Speaker #0Bonjour et bienvenue sur les détours d'Olivia. Aujourd'hui, j'ai envie de parler d'alcool. J'ai envie de parler de la cuite du vendredi ou du samedi soir, ou les deux. Il y a beaucoup de personnes qui boivent comme ça, c'est-à-dire qui ne boivent pas de la semaine. Et ils attendent impatiemment le vendredi soir pour pouvoir se détendre un bon coup et pour pouvoir relâcher après une bonne semaine bien pourrie. Alors moi, j'étais ce type de buveuse pendant des années. C'est vraiment vers la fin que j'ai basculé vers une consommation vraiment chronique. Mais on n'a pas besoin d'en arriver là pour être alcoolique. Un alcoolique, ce n'est pas forcément quelqu'un qui a un gros nez rouge, qui a une cirrhose et qui dort dans la rue. Je me souviens quand on me disait « Attention aux cuites, Olivia, attention ! » Je me foutais de la gueule de ces personnes-là. Et je leur disais « Mais qu'est-ce que t'es vieux jeu, quoi ? Et puis viens avec moi, toi aussi, fout-toi une cuite, ça te ferait du bien. » Et j'ai longtemps sous-estimé la dangerosité de la cuite. Je vous laisse regarder sur chatte GPT. le coma éthylique, moi j'en ai fait un paquet, mais ce qui peut se passer, c'est que la respiration ralentit, encore et encore, et puis de toute évidence, vous pouvez en crever. Et tous les incidents parallèles, les accidents de la route, les viols, les vols, toutes les horreurs de ce type, et évidemment toutes les conneries qu'on raconte, et des choses qu'on fait qui sont à l'opposé de nos valeurs. Donc on est extrêmement nombreux à se foutre des cuits juste le week-end. On est tellement nombreux. au final que ça en devient banal tout simplement. Je pense que quand on fait ça au fond de soi, on sait qu'on se déglingue la tête. On sait qu'on s'éclate le vendredi ou le samedi soir sur le papier. Mais bon, tu passes quand même le reste de ton week-end à cuver la tête dans le cul avec une déprime absolument atroce. Tu as envie de bouffer du McDo. Souvent, tu regrettes des choses que tu as faites ou dites. extrêmement tentant de rester dans le déni. Et si on reste dans un tel déni, c'est qu'on a beaucoup de choses à protéger, c'est qu'il y a une grande vulnérabilité à protéger. Et c'est ça que j'ai envie de vous demander, c'est qu'est-ce que vous cherchez à protéger finalement en vous foutant dans des états pareils ? Et quelle est cette impatience à devoir se la coller le vendredi ou le samedi ? Et quelle pression vous devez accumuler dans la semaine pour avoir besoin de cette cuite ? Il y a les études, quand on voit la pression et la quantité de boulot qu'ont les jeunes étudiants, je me dis la vache, putain, moi je suis contente d'être sortie de cette période-là. Et puis il y a le besoin d'appartenance, il y a plein de trucs qui se passent quand tu es super jeune. La découverte aussi des sensations fortes, ça me rappelle beaucoup de souvenirs. Je pense qu'on fait beaucoup la morale autour de l'alcool et finalement, c'est bien qu'on fasse de la prévention. Mais je pense qu'il y a pas mal de personnes qui ne se sentent pas réellement concernées, qui se disent « ouais, bon, il y a cette espèce de prévention, ces vieux jeux, c'est un truc de vieux hoc, moi je suis pas comme ça, etc. » Mais des fois, c'est beaucoup plus sournois que ce qu'on pense. Personnellement, à l'époque, moi j'ai bu comme ça les week-ends pendant des années. Et je venais protéger une grande fragilité. Moi, la dépression, c'est un truc qui est chronique chez moi. Donc, il y avait clairement de la dépression qui était là depuis un moment. Mais le problème, c'est qu'on prend tellement l'habitude qu'à la fin, on ne sait plus. On pense réellement que ça fait partie de notre mode de vie, que ça fait partie de qui on est. Mais au bout d'un moment, avec le temps, se crée un fossé entre tes valeurs et la personne que tu deviens pendant les week-ends. C'est ce qui s'est passé chez moi. C'est là que je me suis aperçue que j'avais un petit problème. C'est que je me sentais complètement divisée, c'est-à-dire qu'il y avait Olivia Sobre et Olivia Ivre. Et petit à petit, t'es Dr. Jekyll et Mr. Hyde. Et à l'époque, j'étais absolument pas prête d'aller regarder ça chez moi. J'étais trop triste, j'étais trop en colère dans ma vie. J'avais suffisamment peu confiance en moi. Je portais beaucoup de chagrin, beaucoup de tristesse, beaucoup de peur. Et je ne me sentais pas suffisamment équipée pour affronter la vie au quotidien. Donc l'alcool était vraiment mon meilleur ami. Donc peut-être que c'est votre meilleur ami à l'époque actuelle et qu'il vous faut encore un peu de temps pour commencer à développer d'autres stratégies, d'autres mécanismes de gestion de vos émotions, de votre quotidien. Voilà, je pense que de faire la morale, encore une fois, c'est pas... La meilleure des solutions. Et est-ce que vous êtes prêts finalement à renoncer à ces cuites ? Qu'est-ce qui pourrait se passer si vous arrêtiez pour de bon ? Qu'est-ce que vous risquez ? Qu'est-ce que ces cuites ont de bénéfique pour vous ? En quoi est-ce qu'elles vous font du bien ? Et finalement, si vous faites la balance entre tous ces bénéfices et tous ces inconvénients, qu'est-ce qui l'emporte ? J'en parle dans mes épisodes précédents. Mais au lieu de se faire la morale, il faut réellement se poser ces questions-là de façon un peu froide pour pouvoir regarder les réelles raisons pour lesquelles on boit. Et des fois, on ne sait pas, et ce n'est pas toujours ce qu'on pense. C'est extrêmement tentant de dire « je bois parce que c'est bon » , je vois encore des commentaires comme ça. « Je bois parce que c'est bon » , bah oui, bon, qu'est-ce qu'on fait de ça ? C'est bon, d'accord, c'est bon pendant quelques heures, et après c'est l'enfer pendant trois jours. Et ça, on le sait tous, la gueule de bois, c'est horrible. Donc, on est prêt à payer quand même ce prix-là, on est prêt à payer le prix de la gueule de bois au profit. de quelques heures d'ivresse. Pourquoi ? Est-ce que vous êtes prêts à aller regarder un petit peu de ce côté-là ? Comment se passe votre vie en semaine ? Comment vous vivez votre quotidien ? Est-ce que vous êtes anxieux ? Est-ce que vous souffrez ? Et pour se foutre dans des états pareils, oui, on souffre. Quand on est en état d'ivresse, on oublie. On oublie qui on est. On oublie absolument tout. Donc c'est un moment où tu fous tous tes problèmes de côté. Bon, en fin de soirée, souvent, te... Il y a les larmes qui reviennent. Et voilà, mais il y a ce moment où il y a une telle euphorie, quoi, où tu lâches absolument tout. Alors, à toi de savoir, d'essayer de comprendre, ce que tu viens lâcher et ce que tu viens libérer, enfin, le vendredi ou le samedi soir. À bientôt. Ciao.