Speaker #0Bonjour et bienvenue sur les détours d'Olivia. Aujourd'hui j'ai envie de parler de maternité ou de parentalité, mais je suis une maman donc je vais parler pour moi. Et j'ai l'impression que les mamans s'en prennent quand même plein la gueule en ce qui concerne la pression d'être une bonne mère, ah l'absurde j'allais dire une mauvaise mère, l'obligation d'être une maman heureuse en nous rappelant qu'on est la seule responsable du bonheur de notre enfant. J'ai envie de parler un petit peu des effets un peu néfastes de ce type d'injonction. On le remarque dans le discours des parents eux-mêmes, des mamans particulièrement, quand on parle entre nous, ce qu'on se dit à nous-mêmes et aux autres. Moi, je pense que l'été, c'est mieux, parce que si tu allaites, tu crées ce lien avec ton enfant. Tu n'as pas allaité, toi ? D'accord, il va bien ? D'accord, c'est juste comme ça, je me préoccupe de votre bien-être. Bon, j'exagère, mais en gros, c'est ça. Les mamans, entre elles, peuvent être comme ça. Ces espèces de jugements implicites qu'on se porte à nous-mêmes, du coup. Et forcément, on les projette à l'extérieur de nous. Si on était un peu plus cool avec nous-mêmes, on serait un peu plus cool avec les autres et on pourrait juste lâcher un bon coup tout court. Et cette pression, c'est aussi à la hauteur du défi de ces temps modernes. Mon enfant, je veux qu'il soit épanoui, heureux, bien dans ses pompes. Je veux qu'ils réussissent. Les temps sont durs sur un plan social, économique, tout. Donc il y a du taf. Donc messieurs, dames, prenons une grande inspiration et allons-y. Donc, la maternité, waouh, qu'est-ce que c'est génial, qu'est-ce que c'est dur. Je vis quelque chose d'à la fois merveilleux et d'horriblement difficile. J'ai découvert forcément un amour tout à fait inédit. Et avec cet amour vient aussi son lot d'inquiétudes. C'est vrai que c'est une sacrée responsabilité et on veut le mieux pour son enfant, pour son épanouissement. Ce n'est pas comme à l'époque où le principal était de lui fournir un toit et de quoi le nourrir. Et après, tu le fous à l'école et à la fac. Et voilà, ça y est, tu as fait ton taf. Non, aujourd'hui, on doit pouvoir. et lui fournir un toit et aussi pouvoir jouer avec lui. Et ne surtout pas le traumatiser. Et on sait tous aujourd'hui qu'il en faut si peu pour traumatiser son enfant. Il ne faut pas trop se mettre en colère et en même temps il faut poser ses limites. Surtout, on reste calme, on reste ferme. Pas trop trop d'émotions fortes. Il ne faut pas que notre enfant voit à quel point nous sommes complètement déglingués de la tronche. Il faut que notre enfant pense que nous sommes ultra forts. Il est indestructible, sinon on va le traumatiser. Et attention aux larmes, mesdames, surtout vous, parce que nous les femmes, on est un petit peu trop sensibles, vous comprenez. Donc attention aux larmes, au supermarché notamment, parce que les gens vont vraiment penser que vous ne savez pas faire votre travail, pauvre gosse. Par contre, si c'est votre gosse qui se roule par terre dans les supermarchés et qui fout des coups de pied dans les airs, c'est vraiment que vous ne savez pas l'élever. Il faudrait vraiment, vraiment lui donner une bonne leçon. Très mauvaise nouvelle, c'est que notre enfant sera confronté d'une manière ou d'une autre au chagrin de la vie. Et l'autre nouvelle, c'est qu'on n'y peut pas grand-chose. Notre enfant a des émotions qu'il n'est pas encore en mesure de réguler. Déjà que c'est difficile de contrôler les nôtres. Donc tout ce qu'on peut faire, c'est aller regarder un petit peu ce que ça nous fait vivre. et essayer de s'accrocher sur le cadre qu'on souhaite tenir pour son enfant et essayer de s'y coller autant que possible, sachant qu'on va rater 5 fois sur 10. Voilà. Et on a tendance à regarder nos échecs plus que les choses dont on peut être fière. Et il y en a quand même un paquet. Mais voilà, l'ère actuelle fait qu'il est facile de foirer. Le problème que j'ai eu, moi, c'est de gérer ma propre colère. Parce que justement, comme j'ai dit précédemment dans d'autres épisodes, j'ai cherché à la réprimer. Plus je la réprimais, plus elle sortait. Sauf que là, il y avait quelque chose de l'ordre de l'explosion, forcément. Qui dit explosion, dit rupture de contact avec l'autre, avec son environnement. En d'autres termes, la violence. Et dans