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La Fluence - explorer la coopération

Gouvernance et collectif engagé : comment la coopération entre freelances change les pratiques du numérique ? Avec Nicolas Drouet

Gouvernance et collectif engagé : comment la coopération entre freelances change les pratiques du numérique ? Avec Nicolas Drouet

50min |20/01/2025
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Description

La Fluence, le podcast qui explore la coopération 🔎

Dans cet épisode de la Fluence nous explorons la coopération avec Nicolas Drouet, fondateur de The Green Compagnon : un collectif d’experts engagés dans le numérique responsable. Il nous parle de son parcours d’entrepreneur et de la vie de cette communauté, à la fois les succès mais aussi les enjeux qui le préoccupent. 


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🌟 Les apprentissages à retenir de cet épisode :

  • Nicolas est le fondateur de la communauté the green compagnon. L’idée de rassembler des experts freelance lui paraît répondre à deux enjeux :  se sentir moins seul en tant que freelance et pouvoir accéder plus facilement aux clients pour diffuser massivement des pratiques plus vertueuses. 

  • The Green Compagnon propose donc des formations concrètes pour chaque métier du numérique, des boot camps pour transformer en profondeur les pratiques. C'est aussi une communauté de professionnels du numérique. 


🤔 Le collectif a grandi au fil des années en passant d’un rassemblement de quelques amis freelances, à un réseau d’une trentaine d’experts engagés. Ces changement impliquent plusieurs enjeux : 

  • La gouvernance : qui impliquer, comment faire pour que ça soit juste pour tous et toutes ?

  • Répartition de la valeur : comment répartir justement la valeur (financière ou non) en fonction des implications, comment mesurer ces implications ?

  • Répartition des missions : comment faire face à la concurrence en interne du fait d’un développement commercial commun ? 

  • Animation d’un collectif : comment sentir la progression, comment s’engager sur des projets et faciliter les échanges entre les membres pour qu’ils sentent que le collectif est vivant ?

  • Maintenir le lien : quel média et quels outils utiliser pour matérialiser un collectif dont les membres sont à distance ?


🌟 Les avantages et inconvénients de ce mode de fonctionnement innovant : 

  • Cette gouvernance permet de grandir et de toucher de plus en plus de professionnels du numérique.

  • Les membres peuvent porter leur sujet et être responsable de l’amener jusqu’au bout. 

  • Ce fonctionnement permet une liberté d’implication, de favoriser l’autonomie de chacun, d’enrichir les échanges entre les experts de différentes branches du numérique responsable, et de renforcer la pertinence des réponses au client grâce à la coopération. 

  • Inconvénient : chacun avance à son rythme, peut être compliqué notamment pour staffer les formations…


👉 En savoir plus : 

Site web TheGreenCompagnon

LinkedIn @TheGreenCompagnon


Musiques par Vito Bendinelli  

Pour retrouver les prochains épisodes : 

Instagram 

Linked In

Site Holomea


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Bérénice d'Holomea

    Bonjour à toutes et à tous, je m'appelle Bérénice, je travaille chez Holomea et je suis passionnée par la bio-inspiration et la manière dont fonctionnent les humains entre eux. Bienvenue sur La Fluence, le podcast qui explore la coopération. Aujourd'hui, je rencontre Nicolas Drouet, fondateur de The Green Compagnon. un collectif engagé d'indépendants spécialisés dans le numérique responsable. Ils ont pour objectif de partager des bonnes pratiques et d'enrichir les connaissances des professionnels de ce domaine. Dans cet épisode de l'affluence, nous abordons le parcours de Nicolas vers le numérique responsable, ainsi que la vie de The Green Compagnon, à la fois dans ses succès, mais aussi dans les enjeux d'un tel collectif. Bonjour Nicolas ! Bienvenue sur le podcast La Fluence.

  • Nicolas Drouet

    Bonjour Bérénice.

  • Bérénice d'Holomea

    Aujourd'hui, on se retrouve pour explorer la coopération, notamment dans l'entreprise que tu as créée qui s'appelle The Green Compagnon.

  • Nicolas Drouet

    Tout à fait.

  • Bérénice d'Holomea

    Est-ce que tu veux bien te présenter, nous raconter un petit peu ton parcours et nous dire quelques mots sur toi ?

  • Nicolas Drouet

    Tout à fait. Bonjour Bérénice, Nicolas Drouet. Moi, je suis, comme tu l'as dit, le fondateur d'une communauté qu'on appelle The Green Companion. J'ai 49 ans très bientôt, deux enfants et je suis dans la tech depuis très longtemps. J'ai commencé ma carrière plutôt en tant qu'ingénieur et dans le développement, dans les télécoms. J'ai créé ma première startup fin 2012, qui est un comparateur d'offres de cloud. J'ai vécu l'aventure des startups de 2012 à 2018, avec des hauts et des bas comme toute startup, des passages à San Francisco, des levées de fonds, des... des fermetures puisqu'on a fermé en 2018 cette société qui s'appelait CloudScreener. Et suite à cette aventure, je me suis intéressé de plus en plus à un sujet qui est le numérique responsable, donc l'impact environnemental du numérique, puisque dans ma vie pro de tous les jours, je parlais de numérique au quotidien et je produisais de la tech. Et dans ma vie perso, je commençais à me poser des questions sur l'impact environnemental et la société de demain. Et de fil en aiguille, je me suis rapproché... d'organisations telles que le Shift Project à l'époque, en 2018, parler, écouter les confs de Jean Covici et autres. Et en fait, j'ai pris un peu une claque à ce moment-là et je me suis dit, il faut qu'on arrive à faire un numérique différent. Donc j'ai commencé en tant que freelance plutôt dans le milieu du product management et j'essayais d'amener un peu une patte Green IT dans le product management. Et de fil en aiguille, on s'est réunis entre plusieurs freelances. Finalement, à un moment, on s'est posé la question, OK, ben... Est-ce qu'on travaille chacun de notre côté en tant que freelance ? Ou est-ce qu'on essaye de faire quelque chose ensemble ? Et comment on le fait ? Et c'est là qu'est venue l'aventure The Green Companion, qui a commencé en 2020. Voilà, donc il y a un peu plus de trois ans maintenant.

  • Bérénice d'Holomea

    C'est vraiment assez intéressant. En fait, ce que je comprends, c'est que finalement, ce projet, il est né de ton envie de réconcilier ton travail, tes activités, avec tes valeurs personnelles, finalement. C'est-à-dire, toi, tu avais un engagement qui naissait chez toi. Et tu t'es dit, j'ai besoin de le mettre aussi dans mes pratiques métiers, c'est ça ?

  • Nicolas Drouet

    C'est ça, et aussi un peu une curiosité, je ne vais pas dire une curiosité scientifique, mais au moins une curiosité technologique de me dire, c'est beaucoup de boîtes noires, la tech, notamment le cloud et les réseaux, puisque je venais des télécoms, beaucoup de boîtes noires, on n'y comprend rien. Et donc quand j'ai commencé à entendre le Shift Project parler de ça, je me suis dit, mais en fait, est-ce qu'il y a des outils pour mesurer ça ? Quelle est la réalité ? J'ai commencé à creuser. Donc, voilà, j'ai été presque autant attiré par la curiosité de l'information et de la véracité de l'info que par le côté environnemental. Et après, de l'environnemental a découlé le social, l'éthique et autres. Je me pose de plus en plus de questions sur ce sujet-là.

  • Bérénice d'Holomea

    Est-ce que tu peux nous décrire qu'est-ce que c'est The Green Companion ? Peut-être qu'est-ce que ça a été quand vous l'avez créé ? À combien vous étiez à ce moment-là ? Et quelles sont en fait les activités tout simplement ? Qu'est-ce que vous faites du coup dans cette communauté ?

  • Nicolas Drouet

    Oui, alors The Green Companion, c'est un collectif, une communauté. D'ailleurs, on se cherche un peu sur le nom et la distinction entre collectif et communauté. Donc c'est une communauté d'experts du numérique responsable. Et nous, notre mission et l'envie qu'on s'est fixée, c'est surtout d'aider les professionnels du digital à monter en compétence sur ce sujet du numérique responsable. qui est un sujet compliqué, qui demande à la fois un peu une remise en question de nos pratiques, métiers, et aussi de nouvelles technologies et de nouveaux outils. Donc on a créé The Green Companion en 2020, on était deux initialement à l'origine, avec Jean-Nahel Gobbe qui avait une agence web nommée Aristis. un peu spécialiste de l'éco-conception web. Et on s'est dit, comment on peut rallier plusieurs freelances avec deux objectifs, c'est d'avoir une représentation de plusieurs métiers différents, des product managers, des UX, des développeurs, pour couvrir un peu tous les métiers et surtout faire des formations qui sont très concrètes, très pragmatiques. Il existe toujours beaucoup de formations un peu macro sur l'impact environnemental du numérique, mais très peu finalement vont dans le concret et dans les... les bonnes pratiques métier. Donc on a essayé d'avancer sur ce sujet et au final au début le collectif c'est une bande de copains freelance. On fait quelques missions ensemble, quelques bootcamps, je reviendrai après sur ce qu'est la notion de bootcamp, et petit à petit on s'est structuré comme ça. Donc on a commencé à deux puis rapidement à six ou sept et début 2024 on a eu vraiment un coup d'accélération. On est 30 actuellement, 30 professionnels du digital, plutôt freelance ou petite structure. avec à la fois une expertise dans son métier, encore une fois des UXiens, des développeurs, des architectes, chaque métier de la tech, et surtout une vraie expertise sur le sujet du numérique responsable.

  • Bérénice d'Holomea

    Est-ce que toi, quand tu as lancé ça en 2020, tu avais cette expertise numérique responsable dans ton métier, et peut-être dans d'autres, est-ce que tu avais déjà ça, ou est-ce que le fait de proposer des formations, ça t'a permis toi aussi de monter en compétence ?

  • Nicolas Drouet

    Alors moi, en fait, la... Compétences et Expertise, je me le suis un peu créé. Comme je te disais en introduction, j'ai commencé à m'intéresser au sujet en 2018. 2018, il n'y avait pas grand-chose. Il y avait le livre publié par Frédéric Bordage, qui travaille sur le sujet depuis très longtemps et qui est un peu l'instigateur de cette thématique-là. Le rapport du Shift Project. En fait, j'ai commencé par lancer un projet qui était la mesure d'impact environnemental des e-mails. Donc avec une casquette très tech, je me suis dit on va lancer une startup, on va faire un module sur Gmail, donc module très sympa qui affichait ton impact CO2 pendant que tu écrivais un email avec des bonnes pratiques, pièces jointes et autres. Et en creusant, je me suis rendu compte que c'était très compliqué de mesurer et malheureusement, pour moi en tout cas et heureusement pour la planète, que l'impact environnemental de l'email, c'est un faux problème en réalité. C'est un peu l'effet touillette à la machine à café et des bonnes pratiques RSE. On a tous voulu réduire l'impact de ces emails. Et quand on creuse, c'est finalement pas là où est le problème. De 2018 à 2020, je me suis un peu construit mon expertise, mais sans théorie à part le livre des 115 bonnes pratiques. Et donc on s'est dit, en 2020, le marché, l'écosystème tech, n'est pas assez mature pour consommer des outils de mesure. Les méthodologies de mesure ne sont pas encore assez matures. Et du coup, le marché a besoin d'être évangélisé, de comprendre. C'est pour ça qu'on est parti dans la formation. Honnêtement, je ne me destinais pas à la formation. Et c'est finalement le premier pas nécessaire pour que tout le monde commence.

  • Bérénice d'Holomea

    C'est vrai que quand on entend ton parcours, on entend quand même quelqu'un qui pratique. C'est-à-dire, tu as créé des startups, tu as l'air de manipuler. Même si le numérique, ça reste quelque chose qui est plus ou moins intangible, mais quand même. Et du coup, c'est vrai que quand tu dis que tu ne t'étais pas prédestinée à la formation, rien qu'en entendant ton parcours, on sent que... Tu n'as pas forcément, comment dire, c'est un besoin peut-être selon toi pour aller plus loin dans le numérique responsable, dans la transformation des pratiques. Déjà de se dire, bon, comment on travaille en fait ?

  • Nicolas Drouet

    On s'est rendu compte aussi qu'une formation, alors une formation d'une journée ou de journée, ce n'est pas ça qui va totalement transformer tes pratiques. Donc c'est un bon premier pas, mais le lendemain, tu retournes au travail dans ton quotidien et tu repars dans le business as usual. Et tu as oublié 80% de ce qui a été vu en formation. D'ailleurs, c'est pour ça qu'on a développé une autre offre en parallèle de la formation. Donc la première offre, c'est des formations très classiques, un présentiel ou distanciel, qu'on appelle masterclass, parce qu'elles sont délivrées par des experts du métier. Alors on aime bien dire qu'on n'est pas des formateurs en réalité. On fait de la formation, mais on est avant tout des experts tech. Et la deuxième offre, on appelle ça les bootcamps ou les challenges. Et donc là, c'est un programme un peu plus complet sur trois mois. On va commencer par une journée de formation, ensuite on va faire des ateliers d'idéation pendant trois mois, et on va finir par un pitch devant un jury interne ou externe. En fait, on a un peu étiré le concept du hackathon. Le hackathon était sur 24 heures, 48 heures, mais en fait c'est super intense, et il faut produire du code en 48 heures ou 24 heures. Et on s'est dit, dans le sujet du numérique responsable ou du green IT, En fait, c'est très compliqué. C'est un domaine qui demande quand même à prendre du recul, à se poser des questions. Ça prend du temps et en 48 heures, en réalité, on n'a pas le temps de changer ses pratiques. C'est pour ça qu'on a mis en place un programme sur trois mois, gamifié, parce que ça va être un atelier par mois et à la fin un pitch, un peu comme des startups qu'on teste. Et là, c'est beaucoup plus engageant pour les apprenants. Et en les suivant sur trois mois sur leur projet concret, on avance beaucoup plus qu'en formation d'une journée.

  • Bérénice d'Holomea

    En fait, ce qui est intéressant dans ce que tu dis, c'est que pour le numérique responsable, il y a besoin de faire, c'est-à-dire d'apprendre. par le faire, par l'expérimentation. Et au-delà de la théorie. C'est-à-dire que comme c'est un changement pratiquement de métier, c'est comme si tu voulais être boulanger et que je te disais, on fait une semaine de formation théorique. En fait, à la fin, tu ne vas pas faire du bon pain, je pense. Mais du coup, il y a vraiment besoin de manipuler et d'expérimenter. Est-ce que tu peux nous expliquer peut-être ce passage entre le moment où vous étiez la bande de copains, 6 ou 7 ? Aujourd'hui, vous êtes un réseau, une communauté, un collectif de 30 experts numériques responsables. Comment ça s'est passé, l'arrivée des personnes dans ce collectif-là ? Quels ont été les enjeux ? Parce que je sais que ce n'est pas forcément facile d'ouvrir un collectif qui fonctionne. Pourquoi vous l'avez fait et comment ça s'est passé ?

  • Nicolas Drouet

    Je vais te refaire un peu l'historique de ce collectif. C'est compliqué de lancer un collectif et c'est compliqué de faire vivre un collectif. L'idée de lancer le collectif est venue de plusieurs freelances. Quand on est freelance, on se sent seul, on a des petites structures auto-entrepreneurs, au mieux SARL, UURL, peu importe. Mais en réalité, on est tout seul et tout petit face aux grandes entreprises, aux grands comptes clients. Donc on a aussi du mal à pénétrer ces grands comptes. Répondre à des appels d'offres quand on est freelance, c'est impossible. Rentrer dans les grilles d'achat des grands comptes, c'est impossible. Donc l'idée du collectif, avant tout, était d'être plus fort ensemble que seul dans son coin. Et on a voulu structurer ce collectif autour d'une marque. Et en fait, il se trouve que j'avais moi une société anonyme, The Green Companion. Et donc on s'est tous réunis autour de cette marque, en réalité un peu par opportunisme au début. On ne s'est pas posé de questions au tout début, en 2020, sur le statut juridique. Est-ce qu'il faut une SASU ? Est-ce qu'il faut une SCOP ? Est-ce qu'il faut... un modèle différent. Donc on est tout de suite parti dans la société anonyme avec beaucoup d'avantages au niveau des clients parce qu'en fait une société anonyme c'est connu de tous les entreprises, c'est connu tous les clients, on se pose pas de questions, on a un interlocuteur, un responsable en face et donc on a construit ce collectif autour de cette SASU et finalement tous les membres du collectif sont des sous-traitants de la SASU où il y a zéro salarié et même moi président je ne suis pas salarié de cette SASU.

  • Bérénice d'Holomea

    Donc c'est une marque avec des indépendants qui se relient à cette marque. Et donc, est-ce que vous avez pris la décision d'avoir plus de personnes ? Est-ce que ça s'est fait naturellement ? Comment vous êtes passé de on est six à aujourd'hui on est un réseau Est-ce que vous avez la volonté d'élargir ? Comment ça s'est passé ?

  • Nicolas Drouet

    On s'est posé, on se repose encore beaucoup de questions sur le nombre de personnes dans ce collectif. Donc 2020, comme je te l'ai dit, on a lancé le collectif à deux personnes. Alors au début, le lancement, la création d'un collectif, je pense qu'il faut être très peu nombreux et des gens très motivés et surtout entrepreneurs. On investit du temps, on investit un peu d'argent et on n'a rien en retour. Voilà, donc il faut vraiment avoir la vision et l'envie de l'entrepreneur pour lancer un collectif. Et moi, je pense que c'est mieux au début d'être peu nombreux parce que les décisions vont vite. Elles sont parfois mauvaises, mais peu importe, on teste et on le releve. Et à l'époque, donc en 2020, avec Jean-Anne L, on a vraiment avancé très vite parce qu'on était finalement deux à prendre les décisions. Et même si on était six ou sept dans le collectif, on était deux à avancer avec une toute petite gouvernance à deux. Donc la notion de collectif, elle était relativement limitée à l'époque, puisque finalement on était deux à prendre les décisions. Par contre, dès le début, ce qu'on a voulu, c'est que ce soit très transparent pour tout le monde et surtout que ça soit équitable. Dans ce collectif, en réalité, tout le monde a accès à toute la partie business. Nous, dans ce collectif, dans le numérique responsable, dans les trois piliers, on a planète, people et prospérité. Et vraiment, pour que le collectif tourne, on pense que la prospérité est ultra importante. Chaque personne doit être, je vais dire, rémunérée, ou en tout cas récompensée pour les efforts qu'elle met dans le collectif. On peut donner de son temps gratuitement, mais il faut à un moment ou à un autre qu'on récupère. de la valeur. Donc la valeur ça peut être de l'argent, ça peut être de la visibilité, ça peut être des contrats avec des marques qui vont nous apporter un peu une crédibilité dans le milieu, peu importe, mais il faut qu'on ait un retour. Vraiment, on a placé la prospérité et la transparence au cœur du collectif dès le début. Tout simplement un fichier, un Google Sheet partagé où on montre tous les revenus qui rentrent, tout ce qui sort, tout ce que tout le monde gagne, moi y compris, et ce qu'on dépense pour tous. Donc ça, c'était vraiment le démarrage, le lancement. Deux personnes ultra motivées, très entrepreneurs. Et venu rapidement un petit problème de... comment on grossit, parce qu'on commençait à avoir des clients. Donc à 6 ou 7, on est répartis sur la France entière. Donc 6 ou 7 sur la France entière, ça ne fait pas beaucoup pour répondre à des appels d'offres. Et du coup, on a commencé à rallier un peu tous les experts du numérique responsable qui étaient dans notre réseau, dans ce collectif, dans cette marque. Et au début, vraiment, ça fonctionne sur le réseau. C'était totalement gratuit pour les membres. Et donc, on est passé de 6 à une quinzaine, avec beaucoup plus d'expertise. et la marque a commencé à avoir de la visibilité. Ça, ça devait être en 2022, 2023. On a commencé à grandir et à avoir un succès un peu commercial et un problème d'adaptation, d'adéquation entre le nombre de projets et le nombre de personnes dans le collectif capables de les faire. Donc tout l'enjeu du collectif, depuis le début et maintenant aussi, c'est de ne pas grossir trop vite. Parce que quand tu grossis trop vite, tu imploses. Et en même temps, de grossir suffisamment et garder suffisamment d'expertise pour combler nos clients.

  • Bérénice d'Holomea

    Alors du coup, juste pour préciser, quand tu parles de projet, tu parles d'expertise, tu parles de tout ça. Réponse à des appels d'offres communes, des prospections qui sont partagées, qui sont mutualisées. Et donc après, est-ce que tu peux expliquer juste comment ça se passe pour se répartir qui fait le projet ?

  • Nicolas Drouet

    Comme je te disais, on n'a pas de structure. On n'a pas de salariés chez The Green Companion. Donc déjà, la partie commerciale, tous les membres du collectif peuvent jouer le rôle d'apporteurs d'affaires. Et c'est aussi l'objectif, c'est que chacun apporte des affaires au collectif pour soi-même et pour les autres. Ensuite, toute la partie, on va dire, commerciale et légale, c'est moi qui la gère, puisque je suis le président d'un société anonyme. Donc administrativement, je suis un peu obligé de prendre ce rôle. Et ensuite, quand on a des projets clients, que ce soit des formations, des bootcamps, En fait, on va faire en interne un peu un appel à projet. Alors c'est un bien gros mot, appel à projet dans le collectif, mais on va lancer un appel sur la plateforme du collectif pour savoir qui est intéressé, qui a l'expertise suffisante et qui peut réaliser ses formations et à quelle date. Donc il y a un pilotage de tous les membres du collectif qui est très consommateur. Donc je comprends que certains collectifs ont des salariés pour gérer toute cette administrative. Pour l'instant, on n'en a pas. On est 30 et pour l'instant, moi, je fais beaucoup d'administratifs.

  • Bérénice d'Holomea

    Et donc forcément, quand tu élargis ton collectif, il y a un côté super, on se relie avec d'autres experts, on s'enrichit aussi des expériences des autres. Mais tu as quand même l'enjeu que tu ajoutes des personnes qui potentiellement vont prendre du business. En fait, il y a un peu de la concurrence quand même.

  • Nicolas Drouet

    Là aussi, c'est effectivement... L'objectif d'un collectif, c'est de relier les gens. Donc on a commencé par relier des freelances qui étaient tout seuls dans leur coin, donc pas trop de concurrence, surtout encore une fois France entière. Donc un freelance à Nantes et un freelance à Clermont-Ferrand ont peu d'interactions au quotidien, normalement. Et de plus en plus, finalement, on a des entreprises qui nous rejoignent ou qui veulent nous rejoindre et effectivement qui sont potentiellement concurrentes. Mais en réalité... L'objectif final de tout le monde dans le collectif, c'est de faire grandir la cause, j'ai envie de dire, enfin en tout cas d'évangéliser sur le numérique responsable. Donc on essaye de ne pas se tirer dans les pattes. On a évidemment une charte quand on rentre dans le collectif, et on se connaît tous, donc c'est un petit milieu, c'est un petit écosystème, donc on essaye de bien faire les choses, et finalement d'être plutôt dans la cooptation que dans la compétition, et de travailler un peu en bonne intelligence. Mais oui, parfois il peut y avoir des petites... Je ne vais pas dire tensions, mais des petites concurrences. Parfois, The Green Companion répond à des appels d'offres en concurrence à d'autres membres du collectif. Mais bon, c'est un peu la vie des entreprises. Et si tout le monde s'y retrouve, au final, globalement, tout le monde est content.

  • Bérénice d'Holomea

    C'est un enjeu qui est existant et qui est reconnu, dans le sens où peut-être les membres du collectif, en arrivant, ont conscience dès le départ que oui, ça peut leur apporter des choses, mais qu'aussi, ils sont mélangés avec... d'autres finalement. C'est le propre du collectif.

  • Nicolas Drouet

    Encore une fois, la spécificité également de The Green Companion, c'est qu'on est un collectif. qui vend des prestations à des clients. Il y a énormément de collectifs qui n'ont pas cette partie commerciale, où l'objectif du collectif est plutôt d'apprendre entre nous, ou alors, pourquoi pas, de s'apporter des affaires, un peu comme un réseau d'entrepreneurs. Et nous, on a fait le choix d'avoir à la fois un réseau d'entrepreneurs, mais aussi un développement commercial, pour finalement donner des missions, donner à manger à tous les membres du collectif. C'est cette position de développement commercial qui nous... pose aussi en concurrence des membres du collectif.

  • Bérénice d'Holomea

    Alors du coup, est-ce que tout le monde est impliqué sur le même degré ? Comment est-ce que vous vous êtes structuré finalement ? Est-ce que c'est toujours gratuit pour les membres ?

  • Nicolas Drouet

    Alors l'engagement des membres d'un collectif, c'est toujours un sujet. Dans l'historique que je t'ai expliqué précédemment, une gouvernance à deux, très rapide, on prend des décisions très rapides. On peut se tromper, mais on corrige rapidement. Et on a grossi. 2023, on est monté à une quinzaine de membres. On a commencé à sentir qu'il y avait un sujet de gouvernance. Donc on est passé à une gouvernance à quatre personnes, en essayant d'avoir des profils différents pour animer le collectif. Parce qu'en réalité, un collectif qui n'est pas animé par des personnes, il meurt à petit feu. On a un vrai sujet à la fois d'ouvrir cette gouvernance et de rémunérer suffisamment les gens qui s'impliquent dans la gouvernance. C'est un vrai sujet qui est compliqué. Et donc fin 2023 aussi, on est monté à une quinzaine de membres et on a vu la différence d'engagement entre certains. On a pris une décision qui pouvait à l'époque paraître un peu radicale pour certains, mais on a fait payer une cotisation. Donc début 2024, chaque membre du collectif paye une cotisation annuelle pour être dans le collectif. Alors c'est quelques centaines d'euros et par rapport au business qu'on génère, c'est anecdotique, mais en réalité... le fait de payer psychologiquement, c'est déjà un engagement. Donc on se dit, ok, j'ai payé, si je rentre dans ce collectif, c'est pour m'engager. Donc quelque part, on a évité un peu tous les zombies des collectifs, on a tous été dans les collectifs, moi y compris, où petit à petit, on ne fait plus rien, parce que c'était gratuit, parce qu'on n'y retrouve pas forcément notre compte, et en fait, on reste dans le collectif pour rien. Donc ça, ça a été important, et en fait, ça a énormément professionnalisé le collectif. On a eu beaucoup d'experts qui nous ont rejoints et on a vu l'engagement, honnêtement, alors c'est entre x5 et x10 l'engagement. Et donc on est monté de 15 à 30 personnes et est venu encore le sujet de la gouvernance. Donc aujourd'hui on a une gouvernance à 6 et on se pose toujours des questions sur cette gouvernance. Comment l'ouvrir ? Comment rémunérer les membres de la gouvernance ? Comment ne pas trop ouvrir à la gouvernance ? Parce qu'en fait, tout le monde a des bonnes idées, tout le monde a envie de participer à la vie du collectif. Mais après, dans le quotidien et dans la vie de tous les jours, quand on demande de s'impliquer, parfois c'est différent.

  • Bérénice d'Holomea

    Effectivement, ça peut être différent. Comment, du coup, très concrètement, tu parlais tout à l'heure de transparence. C'est quoi votre réponse aujourd'hui, même si j'entends que la question de la gouvernance, c'est une question qui se pose finalement en continu. Enfin voilà, ça ne s'arrête pas. Mais aujourd'hui, là, quelle est votre réponse du jour ? Et comment ça fonctionne ? Comment ça marche ? Et comment, du coup... Ce principe de transparence, il est aussi, j'imagine, mis en avant auprès des personnes qui ne sont pas dans la gouvernance. C'est-à-dire, est-ce que tu peux nous expliquer ?

