Speaker #0ne l'ont pas laissé durer longtemps. Déterville m'a avoué qu'il avait résolu de me cacher le jour de ton arrivée afin de me surprendre, mais que mon inquiétude lui faisait abandonner son dessin. En effet, il m'a montré une lettre du guide qu'il t'a fait donner et par le calcul du temps et du lieu où elle a été écrite, il m'a fait comprendre que tu peux être ici aujourd'hui, demain, dans ce moment même. Enfin, qu'il n'y a plus de temps à mesurer jusqu'à celui qui comblera tous mes voeux. Cette première confidence faite D'Eterville n'a plus hésité de me dire tout le reste de ses arrangements. Il m'a fait voir l'appartement qu'il te destine. Tu logeras ici jusqu'à ce qu'unis ensemble, la décence nous permette d'habiter mon délicieux château. Je ne te perdrai plus de vue, rien ne nous séparera. D'Eterville a pourvu à tout et m'a convaincu plus que jamais de l'excès de sa générosité. Après cet éclaircissement, je ne cherche plus d'autre cause à la tristesse qui le dévore que ta prochaine arrivée. Je le plains. Je compatise à sa douleur, je lui souhaite un bonheur qui ne dépend point de mes sentiments et qui ne soit une digne récompense de sa vertu. Je dissimule même une partie des transports de ma joie pour ne pas irriter sa peine. C'est tout ce que je puis faire, mais je suis trop occupé de mon bonheur pour le renfermer entièrement en moi-même. Ainsi, quoique je te crois fort près de moi, que je tressaille au moindre bruit, que j'interrompe ma lettre presque à chaque mot pour courir à la fenêtre. Je ne laisse pas de continuer à écrire. Il faut ce soulagement au transport de mon cœur. Tu es plus près de moi, il est vrai, mais ton absence en est-elle moins réelle que si les mers nous séparaient encore ? Je ne te vois point, tu ne peux m'entendre. Pourquoi cesserais-je de m'entretenir avec toi de la seule façon dont je puis le faire ? Encore un moment et je te verrai, mais ce moment n'existe point. Et puis-je mieux employer ce qui me reste de ton absence qu'en te peignant la vivacité de ma tendresse ? Hélas ! Tu l'as vue toujours gémissante ? Que ce temps est loin de moi ! Avec quel transport il sera effacé de mon souvenir ? Asa, chère Asa, que ce nom est doux ! Bientôt je ne t'appellerai plus en vain. Tu m'entendras, tu voleras à ma voix. Les plus tendres expressions de mon cœur seront la récompense de ton empressement. On m'interrompt. Ce n'est pas toi et, cependant, il faut que je te quitte. Lettre 34. Au chevalier d'Etherville, à Malte. Avez-vous pu, monsieur... Prévoir sans repentir le chagrin mortel que vous deviez joindre au bonheur que vous me prépariez. Comment avez-vous eu la cruauté de faire précéder votre départ par des circonstances si agréables, par des motifs de reconnaissance si pressants, à moins que ce ne fût pour me rendre plus sensible à votre désespoir et à votre absence ? Comblée il y a deux jours des douceurs de l'amitié, j'en éprouve aujourd'hui les peines les plus amères. Céline, toute affligée qu'elle est, n'a que trop bien exécuté vos ordres. Elle m'a présenté à Zah d'une main et de l'autre votre cruelle lettre. Au comble de mes voeux, la douleur s'est fait sentir dans mon âme. En retrouvant l'objet de ma tendresse, je n'ai point oublié que je perdais celui de tous mes autres sentiments. Ah, d'Etherville, que pour cette fois votre bonté est inhumaine ! Mais n'espérez pas exécuter jusqu'à la fin vos injustes résolutions. Non, la mer ne vous séparera pas à jamais de tout ce qui vous est cher. Vous entendrez prononcer mon nom, vous recevrez mes lettres, vous écouterez mes prières. Le sang et l'amitié reprendront leur droit sur votre cœur, vous vous rendrez à une famille