- Speaker #0
Je suis à Paris, c'est le mois de mars, plus des cordes,
- Speaker #1
et je suis en route pour une nouvelle interview.
- Speaker #0
Le français, c'est la langue du cerveau. Le russe, la langue du cœur. et l'espagnol, celle du ventre. C'est ainsi que Julia Chardavoine décrit son rapport aux trois langues qu'elle parle couramment. Et ça dit beaucoup, je trouve, du lien organique qu'on peut entretenir avec une langue et des mondes que différentes langues peuvent ouvrir en nous. Chaque langue résonne d'une manière particulière et nous permet d'exprimer une facette différente de nous-mêmes. Julia Chardavoine a grandi entre le français, sa langue maternelle, et le russe, appris très jeune à l'école. Et puis un jour, l'espagnol est entré dans sa vie, tardivement, par hasard, et il ne l'a plus quitté. Elle vit aujourd'hui au Mexique, où elle traduit des livres à la fois depuis le russe et l'espagnol. Vous verrez, son trilinguisme l'a parfois mené à des projets inattendus. comme la traduction du judéo-espagnol, une langue vivante aux accents d'exil et d'ancien temps. Ce matin de mars, nous nous étions donnés rendez-vous au Café Tram, un café-librairie perché en haut de la montagne Sainte-Geneviève, dans le 5e arrondissement de Paris. C'est un quartier que Julia connaît bien, elle y a fait toute sa scolarité. Notre rencontre a été à l'image de son parcours. pleine de péripéties. Durant quatre heures, on a discuté à bâton rompu de l'espagnol mexicain et de sa remarquable plasticité, des discriminations linguistiques qui demeurent au Mexique et de leur héritage colonial. On a parlé aussi du rapprochement étonnant que l'on peut faire entre le russe et les langues autochtones mexicaines et de ce que disent ces langues d'un certain rapport au monde. Avec générosité, Julia m'a ouvert les portes de son atelier de traduction, peuplé de mots nouveaux, de romans polyphoniques et de résonances entre la littérature et la vie. J'ai été bluffée par la densité de son parcours, si plein de hasards et de sens en même temps, qui semble avoir été guidée tout du long par les langues, la musique et l'amour. J'espère que le voyage vous plaira. Je suis Margot Grellier et vous écoutez Langue à langue, épisode 7, Ladino, violon et langue mexicaine avec
- Speaker #1
Julia Chardavoine
- Speaker #0
Langue à langue
- Speaker #1
Des lenguas à Lengua. Bonjour. Bonjour. Merci. Bonjour Julia. Alors j'aurais adoré vous inviter chez moi au Mexique mais ça aurait été quand même une toute autre aventure et de manière générale même au Mexique je passe beaucoup de temps au café. J'ai toujours aimé travailler dans le bruit. Il y a quelque chose que... que je trouve très apaisant de pouvoir se plonger dans sa bulle. Puis quand on est traducteur, c'est un travail quand même assez solitaire, et qui est cette espèce d'animation autour de bruits d'assiettes, de plats, de cafés, de gens qui bavardent. On peut le lever le nez un moment et puis d'un coup être inspiré. Puis ça m'est arrivé même plein de fois au Mexique, d'un coup chercher un mot et de ne pas le trouver, et puis de pouvoir en parler avec soi-même au voisin de table. Soit c'est lui, soit le serveur au café. Il y a quelque chose, ça donne une pratique un peu plus conviviale. Il y a pour moi cette espèce de contraste entre la vie d'un café, le mouvement, le passage, et l'isolement et la bulle que nécessite la traduction, quelque chose qui se marie bien.
- Speaker #0
J'ai fini mon grand crème, Julia, son Ausha, et comme le café était tout de même un peu bruyant, on est allé poursuivre l'interview plus au calme chez la belle-mère de Julia. On s'est fait un thé, on s'est installé confortablement dans le salon, et puis, au son de la pluie qui ruisselait sur la verrière, Julia m'a raconté sa rencontre avec les langues qu'elle traduit aujourd'hui. D'abord, il y a le russe, appris à l'école. Pour Julia, c'est une langue de l'enfance, indissociable des années collège et de son professeur de violon, monsieur Arutounian, un concertiste arménien russophone, qui avait passé toute sa vie à Moscou. Après le lycée, le parcours de Julia semble tout tracé. Master en littérature comparée franco-russe, échange universitaire à Moscou, et pourtant, sa route bifurque lorsqu'elle recroise Diego, un ami d'enfance franco-mexicain. Il tombe amoureux et Julia décide de le suivre au Mexique. C'est là qu'elle rencontre l'Espagnol. À son arrivée en 2012, elle n'en parlait pas un mot.