  • Nicolas Drouet

    Eh bien, alors déjà, la transparence, c'est, comme je le disais, sur la rémunération de chacun. Et donc, sur chaque projet, on a une partie qui va aux apporteurs d'affaires et au développement commercial, une partie qui va aux formateurs, une partie qui va au pilotage, à la facturation, parce qu'il y a beaucoup de administratifs, et une partie qui va au pot commun. C'est-à-dire que sur chaque projet, on va financer la gouvernance et le fonctionnement du collectif. Sur ce pot commun, on va payer les salons, on va payer les quelques frais qu'on a du collectif. Et surtout, à la fin de l'année, on va rémunérer les membres de la gouvernance qui se sont impliqués. Cette rémunération, encore une fois, elle est totalement transparente. C'est-à-dire qu'on a des réunions mensuelles où on présente tous ces chiffres, qui gagne quoi. Donc, il y a à la fois une compétition entre les membres, mais une totale transparence. Et on sait aussi qui gagne quoi dans la gouvernance. Alors clairement, on en est encore au début du collectif. Donc, pour le moment, on rémunère la gouvernance, mais pas à hauteur de ce que les gens s'impliquent. Donc, comme je te disais, pour faire tourner un collectif dans les premières années, il faut vraiment des gens engagés, entrepreneurs, qui voient un intérêt. et qui, petit à petit, touche de la rémunération. Et une rémunération le plus équitable possible. Alors pas forcément égalitaire. Moi, je pense qu'un collectif, il faut rémunérer les gens en fonction de leur implication et pas mettre tout le monde sur un pied d'égalité parce qu'en réalité, ça crée toujours des tensions et des déséquilibres parce que ça nivelle un peu tout le monde par le bas, j'ai l'impression, alors que l'équité, ça me paraît beaucoup plus moteur et beaucoup plus engageant.

  • Bérénice d'Holomea

    Et donc très concrètement, pendant ces réunions mensuelles, est-ce que tu as par exemple Est-ce que tu as les 30 personnes qui sont là ? Est-ce que vous faites un vote ? Par exemple, toi, tu proposes, OK, les six membres de la gouvernance, on va donner tant à telle, tant à telle et tant à telle. Est-ce que du coup, comment ça se passe tout ça ? Vraiment, si on devait se projeter dans la réunion ?

  • Nicolas Drouet

    Oui, alors très concrètement, pour la prise de décision, en réalité, c'est simple de dire ça, mais plus on est nombreux, plus c'est dur de prendre une décision. Donc on a testé des moyens comme les forums ouverts où chacun donne des idées, où il y a un vote. Le résultat n'est pas tout le temps à la hauteur des attentes. On teste aussi des décisions qui sont prises par la gouvernance et ensuite qu'on explique au reste du collectif. Alors pour l'instant, la gouvernance est un peu autoproclamée, c'est-à-dire qu'il n'y a pas de vote pour désigner tous les membres de la gouvernance. Mais il y a une certaine confiance qui s'établit et on essaye... d'avoir une gouvernance suffisamment nombreuse, on est quand même 6 par rapport à 30, donc il y a à peu près tous les intérêts qui sont représentés. Et donc pour le moment, les décisions sont vraiment prises au sein de la gouvernance et ensuite expliquées à tout le monde. Alors après, il peut y avoir des débats et on peut changer, mais on ne prend pas les décisions à 30 et avec un vote, une personne égale une voix, parce que d'expérience, ça marche... Enfin, c'est un peu compliqué.

  • Bérénice d'Holomea

    Oui, c'est un peu compliqué parce que si la personne s'implique, plus, a plus la vision sur une décision, finalement ça a du sens qu'elle ait aussi plus de poids dans la prise de décision.

  • Nicolas Drouet

    On a essayé et on essaye toujours d'avoir un peu le juste milieu entre une association, loi 1901, et une entreprise avec une vraie entreprise, société anonyme avec tous les codes que ça implique. Et en réalité, il y a du bon à prendre dans les deux. Donc pour l'instant on est un peu, on pourrait dire une... une société anonyme avec une gouvernance et une façon de penser plus proche des associations.

  • Bérénice d'Holomea

    Ce fonctionnement-là, en quoi ça a impacté votre mission de faire finalement se développer le numérique responsable ?

  • Nicolas Drouet

    Cette gouvernance, ça nous permet surtout de grandir et d'adresser de plus en plus de monde. Là, aujourd'hui, on... On a fait le compte, on a formé je crois 2500 personnes depuis un an et demi à peu près. Mais l'objectif c'est de se dire comment on peut former ou sensibiliser beaucoup plus de monde. Donc le collectif a vocation à grandir. Et en réalité si on est deux ou trois à essayer de faire tourner ce collectif, on s'épuise. Donc c'est pour ça qu'on a aussi ouvert la gouvernance. Et la projection sur 2025 c'est... c'est que les membres de la gouvernance prennent vraiment des sujets, c'est-à-dire chaque membre de la gouvernance est un peu propriétaire d'un sujet, d'emmener au bout ce sujet-là. Donc il a évidemment une voix dans les sujets communs, mais il est vraiment propriétaire, et c'est pour ça qu'on cherche des profils entrepreneurs. Il est propriétaire d'un sujet, il l'emmenait au bout. Et c'est ça qui est compliqué dans les collectifs. Très rapidement, ça peut avoir tendance à se transformer à... une table ronde où chacun donne son opinion, mais il n'y a pas vraiment d'actions qui sont prises, il n'y a pas vraiment de décisions tranchées. Et pour grandir et pour avancer vite, on a besoin d'avoir des décisions tranchées.

  • Bérénice d'Holomea

    Est-ce que tu peux donner un exemple de sujet ?

  • Nicolas Drouet

    Un exemple de sujet très concret qu'on a dû traiter en gouvernance, c'est sur notre site internet. Un site internet, c'est une vitrine. Nous, on fait du numérique responsable. Donc, quel est le meilleur... outils pour éco-concevoir son site internet. Et là dans le collectif, donc on est 30, tout profil confondu, on a des développeurs, on a des designers, on a des UXiens, des producteurs, et donc est venue la question de quels outils on utilise pour faire notre site internet. Est-ce qu'on utilise, est-ce qu'on fait tout from scratch avec des développeurs pour être les plus puristes sur l'éco-conception de notre site internet, après tout c'est notre vitrine, notre savoir-faire, ou est-ce qu'au contraire on fait comme 95% finalement des entreprises et des autres collectifs. C'est-à-dire qu'on utilise des CMS pour aller vite, permettre de faire les choses simplement. Et bien sûr, en essayant d'éco-concevoir au maximum sur un CMS. Mais ça a amené beaucoup de débats en interne, parce qu'éco-concevoir sur un CMS, pour les puristes, c'est un peu compliqué.

  • Bérénice d'Holomea

    Est-ce que tu peux juste préciser ce que c'est un CMS pour les gens comme moi qui ne font pas d'informatique ?

  • Nicolas Drouet

    Oui, les CMS, c'est effectivement pour les gens comme toi, ou pour moi d'ailleurs. Mais en fait, c'est un outil no-code qui permet de développer un site Internet facilement avec des interfaces graphiques. Donc c'est les WordPress qu'on connaît. plein d'autres, et contrairement à un site développé par des développeurs où là, on va être vraiment dans le code.

  • Bérénice d'Holomea

    Et donc, sur cet exemple-là, tu disais tout à l'heure que l'enjeu, c'était que les personnes qui soient impliquées dans la gouvernance, par exemple, ou dans le collectif, se mettent en position d'être propriétaires d'un sujet et mettent une implication dans le fait que ça avance. Oui. Et donc, ce site Internet, tu disais que ça avait suscité des débats. Est-ce que quelqu'un s'en est emparé ? Est-ce que...

  • Nicolas Drouet

    Alors, ça a suscité, encore une fois, beaucoup de débats. Ça en suscite toujours. Et donc, le sujet, c'est qu'à un moment, il a fallu trancher. Et donc, en gouvernance, on s'est posé la question du, encore une fois, très simplement, comme une entreprise, du ROI, donc du retour sur investissement, de changer ce site Internet. Et au final, la décision qui a été prise, c'est de confier les rênes à un des membres de la gouvernance et en disant, pour l'instant... on va faire sur Webflow, qui est un CMS, mais en tout cas, ça va nous permettre d'aller vite. On va essayer de le faire le mieux possible. On sait qu'on pourrait faire mieux, mais pour avancer, il faut qu'on avance vite. Et donc, on est parti sur cette décision-là avec une personne dans la gouvernance qui a la casquette de responsable, finalement, du site Internet et de toutes ses évolutions.

  • Bérénice d'Holomea

    Je vais te poser une question un peu plus conceptuelle, je te prie, Moulin. Depuis tout à l'heure, tu dis, il faut qu'on avance vite, il faut qu'on prenne les décisions vite. Pourquoi ? Ce besoin d'aller vite.

  • Nicolas Drouet

    Pourquoi ce besoin d'aller vite ? C'est vrai, c'est une bonne question. Très bonne question. Je pense que c'est très certainement mon passé de start-upper qui parle. Et aussi, j'ai participé, je participe toujours à beaucoup de collectifs. Et en fait, je me rends compte qu'un collectif qui n'avance pas, c'est un collectif qui meurt à petit feu. Donc c'est pour ça que je parle pas mal d'avancer. humainement, je pense que les gens ont envie d'avancer. Tous ces freelances, tous ces indépendants du collectif ont envie d'avancer aussi, eux, dans leur aventure entrepreneuriale. Et donc, ils ont besoin d'avoir de plus en plus de projets, de plus en plus d'échanges avec les autres. Et je pense qu'on ne peut pas se contenter d'être 10, 20 ou 30 et après d'être dans un entre-soi. Le but du collectif, c'est de s'ouvrir et de grandir pas trop vite. Je pense qu'il faut avancer.

  • Bérénice d'Holomea

    Sur ça, pour le coup, il ne faut pas que ça aille vite.

  • Nicolas Drouet

    Non, non, il faut avancer, donc rapidement, mais pas trop vite. C'est-à-dire qu'il ne faut pas que tu ouvres toutes les vannes du collectif et que tu prennes 100 personnes d'un coup alors que tu es 30 membres. Mais par contre, il faut que le collectif avance de 30, 40, 50. Et il faut qu'on sente surtout la progression pour que tous les membres du collectif sentent qu'il y a une vie, qu'il y a des choses qui avancent et qu'il y a des sujets qui avancent.

  • Bérénice d'Holomea

    Ça me fait penser... Enfin, j'ai fait du sport et souvent la coach, elle me disait... Il ne faut pas confondre vitesse et précipitation. J'ai l'impression que c'est un peu ça que tu essayes de dire. C'est qu'il y a des moments où il y a besoin que ce soit dynamique, qu'il y ait du mouvement, qu'il y ait une émulation d'idées, de projets. Mais pour autant, il n'y a pas de choix précipité. J'ai l'impression, en tout cas dans l'élargissement du collectif et dans la proposition de nouvelles choses en lien avec le numérique responsable, le fait d'aller... convertir finalement les entreprises, etc. Il y a quand même, pour le coup, l'enjeu n'est pas d'aller trop rapidement. J'ai l'impression quand même qu'il y a une prise de recul sur quelle est la meilleure décision sur le moment avant d'aller proposer ça à d'autres personnes. Donc si je comprends bien, ce fonctionnement aujourd'hui chez The Green Companion, il permet, en lien avec le... qu'est-ce que vous essayez de faire ? C'est-à-dire, vous essayez de former les entreprises aux nouvelles pratiques numériques responsables. Donc, si je comprends bien, votre manière d'agir aujourd'hui, votre manière de vous structurer, elle permet donc d'aller plus vite. Est-ce que tu vois d'autres impacts ? Si vous fonctionniez de manière plus classique, qu'est-ce que ça change, en fait, d'avoir ce fonctionnement-là très vivant par rapport à un fonctionnement, on va dire, plus classique d'entreprise, typique ? hiérarchisé, pyramidal, tout ce que tu veux. Mais qu'est-ce qui a changé entre les deux, en bien ou en moins bien ?

  • Nicolas Drouet

    Alors, ce qui a changé clairement en bien, c'est... que tu peux finalement intégrer des personnes dans le collectif avec des expériences très diverses, avec des implications très diverses. Donc certaines personnes dans le collectif vont donner quelques heures par semaine, d'autres quelques jours, et ça en entreprise tu ne peux pas. En entreprise tu es assez cloisonné et donc il faut recruter pour pouvoir délivrer un service. et que si tu n'as pas les clients, il y a un problème d'adéquation entre nombre de clients et nombre de salariés dans ton entreprise. Avec le collectif, tu peux beaucoup plus accueillir de membres et du coup avoir beaucoup plus de richesses, d'informations et d'échanges et répondre mieux aussi aux demandes des clients sans forcément monter une hiérarchie entre les membres. Donc tu es beaucoup plus dans la coopération que dans la hiérarchie. Même si certaines entreprises maintenant prônent la collaboration dans les fêtes, c'est rarement le cas.

  • Bérénice d'Holomea

    Donc si je résume, il y a la liberté d'implication. C'est-à-dire même s'il peut y avoir des phases par exemple dans la vie de quelqu'un, peut-être il y a des moments où on est plus impliqué, des moments où on est plus en retraite. Donc il y a une certaine liberté, autonomie. Il y a les aspects d'interaction, de richesse, de diversité. Et donc tout ça finalement ça permet d'avancer. Est-ce qu'aujourd'hui, tu dirais que tu as atteint ton objectif d'évangéliser le numérique responsable ?

  • Nicolas Drouet

    Non, pas du tout. Je reviendrai sur ce que j'ai parlé des avantages d'un collectif face à une entreprise. Il y a quand même un gros inconvénient par rapport à une entreprise, c'est que chacun avance à son rythme. C'est-à-dire que quand je reçois une demande de staffer une vingtaine de formations, j'ai besoin vis-à-vis de nos clients de répondre rapidement. Et en réalité, dans une entreprise... classique, j'ai le planning des collaborateurs et je fais le staffing moi-même et ça va très vite pour répondre aux clients. Dans un collectif, il faut soumettre la demande au collectif, attendre les réponses, à chaque fois chacun est libre de son temps et de son implication et donc le rapport à la demande est totalement différent. Et c'est pour ça aussi qu'il faut construire de la confiance, montrer à tous les membres du collectif qu'on avance pour embarquer tout le monde dans le projet et que les gens réagissent. relativement rapidement.

  • Bérénice d'Holomea

    Comment est-ce que tu construis cette confiance ?

  • Nicolas Drouet

    Comment je construis la confiance ? Déjà je disais la transparence sur la rémunération, ça doit pas être un gros mot, on est tous entrepreneurs. Donc oui, on essaye d'agir pour une cause qui nous paraît assez noble, mais on est tous entrepreneurs et on a tous des familles et donc chacun doit s'y retrouver. Donc voilà la transparence sur la rémunération, c'est important, ça doit pas être un gros mot. Le respect de chacun aussi, de se dire que certaines personnes n'ont pas envie de s'impliquer énormément dans le collectif, même si elles apportent un peu et elles reçoivent un peu, c'est faire. Très bien, le collectif fonctionne comme ça. Et voilà, essayer de ne pas avoir de hiérarchie entre la gouvernance et les membres. Parce que la gouvernance, finalement, c'est ni plus ni moins que six personnes qui se mettent sur une visioconférence ou dans une salle de réunion. Mais il n'y a pas de hiérarchie vis-à-vis des autres.

  • Bérénice d'Holomea

    C'est-à-dire que c'est un rôle comme un autre, finalement.

  • Nicolas Drouet

    C'est un rôle comme un autre qui... qui peut être totalement un rôle tournant, qui doit être ouvert et il doit donner envie aux autres membres, à un moment ou à un autre de leur vie dans le collectif, de rejoindre cette gouvernance juste pour faire tourner le collectif et y retrouver encore plus de ce qu'on a envie d'y voir.

  • Bérénice d'Holomea

    Quand tu dis faire tourner le collectif, ça m'évoque la notion de cyclicité. C'est quelque chose que dans les entreprises, on peut avoir du mal à vivre. C'est-à-dire qu'on a souvent tendance à être dans la productivité tout le temps, avec des personnes qui incarnent ce rôle de prise de décision tout le temps. Et c'est vrai que moi, je l'observe, ça peut avoir quelque chose d'assez fatigant parce que dès qu'on finit quelque chose, on est tout de suite dans mince, il faut que je relance quelque chose Et du coup, ce que tu dis, ce qui est intéressant, c'est qu'à la fois, il y a des cycles dans la manière qu'on a de s'impliquer, mais il y a aussi des cycles sur les rôles et le fait d'avoir ces rôles. tournant, c'est peut-être qu'aujourd'hui je vais donner beaucoup en termes de gouvernance et que peut-être que d'un moment j'aurais envie d'explorer autre chose ou peut-être que, même si j'ai pas envie, peut-être ça va me faire du bien d'explorer autre chose et peut-être après de revenir sur la prise de décision avec une autre vision des activités.

  • Nicolas Drouet

    Et même même dans son implication dans le collectif, on a certains membres du collectif qui étaient là en 2023 ou début 2024 et qui à un moment se disent moi je lance à côté un projet j'ai plus le temps ou forcément l'envie de faire de la formation. Ok, bah faire... Donc ils sortent momentanément du collectif. Mais par rapport à une entreprise où quand tu sors de l'entreprise, il ne se passe plus rien, là, sortir d'un collectif, si c'est pour les bonnes raisons évidemment, finalement tu restes quelque part un peu dans la famille et tu reviendras à un moment ou à un autre dans ce collectif.

  • Bérénice d'Holomea

    Comment ça va évoluer ce Green Companion dans les prochaines années ? Comment tu vois un peu ce projet ? Tu disais tout à l'heure que la formation, c'était une étape nécessaire au changement des pratiques. Est-ce que du coup, ça va rester un collectif qui forme ? Ou est-ce que ça va changer peut-être dans les années à venir ?

  • Nicolas Drouet

    C'est en train de changer. Donc jusqu'à aujourd'hui, on était un collectif de formateurs. On s'est dit aussi groupe réseau d'entrepreneurs. En tout cas, on était très focalisés sur la formation par des experts. Donc tous les membres de The Green Companion étaient un peu des experts finalement triés sur le volet, ou en tout cas validés par la collectif, pour pouvoir donner des formations. On se rend compte que ça, ça atteint certaines limites. Aujourd'hui, on est 30, on pourrait être, je pense, 50 formateurs, pas vraiment plus. Pour deux raisons, c'est que des experts du numérique responsable en France, capables de donner des formations et qui ont envie de donner des formations, il n'y en a pas des centaines non plus. C'est un écosystème qui est assez petit aujourd'hui. Et également, la deuxième raison, c'est de garder la qualité de ces experts. Donc, les formateurs The Game Companion, on a envie de rester peu nombreux pour pouvoir contrôler la qualité de nos formations, le process d'onboarding des formateurs. Par contre, je te parlais d'un plateau, on est un peu sur un plafond de verre. On n'est pas commerciaux, on n'aime pas forcément ça, donc on ne fait pas non plus 100 formations par jour. Et même si cette année, on a formé 2500 personnes, il y a des centaines de milliers de personnes qui travaillent dans la tech qu'il faudrait former. La question qu'on s'est posée, c'est comment on arrive à démultiplier un peu notre impact, ce qu'ont pu faire par exemple les fresques du climat, du numérique. C'est un raz-de-marée parce qu'ils ont trouvé le modèle qui convient bien à l'évangélisation en masse. Et donc là, ce qu'on lance comme projet pour tout début 2025, c'est d'ouvrir le collectif et donc d'avoir une partie membres experts, qui sont des formateurs, limités à une cinquantaine, une partie business, donc cercle business, des entrepreneurs du digital qui ont envie de monter en compétence sur le numérique responsable. sans forcément avoir le niveau d'expertise pour donner des formations. Et on appelle ça le circle business parce que c'est aussi l'occasion de partager des affaires entre personnes, entre entrepreneurs digitales. Et enfin, d'ouvrir à des membres. Donc là, c'est toute personne qui souhaite monter en compétence sur le numérique responsable pourrait intégrer ce collectif pour avoir des tutoriels, des live sessions, de l'entraide entre les membres et monter beaucoup plus rapidement en compétence. Et c'est à ce moment-là qu'on commence à changer notre nom de collectif en communauté, parce qu'il y a 30 experts, on est un collectif d'experts. Là, l'objectif, c'est qu'on soit peut-être 100, 150 en 2025, mais avec des membres qui ne seront pas des formateurs, et où là, on est beaucoup plus dans la communauté.

  • Bérénice d'Holomea

    Donc si je comprends bien, ces membres, ce seront quand même des professionnels du numérique, pas forcément du numérique responsable, qui auront accès sans forcément passer par des journées de formation ou des boutons.

  • Nicolas Drouet

    camp à des contenus pour qu'ils soient finalement autonomes dans leur montée en compétences c'est ça tout à fait c'est vraiment la notion de communauté est en fait donner des formations d'une journée en présentiel encore une fois ça beaucoup de limites alors c'est un gros avantage c'est la proximité et l'interaction mais pour évangéliser en masse c'est trop compliqué et donc on a monté une plateforme où on a donc tout ce matériel qui à disposition alors évidemment un des tutoriels des des e-learning également. Et la grosse force d'une communauté, c'est l'entraide et l'échange. Donc cette plateforme, elle se devait d'avoir des zones d'entraide et de partage entre les membres. Donc ce qu'on veut vraiment, c'est que les gens viennent sur cette plateforme pour poster leurs besoins, expliquer leurs projets et pourquoi pas demander de l'assistance à des membres experts du collectif ou partager entre membres et avoir des bonnes pratiques sur d'autres projets, d'autres entreprises de ces pairs.

  • Bérénice d'Holomea

    Je trouve que c'est très intéressant et en même temps, à la fois sur le fond et à la fois sur l'évolution que le projet peut prendre. Et je trouve que c'est ça aussi peut-être qui peut être plus fluide entre un collectif et peut-être une entreprise très structurée. C'est de dire à un moment, on a envie de faire évoluer les activités par rapport aux besoins du marché. Et peut-être comme il y a cet esprit entrepreneurial, il y a quand même cette opportunité d'aller créer facilement des nouvelles choses.

  • Nicolas Drouet

    Ce qui est compliqué dans un collectif, c'est... Comment tu matérialises le collectif ? Comment les gens se rencontrent ? Nous, je te l'ai dit, on est dans la France entière. Et on a commencé vraiment Paris, Clermont-Ferrand. Donc on a commencé remote et donc animer un collectif remote, c'est quand même compliqué. On se voit évidemment une, deux fois par an en présentiel avec les autres, tous les membres, mais la majorité de nos interactions sont digitales et remote. Et donc là est venue la question de quel outil utiliser, comment faire vivre ça. Alors on a commencé sur Slack, comme beaucoup de collectifs, et là on est en train justement avec la notion de communauté de migrer. ces échanges. Donc on est passé sur une plateforme qui s'appelle Circle, que je recommande pour les communautés. Et on aime bien dire que cet outil permet de rassembler les experts du sujet et dans le numérique responsable, les lier. Le cercle de l'anneau, on est assez fan. C'est un peu cette logique-là. En tout cas, c'est un vrai sujet des communautés et des collectifs. C'est quel outil tu utilises, quel média tu utilises pour que tout le monde se parle.

  • Bérénice d'Holomea

    Tout à fait. Et d'autant plus quand on est tous éloignés. bah écoute merci beaucoup d'avoir répondu à mes questions d'avoir partagé sur ce sujet c'était vraiment très intéressant j'espère que ça va pouvoir inspirer c'est un mode de fonctionnement qui est quand même très différent de ce qu'on a l'habitude de voir donc voilà

  • Nicolas Drouet

    j'espère que ça va peut-être donner des idées ou en tout cas créer peut-être des réflexions j'espère parce que c'est un beau modèle et ça fait trois ans que ça dure et finalement ça marche plutôt bien donc et on apprend tous les jours on est bon On innove tous les jours dans ces modèles d'organisation.

  • Bérénice d'Holomea

    Nicolas est le fondateur de la communauté The Green Companion. L'idée est venue de l'envie de rassembler des experts freelance dans le domaine du numérique responsable parce que ça lui paraît répondre à deux enjeux principaux. Déjà, le premier, se sentir moins seul en tant que freelance. et le second, de pouvoir accéder plus facilement aux clients pour diffuser massivement les pratiques d'un numérique plus vertueux. C'est un collectif qui a grandi au fil des années, en passant d'un rassemblement de quelques amis freelance à un réseau d'une trentaine d'experts engagés. Ces changements ont impliqué plusieurs enjeux. Déjà le premier, celui de la gouvernance, puisque l'élargissement a été relativement, on va dire, contrôlé au fur et à mesure que le collectif s'est agrandi. Le sujet de la prise de décision en collectif, c'est une préoccupation qui est pratiquement constante. pour savoir qui impliquer, comment faire pour que ça soit juste pour tous et toutes. Le deuxième enjeu, c'est celui de la répartition de la valeur. Donc au cœur, on va dire, du collectif The Green Companion, il y a vraiment la transparence et la prospérité. Et donc les questions qui se posent à ce sujet, c'est toujours de comment répartir justement la valeur, qu'elle soit financière ou non, en fonction des implications de chacun. Et puis, comment mesurer aussi ses implications et les degrés d'implication. Il y a également l'enjeu de répartir des missions, puisque plus le collectif grandit, plus il se confronte finalement à une concurrence en interne sur les missions qui sont apportées par le développement commercial qui est commun au réseau d'entrepreneurs. On retrouve également l'enjeu éternel de comment animer un collectif. C'est un élément qui est très important pour Nicolas. qui se demande comment faire pour ne pas que le collectif meurt à petit feu, comme il dit. Donc pour lui, c'est essentiel que tout le monde sente la progression et de s'engager sur des projets, de faciliter des échanges entre des membres pour qu'on sente la vie finalement dans ce collectif. Ce fonctionnement, il est vraiment particulier et assez innovant. Et donc, son premier avantage, c'est... que cette gouvernance, elle permet quand même de grandir assez facilement en termes de collectif et de toucher de plus en plus de professionnels de numérique. Et puis de ne pas s'épuiser finalement face à l'augmentation des clients, ne pas porter forcément la gouvernance seule, mais d'avoir un petit collectif. Ça permet aussi de se soutenir et de pouvoir assurer du coup cet élargissement tranquillement. L'autre avantage, c'est que le... collectif, il progresse et il se développe aussi du fait de l'implication justement de certaines personnes dans cette gouvernance, puisque chaque personne qui est là, non seulement elle contribue à la prise de décision, mais elle peut aussi porter un sujet et en être responsable de bout en bout. Et donc, voilà, après que les membres soient impliqués dans la gouvernance ou non, ce fonctionnement permet quand même une grande liberté déjà en termes d'implication. Et puis, ça permet d'être assez autonome sur ces sujets. Et enfin, d'enrichir les échanges entre les experts de différentes branches du numérique responsable. Et donc, de renforcer aussi la pertinence des réponses aux clients grâce à la coopération. Puisqu'en rassemblant des personnes qui ont des expertises différentes, on va pouvoir répondre de manière plus complète et plus pertinente. Retrouvez les épisodes de l'affluence une fois par mois. Ils forment un recueil de témoignages, de vécus liés aux transformations des fonctionnements collectifs qui vous permettra d'avoir des clés pour faire évoluer à votre échelle votre environnement professionnel. Pour ne rater aucun épisode et pour faire grandir ce podcast, vous pouvez en parler autour de vous. Vous abonnez sur votre plateforme d'écoute préférée et nous laissez des étoiles si vous nous écoutez depuis Spotify ou Apple Podcast. Merci pour votre écoute et à bientôt. pour un nouvel épisode de La Fluente.

