Speaker #0elle nous hape, elle nous possède. Donc à partir du moment où on peut même quasi avoir des délires de persécution ou ce genre de choses, je doute que la volonté y soit pour beaucoup. Donc il y a le délire et puis il y a aussi le déni qui fait qu'on n'est pas en pleine conscience de ses décisions. Quand on est dépressif, on est un petit peu à côté de la plaque, on est à côté de ses pompes. Et parfois, on n'est tout simplement pas en mesure d'avoir ce recul qui fait que je prends la décision pleine de me sortir de là. Et souvent, dans ces moments-là, on doit se faire interner. Alors ouais, en revanche, il y a des fois où on n'atteint pas ce stade. Et bien heureusement qu'on ne finit pas tous délirants. Il y a ce moment où on peut se dire, ok, est-ce que je choisis de me faire aider ? Et on ne maîtrise pas ses émotions, on ne maîtrise pas ce qu'on ressent. Ce qu'on ressent, c'est là. Mais oui, on peut se dire, qu'est-ce que j'en fais ? Alors si on n'est pas délirant, si on n'est pas dans un déni délirant... On peut se dire, oui, là, j'ai besoin d'aide, oui, là, je choisis de me faire aider. Alors, dans ce cas, s'il n'y a ni délire, ni déni, il reste une chose, c'est la décision pleine et consciente de se détruire et de se dire, bon, je suis au fond, autant que j'y reste. C'est comme les consommations, les drogues, on se dit, ou d'un moment, bon, j'ai commencé à me détruire, autant que je termine. Donc, on peut penser ce qu'on veut de ce type de décision, néanmoins, ça existe. Et donc là, effectivement, je peux choisir ce que je fais de ce que la situation fait de moi. Je suis alcoolique, je suis dépressif, qu'est-ce que j'en fais ? Et donc c'est là qu'on peut se faire aider, effectivement, dans ces moments-là où on dispose quand même de suffisamment de conscience de soi pour comprendre qu'il y a un problème. Même dans les moments de délire, il peut y avoir des basculements, ce n'est pas un état qui est forcément figé. Il peut y avoir des moments aussi où on perd pied plus que d'autres, des moments où on décompense, mais il y a ces moments où on en sort un petit peu. Et donc dans ces moments-là, on peut se dire qu'il y a quelque chose qui ne va pas, de toute évidence. Et donc c'est là. que notre part de responsabilité intervient et les moyens qu'on se donne pour sortir de la dépression. Alors moi, je disais que les antidépresseurs m'avaient vraiment aidée. Ce qui s'est passé pour moi, et j'avais pu en parler dans les épisodes précédents, c'est que les antidépresseurs, j'en ai essayé plusieurs, il y en a qui m'ont rendu encore plus un zin, où j'ai basculé dans une paranoïa. extrême, où là clairement j'avais perdu contact avec la réalité. ma perception de la réalité était altérée. Une fois qu'on a trouvé le bon traitement, alors là, ça y est, j'ai eu cette bouffée d'air. C'est là que j'étais en pleine possession de mes moyens et c'est là que j'ai eu l'énergie d'aller chercher de l'aide. Il y a aussi ça qu'il faut prendre en compte et qui fait que ce n'est pas si simple de voir où se situe notre part de responsabilité. Parce qu'il suffit de voir, quand les antidépresseurs font effet, que ça donne des ailes à beaucoup d'entre nous, et comme par hasard, on a le courage d'aller pousser la porte d'un psy, on a le courage de se remettre un petit peu au sport, et on a le courage de se remettre en mouvement. Alors oui, on peut réellement se poser la question, est-ce que c'est la remise en mouvement même qui guérit ? Est-ce que c'est le fait qu'on se mette un petit coup de pied au derrière qui fait que, ah ça y est, on a relancé la machine ? Pas si sûr. Mais, encore une fois, qu'est-ce que je fais de ce qu'on a fait de moi ? Et donc là, oui, il faut se faire aider. S'il n'y a pas le budget pour aller voir un psy, il y a des assos qui sont disponibles. Il y a les Psy du cœur, notamment. Il y a d'autres trucs, la traversée, je crois. Je crois que c'est plus pour les addictions. Mais il y a plein d'aides disponibles, des forums, des groupes Facebook. Donc il faut absolument se faire aider et accompagner, même dans son fond, même dans son trou, dans son trou à rats. Se faire accompagner par quelqu'un qui pourra venir avec vous là-dedans, qui saura vous accompagner même dans les ténèbres, en fait. Et qui pourra vous accompagner dans toutes ces étapes du voyage. Et c'est pour ça qu'il faut un psy. pas des potes. Les potes, c'est indispensable, mais c'est pour autre chose. Donc, oui, on peut choisir de se faire aider. On peut choisir de vouloir aller mieux. On ne peut choisir d'aller mieux, mais on peut choisir d'en avoir envie. Et, encore une fois, si je me fais l'avocate du diable... On ne s'aime pas quand on est en dépression. Des fois, on se dit que je ne mérite pas d'aller bien. C'est là que les traitements peuvent vraiment aider. Parfois, même devoir se faire interner, ça peut aider. Dès lors qu'on pense qu'on peut se faire du mal, venir au suicide, et dans ces moments-là où, encore une fois, on décompense et on perd le contact avec la réalité, où clairement... Se bouger et pousser la porte de chez le psy, ce n'est pas dans nos possibilités. Donc voilà, il faut voir les choses avec subtilité, avec nuance, et voir finalement où se situe notre part de responsabilité. Est-ce qu'on est en mesure d'avoir une part de liberté au sein de toute cette situation ? Et de là, faire le point. Dois-je me faire interner ? Ou alors, est-ce que j'ai suffisamment d'élan ? pour quand même me lever le matin et appeler le thérapeute pour dire « Oh, j'ai besoin d'aide, je vais mal » . Donc à vous de jauger la situation. Et c'est là que les potes aussi sont vraiment importants, c'est qu'ils vous connaissent bien, ou la famille dans certains cas, et se disent « Ok, là ça va pas » . Et c'est en ça que c'est très bénéfique de se faire entourer par ce fameux village d'amis, de famille, si on peut bien sûr. parce que des fois, on n'a pas suffisamment de recul. Quand on décompense, notamment, quand on sort de sa réalité habituelle, des fois, on n'en a pas conscience et c'est là que les amis interviennent. Donc cette aide-là est très précieuse aussi. En fait, il faut un accompagnement divers, varié et holistique. Il faut un psychiatre, il faut un psychothérapeute, dans l'idéal, puis toute la partie physique. ostéo, sophrologie, etc. Bon, ça, c'est un putain de budget. Donc, je ne fais qu'illustrer un principe. Le plus on se fait aider, le plus notre environnement est varié, le mieux. Alors, qu'est-ce qu'on peut faire pour essayer d'aller chercher cette aide-là ? Et là, c'est à vous de faire le point, si vous êtes en mesure de le faire, si vous êtes suffisamment lucide pour faire le point. Bon courage, à bientôt. Ciao ! Merci.