- Natacha Sels
La vie est belle, essaie-la ! (SLA) le podcast de l'ARSLA, qui met en lumière des personnes confrontées à la SLA et des professionnels engagés.
- Loïc Résibois
Avant je vivais à 100 à l'heure, maintenant je vis à 100%, et ça résume très très bien ma situation.
- Natacha Sels
Loïc Résibois, le droit de choisir, partie 2. Après un premier épisode mouvementé, où nous avons accompagné Loïc Résibois lors de sa visite chez la pneumologue du CHU d'Amiens, Nous le retrouvons aujourd'hui chez lui, tranquillement installé dans son salon, pour une conversation plus intime et sans tabou. Il nous parlera de sa volonté de soutenir les malades atteints de la SLA, trop souvent isolés, et aussi de sa vie avec la maladie.
- Loïc Résibois
Quand tu rentres dans le handicap, le regard des autres est quand même difficile à assumer. Moi, c'était plus difficile de rencontrer quelqu'un que je vois pour la première fois, quelqu'un qui m'a connu avant, qui sait comment j'étais, et quelqu'un qui me découvre. Il va ne me voir que comme Loïc, la personne handicapée, fragile, etc. Et sur les réseaux sociaux, je n'ai pas pu résister à l'envie de mettre des vidéos de moi avant. J'ai conscience qu'il y a un côté narcissique, mais ça me faisait du bien aussi de pouvoir montrer qui j'étais avant.
- Natacha Sels
Écoutant la maman de Loïc et Albane, son infirmière, porter leur regard sur le jeune homme et l'homme d'aujourd'hui.
- Maman de Loïc
Jeune c'était un garçon enjoué qui ne posait jamais de problème, qui travaillait bien à l'école, un bon élève, qui n'était jamais, jamais malade. Contrairement à sa soeur jumelle, il a une soeur jumelle. Je ne savais pas. Qui elle, avait quelques petits problèmes de santé, toujours. Mais Loïc, jamais, jamais.
- Albane
Loïc, c'est un grand gaillard qui est pétillant, qui est plein de vie, qui est rigolo, qui a le sens réel de la vie et du partage. C'est pour moi quelqu'un qui est capable de soulever des montagnes, même s'il est en fauteuil. On ne s'imagine pas quelle énergie il faut avoir pour être malade et pour être un patient, vraiment. Et on... Quand on est avec lui, quand on partage son quotidien, bien que ce soit de façon ponctuelle, on le ressent et limite ça nous donne un bon coup de pied aux fesses. C'est une sacrée leçon de vie.
- Natacha Sels
Tu parlais de rencontres.
- Albane
Oui. Pour moi, être soignant, c'est une aventure humaine et c'est avant tout des rencontres. On échange, on apprend de tous et on s'enrichit comme ça et on devient ce qu'on est en rencontrant les gens.
- Natacha Sels
Donc en fait, c'est nourrissant.
- Albane
C'est même plus que nourrissons, c'est une partie de nous qui s'exprime.
- Loïc Résibois
J'ai envie de dire que l'essentiel c'est l'authenticité des relations avec les gens. Quand on rencontre quelqu'un pour la première fois, parfois dans les relations classiques, on va s'apprivoiser avec la personne, apprendre à la connaître. Nous c'est un luxe qu'on n'a pas en fait on va directement se dévoiler qui va souvent inciter l'autre aussi à se dévoiler et donc je trouve qu'on a des relations plus profonde beaucoup plus rapidement en fait et c'est finalement Hyper agréable. Et moi, je dis souvent que s'il y avait des responsabilités en politique, il y aurait au moins... Cinquante ou cent écoles qui s'appelleraient Samuel Paty. Il n'y en aurait pas qu'une, tu vois. Et les électeurs seraient hyper gagnants parce que, vu notre espérance de vie, on ne risquerait pas de s'accrocher au pouvoir. On ne peut faire qu'un mandat. Et finalement, je pense que tout le monde serait gagnant.
- Natacha Sels
Qu'est-ce qui fait que tu gardes ton sens de l'humour comme ça ? Tu l'as toujours eu, ça ?
- Loïc Résibois
L'humour a toujours été très important pour moi et puis j'ai aussi je pense cette force de caractère cette résilience qui me fait dire que si je baissais les bras on est déjà la maladie de fait pour moi au sens propre alors je vais pas le faire au sens figuré et si je baissais les bras, ma vie ne serait que plus dure, en fait. Et pour moi, et pour mes proches, qui me verraient mal. Et donc, j'ai décidé, parce que j'ai cette énergie, de continuer à vivre et d'apprécier au maximum le temps qui me reste. Et ma vie n'est plus du tout comme celle d'avant. Mais je ne vais pas dire que je suis moins heureux, ça serait faux. Je ne sais pas si je suis plus heureux, mais je suis toujours heureux.
