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Les Sages - le podcast des plus grands leader·euse(s) humanistes

REPLAY | Arthur Auboeuf (Team For The Planet, Triller) - Récolter 1 milliards d'€ pour la planète

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1h36 |06/12/2024
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Description

Pour cet épisode, nous recevons Arthur Auboeuf, l'un des leaders d'opinion sur la cause environnementale et co-fondateur de Team For The Planet.


Arthur Auboeuf a un parcours d'exception :


  • À 17 ans, durant ses études de STAPS, il commence à créer des communautés en ligne sur Facebook, qui atteignent des millions d'abonnés, en particulier "Nuit Sans Folie" qui sera la plus connue. Il devient expert des communautés et, dans la continuité, crée Kinky, une application de jeu d'alcool coquin. Il crée une autre application appelée Whosup, qui lui permettra encore d'apprendre.

  • Avec 4 co-fondateurs, il crée Team For The Planet, qui se veut être le plus grand mouvement citoyen qui tente un nouveau modèle d'affaire, en investissant dans des entreprises qui décarbonent la planète et distribuent des "dividendes climats" .


  • Arthur, au-delà de ses aventures, est un jeune homme d'une maturité exceptionnelle, qui porte une vision positive du monde de demain autour du bonheur et de la préservation de la planète.


Dans ce septième épisode, nous avons parlé de crédit vie, de la puissance de la nature, de Snoop Dogg, des réseaux sociaux, de l'enfance d'Arthur dans les montagnes, du modèle d'affaire de Team For The Planet, des addictologues, de son rapport à l'argent, de son refus d'un salaire à 5 chiffres pour suivre son chemin !


Bon voyage avec les Sages ! 


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Edouard Waels : ewaels@ooslo-avocats.com

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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les sages, c'est avant tout une histoire personnelle. Je m'appelle Nicolas Jeanne et j'entreprends depuis que j'ai 19 ans. Sur ce chemin, j'ai eu la chance d'en rencontrer des personnes que j'appelle les sages. Vous savez, ce sont ceux qui, d'un conseil bienveillant, peuvent changer votre journée, votre projet, votre vie. Souvent des personnes avec qui il y a un avant et un après. A mes yeux, ce sont des leaders authentiques mais surtout des leaders humanistes. Et ça, c'est important pour moi. Ceux qui vont vous faire grandir sans s'en rendre compte. Plus que n'importe quel livre ou cours, des témoignages qui viennent du cœur et de la réalité. Et surtout du cœur. Aujourd'hui, je vous propose de partir à leur rencontre, dans un format inédit, de négocier avec eux. Un format où l'on se dira tout, naturellement, et aucune question ou anecdote sera interdite. Ça, vous avez ma parole. Un format axé sur leur activité, bien sûr, mais qui, évidemment, dérivera vers la vie, la société et les émotions. Mon but, c'est clairement de mettre en valeur l'aspect humain de ces personnalités qui me paraissent exceptionnelles, et de casser la carapace. Casser la carapace, vous vous sentez, c'est pas un mot par hasard. Pourquoi ? Parce que je pense que ça va vous permettre d'apprendre sur les plus grands leaders et leaderes qui ont bâti et bâtissent la société. La France est une terre bourrée de talents et de leaders et nous allons en leur rencontre. Bon voyage avec les sages.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui nous recevons Arthur Obeuf. Arthur est l'un des cofondateurs de Team for the Planet et l'image du mouvement. Mais Arthur c'est aussi et surtout un gars qui a fait son propre chemin avec des hauts et des bas, qu'il a su transformer pour devenir à seulement 30 ans l'un des leaders d'opinion français de la cause environnementale. Ce que j'aime particulièrement chez Arthur, c'est sa cohérence entre ce qu'il dit et ce qu'il fait. Dans cet épisode, nous avons évidemment parlé de quête de sens et d'émerveillement, et sommes revenus sur l'enfance d'Arthur qui l'a construit. Allez, on y va avec Arthur. Bonjour Arthur, merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation pour les Sages. Comment tu vas ?

  • Speaker #2

    Écoute, nickel, j'espère que toi aussi, et bonjour à toutes et tous qui vont nous écouter.

  • Speaker #1

    Écoute, je fais bien, je te remercie. Est-ce que je peux te demander pour commencer de te présenter en quelques phrases ?

  • Speaker #2

    Bah écoute, j'aime bien me présenter comme un humain positif. amoureux de nature, vraiment. J'ai conscientisé que c'était vraiment ma raison d'être. Sportif, ça fait partie aussi du CV. J'aime bien la musique, je fais de la batterie. Alors on pourra jauger si c'est vraiment de la musique ou pas. Et puis entrepreneur depuis maintenant une bonne dizaine d'années, passionné. Ok,

  • Speaker #1

    super. Et donc si on revient un peu sur ton enfance, t'es né dans l'Inde, c'est ça ?

  • Speaker #2

    Exactement. D'ailleurs, les gens font souvent la confusion avec le Jura parce que je viens du Haut-Buget. C'est là où il y a les plus hauts sommets du Jura. Mais c'est dans l'Inde. Tu vois les mecs qui ont fait... Les cartes, je ne sais pas, ils avaient pris un petit Ricard, un petit truc.

  • Speaker #1

    Donc, tu es né dans l'Inde. Est-ce que tu peux nous raconter un petit peu comment s'est passé ton enfance ? Moi, j'ai lu que tu avais eu une enfance assez heureuse.

  • Speaker #2

    Carrément, c'est vrai que j'ai eu cette chance. J'ai deux parents enseignants qui m'ont toujours orienté vers la curiosité, la réflexion, l'introspection aussi. Et là où j'ai grandi, c'est vraiment hyper sauvage. C'est vraiment un village de 200 habitants au milieu des forêts. dans des endroits trop beaux où toute ma jeunesse, on allait faire du ski de fond l'hiver, du VTT pendant l'été, de la course à pied, du trail. Bref, tout ça, ça m'a quand même permis d'être heureux avec des choses très simples et d'apprendre le bonheur simplement. Et je pense qu'avec le recul, je me rends compte à quel point c'était un luxe et à quel point c'était une chance de vivre dans cet environnement. Et puis, j'ai deux parents enseignants qui m'ont beaucoup invité à être curieux, à m'intéresser au monde, à m'émerveiller. Et ça aussi, ça a fait une grosse diff, je pense. pour me permettre d'être bien et d'être heureux justement.

  • Speaker #1

    Écoute, c'est super intéressant. Tu as été très sportif dès ton jeune âge. Et donc, tu disais que tu avais deux parents enseignants. Ça veut dire que quand tu étais petit, tu lisais déjà beaucoup ?

  • Speaker #2

    Oui, je lisais pas mal. J'avais même un peu envie d'être écrivain quand j'étais petit. Au tout début, quand j'étais vraiment très jeune, j'écrivais, je me rappelle, j'avais écrit un livre qui s'appelait Le monstre de la forêt. Voilà, gros spoiler, mais c'est juste pour qu'on se rende compte à quel point la forêt était ma vie. Tu vois, j'avais peut-être 8 ans quand j'ai écrit ça. Et... Plus tard, après, j'avais vraiment... J'étais pas très bon en écriture. Moi, je suis le pire en orthographe. À la base, j'avais zéro en dictée, à toutes les dictées. Mais je pense que cet environnement m'a créé une imagination plus fertile que la moyenne. Et c'est aussi là-dessus que je me repose encore aujourd'hui. Je pense que ça aide beaucoup de s'intéresser au vivant, de s'intéresser à la vie dans son ensemble, et pas juste d'être dans le système humain. Parce que je trouve que quand t'apprends à aimer le système, c'est ce qu'on fait tous, en fait, tu passes à côté de 99% du monde, du vrai monde. Et quand tu t'intéresses... plus largement aux vivants. C'est hyper fascinant et ça développe énormément l'imaginaire chez les enfants et chez les adultes. Je pense que moi, je ne m'en suis pas rendu compte, mais grandir dans la campagne et passer beaucoup de temps dans une nature sauvage et riche, parce qu'il y a beaucoup d'endroits qui sont à la campagne et qui malheureusement sont pauvres en termes de nature, de biotope. Je pense que c'est un luxe de dingue aujourd'hui et encore plus en 2024.

  • Speaker #1

    C'est ce qui t'a vraiment apporté une conscience de la nature et une créativité aussi que tu utilises aujourd'hui.

  • Speaker #2

    Oui, mais je ne me rendais pas forcément compte de... de la valeur que ça avait, parce que tu sais, moi, quand tu grandis là-dedans, tu ne sais pas à quoi ressemble le monde autour, et tu as l'impression que partout c'est foisonnant, que partout c'est préservé. Chez moi, tu peux faire des heures et des heures de vélo dans la forêt, et tu ne croises pas une baraque, quoi. Donc c'est assez chouette.

  • Speaker #1

    J'ai lu aussi, quand tu étais jeune, donc tu étais assez proche de la nature, et du coup, une de tes passe-temps, c'était un passe-temps un peu atypique, on dira, que tu passais parfois du temps à creuser des mares pour voir la nature qui s'est développée à l'intérieur.

  • Speaker #2

    Oui, j'adorais faire des cascades, j'adorais faire des petites sources partout et des mares. Donc je ne sais pas comment mes parents ne m'ont pas enterré dedans, parce que j'en ai fait plusieurs dans le jardin derrière chez eux. Des fois, ils rentraient et puis il y avait un trou d'un mètre de profondeur dans le jardin, parce que juste, j'étais parti dans mon délire de faire une mare. Et en fait, c'est parce que j'étais tout le temps fasciné par tous les écosystèmes, par tout le vivant autour des mares. C'est incroyable, c'est vraiment là où tu as le plus de richesses, de biodiversité, où tu as plein d'oiseaux différents. Tu as des libellules, tu as plein de sortes de libellules, tu as des plantes, tu as tout. type de plantes. C'est vraiment une explosion de richesse naturelle, ce genre de zone, et du coup, moi, c'est ce qui me plaisait particulièrement quand j'étais jeune. Et donc, oui, c'est un passe-temps qui peut paraître bizarre et décalé aujourd'hui, mais en fait, je pense que c'est le passe-temps le plus sain que j'ai jamais eu de ma vie, de m'intéresser aux vivants, d'avoir les mains dans la terre, de connaître les différentes espèces. Tu vois, à l'époque, je me rappelle, mes amis, ils trouvaient ça, ils disaient, nous, ça ne nous intéresse pas du tout, quoi. Eux, ils allaient faire du vélo, ils allaient... Mais en fait, j'étais vraiment dans mon passe-temps, et j'adorais ça, j'avais pas besoin d'être avec des gens, parce que c'est... tellement incroyable. C'est génial en fait. T'es forcément hyper curieux et quand tu t'intéresses à tout ça, t'es d'autant plus curieux. Et je pense que ça a vraiment participé à mon ADN aujourd'hui et à qui je suis. Mais je m'en rendais pas compte et jamais j'aurais imaginé que ça, c'était important. Tu sais, c'était dans une époque où quand t'étais petit, on te parlait que de... Il commençait à y avoir la révolution un peu digitale, Internet qui explosait et tout. Et en fait, c'était ça qui passionnait tous les jeunes et on se disait tous, putain, ça c'est les futurs métiers, c'est ça le futur, machin. Et en fait, moi, je me disais peut-être que je suis un peu, tu vois, sur des trucs pas intéressants ou ringards. Mais en fait, c'est ça qui me faisait vibrer. Et je pense qu'aujourd'hui, tu vois, c'est marrant, mais il y a un peu ce retour. En fait, le vivant, c'est 4 milliards d'années de R&D. Donc, on va difficilement faire mieux. Et en fait, c'est là qu'on a tout à apprendre et qu'il faut qu'on s'inspire justement de ce vivant qui est fascinant, qui est résilient, qui est capable de faire plein de trucs.

  • Speaker #1

    Ok, donc tu étais vraiment passionné de sport, de la nature, etc. Et donc tu étais aussi à l'école. Est-ce que tu étais scolaire quand tu étais plus jeune ?

  • Speaker #2

    Écoute, je n'ai jamais été très bon à l'école, honnêtement. Franchement, ça ne me passionnait pas trop. Je n'arrivais pas à vraiment m'y plaire. J'ai mis longtemps, par contre, je n'avais pas trop un esprit rebelle. J'étais bien conformé en tant que fils d'enseignant. Je n'imaginais pas que j'allais me barrer de l'école ou quoi. C'était impossible pour moi. Il fallait faire l'école, c'était important. Mais avec le recul, je me rends compte que je n'étais pas très bon et que je n'avais pas le même mode de penser que la plupart des gens. Et ça, ça m'a toujours handicapé. Je me rappelle plein de fois, dans plein de consignes, quand on me demandait, par exemple, il y avait des consignes particulières. Et à chaque fois, je pensais assez rapidement à la réponse et je me disais, mais non, mais ça, c'est un piège. Ça ne peut pas être ça, la réponse. C'est plus subtil, machin. Et j'allais chercher ces trucs torturés. Et en fait, les enseignants me disaient, non, non, la réponse était tout bête. Comment tu es allé chercher un truc aussi chelou ? Ça m'est arrivé plein de fois. Du coup, je me suis toujours dit que j'avais une pensée un peu différemment construite, je pense, de la plupart des gens. Je ne sais pas pourquoi, mais j'allais chercher un truc plus lointain à chaque fois, alors que des fois, c'était son autre nez.

  • Speaker #1

    Donc, une certaine profondeur d'esprit ?

  • Speaker #2

    Je ne sais pas. Peut-être à l'inverse, un esprit trop court. Franchement, je le dis, ce n'est pas de la fausse modestie, parce que parfois, je me rends compte que pour se lancer dans l'entrepreneuriat, il ne faut justement pas être... être trop dans l'hyper-réflexion. Il faut être plutôt dans l'action, il faut plutôt tenter des choses. Et si t'es trop intellectuel, tu te lances jamais, tu fais jamais rien, en fait.

  • Speaker #1

    Donc là, on a parlé un peu de ton enfance. Si on fait un petit bond en avant, donc t'as ton bac.

  • Speaker #2

    Bon, bon, à l'avant, là,

  • Speaker #1

    ouais. T'as fait quoi comme bac ?

  • Speaker #2

    J'ai fait un bac S. J'ai eu un bac S avec mention assez bien. J'ai sauvé les maths in extremis parce que j'étais très, très mauvais en maths. Pourtant, tu vois, c'est intéressant parce que... Je pense que j'ai un imaginaire très développé. J'ai toujours eu, j'étais souvent récompensé à l'école, tu vois, typiquement quand il fallait faire, je me rappelle au collège, des écrits d'invention ou des trucs, ils étaient affichés dans la salle des profs pendant un an, des fois, mes écrits, parce que je partais dans des trucs un peu délires et tout, ça les faisait rire. Et les maths, qui est pourtant un truc à manipuler de l'imaginaire, j'arrivais pas du tout à comprendre ce trip. En fait, ce qui m'embêtait, c'était toutes ces règles. Je comprenais pas pourquoi il fallait se cantonner à une règle alors qu'on était en train de manipuler de l'imaginaire. Donc dans l'imaginaire, il ne faut pas qu'il y ait de règles, il faut enlever les cadres. C'est ça qui me... Mais bon, évidemment, tu ne peux pas formuler ça quand tu es jeune, tu ne t'en rends pas compte. Mais je ne comprenais pas, je disais, mais pourquoi il y a une règle alors qu'on est en train de manipuler un truc qui n'existe pas ? Et ça m'énervait. Et du coup, j'avais toujours deux en maths. Et mes profs de maths ne pouvaient pas me blairer. Et au bac, j'ai un peu fait l'effort, j'ai eu neuf. Neuf en maths.

  • Speaker #1

    Et du coup, j'ai eu mon bac avec...

  • Speaker #2

    J'ai eu 12,5. Du coup, j'ai eu mon bac avec une mention assez bien.

  • Speaker #1

    Et en sortant du bac, du coup, qu'est-ce que tu voulais faire ?

  • Speaker #2

    En fait, je ne savais pas du tout. À la base, je voulais être paysagiste parce que j'adorais faire mes mars. Et en fait, on ne te dit pas soit deviens paysagiste vraiment. Dans une famille de classe moyenne, on va dire, on te dit non, vise un peu plus haut que paysagiste. sans mépris aucun de la part de mes parents, mais juste ils disaient tu veux refrapper l'isagiste après si tu veux, mais peut-être tu peux faire un truc au moins des études pour te permettre d'autres trucs et du coup tout le monde me disait bah essaye peut-être une petite prépa ou un truc ça pourrait passer machin t'as un bac s ou au moins un DUT et en fait moi je savais pas du tout ce que je voulais faire dans ma vie de manière générale et c'est une des premières fois où je me suis vraiment posé avec moi même en me disant bah en fait moi j'aime bien le sport donc pour l'instant je vais faire du sport et donc j'ai mis un seul vœu qui était fac de sport Et ça a fait criser tout le monde, je me rappelle. Et en fait, c'était une des meilleures, enfin je pense que c'était la meilleure décision de ma vie. Donc la première fois que je me suis vraiment écouté, ça a créé une cascade de conséquences positives pour moi, mais assez dingue.

  • Speaker #1

    Donc tu as choisi ta première passion, pour laquelle tu pouvais en faire ton métier.

  • Speaker #2

    En fait, ce n'était pas tant ma passion le sport, c'était que quand tu es tout le temps dans la nature, tu fais du sport tout le temps. Parce que tu fais de la rando, parce que tu fais plein de trucs, tu es tout le temps en train de te déplacer, tu vas loin, machin. Et en fait, c'est en extérieur... C'est quasiment que du sport quand t'es vraiment... Parce qu'il y a du dénivelé, machin.

  • Speaker #1

    Rien que le fait de marcher.

  • Speaker #2

    Ouais, mais marcher, si tu vas sur les craies du Jura, tu marches, quoi, tu marches bien. Et du coup, ouais, j'étais pas passionné sport. Je pense vraiment à chaque fois, je reviens à une passion pour la nature, quoi. Et bon, voilà, là, je me suis dit, le sport, ça me plaît quand même bien, il y a des belles valeurs, je vais aller de ce côté-là.

  • Speaker #1

    Ok, donc là, on est en 2011, donc t'as 17 ans, c'est ça ?

  • Speaker #2

    Ouais, j'ai 17 ans, je suis né en décembre, du coup, je rentrais à la fac à 17 ans et j'ai eu 18 en décembre.

  • Speaker #1

    Et donc tu rentres, tu fais Staps, et comment ça se passe ?

  • Speaker #2

    Écoute, Staps, déjà c'est incroyable parce que je sors de mon bac S où je suis dans les moins bons de ma classe, et là je suis dans les majors promo, et j'ai rien fait, j'ai rien changé. Je me suis rendu compte que je n'étais pas si peu scolaire, c'est simplement qu'il y avait des endroits où j'étais moins bon que d'autres, et quand tu es dans un truc qui te plaît et qui te parle, déjà tu deviens bon. Donc ça c'est génial, parce qu'en fait ça n'existe pas de dire quelqu'un est scolaire ou n'est pas scolaire, c'est juste quelqu'un est passionné, quelqu'un... un écho avec ce qu'il est en train de... De quoi ?

  • Speaker #1

    Et au bon endroit.

  • Speaker #2

    Ouais, c'est ça, et au bon endroit, et aligné, et les sujets le touchent. Parce qu'en fait, quand t'es pas intéressé, c'est pas que t'es pas scolaire si t'es mauvais. C'est juste que tu peux pas devenir bon dans un truc qui t'intéresse pas. Donc c'est un vrai sujet, et c'est pour ça que c'est important aussi que les enfants puissent choisir vraiment ce qu'ils aiment, parce qu'on est forcément bon dans ce qu'on aime. C'est génial. Y'a pas de gens plus bêtes que d'autres. Y'a pas de gens qui sont plus talentueux que d'autres. Enfin, moi je ne crois vraiment pas à ça. Bien sûr, quand tu travailles un truc, après, tu deviens meilleur parce que tu élargis ton champ de réflexion, tu commences à avoir une pensée plus constellaire parce que tu peux faire des liens entre différents champs de discipline. Mais c'est assez fou de se dire que le talent, en fait, c'est d'abord l'amour, tu vois. Et c'est quand on aime un truc qu'on est bon. Bon, bref. Et du coup, fac de sport, il se passe un petit miracle. C'est que déjà, je me retrouve facile. Et le deuxième miracle, c'est que quand tu es facile en fac de sport, en tout cas à l'époque, eh bien, tu réussis tes partiels du premier coup. Et... Il y a les rattrapages après pour les autres, sauf que ça laisse des vacances énormes pour ceux qui ont réussi du premier coup. Et donc, je me retrouve avec six mois de vacances par an, six mois et demi de vacances par an même. Donc, complètement dingue. Et c'est là que j'ai commencé à créer d'autres choses. J'aimais déjà essayer d'inventer des trucs. Je te dis, j'ai toujours été curieux. Tu vois, quand je faisais une cabane chez moi, il fallait que le porte-manteau, tu mettes ta veste et avec le poids de la veste, hop, je faisais des trucs avec des poulies. Ça remontait le machin, comme ça, il ne gênait plus dans la cabane. Ça, ça me faisait triper. J'ai toujours adoré faire ça. Et là, en fac de sport, j'ai découvert aussi le digital vraiment. J'avais Facebook, qui était le réseau social de l'époque, mais je l'avais installé assez tard. Moi, j'ai eu un portable en seconde. J'ai été très préservé de l'euphorie digitale. Je pense que j'ai installé Facebook, j'avais 14-15 ans. Donc du coup, je n'avais jamais eu de réseau social avant. Donc ça a été une découverte pour moi. Et là, comme quand tu vas un peu mettre dans la nature, découvrir des trucs, je me suis intéressé à la chose. Et c'est là que ça m'a plu, les communautés en ligne, que je me suis rendu compte que je pouvais faire des trucs et que ma vie a un peu commencé, ma vie d'entrepreneurial en tout cas. Ok,

  • Speaker #1

    on va en parler parce que tu as fait des choses super intéressantes avant Steam Force de Planète. Mais si je reviens rapidement sur Staps, est-ce que ça a permis, est-ce que tu avais confiance en toi déjà au lycée, au collège ou pas ?

  • Speaker #2

    C'est une bonne question. Non, je n'avais pas confiance en moi, au collège particulièrement pas. Ça a été assez dur le collège pour moi parce que j'étais... En fait, quand j'avais ma mère enseignante, j'allais dans son école à elle, qui n'était pas l'école à laquelle j'étais censé être. Donc ouais, du coup, quand j'allais à cette école-là avec ma mère, j'avais tous mes potes dans cette école. Et quand je suis passé au collège, qui était le collège affilié à l'endroit où j'étais, j'avais plus de potes. Donc je me suis retrouvé à rentrer en sixième, qui est quand même le moment ingrat de ta vie, sans aucun pote, quand tous les autres étaient entre potes. Et en plus, c'était très dur parce que nous, on avait une heure de transport en commun chaque matin et chaque soir pour venir de notre bled paumé jusqu'à notre collège. Et au lycée, c'était même pire que ça, c'était encore plus. Donc tu vois, je me levais à 5h45 du matin à 10 ans. et je rentrais chez moi à 19h c'était vraiment fatigant et je pouvais pas trop avoir d'interaction sociale au début parce qu'il fallait que je me fasse des potes mais quand t'es au collège c'est un moment qui est difficile donc là non seulement j'avais pas confiance en moi mais en plus c'était un cadre qui était dur mais ça m'a appris pas mal de trucs et notamment la résilience, ça m'a appris à être seul avec moi-même aussi et à m'affronter à affronter le fait d'être seul et à assumer ça et aussi à savoir être seul sans que ça soit grave tu vois et franchement les 2-3... Les deux premières années du collège, c'était un peu dur, le temps de vraiment me faire un vrai cercle d'amis, de me sentir accepté. Donc ça a été un moment un peu de travail sur moi.

  • Speaker #1

    Tu as des frères et soeurs ?

  • Speaker #2

    J'ai un petit frère qui a un an et demi de moins que moi, qu'on salue.

  • Speaker #1

    Donc oui, tu disais que collège, lycée, pas forcément confiance énorme en toi. Moi, ce qui m'intéressait de comprendre, c'est est-ce que Staps, tu avais trouvé un peu un endroit où tu te sentais bien ? Est-ce que justement, ta confiance en toi, là, elle a commencé à grossir ?

  • Speaker #2

    Ouais en plus c'est là que j'ai rencontré vraiment mes meilleurs potes d'aujourd'hui en fait c'était un peu un redémarrage de ma vie aussi tu vois j'avais des potes après au lycée c'était très bien j'avais un groupe de musique et tout du coup on sortait un peu du lot avec ça et donc tu vois j'étais avec les gars un peu populaires au lycée j'avais un peu fait le switch mais par contre la fac de sport ça a été vraiment le moment où j'ai senti que j'étais avec des gens avec qui j'étais moi-même et vraiment que ça marchait bien d'être moi-même à 100% et que tout était aligné et ça m'a fait beaucoup de bien je pense Après, je n'ai jamais une seule seconde envisagé de travailler grâce à mes diplômes de fac de sport. Mais par contre, tu as plein de petits diplômes qui m'ont quand même servi. Par exemple, j'ai eu le diplôme de maître nageur, je n'avais jamais nagé de ma vie. J'ai passé ça parce que la fac me le payait. J'ai nagé comme un bourrin pendant six mois, mais non-stop nuit et jour pour avoir le truc. On était 120 le jour de l'examen, il y en a 20 qui l'ont eu. Je n'ai toujours pas compris comment je l'ai eu. Et du coup, après, ça me permettait l'été, parce que j'avais quatre mois de vacances l'été, de faire du 2500 balles net par mois. pour pouvoir payer justement mes études, pour pouvoir payer plein de trucs, parce que juste sinon c'était galère. Et donc la fac de sport m'a beaucoup aidé pour ça, ça m'a donné plusieurs petits diplômes comme ça qui m'ont aidé, mais je me suis jamais vu prof de sport, jamais une seule seconde. Je me disais je vais faire ce métier pour les moments où je le ferai pas, c'est-à-dire les vacances, mais le reste du temps je suis pas spécialement intéressé. Et je sais que mes parents se disaient ah bah au moins il va être prof, c'est chouette, tu vois. Bah non.

  • Speaker #1

    Et donc, tu ne t'imaginais pas être prof de sport. Est-ce que tu te disais, tu fais confiance à la vie et tu vas voir dans les années qui viennent ce qui va se passer ? Ou tu avais déjà, du coup, on va en reparler après, mais tu as monté déjà des boîtes, des entreprises durant la fac de sport. Est-ce que c'était un peu ton plan dans ta tête d'aller vers l'entrepreneuriat ou tu ne savais pas trop encore ?

  • Speaker #0

    C'est l'heure de remercier notre partenaire Oslo, sans qui ce podcast ne serait pas possible, malheureusement. Oslo, c'est un cabinet d'avocats à taille humaine dirigé par Édouard Wells et Marion Fabre, que je connais personnellement depuis plus de dix ans. Il est composé d'une équipe, l'idée par Edouard et Marion, qui est issue de cabinets d'affaires de premier plan. Mais surtout, au-delà de la qualité de leurs prestations juridiques, ce que j'aime chez Oslo, c'est leur engagement pour un droit un peu différent. Sur leur description, ils mettent Nous accordons une importance particulière aux qualités humaines et relationnelles, tout particulièrement au respect, à la simplicité, à l'humilité et à l'élégance Ça pourrait paraître bullshit comme ça, mais pour bien les connaître, il faut vous assurer que ça se ressent vraiment. Et pour preuve, ils ont accepté de sponsoriser ce podcast dès sa création. Ils offrent une heure de conseils juridiques avec le code LESSAGE. et je mettrai leurs coordonnées dans la description du podcast. Allez, on y retourne.

  • Speaker #2

    Non, je pense que je n'avais pas de plan, honnêtement. Mais par contre, ce que tu dis est assez marrant et assez vrai. Je pense à postériori que j'ai toujours fait une confiance aveugle à la vie. Je me suis toujours dit, mais mec, ça va bien aller, en fait. La vie t'emmènera au bon endroit, il faut juste que tu sois toi-même. Et en fait, de plus en plus, j'avais ce truc-là. J'ai jamais eu peur, je me suis jamais dit je vais me retrouver sur le carreau, je me disais je ferais un peu ménageur ou un peu un truc à droite à gauche, et puis je monterais mon métier. En fait j'avais quand même cette vision de je me démerderais.

  • Speaker #1

    Et cette confiance que t'as, elle vient d'où selon toi ?

  • Speaker #2

    Alors je pense que quand t'as passé pas mal de temps seul, déjà t'apprends à te connaître, t'es plus à l'aise avec toi-même, tu t'affrontes, et justement quand tu te connais, tu connais tes bases, tu connais tes forces, tu sais travailler sur tes forces. Et c'est con, mais beaucoup de gens ne savent plus être avec eux-mêmes. J'en parlais il n'y a pas longtemps avec une psychologue qui me racontait qu'il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de gosses maintenant qui s'endorment avec des vidéos TikTok qui défilent, ils les laissent défiler. Mais elle me dit, j'en ai plein, plein, plein, parce qu'en fait, ils ne peuvent plus supporter le fait d'avoir du silence juste quelques secondes. Les gens laissent toujours une télé en fond, un truc, parce que sinon, ils sont face à leur pensée. Et c'est hyper grave, parce qu'en fait, si tu ne sais pas, si tu ne te connais pas... Tu ne peux pas vraiment savoir où tu dois aller dans la vie et tu ne peux pas être aligné. Et donc, ça ne marchera pas. Tu n'auras pas une vie, justement, qui te sourit et qui te rend heureux. Et je pense que ça, moi, ça a été une force, tu vois, finalement, d'être un peu seul, d'avoir ce moment un peu difficile au début du collège. Je me suis retrouvé seul. J'ai appris à aimer être seul. Et la nature m'a beaucoup apporté ça aussi. Parce que quand tu vas faire des randos, tu vas tout seul en haut d'une montagne. Moi, je regardais jamais l'heure. Enfin, vraiment, je rentrais quand le soleil se couchait. Et j'avais des fois pas vu que midi était passé parce que j'étais parti le matin. Et en fait, j'adorais ça. être tout seul, regarder la vue pendant des heures et des heures et je pense que c'était une introspection hyper forte qui m'a beaucoup aidé à prendre confiance en moi parce que j'ai appris comment je fonctionnais, j'ai compris que j'avais des forces et j'ai assumé aussi d'être qui je suis, tu vois, et ça, ça fait une énorme diff aussi. Quand t'essaies pas de vivre par procuration pour te conformer à un schéma social, quand tu te dis non, en fait, moi je suis comme ça et si mes passions c'est ça, je vais travailler sur mes forces, je vais pas travailler sur mes faiblesses. Et peut-être par un heureux hasard, on arrive dans un monde où ça y est, tout d'un coup, les gens se disent en fait, c'est vrai que la nature, c'est quand même un énorme sujet. On en dépend, on en fait partie. Et moi, c'est des convictions que j'ai forgées depuis tout petit. Donc, j'assumais ça à fond. Et puis, tout d'un coup, la société peut-être me laisse une place parce que ce sujet revient sur le devant de la table. Mais je pense vraiment que c'est un sujet fondamental de savoir justement être un peu seul. Et ça donne aussi confiance en soi d'être seul parce que tu dois te démerder. Si tu dois te démerder tout seul, tu vois combien de fois je me suis pété plusieurs fois des bras par exemple, en tombant, en faisant des conneries. Quand t'es tout seul, il faut rentrer chez toi, il faut te démerder. Et t'apprends à te dire, la seule personne sur laquelle je compte vraiment maintenant, c'est moi-même. Et ça te donne confiance en toi, mine de rien. Et aujourd'hui, on est peut-être parfois trop assisté dans un monde où t'appuies sur un bouton, on t'apporte à bouffer, on t'amène un chauffeur. On a simplifié à l'extrême tellement de choses. En fait, des fois, il faut juste être... un peu face à la complexité du monde. Des fois, je fais le parallèle avec le monde sauvage, justement, et je me dis, mais... On n'est plus du tout... Les animaux, chaque journée, il faut trouver à manger et il ne faut pas se faire bouffer. C'est un niveau quand même violent. Nous, on a nos CDI, on est là tous les mois, on sait qu'on a la thune qui va tomber, et donc du coup, nos sujets sont peut-être un peu anecdotiques par rapport au monde vivant, mais... Du coup, on en paye aussi le prix, puisqu'en face, on a beaucoup de dépressions, beaucoup de pertes de sens, beaucoup de gens qui justement n'ont pas confiance en eux. Et puis quand tu es dans une société de l'hyper comparaison, comme c'est le cas aujourd'hui, exacerbée par les réseaux sociaux justement, si tu n'as pas des bases un peu solides de confiance en toi, ou en tout cas si tu ne te connais pas et si tu ne sais pas ce que tu es et ce que tu aimes, tu es mort. Tu te prends une tornade de trucs et tu ne sais plus qui tu dois être.

  • Speaker #1

    Je parle beaucoup de ce que tu dis, parce que moi, comme je t'ai dit avant l'interview, Et on en parlera, on parlera un peu santé mentale dans un second temps. Mais j'ai vécu un burn-out il y a à peu près deux ans, et je crois que toi aussi. Et en fait, une des manières de me soigner, de me guérir et d'aller mieux, j'ai passé quelques semaines dans un centre de repos. Et en fait, dans ce centre de repos, on réapprenait une bonne hygiène de vie, c'est-à-dire le sommeil, le sport, l'alimentation, des relations sociales entre guillemets saines, et notamment aussi le fait d'être seul. Donc tu vois, de 13h à 15h. après manger, on devait être seul dans la chambre ou pas dans la chambre. Mais en fait, pour pas mal et dont honnêtement moi aussi je m'étais un peu perdu, c'était quelque chose qui était très compliqué parfois. Et donc je vois très bien en quoi le fait d'être seul, parfois c'est un peu dur, mais ça t'apprend en fait qui tu es vraiment et à être adulte responsable et t'épanouir plus dans ta vie.

  • Speaker #2

    Ça fait peur de s'affronter dans un monde où justement on ne sait plus ce qu'il faudrait être, mais c'est une clé. absolu. Il faut absolument que les jeunes passent par ça. Et la nature est incroyable pour ça. T'as pas de réseau, t'es tout seul, tu marches. Mais tu sais, ça fait quelques centaines d'années qu'on vit dans des murs de béton où tout nous ramène tout le temps à la consommation, avec chaque vitrine, chaque stimuli publicitaire. Mais avant, l'espèce humaine était dans la nature toute la journée. C'est notre environnement, c'est là qu'on est fait pour être. C'est pas du tout pour être dans une ville qu'on existe. Il faut quand même juste se rappeler ça un petit peu parce que... forcément que ça dégénère un peu quand tu changes l'environnement brutalement d'une espèce, d'un animal. Évidemment, ça crée des comportements pas nombreux. Il y a un documentaire qui s'appelle Natura, si je ne dis pas de bêtises, qui est génial, qui montre que le taux de schizophrénie, de dépression, de problèmes mentaux en ville est 100 fois plus élevé qu'à la campagne. En tout cas, ça dépend pour chaque type de pathologie. Ce n'est pas toujours 100 fois, mais il y en a plein où c'est vraiment incroyablement plus.

  • Speaker #1

    Ça fait écho à quelque chose que je suis en train de faire en ce moment. J'ai écrit un livre sur la santé mentale des jeunes. Et du coup, j'essaie de regarder en dehors de la France ce qui se fait, où les pays où on est plus heureux. Et figure-toi que le pays où on est plus heureux, c'est la Suède. Et pourquoi ? Parce qu'ils font un rapport direct qu'en Suède, il y a un taux de, je ne sais pas si on dit de forestation, enfin, entre guillemets, en tout cas, ils ont énormément de forêts et d'espaces verts. Et ils font un lien direct entre le bonheur des gens, la bonne santé mentale des gens, et le fait qu'il y ait plein de verts partout.

  • Speaker #2

    Je pense que, tu vois, c'est fou, on a l'impression de réinventer le feu, mais évidemment. qu'on dépend du vivant autour de nous, évidemment que ça nous fait beaucoup de bien, ça nous ramène dans l'instant présent, chose qu'on ne sait plus faire, ça calme notre cerveau, ça lui apporte... Moi j'aime bien dire, la nature, c'est mon massage du cerveau, parce que vraiment, c'est un moment où t'es pas surstimulé, où t'es pas ramené en permanence à des pensées complexes ou liées à nos problématiques humaines, t'es juste dans un environnement qui t'apporte plein de choses, parce qu'il y a plein de lumières, de couleurs, ça t'apporte ce besoin de complexité qu'on a. mais ça te calme, enfin vraiment, et je pense que moi plein de fois on m'a dit oui mais tu sais toi c'est ta version du bonheur la nature mais il y a d'autres gens pour qui c'est d'autres trucs Peut-être, mais il y a quand même beaucoup d'études qui montrent. La sylvothérapie au Japon, par exemple, qui permet de guérir la dépression et plein de maladies et renforcer le système immunitaire par des bains de forêt. Donc, ils emmènent les gens se promener dans la forêt. Et même des études, je revoyais un sondage il y a deux jours, qui disait, ils ont posé la question aux gens, c'est quoi le dernier moment où vous vous êtes sentis vraiment vivant ? Je crois que 97% des réponses, c'est dans la nature. Je pense qu'il faut quand même qu'on prenne un peu de recul, les humains. On est la nature. Tout n'est que nature. Nous, on essaie de s'en isoler, de nous faire une bulle de technologie, de ville. On est la seule espèce qui fait ça. Il faut qu'on réalise que c'est une pathologie, ce qu'on est en train de faire.

  • Speaker #1

    Je pense, comme tu disais au début de ce podcast, finalement, on est tous différents, on a tous des passions différentes, des parcours différents, mais on a quand même une base commune, qui est la nature, et puis des bases comme le sport, l'alimentation, etc. Et comme tu le dis, c'est prouvé. Donc, ce n'est pas quelque chose qui est étonnant.

  • Speaker #2

    Tout ce qui se rapproche de notre ADN, de ce pourquoi on est fait, de ce pourquoi on est censé habiter ce monde, forcément ça nous met en bonne santé et ça marche bien.

  • Speaker #1

    C'était plutôt bien fait.

  • Speaker #2

    Oui, ça fait des millions d'années qu'on est là, qu'on évolue pour ça à la base. Donc là, on a fait un pas de côté très fort. Mais c'est pour ça que ces projets de société hyper technologiques et tout ça, même si c'était possible d'un point de vue écologique, je pense que c'est une hérésie quand même.

  • Speaker #1

    Ça me fait penser, tu sais, au début de mon burn-out, j'ai été voir mon médecin et il m'a dit prends le large Et au début, j'avoue, je n'ai pas trop compris. Puis un peu plus tard, j'ai compris ce qu'il me disait. C'était d'aller dans un endroit différent où tu as des pensées différentes, entouré de la nature, entouré des éléments naturels. Et si finalement c'est si souvent dit, c'est peut-être que c'est un adage qui reste dans le temps et que ça marche.

