- Speaker #0
Bienvenue dans les petites histoires de Michelle, un podcast dans lequel je raconte mon exploration de la cuisine japonaise. Cet art ultime de bien manger que j'ai à cœur de transmettre aujourd'hui est la synthèse entre mes pratiques d'artiste, de jardinière et de cuisinière. Il s'adresse aux amoureux du Japon, aux gourmets de tous bords et aux cuisiniers soucieux de préparer une cuisine saine, savoureuse et créative, qui nourrit aussi bien le corps que l'esprit. Vous y trouverez des récits de voyages et des témoignages d'expériences qui ont fait sens dans mon parcours. J'y délivre également, au-delà des recettes, les principes qui sous-tendent la cuisine japonaise. Nous ferons des visites dans le jardin, source d'émerveillement et d'abondance, et nous prêterons l'oreille à des personnes qui ont contribué à enrichir mon parcours dans l'oasis nippone que je me suis créée. Belle écoute à vous ! Donc ça n'a pas du tout la même allure que les forges que j'imagine, moi. On va aller la voir. On va aller voir la forge. Et là, nous disparaissons de l'autre côté de la porte qui grince. Et dans le feu de l'action, j'ai oublié d'emporter mon enregistreur. Tout ce qui s'est passé derrière la porte qui grince est resté confidentiel entre Nicolas et moi. Pas cool ! Mais nous allons franchir la porte dans l'autre sens et poursuivre l'entretien près du poêle à bois et cette fois-ci, près de l'enregistreur.
- Speaker #1
Alors,
- Speaker #0
j'ai vraiment me publié ce matin. Ce matin le... le podcast précédent, l'épisode précédent concerne mon rapport au couteau japonais. Et ce qui me fascinait chez toi, chaque fois que je voyais ton stand au salon Résonance, c'était ces formes de couteau japonais que je connais et que j'utilise au quotidien. Et d'où te vient ça ? Tu as été au Japon ? Tu as utilisé ces outils ? Ou c'est simplement comme ça, visuellement, des formes ? Ben, moi,
- Speaker #1
je n'ai pas de passif particulier, mais je connais.
- Speaker #0
Ah, tu sais, j'adore ce mot. Parce que moi, j'ai un passif, mais dans une vie très lointaine. J'ai pas d'accord à la langue japonaise. J'aurais été... Je fais une médium et je ne demandais rien de reste. J'aurais été enlevée à mon clan au XIIe siècle, au moment de la guerre des Mongols. Et quand je suis revenue, j'ai coupé les têtes. Donc le rapport à la lame, il est plutôt violent. Et ce qui est très étrange, c'est que la première fois que je suis allée au Japon, en 2001... Et la recto-couïte s'est arrêtée quand j'ai coupé ces lianes morbides avec le Japon. Et donc le côté couteau de cuisine, c'est vraiment le pacifié de la lame. La lame du samouraï ou du guerrier se transforme en lame. Ce qui nous nourrit tous les jours. Et elle transforme en beauté.
- Speaker #1
Dans le sens où on se nourrit généralement avant d'être tapé sur son voisin. Le couteau de cuisine était avant et qu'on a transformé le couteau de cuisine en une arme.
- Speaker #0
Jamais penser les choses dans ce sens-là. Alors ça,
- Speaker #1
je l'ai fait.
- Speaker #0
de toute façon les couteaux ils ont existé à un moment pour couper un vécu d'abord pour dépecer un intimal pour rachimer le nu et c'est vrai que le couteau il peut aussi bien être un couteau plus ligno ou un arme d'ailleurs le couteau qui est racheté au salon il est très particulier dans mon cuisine parce que je me dis mais ça pourrait être un poignard Merci.
- Speaker #1
Il est très étudié.
- Speaker #0
Il est très étudié. Et bizarrement, il a trouvé une place particulière. Je travaille sur une planche très épaisse. Et il est posé direct à droite de la planche. Ma cuisine étant aussi l'entrée dans ma maison. Comme si dans un moment d'inquiétude, je pouvais avoir un fort débat là. Quelque chose à me cramponner dans une illusion psychologique. C'est assez particulier, j'ai observé ça. Parce que les autres ont... J'ai apporté quelques-uns de mes couteaux. Le tien, donc, il n'est normalement pas rangé là-dedans. Tu vois, ça, c'est les tout petits couteaux que j'utilise pour les bûcher, enlever les... Celui-là ressemble bien au tien, mais ça n'a rien à voir. Ils ont un musage en plus. cuisine et ça c'est vraiment le couteau que j'utilise le plus fréquemment qui est visoté d'un seul côté et ce qui m'a toujours fait hésiter par rapport à ce couteau japonais, je ne sais pas si...