Description

La Fluence, le podcast qui explore la coopération 🔎

Dans cet épisode de la Fluence nous explorons la coopération avec Nicolas Drouet, fondateur de The Green Compagnon : un collectif d’experts engagés dans le numérique responsable. Il nous parle de son parcours d’entrepreneur et de la vie de cette communauté, à la fois les succès mais aussi les enjeux qui le préoccupent. 


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🌟 Les apprentissages à retenir de cet épisode :

  • Nicolas est le fondateur de la communauté the green compagnon. L’idée de rassembler des experts freelance lui paraît répondre à deux enjeux :  se sentir moins seul en tant que freelance et pouvoir accéder plus facilement aux clients pour diffuser massivement des pratiques plus vertueuses. 

  • The Green Compagnon propose donc des formations concrètes pour chaque métier du numérique, des boot camps pour transformer en profondeur les pratiques. C'est aussi une communauté de professionnels du numérique. 


🤔 Le collectif a grandi au fil des années en passant d’un rassemblement de quelques amis freelances, à un réseau d’une trentaine d’experts engagés. Ces changement impliquent plusieurs enjeux : 

  • La gouvernance : qui impliquer, comment faire pour que ça soit juste pour tous et toutes ?

  • Répartition de la valeur : comment répartir justement la valeur (financière ou non) en fonction des implications, comment mesurer ces implications ?

  • Répartition des missions : comment faire face à la concurrence en interne du fait d’un développement commercial commun ? 

  • Animation d’un collectif : comment sentir la progression, comment s’engager sur des projets et faciliter les échanges entre les membres pour qu’ils sentent que le collectif est vivant ?

  • Maintenir le lien : quel média et quels outils utiliser pour matérialiser un collectif dont les membres sont à distance ?


🌟 Les avantages et inconvénients de ce mode de fonctionnement innovant : 

  • Cette gouvernance permet de grandir et de toucher de plus en plus de professionnels du numérique.

  • Les membres peuvent porter leur sujet et être responsable de l’amener jusqu’au bout. 

  • Ce fonctionnement permet une liberté d’implication, de favoriser l’autonomie de chacun, d’enrichir les échanges entre les experts de différentes branches du numérique responsable, et de renforcer la pertinence des réponses au client grâce à la coopération. 

  • Inconvénient : chacun avance à son rythme, peut être compliqué notamment pour staffer les formations…


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Musiques par Vito Bendinelli  

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Transcription

  • Bérénice d'Holomea

    Bonjour à toutes et à tous, je m'appelle Bérénice, je travaille chez Holomea et je suis passionnée par la bio-inspiration et la manière dont fonctionnent les humains entre eux. Bienvenue sur La Fluence, le podcast qui explore la coopération. Aujourd'hui, je rencontre Nicolas Drouet, fondateur de The Green Compagnon. un collectif engagé d'indépendants spécialisés dans le numérique responsable. Ils ont pour objectif de partager des bonnes pratiques et d'enrichir les connaissances des professionnels de ce domaine. Dans cet épisode de l'affluence, nous abordons le parcours de Nicolas vers le numérique responsable, ainsi que la vie de The Green Compagnon, à la fois dans ses succès, mais aussi dans les enjeux d'un tel collectif. Bonjour Nicolas ! Bienvenue sur le podcast La Fluence.

  • Nicolas Drouet

    Bonjour Bérénice.

  • Bérénice d'Holomea

    Aujourd'hui, on se retrouve pour explorer la coopération, notamment dans l'entreprise que tu as créée qui s'appelle The Green Compagnon.

  • Nicolas Drouet

    Tout à fait.

  • Bérénice d'Holomea

    Est-ce que tu veux bien te présenter, nous raconter un petit peu ton parcours et nous dire quelques mots sur toi ?

  • Nicolas Drouet

    Tout à fait. Bonjour Bérénice, Nicolas Drouet. Moi, je suis, comme tu l'as dit, le fondateur d'une communauté qu'on appelle The Green Companion. J'ai 49 ans très bientôt, deux enfants et je suis dans la tech depuis très longtemps. J'ai commencé ma carrière plutôt en tant qu'ingénieur et dans le développement, dans les télécoms. J'ai créé ma première startup fin 2012, qui est un comparateur d'offres de cloud. J'ai vécu l'aventure des startups de 2012 à 2018, avec des hauts et des bas comme toute startup, des passages à San Francisco, des levées de fonds, des... des fermetures puisqu'on a fermé en 2018 cette société qui s'appelait CloudScreener. Et suite à cette aventure, je me suis intéressé de plus en plus à un sujet qui est le numérique responsable, donc l'impact environnemental du numérique, puisque dans ma vie pro de tous les jours, je parlais de numérique au quotidien et je produisais de la tech. Et dans ma vie perso, je commençais à me poser des questions sur l'impact environnemental et la société de demain. Et de fil en aiguille, je me suis rapproché... d'organisations telles que le Shift Project à l'époque, en 2018, parler, écouter les confs de Jean Covici et autres. Et en fait, j'ai pris un peu une claque à ce moment-là et je me suis dit, il faut qu'on arrive à faire un numérique différent. Donc j'ai commencé en tant que freelance plutôt dans le milieu du product management et j'essayais d'amener un peu une patte Green IT dans le product management. Et de fil en aiguille, on s'est réunis entre plusieurs freelances. Finalement, à un moment, on s'est posé la question, OK, ben... Est-ce qu'on travaille chacun de notre côté en tant que freelance ? Ou est-ce qu'on essaye de faire quelque chose ensemble ? Et comment on le fait ? Et c'est là qu'est venue l'aventure The Green Companion, qui a commencé en 2020. Voilà, donc il y a un peu plus de trois ans maintenant.

  • Bérénice d'Holomea

    C'est vraiment assez intéressant. En fait, ce que je comprends, c'est que finalement, ce projet, il est né de ton envie de réconcilier ton travail, tes activités, avec tes valeurs personnelles, finalement. C'est-à-dire, toi, tu avais un engagement qui naissait chez toi. Et tu t'es dit, j'ai besoin de le mettre aussi dans mes pratiques métiers, c'est ça ?

  • Nicolas Drouet

    C'est ça, et aussi un peu une curiosité, je ne vais pas dire une curiosité scientifique, mais au moins une curiosité technologique de me dire, c'est beaucoup de boîtes noires, la tech, notamment le cloud et les réseaux, puisque je venais des télécoms, beaucoup de boîtes noires, on n'y comprend rien. Et donc quand j'ai commencé à entendre le Shift Project parler de ça, je me suis dit, mais en fait, est-ce qu'il y a des outils pour mesurer ça ? Quelle est la réalité ? J'ai commencé à creuser. Donc, voilà, j'ai été presque autant attiré par la curiosité de l'information et de la véracité de l'info que par le côté environnemental. Et après, de l'environnemental a découlé le social, l'éthique et autres. Je me pose de plus en plus de questions sur ce sujet-là.

  • Bérénice d'Holomea

    Est-ce que tu peux nous décrire qu'est-ce que c'est The Green Companion ? Peut-être qu'est-ce que ça a été quand vous l'avez créé ? À combien vous étiez à ce moment-là ? Et quelles sont en fait les activités tout simplement ? Qu'est-ce que vous faites du coup dans cette communauté ?

  • Nicolas Drouet

    Oui, alors The Green Companion, c'est un collectif, une communauté. D'ailleurs, on se cherche un peu sur le nom et la distinction entre collectif et communauté. Donc c'est une communauté d'experts du numérique responsable. Et nous, notre mission et l'envie qu'on s'est fixée, c'est surtout d'aider les professionnels du digital à monter en compétence sur ce sujet du numérique responsable. qui est un sujet compliqué, qui demande à la fois un peu une remise en question de nos pratiques, métiers, et aussi de nouvelles technologies et de nouveaux outils. Donc on a créé The Green Companion en 2020, on était deux initialement à l'origine, avec Jean-Nahel Gobbe qui avait une agence web nommée Aristis. un peu spécialiste de l'éco-conception web. Et on s'est dit, comment on peut rallier plusieurs freelances avec deux objectifs, c'est d'avoir une représentation de plusieurs métiers différents, des product managers, des UX, des développeurs, pour couvrir un peu tous les métiers et surtout faire des formations qui sont très concrètes, très pragmatiques. Il existe toujours beaucoup de formations un peu macro sur l'impact environnemental du numérique, mais très peu finalement vont dans le concret et dans les... les bonnes pratiques métier. Donc on a essayé d'avancer sur ce sujet et au final au début le collectif c'est une bande de copains freelance. On fait quelques missions ensemble, quelques bootcamps, je reviendrai après sur ce qu'est la notion de bootcamp, et petit à petit on s'est structuré comme ça. Donc on a commencé à deux puis rapidement à six ou sept et début 2024 on a eu vraiment un coup d'accélération. On est 30 actuellement, 30 professionnels du digital, plutôt freelance ou petite structure. avec à la fois une expertise dans son métier, encore une fois des UXiens, des développeurs, des architectes, chaque métier de la tech, et surtout une vraie expertise sur le sujet du numérique responsable.

  • Bérénice d'Holomea

    Est-ce que toi, quand tu as lancé ça en 2020, tu avais cette expertise numérique responsable dans ton métier, et peut-être dans d'autres, est-ce que tu avais déjà ça, ou est-ce que le fait de proposer des formations, ça t'a permis toi aussi de monter en compétence ?

  • Nicolas Drouet

    Alors moi, en fait, la... Compétences et Expertise, je me le suis un peu créé. Comme je te disais en introduction, j'ai commencé à m'intéresser au sujet en 2018. 2018, il n'y avait pas grand-chose. Il y avait le livre publié par Frédéric Bordage, qui travaille sur le sujet depuis très longtemps et qui est un peu l'instigateur de cette thématique-là. Le rapport du Shift Project. En fait, j'ai commencé par lancer un projet qui était la mesure d'impact environnemental des e-mails. Donc avec une casquette très tech, je me suis dit on va lancer une startup, on va faire un module sur Gmail, donc module très sympa qui affichait ton impact CO2 pendant que tu écrivais un email avec des bonnes pratiques, pièces jointes et autres. Et en creusant, je me suis rendu compte que c'était très compliqué de mesurer et malheureusement, pour moi en tout cas et heureusement pour la planète, que l'impact environnemental de l'email, c'est un faux problème en réalité. C'est un peu l'effet touillette à la machine à café et des bonnes pratiques RSE. On a tous voulu réduire l'impact de ces emails. Et quand on creuse, c'est finalement pas là où est le problème. De 2018 à 2020, je me suis un peu construit mon expertise, mais sans théorie à part le livre des 115 bonnes pratiques. Et donc on s'est dit, en 2020, le marché, l'écosystème tech, n'est pas assez mature pour consommer des outils de mesure. Les méthodologies de mesure ne sont pas encore assez matures. Et du coup, le marché a besoin d'être évangélisé, de comprendre. C'est pour ça qu'on est parti dans la formation. Honnêtement, je ne me destinais pas à la formation. Et c'est finalement le premier pas nécessaire pour que tout le monde commence.

  • Bérénice d'Holomea

    C'est vrai que quand on entend ton parcours, on entend quand même quelqu'un qui pratique. C'est-à-dire, tu as créé des startups, tu as l'air de manipuler. Même si le numérique, ça reste quelque chose qui est plus ou moins intangible, mais quand même. Et du coup, c'est vrai que quand tu dis que tu ne t'étais pas prédestinée à la formation, rien qu'en entendant ton parcours, on sent que... Tu n'as pas forcément, comment dire, c'est un besoin peut-être selon toi pour aller plus loin dans le numérique responsable, dans la transformation des pratiques. Déjà de se dire, bon, comment on travaille en fait ?

  • Nicolas Drouet

    On s'est rendu compte aussi qu'une formation, alors une formation d'une journée ou de journée, ce n'est pas ça qui va totalement transformer tes pratiques. Donc c'est un bon premier pas, mais le lendemain, tu retournes au travail dans ton quotidien et tu repars dans le business as usual. Et tu as oublié 80% de ce qui a été vu en formation. D'ailleurs, c'est pour ça qu'on a développé une autre offre en parallèle de la formation. Donc la première offre, c'est des formations très classiques, un présentiel ou distanciel, qu'on appelle masterclass, parce qu'elles sont délivrées par des experts du métier. Alors on aime bien dire qu'on n'est pas des formateurs en réalité. On fait de la formation, mais on est avant tout des experts tech. Et la deuxième offre, on appelle ça les bootcamps ou les challenges. Et donc là, c'est un programme un peu plus complet sur trois mois. On va commencer par une journée de formation, ensuite on va faire des ateliers d'idéation pendant trois mois, et on va finir par un pitch devant un jury interne ou externe. En fait, on a un peu étiré le concept du hackathon. Le hackathon était sur 24 heures, 48 heures, mais en fait c'est super intense, et il faut produire du code en 48 heures ou 24 heures. Et on s'est dit, dans le sujet du numérique responsable ou du green IT, En fait, c'est très compliqué. C'est un domaine qui demande quand même à prendre du recul, à se poser des questions. Ça prend du temps et en 48 heures, en réalité, on n'a pas le temps de changer ses pratiques. C'est pour ça qu'on a mis en place un programme sur trois mois, gamifié, parce que ça va être un atelier par mois et à la fin un pitch, un peu comme des startups qu'on teste. Et là, c'est beaucoup plus engageant pour les apprenants. Et en les suivant sur trois mois sur leur projet concret, on avance beaucoup plus qu'en formation d'une journée.

  • Bérénice d'Holomea

    En fait, ce qui est intéressant dans ce que tu dis, c'est que pour le numérique responsable, il y a besoin de faire, c'est-à-dire d'apprendre. par le faire, par l'expérimentation. Et au-delà de la théorie. C'est-à-dire que comme c'est un changement pratiquement de métier, c'est comme si tu voulais être boulanger et que je te disais, on fait une semaine de formation théorique. En fait, à la fin, tu ne vas pas faire du bon pain, je pense. Mais du coup, il y a vraiment besoin de manipuler et d'expérimenter. Est-ce que tu peux nous expliquer peut-être ce passage entre le moment où vous étiez la bande de copains, 6 ou 7 ? Aujourd'hui, vous êtes un réseau, une communauté, un collectif de 30 experts numériques responsables. Comment ça s'est passé, l'arrivée des personnes dans ce collectif-là ? Quels ont été les enjeux ? Parce que je sais que ce n'est pas forcément facile d'ouvrir un collectif qui fonctionne. Pourquoi vous l'avez fait et comment ça s'est passé ?

  • Nicolas Drouet

    Je vais te refaire un peu l'historique de ce collectif. C'est compliqué de lancer un collectif et c'est compliqué de faire vivre un collectif. L'idée de lancer le collectif est venue de plusieurs freelances. Quand on est freelance, on se sent seul, on a des petites structures auto-entrepreneurs, au mieux SARL, UURL, peu importe. Mais en réalité, on est tout seul et tout petit face aux grandes entreprises, aux grands comptes clients. Donc on a aussi du mal à pénétrer ces grands comptes. Répondre à des appels d'offres quand on est freelance, c'est impossible. Rentrer dans les grilles d'achat des grands comptes, c'est impossible. Donc l'idée du collectif, avant tout, était d'être plus fort ensemble que seul dans son coin. Et on a voulu structurer ce collectif autour d'une marque. Et en fait, il se trouve que j'avais moi une société anonyme, The Green Companion. Et donc on s'est tous réunis autour de cette marque, en réalité un peu par opportunisme au début. On ne s'est pas posé de questions au tout début, en 2020, sur le statut juridique. Est-ce qu'il faut une SASU ? Est-ce qu'il faut une SCOP ? Est-ce qu'il faut... un modèle différent. Donc on est tout de suite parti dans la société anonyme avec beaucoup d'avantages au niveau des clients parce qu'en fait une société anonyme c'est connu de tous les entreprises, c'est connu tous les clients, on se pose pas de questions, on a un interlocuteur, un responsable en face et donc on a construit ce collectif autour de cette SASU et finalement tous les membres du collectif sont des sous-traitants de la SASU où il y a zéro salarié et même moi président je ne suis pas salarié de cette SASU.

  • Bérénice d'Holomea

    Donc c'est une marque avec des indépendants qui se relient à cette marque. Et donc, est-ce que vous avez pris la décision d'avoir plus de personnes ? Est-ce que ça s'est fait naturellement ? Comment vous êtes passé de on est six à aujourd'hui on est un réseau Est-ce que vous avez la volonté d'élargir ? Comment ça s'est passé ?

  • Nicolas Drouet

    On s'est posé, on se repose encore beaucoup de questions sur le nombre de personnes dans ce collectif. Donc 2020, comme je te l'ai dit, on a lancé le collectif à deux personnes. Alors au début, le lancement, la création d'un collectif, je pense qu'il faut être très peu nombreux et des gens très motivés et surtout entrepreneurs. On investit du temps, on investit un peu d'argent et on n'a rien en retour. Voilà, donc il faut vraiment avoir la vision et l'envie de l'entrepreneur pour lancer un collectif. Et moi, je pense que c'est mieux au début d'être peu nombreux parce que les décisions vont vite. Elles sont parfois mauvaises, mais peu importe, on teste et on le releve. Et à l'époque, donc en 2020, avec Jean-Anne L, on a vraiment avancé très vite parce qu'on était finalement deux à prendre les décisions. Et même si on était six ou sept dans le collectif, on était deux à avancer avec une toute petite gouvernance à deux. Donc la notion de collectif, elle était relativement limitée à l'époque, puisque finalement on était deux à prendre les décisions. Par contre, dès le début, ce qu'on a voulu, c'est que ce soit très transparent pour tout le monde et surtout que ça soit équitable. Dans ce collectif, en réalité, tout le monde a accès à toute la partie business. Nous, dans ce collectif, dans le numérique responsable, dans les trois piliers, on a planète, people et prospérité. Et vraiment, pour que le collectif tourne, on pense que la prospérité est ultra importante. Chaque personne doit être, je vais dire, rémunérée, ou en tout cas récompensée pour les efforts qu'elle met dans le collectif. On peut donner de son temps gratuitement, mais il faut à un moment ou à un autre qu'on récupère. de la valeur. Donc la valeur ça peut être de l'argent, ça peut être de la visibilité, ça peut être des contrats avec des marques qui vont nous apporter un peu une crédibilité dans le milieu, peu importe, mais il faut qu'on ait un retour. Vraiment, on a placé la prospérité et la transparence au cœur du collectif dès le début. Tout simplement un fichier, un Google Sheet partagé où on montre tous les revenus qui rentrent, tout ce qui sort, tout ce que tout le monde gagne, moi y compris, et ce qu'on dépense pour tous. Donc ça, c'était vraiment le démarrage, le lancement. Deux personnes ultra motivées, très entrepreneurs. Et venu rapidement un petit problème de... comment on grossit, parce qu'on commençait à avoir des clients. Donc à 6 ou 7, on est répartis sur la France entière. Donc 6 ou 7 sur la France entière, ça ne fait pas beaucoup pour répondre à des appels d'offres. Et du coup, on a commencé à rallier un peu tous les experts du numérique responsable qui étaient dans notre réseau, dans ce collectif, dans cette marque. Et au début, vraiment, ça fonctionne sur le réseau. C'était totalement gratuit pour les membres. Et donc, on est passé de 6 à une quinzaine, avec beaucoup plus d'expertise. et la marque a commencé à avoir de la visibilité. Ça, ça devait être en 2022, 2023. On a commencé à grandir et à avoir un succès un peu commercial et un problème d'adaptation, d'adéquation entre le nombre de projets et le nombre de personnes dans le collectif capables de les faire. Donc tout l'enjeu du collectif, depuis le début et maintenant aussi, c'est de ne pas grossir trop vite. Parce que quand tu grossis trop vite, tu imploses. Et en même temps, de grossir suffisamment et garder suffisamment d'expertise pour combler nos clients.

  • Bérénice d'Holomea

    Alors du coup, juste pour préciser, quand tu parles de projet, tu parles d'expertise, tu parles de tout ça. Réponse à des appels d'offres communes, des prospections qui sont partagées, qui sont mutualisées. Et donc après, est-ce que tu peux expliquer juste comment ça se passe pour se répartir qui fait le projet ?

  • Nicolas Drouet

    Comme je te disais, on n'a pas de structure. On n'a pas de salariés chez The Green Companion. Donc déjà, la partie commerciale, tous les membres du collectif peuvent jouer le rôle d'apporteurs d'affaires. Et c'est aussi l'objectif, c'est que chacun apporte des affaires au collectif pour soi-même et pour les autres. Ensuite, toute la partie, on va dire, commerciale et légale, c'est moi qui la gère, puisque je suis le président d'un société anonyme. Donc administrativement, je suis un peu obligé de prendre ce rôle. Et ensuite, quand on a des projets clients, que ce soit des formations, des bootcamps, En fait, on va faire en interne un peu un appel à projet. Alors c'est un bien gros mot, appel à projet dans le collectif, mais on va lancer un appel sur la plateforme du collectif pour savoir qui est intéressé, qui a l'expertise suffisante et qui peut réaliser ses formations et à quelle date. Donc il y a un pilotage de tous les membres du collectif qui est très consommateur. Donc je comprends que certains collectifs ont des salariés pour gérer toute cette administrative. Pour l'instant, on n'en a pas. On est 30 et pour l'instant, moi, je fais beaucoup d'administratifs.

  • Bérénice d'Holomea

    Et donc forcément, quand tu élargis ton collectif, il y a un côté super, on se relie avec d'autres experts, on s'enrichit aussi des expériences des autres. Mais tu as quand même l'enjeu que tu ajoutes des personnes qui potentiellement vont prendre du business. En fait, il y a un peu de la concurrence quand même.

  • Nicolas Drouet

    Là aussi, c'est effectivement... L'objectif d'un collectif, c'est de relier les gens. Donc on a commencé par relier des freelances qui étaient tout seuls dans leur coin, donc pas trop de concurrence, surtout encore une fois France entière. Donc un freelance à Nantes et un freelance à Clermont-Ferrand ont peu d'interactions au quotidien, normalement. Et de plus en plus, finalement, on a des entreprises qui nous rejoignent ou qui veulent nous rejoindre et effectivement qui sont potentiellement concurrentes. Mais en réalité... L'objectif final de tout le monde dans le collectif, c'est de faire grandir la cause, j'ai envie de dire, enfin en tout cas d'évangéliser sur le numérique responsable. Donc on essaye de ne pas se tirer dans les pattes. On a évidemment une charte quand on rentre dans le collectif, et on se connaît tous, donc c'est un petit milieu, c'est un petit écosystème, donc on essaye de bien faire les choses, et finalement d'être plutôt dans la cooptation que dans la compétition, et de travailler un peu en bonne intelligence. Mais oui, parfois il peut y avoir des petites... Je ne vais pas dire tensions, mais des petites concurrences. Parfois, The Green Companion répond à des appels d'offres en concurrence à d'autres membres du collectif. Mais bon, c'est un peu la vie des entreprises. Et si tout le monde s'y retrouve, au final, globalement, tout le monde est content.

  • Bérénice d'Holomea

    C'est un enjeu qui est existant et qui est reconnu, dans le sens où peut-être les membres du collectif, en arrivant, ont conscience dès le départ que oui, ça peut leur apporter des choses, mais qu'aussi, ils sont mélangés avec... d'autres finalement. C'est le propre du collectif.

  • Nicolas Drouet

    Encore une fois, la spécificité également de The Green Companion, c'est qu'on est un collectif. qui vend des prestations à des clients. Il y a énormément de collectifs qui n'ont pas cette partie commerciale, où l'objectif du collectif est plutôt d'apprendre entre nous, ou alors, pourquoi pas, de s'apporter des affaires, un peu comme un réseau d'entrepreneurs. Et nous, on a fait le choix d'avoir à la fois un réseau d'entrepreneurs, mais aussi un développement commercial, pour finalement donner des missions, donner à manger à tous les membres du collectif. C'est cette position de développement commercial qui nous... pose aussi en concurrence des membres du collectif.

  • Bérénice d'Holomea

    Alors du coup, est-ce que tout le monde est impliqué sur le même degré ? Comment est-ce que vous vous êtes structuré finalement ? Est-ce que c'est toujours gratuit pour les membres ?

  • Nicolas Drouet

    Alors l'engagement des membres d'un collectif, c'est toujours un sujet. Dans l'historique que je t'ai expliqué précédemment, une gouvernance à deux, très rapide, on prend des décisions très rapides. On peut se tromper, mais on corrige rapidement. Et on a grossi. 2023, on est monté à une quinzaine de membres. On a commencé à sentir qu'il y avait un sujet de gouvernance. Donc on est passé à une gouvernance à quatre personnes, en essayant d'avoir des profils différents pour animer le collectif. Parce qu'en réalité, un collectif qui n'est pas animé par des personnes, il meurt à petit feu. On a un vrai sujet à la fois d'ouvrir cette gouvernance et de rémunérer suffisamment les gens qui s'impliquent dans la gouvernance. C'est un vrai sujet qui est compliqué. Et donc fin 2023 aussi, on est monté à une quinzaine de membres et on a vu la différence d'engagement entre certains. On a pris une décision qui pouvait à l'époque paraître un peu radicale pour certains, mais on a fait payer une cotisation. Donc début 2024, chaque membre du collectif paye une cotisation annuelle pour être dans le collectif. Alors c'est quelques centaines d'euros et par rapport au business qu'on génère, c'est anecdotique, mais en réalité... le fait de payer psychologiquement, c'est déjà un engagement. Donc on se dit, ok, j'ai payé, si je rentre dans ce collectif, c'est pour m'engager. Donc quelque part, on a évité un peu tous les zombies des collectifs, on a tous été dans les collectifs, moi y compris, où petit à petit, on ne fait plus rien, parce que c'était gratuit, parce qu'on n'y retrouve pas forcément notre compte, et en fait, on reste dans le collectif pour rien. Donc ça, ça a été important, et en fait, ça a énormément professionnalisé le collectif. On a eu beaucoup d'experts qui nous ont rejoints et on a vu l'engagement, honnêtement, alors c'est entre x5 et x10 l'engagement. Et donc on est monté de 15 à 30 personnes et est venu encore le sujet de la gouvernance. Donc aujourd'hui on a une gouvernance à 6 et on se pose toujours des questions sur cette gouvernance. Comment l'ouvrir ? Comment rémunérer les membres de la gouvernance ? Comment ne pas trop ouvrir à la gouvernance ? Parce qu'en fait, tout le monde a des bonnes idées, tout le monde a envie de participer à la vie du collectif. Mais après, dans le quotidien et dans la vie de tous les jours, quand on demande de s'impliquer, parfois c'est différent.

  • Bérénice d'Holomea

    Effectivement, ça peut être différent. Comment, du coup, très concrètement, tu parlais tout à l'heure de transparence. C'est quoi votre réponse aujourd'hui, même si j'entends que la question de la gouvernance, c'est une question qui se pose finalement en continu. Enfin voilà, ça ne s'arrête pas. Mais aujourd'hui, là, quelle est votre réponse du jour ? Et comment ça fonctionne ? Comment ça marche ? Et comment, du coup... Ce principe de transparence, il est aussi, j'imagine, mis en avant auprès des personnes qui ne sont pas dans la gouvernance. C'est-à-dire, est-ce que tu peux nous expliquer ?