à laquelle je suis responsable de votre perte. Quoi ? Pour récompense de tant de bienfaits, j'empoisonnerai vos jours et ceux de votre sœur ? Je romprai une si tendre union ? Je porterai le désespoir dans vos cœurs, même en jouissant encore de vos bontés ? Non, ne le croyez pas. Je ne me vois qu'avec horreur dans une maison que je remplis de deuil. Je reconnais vos soins au bon traitement que je reçois de Céline au moment même où je lui pardonnerai de me haïr. Mais quel qu'il soit, j'y renonce, et je m'éloigne pour jamais des lieux que je ne puis souffrir si vous n'y revenez. Que vous êtes aveugles, d'Eterville ! Quelle erreur vous entraîne dans un dessein si contraire à vos vues ? Vous vouliez me rendre heureuse, vous ne me rendez coupable. Vous vouliez sécher mes larmes, vous les faites couler et vous perdez par votre éloignement le fruit de votre sacrifice. Hélas ! Peut-être n'auriez-vous trouvé que trop de douceur dans cette entrevue que vous avez cru si redoutable pour vous. Cet hasard, l'objet de tant d'amour, n'est plus le même hasard que je vous ai peint avec des couleurs si tendres. Le froid de son abord, l'éloge des Espagnols dont cent fois il a interrompu le plus doux épanchement de mon âme, la curiosité offensante qu'il arrache à mes transports pour visiter les raretés de Paris, tout me fait craindre des mots dont mon cœur frémit. Ah, d'Eterville ! Peut-être ne serez-vous pas longtemps le plus malheureux. Si la pitié de vous-même ne peut rien sur vous, que les devoirs de l'amitié vous ramènent, elle est le seul asile de l'amour infortuné. Si les mots que je redoute allaient m'accabler, quels reproches n'auriez-vous pas à vous faire ? Si vous m'abandonnez, où trouverais-je des cœurs sensibles à mes peines ? La générosité jusqu'ici la plus forte de vos passions, céderait-elle enfin à l'amour mécontent ? Non, je ne puis le croire. Cette faiblesse serait indigne de vous. Vous êtes incapables de vous y livrer. Mais venez m'en convaincre, si vous aimez votre gloire et mon repos. Lettre 35 au Chevalier d'Etherville à Malte Si vous n'étiez la plus noble des créatures, monsieur, je serais la plus humiliée. Si vous n'aviez l'âme la plus humaine, le cœur le plus compatissant, serait-ce à vous que je ferais l'aveu de ma honte et de mon désespoir ? Mais hélas, que me reste-t-il à craindre ? Qu'ai-je aménagé ? Tout est perdu pour moi. Ce n'est plus la perte de ma liberté, de mon rang, de ma patrie que je regrette. Ce ne sont plus les inquiétudes d'une tendresse innocente qui m'arrache des pleurs. C'est la bonne foi violée, c'est l'amour méprisé qui déchire mon âme. Asa est infidèle. Asa infidèle. Que ces funestes mots ont de pouvoir sur mon âme. Mon sang se glace. Un torrent de larmes. J'appris des Espagnols à connaître les malheurs, mais le dernier de leur coup est le plus sensible. Ce sont eux qui m'enlèvent le cœur d'Aza. C'est leur cruelle religion qui me rend odieuse à ses yeux. Elle approuve, elle ordonne l'infidélité, la perfidie, l'ingratitude, mais elle défend l'amour de ses proches. Si j'étais étrangère, inconnue, Aza pourrait m'aimer. Unie par les liens du sang, il doit m'abandonner, m'ôter la vie sans honte, sans regret, sans remords. Hélas. Toute bizarre qu'est cette religion, s'il n'avait fallu que l'embrasser pour retrouver le bien qu'elle m'arrache, sans corrompre mon cœur par ses principes, j'aurais soumis mon esprit à ces illusions. Dans l'amertume de mon âme, j'ai demandé d'être instruite. Mes pleurs n'ont point été écoutées. Je ne puis être admise dans une société si pure, sans abandonner le motif qui me détermine, sans renoncer à ma tendresse, c'est-à-dire sans changer mon