Speaker #0Bonjour et bienvenue sur les Détours d'Olivia. Aujourd'hui, je suis en vacances. C'était super, on est parti un peu avec ma fille et c'est cool, on a retrouvé un peu de douceur, un peu de complicité. On se regardait dans les yeux, on a parlé, échangé, on a câliné. Ça fait du bien, il y a des moments durs en tant que maman solo, mais il y a aussi des moments super et privilégiés, et waouh, ça fait du bien. On repart demain. Et là, je fais un épisode le mardi. Petit changement de configuration, je fais des tests parce qu'en général, je sors deux épisodes le vendredi. Et je me suis dit, si j'en fais deux, autant en mettre un en début de semaine et un en fin de semaine, tout simplement parce que vous me manquez. Une fois par semaine, ce n'est pas assez. Comme quoi, je prends vraiment beaucoup de plaisir à faire ce podcast. Et merci vraiment pour vos retours et vos encouragements. Aujourd'hui, j'ai envie de parler de dépression. Je me suis inscrite récemment dans une espèce de forum pour alcooliques et dépressifs. C'est vraiment intéressant ce qui s'y passe. C'est très mouvementé, il y a beaucoup d'activités, parce qu'il y a beaucoup de membres. J'adore ça. Pour ce qui est des alcooliques, malheureusement, des fois, il y en a qui sont ivres. Quand tout le monde s'y met en même temps et que tout le monde est torché dans les commentaires, ça donne des trucs assez spectaculaires. Et c'est vraiment un sacré bordel, ça ne doit pas être simple pour les modérateurs. Et quand tout le monde est déprimé, pareil, des fois, les commentaires, c'est « ouais, il faut s'accrocher quoi » . Mais d'une façon générale, c'est vraiment une mine d'or, c'est vraiment super nourrissant. Et voilà, j'ai envie de parler d'un commentaire que j'ai lu, qui me fait réagir. Il y avait une personne qui publie un post comme quoi... Elle était au plus mal et elle disait « j'arrive pas à me doucher, j'arrive pas à me lever, j'arrive pas à prendre soin de moi, à bouffer, j'ai envie de rien » . Donc une vraie détresse. Et là, je lis un commentaire d'une personne qui dit « ouais, ça craint » . « Surtout, renoue avec tes passions, renoue avec tes plaisirs et tu verras que petit à petit, le plaisir reviendra, la joie de vivre, etc. » Et j'ai envie de réagir face à ce type de commentaire qui part. très certainement d'une bonne intention. Mais si on découpe un peu la chose, ça peut insinuer d'une façon un peu souterraine que la dépression est une affaire de volonté. Et qu'en essayant de se bouger le cul et en essayant d'aller chercher un petit peu ses passions, d'aller fouiller un petit peu comme quoi c'est en se bougeant finalement que ça va venir. Ce qui n'est pas entièrement faux. Seulement, il faut bien comprendre que quand on est réellement dépressif, on ne peut pas. se bouger le cul, c'est le propre même de la dépression. On est complètement immobile, figé, paralysé. Il y a un truc complètement glacé dans la dépression. C'est ça qui fait que c'est aussi mortifère. Il n'y a pas cette espèce de mouvement qui fait qu'on est dans la vie, qu'il y a du changement, que ça bouge. Non, quand on est dépressif, c'est une espèce de gros blocus complètement figé, tu ne fais plus rien. Et donc, ça me fait... Je me souviens, ma dernière dépression, moi des passions, j'en ai un paquet. Et la musique, j'avais commencé un EP d'ailleurs à l'époque, et j'étais obligée de m'interrompre, alors que c'est une vraie passion la musique. J'ai une vraie passion pour le sport, j'étais obligée d'arrêter, parce que je n'avais pas l'énergie et je n'avais plus la même satisfaction. Et je n'avais plus la disponibilité pour ma fille, que j'aime tant. Donc, c'est extrêmement culpabilisant parce que justement, on se dit mais les autres le font, les autres se bougent. Pourquoi pas moi, en fait ? Moi, c'est uniquement les antidépresseurs qui ont fait que j'ai petit à petit eu ce petit coup de jus, cette petite énergie qui m'a donné suffisamment d'élan pour pouvoir justement initier un mouvement, initier une action, de sortir, de prendre une douche, de commencer un peu de mouvement. Et moi, j'aime le sport. Moi, j'aime le cross training, crossfit, etc. Donc, c'est du sport quand même relativement qui peut être assez intense. Mais il ne s'agissait pas de ça. Il s'agissait juste de marcher, ne serait-ce que de se remettre en mouvement. Et pour la musique, pareil. J'ai pu tout doucement reprendre un peu. Parce qu'il faut bien comprendre aussi que même dans les passions, il y a une affaire de