis très admirative de ICI Librairie. Parce que c'est extrêmement sobre, mais c'est des nanas qui ont créé un espace. C'est une librairie indépendante, mais c'est un espace énorme au Grand Boulevard. Donc j'aime beaucoup, beaucoup cette boutique. Et si, rien à voir, mais je suis assez admirative de deux personnes au niveau de la création de l'univers. on peut pas dire, c'est Lisa Gachet pour Make My Limonade même si je ne porte pas forcément les vêtements Make My Limonade, je suis ultra admirative parce que voilà c'est une personne qui a un personnage, elle est très très forte, elle a une vision et j'aime beaucoup aussi les boutiques Oh My Cream parce que pareil vraie vision voilà typiquement on a un univers fort, on transige sur rien. l'accueil client c'est quelque chose alors là ça c'est un peu assoupli mais à l'époque elles avaient même le dress code etc donc ça c'est des premiers exemples pour moi et j'aime bien aller les voir et puis c'est vrai qu'on parlait de l'expérience client mais tu rentres là-dedans tu te sens privilégiée tu te sens écoutée tu te sens voilà il y a un truc premium dans l'histoire que j'aime bien...

  • Claire

    Ok. Avant-dernière petite question. Est-ce que tu aurais trois livres jeunesse à nous recommander, tes petits favoris qu'il faudrait absolument avoir dans la bibliothèque pour nos enfants ?

  • Audrey

    Oui. Alors, pour la naissance, absolument, tu vois le jour chez Helium de Laurent Moreau. C'est un livre accordéon en noir et blanc. Moi, c'est un livre qui me marque particulièrement parce que... En fait, tu le mets autour du tapis allongé ou du tapis d'éveil. Moi, je l'avais mis autour du berceau de mon bébé à la maternité. Et en fait, c'est étonnant parce que ça fascine les enfants dès le... des nourrissons. Et moi, mon bébé regardait comme ça, ça me permettait d'aller prendre ma douche. Et là, j'ai une grande illustratrice qui s'appelle Stéphie Brocoli. Ah, j'adore. Oui. Elle m'a envoyé une photo de sa petite qui a quelques semaines là, qu'elle a acheté sur nos recommandations, ce Leporello. Donc le Leporello, c'est un livre accordéon pour sa petite. Et on voit la petite qui veut comme ça, avec ses petits pieds qui avancent et tout. C'est complètement fascinant. Et là, tu comprends pourquoi le livre dès la naissance. Donc ça, c'est hyper important. Là, j'ai envie de te dire après, si tu passes un cap, On saute jusqu'à la maternelle et là j'ai envie de te conseiller les trois petits poursauts ou globalement la collection à petit peu ton chez Didier Genest. Pourquoi je te parle de ça ? C'est parce que c'est un peu mon challenge de l'année. Didier Genest est un éditeur qui est fascinant mais qui a... qui parle plus aujourd'hui à des instituteurs qu'à des parents parce qu'au niveau graphisme, il s'intéresse aux enfants, à ce qui va marcher chez les enfants, et moins aux codes actuels, etc. Et en fait, c'est des livres exceptionnels au point de vue sensoriel, texture, et c'est des livres qui ont été écrits par des conteurs professionnels qui savent raconter. Et donc, c'est des livres qui sont faciles à raconter pour les parents, pour y mettre tout de suite le ton.

  • Claire

    D'accord.

  • Audrey

    Et voilà. Et donc, les trois petits pourceaux, c'est évidemment l'histoire des trois petits cochons, mais avec un loup trop marrant. Donc, je conseillerais ça. Et si je devais aller pour les un peu plus grands, je conseillerais les... Alors, tu me poses la même question demain, je te conseille d'autres livres. Mais là, je pense aux Incroyables, qui est un livre très grand format de Clotilde Perrin à l'École des loisirs. Et les Incroyables, en fait, tu as une double page. ou une page, je ne sais plus. Et en fait, c'est un livre passionnant parce que tu as des profils. Par exemple, tu as l'enfant vert et donc tu as un dessin de l'enfant tout en vert. Et c'est caricatural, mais ça parle des profils psychologiques de tout le monde. C'est un livre qui est fascinant, qui fait beaucoup réfléchir les enfants. Et je rajoute une quatrième recette, puisque c'est moi, je ne peux jamais m'arrêter. Et là, je passe carrément pour les plus grands à partir du collège. Je conseille vraiment, nous traverserons les orages de Anne-Laure Bondou chez l'école des loisirs. Pourquoi ? Parce que je pense qu'à l'époque actuelle, le devoir de mémoire est particulièrement important sur qu'est-ce qui s'est passé dans notre histoire les 100 dernières années, qu'on a un peu... Trop tendance à oublier. Et en fait, elle retrace l'histoire d'une famille sur un siècle de 1914 à 2014. Donc ça commence à la veille de la Première Guerre mondiale. Et cette famille, il y a les pertes avec les guerres, il y a l'antisémitisme, il y a... Plein de problèmes de famille, il y a des problèmes perso et des problèmes historiques globales. Il y a le sida, il y a tout ce qui s'est passé et comment une famille a été confrontée à ça. Avec ses moments joyeux et ses moments terribles. Et c'est un livre qui, pour moi, devrait être lu. Il est sorti l'année dernière et ça devrait être lu dans tous les collèges, lycées, à la place des espèces de trucs qui saoulent tous les enfants. Et voilà.

  • Claire

    Ok, trop chouette. C'est bien pour tous les âges, c'est cool.

  • Audrey

    Voilà, je t'ai fait bébé, maternelle, primaire, collège. Voilà,

  • Claire

    nickel. Et donc la dernière question, je voulais aussi avoir tes recos, plutôt musique, pour les enfants. Qu'est-ce qu'on peut leur faire écouter qui soit un petit peu différent, qui les mette en contact avec la musique et que ce soit des moments chouettes à partager avec eux ?

  • Audrey

    Ok, alors là je vais complètement t'étonner, mais on me demande, on me pose souvent cette question, et en fait le meilleur réveil musical pour l'enfant... c'est de chanter pour son enfant. C'est pas de lui faire écouter machin. C'est déjà de chanter pour son enfant. Ça, ça se perd totalement. Donc, le répertoire des comptines pour enfants. Idéalement, se munir de livres comptines pour avoir un support, parce que souvent, on a oublié les paroles, etc.

  • Claire

    C'était lointain.

  • Audrey

    Voilà, c'est lointain. Et aussi, on a l'impression qu'on est moins con quand on a un support livre.

  • Claire

    C'est vrai que quand on n'a pas la voix...

  • Audrey

    chanter, il s'enfonce. En fait, c'est tellement important pour lui le genre adressé, parce que ça lui fait un choc multisensoriel, notamment quand il y a le livre avec, parce qu'il va entendre chanter, donc il y a le son, mais en plus il y a l'émotion de ta propre voix, du moment que tu passes avec lui, de ce moment accordé avec lui. En plus qu'il va voir le livre, et en même temps, tu peux notamment sur le travail de Didier Jeunesse la collection Pirouette que les parents trouvent moche mais qui sont hyper bien parce que c'est du collage de matière il va y avoir du trompe-l'œil donc l'enfant va avoir envie d'attraper le livre. Donc ça c'est vraiment mais déjà commencer par ça quoi. Il y a un truc fascinant c'est que l'enfant tu sais il y a une vieille légende, tu vas me dire que je suis trop longue, mais il y a une vieille légende qui dit qu'un empereur chinois s'était fait peindre une fresque avec une cascade sur un mur. Et que finalement, il avait demandé d'enlever cette fresque parce que le bruit de l'eau le gênait. Et en fait, c'est ça, les enfants ont une capacité de projection bien plus grande que la nôtre. Et ils sont capables de sentir l'odeur du feu en voyant une image de feu, etc. Et donc, il y a aussi la sensation. Et un beau livre, c'est un livre qui convoque tous les sens. Parce que chacun va avoir un cerveau codé pour... pour prendre tel ou tel sens particulièrement. Donc, commencer l'éveil musical par lire avec un album comptine au tout petit. Après, un peu plus grand, c'est les albums CD. Alors, je sais que le CD se perd, mais en fait, ce n'est pas une excuse parce que la plupart des albums CD, ils sont sur Spotify, YouTube, etc. Donc, moi, je me les mets sur mon iPhone et il y a les pages du livre avec. Donc, souvent... Je continue avec Didier Jeunesse, mais aussi Gallimard Jeunesse, Gauthier Langreau, on fait des très beaux livres-disques, c'est bien pensé, c'est par des gens qui connaissent l'enfance, etc. Après, tu leur mets à dispo une petite malle d'instruments où ils expérimentent par eux-mêmes l'astronorité, etc. Tu valorises leur création en disant Ah, mais c'est pas magnifique, ou je sais pas quoi, tu te mets pas à avoir du second degré, mais voilà, c'est... Dis donc, c'est intéressant. Là, tu fais très, très fort. Là, tu ne fais pas fort du tout. Voilà. Déjà, c'est le premier réveil musical. Et après, il ne faut pas se forcer à aller sur telle ou telle musique. L'enfant, ce qui est important pour lui, c'est de voir aussi... Il ressent beaucoup de choses à travers le regard du parent. Donc, si le parent... L'enfant sent que c'est vendredi soir et le parent est en train de se faire son petit apéro avec une musique qu'il aime bien. En fait, c'est ça qui va marquer l'enfant. qu'est-ce qu'on s'en fiche que je sais pas quoi.

  • Claire

    Qu'il écoute Mozart ou je ne sais pas. Ouais.

  • Audrey

    Et Mozart, Mozart, on va en parler. La perception rythmique, encore chez Mozart ça va, mais c'est pas évident pour un tout petit petit. Tu vois ? Autant un gros hip-hop, ça lui fait percevoir la pulsation, etc. Donc aller vers ce qu'on aime bien et surtout chanter, chanter, chanter.

  • Claire

    En fait, partager des moments avec eux autour de la musique et qu'ils voient aussi qu'on apprécie ça et que c'est chouette.

  • Audrey

    ouais je crois qu'on en fait on est comme ça chaque parent on peut pas inventer autre chose chaque parent transmet ce qu'il a en lui il faut pas essayer de se forcer à être autre chose je suis pas une sportive de haut niveau quoi que mais non non on transmet ce qu'il nous fait et euh Et se forcer toujours à faire des activités, machin...

  • Claire

    Oui, de toute façon, ils sentent quand on fait des choses avec envie ou pas. Oui. Comme je disais tout à l'heure, les gens, quand ils rentrent dans la boutique, ils sentent l'ambiance. Les enfants, ils sentent encore mieux.

  • Audrey

    Exactement. Donc, l'enfant qui va se faire remarquer que ses parents, ils ont telle playlist en commun, qu'ils se font du bien, qu'ils arrivent à se détendre à ce moment-là ou qu'ils se mettent à chanter. Voilà, c'est ça qui est important. C'est ça. On veut créer des gamins, on s'en fout qu'ils deviennent violinistes plus tard, on veut créer juste des gamins qui prennent du plaisir, qui bénéficient de la musique comme espace d'évasion.

  • Claire

    Ok, super. Bon bah, y'a plus qu'à.

  • Audrey

    Voilà, y'a plus qu'à monter tout ça. C'est parti.

  • Claire

    Merci beaucoup, c'était très cool.

  • Audrey

    Avec plaisir.

  • Claire

    Et je te souhaite plein de bonnes choses.

  • Audrey

    Merci.

  • Claire

    A bientôt. A bientôt. Ciao.

  • Audrey bis

    Et voilà, j'espère que cette interview vous a plu. Merci pour votre écoute. Si vous souhaitez soutenir l'arrière-boutique, vous pouvez laisser 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute et le partager à celles et ceux que ça pourrait intéresser. Ça m'aide énormément à rendre le podcast visible. Donc un grand merci. Si vous ressentez le besoin d'un accompagnement personnalisé pour avancer sur vos projets, que ce soit pour le lancement d'une boutique, d'une marque ou pour toute ce stratégie commerciale, n'hésitez pas à jeter un œil à mes op'sur mon site l'arrière-boutique.fr ou à me contacter. Je propose des accompagnements sur mesure qui vous aideront à surmonter vos blocages et à atteindre vos objectifs. Pour ce qui est du podcast, on se retrouve dans deux semaines pour un nouvel épisode. Bonne journée !

Description

Librairie jeunesse, école de musique et de danse : plongez dans l’univers unique du Bon Ton, là où le commerce devient théâtre de découvertes et d’émotions !


Dans cet épisode de L’Arrière Boutique, je pars à la rencontre de Claire Wyniecki, fondatrice du Bon Ton. Elle partage son parcours d'entrepreneure et les réflexions qui ont guidé la création de cet espace où le commerce prend vie sous forme d’une véritable expérience pour petits et grands.


Parmi les nombreux thèmes abordés, Claire nous confie l'importance de construire un univers fort, elle nous parle du rôle du commerçant qui comme un interprète façonne l’atmosphère et fait de chaque visite un moment unique. Nous abordons les défis de l’entrepreneuriat et de la maternité, l’importance de collaborer avec des experts et le travail stratégique qu'est le merchandising pour optimiser sa rentabilité. Claire évoque aussi les moments de doutes et l’importance de garder une énergie sincère pour embarquer ses clients, le tout entrecoupé d’anecdotes marquantes, comme l'incendie qui l’a poussée à réinventer son projet.


Enfin, Claire termine l’épisode en partageant des recommandations de lecture et des ressources pour l’éveil musical des plus jeunes.


Que vous soyez (futur) commerçant, ou simplement curieux de découvrir cet univers créatif, cet épisode vous promet inspiration et conseils précieux !


