Speaker #0Bonjour et bienvenue sur les Détours d'Olivia. Aujourd'hui, jour de rentrée, ça y est, on attaque du lourd, enfin du lourd j'espère, du léger aussi. Alors aujourd'hui, j'ai envie de parler un petit peu du changement, changer en profondeur, et le vertige du changement, parce que tout changement finalement nécessite beaucoup de remise en question. Il y a du trouble, il y a des doutes dans le changement. Forcément, la nature même du changement, c'est quelque chose qui remue. Il y a du mouvement, ça bouge, ça secoue. Avant-hier, j'ai fait une attaque de panique. Alors, il y a une nuance. La crise d'angoisse et l'attaque de panique sont deux choses qu'on a tendance à confondre, mais qui sont un petit peu différentes. La crise d'angoisse, c'est quelque chose qui est là un petit peu en fond. Il y a de l'anxiété, il y a quelque chose qui s'installe un peu dans la durée. L'attaque de panique, c'est un truc qui te prend vraiment par surprise, et ça surprend par sa violence, par sa soudaineté. Et tu as l'impression que tu vas mourir dans les cinq minutes. C'est une expérience absolument terrifiante. Pour ceux qui l'ont vécu, je pense que vous me comprenez. Et pour ceux qui ne l'ont pas vécu, je ne vous souhaite pas de le vivre. Cela dit, quand on fouille un petit peu derrière, sur le moment, on ne sait pas ce qui nous arrive. C'est aussi la nature même de ces attaques de panique. J'ai eu tellement peur. Je suis épileptique et puis il y a un historique de cancer du cerveau dans ma famille. Ça a tué ma mère, ça a tué ma grand-mère. Et donc j'ai filé faire une IRM parce que je pensais vraiment que j'allais faire un AVC ou que j'avais un truc dans le crâne qui était en train de pousser. Bref, j'étais soulagée de voir que je n'avais rien. Et il a fallu que je me calme un petit peu après ça. Et finalement, j'ai compris ce qui s'est passé. J'espère que ça pourra vous inspirer. Cette semaine, j'étais en vacances en famille. Et comme j'ai pu le dire dans l'épisode précédent, c'était un petit peu compliqué. J'ai envoyé chier quelqu'un dans ma famille. Quelqu'un avec qui j'avais essayé de faire un effort jusqu'ici. que j'avais essayé d'apprécier, que j'avais essayé d'intégrer, etc. En me disant, allez, fais un petit effort, etc. Mais finalement, mon bide me disait, ah ! Mon bide, mon corps repoussait cette personne. Et ma raison, mon intellect, essayait d'aller un petit peu à contre-courant de ce ressenti, en me disant, Olivia, tu n'es pas que des pulsions, tu n'es pas que un corps, donc essaye de te raisonner un petit peu. Finalement, je me suis vraiment rendue compte. Cette semaine, ma raison et mon corps se sont mis d'accord et je ne peux pas supporter cette personne. Et ça m'a tellement secouée, en fait. C'est vraiment venu questionner mes valeurs et c'est venu me reconnecter à quelque chose concernant l'attachement familial. Ma mère est décédée. C'est quelque chose qui m'a beaucoup secouée, particulièrement lorsque j'ai donné naissance à ma fille, lorsque je suis devenue mère à mon tour. Ma mère était quelqu'un de très bien. Elle me manque horriblement. J'en ai chié dans ma famille. On en a tous bavé, de toute façon c'est un classique. Mais depuis que j'ai ma fille, clairement ma mère me manque, ses conseils, sa douceur me manquent. Et m'embrouiller comme ça avec ma famille, il a retourné un petit peu, m'a bouleversée et m'a confrontée à un sentiment de solitude extrême que j'ai voulu un petit peu écraser. Et c'est là que l'attaque de panique survient. J'étais un petit peu tiraillée, encore une fois, entre l'envie de remettre en question ma vision des choses en me disant « fais un effort Olivia avec ta famille » et en même temps ce besoin absolument viscéral de m'affirmer, chose que j'ai donc fait cette semaine. Et donc c'est assez inhabituel pour moi de m'affirmer à ce point. Alors clairement, il n'y a pas photo. Ça fait quand même des années, des mois que je m'affirme de plus en plus. Mais là, j'ai passé un petit cran et c'est vraiment venu me confronter à un éloignement, du coup. L'éloignement que je crée finalement en ouvrant ma gueule comme ça, en disant ce que je pense. Il y a des valeurs, clairement, il y a un