- Natacha Sels
Qu'est-ce qui te rend heureux ?
- Loïc Résibois
Tout d'abord, moi je suis né en France dans une famille relativement aisée et donc ma vie a été beaucoup plus facile que des milliards d'autres personnes sur terre et donc j'estime que j'ai pas à me plaindre de ça. Evidemment j'aurais aimé vivre plus longtemps mais j'ai déjà vécu intensément plein d'expériences. Et c'est peut-être parce que j'ai justement eu cette vie très heureuse que c'est plus facile pour moi d'accepter que ça puisse un jour s'arrêter. J'ai la chance d'avoir une femme formidable, qu'on s'aime, des enfants, d'avoir construit ça, d'avoir aussi réussi ma vie professionnelle et d'avoir mis ma famille à l'abri du besoin. J'ai cette chance-là. J'essaie simplement de profiter du temps qu'il me reste pour passer des bons moments avec ma famille, mes amis. Je mesure aussi que mon départ n'est pas brutal. J'aurais pu mourir dans la section de la route et n'avoir le temps de dire au revoir à personne. Là, même si c'est rapide, la maladie du Charcot, t'as quand même largement le temps de profiter de tiens et de leur dire ce que tu as envie de leur dire. C'est une chance. Et puis, il m'est arrivé une expérience personnelle aussi. J'ai dû me faire enlever la vésicule biliaire parce que j'avais un gros calcul en début d'année 2023. Ça a été une expérience très difficile en matière de douleur. Je me souviens, j'étais au CHU, je souffrais de martyrs, franchement. Des fois, quand tu souffres, tu penses à être un peu débile. Je me disais, je préfère garder la maladie de Charcot et en mourir, plutôt que de continuer à souffrir autant. Ça m'a vraiment été une expérience bénéfique, finalement, parce que je ne souffre pas physiquement de la maladie de Charcot. Ma souffrance, c'est psychologie. je la gère plutôt bien et du coup j'estime finalement être chanceux par rapport à plein de malades qui souffrent dans leur chair et qui veulent mourir parce qu'ils veulent que leur souffrance physique s'arrête et vraiment c'est ces patients avec lesquels j'échange parce que je suis en contact avec plein de malades depuis que je suis sur les réseaux sociaux je n'ai pas réellement tu parlais tout à l'heure quand même de la maladie en disant la garce est ce que tu lui donne un nom à cette maladie de charcot non Non, ça m'arrive de dire ça, mais en fait, pour être honnête, j'en veux à personne. C'est tombé sur moi, ça aurait pu tomber sur quelqu'un d'autre. Et je... Non, voilà, c'est une espèce de loterie. Voilà, c'est tombé sur moi, c'est comme ça. Je vais avec. Et je me dis aussi que, depuis que je suis malade, j'ai rencontré des gens extraordinaires, des malades, mais aussi des journalistes qui sont pleins de... d'empathie. C'est bizarre, mais parfois je dis à mon épouse J'aurais pas été malade, on n'aurait pas fait cette rencontre extraordinaire. C'est comme s'il y avait une intensité dans le moment bien plus forte, parce qu'on a conscience de la réalité des moments qu'on vit. Et on est en fait un peu en pleine conscience. Il y a plein de gens qui sont heureux, mais ils n'en ont pas conscience. Et moi, je m'attache vraiment à prendre conscience de chaque petit moments de bonheur il ya une malade avec laquelle j'ai discuté qui m'a dit un truc très juste alors j'ai pas son nom sinon je récitais à la dîme et ça colle très bien pour moi avant je vivais à 100 à l'heure maintenant je vis à 100% ça résume très très bien ma situation et
- Natacha Sels
il ya une phrase de ces Vassilis Alexakis qui me revient et il disait si j'avais su que j'écrirai sur ma vie je leur ai vécu plus attentivement
- Loïc Résibois
ouais ça c'est intéressant ça aussi.
- Natacha Sels
Et je me demandais, est-ce qu'on est plus attentif ou est-ce qu'on apprend des choses de la vie qu'on ne voyait pas avant ?