Bonne écoute 🎶


Retrouvez toutes les personnes et ressources mentionnées dans cet épisode :INFL (Institut National de Formation de la Librairie) / Agence Link / Helène Lacombe : architecte / Steffi Brocoli : @steffibrocoli / Boutique Klin d’Oeil / ICI Librairie : @icilibrairie / Make My Lemonade / Oh My Cream


Livres jeunesse recommandés :

"Tu vois le jour" par Laurent Moreau (Éditions Hélium)

"Les Trois Petits Pourceaux" de la collection Didier Jeunesse

"Les Incroyables" par Clotilde Perrin (École des loisirs)

"Nous traverserons les orages" par Anne-Laure Bondoux (École des loisirs)

Collection "Pirouette" chez Didier Jeunesse


Pour découvrir toutes mes offres d'accompagnement, ressources et conseils pour commerçants, rendez-vous sur mon site l'Arrière Boutique !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Audrey bis

    Bonjour et bienvenue sur L'Arrière Boutique, le podcast qui vous invite dans les coulisses de l'expérience retail.

  • Claire

    Je suis Audrey Gallier,

  • Audrey

    consultante dans les domaines du retail, de l'entrepreneuriat et du développement de marques. Après dix années passionnantes à créer et développer mes boutiques, j'ai envie aujourd'hui de transmettre mon expérience mais aussi celle de mes invités. Pour cela, je reçois dans ce podcast des personnes inspirantes qui vous ouvrent les portes de leurs boutiques pour vous raconter leurs aventures. Je vous livre aussi, dans des épisodes boîte à outils, des pensées et astuces pour vous motiver et vous aider dans vos projets retail. Très bonne écoute ! Salut ! Dans ce nouvel épisode, je pars à la rencontre de Claire, fondatrice du Bon Ton, un lieu unique à Paris qui mêle école de musique, de danse, librairie jeunesse et marque d'accessoires pour enfants qui s'appelle Prout Prout. Ce projet est bien plus qu'un simple commerce, c'est un univers fort et audacieux qu'elle a créé, en repoussant les limites du concept traditionnel de la boutique. Avec Claire, on a abordé mille et un sujets, comme par exemple la place centrale que le commerçant occupe dans son projet. Pour elle, c'est un peu comme au théâtre. Tenir une boutique, c'est incarner un personnage, donner vie à un lieu. C'est une véritable performance quotidienne pour attirer et fidéliser, mais aussi pour se renouveler sans cesse. Elle nous partage aussi les moments de doute, ces phases où l'énergie vient à manquer. Claire, elle, les voit comme des indicateurs essentiels de la nécessité de se réinventer. Parce que si l'on n'est pas nous-mêmes embarqués dans notre projet, comment réussir à embarquer nos clients ? On abordera également des sujets très concrets, comme l'importance de bien réfléchir au merchandising pour que chaque mètre carré soit plus rentable, tout en facilitant l'analyse des ventes et l'achat d'assortiments. Claire nous explique aussi pourquoi est-ce qu'elle a choisi de s'entourer d'experts plutôt que de s'associer, et comment ça va lui permettre de garder son indépendance tout en bénéficiant de compétences clés. Et bien sûr, elle revient sur les défis imprévus, comme cet incendie qui a failli tout remettre en question. Comment a-t-elle rebondi ? Quel apprentissage en a-t-elle tiré ? Et à la fin de l'épisode, on prend 10 minutes pour que Claire nous fasse ses recommandations lecture pour nos chers enfants, du plus jeune âge à l'adolescence, et elle va aussi nous parler de ses petits conseils pour tout ce qui est éveil musical. Donc que vous soyez parent ou que vous ayez des enfants dans votre entourage, je suis sûre que ça vous donnera tout un tas d'idées, d'autant plus que Noël approche. Cet épisode regorge donc de conseils et de partages d'expériences très précieux. Bonne écoute ! Salut Claire !

  • Audrey bis

    Salut !

  • Audrey

    Alors aujourd'hui on est au Bonton, on est bien installées au fond, toutes les deux dans une petite salle et on va raconter un peu ton histoire, raconter le parcours du Bonton et je pense que ça va être hyper intéressant parce que c'est un projet méga pluriel. On va commencer d'abord par le début, est-ce que tu peux te présenter s'il te plaît ?

  • Claire

    Donc je m'appelle Claire, j'ai 36 ans. depuis hier. Je suis donc la fondatrice de Le Bon Ton, qui est une école de musique et danse principalement destinée aux tout-petits dès la naissance, et librairie jeunesse. Donc c'est installé à Paris dans le 9e, près de Pigalle-Saint-Georges. C'est un lieu, donc effectivement, le mot pluriel, je ne l'avais jamais utilisé, mais c'est vrai que ça colle. Mais pour moi, tout est cohérent, c'est-à-dire qu'on fait vibrer la littérature de jeunesse avec l'éveil à l'art. Alors l'art scénique, puisqu'on ne fait pas d'art plastique. L'art scénique, donc éveil musical, éveil à la danse.

  • Audrey

    Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur le bon ton ? Quand est-ce que l'idée est arrivée ? Enfin, un peu les étapes clés du développement. Après, on ira un peu plus en profondeur sur le sujet. Qu'on comprenne un peu la jeunesse du projet.

  • Claire

    Oui. Alors, en fait, moi, je suis violoniste professionnelle. Et ça a toujours été clair pour moi que je ne voulais pas être interprète. Mais j'étais en musique-études. Si tu veux, j'étais un peu sur les rails. Enfin, j'ai toujours été vouée à une carrière d'interprète. Et moi, ce que je voulais, c'était écrire. C'était mon obsession depuis que j'étais au lycée. Je voulais devenir critique musicale et donc l'écriture a toujours fait partie de moi et ce qu'on m'avait conseillé, j'avais à l'époque été conseillée, j'ai eu la chance d'être en contact avec le directeur du groupe Bayard qui m'avait dit écoute, soit tu fais une école de journalisme mais c'est pas compatible avec tes études musicales très poussées, avec des heures de travail d'instrument, etc. soit tu rentres par la petite porte et tu deviens très spécialiste dans ton domaine et tu verras, on t'ouvrira les portes, etc. Et donc ce monsieur, j'ai eu de la chance parce qu'il m'a dégoté un stage chez le journal La Croix. J'étais très très jeune, mais effectivement, en même temps, je m'y connaissais très bien en musique. Donc son petit pari a marché parce qu'on... C'est difficile d'être spécialisée dans la musique et la danse. Tout le monde n'est pas spécialisé dans ces domaines-là. Et du coup, suite à ça, je suis très vite devenue pigiste. Et après, j'ai été engagée par Le Parisien Aujourd'hui en France. J'étais leur critique musique et danse, j'ai fait ça pas mal d'années, puis après pour Diapason, etc. Donc j'ai fait assez jeune ma place dans la presse musicale. Je dis ça parce qu'il y avait vraiment cette écriture, l'écriture qui était toujours là. Et parallèlement, je continuais mes études de violon, pas que de violon, j'ai fait beaucoup de culture musicale au sud de Paris, et j'étais à la Sorbonne en musicaux. en master et j'ai aussi fait un master de médiation de la musique. Donc cette formation à la médiation entre le public, qui n'était pas forcément à l'époque le jeune public, ça peut être tous les publics empêchés aussi, enfin le public quoi, tous les publics. Donc voilà, et c'est dans le cadre... Donc j'ai toujours enseigné aussi... A l'époque, quand j'étais au lycée, c'était surtout pour me faire des sous et pour aller chez Zara derrière. Mais voilà, j'ai toujours enseigné le violon et c'est quelque chose qui me plaisait beaucoup. Et aussi dans mon univers, il y a toujours eu une patte très potache, très enfantine. C'est quelque chose qui m'est propre. Donc voilà, à partir de ce tapis... J'ai eu un coup de foudre professionnel quand je travaillais chez Le Parisien. C'était à l'époque le boom des livres-disques pour enfants, qui sont complètement en perdition maintenant suite à l'arrêt du disque. Mais à l'époque, c'était un univers foisonnant. Et forcément, comme Le Parisien est un gros média, il y a tous les éditeurs qui m'avaient sauté dessus. Et j'ai eu vraiment un coup de cœur pour cet univers-là, le rapport musique-texte-image. ça m'a semblé être une mise en scène hyper intéressante. Et donc, je me suis vraiment passionnée de ça. J'en ai fait un master, d'ailleurs, derrière de littérature de jeunesse spécialisée là-dedans. Et je me suis dit, l'écriture pour enfants, le livre pour enfants, notamment musical, mais musical, ça peut être pas forcément le disque. Ça peut être un livre continue ou alors rien que la musicalité du texte. Ça m'a beaucoup intéressée. Et donc, je me suis spécialisée là-dedans. en même temps que j'étais donc musicienne pro. Et voilà, c'est ça qui a fondé un peu tout le bon temps. Donc aujourd'hui, on croit qu'il y a quelque part une librairie jeunesse et une école de musique collée. Mais pour moi, tout est ensemble. C'est tout ce à quoi je... Voilà, tout ce qui me fait vivre.

  • Audrey

    Ok. Et donc, au début, il me semble que tu n'avais pas de lieu qui était propre.

  • Claire

    Au début... Je... Alors, en fait, au début, j'ai... Bon, c'était un souci aussi. Peut-être que je... En fait, j'ai fondé une première boîte en 2017 où, effectivement, je ne m'étais pas donnée de lieu propre. C'était à la fois par côté financier. J'avais pas les investissements nécessaires. D'autre part, c'était peut-être un manque de confiance aussi. Je voulais tester mon truc. Et c'est vrai qu'à l'époque, j'avais été accueillie dans des super jolis lieux. Donc, c'était assez sympa. J'étais au théâtre de l'Atelier, à l'Éléphant de Paname. J'étais aussi à l'Hôtel du Temps. Et puis, je bossais aussi beaucoup en B2B pour des marques. Je faisais des gros événements pour des marques qui me plaisaient à l'époque et qui avaient un peu le vent en poube, genre Balzac Paris, Et Moi Et Moi, etc. Et donc, je faisais ce B2B. Donc j'ai fait ça pendant trois ans. Et puis le Covid est tombé, ça a coupé un peu tout ça. Grosse remise en question de mon côté. Et puis à ce moment-là, je suis aussi devenue maman. Donc le côté itinérant, ça commence à être un petit peu galère les dimanches matins avec mon piano sous le bras, etc. Et donc, je me suis posée. J'ai fermé ma boîte au moment du Covid pour permettre de me poser, de réfléchir. J'ai challengé aussi ma créativité à ce moment-là parce que je me sentais un peu en perdition en faisant des stages d'écriture, plein de choses différentes. Et donc, quand je me suis ressentie d'attaque, J'ai lancé le bon ton, mais cette fois, je me suis dit, en fait... Il faut taper gros, en fait, pour faire... Voilà, il faut faire sa place, s'installer. Oui, plus c'est fini de rentrer par la petite porte, maintenant, je vais taper gros. Donc, lieu, waouh, mais ce n'était pas que le lieu. Je me suis dit, je fais un investissement au niveau de la DA. Je suis allée taper à la porte d'un très, très gros studio de design et de DA, qui est Link Studio, qui ont... énormément apporté parce que j'ai fait exprès de prendre des gens qui ne travaillent absolument pas dans la culture, qui sont des modeux mais j'aimais bien leur côté limite trash des fois quand ils travaillent sur certains voilà notamment ils travaillent pour Christophe et ils ont complètement dézingué le truc et donc j'aimais bien faire cohabiter ça donc je me suis dit mais qu'est-ce qu'ils vont penser d'un projet sur les veilles les tout petits etc et Et en fait, c'était canon, c'est super bien entendu, parce qu'ils m'ont rendu visible l'impertinence que j'avais envie de mettre dedans. Donc, eux ont été très, très, très importants dans toute la patte de D.A. Et puis après, gros coup aussi en étant dans la presse. Voilà, j'ai voulu taper gros. C'était... Parce que sinon, on reste un peu... Enfin voilà, moi toute l'idée c'était de m'asseoir et d'asseoir les veilles culturelles et artistiques pour les tout-petits, qui n'ont pas forcément toujours une place très élégante ou très mode, très branchée, très désirable. Enfin je ne sais pas ce que tu veux mettre comme mot dessus, mais en tout cas, je voulais asseoir ça et en faire quelque chose d'hyper sexy. Aussi parce qu'en tant que jeunes parents, des fois ça fait du bien d'aller dans un truc un peu sexy et pas toujours être dans le truc...

  • Audrey

    C'est bien parce qu'en fait, tu as eu ces trois années où tu as gagné en confiance, où tu as solidifié, tu as observé le retour, les besoins de tes clients, etc. Et donc, je comprends cette envie de dire, OK, ça fait trois ans que je fais ça. J'ai fait ma pause, j'ai retrouvé ma créativité et maintenant, je reprends le marteau et j'enfonce le clou d'un coup. Je fais ça vraiment, je sais où je vais et je sais comment je veux faire.

  • Claire

    Voilà, j'avais déjà testé que clairement... Parce que bon, on a une... J'ai mis en place une... Alors, ça fait un peu prétentieux de dire ça. Je ne sais pas comment le dire autrement. Mais bon, tu as compris. J'ai mis en place une pédagogie un peu particulière. Qui n'est pas quelque chose... Je ne suis pas pédopsychiatre ou neuroscientifique, etc. C'est des choses qui me sont venues naturellement par rapport à mon parcours. Par rapport à je ne sais pas quoi. Mes envies, mes aspirations. Et j'ai vu que mes... Mes contenus marchaient très bien autant auprès des enfants que des parents qui passaient aussi un bon moment, etc. Donc j'ai pu tester ça aussi, j'ai pu tester ma pédagogie, que j'ai renforcée après pendant mes trois années de... Enfin c'était pas vraiment des années de pause, mais mes années de formation, etc.