- Speaker #1
Ça allait très vite, en fait. Quand on est dans le bain... Et les Mexicains, en plus, ont un espagnol très... Je pense que c'est un des meilleurs pays pour apprendre l'espagnol parce qu'ils articulent beaucoup. Ils parlent de manière très distincte. Ils adorent répéter. Donc, en fait, très souvent, répéter au sens de... Je ne sais pas, c'est tout bête. On est dans un taxi, on échange avec quelqu'un et on dit, vous allez... Hay que subir a la derecha. Il va répéter « Ah, ok, hay que subir a la derecha » . Il y a une manière dans le dialogue où il y a très souvent, le Mexicain répète une immense tendresse, il n'est pas du tout agacé par l'étranger, il ne veut pas parler très vite. Les Chiliens, ils parlent à toute allure, les Argentins, ils ont des accents pas possibles, l'Espagnol aussi. Le Mexicain, c'est vraiment un Espagnol assez facile d'accès. Et donc, j'ai appris vite. La transition a été difficile quand je me suis installée au Mexique. et que j'ai appris l'espagnol, il y a eu un moment où j'ai cru que je n'allais plus pouvoir parler russe. Parce que finalement, les sonorités du russe et de l'espagnol sont assez similaires. On roule les R, le R, le fait qu'il n'y a pas de U, de O. Finalement, d'un point de vue uniquement phonique, il y a des choses qui se ressemblent. Et d'un coup, il y a eu un espèce de mélange qui s'est fait dans ma tête, non pas dans la lecture et la compréhension, mais dans le parler. Et je me suis dit, ça y est, je vais perdre le russe. Et puis, en fait, il a fallu un temps où c'est d'un coup, comme si le cerveau avait pris un petit... s'était réorganisé progressivement, avait créé une nouvelle case, et c'est revenu. Mais après, je pense que pour faire de la traduction littéraire, au final, la langue dans laquelle on écrit, c'est le français. Donc, il y a quand même... évidemment très très important de comprendre les subtilités de la langue étrangère et de l'apercevoir et de la sentir mais c'est la langue finale finalement qui est celle qu'on va transmettre, qu'on va écrire donc je sais pas j'ai quand même le sentiment que être traducteur c'est pas uniquement savoir parler des langues étrangères ou avoir une c'est en fait finalement aimer parler franc écrire en français, finalement.
- Speaker #0
Aujourd'hui, Julia traduit depuis les deux langues, le russe et l'espagnol. Elle m'apprend qu'au Mexique, le rapport à la langue... a été façonné par l'histoire coloniale du pays. Officiellement, il y a 68 langues autochtones reconnues comme langues nationales, au même titre que l'espagnol et la langue des signes mexicaines. Mais dans les faits, la langue espagnole reste hégémonique et les discriminations linguistiques sont bien réelles.
- Speaker #1
Il y a un livre que j'ai adoré qui est sorti il y a quelques années d'une linguiste indigène qui s'appelle Yasnaya Aguilar. et qui a écrit tout un livre sur comment, par l'imposition de la langue espagnole, c'est ça qui avait permis de construire aussi, d'écraser finalement les communautés indigènes et de construire un État national. Il y a des communautés où l'accès à la langue espagnole est extrêmement fragile. Par exemple, pour pouvoir bénéficier de la justice, l'école est en espagnol. Donc, c'est assez particulier. Mais l'espagnol reste une langue qui a été imposée. Et même si une grande partie de la population qui est métisse et dont la famille parle espagnol depuis des siècles, ça a créé en fait cette langue où on peut beaucoup plus jouer avec elle. Par exemple, les Mexicains adorent transformer. Mettre un mot à la place d'un autre, c'est toujours un peu étrange. C'est-à-dire qu'ils vont prendre le début d'un mot qui ressemble à un autre, mais en utilisant un autre comme un jeu langagier. Par exemple, le plus basique, c'est que quelqu'un, au lieu de te dire oui, va te dire Simone. Pourquoi Simone ? Il n'y a aucune raison. C'est juste parce que ça commence par si, en fait. Et ça peut... Là, c'est vraiment un exemple basique.
- Speaker #0
C'est une variante de Cool Raoul, de faire des petites rimes comme ça.
- Speaker #1
Oui, mais ce n'est pas forcément des rimes, parce que ça peut être, je ne sais pas, au lieu de Kepasa, donc qu'est-ce qui se passe, Kepachuka.
- Speaker #0
Pachuka, c'est la capitale de l'État mexicain d'Hidalgo, qui se situe au centre du pays, à environ 100 kilomètres de Mexico.