  • Speaker #2

    C'est surtout que ça fait prendre du recul sur toutes nos petites problématiques. Tu te rends compte qu'elles sont minimes. Moi, ça me fait un bien fou à chaque fois parce que parfois, comme tout le monde, je peux être aspiré un peu par le vortex de... de problèmes qu'on a tous dans nos quotidiens stressants, fatigants. Quand tu vas dans la nature, tu te rends compte que tu t'emmerdes pour des trucs mais risibles, qui n'ont aucune espèce d'importance, on s'en fout. Il faut vraiment que on n'autorise pas ces détails à la con à nous toucher, à nous faire du mal, à nous pourrir la santé. On est stressé tout le temps pour des conneries. Quand tu es dans la nature, tu te rends compte que on va mourir, on a un crédit vie qui n'est pas très long. Qu'est-ce qu'on va s'emmerder pour une histoire de facture ou de... truc ou de... Tu vois, c'est vraiment pas le sujet, en fait. Et ça fait beaucoup de bien. Et surtout, il n'y a pas toutes ces mécaniques de comparaison sociale parce que les chevreuils, ils n'en ont rien à foutre de la marque de tes baskets. Et en fait, c'est cool aussi de revenir à juste je suis ici et à l'être, tu vois, pas au faire ou à qu'est-ce que je représente.

  • Speaker #1

    Tu parles de mécanique de comparaison sociale. Moi, tout de suite, ça me fait penser aux réseaux sociaux.

  • Speaker #2

    Ah bah oui,

  • Speaker #1

    c'est le temple de ça. Qu'est-ce que tu penses des téléphones, des réseaux sociaux ?

  • Speaker #2

    Je pense qu'il y a du bon. J'y ai trouvé plein de choses géniales. Ça permet encore de faire Team for the Planet aujourd'hui. Les communautés en ligne, c'est là-dedans que je suis né. C'est l'interaction humaine que je trouve intéressante. Le fait de pouvoir partager un truc drôle tous ensemble, ou quelque chose qui nous relie, c'est génial. Maintenant ? Comme toujours, quand c'est happé par des mécaniques commerciales et par un projet de société hyper commercial, qui utilise justement la comparaison sociale pour vendre, parce que Instagram est une machine à vendre. Pose-toi la question, est-ce que Instagram serait devenu ce que c'est aujourd'hui, si les annonceurs n'y avaient pas trouvé l'intérêt qu'ils y trouvent, par le fait que les gens se comparent entre eux et donc se comparent sur l'aspect physique, donc les habits, toutes ces choses qui sont vendables. En fait, je pense que Instagram n'aurait pas réussi à décoller. En fait, il y a eu des moyens colossaux qui ont été investis là-dedans parce que c'est des machines à vendre au service d'un projet de société qui est basé sur l'humain agent économique qui doit produire et consommer. On existe pour ça aujourd'hui dans notre mécanique de société. Je pense que le problème n'est pas le réseau social en tant que tel. Le problème, c'est encore une fois et à chaque fois la même, c'est le fait qu'il est rattrapé et ingurgité par un projet de société. qui est ultra productiviste et qui voit l'humain comme un agent au service de ça.

  • Speaker #0

    Peut-être aussi la quantité, c'est toujours une question d'équilibre peut-être.

  • Speaker #1

    Bien sûr, mais qu'est-ce qui fait la quantité ? C'est justement des mécaniques commerciales qui poussent l'addiction. Tu sais, les réseaux sociaux, pour avoir géré l'Europe, pour un gros réseau social américain, on avait 100 millions d'utilisateurs. Tu as des addictologues qui sont payés pour faire en sorte que les gens soient chimiquement addicts. Mais la seule et unique raison qui motive ça, parce que c'est quand même lunaire quand tu y réfléchis, c'est le fait que ça augmente les gains parce que tu vois plus de pubs. parce que du coup ça génère plus d'argent pour les régies et donc pour le réseau social et donc les actionnaires derrière. En fait, chaque fois qu'on motive un comportement sur le fait de... Le seul paramètre c'est le fait de gagner de l'argent, on va partir trop loin, on part en cupidité, on le pousse à l'extrême et on en fait un truc qui était sympa à la base et qui devient une monstruosité. Donc c'est toujours la même question, il n'y a rien de très intelligent dans ce qu'on dit là, mais on le sait. Chaque fois qu'on motive quelque chose uniquement autour de la mécanique de faire gagner de l'argent. Le cerveau humain, il a besoin d'accumuler, il est basé là-dessus pour ses récompenses de comportement de survie, accumuler du statut social, accumuler de la nourriture, accumuler des relations sexuelles, accumuler du pouvoir, pour pouvoir justement maximiser ses chances de survie. C'est ce qui est très bien dit par plein de neuroscientifiques, justement. Donc quand tu lui mets une variable... aussi puissante que l'argent qui représente tout ce qu'on vient de se dire là en termes de récompense sociale et que tu lui dis tu peux l'augmenter, il travaille à l'augmenter. En tout cas, il ne faut pas que ce soit la seule variable. Sinon, on transforme tout en machine à transformer un euro en deux euros et on vide de sens les boîtes qu'on fait à la base qui pourtant ont une mission et sont sympas. Instagram avait une mission sympa. Tu vas partager la beauté du monde entre nous.

  • Speaker #0

    Même Facebook, quand on y pense, ça a permis de se faire rencontrer. C'est trop bien,

  • Speaker #1

    c'est d'avoir un réseau avec ses amis aussi pour pouvoir garder des nouvelles, repartager des nouvelles. C'est chouette aussi de voir ce que ses amis font, d'avoir les nouvelles de ses amis d'une certaine manière quand tu ne peux pas les voir tout le temps. C'est trop bien. Instagram, à la base, c'était des photos de paysages, ce n'était pas des photos de gens. Et puis après, on a commencé à mettre beaucoup de photos de gens et à comparer les photos de gens entre eux. Et puis après, tu pousses les trucs. Il faut avoir la plus belle marque. C'est perfide, le truc. Les addictologues, c'est travailler. typiquement la mécanique où tu tires vers le bas pour faire recharger ton fil, le scroll vers le bas qui recharge, ça c'est basé sur les casinos, quand tu tires comme ça et que tu ne sais pas ce qui va arriver. Et en fait c'est ça qui est la situation. Quand c'est incertain, quand tu ne sais pas ce qui va se passer, c'est là que tu crées des comportements addictifs parce que le cerveau, il joue, c'est le cerveau casino, du coup, une fois de temps en temps, il a une récompense stylée et le reste du temps, c'est pas intéressant. Mais quand il tombe sur la récompense stylée, bam, sécrétion de dopamine. Et c'est ça qui crée l'addiction. Mais c'est beaucoup plus perfides que ça. Par exemple, les couleurs, les couleurs vives sur les réseaux, elles sont augmentées. Sur TikTok, les filtres et tout, ils augmentent la qualité des couleurs, ils les poussent beaucoup plus fort parce qu'en fait, dans la nature, nous, on est une machine à repérer les couleurs vives parce que c'est des fruits, c'est des baies, c'est des trucs qui peuvent nous aider à survivre. C'est des plantes et du coup, là, on est allé très loin pour que ça soit même, qu'on joue sur ce biais du cerveau et qu'on aime passer du temps sur nos écrans parce que les couleurs sont plus fortes, sont plus vives, ça nous parle, c'est pour ça que ça nous touche. Quand les couleurs sont fortes, quand le photographe renforce les couleurs, c'est ce que ça vient chercher dans le cerveau. C'est des trucs profonds.

  • Speaker #0

    C'est vraiment super intéressant. Ça me fait une super passerelle pour revenir sur ton parcours. Donc, tu es en Staps, tu as une vingtaine d'années. Et là, tu commences à créer des communautés, c'est ça ?

  • Speaker #1

    C'est ça, oui. En fait, je crée plein de trucs. J'essaye de faire une marque de vêtements. Et puis du coup, tu crées une communauté pour essayer de vendre tes vêtements. Enfin bref. Et jusqu'au jour où je récupère un truc qui s'appelait les Spottyd. C'était des... Des trucs où tu pouvais te passer des messages anonymement sur un campus. Par exemple, tu voyais une jolie fille à l'abri de bus, tu m'étais avec ta robe rouge, tu as été le soleil de ma journée, merci. Et hop, c'était anonyme parce que c'était la page qui publiait le truc, et pas le mec. Le mec, lui, il l'envoyait à la page, qui repartageait. Et moi, j'avais le Spotify de Lyon, qui avait 2000 abonnés, tu vois, mais Lyon 1. Et donc, c'est comme ça que j'ai un peu découvert les mécaniques des réseaux. Et ensuite, j'ai lancé une tentative de Spotify de plus grande échelle en me disant, il me faut maintenant un sujet qui parle à tout le monde. partout en France, qui ne soit pas limité à une région, avec cette mécanique de je t'envoie un truc anonymement parce que je ne veux pas l'assumer publiquement, mais je pense que ça a de la valeur pour faire rire les gens, ou pour dédramatiser, ou pour déculpabiliser. Et donc c'est là que j'ai créé Nuit sans folie, qui d'abord s'appelait Nuit de merde, qui a été un énorme buzz direct, et où les gens ont envoyé leurs petites anecdotes sexuelles, un peu ratées, les trucs que tu n'oses pas partager, mais en vrai tu sais qu'il y a une vraie valeur parce que c'est drôle, ou alors... À l'inverse, que ça peut aider des gens à justement dédramatiser. Et donc, moi, je les repartageais. Et ça, ça a été un énorme carton. Vraiment, ça a été ce qui m'a lancé. OK,

  • Speaker #0

    donc c'est ta première vraie aventure entrepreneuriale. Et puis, tu crées d'autres communautés, c'est ça ?

  • Speaker #1

    C'est ça. En fait, une fois qu'on avait cette commune-là, qui est montée jusqu'à un million d'abonnés, on avait une appli mobile qu'on a développée. où on a eu énormément de trafic aussi, parce que quand on a sorti cette appli, on était premier de l'Apple Store, devant Snapchat, devant Tinder à l'époque, devant tout le monde, alors qu'on ne connaissait rien au marketing. J'étais seul avec un pote, on n'avait jamais rien fait de ça, mais je publiais tous les jours, et à l'époque, c'était surpuissant, les réseaux sociaux, vraiment, il y avait une visibilité, mais c'était lunaire. Le reach, la visibilité organique était complètement débridée. Donc du coup, j'ai fait plus de 300 000 téléchargements en deux jours sur l'appli, puis après, elle est montée au million. Et donc ça, ça rapportait de l'argent, parce qu'il y avait des régies pubs. qui mettaient de la publicité dans ces applis-là. Et donc, chaque fois que les mecs se baladaient dans le contenu, ils tombaient sur une pub de temps en temps. Et ça, ça te rapportait de l'argent. Et donc, du jour au lendemain, je me suis retrouvé avec une boîte qui faisait 10 000 euros par mois, alors que j'étais en fac de sport, je venais d'être majeur, je ne connaissais rien à la vie. Je n'avais même pas de structure créée, tu vois. C'était sur une régie pub, heureusement, qui accumulait l'argent, parce que sinon, le fisc allait arriver en hélicoptère, tu vois, si je me payais directement sur mon compte perso. Et donc, tout ça a fait démarrer un peu le truc. Et ensuite, je me suis dit, putain, c'est intéressant cette mécanique de créer un média à partir d'une... communauté en ligne. Et donc là, j'ai commencé à racheter d'autres communautés, à en relancer d'autres, à en agréger dans la musique, dans le sport, dans l'humour encore, jusqu'à monter à 12 millions d'abonnés sur l'ensemble de toutes les communautés qu'on avait, avec plusieurs applis qui étaient téléchargées plusieurs millions de fois, comme Rap Punchline, qui était le média d'actu numéro 1 sur le rap en France. Enfin, il y avait plein de trucs comme ça qu'on s'est mis à faire. Donc vraiment, une boîte dans les médias, quoi.

  • Speaker #0

    Ok. Et donc là, t'es au milieu, à la fin de tes études ?

  • Speaker #1

    Le temps que ça se fasse, tout ça, ouais, j'ai terminé mes études même. Parce que tu vois, c'est une boîte qui a duré quand même assez longtemps, 5-6 ans.

  • Speaker #0

    Et donc, tu es tout seul ? Tu as dit que tu étais avec un pote ?

  • Speaker #1

    Ouais, alors ce Ausha, du tout début, il n'est pas resté. Parce qu'il disait, bon, moi, il faut que je fasse un vrai métier, faire des conneries sur Internet, ça ne paiera jamais. Mais tu sais, à l'époque, vraiment, même mes parents me disaient, mais qu'est-ce que c'est que cette merde ? Il faut faire un vrai métier.

  • Speaker #0

    C'était l'époque de Skyblog, un peu.

  • Speaker #1

    Ouais, un peu après encore, mais ça faisait paniquer les gens. Enfin, ils se disaient, mais il n'y a aucun avenir là-dedans. créer des communautés sur internet, Facebook ça va durer 2 ans enfin moi tout le monde me disait ça, mes parents me disaient vraiment il faut pas, mets pas ton expertise là dessus, ça sert à rien, concentre toi sur tes études et c'est vrai, moi j'étais trigger par ça donc je me concentrais sur mes études, franchement j'aurais pu développer 100 fois plus, mais juste je le faisais un petit peu chaque jour et puis après j'allais faire mes études parce que je me disais, ah non, il faut pas trop, les études c'est important donc j'ai validé un master non pas pour être prof de sport, ce que je savais que je voulais vraiment pas le faire, mais pour être un ingénieur ergonome en conception de produits sportifs. Donc si je te la fais courte, faire des pompes à vélo chez Decathlon, ce qui ne m'intéressait pas le moins du monde non plus. Mais comme j'ai eu mon master, alors là, amen, tout le monde était rassuré. Il a un master, il va réussir dans la vie. Ce qui est affreusement faux maintenant. Enfin, tu vois, moi, j'ai plein de potes qui sont surdiplômés, qui galèrent à trouver un taf et qui même retournent à des jobs beaucoup plus manuels parce qu'en fait, c'est juste ce qui leur plaît fondamentalement. Donc bon, je me suis retrouvé là-dedans et puis j'ai vendu cette boîte à un groupe de dating. qui m'a permis de faire une petite sortie où j'ai pris pas mal d'argent. Et là, c'est pour la première fois, mes parents m'ont dit Ah oui, quand même, il se passe un truc intéressant.

  • Speaker #0

    Pour eux, du coup, c'était crédible. Du fait que tu as vendu la boîte.

  • Speaker #1

    Mais entre-temps, on était quelques employés quand même. J'avais du coup un super CTO, directeur technique, qui m'avait rejoint. Génial, que je vais rencontrer en faisant des concerts, d'ailleurs, avec mon groupe. Il était batteur, moi aussi. On avait parlé à la fin d'un concert. Et en fait, il me dit, moi, je suis développeur, j'aimerais bien me lancer un peu dans l'entrepreneuriat. Moi, je ne l'ai pas. Moi, je connais les méga communautés, j'ai besoin d'un développeur. Et du coup, voilà, c'était fait comme ça.

  • Speaker #0

    Et tu vends la boîte, c'est par opportunité ou c'est parce que tu avais un projet derrière ?

  • Speaker #1

    Non, parce que je commençais à en avoir marre de gérer tous ces trucs. Il fallait vraiment passer du temps à créer du contenu, du contenu, du contenu en ligne. Mais par contre, j'avais l'Evelop comme jamais. Moi qui avais zéro en dictée, je me dirais que quand tu commences à poster tous les jours avec les gens, ils disent, mais c'est un illettré qui tient ce truc. Bon, tu bosses fort pour pouvoir t'améliorer en orthographe. Et du coup, ben... Ça m'a énormément aidé à m'améliorer en orthographe, à bien mieux communiquer, à comprendre les mécaniques profondes de la communication entre humains aussi, pour faire des trucs synthétiques, simples, que les gens comprennent, même l'humour de manière générale. C'était une école incroyable de faire ça. Ça peut paraître anecdotique, mais en fait c'est monstrueux. Et j'ai tellement appris sur l'empathie, le fonctionnement humain, parce qu'en fait on a l'impression que c'est des algorithmes, que c'est des codes promos avec des influenceurs et machin, mais pas du tout. En fait, on parle à des humains. Et ce qui est récompensé, c'est si tu touches les humains et si ça leur parle ce que tu fais. Et en fait, il n'y a pas d'autre recette.

  • Speaker #0

    Parler avec le cœur.

  • Speaker #1

    Bien sûr, être vrai et savoir l'exprimer. Donc ça, ça a été un méga apprentissage pour moi, mais juste, j'avais aussi envie de faire d'autres types d'apps. Et puis, tu vois, je me suis rapproché de la structure qui m'a racheté. Ils étaient hyper partants et je me suis dit, allez, vas-y, on va au bout du truc.

  • Speaker #0

    Tu parles de communication, c'est quoi un bon communicant pour toi ?

  • Speaker #1

    C'est un mec qui est aligné, qui dit des choses, qui pense fondamentalement et qui font écho avec sa raison d'être. Tu vois, moi, Team Force de Planète, c'est peut-être le truc où on a le plus d'écho aujourd'hui parce que vraiment, c'est qui je suis, mais à l'ADN. Et en fait, pour longtemps, je pense que j'ai un peu lancé des boîtes comme ça parce que c'était marrant et puis ça prenait. Mais ce n'était pas 100% aligné sur qui je suis absolument. Mais en fait, quand tu fais ce qui te passionne vraiment, quand tu fais ce que tu as dans tes tripes, ça marche, mec. Si tu es passionné de coton-tige, lance une boîte de coton-tige. C'est ça qu'il faut que tu fasses. Il ne faut pas aller faire un truc parce que c'est ça qui est valorisé aujourd'hui. Moi, je vois plein de gens qui me disent, je vais faire des trucs dans l'IA. Mais tu n'en as rien à branler de l'IA. Oui, mais c'est le moment. Non, mais c'est une connerie, en fait.

  • Speaker #0

    Est-ce que ça te plaît ou pas de travailler dans l'IA ?

  • Speaker #1

    Bien sûr, et tu peux faire un truc qui n'a rien à voir dans le rilenti. et être le meilleur chef cuisinier qui vend la recette de riz lentilles la plus vendue au monde, parce que c'est ça ton truc, quoi.

  • Speaker #0

    C'est marrant parce que souvent, pareil, je croise des jeunes entrepreneurs, quand tu as envie de gagner de l'argent, généralement, le meilleur moyen de gagner de l'argent, c'est d'aller là où ça te plaît. Et après, l'argent vient, ça en découle souvent.

  • Speaker #1

    Mais mille fois, d'ailleurs, mes premiers investisseurs, je me rappelle très bien, ils me disaient, en fait, nous, on investit sur toi parce que tu ne cherches pas d'argent, tu ne veux pas gagner de l'argent.

  • Speaker #0

    Et tu veux en finir par en gagner.

  • Speaker #1

    Ben oui, en tout cas, ils étaient convaincus de ça, mais ils ont tort parce que du coup, aujourd'hui, je ne gagne pas de l'argent. spécialement d'argent, tu vois. Enfin, j'ai vendu ma boîte, j'ai gagné un peu d'argent, mais je suis pas dans la quête de l'argent, c'est plus mon truc. Enfin, ça m'a jamais vraiment intéressé. Mais par contre, je suis assez convaincu qu'en effet, les super entrepreneurs, c'est des gens qui feront leur truc, mais même s'ils sont seuls à le faire, même si personne les suit, même s'ils ont pas de clients, ils le feront, parce que c'est ce qu'ils sont.

  • Speaker #0

    Et ils continuent même s'ils gagnent pas d'argent.

  • Speaker #1

    Mais oui, mais ça leur plaît en fait. Ils sont heureux de le faire. Ils le font parce que ça leur fait du bien. Et parce qu'ils trouvent que c'est ça que le monde a besoin d'avoir. Et qu'ils veulent apporter ça au monde. Ils se disent, ça c'est ma mission. On est là sur Terre, il faut trouver sa mission. Si c'est juste pour passer cette vie un peu comme ça, sans trop savoir qui on est, ce qu'on fout et à quoi on sert, je trouve que c'est dommage. Et on nous endoctrine à être comme ça, justement. À dire, c'est bien, t'es un bon consommateur, reste dans ce Ausha, ça va bien se passer. On a tous une mission, je pense, à trouver.

  • Speaker #0

    Tu parles de trouver sa mission. Il y a une génération, et même notre génération, mais la génération qui arrive, encore plus, je pense, qui veut être indépendant, etc., et qui veut aller vers l'entrepreneuriat. Toi, du coup, tu n'as pas fait de formation business, tu as appris beaucoup sur le terrain. Si tu pouvais donner deux, trois conseils, si tu essaies de réimaginer un petit peu au début de ton entrepreneuriat. Après, tu as fait avec d'autres personnes Team for the Planet et on va en parler évidemment. Mais déjà, sur tes communautés et ton app, qu'est-ce que tu as appris ? Quels conseils tu peux donner ? Quelles choses qu'il faut éviter de faire quand on lance pour la première fois une boîte ?

  • Speaker #1

    Passer trop de temps dans le théorique. Vraiment, l'entrepreneuriat, c'est tout sauf du théorique. En fait, on n'apprend que en faisant. Faire des grands plans pour se rassurer, essayer de tout préparer, passer des mois à se dire ça va être génial et puis se lancer après, c'est la meilleure manière de faire de la merde. En fait, moi, j'ai eu cette chance, j'ai tout foiré. J'ai tout commencé, je me suis pris des baffes à chaque fois parce que je commençais toujours en ratant. Forcément, je ne connaissais rien. Je fais une fac de sport, je viens d'un village de 200 habitants, je n'ai aucune chance de pouvoir... comprendre comment marche, ne serait-ce que les mécaniques comptables d'une entreprise à la base. Et du coup, il faut faire, se jeter dans le truc, et t'apprends à une vitesse démesurée. Par contre, il faut être résilient, parce que tu vas prendre des gifles toute la journée. Tu vas faire que de rater. Mais en fait, c'est le fonctionnement de la vie. Dans la nature, c'est neuf échecs pour un succès. Et encore, tu vois, par exemple, j'ai vu qu'un arbre, pour se reproduire, c'est un milliard de tentatives pour faire un seul descendant. Donc ça donne un peu une petite horde d'idées de ce que c'est dans la nature. Normalement. C'est même pas un concept l'échec dans la nature. Nous c'est un concept, mais en fait dans la nature c'est juste le process normal. Et donc dans l'entrepreneuriat, il faut partir avec cette vision. Je fais des trucs, ça va tout foirer. Mais je les fais pas parce que je veux réussir. Je les fais parce que c'est qui je suis. Je les fais parce que c'est ce que j'ai envie de faire, ça me plaît. Évidemment on se prend la pression oui mais attends il faut que tu gagnes ta vie, tu vois les parents qui sont là, attends tu vas pas faire d'argent là-dedans, c'est une connerie. Et c'est le deuxième conseil, c'est oui on fait ce qu'on a vraiment envie de faire. On se lance tout de suite, on essaie des trucs, mais par contre, le premier truc qu'on essaie de faire, c'est trouver un modèle économique. Parce qu'on vit dans un monde qui est comme il est, et la façon dont il fonctionne, ça peut être contre-productif d'être vraiment dans un modèle où tu n'as pas réfléchi ton modèle économique, et où ça te pompe ta passion justement, et ça te la casse. Moi, ça m'est arrivé des fois de lancer des trucs géniaux, on arrivait à avoir des utilisateurs, on arrivait à faire un truc qui fonctionne, mais on n'avait pas de modèle économique viable, et à la fin... Ça pète ta boîte, t'as monté un super truc, t'as des invests, t'es à fond, le truc fonctionne et ça vient te péter dans les dents. Et il ne faut quand même pas oublier que c'est l'objet de la confiance au niveau mondial. L'argent, c'est ce qui nous permet de collaborer entre humains et donc ça te permet d'embarquer des gens avec toi pour t'aider à faire de ton projet une réalité. On est obligé de payer les gens, tu vois. L'entreprise, ça a ça de génial que c'est ce qui transforme le monde et c'est l'objet le plus abouti de la collaboration. Et le ciment de ça, c'est le fait d'être capable d'offrir une rémunération pour que chacun puisse venir contribuer à un autre projet de société. Merci. Et c'est normal de gagner de l'argent. C'est normal d'être rémunéré quand tu fais un travail dans le modèle qu'on a construit. Moi, trop souvent, j'ai un peu mis ça de côté parce que vraiment, je pense que l'argent n'est pas... dans ma culture, dans ce qu'on m'a appris, n'est pas un sujet pour moi. Ça ne m'intéresse pas. Si je gagne ma vie, je suis très heureux. Je m'en fous d'être millionnaire et je me souhaite d'ailleurs jamais d'être millionnaire parce que je pense que j'y perdrais en termes de bonheur. Mais du coup, j'ai quand même trop négligé. Donc, il faut trouver la balance. Cet aspect, avoir un modèle économique, ça ne veut pas dire que tu es un avare. Ça veut dire que tu veux que ton modèle tienne et que ta boîte puisse exister. Et ça, c'est un truc qu'il faut commencer par vendre. Il faut tout de suite chercher des gens qui sont prêts à mettre de l'argent parce que ton service a une valeur.

  • Speaker #0

    Bien sûr, et c'est ce que j'allais dire, si je peux me permettre de te compléter. Si les gens payent, c'est aussi parce que tu crées de la valeur. Et donc, tu règles un problème. Et ça, c'est la première chose. Et la deuxième chose, moi, qui me paraît importante, c'est qu'avoir un modèle économique, faire du chiffre d'affaires, ça amène aussi l'indépendance dans ta boîte. Et si tu peux, toi, te payer, c'est quand même important. Payer tes salariés correctement aussi. Et éventuellement, on pourrait en parler, c'est un sujet, mais le fait d'avoir des investisseurs ou pas. mais ça a des plus et des moins, mais ça a aussi des moins. Parce qu'on voit souvent les plus, j'ai levé 5 millions, 10 millions, 20 millions, mais ça a aussi des moins. Donc si on est indépendant, au moins on peut faire le choix d'avoir des invests ou pas d'avoir d'invest.

  • Speaker #1

    Bien sûr, et le moins numéro un, c'est que les actionnaires, dans le modèle comme il est pensé aujourd'hui, quand on a beaucoup par exemple, ou que tu es une grosse boîte, un, ils ne sont pas au contact de la réalité opérationnelle de ce que tu fais, donc eux, leur seul bouton pour décider c'est est-ce qu'on gagne de l'argent, oui, non. Et ça, ça fait que la direction de la boîte, elle est forcément... Elle prend un coup. Et puis, le deuxième truc, c'est la division de la responsabilité. Quand ils sont très nombreux, comme dans plein de boîtes, en fait, pareil, ils se disent, j'ai mes petites actions, moi, je vais voter pour gagner plus d'argent, parce que c'est le critère qu'on me met devant les yeux. En fait, toi, à la fin, ça peut complètement te faire dévoyer la mission initiale et ce pourquoi tu as créé ta boîte. Donc, tu as raison, l'indépendance est extrêmement importante.

  • Speaker #0

    Et on vient un peu sur ton parcours. Donc, tu vends ta première entreprise et tu décides du coup de rejoindre une boîte qui s'appelle Thriller.

  • Speaker #1

    C'est ça, oui. Entre-temps, j'avais remonté une autre startup, mais en parallèle de la première. aussi dans les apps mobiles, qui n'est pas forcément un succès, mais je trouve que c'est important de le préciser parce que j'ai levé des fonds, on a fait une belle aventure, on avait jusqu'à 20 salariés, c'était une belle boîte, en tout cas, le projet était intéressant, c'était pour faire du micro-événementiel de groupe. Donc en gros, l'idée, c'était de dire, tu peux rencontrer des gens dans le cadre de petites activités de groupe sympas, qui s'appelaient des Who's Up, et c'était, je ne sais pas, faire un yoga dans un parc, apprendre à faire des cocktails chez quelqu'un. Et donc, ça marchait très bien. Il y a eu des milliers de gens qui nous ont dit Merci, grâce à vous, j'ai un nouveau cercle d'amis, j'ai rencontré des gens géniaux. Il y avait des milliers et des milliers de who's up qui étaient créés. On avait 200 000 utilisateurs.

  • Speaker #0

    Et vous, là, c'était à Lyon ?

  • Speaker #1

    À Lyon, oui. Mais on n'avait pas de modèle économique. J'avais levé un peu moins de 500 000, je crois, ou 500 000, un truc du genre. Ce qui était beaucoup à l'époque. Oui, c'est ça quand même, ça existait. Et en fait, le problème, c'est qu'on n'avait pas pensé le modèle éco et on n'a pas réussi à craquer le modèle économique. Et donc, à la fin, les investisseurs montent. proposé de remettre plus d'un million d'euros dans l'aventure pour que ça nous donne du temps. Moi, je me suis lancé le défi en mode les gars, on a trois mois pour trouver le modèle économique, mais à un moment là, je me suis dit non, là je vais m'enfermer. Je vais devoir shifter, pivoter, on va perdre ce qu'était l'origine de ce projet, l'ADN de base qui était permettre à des gens de profiter du digital pour avoir des vraies expériences dans la vraie vie qui soient chouettes. On va devoir chercher absolument la caillasse et du coup on va se travestir. Et donc à ce moment-là, j'ai dit non, on ferme cette boîte. Je l'ai vendu finalement parce que j'ai trouvé un petit repreneur, mais bon, c'était vraiment un exit à zéro. Et ça a été des mois de stress. C'était compliqué parce qu'avant la vente, j'avais oublié la TVA. Donc, j'ai pu faire tous les licenciements, en tout cas les ruptures conventionnelles. Je suis arrivé à zéro sur le compte et là, l'expert comptable est arrivé et m'a dit Ouais, par contre, il reste juste un truc, c'est la TVA. Quand tu es dans ce moment-là où tu es hyper stressé et tout, tu n'y penses pas. Et en fait, on avait quand même fait 400 000 euros de chiffre d'affaires, notamment parce que Thriller avait commencé en parallèle. J'ai un peu tout fait en parallèle. Mais du coup, ça me rapportait du CA via Thriller sur la structure. Et du coup, j'ai pris une énorme mandale de TVA.

  • Speaker #0

    Entre 50 et 100 000, un truc comme ça.

  • Speaker #1

    Ouais, 80 000, même pas loin de 100 000, je crois, parce qu'il y avait des petits trucs en plus. Enfin bref, du coup, on s'est retrouvé où j'avais des huissiers, franchement, deux fois par semaine devant chez moi, deux fois par semaine devant chez mes parents. Donc autant dire que là, t'es quand même dans un niveau de stress qui est élevé. Ça a duré plusieurs mois avant que je puisse revendre la boîte, parce que les mecs ont quand même regardé et tout, machin. Et je l'ai revendu pour être à zéro. Donc en gros, j'ai absorbé cette dette. Mais je trouve que c'est important de parler des échecs, parce que j'en ai eu énormément, et à chaque fois, on ne parle que des trucs positifs. Mais là, encore une fois, quand je dis que j'essayais des trucs et que des fois, il faut être résilient, c'est un exemple, quand tu as des huissiers deux fois par semaine devant chez tes parents, il faut être résilient.

  • Speaker #0

    Non, c'est clair, je ne suis pas aligné avec toi. Ça m'empêche, j'ai croisé quelqu'un hier qui m'a demandé ce que j'ai fait avant. Et c'est vrai que j'avais encore un peu une... J'ai fait quatre boîtes, et on va dire qu'il y en a deux, entre guillemets, que j'ai loupées. Donc il y en a une qui a fini à la casse. Et la deuxième, je l'ai vendue, mais à zéro, comme toi. Et c'est vrai que j'avais encore un peu cet a priori, quand je lui ai répondu. Tu vois, t'es pas comme aux US, où limite, l'échec est valorisé. Et là, j'ai senti que, du coup, pour lui, j'avais eu un parcours qui n'était pas forcément riche.

  • Speaker #1

    En France, c'est dingue. Un vrai problème avec ça. C'est bizarre, il faudrait faire des sans-faute pour être stylé. Ça, c'est la France. Mais au contraire, moi, maintenant, je valorise beaucoup plus les gens qui ont raté un truc. Parce qu'en général, ils sont bien meilleurs derrière.

  • Speaker #0

    Bien sûr. Pour revenir sur ton parcours, cette boîte, tu la vends à la casse, mais tu apprends énormément. Là, tu vas rejoindre Thriller.

  • Speaker #1

    Thriller, oui.

  • Speaker #0

    Thriller, excuse-moi. En gros,

  • Speaker #1

    ça c'est marrant, c'est un ami qui est investisseur, avec qui on cherchait si on n'allait pas faire un projet ou deux. On discutait depuis quelques mois, et lui, il avait hébergé dans son appart, parce qu'il a un bel appart vers Troca, un Américain avec qui il était un peu devenu pote, qui était dans les apps mobiles et qui venait de vendre sa boîte, du coup, des dizaines de millions d'euros. Et en fait, ce mec-là était en train de lancer Thriller, donc un nouveau réseau social. un peu concurrent de TikTok, avec la volonté d'en faire vraiment un leader. En gros, ils disaient, le pitch de fond, c'était on ne va quand même pas laisser les Chinois faire un GAFA. Donc nous, les Américains, on a une carte à jouer, on essaye. Et tout de suite, ils voulaient lancer le marché européen, parce que c'était le terrain de jeu où ça allait se jouer. Lui, il savait que les États-Unis allaient assez vite, mais l'Europe, justement, Musical.ly, qui a été racheté par TikTok, qui a été ingéré, en tout cas ajouté par TikTok, tu vois, était là et battait son plein mais c'était pas non plus monstrueux et donc je cherchais un mec pour lancer l'Europe qui connaissait les communautés en ligne, qui connaissait les réseaux sociaux, qui connaissait les applis mobiles, qui connaissait les influenceurs donc moi j'avais tu vois on est passé vite mais j'avais fait toutes les soirées avec les youtubeurs, les machins, je connaissais un peu tout le monde parce que quand tu as 12 millions d'abonnés bah forcément tu vois ça te... tu te retrouves dans ce monde là et du coup ce mec m'a dit bah let's go tu lances l'Europe donc on a lancé ensemble l'Europe avec mon pote justement l'investisseur et puis Lui est devenu vice-président monde de la structure et moi, j'étais en charge de l'Europe. Et ça a été deux années complètement folles parce qu'on est passé de trois personnes à 400 en deux ans. Il y a eu 300 millions d'euros de levées. Ça a été de l'hyper scale comme jamais. Mais en fait, tout ça, pourquoi au final ? Parce que je faisais juste danser des gamins dégénérés sur une appli smartphone. Au bout de la journée, c'était ça qu'on faisait. Et on brassait de l'argent à mort pour ça. On faisait des millions de vues en ligne pour ça. On allait chercher les plus gros influenceurs. On mettait des trucs... des budgets dans des événements de dingue, sponsoriser le All-Star Game aux Etats-Unis, faire des trucs à Ibiza, des soirées, des machins. Mais pourquoi à la fin ? C'était vraiment un truc inutile. Ça a fini par me peser tellement que j'ai tout lâché. J'ai arrêté ces trucs, j'ai lâché mes stock options, j'ai lâché mon salaire, j'ai dit j'arrête.

  • Speaker #0

    Et donc là, tu pars dans une période, j'ai lu en préparant l'interview, de cheminement intellectuel pour trouver un modèle d'entreprise plus vertueux.

  • Speaker #1

    Ouais carrément, en fait à ce moment-là je m'étais quand même beaucoup intéressé au sujet du dérèglement climatique parce que je voyais dans le Jura et dans le Haut-Bugel les transformations qu'il y avait et franchement c'était pas joli à voir. Enfin tu vois la neige, il y avait un mètre de neige chez mes parents avant, ben là quand il neige c'est rare, c'est pas une hyperbole vraiment littéralement. La forêt qui se transformait parce que vraiment t'as plein d'invasifs qui sont en train de la dégommer et à cause des sécheresses c'est hyper compliqué. T'as même eu des feux de forêt dans le Jura récemment, enfin bref. Tout ça fait que je me suis dit putain mais qu'est-ce qui se passe ? Je connaissais pas très bien moi le sujet du climat quoi. Je connaissais bien la nature. J'aimais la nature, mais je n'étais pas un théoricien encore une fois, je n'étais pas du tout un expert. Et donc là, je suis rentré dans le sujet et je l'ai bourriné, parce que moi je suis comme ça, quand je rentre dans un sujet, j'ai vraiment besoin d'aller dans le fond du truc. Et donc j'ai bourriné le sujet, dérèglement climatique, limites planétaires. Et là je me suis dit, waouh, putain, c'est monstrueux. En fait, je n'ai pas du tout compris ce qui se passe. Et en même temps, ça m'a énormément excité, parce que je me suis dit, en fait, je n'ai pas besoin d'aller dans ce modèle de société-là, je n'ai pas besoin d'être cette typologie de personne qui est un gars dans la tech, qui veut faire toujours des apps et des machins. Il y a un sujet de société monstrueux qui est en train d'arriver. Et peut-être qu'en étant à nouveau le Arthur enfant qui aime la nature, qui s'intéresse à la nature, qui veut protéger la nature, je peux être un super entrepreneur aussi. Et peut-être même que je peux être un entrepreneur qui est valorisé dans le monde de demain, tu vois. Et ça, ça m'a excité parce que je me suis réconcilié avec le Arthur enfant. Je m'étais un peu éloigné de lui.

  • Speaker #0

    Tu as rapproché de ton enfance, que tu es vraiment, et ton entrepreneur qui te passionnait.

  • Speaker #1

    Exactement. Et je me suis dit, je ne veux plus passer une... une sombre foutue heure de ma vie à ne pas faire un truc utile pour la nature. Parce que c'est ça ma raison d'être. Et je me rappelle, je l'ai senti vraiment. Le jour où j'ai refusé mes stock options et je me suis barré, en fait, je me suis rendu compte que je ne voulais plus, jusqu'au bout de ma vie, faire un truc qui ne soit pas lié à la nature et à sa préservation et au fait qu'elle soit belle. Et là, j'ai senti l'alignement absolu. Ça m'a pris du temps. C'est pour ça que quand je parle d'alignement, je le dis comme si c'est facile, mais c'est dur de savoir ce qu'on aime, ce qu'on veut être et ce qui nous permet d'être alignés. Mais il y a un truc... qu'on sent au fond de nous quand même. Et là, j'ai senti que c'était ça, putain, tu vois. Et même là encore, j'ai la fougue, là, je le sens. Et je sais très bien que jusqu'au bout de ma vie, ce sera ça, quoi.

  • Speaker #0

    Et ce qui m'intéresse de savoir aussi, c'est, donc, tu quittes Thriller, donc t'es dans cette période de réflexion. Juste, cette période de réflexion, comment... Est-ce que t'es encore à Paris, ou tu retournes dans le Jura ? Est-ce que tu l'as fait à travers un voyage ? Moi, tu vois, par exemple, en 2016, j'ai eu cette période de réflexion, je suis parti en Asie. Ouais. Pendant 8 mois. Et j'étais avec mon sac à dos, donc j'écrivais, mais aussi je réfléchissais. Comment toi, ça s'est matérialisé ?