  • Audrey

    Non, t'as continué en fait à construire le projet tranquillement, en prenant du recul, etc. C'est pas parce qu'on n'est pas dans le... L'action concrète, qu'on n'a pas une boutique ouverte, etc. Ça ne veut pas dire qu'on est en train d'y travailler. Ça prend du temps de le mûrir et ça permet d'arriver à quelque chose qui est plus abouti aussi dans notre tête.

  • Claire

    Sachant que moi, c'est un projet. Donc là, l'aboutissement qu'on voit aujourd'hui, c'est une idée que j'ai eue. J'avais, je crois que j'avais genre 22 ans. Et tu vois, je l'ai ouvert à 34 ans. Et... Et en fait, franchement, j'ai eu des longues traversées du désert, genre de frustration. De frustration à la fois, je n'ai pas les sous, je ne me sens pas capable, je n'ai pas d'associés, en fait, je ne suis pas capable de faire tout seule, des trucs comme ça. Et des fois, je me suis souvent dit, mais heureusement que, en fait, j'ai eu des bâtons dans les roues à tel, tel, tel moment, parce que ça serait ça, il n'y aurait pas ça, ça, il n'y aurait pas ça, ça, il n'y aurait pas ça. Et encore, si ça se trouve, si j'avais ouvert cinq ans plus tard, il y aurait plein de choses en plus, tu vois.

  • Audrey

    Mais t'as senti que c'était le bon moment là ? T'avais fait suffisamment de chemin ?

  • Claire

    Alors c'est venu... En fait je vais être honnête. C'est venu... Il y a un moment tu prends du recul pour te former, pour rebooster ta créativité etc. Moi j'ai commencé à travailler très jeune donc du coup j'avais beaucoup de choses à... Voilà tu prends beaucoup d'automatisme quand tu travailles et des fois c'est bien de... de casser tous les automatismes, de te remettre en danger, etc. Et on n'a pas toujours le temps de le faire dans notre vie. Mais pour être honnête, au bout d'un moment, quand tu recherches, recherches, recherches sur toi, surtout dans une pratique un peu qui est quand même... Aujourd'hui, je suis chef d'entreprise, mais je reste quand même, j'espère, je reste artiste. C'est ce que je suis à la base. Tu peux te perdre au bout d'un moment aussi dans tes recherches et ta raison en question. Donc moi, j'en étais à cette étape-là. Et il s'est passé deux choses. C'est tout bête des fois la vie, mais il s'est passé vraiment deux choses vraiment fondatrices. La première, c'est que je me suis pris un de ces vents par un éditeur jeunesse. Un truc horrible. J'avais écrit un roman. J'avais proposé un roman à l'école des loisirs. Enfin, à plein d'éditeurs. L'école des loisirs me repère. Me dit, en fait, ok, c'est super. L'école des loisirs qui est un peu le Graal. Ils me disent... C'est un roman que j'avais écrit à quatre mains avec une personne. L'école des loisirs nous appelle. Ils nous disent, putain, vous nous avez décoiffé. On adore. Mais le sujet, ça ne va pas du tout. Donc, vous nous réécrivez ça. Ok. Je réécris. Et là, on m'appelle, on me fait En fait, ça va pas du tout. Ciao. Et genre, mais le truc, le truc, mais hop ! Et c'était hyper dur. Hyper dur. Et moi, j'avais encore... En fait, c'était hyper fondateur. Et je me dis Mais merci qu'il me soit arrivé ça. Même si ça m'a fait... tellement pâle.

  • Audrey

    C'est un peu sorrier, tu te rends compte que des fois, il y a des moments comme ça.

  • Claire

    Mais c'est ça. Mais moi, je m'étais tellement battue. J'avais passé tout l'été, j'avais deux bébés, j'avais tellement bossé, j'avais tellement une remise en question. Là, tu t'arrives à un aboutissement, l'école des loisirs t'appelle, te dit que, ok, le roman, nanana. Et là, en fait, non.

  • Audrey

    Non,

  • Claire

    et la porte est fermée. Et en fait, oh putain, ça m'a fait super mal. Et là, je déjeune avec une amie d'enfance, donc qui me connaît vraiment depuis l'enfance, qui est contrebassiste, notamment à l'Orchestre de l'Opéra, à la Garde Nationale. C'est une nana qui est un génie de la contrebasse. Elle est rentrée au CNSM très, très tôt, avant le bac. Elle était au lycée, une nana extra. Et en fait, je dis ça, ça a un lien parce que... En fait, on est quand même habitués dans la musique à se prendre des gros vents, à passer des concours toute notre vie, à rater la plupart des concours. Enfin, je veux dire, l'échec, ça fait partie quand même de nous et même des fois, ça fait très, très, très mal. On sait quand même rebondir. Et en tout cas, je déjeunais avec cette nana, j'étais effondrée. Et là, elle me dit, voilà, moi, en fait, cette nana, c'était un génie de la contrebasse, mais pendant dix ans. Elle a fait que rater des concours pendant dix ans. Elle me disait mais c'était horrible, après je me mettais à tout prendre sur moi, je ratais un métro, je me disais mais t'es une pauvre meuf, je me mettais du mascara sur le côté, je me disais mais t'as raté ta vie, et elle me dit écoute, aujourd'hui je suis à la garde nationale, la garde républicaine, à l'opéra, etc. Le truc dont je suis le plus fière, c'est d'avoir monté mon petit stage de contrebasse et elle me fait clair, t'es faite pour faire des trucs par toi-même, ne pas demander... Et je crois que je m'étais un peu égarée dans cette période de recherche où je me disais je veux plus monter par moi même, je suis pas capable de monter par moi même et du coup j'attends des gens, j'attends qu'un éditeur prenne soin de moi, j'attends que truc truc m'embauche, j'attends que... mais moi je suis pas une personnalité comme ça en fait, je crois que ça ne marche pas quand j'essaye de faire des trucs pour des gens, c'est cata quoi, je suis incapable de rester dans le cadre et du coup elle, elle a commencé à me mettre un tu vois, me relancer. Elle a vraiment été fondamentale. Et après, j'ai ma sœur au téléphone qui me dit Écoute, là, bouge-toi, parce qu'en fait, tu ne vas pas te reconnaître dans dix ans, tu ne vas pas te reconnaître, moi, je ne te reconnais pas. Donc, ok, tu es fatiguée, tu as tes deux bébés, nanana, mais bouge-toi le cul, parce qu'en fait, voilà. Et là, après, moi, j'ai eu la chance d'avoir un mari qui est complètement taré, qui me... qui me... Je crois que... qui est pas du tout comme moi, mais qui me comprend totalement, et qui est aussi fou que moi, parce que là, je lui dis, en fait, je vais me lancer. Il fait, ok, écoute, on va acheter un local, et puis on va y aller, et tout. Et du coup... Alors, il m'aide pas du tout. Alors lui, il n'est pas du tout de conseil sur mon business, etc. Mais il est là derrière. Il soutient pas. Mais pas de problème, ça va faire. Et du coup, je me suis lancée comme ça, et ça m'a... Voilà, mais comme quoi ça peut être des déclics dans la vie qui sont une grosse baffe. Voilà, donc la conclusion de ça c'est ok, c'est bien de se remettre en question. Après au bout d'un moment on s'y perd, donc au bout d'un moment il faut y aller.

  • Audrey

    Mais ouais, et aussi se dire que parfois les signes, c'est pas des signes positifs, ça peut être aussi un échec, une marche ratée, une grosse claque. Et puis ça fait réfléchir et c'est pas qui permet d'avancer.

  • Claire

    Moi j'avoue que... Ouais, mais... très très grosse douleur dans la vie ça a été mes gros steps.

  • Audrey

    Donc si vous êtes en galère,

  • Claire

    si vous écoutez ça, c'est la misère. Des trucs qui font bien bien mal où on se sent bien bien.

  • Audrey

    De choses chouettes qui vont se passer après quoi.

  • Claire

    Ouais.

  • Audrey

    C'est vrai que dans mon histoire pro aussi, on avait eu ça avec mon associé, on s'était pris une grosse gifle quoi. Au moment de créer notre boîte. Et le truc où tu te dis, peut-être en fait je vais arrêter quoi.

  • Claire

    Ouais.

  • Audrey

    Et finalement, pareil. Là c'est parce qu'en plus on était deux, donc discussion etc. Et on a eu un déclic, on s'est dit, en fait non on va pas arrêter, on va travailler trois fois plus dur. Et je pense qu'on a bien fait ce point de cette gifle parce qu'on n'aurait pas pris la bonne direction. On partait dans le mauvais sens. Et donc tu te dis, ok, finalement, je suis capable, je vais le faire, je n'ai pas besoin d'attendre quelqu'un pour le faire.

  • Claire

    Et là, je me suis rendue compte que tout était prêt dans ma tête. On me dit souvent, mais attends, mais quelle énergie pour faire ça. Moi, j'ai l'impression que ça ne m'a pas du tout demandé de l'énergie. En fait, c'était déjà prêt, c'était tout là.

  • Audrey

    Ça a bien mijoté pendant 12 ans.

  • Claire

    Donc vraiment le gros choix c'était d'aller sur un studio design un peu coup de poing parce que j'avais peur de faire appel à la petite graphiste qui allait me faire un truc hyper layette. L'autre truc c'était de faire appel à l'architecte, donc j'ai choisi Hélène Lacombe au final qui n'avait pas... Donc Hélène c'est une architecte... C'est vrai qu'il y a quelques années, on aurait pu dire qu'elle était encore émergente. Aujourd'hui, elle est tellement en train de cartonner que je ne sais pas. Je suis très heureuse pour elle. Mais en fait, Hélène, ce qui m'a plu dans son travail, c'est qu'elle faisait tout en rondeur. Et c'est pour ça que je l'ai choisie, parce qu'en soi, on aurait pu se dire qu'elle n'a pas l'univers du tout coloré. Parce qu'au contraire, elle, elle est très dans les beiges, etc. Mais... Mais c'était son ergonomie, en fait, qui m'a vachement plu. Et on s'est tellement bien entendues sur le projet. C'était tellement fluide. C'était un régal de travailler ensemble. Donc ça, c'était vraiment très important. En fait, je pense que ce qui est important, c'est que c'est ça aussi. J'ai souvent eu, et je pense que beaucoup de gens ont ça, veulent se dire... peux pas partir tout seul, j'ai envie d'être associée. Et moi j'avais, déjà je trouvais pas spécialement d'associée, et en plus de ça j'avais mon mec qui me disait mais non, c'est toi, c'est ton univers, vas-y, tu vas pas filer la moitié à quelqu'un qui connait rien, qui va te mettre des bâtons dans les roues, etc. Et puis, j'ai une amie qui me dit, mais t'es pas obligée d'être associée, mais tu peux bien t'entourer en fait, d'avoir des... des gens, des collaborateurs ponctuels sur des trucs. Et je sais que, par exemple, j'avais été conseillée très gentiment par Fanny Pecioda, qui était la fondatrice de Seasonly et My Little Paris. Et je sais que c'était un peu sa stratégie. Bon, alors, eux, évidemment, c'est énorme. Il y avait plusieurs associés à la base. Mais quand elle veut lancer un truc, par exemple, elle veut monter My Little Gambette, elle prend la directrice machin truc de Dim et elle monte le projet en mode voilà quelques jours de boulot et tac en mode prestataire. C'est intéressant. Et du coup aujourd'hui je bosse vachement comme ça en fait. Je fais rentrer personne dans la boîte. Quand tu me dis on est que deux oui on est que deux avec Morgane mais par contre on a des prestataires qui ont une place importante dans le projet et qui nous permettent de passer des...... Des marches comme ça. Et en fait, tu vois, Hélène, c'est quelqu'un qui a été hyper important. Link, c'est quelqu'un... Enfin, ils sont super importants pour moi. Et ils peuvent encore être référents quand j'ai des questions. Quand je veux refaire un shooting, je fais appel à eux. Voilà. Et il y en a d'autres. Il y a Anne Pascal aujourd'hui qui est mon illustratrice. Anne... Alors, il était question qu'elle rentre dans la boîte. et puis au final j'ai trouvé que c'était pas forcément notre meilleure manière de collaborer donc Anne aujourd'hui elle est l'illustratrice de toute la partie garçon chez Jacques Haddy en interne mais par contre elle est prestataire pour nous et elle me fait toutes mes vitrines, toute ma carterie tout mon prout prout donc...

  • Audrey

    Oui parce qu'on n'a pas encore parlé de prout prout c'est une activité spécialement Oui

  • Claire

    Prout prout bah oui en fait à la base ça partait d'un constat Dans toutes les librairies, on vend un peu de hors-livre. Bon, c'est parce que... On ne va pas se mentir, le hors-livre, ça fait un peu plus de marge que le livre où la marge n'est pas terrible. Et puis, ça crée une petite fantaisie, etc. Mais moi, je n'ai jamais réussi à comprendre. À chaque fois qu'il y a une librairie qui a un coin jeunesse, on se dit, à côté, ils font du Djeiko, je vais faire du Djeiko aussi. Quelle bonne idée ! Et voilà, c'est fait en Chine, etc. Ça n'a aucun impact sur l'identité de la boutique. Donc voilà. Et du coup, j'ai cherché des trucs qui me plaisaient moi en tant que maman. Et ce qui a fait mouche, c'est... Il se trouve que moi, mes enfants, je les habillais avec des pulls qui me rappelaient ma grand-mère, avec des personnages, des pulls en laine un peu ringards avec des personnages. Et ces pulls avaient toujours vachement de succès. Je sais pas, je vais chez le médecin, elle me dit Mais vous avez trouvé où vos pulls ? et tout ça. Et du coup, je me suis dit La mamie à qui je les achète sur Vinted... Ils sont neufs, mais elle vend sur Vinted, etc. je lui ai demandé si elle peut me faire une collection là m'a mis à donf et du coup elle commence à tricoter, c'est une usine à gaz voilà et donc je mets quelques pulls mais à la base c'était juste pour que ce soit rigolo tu vois et là carton total on me commandait plus etc du coup moi je branche Régine j'ai fait Régine et je me suis rendu compte que il y avait un un Déjà, il y avait des mamies qui avaient besoin de compléments de retraite et puis aussi de petits projets dans leur vie, etc. Ça leur faisait super plaisir. Et puis, de l'autre côté, il y a le capital sympathie de se dire que c'est une mamie. Moi, j'en ai deux, dans le nord de la France, une en Bretagne qui tricote leur truc. Et donc, voilà, j'ai mis ça en place. Et suite à ça... Après, c'était mon amitié avec Anne. On a commencé à délirer sur des petits trucs. Enfin, voilà. Pour l'instant, c'est un peu mon petit plaisir. C'est mon petit espace créatif. Un petit laboratoire aussi. Et bon, il faut que... Clairement, c'est pas bien pensé encore en termes de... Parce que je fais tout en France, à la main, dans des petites choses, dans des toutes petites quantités. Donc voilà, c'est pas bien pensé en termes de business, mais je me fais plaisir, je mets de l'identité dans la boutique, etc. Après, ça partait aussi d'un constat, c'est qu'on avait, quand on a ouvert le bon ton, on avait quelques créateurs extérieurs, type Mains Sauvages, qui plaît beaucoup, c'est des doudous en laine. Adada, c'est des peluches un peu haut de gamme. des créateurs, donc Made in France ou Europe, très responsables parce que ça, ça fait partie évidemment de l'ADN du bon ton. Et en fait, ça ne marchait pas du tout. Ah ouais ? Alors, ça va marcher dans la boutique à 3 mètres, mais ça ne marchait pas du tout.