discipline. Certes, c'est du plaisir, mais... Mais c'est pas genre que de la joie H24, c'est une discipline. Pour faire du sport... il y a quand même un effort, des fois. Il faut quand même se lever, s'habiller, mettre ses chaussures, sortir, s'échauffer. Et il y a toujours un petit moment où je me dis, allez, là, je m'y mets. Mais après, le plaisir que je prends est tellement bon que finalement, c'est une fois que le train est en marche, c'est plus facile de rester dans ce rythme et se laisser bercer par un rythme qu'on a soi-même initié. Et là, c'est super cool. Pour ce qui est de la musique, il faut que je sorte mon matériel, il faut que je branche mon micro, il faut que je m'échauffe la voix. Des fois, ce qui sort, je n'aime pas. Donc je recommence, etc. Des fois, je commence un morceau. Sur mon dernier repé, j'ai fait plein de musiques, j'ai commencé un morceau, j'ai bossé comme une dingue dessus. Pour que je me rende compte au final que je ne l'aimais plus. Donc voilà, c'est une discipline les passions. Ce n'est pas que du kiff du matin au soir. Donc c'est ça aussi qu'il faut comprendre. Pour pouvoir renouer avec ses passions, il faut pouvoir avoir la flamme en soi qui permet de se dire « ok, là je me lève et je m'y mets » . Et le propre d'une passion, c'est qu'on est suffisamment animé par ça, parce qu'on est animé par le résultat. Et quand on est dépressif, on n'a plus ça, on n'est plus animé par quoi que ce soit. Donc comment voulez-vous ? courir un marathon ou aller faire un tour du pâté de maison si vous êtes complètement dépressif. Donc la première des choses à faire, c'est surtout de déculpabiliser. Moi, j'ai attendu tranquillement que les antidépresseurs fassent effet. Et encore aujourd'hui, quand j'y pense, je me dis la vache, mais c'est limite comme si j'étais une autre personne. Comme quoi c'est vraiment une putain de maladie. Après, on peut aller chercher effectivement ce qui est venu ouvrir ces portes-là. C'est très complexe. C'est multifactoriel, bien sûr. Il ne s'agit pas de se coller une étiquette de malade et voilà. Mais il faut quand même être super vigilant là-dessus. Il ne faut pas dire aux gens de se bouger le cul. C'est très important. Alors, c'est difficile pour les proches, c'est pour ça qu'il faut se faire aider. Parce qu'évidemment, au bout d'un moment, on pète un câble. On a tous des proches qui ont été dépressifs et des fois, c'est trop chiant, on n'en peut plus. Donc voilà. Mais des fois, au lieu de se dire « putain, j'arrive pas à me bouger, j'arrive pas à me bouger » , je pense que la première chose à se dire, c'est « j'y arrive pas, point » . « Je n'y arrive pas, point, c'est un fait » . Et clairement, pour ma part, j'étais tellement démunie que, au bout d'un moment, je me suis dit « je n'y arrive pas, c'est un fait » . Et là, j'avais abandonné. Mais en même temps, plus on lutte... Plus on culpabilise et plus on colle ça à une affaire de volonté, plus on se sent lâche, nul, de mou, tout ce que tu veux, moins on se donne les chances d'en sortir. Donc c'est difficile, mais des fois, ce que je me disais pour ma part, c'est « Ok, tu touches le fond, de toute manière, tu es au fond, donc vas-y, touche ton fond » . C'est comme si j'avais baissé les bras. Alors je suis arrivée dans quelque chose de très noir, mais en même temps, ce qui me faisait du bien, c'était d'arrêter de me dire « Ok, tu te lèves le matin, t'essaies de te bouger pour à chaque fois me confronter à un échec. » Et je me disais « Oui, le principal c'est d'essayer, blablabla, mais ça c'est des conneries, quand on est dépressif, ça, ça veut rien dire. Pour essayer quoi en fait ? » Le principe de la dépression, enfin le propre de la dépression, c'est une perte de sens. Donc à quoi bon ? À quoi bon prendre une douche ? Si c'est pour être crade deux heures après. À quoi bon faire à manger ? De toute manière, je n'ai pas faim. Puis s'il y a de la vaisselle à faire, après c'est chiant. À quoi bon faire du sport ? Puisque je n'aime pas mon corps, je n'aime pas qui je suis. Je n'ai pas envie de prendre soin de moi. Je ne mérite pas qu'on prenne soin de moi. Donc voilà, il y a toutes ces choses-là à prendre en compte. et c'est seulement une fois qu'on sort de la dépression. Les antidépresseurs, moi, vraiment, marchent à merveille sur moi. Que là, finalement, le cercle vertueux peut se mettre en marche. Et tout doucement, doucement mais sûrement, on peut renouer avec le plaisir, ses passions et renouer avec sa personne. A bientôt. Ciao.