  • Speaker #1

    J'étais entre Lyon et Paris et là je me suis remis à passer énormément de temps chez mes parents, donc vraiment énormément de temps, j'allais tout le temps faire des randos, des balades, machin. Et puis je me suis beaucoup questionné sur l'entrepreneuriat en tant que tel. En fait je me disais c'est quand même génial parce que putain, tu vois, je pouvais toucher des millions de personnes limite en slip depuis ma chambre grâce à internet et faire changer des trucs à grande échelle. mais je me disais, le verre est un peu dans le fruit parce qu'à chaque fois les entreprises sont paramétrées d'une manière qui fait qu'on revient à il faut gagner plus d'argent à la fin et donc on retombe dans une espèce de roue du hamster où la mission initiale, le pourquoi de l'entreprise est contrebalancée par les dégâts que provoque le modèle dans lequel elle est. Ce modèle d'accumulation, de toujours plus, de générer de l'argent, en fait ça peut avoir une mission géniale, quand tu évolues dans ce cadre là, à la fin ce cadre finit par peser tellement que ta mission, elle réduit et que ce que tu apportes, ce que tu crées négativement, juste efface tout le positif que tu essayes de générer. C'était vraiment une réflexion que j'avais beaucoup et je me disais mais putain, c'est quand même hyper dommage, c'est un outil génial mais c'est juste le paramétrage de l'outil qui est inspiré et influencé par des décennies de néolibéralisme qui fait qu'on fait un truc contre-productif à la fin. Et donc c'est là que j'ai eu des réflexions en effet sur modèle d'affaires entrepreneur, mais entrepreneur autrement, ou en tout cas dans un cadre différent. Et là, je passais beaucoup de temps à Paris, notamment dans les bureaux d'un pote qui avait monté un truc qui s'appelle Germinal. À l'époque, voilà, Grégoire Gambato. Et donc, ça battait son plein. Et moi, j'étais tout le temps là-bas, fourré dans leur bureau parce que je me suis toujours dit il faut être là où ça se passe, tu vois. Il faut être là où est l'énergie pour que ça infuse, pour que tu aies des idées. Et c'est là que j'avais commencé à imaginer un premier modèle de truc qui s'appelait Optimiste. parce que je voulais aborder l'écologie de manière joyeuse, positive. Je me disais, mais comment veux-tu que les gens s'engagent là-dedans si on a l'impression qu'on va tous mourir et que c'est un truc de dépressif ? Tu vois, c'est impossible. Donc je me disais, il faut absolument que ça ait l'air bien, que ça ait l'air mieux. Et si déjà ça a l'air cool, je pense que les gens auront envie d'y venir. Donc je partais avec ce pitch un peu marketing. Et puis, c'est en commençant à travailler là-dessus que j'ai rencontré mes associés actuels. En fait, je connaissais déjà l'un de mes associés actuels, Mehdi. qui avait des bureaux au-dessus des miens à Lyon. Mais on avait parlé deux, trois fois, on ne s'était jamais rendu compte qu'on partageait un même cheminement de vie. En fait, mes associés ont tous monté des boîtes aussi et se sont tous retrouvés un peu à ce même constat de, bon, entreprendre, c'est vraiment stylé, mais si c'est pour être entrepreneur qui court derrière le fait d'être millionnaire à Dubaï pour pouvoir consommer toujours plus, en fait, on reste des victimes. C'est juste que l'échelle de la victimisation est mieux adaptée à nous. Et en fait, on a partagé un peu cette... cette conscience-là, on s'est dit, on n'a pas envie des entrepreneurs dans la roue du hamster qui, chaque année, achètent une roue plus grande. Nous, on a envie d'entreprendre en dehors de la roue du hamster. Et là, on a eu un petit coup de foudre entre nous en mode, vas-y, on fait un truc. Et donc, eux avaient déjà réfléchi à un modèle depuis 12 ans sur le sujet. Ils ne s'étaient jamais trop passé à l'action parce qu'ils avaient leur boîte en parallèle. D'autres se sont greffés sur le truc qui était des potes à l'un ou l'autre de l'équipe. Donc, c'est comme ça qu'on s'est retrouvés à six entrepreneurs à l'origine. Et moi, j'avais vraiment avec Optimis cette vision de... Il faut faire un... Un truc qui trouve des innovations qui ont un énorme potentiel d'impact. Et en même temps, il faut s'assurer qu'elles ont un modèle économique viable, grâce notamment à toutes les techniques qu'on avait apprises avant. Parce que pour le coup, dans les boîtes qu'on montait avant, on était aussi pas mal sur des trucs où on utilisait beaucoup le digital pour s'assurer qu'il y avait un modèle. Par exemple, on créait un produit fictivement sur Internet. Il n'existait pas dans la vraie vie, mais on faisait un site Internet qui vendait un produit qui n'existait pas. Et on faisait des pubs sur Facebook pour aller voir s'il y avait des vrais clients. Et quand on mettait un euro, on regardait si on arrivait à être viable ou pas. Et ça nous permettait de nous dire, OK, on le fait vraiment. Donc ça, c'est des trucs qu'on avait appris. Et moi, je voulais les remettre un peu dans la mécanique en disant, il faut qu'on assure que ces innovations, elles pourront avoir une viabilité économique. Et il faut en même temps qu'elles aient d'abord et avant tout de l'impact. Et il faut s'assurer que leur viabilité économique est bien au service de leur impact et pas l'inverse.

  • Speaker #0

    Et donc en avril 2020, là, tu es avec MediColi. Nicolas Sabatier, Laurent Morel C'est tout ?

  • Speaker #1

    Denis Gallaghercia

  • Speaker #0

    Denis Et Colline Et Colline Et donc Time for the Planet A l'époque Est créé Et donc les statuts sont déposés Aux grèves de Lyon Est-ce que tu peux nous dire Du coup nous définir Qu'est-ce que c'est que Maintenant ça s'appelle Time for the Planet Ouais carrément Au début c'était Time Mais on en reparlera peut-être Et donc c'est quoi Time for the Planet ?

  • Speaker #1

    Bah moi j'aime bien Enfin le En fait pour moi c'est une grande expérience De nouveau modèle d'affaires C'est peut-être même la plus grande expérience de nouveau modèle d'affaires qui n'a jamais été mise sur pied, puisque nous, on a décidé qu'on allait créer une boîte où le modèle d'affaires, donc le modèle actionnarial notamment, était vraiment pensé et paramétré de A à Z pour que tout soit toujours orienté sur l'impact. Donc, nos actionnaires n'attendent pas de retour sur investissement. Aujourd'hui, on a 121 000 actionnaires, financiers en tout cas. Ils attendent un retour sur investissement en tonnes de CO2 évitées qui s'appelle du dividende climat. C'est un truc qu'on a co-créé avec l'ADEME, l'ONU, une cinquantaine d'experts carbone internationaux. et qui matérialise de manière robuste, audité, certifié, le nombre de tonnes de CO2 évitées chaque année grâce à ton argent que tu as placé dans Team Forte Planète. Et ça, ça nous permet de faire des investissements que le monde économique traditionnel ne peut pas faire, parce que la plupart des innovations, et je vais expliquer comment on fonctionne juste après, mais qu'on finance, c'est des innovations qui ne sont pas financées par le monde économique traditionnel parce qu'elles ne permettent pas de faire des gros multiples à court terme pour gagner beaucoup d'argent ou des exits rapides. Non, c'est des innovations cruciales pour l'avenir de l'humanité. structurantes pour nos sociétés, qui sont là pour être un socle à tout le reste de l'économie. Mais comme l'économie s'est sassisée un petit peu et que maintenant on veut vendre très vite, faire des gros chiffres rapidement, en fait elles ne sont même pas dans les radars. Et donc nous on est parti un peu de ces constats-là en se disant il faut qu'on pense notre modèle d'affaires pour qu'on soit capable d'aller accompagner ces boîtes et qu'on leur donne les moyens d'exister et qu'on ne soit pas rattrapé par la patrouille du toujours plus financier. C'est pour ça qu'on a été un peu radicaux, on ne dit pas que toute l'économie doit ressembler à ce qu'on fait. mais on est convaincu qu'une petite partie de l'économie doit ressembler à ce qu'on fait pour que le reste puisse exister. Bon, ça, c'est ce qu'on est. Maintenant, qu'est-ce qu'on fait ? Eh bien, en fait, au départ de l'aventure, nous, en tant que simples citoyens, on essayait d'agir et on se rendait bien compte que quand t'es pas milliardaire ou président de la République, c'est quand même difficile d'avoir de l'impact. Donc, on se demandait comment on pouvait permettre à n'importe qui d'élargir son rayon d'action à l'échelle mondiale, pour le climat notamment. Et on a rencontré plein de scientifiques dans cette démarche, et notamment Jean Jouzel, qui est l'ex-vice-président du GIEC, qui nous a parrainés dès le départ, et qui nous a présenté plein d'autres scientifiques. et en fait, à chaque fois on nous a remonté le même constat aujourd'hui il y a un levier d'action très fort sur lequel vous pourriez aller avec ce modèle d'affaires là parce que vous êtes dans une composition qui vous permet d'avoir la liberté de le faire c'est, oui on sait il faut de la sobriété massivement mais pour aller vers un monde plus sobre il faut aussi des innovations qui nous permettront de transformer le monde dans lequel on est pas des innovations technosolutionnistes pour continuer dans le toujours plus et faire de l'astéroïde mining justement, des innovations qui nous permettent de repenser le monde dans lequel on est de faire autrement... Et ces innovations, elles ont besoin de passer à l'échelle aujourd'hui, mais elles n'y arrivent pas. Et ce qui est fou, c'est qu'elles sont déjà là. La plupart n'ont pas besoin d'être inventées, elles sont déjà là. Et le problème pour lequel elles n'arrivent pas à passer à l'échelle, c'est qu'elles sont portées par des scientifiques, des ingénieurs, des chercheurs. Et ces gens-là, ce n'est pas des entrepreneurs. Donc quand il s'agit justement de trouver le modèle économique viable, d'en faire une vraie entreprise qui peut recruter des clients, des salariés, etc., ça ne marche pas. Et nous, ça nous semblait fou parce qu'on connaissait des très bons entrepreneurs qui avaient monté des boîtes énormes dans des secteurs qui n'avaient rien à voir et qui, comme nous... se posaient la question de leur utilité et de mettre leur compétence entrepreneuriale au service de l'urgence climatique. Et donc on s'est dit, on va faire le Tinder du climat. On va aller chercher d'un côté ces innovations avec un énorme potentiel de décarbonation que le monde économique traditionnel néglige et ne finance pas parce qu'elles sont pas des machines à cash à court terme. Et on va aller chercher de l'autre côté des entrepreneurs chevronnés qui ont monté des très belles boîtes. On va les mettre ensemble. N'importe qui pourra participer à l'aventure en devenant associé actionnaire à partir d'un euro. Donc c'est pas... Un don, on n'est pas une asso, comme je te l'explique, c'est vraiment on travaille au niveau des modèles d'affaires, parce que pour moi, c'est là qu'on va changer le monde. Faire une asso, c'est génial, mais si tu te finances grâce au salaire des gens, parce que c'est ça finalement les dons, via des impôts ou via des dons directs qui viennent d'un modèle d'affaires d'une entreprise, malheureusement, tu ne travailles pas au niveau des causes, tu travailles un peu au niveau des conséquences. Donc nous, vraiment, on a choisi que ce soit des actionnaires, ils sont copropriétaires de l'aventure, ils peuvent investir à partir d'un euro, donc c'est très accessible, ça se fait en deux minutes, mais par contre... Avec cette grande tirelire collective, on finance ces projets-là. Et comme ils n'attendent pas de retour financier sur leur investissement, toutes les décisions qu'on prend, c'est toujours pour plus d'impact. Et en fait, ils ne nous font jamais chier pour plus d'argent. Ils nous font toujours chier pour optimiser l'impact, s'assurer qu'il y a plus d'impact. Et ce qui est assez fabuleux, c'est qu'on voit que les boîtes qu'on sort sont en train, en plus, de devenir des boîtes très rentables, donc qu'on peut avoir encore plus d'impact.

  • Speaker #0

    Ça me mène à plein de questions. Cette tirelire collective, comme tu dis déjà, aujourd'hui, vous avez levé combien d'argent, si ce n'est pas indiscret ?

  • Speaker #1

    On a levé pas loin de 34 millions d'euros ou 33, je ne sais plus à date exactement.

  • Speaker #0

    Ce qui est déjà une énorme somme. En combien d'années ?

  • Speaker #1

    En 4 ans, du coup.

  • Speaker #0

    34 millions d'euros. Et donc, moi, par exemple, si je veux qu'on monte à 34 millions et 1000 euros, que j'investis 1000 euros. Donc, tu m'as dit, je vais avoir à la fin de l'année un dividende climat. Qu'est-ce que c'est un dividende climat ? C'est un bout de papier que je vais recevoir par la poste ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est un peu plus solide que ça. Comme je te disais, vraiment, maintenant, c'est devenu... Nous, on était à l'initiative du truc, on l'a co-créé avec plein d'experts, mais c'était pour que ça ait une application dans le monde réel au-delà de nous. Et nous, on était là pour prouver que c'était possible et que des actionnaires pouvaient attendre autre chose qu'un retour financier et qu'ils pouvaient avoir un retour financier et d'autres types de retours, mais que les actionnaires sont ceux qui font le projet de société aujourd'hui. Parce que les boîtes, c'est ce qui fait le monde. On va tous travailler le matin, on se lève tous pour aller travailler pour des boîtes qui nous payent en échange de notre temps. Et cette somme de temps faramineuse... fait le monde dans lequel on est et le change et l'emmène vers un projet de société de merde ou un bon projet de société. Et donc le problème c'est que les boîtes aujourd'hui qui sont pilotées avec une mécanique qui ne voit qu'avec un seul oeil qui est celui de l'argent emmènent en permanence vers faire plus d'argent dans les boîtes, donc extraire plus de ressources, etc. Et donc nous on avait en tête qu'il fallait d'autres indicateurs pour que justement l'actionnaire dise Attendez, oui ça fait de l'argent mais par contre là on bousille tout, là on est en train de bousiller le climat, on est en train de bousiller la biodiversité, on est en train de bousiller l'eau. Donc... C'est pas rentable, notre argent n'est pas rentable. Il est rentable sur le plan financier, mais il est carrément en perte sur tous les autres indicateurs. Et c'est pour ça qu'on a poussé le dividende climat, et c'est devenu une asso indépendante, maintenant présidée par Brune Poirson, et maintenant t'as des très gros qui distribuent du dividende climat, c'est chouette, ça fait son chemin. T'as Decathlon, Backmarket, Demeter dans la finance, ils distribuent vraiment des millions de dividendes climat, donc de tonnes de CO2 évitées. Et pour te répondre, c'est donc un certificat qui rentre dans le bilan extra-financier des entreprises. Il est valide dans le référentiel européen pour la comptabilité carbone. Et il permet de dire, c'est robuste, c'est clair et c'est certifié. Avec ses 1 000 euros, Nicolas a permis d'éviter X tonnes de CO2 cette année. Et ce qui est cool, c'est que toi, tu as placé tes 1 000 euros, parce que dans Team Forte Paix, tu as une liquidité à 10 ans. En gros, tu peux ressortir ton argent 10 ans après à 1 euro pour 1 euro. Donc, tu places de l'argent, mais il ne travaille pas pour ton patrimoine financier, il travaille pour ton patrimoine climat, en fait. Et donc, ça te permet tous les ans de toucher ton dividende climat parce que tes 1 000 euros, ils continuent à travailler pour toi. Mais juste, ils ne travaillent pas pour t'enrichir financièrement. Tu peux avoir placé, par exemple, 1 de ton patrimoine en disant celui-là, je ne le mets pas pour m'enrichir financièrement. Ils travaillent pour faire en sorte que j'ai un max de tonnes de CO2 non émises grâce à ma thune.

  • Speaker #0

    C'est hyper intéressant parce que je crois en plus que la France, on est un des pays où il y a le plus d'épargne en Europe ou dans le monde. Et finalement, les taux, bon, alors, ils sont en train de remonter, mais ils sont relativement bas. dans ceux qui nous écoutent je pense qu'il y en a plein qui ont peut-être 1000, 10000, 100000 ou un million qui dorment si on les plaçait chez toi finalement on aurait peut-être enfin on perdrait peut-être un peu d'intérêt mais c'est quelques euros, quelques dizaines d'euros ou centaines d'euros, en tout cas ça changerait pas notre vie et par contre du coup ça pourrait changer l'impact carbone,

  • Speaker #1

    la planète Oui et puis si on prend un peu de recul on perdrait pas d'argent, ça c'est une vraie question qu'il faut se poser maintenant parce qu'on peut plus raisonner sur les pas de temps court-termistes en fait on gagne de l'argent à court terme mais comme on n'accélère une mécanique sociétale entrepreneuriale qui est extra-productiviste et donc qui est dans l'extractivisme aussi des ressources, chaque fois que tu fais du rendement sur un placement financier, il faut te poser la question de comment ce rendement a été fait. Ce rendement, il ne tombe pas du ciel. Il vient du fait qu'on extrait toujours plus de matière dans la nature pour produire toujours plus de produits et vendre plus de volumes de produits. Et donc ton rendement, quand tu as pris tes 5% de rendement, en fait il est directement corrélé au fait que tu as un... contribuer à creuser un peu plus, à raser un peu plus de forêt, tu vois, et c'est pas... Il faut quand même qu'on ait conscience de ça, les humains. Et donc, ça veut dire que tu gagnes un peu d'argent à court terme, mais la valeur écosystémique de tout ça, ça a été calculé maintenant, et notamment par le GIEC, en fait, les dommages que ça va générer sur notre monde, sur nos vies, sur nos maisons, sur nos emplois, parce que le coût de l'électricité va monter, le coût de l'énergie globalement va monter, le coût des ressources, de l'alimentation, des matériaux, tout ça... en fait, finalement, va nous coûter plus cher. Et donc, le peu d'argent que tu vas peut-être gagner à court terme, en fait, potentiellement, tu vas payer beaucoup plus cher après pour essayer de compenser les dégâts qu'on crée dans notre monde. Et ça, c'est ce que le GIEC récapitule très simplement en disant que le coût de l'inaction climatique est infiniment supérieur au coût de l'action. Donc, qu'est-ce qui vaut mieux pas ? Être à taux zéro, mais ne pas avoir à payer très cher demain, plutôt que d'être à prendre 5% aujourd'hui, mais demain, avoir contribué à flinguer un peu plus la planète et devoir payer très cher. Parce que qui va payer ? C'est pas les gouvernements, à la fin c'est nous qui allons payer, quand ça va être la merde, quand ça va vraiment coûter cher. Rien qu'à voir, les compagnies d'assurance, elles se désintéressent, elles abandonnent des villes. Les villes côtières en France, il y a plein de compagnies d'assurance qui ont dit on arrête de vous assurer.

  • Speaker #0

    Parce qu'elles savent que dans 10 ans, 20 ans...

  • Speaker #1

    Mais parce que ça a déjà commencé. Et en fait, elles disent on ne pourra pas les assurer. Donc elles les lâchent. Et donc notre système de protection ne va pas être derrière nous. Et qu'est-ce qui se passe ? Les habitants, ils se mettent en commun, ils refont une assurance entre eux dans leur ville. Et ça leur coûte plus cher, évidemment. Parce qu'ils sont sur un territoire qui est hyper exposé.

  • Speaker #0

    Ce qui est fou, si je réfléchis à voix haute, des personnes... qui n'ont pas forcément cette conscience de la planète. On imagine quelqu'un qui a des millions, des dizaines de millions, des centaines de millions. Avec ce que tu dis, comment dire, s'il n'y a plus de planète, il n'y a plus d'entreprise, il n'y a plus de dividende. Donc même s'il ne partage pas complètement ce que tu dis, il aurait intérêt à mettre une partie de son argent pour décarboner. Étant donné que dans peut-être 50, 50 ans, 50, 100 ans, il ne pourra plus faire son activité si la planète n'est plus au rendez-vous.

  • Speaker #1

    Alors la planète, on dit souvent qu'il faut sauver la planète, mais elle s'en fout, elle va rester là 5 milliards d'années, tout va bien, elle n'en a rien à foutre, c'est plutôt nous les humains, il y a beaucoup de papiers qui commencent à sortir, il y en a un assez édifiant en 2022 aux Etats-Unis qui est sorti, qui questionne la capacité de l'humain à vraiment rester là pendant plusieurs centaines, milliers d'années. Et en fait, ce qui est quand même important de se dire, c'est que justement, tu as raison, tu mets le doigt sur un truc qui est très vrai, le socle de l'économie mondiale... C'est les services écosystémiques, c'est la nature, c'est le fait que le monde dans lequel on vit soit en bonne forme. Si demain, ce monde-là couine, on ne pourra plus générer des profits importants, on ne pourra plus... Et c'est ce qu'on se disait il y a deux minutes. En fait, les coûts, ça va être directement répercuté sur les entreprises. Tu vois, tout de suite, on le voit quand l'énergie augmente, les entreprises sont en faillite, il y en a plein qui ferment. Plus on laisse partir à la dérive le système terre, plus les coûts vont être... intenable pour les boîtes. Et donc, elles vont perdre de l'argent. Non seulement elles ne vont pas avoir de dividendes, mais elles vont perdre de l'argent. Donc là, ce qui se joue, c'est soit on continue de se gaver encore quelques années à court terme, parce qu'on a réussi à créer une méga machine ultra extractiviste qui permet de générer en face des gros bénéfices en argent. Mais par contre, après, on va prendre une gifle monumentale et on va perdre notre argent. Donc, on aurait gagné de l'argent qu'on va reperdre derrière. Soit, on réfléchit autrement et on se dit, est-ce qu'il vaut mieux moins gagner d'argent maintenant ? mais pour en gagner longtemps. Et ce qui se joue aujourd'hui, et c'est ce que disent beaucoup de gens experts, naturologues et autres, c'est le combat entre performance et robustesse. Et aujourd'hui, on le voit déjà dans l'entreprise. Il y a quelques années de ça, beaucoup d'entreprises se sentaient robustes. Aujourd'hui, beaucoup sont en mode Hum, en fait, je suis plus irrésiliente, c'est compliqué là Et c'est ça le jeu dans lequel on est maintenant. C'est ça le jeu de ce siècle. C'est plus du tout le jeu de la performance, c'est le jeu de la robustesse. Les futurs GAFA de demain, c'est ceux qui tiennent longtemps. C'est ceux qui prennent les vagues dans la gueule et qui restent. Parce qu'on va être dans un monde instable, maintenant. Instable sur le climat, mais pas que, sur justement les matériaux, l'énergie et plein d'autres choses. Et même, tu vois, les humains, parce qu'il y aura peut-être plus de guerres, de machins, à cause du sujet du climat. Donc c'est fini, le monde stable dans lequel on était, tous les climatologues te disent, c'est fini. On est sortis de 11 000 années de climat stable, et là on a déréglé le climat, c'est parti, on peut limiter la dérive climatique, pour éviter que ce soit vraiment horrible et hardcore, mais on est sortis du climat stable. Et donc maintenant, Il y a des vagues. Donc celui qui est juste en performance maximale, mais qui a un beau bateau tout en carbone, qui est 0% robuste, il va s'éclater dans les vagues. Celui qui a un bateau robuste, qui va peut-être moins vite, qui est moins performant, mais qui va durer longtemps, pour moi, c'est lui le futur GAFA. Et mieux vaut avoir un petit peu de dividendes tous les ans pendant 100 ans, qu'avoir énormément de dividendes pendant un an, puis plus rien ensuite. Enfin, chacun sa vision, mais moi c'est la mienne.

  • Speaker #0

    Tu parles des futurs GAFA, si on peut donner un exemple d'entreprise dans laquelle vous investissez, je crois qu'il y a Coolroof que tu aimes bien souvent expliquer, est-ce que tu peux nous en parler un petit peu ?

  • Speaker #1

    Oui, très rapidement, Coolroof peigne des toits en blanc avec une peinture à base de coquilles d'huître, entre autres, il y a plein d'autres choses dedans, mais c'est un peu leur ingrédient secret. Et cette peinture renvoie 95% du rayonnement solaire, ce qui permet de faire baisser de 7 degrés la température dans les bâtiments pendant l'été, et ça n'a pas d'impact pendant l'hiver, parce que s'il faut augmenter le chauffage, c'est un peu con. Et donc, ça fait baisser de 40% l'usage de la clim instantanément dans les bâtiments. C'est la moyenne qu'on a aujourd'hui. Coolroof, c'est déjà 1 million de mètres carrés de toit peint, c'est plus de 10 millions de chiffres d'affaires. Donc, ça y est, c'est une vraie boîte. Et ce qu'on ne sait pas forcément, c'est que la clim, ça pollue et ça réchauffe autant le climat que tous les avions du monde. La clim toute seule, c'est 10% de la consommation électrique mondiale. Ça utilise des gaz fluorés qui sont 3000 fois plus réchauffants que le CO2. Donc, c'est une catastrophe pour le climat. Et là, grâce à Coolroof, tout de suite, tu fais baisser la clim. Et ce qui est génial, c'est que tu n'as pas besoin d'expliquer aux gens Alors si si je vous jure il y a un problème avec le climat parce qu'il y a encore plein de gens qui n'y croient pas Si si je vous assure la clim ça pollue vraiment je vais vous expliquer pourquoi Non là tu peins le toit et puis juste les gens hop ils ont un confort qui est meilleur ils baissent la clim naturellement

  • Speaker #0

    Donc ça fait baisser la clim et en plus c'est rentable

  • Speaker #1

    C'est rentable économiquement très vite, parce qu'en effet, tu as raison, avec le coût de l'électricité qui a augmenté, on a fait des tests sur des McDo, bon, c'est pas forcément les meilleurs trucs, mais c'est pas grave, au moins on avait un test viable. En fait, au bout de deux ans, ils sont rentables économiquement. Donc, ce que leur a coûté le fait de mettre du cool roofing sur leur toit, en fait, ils gagnent de l'argent après, parce que ça leur coûte moins en électricité, puisque la clim consomme énormément d'électricité, on vient de le dire. Ok,

  • Speaker #0

    écoute, génial. Dernière question sur Team for the Planet. J'ai lu que vos rémunérations en tant que dirigeant, Alors aujourd'hui, vous êtes quatre dirigeants ?

  • Speaker #1

    Maintenant, on est quatre dirigeants, oui.

  • Speaker #0

    Vous avez du coup une rémunération qui est limitée statutairement à quatre fois le montant du SMIC.

  • Speaker #1

    Exactement, par personne.

  • Speaker #0

    C'était important pour vous ?

  • Speaker #1

    C'était très important pour nous parce que pareil, quand tu discutes avec tous les scientifiques, ils te disent le problème majeur de l'humain et notamment les neuroscientifiques qui s'intéressent vraiment au fonctionnement du cerveau et notamment du striatum qui a fait un peu parler de lui avec certains auteurs comme Sébastien Boller, le bug humain et autres, c'est qu'on est incapable de s'auto-limiter. Et en fait, c'est ça notre plus gros problème, c'est qu'on a vécu dans une société où il y avait beaucoup de rareté, c'était dur de trouver à manger, c'était dur de s'en sortir juste, et tout à coup, nous, on a hacké le jeu et on a réussi à créer une société de pléthore, où il y a tellement pléthore qu'il y a plus de gens qui meurent d'obésité que de faim dans le monde aujourd'hui. Le problème, c'est qu'on ne sait plus se limiter dans une société comme ça, parce qu'on n'aurait jamais dû arriver dans un monde comme celui-là. Et donc, on est dans l'hyperconsommation en permanence et on ne sait pas s'arrêter. Et quand tu gagnes un milliard, tu veux gagner deux milliards. Et quand tu gagnes deux milliards, tu te compares avec le mec qui a quatre milliards. C'est véridique, j'ai déjà parlé avec des milliardaires qui me disent ça. Moi, je suis un petit milliardaire. Attendez, vous avez vu le machin ? Mais t'es milliardaire, mec. Il faut peut-être à un moment atterrir quand même.

  • Speaker #0

    Il n'y a pas à manger quatre steaks hachés, acheter neuf piscines.

  • Speaker #1

    Exactement. Mais en fait, l'humain ne sait pas s'auto-limiter. Donc nous, dès le départ, on a voulu mettre ces bases-là, d'éteindre notre propre case cupidité. Parce qu'on a tous cette case cupidité. Et aujourd'hui, on ressemble un peu à des écureuils qui font une montagne de glands alors qu'ils sont entourés par les flammes. Donc nous, dès le départ, on s'est dit, on va s'arrêter et on va tout de suite réfléchir autrement. Donc on a capé nos salaires pour que ça crée aussi la confiance du modèle Team for the Planet. Parce qu'aujourd'hui, on se repose beaucoup sur le mouvement et ces milliers d'actionnaires qui nous aident à trouver des innovations partout dans le monde, les sélectionner, trouver des clients une fois qu'on a monté les boîtes. Et ça, on ne peut pas le faire s'il n'y a pas la confiance. Si nous, on était là en haut de la pyramide à pouvoir devenir des énormes millionnaires, crois-moi que personne ne nous aiderait. Enfin, je veux dire, les gens ne s'impliqueraient pas. Là, c'est clair, c'est carré, nos comptes sont publics. on ne pourra jamais s'enrichir, on ne gagnera jamais d'argent avec cette aventure. Mais je veux dire, 4 fois le SMIC, c'est énorme.

  • Speaker #0

    Ça te suffit l'argent pour vivre ?

  • Speaker #1

    Moi je vis parfaitement. En plus j'ai vendu une boîte avant, donc à un moment...

  • Speaker #0

    Et donc tu as raison, pour créer un mouvement, il faut une confiance. Et donc pour aller au bout de la question, vous les 4 dirigeants, vous avez maximum 4 fois le SMIC, et donc vous n'avez aucune autre, et en vrai moi je trouverais ça aussi légitime, aucun autre bénéfice monétaire, par exemple des dividendes à la fin de l'année, non. ou du coup vous êtes actionnaire. Donc si un jour Tim est vendu...

  • Speaker #1

    On n'est pas actionnaire. On n'avait pas le droit de l'être dans le fonctionnement qu'on a. On est une société en commandite par action et donc notre commissaire au compte nous avait dit non, non, dans la mécanique, parce que vous êtes les associés commandités, c'est un peu technique, mais en gros on n'est pas actionnaire du commanditaire, donc du véhicule en dessous. Et ça, de toute façon, même si on était actionnaire, ça ne changerait rien puisque les actionnaires ne gagnent pas d'argent. Vraiment, tu peux creuser, il y a plein de mecs qui se sont cassés les dents au début parce qu'ils étaient sûrs qu'on avait mis une mécanique pour être riche. Et le nombre de types, je peux te dire, quand on a 500 000 personnes qui nous suivent sur les réseaux et plus de 120 000 qui sont actionnaires, tu en as, je pense, 1000 qui ont vraiment tout cherché. Ils ont appelé l'AMF, et tant mieux, au moins, ça permet d'être... Après, en même temps, les mecs viennent en Assemblée Générale puisqu'ils sont actionnaires. Là encore, ce n'est pas un don où tu donnes ta thune et puis advienne que pourra. Non, tu es actionnaire, donc tu as accès au plus haut niveau d'information et de décision d'une entreprise, qui est l'Assemblée Générale. Nous, en Assemblée Générale... Quand nos actionnaires nous posent des questions, on est obligé de répondre. Même si ça dure huit heures, on doit répondre à toutes les questions. Sinon, ils peuvent nous foutre en prison. Donc, autant dire que la transparence, c'est génial parce que tu ne peux pas ne pas être transparent.

  • Speaker #0

    Écoute, merci beaucoup pour toute ta transparence, justement, sur Tim. Pour terminer l'interview, on va passer sur quelques questions un peu plus perso. Il se trouve que tu as cette conscience de toi-même, etc. Et en même temps, tu as fait un burn-out, tu en as parlé. et ça arrive à beaucoup de gens et est-ce que tu peux justement nous en parler un petit peu comment ça t'est arrivé moi j'ai lu que ça t'est un peu tombé sur la gueule on va dire un jour bien tombé sur la gueule c'est le mot ouais

  • Speaker #1

    bah en fait c'est pas parce que t'es aligné que tu peux pas prendre un peu de tarif quoi moi j'étais tellement aligné, tellement passionné que tu fais mille millions de trucs toute la journée, tout le temps tu penses à ça.

  • Speaker #0

    T'es dans ton tunnel.

  • Speaker #1

    Ouais, t'es dans ton truc. Et puis du coup, je faisais plusieurs conférences par jour dans différentes villes, j'enchaînais non-stop, j'arrêtais jamais en fait. Et du coup, il y a eu un jour où juste j'ai eu un contexte familial qui a été compliqué. Mon père a fait un AVC à cette période, je m'étais séparé de ma copine. Enfin, tu vois, en fait, t'as pas de marge de manœuvre quand tu travailles comme ça. Quand tu travailles comme un bourrin, le jour où il y a des problèmes de ton côté, d'autres problèmes, c'est là que tu tiens pas. Et en fait, voir mon père à l'hôpital branché... de partout avec des tuyaux. Ça m'a juste... Je pense que j'ai craqué. C'est trop. Je me suis retrouvé... Je me rappelle très bien. Je suis rentré de cette deuxième conférence. Tout le monde me tenait un peu la jambe pour me parler. Et en fait, j'ai entendu croc-croc dans ma tête, vraiment. Et je me suis effondré. Je suis resté 48 heures dans mon lit. Je ne pouvais pas me relever. Il fallait que quelqu'un me relève le coussin. Tu vois, m'amène de l'eau. Et donc, voilà.

  • Speaker #0

    On n'a rien après.

  • Speaker #1

    J'ai eu un avant et un après parce qu'après je me suis dit je veux toujours lécher de la marge de manœuvre justement, c'est ça que j'avais pas appris à faire et c'est ça que j'ai appris à faire maintenant en fait je me rendais pas compte que, en fait tu t'en rends pas compte qu'il te reste pas de la marge de manœuvre qu'on est limité,

  • Speaker #0

    que l'homme aussi est limité et qu'il faut un équilibre,

  • Speaker #1

    en fait les deux heures de plus que tu vas passer à tirer sur la corde le soir pour essayer de faire un peu plus si tu les passes dans prendre soin de toi te sentir mieux avec toi-même bah en fait tu rayonnes tellement, t'es tellement plus puissant que... c'est bien plus efficace que ces pauvres deux heures de travail épuisées. Et c'est ça que j'ai appris, je pense.

  • Speaker #0

    Ok, hyper intéressant. C'est quoi le bonheur pour toi aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Je suis revenu à la définition initiale que j'avais du bonheur. En fait, j'ai été accaparé par une définition très commerciale du bonheur dans la startup nation où il faut être millionnaire, il faut avoir plein d'abonnés, il faut fréquenter des gens stylés, il faut avoir une boîte dans la hype, dans les apps mobiles, waouh, c'est dingo, machin. Ça, c'est pas le bonheur, en fait. C'est de la merde. C'est intéressant, tu vois, c'est une expérience sympa, mais en fait, c'est pas ça profondément, le bonheur. C'est stimulant, c'est fun, ça te donne de l'énergie, mais ce n'est pas le bonheur. Il ne faut pas confondre. Le bonheur, pour moi, il est extrêmement simple. C'est passer du temps avec des gens avec qui tu te sens bien, le plus possible. C'est ne pas regarder sa montre, arriver à être dans le temps présent, voire ne pas avoir de montre, si on peut, comme ça, il y a de la sobriété en bonus. Et pour moi, ça ne tient qu'à moi, mais c'est aller me perdre dans la nature, marcher, m'émerveiller. Je crois que le mot émerveillement, c'est la clé du bonheur. En fait, pour moi, le bonheur est tout le temps là. Il est tout le temps présent de la même manière. On peut juste l'attraper à n'importe quel moment. Le truc, c'est qu'on désapprend comment attraper le bonheur en devenant justement cet adulte sérieux, agent économique qui est là pour consommer, pour produire. Ça, c'est tout sauf un truc qui nous aide à nous rappeler comment on attrape le bonheur. Et quand t'es enfant, justement, t'attrapes le bonheur facilement. Tu creuses une mare, tu regardes les libellules, t'es heureux, putain. C'est facile. Et ça, on le désapprend. Parce que justement, on rentre dans des schémas qui sont des schémas autour des mécaniques d'argent. Et je ne suis pas en train de dire que l'argent, ce n'est pas bien. Encore une fois, ça vient de la monnaie fiduciaire, ça veut dire la confiance. C'est un super outil, on en a besoin. Mais là où on se perd, c'est quand ça devient commercial et qu'on a l'impression qu'il faut accumuler et posséder pour être heureux. Il faut un minimum. C'est la théorie du donut, de la brave Kate je ne sais plus quoi, qui dit que tu as des planchers sociaux. Mais il faut rester dans l'interstice. Il ne faut pas dépasser ce qui est au-dessus. devient contre-productif. Et donc pour moi, le bonheur, il faut juste être capable de s'émerveiller pour l'attraper. Et je te parle de trucs très simples, d'une belle action, de quelqu'un qui aide quelqu'un dans la rue ou qui lui laisse sa place dans le métro, ça c'est un peu de bonheur. Ça c'est une passerelle, vas-y mec, prends-le. Et puis quand il y a le bruit du vent dans les feuilles d'un arbre, quand le soleil chauffe ta peau en été, quand juste tu te soucies de rien, tu marches sur une plage, tu sens l'air sur tes mains, c'est ça le bonheur en fait. En fait ça c'est des... C'est des raccourcis pour attraper le bonheur. C'est juste à toi de l'attraper. Si tu ne l'attrapes pas, c'est ta responsabilité. Mais ne croyons pas qu'on peut l'attraper en achetant des iPhones.

  • Speaker #0

    Une blague de merde ou rigoler.

  • Speaker #1

    Exactement. Par exemple, se marier au début d'un podcast pendant 50 minutes parce qu'on n'arrive pas à démarrer le podcast. Petite private joke pour les auditeurs et auditeuses.

  • Speaker #0

    Pour les gens qui nous écoutent, on a mis à peu près 15-20 minutes à commencer parce qu'on a déjeuné ensemble avec Arthur avant. On a parlé de plein de choses, mais je pense qu'on avait beaucoup rigolé et on a continué dans cette dynamique.

  • Speaker #1

    Mais c'est bon de rire, on en a tellement besoin, ça vaut plus cher que tout ça.

  • Speaker #0

    Et on n'arrive plus à s'arrêter. On n'arrive plus à s'arrêter,

  • Speaker #1

    c'était bien, franchement, ça c'était du bonheur. C'est clair.

  • Speaker #0

    Pour continuer, justement, il y a quelque chose qui m'intrigue chez toi, c'est que tu es quelqu'un d'engagé, tu as quand même une belle expérience. Aujourd'hui, malheureusement, il y a un vrai problème au niveau planète, climatique. est-ce que t'as déjà songé à la politique ?