- Speaker #1
Ça n'a rien à voir, mais c'est juste qu'ils vont remettre un mot. Et donc, en fait, il y a une inventivité langagière où ils peuvent complètement jouer. mettre un terme à la place d'un autre. En fait, c'est une langue extrêmement malléable et qui est très créative et moins rigide que la langue française. De la même manière, la concordance des temps, on peut beaucoup plus facilement passer d'un temps à l'autre. C'est marrant parce que je reviens à cette fille incroyable, Yastnaya Aguilar, qui a écrit ce texte linguistique. elle parle d'une langue qui s'appelle le Mikhe et le Zapotec et elle explique que dans ces langues indigènes, le rapport à la temporalité est plus proche de la temporalité en russe qu'elle parle du russe dans ce texte, que de la temporalité d'une langue latine, c'est-à-dire que dans une langue, nous notre conception du temps, en fait elle est linéaire, c'est-à-dire qu'on a différentes formes de passé, de futur, de présent et Alors que la base de la grammaire en russe sur la question de la temporalité, c'est perfectif et imperfectif. C'est l'idée qu'une action est ponctuelle ou qu'une action se répète ou est dans la durée. Et en fait, il n'y a pas véritablement de futur en russe. Le futur en russe, c'est le verbe perfectif conjugué au présent. Et en fait, ce qu'elle explique, cette linguiste, c'est que c'est exactement pareil dans des langues indigènes au Mexique et que c'est une vision de la temporalité qui est beaucoup plus circulaire ou ponctuelle et qui n'a pas cette idée de la chronologie. Je ne m'avancerai pas là-dessus pour la langue russe, mais en tout cas, elle, son texte est passionnant. Elle explique comment cette conception dans la langue même de la temporalité influent totalement sur leur rapport à la vie, à la société, et pourquoi, en fait, par la langue espagnole, s'est imposée une autre conception du progrès, de l'évolution d'une ligne temporelle.
- Speaker #0
Pour creuser cette question passionnante, je vous renvoie au livre de la linguiste Yasnaya Aguilar, « Nous sans l'État » , paru en 2022 aux éditions « Ici, là-bas » , dans une traduction d'Amandine Sémat. Julia, elle, observe un tournant chez les auteurs mexicains d'aujourd'hui. Beaucoup, en effet, s'emparent des spécificités de l'espagnol mexicain, sa plasticité, son oralité, pour en faire une véritable matière littéraire. C'est d'ailleurs un procédé que l'on retrouve dans Gabacho, d'Ahora Chilonen, le tout premier roman traduit par Julia depuis l'espagnol. C'était en 2017, pour les éditions Liana Levy. J'ai demandé à Julia de m'en lire un extrait, d'abord en espagnol, puis en français, et ensuite de commenter sa traduction pour nous faire entendre ce qui, entre les deux versions, circule et se transforme, comme un jeu de miroir entre deux langues, entre deux mondes. Si vous souhaitez avoir le texte sous les yeux pendant que Julia le lit et le commente, vous pouvez vous rendre sur le site langalang.com ou sur les pages Facebook et Instagram du podcast. Vous l'y trouverez en VO et en VF.
- Speaker #1
Aura Chilonen, c'est une écrivaine mexicaine qui a écrit son premier roman toute jeune, entre ses 16 et ses 19 ans, et qui l'a envoyé à un prix littéraire. C'est un peu une histoire de conte de fées. Qui l'a envoyé à un prix littéraire de Penguin Random House qui s'appelle le prix Mauricio Ausha. Qui a gagné. Et qui... a été un immense succès éditorial puisque aujourd'hui, je ne sais pas dans combien de langues le texte a été traduit, mais ce dont je me souviens, c'est que le livre est sorti et il a été immédiatement acheté. Il y avait un travail par... 7 ou 8 pays, ce qui est quand même assez rare pour quelqu'un dont c'est le premier roman. Et c'était d'ailleurs assez génial, ça a été une expérience incroyable de traduction, parce qu'on s'est retrouvés avec un texte en espagnol hyper compliqué, tous en train, un traducteur italien, une traductrice de l'allemand, une traductrice américaine, et moi vers le français, en train de traduire le texte en même temps. Et donc on avait organisé un petit pool de traducteurs pour... parce que parfois pour les auteurs, ça peut être très lourd aussi, quand un traducteur te bombarde de questions. Et c'était fascinant de voir à quel point chaque traducteur avait des questions qui n'avaient absolument rien à voir. Par exemple, je me souviens d'une question d'Andrea Rosenberg, qui est donc la traductrice vers l'anglais. Et je me souviens qu'un jour, j'ouvre mon mail et il y avait un mail avec plusieurs photos de types de bérets et de chapeaux. parce qu'elle voulait savoir je ne sais même plus quel était le mot en espagnol mais à quel type de chapeau Aura faisait référence et moi je me dis cette question ne m'est même pas passée par l'esprit et certaines questions que moi je me posais eux pas du tout c'était assez marrant parce que non seulement chaque texte est l'univers d'un auteur mais chaque traduction est aussi quand