ces moments-là, c'est surtout à soi qu'on s'en veut, de ne pas être à l'image des super mamans qu'on nous reflète, les mamans Montessori. Donc forcément, ça nous met dans une forme d'échec. Donc raison de plus pour vraiment être au contact de ces limites et ne pas essayer d'être un super-héros. accepter qu'on est loin d'être parfaits. Non seulement on est imparfaits, on n'est pas parfaits du tout. Le week-end dernier, j'ai éclaté en sanglots. Parce que bon, c'est vrai que d'être maman solo, c'est super, on en parlera, mais c'est vrai que des fois, c'est dur. J'avais des râles, des pleurs, des râles quoi. C'était vraiment des sanglots. Ouais, c'était mes tripes qui pleuraient quoi. Et je disais à ma fille, elle me disait, enfin elle me le disait en anglais, mais... Tu pleures maman, maman triste. J'étais là, oui un petit peu, mais maman t'aime. Encore une fois, on fait de notre mieux. Et ce que j'ai essayé de lui faire comprendre dans ce moment-là, c'est que oui, j'avais des états d'âme, mais que ce n'était pas de sa faute. Quand elle fait une connerie et qu'elle va trop loin, je lui dis, mais je lui dis aussi que je l'aime, même quand elle fait une connerie. Enfin, surtout pas pendant. Pendant, je suis super en colère. J'ai juste envie de lui crier dessus, à cette petite ingrate. Et c'est seulement une fois la crise passée, la crise la sienne, mais la mienne aussi, que là je lui dis, ok, bon ben, je me suis mise en colère, mais sache que je t'aime en toutes circonstances. Je lui dis que je serai là. Je lui rappelle bien le matin quand je la dépose que j'irai la retrouver à l'école. Je veux qu'elle se sente contenue, je veux qu'elle se sente en sécurité dans la mesure du possible. Est-ce qu'elle se sentira en sécurité plus tard ? Est-ce qu'elle sera bien dans ses baskets ? Est-ce qu'elle sera heureuse, épanouie ? J'espère, j'espère. J'essaie juste d'être alignée avec ce qui est important pour moi, c'est d'essayer de lui donner ce cadre. C'est ça qui est important pour moi, surtout parce que j'ai un trouble de l'humeur. Je suis dépressive. Je me soigne. Et la dépression ne me définit pas en tant que personne. On est bourré de complexité. On n'est pas bien ou mal, on est un petit peu de tout. Il faut réussir à intégrer ça. C'est le mieux qu'on puisse faire pour notre enfant. Et du coup, qu'est-ce qui est non négociable pour nous, pour préserver notre santé mentale ? Moi j'ai besoin d'au moins 24 heures par semaine, seule, complètement seule. Des fois, c'est dur, mais je le fais. Ce qui est dur, c'est de voir des fois qu'elle n'a pas toujours envie d'être avec quelqu'un d'autre, mais bon, c'est comme ça. J'ai envie d'apprendre à ma fille qu'il est crucial de prendre soin de soi et que personne ne fera sa place. On ratera toujours un truc, il y a toujours un domaine sur lequel notre enfant pourra nous piquer un peu plus tard. Faisons de notre mieux pour le respecter. Soyons vigilants à nos propres pétages de plomb. En revanche, il y a tout un chemin entre taper son enfant et être totalement lisse dans une maîtrise totale de ses émotions. Euh, oui, à la colère. Bah, on est humain, putain de merde. Et si on va trop loin, bah, on s'excuse et on essaie de ne pas recommencer. Et puis voilà. Et ça passe par le respect de ses propres émotions. On se doit d'être authentique. Quand je dis à ma fille que je suis fière d'elle, c'est vrai. Et quand je m'énerve, ça se voit et je sais que c'est impressionnant, on me l'a dit. Et j'ai l'air d'être quelqu'un de tellement gentil au boulot, les gens ne me croient pas, mais quand ils me voient, ils font « Ah ouais » . Je ne suis pas contente de ça. Je crie, je dis « Putain, fais chier » , je donne des coups dans les meubles. Je ne suis pas fière de ça du tout. Mais j'essaie de ne pas le contenir, sinon ça déborde. Et notre enfant est intelligent et sent les choses. C'est une personne très fine. Donc, on n'a pas besoin d'essayer d'être une personne qu'on n'est pas parce qu'il ou elle le saura. Alors, acceptons-nous dans toute notre fragilité. On va foirer et on va faire des trucs super aussi. Le principal, c'est de se faire confiance. Selon vous, qu'est-ce qui est hyper important pour vous et pour votre enfant ? On connaît au fond de soi la bonne chose à faire. Tout le monde aura un truc à dire, tout le monde. Mais la mieux placée, c'est vous. A bientôt. Ciao.