  • Audrey

    C'est parce que les gens cherchaient chez eux, en fait.

  • Claire

    Et en fait, c'est ça. Et ce qui marchait, c'était nos gros délires hyper impertinents, nos jouets vintage, voilà. Et on a eu le malheur d'avoir un incendie qui a tout cramé, on a perdu tout notre stock et il a fallu faire une réimplantation. Et là, évidemment, on n'a pas repris ce qui ne marchait pas. Donc, cet incendie...

  • Audrey

    Encore une fois !

  • Claire

    Le gros coup de poing qui... Voilà, c'est ça. Ça, c'était le 30 août 2023.

  • Audrey

    Attends, donc du coup, est-ce que tu pourrais juste me refaire une petite temporalité, qu'on comprenne quand est-ce que tu as eu les clés, quand est-ce que tu as ouvert, etc., pour qu'on visualise ?

  • Claire

    Alors, j'ai eu les clés en janvier 2022.

  • Audrey

    D'accord.

  • Claire

    Mais on a fait... Enfin, en fait, j'ai pas vraiment eu les clés, j'ai acheté... Alors, moi, j'ai acheté les murs du local. C'était une ancienne épicerie qui était dans son jus depuis les années 70. Et en fait, c'était assez touchant parce que quand j'ai acheté... Le mec avait les larmes aux yeux parce que c'était une histoire familiale. Et tout à coup, il a eu un gros, je ne sais pas, beaucoup d'émotions et beaucoup de peur de vider son stock, de vider tout ça. Et donc, je lui ai laissé jusqu'à l'été 2022 pour finir son magasin, etc. Et moi, de toute façon, j'étais, tu sais, c'est une formation qui est obligatoire quand même quand tu veux faire les choses correctement. J'étais à l'école de la librairie. C'est un passage incontournable. Il y a beaucoup de gens qui lancent des trucs sans faire l'école de la librairie.

  • Audrey

    Tu recommanderais de le faire ?

  • Claire

    Oui, tu ne peux pas vraiment.

  • Audrey

    Ça dure combien de temps ?

  • Claire

    Alors moi, j'ai fait une formation de un an. Donc, ce qui n'est pas du tout suffisant, ça ne m'invente pas libraire. C'est pour ça que je collabore avec une personne qui était libraire depuis dix ans. Sinon, voilà. Mais... C'était une formation, moi j'ai fait la formation de création de librairie, donc c'est plus le côté business, stratégie, etc. Et donc voilà, de toute façon j'étais dans cette formation-là à ce moment-là, et donc j'ai eu vraiment les clés fin août 2022. Et il y a eu quand même très très longtemps de travaux, parce qu'ils ont commencé direct en septembre, et ça s'est fini, ben c'était pas encore fini quand ça a ouvert, donc voilà. Donc ça a fini en avril. Donc on a ouvert en avril. Et avec une demi-vitrine. Les mecs nous avaient...

  • Audrey

    Les ouvertures,

  • Claire

    c'est toujours... Voilà, ils nous avaient livré que la demi-vitrine. Et d'ailleurs, les gens... C'est un concept, ça. J'étais là, mais mon Dieu. Et en fait, les gens croyaient que c'était trop cool, que c'était une vitrine télescopique. Et en fait, non, pas du tout. On avait juste une demi-vitrine. Du coup, les jours où il pleuvait, on ne pouvait pas ouvrir et tout. C'était la loose. Bref. Et... Et donc voilà, on passe le temps et le 30 août, méga tuile, incendie. Et là, tout crame, l'horreur. Et la chance que j'ai eue, c'est que les ouvriers ont pris sur eux de refaire les travaux avant même d'être payés par l'assurance. C'est ça qui est souvent...

  • Audrey

    La même équipe avec qui tu avais fait tes premiers travaux ?

  • Claire

    Moi, c'est... Donc, quand j'ai eu ça, je me suis rendue compte...

  • Audrey

    Mais qu'est-ce que t'as dû halluciner ?

  • Claire

    Ouais, ouais, non mais c'était horrible. Mais en fait, je me suis rendue compte que le gros, gros problème, si tu veux, là, on est plus d'un an après l'incendie, j'ai pas encore touché tous les sous. Ah ouais ? Et en fait, quand t'as pas cette équipe qui est... Enfin, voilà, je les remercie. Donc, quand t'as pas cette équipe comme la mienne de travaux, en fait, les mecs doivent attendre, donc là, plus d'un an pour... commencer les travaux. Donc les locaux restent en friche comme ça pendant des mois et des mois. Et ça c'est la normalité du truc donc tu t'en mets pas en fait quand t'as fermé pendant un an et demi et qu'après tu dois faire les travaux et que... Recompte,

  • Audrey

    retrouver l'énergie pour recommencer alors que...

  • Claire

    Exactement et moi j'ai eu beaucoup de chance parce que les mecs ils étaient prêts à travailler dès le lendemain pour faire le truc.

  • Audrey

    Ça change tout, c'est vrai qu'ils n'auraient pas joué le jeu...

  • Claire

    Après, en fait, c'est parce que aussi, déjà, ils étaient très fiers de ce local, que l'ouverture de ce local leur avait rapporté beaucoup de contrats privés dans le quartier, que ça jasait un petit peu aussi sur pourquoi c'est passé ça, etc. Même si c'était un pur accident ultra bête. Et donc, voilà, ils se sont mis au boulot. Alors, il y avait des légos quand même à respecter, trois semaines, machin. Et puis, je suis tombée sur des experts. On les critique souvent, mais là je voudrais vraiment leur rendre à César ce qui est à César. J'ai eu un expert d'assurance, un mec canon et alors canon, efficace, il était canon aussi. Écoute-moi François si tu m'écoutes. Mais voilà, et en fait cette personne, j'ai pu... Alors petite anecdote mais quand même marrante parce qu'au début en fait quand tu as des... gros, gros pépins comme ça, avec beaucoup, beaucoup de sous en jeu, l'assurance t'attribue aussi un expert d'assuré qui te fait ton dossier. Parce que c'est énorme. Et le premier qu'on m'attribue, je vois le mec arriver qui me dit, vous fermerez... longtemps, longtemps. Et il me fait, les gens qui se désinscrivent, c'est des cons. Il me dit ça, mais c'est peut-être des gens qui veulent faire faire de la musique à leurs enfants. Enfin, je veux dire, ils sont peut-être malheureux pour moi, mais quand même, ils ont envie que leurs enfants fassent machin. Et donc, j'appelle mon expert d'assurance et je lui dis, bah là, il m'a l'air chelou, quand même, la personne. Et il m'a recommandé un mec, c'était un cador, il a tout dézingué, tout de suite. Il a fait, écoute... Déjà, il faut débarrasser ce lieu parce que c'était invivable pour tout l'immeuble. Ça puait, c'était irrespirable, ultra efficace. Et voilà, c'était dans mon malheur. J'ai quand même eu de la chance parce que l'incendie était le 30 août. On a rouvert le 20 octobre.

  • Audrey

    Ah mais ça a été super rapide.

  • Claire

    Ça a été super rapide. Après, du coup, c'était une période lunaire pour moi et pour Morgane. C'est un monde,

  • Audrey

    tu venais à peine d'ouvrir.

  • Claire

    Je venais à peine d'ouvrir et...

  • Audrey

    Morgane, elle a rejoint l'aventure dès le début. Alors

  • Claire

    Morgane avait son contrat un an avant l'ouverture du canton.

  • Audrey

    Ah oui, d'accord, ok.

  • Claire

    Ouais. Morgane, c'est quelqu'un qui travaillait dans une librairie que j'aimais bien. D'accord. Et j'allais dans cette librairie pour cette libraire que je trouvais extra. Et donc j'avais un coup de foudre professionnel pour elle. Et quand... Il se trouve que c'était un hasard total parce qu'elle ne me connaissait pas personnellement, elle ne connaissait pas ma vie, etc. Mais quand je m'étais dit que j'allais peut-être aller lui parler de mon projet, non pas pour la débaucher, mais pour savoir si elle avait quelqu'un à me recommander, etc. Elle quittait la librairie où elle était et donc je lui ai mis le grappin dessus. Pendant un an, elle a fait autre chose. Elle était libraire volante, c'était des gens qui se sont envoyés dans plusieurs librairies, etc. Et elle m'a rejoint. D'accord. Voilà. Et Morgane n'est pas que, je dirais, c'est pas qu'une libraire à la caisse, c'est quelqu'un qui a bossé trois mois avec moi avant l'ouverture du bon ton pour plein de choses. Voilà. Donc là, effectivement, c'était une période très, très dense au moment où on a eu, enfin, il y avait des travaux ici, mais nous, il fallait qu'on re-questionne notre stock. qu'on balance tous les bilans, les factures de tout ce qui s'était passé avant, parce que tu as le calcul de tous les dégâts, mais tu as le calcul de la perte d'exploitation. Hyper galère à négocier quand tu n'as pas trop d'ancienneté. Oui,

  • Audrey

    c'est galère.

  • Claire

    Donc, c'est sur des projections, mais les projections, il faut qu'elles soient quand même cohérentes, etc. Donc, beaucoup, beaucoup de boulot en attendant nos cours. Moi, c'était vraiment... Je m'étais tellement donnée... Notre école de musique était déjà complète, en fait, dès la première année. Donc, je me retrouvais avec 150 élèves sur les bras à qui les parents avaient dit Ah, tu feras de la musique, du hip-hop, machin, la rentrée. Et là, la semaine avant la rentrée, genre, et donc, moi, j'ai délocalisé tous mes cours. J'ai un centre d'art qui a délocalisé mes cours, donc, de la rentrée aux vacances de la Toussaint. Donc, on était sur plusieurs lieux.

  • Audrey

    Mais c'est quand même, enfin, c'est pas un miracle, mais c'est quand même incroyable que tu aies réussi à rouvrir si vite. Parce que finalement, t'as eu un mois et demi de fermeture. Ouais. Donc t'as eu beaucoup de désinscrits ?

  • Claire

    Non, zéro.

  • Audrey

    Donc c'est chouette ça.

  • Claire

    Et je peux te dire que j'ai eu des messages qui m'ont fait du baume au cœur, genre... Un papa, une fois, qui m'envoie un texto pour me dire Écoute, ta façon de rebondir est remarquable. Alors, encore une fois, vraiment, c'est grâce aux mecs de travaux, grâce à... Oui, la bonne équipe, quoi. Ouais. Mais, euh... Mais... Ouais, c'était... Pour moi, c'était mon premier but que les gamins aient leur cours. Ouais. Ça, c'était mon socle. Et après, on se démerde autour. Voilà.

  • Audrey

    À l'entrée en matière, quand même.

  • Claire

    Ouais.

  • Audrey

    C'est fou quoi.

  • Claire

    Après, il faut voir quand même le positif. Ça peut être une chance de faire une réimplantation six mois après l'implantation, parce que tu requestionnes sans te farcir du vieux stock que tu ne sais pas quoi faire.

  • Audrey

    Oui, tu n'auras jamais en plus vraiment pris le temps de requestionner, tu étais encore vraiment dans l'élan du début.