même l'univers d'un traducteur et l'univers de la langue de d'arriver, qui n'a pas les mêmes subtilités. Mais aussi, il y a une tête derrière qui se pose certaines questions et pas d'autres. C'était assez marrant. Et ce premier roman, Gabacho, il a gagné ce prix pour innovation dans le langage. Et donc, c'est l'histoire de Liborio, qui est un gamin pauvre des rues qui a traversé la frontière. pour aller vivre, enfin, un migrant clandestin pour aller vivre aux États-Unis, où il est dans la galère, il vit des petits boulots. Il a trouvé un petit boulot dans une librairie. Dit comme ça, ça pourrait être presque l'élégance du hérisson version latino. Qui trouve un petit boulot dans une librairie et qui, parce qu'il s'ennuie, parce qu'il n'a rien à faire, parce qu'il tourne en rond, se met à lire le dictionnaire et donc à avoir un langage encore plus particulier parce que lui, il a déjà un langage, il vient de l'État de... de Puebla, donc il a plein de vieilles expressions de régionalisme. Après, c'est un gamin qui en a vu des vertes et des pas mûres, qui parle un vrai slang, qui est aux États-Unis, donc il a une langue ponctuée de termes en anglais et en plus, il se met à lire le dictionnaire et donc à avoir plein de termes savants dans... Déjà, c'est une histoire d'amour, ce texte, et c'est un peu... le roman d'un parcours initiatique d'un jeune homme qui finalement va se révéler et se découvrir j'en dis pas plus mais trouver sa place dans sa société où il n'a pas de place et d'ailleurs sa langue va évoluer au fur et à mesure du roman c'est à dire que le début est très marquant de bizarrerie dans le langage, enfin pas de bizarrerie mais de elle a travaillé la langue et Avec un mélange de termes savants, de néologisme, d'extrême moralité, de mots en anglais, parce que ça c'est aussi quelque chose de très particulier au Mexique, c'est que le Mexique c'est l'Amérique du Nord. Les gens pensent souvent que c'est l'Amérique centrale, le Mexique c'est l'Amérique du Nord. Il y a un dicton au Mexique où on dit « tan lejos de Dios y tan cerca de Estados Unidos » . Si. si loin de Dieu et si proche des États-Unis. C'est-à-dire que c'est vraiment... C'est un pays qui est beaucoup moins américanisé, étonnamment, que certains pays d'Amérique du Sud, dans la culture, dans les mœurs, mais qui est quand même imprégné de la présence américaine, de la langue anglaise. Et ça, par exemple, Aura Shilonen dans Gabacho, elle a su totalement le rendre, ce Spanglish. où on peut d'un coup avoir des termes anglais ponctueux, et notamment à la frontière. pour la bouler et lui faire chier des choses dégueulasses que je peux atteindre une autre vie en me foutant de tous ces meridiennes. Au final, je suis née morte et je n'ai pas un pinceau de peur. La Ausha, elle, sans lui dire rien, Je regardais seulement vers la rue où devait arriver le bus. Et elle, toute incommode, et plus quand le putain de rat lui a tentoniché une nalga avec ses doigts infestés de spronzède. Là-bas, j'ai brisé les laces qui me collaient au monteur de la boucle où je travaillais. J'ai senti vibrer le poivre à mon alrededor. Et je suis sorti disparu pour m'amadrer les poignets à sa jetée. Et donc, pendant qu'ils étaient là, ces crevards, à courir après la gisquette, à la harceler, à lui crier des cochonneries, je me suis dit que si je les défonçais tous, ces cons de latinos, je pourrais changer de vie. Après tout, je suis née mort, et franchement, j'ai peur de rien. La gisquette, elle disait pas un mot. Elle guettait l'arrivée du bus au bout de la rue, comme ça, toute mal à l'aise. Et encore plus quand ce fils de pute lui a palpé le cul avec ses doigts mycosiques. J'ai tout de suite lâché mon poste au bookstore où je travaille. Ça vibrait autour de moi. Et j'ai foncé lui coller mon poing dans la gueule. Dans cet extrait-là, il n'y a pas tant de termes qui viennent de l'anglais, mais par exemple, il y a les sauces fucking meridianos. et al mostrador de la book donde trabajo. Là, il s'avère que comme c'est l'Inquipit, c'est le seul endroit, enfin pas le seul, mais une des rares fois où j'ai vraiment utilisé bookstore en français. Mais un des défis, c'était parce qu'en espagnol, ce n'était pas étrange l'utilisation de ces termes en anglais. Et donc, ça a été de transposer, donc j'ai choisi d'utiliser des termes anglais que nous on a l'habitude d'utiliser en français, par exemple black, qu'un mexicain n'utilisera jamais, il ne dira jamais black, mais pour nous c'est beaucoup plus naturel. Et certains termes qui pour un espagnol sont naturels mais pour nous non, de les traduire en français. En fait de jouer, de déplacer les anglicismes parfois pour que ce soit fluide dans la lecture. Il y a toute la question de l'oralité, de la déconstruction de la phrase, de pouvoir ne serait-ce qu'enlever toutes les négations.
- Speaker #0
Il y a aussi, je ne sais pas si on a un exemple ici, sans doute, mais il y a beaucoup de néologisme.
