Speaker #0Dans ma pratique de coach, je la vois sous deux formes. Je dois tout gérer, sinon personne ne le fera. Ou cette croyance sourde qui implique de tout prendre en charge comme un devoir, parce que... On est une épouse parce qu'on est une mère, parce qu'on est une femme. C'est comme ça. Alors cette croyance, elle s'insinue dans nos pensées, dans nos plannings, dans nos charges mentales invisibles. Et le pire, c'est qu'on croit qu'elle est obligatoire, alors que pas du tout. Si on reprend les origines de cette croyance, d'où elle vient ? Bien évidemment de notre éducation, parce qu'on a vu nos mères tout porter sans se plaindre. On a entendu les femmes sont multitâches, comme si c'était un compliment. D'ailleurs, j'ai fait un épisode entier sur ce problème-là. Est-ce que c'est complètement faux ? Elle vient aussi d'un certain modèle qui est encore plus ancré avec l'accent qui est mis sur nos rôles de parents, sur qu'est-ce qu'être une bonne mère, une mère qui assure, qui peut penser à tout, qui anticipe, qui gère. Et puis, parfois, elle naît aussi de périodes où, effectivement, il fallait tout gérer. Alors, d'une séparation, un moment de crise ou même tout simplement quand nos enfants étaient en bas âge et qu'effectivement, on a connu. des périodes où il fallait assurer, il fallait tout gérer, peut-être gérer un enfant, plusieurs, reprendre le boulot, etc. Oui, mais voilà, le problème, c'est que ce qui t'a sauvé un jour peut finir par t'enfermer. Et c'est exactement ce qui se passe avec cette croyance de « je dois tout gérer » . Alors, à première vue, cette croyance, elle paraît vraie. Et puis, voire elle paraît même valorisante. Ça va avec la vision de la femme forte, mais en réalité, elle a un coût qui est énorme dans ta vie. Et souvent, ce coût-là, on le paye en silence, sans s'en rendre compte. Alors, j'ai fait l'inventaire de quelques coûts que peut-être tu vas pouvoir observer aussi dans ta vie. Le premier, c'est que, bien évidemment, tu t'épuises. En France, 80% des femmes affirment ressentir une charge mentale régulière contre seulement 36% des hommes. La gestion de cette charge invisible, elle est usante. Et même quand ton corps se repose, ton cerveau continue. à tourner comme une machine. Le deuxième coup, c'est que tu fais presque tout et on trouve ça normal. Dans un couple hétérosexuel, les femmes réalisent encore 72% des tâches ménagères et 65% des tâches parentales. Ça, c'est une étude de l'INSEE de 2021. Ça représente 3h26 de ton temps chaque jour contre 2h pour les hommes. Et cette organisation-là, dans ton foyer, elle devient un équilibre. Un équilibre déséquilibré. vicieux, mais un équilibre sur lequel tout le monde se repose. Le troisième coup, c'est que tu te sens seul. 59% des mères disent manquer de soutien au quotidien. Et ce n'est pas un hasard, parce qu'à force de tout porter, on ne pense même plus à demander. Et dans le « je dois tout gérer » , il y a au final beaucoup de solitude réelle ou vécue. Le quatrième coup, c'est que tu renforces finalement un système inégal malgré toi. Et juste ce petit chiffre aussi. 60% des filles s'imaginent gérer seule la maison plus tard contre 28% des garçons. No comment. Et enfin, éloigne de toi. La fatigue mentale chronique peut entraîner de l'anxiété, l'irritabilité, les troubles du sommeil, le sentiment de dévalorisation. Et le pire encore, c'est qu'on pense que tout ça, c'est complètement normal et que c'est ça être mère. Et donc, si on changeait de perspective, si ce n'était pas à toi de tout gérer, ça serait quoi ? Ça serait comment ? Et si gérer, ce n'était pas ton rôle, mais juste une fonction, et parfois même une fonction très temporaire. Si ton vrai rôle, c'était de co-créer un cadre en mode intelligence collective, d'ailleurs dans lequel chacun va prendre sa place, pas où tu vas tout