  • Speaker #1

    Mon père et mère C'est extrêmement chelou. Mais d'un petit village, le fameux village où j'ai grandi, donc 200 habitants. Ce qui n'est pas du tout un truc, je pense, c'est une expérience politique parmi d'autres. Mais ça pourrait être intéressant, mais en fait, dans ce monde-là, j'aimerais pas du tout faire de la politique à grande échelle parce qu'on haine aux politiques en France. Vraiment, on a une culture de la politique, je trouve ça pas intéressant. évidemment qu'on n'aura que des politiques véreux qu'on n'aura que des politiciens qui sont ceux qui ont réussi à tenir la haine globale qu'on a envers les politiques je trouve que c'est assez dingue mais dès que quelqu'un met l'étiquette politique il a beau être aimé avant tout à coup tout le monde le hait et en fait tout de suite on associe un mec qui fait de la politique à un mec en quête de pouvoir un mec qui pense qu'à ses intérêts qui est égoïste et il faut peut-être aussi qu'on s'interroge sur nous en France en tout cas c'est pas normal enfin Il faut aussi qu'on se dise qu'il y a des gens qui vont en politique parce qu'ils ont envie de contribuer au bien commun. Des gens qui pourraient gagner plein d'argent ailleurs et qui se disent, non, je vais aller faire... Certes, t'es bien payé quand tu fais de la politique à haut niveau, mais on parle de gens qui pourraient gagner des centaines de millions et qui choisissent d'aller gagner 15 000 balles par mois. C'est énorme, j'ai pas de sujet, mais simplement pour se rendre compte... Enfin, à part tant qu'on sera dans cette mécanique-là et tant qu'on verra nos politiques de cette façon, mais qui, honnêtement, peut avoir envie d'aller faire de la politique à part, justement... des types qui vont faire passer leurs intérêts avant et qui s'en foutent d'être détestés. Tu vois, moi, je serais incapable de porter la responsabilité d'être haï par autant de gens. Tout ce que tu fais, tu te fais défoncer, quoi. Je veux dire, il faut aussi qu'on puisse accepter qu'on élit des gens et après, il faut les laisser essayer de faire le projet pour lequel ils ont été élus. S'ils ne font pas leur projet, oui, il faut les défoncer. Mais par contre, je veux dire, juste parce que quelqu'un est un politicien, je trouve que c'est assez triste le regard qu'on a sur la politique aujourd'hui en France.

  • Speaker #0

    Et est-ce que tu penses, alors moi je suis assez d'accord avec toi, que malheureusement on met un peu tout le monde dans le même panier, on a tendance à détester les politiques alors que pour en croiser certains, il y en a qui font ça avec cœur et conviction.

  • Speaker #1

    Oui, puis c'est facile, ça fait un bouc émissaire, oui, quand nos politiques feront des trucs, le monde ira mieux. Mais les gars,

  • Speaker #0

    ces gens-là,

  • Speaker #1

    c'est des humains, il faut qu'on le fasse ensemble, il faut qu'on leur montre qu'il y a d'autres voies possibles pour qu'ils puissent s'appuyer dessus aussi. Pourquoi on est toujours en colère ? Je suis désolé, je te coupe, mais contre nos politiques, c'est parce qu'on croit que c'est eux qui vont trouver et mettre en place les solutions. Mais c'est faux, ce n'est pas comme ça que marche le monde politique. Le monde politique cherche des relais dans la société civile, des appuis, des expériences qui ont été menées. Et tu vois, tous les mecs qui arrivent au bout de la réflexion, et c'est trop intéressant, même Jean Covici en parlait l'autre jour, ils te disent en fait, la meilleure manière de faire de la politique, c'est de faire des expériences différentes dans le monde réel. Et c'est pour ça qu'on fait Team Forte Planète aussi, pour que les politiques puissent dire, regardez, d'autres choses existent.

  • Speaker #0

    Et se font porter à leur connaissance.

  • Speaker #1

    Et pouvoir en faire quelque chose ensuite. Mais ce n'est pas aux politiques de trouver nos solutions. Ils ne peuvent pas. En fait, le modèle de société dans lequel on évolue est... tellement complexe, il y a tellement d'injonctions contradictoires, il y a tellement de complexité, et c'est franchement, on leur demande d'être des surhommes. Moi, j'ai côtoyé beaucoup de, enfin, beaucoup, quelques ministres. C'est pas possible, en fait. Ils ne peuvent pas, en plus, être créés, inventer les choses. Donc, il faut qu'on arrête de mettre toute la responsabilité aussi sur ces gens. Il faut qu'on se dise, c'est du collectif, c'est une part de société civile, via les entreprises, via ce qu'on fait en tant que citoyen. Et ensuite, il faut pousser ça aux politiques. Et bien sûr que tous les politiques ne sont pas... des enfants de chœur et des héros, mais je pense qu'une des grandes raisons pour laquelle nos politiques sont rarement des gens dont on est satisfait, c'est justement qu'on crée un cadre de société qui ne pousse que les plus menteurs, que les plus perfides à aller au bout du truc, quoi.

  • Speaker #0

    Ok, et donc en 2025, si Emmanuel Macron t'appelle et cherche un nouveau ministre de l'écologie ?

  • Speaker #1

    On n'a pas la force, et en plus le cadre dans lequel ça fonctionne aujourd'hui, c'est... je pense que ça ne me permettrait pas de faire ce que je veux faire. Malgré tes convictions. De quoi ?

  • Speaker #0

    Malgré tes convictions.

  • Speaker #1

    Malgré mes convictions, je pense que je suis plus utile à faire des expériences comme celles qu'on est en train de faire aujourd'hui, à dire, regardez, d'autres modèles d'affaires sont possibles. Regardez, l'entreprise, ça peut être autre chose. Regardez, Margaret Thatcher avait tort quand elle disait There is no alternative Tu vois, je pense que ça, c'est un truc d'ailleurs, tu vois, on rencontre plusieurs fois Christophe Béchus en ce moment. Tu vois, il va pouvoir s'appuyer là-dessus et justement prouver qu'il y a d'autres choses. Mais en fait, vraiment. La plupart des gens qui ont réfléchi à la question, ils te disent que la meilleure façon de faire avancer le monde en politique, ce n'est pas d'aller en politique, c'est de donner aux politiques des expériences de pensée différentes ou des expériences de terrain qui prouvent que d'autres choses sont possibles.

  • Speaker #0

    Écoute, c'est super intéressant. On est sur la fin de ce podcast. J'ai des questions un peu plus légères, on va dire, à te poser.

  • Speaker #1

    On va pouvoir se marrer ou pas ?

  • Speaker #0

    On va pouvoir avoir le droit de rigoler. Alors, une question que j'aime bien poser. Qu'est-ce que tu as fait de plus audacieux dans ta vie ? Pas forcément dans ta vie pro.

  • Speaker #1

    Oui, oui. Alors, j'essaie de réfléchir large. Bon, j'ai fait plusieurs trucs que j'ai trouvé audacieux, en tout cas très sympa. J'ai fait l'ascension du Mont Blanc, j'ai été plongé avec des requins, avec Camille Etienne, pour apprendre que les requins ne sont pas des super monstres sanguinaires qui ne pensent qu'à nous bouffer. J'étais pas bien, franchement c'était flippant, vraiment. C'était genre à 40 minutes de bateau des côtes espagnoles, où il y a 800 mètres de fond et où tu vois le soleil disparaître comme ça et ça devient tout noir. Et les requins ils nagent à 70 km heure. Et ils passent comme ça et on te dit saute ! Je te dirais que c'est audacieux, le moment où tu sautes. Franchement, tu as une part de toi qui te dit je me suicide Mais peut-être que j'aimerais revenir à des trucs...

  • Speaker #0

    moins spectaculaires et qui sont finalement très audacieux. Ça peut paraître anecdotique, mais en vrai, pour moi, c'est le truc le plus audacieux que j'ai fait, en tout cas, ces dernières années. C'est partir vivre seul à la montagne, tout seul, en ne connaissant personne dans un endroit parce que je me disais, j'ai besoin d'habiter dans ces endroits. C'est des endroits magnifiques, c'est là que je me sens bien, c'est là que je sens que je suis fondamentalement aligné et heureux. Tout devrait me faire vivre à Paris ou dans une ville, mais tout, parce que... le nombre de rendez-vous que je me tape, je fais trois jours par semaine à Paris, j'ai quatre heures et demie de trajet à chaque fois en train pour pouvoir aller chez moi, c'est fatigant. Et je ne connaissais personne, je n'avais aucun ami là-bas, tous mes amis sont loin de cet endroit. Mais quand j'ai découvert cet endroit, j'ai dit, c'est ici que je veux habiter et j'y suis allé. Et j'ai refait tout mon réseau d'amis là-bas. Évidemment, je n'ai pas arrêté de voir mes autres amis, mais j'ai refait un réseau d'amis là-bas. Je me suis vraiment... Et j'ai eu raison. En fait, ça a été comme un coup de cœur amoureux. j'ai senti que c'était là qu'il fallait que j'habite. Et mon rationnel me disait, pour mille milliards de raisons, qu'il ne fallait pas que j'y aille parce que ce n'était pas une bonne idée. Et j'ai dit non, un peu d'audace, si je meurs demain, je veux y avoir vécu dans cet endroit.

  • Speaker #1

    J'ai lu en préparant que tu as participé à l'anniversaire de Snoop Dogg. Pour ceux qui nous écoutent et qui ne connaissent pas Snoop Dogg, Snoop Dogg, c'est un des plus gros rappeurs américains. C'est quoi cette histoire ?

  • Speaker #0

    Bah c'était avec Thriller, c'est le genre de truc qu'on faisait, on emmenait des influenceurs à Los Angeles, on leur faisait faire des featuring avec d'autres gros influenceurs, jusqu'à être dans des soirées de ma boule quoi. Et donc il y avait Snoop Dogg qui était investisseur dans Thriller, qui avait fait une soirée privée un jour où on était à Los Angeles pendant une semaine, et du coup il a organisé une soirée où il y avait 40 personnes quoi. Et on a été invité, et du coup on était dans la soirée privée avec Snoop Dogg, qui faisait des petits mucs et puis qui se baladait, et c'était un peu un autre monde quoi tu vois. Mais finalement ça reste comme un humain quoi. Alors ça ressemble quand même à un truc particulier parce que t'avais des bars à weed partout, avec des hôtesses qui étaient chacune de chaque pays d'où venait la weed, et qui du coup te mettaient de la weed dans des trucs. Enfin bref, c'était... Bon, Snoop Dogg quoi ! Que te dire d'autre ?

  • Speaker #1

    Ok, écoute, c'est une anecdote très marrante.

  • Speaker #0

    Mais tu vois, je trouve ça moins stylé honnêtement, de me perdre tout seul au milieu d'une tombée de neige en haut au plateau du Jura. et de croiser un sanglier qui court avec moi sur 50 mètres sur la piste, comme ça m'est déjà arrivé.

  • Speaker #1

    Bien sûr, en termes de souvenirs, au bout du bout de ta vie, qu'est-ce qui te suivra ?

  • Speaker #0

    Ah, je viens de penser au truc le plus audacieux que j'ai fait, pardon. Je peux recourser avec lui ou pas ? Allez. En fait, je n'osais pas aller skier la nuit, parce que c'est méga dangereux. En fait, en ski de fond, si tu te boites, il fait moins 10 degrés, tu es à 10 kilomètres de ta bagnole, qui est le même, et tu es à 10 kilomètres d'un village, tu n'as pas de réseau, personne ne t'entendra. En plus, il y a des meutes de loups dans le Jura, alors ils n'attaquent pas les humains, je ne veux pas laisser croire ça. Mais enfin, si t'es par terre avec une jambe pétée, potentiellement quand même que tu deviens un truc un peu facile. Et en fait, comme je finissais le tard le taf à chaque fois, j'osais pas y aller la nuit. Et un jour, j'ai dit, allez mec, faut y aller, faut se confronter, faut réapprendre à être vulnérable, justement. C'est ce que j'ai vécu avec les requins. Mais là, en skiant la nuit, je me suis remis à skier tout seul la nuit. J'allais faire du ski de fond, pas la nuit à 3h du mat, mais tu vois, à 21h, il fait nuit noire en fait, à 21h en hiver. Et c'est des souvenirs de ma boule. Parce qu'en fait, au début, tu te dis, il y a un truc qui court derrière moi, toutes les deux secondes, tu as l'impression que ton cerveau te joue des tours. Et puis au bout d'un moment, tu te dis, mais en fait, lâche prise, parce que de toute façon, s'il y a un truc qui court derrière toi, tu ne pourras rien faire. Donc à quoi ça sert de t'en occuper ? Et tout à coup, tu laisses tout le reste, tu laisses tes craintes, tu laisses tes peurs, et il n'y a plus que le beau. Et là, tu as un planétarium au-dessus de toi, d'étoiles, comme rarement j'en ai vu. Tu respires un air qui est hyper pur. T'as aucun bruit. T'as une petite chouette de temps en temps. T'es dans une forêt magnifique, éclairée par la lune. Et franchement, ça te fait chialer, quoi. Et tu t'abandonnes et tu te dis tant pis que je sois vulnérable. Et peut-être que oui, il y a des risques. Et peut-être que peut-être... Et tu lâches les scies. Et tu dis mais on s'en fout des scies, là. Si je suis vivant encore 10 secondes, eh ben je veux vraiment les vivre ces 10 secondes. Et ça, je crois que ça a changé beaucoup de choses en moi.

  • Speaker #1

    Merci pour ce moment, c'est assez touchant. On va revenir à une autre question, un peu plus dans le réel. Enfin, en fait, pas vraiment dans le réel. Quand je tape Arthur Obeuf sur Google, tu sais, Google te propose plusieurs suggestions. Google me propose Arthur Obeuf plus fortune, après Arthur Obeuf plus livre, Arthur Obeuf plus copine. Est-ce que tu as envie de réagir sur un des trois ou les trois ?

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a un S à copine ? Non, je rigole. Non, remarque déplacée. Est-ce que tu es accompagné dans la vie ? Oui, j'ai une copine. dont je suis très amoureux et que je trouve incroyable, qui est entrepreneur, mais qui fait aussi des contenus sur Internet, des vidéos et qui est brillante, qui fait beaucoup de sport, qui adore la nature comme moi et avec qui on a une légèreté de relation qui est assez géniale parce qu'on se permet plein de choses dans le sens où, justement, pour nous, l'amour, le vrai amour, c'est justement d'avoir... La liberté et de ne pas être renfermé dans une relation avec trop de contraintes. Et tu vois, c'est marrant, ça veut quand même dire beaucoup de choses sur le fonctionnement de nos sociétés. Je ne sais pas comment ça marche l'algorithme de Google et comment ça propose des trucs, mais fortune, tu vois, avec toutes les valeurs que j'essaie de défendre, je trouve ça chelou que les gens s'intéressent à ça. Et en même temps, peut-être qu'en m'écoutant dire ça, ils se disent Ouais, ouais, on va voir combien il a pris avec sa vente. J'ai pris 300 000 balles, voilà. Comme ça, tout le monde sait ma fortune délirante. Et puis après, euh... livre parce que je vais sortir un livre qui s'appelle Et si le futur faisait envie ? qui va sortir le 28 août. Donc, c'est encore pas tout de suite. C'est bien que les recherches Google soient déjà lancées là-dessus. Et en même temps, je me dis combien de livres ont dû être non achetés à cause de cette connerie. Mais bon, et du coup, le principe c'est de montrer que quand tu te déconstruis justement, quand tu réapprends le bonheur qui n'est pas commercial, que tu re-regardes le bonheur autrement, de manière simple, il se passe un truc génialissime. C'est que 1, t'es heureux, et 2, t'es écolo. Parce qu'en fait, ça fait carrément baisser ton empreinte sur la planète et t'as jamais cherché à être écolo. C'est pour ça que j'aime bien dire, ne cherchez pas à être écolo, cherchez à être heureux. Mais le vrai heureux, le vrai bonheur, pas le bonheur commercial, pas le bonheur plastique qu'on nous fout dans la tête toute la journée en nous faisant croire que c'est ça qui va nous rendre heureux. Et du coup, voilà pourquoi il y a ce truc de livre.

  • Speaker #1

    Ok, écoute, merci beaucoup pour toutes tes réponses, ta transparence. On arrive vraiment à la fin du podcast. La dernière question qu'on pose toujours, c'est qu'est-ce qu'on peut te souhaiter ? Euh...

  • Speaker #0

    Franchement, vraiment, mon rêve, ce serait qu'on arrive à vieillir tous là, dans un monde où l'humanité est passée de vulgaire exploitant de la Terre à gardien de la Terre. Moi, si je vieillis et que je meurs dans un monde qui a réussi ce switch, ce sera un tel délice, ce sera un tel bonheur, ce sera une telle concrétisation. Il n'y a rien de plus beau pour moi.

  • Speaker #1

    Ok, gardien de la Terre. Merci beaucoup, Arthur.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup d'avoir écouté les sages. Vous êtes de plus en plus à nous écouter pour cette première saison. C'est vraiment très encourageant pour toute l'équipe. Alors encore une fois, un grand merci. Vous avez le pouvoir de donner de la force à ce podcast avec juste une minute de votre temps. C'est simple, si vous êtes sur Spotify ou Apple Podcast, vous avez juste à vous abonner et mettre 5 étoiles. Un grand merci et à bientôt.

Description

Pour cet épisode, nous recevons Arthur Auboeuf, l'un des leaders d'opinion sur la cause environnementale et co-fondateur de Team For The Planet.


Arthur Auboeuf a un parcours d'exception :


  • À 17 ans, durant ses études de STAPS, il commence à créer des communautés en ligne sur Facebook, qui atteignent des millions d'abonnés, en particulier "Nuit Sans Folie" qui sera la plus connue. Il devient expert des communautés et, dans la continuité, crée Kinky, une application de jeu d'alcool coquin. Il crée une autre application appelée Whosup, qui lui permettra encore d'apprendre.

  • Avec 4 co-fondateurs, il crée Team For The Planet, qui se veut être le plus grand mouvement citoyen qui tente un nouveau modèle d'affaire, en investissant dans des entreprises qui décarbonent la planète et distribuent des "dividendes climats" .


  • Arthur, au-delà de ses aventures, est un jeune homme d'une maturité exceptionnelle, qui porte une vision positive du monde de demain autour du bonheur et de la préservation de la planète.


Dans ce septième épisode, nous avons parlé de crédit vie, de la puissance de la nature, de Snoop Dogg, des réseaux sociaux, de l'enfance d'Arthur dans les montagnes, du modèle d'affaire de Team For The Planet, des addictologues, de son rapport à l'argent, de son refus d'un salaire à 5 chiffres pour suivre son chemin !


Bon voyage avec les Sages ! 


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les sages, c'est avant tout une histoire personnelle. Je m'appelle Nicolas Jeanne et j'entreprends depuis que j'ai 19 ans. Sur ce chemin, j'ai eu la chance d'en rencontrer des personnes que j'appelle les sages. Vous savez, ce sont ceux qui, d'un conseil bienveillant, peuvent changer votre journée, votre projet, votre vie. Souvent des personnes avec qui il y a un avant et un après. A mes yeux, ce sont des leaders authentiques mais surtout des leaders humanistes. Et ça, c'est important pour moi. Ceux qui vont vous faire grandir sans s'en rendre compte. Plus que n'importe quel livre ou cours, des témoignages qui viennent du cœur et de la réalité. Et surtout du cœur. Aujourd'hui, je vous propose de partir à leur rencontre, dans un format inédit, de négocier avec eux. Un format où l'on se dira tout, naturellement, et aucune question ou anecdote sera interdite. Ça, vous avez ma parole. Un format axé sur leur activité, bien sûr, mais qui, évidemment, dérivera vers la vie, la société et les émotions. Mon but, c'est clairement de mettre en valeur l'aspect humain de ces personnalités qui me paraissent exceptionnelles, et de casser la carapace. Casser la carapace, vous vous sentez, c'est pas un mot par hasard. Pourquoi ? Parce que je pense que ça va vous permettre d'apprendre sur les plus grands leaders et leaderes qui ont bâti et bâtissent la société. La France est une terre bourrée de talents et de leaders et nous allons en leur rencontre. Bon voyage avec les sages.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui nous recevons Arthur Obeuf. Arthur est l'un des cofondateurs de Team for the Planet et l'image du mouvement. Mais Arthur c'est aussi et surtout un gars qui a fait son propre chemin avec des hauts et des bas, qu'il a su transformer pour devenir à seulement 30 ans l'un des leaders d'opinion français de la cause environnementale. Ce que j'aime particulièrement chez Arthur, c'est sa cohérence entre ce qu'il dit et ce qu'il fait. Dans cet épisode, nous avons évidemment parlé de quête de sens et d'émerveillement, et sommes revenus sur l'enfance d'Arthur qui l'a construit. Allez, on y va avec Arthur. Bonjour Arthur, merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation pour les Sages. Comment tu vas ?

  • Speaker #2

    Écoute, nickel, j'espère que toi aussi, et bonjour à toutes et tous qui vont nous écouter.

  • Speaker #1

    Écoute, je fais bien, je te remercie. Est-ce que je peux te demander pour commencer de te présenter en quelques phrases ?

  • Speaker #2

    Bah écoute, j'aime bien me présenter comme un humain positif. amoureux de nature, vraiment. J'ai conscientisé que c'était vraiment ma raison d'être. Sportif, ça fait partie aussi du CV. J'aime bien la musique, je fais de la batterie. Alors on pourra jauger si c'est vraiment de la musique ou pas. Et puis entrepreneur depuis maintenant une bonne dizaine d'années, passionné. Ok,

  • Speaker #1

    super. Et donc si on revient un peu sur ton enfance, t'es né dans l'Inde, c'est ça ?

  • Speaker #2

    Exactement. D'ailleurs, les gens font souvent la confusion avec le Jura parce que je viens du Haut-Buget. C'est là où il y a les plus hauts sommets du Jura. Mais c'est dans l'Inde. Tu vois les mecs qui ont fait... Les cartes, je ne sais pas, ils avaient pris un petit Ricard, un petit truc.

  • Speaker #1

    Donc, tu es né dans l'Inde. Est-ce que tu peux nous raconter un petit peu comment s'est passé ton enfance ? Moi, j'ai lu que tu avais eu une enfance assez heureuse.

  • Speaker #2

    Carrément, c'est vrai que j'ai eu cette chance. J'ai deux parents enseignants qui m'ont toujours orienté vers la curiosité, la réflexion, l'introspection aussi. Et là où j'ai grandi, c'est vraiment hyper sauvage. C'est vraiment un village de 200 habitants au milieu des forêts. dans des endroits trop beaux où toute ma jeunesse, on allait faire du ski de fond l'hiver, du VTT pendant l'été, de la course à pied, du trail. Bref, tout ça, ça m'a quand même permis d'être heureux avec des choses très simples et d'apprendre le bonheur simplement. Et je pense qu'avec le recul, je me rends compte à quel point c'était un luxe et à quel point c'était une chance de vivre dans cet environnement. Et puis, j'ai deux parents enseignants qui m'ont beaucoup invité à être curieux, à m'intéresser au monde, à m'émerveiller. Et ça aussi, ça a fait une grosse diff, je pense. pour me permettre d'être bien et d'être heureux justement.

  • Speaker #1

    Écoute, c'est super intéressant. Tu as été très sportif dès ton jeune âge. Et donc, tu disais que tu avais deux parents enseignants. Ça veut dire que quand tu étais petit, tu lisais déjà beaucoup ?

  • Speaker #2

    Oui, je lisais pas mal. J'avais même un peu envie d'être écrivain quand j'étais petit. Au tout début, quand j'étais vraiment très jeune, j'écrivais, je me rappelle, j'avais écrit un livre qui s'appelait Le monstre de la forêt. Voilà, gros spoiler, mais c'est juste pour qu'on se rende compte à quel point la forêt était ma vie. Tu vois, j'avais peut-être 8 ans quand j'ai écrit ça. Et... Plus tard, après, j'avais vraiment... J'étais pas très bon en écriture. Moi, je suis le pire en orthographe. À la base, j'avais zéro en dictée, à toutes les dictées. Mais je pense que cet environnement m'a créé une imagination plus fertile que la moyenne. Et c'est aussi là-dessus que je me repose encore aujourd'hui. Je pense que ça aide beaucoup de s'intéresser au vivant, de s'intéresser à la vie dans son ensemble, et pas juste d'être dans le système humain. Parce que je trouve que quand t'apprends à aimer le système, c'est ce qu'on fait tous, en fait, tu passes à côté de 99% du monde, du vrai monde. Et quand tu t'intéresses... plus largement aux vivants. C'est hyper fascinant et ça développe énormément l'imaginaire chez les enfants et chez les adultes. Je pense que moi, je ne m'en suis pas rendu compte, mais grandir dans la campagne et passer beaucoup de temps dans une nature sauvage et riche, parce qu'il y a beaucoup d'endroits qui sont à la campagne et qui malheureusement sont pauvres en termes de nature, de biotope. Je pense que c'est un luxe de dingue aujourd'hui et encore plus en 2024.

  • Speaker #1

    C'est ce qui t'a vraiment apporté une conscience de la nature et une créativité aussi que tu utilises aujourd'hui.

  • Speaker #2

    Oui, mais je ne me rendais pas forcément compte de... de la valeur que ça avait, parce que tu sais, moi, quand tu grandis là-dedans, tu ne sais pas à quoi ressemble le monde autour, et tu as l'impression que partout c'est foisonnant, que partout c'est préservé. Chez moi, tu peux faire des heures et des heures de vélo dans la forêt, et tu ne croises pas une baraque, quoi. Donc c'est assez chouette.

  • Speaker #1

    J'ai lu aussi, quand tu étais jeune, donc tu étais assez proche de la nature, et du coup, une de tes passe-temps, c'était un passe-temps un peu atypique, on dira, que tu passais parfois du temps à creuser des mares pour voir la nature qui s'est développée à l'intérieur.

  • Speaker #2

    Oui, j'adorais faire des cascades, j'adorais faire des petites sources partout et des mares. Donc je ne sais pas comment mes parents ne m'ont pas enterré dedans, parce que j'en ai fait plusieurs dans le jardin derrière chez eux. Des fois, ils rentraient et puis il y avait un trou d'un mètre de profondeur dans le jardin, parce que juste, j'étais parti dans mon délire de faire une mare. Et en fait, c'est parce que j'étais tout le temps fasciné par tous les écosystèmes, par tout le vivant autour des mares. C'est incroyable, c'est vraiment là où tu as le plus de richesses, de biodiversité, où tu as plein d'oiseaux différents. Tu as des libellules, tu as plein de sortes de libellules, tu as des plantes, tu as tout. type de plantes. C'est vraiment une explosion de richesse naturelle, ce genre de zone, et du coup, moi, c'est ce qui me plaisait particulièrement quand j'étais jeune. Et donc, oui, c'est un passe-temps qui peut paraître bizarre et décalé aujourd'hui, mais en fait, je pense que c'est le passe-temps le plus sain que j'ai jamais eu de ma vie, de m'intéresser aux vivants, d'avoir les mains dans la terre, de connaître les différentes espèces. Tu vois, à l'époque, je me rappelle, mes amis, ils trouvaient ça, ils disaient, nous, ça ne nous intéresse pas du tout, quoi. Eux, ils allaient faire du vélo, ils allaient... Mais en fait, j'étais vraiment dans mon passe-temps, et j'adorais ça, j'avais pas besoin d'être avec des gens, parce que c'est... tellement incroyable. C'est génial en fait. T'es forcément hyper curieux et quand tu t'intéresses à tout ça, t'es d'autant plus curieux. Et je pense que ça a vraiment participé à mon ADN aujourd'hui et à qui je suis. Mais je m'en rendais pas compte et jamais j'aurais imaginé que ça, c'était important. Tu sais, c'était dans une époque où quand t'étais petit, on te parlait que de... Il commençait à y avoir la révolution un peu digitale, Internet qui explosait et tout. Et en fait, c'était ça qui passionnait tous les jeunes et on se disait tous, putain, ça c'est les futurs métiers, c'est ça le futur, machin. Et en fait, moi, je me disais peut-être que je suis un peu, tu vois, sur des trucs pas intéressants ou ringards. Mais en fait, c'est ça qui me faisait vibrer. Et je pense qu'aujourd'hui, tu vois, c'est marrant, mais il y a un peu ce retour. En fait, le vivant, c'est 4 milliards d'années de R&D. Donc, on va difficilement faire mieux. Et en fait, c'est là qu'on a tout à apprendre et qu'il faut qu'on s'inspire justement de ce vivant qui est fascinant, qui est résilient, qui est capable de faire plein de trucs.

  • Speaker #1

    Ok, donc tu étais vraiment passionné de sport, de la nature, etc. Et donc tu étais aussi à l'école. Est-ce que tu étais scolaire quand tu étais plus jeune ?

  • Speaker #2

    Écoute, je n'ai jamais été très bon à l'école, honnêtement. Franchement, ça ne me passionnait pas trop. Je n'arrivais pas à vraiment m'y plaire. J'ai mis longtemps, par contre, je n'avais pas trop un esprit rebelle. J'étais bien conformé en tant que fils d'enseignant. Je n'imaginais pas que j'allais me barrer de l'école ou quoi. C'était impossible pour moi. Il fallait faire l'école, c'était important. Mais avec le recul, je me rends compte que je n'étais pas très bon et que je n'avais pas le même mode de penser que la plupart des gens. Et ça, ça m'a toujours handicapé. Je me rappelle plein de fois, dans plein de consignes, quand on me demandait, par exemple, il y avait des consignes particulières. Et à chaque fois, je pensais assez rapidement à la réponse et je me disais, mais non, mais ça, c'est un piège. Ça ne peut pas être ça, la réponse. C'est plus subtil, machin. Et j'allais chercher ces trucs torturés. Et en fait, les enseignants me disaient, non, non, la réponse était tout bête. Comment tu es allé chercher un truc aussi chelou ? Ça m'est arrivé plein de fois. Du coup, je me suis toujours dit que j'avais une pensée un peu différemment construite, je pense, de la plupart des gens. Je ne sais pas pourquoi, mais j'allais chercher un truc plus lointain à chaque fois, alors que des fois, c'était son autre nez.

  • Speaker #1

    Donc, une certaine profondeur d'esprit ?

  • Speaker #2

    Je ne sais pas. Peut-être à l'inverse, un esprit trop court. Franchement, je le dis, ce n'est pas de la fausse modestie, parce que parfois, je me rends compte que pour se lancer dans l'entrepreneuriat, il ne faut justement pas être... être trop dans l'hyper-réflexion. Il faut être plutôt dans l'action, il faut plutôt tenter des choses. Et si t'es trop intellectuel, tu te lances jamais, tu fais jamais rien, en fait.

  • Speaker #1

    Donc là, on a parlé un peu de ton enfance. Si on fait un petit bond en avant, donc t'as ton bac.

  • Speaker #2

    Bon, bon, à l'avant, là,

  • Speaker #1

    ouais. T'as fait quoi comme bac ?

  • Speaker #2

    J'ai fait un bac S. J'ai eu un bac S avec mention assez bien. J'ai sauvé les maths in extremis parce que j'étais très, très mauvais en maths. Pourtant, tu vois, c'est intéressant parce que... Je pense que j'ai un imaginaire très développé. J'ai toujours eu, j'étais souvent récompensé à l'école, tu vois, typiquement quand il fallait faire, je me rappelle au collège, des écrits d'invention ou des trucs, ils étaient affichés dans la salle des profs pendant un an, des fois, mes écrits, parce que je partais dans des trucs un peu délires et tout, ça les faisait rire. Et les maths, qui est pourtant un truc à manipuler de l'imaginaire, j'arrivais pas du tout à comprendre ce trip. En fait, ce qui m'embêtait, c'était toutes ces règles. Je comprenais pas pourquoi il fallait se cantonner à une règle alors qu'on était en train de manipuler de l'imaginaire. Donc dans l'imaginaire, il ne faut pas qu'il y ait de règles, il faut enlever les cadres. C'est ça qui me... Mais bon, évidemment, tu ne peux pas formuler ça quand tu es jeune, tu ne t'en rends pas compte. Mais je ne comprenais pas, je disais, mais pourquoi il y a une règle alors qu'on est en train de manipuler un truc qui n'existe pas ? Et ça m'énervait. Et du coup, j'avais toujours deux en maths. Et mes profs de maths ne pouvaient pas me blairer. Et au bac, j'ai un peu fait l'effort, j'ai eu neuf. Neuf en maths.

  • Speaker #1

    Et du coup, j'ai eu mon bac avec...

  • Speaker #2

    J'ai eu 12,5. Du coup, j'ai eu mon bac avec une mention assez bien.

  • Speaker #1

    Et en sortant du bac, du coup, qu'est-ce que tu voulais faire ?

  • Speaker #2

    En fait, je ne savais pas du tout. À la base, je voulais être paysagiste parce que j'adorais faire mes mars. Et en fait, on ne te dit pas soit deviens paysagiste vraiment. Dans une famille de classe moyenne, on va dire, on te dit non, vise un peu plus haut que paysagiste. sans mépris aucun de la part de mes parents, mais juste ils disaient tu veux refrapper l'isagiste après si tu veux, mais peut-être tu peux faire un truc au moins des études pour te permettre d'autres trucs et du coup tout le monde me disait bah essaye peut-être une petite prépa ou un truc ça pourrait passer machin t'as un bac s ou au moins un DUT et en fait moi je savais pas du tout ce que je voulais faire dans ma vie de manière générale et c'est une des premières fois où je me suis vraiment posé avec moi même en me disant bah en fait moi j'aime bien le sport donc pour l'instant je vais faire du sport et donc j'ai mis un seul vœu qui était fac de sport Et ça a fait criser tout le monde, je me rappelle. Et en fait, c'était une des meilleures, enfin je pense que c'était la meilleure décision de ma vie. Donc la première fois que je me suis vraiment écouté, ça a créé une cascade de conséquences positives pour moi, mais assez dingue.

  • Speaker #1

    Donc tu as choisi ta première passion, pour laquelle tu pouvais en faire ton métier.

  • Speaker #2

    En fait, ce n'était pas tant ma passion le sport, c'était que quand tu es tout le temps dans la nature, tu fais du sport tout le temps. Parce que tu fais de la rando, parce que tu fais plein de trucs, tu es tout le temps en train de te déplacer, tu vas loin, machin. Et en fait, c'est en extérieur... C'est quasiment que du sport quand t'es vraiment... Parce qu'il y a du dénivelé, machin.

  • Speaker #1

    Rien que le fait de marcher.

  • Speaker #2

    Ouais, mais marcher, si tu vas sur les craies du Jura, tu marches, quoi, tu marches bien. Et du coup, ouais, j'étais pas passionné sport. Je pense vraiment à chaque fois, je reviens à une passion pour la nature, quoi. Et bon, voilà, là, je me suis dit, le sport, ça me plaît quand même bien, il y a des belles valeurs, je vais aller de ce côté-là.

  • Speaker #1

    Ok, donc là, on est en 2011, donc t'as 17 ans, c'est ça ?

  • Speaker #2

    Ouais, j'ai 17 ans, je suis né en décembre, du coup, je rentrais à la fac à 17 ans et j'ai eu 18 en décembre.

  • Speaker #1

    Et donc tu rentres, tu fais Staps, et comment ça se passe ?

  • Speaker #2

    Écoute, Staps, déjà c'est incroyable parce que je sors de mon bac S où je suis dans les moins bons de ma classe, et là je suis dans les majors promo, et j'ai rien fait, j'ai rien changé. Je me suis rendu compte que je n'étais pas si peu scolaire, c'est simplement qu'il y avait des endroits où j'étais moins bon que d'autres, et quand tu es dans un truc qui te plaît et qui te parle, déjà tu deviens bon. Donc ça c'est génial, parce qu'en fait ça n'existe pas de dire quelqu'un est scolaire ou n'est pas scolaire, c'est juste quelqu'un est passionné, quelqu'un... un écho avec ce qu'il est en train de... De quoi ?

  • Speaker #1

    Et au bon endroit.

  • Speaker #2

    Ouais, c'est ça, et au bon endroit, et aligné, et les sujets le touchent. Parce qu'en fait, quand t'es pas intéressé, c'est pas que t'es pas scolaire si t'es mauvais. C'est juste que tu peux pas devenir bon dans un truc qui t'intéresse pas. Donc c'est un vrai sujet, et c'est pour ça que c'est important aussi que les enfants puissent choisir vraiment ce qu'ils aiment, parce qu'on est forcément bon dans ce qu'on aime. C'est génial. Y'a pas de gens plus bêtes que d'autres. Y'a pas de gens qui sont plus talentueux que d'autres. Enfin, moi je ne crois vraiment pas à ça. Bien sûr, quand tu travailles un truc, après, tu deviens meilleur parce que tu élargis ton champ de réflexion, tu commences à avoir une pensée plus constellaire parce que tu peux faire des liens entre différents champs de discipline. Mais c'est assez fou de se dire que le talent, en fait, c'est d'abord l'amour, tu vois. Et c'est quand on aime un truc qu'on est bon. Bon, bref. Et du coup, fac de sport, il se passe un petit miracle. C'est que déjà, je me retrouve facile. Et le deuxième miracle, c'est que quand tu es facile en fac de sport, en tout cas à l'époque, eh bien, tu réussis tes partiels du premier coup. Et... Il y a les rattrapages après pour les autres, sauf que ça laisse des vacances énormes pour ceux qui ont réussi du premier coup. Et donc, je me retrouve avec six mois de vacances par an, six mois et demi de vacances par an même. Donc, complètement dingue. Et c'est là que j'ai commencé à créer d'autres choses. J'aimais déjà essayer d'inventer des trucs. Je te dis, j'ai toujours été curieux. Tu vois, quand je faisais une cabane chez moi, il fallait que le porte-manteau, tu mettes ta veste et avec le poids de la veste, hop, je faisais des trucs avec des poulies. Ça remontait le machin, comme ça, il ne gênait plus dans la cabane. Ça, ça me faisait triper. J'ai toujours adoré faire ça. Et là, en fac de sport, j'ai découvert aussi le digital vraiment. J'avais Facebook, qui était le réseau social de l'époque, mais je l'avais installé assez tard. Moi, j'ai eu un portable en seconde. J'ai été très préservé de l'euphorie digitale. Je pense que j'ai installé Facebook, j'avais 14-15 ans. Donc du coup, je n'avais jamais eu de réseau social avant. Donc ça a été une découverte pour moi. Et là, comme quand tu vas un peu mettre dans la nature, découvrir des trucs, je me suis intéressé à la chose. Et c'est là que ça m'a plu, les communautés en ligne, que je me suis rendu compte que je pouvais faire des trucs et que ma vie a un peu commencé, ma vie d'entrepreneurial en tout cas. Ok,

  • Speaker #1

    on va en parler parce que tu as fait des choses super intéressantes avant Steam Force de Planète. Mais si je reviens rapidement sur Staps, est-ce que ça a permis, est-ce que tu avais confiance en toi déjà au lycée, au collège ou pas ?

  • Speaker #2

    C'est une bonne question. Non, je n'avais pas confiance en moi, au collège particulièrement pas. Ça a été assez dur le collège pour moi parce que j'étais... En fait, quand j'avais ma mère enseignante, j'allais dans son école à elle, qui n'était pas l'école à laquelle j'étais censé être. Donc ouais, du coup, quand j'allais à cette école-là avec ma mère, j'avais tous mes potes dans cette école. Et quand je suis passé au collège, qui était le collège affilié à l'endroit où j'étais, j'avais plus de potes. Donc je me suis retrouvé à rentrer en sixième, qui est quand même le moment ingrat de ta vie, sans aucun pote, quand tous les autres étaient entre potes. Et en plus, c'était très dur parce que nous, on avait une heure de transport en commun chaque matin et chaque soir pour venir de notre bled paumé jusqu'à notre collège. Et au lycée, c'était même pire que ça, c'était encore plus. Donc tu vois, je me levais à 5h45 du matin à 10 ans. et je rentrais chez moi à 19h c'était vraiment fatigant et je pouvais pas trop avoir d'interaction sociale au début parce qu'il fallait que je me fasse des potes mais quand t'es au collège c'est un moment qui est difficile donc là non seulement j'avais pas confiance en moi mais en plus c'était un cadre qui était dur mais ça m'a appris pas mal de trucs et notamment la résilience, ça m'a appris à être seul avec moi-même aussi et à m'affronter à affronter le fait d'être seul et à assumer ça et aussi à savoir être seul sans que ça soit grave tu vois et franchement les 2-3... Les deux premières années du collège, c'était un peu dur, le temps de vraiment me faire un vrai cercle d'amis, de me sentir accepté. Donc ça a été un moment un peu de travail sur moi.