- Speaker #1
Dans le texte, de manière générale, il y a énormément de néologisme. Là, dans ce passage en particulier, il y a juste, par exemple, « con sus dedos infestados de espronceda » . Espronceda, ça ne veut rien dire du tout en espagnol. Mais quand j'en avais parlé avec Aura, elle m'avait dit que... Espronceda, en plus, c'est un poète, elle ne le savait pas du tout. Pour elle, c'était un mot qui sonnait dégueulasse. Elle avait envie d'un mot qui sonnait dégueulasse. Donc, moi, j'ai mis des doigts mycosiques. Mais il y en a plein. Par exemple, il y a un néologiste que j'aimais bien où elle disait « gloribundo » . « gloribundo » pour elle, ça évoquait à la fois la gloria, donc la gloire, et un vagabundo, donc un vagabond. Et moi, en français, à l'époque, je l'avais traduit comme un vagapéteux. Mais bon, voilà, il y avait… Après, c'est une langue extrêmement imagée. Là, c'est pareil, ce n'est pas dans ce passage particulièrement, mais c'est juste après. À un moment, elle parle de… Il évoque son boss, qui est un peu… autoritaire et supérieur qui est donc le directeur de la librairie et qui d'ailleurs ne s'exprime pas du tout comme on pourrait imaginer un libraire il est brusque, agressif il ne rentre pas dans le cliché de l'image du libraire et à un moment il parle de sa voix et c'est un moment où il est furieux parce que la fille qui est super belle rentre dans la librairie il croit que c'est pour lui, en fait elle veut parler à Liborio et il dit et Et T'il l'itché, c'est comme une babiole, c'est une petite chose. Et donc l'idée, c'est une voix sans air. Donc par exemple, pour garder l'image, moi en français, j'ai traduit « voix de pétole » . Donc c'est toutes ces transpositions, cette nécessité de...
- Speaker #0
Mais au sein du roman même, il y a plusieurs personnages qui chacun a sa propre façon de s'exprimer. qu'il a fallu rendre aussi en français.
- Speaker #1
Ouais. Il y a pas mal de dialogues dans ce roman. Chaque personnage a sa voix. Il y a l'argentin, il y a Irene, la jeune fille du roman, qui est beaucoup plus intégrée dans la communauté américaine, qui est un peu la cool. Il y a Madame W, qui se prend d'amour pour ce gamin des rues, qui a envie d'avoir l'air d'avoir l'air jeune, qui du coup en français, je l'ai fait parler souvent en verlan, mais de manière un peu parfois ridicule, parce que ce n'est pas sa place de parler en verlan, mais elle veut se donner des airs. Et ça, j'adore pouvoir inventer les personnalités, enfin recréer la personnalité d'un personnage par sa langue. Et c'est vrai que ça peut être génial aussi. Traduire, c'est à la fois traduire la langue d'un auteur, mais parfois c'est traduire les langues de plusieurs personnages qui vont avoir un langage... Il y a certains auteurs qui ont un vrai talent, en fait, pour créer plusieurs langues au sein d'un même texte.
- Speaker #0
Julia reçoit un courriel des éditions Lior qui lui propose de traduire un texte écrit en judéo-espagnol. Le judéo-espagnol, qu'on appelle aussi le ladino, c'est une langue dérivée de l'espagnol archaïque et de l'hébreu, encore parlé dans une vingtaine de pays. On compte aujourd'hui entre 100 et 150 000 locuteurs, principalement des descendants des juifs expulsés d'Espagne en 1492, dont les familles se sont réfugiées autour de la Méditerranée, en Afrique du Nord et dans l'Empire ottoman. Le seul problème, c'est que Julia ne parle ni ladino, ni hébreu. Difficile pour elle de se sentir légitime pour un tel projet. Et pourtant, l'éditeur lui explique que c'est précisément pour sa double compétence, en espagnol et en russe, qu'il est venu la chercher, elle. Alors, elle accepte. Les ombres cousues, sa deuxième traduction pour les éditions Lior, apparue en 2024. C'est un roman de Myriam Moscona, une autrice née au Mexique dans une famille juive séfarade, originaire de Bulgarie, et qui a baigné toute son enfance dans le Ladino de ses grands-parents. Dans ce texte, elle questionne son identité en entremêlant des bribes de rêves, des souvenirs d'enfance et le récit de son voyage en Bulgarie sur les traces de son histoire.