  • Nicolas Drouet

    Eh bien, alors déjà, la transparence, c'est, comme je le disais, sur la rémunération de chacun. Et donc, sur chaque projet, on a une partie qui va aux apporteurs d'affaires et au développement commercial, une partie qui va aux formateurs, une partie qui va au pilotage, à la facturation, parce qu'il y a beaucoup de administratifs, et une partie qui va au pot commun. C'est-à-dire que sur chaque projet, on va financer la gouvernance et le fonctionnement du collectif. Sur ce pot commun, on va payer les salons, on va payer les quelques frais qu'on a du collectif. Et surtout, à la fin de l'année, on va rémunérer les membres de la gouvernance qui se sont impliqués. Cette rémunération, encore une fois, elle est totalement transparente. C'est-à-dire qu'on a des réunions mensuelles où on présente tous ces chiffres, qui gagne quoi. Donc, il y a à la fois une compétition entre les membres, mais une totale transparence. Et on sait aussi qui gagne quoi dans la gouvernance. Alors clairement, on en est encore au début du collectif. Donc, pour le moment, on rémunère la gouvernance, mais pas à hauteur de ce que les gens s'impliquent. Donc, comme je te disais, pour faire tourner un collectif dans les premières années, il faut vraiment des gens engagés, entrepreneurs, qui voient un intérêt. et qui, petit à petit, touche de la rémunération. Et une rémunération le plus équitable possible. Alors pas forcément égalitaire. Moi, je pense qu'un collectif, il faut rémunérer les gens en fonction de leur implication et pas mettre tout le monde sur un pied d'égalité parce qu'en réalité, ça crée toujours des tensions et des déséquilibres parce que ça nivelle un peu tout le monde par le bas, j'ai l'impression, alors que l'équité, ça me paraît beaucoup plus moteur et beaucoup plus engageant.

  • Bérénice d'Holomea

    Et donc très concrètement, pendant ces réunions mensuelles, est-ce que tu as par exemple Est-ce que tu as les 30 personnes qui sont là ? Est-ce que vous faites un vote ? Par exemple, toi, tu proposes, OK, les six membres de la gouvernance, on va donner tant à telle, tant à telle et tant à telle. Est-ce que du coup, comment ça se passe tout ça ? Vraiment, si on devait se projeter dans la réunion ?

  • Nicolas Drouet

    Oui, alors très concrètement, pour la prise de décision, en réalité, c'est simple de dire ça, mais plus on est nombreux, plus c'est dur de prendre une décision. Donc on a testé des moyens comme les forums ouverts où chacun donne des idées, où il y a un vote. Le résultat n'est pas tout le temps à la hauteur des attentes. On teste aussi des décisions qui sont prises par la gouvernance et ensuite qu'on explique au reste du collectif. Alors pour l'instant, la gouvernance est un peu autoproclamée, c'est-à-dire qu'il n'y a pas de vote pour désigner tous les membres de la gouvernance. Mais il y a une certaine confiance qui s'établit et on essaye... d'avoir une gouvernance suffisamment nombreuse, on est quand même 6 par rapport à 30, donc il y a à peu près tous les intérêts qui sont représentés. Et donc pour le moment, les décisions sont vraiment prises au sein de la gouvernance et ensuite expliquées à tout le monde. Alors après, il peut y avoir des débats et on peut changer, mais on ne prend pas les décisions à 30 et avec un vote, une personne égale une voix, parce que d'expérience, ça marche... Enfin, c'est un peu compliqué.

  • Bérénice d'Holomea

    Oui, c'est un peu compliqué parce que si la personne s'implique, plus, a plus la vision sur une décision, finalement ça a du sens qu'elle ait aussi plus de poids dans la prise de décision.

  • Nicolas Drouet

    On a essayé et on essaye toujours d'avoir un peu le juste milieu entre une association, loi 1901, et une entreprise avec une vraie entreprise, société anonyme avec tous les codes que ça implique. Et en réalité, il y a du bon à prendre dans les deux. Donc pour l'instant on est un peu, on pourrait dire une... une société anonyme avec une gouvernance et une façon de penser plus proche des associations.

  • Bérénice d'Holomea

    Ce fonctionnement-là, en quoi ça a impacté votre mission de faire finalement se développer le numérique responsable ?

  • Nicolas Drouet

    Cette gouvernance, ça nous permet surtout de grandir et d'adresser de plus en plus de monde. Là, aujourd'hui, on... On a fait le compte, on a formé je crois 2500 personnes depuis un an et demi à peu près. Mais l'objectif c'est de se dire comment on peut former ou sensibiliser beaucoup plus de monde. Donc le collectif a vocation à grandir. Et en réalité si on est deux ou trois à essayer de faire tourner ce collectif, on s'épuise. Donc c'est pour ça qu'on a aussi ouvert la gouvernance. Et la projection sur 2025 c'est... c'est que les membres de la gouvernance prennent vraiment des sujets, c'est-à-dire chaque membre de la gouvernance est un peu propriétaire d'un sujet, d'emmener au bout ce sujet-là. Donc il a évidemment une voix dans les sujets communs, mais il est vraiment propriétaire, et c'est pour ça qu'on cherche des profils entrepreneurs. Il est propriétaire d'un sujet, il l'emmenait au bout. Et c'est ça qui est compliqué dans les collectifs. Très rapidement, ça peut avoir tendance à se transformer à... une table ronde où chacun donne son opinion, mais il n'y a pas vraiment d'actions qui sont prises, il n'y a pas vraiment de décisions tranchées. Et pour grandir et pour avancer vite, on a besoin d'avoir des décisions tranchées.

  • Bérénice d'Holomea

    Est-ce que tu peux donner un exemple de sujet ?

  • Nicolas Drouet

    Un exemple de sujet très concret qu'on a dû traiter en gouvernance, c'est sur notre site internet. Un site internet, c'est une vitrine. Nous, on fait du numérique responsable. Donc, quel est le meilleur... outils pour éco-concevoir son site internet. Et là dans le collectif, donc on est 30, tout profil confondu, on a des développeurs, on a des designers, on a des UXiens, des producteurs, et donc est venue la question de quels outils on utilise pour faire notre site internet. Est-ce qu'on utilise, est-ce qu'on fait tout from scratch avec des développeurs pour être les plus puristes sur l'éco-conception de notre site internet, après tout c'est notre vitrine, notre savoir-faire, ou est-ce qu'au contraire on fait comme 95% finalement des entreprises et des autres collectifs. C'est-à-dire qu'on utilise des CMS pour aller vite, permettre de faire les choses simplement. Et bien sûr, en essayant d'éco-concevoir au maximum sur un CMS. Mais ça a amené beaucoup de débats en interne, parce qu'éco-concevoir sur un CMS, pour les puristes, c'est un peu compliqué.

  • Bérénice d'Holomea

    Est-ce que tu peux juste préciser ce que c'est un CMS pour les gens comme moi qui ne font pas d'informatique ?

  • Nicolas Drouet

    Oui, les CMS, c'est effectivement pour les gens comme toi, ou pour moi d'ailleurs. Mais en fait, c'est un outil no-code qui permet de développer un site Internet facilement avec des interfaces graphiques. Donc c'est les WordPress qu'on connaît. plein d'autres, et contrairement à un site développé par des développeurs où là, on va être vraiment dans le code.

  • Bérénice d'Holomea

    Et donc, sur cet exemple-là, tu disais tout à l'heure que l'enjeu, c'était que les personnes qui soient impliquées dans la gouvernance, par exemple, ou dans le collectif, se mettent en position d'être propriétaires d'un sujet et mettent une implication dans le fait que ça avance. Oui. Et donc, ce site Internet, tu disais que ça avait suscité des débats. Est-ce que quelqu'un s'en est emparé ? Est-ce que...

  • Nicolas Drouet

    Alors, ça a suscité, encore une fois, beaucoup de débats. Ça en suscite toujours. Et donc, le sujet, c'est qu'à un moment, il a fallu trancher. Et donc, en gouvernance, on s'est posé la question du, encore une fois, très simplement, comme une entreprise, du ROI, donc du retour sur investissement, de changer ce site Internet. Et au final, la décision qui a été prise, c'est de confier les rênes à un des membres de la gouvernance et en disant, pour l'instant... on va faire sur Webflow, qui est un CMS, mais en tout cas, ça va nous permettre d'aller vite. On va essayer de le faire le mieux possible. On sait qu'on pourrait faire mieux, mais pour avancer, il faut qu'on avance vite. Et donc, on est parti sur cette décision-là avec une personne dans la gouvernance qui a la casquette de responsable, finalement, du site Internet et de toutes ses évolutions.

  • Bérénice d'Holomea

    Je vais te poser une question un peu plus conceptuelle, je te prie, Moulin. Depuis tout à l'heure, tu dis, il faut qu'on avance vite, il faut qu'on prenne les décisions vite. Pourquoi ? Ce besoin d'aller vite.

  • Nicolas Drouet

    Pourquoi ce besoin d'aller vite ? C'est vrai, c'est une bonne question. Très bonne question. Je pense que c'est très certainement mon passé de start-upper qui parle. Et aussi, j'ai participé, je participe toujours à beaucoup de collectifs. Et en fait, je me rends compte qu'un collectif qui n'avance pas, c'est un collectif qui meurt à petit feu. Donc c'est pour ça que je parle pas mal d'avancer. humainement, je pense que les gens ont envie d'avancer. Tous ces freelances, tous ces indépendants du collectif ont envie d'avancer aussi, eux, dans leur aventure entrepreneuriale. Et donc, ils ont besoin d'avoir de plus en plus de projets, de plus en plus d'échanges avec les autres. Et je pense qu'on ne peut pas se contenter d'être 10, 20 ou 30 et après d'être dans un entre-soi. Le but du collectif, c'est de s'ouvrir et de grandir pas trop vite. Je pense qu'il faut avancer.

  • Bérénice d'Holomea

    Sur ça, pour le coup, il ne faut pas que ça aille vite.

  • Nicolas Drouet

    Non, non, il faut avancer, donc rapidement, mais pas trop vite. C'est-à-dire qu'il ne faut pas que tu ouvres toutes les vannes du collectif et que tu prennes 100 personnes d'un coup alors que tu es 30 membres. Mais par contre, il faut que le collectif avance de 30, 40, 50. Et il faut qu'on sente surtout la progression pour que tous les membres du collectif sentent qu'il y a une vie, qu'il y a des choses qui avancent et qu'il y a des sujets qui avancent.

  • Bérénice d'Holomea

    Ça me fait penser... Enfin, j'ai fait du sport et souvent la coach, elle me disait... Il ne faut pas confondre vitesse et précipitation. J'ai l'impression que c'est un peu ça que tu essayes de dire. C'est qu'il y a des moments où il y a besoin que ce soit dynamique, qu'il y ait du mouvement, qu'il y ait une émulation d'idées, de projets. Mais pour autant, il n'y a pas de choix précipité. J'ai l'impression, en tout cas dans l'élargissement du collectif et dans la proposition de nouvelles choses en lien avec le numérique responsable, le fait d'aller... convertir finalement les entreprises, etc. Il y a quand même, pour le coup, l'enjeu n'est pas d'aller trop rapidement. J'ai l'impression quand même qu'il y a une prise de recul sur quelle est la meilleure décision sur le moment avant d'aller proposer ça à d'autres personnes. Donc si je comprends bien, ce fonctionnement aujourd'hui chez The Green Companion, il permet, en lien avec le... qu'est-ce que vous essayez de faire ? C'est-à-dire, vous essayez de former les entreprises aux nouvelles pratiques numériques responsables. Donc, si je comprends bien, votre manière d'agir aujourd'hui, votre manière de vous structurer, elle permet donc d'aller plus vite. Est-ce que tu vois d'autres impacts ? Si vous fonctionniez de manière plus classique, qu'est-ce que ça change, en fait, d'avoir ce fonctionnement-là très vivant par rapport à un fonctionnement, on va dire, plus classique d'entreprise, typique ? hiérarchisé, pyramidal, tout ce que tu veux. Mais qu'est-ce qui a changé entre les deux, en bien ou en moins bien ?

  • Nicolas Drouet

    Alors, ce qui a changé clairement en bien, c'est... que tu peux finalement intégrer des personnes dans le collectif avec des expériences très diverses, avec des implications très diverses. Donc certaines personnes dans le collectif vont donner quelques heures par semaine, d'autres quelques jours, et ça en entreprise tu ne peux pas. En entreprise tu es assez cloisonné et donc il faut recruter pour pouvoir délivrer un service. et que si tu n'as pas les clients, il y a un problème d'adéquation entre nombre de clients et nombre de salariés dans ton entreprise. Avec le collectif, tu peux beaucoup plus accueillir de membres et du coup avoir beaucoup plus de richesses, d'informations et d'échanges et répondre mieux aussi aux demandes des clients sans forcément monter une hiérarchie entre les membres. Donc tu es beaucoup plus dans la coopération que dans la hiérarchie. Même si certaines entreprises maintenant prônent la collaboration dans les fêtes, c'est rarement le cas.

  • Bérénice d'Holomea

    Donc si je résume, il y a la liberté d'implication. C'est-à-dire même s'il peut y avoir des phases par exemple dans la vie de quelqu'un, peut-être il y a des moments où on est plus impliqué, des moments où on est plus en retraite. Donc il y a une certaine liberté, autonomie. Il y a les aspects d'interaction, de richesse, de diversité. Et donc tout ça finalement ça permet d'avancer. Est-ce qu'aujourd'hui, tu dirais que tu as atteint ton objectif d'évangéliser le numérique responsable ?

  • Nicolas Drouet

    Non, pas du tout. Je reviendrai sur ce que j'ai parlé des avantages d'un collectif face à une entreprise. Il y a quand même un gros inconvénient par rapport à une entreprise, c'est que chacun avance à son rythme. C'est-à-dire que quand je reçois une demande de staffer une vingtaine de formations, j'ai besoin vis-à-vis de nos clients de répondre rapidement. Et en réalité, dans une entreprise... classique, j'ai le planning des collaborateurs et je fais le staffing moi-même et ça va très vite pour répondre aux clients. Dans un collectif, il faut soumettre la demande au collectif, attendre les réponses, à chaque fois chacun est libre de son temps et de son implication et donc le rapport à la demande est totalement différent. Et c'est pour ça aussi qu'il faut construire de la confiance, montrer à tous les membres du collectif qu'on avance pour embarquer tout le monde dans le projet et que les gens réagissent. relativement rapidement.

  • Bérénice d'Holomea

    Comment est-ce que tu construis cette confiance ?

  • Nicolas Drouet

    Comment je construis la confiance ? Déjà je disais la transparence sur la rémunération, ça doit pas être un gros mot, on est tous entrepreneurs. Donc oui, on essaye d'agir pour une cause qui nous paraît assez noble, mais on est tous entrepreneurs et on a tous des familles et donc chacun doit s'y retrouver. Donc voilà la transparence sur la rémunération, c'est important, ça doit pas être un gros mot. Le respect de chacun aussi, de se dire que certaines personnes n'ont pas envie de s'impliquer énormément dans le collectif, même si elles apportent un peu et elles reçoivent un peu, c'est faire. Très bien, le collectif fonctionne comme ça. Et voilà, essayer de ne pas avoir de hiérarchie entre la gouvernance et les membres. Parce que la gouvernance, finalement, c'est ni plus ni moins que six personnes qui se mettent sur une visioconférence ou dans une salle de réunion. Mais il n'y a pas de hiérarchie vis-à-vis des autres.

  • Bérénice d'Holomea

    C'est-à-dire que c'est un rôle comme un autre, finalement.

  • Nicolas Drouet

    C'est un rôle comme un autre qui... qui peut être totalement un rôle tournant, qui doit être ouvert et il doit donner envie aux autres membres, à un moment ou à un autre de leur vie dans le collectif, de rejoindre cette gouvernance juste pour faire tourner le collectif et y retrouver encore plus de ce qu'on a envie d'y voir.

  • Bérénice d'Holomea

    Quand tu dis faire tourner le collectif, ça m'évoque la notion de cyclicité. C'est quelque chose que dans les entreprises, on peut avoir du mal à vivre. C'est-à-dire qu'on a souvent tendance à être dans la productivité tout le temps, avec des personnes qui incarnent ce rôle de prise de décision tout le temps. Et c'est vrai que moi, je l'observe, ça peut avoir quelque chose d'assez fatigant parce que dès qu'on finit quelque chose, on est tout de suite dans mince, il faut que je relance quelque chose Et du coup, ce que tu dis, ce qui est intéressant, c'est qu'à la fois, il y a des cycles dans la manière qu'on a de s'impliquer, mais il y a aussi des cycles sur les rôles et le fait d'avoir ces rôles. tournant, c'est peut-être qu'aujourd'hui je vais donner beaucoup en termes de gouvernance et que peut-être que d'un moment j'aurais envie d'explorer autre chose ou peut-être que, même si j'ai pas envie, peut-être ça va me faire du bien d'explorer autre chose et peut-être après de revenir sur la prise de décision avec une autre vision des activités.

  • Nicolas Drouet

    Et même même dans son implication dans le collectif, on a certains membres du collectif qui étaient là en 2023 ou début 2024 et qui à un moment se disent moi je lance à côté un projet j'ai plus le temps ou forcément l'envie de faire de la formation. Ok, bah faire... Donc ils sortent momentanément du collectif. Mais par rapport à une entreprise où quand tu sors de l'entreprise, il ne se passe plus rien, là, sortir d'un collectif, si c'est pour les bonnes raisons évidemment, finalement tu restes quelque part un peu dans la famille et tu reviendras à un moment ou à un autre dans ce collectif.

  • Bérénice d'Holomea

    Comment ça va évoluer ce Green Companion dans les prochaines années ? Comment tu vois un peu ce projet ? Tu disais tout à l'heure que la formation, c'était une étape nécessaire au changement des pratiques. Est-ce que du coup, ça va rester un collectif qui forme ? Ou est-ce que ça va changer peut-être dans les années à venir ?

  • Nicolas Drouet

    C'est en train de changer. Donc jusqu'à aujourd'hui, on était un collectif de formateurs. On s'est dit aussi groupe réseau d'entrepreneurs. En tout cas, on était très focalisés sur la formation par des experts. Donc tous les membres de The Green Companion étaient un peu des experts finalement triés sur le volet, ou en tout cas validés par la collectif, pour pouvoir donner des formations. On se rend compte que ça, ça atteint certaines limites. Aujourd'hui, on est 30, on pourrait être, je pense, 50 formateurs, pas vraiment plus. Pour deux raisons, c'est que des experts du numérique responsable en France, capables de donner des formations et qui ont envie de donner des formations, il n'y en a pas des centaines non plus. C'est un écosystème qui est assez petit aujourd'hui. Et également, la deuxième raison, c'est de garder la qualité de ces experts. Donc, les formateurs The Game Companion, on a envie de rester peu nombreux pour pouvoir contrôler la qualité de nos formations, le process d'onboarding des formateurs. Par contre, je te parlais d'un plateau, on est un peu sur un plafond de verre. On n'est pas commerciaux, on n'aime pas forcément ça, donc on ne fait pas non plus 100 formations par jour. Et même si cette année, on a formé 2500 personnes, il y a des centaines de milliers de personnes qui travaillent dans la tech qu'il faudrait former. La question qu'on s'est posée, c'est comment on arrive à démultiplier un peu notre impact, ce qu'ont pu faire par exemple les fresques du climat, du numérique. C'est un raz-de-marée parce qu'ils ont trouvé le modèle qui convient bien à l'évangélisation en masse. Et donc là, ce qu'on lance comme projet pour tout début 2025, c'est d'ouvrir le collectif et donc d'avoir une partie membres experts, qui sont des formateurs, limités à une cinquantaine, une partie business, donc cercle business, des entrepreneurs du digital qui ont envie de monter en compétence sur le numérique responsable. sans forcément avoir le niveau d'expertise pour donner des formations. Et on appelle ça le circle business parce que c'est aussi l'occasion de partager des affaires entre personnes, entre entrepreneurs digitales. Et enfin, d'ouvrir à des membres. Donc là, c'est toute personne qui souhaite monter en compétence sur le numérique responsable pourrait intégrer ce collectif pour avoir des tutoriels, des live sessions, de l'entraide entre les membres et monter beaucoup plus rapidement en compétence. Et c'est à ce moment-là qu'on commence à changer notre nom de collectif en communauté, parce qu'il y a 30 experts, on est un collectif d'experts. Là, l'objectif, c'est qu'on soit peut-être 100, 150 en 2025, mais avec des membres qui ne seront pas des formateurs, et où là, on est beaucoup plus dans la communauté.

  • Bérénice d'Holomea

    Donc si je comprends bien, ces membres, ce seront quand même des professionnels du numérique, pas forcément du numérique responsable, qui auront accès sans forcément passer par des journées de formation ou des boutons.

  • Nicolas Drouet

    camp à des contenus pour qu'ils soient finalement autonomes dans leur montée en compétences c'est ça tout à fait c'est vraiment la notion de communauté est en fait donner des formations d'une journée en présentiel encore une fois ça beaucoup de limites alors c'est un gros avantage c'est la proximité et l'interaction mais pour évangéliser en masse c'est trop compliqué et donc on a monté une plateforme où on a donc tout ce matériel qui à disposition alors évidemment un des tutoriels des des e-learning également. Et la grosse force d'une communauté, c'est l'entraide et l'échange. Donc cette plateforme, elle se devait d'avoir des zones d'entraide et de partage entre les membres. Donc ce qu'on veut vraiment, c'est que les gens viennent sur cette plateforme pour poster leurs besoins, expliquer leurs projets et pourquoi pas demander de l'assistance à des membres experts du collectif ou partager entre membres et avoir des bonnes pratiques sur d'autres projets, d'autres entreprises de ces pairs.

  • Bérénice d'Holomea

    Je trouve que c'est très intéressant et en même temps, à la fois sur le fond et à la fois sur l'évolution que le projet peut prendre. Et je trouve que c'est ça aussi peut-être qui peut être plus fluide entre un collectif et peut-être une entreprise très structurée. C'est de dire à un moment, on a envie de faire évoluer les activités par rapport aux besoins du marché. Et peut-être comme il y a cet esprit entrepreneurial, il y a quand même cette opportunité d'aller créer facilement des nouvelles choses.

  • Nicolas Drouet

    Ce qui est compliqué dans un collectif, c'est... Comment tu matérialises le collectif ? Comment les gens se rencontrent ? Nous, je te l'ai dit, on est dans la France entière. Et on a commencé vraiment Paris, Clermont-Ferrand. Donc on a commencé remote et donc animer un collectif remote, c'est quand même compliqué. On se voit évidemment une, deux fois par an en présentiel avec les autres, tous les membres, mais la majorité de nos interactions sont digitales et remote. Et donc là est venue la question de quel outil utiliser, comment faire vivre ça. Alors on a commencé sur Slack, comme beaucoup de collectifs, et là on est en train justement avec la notion de communauté de migrer. ces échanges. Donc on est passé sur une plateforme qui s'appelle Circle, que je recommande pour les communautés. Et on aime bien dire que cet outil permet de rassembler les experts du sujet et dans le numérique responsable, les lier. Le cercle de l'anneau, on est assez fan. C'est un peu cette logique-là. En tout cas, c'est un vrai sujet des communautés et des collectifs. C'est quel outil tu utilises, quel média tu utilises pour que tout le monde se parle.

  • Bérénice d'Holomea

    Tout à fait. Et d'autant plus quand on est tous éloignés. bah écoute merci beaucoup d'avoir répondu à mes questions d'avoir partagé sur ce sujet c'était vraiment très intéressant j'espère que ça va pouvoir inspirer c'est un mode de fonctionnement qui est quand même très différent de ce qu'on a l'habitude de voir donc voilà

  • Nicolas Drouet

    j'espère que ça va peut-être donner des idées ou en tout cas créer peut-être des réflexions j'espère parce que c'est un beau modèle et ça fait trois ans que ça dure et finalement ça marche plutôt bien donc et on apprend tous les jours on est bon On innove tous les jours dans ces modèles d'organisation.

  • Bérénice d'Holomea

    Nicolas est le fondateur de la communauté The Green Companion. L'idée est venue de l'envie de rassembler des experts freelance dans le domaine du numérique responsable parce que ça lui paraît répondre à deux enjeux principaux. Déjà, le premier, se sentir moins seul en tant que freelance. et le second, de pouvoir accéder plus facilement aux clients pour diffuser massivement les pratiques d'un numérique plus vertueux. C'est un collectif qui a grandi au fil des années, en passant d'un rassemblement de quelques amis freelance à un réseau d'une trentaine d'experts engagés. Ces changements ont impliqué plusieurs enjeux. Déjà le premier, celui de la gouvernance, puisque l'élargissement a été relativement, on va dire, contrôlé au fur et à mesure que le collectif s'est agrandi. Le sujet de la prise de décision en collectif, c'est une préoccupation qui est pratiquement constante. pour savoir qui impliquer, comment faire pour que ça soit juste pour tous et toutes. Le deuxième enjeu, c'est celui de la répartition de la valeur. Donc au cœur, on va dire, du collectif The Green Companion, il y a vraiment la transparence et la prospérité. Et donc les questions qui se posent à ce sujet, c'est toujours de comment répartir justement la valeur, qu'elle soit financière ou non, en fonction des implications de chacun. Et puis, comment mesurer aussi ses implications et les degrés d'implication. Il y a également l'enjeu de répartir des missions, puisque plus le collectif grandit, plus il se confronte finalement à une concurrence en interne sur les missions qui sont apportées par le développement commercial qui est commun au réseau d'entrepreneurs. On retrouve également l'enjeu éternel de comment animer un collectif. C'est un élément qui est très important pour Nicolas. qui se demande comment faire pour ne pas que le collectif meurt à petit feu, comme il dit. Donc pour lui, c'est essentiel que tout le monde sente la progression et de s'engager sur des projets, de faciliter des échanges entre des membres pour qu'on sente la vie finalement dans ce collectif. Ce fonctionnement, il est vraiment particulier et assez innovant. Et donc, son premier avantage, c'est... que cette gouvernance, elle permet quand même de grandir assez facilement en termes de collectif et de toucher de plus en plus de professionnels de numérique. Et puis de ne pas s'épuiser finalement face à l'augmentation des clients, ne pas porter forcément la gouvernance seule, mais d'avoir un petit collectif. Ça permet aussi de se soutenir et de pouvoir assurer du coup cet élargissement tranquillement. L'autre avantage, c'est que le... collectif, il progresse et il se développe aussi du fait de l'implication justement de certaines personnes dans cette gouvernance, puisque chaque personne qui est là, non seulement elle contribue à la prise de décision, mais elle peut aussi porter un sujet et en être responsable de bout en bout. Et donc, voilà, après que les membres soient impliqués dans la gouvernance ou non, ce fonctionnement permet quand même une grande liberté déjà en termes d'implication. Et puis, ça permet d'être assez autonome sur ces sujets. Et enfin, d'enrichir les échanges entre les experts de différentes branches du numérique responsable. Et donc, de renforcer aussi la pertinence des réponses aux clients grâce à la coopération. Puisqu'en rassemblant des personnes qui ont des expertises différentes, on va pouvoir répondre de manière plus complète et plus pertinente. Retrouvez les épisodes de l'affluence une fois par mois. Ils forment un recueil de témoignages, de vécus liés aux transformations des fonctionnements collectifs qui vous permettra d'avoir des clés pour faire évoluer à votre échelle votre environnement professionnel. Pour ne rater aucun épisode et pour faire grandir ce podcast, vous pouvez en parler autour de vous. Vous abonnez sur votre plateforme d'écoute préférée et nous laissez des étoiles si vous nous écoutez depuis Spotify ou Apple Podcast. Merci pour votre écoute et à bientôt. pour un nouvel épisode de La Fluente.