  • Speaker #1

    Tu as des frères et soeurs ?

  • Speaker #2

    J'ai un petit frère qui a un an et demi de moins que moi, qu'on salue.

  • Speaker #1

    Donc oui, tu disais que collège, lycée, pas forcément confiance énorme en toi. Moi, ce qui m'intéressait de comprendre, c'est est-ce que Staps, tu avais trouvé un peu un endroit où tu te sentais bien ? Est-ce que justement, ta confiance en toi, là, elle a commencé à grossir ?

  • Speaker #2

    Ouais en plus c'est là que j'ai rencontré vraiment mes meilleurs potes d'aujourd'hui en fait c'était un peu un redémarrage de ma vie aussi tu vois j'avais des potes après au lycée c'était très bien j'avais un groupe de musique et tout du coup on sortait un peu du lot avec ça et donc tu vois j'étais avec les gars un peu populaires au lycée j'avais un peu fait le switch mais par contre la fac de sport ça a été vraiment le moment où j'ai senti que j'étais avec des gens avec qui j'étais moi-même et vraiment que ça marchait bien d'être moi-même à 100% et que tout était aligné et ça m'a fait beaucoup de bien je pense Après, je n'ai jamais une seule seconde envisagé de travailler grâce à mes diplômes de fac de sport. Mais par contre, tu as plein de petits diplômes qui m'ont quand même servi. Par exemple, j'ai eu le diplôme de maître nageur, je n'avais jamais nagé de ma vie. J'ai passé ça parce que la fac me le payait. J'ai nagé comme un bourrin pendant six mois, mais non-stop nuit et jour pour avoir le truc. On était 120 le jour de l'examen, il y en a 20 qui l'ont eu. Je n'ai toujours pas compris comment je l'ai eu. Et du coup, après, ça me permettait l'été, parce que j'avais quatre mois de vacances l'été, de faire du 2500 balles net par mois. pour pouvoir payer justement mes études, pour pouvoir payer plein de trucs, parce que juste sinon c'était galère. Et donc la fac de sport m'a beaucoup aidé pour ça, ça m'a donné plusieurs petits diplômes comme ça qui m'ont aidé, mais je me suis jamais vu prof de sport, jamais une seule seconde. Je me disais je vais faire ce métier pour les moments où je le ferai pas, c'est-à-dire les vacances, mais le reste du temps je suis pas spécialement intéressé. Et je sais que mes parents se disaient ah bah au moins il va être prof, c'est chouette, tu vois. Bah non.

  • Speaker #1

    Et donc, tu ne t'imaginais pas être prof de sport. Est-ce que tu te disais, tu fais confiance à la vie et tu vas voir dans les années qui viennent ce qui va se passer ? Ou tu avais déjà, du coup, on va en reparler après, mais tu as monté déjà des boîtes, des entreprises durant la fac de sport. Est-ce que c'était un peu ton plan dans ta tête d'aller vers l'entrepreneuriat ou tu ne savais pas trop encore ?

  • Speaker #0

    C'est l'heure de remercier notre partenaire Oslo, sans qui ce podcast ne serait pas possible, malheureusement. Oslo, c'est un cabinet d'avocats à taille humaine dirigé par Édouard Wells et Marion Fabre, que je connais personnellement depuis plus de dix ans. Il est composé d'une équipe, l'idée par Edouard et Marion, qui est issue de cabinets d'affaires de premier plan. Mais surtout, au-delà de la qualité de leurs prestations juridiques, ce que j'aime chez Oslo, c'est leur engagement pour un droit un peu différent. Sur leur description, ils mettent Nous accordons une importance particulière aux qualités humaines et relationnelles, tout particulièrement au respect, à la simplicité, à l'humilité et à l'élégance Ça pourrait paraître bullshit comme ça, mais pour bien les connaître, il faut vous assurer que ça se ressent vraiment. Et pour preuve, ils ont accepté de sponsoriser ce podcast dès sa création. Ils offrent une heure de conseils juridiques avec le code LESSAGE. et je mettrai leurs coordonnées dans la description du podcast. Allez, on y retourne.

  • Speaker #2

    Non, je pense que je n'avais pas de plan, honnêtement. Mais par contre, ce que tu dis est assez marrant et assez vrai. Je pense à postériori que j'ai toujours fait une confiance aveugle à la vie. Je me suis toujours dit, mais mec, ça va bien aller, en fait. La vie t'emmènera au bon endroit, il faut juste que tu sois toi-même. Et en fait, de plus en plus, j'avais ce truc-là. J'ai jamais eu peur, je me suis jamais dit je vais me retrouver sur le carreau, je me disais je ferais un peu ménageur ou un peu un truc à droite à gauche, et puis je monterais mon métier. En fait j'avais quand même cette vision de je me démerderais.

  • Speaker #1

    Et cette confiance que t'as, elle vient d'où selon toi ?

  • Speaker #2

    Alors je pense que quand t'as passé pas mal de temps seul, déjà t'apprends à te connaître, t'es plus à l'aise avec toi-même, tu t'affrontes, et justement quand tu te connais, tu connais tes bases, tu connais tes forces, tu sais travailler sur tes forces. Et c'est con, mais beaucoup de gens ne savent plus être avec eux-mêmes. J'en parlais il n'y a pas longtemps avec une psychologue qui me racontait qu'il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de gosses maintenant qui s'endorment avec des vidéos TikTok qui défilent, ils les laissent défiler. Mais elle me dit, j'en ai plein, plein, plein, parce qu'en fait, ils ne peuvent plus supporter le fait d'avoir du silence juste quelques secondes. Les gens laissent toujours une télé en fond, un truc, parce que sinon, ils sont face à leur pensée. Et c'est hyper grave, parce qu'en fait, si tu ne sais pas, si tu ne te connais pas... Tu ne peux pas vraiment savoir où tu dois aller dans la vie et tu ne peux pas être aligné. Et donc, ça ne marchera pas. Tu n'auras pas une vie, justement, qui te sourit et qui te rend heureux. Et je pense que ça, moi, ça a été une force, tu vois, finalement, d'être un peu seul, d'avoir ce moment un peu difficile au début du collège. Je me suis retrouvé seul. J'ai appris à aimer être seul. Et la nature m'a beaucoup apporté ça aussi. Parce que quand tu vas faire des randos, tu vas tout seul en haut d'une montagne. Moi, je regardais jamais l'heure. Enfin, vraiment, je rentrais quand le soleil se couchait. Et j'avais des fois pas vu que midi était passé parce que j'étais parti le matin. Et en fait, j'adorais ça. être tout seul, regarder la vue pendant des heures et des heures et je pense que c'était une introspection hyper forte qui m'a beaucoup aidé à prendre confiance en moi parce que j'ai appris comment je fonctionnais, j'ai compris que j'avais des forces et j'ai assumé aussi d'être qui je suis, tu vois, et ça, ça fait une énorme diff aussi. Quand t'essaies pas de vivre par procuration pour te conformer à un schéma social, quand tu te dis non, en fait, moi je suis comme ça et si mes passions c'est ça, je vais travailler sur mes forces, je vais pas travailler sur mes faiblesses. Et peut-être par un heureux hasard, on arrive dans un monde où ça y est, tout d'un coup, les gens se disent en fait, c'est vrai que la nature, c'est quand même un énorme sujet. On en dépend, on en fait partie. Et moi, c'est des convictions que j'ai forgées depuis tout petit. Donc, j'assumais ça à fond. Et puis, tout d'un coup, la société peut-être me laisse une place parce que ce sujet revient sur le devant de la table. Mais je pense vraiment que c'est un sujet fondamental de savoir justement être un peu seul. Et ça donne aussi confiance en soi d'être seul parce que tu dois te démerder. Si tu dois te démerder tout seul, tu vois combien de fois je me suis pété plusieurs fois des bras par exemple, en tombant, en faisant des conneries. Quand t'es tout seul, il faut rentrer chez toi, il faut te démerder. Et t'apprends à te dire, la seule personne sur laquelle je compte vraiment maintenant, c'est moi-même. Et ça te donne confiance en toi, mine de rien. Et aujourd'hui, on est peut-être parfois trop assisté dans un monde où t'appuies sur un bouton, on t'apporte à bouffer, on t'amène un chauffeur. On a simplifié à l'extrême tellement de choses. En fait, des fois, il faut juste être... un peu face à la complexité du monde. Des fois, je fais le parallèle avec le monde sauvage, justement, et je me dis, mais... On n'est plus du tout... Les animaux, chaque journée, il faut trouver à manger et il ne faut pas se faire bouffer. C'est un niveau quand même violent. Nous, on a nos CDI, on est là tous les mois, on sait qu'on a la thune qui va tomber, et donc du coup, nos sujets sont peut-être un peu anecdotiques par rapport au monde vivant, mais... Du coup, on en paye aussi le prix, puisqu'en face, on a beaucoup de dépressions, beaucoup de pertes de sens, beaucoup de gens qui justement n'ont pas confiance en eux. Et puis quand tu es dans une société de l'hyper comparaison, comme c'est le cas aujourd'hui, exacerbée par les réseaux sociaux justement, si tu n'as pas des bases un peu solides de confiance en toi, ou en tout cas si tu ne te connais pas et si tu ne sais pas ce que tu es et ce que tu aimes, tu es mort. Tu te prends une tornade de trucs et tu ne sais plus qui tu dois être.

  • Speaker #1

    Je parle beaucoup de ce que tu dis, parce que moi, comme je t'ai dit avant l'interview, Et on en parlera, on parlera un peu santé mentale dans un second temps. Mais j'ai vécu un burn-out il y a à peu près deux ans, et je crois que toi aussi. Et en fait, une des manières de me soigner, de me guérir et d'aller mieux, j'ai passé quelques semaines dans un centre de repos. Et en fait, dans ce centre de repos, on réapprenait une bonne hygiène de vie, c'est-à-dire le sommeil, le sport, l'alimentation, des relations sociales entre guillemets saines, et notamment aussi le fait d'être seul. Donc tu vois, de 13h à 15h. après manger, on devait être seul dans la chambre ou pas dans la chambre. Mais en fait, pour pas mal et dont honnêtement moi aussi je m'étais un peu perdu, c'était quelque chose qui était très compliqué parfois. Et donc je vois très bien en quoi le fait d'être seul, parfois c'est un peu dur, mais ça t'apprend en fait qui tu es vraiment et à être adulte responsable et t'épanouir plus dans ta vie.

  • Speaker #2

    Ça fait peur de s'affronter dans un monde où justement on ne sait plus ce qu'il faudrait être, mais c'est une clé. absolu. Il faut absolument que les jeunes passent par ça. Et la nature est incroyable pour ça. T'as pas de réseau, t'es tout seul, tu marches. Mais tu sais, ça fait quelques centaines d'années qu'on vit dans des murs de béton où tout nous ramène tout le temps à la consommation, avec chaque vitrine, chaque stimuli publicitaire. Mais avant, l'espèce humaine était dans la nature toute la journée. C'est notre environnement, c'est là qu'on est fait pour être. C'est pas du tout pour être dans une ville qu'on existe. Il faut quand même juste se rappeler ça un petit peu parce que... forcément que ça dégénère un peu quand tu changes l'environnement brutalement d'une espèce, d'un animal. Évidemment, ça crée des comportements pas nombreux. Il y a un documentaire qui s'appelle Natura, si je ne dis pas de bêtises, qui est génial, qui montre que le taux de schizophrénie, de dépression, de problèmes mentaux en ville est 100 fois plus élevé qu'à la campagne. En tout cas, ça dépend pour chaque type de pathologie. Ce n'est pas toujours 100 fois, mais il y en a plein où c'est vraiment incroyablement plus.

  • Speaker #1

    Ça fait écho à quelque chose que je suis en train de faire en ce moment. J'ai écrit un livre sur la santé mentale des jeunes. Et du coup, j'essaie de regarder en dehors de la France ce qui se fait, où les pays où on est plus heureux. Et figure-toi que le pays où on est plus heureux, c'est la Suède. Et pourquoi ? Parce qu'ils font un rapport direct qu'en Suède, il y a un taux de, je ne sais pas si on dit de forestation, enfin, entre guillemets, en tout cas, ils ont énormément de forêts et d'espaces verts. Et ils font un lien direct entre le bonheur des gens, la bonne santé mentale des gens, et le fait qu'il y ait plein de verts partout.

  • Speaker #2

    Je pense que, tu vois, c'est fou, on a l'impression de réinventer le feu, mais évidemment. qu'on dépend du vivant autour de nous, évidemment que ça nous fait beaucoup de bien, ça nous ramène dans l'instant présent, chose qu'on ne sait plus faire, ça calme notre cerveau, ça lui apporte... Moi j'aime bien dire, la nature, c'est mon massage du cerveau, parce que vraiment, c'est un moment où t'es pas surstimulé, où t'es pas ramené en permanence à des pensées complexes ou liées à nos problématiques humaines, t'es juste dans un environnement qui t'apporte plein de choses, parce qu'il y a plein de lumières, de couleurs, ça t'apporte ce besoin de complexité qu'on a. mais ça te calme, enfin vraiment, et je pense que moi plein de fois on m'a dit oui mais tu sais toi c'est ta version du bonheur la nature mais il y a d'autres gens pour qui c'est d'autres trucs Peut-être, mais il y a quand même beaucoup d'études qui montrent. La sylvothérapie au Japon, par exemple, qui permet de guérir la dépression et plein de maladies et renforcer le système immunitaire par des bains de forêt. Donc, ils emmènent les gens se promener dans la forêt. Et même des études, je revoyais un sondage il y a deux jours, qui disait, ils ont posé la question aux gens, c'est quoi le dernier moment où vous vous êtes sentis vraiment vivant ? Je crois que 97% des réponses, c'est dans la nature. Je pense qu'il faut quand même qu'on prenne un peu de recul, les humains. On est la nature. Tout n'est que nature. Nous, on essaie de s'en isoler, de nous faire une bulle de technologie, de ville. On est la seule espèce qui fait ça. Il faut qu'on réalise que c'est une pathologie, ce qu'on est en train de faire.

  • Speaker #1

    Je pense, comme tu disais au début de ce podcast, finalement, on est tous différents, on a tous des passions différentes, des parcours différents, mais on a quand même une base commune, qui est la nature, et puis des bases comme le sport, l'alimentation, etc. Et comme tu le dis, c'est prouvé. Donc, ce n'est pas quelque chose qui est étonnant.

  • Speaker #2

    Tout ce qui se rapproche de notre ADN, de ce pourquoi on est fait, de ce pourquoi on est censé habiter ce monde, forcément ça nous met en bonne santé et ça marche bien.

  • Speaker #1

    C'était plutôt bien fait.

  • Speaker #2

    Oui, ça fait des millions d'années qu'on est là, qu'on évolue pour ça à la base. Donc là, on a fait un pas de côté très fort. Mais c'est pour ça que ces projets de société hyper technologiques et tout ça, même si c'était possible d'un point de vue écologique, je pense que c'est une hérésie quand même.

  • Speaker #1

    Ça me fait penser, tu sais, au début de mon burn-out, j'ai été voir mon médecin et il m'a dit prends le large Et au début, j'avoue, je n'ai pas trop compris. Puis un peu plus tard, j'ai compris ce qu'il me disait. C'était d'aller dans un endroit différent où tu as des pensées différentes, entouré de la nature, entouré des éléments naturels. Et si finalement c'est si souvent dit, c'est peut-être que c'est un adage qui reste dans le temps et que ça marche.

  • Speaker #2

    C'est surtout que ça fait prendre du recul sur toutes nos petites problématiques. Tu te rends compte qu'elles sont minimes. Moi, ça me fait un bien fou à chaque fois parce que parfois, comme tout le monde, je peux être aspiré un peu par le vortex de... de problèmes qu'on a tous dans nos quotidiens stressants, fatigants. Quand tu vas dans la nature, tu te rends compte que tu t'emmerdes pour des trucs mais risibles, qui n'ont aucune espèce d'importance, on s'en fout. Il faut vraiment que on n'autorise pas ces détails à la con à nous toucher, à nous faire du mal, à nous pourrir la santé. On est stressé tout le temps pour des conneries. Quand tu es dans la nature, tu te rends compte que on va mourir, on a un crédit vie qui n'est pas très long. Qu'est-ce qu'on va s'emmerder pour une histoire de facture ou de... truc ou de... Tu vois, c'est vraiment pas le sujet, en fait. Et ça fait beaucoup de bien. Et surtout, il n'y a pas toutes ces mécaniques de comparaison sociale parce que les chevreuils, ils n'en ont rien à foutre de la marque de tes baskets. Et en fait, c'est cool aussi de revenir à juste je suis ici et à l'être, tu vois, pas au faire ou à qu'est-ce que je représente.

  • Speaker #1

    Tu parles de mécanique de comparaison sociale. Moi, tout de suite, ça me fait penser aux réseaux sociaux.

  • Speaker #2

    Ah bah oui,

  • Speaker #1

    c'est le temple de ça. Qu'est-ce que tu penses des téléphones, des réseaux sociaux ?

  • Speaker #2

    Je pense qu'il y a du bon. J'y ai trouvé plein de choses géniales. Ça permet encore de faire Team for the Planet aujourd'hui. Les communautés en ligne, c'est là-dedans que je suis né. C'est l'interaction humaine que je trouve intéressante. Le fait de pouvoir partager un truc drôle tous ensemble, ou quelque chose qui nous relie, c'est génial. Maintenant ? Comme toujours, quand c'est happé par des mécaniques commerciales et par un projet de société hyper commercial, qui utilise justement la comparaison sociale pour vendre, parce que Instagram est une machine à vendre. Pose-toi la question, est-ce que Instagram serait devenu ce que c'est aujourd'hui, si les annonceurs n'y avaient pas trouvé l'intérêt qu'ils y trouvent, par le fait que les gens se comparent entre eux et donc se comparent sur l'aspect physique, donc les habits, toutes ces choses qui sont vendables. En fait, je pense que Instagram n'aurait pas réussi à décoller. En fait, il y a eu des moyens colossaux qui ont été investis là-dedans parce que c'est des machines à vendre au service d'un projet de société qui est basé sur l'humain agent économique qui doit produire et consommer. On existe pour ça aujourd'hui dans notre mécanique de société. Je pense que le problème n'est pas le réseau social en tant que tel. Le problème, c'est encore une fois et à chaque fois la même, c'est le fait qu'il est rattrapé et ingurgité par un projet de société. qui est ultra productiviste et qui voit l'humain comme un agent au service de ça.

  • Speaker #0

    Peut-être aussi la quantité, c'est toujours une question d'équilibre peut-être.

  • Speaker #1

    Bien sûr, mais qu'est-ce qui fait la quantité ? C'est justement des mécaniques commerciales qui poussent l'addiction. Tu sais, les réseaux sociaux, pour avoir géré l'Europe, pour un gros réseau social américain, on avait 100 millions d'utilisateurs. Tu as des addictologues qui sont payés pour faire en sorte que les gens soient chimiquement addicts. Mais la seule et unique raison qui motive ça, parce que c'est quand même lunaire quand tu y réfléchis, c'est le fait que ça augmente les gains parce que tu vois plus de pubs. parce que du coup ça génère plus d'argent pour les régies et donc pour le réseau social et donc les actionnaires derrière. En fait, chaque fois qu'on motive un comportement sur le fait de... Le seul paramètre c'est le fait de gagner de l'argent, on va partir trop loin, on part en cupidité, on le pousse à l'extrême et on en fait un truc qui était sympa à la base et qui devient une monstruosité. Donc c'est toujours la même question, il n'y a rien de très intelligent dans ce qu'on dit là, mais on le sait. Chaque fois qu'on motive quelque chose uniquement autour de la mécanique de faire gagner de l'argent. Le cerveau humain, il a besoin d'accumuler, il est basé là-dessus pour ses récompenses de comportement de survie, accumuler du statut social, accumuler de la nourriture, accumuler des relations sexuelles, accumuler du pouvoir, pour pouvoir justement maximiser ses chances de survie. C'est ce qui est très bien dit par plein de neuroscientifiques, justement. Donc quand tu lui mets une variable... aussi puissante que l'argent qui représente tout ce qu'on vient de se dire là en termes de récompense sociale et que tu lui dis tu peux l'augmenter, il travaille à l'augmenter. En tout cas, il ne faut pas que ce soit la seule variable. Sinon, on transforme tout en machine à transformer un euro en deux euros et on vide de sens les boîtes qu'on fait à la base qui pourtant ont une mission et sont sympas. Instagram avait une mission sympa. Tu vas partager la beauté du monde entre nous.

  • Speaker #0

    Même Facebook, quand on y pense, ça a permis de se faire rencontrer. C'est trop bien,

  • Speaker #1

    c'est d'avoir un réseau avec ses amis aussi pour pouvoir garder des nouvelles, repartager des nouvelles. C'est chouette aussi de voir ce que ses amis font, d'avoir les nouvelles de ses amis d'une certaine manière quand tu ne peux pas les voir tout le temps. C'est trop bien. Instagram, à la base, c'était des photos de paysages, ce n'était pas des photos de gens. Et puis après, on a commencé à mettre beaucoup de photos de gens et à comparer les photos de gens entre eux. Et puis après, tu pousses les trucs. Il faut avoir la plus belle marque. C'est perfide, le truc. Les addictologues, c'est travailler. typiquement la mécanique où tu tires vers le bas pour faire recharger ton fil, le scroll vers le bas qui recharge, ça c'est basé sur les casinos, quand tu tires comme ça et que tu ne sais pas ce qui va arriver. Et en fait c'est ça qui est la situation. Quand c'est incertain, quand tu ne sais pas ce qui va se passer, c'est là que tu crées des comportements addictifs parce que le cerveau, il joue, c'est le cerveau casino, du coup, une fois de temps en temps, il a une récompense stylée et le reste du temps, c'est pas intéressant. Mais quand il tombe sur la récompense stylée, bam, sécrétion de dopamine. Et c'est ça qui crée l'addiction. Mais c'est beaucoup plus perfides que ça. Par exemple, les couleurs, les couleurs vives sur les réseaux, elles sont augmentées. Sur TikTok, les filtres et tout, ils augmentent la qualité des couleurs, ils les poussent beaucoup plus fort parce qu'en fait, dans la nature, nous, on est une machine à repérer les couleurs vives parce que c'est des fruits, c'est des baies, c'est des trucs qui peuvent nous aider à survivre. C'est des plantes et du coup, là, on est allé très loin pour que ça soit même, qu'on joue sur ce biais du cerveau et qu'on aime passer du temps sur nos écrans parce que les couleurs sont plus fortes, sont plus vives, ça nous parle, c'est pour ça que ça nous touche. Quand les couleurs sont fortes, quand le photographe renforce les couleurs, c'est ce que ça vient chercher dans le cerveau. C'est des trucs profonds.

  • Speaker #0

    C'est vraiment super intéressant. Ça me fait une super passerelle pour revenir sur ton parcours. Donc, tu es en Staps, tu as une vingtaine d'années. Et là, tu commences à créer des communautés, c'est ça ?

  • Speaker #1

    C'est ça, oui. En fait, je crée plein de trucs. J'essaye de faire une marque de vêtements. Et puis du coup, tu crées une communauté pour essayer de vendre tes vêtements. Enfin bref. Et jusqu'au jour où je récupère un truc qui s'appelait les Spottyd. C'était des... Des trucs où tu pouvais te passer des messages anonymement sur un campus. Par exemple, tu voyais une jolie fille à l'abri de bus, tu m'étais avec ta robe rouge, tu as été le soleil de ma journée, merci. Et hop, c'était anonyme parce que c'était la page qui publiait le truc, et pas le mec. Le mec, lui, il l'envoyait à la page, qui repartageait. Et moi, j'avais le Spotify de Lyon, qui avait 2000 abonnés, tu vois, mais Lyon 1. Et donc, c'est comme ça que j'ai un peu découvert les mécaniques des réseaux. Et ensuite, j'ai lancé une tentative de Spotify de plus grande échelle en me disant, il me faut maintenant un sujet qui parle à tout le monde. partout en France, qui ne soit pas limité à une région, avec cette mécanique de je t'envoie un truc anonymement parce que je ne veux pas l'assumer publiquement, mais je pense que ça a de la valeur pour faire rire les gens, ou pour dédramatiser, ou pour déculpabiliser. Et donc c'est là que j'ai créé Nuit sans folie, qui d'abord s'appelait Nuit de merde, qui a été un énorme buzz direct, et où les gens ont envoyé leurs petites anecdotes sexuelles, un peu ratées, les trucs que tu n'oses pas partager, mais en vrai tu sais qu'il y a une vraie valeur parce que c'est drôle, ou alors... À l'inverse, que ça peut aider des gens à justement dédramatiser. Et donc, moi, je les repartageais. Et ça, ça a été un énorme carton. Vraiment, ça a été ce qui m'a lancé. OK,

  • Speaker #0

    donc c'est ta première vraie aventure entrepreneuriale. Et puis, tu crées d'autres communautés, c'est ça ?

  • Speaker #1

    C'est ça. En fait, une fois qu'on avait cette commune-là, qui est montée jusqu'à un million d'abonnés, on avait une appli mobile qu'on a développée. où on a eu énormément de trafic aussi, parce que quand on a sorti cette appli, on était premier de l'Apple Store, devant Snapchat, devant Tinder à l'époque, devant tout le monde, alors qu'on ne connaissait rien au marketing. J'étais seul avec un pote, on n'avait jamais rien fait de ça, mais je publiais tous les jours, et à l'époque, c'était surpuissant, les réseaux sociaux, vraiment, il y avait une visibilité, mais c'était lunaire. Le reach, la visibilité organique était complètement débridée. Donc du coup, j'ai fait plus de 300 000 téléchargements en deux jours sur l'appli, puis après, elle est montée au million. Et donc ça, ça rapportait de l'argent, parce qu'il y avait des régies pubs. qui mettaient de la publicité dans ces applis-là. Et donc, chaque fois que les mecs se baladaient dans le contenu, ils tombaient sur une pub de temps en temps. Et ça, ça te rapportait de l'argent. Et donc, du jour au lendemain, je me suis retrouvé avec une boîte qui faisait 10 000 euros par mois, alors que j'étais en fac de sport, je venais d'être majeur, je ne connaissais rien à la vie. Je n'avais même pas de structure créée, tu vois. C'était sur une régie pub, heureusement, qui accumulait l'argent, parce que sinon, le fisc allait arriver en hélicoptère, tu vois, si je me payais directement sur mon compte perso. Et donc, tout ça a fait démarrer un peu le truc. Et ensuite, je me suis dit, putain, c'est intéressant cette mécanique de créer un média à partir d'une... communauté en ligne. Et donc là, j'ai commencé à racheter d'autres communautés, à en relancer d'autres, à en agréger dans la musique, dans le sport, dans l'humour encore, jusqu'à monter à 12 millions d'abonnés sur l'ensemble de toutes les communautés qu'on avait, avec plusieurs applis qui étaient téléchargées plusieurs millions de fois, comme Rap Punchline, qui était le média d'actu numéro 1 sur le rap en France. Enfin, il y avait plein de trucs comme ça qu'on s'est mis à faire. Donc vraiment, une boîte dans les médias, quoi.

  • Speaker #0

    Ok. Et donc là, t'es au milieu, à la fin de tes études ?

  • Speaker #1

    Le temps que ça se fasse, tout ça, ouais, j'ai terminé mes études même. Parce que tu vois, c'est une boîte qui a duré quand même assez longtemps, 5-6 ans.

  • Speaker #0

    Et donc, tu es tout seul ? Tu as dit que tu étais avec un pote ?

  • Speaker #1

    Ouais, alors ce Ausha, du tout début, il n'est pas resté. Parce qu'il disait, bon, moi, il faut que je fasse un vrai métier, faire des conneries sur Internet, ça ne paiera jamais. Mais tu sais, à l'époque, vraiment, même mes parents me disaient, mais qu'est-ce que c'est que cette merde ? Il faut faire un vrai métier.

  • Speaker #0

    C'était l'époque de Skyblog, un peu.

  • Speaker #1

    Ouais, un peu après encore, mais ça faisait paniquer les gens. Enfin, ils se disaient, mais il n'y a aucun avenir là-dedans. créer des communautés sur internet, Facebook ça va durer 2 ans enfin moi tout le monde me disait ça, mes parents me disaient vraiment il faut pas, mets pas ton expertise là dessus, ça sert à rien, concentre toi sur tes études et c'est vrai, moi j'étais trigger par ça donc je me concentrais sur mes études, franchement j'aurais pu développer 100 fois plus, mais juste je le faisais un petit peu chaque jour et puis après j'allais faire mes études parce que je me disais, ah non, il faut pas trop, les études c'est important donc j'ai validé un master non pas pour être prof de sport, ce que je savais que je voulais vraiment pas le faire, mais pour être un ingénieur ergonome en conception de produits sportifs. Donc si je te la fais courte, faire des pompes à vélo chez Decathlon, ce qui ne m'intéressait pas le moins du monde non plus. Mais comme j'ai eu mon master, alors là, amen, tout le monde était rassuré. Il a un master, il va réussir dans la vie. Ce qui est affreusement faux maintenant. Enfin, tu vois, moi, j'ai plein de potes qui sont surdiplômés, qui galèrent à trouver un taf et qui même retournent à des jobs beaucoup plus manuels parce qu'en fait, c'est juste ce qui leur plaît fondamentalement. Donc bon, je me suis retrouvé là-dedans et puis j'ai vendu cette boîte à un groupe de dating. qui m'a permis de faire une petite sortie où j'ai pris pas mal d'argent. Et là, c'est pour la première fois, mes parents m'ont dit Ah oui, quand même, il se passe un truc intéressant.

  • Speaker #0

    Pour eux, du coup, c'était crédible. Du fait que tu as vendu la boîte.

  • Speaker #1

    Mais entre-temps, on était quelques employés quand même. J'avais du coup un super CTO, directeur technique, qui m'avait rejoint. Génial, que je vais rencontrer en faisant des concerts, d'ailleurs, avec mon groupe. Il était batteur, moi aussi. On avait parlé à la fin d'un concert. Et en fait, il me dit, moi, je suis développeur, j'aimerais bien me lancer un peu dans l'entrepreneuriat. Moi, je ne l'ai pas. Moi, je connais les méga communautés, j'ai besoin d'un développeur. Et du coup, voilà, c'était fait comme ça.

  • Speaker #0

    Et tu vends la boîte, c'est par opportunité ou c'est parce que tu avais un projet derrière ?

  • Speaker #1

    Non, parce que je commençais à en avoir marre de gérer tous ces trucs. Il fallait vraiment passer du temps à créer du contenu, du contenu, du contenu en ligne. Mais par contre, j'avais l'Evelop comme jamais. Moi qui avais zéro en dictée, je me dirais que quand tu commences à poster tous les jours avec les gens, ils disent, mais c'est un illettré qui tient ce truc. Bon, tu bosses fort pour pouvoir t'améliorer en orthographe. Et du coup, ben... Ça m'a énormément aidé à m'améliorer en orthographe, à bien mieux communiquer, à comprendre les mécaniques profondes de la communication entre humains aussi, pour faire des trucs synthétiques, simples, que les gens comprennent, même l'humour de manière générale. C'était une école incroyable de faire ça. Ça peut paraître anecdotique, mais en fait c'est monstrueux. Et j'ai tellement appris sur l'empathie, le fonctionnement humain, parce qu'en fait on a l'impression que c'est des algorithmes, que c'est des codes promos avec des influenceurs et machin, mais pas du tout. En fait, on parle à des humains. Et ce qui est récompensé, c'est si tu touches les humains et si ça leur parle ce que tu fais. Et en fait, il n'y a pas d'autre recette.

  • Speaker #0

    Parler avec le cœur.

  • Speaker #1

    Bien sûr, être vrai et savoir l'exprimer. Donc ça, ça a été un méga apprentissage pour moi, mais juste, j'avais aussi envie de faire d'autres types d'apps. Et puis, tu vois, je me suis rapproché de la structure qui m'a racheté. Ils étaient hyper partants et je me suis dit, allez, vas-y, on va au bout du truc.

  • Speaker #0

    Tu parles de communication, c'est quoi un bon communicant pour toi ?

  • Speaker #1

    C'est un mec qui est aligné, qui dit des choses, qui pense fondamentalement et qui font écho avec sa raison d'être. Tu vois, moi, Team Force de Planète, c'est peut-être le truc où on a le plus d'écho aujourd'hui parce que vraiment, c'est qui je suis, mais à l'ADN. Et en fait, pour longtemps, je pense que j'ai un peu lancé des boîtes comme ça parce que c'était marrant et puis ça prenait. Mais ce n'était pas 100% aligné sur qui je suis absolument. Mais en fait, quand tu fais ce qui te passionne vraiment, quand tu fais ce que tu as dans tes tripes, ça marche, mec. Si tu es passionné de coton-tige, lance une boîte de coton-tige. C'est ça qu'il faut que tu fasses. Il ne faut pas aller faire un truc parce que c'est ça qui est valorisé aujourd'hui. Moi, je vois plein de gens qui me disent, je vais faire des trucs dans l'IA. Mais tu n'en as rien à branler de l'IA. Oui, mais c'est le moment. Non, mais c'est une connerie, en fait.

  • Speaker #0

    Est-ce que ça te plaît ou pas de travailler dans l'IA ?

  • Speaker #1

    Bien sûr, et tu peux faire un truc qui n'a rien à voir dans le rilenti. et être le meilleur chef cuisinier qui vend la recette de riz lentilles la plus vendue au monde, parce que c'est ça ton truc, quoi.

  • Speaker #0

    C'est marrant parce que souvent, pareil, je croise des jeunes entrepreneurs, quand tu as envie de gagner de l'argent, généralement, le meilleur moyen de gagner de l'argent, c'est d'aller là où ça te plaît. Et après, l'argent vient, ça en découle souvent.

  • Speaker #1

    Mais mille fois, d'ailleurs, mes premiers investisseurs, je me rappelle très bien, ils me disaient, en fait, nous, on investit sur toi parce que tu ne cherches pas d'argent, tu ne veux pas gagner de l'argent.

  • Speaker #0

    Et tu veux en finir par en gagner.

  • Speaker #1

    Ben oui, en tout cas, ils étaient convaincus de ça, mais ils ont tort parce que du coup, aujourd'hui, je ne gagne pas de l'argent. spécialement d'argent, tu vois. Enfin, j'ai vendu ma boîte, j'ai gagné un peu d'argent, mais je suis pas dans la quête de l'argent, c'est plus mon truc. Enfin, ça m'a jamais vraiment intéressé. Mais par contre, je suis assez convaincu qu'en effet, les super entrepreneurs, c'est des gens qui feront leur truc, mais même s'ils sont seuls à le faire, même si personne les suit, même s'ils ont pas de clients, ils le feront, parce que c'est ce qu'ils sont.

  • Speaker #0

    Et ils continuent même s'ils gagnent pas d'argent.

  • Speaker #1

    Mais oui, mais ça leur plaît en fait. Ils sont heureux de le faire. Ils le font parce que ça leur fait du bien. Et parce qu'ils trouvent que c'est ça que le monde a besoin d'avoir. Et qu'ils veulent apporter ça au monde. Ils se disent, ça c'est ma mission. On est là sur Terre, il faut trouver sa mission. Si c'est juste pour passer cette vie un peu comme ça, sans trop savoir qui on est, ce qu'on fout et à quoi on sert, je trouve que c'est dommage. Et on nous endoctrine à être comme ça, justement. À dire, c'est bien, t'es un bon consommateur, reste dans ce Ausha, ça va bien se passer. On a tous une mission, je pense, à trouver.

  • Speaker #0

    Tu parles de trouver sa mission. Il y a une génération, et même notre génération, mais la génération qui arrive, encore plus, je pense, qui veut être indépendant, etc., et qui veut aller vers l'entrepreneuriat. Toi, du coup, tu n'as pas fait de formation business, tu as appris beaucoup sur le terrain. Si tu pouvais donner deux, trois conseils, si tu essaies de réimaginer un petit peu au début de ton entrepreneuriat. Après, tu as fait avec d'autres personnes Team for the Planet et on va en parler évidemment. Mais déjà, sur tes communautés et ton app, qu'est-ce que tu as appris ? Quels conseils tu peux donner ? Quelles choses qu'il faut éviter de faire quand on lance pour la première fois une boîte ?

  • Speaker #1

    Passer trop de temps dans le théorique. Vraiment, l'entrepreneuriat, c'est tout sauf du théorique. En fait, on n'apprend que en faisant. Faire des grands plans pour se rassurer, essayer de tout préparer, passer des mois à se dire ça va être génial et puis se lancer après, c'est la meilleure manière de faire de la merde. En fait, moi, j'ai eu cette chance, j'ai tout foiré. J'ai tout commencé, je me suis pris des baffes à chaque fois parce que je commençais toujours en ratant. Forcément, je ne connaissais rien. Je fais une fac de sport, je viens d'un village de 200 habitants, je n'ai aucune chance de pouvoir... comprendre comment marche, ne serait-ce que les mécaniques comptables d'une entreprise à la base. Et du coup, il faut faire, se jeter dans le truc, et t'apprends à une vitesse démesurée. Par contre, il faut être résilient, parce que tu vas prendre des gifles toute la journée. Tu vas faire que de rater. Mais en fait, c'est le fonctionnement de la vie. Dans la nature, c'est neuf échecs pour un succès. Et encore, tu vois, par exemple, j'ai vu qu'un arbre, pour se reproduire, c'est un milliard de tentatives pour faire un seul descendant. Donc ça donne un peu une petite horde d'idées de ce que c'est dans la nature. Normalement. C'est même pas un concept l'échec dans la nature. Nous c'est un concept, mais en fait dans la nature c'est juste le process normal. Et donc dans l'entrepreneuriat, il faut partir avec cette vision. Je fais des trucs, ça va tout foirer. Mais je les fais pas parce que je veux réussir. Je les fais parce que c'est qui je suis. Je les fais parce que c'est ce que j'ai envie de faire, ça me plaît. Évidemment on se prend la pression oui mais attends il faut que tu gagnes ta vie, tu vois les parents qui sont là, attends tu vas pas faire d'argent là-dedans, c'est une connerie. Et c'est le deuxième conseil, c'est oui on fait ce qu'on a vraiment envie de faire. On se lance tout de suite, on essaie des trucs, mais par contre, le premier truc qu'on essaie de faire, c'est trouver un modèle économique. Parce qu'on vit dans un monde qui est comme il est, et la façon dont il fonctionne, ça peut être contre-productif d'être vraiment dans un modèle où tu n'as pas réfléchi ton modèle économique, et où ça te pompe ta passion justement, et ça te la casse. Moi, ça m'est arrivé des fois de lancer des trucs géniaux, on arrivait à avoir des utilisateurs, on arrivait à faire un truc qui fonctionne, mais on n'avait pas de modèle économique viable, et à la fin... Ça pète ta boîte, t'as monté un super truc, t'as des invests, t'es à fond, le truc fonctionne et ça vient te péter dans les dents. Et il ne faut quand même pas oublier que c'est l'objet de la confiance au niveau mondial. L'argent, c'est ce qui nous permet de collaborer entre humains et donc ça te permet d'embarquer des gens avec toi pour t'aider à faire de ton projet une réalité. On est obligé de payer les gens, tu vois. L'entreprise, ça a ça de génial que c'est ce qui transforme le monde et c'est l'objet le plus abouti de la collaboration. Et le ciment de ça, c'est le fait d'être capable d'offrir une rémunération pour que chacun puisse venir contribuer à un autre projet de société. Merci. Et c'est normal de gagner de l'argent. C'est normal d'être rémunéré quand tu fais un travail dans le modèle qu'on a construit. Moi, trop souvent, j'ai un peu mis ça de côté parce que vraiment, je pense que l'argent n'est pas... dans ma culture, dans ce qu'on m'a appris, n'est pas un sujet pour moi. Ça ne m'intéresse pas. Si je gagne ma vie, je suis très heureux. Je m'en fous d'être millionnaire et je me souhaite d'ailleurs jamais d'être millionnaire parce que je pense que j'y perdrais en termes de bonheur. Mais du coup, j'ai quand même trop négligé. Donc, il faut trouver la balance. Cet aspect, avoir un modèle économique, ça ne veut pas dire que tu es un avare. Ça veut dire que tu veux que ton modèle tienne et que ta boîte puisse exister. Et ça, c'est un truc qu'il faut commencer par vendre. Il faut tout de suite chercher des gens qui sont prêts à mettre de l'argent parce que ton service a une valeur.