existence. Je l'avoue. Cette extrême sévérité me frappe autant qu'elle me révolte. Je ne puis refuser une sorte de vénération à des lois qui me tuent. Mais est-il en mon pouvoir de les adopter ? Et, quand je les adopterai, quel avantage m'en reviendrait-il ? Hazan ne m'aime plus. Ah, malheureuse ! Le cruel hasard n'a conservé de la condeur de nos mœurs que le respect pour la vérité dont il fait un si funeste usage. Séduit par les charmes d'une jeune Espagnole, Prêt à s'unir à elle, il n'a consenti à venir en France que pour se dégager de la foi qu'il m'avait jurée, que pour ne me laisser aucun doute sur ses sentiments, que pour me rendre une liberté que je déteste, que pour m'ôter la vie. Oui, c'est en vain qu'il me rend à moi-même. Mon cœur est à lui, il y sera jusqu'à la mort. Ma vie lui appartient, qu'il me la ravisse et qu'il m'aime. Vous saviez, mon malheur, pourquoi ne l'aviez-vous éclairci qu'à demi ? Pourquoi ne me laissâtes-vous entrevoir que des soupçons qui me rendirent injuste à votre égard ? Et pourquoi vous en fais-je un crime ? Je ne vous aurais pas cru. Aveugle, prévenu, j'aurais été moi-même au devant de ma funeste destinée. J'aurais conduit sa victime à ma rivale. Je serais à présent... Oh Dieu, sauvez-moi de cette horrible image. D'Eterville, trop généreux ami, suis-je digne d'être écouté ? Suis-je digne de votre pitié ? Oubliez mon injustice. Plaignez une malheureuse dont l'estime pour vous est encore au-dessus de sa faiblesse pour un ingrat. Lettre 36 au Chevalier d'Etherville à Malte Puisque vous vous plaignez de moi, monsieur, vous ignorez l'état dont les cruels soins de Céline viennent de me tirer. Comment vous aurais-je écrit ? Je ne pensais plus. S'il m'était resté quelques sentiments, sans doute la confiance en vous en eût été un, mais environné des ombres de la mort, le sang glacé dans les veines, J'ai longtemps ignoré ma propre existence. J'avais oublié jusqu'à mon malheur. Adieu. Pourquoi en me rappelant à la vie m'a-t-on rappelé à ce funeste souvenir ? Il est parti, je ne le verrai plus. Il me fuit, il ne m'aime plus, il me l'a dit. Tout est fini pour moi. Il prend une autre épouse, il m'abandonne, l'honneur l'y condamne. Eh bien, cruel hasard, puisque le fantastique honneur de l'Europe a des charmes pour toi, que n'imites-tu aussi l'art qui l'accompagne ? Heureuse Française, on vous trahit ? Mais vous jouissez longtemps d'une erreur qui serait à présent tout mon bien. On vous prépare au coup mortel qui me tue. Funeste sincérité de ma nation, vous pouvez donc cesser d'être une vertu ? Courage, fermeté, vous êtes donc des crimes quand l'occasion le veut ? Tu m'as vu à tes pieds, Barba Aza, tu les as vus baigner de mes larmes. Et ta fuite, moment horrible, pourquoi ton souvenir ne m'arrache-t-il pas la vie ? Si mon corps n'eût succombé sous l'effort de la douleur, Azan ne triompherait pas de ma faiblesse. Il ne serait pas parti seul. Je te suivrai, ingrat, je te verrai, je mourrai du moins à tes yeux. D'Eterville, quelle faiblesse fatale vous a éloigné de moi. Vous m'eussiez secouru. Ce que n'a pu faire le désordre de mon désespoir, votre raison capable de persuader l'aurait obtenu. Peut-être Azan serait encore ici. Mais, oh Dieu, déjà arrivé en Espagne au comble de ses voeux, regrets inutiles, désespoir infructueux, douleur, accable-moi. Ne cherchez point, monsieur, à surmonter les obstacles qui vous retiennent à Malte pour revenir ici. Qui seriez-vous ? Fuyez une malheureuse qui ne se sent plus les bontés que l'on a pour elle, qui s'en fait un supplice, qui ne veut que mourir. Lettre 37 « Rassurez-vous, trop généreux ami, je n'ai pas voulu vous écrire que mes jours ne