  • Claire

    Oui, et il y avait quand même des erreurs d'implantation que je pense qu'on fait tous. Ça m'a renforcé l'idée que j'avais envie de raconter des histoires, des sélections beaucoup plus fortes, etc. Donc on est parti, c'est là qu'Anne-Pascale a rejoint l'aventure. Et pour la réouverture, on a fait, on a joué la carte de la dérision, mais on a fait une vitrine pompier. Du coup, elle m'a fait des gros camions de pompiers, etc. Et c'est là qu'on a vu que vraiment raconter... Les forces sur les thématiques, aller à contre-courant de la nouveauté et raconter ce qu'on avait envie de raconter aux gens, c'est vraiment la force du bon ton. En fait, ça m'a apporté plein de choses, cette histoire. Et puis, ben... Mais tu sais, j'étais... Puisque... Alors, moi, j'aime pas du tout... J'aime pas du tout parler de... C'est-à-dire que je suis maman de jeunes enfants aussi, mais c'est quelque chose que, comme je suis plongée dans la petite enfance depuis toujours, je veux dire, c'est pas un projet qui s'est inventé avec la naissance de mes enfants. Mais par contre... C'est vrai que je dois dire que c'est une période qui est assez forte pour moi en tant que maman. Enfin, j'en garderai un souvenir très fort en tant que maman parce que souvent, on me disait mais comment tu le fais, etc. Et en fait, quand ça s'est passé, mon bébé avait un mois. Mais de toute façon, toute l'aventure du début du bon ton, c'est vrai que c'est quelque chose qui est très pour le coulier. En fait, la maternité m'a donné... On n'est pas d'amblice, mais l'idée, c'est que je ne sais pas. Je suis tombée enceinte par surprise. On était déjà en travaux. Au début, ça a été dur et tout. Et en fait, ça m'a donné une force, une confiance, un truc pour me protéger. Donc déjà, ça m'avait donné beaucoup de force et d'épanouissement au moment où j'ai ouvert le bâton. Et là, cet incendie... mon bébé avait un mois, je me rappelle j'étais sur l'autoroute avec mes trois enfants quand Morgane m'appelle et Vérissure me harcèle de messages etc et donc j'étais pas du tout à Paris et j'avais ma mère qui était sur Paris, je l'appelle en pleurs, je m'arrête sur une autoroute, je l'appelle en pleurs je fais le bon ton et en feu machin et ma Ma mère, le premier truc qu'elle m'a dit, ça peut paraître rude, mais elle me fait t'as des tout-petits, tu te reprends, pour eux tu te reprends, machin Parce que je leur faisais peur en fait. Et en fait j'ai pris sur moi. Et à partir de là, ça s'est passé, je me suis dit ok, j'ai mes tout-petits en fait, ils vont bien J'ai eu un peu un coup de sang quand je me suis dit qu'ils évacuaient l'immeuble. Mais au final... C'était que moi et l'immeuble et famille. Il faut remettre les choses aussi en place. Et après, dans toute cette période, j'avais quand même mon nouveau-né. Et je me suis accrochée, par exemple, ce que je n'ai pas fait pour les autres, je me suis accrochée pour l'allaiter. Et ça me faisait des pauses. À toutes les deux heures, je devais aller de toute façon l'allaiter. Et voilà. Donc, ça m'a vachement protégée. Voilà. Donc, on se dit qu'au final... C'est dur, la maternité avec les étapes de l'entrepreneuriat et tout ça. Mais moi, dans ce cas-là précisément, ça m'a beaucoup aidée, ça m'a beaucoup portée et ça m'a mis de la distance.

  • Audrey

    C'est chouette. C'est vrai que souvent, on a tendance à dire, oui, quand on a des enfants, en plus jeunes, il ne faut pas se lancer dans des projets pro aussi intenses. Je fais bien d'entendre des histoires.

  • Claire

    Mais il faut aussi voir que c'est des périodes où on... se rend compte de notre force c'est vrai que c'est la même chose on se rend compte de notre puissance et de notre résilience et c'est des périodes où on est touché par une grâce une énergie très particulière et je l'avais Pas tellement sentie pour mes premiers, parce que, enfin, je sais pas, mais en tout cas, le troisième, c'était assez net, qui m'a aidée plus que ça m'a posé problème d'avoir un nouveau-né dans cette période.

  • Audrey

    Ça t'a portée aussi dans le projet, quoi.

  • Claire

    Ouais, ça m'a complètement portée et il m'a pas du tout encombrée.

  • Audrey

    C'est cool.

  • Claire

    Ouais. Donc voilà, et on a rouvert le 20 octobre. Et depuis, écoute, pas tellement de grosses, grosses galères. Ça va mieux, ça fait un an que... Voilà.

  • Audrey

    Ouais, ça fait du bien aussi.

  • Claire

    Ouais, ça fait du bien. Non, non, ça fait du bien. Et voilà, donc... Et Prout Prout s'est lancé... S'est lancé à quoi ? Novembre, octobre... Novembre, décembre 2023.

  • Audrey

    D'accord, donc ça fait aussi une petite année que ça existe.

  • Claire

    Voilà.

  • Audrey

    Ok. Donc là, dans tes activités, on a la partie Libre et Jeunesse. On a la partie École de danse, École de musique. On a la marque Prout Prout. Et tu fais aussi du B2B ?

  • Claire

    Je fais un peu de B2B. Donc un peu de consulting pour des éditeurs. Et tu loues l'espace ? Je loue aussi l'espace, je loue la salle de danse, mais je le loue... C'est bizarre, je me sens à l'aise à louer qu'avec des gens, des musiciens. Je ne loue pas du tout pour des cours de yoga, des anniversaires. Non, pas d'anniversaire chez Le Bonton. Voilà, je retrouve là mon contact avec mon métier premier. C'est des musiciens qui viennent répéter, c'est des auditions de chanteurs, des choses comme ça.

  • Audrey

    Ok, et donc c'est quand même un business model qui est assez original, parce que tu as vraiment plein de sources de revenus qui sont différentes. Comment ça se répartit à peu près, tu dirais, ton chiffre d'affaires ?

  • Claire

    Effectivement, on a plusieurs sources de revenus. Ce qui nous... permet aussi de... On ne va pas se mentir de pallier au fait que la librairie, ce n'est pas génial comme marge. Donc, ça s'équilibre plutôt bien. Il paraît que c'est bordeur de faire des sources de revenus aussi différentes dans une seule entité. Bon, écoute, ça passe en compta, mais voilà. Et donc, pour l'instant, on est sur un gros 50-50. École de musique et... et librairie jeunesse. Tout ce qui est pour l'instant B2B et location de salle, je mets ça un peu en marginal pour l'instant. Mais par contre, la marge est plus importante en école de musique qu'en librairie jeunesse. Et école de musique principalement sur les événements du week-end. C'est là que ça nous permet de mieux vivre.

  • Audrey

    Et donc, c'est des formats d'abonnement ou du pas du ponctuel ?

  • Claire

    Alors, on a deux formats. En fait, on a École de musique la semaine, du lundi au vendredi. Tout ce qu'il y a de plus classique. Les enfants sont inscrits à l'année et reviennent toutes les semaines. Le week-end, on a des formats ponctuels que tu peux prendre qu'en one shot. Ok,

  • Audrey

    c'est intéressant.

  • Claire

    Voilà. Et en fait, l'idée, c'était que... Alors déjà, on s'adresse à un public de tout petit. Donc, l'engagement est parfois difficile, surtout pour les 0-3 ans. Et on a aussi, pour l'instant... qu'un seul lieu, donc on a beaucoup de gens qui viennent en dehors du quartier et puis il faut reconnaître que c'est aussi une nouvelle façon de consommer aujourd'hui les pratiques les expériences non matérielles de piocher un peu partout, donc ce week-end là on va faire telle activité, ce week-end là telle telle autre et on est aussi dans un quartier où où où il y a beaucoup de gens qui partent le week-end. Du coup, j'ai créé cette offre à l'unité. Mais comme je suis quand même un peu jusqueboutiste sur l'enseignement, on retrouve une grande régularité. Par exemple, l'éveil musical, c'est deux fois par mois, à chaque fois avec une thématique différente. Donc, les enfants peuvent revenir et ce n'est pas la même chose. Et on construit quand même quelque chose. En gros, toute l'année est un cycle où l'enfant qui vient à tous construit quelque chose. D'accord. Et l'enfant qui vient que à un se sent pas paumé au milieu d'enfants qui viendraient tout le temps. Ok.

  • Audrey

    Et côté du coup librairie, donc tu as fait cette formation pour avoir un peu les bases du bon libraire. C'est quoi les difficultés que tu peux rencontrer ou peut-être que tu as des conseils pour des gens qui ont envie d'ouvrir une librairie ou une librairie avec un espace à côté ? Je ne sais pas si tu as des apprentissages ou des retours que tu pourrais faire sur ce point-là ?

  • Claire

    Alors... Il faut savoir que libraire est un métier qui attire de plus en plus. Et il y a, historiquement, il y avait des masters de librairie, mais aujourd'hui, il n'y a qu'une seule école qui fait référence, c'est l'INFL, qui est à Maison-Alfort. Et il faut vraiment, vraiment passer par cette formation. Donc, ceux qui veulent vraiment être libraire, c'est-à-dire pas forcément créer ou reprendre une librairie, mais être libraire, il y a des... les brevets professionnels, les CAP et je ne sais pas quoi. Donc ça, c'est des formations de deux ans, trois ans. Et puis, tous les libraires aujourd'hui sortent de là. C'est-à-dire que se faire embaucher aujourd'hui, il y a des gens qui passent proposer des CV. Le libraire n'est pas un vendeur de boutique. Le libraire, c'est vraiment un métier spécifique parce que le libraire fait de l'achat, fait de la gestion de stock, etc. En librairie, ce n'est pas que le gestionnaire qui fait... les achats. Le libraire a une vraie place, en tout cas moi c'est aussi comme ça que je le conçois, mais a une vraie place dans la patte éditoriale du lieu, dans l'esprit du lieu. Et puis voilà, c'est un vrai métier. Il faut s'y connaître en histoire du livre, en plein de choses. Donc, il faut absolument passer par l'INFL. Et l'INFL a une formation professionnelle de création et de reprise de librairie. C'est absolument indispensable parce que quand tu ouvres tes comptes auprès des distributeurs, c'est si tu n'as pas fait l'INFL. Déjà, quand tu as fait l'INFL, on te dit encore une librairie qui se crée. Mais alors, si tu n'as pas fait l'INFL, c'est mort.

  • Audrey

    Tu es blacklisté.

  • Claire

    Voilà. Et quand t'appelles au début pour ta création de compte, tu racontes ta vie. Donc tu fais, voilà, moi je suis machin. Donc moi en l'occurrence, c'était, voilà, voilà mon parcours. Je suis aussi autrice jeunesse, ça m'a aidée à me faire valoir auprès des distributeurs. Et je collabore avec une libraire qui est libraire depuis dix ans, machin, nanana, qui a fait telle, telle, telle référence. Il ne faut pas croire que c'est ici aujourd'hui de devenir libraire. Et donc, j'ai fait cette formation. J'insiste vraiment dessus parce que pour moi, c'est important. On a l'air à la cool, on a l'air sympa, on a une image cool, etc. Mais on demande... Enfin, voilà, on s'est formé. Je ne demande que des gens qui sont très formés, etc. Ce n'est pas parce qu'on ne balance pas toujours notre CV que c'est hyper important pour moi. Il faut quand même, à un moment donné, faire les choses bien et arrêter de croire qu'on peut être autodidacte dans tout. Après, c'est ma vision des choses. C'est peut-être une vision un peu scolaire, mais il y a un moment, il faut apprendre aussi. Par rapport aux enseignements, il y a un truc qui m'a vraiment beaucoup servi. C'est tout bête, mais pour les libraires, ce n'est pas si évident que ça. Nous, on a une capacité de retour. Déjà, il faut comprendre tout ce système-là, le marché du livre. est un marché... On est des commerçants, mais on est là aussi pour défendre des plumes, des propositions artistiques, etc. Et donc, on a encore ce que n'ont pas eu les disquaires, et c'était ça qui les a accoulés. On a une capacité de retour. Alors, je ne connais pas bien comment ça se passe dans les autres pays du monde. Mais nous, c'est-à-dire que tu achètes, par exemple, tu te dis, moi, je veux défendre cet auteur. OK, il est un peu niche, mais si jamais je prends une pile de 10 et que ça ne marche pas, je peux la retourner. Alors, il y a des conditions générales de vente, il y a des exceptions, etc. On s'en fout.

  • Audrey

    Globalement, c'est comme ça.

  • Claire

    Globalement, c'est comme ça. Donc, dans cette formation, j'ai surtout bien compris ça. Mais surtout, ce qu'on nous a fait comprendre, c'est... arrêtez avec le mythe du libraire. Si vous, vous aimez ce livre, mais qu'il ne se vend pas, il y a un moment, vous arrêtez de vous accrocher, vous dégagez. Et donc, voilà, ça m'a donné des codes. Ce livre-là, il a le droit d'être en place entre trois et six mois. Sinon, il part. Tu as le stock âgé, le stock... Enfin, voilà. Donc, c'était surtout... On avait quelqu'un de vraiment super qui nous a... Ouais, qui enlève la vision artistique du livre. Enfin... Voilà, et qui te remet les choses en place. Après, moi, il y a un boulot que j'ai adoré. C'est, donc, quand tu penses ton local, tu, en fait, nous, la moindre étagère au bon ton, je sais son CA potentiel. Et donc, ça, c'était trop bien. Par exemple, donc, telle étagère, donc, tu as tant de mètres linéaires. Dans tant de mètres linéaires, mettons... tu mets 70 BD, 70 BD, coût moyen de la BD, hors taxe, achat, machin, c'est ça, prix de vente, truc, truc, c'est ça. Donc, mon CA potentiel de 7 étagères, c'est tant. Et donc, j'ai calculé toutes mes étagères, donc ça, c'est un travail, j'ai plongé Hélène dedans, l'architecte, c'est trop marrant, on calculait nos étagères et tout. Donc, en fait, je lui disais, alors là, je veux 20 cm, tant de linéaires, nanana. Et donc après tu calcules, tu dis alors cette étagère elle me fait pas assez gagner, celle-là machin, tu équilibres. Ok. Et alors c'est vrai que nous on a la chance d'avoir une épaisseur un peu type de BD, mais ça c'était vraiment un espèce de petit truc passionnant, de petit bricolage passionnant. Et alors à ce moment-là on avait des stages obligatoires et j'étais en stage dans une librairie et les nanas me regardaient genre... Moi, je n'ai jamais fait ça. Et pourtant,

  • Audrey

    je trouve ça... En fait, c'est l'optimisation de l'espace.