  • Speaker #0

    Bien sûr, et c'est ce que j'allais dire, si je peux me permettre de te compléter. Si les gens payent, c'est aussi parce que tu crées de la valeur. Et donc, tu règles un problème. Et ça, c'est la première chose. Et la deuxième chose, moi, qui me paraît importante, c'est qu'avoir un modèle économique, faire du chiffre d'affaires, ça amène aussi l'indépendance dans ta boîte. Et si tu peux, toi, te payer, c'est quand même important. Payer tes salariés correctement aussi. Et éventuellement, on pourrait en parler, c'est un sujet, mais le fait d'avoir des investisseurs ou pas. mais ça a des plus et des moins, mais ça a aussi des moins. Parce qu'on voit souvent les plus, j'ai levé 5 millions, 10 millions, 20 millions, mais ça a aussi des moins. Donc si on est indépendant, au moins on peut faire le choix d'avoir des invests ou pas d'avoir d'invest.

  • Speaker #1

    Bien sûr, et le moins numéro un, c'est que les actionnaires, dans le modèle comme il est pensé aujourd'hui, quand on a beaucoup par exemple, ou que tu es une grosse boîte, un, ils ne sont pas au contact de la réalité opérationnelle de ce que tu fais, donc eux, leur seul bouton pour décider c'est est-ce qu'on gagne de l'argent, oui, non. Et ça, ça fait que la direction de la boîte, elle est forcément... Elle prend un coup. Et puis, le deuxième truc, c'est la division de la responsabilité. Quand ils sont très nombreux, comme dans plein de boîtes, en fait, pareil, ils se disent, j'ai mes petites actions, moi, je vais voter pour gagner plus d'argent, parce que c'est le critère qu'on me met devant les yeux. En fait, toi, à la fin, ça peut complètement te faire dévoyer la mission initiale et ce pourquoi tu as créé ta boîte. Donc, tu as raison, l'indépendance est extrêmement importante.

  • Speaker #0

    Et on vient un peu sur ton parcours. Donc, tu vends ta première entreprise et tu décides du coup de rejoindre une boîte qui s'appelle Thriller.

  • Speaker #1

    C'est ça, oui. Entre-temps, j'avais remonté une autre startup, mais en parallèle de la première. aussi dans les apps mobiles, qui n'est pas forcément un succès, mais je trouve que c'est important de le préciser parce que j'ai levé des fonds, on a fait une belle aventure, on avait jusqu'à 20 salariés, c'était une belle boîte, en tout cas, le projet était intéressant, c'était pour faire du micro-événementiel de groupe. Donc en gros, l'idée, c'était de dire, tu peux rencontrer des gens dans le cadre de petites activités de groupe sympas, qui s'appelaient des Who's Up, et c'était, je ne sais pas, faire un yoga dans un parc, apprendre à faire des cocktails chez quelqu'un. Et donc, ça marchait très bien. Il y a eu des milliers de gens qui nous ont dit Merci, grâce à vous, j'ai un nouveau cercle d'amis, j'ai rencontré des gens géniaux. Il y avait des milliers et des milliers de who's up qui étaient créés. On avait 200 000 utilisateurs.

  • Speaker #0

    Et vous, là, c'était à Lyon ?

  • Speaker #1

    À Lyon, oui. Mais on n'avait pas de modèle économique. J'avais levé un peu moins de 500 000, je crois, ou 500 000, un truc du genre. Ce qui était beaucoup à l'époque. Oui, c'est ça quand même, ça existait. Et en fait, le problème, c'est qu'on n'avait pas pensé le modèle éco et on n'a pas réussi à craquer le modèle économique. Et donc, à la fin, les investisseurs montent. proposé de remettre plus d'un million d'euros dans l'aventure pour que ça nous donne du temps. Moi, je me suis lancé le défi en mode les gars, on a trois mois pour trouver le modèle économique, mais à un moment là, je me suis dit non, là je vais m'enfermer. Je vais devoir shifter, pivoter, on va perdre ce qu'était l'origine de ce projet, l'ADN de base qui était permettre à des gens de profiter du digital pour avoir des vraies expériences dans la vraie vie qui soient chouettes. On va devoir chercher absolument la caillasse et du coup on va se travestir. Et donc à ce moment-là, j'ai dit non, on ferme cette boîte. Je l'ai vendu finalement parce que j'ai trouvé un petit repreneur, mais bon, c'était vraiment un exit à zéro. Et ça a été des mois de stress. C'était compliqué parce qu'avant la vente, j'avais oublié la TVA. Donc, j'ai pu faire tous les licenciements, en tout cas les ruptures conventionnelles. Je suis arrivé à zéro sur le compte et là, l'expert comptable est arrivé et m'a dit Ouais, par contre, il reste juste un truc, c'est la TVA. Quand tu es dans ce moment-là où tu es hyper stressé et tout, tu n'y penses pas. Et en fait, on avait quand même fait 400 000 euros de chiffre d'affaires, notamment parce que Thriller avait commencé en parallèle. J'ai un peu tout fait en parallèle. Mais du coup, ça me rapportait du CA via Thriller sur la structure. Et du coup, j'ai pris une énorme mandale de TVA.

  • Speaker #0

    Entre 50 et 100 000, un truc comme ça.

  • Speaker #1

    Ouais, 80 000, même pas loin de 100 000, je crois, parce qu'il y avait des petits trucs en plus. Enfin bref, du coup, on s'est retrouvé où j'avais des huissiers, franchement, deux fois par semaine devant chez moi, deux fois par semaine devant chez mes parents. Donc autant dire que là, t'es quand même dans un niveau de stress qui est élevé. Ça a duré plusieurs mois avant que je puisse revendre la boîte, parce que les mecs ont quand même regardé et tout, machin. Et je l'ai revendu pour être à zéro. Donc en gros, j'ai absorbé cette dette. Mais je trouve que c'est important de parler des échecs, parce que j'en ai eu énormément, et à chaque fois, on ne parle que des trucs positifs. Mais là, encore une fois, quand je dis que j'essayais des trucs et que des fois, il faut être résilient, c'est un exemple, quand tu as des huissiers deux fois par semaine devant chez tes parents, il faut être résilient.

  • Speaker #0

    Non, c'est clair, je ne suis pas aligné avec toi. Ça m'empêche, j'ai croisé quelqu'un hier qui m'a demandé ce que j'ai fait avant. Et c'est vrai que j'avais encore un peu une... J'ai fait quatre boîtes, et on va dire qu'il y en a deux, entre guillemets, que j'ai loupées. Donc il y en a une qui a fini à la casse. Et la deuxième, je l'ai vendue, mais à zéro, comme toi. Et c'est vrai que j'avais encore un peu cet a priori, quand je lui ai répondu. Tu vois, t'es pas comme aux US, où limite, l'échec est valorisé. Et là, j'ai senti que, du coup, pour lui, j'avais eu un parcours qui n'était pas forcément riche.

  • Speaker #1

    En France, c'est dingue. Un vrai problème avec ça. C'est bizarre, il faudrait faire des sans-faute pour être stylé. Ça, c'est la France. Mais au contraire, moi, maintenant, je valorise beaucoup plus les gens qui ont raté un truc. Parce qu'en général, ils sont bien meilleurs derrière.

  • Speaker #0

    Bien sûr. Pour revenir sur ton parcours, cette boîte, tu la vends à la casse, mais tu apprends énormément. Là, tu vas rejoindre Thriller.

  • Speaker #1

    Thriller, oui.

  • Speaker #0

    Thriller, excuse-moi. En gros,

  • Speaker #1

    ça c'est marrant, c'est un ami qui est investisseur, avec qui on cherchait si on n'allait pas faire un projet ou deux. On discutait depuis quelques mois, et lui, il avait hébergé dans son appart, parce qu'il a un bel appart vers Troca, un Américain avec qui il était un peu devenu pote, qui était dans les apps mobiles et qui venait de vendre sa boîte, du coup, des dizaines de millions d'euros. Et en fait, ce mec-là était en train de lancer Thriller, donc un nouveau réseau social. un peu concurrent de TikTok, avec la volonté d'en faire vraiment un leader. En gros, ils disaient, le pitch de fond, c'était on ne va quand même pas laisser les Chinois faire un GAFA. Donc nous, les Américains, on a une carte à jouer, on essaye. Et tout de suite, ils voulaient lancer le marché européen, parce que c'était le terrain de jeu où ça allait se jouer. Lui, il savait que les États-Unis allaient assez vite, mais l'Europe, justement, Musical.ly, qui a été racheté par TikTok, qui a été ingéré, en tout cas ajouté par TikTok, tu vois, était là et battait son plein mais c'était pas non plus monstrueux et donc je cherchais un mec pour lancer l'Europe qui connaissait les communautés en ligne, qui connaissait les réseaux sociaux, qui connaissait les applis mobiles, qui connaissait les influenceurs donc moi j'avais tu vois on est passé vite mais j'avais fait toutes les soirées avec les youtubeurs, les machins, je connaissais un peu tout le monde parce que quand tu as 12 millions d'abonnés bah forcément tu vois ça te... tu te retrouves dans ce monde là et du coup ce mec m'a dit bah let's go tu lances l'Europe donc on a lancé ensemble l'Europe avec mon pote justement l'investisseur et puis Lui est devenu vice-président monde de la structure et moi, j'étais en charge de l'Europe. Et ça a été deux années complètement folles parce qu'on est passé de trois personnes à 400 en deux ans. Il y a eu 300 millions d'euros de levées. Ça a été de l'hyper scale comme jamais. Mais en fait, tout ça, pourquoi au final ? Parce que je faisais juste danser des gamins dégénérés sur une appli smartphone. Au bout de la journée, c'était ça qu'on faisait. Et on brassait de l'argent à mort pour ça. On faisait des millions de vues en ligne pour ça. On allait chercher les plus gros influenceurs. On mettait des trucs... des budgets dans des événements de dingue, sponsoriser le All-Star Game aux Etats-Unis, faire des trucs à Ibiza, des soirées, des machins. Mais pourquoi à la fin ? C'était vraiment un truc inutile. Ça a fini par me peser tellement que j'ai tout lâché. J'ai arrêté ces trucs, j'ai lâché mes stock options, j'ai lâché mon salaire, j'ai dit j'arrête.

  • Speaker #0

    Et donc là, tu pars dans une période, j'ai lu en préparant l'interview, de cheminement intellectuel pour trouver un modèle d'entreprise plus vertueux.

  • Speaker #1

    Ouais carrément, en fait à ce moment-là je m'étais quand même beaucoup intéressé au sujet du dérèglement climatique parce que je voyais dans le Jura et dans le Haut-Bugel les transformations qu'il y avait et franchement c'était pas joli à voir. Enfin tu vois la neige, il y avait un mètre de neige chez mes parents avant, ben là quand il neige c'est rare, c'est pas une hyperbole vraiment littéralement. La forêt qui se transformait parce que vraiment t'as plein d'invasifs qui sont en train de la dégommer et à cause des sécheresses c'est hyper compliqué. T'as même eu des feux de forêt dans le Jura récemment, enfin bref. Tout ça fait que je me suis dit putain mais qu'est-ce qui se passe ? Je connaissais pas très bien moi le sujet du climat quoi. Je connaissais bien la nature. J'aimais la nature, mais je n'étais pas un théoricien encore une fois, je n'étais pas du tout un expert. Et donc là, je suis rentré dans le sujet et je l'ai bourriné, parce que moi je suis comme ça, quand je rentre dans un sujet, j'ai vraiment besoin d'aller dans le fond du truc. Et donc j'ai bourriné le sujet, dérèglement climatique, limites planétaires. Et là je me suis dit, waouh, putain, c'est monstrueux. En fait, je n'ai pas du tout compris ce qui se passe. Et en même temps, ça m'a énormément excité, parce que je me suis dit, en fait, je n'ai pas besoin d'aller dans ce modèle de société-là, je n'ai pas besoin d'être cette typologie de personne qui est un gars dans la tech, qui veut faire toujours des apps et des machins. Il y a un sujet de société monstrueux qui est en train d'arriver. Et peut-être qu'en étant à nouveau le Arthur enfant qui aime la nature, qui s'intéresse à la nature, qui veut protéger la nature, je peux être un super entrepreneur aussi. Et peut-être même que je peux être un entrepreneur qui est valorisé dans le monde de demain, tu vois. Et ça, ça m'a excité parce que je me suis réconcilié avec le Arthur enfant. Je m'étais un peu éloigné de lui.

  • Speaker #0

    Tu as rapproché de ton enfance, que tu es vraiment, et ton entrepreneur qui te passionnait.

  • Speaker #1

    Exactement. Et je me suis dit, je ne veux plus passer une... une sombre foutue heure de ma vie à ne pas faire un truc utile pour la nature. Parce que c'est ça ma raison d'être. Et je me rappelle, je l'ai senti vraiment. Le jour où j'ai refusé mes stock options et je me suis barré, en fait, je me suis rendu compte que je ne voulais plus, jusqu'au bout de ma vie, faire un truc qui ne soit pas lié à la nature et à sa préservation et au fait qu'elle soit belle. Et là, j'ai senti l'alignement absolu. Ça m'a pris du temps. C'est pour ça que quand je parle d'alignement, je le dis comme si c'est facile, mais c'est dur de savoir ce qu'on aime, ce qu'on veut être et ce qui nous permet d'être alignés. Mais il y a un truc... qu'on sent au fond de nous quand même. Et là, j'ai senti que c'était ça, putain, tu vois. Et même là encore, j'ai la fougue, là, je le sens. Et je sais très bien que jusqu'au bout de ma vie, ce sera ça, quoi.

  • Speaker #0

    Et ce qui m'intéresse de savoir aussi, c'est, donc, tu quittes Thriller, donc t'es dans cette période de réflexion. Juste, cette période de réflexion, comment... Est-ce que t'es encore à Paris, ou tu retournes dans le Jura ? Est-ce que tu l'as fait à travers un voyage ? Moi, tu vois, par exemple, en 2016, j'ai eu cette période de réflexion, je suis parti en Asie. Ouais. Pendant 8 mois. Et j'étais avec mon sac à dos, donc j'écrivais, mais aussi je réfléchissais. Comment toi, ça s'est matérialisé ?

  • Speaker #1

    J'étais entre Lyon et Paris et là je me suis remis à passer énormément de temps chez mes parents, donc vraiment énormément de temps, j'allais tout le temps faire des randos, des balades, machin. Et puis je me suis beaucoup questionné sur l'entrepreneuriat en tant que tel. En fait je me disais c'est quand même génial parce que putain, tu vois, je pouvais toucher des millions de personnes limite en slip depuis ma chambre grâce à internet et faire changer des trucs à grande échelle. mais je me disais, le verre est un peu dans le fruit parce qu'à chaque fois les entreprises sont paramétrées d'une manière qui fait qu'on revient à il faut gagner plus d'argent à la fin et donc on retombe dans une espèce de roue du hamster où la mission initiale, le pourquoi de l'entreprise est contrebalancée par les dégâts que provoque le modèle dans lequel elle est. Ce modèle d'accumulation, de toujours plus, de générer de l'argent, en fait ça peut avoir une mission géniale, quand tu évolues dans ce cadre là, à la fin ce cadre finit par peser tellement que ta mission, elle réduit et que ce que tu apportes, ce que tu crées négativement, juste efface tout le positif que tu essayes de générer. C'était vraiment une réflexion que j'avais beaucoup et je me disais mais putain, c'est quand même hyper dommage, c'est un outil génial mais c'est juste le paramétrage de l'outil qui est inspiré et influencé par des décennies de néolibéralisme qui fait qu'on fait un truc contre-productif à la fin. Et donc c'est là que j'ai eu des réflexions en effet sur modèle d'affaires entrepreneur, mais entrepreneur autrement, ou en tout cas dans un cadre différent. Et là, je passais beaucoup de temps à Paris, notamment dans les bureaux d'un pote qui avait monté un truc qui s'appelle Germinal. À l'époque, voilà, Grégoire Gambato. Et donc, ça battait son plein. Et moi, j'étais tout le temps là-bas, fourré dans leur bureau parce que je me suis toujours dit il faut être là où ça se passe, tu vois. Il faut être là où est l'énergie pour que ça infuse, pour que tu aies des idées. Et c'est là que j'avais commencé à imaginer un premier modèle de truc qui s'appelait Optimiste. parce que je voulais aborder l'écologie de manière joyeuse, positive. Je me disais, mais comment veux-tu que les gens s'engagent là-dedans si on a l'impression qu'on va tous mourir et que c'est un truc de dépressif ? Tu vois, c'est impossible. Donc je me disais, il faut absolument que ça ait l'air bien, que ça ait l'air mieux. Et si déjà ça a l'air cool, je pense que les gens auront envie d'y venir. Donc je partais avec ce pitch un peu marketing. Et puis, c'est en commençant à travailler là-dessus que j'ai rencontré mes associés actuels. En fait, je connaissais déjà l'un de mes associés actuels, Mehdi. qui avait des bureaux au-dessus des miens à Lyon. Mais on avait parlé deux, trois fois, on ne s'était jamais rendu compte qu'on partageait un même cheminement de vie. En fait, mes associés ont tous monté des boîtes aussi et se sont tous retrouvés un peu à ce même constat de, bon, entreprendre, c'est vraiment stylé, mais si c'est pour être entrepreneur qui court derrière le fait d'être millionnaire à Dubaï pour pouvoir consommer toujours plus, en fait, on reste des victimes. C'est juste que l'échelle de la victimisation est mieux adaptée à nous. Et en fait, on a partagé un peu cette... cette conscience-là, on s'est dit, on n'a pas envie des entrepreneurs dans la roue du hamster qui, chaque année, achètent une roue plus grande. Nous, on a envie d'entreprendre en dehors de la roue du hamster. Et là, on a eu un petit coup de foudre entre nous en mode, vas-y, on fait un truc. Et donc, eux avaient déjà réfléchi à un modèle depuis 12 ans sur le sujet. Ils ne s'étaient jamais trop passé à l'action parce qu'ils avaient leur boîte en parallèle. D'autres se sont greffés sur le truc qui était des potes à l'un ou l'autre de l'équipe. Donc, c'est comme ça qu'on s'est retrouvés à six entrepreneurs à l'origine. Et moi, j'avais vraiment avec Optimis cette vision de... Il faut faire un... Un truc qui trouve des innovations qui ont un énorme potentiel d'impact. Et en même temps, il faut s'assurer qu'elles ont un modèle économique viable, grâce notamment à toutes les techniques qu'on avait apprises avant. Parce que pour le coup, dans les boîtes qu'on montait avant, on était aussi pas mal sur des trucs où on utilisait beaucoup le digital pour s'assurer qu'il y avait un modèle. Par exemple, on créait un produit fictivement sur Internet. Il n'existait pas dans la vraie vie, mais on faisait un site Internet qui vendait un produit qui n'existait pas. Et on faisait des pubs sur Facebook pour aller voir s'il y avait des vrais clients. Et quand on mettait un euro, on regardait si on arrivait à être viable ou pas. Et ça nous permettait de nous dire, OK, on le fait vraiment. Donc ça, c'est des trucs qu'on avait appris. Et moi, je voulais les remettre un peu dans la mécanique en disant, il faut qu'on assure que ces innovations, elles pourront avoir une viabilité économique. Et il faut en même temps qu'elles aient d'abord et avant tout de l'impact. Et il faut s'assurer que leur viabilité économique est bien au service de leur impact et pas l'inverse.

  • Speaker #0

    Et donc en avril 2020, là, tu es avec MediColi. Nicolas Sabatier, Laurent Morel C'est tout ?

  • Speaker #1

    Denis Gallaghercia

  • Speaker #0

    Denis Et Colline Et Colline Et donc Time for the Planet A l'époque Est créé Et donc les statuts sont déposés Aux grèves de Lyon Est-ce que tu peux nous dire Du coup nous définir Qu'est-ce que c'est que Maintenant ça s'appelle Time for the Planet Ouais carrément Au début c'était Time Mais on en reparlera peut-être Et donc c'est quoi Time for the Planet ?

  • Speaker #1

    Bah moi j'aime bien Enfin le En fait pour moi c'est une grande expérience De nouveau modèle d'affaires C'est peut-être même la plus grande expérience de nouveau modèle d'affaires qui n'a jamais été mise sur pied, puisque nous, on a décidé qu'on allait créer une boîte où le modèle d'affaires, donc le modèle actionnarial notamment, était vraiment pensé et paramétré de A à Z pour que tout soit toujours orienté sur l'impact. Donc, nos actionnaires n'attendent pas de retour sur investissement. Aujourd'hui, on a 121 000 actionnaires, financiers en tout cas. Ils attendent un retour sur investissement en tonnes de CO2 évitées qui s'appelle du dividende climat. C'est un truc qu'on a co-créé avec l'ADEME, l'ONU, une cinquantaine d'experts carbone internationaux. et qui matérialise de manière robuste, audité, certifié, le nombre de tonnes de CO2 évitées chaque année grâce à ton argent que tu as placé dans Team Forte Planète. Et ça, ça nous permet de faire des investissements que le monde économique traditionnel ne peut pas faire, parce que la plupart des innovations, et je vais expliquer comment on fonctionne juste après, mais qu'on finance, c'est des innovations qui ne sont pas financées par le monde économique traditionnel parce qu'elles ne permettent pas de faire des gros multiples à court terme pour gagner beaucoup d'argent ou des exits rapides. Non, c'est des innovations cruciales pour l'avenir de l'humanité. structurantes pour nos sociétés, qui sont là pour être un socle à tout le reste de l'économie. Mais comme l'économie s'est sassisée un petit peu et que maintenant on veut vendre très vite, faire des gros chiffres rapidement, en fait elles ne sont même pas dans les radars. Et donc nous on est parti un peu de ces constats-là en se disant il faut qu'on pense notre modèle d'affaires pour qu'on soit capable d'aller accompagner ces boîtes et qu'on leur donne les moyens d'exister et qu'on ne soit pas rattrapé par la patrouille du toujours plus financier. C'est pour ça qu'on a été un peu radicaux, on ne dit pas que toute l'économie doit ressembler à ce qu'on fait. mais on est convaincu qu'une petite partie de l'économie doit ressembler à ce qu'on fait pour que le reste puisse exister. Bon, ça, c'est ce qu'on est. Maintenant, qu'est-ce qu'on fait ? Eh bien, en fait, au départ de l'aventure, nous, en tant que simples citoyens, on essayait d'agir et on se rendait bien compte que quand t'es pas milliardaire ou président de la République, c'est quand même difficile d'avoir de l'impact. Donc, on se demandait comment on pouvait permettre à n'importe qui d'élargir son rayon d'action à l'échelle mondiale, pour le climat notamment. Et on a rencontré plein de scientifiques dans cette démarche, et notamment Jean Jouzel, qui est l'ex-vice-président du GIEC, qui nous a parrainés dès le départ, et qui nous a présenté plein d'autres scientifiques. et en fait, à chaque fois on nous a remonté le même constat aujourd'hui il y a un levier d'action très fort sur lequel vous pourriez aller avec ce modèle d'affaires là parce que vous êtes dans une composition qui vous permet d'avoir la liberté de le faire c'est, oui on sait il faut de la sobriété massivement mais pour aller vers un monde plus sobre il faut aussi des innovations qui nous permettront de transformer le monde dans lequel on est pas des innovations technosolutionnistes pour continuer dans le toujours plus et faire de l'astéroïde mining justement, des innovations qui nous permettent de repenser le monde dans lequel on est de faire autrement... Et ces innovations, elles ont besoin de passer à l'échelle aujourd'hui, mais elles n'y arrivent pas. Et ce qui est fou, c'est qu'elles sont déjà là. La plupart n'ont pas besoin d'être inventées, elles sont déjà là. Et le problème pour lequel elles n'arrivent pas à passer à l'échelle, c'est qu'elles sont portées par des scientifiques, des ingénieurs, des chercheurs. Et ces gens-là, ce n'est pas des entrepreneurs. Donc quand il s'agit justement de trouver le modèle économique viable, d'en faire une vraie entreprise qui peut recruter des clients, des salariés, etc., ça ne marche pas. Et nous, ça nous semblait fou parce qu'on connaissait des très bons entrepreneurs qui avaient monté des boîtes énormes dans des secteurs qui n'avaient rien à voir et qui, comme nous... se posaient la question de leur utilité et de mettre leur compétence entrepreneuriale au service de l'urgence climatique. Et donc on s'est dit, on va faire le Tinder du climat. On va aller chercher d'un côté ces innovations avec un énorme potentiel de décarbonation que le monde économique traditionnel néglige et ne finance pas parce qu'elles sont pas des machines à cash à court terme. Et on va aller chercher de l'autre côté des entrepreneurs chevronnés qui ont monté des très belles boîtes. On va les mettre ensemble. N'importe qui pourra participer à l'aventure en devenant associé actionnaire à partir d'un euro. Donc c'est pas... Un don, on n'est pas une asso, comme je te l'explique, c'est vraiment on travaille au niveau des modèles d'affaires, parce que pour moi, c'est là qu'on va changer le monde. Faire une asso, c'est génial, mais si tu te finances grâce au salaire des gens, parce que c'est ça finalement les dons, via des impôts ou via des dons directs qui viennent d'un modèle d'affaires d'une entreprise, malheureusement, tu ne travailles pas au niveau des causes, tu travailles un peu au niveau des conséquences. Donc nous, vraiment, on a choisi que ce soit des actionnaires, ils sont copropriétaires de l'aventure, ils peuvent investir à partir d'un euro, donc c'est très accessible, ça se fait en deux minutes, mais par contre... Avec cette grande tirelire collective, on finance ces projets-là. Et comme ils n'attendent pas de retour financier sur leur investissement, toutes les décisions qu'on prend, c'est toujours pour plus d'impact. Et en fait, ils ne nous font jamais chier pour plus d'argent. Ils nous font toujours chier pour optimiser l'impact, s'assurer qu'il y a plus d'impact. Et ce qui est assez fabuleux, c'est qu'on voit que les boîtes qu'on sort sont en train, en plus, de devenir des boîtes très rentables, donc qu'on peut avoir encore plus d'impact.

  • Speaker #0

    Ça me mène à plein de questions. Cette tirelire collective, comme tu dis déjà, aujourd'hui, vous avez levé combien d'argent, si ce n'est pas indiscret ?

  • Speaker #1

    On a levé pas loin de 34 millions d'euros ou 33, je ne sais plus à date exactement.

  • Speaker #0

    Ce qui est déjà une énorme somme. En combien d'années ?

  • Speaker #1

    En 4 ans, du coup.

  • Speaker #0

    34 millions d'euros. Et donc, moi, par exemple, si je veux qu'on monte à 34 millions et 1000 euros, que j'investis 1000 euros. Donc, tu m'as dit, je vais avoir à la fin de l'année un dividende climat. Qu'est-ce que c'est un dividende climat ? C'est un bout de papier que je vais recevoir par la poste ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est un peu plus solide que ça. Comme je te disais, vraiment, maintenant, c'est devenu... Nous, on était à l'initiative du truc, on l'a co-créé avec plein d'experts, mais c'était pour que ça ait une application dans le monde réel au-delà de nous. Et nous, on était là pour prouver que c'était possible et que des actionnaires pouvaient attendre autre chose qu'un retour financier et qu'ils pouvaient avoir un retour financier et d'autres types de retours, mais que les actionnaires sont ceux qui font le projet de société aujourd'hui. Parce que les boîtes, c'est ce qui fait le monde. On va tous travailler le matin, on se lève tous pour aller travailler pour des boîtes qui nous payent en échange de notre temps. Et cette somme de temps faramineuse... fait le monde dans lequel on est et le change et l'emmène vers un projet de société de merde ou un bon projet de société. Et donc le problème c'est que les boîtes aujourd'hui qui sont pilotées avec une mécanique qui ne voit qu'avec un seul oeil qui est celui de l'argent emmènent en permanence vers faire plus d'argent dans les boîtes, donc extraire plus de ressources, etc. Et donc nous on avait en tête qu'il fallait d'autres indicateurs pour que justement l'actionnaire dise Attendez, oui ça fait de l'argent mais par contre là on bousille tout, là on est en train de bousiller le climat, on est en train de bousiller la biodiversité, on est en train de bousiller l'eau. Donc... C'est pas rentable, notre argent n'est pas rentable. Il est rentable sur le plan financier, mais il est carrément en perte sur tous les autres indicateurs. Et c'est pour ça qu'on a poussé le dividende climat, et c'est devenu une asso indépendante, maintenant présidée par Brune Poirson, et maintenant t'as des très gros qui distribuent du dividende climat, c'est chouette, ça fait son chemin. T'as Decathlon, Backmarket, Demeter dans la finance, ils distribuent vraiment des millions de dividendes climat, donc de tonnes de CO2 évitées. Et pour te répondre, c'est donc un certificat qui rentre dans le bilan extra-financier des entreprises. Il est valide dans le référentiel européen pour la comptabilité carbone. Et il permet de dire, c'est robuste, c'est clair et c'est certifié. Avec ses 1 000 euros, Nicolas a permis d'éviter X tonnes de CO2 cette année. Et ce qui est cool, c'est que toi, tu as placé tes 1 000 euros, parce que dans Team Forte Paix, tu as une liquidité à 10 ans. En gros, tu peux ressortir ton argent 10 ans après à 1 euro pour 1 euro. Donc, tu places de l'argent, mais il ne travaille pas pour ton patrimoine financier, il travaille pour ton patrimoine climat, en fait. Et donc, ça te permet tous les ans de toucher ton dividende climat parce que tes 1 000 euros, ils continuent à travailler pour toi. Mais juste, ils ne travaillent pas pour t'enrichir financièrement. Tu peux avoir placé, par exemple, 1 de ton patrimoine en disant celui-là, je ne le mets pas pour m'enrichir financièrement. Ils travaillent pour faire en sorte que j'ai un max de tonnes de CO2 non émises grâce à ma thune.

  • Speaker #0

    C'est hyper intéressant parce que je crois en plus que la France, on est un des pays où il y a le plus d'épargne en Europe ou dans le monde. Et finalement, les taux, bon, alors, ils sont en train de remonter, mais ils sont relativement bas. dans ceux qui nous écoutent je pense qu'il y en a plein qui ont peut-être 1000, 10000, 100000 ou un million qui dorment si on les plaçait chez toi finalement on aurait peut-être enfin on perdrait peut-être un peu d'intérêt mais c'est quelques euros, quelques dizaines d'euros ou centaines d'euros, en tout cas ça changerait pas notre vie et par contre du coup ça pourrait changer l'impact carbone,

  • Speaker #1

    la planète Oui et puis si on prend un peu de recul on perdrait pas d'argent, ça c'est une vraie question qu'il faut se poser maintenant parce qu'on peut plus raisonner sur les pas de temps court-termistes en fait on gagne de l'argent à court terme mais comme on n'accélère une mécanique sociétale entrepreneuriale qui est extra-productiviste et donc qui est dans l'extractivisme aussi des ressources, chaque fois que tu fais du rendement sur un placement financier, il faut te poser la question de comment ce rendement a été fait. Ce rendement, il ne tombe pas du ciel. Il vient du fait qu'on extrait toujours plus de matière dans la nature pour produire toujours plus de produits et vendre plus de volumes de produits. Et donc ton rendement, quand tu as pris tes 5% de rendement, en fait il est directement corrélé au fait que tu as un... contribuer à creuser un peu plus, à raser un peu plus de forêt, tu vois, et c'est pas... Il faut quand même qu'on ait conscience de ça, les humains. Et donc, ça veut dire que tu gagnes un peu d'argent à court terme, mais la valeur écosystémique de tout ça, ça a été calculé maintenant, et notamment par le GIEC, en fait, les dommages que ça va générer sur notre monde, sur nos vies, sur nos maisons, sur nos emplois, parce que le coût de l'électricité va monter, le coût de l'énergie globalement va monter, le coût des ressources, de l'alimentation, des matériaux, tout ça... en fait, finalement, va nous coûter plus cher. Et donc, le peu d'argent que tu vas peut-être gagner à court terme, en fait, potentiellement, tu vas payer beaucoup plus cher après pour essayer de compenser les dégâts qu'on crée dans notre monde. Et ça, c'est ce que le GIEC récapitule très simplement en disant que le coût de l'inaction climatique est infiniment supérieur au coût de l'action. Donc, qu'est-ce qui vaut mieux pas ? Être à taux zéro, mais ne pas avoir à payer très cher demain, plutôt que d'être à prendre 5% aujourd'hui, mais demain, avoir contribué à flinguer un peu plus la planète et devoir payer très cher. Parce que qui va payer ? C'est pas les gouvernements, à la fin c'est nous qui allons payer, quand ça va être la merde, quand ça va vraiment coûter cher. Rien qu'à voir, les compagnies d'assurance, elles se désintéressent, elles abandonnent des villes. Les villes côtières en France, il y a plein de compagnies d'assurance qui ont dit on arrête de vous assurer.

  • Speaker #0

    Parce qu'elles savent que dans 10 ans, 20 ans...

  • Speaker #1

    Mais parce que ça a déjà commencé. Et en fait, elles disent on ne pourra pas les assurer. Donc elles les lâchent. Et donc notre système de protection ne va pas être derrière nous. Et qu'est-ce qui se passe ? Les habitants, ils se mettent en commun, ils refont une assurance entre eux dans leur ville. Et ça leur coûte plus cher, évidemment. Parce qu'ils sont sur un territoire qui est hyper exposé.

  • Speaker #0

    Ce qui est fou, si je réfléchis à voix haute, des personnes... qui n'ont pas forcément cette conscience de la planète. On imagine quelqu'un qui a des millions, des dizaines de millions, des centaines de millions. Avec ce que tu dis, comment dire, s'il n'y a plus de planète, il n'y a plus d'entreprise, il n'y a plus de dividende. Donc même s'il ne partage pas complètement ce que tu dis, il aurait intérêt à mettre une partie de son argent pour décarboner. Étant donné que dans peut-être 50, 50 ans, 50, 100 ans, il ne pourra plus faire son activité si la planète n'est plus au rendez-vous.

  • Speaker #1

    Alors la planète, on dit souvent qu'il faut sauver la planète, mais elle s'en fout, elle va rester là 5 milliards d'années, tout va bien, elle n'en a rien à foutre, c'est plutôt nous les humains, il y a beaucoup de papiers qui commencent à sortir, il y en a un assez édifiant en 2022 aux Etats-Unis qui est sorti, qui questionne la capacité de l'humain à vraiment rester là pendant plusieurs centaines, milliers d'années. Et en fait, ce qui est quand même important de se dire, c'est que justement, tu as raison, tu mets le doigt sur un truc qui est très vrai, le socle de l'économie mondiale... C'est les services écosystémiques, c'est la nature, c'est le fait que le monde dans lequel on vit soit en bonne forme. Si demain, ce monde-là couine, on ne pourra plus générer des profits importants, on ne pourra plus... Et c'est ce qu'on se disait il y a deux minutes. En fait, les coûts, ça va être directement répercuté sur les entreprises. Tu vois, tout de suite, on le voit quand l'énergie augmente, les entreprises sont en faillite, il y en a plein qui ferment. Plus on laisse partir à la dérive le système terre, plus les coûts vont être... intenable pour les boîtes. Et donc, elles vont perdre de l'argent. Non seulement elles ne vont pas avoir de dividendes, mais elles vont perdre de l'argent. Donc là, ce qui se joue, c'est soit on continue de se gaver encore quelques années à court terme, parce qu'on a réussi à créer une méga machine ultra extractiviste qui permet de générer en face des gros bénéfices en argent. Mais par contre, après, on va prendre une gifle monumentale et on va perdre notre argent. Donc, on aurait gagné de l'argent qu'on va reperdre derrière. Soit, on réfléchit autrement et on se dit, est-ce qu'il vaut mieux moins gagner d'argent maintenant ? mais pour en gagner longtemps. Et ce qui se joue aujourd'hui, et c'est ce que disent beaucoup de gens experts, naturologues et autres, c'est le combat entre performance et robustesse. Et aujourd'hui, on le voit déjà dans l'entreprise. Il y a quelques années de ça, beaucoup d'entreprises se sentaient robustes. Aujourd'hui, beaucoup sont en mode Hum, en fait, je suis plus irrésiliente, c'est compliqué là Et c'est ça le jeu dans lequel on est maintenant. C'est ça le jeu de ce siècle. C'est plus du tout le jeu de la performance, c'est le jeu de la robustesse. Les futurs GAFA de demain, c'est ceux qui tiennent longtemps. C'est ceux qui prennent les vagues dans la gueule et qui restent. Parce qu'on va être dans un monde instable, maintenant. Instable sur le climat, mais pas que, sur justement les matériaux, l'énergie et plein d'autres choses. Et même, tu vois, les humains, parce qu'il y aura peut-être plus de guerres, de machins, à cause du sujet du climat. Donc c'est fini, le monde stable dans lequel on était, tous les climatologues te disent, c'est fini. On est sortis de 11 000 années de climat stable, et là on a déréglé le climat, c'est parti, on peut limiter la dérive climatique, pour éviter que ce soit vraiment horrible et hardcore, mais on est sortis du climat stable. Et donc maintenant, Il y a des vagues. Donc celui qui est juste en performance maximale, mais qui a un beau bateau tout en carbone, qui est 0% robuste, il va s'éclater dans les vagues. Celui qui a un bateau robuste, qui va peut-être moins vite, qui est moins performant, mais qui va durer longtemps, pour moi, c'est lui le futur GAFA. Et mieux vaut avoir un petit peu de dividendes tous les ans pendant 100 ans, qu'avoir énormément de dividendes pendant un an, puis plus rien ensuite. Enfin, chacun sa vision, mais moi c'est la mienne.