- Speaker #1
La particularité de ce roman de Myriam Moscona, qui est une poétesse, et ça c'est quand même assez important parce qu'elle a un rapport au langage extrêmement travaillé, c'est que c'est un texte qui est écrit à moitié en espagnol et à moitié en judo-espagnol, et qui est destiné à un lecteur hispanophone. Et donc quand un Mexicain lit le texte, il bute. Pas vraiment, en fait, sur les passables en judéo-espagnol. C'est-à-dire qu'il rit, en fait, parce qu'il voit des choses étranges, tendres, mais il comprend. Même s'il y a des mots bizarres, même si les structures sont étranges, mais il comprend. Et il y a quelque chose, en fait, à la base, le judéo-espagnol, c'est une langue qui peut être perçue, qui est tirée de l'espagnol ancien, du XVe siècle, comme une langue qui a quand même des tournures un peu archaïques, vieillottes. Et donc l'enjeu de la traduction de ce texte en français, pour moi, c'était vraiment de réussir à ce qu'il y ait deux langues qui se côtoient dans un même texte. Et pouvoir reproduire pour un lecteur français la sensation d'un lecteur espagnol. Donc de passer de passages en français totalement contemporain à des passages dans un espèce de vieux français bizarre. qui autant projette dans un autre univers.
- Speaker #0
Et je réfléchissais à qu'est-ce qui pouvait être l'équivalent en français du judéo-espagnol. J'ai entendu parler d'un judéo provençal qui s'appelait le Ausha. Je me suis dit que j'allais chercher des vieux dictionnaires. Et puis bon, il s'est avéré qu'en parlant avec des linguistes, j'ai compris que c'était une langue très controversée, dont on n'était pas certain qu'elle ait vraiment existé, qu'il ne valait mieux pas mettre un pied là-dedans. On m'a recommandé de relire aussi les premiers romans d'Albert Cohen, dans lesquels il évoque ses oncles. Il essaye de retransmettre un peu cette bizarrerie du judo espagnol. Lui, c'était des Grecs. Mais j'ai trouvé que ça n'allait pas assez loin. Initialement, j'ai fait une première traduction. où j'ai vraiment inventé une langue, un glossaire, enfin pas inventé puisque je me suis vraiment basée sur le littré et sur l'ancien français, mais pour essayer de créer une cohérence au fil du texte et que tous les passages en judo espagnol soient dans un ancien français teinté d'orientalisme parfois. C'est-à-dire que, parce que c'est aussi ça toute la particularité du judo espagnol, c'est que c'est la langue ancienne d'Espagne qui a... voyagé à travers tout le Moyen-Orient et qui a aussi attrapé plein de termes. Par exemple, une poupée en judo espagnol, on dit « kukla » comme en russe. Qui a attrapé des termes turcs, qui a attrapé ou pour dire « mon chéri » , on dit « bijou » . Ça vient du français. Qui a attrapé, en fait, c'était l'idée de retranscrire en français cette vieillerie et ce vieux français teinté de mots empruntés. Et pour plusieurs raisons, j'ai tout traduit. Et puis pour des raisons... Parce qu'en fait, ce qui est compliqué quand on commence à toucher des langues plus rares et plus anciennes, où les rares textes qui existent sur cette langue sont quand même des textes de chercheurs, de spécialistes linguistiques, c'est qu'en fait, c'est presque très politique. En fait, finalement, il y a des idées très arrêtées derrière sur ce qui se fait, ce qui ne se fait pas. finalement il a été décidé j'ai repris cette traduction pour lisser un peu les passages en judéo-espagnol et au grand dame de l'auteur qui elle était hyper contente qu'on se lance dans cette aventure mais le texte est toujours très beau et c'est un roman très intéressant Tous les grands-parents de la Terre parlent aussi bizarrement. Esther Benarroya a grandi baignée dans un espagnol traversé de mots venus d'autres mondes. Le judéo-espagnol n'était pas la langue de l'école, mais celle que parlaient ses parents et grands-parents. Plus tard, elle a continué à la parler, très loin. Au diable vos vers, au Mexique ! Le Mexique, pour nous autres, c'est seulement, si cela m'appmonde, un pays qui avoit sur sa gauche une longue langue qui pendoyait et qu'on appeloyait la Basse-Californie. Donc là, c'est la grand-mère d'Esther qui arrive dans un grand magasin pour acheter quelque chose. Elle arrive au deuxième étage et, sûre de ce qu'elle cherche, interpelle une vendeuse. Demoiselle, je vous dois barguigner des fichonnettes pour les chevels. Des quoi ? Des trucs, des fichonnettes. La vendeuse ne comprend rien. Quelques semaines plus tôt, Esther a appris l'équivalent du mot saloperie en mexicain, chingada, et son dérivé chingadera. Mais elle lui préfère le diminutif chingaderica. Elle se corrige donc. Des salopes nettes, pardi ! L'employé pique un phare et file chercher son responsable. Ça, ce passage, il est quasiment pareil dans la deuxième version. Ok. Oui,
- Speaker #1
il rend bien l'étrangeté,
- Speaker #0
le côté un peu... décalé et
- Speaker #1
drôle. En dix ans, Julia a plusieurs fois eu l'occasion d'échanger avec des auteurs qu'elle traduisait. Elle a connu des auteurs fuyants et des auteurs intrusifs. Des auteurs susceptibles et d'autres indifférents. Et puis, il y a eu cette rencontre unique et émouvante avec l'autrice mexicaine Sylvia Aguilar.