  • Claire

    Optimisation de l'espace. Et savoir que, en fait, tel coin, il n'y a pas assez de CA potentiel. Et donc,

  • Audrey

    ça donne des indications aussi quand tu fais tes chiffres de te dire... Ah ouais, bah là, peut-être que ce point-là, il est un peu trop mort. Comment je le redynamise ? Qu'est-ce que je fais ? Enfin, ça donne des outils de réflexion,

  • Claire

    quoi. Super intéressant. Et du coup, parce qu'on te dit, mettons, t'as un potentiel de 200 000 quartiers, tata, tata, t'as un potentiel de 200 000 de CA par an. Ok, bah ouais, mais... Il faut qu'en même temps, chaque étagère corresponde à ce potentiel. Parce que sinon, tu te plains de ne pas avoir le CA qu'on te disait que tu aurais. Mais si tu... Enfin, tu vois.

  • Audrey

    Ça permet de décomposer. C'est-à-dire que tu sais que tu dois faire tant de choses à faire dans ta boutique. Et de décomposer, ça rend aussi le truc un peu plus accessible, quoi.

  • Claire

    Exactement.

  • Audrey

    Ah bah en fait, déjà, si jamais j'aurais parti en 10 séquences, enfin en 10 endroits, 10 lieux dans la boutique, je peux traiter lieu par lieu, espace par espace. C'est vrai que c'est...

  • Claire

    C'est hyper intéressant. Et après, du coup, dans notre logiciel, c'est ventilé. Très bien ventilé par catégorie. Donc ça, c'est... Alors, je sais que toutes les librairies ne le font pas. Nous, on a été vraiment jusque boutistes là-dessus. On a les catégories, sous-catégories, etc. Ce qui nous permet de vraiment ventiler. Alors après, autant ranger dans les catégories. Maintenant, c'est tellement bien rangé que dès qu'un livre arrive, on le ventile et tout. Mais... c'est pas un boulot qu'on fait tous les jours non plus mais assez régulièrement on peut faire le point de tiens telle catégorie sous catégorie enfin zéro quoi tu vois donc ça nous permet de remettre en question c'est comme ça que par exemple là pour le coup c'était tellement un bit que on a pas eu besoin trop d'aller voir dans le logiciel mais par exemple les mangas nous qui sommes très très homologuée petite enfance, on n'était pas the place to be pour un gars et on en a viré beaucoup. On avait des incontournables, mais on a viré beaucoup. Et on a... On les a mis ailleurs, et on a cette étagère-là. Moi, je veux que chaque étagère et... C'est intéressant,

  • Audrey

    parce qu'on peut être hyper agile comme ça, en fait.

  • Claire

    Tu te sers et tu réagis vite.

  • Audrey

    Et comme tu as cette capacité de retour... Ça t'évite d'avoir un stock qui va te plomber et qui va te...

  • Claire

    Ah bah il faut pas.

  • Audrey

    Ouais c'est ça, tu peux être rapide et efficace quoi.

  • Claire

    Ouais exactement. Et ça c'est une cuisine que j'ai appris à l'INFL. Je sais pas si mes camarades de session l'utilisent, mais en tout cas moi c'est un outil qui à la fois je trouve hyper utile et qui m'amuse énormément. Cette petite cuisine d'optimisation me passionne. Et donc, voilà, j'ai appris ça. Et puis après, c'était beaucoup sur le parcours de vente. On a nos grandes idées, mais c'était sur le facing. Donc, tu sais, en librairie, c'est comment tu mets tes livres. Parce que quand ils sont tous rangés par tranches, voilà, donc tu mets en avant des livres. Mais après, tout se remet. Enfin, moi, je suis quelqu'un qui... Ça énerve Morgane, mais... des fois elle arrive, donc elle prend ses jours off le lundi, mardi, des fois elle arrive les rayonnages ont totalement changé parce que j'ai tout remis en question voilà je sais que je brainstorm pas mal avec une libraire qui elle n'a pas créé mais a repris une librairie à peu près en même temps que moi, donc Prédit Giverny la compagnie du livre et on... Enfin, tu vois, on échange vachement. Elle est là, oui, alors je me suis rendue compte que quand t'arrives et que t'es en zone chaude, à hauteur de vue, les romans première lecture, en fait, depuis, je vends des romans première lecture et tatata. Et du coup, c'est hyper intéressant. En fait,

  • Audrey

    c'est ça, c'est hyper intéressant, mais c'est pas toujours évident de réussir à faire un peu la pause et de regarder, observer les gens, comment ils agissent. Mais c'est indispensable parce qu'en fait, ça change tout, quoi.

  • Claire

    On vendait pas de romans, on vendait... pas de roman, à tel point que Morgane me disait mais moi j'en ai marre, je vais pas parce qu'un album ça va mais un roman, tu te tapes tout un roman pour au final pas le lire pas le conseiller, jamais le conseiller même personne te demande de quoi tu sois dessus enfin bon et un jour, bon, Marge brainstorm avec Aude de la compagnie Le Livre je me dis, voilà, qu'est-ce qui se passe je remets tout en question, je le vire tout je refais tout, là et ben on vend du roman c'est génial quoi et c'est...

  • Audrey

    il faut... Déjà c'est trop bien de pouvoir brainstormer avec des pairs parce que c'est ça qui te sort des fois de ton quotidien, de tes problématiques et qui te touche des yeux sur des choses auxquelles tu n'aurais pas pensé

  • Claire

    Il faut voir en fonction de toi

  • Audrey

    Comment je ferais moi ? Comment j'expliquerais là ? Comment je trouverais la cohérence si c'était chez moi ? Et donc là, par exemple, les romans, je me suis fait... Alors Morgane était là, c'est pas logique, c'est pas logique. Je vois pas la cohérence, je suis complètement perdue. Enfin, elle aime bien aller, mais c'est pour ça que je l'aime. Mais en fait, j'ai mis, moi, ma cohérence, et quelle est la cohérence du bon ton ? C'est de mettre en avant tout l'écriture française, nos grands auteurs français. On me parle tout le temps de Roald Dahl. Vous connaissez Roald Dahl ? Oui, je connais. Mais je ne vends pas Roald Dahl parce que tout le monde connaît, je n'ai pas d'intérêt à présenter ça. Et donc, j'ai fait une étagère littérature française classée plutôt par les grandes héroïnes sur l'ambition. Nous, on travaille beaucoup là-dedans, l'ambition féminine, les romans plus historiques, etc. J'ai mon étagère française, j'ai les premiers romans et puis après, j'ai tout ce qui est plus fantastique, des trades américaines, etc. C'était ma logique et visiblement... Comme c'est plus cohérent pour moi, c'est plus cohérent pour les gens. Mais remettre en question ces rayonnages tout le temps, tout le temps, tout le temps. Avoir, voilà, être entre la passion, ce qu'on a envie de raconter, mais que tout ait un sens de projection CA. Oui. Je pense. Oui,

  • Claire

    oui. Ressayer à faire la balance entre les deux, quoi.

  • Audrey

    Oui. Ok, ton étagère, elle est belle, mais quel est le potentiel CA de ton étagère ? Et par étagère.

  • Claire

    Et comment c'est lu et comment c'est approché par tes clients.

  • Audrey

    Oui. Voilà. Après... Je m'éloigne un peu de la formation INFL, mais pour prolonger ce qu'on est en train de se dire, je réfléchis vachement en ce moment au mindset des gens dans leur quotidien et quand ils rentrent dans une librairie jeunesse. Comment leur rendre service ? Comment répondre à leur mood du moment ?

  • Claire

    Je pense qu'il faut réussir à se mettre dans les baskets de ses clients et savoir qu'est-ce qu'ils attendent quand ils rentrent chez soi. pouvoir leur proposer ça et pas réussir à sortir de nous nos envies en tant que gestionnaire de cet espace il faut réussir à être vraiment changer de basket quoi et se dire qu'est-ce qu'ils attendent et du coup leur proposer ce qu'ils attendent mais c'est vrai que ça c'est un travail de questionnement, d'observation de discussion et d'ailleurs en parlant justement de clients de tout ça, ça me fait penser à cette histoire d'univers super fort que t'as créé Je pense qu'on rentre dans la boutique sans avoir regardé l'enseigne, on regarde vos communications Instagram, on sent le bon ton, on sait que c'est le bon ton. Donc ça déjà, c'est un sacré enjeu. Et je me demande comment est-ce que tu fais pour réussir à faire en sorte que ce soit durable, que ça continue d'infuser, et que ce soit un levier de... d'implantation de cette marque sur le long terme,

  • Audrey

    je sais pas si je suis claire ouais j'ai toujours voulu créer une marque Le Bonton je sais pas pourquoi, mais j'ai toujours voulu cette identité très forte, encore une fois le studio Link de DA m'a beaucoup aidée, après je crois que la DA la création d'univers c'est pas mon métier, mais c'est quelque chose que j'adore j'adore, voilà... Donc, après, je me pose beaucoup de questions. Je suis hyper vigilante. J'ai la chance, en fait, ça, je pense que c'est intéressant pour tout le monde, d'aller dans une déat très forte. Moi, je suis... Voilà. Mais, en fait, j'ai demandé à mes graphistes, qui faisaient partie du Studio Link, de me créer tout un tas de choses visuelles qu'ils m'ont mis... Je ne suis pas graphiste. Je sais vaguement me servir de Photoshop, mais bof. Et donc du coup aujourd'hui on a ce fabuleux outil qui est Canva. Alors attention Canva le problème c'est qu'on peut créer des choses ultra kitsch avec et se laisser aller à du moche. Mais en fait moi les graphistes m'ont implanté tous mes éléments dans Canva. D'accord. Et du coup maintenant je suis autonome avec ça et j'essaye de ne pas essayer de... de créer par moi-même, un truc de folie. T'as un brand book,

  • Claire

    t'as une image de marque, elle a été écrite, c'est un peu ta bible. Et maintenant tu suis le fil rouge, mais t'as cette autonomie pour continuer à alimenter cet univers et en faire quelque chose qui vive.

  • Audrey

    Voilà, et quand je sais que ça patine, je recrée des éléments en plus. Après, il y a un truc qui m'a fait quand même réfléchir, c'est que il faut continuer à parler aux gens, à être en connexion avec les gens et pas être... magazine. Donc il faut qu'il y ait une part d'imperfection. Et je me suis fait la réflexion parce que j'ai eu une super stagiaire graphiste qui était là trois mois l'année dernière. Et cette nana m'a fait des reels. canon, genre canon, tout bien, bien sous tous aspects, contrairement à moi qui fait mes trucs tout pourris avec des trucs mal raccordés, voilà. Et ils ont vachement moins bien marché en fait. Ouais. Et en fait, je me suis... Enfin, c'est une réflexion que je m'étais déjà faite avant pour d'autres trucs. Quand c'est trop lisse, quand c'est trop magazine, quand c'est trop bien fait, ça parle plus à la vraie vie des gens. Ouais. Et du coup, je chéris cette petite part d'imperfection sans que ça devienne moche. Il y a toujours un petit fil. Des fois, quand même, c'est moche.

  • Claire

    Peut-être que c'est authentique et que c'est ça que les gens aiment.

  • Audrey

    C'est authentique tout en respectant les gens, leur présentant une idée.

  • Claire

    Tu restes dans ton cadre mais on sent que c'est marketé mais ça reste humain.

  • Audrey

    Exactement. Et ça, on perd un petit peu quand tu vois les visuels de... ouf pour du vinaigre de cidre. T'es là... Je veux dire, quand je bois du vinaigre de cidre... Enfin, je sais pas.

  • Claire

    Non, mais en fait, c'est ça. Il faut réussir à à la fois ne pas être trop dans du bricolage, enfin en tout cas avoir un univers global, quel qu'il soit. Chacun trouve son univers. Mais il faut quand même qu'il existe pour réussir à sortir du lot. C'est hyper important. Pour toi, si jamais tu devais un peu résumer les ingrédients qui font le fait que la mayonnaise a pris, la mayonnaise de bon ton a pris, qu'est-ce que c'est ? Est-ce que ça, ça en fait partie ? Ouais.

  • Audrey

    Le ton. Et le ton, c'est pas pour rien que j'ai appelé ça le bon ton d'ailleurs, mais le ton, c'est quelque chose qui me porte énormément. Voilà, le ton, mais ça va être aussi comment on s'adresse au client, comment on dit bonjour, etc. C'est, je pense qu'une des grosses leçons dans ma vie, c'est un truc que j'y pense beaucoup en ce moment, Quand j'étais au conservatoire, j'avais tendance à... Moi j'étais le type d'élève qui se pose 10 000 questions et en fait quand je jouais et que je mettais un pain, je faisais une grimace. Et j'avais un prof qui me reprenait tout le temps pour ça en me disant, nous on est dans un métier de divertissement. Les gens sont là pour se faire plaisir, se détendre, aller écouter des belles choses. Tu peux pas leur mettre le doigt dans le caca en leur disant je me suis plantée, regardez c'est nul, et leur casser leur truc tu vois. Et je tiens vachement à ça parce que quand on va dire bonjour, quand on va accueillir le client, je t'avais parlé quand on avait préparé du personnage de commerçant.

  • Claire

    Oui, c'est hyper intéressant.

  • Audrey

    C'est hyper important, le personnage que tu crées. Et je trouve qu'en ce moment, c'est un peu... Enfin, en ce moment, depuis quelques années, et notamment avec Instagram, je trouve qu'on se laisse aller à la plainte, à déballer un peu trop nos vies. et en fait tu sors de ton personnage. Moi évidemment, la claire que je suis sur mes présentations insta, je suis là l'autre jour j'ai quelqu'un qui m'a dit, pour être transparente, je voyais ma psy à qui je disais que j'étais complètement au bout du rouleau et que ça n'allait pas du tout. Bref on fait la séance et à la fin elle me dit oui je regarde de temps en temps, c'est très sympa. Et donc, je suis contente parce que ce contraste est là. C'est pas parce que... Mais je vais pas vous plomber avec la nuit de merde que j'ai passée avec mon bébé qui a fait une otite. En fait, les gens, ils ont pas à savoir ça. Moi, je considère que je suis dans mon personnage d'artiste. Morgane est dans son personnage d'artiste. Elle est pas comme elle est là dans la vraie vie. On est des artistes, des commerçants en présentation. Et ça, je pense que ça fait aussi la mayonnaise.

