Speaker #0Bonjour et bienvenue sur les détours d'Olivia. Aujourd'hui, j'ai envie d'aborder la rencontre avec son vrai soi lorsqu'on arrête de boire de l'alcool. Pour moi, là, on est au cœur de l'addiction, de l'alcoolisme, parce qu'on est une toute autre personne lorsqu'on consomme. Et lorsqu'on a l'habitude de consommer, arrêter peut être une expérience absolument bouleversante, sidérante, ce qui peut d'ailleurs pousser à la rechute. Lorsque j'ai arrêté, je ne pouvais pas concevoir l'idée que j'avais pu être autant à côté de la plaque pendant toutes ces années. Et je me disais, ce n'est tout simplement pas possible que tu sois cette personne-là quand tu arrêtes. Tu devais sans doute être mieux avant. La vraie personne, c'est celle qui boit. Alors quand je buvais, j'étais extrêmement sociable, j'organisais tout le temps des teufs, je connaissais beaucoup de monde, j'avais un réseau de potes vraiment très élargi. Je savais me marrer, je savais faire la toffe, et j'étais quelqu'un de coriace, parce qu'il fallait tenir aussi. Et je trouvais que les gens qui ne buvaient pas étaient d'un ennui mortel. Je me disais, mais ils passent à côté de leur vie, ils doivent se faire chier. Le sport, alors c'était même pas la peine d'y penser. Je me disais, mais j'ai autre chose à foutre que de remuer mon petit derrière fatigué sur un tapis de course, alors que je pourrais être en train de trinquer avec mes potes et célébrer la Piawar. Et évidemment, lorsque je me réveillais le lendemain matin, si je n'étais pas encore bourrée, avec cette petite tremblote et je me regardais dans le miroir, j'avais une tronche pas possible et j'étais bourrée, sans jeu de mots aucun, bourrée de regrets. Cela dit, on est quand même coupé en deux, on est complètement clivés. Et c'est ça qui est super étrange, en fait, de se rencontrer à nouveau dans les quelques laps de temps où on est sobre. C'est la descente, en quelque sorte, et c'est vraiment terrible, ces trucs-là. Surtout si on prend des drogues, en plus. Je sais que des fois, je prenais de la coke, des extasies. Je me pétais la tronche, et là, la descente, c'était une abomination absolue. Lorsque j'ai arrêté, j'ai découvert une personne extrêmement introvertie, très, très sensible, qui n'était pas particulièrement amoureuse des fêtes, des grands rassemblements, qui fatigue vite, qui a besoin de se coucher tôt. Un peu sauvage en fait, tout ce que je jugeais lorsque je buvais. Une fois une période de sevrage passée, là j'attaquais vraiment la partie un peu compliquée, à savoir ok, maintenant quoi ? Ça y est, t'as arrêté, ça fait un mois, deux mois, trois mois, maintenant quoi ? Et je me suis aussi rendu compte de la dureté de ce mode de vie, de la violence de ce mode de vie. C'est une douche froide en fait, c'est totalement inacceptable même sur le moment. Et donc j'étais bourrée de tensions crispées comme pas possible. Et au lieu d'avoir recours à l'alcool, dans ce moment-là, il fallait que je trouve autre chose, sinon j'allais péter les plombs. Donc voilà, je crois qu'on en a déjà parlé un petit peu. Et j'ai commencé à me retrouver et à me rencontrer et apprendre à me connaître au fur et à mesure. Et à me dire en fait, mais elle n'est pas si mal en fait, la Olivia Sobre. Et puis on passe de, elle n'est pas si mal, à ouais en fait, elle est plutôt cool, elle est plutôt alignée. On n'est plus dans ce mensonge, et j'écrivais ça dans des chansons à l'époque, je disais que je mentais le samedi et que j'étais dans la réalité le lendemain matin. Donc ne plus avoir à se trahir, ça c'est vraiment un bonheur, et qu'est-ce que c'est reposant. Donc voilà, on peut s'amuser, entre guillemets, à s'entraîner, et à essayer de trouver, du moins si on est encore en train de consommer, ok, c'est quoi ? entre ces deux parties clivées, quelles sont les petites parts qui se rejoignent et qui pourraient finalement cohabiter ou collaborer main dans la main pour parvenir à un arrêt. À la fin, quand je buvais seule, là, clairement, même quand je buvais, la honte avait pris le dessus. Et là, ça y est, je pouvais me regarder et me dire « Ouais, là, là, ça craint. Ça craint vraiment, vraiment. » Je ne prenais plus de plaisir à boire. Quand je buvais et j'ouvrais ma première bière, je me disais clairement à ce moment-là, là tu bois parce que t'es accro, parce que t'es vraiment alcoolique, à fond, pas parce que tu veux faire la fête. Et là, toutes ces différentes parts de moi qui paraissaient à des années-lumières les unes des autres ont pu se serrer la main et commencer comme une espèce de pacte, ça y est, on y va. Après, je garde quand même contact avec des choses que j'aimais ivres et que j'aime aussi sobres. Et j'aime rire, j'aime me marrer un bon coup, j'aime les blagues politiquement incorrectes, et ça j'ai toujours été comme ça, que je sois ivre ou sobre, j'ai besoin de me marrer quoi. Et j'aime la folie, j'aime la musique, et c'est vrai que quand j'étais droguée, alcoolisée, tout ça, je pouvais atteindre des états quasi orgasmiques en écoutant de la musique. Et là, ce plaisir-là, je le retrouve différemment. c'est beaucoup plus doux. Donc il n'y a peut-être plus la même intensité en plaisir, mais il y a beaucoup de douceur. Donc il y a un peu moins ce côté montagne, où tu atteins le bout, où tu es là genre ouah, où tu atteins le paradis. Mais il y a quelque chose qui s'étale sur la durée, qui est reposant, quelque chose de l'ordre du bien-être, qui se construit avec le temps, et quelque chose qui se construit... Petit à petit, là, on prend vraiment le temps de monter ses fondations pour parvenir à quelque chose de plus solide à long terme. Et c'est ça qui permet de bâtir une certaine sécurité intérieure. Et c'est aussi accepter qu'on peut ne pas aimer toutes les parts de soi. Moi, je n'aime pas tout chez moi, loin de là. Et ça me paraissait assez insupportable quand j'avais arrêté de boire, de faire face à ces parts de moi. Et quand j'ai fait une dépression plutôt récemment, c'est ce qui est arrivé aussi. Donc, s'accepter de façon inconditionnelle, c'est aussi se dire, c'est OK, j'aime pas tout chez moi et c'est OK, on n'est pas obligé de s'adorer de la tête aux pieds. C'est aussi savoir renoncer à cette version de soi idéalisée, qu'on idéalise pour pouvoir supporter. C'est notre éventuelle noirceur, nos parties sombres, du moins les parties un peu plus obscures. Voilà, apprenons doucement mais sûrement à faire la paix avec nous-mêmes. A bientôt, ciao !