désaccord au niveau des valeurs. Et quand nos valeurs même sont heurtées, il y a quelque chose de non négociable, il y a quelque chose qui ne passe pas. Et c'est exactement ce qui est en train d'arriver. Donc c'est quelque chose qui va bien au-delà finalement d'une simple rancœur. C'est quelque chose de l'ordre du ressenti profond et que je me dois de respecter. Et donc ça veut dire mettre un peu cette partie-là de ma famille à distance. Ça m'a tellement fait peur. de me sentir un peu sans attache comme ça et d'avoir soudainement encore plus que d'habitude, avoir besoin de ma mère plus que jamais et de constater à chaque fois qu'elle n'est plus là, qu'elle est absente. Et je n'ai pas supporté ça, j'ai commencé à... Je ne le savais pas sur le moment, mais voilà. Lorsque j'ai eu les résultats de l'IRM et que j'ai vu que tout allait bien, déjà ça m'a permis de souffler un peu. Je me suis dit c'est bon, tu ne vas pas crever tout de suite. Et ça m'a permis aussi de me poser un petit peu avec tout ça. Donc là où je veux en venir finalement, c'est qu'il y a là un changement en profondeur. Et quand on change comme ça en profondeur, on est vraiment face au grand vertige de la vie. Alors ce que je veux dire aussi, c'est qu'il y a la dépression, effectivement. Et parfois, la dépression est au fond un changement qui demande à opérer, des valeurs qui demandent à être mises à jour. Il y a un désaccord un petit peu. plus avec son mode de vie, avec sa façon de vivre. Il y a aussi la maladie, bien sûr. Donc c'est très complexe. Mais j'ai parlé de l'aspect maladif. J'en ai beaucoup parlé jusqu'ici. Mais ça peut être aussi ça. Et finalement, une fois qu'on est sorti de la dépression et qu'on a mis en place la thérapie, un traitement, etc., c'est là qu'on peut commencer à regarder un petit peu ce qui se passe et quelle est cette demande de changement. Finalement, quelles sont ses portes ? qui ont été ouvertes. Et des fois, à force de cheminer, on se rend compte qu'il y a là, en fait, un cri du corps, un cri de l'esprit qui dit « Eh oh, je n'en peux plus de ce mode de vie, je demande à changer » . Seulement, c'est un tel bouleversement, c'est tellement secouant, il y a le sol qui tremble sous nos pieds, ce sont nos fondations même qui se mettent à bouger, à changer. C'est toute la géographie qui change. Donc vous imaginez à quel point c'est vertigineux. Donc, il faut être sympa avec soi-même. Et un changement, ça s'opère vraiment tranquillement, en douceur, et ce n'est pas forcément quelque chose qui se résonne, c'est quelque chose qui se ressent. Et quand on ne sait pas ce qui se passe, quand on ne comprend pas et qu'on ne peut pas interpréter un tel changement, tant c'est bouleversant. Le cerveau, il ne piche pas, il pète un câble, il se dit « ça ne va pas, ce n'est pas possible, je préfère mourir quelque part » . plutôt que d'opérer un changement aussi effrayant. Alors non, on n'a pas envie de mourir. Enfin, moi, je n'ai pas envie de mourir, je n'ai plus envie de mourir, je ne suis plus suicidaire. Néanmoins, voilà ce qui s'est passé. Et je commence à m'affirmer un peu plus en mettant une petite partie de ma famille un petit peu à dos, enfin à dos, je n'aime pas trop ce terme, en l'éloignant un petit peu pour me protéger, à juste titre. Donc, avec son lot... de peur et de doute, à savoir « Merde, ma famille, quand même, j'y tiens. Voilà, où est-ce qu'on met l'amour dans tout ça ? À qui est-ce que je m'attache ? En qui est-ce que j'ai confiance ? » Donc ça vient vraiment questionner les racines même. Tout ce qui touche à la famille, c'est extrêmement compliqué. Comme je disais, c'est pas pour rien que les vacances en famille, on est nombreux à les détester. C'est parce que ça nous replonge. dans des blessures, dans des choses qui nous ont littéralement écorchées. Et des fois, on a plutôt envie de partir avec ses potes, de penser à autre chose plutôt que de replonger là-dedans. C'est tout à fait légitime. Et donc voilà ce qui s'est passé pour moi. J'espère que ce témoignage pourra vous inspirer. Donc non au blocage, et oui au changement. Oui au changement. En douceur, prenons soin de nous. Soyons sympas avec nous-mêmes. A bientôt. Ciao !