  • Claire

    C'est un peu... Genre un personnage un peu théâtral, en fait. Oui. Le matin, t'arrives et tu mets ton costume de commerçante.

  • Audrey

    Exactement.

  • Claire

    et tu proposes le divertissement le conseil etc qui est en fait ton taf parce que mon taf c'est de mettre de divertir on rentre parce qu'ils ont envie de passer un bon moment d'avoir une expérience positive avec quelqu'un qui va leur apprendre des choses et ils appuient chaleureusement je suis maman de trois enfants donc il y a de l'identification parce que c'est naturel mais

  • Audrey

    je dis voilà moi mes enfants ont adoré mais ça termine là ouais ouais Point barre. Mes problèmes, mes angoisses et tout ça, c'est pour la maison. Ce n'est pas dans mon travail. C'est pas un événement important pour toi. Aussi, quand tu te rends compte que tu es dans une boutique où souvent le gérant de la boutique n'est pas la personne en front derrière la caisse, c'est élégant de se rendre compte que cette personne-là, ce n'est pas une personne interchangeable. C'est une personne à qui on crée, qui se crée aussi petit à petit son personnage. qui n'a pas à être un clone du patron, mais qui est quelqu'un qui est là, qui est important, et qui ne s'emmerde pas, qui a sa vraie place ici. Voilà. Morgane, c'est quelqu'un que j'essaye de mettre en scène sur Instagram, notamment. Mais ce n'est pas la Morgane, c'est la vraie Morgane, parce que Morgane est comme elle est. Mais c'est le personnage de Morgane. Et les clients adorent Morgane, les clients connaissent Morgane. Morgane est une entité de la...

  • Claire

    Mais c'est comme tu disais tout à l'heure, moi je pense que les clients s'attachent énormément à leurs commerçants. Et c'est aussi une des raisons de déplacement et des visites en boutique. Ça va être le contact avec son commerçant. Et tout à l'heure tu disais, tu allais typiquement dans cette librairie parce que Morgane était là. Et que parfois quand on est à la tête de sa boutique, qu'on est commerçant, qu'on est dans les mille galères, qu'il y a tel logiciel qui ne veut plus marcher, qu'il faut faire les achats, qu'on doit recruter... On est dans ce rôle-là et dans ce travail-là de gestionnaire. Et parfois, c'est vrai qu'on a tendance à oublier à quel point les gens qui vont passer la porte, ils ont besoin et envie de pouvoir s'attacher et discuter avec son commerçant. Parce qu'eux, ils ne nous voient pas comme cette personne qui doit gérer milliers de trucs. Ils nous voient comme la personne qui les accueille et qui leur... fait découvrir des nouveautés.

  • Audrey

    Le truc, c'est que le client lui aussi, il a Jérémy Lémy le truc, et ce qui vient là, c'est aussi pour changer les idées et pas prendre ton bagage à toi. Exactement. Et le truc, c'est qu'aussi, il y a beaucoup de turnover en boutique, des gens qui sont malheureux, ça se voit. Enfin, je ne sais pas, il y a une librairie, pour ne pas les citer, à Aix, en Provence, quand je rentre. Mais c'est un gag, quoi. Ils sont toujours en train de se plaindre de leurs conditions de travail. Mais devant les clients, comme ça, ouvertement, etc., ils se font yesh, quoi. Et en fait, je me dis, mais tu peux faire n'importe quel boulot. En fait, ça dépend la manière... C'est la manière dont on le fait qui...

  • Claire

    L'énergie qu'on va y mettre.

  • Audrey

    Voilà. Et c'est un vrai travail. Moi, c'est une des choses qui me passionne le plus au bon ton. Cette co-travail avec Morgane. de voir comment elle aussi, je peux la faire grandir, la faire blooming. C'est pas drôle. Ouais. Et comment elle prend sa place et qu'elle fasse plaisir aux clients, mais elle aussi, elle se fasse plaisir et qu'elle se fasse... Voilà. Je ne sais pas si je suis claire, mais je trouve que ça, c'est vraiment important. Moi, j'entre trop souvent dans des commerces où... Où on sent que le vendeur a soit rien à foutre là, soit est malheureux, soit s'ennuie, soit a la flemme d'eux.

  • Claire

    C'est vrai que c'est pas facile d'être tous les jours en pleine énergie et de donner le meilleur de soi quand on sent que... Comment tu fais toi quand t'arrives que c'est les journées où... Tu vois ce genre de journée où t'as pas trop envie de parler aux gens mais en même temps il faut que tu fasses du chiffre d'affaires. ou t'as pas trop l'énergie, comment tu fais pour réussir à aller contre et mettre ton costume de Claire, la super libraire, la super chef d'entreprise, tu vois ? C'est ça, c'est un peu difficile je trouve parfois, quand tes semaines sont dures quoi.

  • Audrey

    Je sais pas, je... Alors là j'arrive pas à répondre... A ta question parce que je... Déjà je pense que je suis très habituée à être plutôt un personnage... Ouais. Enfin... Voilà. Et d'autre part, quand même, j'ai justement Morgane en duo.

  • Claire

    Ouais c'est ça qui est bien quand tu travailles en équipe effectivement.

  • Audrey

    Ouais.

  • Claire

    Faire un ping-pong en fonction de comment les gens se sentent.

  • Audrey

    Oui. Oui oui. Ouais.

  • Claire

    C'est pour ça que c'est aussi bien de s'entourer quand on est tout le temps tout seul en boutique. Au bout d'un moment, c'est vrai que ça peut être lourd. Et d'avoir quelqu'un avec qui...

  • Audrey

    Après, en vrai, quand c'est lourd... c'est qu'il faut réanimer quelque chose.

  • Claire

    Ouais.

  • Audrey

    Tu vois, j'avais... J'ai eu un petit moment off. Je me suis plantée sur ma sélection de rentrée. Parce que comme je sortais un lit... sur la musique, j'ai fait une sélection de musique. Franchement pourquoi une sélection de musique en septembre ? Enfin je veux dire on s'en fout. Mais tout était raté dès la base. Tu vois quand j'ai briefé Anne sur la vitrine, j'étais là je sais pas trop, là je vois tata. C'était pas clair. Je suis rarement comme ça. Là c'était pas clair, c'était patiné. En plus on n'a pas reçu les livres, la vitrine est arrivée dans le 19e. Enfin bon. Tout était raté. Et ça a patiné, ça a patiné. Et moi, je perdais mon... Un peu là, ouais, bon. Et puis on a fait un mauvais mois de septembre. Enfin, on n'a pas progressé sur septembre, voilà. Et puis, il y avait cette vitrine que j'avais vraiment hâte de mettre en place. Sur Plikplok, c'est une vitrine, j'en parle à Anne depuis le mois de mai. Voilà, je voyais les grosses gouttes, le côté très graphique, etc. Moi, dans ma tête, tout part toujours de... de l'image dans ma tête. Enfin, je visualise les couleurs et tout ça. Et puis, alors nous, on est au courant, minimum trois mois avant des sorties livres. Du coup, on se projette. Donc, je savais qu'il y avait des très jolis livres, très sensoriels, plein de choses. Donc,

  • Claire

    pli-pli-pli, là, on parle de la pluie, quoi. En gros, thématique...

  • Audrey

    Pluie, automne, mouillée,

  • Claire

    eau,

  • Audrey

    voilà. Je fais attention aux traits sensoriels que ça convoque absolument tous les sens. Et donc, j'ai mis cette vitrine en place. Là, j'étais beaucoup plus animée. Et moi, ça me donne de l'énergie. Les gens arrivent... Enfin, ça marche très bien depuis la mise en place de cette nouvelle thématique. Donc, c'est quand tu commences à te faire un peu chier...

  • Claire

    C'est un signal que...

  • Audrey

    C'est peut-être un signal qu'il faut réenchanter un peu le truc et raconter une nouvelle histoire. C'est pas juste...

  • Claire

    toi qui est un peu fatigué ou quoi et ouais ouais c'est peut-être qu'il faut en tirer à une collab avec un ouais réfléchir à rentrer à nous un événement entre nouveaux produits refaire son maire c'est peut-être aussi effectivement signal de si jamais je ressens ça je peux pas donner autre chose à mes clients donc il faut peut-être que je me vois je me remette en mouvement sur quelque chose que je retrouvais un peu la flamme sur quelque chose et comme ça je pourrais transmettre

  • Audrey

    Et quand même, moi, je crois vachement en l'énergie. Alors, ça peut paraître... En plus, je ne suis pas du tout une nana holistique ou je ne sais pas quoi. Mais je me suis rendue compte. J'ai écrit, comme j'ai beaucoup écrit, et notamment des newsletters. C'est très étonnant. Quand tu écris, tu as quand même une formation professionnelle. Donc, quand tu... Quand tu dois écrire une newsletter, tu l'écris. Et soit ça te fait chier, vraiment, t'as la flemme, le sujet t'intéresse pas et c'est poussif. Mais au final, elle est là, elle est correcte et tout. Et puis des fois, tu le fais avec plaisir, etc. Mais ça va pas marcher pareil. C'est quand même un truc de dingue. Et en fait, même si les gens n'étaient pas là... Quand on a brainstormé avec Anne sur la vitrine, etc., même s'ils n'étaient pas là ce soir où j'ai fait ma sélection de livres, même s'ils n'étaient pas là quand je les ai reçus, que je les ai lus et que j'étais super contente, etc., il y a quelque chose.

  • Claire

    Oui, il y a un truc qui se crée, une sorte de petite magie qui opère.

  • Audrey

    Oui. Et du coup, si toi tu n'as pas l'énergie, il faut absolument, urgemment réenchanter le truc. pour que cette énergie passe auprès des gens.

  • Claire

    Oui, mais je pense que les clients, ils le sentent vraiment.

  • Audrey

    Ils le sentent ?

  • Claire

    En 10 années de boutique, ça se voit tout le temps.

  • Audrey

    C'est très étonnant.

  • Claire

    Oui, c'est fou.

  • Audrey

    Oui. Et c'est vraiment de l'impalpable, de l'énergie. Ils le sentent,

  • Claire

    quoi. Oui. De toute façon, en un clin d'œil. Oui. Je pense que même sans regarder le commerçant, en rentrant dans la boutique, tu peux ressentir un peu l'ambiance. L'état d'esprit, ce qui se passe.

  • Audrey

    Voilà. Mais après, il faut toujours se rappeler que c'est ton métier et tu n'as pas le droit, tout comme un interprète n'a pas le droit de se merder sur scène et de faire des grimaces. Voilà. Toi, tu n'as pas le droit de perdre de l'énergie quand tu es là pour divertir et faire du bien aux gens. Oui,

  • Claire

    c'est intéressant de le voir comme ça. C'est marrant, c'est justement ton parcours avec la musique. Cette interprétation de la musique te permet d'avoir cette vision un peu plus théâtrale et spectacle du commerce. Et c'est vrai que je ne l'avais jamais vraiment abordé comme ça, comme un spectacle qu'on propose. Mais c'est hyper intéressant. Il y a un sujet qu'on n'a pas trop évoqué, pourtant c'est quand même au cœur de ce que tu proposes, c'est ta clientèle qui sont les enfants, cet univers kids. C'est vrai que c'est quand même assez particulier parce que tu as des clients qui sont à la fois les parents et les enfants, tu dois parler à tout le monde, ils ont des attentes très différentes. Comment c'est de travailler dans cet univers-là ? Parce que je sais aussi que c'est des choses que les gens... Tout à l'heure, on disait que la librairie, c'est un peu... On romantise un peu la librairie, tout le monde s'imagine derrière son comptoir à vendre des livres avec l'automne au dehors, un peu comme dans les films américains. Travailler auprès des enfants, créer des espaces où on accueille les enfants, les parents, c'est aussi quelque chose qui peut faire vibrer, qui peut donner envie. Comment c'est dans la vraie vie que d'évoluer dans cet univers-là ?

  • Audrey

    C'est vrai qu'on donne peut-être l'image que, voilà, au bon temps, c'est mignon, on s'amuse beaucoup. C'est vrai qu'on s'amuse parce que nous, nos discussions avec Morgane, c'est est-ce qu'on prend le livre du tyrannosaure qui a une carie ? Mais en fait, c'est beaucoup, c'est beaucoup de... C'est très, très dur comme public. Il ne faut pas croire que... que c'est que de l'amusement, que c'est que du mignon, que travailler dans l'enfance c'est choisir la veilleuse terracotta, voilà. C'est très dur, les parents sont très exigeants sur l'encadrement de leurs enfants. Je sais que ça fait rêver, j'ai beaucoup de gens qui viennent me rencontrer parce qu'ils veulent ouvrir un kids club, etc. C'est pas quelque chose qui s'invente de travailler dans l'enfance, il faut être extrêmement vigilant, il faut... Il faut être formé. Voilà, c'est fascinant, mais c'est extrêmement sensible. Et c'est particulièrement un domaine où il faut être solide. Parce que quand un parent vient nous reprocher ça ou ça ou ça, il faut avoir quelqu'un en face qui peut lui dire, c'est ça qui s'est passé. Et je pense que parmi les ingrédients qui font que le bon ton, ça marche correctement, c'est vraiment de... qu'on se rend compte qu'il peut y avoir des déconvenues, etc., des fois, mais il y a quelqu'un en face qui sait pourquoi il fait les choses et qui est solide. Et attention, ça, c'est très dur, même moralement, de toujours avoir une... Enfin, d'être solide,

  • Claire

    quoi. On va finir cet épisode qui est méga dense par peut-être nous dire un peu quelles sont les prochaines étapes pour le bon ton. les enjeux actuels et où est-ce que tu veux mener ta barque ?