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Description

La Fluence, le podcast qui explore la coopération 🔎

Dans cet épisode de la Fluence nous explorons la coopération avec Nicolas Drouet, fondateur de The Green Compagnon : un collectif d’experts engagés dans le numérique responsable. Il nous parle de son parcours d’entrepreneur et de la vie de cette communauté, à la fois les succès mais aussi les enjeux qui le préoccupent. 


---------------

🌟 Les apprentissages à retenir de cet épisode :

  • Nicolas est le fondateur de la communauté the green compagnon. L’idée de rassembler des experts freelance lui paraît répondre à deux enjeux :  se sentir moins seul en tant que freelance et pouvoir accéder plus facilement aux clients pour diffuser massivement des pratiques plus vertueuses. 

  • The Green Compagnon propose donc des formations concrètes pour chaque métier du numérique, des boot camps pour transformer en profondeur les pratiques. C'est aussi une communauté de professionnels du numérique. 


🤔 Le collectif a grandi au fil des années en passant d’un rassemblement de quelques amis freelances, à un réseau d’une trentaine d’experts engagés. Ces changement impliquent plusieurs enjeux : 

  • La gouvernance : qui impliquer, comment faire pour que ça soit juste pour tous et toutes ?

  • Répartition de la valeur : comment répartir justement la valeur (financière ou non) en fonction des implications, comment mesurer ces implications ?

  • Répartition des missions : comment faire face à la concurrence en interne du fait d’un développement commercial commun ? 

  • Animation d’un collectif : comment sentir la progression, comment s’engager sur des projets et faciliter les échanges entre les membres pour qu’ils sentent que le collectif est vivant ?

  • Maintenir le lien : quel média et quels outils utiliser pour matérialiser un collectif dont les membres sont à distance ?


🌟 Les avantages et inconvénients de ce mode de fonctionnement innovant : 

  • Cette gouvernance permet de grandir et de toucher de plus en plus de professionnels du numérique.

  • Les membres peuvent porter leur sujet et être responsable de l’amener jusqu’au bout. 

  • Ce fonctionnement permet une liberté d’implication, de favoriser l’autonomie de chacun, d’enrichir les échanges entre les experts de différentes branches du numérique responsable, et de renforcer la pertinence des réponses au client grâce à la coopération. 

  • Inconvénient : chacun avance à son rythme, peut être compliqué notamment pour staffer les formations…


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Transcription

  • Bérénice d'Holomea

    Bonjour à toutes et à tous, je m'appelle Bérénice, je travaille chez Holomea et je suis passionnée par la bio-inspiration et la manière dont fonctionnent les humains entre eux. Bienvenue sur La Fluence, le podcast qui explore la coopération. Aujourd'hui, je rencontre Nicolas Drouet, fondateur de The Green Compagnon. un collectif engagé d'indépendants spécialisés dans le numérique responsable. Ils ont pour objectif de partager des bonnes pratiques et d'enrichir les connaissances des professionnels de ce domaine. Dans cet épisode de l'affluence, nous abordons le parcours de Nicolas vers le numérique responsable, ainsi que la vie de The Green Compagnon, à la fois dans ses succès, mais aussi dans les enjeux d'un tel collectif. Bonjour Nicolas ! Bienvenue sur le podcast La Fluence.

  • Nicolas Drouet

    Bonjour Bérénice.

  • Bérénice d'Holomea

    Aujourd'hui, on se retrouve pour explorer la coopération, notamment dans l'entreprise que tu as créée qui s'appelle The Green Compagnon.

  • Nicolas Drouet

    Tout à fait.

  • Bérénice d'Holomea

    Est-ce que tu veux bien te présenter, nous raconter un petit peu ton parcours et nous dire quelques mots sur toi ?

  • Nicolas Drouet

    Tout à fait. Bonjour Bérénice, Nicolas Drouet. Moi, je suis, comme tu l'as dit, le fondateur d'une communauté qu'on appelle The Green Companion. J'ai 49 ans très bientôt, deux enfants et je suis dans la tech depuis très longtemps. J'ai commencé ma carrière plutôt en tant qu'ingénieur et dans le développement, dans les télécoms. J'ai créé ma première startup fin 2012, qui est un comparateur d'offres de cloud. J'ai vécu l'aventure des startups de 2012 à 2018, avec des hauts et des bas comme toute startup, des passages à San Francisco, des levées de fonds, des... des fermetures puisqu'on a fermé en 2018 cette société qui s'appelait CloudScreener. Et suite à cette aventure, je me suis intéressé de plus en plus à un sujet qui est le numérique responsable, donc l'impact environnemental du numérique, puisque dans ma vie pro de tous les jours, je parlais de numérique au quotidien et je produisais de la tech. Et dans ma vie perso, je commençais à me poser des questions sur l'impact environnemental et la société de demain. Et de fil en aiguille, je me suis rapproché... d'organisations telles que le Shift Project à l'époque, en 2018, parler, écouter les confs de Jean Covici et autres. Et en fait, j'ai pris un peu une claque à ce moment-là et je me suis dit, il faut qu'on arrive à faire un numérique différent. Donc j'ai commencé en tant que freelance plutôt dans le milieu du product management et j'essayais d'amener un peu une patte Green IT dans le product management. Et de fil en aiguille, on s'est réunis entre plusieurs freelances. Finalement, à un moment, on s'est posé la question, OK, ben... Est-ce qu'on travaille chacun de notre côté en tant que freelance ? Ou est-ce qu'on essaye de faire quelque chose ensemble ? Et comment on le fait ? Et c'est là qu'est venue l'aventure The Green Companion, qui a commencé en 2020. Voilà, donc il y a un peu plus de trois ans maintenant.

  • Bérénice d'Holomea

    C'est vraiment assez intéressant. En fait, ce que je comprends, c'est que finalement, ce projet, il est né de ton envie de réconcilier ton travail, tes activités, avec tes valeurs personnelles, finalement. C'est-à-dire, toi, tu avais un engagement qui naissait chez toi. Et tu t'es dit, j'ai besoin de le mettre aussi dans mes pratiques métiers, c'est ça ?

  • Nicolas Drouet

    C'est ça, et aussi un peu une curiosité, je ne vais pas dire une curiosité scientifique, mais au moins une curiosité technologique de me dire, c'est beaucoup de boîtes noires, la tech, notamment le cloud et les réseaux, puisque je venais des télécoms, beaucoup de boîtes noires, on n'y comprend rien. Et donc quand j'ai commencé à entendre le Shift Project parler de ça, je me suis dit, mais en fait, est-ce qu'il y a des outils pour mesurer ça ? Quelle est la réalité ? J'ai commencé à creuser. Donc, voilà, j'ai été presque autant attiré par la curiosité de l'information et de la véracité de l'info que par le côté environnemental. Et après, de l'environnemental a découlé le social, l'éthique et autres. Je me pose de plus en plus de questions sur ce sujet-là.

  • Bérénice d'Holomea

    Est-ce que tu peux nous décrire qu'est-ce que c'est The Green Companion ? Peut-être qu'est-ce que ça a été quand vous l'avez créé ? À combien vous étiez à ce moment-là ? Et quelles sont en fait les activités tout simplement ? Qu'est-ce que vous faites du coup dans cette communauté ?

  • Nicolas Drouet

    Oui, alors The Green Companion, c'est un collectif, une communauté. D'ailleurs, on se cherche un peu sur le nom et la distinction entre collectif et communauté. Donc c'est une communauté d'experts du numérique responsable. Et nous, notre mission et l'envie qu'on s'est fixée, c'est surtout d'aider les professionnels du digital à monter en compétence sur ce sujet du numérique responsable. qui est un sujet compliqué, qui demande à la fois un peu une remise en question de nos pratiques, métiers, et aussi de nouvelles technologies et de nouveaux outils. Donc on a créé The Green Companion en 2020, on était deux initialement à l'origine, avec Jean-Nahel Gobbe qui avait une agence web nommée Aristis. un peu spécialiste de l'éco-conception web. Et on s'est dit, comment on peut rallier plusieurs freelances avec deux objectifs, c'est d'avoir une représentation de plusieurs métiers différents, des product managers, des UX, des développeurs, pour couvrir un peu tous les métiers et surtout faire des formations qui sont très concrètes, très pragmatiques. Il existe toujours beaucoup de formations un peu macro sur l'impact environnemental du numérique, mais très peu finalement vont dans le concret et dans les... les bonnes pratiques métier. Donc on a essayé d'avancer sur ce sujet et au final au début le collectif c'est une bande de copains freelance. On fait quelques missions ensemble, quelques bootcamps, je reviendrai après sur ce qu'est la notion de bootcamp, et petit à petit on s'est structuré comme ça. Donc on a commencé à deux puis rapidement à six ou sept et début 2024 on a eu vraiment un coup d'accélération. On est 30 actuellement, 30 professionnels du digital, plutôt freelance ou petite structure. avec à la fois une expertise dans son métier, encore une fois des UXiens, des développeurs, des architectes, chaque métier de la tech, et surtout une vraie expertise sur le sujet du numérique responsable.

  • Bérénice d'Holomea

    Est-ce que toi, quand tu as lancé ça en 2020, tu avais cette expertise numérique responsable dans ton métier, et peut-être dans d'autres, est-ce que tu avais déjà ça, ou est-ce que le fait de proposer des formations, ça t'a permis toi aussi de monter en compétence ?

  • Nicolas Drouet

    Alors moi, en fait, la... Compétences et Expertise, je me le suis un peu créé. Comme je te disais en introduction, j'ai commencé à m'intéresser au sujet en 2018. 2018, il n'y avait pas grand-chose. Il y avait le livre publié par Frédéric Bordage, qui travaille sur le sujet depuis très longtemps et qui est un peu l'instigateur de cette thématique-là. Le rapport du Shift Project. En fait, j'ai commencé par lancer un projet qui était la mesure d'impact environnemental des e-mails. Donc avec une casquette très tech, je me suis dit on va lancer une startup, on va faire un module sur Gmail, donc module très sympa qui affichait ton impact CO2 pendant que tu écrivais un email avec des bonnes pratiques, pièces jointes et autres. Et en creusant, je me suis rendu compte que c'était très compliqué de mesurer et malheureusement, pour moi en tout cas et heureusement pour la planète, que l'impact environnemental de l'email, c'est un faux problème en réalité. C'est un peu l'effet touillette à la machine à café et des bonnes pratiques RSE. On a tous voulu réduire l'impact de ces emails. Et quand on creuse, c'est finalement pas là où est le problème. De 2018 à 2020, je me suis un peu construit mon expertise, mais sans théorie à part le livre des 115 bonnes pratiques. Et donc on s'est dit, en 2020, le marché, l'écosystème tech, n'est pas assez mature pour consommer des outils de mesure. Les méthodologies de mesure ne sont pas encore assez matures. Et du coup, le marché a besoin d'être évangélisé, de comprendre. C'est pour ça qu'on est parti dans la formation. Honnêtement, je ne me destinais pas à la formation. Et c'est finalement le premier pas nécessaire pour que tout le monde commence.

  • Bérénice d'Holomea

    C'est vrai que quand on entend ton parcours, on entend quand même quelqu'un qui pratique. C'est-à-dire, tu as créé des startups, tu as l'air de manipuler. Même si le numérique, ça reste quelque chose qui est plus ou moins intangible, mais quand même. Et du coup, c'est vrai que quand tu dis que tu ne t'étais pas prédestinée à la formation, rien qu'en entendant ton parcours, on sent que... Tu n'as pas forcément, comment dire, c'est un besoin peut-être selon toi pour aller plus loin dans le numérique responsable, dans la transformation des pratiques. Déjà de se dire, bon, comment on travaille en fait ?

  • Nicolas Drouet

    On s'est rendu compte aussi qu'une formation, alors une formation d'une journée ou de journée, ce n'est pas ça qui va totalement transformer tes pratiques. Donc c'est un bon premier pas, mais le lendemain, tu retournes au travail dans ton quotidien et tu repars dans le business as usual. Et tu as oublié 80% de ce qui a été vu en formation. D'ailleurs, c'est pour ça qu'on a développé une autre offre en parallèle de la formation. Donc la première offre, c'est des formations très classiques, un présentiel ou distanciel, qu'on appelle masterclass, parce qu'elles sont délivrées par des experts du métier. Alors on aime bien dire qu'on n'est pas des formateurs en réalité. On fait de la formation, mais on est avant tout des experts tech. Et la deuxième offre, on appelle ça les bootcamps ou les challenges. Et donc là, c'est un programme un peu plus complet sur trois mois. On va commencer par une journée de formation, ensuite on va faire des ateliers d'idéation pendant trois mois, et on va finir par un pitch devant un jury interne ou externe. En fait, on a un peu étiré le concept du hackathon. Le hackathon était sur 24 heures, 48 heures, mais en fait c'est super intense, et il faut produire du code en 48 heures ou 24 heures. Et on s'est dit, dans le sujet du numérique responsable ou du green IT, En fait, c'est très compliqué. C'est un domaine qui demande quand même à prendre du recul, à se poser des questions. Ça prend du temps et en 48 heures, en réalité, on n'a pas le temps de changer ses pratiques. C'est pour ça qu'on a mis en place un programme sur trois mois, gamifié, parce que ça va être un atelier par mois et à la fin un pitch, un peu comme des startups qu'on teste. Et là, c'est beaucoup plus engageant pour les apprenants. Et en les suivant sur trois mois sur leur projet concret, on avance beaucoup plus qu'en formation d'une journée.

  • Bérénice d'Holomea

    En fait, ce qui est intéressant dans ce que tu dis, c'est que pour le numérique responsable, il y a besoin de faire, c'est-à-dire d'apprendre. par le faire, par l'expérimentation. Et au-delà de la théorie. C'est-à-dire que comme c'est un changement pratiquement de métier, c'est comme si tu voulais être boulanger et que je te disais, on fait une semaine de formation théorique. En fait, à la fin, tu ne vas pas faire du bon pain, je pense. Mais du coup, il y a vraiment besoin de manipuler et d'expérimenter. Est-ce que tu peux nous expliquer peut-être ce passage entre le moment où vous étiez la bande de copains, 6 ou 7 ? Aujourd'hui, vous êtes un réseau, une communauté, un collectif de 30 experts numériques responsables. Comment ça s'est passé, l'arrivée des personnes dans ce collectif-là ? Quels ont été les enjeux ? Parce que je sais que ce n'est pas forcément facile d'ouvrir un collectif qui fonctionne. Pourquoi vous l'avez fait et comment ça s'est passé ?

  • Nicolas Drouet

    Je vais te refaire un peu l'historique de ce collectif. C'est compliqué de lancer un collectif et c'est compliqué de faire vivre un collectif. L'idée de lancer le collectif est venue de plusieurs freelances. Quand on est freelance, on se sent seul, on a des petites structures auto-entrepreneurs, au mieux SARL, UURL, peu importe. Mais en réalité, on est tout seul et tout petit face aux grandes entreprises, aux grands comptes clients. Donc on a aussi du mal à pénétrer ces grands comptes. Répondre à des appels d'offres quand on est freelance, c'est impossible. Rentrer dans les grilles d'achat des grands comptes, c'est impossible. Donc l'idée du collectif, avant tout, était d'être plus fort ensemble que seul dans son coin. Et on a voulu structurer ce collectif autour d'une marque. Et en fait, il se trouve que j'avais moi une société anonyme, The Green Companion. Et donc on s'est tous réunis autour de cette marque, en réalité un peu par opportunisme au début. On ne s'est pas posé de questions au tout début, en 2020, sur le statut juridique. Est-ce qu'il faut une SASU ? Est-ce qu'il faut une SCOP ? Est-ce qu'il faut... un modèle différent. Donc on est tout de suite parti dans la société anonyme avec beaucoup d'avantages au niveau des clients parce qu'en fait une société anonyme c'est connu de tous les entreprises, c'est connu tous les clients, on se pose pas de questions, on a un interlocuteur, un responsable en face et donc on a construit ce collectif autour de cette SASU et finalement tous les membres du collectif sont des sous-traitants de la SASU où il y a zéro salarié et même moi président je ne suis pas salarié de cette SASU.

  • Bérénice d'Holomea

    Donc c'est une marque avec des indépendants qui se relient à cette marque. Et donc, est-ce que vous avez pris la décision d'avoir plus de personnes ? Est-ce que ça s'est fait naturellement ? Comment vous êtes passé de on est six à aujourd'hui on est un réseau Est-ce que vous avez la volonté d'élargir ? Comment ça s'est passé ?

  • Nicolas Drouet

    On s'est posé, on se repose encore beaucoup de questions sur le nombre de personnes dans ce collectif. Donc 2020, comme je te l'ai dit, on a lancé le collectif à deux personnes. Alors au début, le lancement, la création d'un collectif, je pense qu'il faut être très peu nombreux et des gens très motivés et surtout entrepreneurs. On investit du temps, on investit un peu d'argent et on n'a rien en retour. Voilà, donc il faut vraiment avoir la vision et l'envie de l'entrepreneur pour lancer un collectif. Et moi, je pense que c'est mieux au début d'être peu nombreux parce que les décisions vont vite. Elles sont parfois mauvaises, mais peu importe, on teste et on le releve. Et à l'époque, donc en 2020, avec Jean-Anne L, on a vraiment avancé très vite parce qu'on était finalement deux à prendre les décisions. Et même si on était six ou sept dans le collectif, on était deux à avancer avec une toute petite gouvernance à deux. Donc la notion de collectif, elle était relativement limitée à l'époque, puisque finalement on était deux à prendre les décisions. Par contre, dès le début, ce qu'on a voulu, c'est que ce soit très transparent pour tout le monde et surtout que ça soit équitable. Dans ce collectif, en réalité, tout le monde a accès à toute la partie business. Nous, dans ce collectif, dans le numérique responsable, dans les trois piliers, on a planète, people et prospérité. Et vraiment, pour que le collectif tourne, on pense que la prospérité est ultra importante. Chaque personne doit être, je vais dire, rémunérée, ou en tout cas récompensée pour les efforts qu'elle met dans le collectif. On peut donner de son temps gratuitement, mais il faut à un moment ou à un autre qu'on récupère. de la valeur. Donc la valeur ça peut être de l'argent, ça peut être de la visibilité, ça peut être des contrats avec des marques qui vont nous apporter un peu une crédibilité dans le milieu, peu importe, mais il faut qu'on ait un retour. Vraiment, on a placé la prospérité et la transparence au cœur du collectif dès le début. Tout simplement un fichier, un Google Sheet partagé où on montre tous les revenus qui rentrent, tout ce qui sort, tout ce que tout le monde gagne, moi y compris, et ce qu'on dépense pour tous. Donc ça, c'était vraiment le démarrage, le lancement. Deux personnes ultra motivées, très entrepreneurs. Et venu rapidement un petit problème de... comment on grossit, parce qu'on commençait à avoir des clients. Donc à 6 ou 7, on est répartis sur la France entière. Donc 6 ou 7 sur la France entière, ça ne fait pas beaucoup pour répondre à des appels d'offres. Et du coup, on a commencé à rallier un peu tous les experts du numérique responsable qui étaient dans notre réseau, dans ce collectif, dans cette marque. Et au début, vraiment, ça fonctionne sur le réseau. C'était totalement gratuit pour les membres. Et donc, on est passé de 6 à une quinzaine, avec beaucoup plus d'expertise. et la marque a commencé à avoir de la visibilité. Ça, ça devait être en 2022, 2023. On a commencé à grandir et à avoir un succès un peu commercial et un problème d'adaptation, d'adéquation entre le nombre de projets et le nombre de personnes dans le collectif capables de les faire. Donc tout l'enjeu du collectif, depuis le début et maintenant aussi, c'est de ne pas grossir trop vite. Parce que quand tu grossis trop vite, tu imploses. Et en même temps, de grossir suffisamment et garder suffisamment d'expertise pour combler nos clients.

  • Bérénice d'Holomea

    Alors du coup, juste pour préciser, quand tu parles de projet, tu parles d'expertise, tu parles de tout ça. Réponse à des appels d'offres communes, des prospections qui sont partagées, qui sont mutualisées. Et donc après, est-ce que tu peux expliquer juste comment ça se passe pour se répartir qui fait le projet ?

  • Nicolas Drouet

    Comme je te disais, on n'a pas de structure. On n'a pas de salariés chez The Green Companion. Donc déjà, la partie commerciale, tous les membres du collectif peuvent jouer le rôle d'apporteurs d'affaires. Et c'est aussi l'objectif, c'est que chacun apporte des affaires au collectif pour soi-même et pour les autres. Ensuite, toute la partie, on va dire, commerciale et légale, c'est moi qui la gère, puisque je suis le président d'un société anonyme. Donc administrativement, je suis un peu obligé de prendre ce rôle. Et ensuite, quand on a des projets clients, que ce soit des formations, des bootcamps, En fait, on va faire en interne un peu un appel à projet. Alors c'est un bien gros mot, appel à projet dans le collectif, mais on va lancer un appel sur la plateforme du collectif pour savoir qui est intéressé, qui a l'expertise suffisante et qui peut réaliser ses formations et à quelle date. Donc il y a un pilotage de tous les membres du collectif qui est très consommateur. Donc je comprends que certains collectifs ont des salariés pour gérer toute cette administrative. Pour l'instant, on n'en a pas. On est 30 et pour l'instant, moi, je fais beaucoup d'administratifs.

  • Bérénice d'Holomea

    Et donc forcément, quand tu élargis ton collectif, il y a un côté super, on se relie avec d'autres experts, on s'enrichit aussi des expériences des autres. Mais tu as quand même l'enjeu que tu ajoutes des personnes qui potentiellement vont prendre du business. En fait, il y a un peu de la concurrence quand même.

  • Nicolas Drouet

    Là aussi, c'est effectivement... L'objectif d'un collectif, c'est de relier les gens. Donc on a commencé par relier des freelances qui étaient tout seuls dans leur coin, donc pas trop de concurrence, surtout encore une fois France entière. Donc un freelance à Nantes et un freelance à Clermont-Ferrand ont peu d'interactions au quotidien, normalement. Et de plus en plus, finalement, on a des entreprises qui nous rejoignent ou qui veulent nous rejoindre et effectivement qui sont potentiellement concurrentes. Mais en réalité... L'objectif final de tout le monde dans le collectif, c'est de faire grandir la cause, j'ai envie de dire, enfin en tout cas d'évangéliser sur le numérique responsable. Donc on essaye de ne pas se tirer dans les pattes. On a évidemment une charte quand on rentre dans le collectif, et on se connaît tous, donc c'est un petit milieu, c'est un petit écosystème, donc on essaye de bien faire les choses, et finalement d'être plutôt dans la cooptation que dans la compétition, et de travailler un peu en bonne intelligence. Mais oui, parfois il peut y avoir des petites... Je ne vais pas dire tensions, mais des petites concurrences. Parfois, The Green Companion répond à des appels d'offres en concurrence à d'autres membres du collectif. Mais bon, c'est un peu la vie des entreprises. Et si tout le monde s'y retrouve, au final, globalement, tout le monde est content.

  • Bérénice d'Holomea

    C'est un enjeu qui est existant et qui est reconnu, dans le sens où peut-être les membres du collectif, en arrivant, ont conscience dès le départ que oui, ça peut leur apporter des choses, mais qu'aussi, ils sont mélangés avec... d'autres finalement. C'est le propre du collectif.

  • Nicolas Drouet

    Encore une fois, la spécificité également de The Green Companion, c'est qu'on est un collectif. qui vend des prestations à des clients. Il y a énormément de collectifs qui n'ont pas cette partie commerciale, où l'objectif du collectif est plutôt d'apprendre entre nous, ou alors, pourquoi pas, de s'apporter des affaires, un peu comme un réseau d'entrepreneurs. Et nous, on a fait le choix d'avoir à la fois un réseau d'entrepreneurs, mais aussi un développement commercial, pour finalement donner des missions, donner à manger à tous les membres du collectif. C'est cette position de développement commercial qui nous... pose aussi en concurrence des membres du collectif.

  • Bérénice d'Holomea

    Alors du coup, est-ce que tout le monde est impliqué sur le même degré ? Comment est-ce que vous vous êtes structuré finalement ? Est-ce que c'est toujours gratuit pour les membres ?

  • Nicolas Drouet

    Alors l'engagement des membres d'un collectif, c'est toujours un sujet. Dans l'historique que je t'ai expliqué précédemment, une gouvernance à deux, très rapide, on prend des décisions très rapides. On peut se tromper, mais on corrige rapidement. Et on a grossi. 2023, on est monté à une quinzaine de membres. On a commencé à sentir qu'il y avait un sujet de gouvernance. Donc on est passé à une gouvernance à quatre personnes, en essayant d'avoir des profils différents pour animer le collectif. Parce qu'en réalité, un collectif qui n'est pas animé par des personnes, il meurt à petit feu. On a un vrai sujet à la fois d'ouvrir cette gouvernance et de rémunérer suffisamment les gens qui s'impliquent dans la gouvernance. C'est un vrai sujet qui est compliqué. Et donc fin 2023 aussi, on est monté à une quinzaine de membres et on a vu la différence d'engagement entre certains. On a pris une décision qui pouvait à l'époque paraître un peu radicale pour certains, mais on a fait payer une cotisation. Donc début 2024, chaque membre du collectif paye une cotisation annuelle pour être dans le collectif. Alors c'est quelques centaines d'euros et par rapport au business qu'on génère, c'est anecdotique, mais en réalité... le fait de payer psychologiquement, c'est déjà un engagement. Donc on se dit, ok, j'ai payé, si je rentre dans ce collectif, c'est pour m'engager. Donc quelque part, on a évité un peu tous les zombies des collectifs, on a tous été dans les collectifs, moi y compris, où petit à petit, on ne fait plus rien, parce que c'était gratuit, parce qu'on n'y retrouve pas forcément notre compte, et en fait, on reste dans le collectif pour rien. Donc ça, ça a été important, et en fait, ça a énormément professionnalisé le collectif. On a eu beaucoup d'experts qui nous ont rejoints et on a vu l'engagement, honnêtement, alors c'est entre x5 et x10 l'engagement. Et donc on est monté de 15 à 30 personnes et est venu encore le sujet de la gouvernance. Donc aujourd'hui on a une gouvernance à 6 et on se pose toujours des questions sur cette gouvernance. Comment l'ouvrir ? Comment rémunérer les membres de la gouvernance ? Comment ne pas trop ouvrir à la gouvernance ? Parce qu'en fait, tout le monde a des bonnes idées, tout le monde a envie de participer à la vie du collectif. Mais après, dans le quotidien et dans la vie de tous les jours, quand on demande de s'impliquer, parfois c'est différent.

  • Bérénice d'Holomea

    Effectivement, ça peut être différent. Comment, du coup, très concrètement, tu parlais tout à l'heure de transparence. C'est quoi votre réponse aujourd'hui, même si j'entends que la question de la gouvernance, c'est une question qui se pose finalement en continu. Enfin voilà, ça ne s'arrête pas. Mais aujourd'hui, là, quelle est votre réponse du jour ? Et comment ça fonctionne ? Comment ça marche ? Et comment, du coup... Ce principe de transparence, il est aussi, j'imagine, mis en avant auprès des personnes qui ne sont pas dans la gouvernance. C'est-à-dire, est-ce que tu peux nous expliquer ?