- Speaker #0
J'ai traduit Poubelle de Sylvia Aguilar. J'avais déjà entendu parler d'elle parce que c'est une femme qui dirige un master de création littéraire dans une université du sud des États-Unis et qui a propulsé pas mal de jeunes auteurs mexicains. Mais je ne l'avais jamais lue. Bref, je finis par traduire ce roman que j'adore. Il sort et puis l'éditrice française me dit « mais est-ce que vous avez déjà lu le premier roman de Sylvia Aguilar qui s'appelle donc « Le livre d'Aïcha » ? » On envisage, parce qu'en fait, c'est quand même bien de suivre un auteur et de traduire ses différents textes. Donc, je lis ce livre qui me bouleverse. Autant Poubelle n'est pas du tout un roman autobiographique, autant le livre d'Aïcha, c'est son premier roman, et c'est un roman, c'est une autofiction. Et c'est l'histoire de Sylvia, qui est donc la plus jeune de quatre enfants, et qui a 15 ans de moins que ses frères et soeurs. et dont la sœur aînée disparaît. Elle disparaît parce qu'elle tombe amoureuse d'un Turc, elle part vivre au Moyen-Orient, elle se convertit à l'islam et elle coupe totalement les ponts avec sa famille. Et c'est la quête de cette petite sœur de comprendre ce qui est arrivé à cette grande sœur qu'elle a connue et pas connue en même temps parce qu'en fait, elle était un enfant quand sa sœur aînée, Patricia, mais qui s'est fait appeler Aïcha. a disparu. Et il s'avère que moi, ça faisait un écho très fort à mon histoire personnelle, puisque je suis aussi la quatrième d'une fratrie, dans mon cas c'est que des femmes. Et j'ai 15 ans et 20 ans de moins que mes sœurs aînées. Et elles ont, pour des raisons variées, à leur manière disparu aussi. Et donc en lisant ce texte, ça m'a... Enfin, c'est un texte qui m'a vraiment... bouleversé et en le traduisant en français qui m'a même permis de dire des choses à mon père que je n'avais jamais réussi à dire mais que le texte m'a permis de dire. Il s'est avéré que mes demi-sœurs ont ressurgi à un moment donné alors que j'étais en train de traduire ce texte et la seule personne à qui j'ai envie d'en parler aussi bizarrement que ça puisse être c'est à Sylvia. Je lui ai écrit un mail, après en me disant « mais pourquoi j'ai écrit ça ? » Et en fait, c'était assez incroyable parce qu'elle m'a dit qu'elle, au moment où elle a terminé l'écriture de ce livre, au moment où elle a fini par accoucher de ce livre qu'elle a mis plus de dix ans à écrire, sa sœur a réapparu. Et moi, j'étais en train de terminer cette traduction, et mes sœurs sont réapparues. Et Sylvia m'a écrit un mail magnifique en me parlant, selon elle, du pouvoir d'invocation de la littérature, de l'idée que les choses n'étaient pas forcément un hasard. Je ne l'ai toujours pas rencontrée physiquement, parce qu'elle vit à la frontière. Mais j'ai créé un lien avec cette femme, qui elle-même a 20 ans de plus que moi, qui a été très très très fort. Donc, c'est étonnant, en fait, ce que parfois un texte peut générer. J'imagine qu'il y a des traducteurs et des auteurs qui sont tombés amoureux. Enfin, il y a des choses qui doivent... Parce qu'en fait, personne ne rentre autant dans un texte d'un auteur que le traducteur. L'éditeur, peut-être, mais... Et encore, en fait, je pense que ça arrive souvent, et d'ailleurs, c'est des moments parfois un peu gênants, qu'au moment de la traduction, le traducteur s'aperçoive de quelques petites incohérences. ou de choses qui sont passées à la trappe dans le processus d'édition. Mais quand tu traduis, vraiment, on met le nez dans le guidon. Il n'y a pas grand-chose, on passe tout au panier au sein. Et donc, je pense que ça crée quand même une relation d'intimité entre l'auteur et le traducteur. Parce qu'en fait, l'auteur, c'est la lecture la plus précise que quelqu'un aura jamais fait de son texte, en fait, finalement.
- Speaker #1
En faisant quelques recherches avant de rencontrer Julia, j'ai découvert par hasard qu'elle et son compagnon avaient publié un recueil de partitions de musique traditionnelle mexicaine pour violon. Alors forcément, ça m'a intriguée.