  • Audrey

    Alors mon enjeu actuel c'est clairement moi j'ai le rêve d'en ouvrir d'autres mais la question c'est le financement et surtout d'arriver à trouver l'équilibre entre le financement et garder la magie très sensible qui est propre au bon ton donc pour l'instant je n'ai pas trouvé cet équilibre là donc il ne faut pas que je me précipite mais c'est... C'est en train de bouillonner. Et puis, évidemment, sur des questions un peu moins glamour, le développement du B2B, puisque je m'apprête à avoir deux gros challenges en B2B. Un pour coacher sur l'éveil de l'enfant dans un réseau de crèche important et puis l'autre plutôt dans l'édition. et puis à titre personnel c'est vrai que j'écris des livres et que je me fais de plus en plus plaisir et je suis de plus en plus moi dans ces projets là ça ne rapporte absolument aucun sou mais c'est aussi je

  • Claire

    continue à créer aussi comme ça ok et je voulais finir cet épisode sur des questions un peu différentes est-ce que tu aurais des boutiques que tu aimes particulièrement ou justement l'énergie te porte à nous conseiller

  • Audrey

    Alors, c'est vrai que je vais très peu en boutique. Je crois que tu les avais rencontrées, mais évidemment, clin d'œil, c'est une source d'inspiration. Parce que pour moi, c'est des nanas qui ont beaucoup d'expérience et qui sont solides, qui sont dénicheuses, qui ont une patte très forte aussi. Après, il y a des librairies où j'aime beaucoup aller. Je suis très admirative de ICI Librairie. Parce que c'est extrêmement sobre, mais c'est des nanas qui ont créé un espace. C'est une librairie indépendante, mais c'est un espace énorme au Grand Boulevard. Donc j'aime beaucoup, beaucoup cette boutique. Et si, rien à voir, mais je suis assez admirative de deux personnes au niveau de la création de l'univers. on peut pas dire, c'est Lisa Gachet pour Make My Limonade même si je ne porte pas forcément les vêtements Make My Limonade, je suis ultra admirative parce que voilà c'est une personne qui a un personnage, elle est très très forte, elle a une vision et j'aime beaucoup aussi les boutiques Oh My Cream parce que pareil vraie vision voilà typiquement on a un univers fort, on transige sur rien. l'accueil client c'est quelque chose alors là ça c'est un peu assoupli mais à l'époque elles avaient même le dress code etc donc ça c'est des premiers exemples pour moi et j'aime bien aller les voir et puis c'est vrai qu'on parlait de l'expérience client mais tu rentres là-dedans tu te sens privilégiée tu te sens écoutée tu te sens voilà il y a un truc premium dans l'histoire que j'aime bien...

  • Claire

    Ok. Avant-dernière petite question. Est-ce que tu aurais trois livres jeunesse à nous recommander, tes petits favoris qu'il faudrait absolument avoir dans la bibliothèque pour nos enfants ?

  • Audrey

    Oui. Alors, pour la naissance, absolument, tu vois le jour chez Helium de Laurent Moreau. C'est un livre accordéon en noir et blanc. Moi, c'est un livre qui me marque particulièrement parce que... En fait, tu le mets autour du tapis allongé ou du tapis d'éveil. Moi, je l'avais mis autour du berceau de mon bébé à la maternité. Et en fait, c'est étonnant parce que ça fascine les enfants dès le... des nourrissons. Et moi, mon bébé regardait comme ça, ça me permettait d'aller prendre ma douche. Et là, j'ai une grande illustratrice qui s'appelle Stéphie Brocoli. Ah, j'adore. Oui. Elle m'a envoyé une photo de sa petite qui a quelques semaines là, qu'elle a acheté sur nos recommandations, ce Leporello. Donc le Leporello, c'est un livre accordéon pour sa petite. Et on voit la petite qui veut comme ça, avec ses petits pieds qui avancent et tout. C'est complètement fascinant. Et là, tu comprends pourquoi le livre dès la naissance. Donc ça, c'est hyper important. Là, j'ai envie de te dire après, si tu passes un cap, On saute jusqu'à la maternelle et là j'ai envie de te conseiller les trois petits poursauts ou globalement la collection à petit peu ton chez Didier Genest. Pourquoi je te parle de ça ? C'est parce que c'est un peu mon challenge de l'année. Didier Genest est un éditeur qui est fascinant mais qui a... qui parle plus aujourd'hui à des instituteurs qu'à des parents parce qu'au niveau graphisme, il s'intéresse aux enfants, à ce qui va marcher chez les enfants, et moins aux codes actuels, etc. Et en fait, c'est des livres exceptionnels au point de vue sensoriel, texture, et c'est des livres qui ont été écrits par des conteurs professionnels qui savent raconter. Et donc, c'est des livres qui sont faciles à raconter pour les parents, pour y mettre tout de suite le ton.

  • Claire

    D'accord.

  • Audrey

    Et voilà. Et donc, les trois petits pourceaux, c'est évidemment l'histoire des trois petits cochons, mais avec un loup trop marrant. Donc, je conseillerais ça. Et si je devais aller pour les un peu plus grands, je conseillerais les... Alors, tu me poses la même question demain, je te conseille d'autres livres. Mais là, je pense aux Incroyables, qui est un livre très grand format de Clotilde Perrin à l'École des loisirs. Et les Incroyables, en fait, tu as une double page. ou une page, je ne sais plus. Et en fait, c'est un livre passionnant parce que tu as des profils. Par exemple, tu as l'enfant vert et donc tu as un dessin de l'enfant tout en vert. Et c'est caricatural, mais ça parle des profils psychologiques de tout le monde. C'est un livre qui est fascinant, qui fait beaucoup réfléchir les enfants. Et je rajoute une quatrième recette, puisque c'est moi, je ne peux jamais m'arrêter. Et là, je passe carrément pour les plus grands à partir du collège. Je conseille vraiment, nous traverserons les orages de Anne-Laure Bondou chez l'école des loisirs. Pourquoi ? Parce que je pense qu'à l'époque actuelle, le devoir de mémoire est particulièrement important sur qu'est-ce qui s'est passé dans notre histoire les 100 dernières années, qu'on a un peu... Trop tendance à oublier. Et en fait, elle retrace l'histoire d'une famille sur un siècle de 1914 à 2014. Donc ça commence à la veille de la Première Guerre mondiale. Et cette famille, il y a les pertes avec les guerres, il y a l'antisémitisme, il y a... Plein de problèmes de famille, il y a des problèmes perso et des problèmes historiques globales. Il y a le sida, il y a tout ce qui s'est passé et comment une famille a été confrontée à ça. Avec ses moments joyeux et ses moments terribles. Et c'est un livre qui, pour moi, devrait être lu. Il est sorti l'année dernière et ça devrait être lu dans tous les collèges, lycées, à la place des espèces de trucs qui saoulent tous les enfants. Et voilà.

  • Claire

    Ok, trop chouette. C'est bien pour tous les âges, c'est cool.

  • Audrey

    Voilà, je t'ai fait bébé, maternelle, primaire, collège. Voilà,

  • Claire

    nickel. Et donc la dernière question, je voulais aussi avoir tes recos, plutôt musique, pour les enfants. Qu'est-ce qu'on peut leur faire écouter qui soit un petit peu différent, qui les mette en contact avec la musique et que ce soit des moments chouettes à partager avec eux ?

  • Audrey

    Ok, alors là je vais complètement t'étonner, mais on me demande, on me pose souvent cette question, et en fait le meilleur réveil musical pour l'enfant... c'est de chanter pour son enfant. C'est pas de lui faire écouter machin. C'est déjà de chanter pour son enfant. Ça, ça se perd totalement. Donc, le répertoire des comptines pour enfants. Idéalement, se munir de livres comptines pour avoir un support, parce que souvent, on a oublié les paroles, etc.

  • Claire

    C'était lointain.

  • Audrey

    Voilà, c'est lointain. Et aussi, on a l'impression qu'on est moins con quand on a un support livre.

  • Claire

    C'est vrai que quand on n'a pas la voix...

  • Audrey

    chanter, il s'enfonce. En fait, c'est tellement important pour lui le genre adressé, parce que ça lui fait un choc multisensoriel, notamment quand il y a le livre avec, parce qu'il va entendre chanter, donc il y a le son, mais en plus il y a l'émotion de ta propre voix, du moment que tu passes avec lui, de ce moment accordé avec lui. En plus qu'il va voir le livre, et en même temps, tu peux notamment sur le travail de Didier Jeunesse la collection Pirouette que les parents trouvent moche mais qui sont hyper bien parce que c'est du collage de matière il va y avoir du trompe-l'œil donc l'enfant va avoir envie d'attraper le livre. Donc ça c'est vraiment mais déjà commencer par ça quoi. Il y a un truc fascinant c'est que l'enfant tu sais il y a une vieille légende, tu vas me dire que je suis trop longue, mais il y a une vieille légende qui dit qu'un empereur chinois s'était fait peindre une fresque avec une cascade sur un mur. Et que finalement, il avait demandé d'enlever cette fresque parce que le bruit de l'eau le gênait. Et en fait, c'est ça, les enfants ont une capacité de projection bien plus grande que la nôtre. Et ils sont capables de sentir l'odeur du feu en voyant une image de feu, etc. Et donc, il y a aussi la sensation. Et un beau livre, c'est un livre qui convoque tous les sens. Parce que chacun va avoir un cerveau codé pour... pour prendre tel ou tel sens particulièrement. Donc, commencer l'éveil musical par lire avec un album comptine au tout petit. Après, un peu plus grand, c'est les albums CD. Alors, je sais que le CD se perd, mais en fait, ce n'est pas une excuse parce que la plupart des albums CD, ils sont sur Spotify, YouTube, etc. Donc, moi, je me les mets sur mon iPhone et il y a les pages du livre avec. Donc, souvent... Je continue avec Didier Jeunesse, mais aussi Gallimard Jeunesse, Gauthier Langreau, on fait des très beaux livres-disques, c'est bien pensé, c'est par des gens qui connaissent l'enfance, etc. Après, tu leur mets à dispo une petite malle d'instruments où ils expérimentent par eux-mêmes l'astronorité, etc. Tu valorises leur création en disant Ah, mais c'est pas magnifique, ou je sais pas quoi, tu te mets pas à avoir du second degré, mais voilà, c'est... Dis donc, c'est intéressant. Là, tu fais très, très fort. Là, tu ne fais pas fort du tout. Voilà. Déjà, c'est le premier réveil musical. Et après, il ne faut pas se forcer à aller sur telle ou telle musique. L'enfant, ce qui est important pour lui, c'est de voir aussi... Il ressent beaucoup de choses à travers le regard du parent. Donc, si le parent... L'enfant sent que c'est vendredi soir et le parent est en train de se faire son petit apéro avec une musique qu'il aime bien. En fait, c'est ça qui va marquer l'enfant. qu'est-ce qu'on s'en fiche que je sais pas quoi.

  • Claire

    Qu'il écoute Mozart ou je ne sais pas. Ouais.

  • Audrey

    Et Mozart, Mozart, on va en parler. La perception rythmique, encore chez Mozart ça va, mais c'est pas évident pour un tout petit petit. Tu vois ? Autant un gros hip-hop, ça lui fait percevoir la pulsation, etc. Donc aller vers ce qu'on aime bien et surtout chanter, chanter, chanter.

  • Claire

    En fait, partager des moments avec eux autour de la musique et qu'ils voient aussi qu'on apprécie ça et que c'est chouette.

  • Audrey

    ouais je crois qu'on en fait on est comme ça chaque parent on peut pas inventer autre chose chaque parent transmet ce qu'il a en lui il faut pas essayer de se forcer à être autre chose je suis pas une sportive de haut niveau quoi que mais non non on transmet ce qu'il nous fait et euh Et se forcer toujours à faire des activités, machin...

  • Claire

    Oui, de toute façon, ils sentent quand on fait des choses avec envie ou pas. Oui. Comme je disais tout à l'heure, les gens, quand ils rentrent dans la boutique, ils sentent l'ambiance. Les enfants, ils sentent encore mieux.

  • Audrey

    Exactement. Donc, l'enfant qui va se faire remarquer que ses parents, ils ont telle playlist en commun, qu'ils se font du bien, qu'ils arrivent à se détendre à ce moment-là ou qu'ils se mettent à chanter. Voilà, c'est ça qui est important. C'est ça. On veut créer des gamins, on s'en fout qu'ils deviennent violinistes plus tard, on veut créer juste des gamins qui prennent du plaisir, qui bénéficient de la musique comme espace d'évasion.

  • Claire

    Ok, super. Bon bah, y'a plus qu'à.

  • Audrey

    Voilà, y'a plus qu'à monter tout ça. C'est parti.

  • Claire

    Merci beaucoup, c'était très cool.

  • Audrey

    Avec plaisir.

  • Claire

    Et je te souhaite plein de bonnes choses.

  • Audrey

    Merci.

  • Claire

    A bientôt. A bientôt. Ciao.

  • Audrey bis

    Et voilà, j'espère que cette interview vous a plu. Merci pour votre écoute. Si vous souhaitez soutenir l'arrière-boutique, vous pouvez laisser 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute et le partager à celles et ceux que ça pourrait intéresser. Ça m'aide énormément à rendre le podcast visible. Donc un grand merci. Si vous ressentez le besoin d'un accompagnement personnalisé pour avancer sur vos projets, que ce soit pour le lancement d'une boutique, d'une marque ou pour toute ce stratégie commerciale, n'hésitez pas à jeter un œil à mes op'sur mon site l'arrière-boutique.fr ou à me contacter. Je propose des accompagnements sur mesure qui vous aideront à surmonter vos blocages et à atteindre vos objectifs. Pour ce qui est du podcast, on se retrouve dans deux semaines pour un nouvel épisode. Bonne journée !

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