- Loïc Résibois
Je dirais que moi j'ai toujours beaucoup apprécié la contemplation de la nature. Là j'apprécie encore plus peut-être effectivement ceux qui m'auraient procuré de la joie avant, quand je ne savais pas quand j'allais mourir. En fait aujourd'hui, j'ai un plaisir décuplé à le voir par exemple, quand je vais me promener au bord de la Somme avec mon épouse et mon chien, si je vois un Martin Pêcheur, ça m'a fait ma journée, je suis hyper heureux. Et puis, quand il y a une maladie condamnée, Tu imagines toujours quand même, enfin, en tout cas c'est mon cas, que peut-être un miracle va arriver et que la maladie va arrêter de progresser. Et parfois je cherche aussi dans la nature ces signaux-là en espérant qu'ils signifient quelque chose, même si jusqu'à présent ça n'a pas fonctionné.
- Natacha Sels
C'est quoi ta plus grande joie chaque jour ?
- Loïc Résibois
ça va paraître bizarre mais quand je me mets devant mon ordi le matin et que je ne sais pas 20 followers de plus et plein de messages de soutien je me dis je fais un truc utile et ça me donne juste envie de continuer donc évidemment je ne résiste pas à l'envie Je t'invite de te donner mon Instagram, c'est @resiboisloic, tout simplement. Et j'incite toutes les personnes qui sont intéressées par ce combat, et toutes les autres même, à s'abonner à mon Instagram pour donner plus de force à mes messages, et aussi me donner plus de force.
- Natacha Sels
Ce que j'entends dans ce que tu dis, c'est que le fait que tu sois médiatique permet à des gens de s'adresser à toi, parce qu'en fait, ils n'ont pas connaissance de la façon dont ils peuvent être aidés, ni des associations qui existent.
- Loïc Résibois
C'est complètement vrai. Moi, j'étais très surpris quand je suivi à la Pitié Salpêtrière et mon neuro est juste génial. Mais sincèrement, on ne parle pas assez des structures associatives qui aident les malades. Moi, l'ARSLA, c'est eux qui m'ont contacté suite à un de mes témoignages pour me proposer d'aller témoigner. Et en fait, c'est à cette occasion que j'ai découvert que l'ARSLA, c'était pas seulement une association qui récoltait de l'argent pour la recherche, mais qu'elle mettait aussi à disposition des malades du matériel. Et sans l'interpellation de l'ARSLA, je l'aurais peut-être appris des mois plus tard. Donc évidemment... Un déficit d'informations, et c'est pour ça que dès que je le peux, je parle de l'ARSLA, parce que ça constitue une aide à vivre très importante. En fait, ce dont on a besoin quand on souffre de la maladie de Charcot, c'est d'aide technique. Moi avec l'ARSLA j'ai pu avoir mon fauteuil du jour au lendemain je me souviendrai toute ma vie je suis arrivé à l'ARSLA en déambulateur y avait peut-être cent mètres à faire pour rejoindre le bâtiment depuis ma voiture j'y arrivais pas j'ai du m'arrêter trois ou quatre fois mais en fait Dès le lendemain, je suis retourné. J'ai fait des tests de fauteuil et ça m'a changé la vie. Et ce qui était une crainte pour moi, je n'en voulais pas du fauteuil. C'est devenu aujourd'hui mon meilleur ami. Quand je suis en fauteuil, ça paraît bizarre, mais je me sens normal, comme chacun d'entre vous. Je n'ai besoin d'aucune aide pour marcher. C'est peut-être la seule action que je peux faire sans assistance humaine. Et ça, c'est hyper plaisant pour moi. Parce que moi, en fauteuil, je suis inarrêtable.
- Natacha Sels
J'ai vu ça tout à l'heure, je te suivais à la course.
- Loïc Résibois
C'est vrai, je mets tout le temps la vitesse la plus rapide, comme si c'était pour rattraper tout ce qu'aujourd'hui je fais très lentement. En fauteuil, je fonce. Ça me fait plaisir, parce que cette maladie t'enlève quand même beaucoup.
- Natacha Sels
Tu continues à avoir une vie sociale extérieure active en fait.