  • Nicolas Drouet

    Eh bien, alors déjà, la transparence, c'est, comme je le disais, sur la rémunération de chacun. Et donc, sur chaque projet, on a une partie qui va aux apporteurs d'affaires et au développement commercial, une partie qui va aux formateurs, une partie qui va au pilotage, à la facturation, parce qu'il y a beaucoup de administratifs, et une partie qui va au pot commun. C'est-à-dire que sur chaque projet, on va financer la gouvernance et le fonctionnement du collectif. Sur ce pot commun, on va payer les salons, on va payer les quelques frais qu'on a du collectif. Et surtout, à la fin de l'année, on va rémunérer les membres de la gouvernance qui se sont impliqués. Cette rémunération, encore une fois, elle est totalement transparente. C'est-à-dire qu'on a des réunions mensuelles où on présente tous ces chiffres, qui gagne quoi. Donc, il y a à la fois une compétition entre les membres, mais une totale transparence. Et on sait aussi qui gagne quoi dans la gouvernance. Alors clairement, on en est encore au début du collectif. Donc, pour le moment, on rémunère la gouvernance, mais pas à hauteur de ce que les gens s'impliquent. Donc, comme je te disais, pour faire tourner un collectif dans les premières années, il faut vraiment des gens engagés, entrepreneurs, qui voient un intérêt. et qui, petit à petit, touche de la rémunération. Et une rémunération le plus équitable possible. Alors pas forcément égalitaire. Moi, je pense qu'un collectif, il faut rémunérer les gens en fonction de leur implication et pas mettre tout le monde sur un pied d'égalité parce qu'en réalité, ça crée toujours des tensions et des déséquilibres parce que ça nivelle un peu tout le monde par le bas, j'ai l'impression, alors que l'équité, ça me paraît beaucoup plus moteur et beaucoup plus engageant.

  • Bérénice d'Holomea

    Et donc très concrètement, pendant ces réunions mensuelles, est-ce que tu as par exemple Est-ce que tu as les 30 personnes qui sont là ? Est-ce que vous faites un vote ? Par exemple, toi, tu proposes, OK, les six membres de la gouvernance, on va donner tant à telle, tant à telle et tant à telle. Est-ce que du coup, comment ça se passe tout ça ? Vraiment, si on devait se projeter dans la réunion ?

  • Nicolas Drouet

    Oui, alors très concrètement, pour la prise de décision, en réalité, c'est simple de dire ça, mais plus on est nombreux, plus c'est dur de prendre une décision. Donc on a testé des moyens comme les forums ouverts où chacun donne des idées, où il y a un vote. Le résultat n'est pas tout le temps à la hauteur des attentes. On teste aussi des décisions qui sont prises par la gouvernance et ensuite qu'on explique au reste du collectif. Alors pour l'instant, la gouvernance est un peu autoproclamée, c'est-à-dire qu'il n'y a pas de vote pour désigner tous les membres de la gouvernance. Mais il y a une certaine confiance qui s'établit et on essaye... d'avoir une gouvernance suffisamment nombreuse, on est quand même 6 par rapport à 30, donc il y a à peu près tous les intérêts qui sont représentés. Et donc pour le moment, les décisions sont vraiment prises au sein de la gouvernance et ensuite expliquées à tout le monde. Alors après, il peut y avoir des débats et on peut changer, mais on ne prend pas les décisions à 30 et avec un vote, une personne égale une voix, parce que d'expérience, ça marche... Enfin, c'est un peu compliqué.

  • Bérénice d'Holomea

    Oui, c'est un peu compliqué parce que si la personne s'implique, plus, a plus la vision sur une décision, finalement ça a du sens qu'elle ait aussi plus de poids dans la prise de décision.

  • Nicolas Drouet

    On a essayé et on essaye toujours d'avoir un peu le juste milieu entre une association, loi 1901, et une entreprise avec une vraie entreprise, société anonyme avec tous les codes que ça implique. Et en réalité, il y a du bon à prendre dans les deux. Donc pour l'instant on est un peu, on pourrait dire une... une société anonyme avec une gouvernance et une façon de penser plus proche des associations.

  • Bérénice d'Holomea

    Ce fonctionnement-là, en quoi ça a impacté votre mission de faire finalement se développer le numérique responsable ?

  • Nicolas Drouet

    Cette gouvernance, ça nous permet surtout de grandir et d'adresser de plus en plus de monde. Là, aujourd'hui, on... On a fait le compte, on a formé je crois 2500 personnes depuis un an et demi à peu près. Mais l'objectif c'est de se dire comment on peut former ou sensibiliser beaucoup plus de monde. Donc le collectif a vocation à grandir. Et en réalité si on est deux ou trois à essayer de faire tourner ce collectif, on s'épuise. Donc c'est pour ça qu'on a aussi ouvert la gouvernance. Et la projection sur 2025 c'est... c'est que les membres de la gouvernance prennent vraiment des sujets, c'est-à-dire chaque membre de la gouvernance est un peu propriétaire d'un sujet, d'emmener au bout ce sujet-là. Donc il a évidemment une voix dans les sujets communs, mais il est vraiment propriétaire, et c'est pour ça qu'on cherche des profils entrepreneurs. Il est propriétaire d'un sujet, il l'emmenait au bout. Et c'est ça qui est compliqué dans les collectifs. Très rapidement, ça peut avoir tendance à se transformer à... une table ronde où chacun donne son opinion, mais il n'y a pas vraiment d'actions qui sont prises, il n'y a pas vraiment de décisions tranchées. Et pour grandir et pour avancer vite, on a besoin d'avoir des décisions tranchées.

  • Bérénice d'Holomea

    Est-ce que tu peux donner un exemple de sujet ?

  • Nicolas Drouet

    Un exemple de sujet très concret qu'on a dû traiter en gouvernance, c'est sur notre site internet. Un site internet, c'est une vitrine. Nous, on fait du numérique responsable. Donc, quel est le meilleur... outils pour éco-concevoir son site internet. Et là dans le collectif, donc on est 30, tout profil confondu, on a des développeurs, on a des designers, on a des UXiens, des producteurs, et donc est venue la question de quels outils on utilise pour faire notre site internet. Est-ce qu'on utilise, est-ce qu'on fait tout from scratch avec des développeurs pour être les plus puristes sur l'éco-conception de notre site internet, après tout c'est notre vitrine, notre savoir-faire, ou est-ce qu'au contraire on fait comme 95% finalement des entreprises et des autres collectifs. C'est-à-dire qu'on utilise des CMS pour aller vite, permettre de faire les choses simplement. Et bien sûr, en essayant d'éco-concevoir au maximum sur un CMS. Mais ça a amené beaucoup de débats en interne, parce qu'éco-concevoir sur un CMS, pour les puristes, c'est un peu compliqué.

  • Bérénice d'Holomea

    Est-ce que tu peux juste préciser ce que c'est un CMS pour les gens comme moi qui ne font pas d'informatique ?

  • Nicolas Drouet

    Oui, les CMS, c'est effectivement pour les gens comme toi, ou pour moi d'ailleurs. Mais en fait, c'est un outil no-code qui permet de développer un site Internet facilement avec des interfaces graphiques. Donc c'est les WordPress qu'on connaît. plein d'autres, et contrairement à un site développé par des développeurs où là, on va être vraiment dans le code.

  • Bérénice d'Holomea

    Et donc, sur cet exemple-là, tu disais tout à l'heure que l'enjeu, c'était que les personnes qui soient impliquées dans la gouvernance, par exemple, ou dans le collectif, se mettent en position d'être propriétaires d'un sujet et mettent une implication dans le fait que ça avance. Oui. Et donc, ce site Internet, tu disais que ça avait suscité des débats. Est-ce que quelqu'un s'en est emparé ? Est-ce que...

  • Nicolas Drouet

    Alors, ça a suscité, encore une fois, beaucoup de débats. Ça en suscite toujours. Et donc, le sujet, c'est qu'à un moment, il a fallu trancher. Et donc, en gouvernance, on s'est posé la question du, encore une fois, très simplement, comme une entreprise, du ROI, donc du retour sur investissement, de changer ce site Internet. Et au final, la décision qui a été prise, c'est de confier les rênes à un des membres de la gouvernance et en disant, pour l'instant... on va faire sur Webflow, qui est un CMS, mais en tout cas, ça va nous permettre d'aller vite. On va essayer de le faire le mieux possible. On sait qu'on pourrait faire mieux, mais pour avancer, il faut qu'on avance vite. Et donc, on est parti sur cette décision-là avec une personne dans la gouvernance qui a la casquette de responsable, finalement, du site Internet et de toutes ses évolutions.

  • Bérénice d'Holomea

    Je vais te poser une question un peu plus conceptuelle, je te prie, Moulin. Depuis tout à l'heure, tu dis, il faut qu'on avance vite, il faut qu'on prenne les décisions vite. Pourquoi ? Ce besoin d'aller vite.

  • Nicolas Drouet

    Pourquoi ce besoin d'aller vite ? C'est vrai, c'est une bonne question. Très bonne question. Je pense que c'est très certainement mon passé de start-upper qui parle. Et aussi, j'ai participé, je participe toujours à beaucoup de collectifs. Et en fait, je me rends compte qu'un collectif qui n'avance pas, c'est un collectif qui meurt à petit feu. Donc c'est pour ça que je parle pas mal d'avancer. humainement, je pense que les gens ont envie d'avancer. Tous ces freelances, tous ces indépendants du collectif ont envie d'avancer aussi, eux, dans leur aventure entrepreneuriale. Et donc, ils ont besoin d'avoir de plus en plus de projets, de plus en plus d'échanges avec les autres. Et je pense qu'on ne peut pas se contenter d'être 10, 20 ou 30 et après d'être dans un entre-soi. Le but du collectif, c'est de s'ouvrir et de grandir pas trop vite. Je pense qu'il faut avancer.

  • Bérénice d'Holomea

    Sur ça, pour le coup, il ne faut pas que ça aille vite.

  • Nicolas Drouet

    Non, non, il faut avancer, donc rapidement, mais pas trop vite. C'est-à-dire qu'il ne faut pas que tu ouvres toutes les vannes du collectif et que tu prennes 100 personnes d'un coup alors que tu es 30 membres. Mais par contre, il faut que le collectif avance de 30, 40, 50. Et il faut qu'on sente surtout la progression pour que tous les membres du collectif sentent qu'il y a une vie, qu'il y a des choses qui avancent et qu'il y a des sujets qui avancent.

  • Bérénice d'Holomea

    Ça me fait penser... Enfin, j'ai fait du sport et souvent la coach, elle me disait... Il ne faut pas confondre vitesse et précipitation. J'ai l'impression que c'est un peu ça que tu essayes de dire. C'est qu'il y a des moments où il y a besoin que ce soit dynamique, qu'il y ait du mouvement, qu'il y ait une émulation d'idées, de projets. Mais pour autant, il n'y a pas de choix précipité. J'ai l'impression, en tout cas dans l'élargissement du collectif et dans la proposition de nouvelles choses en lien avec le numérique responsable, le fait d'aller... convertir finalement les entreprises, etc. Il y a quand même, pour le coup, l'enjeu n'est pas d'aller trop rapidement. J'ai l'impression quand même qu'il y a une prise de recul sur quelle est la meilleure décision sur le moment avant d'aller proposer ça à d'autres personnes. Donc si je comprends bien, ce fonctionnement aujourd'hui chez The Green Companion, il permet, en lien avec le... qu'est-ce que vous essayez de faire ? C'est-à-dire, vous essayez de former les entreprises aux nouvelles pratiques numériques responsables. Donc, si je comprends bien, votre manière d'agir aujourd'hui, votre manière de vous structurer, elle permet donc d'aller plus vite. Est-ce que tu vois d'autres impacts ? Si vous fonctionniez de manière plus classique, qu'est-ce que ça change, en fait, d'avoir ce fonctionnement-là très vivant par rapport à un fonctionnement, on va dire, plus classique d'entreprise, typique ? hiérarchisé, pyramidal, tout ce que tu veux. Mais qu'est-ce qui a changé entre les deux, en bien ou en moins bien ?

  • Nicolas Drouet

    Alors, ce qui a changé clairement en bien, c'est... que tu peux finalement intégrer des personnes dans le collectif avec des expériences très diverses, avec des implications très diverses. Donc certaines personnes dans le collectif vont donner quelques heures par semaine, d'autres quelques jours, et ça en entreprise tu ne peux pas. En entreprise tu es assez cloisonné et donc il faut recruter pour pouvoir délivrer un service. et que si tu n'as pas les clients, il y a un problème d'adéquation entre nombre de clients et nombre de salariés dans ton entreprise. Avec le collectif, tu peux beaucoup plus accueillir de membres et du coup avoir beaucoup plus de richesses, d'informations et d'échanges et répondre mieux aussi aux demandes des clients sans forcément monter une hiérarchie entre les membres. Donc tu es beaucoup plus dans la coopération que dans la hiérarchie. Même si certaines entreprises maintenant prônent la collaboration dans les fêtes, c'est rarement le cas.

  • Bérénice d'Holomea

    Donc si je résume, il y a la liberté d'implication. C'est-à-dire même s'il peut y avoir des phases par exemple dans la vie de quelqu'un, peut-être il y a des moments où on est plus impliqué, des moments où on est plus en retraite. Donc il y a une certaine liberté, autonomie. Il y a les aspects d'interaction, de richesse, de diversité. Et donc tout ça finalement ça permet d'avancer. Est-ce qu'aujourd'hui, tu dirais que tu as atteint ton objectif d'évangéliser le numérique responsable ?

  • Nicolas Drouet

    Non, pas du tout. Je reviendrai sur ce que j'ai parlé des avantages d'un collectif face à une entreprise. Il y a quand même un gros inconvénient par rapport à une entreprise, c'est que chacun avance à son rythme. C'est-à-dire que quand je reçois une demande de staffer une vingtaine de formations, j'ai besoin vis-à-vis de nos clients de répondre rapidement. Et en réalité, dans une entreprise... classique, j'ai le planning des collaborateurs et je fais le staffing moi-même et ça va très vite pour répondre aux clients. Dans un collectif, il faut soumettre la demande au collectif, attendre les réponses, à chaque fois chacun est libre de son temps et de son implication et donc le rapport à la demande est totalement différent. Et c'est pour ça aussi qu'il faut construire de la confiance, montrer à tous les membres du collectif qu'on avance pour embarquer tout le monde dans le projet et que les gens réagissent. relativement rapidement.

  • Bérénice d'Holomea

    Comment est-ce que tu construis cette confiance ?

  • Nicolas Drouet

    Comment je construis la confiance ? Déjà je disais la transparence sur la rémunération, ça doit pas être un gros mot, on est tous entrepreneurs. Donc oui, on essaye d'agir pour une cause qui nous paraît assez noble, mais on est tous entrepreneurs et on a tous des familles et donc chacun doit s'y retrouver. Donc voilà la transparence sur la rémunération, c'est important, ça doit pas être un gros mot. Le respect de chacun aussi, de se dire que certaines personnes n'ont pas envie de s'impliquer énormément dans le collectif, même si elles apportent un peu et elles reçoivent un peu, c'est faire. Très bien, le collectif fonctionne comme ça. Et voilà, essayer de ne pas avoir de hiérarchie entre la gouvernance et les membres. Parce que la gouvernance, finalement, c'est ni plus ni moins que six personnes qui se mettent sur une visioconférence ou dans une salle de réunion. Mais il n'y a pas de hiérarchie vis-à-vis des autres.

  • Bérénice d'Holomea

    C'est-à-dire que c'est un rôle comme un autre, finalement.

  • Nicolas Drouet

    C'est un rôle comme un autre qui... qui peut être totalement un rôle tournant, qui doit être ouvert et il doit donner envie aux autres membres, à un moment ou à un autre de leur vie dans le collectif, de rejoindre cette gouvernance juste pour faire tourner le collectif et y retrouver encore plus de ce qu'on a envie d'y voir.

  • Bérénice d'Holomea

    Quand tu dis faire tourner le collectif, ça m'évoque la notion de cyclicité. C'est quelque chose que dans les entreprises, on peut avoir du mal à vivre. C'est-à-dire qu'on a souvent tendance à être dans la productivité tout le temps, avec des personnes qui incarnent ce rôle de prise de décision tout le temps. Et c'est vrai que moi, je l'observe, ça peut avoir quelque chose d'assez fatigant parce que dès qu'on finit quelque chose, on est tout de suite dans mince, il faut que je relance quelque chose Et du coup, ce que tu dis, ce qui est intéressant, c'est qu'à la fois, il y a des cycles dans la manière qu'on a de s'impliquer, mais il y a aussi des cycles sur les rôles et le fait d'avoir ces rôles. tournant, c'est peut-être qu'aujourd'hui je vais donner beaucoup en termes de gouvernance et que peut-être que d'un moment j'aurais envie d'explorer autre chose ou peut-être que, même si j'ai pas envie, peut-être ça va me faire du bien d'explorer autre chose et peut-être après de revenir sur la prise de décision avec une autre vision des activités.

  • Nicolas Drouet

    Et même même dans son implication dans le collectif, on a certains membres du collectif qui étaient là en 2023 ou début 2024 et qui à un moment se disent moi je lance à côté un projet j'ai plus le temps ou forcément l'envie de faire de la formation. Ok, bah faire... Donc ils sortent momentanément du collectif. Mais par rapport à une entreprise où quand tu sors de l'entreprise, il ne se passe plus rien, là, sortir d'un collectif, si c'est pour les bonnes raisons évidemment, finalement tu restes quelque part un peu dans la famille et tu reviendras à un moment ou à un autre dans ce collectif.

  • Bérénice d'Holomea

    Comment ça va évoluer ce Green Companion dans les prochaines années ? Comment tu vois un peu ce projet ? Tu disais tout à l'heure que la formation, c'était une étape nécessaire au changement des pratiques. Est-ce que du coup, ça va rester un collectif qui forme ? Ou est-ce que ça va changer peut-être dans les années à venir ?

  • Nicolas Drouet

    C'est en train de changer. Donc jusqu'à aujourd'hui, on était un collectif de formateurs. On s'est dit aussi groupe réseau d'entrepreneurs. En tout cas, on était très focalisés sur la formation par des experts. Donc tous les membres de The Green Companion étaient un peu des experts finalement triés sur le volet, ou en tout cas validés par la collectif, pour pouvoir donner des formations. On se rend compte que ça, ça atteint certaines limites. Aujourd'hui, on est 30, on pourrait être, je pense, 50 formateurs, pas vraiment plus. Pour deux raisons, c'est que des experts du numérique responsable en France, capables de donner des formations et qui ont envie de donner des formations, il n'y en a pas des centaines non plus. C'est un écosystème qui est assez petit aujourd'hui. Et également, la deuxième raison, c'est de garder la qualité de ces experts. Donc, les formateurs The Game Companion, on a envie de rester peu nombreux pour pouvoir contrôler la qualité de nos formations, le process d'onboarding des formateurs. Par contre, je te parlais d'un plateau, on est un peu sur un plafond de verre. On n'est pas commerciaux, on n'aime pas forcément ça, donc on ne fait pas non plus 100 formations par jour. Et même si cette année, on a formé 2500 personnes, il y a des centaines de milliers de personnes qui travaillent dans la tech qu'il faudrait former. La question qu'on s'est posée, c'est comment on arrive à démultiplier un peu notre impact, ce qu'ont pu faire par exemple les fresques du climat, du numérique. C'est un raz-de-marée parce qu'ils ont trouvé le modèle qui convient bien à l'évangélisation en masse. Et donc là, ce qu'on lance comme projet pour tout début 2025, c'est d'ouvrir le collectif et donc d'avoir une partie membres experts, qui sont des formateurs, limités à une cinquantaine, une partie business, donc cercle business, des entrepreneurs du digital qui ont envie de monter en compétence sur le numérique responsable. sans forcément avoir le niveau d'expertise pour donner des formations. Et on appelle ça le circle business parce que c'est aussi l'occasion de partager des affaires entre personnes, entre entrepreneurs digitales. Et enfin, d'ouvrir à des membres. Donc là, c'est toute personne qui souhaite monter en compétence sur le numérique responsable pourrait intégrer ce collectif pour avoir des tutoriels, des live sessions, de l'entraide entre les membres et monter beaucoup plus rapidement en compétence. Et c'est à ce moment-là qu'on commence à changer notre nom de collectif en communauté, parce qu'il y a 30 experts, on est un collectif d'experts. Là, l'objectif, c'est qu'on soit peut-être 100, 150 en 2025, mais avec des membres qui ne seront pas des formateurs, et où là, on est beaucoup plus dans la communauté.

  • Bérénice d'Holomea

    Donc si je comprends bien, ces membres, ce seront quand même des professionnels du numérique, pas forcément du numérique responsable, qui auront accès sans forcément passer par des journées de formation ou des boutons.

  • Nicolas Drouet

    camp à des contenus pour qu'ils soient finalement autonomes dans leur montée en compétences c'est ça tout à fait c'est vraiment la notion de communauté est en fait donner des formations d'une journée en présentiel encore une fois ça beaucoup de limites alors c'est un gros avantage c'est la proximité et l'interaction mais pour évangéliser en masse c'est trop compliqué et donc on a monté une plateforme où on a donc tout ce matériel qui à disposition alors évidemment un des tutoriels des des e-learning également. Et la grosse force d'une communauté, c'est l'entraide et l'échange. Donc cette plateforme, elle se devait d'avoir des zones d'entraide et de partage entre les membres. Donc ce qu'on veut vraiment, c'est que les gens viennent sur cette plateforme pour poster leurs besoins, expliquer leurs projets et pourquoi pas demander de l'assistance à des membres experts du collectif ou partager entre membres et avoir des bonnes pratiques sur d'autres projets, d'autres entreprises de ces pairs.

  • Bérénice d'Holomea

    Je trouve que c'est très intéressant et en même temps, à la fois sur le fond et à la fois sur l'évolution que le projet peut prendre. Et je trouve que c'est ça aussi peut-être qui peut être plus fluide entre un collectif et peut-être une entreprise très structurée. C'est de dire à un moment, on a envie de faire évoluer les activités par rapport aux besoins du marché. Et peut-être comme il y a cet esprit entrepreneurial, il y a quand même cette opportunité d'aller créer facilement des nouvelles choses.

  • Nicolas Drouet

    Ce qui est compliqué dans un collectif, c'est... Comment tu matérialises le collectif ? Comment les gens se rencontrent ? Nous, je te l'ai dit, on est dans la France entière. Et on a commencé vraiment Paris, Clermont-Ferrand. Donc on a commencé remote et donc animer un collectif remote, c'est quand même compliqué. On se voit évidemment une, deux fois par an en présentiel avec les autres, tous les membres, mais la majorité de nos interactions sont digitales et remote. Et donc là est venue la question de quel outil utiliser, comment faire vivre ça. Alors on a commencé sur Slack, comme beaucoup de collectifs, et là on est en train justement avec la notion de communauté de migrer. ces échanges. Donc on est passé sur une plateforme qui s'appelle Circle, que je recommande pour les communautés. Et on aime bien dire que cet outil permet de rassembler les experts du sujet et dans le numérique responsable, les lier. Le cercle de l'anneau, on est assez fan. C'est un peu cette logique-là. En tout cas, c'est un vrai sujet des communautés et des collectifs. C'est quel outil tu utilises, quel média tu utilises pour que tout le monde se parle.

  • Bérénice d'Holomea

    Tout à fait. Et d'autant plus quand on est tous éloignés. bah écoute merci beaucoup d'avoir répondu à mes questions d'avoir partagé sur ce sujet c'était vraiment très intéressant j'espère que ça va pouvoir inspirer c'est un mode de fonctionnement qui est quand même très différent de ce qu'on a l'habitude de voir donc voilà

  • Nicolas Drouet

    j'espère que ça va peut-être donner des idées ou en tout cas créer peut-être des réflexions j'espère parce que c'est un beau modèle et ça fait trois ans que ça dure et finalement ça marche plutôt bien donc et on apprend tous les jours on est bon On innove tous les jours dans ces modèles d'organisation.

  • Bérénice d'Holomea

    Nicolas est le fondateur de la communauté The Green Companion. L'idée est venue de l'envie de rassembler des experts freelance dans le domaine du numérique responsable parce que ça lui paraît répondre à deux enjeux principaux. Déjà, le premier, se sentir moins seul en tant que freelance. et le second, de pouvoir accéder plus facilement aux clients pour diffuser massivement les pratiques d'un numérique plus vertueux. C'est un collectif qui a grandi au fil des années, en passant d'un rassemblement de quelques amis freelance à un réseau d'une trentaine d'experts engagés. Ces changements ont impliqué plusieurs enjeux. Déjà le premier, celui de la gouvernance, puisque l'élargissement a été relativement, on va dire, contrôlé au fur et à mesure que le collectif s'est agrandi. Le sujet de la prise de décision en collectif, c'est une préoccupation qui est pratiquement constante. pour savoir qui impliquer, comment faire pour que ça soit juste pour tous et toutes. Le deuxième enjeu, c'est celui de la répartition de la valeur. Donc au cœur, on va dire, du collectif The Green Companion, il y a vraiment la transparence et la prospérité. Et donc les questions qui se posent à ce sujet, c'est toujours de comment répartir justement la valeur, qu'elle soit financière ou non, en fonction des implications de chacun. Et puis, comment mesurer aussi ses implications et les degrés d'implication. Il y a également l'enjeu de répartir des missions, puisque plus le collectif grandit, plus il se confronte finalement à une concurrence en interne sur les missions qui sont apportées par le développement commercial qui est commun au réseau d'entrepreneurs. On retrouve également l'enjeu éternel de comment animer un collectif. C'est un élément qui est très important pour Nicolas. qui se demande comment faire pour ne pas que le collectif meurt à petit feu, comme il dit. Donc pour lui, c'est essentiel que tout le monde sente la progression et de s'engager sur des projets, de faciliter des échanges entre des membres pour qu'on sente la vie finalement dans ce collectif. Ce fonctionnement, il est vraiment particulier et assez innovant. Et donc, son premier avantage, c'est... que cette gouvernance, elle permet quand même de grandir assez facilement en termes de collectif et de toucher de plus en plus de professionnels de numérique. Et puis de ne pas s'épuiser finalement face à l'augmentation des clients, ne pas porter forcément la gouvernance seule, mais d'avoir un petit collectif. Ça permet aussi de se soutenir et de pouvoir assurer du coup cet élargissement tranquillement. L'autre avantage, c'est que le... collectif, il progresse et il se développe aussi du fait de l'implication justement de certaines personnes dans cette gouvernance, puisque chaque personne qui est là, non seulement elle contribue à la prise de décision, mais elle peut aussi porter un sujet et en être responsable de bout en bout. Et donc, voilà, après que les membres soient impliqués dans la gouvernance ou non, ce fonctionnement permet quand même une grande liberté déjà en termes d'implication. Et puis, ça permet d'être assez autonome sur ces sujets. Et enfin, d'enrichir les échanges entre les experts de différentes branches du numérique responsable. Et donc, de renforcer aussi la pertinence des réponses aux clients grâce à la coopération. Puisqu'en rassemblant des personnes qui ont des expertises différentes, on va pouvoir répondre de manière plus complète et plus pertinente. Retrouvez les épisodes de l'affluence une fois par mois. Ils forment un recueil de témoignages, de vécus liés aux transformations des fonctionnements collectifs qui vous permettra d'avoir des clés pour faire évoluer à votre échelle votre environnement professionnel. Pour ne rater aucun épisode et pour faire grandir ce podcast, vous pouvez en parler autour de vous. Vous abonnez sur votre plateforme d'écoute préférée et nous laissez des étoiles si vous nous écoutez depuis Spotify ou Apple Podcast. Merci pour votre écoute et à bientôt. pour un nouvel épisode de La Fluente.