fussent en sûreté et que, moins agité, je ne puisse calmer vos inquiétudes. Je vis. Le destin le veut, je me soumets à ses lois. Les soins de votre aimable sœur m'ont rendu la santé, quelques retours de raison l'ont soutenu. La certitude que mon malheur est sans remède a fait le reste. Je sais qu'Aza est arrivé en Espagne, que son crime est consommé. Ma douleur n'est pas éteinte, mais la cause n'est plus digne de mes regrets. » S'il en reste dans mon cœur, ils ne sont dus qu'aux peines que je vous ai causées, qu'à mes erreurs, qu'à l'égarement de ma raison. Hélas, à mesure qu'elle m'éclaire, je découvre son impuissance. Que peut-elle sur une âme désolée ? L'excès de la douleur nous rend la faiblesse de notre premier âge. Ainsi que dans l'enfance, les objets seuls ont du pouvoir sur nous, il semble que la vue soit le seul de nos sens qui est une communication intime avec notre âme. J'en ai fait une cruelle expérience. En sortant de la longue et accablante léthargie où me plongea le départ d'Aza, le premier désir que m'inspira la nature fut de me retirer dans la solitude que je dois à votre prévoyante bonté. Ce ne fut pas sans peine que j'obtins de Céline la permission de m'y faire conduire. J'y trouve des secours contre le désespoir que le monde et l'amitié même ne m'auraient jamais fourni. Dans la maison de votre sœur, ces discours consolants ne pouvaient prévaloir sur les objets qui me retraçaient sans cesse la perfidie d'Aza. La porte par laquelle Céline l'amena dans ma chambre le jour de votre départ et de son arrivée, le siège sur lequel il s'assit, la place où il m'annonça mon malheur, où il me rendit mes lettres, jusqu'à son ombre effacée d'un lambris où je l'avais vu se former, tout faisait chaque jour de nouvelles plaies à mon cœur. Ici, je ne vois rien qui ne me rappelle les idées agréables que j'ai reçues à la première vue. Je n'y retrouve que l'image de votre amitié et celle de votre aimable sœur. Si le souvenir d'Aza se présente à mon esprit, c'est sous le même aspect où je le voyais alors. Je crois y attendre son arrivée, je me prête à cette illusion autant qu'elle m'est agréable. Si elle me quitte, je prends des livres, je lis d'abord avec effort insensiblement de nouvelles idées, enveloppe la freuse vérité qui m'environne et donne à la fin quelques relâches à ma tristesse. L'avouerai-je, les douceurs de la liberté se présentent quelquefois à mon imagination, je les écoute. environnée d'objets agréables. Leur propriété a des charmes que je m'efforce de goûter. De bonne foi avec moi-même, je compte peu sur ma raison. Je me prête à mes faiblesses, je ne combats celles de mon cœur qu'en cédant à celles de mon esprit. Les maladies de l'âme ne souffrent pas, les remèdes violents. Peut-être la fastueuse décence de votre nation ne permet-elle pas, à mon âge, l'indépendance et la solitude où je vis. Du moins, toutes les fois que Céline me vient voir, veut-elle me le persuader ? Mais elle ne m'a pas encore donné d'assez fortes raisons pour me convaincre de mon tort. La véritable décence est dans mon cœur. Ce n'est point au simulacre de la vertu que je rends hommage. C'est à la vertu même. Je la prendrai toujours pour juge et pour guide de mes actions. Je lui consacre ma vie et mon cœur à l'amitié. Hélas, quand y règnera-t-elle sans partage et sans retour ? Lettre 38 au chevalier d'Etherville, à Paris. Je reçois presque en même temps, monsieur, la nouvelle de votre départ de Malte et celle de votre arrivée à Paris. Quelques plaisirs que je me fasse de vous revoir. Il ne peut surmonter le chagrin que me cause le billet que vous m'écrivez en arrivant. Quoi, d'Etherville ? Après avoir pris sur vous