  • Speaker #0

    Tu parles des futurs GAFA, si on peut donner un exemple d'entreprise dans laquelle vous investissez, je crois qu'il y a Coolroof que tu aimes bien souvent expliquer, est-ce que tu peux nous en parler un petit peu ?

  • Speaker #1

    Oui, très rapidement, Coolroof peigne des toits en blanc avec une peinture à base de coquilles d'huître, entre autres, il y a plein d'autres choses dedans, mais c'est un peu leur ingrédient secret. Et cette peinture renvoie 95% du rayonnement solaire, ce qui permet de faire baisser de 7 degrés la température dans les bâtiments pendant l'été, et ça n'a pas d'impact pendant l'hiver, parce que s'il faut augmenter le chauffage, c'est un peu con. Et donc, ça fait baisser de 40% l'usage de la clim instantanément dans les bâtiments. C'est la moyenne qu'on a aujourd'hui. Coolroof, c'est déjà 1 million de mètres carrés de toit peint, c'est plus de 10 millions de chiffres d'affaires. Donc, ça y est, c'est une vraie boîte. Et ce qu'on ne sait pas forcément, c'est que la clim, ça pollue et ça réchauffe autant le climat que tous les avions du monde. La clim toute seule, c'est 10% de la consommation électrique mondiale. Ça utilise des gaz fluorés qui sont 3000 fois plus réchauffants que le CO2. Donc, c'est une catastrophe pour le climat. Et là, grâce à Coolroof, tout de suite, tu fais baisser la clim. Et ce qui est génial, c'est que tu n'as pas besoin d'expliquer aux gens Alors si si je vous jure il y a un problème avec le climat parce qu'il y a encore plein de gens qui n'y croient pas Si si je vous assure la clim ça pollue vraiment je vais vous expliquer pourquoi Non là tu peins le toit et puis juste les gens hop ils ont un confort qui est meilleur ils baissent la clim naturellement

  • Speaker #0

    Donc ça fait baisser la clim et en plus c'est rentable

  • Speaker #1

    C'est rentable économiquement très vite, parce qu'en effet, tu as raison, avec le coût de l'électricité qui a augmenté, on a fait des tests sur des McDo, bon, c'est pas forcément les meilleurs trucs, mais c'est pas grave, au moins on avait un test viable. En fait, au bout de deux ans, ils sont rentables économiquement. Donc, ce que leur a coûté le fait de mettre du cool roofing sur leur toit, en fait, ils gagnent de l'argent après, parce que ça leur coûte moins en électricité, puisque la clim consomme énormément d'électricité, on vient de le dire. Ok,

  • Speaker #0

    écoute, génial. Dernière question sur Team for the Planet. J'ai lu que vos rémunérations en tant que dirigeant, Alors aujourd'hui, vous êtes quatre dirigeants ?

  • Speaker #1

    Maintenant, on est quatre dirigeants, oui.

  • Speaker #0

    Vous avez du coup une rémunération qui est limitée statutairement à quatre fois le montant du SMIC.

  • Speaker #1

    Exactement, par personne.

  • Speaker #0

    C'était important pour vous ?

  • Speaker #1

    C'était très important pour nous parce que pareil, quand tu discutes avec tous les scientifiques, ils te disent le problème majeur de l'humain et notamment les neuroscientifiques qui s'intéressent vraiment au fonctionnement du cerveau et notamment du striatum qui a fait un peu parler de lui avec certains auteurs comme Sébastien Boller, le bug humain et autres, c'est qu'on est incapable de s'auto-limiter. Et en fait, c'est ça notre plus gros problème, c'est qu'on a vécu dans une société où il y avait beaucoup de rareté, c'était dur de trouver à manger, c'était dur de s'en sortir juste, et tout à coup, nous, on a hacké le jeu et on a réussi à créer une société de pléthore, où il y a tellement pléthore qu'il y a plus de gens qui meurent d'obésité que de faim dans le monde aujourd'hui. Le problème, c'est qu'on ne sait plus se limiter dans une société comme ça, parce qu'on n'aurait jamais dû arriver dans un monde comme celui-là. Et donc, on est dans l'hyperconsommation en permanence et on ne sait pas s'arrêter. Et quand tu gagnes un milliard, tu veux gagner deux milliards. Et quand tu gagnes deux milliards, tu te compares avec le mec qui a quatre milliards. C'est véridique, j'ai déjà parlé avec des milliardaires qui me disent ça. Moi, je suis un petit milliardaire. Attendez, vous avez vu le machin ? Mais t'es milliardaire, mec. Il faut peut-être à un moment atterrir quand même.

  • Speaker #0

    Il n'y a pas à manger quatre steaks hachés, acheter neuf piscines.

  • Speaker #1

    Exactement. Mais en fait, l'humain ne sait pas s'auto-limiter. Donc nous, dès le départ, on a voulu mettre ces bases-là, d'éteindre notre propre case cupidité. Parce qu'on a tous cette case cupidité. Et aujourd'hui, on ressemble un peu à des écureuils qui font une montagne de glands alors qu'ils sont entourés par les flammes. Donc nous, dès le départ, on s'est dit, on va s'arrêter et on va tout de suite réfléchir autrement. Donc on a capé nos salaires pour que ça crée aussi la confiance du modèle Team for the Planet. Parce qu'aujourd'hui, on se repose beaucoup sur le mouvement et ces milliers d'actionnaires qui nous aident à trouver des innovations partout dans le monde, les sélectionner, trouver des clients une fois qu'on a monté les boîtes. Et ça, on ne peut pas le faire s'il n'y a pas la confiance. Si nous, on était là en haut de la pyramide à pouvoir devenir des énormes millionnaires, crois-moi que personne ne nous aiderait. Enfin, je veux dire, les gens ne s'impliqueraient pas. Là, c'est clair, c'est carré, nos comptes sont publics. on ne pourra jamais s'enrichir, on ne gagnera jamais d'argent avec cette aventure. Mais je veux dire, 4 fois le SMIC, c'est énorme.

  • Speaker #0

    Ça te suffit l'argent pour vivre ?

  • Speaker #1

    Moi je vis parfaitement. En plus j'ai vendu une boîte avant, donc à un moment...

  • Speaker #0

    Et donc tu as raison, pour créer un mouvement, il faut une confiance. Et donc pour aller au bout de la question, vous les 4 dirigeants, vous avez maximum 4 fois le SMIC, et donc vous n'avez aucune autre, et en vrai moi je trouverais ça aussi légitime, aucun autre bénéfice monétaire, par exemple des dividendes à la fin de l'année, non. ou du coup vous êtes actionnaire. Donc si un jour Tim est vendu...

  • Speaker #1

    On n'est pas actionnaire. On n'avait pas le droit de l'être dans le fonctionnement qu'on a. On est une société en commandite par action et donc notre commissaire au compte nous avait dit non, non, dans la mécanique, parce que vous êtes les associés commandités, c'est un peu technique, mais en gros on n'est pas actionnaire du commanditaire, donc du véhicule en dessous. Et ça, de toute façon, même si on était actionnaire, ça ne changerait rien puisque les actionnaires ne gagnent pas d'argent. Vraiment, tu peux creuser, il y a plein de mecs qui se sont cassés les dents au début parce qu'ils étaient sûrs qu'on avait mis une mécanique pour être riche. Et le nombre de types, je peux te dire, quand on a 500 000 personnes qui nous suivent sur les réseaux et plus de 120 000 qui sont actionnaires, tu en as, je pense, 1000 qui ont vraiment tout cherché. Ils ont appelé l'AMF, et tant mieux, au moins, ça permet d'être... Après, en même temps, les mecs viennent en Assemblée Générale puisqu'ils sont actionnaires. Là encore, ce n'est pas un don où tu donnes ta thune et puis advienne que pourra. Non, tu es actionnaire, donc tu as accès au plus haut niveau d'information et de décision d'une entreprise, qui est l'Assemblée Générale. Nous, en Assemblée Générale... Quand nos actionnaires nous posent des questions, on est obligé de répondre. Même si ça dure huit heures, on doit répondre à toutes les questions. Sinon, ils peuvent nous foutre en prison. Donc, autant dire que la transparence, c'est génial parce que tu ne peux pas ne pas être transparent.

  • Speaker #0

    Écoute, merci beaucoup pour toute ta transparence, justement, sur Tim. Pour terminer l'interview, on va passer sur quelques questions un peu plus perso. Il se trouve que tu as cette conscience de toi-même, etc. Et en même temps, tu as fait un burn-out, tu en as parlé. et ça arrive à beaucoup de gens et est-ce que tu peux justement nous en parler un petit peu comment ça t'est arrivé moi j'ai lu que ça t'est un peu tombé sur la gueule on va dire un jour bien tombé sur la gueule c'est le mot ouais

  • Speaker #1

    bah en fait c'est pas parce que t'es aligné que tu peux pas prendre un peu de tarif quoi moi j'étais tellement aligné, tellement passionné que tu fais mille millions de trucs toute la journée, tout le temps tu penses à ça.

  • Speaker #0

    T'es dans ton tunnel.

  • Speaker #1

    Ouais, t'es dans ton truc. Et puis du coup, je faisais plusieurs conférences par jour dans différentes villes, j'enchaînais non-stop, j'arrêtais jamais en fait. Et du coup, il y a eu un jour où juste j'ai eu un contexte familial qui a été compliqué. Mon père a fait un AVC à cette période, je m'étais séparé de ma copine. Enfin, tu vois, en fait, t'as pas de marge de manœuvre quand tu travailles comme ça. Quand tu travailles comme un bourrin, le jour où il y a des problèmes de ton côté, d'autres problèmes, c'est là que tu tiens pas. Et en fait, voir mon père à l'hôpital branché... de partout avec des tuyaux. Ça m'a juste... Je pense que j'ai craqué. C'est trop. Je me suis retrouvé... Je me rappelle très bien. Je suis rentré de cette deuxième conférence. Tout le monde me tenait un peu la jambe pour me parler. Et en fait, j'ai entendu croc-croc dans ma tête, vraiment. Et je me suis effondré. Je suis resté 48 heures dans mon lit. Je ne pouvais pas me relever. Il fallait que quelqu'un me relève le coussin. Tu vois, m'amène de l'eau. Et donc, voilà.

  • Speaker #0

    On n'a rien après.

  • Speaker #1

    J'ai eu un avant et un après parce qu'après je me suis dit je veux toujours lécher de la marge de manœuvre justement, c'est ça que j'avais pas appris à faire et c'est ça que j'ai appris à faire maintenant en fait je me rendais pas compte que, en fait tu t'en rends pas compte qu'il te reste pas de la marge de manœuvre qu'on est limité,

  • Speaker #0

    que l'homme aussi est limité et qu'il faut un équilibre,

  • Speaker #1

    en fait les deux heures de plus que tu vas passer à tirer sur la corde le soir pour essayer de faire un peu plus si tu les passes dans prendre soin de toi te sentir mieux avec toi-même bah en fait tu rayonnes tellement, t'es tellement plus puissant que... c'est bien plus efficace que ces pauvres deux heures de travail épuisées. Et c'est ça que j'ai appris, je pense.

  • Speaker #0

    Ok, hyper intéressant. C'est quoi le bonheur pour toi aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Je suis revenu à la définition initiale que j'avais du bonheur. En fait, j'ai été accaparé par une définition très commerciale du bonheur dans la startup nation où il faut être millionnaire, il faut avoir plein d'abonnés, il faut fréquenter des gens stylés, il faut avoir une boîte dans la hype, dans les apps mobiles, waouh, c'est dingo, machin. Ça, c'est pas le bonheur, en fait. C'est de la merde. C'est intéressant, tu vois, c'est une expérience sympa, mais en fait, c'est pas ça profondément, le bonheur. C'est stimulant, c'est fun, ça te donne de l'énergie, mais ce n'est pas le bonheur. Il ne faut pas confondre. Le bonheur, pour moi, il est extrêmement simple. C'est passer du temps avec des gens avec qui tu te sens bien, le plus possible. C'est ne pas regarder sa montre, arriver à être dans le temps présent, voire ne pas avoir de montre, si on peut, comme ça, il y a de la sobriété en bonus. Et pour moi, ça ne tient qu'à moi, mais c'est aller me perdre dans la nature, marcher, m'émerveiller. Je crois que le mot émerveillement, c'est la clé du bonheur. En fait, pour moi, le bonheur est tout le temps là. Il est tout le temps présent de la même manière. On peut juste l'attraper à n'importe quel moment. Le truc, c'est qu'on désapprend comment attraper le bonheur en devenant justement cet adulte sérieux, agent économique qui est là pour consommer, pour produire. Ça, c'est tout sauf un truc qui nous aide à nous rappeler comment on attrape le bonheur. Et quand t'es enfant, justement, t'attrapes le bonheur facilement. Tu creuses une mare, tu regardes les libellules, t'es heureux, putain. C'est facile. Et ça, on le désapprend. Parce que justement, on rentre dans des schémas qui sont des schémas autour des mécaniques d'argent. Et je ne suis pas en train de dire que l'argent, ce n'est pas bien. Encore une fois, ça vient de la monnaie fiduciaire, ça veut dire la confiance. C'est un super outil, on en a besoin. Mais là où on se perd, c'est quand ça devient commercial et qu'on a l'impression qu'il faut accumuler et posséder pour être heureux. Il faut un minimum. C'est la théorie du donut, de la brave Kate je ne sais plus quoi, qui dit que tu as des planchers sociaux. Mais il faut rester dans l'interstice. Il ne faut pas dépasser ce qui est au-dessus. devient contre-productif. Et donc pour moi, le bonheur, il faut juste être capable de s'émerveiller pour l'attraper. Et je te parle de trucs très simples, d'une belle action, de quelqu'un qui aide quelqu'un dans la rue ou qui lui laisse sa place dans le métro, ça c'est un peu de bonheur. Ça c'est une passerelle, vas-y mec, prends-le. Et puis quand il y a le bruit du vent dans les feuilles d'un arbre, quand le soleil chauffe ta peau en été, quand juste tu te soucies de rien, tu marches sur une plage, tu sens l'air sur tes mains, c'est ça le bonheur en fait. En fait ça c'est des... C'est des raccourcis pour attraper le bonheur. C'est juste à toi de l'attraper. Si tu ne l'attrapes pas, c'est ta responsabilité. Mais ne croyons pas qu'on peut l'attraper en achetant des iPhones.

  • Speaker #0

    Une blague de merde ou rigoler.

  • Speaker #1

    Exactement. Par exemple, se marier au début d'un podcast pendant 50 minutes parce qu'on n'arrive pas à démarrer le podcast. Petite private joke pour les auditeurs et auditeuses.

  • Speaker #0

    Pour les gens qui nous écoutent, on a mis à peu près 15-20 minutes à commencer parce qu'on a déjeuné ensemble avec Arthur avant. On a parlé de plein de choses, mais je pense qu'on avait beaucoup rigolé et on a continué dans cette dynamique.

  • Speaker #1

    Mais c'est bon de rire, on en a tellement besoin, ça vaut plus cher que tout ça.

  • Speaker #0

    Et on n'arrive plus à s'arrêter. On n'arrive plus à s'arrêter,

  • Speaker #1

    c'était bien, franchement, ça c'était du bonheur. C'est clair.

  • Speaker #0

    Pour continuer, justement, il y a quelque chose qui m'intrigue chez toi, c'est que tu es quelqu'un d'engagé, tu as quand même une belle expérience. Aujourd'hui, malheureusement, il y a un vrai problème au niveau planète, climatique. est-ce que t'as déjà songé à la politique ?

  • Speaker #1

    Mon père et mère C'est extrêmement chelou. Mais d'un petit village, le fameux village où j'ai grandi, donc 200 habitants. Ce qui n'est pas du tout un truc, je pense, c'est une expérience politique parmi d'autres. Mais ça pourrait être intéressant, mais en fait, dans ce monde-là, j'aimerais pas du tout faire de la politique à grande échelle parce qu'on haine aux politiques en France. Vraiment, on a une culture de la politique, je trouve ça pas intéressant. évidemment qu'on n'aura que des politiques véreux qu'on n'aura que des politiciens qui sont ceux qui ont réussi à tenir la haine globale qu'on a envers les politiques je trouve que c'est assez dingue mais dès que quelqu'un met l'étiquette politique il a beau être aimé avant tout à coup tout le monde le hait et en fait tout de suite on associe un mec qui fait de la politique à un mec en quête de pouvoir un mec qui pense qu'à ses intérêts qui est égoïste et il faut peut-être aussi qu'on s'interroge sur nous en France en tout cas c'est pas normal enfin Il faut aussi qu'on se dise qu'il y a des gens qui vont en politique parce qu'ils ont envie de contribuer au bien commun. Des gens qui pourraient gagner plein d'argent ailleurs et qui se disent, non, je vais aller faire... Certes, t'es bien payé quand tu fais de la politique à haut niveau, mais on parle de gens qui pourraient gagner des centaines de millions et qui choisissent d'aller gagner 15 000 balles par mois. C'est énorme, j'ai pas de sujet, mais simplement pour se rendre compte... Enfin, à part tant qu'on sera dans cette mécanique-là et tant qu'on verra nos politiques de cette façon, mais qui, honnêtement, peut avoir envie d'aller faire de la politique à part, justement... des types qui vont faire passer leurs intérêts avant et qui s'en foutent d'être détestés. Tu vois, moi, je serais incapable de porter la responsabilité d'être haï par autant de gens. Tout ce que tu fais, tu te fais défoncer, quoi. Je veux dire, il faut aussi qu'on puisse accepter qu'on élit des gens et après, il faut les laisser essayer de faire le projet pour lequel ils ont été élus. S'ils ne font pas leur projet, oui, il faut les défoncer. Mais par contre, je veux dire, juste parce que quelqu'un est un politicien, je trouve que c'est assez triste le regard qu'on a sur la politique aujourd'hui en France.

  • Speaker #0

    Et est-ce que tu penses, alors moi je suis assez d'accord avec toi, que malheureusement on met un peu tout le monde dans le même panier, on a tendance à détester les politiques alors que pour en croiser certains, il y en a qui font ça avec cœur et conviction.

  • Speaker #1

    Oui, puis c'est facile, ça fait un bouc émissaire, oui, quand nos politiques feront des trucs, le monde ira mieux. Mais les gars,

  • Speaker #0

    ces gens-là,

  • Speaker #1

    c'est des humains, il faut qu'on le fasse ensemble, il faut qu'on leur montre qu'il y a d'autres voies possibles pour qu'ils puissent s'appuyer dessus aussi. Pourquoi on est toujours en colère ? Je suis désolé, je te coupe, mais contre nos politiques, c'est parce qu'on croit que c'est eux qui vont trouver et mettre en place les solutions. Mais c'est faux, ce n'est pas comme ça que marche le monde politique. Le monde politique cherche des relais dans la société civile, des appuis, des expériences qui ont été menées. Et tu vois, tous les mecs qui arrivent au bout de la réflexion, et c'est trop intéressant, même Jean Covici en parlait l'autre jour, ils te disent en fait, la meilleure manière de faire de la politique, c'est de faire des expériences différentes dans le monde réel. Et c'est pour ça qu'on fait Team Forte Planète aussi, pour que les politiques puissent dire, regardez, d'autres choses existent.

  • Speaker #0

    Et se font porter à leur connaissance.

  • Speaker #1

    Et pouvoir en faire quelque chose ensuite. Mais ce n'est pas aux politiques de trouver nos solutions. Ils ne peuvent pas. En fait, le modèle de société dans lequel on évolue est... tellement complexe, il y a tellement d'injonctions contradictoires, il y a tellement de complexité, et c'est franchement, on leur demande d'être des surhommes. Moi, j'ai côtoyé beaucoup de, enfin, beaucoup, quelques ministres. C'est pas possible, en fait. Ils ne peuvent pas, en plus, être créés, inventer les choses. Donc, il faut qu'on arrête de mettre toute la responsabilité aussi sur ces gens. Il faut qu'on se dise, c'est du collectif, c'est une part de société civile, via les entreprises, via ce qu'on fait en tant que citoyen. Et ensuite, il faut pousser ça aux politiques. Et bien sûr que tous les politiques ne sont pas... des enfants de chœur et des héros, mais je pense qu'une des grandes raisons pour laquelle nos politiques sont rarement des gens dont on est satisfait, c'est justement qu'on crée un cadre de société qui ne pousse que les plus menteurs, que les plus perfides à aller au bout du truc, quoi.

  • Speaker #0

    Ok, et donc en 2025, si Emmanuel Macron t'appelle et cherche un nouveau ministre de l'écologie ?

  • Speaker #1

    On n'a pas la force, et en plus le cadre dans lequel ça fonctionne aujourd'hui, c'est... je pense que ça ne me permettrait pas de faire ce que je veux faire. Malgré tes convictions. De quoi ?

  • Speaker #0

    Malgré tes convictions.

  • Speaker #1

    Malgré mes convictions, je pense que je suis plus utile à faire des expériences comme celles qu'on est en train de faire aujourd'hui, à dire, regardez, d'autres modèles d'affaires sont possibles. Regardez, l'entreprise, ça peut être autre chose. Regardez, Margaret Thatcher avait tort quand elle disait There is no alternative Tu vois, je pense que ça, c'est un truc d'ailleurs, tu vois, on rencontre plusieurs fois Christophe Béchus en ce moment. Tu vois, il va pouvoir s'appuyer là-dessus et justement prouver qu'il y a d'autres choses. Mais en fait, vraiment. La plupart des gens qui ont réfléchi à la question, ils te disent que la meilleure façon de faire avancer le monde en politique, ce n'est pas d'aller en politique, c'est de donner aux politiques des expériences de pensée différentes ou des expériences de terrain qui prouvent que d'autres choses sont possibles.

  • Speaker #0

    Écoute, c'est super intéressant. On est sur la fin de ce podcast. J'ai des questions un peu plus légères, on va dire, à te poser.

  • Speaker #1

    On va pouvoir se marrer ou pas ?

  • Speaker #0

    On va pouvoir avoir le droit de rigoler. Alors, une question que j'aime bien poser. Qu'est-ce que tu as fait de plus audacieux dans ta vie ? Pas forcément dans ta vie pro.

  • Speaker #1

    Oui, oui. Alors, j'essaie de réfléchir large. Bon, j'ai fait plusieurs trucs que j'ai trouvé audacieux, en tout cas très sympa. J'ai fait l'ascension du Mont Blanc, j'ai été plongé avec des requins, avec Camille Etienne, pour apprendre que les requins ne sont pas des super monstres sanguinaires qui ne pensent qu'à nous bouffer. J'étais pas bien, franchement c'était flippant, vraiment. C'était genre à 40 minutes de bateau des côtes espagnoles, où il y a 800 mètres de fond et où tu vois le soleil disparaître comme ça et ça devient tout noir. Et les requins ils nagent à 70 km heure. Et ils passent comme ça et on te dit saute ! Je te dirais que c'est audacieux, le moment où tu sautes. Franchement, tu as une part de toi qui te dit je me suicide Mais peut-être que j'aimerais revenir à des trucs...

  • Speaker #0

    moins spectaculaires et qui sont finalement très audacieux. Ça peut paraître anecdotique, mais en vrai, pour moi, c'est le truc le plus audacieux que j'ai fait, en tout cas, ces dernières années. C'est partir vivre seul à la montagne, tout seul, en ne connaissant personne dans un endroit parce que je me disais, j'ai besoin d'habiter dans ces endroits. C'est des endroits magnifiques, c'est là que je me sens bien, c'est là que je sens que je suis fondamentalement aligné et heureux. Tout devrait me faire vivre à Paris ou dans une ville, mais tout, parce que... le nombre de rendez-vous que je me tape, je fais trois jours par semaine à Paris, j'ai quatre heures et demie de trajet à chaque fois en train pour pouvoir aller chez moi, c'est fatigant. Et je ne connaissais personne, je n'avais aucun ami là-bas, tous mes amis sont loin de cet endroit. Mais quand j'ai découvert cet endroit, j'ai dit, c'est ici que je veux habiter et j'y suis allé. Et j'ai refait tout mon réseau d'amis là-bas. Évidemment, je n'ai pas arrêté de voir mes autres amis, mais j'ai refait un réseau d'amis là-bas. Je me suis vraiment... Et j'ai eu raison. En fait, ça a été comme un coup de cœur amoureux. j'ai senti que c'était là qu'il fallait que j'habite. Et mon rationnel me disait, pour mille milliards de raisons, qu'il ne fallait pas que j'y aille parce que ce n'était pas une bonne idée. Et j'ai dit non, un peu d'audace, si je meurs demain, je veux y avoir vécu dans cet endroit.

  • Speaker #1

    J'ai lu en préparant que tu as participé à l'anniversaire de Snoop Dogg. Pour ceux qui nous écoutent et qui ne connaissent pas Snoop Dogg, Snoop Dogg, c'est un des plus gros rappeurs américains. C'est quoi cette histoire ?

  • Speaker #0

    Bah c'était avec Thriller, c'est le genre de truc qu'on faisait, on emmenait des influenceurs à Los Angeles, on leur faisait faire des featuring avec d'autres gros influenceurs, jusqu'à être dans des soirées de ma boule quoi. Et donc il y avait Snoop Dogg qui était investisseur dans Thriller, qui avait fait une soirée privée un jour où on était à Los Angeles pendant une semaine, et du coup il a organisé une soirée où il y avait 40 personnes quoi. Et on a été invité, et du coup on était dans la soirée privée avec Snoop Dogg, qui faisait des petits mucs et puis qui se baladait, et c'était un peu un autre monde quoi tu vois. Mais finalement ça reste comme un humain quoi. Alors ça ressemble quand même à un truc particulier parce que t'avais des bars à weed partout, avec des hôtesses qui étaient chacune de chaque pays d'où venait la weed, et qui du coup te mettaient de la weed dans des trucs. Enfin bref, c'était... Bon, Snoop Dogg quoi ! Que te dire d'autre ?

  • Speaker #1

    Ok, écoute, c'est une anecdote très marrante.

  • Speaker #0

    Mais tu vois, je trouve ça moins stylé honnêtement, de me perdre tout seul au milieu d'une tombée de neige en haut au plateau du Jura. et de croiser un sanglier qui court avec moi sur 50 mètres sur la piste, comme ça m'est déjà arrivé.

  • Speaker #1

    Bien sûr, en termes de souvenirs, au bout du bout de ta vie, qu'est-ce qui te suivra ?

  • Speaker #0

    Ah, je viens de penser au truc le plus audacieux que j'ai fait, pardon. Je peux recourser avec lui ou pas ? Allez. En fait, je n'osais pas aller skier la nuit, parce que c'est méga dangereux. En fait, en ski de fond, si tu te boites, il fait moins 10 degrés, tu es à 10 kilomètres de ta bagnole, qui est le même, et tu es à 10 kilomètres d'un village, tu n'as pas de réseau, personne ne t'entendra. En plus, il y a des meutes de loups dans le Jura, alors ils n'attaquent pas les humains, je ne veux pas laisser croire ça. Mais enfin, si t'es par terre avec une jambe pétée, potentiellement quand même que tu deviens un truc un peu facile. Et en fait, comme je finissais le tard le taf à chaque fois, j'osais pas y aller la nuit. Et un jour, j'ai dit, allez mec, faut y aller, faut se confronter, faut réapprendre à être vulnérable, justement. C'est ce que j'ai vécu avec les requins. Mais là, en skiant la nuit, je me suis remis à skier tout seul la nuit. J'allais faire du ski de fond, pas la nuit à 3h du mat, mais tu vois, à 21h, il fait nuit noire en fait, à 21h en hiver. Et c'est des souvenirs de ma boule. Parce qu'en fait, au début, tu te dis, il y a un truc qui court derrière moi, toutes les deux secondes, tu as l'impression que ton cerveau te joue des tours. Et puis au bout d'un moment, tu te dis, mais en fait, lâche prise, parce que de toute façon, s'il y a un truc qui court derrière toi, tu ne pourras rien faire. Donc à quoi ça sert de t'en occuper ? Et tout à coup, tu laisses tout le reste, tu laisses tes craintes, tu laisses tes peurs, et il n'y a plus que le beau. Et là, tu as un planétarium au-dessus de toi, d'étoiles, comme rarement j'en ai vu. Tu respires un air qui est hyper pur. T'as aucun bruit. T'as une petite chouette de temps en temps. T'es dans une forêt magnifique, éclairée par la lune. Et franchement, ça te fait chialer, quoi. Et tu t'abandonnes et tu te dis tant pis que je sois vulnérable. Et peut-être que oui, il y a des risques. Et peut-être que peut-être... Et tu lâches les scies. Et tu dis mais on s'en fout des scies, là. Si je suis vivant encore 10 secondes, eh ben je veux vraiment les vivre ces 10 secondes. Et ça, je crois que ça a changé beaucoup de choses en moi.

  • Speaker #1

    Merci pour ce moment, c'est assez touchant. On va revenir à une autre question, un peu plus dans le réel. Enfin, en fait, pas vraiment dans le réel. Quand je tape Arthur Obeuf sur Google, tu sais, Google te propose plusieurs suggestions. Google me propose Arthur Obeuf plus fortune, après Arthur Obeuf plus livre, Arthur Obeuf plus copine. Est-ce que tu as envie de réagir sur un des trois ou les trois ?

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a un S à copine ? Non, je rigole. Non, remarque déplacée. Est-ce que tu es accompagné dans la vie ? Oui, j'ai une copine. dont je suis très amoureux et que je trouve incroyable, qui est entrepreneur, mais qui fait aussi des contenus sur Internet, des vidéos et qui est brillante, qui fait beaucoup de sport, qui adore la nature comme moi et avec qui on a une légèreté de relation qui est assez géniale parce qu'on se permet plein de choses dans le sens où, justement, pour nous, l'amour, le vrai amour, c'est justement d'avoir... La liberté et de ne pas être renfermé dans une relation avec trop de contraintes. Et tu vois, c'est marrant, ça veut quand même dire beaucoup de choses sur le fonctionnement de nos sociétés. Je ne sais pas comment ça marche l'algorithme de Google et comment ça propose des trucs, mais fortune, tu vois, avec toutes les valeurs que j'essaie de défendre, je trouve ça chelou que les gens s'intéressent à ça. Et en même temps, peut-être qu'en m'écoutant dire ça, ils se disent Ouais, ouais, on va voir combien il a pris avec sa vente. J'ai pris 300 000 balles, voilà. Comme ça, tout le monde sait ma fortune délirante. Et puis après, euh... livre parce que je vais sortir un livre qui s'appelle Et si le futur faisait envie ? qui va sortir le 28 août. Donc, c'est encore pas tout de suite. C'est bien que les recherches Google soient déjà lancées là-dessus. Et en même temps, je me dis combien de livres ont dû être non achetés à cause de cette connerie. Mais bon, et du coup, le principe c'est de montrer que quand tu te déconstruis justement, quand tu réapprends le bonheur qui n'est pas commercial, que tu re-regardes le bonheur autrement, de manière simple, il se passe un truc génialissime. C'est que 1, t'es heureux, et 2, t'es écolo. Parce qu'en fait, ça fait carrément baisser ton empreinte sur la planète et t'as jamais cherché à être écolo. C'est pour ça que j'aime bien dire, ne cherchez pas à être écolo, cherchez à être heureux. Mais le vrai heureux, le vrai bonheur, pas le bonheur commercial, pas le bonheur plastique qu'on nous fout dans la tête toute la journée en nous faisant croire que c'est ça qui va nous rendre heureux. Et du coup, voilà pourquoi il y a ce truc de livre.

  • Speaker #1

    Ok, écoute, merci beaucoup pour toutes tes réponses, ta transparence. On arrive vraiment à la fin du podcast. La dernière question qu'on pose toujours, c'est qu'est-ce qu'on peut te souhaiter ? Euh...

  • Speaker #0

    Franchement, vraiment, mon rêve, ce serait qu'on arrive à vieillir tous là, dans un monde où l'humanité est passée de vulgaire exploitant de la Terre à gardien de la Terre. Moi, si je vieillis et que je meurs dans un monde qui a réussi ce switch, ce sera un tel délice, ce sera un tel bonheur, ce sera une telle concrétisation. Il n'y a rien de plus beau pour moi.

  • Speaker #1

    Ok, gardien de la Terre. Merci beaucoup, Arthur.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup d'avoir écouté les sages. Vous êtes de plus en plus à nous écouter pour cette première saison. C'est vraiment très encourageant pour toute l'équipe. Alors encore une fois, un grand merci. Vous avez le pouvoir de donner de la force à ce podcast avec juste une minute de votre temps. C'est simple, si vous êtes sur Spotify ou Apple Podcast, vous avez juste à vous abonner et mettre 5 étoiles. Un grand merci et à bientôt.

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Description

Pour cet épisode, nous recevons Arthur Auboeuf, l'un des leaders d'opinion sur la cause environnementale et co-fondateur de Team For The Planet.


Arthur Auboeuf a un parcours d'exception :


  • À 17 ans, durant ses études de STAPS, il commence à créer des communautés en ligne sur Facebook, qui atteignent des millions d'abonnés, en particulier "Nuit Sans Folie" qui sera la plus connue. Il devient expert des communautés et, dans la continuité, crée Kinky, une application de jeu d'alcool coquin. Il crée une autre application appelée Whosup, qui lui permettra encore d'apprendre.

  • Avec 4 co-fondateurs, il crée Team For The Planet, qui se veut être le plus grand mouvement citoyen qui tente un nouveau modèle d'affaire, en investissant dans des entreprises qui décarbonent la planète et distribuent des "dividendes climats" .


  • Arthur, au-delà de ses aventures, est un jeune homme d'une maturité exceptionnelle, qui porte une vision positive du monde de demain autour du bonheur et de la préservation de la planète.


Dans ce septième épisode, nous avons parlé de crédit vie, de la puissance de la nature, de Snoop Dogg, des réseaux sociaux, de l'enfance d'Arthur dans les montagnes, du modèle d'affaire de Team For The Planet, des addictologues, de son rapport à l'argent, de son refus d'un salaire à 5 chiffres pour suivre son chemin !


Bon voyage avec les Sages ! 


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les sages, c'est avant tout une histoire personnelle. Je m'appelle Nicolas Jeanne et j'entreprends depuis que j'ai 19 ans. Sur ce chemin, j'ai eu la chance d'en rencontrer des personnes que j'appelle les sages. Vous savez, ce sont ceux qui, d'un conseil bienveillant, peuvent changer votre journée, votre projet, votre vie. Souvent des personnes avec qui il y a un avant et un après. A mes yeux, ce sont des leaders authentiques mais surtout des leaders humanistes. Et ça, c'est important pour moi. Ceux qui vont vous faire grandir sans s'en rendre compte. Plus que n'importe quel livre ou cours, des témoignages qui viennent du cœur et de la réalité. Et surtout du cœur. Aujourd'hui, je vous propose de partir à leur rencontre, dans un format inédit, de négocier avec eux. Un format où l'on se dira tout, naturellement, et aucune question ou anecdote sera interdite. Ça, vous avez ma parole. Un format axé sur leur activité, bien sûr, mais qui, évidemment, dérivera vers la vie, la société et les émotions. Mon but, c'est clairement de mettre en valeur l'aspect humain de ces personnalités qui me paraissent exceptionnelles, et de casser la carapace. Casser la carapace, vous vous sentez, c'est pas un mot par hasard. Pourquoi ? Parce que je pense que ça va vous permettre d'apprendre sur les plus grands leaders et leaderes qui ont bâti et bâtissent la société. La France est une terre bourrée de talents et de leaders et nous allons en leur rencontre. Bon voyage avec les sages.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui nous recevons Arthur Obeuf. Arthur est l'un des cofondateurs de Team for the Planet et l'image du mouvement. Mais Arthur c'est aussi et surtout un gars qui a fait son propre chemin avec des hauts et des bas, qu'il a su transformer pour devenir à seulement 30 ans l'un des leaders d'opinion français de la cause environnementale. Ce que j'aime particulièrement chez Arthur, c'est sa cohérence entre ce qu'il dit et ce qu'il fait. Dans cet épisode, nous avons évidemment parlé de quête de sens et d'émerveillement, et sommes revenus sur l'enfance d'Arthur qui l'a construit. Allez, on y va avec Arthur. Bonjour Arthur, merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation pour les Sages. Comment tu vas ?

  • Speaker #2

    Écoute, nickel, j'espère que toi aussi, et bonjour à toutes et tous qui vont nous écouter.

  • Speaker #1

    Écoute, je fais bien, je te remercie. Est-ce que je peux te demander pour commencer de te présenter en quelques phrases ?

  • Speaker #2

    Bah écoute, j'aime bien me présenter comme un humain positif. amoureux de nature, vraiment. J'ai conscientisé que c'était vraiment ma raison d'être. Sportif, ça fait partie aussi du CV. J'aime bien la musique, je fais de la batterie. Alors on pourra jauger si c'est vraiment de la musique ou pas. Et puis entrepreneur depuis maintenant une bonne dizaine d'années, passionné. Ok,

  • Speaker #1

    super. Et donc si on revient un peu sur ton enfance, t'es né dans l'Inde, c'est ça ?

  • Speaker #2

    Exactement. D'ailleurs, les gens font souvent la confusion avec le Jura parce que je viens du Haut-Buget. C'est là où il y a les plus hauts sommets du Jura. Mais c'est dans l'Inde. Tu vois les mecs qui ont fait... Les cartes, je ne sais pas, ils avaient pris un petit Ricard, un petit truc.

  • Speaker #1

    Donc, tu es né dans l'Inde. Est-ce que tu peux nous raconter un petit peu comment s'est passé ton enfance ? Moi, j'ai lu que tu avais eu une enfance assez heureuse.

  • Speaker #2

    Carrément, c'est vrai que j'ai eu cette chance. J'ai deux parents enseignants qui m'ont toujours orienté vers la curiosité, la réflexion, l'introspection aussi. Et là où j'ai grandi, c'est vraiment hyper sauvage. C'est vraiment un village de 200 habitants au milieu des forêts. dans des endroits trop beaux où toute ma jeunesse, on allait faire du ski de fond l'hiver, du VTT pendant l'été, de la course à pied, du trail. Bref, tout ça, ça m'a quand même permis d'être heureux avec des choses très simples et d'apprendre le bonheur simplement. Et je pense qu'avec le recul, je me rends compte à quel point c'était un luxe et à quel point c'était une chance de vivre dans cet environnement. Et puis, j'ai deux parents enseignants qui m'ont beaucoup invité à être curieux, à m'intéresser au monde, à m'émerveiller. Et ça aussi, ça a fait une grosse diff, je pense. pour me permettre d'être bien et d'être heureux justement.

  • Speaker #1

    Écoute, c'est super intéressant. Tu as été très sportif dès ton jeune âge. Et donc, tu disais que tu avais deux parents enseignants. Ça veut dire que quand tu étais petit, tu lisais déjà beaucoup ?