Description

La Fluence, le podcast qui explore la coopération 🔎

Dans cet épisode de la Fluence nous explorons la coopération avec Nicolas Drouet, fondateur de The Green Compagnon : un collectif d’experts engagés dans le numérique responsable. Il nous parle de son parcours d’entrepreneur et de la vie de cette communauté, à la fois les succès mais aussi les enjeux qui le préoccupent. 


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🌟 Les apprentissages à retenir de cet épisode :

  • Nicolas est le fondateur de la communauté the green compagnon. L’idée de rassembler des experts freelance lui paraît répondre à deux enjeux :  se sentir moins seul en tant que freelance et pouvoir accéder plus facilement aux clients pour diffuser massivement des pratiques plus vertueuses. 

  • The Green Compagnon propose donc des formations concrètes pour chaque métier du numérique, des boot camps pour transformer en profondeur les pratiques. C'est aussi une communauté de professionnels du numérique. 


🤔 Le collectif a grandi au fil des années en passant d’un rassemblement de quelques amis freelances, à un réseau d’une trentaine d’experts engagés. Ces changement impliquent plusieurs enjeux : 

  • La gouvernance : qui impliquer, comment faire pour que ça soit juste pour tous et toutes ?

  • Répartition de la valeur : comment répartir justement la valeur (financière ou non) en fonction des implications, comment mesurer ces implications ?

  • Répartition des missions : comment faire face à la concurrence en interne du fait d’un développement commercial commun ? 

  • Animation d’un collectif : comment sentir la progression, comment s’engager sur des projets et faciliter les échanges entre les membres pour qu’ils sentent que le collectif est vivant ?

  • Maintenir le lien : quel média et quels outils utiliser pour matérialiser un collectif dont les membres sont à distance ?


🌟 Les avantages et inconvénients de ce mode de fonctionnement innovant : 

  • Cette gouvernance permet de grandir et de toucher de plus en plus de professionnels du numérique.

  • Les membres peuvent porter leur sujet et être responsable de l’amener jusqu’au bout. 

  • Ce fonctionnement permet une liberté d’implication, de favoriser l’autonomie de chacun, d’enrichir les échanges entre les experts de différentes branches du numérique responsable, et de renforcer la pertinence des réponses au client grâce à la coopération. 

  • Inconvénient : chacun avance à son rythme, peut être compliqué notamment pour staffer les formations…


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Transcription

  • Bérénice d'Holomea

    Bonjour à toutes et à tous, je m'appelle Bérénice, je travaille chez Holomea et je suis passionnée par la bio-inspiration et la manière dont fonctionnent les humains entre eux. Bienvenue sur La Fluence, le podcast qui explore la coopération. Aujourd'hui, je rencontre Nicolas Drouet, fondateur de The Green Compagnon. un collectif engagé d'indépendants spécialisés dans le numérique responsable. Ils ont pour objectif de partager des bonnes pratiques et d'enrichir les connaissances des professionnels de ce domaine. Dans cet épisode de l'affluence, nous abordons le parcours de Nicolas vers le numérique responsable, ainsi que la vie de The Green Compagnon, à la fois dans ses succès, mais aussi dans les enjeux d'un tel collectif. Bonjour Nicolas ! Bienvenue sur le podcast La Fluence.

  • Nicolas Drouet

    Bonjour Bérénice.

  • Bérénice d'Holomea

    Aujourd'hui, on se retrouve pour explorer la coopération, notamment dans l'entreprise que tu as créée qui s'appelle The Green Compagnon.

  • Nicolas Drouet

    Tout à fait.

  • Bérénice d'Holomea

    Est-ce que tu veux bien te présenter, nous raconter un petit peu ton parcours et nous dire quelques mots sur toi ?

  • Nicolas Drouet

    Tout à fait. Bonjour Bérénice, Nicolas Drouet. Moi, je suis, comme tu l'as dit, le fondateur d'une communauté qu'on appelle The Green Companion. J'ai 49 ans très bientôt, deux enfants et je suis dans la tech depuis très longtemps. J'ai commencé ma carrière plutôt en tant qu'ingénieur et dans le développement, dans les télécoms. J'ai créé ma première startup fin 2012, qui est un comparateur d'offres de cloud. J'ai vécu l'aventure des startups de 2012 à 2018, avec des hauts et des bas comme toute startup, des passages à San Francisco, des levées de fonds, des... des fermetures puisqu'on a fermé en 2018 cette société qui s'appelait CloudScreener. Et suite à cette aventure, je me suis intéressé de plus en plus à un sujet qui est le numérique responsable, donc l'impact environnemental du numérique, puisque dans ma vie pro de tous les jours, je parlais de numérique au quotidien et je produisais de la tech. Et dans ma vie perso, je commençais à me poser des questions sur l'impact environnemental et la société de demain. Et de fil en aiguille, je me suis rapproché... d'organisations telles que le Shift Project à l'époque, en 2018, parler, écouter les confs de Jean Covici et autres. Et en fait, j'ai pris un peu une claque à ce moment-là et je me suis dit, il faut qu'on arrive à faire un numérique différent. Donc j'ai commencé en tant que freelance plutôt dans le milieu du product management et j'essayais d'amener un peu une patte Green IT dans le product management. Et de fil en aiguille, on s'est réunis entre plusieurs freelances. Finalement, à un moment, on s'est posé la question, OK, ben... Est-ce qu'on travaille chacun de notre côté en tant que freelance ? Ou est-ce qu'on essaye de faire quelque chose ensemble ? Et comment on le fait ? Et c'est là qu'est venue l'aventure The Green Companion, qui a commencé en 2020. Voilà, donc il y a un peu plus de trois ans maintenant.

  • Bérénice d'Holomea

    C'est vraiment assez intéressant. En fait, ce que je comprends, c'est que finalement, ce projet, il est né de ton envie de réconcilier ton travail, tes activités, avec tes valeurs personnelles, finalement. C'est-à-dire, toi, tu avais un engagement qui naissait chez toi. Et tu t'es dit, j'ai besoin de le mettre aussi dans mes pratiques métiers, c'est ça ?

  • Nicolas Drouet

    C'est ça, et aussi un peu une curiosité, je ne vais pas dire une curiosité scientifique, mais au moins une curiosité technologique de me dire, c'est beaucoup de boîtes noires, la tech, notamment le cloud et les réseaux, puisque je venais des télécoms, beaucoup de boîtes noires, on n'y comprend rien. Et donc quand j'ai commencé à entendre le Shift Project parler de ça, je me suis dit, mais en fait, est-ce qu'il y a des outils pour mesurer ça ? Quelle est la réalité ? J'ai commencé à creuser. Donc, voilà, j'ai été presque autant attiré par la curiosité de l'information et de la véracité de l'info que par le côté environnemental. Et après, de l'environnemental a découlé le social, l'éthique et autres. Je me pose de plus en plus de questions sur ce sujet-là.

  • Bérénice d'Holomea

    Est-ce que tu peux nous décrire qu'est-ce que c'est The Green Companion ? Peut-être qu'est-ce que ça a été quand vous l'avez créé ? À combien vous étiez à ce moment-là ? Et quelles sont en fait les activités tout simplement ? Qu'est-ce que vous faites du coup dans cette communauté ?

  • Nicolas Drouet

    Oui, alors The Green Companion, c'est un collectif, une communauté. D'ailleurs, on se cherche un peu sur le nom et la distinction entre collectif et communauté. Donc c'est une communauté d'experts du numérique responsable. Et nous, notre mission et l'envie qu'on s'est fixée, c'est surtout d'aider les professionnels du digital à monter en compétence sur ce sujet du numérique responsable. qui est un sujet compliqué, qui demande à la fois un peu une remise en question de nos pratiques, métiers, et aussi de nouvelles technologies et de nouveaux outils. Donc on a créé The Green Companion en 2020, on était deux initialement à l'origine, avec Jean-Nahel Gobbe qui avait une agence web nommée Aristis. un peu spécialiste de l'éco-conception web. Et on s'est dit, comment on peut rallier plusieurs freelances avec deux objectifs, c'est d'avoir une représentation de plusieurs métiers différents, des product managers, des UX, des développeurs, pour couvrir un peu tous les métiers et surtout faire des formations qui sont très concrètes, très pragmatiques. Il existe toujours beaucoup de formations un peu macro sur l'impact environnemental du numérique, mais très peu finalement vont dans le concret et dans les... les bonnes pratiques métier. Donc on a essayé d'avancer sur ce sujet et au final au début le collectif c'est une bande de copains freelance. On fait quelques missions ensemble, quelques bootcamps, je reviendrai après sur ce qu'est la notion de bootcamp, et petit à petit on s'est structuré comme ça. Donc on a commencé à deux puis rapidement à six ou sept et début 2024 on a eu vraiment un coup d'accélération. On est 30 actuellement, 30 professionnels du digital, plutôt freelance ou petite structure. avec à la fois une expertise dans son métier, encore une fois des UXiens, des développeurs, des architectes, chaque métier de la tech, et surtout une vraie expertise sur le sujet du numérique responsable.

  • Bérénice d'Holomea

    Est-ce que toi, quand tu as lancé ça en 2020, tu avais cette expertise numérique responsable dans ton métier, et peut-être dans d'autres, est-ce que tu avais déjà ça, ou est-ce que le fait de proposer des formations, ça t'a permis toi aussi de monter en compétence ?

  • Nicolas Drouet

    Alors moi, en fait, la... Compétences et Expertise, je me le suis un peu créé. Comme je te disais en introduction, j'ai commencé à m'intéresser au sujet en 2018. 2018, il n'y avait pas grand-chose. Il y avait le livre publié par Frédéric Bordage, qui travaille sur le sujet depuis très longtemps et qui est un peu l'instigateur de cette thématique-là. Le rapport du Shift Project. En fait, j'ai commencé par lancer un projet qui était la mesure d'impact environnemental des e-mails. Donc avec une casquette très tech, je me suis dit on va lancer une startup, on va faire un module sur Gmail, donc module très sympa qui affichait ton impact CO2 pendant que tu écrivais un email avec des bonnes pratiques, pièces jointes et autres. Et en creusant, je me suis rendu compte que c'était très compliqué de mesurer et malheureusement, pour moi en tout cas et heureusement pour la planète, que l'impact environnemental de l'email, c'est un faux problème en réalité. C'est un peu l'effet touillette à la machine à café et des bonnes pratiques RSE. On a tous voulu réduire l'impact de ces emails. Et quand on creuse, c'est finalement pas là où est le problème. De 2018 à 2020, je me suis un peu construit mon expertise, mais sans théorie à part le livre des 115 bonnes pratiques. Et donc on s'est dit, en 2020, le marché, l'écosystème tech, n'est pas assez mature pour consommer des outils de mesure. Les méthodologies de mesure ne sont pas encore assez matures. Et du coup, le marché a besoin d'être évangélisé, de comprendre. C'est pour ça qu'on est parti dans la formation. Honnêtement, je ne me destinais pas à la formation. Et c'est finalement le premier pas nécessaire pour que tout le monde commence.

  • Bérénice d'Holomea

    C'est vrai que quand on entend ton parcours, on entend quand même quelqu'un qui pratique. C'est-à-dire, tu as créé des startups, tu as l'air de manipuler. Même si le numérique, ça reste quelque chose qui est plus ou moins intangible, mais quand même. Et du coup, c'est vrai que quand tu dis que tu ne t'étais pas prédestinée à la formation, rien qu'en entendant ton parcours, on sent que... Tu n'as pas forcément, comment dire, c'est un besoin peut-être selon toi pour aller plus loin dans le numérique responsable, dans la transformation des pratiques. Déjà de se dire, bon, comment on travaille en fait ?

  • Nicolas Drouet

    On s'est rendu compte aussi qu'une formation, alors une formation d'une journée ou de journée, ce n'est pas ça qui va totalement transformer tes pratiques. Donc c'est un bon premier pas, mais le lendemain, tu retournes au travail dans ton quotidien et tu repars dans le business as usual. Et tu as oublié 80% de ce qui a été vu en formation. D'ailleurs, c'est pour ça qu'on a développé une autre offre en parallèle de la formation. Donc la première offre, c'est des formations très classiques, un présentiel ou distanciel, qu'on appelle masterclass, parce qu'elles sont délivrées par des experts du métier. Alors on aime bien dire qu'on n'est pas des formateurs en réalité. On fait de la formation, mais on est avant tout des experts tech. Et la deuxième offre, on appelle ça les bootcamps ou les challenges. Et donc là, c'est un programme un peu plus complet sur trois mois. On va commencer par une journée de formation, ensuite on va faire des ateliers d'idéation pendant trois mois, et on va finir par un pitch devant un jury interne ou externe. En fait, on a un peu étiré le concept du hackathon. Le hackathon était sur 24 heures, 48 heures, mais en fait c'est super intense, et il faut produire du code en 48 heures ou 24 heures. Et on s'est dit, dans le sujet du numérique responsable ou du green IT, En fait, c'est très compliqué. C'est un domaine qui demande quand même à prendre du recul, à se poser des questions. Ça prend du temps et en 48 heures, en réalité, on n'a pas le temps de changer ses pratiques. C'est pour ça qu'on a mis en place un programme sur trois mois, gamifié, parce que ça va être un atelier par mois et à la fin un pitch, un peu comme des startups qu'on teste. Et là, c'est beaucoup plus engageant pour les apprenants. Et en les suivant sur trois mois sur leur projet concret, on avance beaucoup plus qu'en formation d'une journée.

  • Bérénice d'Holomea

    En fait, ce qui est intéressant dans ce que tu dis, c'est que pour le numérique responsable, il y a besoin de faire, c'est-à-dire d'apprendre. par le faire, par l'expérimentation. Et au-delà de la théorie. C'est-à-dire que comme c'est un changement pratiquement de métier, c'est comme si tu voulais être boulanger et que je te disais, on fait une semaine de formation théorique. En fait, à la fin, tu ne vas pas faire du bon pain, je pense. Mais du coup, il y a vraiment besoin de manipuler et d'expérimenter. Est-ce que tu peux nous expliquer peut-être ce passage entre le moment où vous étiez la bande de copains, 6 ou 7 ? Aujourd'hui, vous êtes un réseau, une communauté, un collectif de 30 experts numériques responsables. Comment ça s'est passé, l'arrivée des personnes dans ce collectif-là ? Quels ont été les enjeux ? Parce que je sais que ce n'est pas forcément facile d'ouvrir un collectif qui fonctionne. Pourquoi vous l'avez fait et comment ça s'est passé ?

  • Nicolas Drouet

    Je vais te refaire un peu l'historique de ce collectif. C'est compliqué de lancer un collectif et c'est compliqué de faire vivre un collectif. L'idée de lancer le collectif est venue de plusieurs freelances. Quand on est freelance, on se sent seul, on a des petites structures auto-entrepreneurs, au mieux SARL, UURL, peu importe. Mais en réalité, on est tout seul et tout petit face aux grandes entreprises, aux grands comptes clients. Donc on a aussi du mal à pénétrer ces grands comptes. Répondre à des appels d'offres quand on est freelance, c'est impossible. Rentrer dans les grilles d'achat des grands comptes, c'est impossible. Donc l'idée du collectif, avant tout, était d'être plus fort ensemble que seul dans son coin. Et on a voulu structurer ce collectif autour d'une marque. Et en fait, il se trouve que j'avais moi une société anonyme, The Green Companion. Et donc on s'est tous réunis autour de cette marque, en réalité un peu par opportunisme au début. On ne s'est pas posé de questions au tout début, en 2020, sur le statut juridique. Est-ce qu'il faut une SASU ? Est-ce qu'il faut une SCOP ? Est-ce qu'il faut... un modèle différent. Donc on est tout de suite parti dans la société anonyme avec beaucoup d'avantages au niveau des clients parce qu'en fait une société anonyme c'est connu de tous les entreprises, c'est connu tous les clients, on se pose pas de questions, on a un interlocuteur, un responsable en face et donc on a construit ce collectif autour de cette SASU et finalement tous les membres du collectif sont des sous-traitants de la SASU où il y a zéro salarié et même moi président je ne suis pas salarié de cette SASU.

  • Bérénice d'Holomea

    Donc c'est une marque avec des indépendants qui se relient à cette marque. Et donc, est-ce que vous avez pris la décision d'avoir plus de personnes ? Est-ce que ça s'est fait naturellement ? Comment vous êtes passé de on est six à aujourd'hui on est un réseau Est-ce que vous avez la volonté d'élargir ? Comment ça s'est passé ?

  • Nicolas Drouet

    On s'est posé, on se repose encore beaucoup de questions sur le nombre de personnes dans ce collectif. Donc 2020, comme je te l'ai dit, on a lancé le collectif à deux personnes. Alors au début, le lancement, la création d'un collectif, je pense qu'il faut être très peu nombreux et des gens très motivés et surtout entrepreneurs. On investit du temps, on investit un peu d'argent et on n'a rien en retour. Voilà, donc il faut vraiment avoir la vision et l'envie de l'entrepreneur pour lancer un collectif. Et moi, je pense que c'est mieux au début d'être peu nombreux parce que les décisions vont vite. Elles sont parfois mauvaises, mais peu importe, on teste et on le releve. Et à l'époque, donc en 2020, avec Jean-Anne L, on a vraiment avancé très vite parce qu'on était finalement deux à prendre les décisions. Et même si on était six ou sept dans le collectif, on était deux à avancer avec une toute petite gouvernance à deux. Donc la notion de collectif, elle était relativement limitée à l'époque, puisque finalement on était deux à prendre les décisions. Par contre, dès le début, ce qu'on a voulu, c'est que ce soit très transparent pour tout le monde et surtout que ça soit équitable. Dans ce collectif, en réalité, tout le monde a accès à toute la partie business. Nous, dans ce collectif, dans le numérique responsable, dans les trois piliers, on a planète, people et prospérité. Et vraiment, pour que le collectif tourne, on pense que la prospérité est ultra importante. Chaque personne doit être, je vais dire, rémunérée, ou en tout cas récompensée pour les efforts qu'elle met dans le collectif. On peut donner de son temps gratuitement, mais il faut à un moment ou à un autre qu'on récupère. de la valeur. Donc la valeur ça peut être de l'argent, ça peut être de la visibilité, ça peut être des contrats avec des marques qui vont nous apporter un peu une crédibilité dans le milieu, peu importe, mais il faut qu'on ait un retour. Vraiment, on a placé la prospérité et la transparence au cœur du collectif dès le début. Tout simplement un fichier, un Google Sheet partagé où on montre tous les revenus qui rentrent, tout ce qui sort, tout ce que tout le monde gagne, moi y compris, et ce qu'on dépense pour tous. Donc ça, c'était vraiment le démarrage, le lancement. Deux personnes ultra motivées, très entrepreneurs. Et venu rapidement un petit problème de... comment on grossit, parce qu'on commençait à avoir des clients. Donc à 6 ou 7, on est répartis sur la France entière. Donc 6 ou 7 sur la France entière, ça ne fait pas beaucoup pour répondre à des appels d'offres. Et du coup, on a commencé à rallier un peu tous les experts du numérique responsable qui étaient dans notre réseau, dans ce collectif, dans cette marque. Et au début, vraiment, ça fonctionne sur le réseau. C'était totalement gratuit pour les membres. Et donc, on est passé de 6 à une quinzaine, avec beaucoup plus d'expertise. et la marque a commencé à avoir de la visibilité. Ça, ça devait être en 2022, 2023. On a commencé à grandir et à avoir un succès un peu commercial et un problème d'adaptation, d'adéquation entre le nombre de projets et le nombre de personnes dans le collectif capables de les faire. Donc tout l'enjeu du collectif, depuis le début et maintenant aussi, c'est de ne pas grossir trop vite. Parce que quand tu grossis trop vite, tu imploses. Et en même temps, de grossir suffisamment et garder suffisamment d'expertise pour combler nos clients.

  • Bérénice d'Holomea

    Alors du coup, juste pour préciser, quand tu parles de projet, tu parles d'expertise, tu parles de tout ça. Réponse à des appels d'offres communes, des prospections qui sont partagées, qui sont mutualisées. Et donc après, est-ce que tu peux expliquer juste comment ça se passe pour se répartir qui fait le projet ?

  • Nicolas Drouet

    Comme je te disais, on n'a pas de structure. On n'a pas de salariés chez The Green Companion. Donc déjà, la partie commerciale, tous les membres du collectif peuvent jouer le rôle d'apporteurs d'affaires. Et c'est aussi l'objectif, c'est que chacun apporte des affaires au collectif pour soi-même et pour les autres. Ensuite, toute la partie, on va dire, commerciale et légale, c'est moi qui la gère, puisque je suis le président d'un société anonyme. Donc administrativement, je suis un peu obligé de prendre ce rôle. Et ensuite, quand on a des projets clients, que ce soit des formations, des bootcamps, En fait, on va faire en interne un peu un appel à projet. Alors c'est un bien gros mot, appel à projet dans le collectif, mais on va lancer un appel sur la plateforme du collectif pour savoir qui est intéressé, qui a l'expertise suffisante et qui peut réaliser ses formations et à quelle date. Donc il y a un pilotage de tous les membres du collectif qui est très consommateur. Donc je comprends que certains collectifs ont des salariés pour gérer toute cette administrative. Pour l'instant, on n'en a pas. On est 30 et pour l'instant, moi, je fais beaucoup d'administratifs.

  • Bérénice d'Holomea

    Et donc forcément, quand tu élargis ton collectif, il y a un côté super, on se relie avec d'autres experts, on s'enrichit aussi des expériences des autres. Mais tu as quand même l'enjeu que tu ajoutes des personnes qui potentiellement vont prendre du business. En fait, il y a un peu de la concurrence quand même.

  • Nicolas Drouet

    Là aussi, c'est effectivement... L'objectif d'un collectif, c'est de relier les gens. Donc on a commencé par relier des freelances qui étaient tout seuls dans leur coin, donc pas trop de concurrence, surtout encore une fois France entière. Donc un freelance à Nantes et un freelance à Clermont-Ferrand ont peu d'interactions au quotidien, normalement. Et de plus en plus, finalement, on a des entreprises qui nous rejoignent ou qui veulent nous rejoindre et effectivement qui sont potentiellement concurrentes. Mais en réalité... L'objectif final de tout le monde dans le collectif, c'est de faire grandir la cause, j'ai envie de dire, enfin en tout cas d'évangéliser sur le numérique responsable. Donc on essaye de ne pas se tirer dans les pattes. On a évidemment une charte quand on rentre dans le collectif, et on se connaît tous, donc c'est un petit milieu, c'est un petit écosystème, donc on essaye de bien faire les choses, et finalement d'être plutôt dans la cooptation que dans la compétition, et de travailler un peu en bonne intelligence. Mais oui, parfois il peut y avoir des petites... Je ne vais pas dire tensions, mais des petites concurrences. Parfois, The Green Companion répond à des appels d'offres en concurrence à d'autres membres du collectif. Mais bon, c'est un peu la vie des entreprises. Et si tout le monde s'y retrouve, au final, globalement, tout le monde est content.

  • Bérénice d'Holomea

    C'est un enjeu qui est existant et qui est reconnu, dans le sens où peut-être les membres du collectif, en arrivant, ont conscience dès le départ que oui, ça peut leur apporter des choses, mais qu'aussi, ils sont mélangés avec... d'autres finalement. C'est le propre du collectif.

  • Nicolas Drouet

    Encore une fois, la spécificité également de The Green Companion, c'est qu'on est un collectif. qui vend des prestations à des clients. Il y a énormément de collectifs qui n'ont pas cette partie commerciale, où l'objectif du collectif est plutôt d'apprendre entre nous, ou alors, pourquoi pas, de s'apporter des affaires, un peu comme un réseau d'entrepreneurs. Et nous, on a fait le choix d'avoir à la fois un réseau d'entrepreneurs, mais aussi un développement commercial, pour finalement donner des missions, donner à manger à tous les membres du collectif. C'est cette position de développement commercial qui nous... pose aussi en concurrence des membres du collectif.

  • Bérénice d'Holomea

    Alors du coup, est-ce que tout le monde est impliqué sur le même degré ? Comment est-ce que vous vous êtes structuré finalement ? Est-ce que c'est toujours gratuit pour les membres ?

  • Nicolas Drouet

    Alors l'engagement des membres d'un collectif, c'est toujours un sujet. Dans l'historique que je t'ai expliqué précédemment, une gouvernance à deux, très rapide, on prend des décisions très rapides. On peut se tromper, mais on corrige rapidement. Et on a grossi. 2023, on est monté à une quinzaine de membres. On a commencé à sentir qu'il y avait un sujet de gouvernance. Donc on est passé à une gouvernance à quatre personnes, en essayant d'avoir des profils différents pour animer le collectif. Parce qu'en réalité, un collectif qui n'est pas animé par des personnes, il meurt à petit feu. On a un vrai sujet à la fois d'ouvrir cette gouvernance et de rémunérer suffisamment les gens qui s'impliquent dans la gouvernance. C'est un vrai sujet qui est compliqué. Et donc fin 2023 aussi, on est monté à une quinzaine de membres et on a vu la différence d'engagement entre certains. On a pris une décision qui pouvait à l'époque paraître un peu radicale pour certains, mais on a fait payer une cotisation. Donc début 2024, chaque membre du collectif paye une cotisation annuelle pour être dans le collectif. Alors c'est quelques centaines d'euros et par rapport au business qu'on génère, c'est anecdotique, mais en réalité... le fait de payer psychologiquement, c'est déjà un engagement. Donc on se dit, ok, j'ai payé, si je rentre dans ce collectif, c'est pour m'engager. Donc quelque part, on a évité un peu tous les zombies des collectifs, on a tous été dans les collectifs, moi y compris, où petit à petit, on ne fait plus rien, parce que c'était gratuit, parce qu'on n'y retrouve pas forcément notre compte, et en fait, on reste dans le collectif pour rien. Donc ça, ça a été important, et en fait, ça a énormément professionnalisé le collectif. On a eu beaucoup d'experts qui nous ont rejoints et on a vu l'engagement, honnêtement, alors c'est entre x5 et x10 l'engagement. Et donc on est monté de 15 à 30 personnes et est venu encore le sujet de la gouvernance. Donc aujourd'hui on a une gouvernance à 6 et on se pose toujours des questions sur cette gouvernance. Comment l'ouvrir ? Comment rémunérer les membres de la gouvernance ? Comment ne pas trop ouvrir à la gouvernance ? Parce qu'en fait, tout le monde a des bonnes idées, tout le monde a envie de participer à la vie du collectif. Mais après, dans le quotidien et dans la vie de tous les jours, quand on demande de s'impliquer, parfois c'est différent.

  • Bérénice d'Holomea

    Effectivement, ça peut être différent. Comment, du coup, très concrètement, tu parlais tout à l'heure de transparence. C'est quoi votre réponse aujourd'hui, même si j'entends que la question de la gouvernance, c'est une question qui se pose finalement en continu. Enfin voilà, ça ne s'arrête pas. Mais aujourd'hui, là, quelle est votre réponse du jour ? Et comment ça fonctionne ? Comment ça marche ? Et comment, du coup... Ce principe de transparence, il est aussi, j'imagine, mis en avant auprès des personnes qui ne sont pas dans la gouvernance. C'est-à-dire, est-ce que tu peux nous expliquer ?