- Speaker #1
c'est que l'on ressent l'inertie de cet objet.
- Speaker #0
C'est beau. C'est massif.
- Speaker #1
C'est massif. On a envie de couper des choses avec cette épaisseur. C'est une forme vraiment spécifique qui doit avoir un usage particulier.
- Speaker #0
Les légumes.
- Speaker #1
Les légumes.
- Speaker #0
Mais d'origine,
- Speaker #1
parce que les Japonais, ils ont quand même tendance à faire un couteau pour chaque type d'aliment.
- Speaker #0
Justement, c'est assez particulier parce que ce sont des poteaux très spécifiques. Il y a le très long effilé Yanaliba qui sert à découper les poissons crus. Et puis, tu as ce type de couteau à lame tout droit. l'inertie et en fait le geste tu tiens ton légume et en rentrant bien tes phalanges et tu guides le couteau le long des phalanges et tchac voilà et donc en regardant des petits couteaux d'allure japonaise avec une lame toute droite ils m'ont toujours fait rêver mais j'avais peur de ne pas retrouver cette inertie il y a aussi autre chose dans celui-là qui me plaît beaucoup c'est la forme en route du manche qui fait qu'il se cale bien entre mes phalanges et la paume et la ronguille est très agréable
- Speaker #1
dans une manche.
- Speaker #0
Au début, je ne faisais pas attention aux manches. Et un jour, mon fils m'a offert ceci. Ça, c'est un padeau de mon fils. Et là, j'ai découvert ça. Depuis, je fais très attention. Voilà, voilà.
- Speaker #1
Les Japonais, ils ont quand même des vignes qui sont très marquées, avec des portions droites et une sobriété dans les designs. Là où dans les couteaux européens on a des formes un peu plus alourdiquées, avec plus de courbes, avec une version plus ergonomique, on va dire, qui est un manche qui englobe bien le... la main, avec des arrondis. Et je pense que moi, je ne me suis pas spécialement inspiré du Japon, mais à la base, je ne suis pas un très grand dessinateur. En fait, je dessine beaucoup avec une règle. Quand je dessine un couteau, je trace des grandes lignes directrices et ensuite je relis un peu les points au milieu et je fais des choses assez sobres avec des lignes assez droites. C'est ça en fait qui fait penser à des lignes japonaises.
- Speaker #0
Oui, oui, peut-être.
- Speaker #1
Et que je ne m'inspire pas spécialement non plus des couteaux traditionnels européens. Moi je fais des couteaux comme je m'imagine les utiliser. Donc je fais un peu des trucs rigolos. qui me paraissent sympas.
- Speaker #0
Et puis, ça peut être un peu plus simple. Après, moi, là où je suis, j'ai encore un petit peu des soucis, c'est que j'ai l'habitude de déguiser, d'affûter les couteaux japonais avec des pierres à eau. Mais celui que j'ai acquis, là, je sais trop comment le traiter.
- Speaker #1
Donc,
- Speaker #0
par là,
- Speaker #1
j'ai affûté la pierre à eau.
- Speaker #0
en sortant le fil et puis tu retournes et tu tiens le fil et tout.
- Speaker #1
Je ne sais pas. Celui qui l'aime chez moi, il ne sait plus quoi.
- Speaker #0
J'ai quand même beaucoup de respect.
- Speaker #1
Mais c'est des outils. C'est ça qu'il faut. Ce sont des outils. Il faut les respecter. Il ne faut pas oublier que ce sont des outils. Il ne faut pas les sacraliser. Sinon, après, on les met dans des vitrines et on ne les utilise pas.
