Speaker #0Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode du Journal de l'agoraphobe. Dans ce podcast, je partage mon parcours d'ancienne agoraphobe. Je ne suis ni médecin ni thérapeute. Mais si mon humble expérience peut offrir quelques pistes à certains d'entre vous et contribuer à libérer la parole sur un sujet qui stigmatise encore trop de personnes, eh bien, mission accomplie. Alors, où en êtes-vous ? étions-nous la semaine dernière ? Je me sentais bien, franchement. J'étais en train de mettre en place plein de choses. La méditation de pleine conscience pour apprivoiser l'angoisse, des petits rituels pour prendre soin de moi. Bref, une vraie stratégie pour retrouver un peu d'autonomie avant le déménagement qui approche à grand pas. Je veux penser être sur la bonne voie, et je crois encore que je l'étais. Mais voilà, parfois la vie... À d'autres plans, tout a basculé quand une collègue de travail a été hospitalisée en urgence suite à une grossesse extra-utérine. Un événement dur, brutal et bien sûr, aucun transfert de dossier. Tout son travail est tombé sur mes épaules du jour au lendemain. Résultat, je me suis retrouvée à gérer mon boulot plus le sien, sans passation de relais. Et je sais bien que si je lui avais demandé de l'aide, elle m'aurait aidée. j'ai préféré ne pas l'embêter avec le travail, pensant que ce qu'elle était en train de vivre était assez dur comme cela. On n'avait pas du tout la même façon de travailler. Donc, ce qui aurait dû me prendre 30 minutes me prenait une heure. À côté de ça, il y avait toujours les travaux dans la maison, la paperasse, les cartons, le déménagement organisé. Et vous devinez la suite. Plus de temps pour la méditation, plus de temps pour le sport. Plus de temps pour cuisiner des petits plats maison équilibrés. Bref, tous mes beaux efforts pour prendre soin de moi, envolés. Donc, allô mon plan d'action pour non pas être totalement guéri, mais au moins assez autonome pour mon déménagement. Eh bien maintenant, je fais quoi ? Je continue quand même à voir mon psy parce que je sens et je sais que j'en ai besoin. Et là, verdict sans appel. Dans un tel contexte... Impossible de faire des progrès. Mes journées étaient tellement chargées que j'étais tendue comme un string. Ils me proposent donc une piste. Consulter un psychiatre, envisager un traitement pour traverser cette période compliquée. Et bam ! L'effet coup de poing. Pas parce que je suis contre les médicaments, je n'avais pas d'avis sur la question. J'étais ni pour ni contre. Le coup de poing, c'est parce que je ne connaissais aucun psychiatre. Et là commence un véritable parcours. cours du combattant. J'essaie de trouver un psychiatre. Un appel, deux appels, trois appels, et comme cela pendant une heure. J'ai un certain nombre de secrétariats en ligne, mais partout c'est le même refrain. Pas de rendez-vous avant six mois. Mais dans six mois, j'aurai déjà déménagé. Je ne peux pas attendre. Heureusement, j'ai ce réflexe salvateur. Appeler mon psy, lui expliquer. Il prend les choses en main. contacte un psychiatre qu'il connaît. Deux jours plus tard, j'ai un rendez-vous. Deux jours ! Vous imaginez la différence ? Je vous parlerai de ce rendez-vous dans le prochain épisode. Mais aujourd'hui, j'avais surtout envie de pousser un petit coup de gueule. Pas contre une personne, mais contre un système. Avoir un premier rendez-vous avec un psychologue peut s'avérer long. Avoir un premier rendez-vous avec un psychiatre, aussi. N'étant pas une patiente de ces psychiatres, je ne pouvais pas être considérée comme une urgence. On tombe sur des secrétariats qui nous expliquent que le système est bien fait et qu'il existe des urgences psychiatriques. Je sais bien qu'il existe des urgences psychiatriques, car dans la ville où je vis, les urgences psychiatriques sont au même endroit que les urgences tout court. Cherchez l'erreur d'ailleurs. Ces dernières années, m'étant cassé le bras une fois et le pied une fois, J'ai donc fréquenté ces urgences. Je n'y suis allée que deux fois, mais à chaque fois, j'ai assisté à une scène mémorable, nécessitant l'intervention de plusieurs personnes, dont des vigiles. La fois où j'y suis allée pour mon bras, la scène était tellement surréaliste que j'ai préféré partir. J'ai dormi avec un bras douloureux et je suis allée le lendemain dans un cabinet privé pour faire une radio. Pas de chance, c'était cassé et il a fallu que je retourne. aux urgences pour me faire plâtrer. Donc, est-ce que les urgences, c'est vraiment un endroit sécurisant ? quelqu'un qui traverse une crise psychique ? Franchement, non. Comme j'ai préféré aller faire une radio du bras ailleurs, j'aurais préféré attendre six mois plutôt qu'avoir affaire aux urgences psychiatriques. Je vais certainement enfoncer une porte ouverte en disant cela, mais l'accès aux soins est une véritable problématique. J'en ai déjà parlé lors de l'un de mes premiers épisodes, dont je vous mets le lien dans les notes, comme d'habitude. Mais l'attente... pour voir un psychologue, a constitué le tremplin de mon agoraphobie. En effet, ma hantise était de faire une attaque de panique comme la première que j'ai faite, mais en public cette fois. Alors j'ai commencé à rester à la maison pour éviter cette fameuse attaque de panique en public. Et je me dis souvent, et si, à ma toute première attaque de panique, quelqu'un m'avait simplement expliqué ce qui m'arrivait ? Ce qu'est une attaque de panique ? pourquoi on a l'impression de mourir alors qu'on ne meurt pas, peut-être que j'aurais évité cette spirale. Une personne qui fait une attaque de panique ne sait pas ce qui est en train de lui arriver. Un peu de pédagogie sur le sujet serait vraiment, je pense, un game changer. Et pour le traitement, sans mon psy, j'aurais encore attendu six mois. Un traitement, ce n'est pas magique, mais c'est parfois un vrai soutien temporaire. Et y avoir accès, ce n'est pas censé. être un luxe. Alors voilà, c'était mon message du jour. Un petit coup de gueule peut-être, mais surtout un appel à déstigmatiser pour être en mesure de parler, de ne pas avoir honte, de dire qu'on galère, qu'on cherche, qu'on a besoin d'aide. Et à activer son réseau, même quand on n'ose pas trop. Parce que parfois, une seule personne peut faire toute la différence. La preuve, en 48 heures, j'ai réussi à obtenir quelque chose. que j'aurais mis six mois à avoir sans aide. Parce que non, on n'est pas seul. Parce que la santé mentale, ce n'est pas un caprice. C'est une priorité. Merci du fond du cœur pour votre écoute. Si mon histoire vous parle, si vous vous êtes reconnu, même un peu, n'hésitez pas à me le dire, laissez un commentaire, une évaluation ou abonnez-vous. Ce podcast, c'est aussi le vôtre. Vos retours, vos messages, vos histoires, ça nourrit cette aventure. Au plaisir de vous retrouver très bientôt pour la suite du journal du Nagorafob.