  • Nicolas Drouet

    Eh bien, alors déjà, la transparence, c'est, comme je le disais, sur la rémunération de chacun. Et donc, sur chaque projet, on a une partie qui va aux apporteurs d'affaires et au développement commercial, une partie qui va aux formateurs, une partie qui va au pilotage, à la facturation, parce qu'il y a beaucoup de administratifs, et une partie qui va au pot commun. C'est-à-dire que sur chaque projet, on va financer la gouvernance et le fonctionnement du collectif. Sur ce pot commun, on va payer les salons, on va payer les quelques frais qu'on a du collectif. Et surtout, à la fin de l'année, on va rémunérer les membres de la gouvernance qui se sont impliqués. Cette rémunération, encore une fois, elle est totalement transparente. C'est-à-dire qu'on a des réunions mensuelles où on présente tous ces chiffres, qui gagne quoi. Donc, il y a à la fois une compétition entre les membres, mais une totale transparence. Et on sait aussi qui gagne quoi dans la gouvernance. Alors clairement, on en est encore au début du collectif. Donc, pour le moment, on rémunère la gouvernance, mais pas à hauteur de ce que les gens s'impliquent. Donc, comme je te disais, pour faire tourner un collectif dans les premières années, il faut vraiment des gens engagés, entrepreneurs, qui voient un intérêt. et qui, petit à petit, touche de la rémunération. Et une rémunération le plus équitable possible. Alors pas forcément égalitaire. Moi, je pense qu'un collectif, il faut rémunérer les gens en fonction de leur implication et pas mettre tout le monde sur un pied d'égalité parce qu'en réalité, ça crée toujours des tensions et des déséquilibres parce que ça nivelle un peu tout le monde par le bas, j'ai l'impression, alors que l'équité, ça me paraît beaucoup plus moteur et beaucoup plus engageant.

  • Bérénice d'Holomea

    Et donc très concrètement, pendant ces réunions mensuelles, est-ce que tu as par exemple Est-ce que tu as les 30 personnes qui sont là ? Est-ce que vous faites un vote ? Par exemple, toi, tu proposes, OK, les six membres de la gouvernance, on va donner tant à telle, tant à telle et tant à telle. Est-ce que du coup, comment ça se passe tout ça ? Vraiment, si on devait se projeter dans la réunion ?

  • Nicolas Drouet

    Oui, alors très concrètement, pour la prise de décision, en réalité, c'est simple de dire ça, mais plus on est nombreux, plus c'est dur de prendre une décision. Donc on a testé des moyens comme les forums ouverts où chacun donne des idées, où il y a un vote. Le résultat n'est pas tout le temps à la hauteur des attentes. On teste aussi des décisions qui sont prises par la gouvernance et ensuite qu'on explique au reste du collectif. Alors pour l'instant, la gouvernance est un peu autoproclamée, c'est-à-dire qu'il n'y a pas de vote pour désigner tous les membres de la gouvernance. Mais il y a une certaine confiance qui s'établit et on essaye... d'avoir une gouvernance suffisamment nombreuse, on est quand même 6 par rapport à 30, donc il y a à peu près tous les intérêts qui sont représentés. Et donc pour le moment, les décisions sont vraiment prises au sein de la gouvernance et ensuite expliquées à tout le monde. Alors après, il peut y avoir des débats et on peut changer, mais on ne prend pas les décisions à 30 et avec un vote, une personne égale une voix, parce que d'expérience, ça marche... Enfin, c'est un peu compliqué.

  • Bérénice d'Holomea

    Oui, c'est un peu compliqué parce que si la personne s'implique, plus, a plus la vision sur une décision, finalement ça a du sens qu'elle ait aussi plus de poids dans la prise de décision.

  • Nicolas Drouet

    On a essayé et on essaye toujours d'avoir un peu le juste milieu entre une association, loi 1901, et une entreprise avec une vraie entreprise, société anonyme avec tous les codes que ça implique. Et en réalité, il y a du bon à prendre dans les deux. Donc pour l'instant on est un peu, on pourrait dire une... une société anonyme avec une gouvernance et une façon de penser plus proche des associations.

  • Bérénice d'Holomea

    Ce fonctionnement-là, en quoi ça a impacté votre mission de faire finalement se développer le numérique responsable ?

  • Nicolas Drouet

    Cette gouvernance, ça nous permet surtout de grandir et d'adresser de plus en plus de monde. Là, aujourd'hui, on... On a fait le compte, on a formé je crois 2500 personnes depuis un an et demi à peu près. Mais l'objectif c'est de se dire comment on peut former ou sensibiliser beaucoup plus de monde. Donc le collectif a vocation à grandir. Et en réalité si on est deux ou trois à essayer de faire tourner ce collectif, on s'épuise. Donc c'est pour ça qu'on a aussi ouvert la gouvernance. Et la projection sur 2025 c'est... c'est que les membres de la gouvernance prennent vraiment des sujets, c'est-à-dire chaque membre de la gouvernance est un peu propriétaire d'un sujet, d'emmener au bout ce sujet-là. Donc il a évidemment une voix dans les sujets communs, mais il est vraiment propriétaire, et c'est pour ça qu'on cherche des profils entrepreneurs. Il est propriétaire d'un sujet, il l'emmenait au bout. Et c'est ça qui est compliqué dans les collectifs. Très rapidement, ça peut avoir tendance à se transformer à... une table ronde où chacun donne son opinion, mais il n'y a pas vraiment d'actions qui sont prises, il n'y a pas vraiment de décisions tranchées. Et pour grandir et pour avancer vite, on a besoin d'avoir des décisions tranchées.

  • Bérénice d'Holomea

    Est-ce que tu peux donner un exemple de sujet ?

  • Nicolas Drouet

    Un exemple de sujet très concret qu'on a dû traiter en gouvernance, c'est sur notre site internet. Un site internet, c'est une vitrine. Nous, on fait du numérique responsable. Donc, quel est le meilleur... outils pour éco-concevoir son site internet. Et là dans le collectif, donc on est 30, tout profil confondu, on a des développeurs, on a des designers, on a des UXiens, des producteurs, et donc est venue la question de quels outils on utilise pour faire notre site internet. Est-ce qu'on utilise, est-ce qu'on fait tout from scratch avec des développeurs pour être les plus puristes sur l'éco-conception de notre site internet, après tout c'est notre vitrine, notre savoir-faire, ou est-ce qu'au contraire on fait comme 95% finalement des entreprises et des autres collectifs. C'est-à-dire qu'on utilise des CMS pour aller vite, permettre de faire les choses simplement. Et bien sûr, en essayant d'éco-concevoir au maximum sur un CMS. Mais ça a amené beaucoup de débats en interne, parce qu'éco-concevoir sur un CMS, pour les puristes, c'est un peu compliqué.

  • Bérénice d'Holomea

    Est-ce que tu peux juste préciser ce que c'est un CMS pour les gens comme moi qui ne font pas d'informatique ?

  • Nicolas Drouet

    Oui, les CMS, c'est effectivement pour les gens comme toi, ou pour moi d'ailleurs. Mais en fait, c'est un outil no-code qui permet de développer un site Internet facilement avec des interfaces graphiques. Donc c'est les WordPress qu'on connaît. plein d'autres, et contrairement à un site développé par des développeurs où là, on va être vraiment dans le code.

  • Bérénice d'Holomea

    Et donc, sur cet exemple-là, tu disais tout à l'heure que l'enjeu, c'était que les personnes qui soient impliquées dans la gouvernance, par exemple, ou dans le collectif, se mettent en position d'être propriétaires d'un sujet et mettent une implication dans le fait que ça avance. Oui. Et donc, ce site Internet, tu disais que ça avait suscité des débats. Est-ce que quelqu'un s'en est emparé ? Est-ce que...

  • Nicolas Drouet

    Alors, ça a suscité, encore une fois, beaucoup de débats. Ça en suscite toujours. Et donc, le sujet, c'est qu'à un moment, il a fallu trancher. Et donc, en gouvernance, on s'est posé la question du, encore une fois, très simplement, comme une entreprise, du ROI, donc du retour sur investissement, de changer ce site Internet. Et au final, la décision qui a été prise, c'est de confier les rênes à un des membres de la gouvernance et en disant, pour l'instant... on va faire sur Webflow, qui est un CMS, mais en tout cas, ça va nous permettre d'aller vite. On va essayer de le faire le mieux possible. On sait qu'on pourrait faire mieux, mais pour avancer, il faut qu'on avance vite. Et donc, on est parti sur cette décision-là avec une personne dans la gouvernance qui a la casquette de responsable, finalement, du site Internet et de toutes ses évolutions.

  • Bérénice d'Holomea

    Je vais te poser une question un peu plus conceptuelle, je te prie, Moulin. Depuis tout à l'heure, tu dis, il faut qu'on avance vite, il faut qu'on prenne les décisions vite. Pourquoi ? Ce besoin d'aller vite.

  • Nicolas Drouet

    Pourquoi ce besoin d'aller vite ? C'est vrai, c'est une bonne question. Très bonne question. Je pense que c'est très certainement mon passé de start-upper qui parle. Et aussi, j'ai participé, je participe toujours à beaucoup de collectifs. Et en fait, je me rends compte qu'un collectif qui n'avance pas, c'est un collectif qui meurt à petit feu. Donc c'est pour ça que je parle pas mal d'avancer. humainement, je pense que les gens ont envie d'avancer. Tous ces freelances, tous ces indépendants du collectif ont envie d'avancer aussi, eux, dans leur aventure entrepreneuriale. Et donc, ils ont besoin d'avoir de plus en plus de projets, de plus en plus d'échanges avec les autres. Et je pense qu'on ne peut pas se contenter d'être 10, 20 ou 30 et après d'être dans un entre-soi. Le but du collectif, c'est de s'ouvrir et de grandir pas trop vite. Je pense qu'il faut avancer.

  • Bérénice d'Holomea

    Sur ça, pour le coup, il ne faut pas que ça aille vite.

  • Nicolas Drouet

    Non, non, il faut avancer, donc rapidement, mais pas trop vite. C'est-à-dire qu'il ne faut pas que tu ouvres toutes les vannes du collectif et que tu prennes 100 personnes d'un coup alors que tu es 30 membres. Mais par contre, il faut que le collectif avance de 30, 40, 50. Et il faut qu'on sente surtout la progression pour que tous les membres du collectif sentent qu'il y a une vie, qu'il y a des choses qui avancent et qu'il y a des sujets qui avancent.

  • Bérénice d'Holomea

    Ça me fait penser... Enfin, j'ai fait du sport et souvent la coach, elle me disait... Il ne faut pas confondre vitesse et précipitation. J'ai l'impression que c'est un peu ça que tu essayes de dire. C'est qu'il y a des moments où il y a besoin que ce soit dynamique, qu'il y ait du mouvement, qu'il y ait une émulation d'idées, de projets. Mais pour autant, il n'y a pas de choix précipité. J'ai l'impression, en tout cas dans l'élargissement du collectif et dans la proposition de nouvelles choses en lien avec le numérique responsable, le fait d'aller... convertir finalement les entreprises, etc. Il y a quand même, pour le coup, l'enjeu n'est pas d'aller trop rapidement. J'ai l'impression quand même qu'il y a une prise de recul sur quelle est la meilleure décision sur le moment avant d'aller proposer ça à d'autres personnes. Donc si je comprends bien, ce fonctionnement aujourd'hui chez The Green Companion, il permet, en lien avec le... qu'est-ce que vous essayez de faire ? C'est-à-dire, vous essayez de former les entreprises aux nouvelles pratiques numériques responsables. Donc, si je comprends bien, votre manière d'agir aujourd'hui, votre manière de vous structurer, elle permet donc d'aller plus vite. Est-ce que tu vois d'autres impacts ? Si vous fonctionniez de manière plus classique, qu'est-ce que ça change, en fait, d'avoir ce fonctionnement-là très vivant par rapport à un fonctionnement, on va dire, plus classique d'entreprise, typique ? hiérarchisé, pyramidal, tout ce que tu veux. Mais qu'est-ce qui a changé entre les deux, en bien ou en moins bien ?

  • Nicolas Drouet

    Alors, ce qui a changé clairement en bien, c'est... que tu peux finalement intégrer des personnes dans le collectif avec des expériences très diverses, avec des implications très diverses. Donc certaines personnes dans le collectif vont donner quelques heures par semaine, d'autres quelques jours, et ça en entreprise tu ne peux pas. En entreprise tu es assez cloisonné et donc il faut recruter pour pouvoir délivrer un service. et que si tu n'as pas les clients, il y a un problème d'adéquation entre nombre de clients et nombre de salariés dans ton entreprise. Avec le collectif, tu peux beaucoup plus accueillir de membres et du coup avoir beaucoup plus de richesses, d'informations et d'échanges et répondre mieux aussi aux demandes des clients sans forcément monter une hiérarchie entre les membres. Donc tu es beaucoup plus dans la coopération que dans la hiérarchie. Même si certaines entreprises maintenant prônent la collaboration dans les fêtes, c'est rarement le cas.

  • Bérénice d'Holomea

    Donc si je résume, il y a la liberté d'implication. C'est-à-dire même s'il peut y avoir des phases par exemple dans la vie de quelqu'un, peut-être il y a des moments où on est plus impliqué, des moments où on est plus en retraite. Donc il y a une certaine liberté, autonomie. Il y a les aspects d'interaction, de richesse, de diversité. Et donc tout ça finalement ça permet d'avancer. Est-ce qu'aujourd'hui, tu dirais que tu as atteint ton objectif d'évangéliser le numérique responsable ?

  • Nicolas Drouet

    Non, pas du tout. Je reviendrai sur ce que j'ai parlé des avantages d'un collectif face à une entreprise. Il y a quand même un gros inconvénient par rapport à une entreprise, c'est que chacun avance à son rythme. C'est-à-dire que quand je reçois une demande de staffer une vingtaine de formations, j'ai besoin vis-à-vis de nos clients de répondre rapidement. Et en réalité, dans une entreprise... classique, j'ai le planning des collaborateurs et je fais le staffing moi-même et ça va très vite pour répondre aux clients. Dans un collectif, il faut soumettre la demande au collectif, attendre les réponses, à chaque fois chacun est libre de son temps et de son implication et donc le rapport à la demande est totalement différent. Et c'est pour ça aussi qu'il faut construire de la confiance, montrer à tous les membres du collectif qu'on avance pour embarquer tout le monde dans le projet et que les gens réagissent. relativement rapidement.

  • Bérénice d'Holomea

    Comment est-ce que tu construis cette confiance ?

  • Nicolas Drouet

    Comment je construis la confiance ? Déjà je disais la transparence sur la rémunération, ça doit pas être un gros mot, on est tous entrepreneurs. Donc oui, on essaye d'agir pour une cause qui nous paraît assez noble, mais on est tous entrepreneurs et on a tous des familles et donc chacun doit s'y retrouver. Donc voilà la transparence sur la rémunération, c'est important, ça doit pas être un gros mot. Le respect de chacun aussi, de se dire que certaines personnes n'ont pas envie de s'impliquer énormément dans le collectif, même si elles apportent un peu et elles reçoivent un peu, c'est faire. Très bien, le collectif fonctionne comme ça. Et voilà, essayer de ne pas avoir de hiérarchie entre la gouvernance et les membres. Parce que la gouvernance, finalement, c'est ni plus ni moins que six personnes qui se mettent sur une visioconférence ou dans une salle de réunion. Mais il n'y a pas de hiérarchie vis-à-vis des autres.

  • Bérénice d'Holomea

    C'est-à-dire que c'est un rôle comme un autre, finalement.

  • Nicolas Drouet

    C'est un rôle comme un autre qui... qui peut être totalement un rôle tournant, qui doit être ouvert et il doit donner envie aux autres membres, à un moment ou à un autre de leur vie dans le collectif, de rejoindre cette gouvernance juste pour faire tourner le collectif et y retrouver encore plus de ce qu'on a envie d'y voir.

  • Bérénice d'Holomea

    Quand tu dis faire tourner le collectif, ça m'évoque la notion de cyclicité. C'est quelque chose que dans les entreprises, on peut avoir du mal à vivre. C'est-à-dire qu'on a souvent tendance à être dans la productivité tout le temps, avec des personnes qui incarnent ce rôle de prise de décision tout le temps. Et c'est vrai que moi, je l'observe, ça peut avoir quelque chose d'assez fatigant parce que dès qu'on finit quelque chose, on est tout de suite dans mince, il faut que je relance quelque chose Et du coup, ce que tu dis, ce qui est intéressant, c'est qu'à la fois, il y a des cycles dans la manière qu'on a de s'impliquer, mais il y a aussi des cycles sur les rôles et le fait d'avoir ces rôles. tournant, c'est peut-être qu'aujourd'hui je vais donner beaucoup en termes de gouvernance et que peut-être que d'un moment j'aurais envie d'explorer autre chose ou peut-être que, même si j'ai pas envie, peut-être ça va me faire du bien d'explorer autre chose et peut-être après de revenir sur la prise de décision avec une autre vision des activités.

  • Nicolas Drouet

    Et même même dans son implication dans le collectif, on a certains membres du collectif qui étaient là en 2023 ou début 2024 et qui à un moment se disent moi je lance à côté un projet j'ai plus le temps ou forcément l'envie de faire de la formation. Ok, bah faire... Donc ils sortent momentanément du collectif. Mais par rapport à une entreprise où quand tu sors de l'entreprise, il ne se passe plus rien, là, sortir d'un collectif, si c'est pour les bonnes raisons évidemment, finalement tu restes quelque part un peu dans la famille et tu reviendras à un moment ou à un autre dans ce collectif.

  • Bérénice d'Holomea

    Comment ça va évoluer ce Green Companion dans les prochaines années ? Comment tu vois un peu ce projet ? Tu disais tout à l'heure que la formation, c'était une étape nécessaire au changement des pratiques. Est-ce que du coup, ça va rester un collectif qui forme ? Ou est-ce que ça va changer peut-être dans les années à venir ?

  • Nicolas Drouet

    C'est en train de changer. Donc jusqu'à aujourd'hui, on était un collectif de formateurs. On s'est dit aussi groupe réseau d'entrepreneurs. En tout cas, on était très focalisés sur la formation par des experts. Donc tous les membres de The Green Companion étaient un peu des experts finalement triés sur le volet, ou en tout cas validés par la collectif, pour pouvoir donner des formations. On se rend compte que ça, ça atteint certaines limites. Aujourd'hui, on est 30, on pourrait être, je pense, 50 formateurs, pas vraiment plus. Pour deux raisons, c'est que des experts du numérique responsable en France, capables de donner des formations et qui ont envie de donner des formations, il n'y en a pas des centaines non plus. C'est un écosystème qui est assez petit aujourd'hui. Et également, la deuxième raison, c'est de garder la qualité de ces experts. Donc, les formateurs The Game Companion, on a envie de rester peu nombreux pour pouvoir contrôler la qualité de nos formations, le process d'onboarding des formateurs. Par contre, je te parlais d'un plateau, on est un peu sur un plafond de verre. On n'est pas commerciaux, on n'aime pas forcément ça, donc on ne fait pas non plus 100 formations par jour. Et même si cette année, on a formé 2500 personnes, il y a des centaines de milliers de personnes qui travaillent dans la tech qu'il faudrait former. La question qu'on s'est posée, c'est comment on arrive à démultiplier un peu notre impact, ce qu'ont pu faire par exemple les fresques du climat, du numérique. C'est un raz-de-marée parce qu'ils ont trouvé le modèle qui convient bien à l'évangélisation en masse. Et donc là, ce qu'on lance comme projet pour tout début 2025, c'est d'ouvrir le collectif et donc d'avoir une partie membres experts, qui sont des formateurs, limités à une cinquantaine, une partie business, donc cercle business, des entrepreneurs du digital qui ont envie de monter en compétence sur le numérique responsable. sans forcément avoir le niveau d'expertise pour donner des formations. Et on appelle ça le circle business parce que c'est aussi l'occasion de partager des affaires entre personnes, entre entrepreneurs digitales. Et enfin, d'ouvrir à des membres. Donc là, c'est toute personne qui souhaite monter en compétence sur le numérique responsable pourrait intégrer ce collectif pour avoir des tutoriels, des live sessions, de l'entraide entre les membres et monter beaucoup plus rapidement en compétence. Et c'est à ce moment-là qu'on commence à changer notre nom de collectif en communauté, parce qu'il y a 30 experts, on est un collectif d'experts. Là, l'objectif, c'est qu'on soit peut-être 100, 150 en 2025, mais avec des membres qui ne seront pas des formateurs, et où là, on est beaucoup plus dans la communauté.

  • Bérénice d'Holomea

    Donc si je comprends bien, ces membres, ce seront quand même des professionnels du numérique, pas forcément du numérique responsable, qui auront accès sans forcément passer par des journées de formation ou des boutons.

  • Nicolas Drouet

    camp à des contenus pour qu'ils soient finalement autonomes dans leur montée en compétences c'est ça tout à fait c'est vraiment la notion de communauté est en fait donner des formations d'une journée en présentiel encore une fois ça beaucoup de limites alors c'est un gros avantage c'est la proximité et l'interaction mais pour évangéliser en masse c'est trop compliqué et donc on a monté une plateforme où on a donc tout ce matériel qui à disposition alors évidemment un des tutoriels des des e-learning également. Et la grosse force d'une communauté, c'est l'entraide et l'échange. Donc cette plateforme, elle se devait d'avoir des zones d'entraide et de partage entre les membres. Donc ce qu'on veut vraiment, c'est que les gens viennent sur cette plateforme pour poster leurs besoins, expliquer leurs projets et pourquoi pas demander de l'assistance à des membres experts du collectif ou partager entre membres et avoir des bonnes pratiques sur d'autres projets, d'autres entreprises de ces pairs.

  • Bérénice d'Holomea

    Je trouve que c'est très intéressant et en même temps, à la fois sur le fond et à la fois sur l'évolution que le projet peut prendre. Et je trouve que c'est ça aussi peut-être qui peut être plus fluide entre un collectif et peut-être une entreprise très structurée. C'est de dire à un moment, on a envie de faire évoluer les activités par rapport aux besoins du marché. Et peut-être comme il y a cet esprit entrepreneurial, il y a quand même cette opportunité d'aller créer facilement des nouvelles choses.

  • Nicolas Drouet

    Ce qui est compliqué dans un collectif, c'est... Comment tu matérialises le collectif ? Comment les gens se rencontrent ? Nous, je te l'ai dit, on est dans la France entière. Et on a commencé vraiment Paris, Clermont-Ferrand. Donc on a commencé remote et donc animer un collectif remote, c'est quand même compliqué. On se voit évidemment une, deux fois par an en présentiel avec les autres, tous les membres, mais la majorité de nos interactions sont digitales et remote. Et donc là est venue la question de quel outil utiliser, comment faire vivre ça. Alors on a commencé sur Slack, comme beaucoup de collectifs, et là on est en train justement avec la notion de communauté de migrer. ces échanges. Donc on est passé sur une plateforme qui s'appelle Circle, que je recommande pour les communautés. Et on aime bien dire que cet outil permet de rassembler les experts du sujet et dans le numérique responsable, les lier. Le cercle de l'anneau, on est assez fan. C'est un peu cette logique-là. En tout cas, c'est un vrai sujet des communautés et des collectifs. C'est quel outil tu utilises, quel média tu utilises pour que tout le monde se parle.

  • Bérénice d'Holomea

    Tout à fait. Et d'autant plus quand on est tous éloignés. bah écoute merci beaucoup d'avoir répondu à mes questions d'avoir partagé sur ce sujet c'était vraiment très intéressant j'espère que ça va pouvoir inspirer c'est un mode de fonctionnement qui est quand même très différent de ce qu'on a l'habitude de voir donc voilà

  • Nicolas Drouet

    j'espère que ça va peut-être donner des idées ou en tout cas créer peut-être des réflexions j'espère parce que c'est un beau modèle et ça fait trois ans que ça dure et finalement ça marche plutôt bien donc et on apprend tous les jours on est bon On innove tous les jours dans ces modèles d'organisation.

  • Bérénice d'Holomea

    Nicolas est le fondateur de la communauté The Green Companion. L'idée est venue de l'envie de rassembler des experts freelance dans le domaine du numérique responsable parce que ça lui paraît répondre à deux enjeux principaux. Déjà, le premier, se sentir moins seul en tant que freelance. et le second, de pouvoir accéder plus facilement aux clients pour diffuser massivement les pratiques d'un numérique plus vertueux. C'est un collectif qui a grandi au fil des années, en passant d'un rassemblement de quelques amis freelance à un réseau d'une trentaine d'experts engagés. Ces changements ont impliqué plusieurs enjeux. Déjà le premier, celui de la gouvernance, puisque l'élargissement a été relativement, on va dire, contrôlé au fur et à mesure que le collectif s'est agrandi. Le sujet de la prise de décision en collectif, c'est une préoccupation qui est pratiquement constante. pour savoir qui impliquer, comment faire pour que ça soit juste pour tous et toutes. Le deuxième enjeu, c'est celui de la répartition de la valeur. Donc au cœur, on va dire, du collectif The Green Companion, il y a vraiment la transparence et la prospérité. Et donc les questions qui se posent à ce sujet, c'est toujours de comment répartir justement la valeur, qu'elle soit financière ou non, en fonction des implications de chacun. Et puis, comment mesurer aussi ses implications et les degrés d'implication. Il y a également l'enjeu de répartir des missions, puisque plus le collectif grandit, plus il se confronte finalement à une concurrence en interne sur les missions qui sont apportées par le développement commercial qui est commun au réseau d'entrepreneurs. On retrouve également l'enjeu éternel de comment animer un collectif. C'est un élément qui est très important pour Nicolas. qui se demande comment faire pour ne pas que le collectif meurt à petit feu, comme il dit. Donc pour lui, c'est essentiel que tout le monde sente la progression et de s'engager sur des projets, de faciliter des échanges entre des membres pour qu'on sente la vie finalement dans ce collectif. Ce fonctionnement, il est vraiment particulier et assez innovant. Et donc, son premier avantage, c'est... que cette gouvernance, elle permet quand même de grandir assez facilement en termes de collectif et de toucher de plus en plus de professionnels de numérique. Et puis de ne pas s'épuiser finalement face à l'augmentation des clients, ne pas porter forcément la gouvernance seule, mais d'avoir un petit collectif. Ça permet aussi de se soutenir et de pouvoir assurer du coup cet élargissement tranquillement. L'autre avantage, c'est que le... collectif, il progresse et il se développe aussi du fait de l'implication justement de certaines personnes dans cette gouvernance, puisque chaque personne qui est là, non seulement elle contribue à la prise de décision, mais elle peut aussi porter un sujet et en être responsable de bout en bout. Et donc, voilà, après que les membres soient impliqués dans la gouvernance ou non, ce fonctionnement permet quand même une grande liberté déjà en termes d'implication. Et puis, ça permet d'être assez autonome sur ces sujets. Et enfin, d'enrichir les échanges entre les experts de différentes branches du numérique responsable. Et donc, de renforcer aussi la pertinence des réponses aux clients grâce à la coopération. Puisqu'en rassemblant des personnes qui ont des expertises différentes, on va pouvoir répondre de manière plus complète et plus pertinente. Retrouvez les épisodes de l'affluence une fois par mois. Ils forment un recueil de témoignages, de vécus liés aux transformations des fonctionnements collectifs qui vous permettra d'avoir des clés pour faire évoluer à votre échelle votre environnement professionnel. Pour ne rater aucun épisode et pour faire grandir ce podcast, vous pouvez en parler autour de vous. Vous abonnez sur votre plateforme d'écoute préférée et nous laissez des étoiles si vous nous écoutez depuis Spotify ou Apple Podcast. Merci pour votre écoute et à bientôt. pour un nouvel épisode de La Fluente.

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