- Loïc Résibois
Alors, puisqu'on est en confidence, je vais t'en faire une. Peut-être que ça permettra au moins de... déculpabiliser d'autres malades. Moi j'ai un souci, c'est les toilettes. Aujourd'hui chez moi j'ai des toilettes lavantes et ma difficulté c'est que c'est un système qui est très peu répandu. et donc j'ai toujours cette appréhension de sortir de chez moi pour aller à une manifestation quelconque parce que j'ai pas envie d'imposer ça à mon épouse et donc souvent j'attends d'être allé aux toilettes avant de faire mes sorties ça semble être un détail mais c'est très important pour moi je suis persuadé pour plein d'autres malades et donc c'est évidemment un dispositif qui devrait être généralisé pour les gens qui ont des handicaps et finalement il n'y a pas que les malades de Charcot qui vont être malades
- Natacha Sels
pourra en bénéficier tu dis un détail mais en fait j'ai l'impression que tout à coup quand on est moins valide on observe de l'environnement d'une toute autre manière et c'est là qu'on observe que les trottoirs sont hauts et trois qui est des escaliers partout et j'en passe et des meilleurs parce que moi je ne vois pas tout ça sauf quand j'ai une grosse valise bien sûr en fait moi je comparais beaucoup à ceux sur les personnes handicapées
- Loïc Résibois
à celle des personnes âgées. On n'aime pas nous changer nos habitudes, parce qu'en fait, quand on trouve un mode de fonctionnement à peu près équilibré, on n'a pas envie d'en changer. Et l'extérieur par rapport au domicile, c'est exactement ça. C'est plein de contraintes potentielles, et donc des appréhensions, parce que, évidemment, c'est dur de vivre avec la maladie de Charcot. Mais moi, ce qui me handicape le plus, c'est la charge mentale. Avant j'avais peur de rien, aujourd'hui j'ai peur de tout. J'ai peur de tomber, j'ai peur de faire un transfert avec quelqu'un que je ne connais pas. Même avec mon épouse, des fois j'ai peur. Et donc,
- Natacha Sels
parfois... Quand tu dis un transfert, c'est quoi ?
- Loïc Résibois
Alors un transfert, c'est par exemple pour passer de ton fauteuil à tes toilettes, de ton fauteuil à ton lit. Et moi mon transfert c'est 40 cm, même pas. Mais pour moi c'est énorme parce que j'arrive à peine à tenir sur mes jambes. tourner sur moi-même, c'est dur. Et là, par exemple, depuis quelques jours, J'ai un disque de transfert qui me permet de pivoter sans avoir à bouger mes jambes. Ça me facilite grandement la vie. Parfois, une petite aide technique, toute petite, peut te simplifier la vie. Ce qui est compliqué avec la maladie de Charcot, c'est comme elle évolue sans cesse. Une aide technique est efficace un temps. Tu sais qu'elle ne sera pas, dans quelques mois, elle ne sera plus. Et ça, c'est dur. Et donc, je reviens à cette charge mentale. Ce qui est difficile effectivement, c'est que moi je finis par avoir peur de tout. Et parfois je me prive de sortie, parce que j'ai peur de devoir aller aux toilettes, parce que j'ai peur que l'ascenseur ne soit pas assez grand. Et ça c'est compliqué. Tu ne peux pas profiter pleinement de certains moments, parce que tu as des appréhensions que tu n'avais pas avant. Et ça c'est dur.
- Natacha Sels
Quand on a un corps qui commence à enfermer, comment tu trouves des espaces de liberté ?
- Loïc Résibois
ça aussi c'est une question presque philosophique moi je crois que mes espaces de liberté je les trouve quand je suis dans la contemplation nature je me suis vraiment chanceux j'ai un photoélectrique j'ai un véhicule adapté où je peux bouger j'ai regardé la mer je vais me promener ça me permet de m'évader c'est super important même si je suis tellement dépendant j'ai toujours quelqu'un qui est pas très loin pour veiller sur moi et ça c'est vrai que cette infantilisation le fait de pas avoir vraiment de temps pour toi parfois ça me manque tu as des enfants aussi J'ai deux enfants, un fils de 21 ans qui ne vit plus à la maison et qui est un petit peu dans le déni par rapport à ma maladie, et ma fille qui est à la maison et qui pour le coup ne peut pas être dans le déni parce qu'elle constate l'évolution de ma maladie. semaine après semaine. Je profite d'eux, c'est bien, mais j'aurais évidemment voulu les accompagner le plus longtemps dans la vie, j'aurais voulu voir ce qu'ils allaient devenir, et puis moi-même, à mon tour, être grand-père, je sais que ce ne sera pas possible, mais c'est comme ça, c'est la vie.
- Natacha Sels
Comment elle réagit, ta fille, alors ?