de dissimuler vos sentiments dans toutes vos lettres, après m'avoir donné lieu d'espérer que je n'aurais plus à combattre une passion qui m'afflige, vous vous livrez plus que jamais à sa violence ? À quoi bon affecter une différence pour moi que vous démentez au même instant ? Vous me demandez la permission de me voir, vous m'assurez d'une soumission aveugle à mes volontés, et vous vous efforcez de me convaincre des sentiments qui y sont les plus opposés, qui m'offensent, enfin, que je n'approuverai jamais. Mais puisqu'un faux espoir vous séduit, puisque vous abusez de ma confiance et de l'état de mon âme, il faut donc vous dire quelles sont mes résolutions plus inébranlables que les vôtres. C'est en vain. que vous vous flatteriez de faire prendre à mon cœur de nouvelles chaînes. Ma bonne foi trahie ne dégage pas mes serments. Plutôt ciel qu'elle me fit oublier l'ingrat. Mais quand je l'oublierai, fidèle à moi-même, je ne serai point un parjure. Le cruel hasard abandonne un bien qui lui fut cher. Ses droits sur moi n'en sont pas moins sacrés. Je puis guérir de ma passion, mais je n'en aurai jamais que pour lui. Tout ce que l'amitié inspire de sentiments est à vous. Vous ne la partagerez avec personne. Je vous les dois, je vous les promets, j'y serai fidèle. Vous jouirez au même degré de ma confiance et de ma sincérité. L'une et l'autre seront sans borne. Tout ce que l'amour a développé dans mon cœur de sentiments vifs et délicats tournera au profit de l'amitié. Je vous laisserai voir avec une égale franchise le regret de n'être point né en France et mon penchant invincible pour hasard, le désir que j'aurai de vous devoir davantage de pensées et mon éternelle reconnaissance pour celui qui me la procurait. Nous lirons dans nos âmes. La confiance c'est aussi bien que l'amour, donner de la rapidité au temps. Il est mis le moyen de rendre l'amitié intéressante et d'en chasser l'ennui. Vous me donnerez quelques connaissances de vos sciences et de vos arts. Vous goûterez le plaisir de la supériorité. Je le reprendrai en développant dans votre cœur des vertus que vous n'y connaissez pas. Vous ornerez mon esprit de ce qui peut le rendre amusant. Vous jouirez de votre ouvrage. Je tâcherai de vous rendre agréables les charmes naïfs de la simple amitié, et je me trouverai heureuse d'y réussir. Céline, en nous partageant sa tendresse, répandra dans nos entretiens la gaieté qui pourrait y manquer. Que nous resterait-il à désirer ? Vous craignez en vain que la solitude n'altère ma santé. Croyez-moi, d'Etherville, elle ne devient jamais dangereuse que par l'oisiveté. Toujours occupée, je saurais me faire des plaisirs nouveaux de tout ce que l'habitude rend insipide. Sans approfondir les secrets de la nature, le simple examen de ces merveilles n'est-il pas suffisant pour varier et renouveler sans cesse des occupations toujours agréables ? La vie suffit-elle pour acquérir une connaissance légère mais intéressante de l'univers, de ce qui m'environne, de ma propre existence ? Le plaisir d'être, ce plaisir oublié, ignoré même de tant d'aveugles humains, cette pensée si douce, ce bonheur si pur, je suis, je vis, j'existe. pourrez seul rendre heureux, si l'on s'en souvenait, si l'on en jouissait, et si l'on en connaissait le prix. Venez, d'Etherville, venez apprendre de moi à économiser les ressources de notre âme et les bienfaits de la nature. Renoncez aux sentiments tumultueux, destructeurs imperceptibles de notre être. Venez apprendre à connaître les plaisirs innocents et durables. Venez en jouir avec moi. Vous trouverez dans mon cœur, dans mon amitié, dans mes sentiments, Tout ce qui peut vous dédommager de l'amour.