porter, mais où chacun va porter un bout. Tu as le droit de poser les choses, tu as le droit de dire « là, j'ai besoin d'aide » , tu as le droit de ne pas penser à tout, parce que oui, cette croyance, elle paraît logique, et elle est d'autant plus que tu es probablement... extrêmement capables, extrêmement organisés et que tu veux que ça roule. Mais regarde un peu ce qu'on oublie trop souvent. Non, ce n'est pas plus rapide parce que tu fais tout. Tu crois gagner du temps à court terme, mais à long terme, tu t'épuises et tu rends les autres dépendants. Déléguer, c'est investir dans l'autonomie du foyer. Non, les autres ne sont pas incapables. Souvent, on pense ça. Mais en fait, ils ne sont juste pas sollicités. Et à force de ne pas être sollicités, ils font moins habilement, moins vite. Et ils ont surtout appris que maman le fera. Et donc, c'est seulement... en les responsabilisant qu'ils progressent. Et tristement, je dois avouer que je vois ça souvent pour les conjoints aussi. Non, ce n'est pas une preuve d'amour de tout porter. C'est même parfois l'inverse, parce qu'en t'épuisant, en devenant irritable, tu perds cette disponibilité émotionnelle. Et c'est vraiment ça, ce dont ta famille a besoin. C'est de toi, en forme, pas de toi, en martyr. Et non, ta valeur ne dépend pas de ce que tu arrives à faire en une journée. Elle ne se résume pas à un record de tâches cochées. Tu n'as pas à te rendre utile pour mériter du repos ou de l'amour. Et non, la vie peut être tout aussi agréable en lâchant le contrôle. Au contraire, tu peux ouvrir un espace de coopération. Et c'est ça le vrai leadership familial. Faire ensemble, pas faire pour, pas faire à la place. Mais c'est sûr qu'à ce niveau-là, tu vas devoir choisir entre les choses sont faites comme je veux qu'elles soient faites ou je veux que les choses soient partagées. Alors j'ai une petite pensée pour les mamans solo. Parce que cette croyance pour toi, elle est encore plus viscérale. Tu vis seul avec des responsabilités énormes et parfois tu n'as pas le choix. Et il faut bien que quelqu'un assure parce que tu as très peu de back-up. Mais même dans cette réalité à toi, tu n'as pas à tout porter toute seule tout le temps. Tu peux demander de l'aide à ton entourage, faire moins consciemment, tout n'est pas prioritaire. Sortir de l'isolement émotionnel et mental et puis te parler avec douceur quand tu n'en peux plus. T'autoriser à ne pas être Wonder Woman ni au top tous les jours. Parce que tu as aussi le droit de souffler, de faire moins, de faire plus simplement, d'être humaine. Bref, tu as vraiment le droit de demander du soutien sans culpabiliser. Alors, mon invitation pour cette semaine, c'est ce petit jeu. Chaque fois que tu te surprends à tout faire, pose-toi cette question. Est-ce que j'ai décidé de le faire ? Ou est-ce que je le fais parce que je crois que je dois le faire ? Alors, pour conclure cette croyance, je dois tout gérer. Retiens qu'elle est épuisante. parce qu'elle repose sur cette illusion que ton amour, ta valeur, ton rôle de mère ou de femme dépendent de ta capacité à tenir et que sans toi, rien ne tournera. Et ça, c'est faux. Le monde continuera de tourner quand même. À toi de prendre le temps d'installer un nouveau système. Donc si on devait résumer, garde bien en tête que je dois tout gérer. Ce n'est pas une réalité, c'est une croyance. Elle te fatigue, elle t'isole, elle t'empêche de vivre pleinement. Elle se transmet souvent sans bruit. à tes enfants et tu as le droit, voire même le devoir, de poser des limites, de déléguer, de ralentir et surtout d'installer un autre système de fonctionnement. Et s'il te faut un mantra, je te propose, je peux faire de la place pour moi sans que tout s'effondre ou bien, si je ne le fais pas, un autre système se mettra en place et je peux accompagner cela.