- Loïc Résibois
Ma fille, elle est relativement aidante. Et du coup, comme ma femme n'est pas là, elle prend le relais. Alors ce qui est quand même difficile, c'est que parfois, j'ai l'impression d'avoir presque perdu mon autorité parentale. En plus, comme je ne peux pas parler fort, je ne peux même pas la crier si elle le mérite. Et ça, pour moi, c'est un peu perturbant d'avoir une fille qui se comporte un peu comme ma mère, parfois. Je pense que c'est aussi perturbant de devoir se comporter un peu comme une mère avec son propre père mais on trouve un équilibre et puis je trouve que elle s'est réfugiée dans les études ça c'est plutôt bien pour elle ça lui servira quand quand il ya des moments plus durs parce que j'imagine que ça arrive est
- Natacha Sels
ce que c'est quelque chose que tu peux partager avec ta famille ou est ce que tu le partage ailleurs je crois que on est tellement complice avec mon épouse
- Loïc Résibois
je veux dire on se connait depuis la terminale, ça va bientôt faire 30 ans qu'on est ensemble même si on s'est marié récemment quand j'ai appris que j'étais malade, j'ai souhaité la protéger c'était aussi pour ça, même si c'est évidemment une marque d'amour on partage, on est ensemble, on échange et évidemment il y a des moments très durs où elle elle craque, alors moi j'essaie de pas le faire parce que je sais que sinon ça va être vraiment très dur pour elle on trouve toujours des ressources quelques minutes après on rigole de ce qui nous est arrivé parce que pas être aidant d'un malade de charcot c'est presque ubuesque comme situation tellement mal ne peut rien faire et donc on fait beaucoup de blagues sur la manière dont elle s'occupe de moi ces manquements les miens Le fait que parfois je ne dois certainement pas être facile parce que la peur en fait ça vous fait parfois dire des choses que vous ne devriez pas dire. Et c'est bizarre mais j'ai l'impression qu'on n'a jamais été. aussi complice que maintenant parce que bon faut être honnête elle a gagné une chose avec la maladie de charcot jamais été aussi présent à la maison elle se plaît j'étais un courant d'air je faisais que passer là pour le coup je fais que rester donc parfois peut-être même game et je reparte un peu de temps en temps pour pouvoir souffler mais non très sérieusement on est très heureux et on rigole beaucoup finalement ça paraît bizarre mais c'est comme ça
- Natacha Sels
Quand tu es en train de faire des choses, tu es Tu dis que tu puisses dans tes ressources, c'est quoi tes ressources justement ?
- Loïc Résibois
Je crois que la principale ressource que j'ai, c'est justement ce combat que je mène pour la mise en place de l'aide active à mourir en France. Ça donne un sens à ce qui m'est arrivé. Je me dis qu'un peu malgré moi, je mène ce combat et je suis le porte-parole d'autres malades qui ne peuvent pas... plus parler ou ne veulent pas parler et du coup tous les messages de soutien que je reçois me conforte dans le fait de continuer et j'irai même au delà parfois quand le président mais quelque chose avant qu'il ne présente son projet de loi je remets la nuit mais ça se transformait en énergie positive mais bon je vais faire telle vidéo je veux dire telle chose et ça me donnait finalement d'envie de continuer je
- Maman de Loïc
crois que ce qu'il sauve c'est tous les messages qu'il reçoit c'est très important pour lui il répond à presque tout vocalement bien sûr parce que il arrive plus à taper sur son ordinateur il a beaucoup de mal Mais c'est incroyable comme il remonte le moral des gens. Moi, j'entends les messages. C'est extraordinaire. Extraordinaire.
- Natacha Sels
Et qu'est-ce que vous pensez de son combat ?
- Maman de Loïc
Moi, je suis d'accord avec lui, puisque moi, j'ai déjà fait, si vous voulez, mes directives anticipées. J'ai toujours dit que je ne voulais pas... Vivre si je ne pouvais plus, bouger, je suis un peu comme lui, toujours active aussi. Je n'aime pas rester sur place.
- Natacha Sels
Ce talent d'orateur, est-ce que tu le tiens de quelqu'un ?
- Loïc Résibois
Alors déjà c'est très gentil, ça me touche. J'ai souvent eu à m'exprimer en public ou devant des agents, etc. Donc disons que j'avais une certaine habitude. Justement en fait c'est vraiment une grosse appréhension que j'ai. Là ma voix est touchée, mon élocution est touchée. Je ne sais pas du tout comment j'arriverais à assumer, à supporter le fait de ne plus pouvoir mener ce combat de manière efficace. Parce que j'ai évidemment tendance à penser que je serai moins efficace, que je ne pourrai plus parler. En tout cas, je tiens vraiment à remercier sincèrement les personnes qui m'écrivent, qui m'envoient des messages de soutien, parce que ça me donne vraiment la force de continuer.