- Speaker #0
En gros, je joue du violon depuis que je suis toute petite, mais vraiment en amateur. Et c'est comme ça que j'ai connu mon compagnon. avec qui j'étais à l'orchestre quand j'étais petite. On jouait tous les deux du violon. Et en fait, au Mexique et dans toute l'Amérique latine, la musique traditionnelle, c'est le son. Et le son, c'est une musique métisse, pleine d'influences entre la musique baroque occidentale, mais aussi des rythmes préhispaniques, afro. Et en fait, toute la base de la musique du son, c'est la rythmique. On apprend comme ça en faisant... c'est qu'en fait dans la même mesure il y a 1, 2, 3 1, 2, 3, 1, 2, 1, 2, 1, 2 et ça en fait on n'a quasiment jamais ça dans la musique occidentale c'est à dire qu'on peut d'une mesure à l'autre changer la rythmique, en fait c'est toujours 6 temps mais avec des accents qui peuvent varier et c'est ce qu'on appelle la sesquialtère et c'est ça qui unit un peu toute la musique du son dans les Amériques et ... Le Mexique, c'est un pays qui a une richesse inouïe musicale, traditionnelle, et plusieurs régions avec le violon, et qui sont des musiques pas très connues. Donc on s'est lancé avec mon compagnon, quelques années après être arrivés au Mexique, dans l'idée d'aller enregistrer plein de... Enfin, on a choisi deux régions. Une qui est la huasteca, qui est les montagnes qui s'échappellent entre sept états. Ou le son huasteco, c'est un trio avec un violon et deux formes de guitare et des chants avec une voix de fossé. C'est assez incroyable parce qu'il y a un côté vraiment influencé de la musique baroque. Et une autre région qui est dans la région des terres chaudes, de la tierra caliente entre Guerrero et Michoacán. Là, pour le coup, il n'y a quasiment plus de musiciens parce que c'est une région qui a été quand même très abîmée par le narco et un immense exode. Donc, il n'y a plus beaucoup de musiciens jeunes, même s'il y a quand même des gens qui se battent pour préserver la musique. Et quand on a commencé à découvrir ces musiques qu'on a adorées, on a voulu apprendre à les jouer. Et puis, quand on a une formation, c'est très, très différent le rapport à la musique en Occident, par exemple en Amérique latine. En France, il y a des conservateurs publics partout qui permettent d'apprendre la musique d'une manière très rigoureuse. Mais très souvent, c'est un bagage intérieur, mais qu'on n'utilise plus. En fait, il n'y a pas beaucoup de gens qui s'amusent à improviser, à jouer. Mais par contre, il y a quand même beaucoup de gens qui sont passés par les conservateurs publics et qui ont pu avoir accès à savoir lire les notes, etc. Et alors qu'en Amérique latine, il y a énormément de musiciens qui ne savent pas lire une partition. Donc en fait, c'est un peu... Mais qui ont un... plaisir du jeu et une liberté beaucoup plus grande. Et donc en fait, quand on a commencé à s'intéresser à ces musiques, nous, c'est notre forme de repère. Donc en fait, c'était en les transcrivant qu'on avait l'impression qu'on pouvait se les approprier, même si tu travailles quand même ton oreille, mais c'était pas notre forme d'apprentissage. Et donc on a été enregistré et on a transcrit. Et en fait, c'est rigolo parce que je me suis toujours dit que d'une manière ou d'une autre, je ne faisais que traduire. c'est à dire que finalement j'ai traduit des mots mais j'ai aussi traduit des notes et que c'est toujours en fait ce travail de transposition d'une certaine manière
- Speaker #1
C'est sur ce morceau traditionnel mexicain, joué au violon par Diego, le compagnon de Julia, Que s'achève le septième épisode de Langue à langue ? J'espère qu'il vous a intéressé, touché, qu'il vous a fait réfléchir et donner envie de lire. À toute fin utile, je vous redonne les références des livres dont Julia Chardavoine nous a lu des passages. Gabacho d'Ahora Chilonen, paru chez Liana Levy en 2017, dont vous pouvez retrouver l'extrait en VO et en VF sur le site langalang.com et sur les comptes Facebook et Instagram du podcast. et puis « Les ombres cousues » de Myriam Moscona, paru chez Lior Éditions en 2024. Langue à langue est un podcast de Margot Grélier, c'est moi. L'identité sonore et graphique est signée Studio Pile et le montage-mixage a été réalisé par Nathan Luyer de La Cabine Rouge. Je n'insisterai jamais assez. Si vous aimez ce podcast, soutenez-le. Abonnez-vous sur votre plateforme d'écoute préférée et sur les réseaux sociaux. Laissez-lui 5 étoiles et des commentaires partout où vous pouvez. Et parlez-en autour de vous. C'est un soutien vraiment précieux. Quant à moi, je vous donne rendez-vous dans 3 semaines pour le prochain épisode avec Marilla Laurent, traductrice du polonais et notamment de la prix Nobel Olga Tokarczuk. A très vite et comme on dit en espagnol, hasta luego.
- Speaker #0
Au revoir,
- Speaker #2
merci d'avoir regardé cette vidéo !