- Speaker #0
Ah oui. Dans ce sens-là, tu veux dire sacraliser. Merci. chez moi ils sont un peu synchronisés quand même. Parce qu'à force de les utiliser, tu as un rapport avec ta lame. Et c'est marrant parce que je considère que ça crée aussi un lien avec celui qui a forgé, celui qui a mis l'énergie, l'énergie du feu, de la forge, et de son intention, ce lien permanent avec la chaîne. et rien de pire qu'un couteau où tu peux les arrêter parce qu'il ne convient pas il n'a pas la même forme ou alors tu les remousses c'est l'horreur absolue quel coup
- Speaker #1
Oui, à noter que moi, au départ, je me suis lancé dans la partie d'Anna, parce que je aimais bien fabriquer les choses, et je ne me suis pas forcément posé des questions sur quel était le sens de tout ça. et moi je pensais que l'artisanat le but c'était de faire des superbes coups c'était de concurrencer la production industrielle sur le plan de la qualité et en fait je me rends compte maintenant que c'est pas du tout ça le but principal de l'artisanat c'est de créer des objets qui ont du sens Je pense. Je ne peux rien pour nous dire. l'industrie est capable de faire des super couteaux par contre c'est des couteaux qui sont quelconques au sens où il y en a déjà 10 dans le magasin où on l'a acheté et il y en a des centaines, des milliers, voire des dizaines de milliers qui ont été fabriqués donc en fait l'objet déjà il n'a rien d'unique quand on l'achète et en plus de ça ce que l'industrie aime bien c'est faire des objets qui n'évoluent pas Donc, une amande NOX, un amande... en plastique ou dans un bois qui va pour bouger, on peut le mettre au vaisselle et en fait on s'en sert pendant des années. En fait il ne bouge pas, il n'a pas évolué l'objet. En fait on ne peut pas s'y attacher et on finit par se lasser de cet objet, par ne même pas avoir envie de l'entretenir parce qu'on n'a pas d'attachement particulier. Alors que tel objet a une manière de soin. Ouais c'est ça, moi je pense que pour s'attacher à un objet... Il y a le fait d'en prendre soin. Il faut y faire attention, il faut l'entretenir. Ou alors, il faut qu'il ait traversé un peu des époques. Sauf qu'un couteau qu'on a acheté 25 euros chez Ikea, il ne va pas traverser les époques. On ne lui laisse même pas la chance de faire un peu ses preuves. Alors qu'un objet artisanal, il est à ce côté où déjà au départ, il est unique. parce que même si on essaie de faire des séries c'est jamais les mêmes les matériaux vont raconter quelque chose la personne qui l'a fait va raconter quelque chose et puis il faut l'entretenir et il faut y faire attention il faut le sécher et puis en fait il va se patiner et puis il va prendre des traces des usages qu'on a et en fait on a envie de le garder l'objet dont on a pris soin on a envie de s'en débarrasser parce qu'on y est vraiment attaché et qu'au final c'est ça l'intérêt de l'artisanat oui et puis cette énergie
- Speaker #0
mise au quotidien, c'est quand même... Mais le lien, forcément, il n'échappe pas. Alors, moi, j'ai vécu des choses douloureuses par rapport à certains couteaux. J'avais un couteau comme celui que je t'ai montré, mais pas arrondi au bout, tu vois. Ça, ça dépend vraiment des régions du Japon. Normalement, la lame est rectangulaire. Et j'avais un de ces couteaux dans mon tiroir. Et un jour, ma belle-mère qui savait que j'avais ce couteau, mais qui ne connaissait pas l'usage pour lequel il est destiné, avait besoin de dépecer un lapin. Et elle prend mon couteau. faire une machine, comment on appelle ça ? Un choix. Un choix. Et elle a fait une affinité parce que du coup, il n'est pas fait pour la lamelle à casser. Donc il y avait des débranchures. J'ai piqué en colère, mais je n'en pose même pas. Et mon mari avait dû arranger l'affaire et me l'a rendue droit. Sauf qu'elle a perdu toute son inertie. J'ai plus honte. Il était un oui et puis il avait perdu le poids. Il avait quand même pas mal dû enlever. Ce qui fait que je ne connaissais plus. Je ne connaissais plus. Je n'ai plus jamais pu l'utiliser. Donc vraiment un degré. D'un objet qui t'a accompagné. Je pense que c'était même le premier vrai couteau japonais. Et waouh, c'est violent. Un mauvais usage,
- Speaker #1
c'est le risque quand on s'attache à quelque chose.
- Speaker #0
C'est le risque quand on s'attache à des détachements et d'humour. Alors que pour les choses, comme tu dis, suédoises, pour ne pas nommer la marque, ben voilà,
- Speaker #1
ça peut passer.
- Speaker #0
Après cette première partie de l'entretien avec Nicolas Palmade, coutelier, je vous invite... à me retrouver mardi prochain pour une deuxième partie où nous parlerons de la matière première qu'il travaille pour façonner ses lames.