- Natacha Sels
On entend des petits bruits parfois dans la cuisine, et en fait c'est ta maman qui est en train de préparer un bon gâteau, et ça sent bon.
- Loïc Résibois
Je pense que dans pas longtemps, elle va nous en offrir une part, on va se régaler. parce que c'est un vrai grand don bleu ma mère en dehors de ses autres qualités et ça aussi c'est bien important pour moi en dehors de la prévention de perdre l'usage de la parole j'ai aussi la prévention ne plus pouvoir manger normalement parce que j'ai déjà perdu beaucoup et je considère que c'est encore une nouvelle étape désagréable à accepter et j'aime bien manger c'est important pour m de sacre de de bien manger. J'espère que ça durera le plus longtemps possible.
- Natacha Sels
J'ai goûté votre cuisine délicieuse. Est-ce que vous lui avez appris ?
- Maman de Loïc
Non. Je dois dire que quand il est parti de chez nous, il a toujours été un bon élève. Après, il était à Rennes en fac de droit. Et donc, assez tôt, il est parti de chez nous. Et je dois dire qu'il ne savait pas cuisiner et pas bricoler. Pas bricoler. Il ne s'était jamais intéressé à ça. C'était surtout remuer, bouger, faire du sport. Et Et quand il est venu à Amiens, il a des très bons voisins, notamment celui qui vient de sortir d'ici. Il a Thomas, qui est extraordinaire, qui lui a appris à bricoler. Et il sait tout faire, tout faire. Alors, mon mari est bricoleur aussi, mais Loïc est bien plus maniaque que lui. Il fignole plus et c'est extraordinaire. Tout ce qu'il a fait dans sa maison, dans son jardin, c'est incroyable.
- Natacha Sels
Qu'est-ce que vous lui avez transmis qui probablement l'aide en ce moment ?
- Maman de Loïc
Qu'est-ce qu'on lui a transmis ? Aider les autres, ça pouvait l'aider lui. Et en fait, c'est vrai, c'est ce qui se passe. Il a beaucoup de contacts avec les autres. Moi, j'aime bien aussi rendre service. Je préfère rendre service aux autres qu'on ne me rende service. C'est comme ça. Et lui est devenu un peu... Je pense qu'il me ressemble de ce côté-là. Oui, oui.
- Natacha Sels
Et votre mari ?
- Maman de Loïc
Alors, mon mari... Il a été très très touché par sa maladie. Il est moins fort que moi. Il n'en parle pas. Il n'arrive pas à en parler. Autour de lui. Moi j'en ai parlé à mes collègues, j'en parle autour de moi. Et lui, il n'y arrive pas. Il est très timide et il souffre beaucoup. Il souffre énormément.
- Natacha Sels
Et avec vous, il en parle ?
- Maman de Loïc
Non. Si ce n'est pas moi qui lui en parle, ou qui le questionne, il ne m'en parle pas. Il ne peut pas. C'est dans sa nature.
- Natacha Sels
Il garde ça pour lui.
- Maman de Loïc
C'est ça le problème. Ma soeur, ma fille est très affectée aussi, bien sûr, sa soeur jumelle, ils s'entendaient bien. Alors on a fait des tests pour voir, c'était pas génétique du tout, il n'y en avait pas dans notre famille, mais là c'est quand même rassurant pour les enfants de Loïc aussi. Bien sûr. Bien sûr. Et pour ma fille, quoi, bien sûr.
- Natacha Sels
Qu'est-ce que tu aurais à dire ? Parce que tu en as parlé un petit peu tout à l'heure. À ceux qui ne sont pas malades, est-ce que tu as un message à faire passer ?
- Loïc Résibois
J'ai carrément un message à faire passer à ceux qui ne sont pas malades. En fait... Beaucoup d'entre vous sont heureux mais n'en ont pas conscience. Alors ce qu'il faut faire comme on sait jamais de quoi l'avenir sera fait, c'est profiter de la vie, profiter des autres et puis avoir des relations sincères. Moi j'aspire qu'à une chose, c'est qu'on puisse dire de moi que j'étais quelqu'un de bien et je pense que si chacun aspirait à ça, le monde irait beaucoup mieux.
- Natacha Sels
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