  • Speaker #2

    Oui, je lisais pas mal. J'avais même un peu envie d'être écrivain quand j'étais petit. Au tout début, quand j'étais vraiment très jeune, j'écrivais, je me rappelle, j'avais écrit un livre qui s'appelait Le monstre de la forêt. Voilà, gros spoiler, mais c'est juste pour qu'on se rende compte à quel point la forêt était ma vie. Tu vois, j'avais peut-être 8 ans quand j'ai écrit ça. Et... Plus tard, après, j'avais vraiment... J'étais pas très bon en écriture. Moi, je suis le pire en orthographe. À la base, j'avais zéro en dictée, à toutes les dictées. Mais je pense que cet environnement m'a créé une imagination plus fertile que la moyenne. Et c'est aussi là-dessus que je me repose encore aujourd'hui. Je pense que ça aide beaucoup de s'intéresser au vivant, de s'intéresser à la vie dans son ensemble, et pas juste d'être dans le système humain. Parce que je trouve que quand t'apprends à aimer le système, c'est ce qu'on fait tous, en fait, tu passes à côté de 99% du monde, du vrai monde. Et quand tu t'intéresses... plus largement aux vivants. C'est hyper fascinant et ça développe énormément l'imaginaire chez les enfants et chez les adultes. Je pense que moi, je ne m'en suis pas rendu compte, mais grandir dans la campagne et passer beaucoup de temps dans une nature sauvage et riche, parce qu'il y a beaucoup d'endroits qui sont à la campagne et qui malheureusement sont pauvres en termes de nature, de biotope. Je pense que c'est un luxe de dingue aujourd'hui et encore plus en 2024.

  • Speaker #1

    C'est ce qui t'a vraiment apporté une conscience de la nature et une créativité aussi que tu utilises aujourd'hui.

  • Speaker #2

    Oui, mais je ne me rendais pas forcément compte de... de la valeur que ça avait, parce que tu sais, moi, quand tu grandis là-dedans, tu ne sais pas à quoi ressemble le monde autour, et tu as l'impression que partout c'est foisonnant, que partout c'est préservé. Chez moi, tu peux faire des heures et des heures de vélo dans la forêt, et tu ne croises pas une baraque, quoi. Donc c'est assez chouette.

  • Speaker #1

    J'ai lu aussi, quand tu étais jeune, donc tu étais assez proche de la nature, et du coup, une de tes passe-temps, c'était un passe-temps un peu atypique, on dira, que tu passais parfois du temps à creuser des mares pour voir la nature qui s'est développée à l'intérieur.

  • Speaker #2

    Oui, j'adorais faire des cascades, j'adorais faire des petites sources partout et des mares. Donc je ne sais pas comment mes parents ne m'ont pas enterré dedans, parce que j'en ai fait plusieurs dans le jardin derrière chez eux. Des fois, ils rentraient et puis il y avait un trou d'un mètre de profondeur dans le jardin, parce que juste, j'étais parti dans mon délire de faire une mare. Et en fait, c'est parce que j'étais tout le temps fasciné par tous les écosystèmes, par tout le vivant autour des mares. C'est incroyable, c'est vraiment là où tu as le plus de richesses, de biodiversité, où tu as plein d'oiseaux différents. Tu as des libellules, tu as plein de sortes de libellules, tu as des plantes, tu as tout. type de plantes. C'est vraiment une explosion de richesse naturelle, ce genre de zone, et du coup, moi, c'est ce qui me plaisait particulièrement quand j'étais jeune. Et donc, oui, c'est un passe-temps qui peut paraître bizarre et décalé aujourd'hui, mais en fait, je pense que c'est le passe-temps le plus sain que j'ai jamais eu de ma vie, de m'intéresser aux vivants, d'avoir les mains dans la terre, de connaître les différentes espèces. Tu vois, à l'époque, je me rappelle, mes amis, ils trouvaient ça, ils disaient, nous, ça ne nous intéresse pas du tout, quoi. Eux, ils allaient faire du vélo, ils allaient... Mais en fait, j'étais vraiment dans mon passe-temps, et j'adorais ça, j'avais pas besoin d'être avec des gens, parce que c'est... tellement incroyable. C'est génial en fait. T'es forcément hyper curieux et quand tu t'intéresses à tout ça, t'es d'autant plus curieux. Et je pense que ça a vraiment participé à mon ADN aujourd'hui et à qui je suis. Mais je m'en rendais pas compte et jamais j'aurais imaginé que ça, c'était important. Tu sais, c'était dans une époque où quand t'étais petit, on te parlait que de... Il commençait à y avoir la révolution un peu digitale, Internet qui explosait et tout. Et en fait, c'était ça qui passionnait tous les jeunes et on se disait tous, putain, ça c'est les futurs métiers, c'est ça le futur, machin. Et en fait, moi, je me disais peut-être que je suis un peu, tu vois, sur des trucs pas intéressants ou ringards. Mais en fait, c'est ça qui me faisait vibrer. Et je pense qu'aujourd'hui, tu vois, c'est marrant, mais il y a un peu ce retour. En fait, le vivant, c'est 4 milliards d'années de R&D. Donc, on va difficilement faire mieux. Et en fait, c'est là qu'on a tout à apprendre et qu'il faut qu'on s'inspire justement de ce vivant qui est fascinant, qui est résilient, qui est capable de faire plein de trucs.

  • Speaker #1

    Ok, donc tu étais vraiment passionné de sport, de la nature, etc. Et donc tu étais aussi à l'école. Est-ce que tu étais scolaire quand tu étais plus jeune ?

  • Speaker #2

    Écoute, je n'ai jamais été très bon à l'école, honnêtement. Franchement, ça ne me passionnait pas trop. Je n'arrivais pas à vraiment m'y plaire. J'ai mis longtemps, par contre, je n'avais pas trop un esprit rebelle. J'étais bien conformé en tant que fils d'enseignant. Je n'imaginais pas que j'allais me barrer de l'école ou quoi. C'était impossible pour moi. Il fallait faire l'école, c'était important. Mais avec le recul, je me rends compte que je n'étais pas très bon et que je n'avais pas le même mode de penser que la plupart des gens. Et ça, ça m'a toujours handicapé. Je me rappelle plein de fois, dans plein de consignes, quand on me demandait, par exemple, il y avait des consignes particulières. Et à chaque fois, je pensais assez rapidement à la réponse et je me disais, mais non, mais ça, c'est un piège. Ça ne peut pas être ça, la réponse. C'est plus subtil, machin. Et j'allais chercher ces trucs torturés. Et en fait, les enseignants me disaient, non, non, la réponse était tout bête. Comment tu es allé chercher un truc aussi chelou ? Ça m'est arrivé plein de fois. Du coup, je me suis toujours dit que j'avais une pensée un peu différemment construite, je pense, de la plupart des gens. Je ne sais pas pourquoi, mais j'allais chercher un truc plus lointain à chaque fois, alors que des fois, c'était son autre nez.

  • Speaker #1

    Donc, une certaine profondeur d'esprit ?

  • Speaker #2

    Je ne sais pas. Peut-être à l'inverse, un esprit trop court. Franchement, je le dis, ce n'est pas de la fausse modestie, parce que parfois, je me rends compte que pour se lancer dans l'entrepreneuriat, il ne faut justement pas être... être trop dans l'hyper-réflexion. Il faut être plutôt dans l'action, il faut plutôt tenter des choses. Et si t'es trop intellectuel, tu te lances jamais, tu fais jamais rien, en fait.

  • Speaker #1

    Donc là, on a parlé un peu de ton enfance. Si on fait un petit bond en avant, donc t'as ton bac.

  • Speaker #2

    Bon, bon, à l'avant, là,

  • Speaker #1

    ouais. T'as fait quoi comme bac ?

  • Speaker #2

    J'ai fait un bac S. J'ai eu un bac S avec mention assez bien. J'ai sauvé les maths in extremis parce que j'étais très, très mauvais en maths. Pourtant, tu vois, c'est intéressant parce que... Je pense que j'ai un imaginaire très développé. J'ai toujours eu, j'étais souvent récompensé à l'école, tu vois, typiquement quand il fallait faire, je me rappelle au collège, des écrits d'invention ou des trucs, ils étaient affichés dans la salle des profs pendant un an, des fois, mes écrits, parce que je partais dans des trucs un peu délires et tout, ça les faisait rire. Et les maths, qui est pourtant un truc à manipuler de l'imaginaire, j'arrivais pas du tout à comprendre ce trip. En fait, ce qui m'embêtait, c'était toutes ces règles. Je comprenais pas pourquoi il fallait se cantonner à une règle alors qu'on était en train de manipuler de l'imaginaire. Donc dans l'imaginaire, il ne faut pas qu'il y ait de règles, il faut enlever les cadres. C'est ça qui me... Mais bon, évidemment, tu ne peux pas formuler ça quand tu es jeune, tu ne t'en rends pas compte. Mais je ne comprenais pas, je disais, mais pourquoi il y a une règle alors qu'on est en train de manipuler un truc qui n'existe pas ? Et ça m'énervait. Et du coup, j'avais toujours deux en maths. Et mes profs de maths ne pouvaient pas me blairer. Et au bac, j'ai un peu fait l'effort, j'ai eu neuf. Neuf en maths.

  • Speaker #1

    Et du coup, j'ai eu mon bac avec...

  • Speaker #2

    J'ai eu 12,5. Du coup, j'ai eu mon bac avec une mention assez bien.

  • Speaker #1

    Et en sortant du bac, du coup, qu'est-ce que tu voulais faire ?

  • Speaker #2

    En fait, je ne savais pas du tout. À la base, je voulais être paysagiste parce que j'adorais faire mes mars. Et en fait, on ne te dit pas soit deviens paysagiste vraiment. Dans une famille de classe moyenne, on va dire, on te dit non, vise un peu plus haut que paysagiste. sans mépris aucun de la part de mes parents, mais juste ils disaient tu veux refrapper l'isagiste après si tu veux, mais peut-être tu peux faire un truc au moins des études pour te permettre d'autres trucs et du coup tout le monde me disait bah essaye peut-être une petite prépa ou un truc ça pourrait passer machin t'as un bac s ou au moins un DUT et en fait moi je savais pas du tout ce que je voulais faire dans ma vie de manière générale et c'est une des premières fois où je me suis vraiment posé avec moi même en me disant bah en fait moi j'aime bien le sport donc pour l'instant je vais faire du sport et donc j'ai mis un seul vœu qui était fac de sport Et ça a fait criser tout le monde, je me rappelle. Et en fait, c'était une des meilleures, enfin je pense que c'était la meilleure décision de ma vie. Donc la première fois que je me suis vraiment écouté, ça a créé une cascade de conséquences positives pour moi, mais assez dingue.

  • Speaker #1

    Donc tu as choisi ta première passion, pour laquelle tu pouvais en faire ton métier.

  • Speaker #2

    En fait, ce n'était pas tant ma passion le sport, c'était que quand tu es tout le temps dans la nature, tu fais du sport tout le temps. Parce que tu fais de la rando, parce que tu fais plein de trucs, tu es tout le temps en train de te déplacer, tu vas loin, machin. Et en fait, c'est en extérieur... C'est quasiment que du sport quand t'es vraiment... Parce qu'il y a du dénivelé, machin.

  • Speaker #1

    Rien que le fait de marcher.

  • Speaker #2

    Ouais, mais marcher, si tu vas sur les craies du Jura, tu marches, quoi, tu marches bien. Et du coup, ouais, j'étais pas passionné sport. Je pense vraiment à chaque fois, je reviens à une passion pour la nature, quoi. Et bon, voilà, là, je me suis dit, le sport, ça me plaît quand même bien, il y a des belles valeurs, je vais aller de ce côté-là.

  • Speaker #1

    Ok, donc là, on est en 2011, donc t'as 17 ans, c'est ça ?

  • Speaker #2

    Ouais, j'ai 17 ans, je suis né en décembre, du coup, je rentrais à la fac à 17 ans et j'ai eu 18 en décembre.

  • Speaker #1

    Et donc tu rentres, tu fais Staps, et comment ça se passe ?

  • Speaker #2

    Écoute, Staps, déjà c'est incroyable parce que je sors de mon bac S où je suis dans les moins bons de ma classe, et là je suis dans les majors promo, et j'ai rien fait, j'ai rien changé. Je me suis rendu compte que je n'étais pas si peu scolaire, c'est simplement qu'il y avait des endroits où j'étais moins bon que d'autres, et quand tu es dans un truc qui te plaît et qui te parle, déjà tu deviens bon. Donc ça c'est génial, parce qu'en fait ça n'existe pas de dire quelqu'un est scolaire ou n'est pas scolaire, c'est juste quelqu'un est passionné, quelqu'un... un écho avec ce qu'il est en train de... De quoi ?

  • Speaker #1

    Et au bon endroit.

  • Speaker #2

    Ouais, c'est ça, et au bon endroit, et aligné, et les sujets le touchent. Parce qu'en fait, quand t'es pas intéressé, c'est pas que t'es pas scolaire si t'es mauvais. C'est juste que tu peux pas devenir bon dans un truc qui t'intéresse pas. Donc c'est un vrai sujet, et c'est pour ça que c'est important aussi que les enfants puissent choisir vraiment ce qu'ils aiment, parce qu'on est forcément bon dans ce qu'on aime. C'est génial. Y'a pas de gens plus bêtes que d'autres. Y'a pas de gens qui sont plus talentueux que d'autres. Enfin, moi je ne crois vraiment pas à ça. Bien sûr, quand tu travailles un truc, après, tu deviens meilleur parce que tu élargis ton champ de réflexion, tu commences à avoir une pensée plus constellaire parce que tu peux faire des liens entre différents champs de discipline. Mais c'est assez fou de se dire que le talent, en fait, c'est d'abord l'amour, tu vois. Et c'est quand on aime un truc qu'on est bon. Bon, bref. Et du coup, fac de sport, il se passe un petit miracle. C'est que déjà, je me retrouve facile. Et le deuxième miracle, c'est que quand tu es facile en fac de sport, en tout cas à l'époque, eh bien, tu réussis tes partiels du premier coup. Et... Il y a les rattrapages après pour les autres, sauf que ça laisse des vacances énormes pour ceux qui ont réussi du premier coup. Et donc, je me retrouve avec six mois de vacances par an, six mois et demi de vacances par an même. Donc, complètement dingue. Et c'est là que j'ai commencé à créer d'autres choses. J'aimais déjà essayer d'inventer des trucs. Je te dis, j'ai toujours été curieux. Tu vois, quand je faisais une cabane chez moi, il fallait que le porte-manteau, tu mettes ta veste et avec le poids de la veste, hop, je faisais des trucs avec des poulies. Ça remontait le machin, comme ça, il ne gênait plus dans la cabane. Ça, ça me faisait triper. J'ai toujours adoré faire ça. Et là, en fac de sport, j'ai découvert aussi le digital vraiment. J'avais Facebook, qui était le réseau social de l'époque, mais je l'avais installé assez tard. Moi, j'ai eu un portable en seconde. J'ai été très préservé de l'euphorie digitale. Je pense que j'ai installé Facebook, j'avais 14-15 ans. Donc du coup, je n'avais jamais eu de réseau social avant. Donc ça a été une découverte pour moi. Et là, comme quand tu vas un peu mettre dans la nature, découvrir des trucs, je me suis intéressé à la chose. Et c'est là que ça m'a plu, les communautés en ligne, que je me suis rendu compte que je pouvais faire des trucs et que ma vie a un peu commencé, ma vie d'entrepreneurial en tout cas. Ok,

  • Speaker #1

    on va en parler parce que tu as fait des choses super intéressantes avant Steam Force de Planète. Mais si je reviens rapidement sur Staps, est-ce que ça a permis, est-ce que tu avais confiance en toi déjà au lycée, au collège ou pas ?

  • Speaker #2

    C'est une bonne question. Non, je n'avais pas confiance en moi, au collège particulièrement pas. Ça a été assez dur le collège pour moi parce que j'étais... En fait, quand j'avais ma mère enseignante, j'allais dans son école à elle, qui n'était pas l'école à laquelle j'étais censé être. Donc ouais, du coup, quand j'allais à cette école-là avec ma mère, j'avais tous mes potes dans cette école. Et quand je suis passé au collège, qui était le collège affilié à l'endroit où j'étais, j'avais plus de potes. Donc je me suis retrouvé à rentrer en sixième, qui est quand même le moment ingrat de ta vie, sans aucun pote, quand tous les autres étaient entre potes. Et en plus, c'était très dur parce que nous, on avait une heure de transport en commun chaque matin et chaque soir pour venir de notre bled paumé jusqu'à notre collège. Et au lycée, c'était même pire que ça, c'était encore plus. Donc tu vois, je me levais à 5h45 du matin à 10 ans. et je rentrais chez moi à 19h c'était vraiment fatigant et je pouvais pas trop avoir d'interaction sociale au début parce qu'il fallait que je me fasse des potes mais quand t'es au collège c'est un moment qui est difficile donc là non seulement j'avais pas confiance en moi mais en plus c'était un cadre qui était dur mais ça m'a appris pas mal de trucs et notamment la résilience, ça m'a appris à être seul avec moi-même aussi et à m'affronter à affronter le fait d'être seul et à assumer ça et aussi à savoir être seul sans que ça soit grave tu vois et franchement les 2-3... Les deux premières années du collège, c'était un peu dur, le temps de vraiment me faire un vrai cercle d'amis, de me sentir accepté. Donc ça a été un moment un peu de travail sur moi.

  • Speaker #1

    Tu as des frères et soeurs ?

  • Speaker #2

    J'ai un petit frère qui a un an et demi de moins que moi, qu'on salue.

  • Speaker #1

    Donc oui, tu disais que collège, lycée, pas forcément confiance énorme en toi. Moi, ce qui m'intéressait de comprendre, c'est est-ce que Staps, tu avais trouvé un peu un endroit où tu te sentais bien ? Est-ce que justement, ta confiance en toi, là, elle a commencé à grossir ?

  • Speaker #2

    Ouais en plus c'est là que j'ai rencontré vraiment mes meilleurs potes d'aujourd'hui en fait c'était un peu un redémarrage de ma vie aussi tu vois j'avais des potes après au lycée c'était très bien j'avais un groupe de musique et tout du coup on sortait un peu du lot avec ça et donc tu vois j'étais avec les gars un peu populaires au lycée j'avais un peu fait le switch mais par contre la fac de sport ça a été vraiment le moment où j'ai senti que j'étais avec des gens avec qui j'étais moi-même et vraiment que ça marchait bien d'être moi-même à 100% et que tout était aligné et ça m'a fait beaucoup de bien je pense Après, je n'ai jamais une seule seconde envisagé de travailler grâce à mes diplômes de fac de sport. Mais par contre, tu as plein de petits diplômes qui m'ont quand même servi. Par exemple, j'ai eu le diplôme de maître nageur, je n'avais jamais nagé de ma vie. J'ai passé ça parce que la fac me le payait. J'ai nagé comme un bourrin pendant six mois, mais non-stop nuit et jour pour avoir le truc. On était 120 le jour de l'examen, il y en a 20 qui l'ont eu. Je n'ai toujours pas compris comment je l'ai eu. Et du coup, après, ça me permettait l'été, parce que j'avais quatre mois de vacances l'été, de faire du 2500 balles net par mois. pour pouvoir payer justement mes études, pour pouvoir payer plein de trucs, parce que juste sinon c'était galère. Et donc la fac de sport m'a beaucoup aidé pour ça, ça m'a donné plusieurs petits diplômes comme ça qui m'ont aidé, mais je me suis jamais vu prof de sport, jamais une seule seconde. Je me disais je vais faire ce métier pour les moments où je le ferai pas, c'est-à-dire les vacances, mais le reste du temps je suis pas spécialement intéressé. Et je sais que mes parents se disaient ah bah au moins il va être prof, c'est chouette, tu vois. Bah non.

  • Speaker #1

    Et donc, tu ne t'imaginais pas être prof de sport. Est-ce que tu te disais, tu fais confiance à la vie et tu vas voir dans les années qui viennent ce qui va se passer ? Ou tu avais déjà, du coup, on va en reparler après, mais tu as monté déjà des boîtes, des entreprises durant la fac de sport. Est-ce que c'était un peu ton plan dans ta tête d'aller vers l'entrepreneuriat ou tu ne savais pas trop encore ?

  • Speaker #0

    C'est l'heure de remercier notre partenaire Oslo, sans qui ce podcast ne serait pas possible, malheureusement. Oslo, c'est un cabinet d'avocats à taille humaine dirigé par Édouard Wells et Marion Fabre, que je connais personnellement depuis plus de dix ans. Il est composé d'une équipe, l'idée par Edouard et Marion, qui est issue de cabinets d'affaires de premier plan. Mais surtout, au-delà de la qualité de leurs prestations juridiques, ce que j'aime chez Oslo, c'est leur engagement pour un droit un peu différent. Sur leur description, ils mettent Nous accordons une importance particulière aux qualités humaines et relationnelles, tout particulièrement au respect, à la simplicité, à l'humilité et à l'élégance Ça pourrait paraître bullshit comme ça, mais pour bien les connaître, il faut vous assurer que ça se ressent vraiment. Et pour preuve, ils ont accepté de sponsoriser ce podcast dès sa création. Ils offrent une heure de conseils juridiques avec le code LESSAGE. et je mettrai leurs coordonnées dans la description du podcast. Allez, on y retourne.

  • Speaker #2

    Non, je pense que je n'avais pas de plan, honnêtement. Mais par contre, ce que tu dis est assez marrant et assez vrai. Je pense à postériori que j'ai toujours fait une confiance aveugle à la vie. Je me suis toujours dit, mais mec, ça va bien aller, en fait. La vie t'emmènera au bon endroit, il faut juste que tu sois toi-même. Et en fait, de plus en plus, j'avais ce truc-là. J'ai jamais eu peur, je me suis jamais dit je vais me retrouver sur le carreau, je me disais je ferais un peu ménageur ou un peu un truc à droite à gauche, et puis je monterais mon métier. En fait j'avais quand même cette vision de je me démerderais.

  • Speaker #1

    Et cette confiance que t'as, elle vient d'où selon toi ?

  • Speaker #2

    Alors je pense que quand t'as passé pas mal de temps seul, déjà t'apprends à te connaître, t'es plus à l'aise avec toi-même, tu t'affrontes, et justement quand tu te connais, tu connais tes bases, tu connais tes forces, tu sais travailler sur tes forces. Et c'est con, mais beaucoup de gens ne savent plus être avec eux-mêmes. J'en parlais il n'y a pas longtemps avec une psychologue qui me racontait qu'il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de gosses maintenant qui s'endorment avec des vidéos TikTok qui défilent, ils les laissent défiler. Mais elle me dit, j'en ai plein, plein, plein, parce qu'en fait, ils ne peuvent plus supporter le fait d'avoir du silence juste quelques secondes. Les gens laissent toujours une télé en fond, un truc, parce que sinon, ils sont face à leur pensée. Et c'est hyper grave, parce qu'en fait, si tu ne sais pas, si tu ne te connais pas... Tu ne peux pas vraiment savoir où tu dois aller dans la vie et tu ne peux pas être aligné. Et donc, ça ne marchera pas. Tu n'auras pas une vie, justement, qui te sourit et qui te rend heureux. Et je pense que ça, moi, ça a été une force, tu vois, finalement, d'être un peu seul, d'avoir ce moment un peu difficile au début du collège. Je me suis retrouvé seul. J'ai appris à aimer être seul. Et la nature m'a beaucoup apporté ça aussi. Parce que quand tu vas faire des randos, tu vas tout seul en haut d'une montagne. Moi, je regardais jamais l'heure. Enfin, vraiment, je rentrais quand le soleil se couchait. Et j'avais des fois pas vu que midi était passé parce que j'étais parti le matin. Et en fait, j'adorais ça. être tout seul, regarder la vue pendant des heures et des heures et je pense que c'était une introspection hyper forte qui m'a beaucoup aidé à prendre confiance en moi parce que j'ai appris comment je fonctionnais, j'ai compris que j'avais des forces et j'ai assumé aussi d'être qui je suis, tu vois, et ça, ça fait une énorme diff aussi. Quand t'essaies pas de vivre par procuration pour te conformer à un schéma social, quand tu te dis non, en fait, moi je suis comme ça et si mes passions c'est ça, je vais travailler sur mes forces, je vais pas travailler sur mes faiblesses. Et peut-être par un heureux hasard, on arrive dans un monde où ça y est, tout d'un coup, les gens se disent en fait, c'est vrai que la nature, c'est quand même un énorme sujet. On en dépend, on en fait partie. Et moi, c'est des convictions que j'ai forgées depuis tout petit. Donc, j'assumais ça à fond. Et puis, tout d'un coup, la société peut-être me laisse une place parce que ce sujet revient sur le devant de la table. Mais je pense vraiment que c'est un sujet fondamental de savoir justement être un peu seul. Et ça donne aussi confiance en soi d'être seul parce que tu dois te démerder. Si tu dois te démerder tout seul, tu vois combien de fois je me suis pété plusieurs fois des bras par exemple, en tombant, en faisant des conneries. Quand t'es tout seul, il faut rentrer chez toi, il faut te démerder. Et t'apprends à te dire, la seule personne sur laquelle je compte vraiment maintenant, c'est moi-même. Et ça te donne confiance en toi, mine de rien. Et aujourd'hui, on est peut-être parfois trop assisté dans un monde où t'appuies sur un bouton, on t'apporte à bouffer, on t'amène un chauffeur. On a simplifié à l'extrême tellement de choses. En fait, des fois, il faut juste être... un peu face à la complexité du monde. Des fois, je fais le parallèle avec le monde sauvage, justement, et je me dis, mais... On n'est plus du tout... Les animaux, chaque journée, il faut trouver à manger et il ne faut pas se faire bouffer. C'est un niveau quand même violent. Nous, on a nos CDI, on est là tous les mois, on sait qu'on a la thune qui va tomber, et donc du coup, nos sujets sont peut-être un peu anecdotiques par rapport au monde vivant, mais... Du coup, on en paye aussi le prix, puisqu'en face, on a beaucoup de dépressions, beaucoup de pertes de sens, beaucoup de gens qui justement n'ont pas confiance en eux. Et puis quand tu es dans une société de l'hyper comparaison, comme c'est le cas aujourd'hui, exacerbée par les réseaux sociaux justement, si tu n'as pas des bases un peu solides de confiance en toi, ou en tout cas si tu ne te connais pas et si tu ne sais pas ce que tu es et ce que tu aimes, tu es mort. Tu te prends une tornade de trucs et tu ne sais plus qui tu dois être.

  • Speaker #1

    Je parle beaucoup de ce que tu dis, parce que moi, comme je t'ai dit avant l'interview, Et on en parlera, on parlera un peu santé mentale dans un second temps. Mais j'ai vécu un burn-out il y a à peu près deux ans, et je crois que toi aussi. Et en fait, une des manières de me soigner, de me guérir et d'aller mieux, j'ai passé quelques semaines dans un centre de repos. Et en fait, dans ce centre de repos, on réapprenait une bonne hygiène de vie, c'est-à-dire le sommeil, le sport, l'alimentation, des relations sociales entre guillemets saines, et notamment aussi le fait d'être seul. Donc tu vois, de 13h à 15h. après manger, on devait être seul dans la chambre ou pas dans la chambre. Mais en fait, pour pas mal et dont honnêtement moi aussi je m'étais un peu perdu, c'était quelque chose qui était très compliqué parfois. Et donc je vois très bien en quoi le fait d'être seul, parfois c'est un peu dur, mais ça t'apprend en fait qui tu es vraiment et à être adulte responsable et t'épanouir plus dans ta vie.

  • Speaker #2

    Ça fait peur de s'affronter dans un monde où justement on ne sait plus ce qu'il faudrait être, mais c'est une clé. absolu. Il faut absolument que les jeunes passent par ça. Et la nature est incroyable pour ça. T'as pas de réseau, t'es tout seul, tu marches. Mais tu sais, ça fait quelques centaines d'années qu'on vit dans des murs de béton où tout nous ramène tout le temps à la consommation, avec chaque vitrine, chaque stimuli publicitaire. Mais avant, l'espèce humaine était dans la nature toute la journée. C'est notre environnement, c'est là qu'on est fait pour être. C'est pas du tout pour être dans une ville qu'on existe. Il faut quand même juste se rappeler ça un petit peu parce que... forcément que ça dégénère un peu quand tu changes l'environnement brutalement d'une espèce, d'un animal. Évidemment, ça crée des comportements pas nombreux. Il y a un documentaire qui s'appelle Natura, si je ne dis pas de bêtises, qui est génial, qui montre que le taux de schizophrénie, de dépression, de problèmes mentaux en ville est 100 fois plus élevé qu'à la campagne. En tout cas, ça dépend pour chaque type de pathologie. Ce n'est pas toujours 100 fois, mais il y en a plein où c'est vraiment incroyablement plus.

  • Speaker #1

    Ça fait écho à quelque chose que je suis en train de faire en ce moment. J'ai écrit un livre sur la santé mentale des jeunes. Et du coup, j'essaie de regarder en dehors de la France ce qui se fait, où les pays où on est plus heureux. Et figure-toi que le pays où on est plus heureux, c'est la Suède. Et pourquoi ? Parce qu'ils font un rapport direct qu'en Suède, il y a un taux de, je ne sais pas si on dit de forestation, enfin, entre guillemets, en tout cas, ils ont énormément de forêts et d'espaces verts. Et ils font un lien direct entre le bonheur des gens, la bonne santé mentale des gens, et le fait qu'il y ait plein de verts partout.

  • Speaker #2

    Je pense que, tu vois, c'est fou, on a l'impression de réinventer le feu, mais évidemment. qu'on dépend du vivant autour de nous, évidemment que ça nous fait beaucoup de bien, ça nous ramène dans l'instant présent, chose qu'on ne sait plus faire, ça calme notre cerveau, ça lui apporte... Moi j'aime bien dire, la nature, c'est mon massage du cerveau, parce que vraiment, c'est un moment où t'es pas surstimulé, où t'es pas ramené en permanence à des pensées complexes ou liées à nos problématiques humaines, t'es juste dans un environnement qui t'apporte plein de choses, parce qu'il y a plein de lumières, de couleurs, ça t'apporte ce besoin de complexité qu'on a. mais ça te calme, enfin vraiment, et je pense que moi plein de fois on m'a dit oui mais tu sais toi c'est ta version du bonheur la nature mais il y a d'autres gens pour qui c'est d'autres trucs Peut-être, mais il y a quand même beaucoup d'études qui montrent. La sylvothérapie au Japon, par exemple, qui permet de guérir la dépression et plein de maladies et renforcer le système immunitaire par des bains de forêt. Donc, ils emmènent les gens se promener dans la forêt. Et même des études, je revoyais un sondage il y a deux jours, qui disait, ils ont posé la question aux gens, c'est quoi le dernier moment où vous vous êtes sentis vraiment vivant ? Je crois que 97% des réponses, c'est dans la nature. Je pense qu'il faut quand même qu'on prenne un peu de recul, les humains. On est la nature. Tout n'est que nature. Nous, on essaie de s'en isoler, de nous faire une bulle de technologie, de ville. On est la seule espèce qui fait ça. Il faut qu'on réalise que c'est une pathologie, ce qu'on est en train de faire.

  • Speaker #1

    Je pense, comme tu disais au début de ce podcast, finalement, on est tous différents, on a tous des passions différentes, des parcours différents, mais on a quand même une base commune, qui est la nature, et puis des bases comme le sport, l'alimentation, etc. Et comme tu le dis, c'est prouvé. Donc, ce n'est pas quelque chose qui est étonnant.

  • Speaker #2

    Tout ce qui se rapproche de notre ADN, de ce pourquoi on est fait, de ce pourquoi on est censé habiter ce monde, forcément ça nous met en bonne santé et ça marche bien.

  • Speaker #1

    C'était plutôt bien fait.

  • Speaker #2

    Oui, ça fait des millions d'années qu'on est là, qu'on évolue pour ça à la base. Donc là, on a fait un pas de côté très fort. Mais c'est pour ça que ces projets de société hyper technologiques et tout ça, même si c'était possible d'un point de vue écologique, je pense que c'est une hérésie quand même.

  • Speaker #1

    Ça me fait penser, tu sais, au début de mon burn-out, j'ai été voir mon médecin et il m'a dit prends le large Et au début, j'avoue, je n'ai pas trop compris. Puis un peu plus tard, j'ai compris ce qu'il me disait. C'était d'aller dans un endroit différent où tu as des pensées différentes, entouré de la nature, entouré des éléments naturels. Et si finalement c'est si souvent dit, c'est peut-être que c'est un adage qui reste dans le temps et que ça marche.

  • Speaker #2

    C'est surtout que ça fait prendre du recul sur toutes nos petites problématiques. Tu te rends compte qu'elles sont minimes. Moi, ça me fait un bien fou à chaque fois parce que parfois, comme tout le monde, je peux être aspiré un peu par le vortex de... de problèmes qu'on a tous dans nos quotidiens stressants, fatigants. Quand tu vas dans la nature, tu te rends compte que tu t'emmerdes pour des trucs mais risibles, qui n'ont aucune espèce d'importance, on s'en fout. Il faut vraiment que on n'autorise pas ces détails à la con à nous toucher, à nous faire du mal, à nous pourrir la santé. On est stressé tout le temps pour des conneries. Quand tu es dans la nature, tu te rends compte que on va mourir, on a un crédit vie qui n'est pas très long. Qu'est-ce qu'on va s'emmerder pour une histoire de facture ou de... truc ou de... Tu vois, c'est vraiment pas le sujet, en fait. Et ça fait beaucoup de bien. Et surtout, il n'y a pas toutes ces mécaniques de comparaison sociale parce que les chevreuils, ils n'en ont rien à foutre de la marque de tes baskets. Et en fait, c'est cool aussi de revenir à juste je suis ici et à l'être, tu vois, pas au faire ou à qu'est-ce que je représente.

  • Speaker #1

    Tu parles de mécanique de comparaison sociale. Moi, tout de suite, ça me fait penser aux réseaux sociaux.

  • Speaker #2

    Ah bah oui,

  • Speaker #1

    c'est le temple de ça. Qu'est-ce que tu penses des téléphones, des réseaux sociaux ?

  • Speaker #2

    Je pense qu'il y a du bon. J'y ai trouvé plein de choses géniales. Ça permet encore de faire Team for the Planet aujourd'hui. Les communautés en ligne, c'est là-dedans que je suis né. C'est l'interaction humaine que je trouve intéressante. Le fait de pouvoir partager un truc drôle tous ensemble, ou quelque chose qui nous relie, c'est génial. Maintenant ? Comme toujours, quand c'est happé par des mécaniques commerciales et par un projet de société hyper commercial, qui utilise justement la comparaison sociale pour vendre, parce que Instagram est une machine à vendre. Pose-toi la question, est-ce que Instagram serait devenu ce que c'est aujourd'hui, si les annonceurs n'y avaient pas trouvé l'intérêt qu'ils y trouvent, par le fait que les gens se comparent entre eux et donc se comparent sur l'aspect physique, donc les habits, toutes ces choses qui sont vendables. En fait, je pense que Instagram n'aurait pas réussi à décoller. En fait, il y a eu des moyens colossaux qui ont été investis là-dedans parce que c'est des machines à vendre au service d'un projet de société qui est basé sur l'humain agent économique qui doit produire et consommer. On existe pour ça aujourd'hui dans notre mécanique de société. Je pense que le problème n'est pas le réseau social en tant que tel. Le problème, c'est encore une fois et à chaque fois la même, c'est le fait qu'il est rattrapé et ingurgité par un projet de société. qui est ultra productiviste et qui voit l'humain comme un agent au service de ça.

  • Speaker #0

    Peut-être aussi la quantité, c'est toujours une question d'équilibre peut-être.

  • Speaker #1

    Bien sûr, mais qu'est-ce qui fait la quantité ? C'est justement des mécaniques commerciales qui poussent l'addiction. Tu sais, les réseaux sociaux, pour avoir géré l'Europe, pour un gros réseau social américain, on avait 100 millions d'utilisateurs. Tu as des addictologues qui sont payés pour faire en sorte que les gens soient chimiquement addicts. Mais la seule et unique raison qui motive ça, parce que c'est quand même lunaire quand tu y réfléchis, c'est le fait que ça augmente les gains parce que tu vois plus de pubs. parce que du coup ça génère plus d'argent pour les régies et donc pour le réseau social et donc les actionnaires derrière. En fait, chaque fois qu'on motive un comportement sur le fait de... Le seul paramètre c'est le fait de gagner de l'argent, on va partir trop loin, on part en cupidité, on le pousse à l'extrême et on en fait un truc qui était sympa à la base et qui devient une monstruosité. Donc c'est toujours la même question, il n'y a rien de très intelligent dans ce qu'on dit là, mais on le sait. Chaque fois qu'on motive quelque chose uniquement autour de la mécanique de faire gagner de l'argent. Le cerveau humain, il a besoin d'accumuler, il est basé là-dessus pour ses récompenses de comportement de survie, accumuler du statut social, accumuler de la nourriture, accumuler des relations sexuelles, accumuler du pouvoir, pour pouvoir justement maximiser ses chances de survie. C'est ce qui est très bien dit par plein de neuroscientifiques, justement. Donc quand tu lui mets une variable... aussi puissante que l'argent qui représente tout ce qu'on vient de se dire là en termes de récompense sociale et que tu lui dis tu peux l'augmenter, il travaille à l'augmenter. En tout cas, il ne faut pas que ce soit la seule variable. Sinon, on transforme tout en machine à transformer un euro en deux euros et on vide de sens les boîtes qu'on fait à la base qui pourtant ont une mission et sont sympas. Instagram avait une mission sympa. Tu vas partager la beauté du monde entre nous.

  • Speaker #0

    Même Facebook, quand on y pense, ça a permis de se faire rencontrer. C'est trop bien,

  • Speaker #1

    c'est d'avoir un réseau avec ses amis aussi pour pouvoir garder des nouvelles, repartager des nouvelles. C'est chouette aussi de voir ce que ses amis font, d'avoir les nouvelles de ses amis d'une certaine manière quand tu ne peux pas les voir tout le temps. C'est trop bien. Instagram, à la base, c'était des photos de paysages, ce n'était pas des photos de gens. Et puis après, on a commencé à mettre beaucoup de photos de gens et à comparer les photos de gens entre eux. Et puis après, tu pousses les trucs. Il faut avoir la plus belle marque. C'est perfide, le truc. Les addictologues, c'est travailler. typiquement la mécanique où tu tires vers le bas pour faire recharger ton fil, le scroll vers le bas qui recharge, ça c'est basé sur les casinos, quand tu tires comme ça et que tu ne sais pas ce qui va arriver. Et en fait c'est ça qui est la situation. Quand c'est incertain, quand tu ne sais pas ce qui va se passer, c'est là que tu crées des comportements addictifs parce que le cerveau, il joue, c'est le cerveau casino, du coup, une fois de temps en temps, il a une récompense stylée et le reste du temps, c'est pas intéressant. Mais quand il tombe sur la récompense stylée, bam, sécrétion de dopamine. Et c'est ça qui crée l'addiction. Mais c'est beaucoup plus perfides que ça. Par exemple, les couleurs, les couleurs vives sur les réseaux, elles sont augmentées. Sur TikTok, les filtres et tout, ils augmentent la qualité des couleurs, ils les poussent beaucoup plus fort parce qu'en fait, dans la nature, nous, on est une machine à repérer les couleurs vives parce que c'est des fruits, c'est des baies, c'est des trucs qui peuvent nous aider à survivre. C'est des plantes et du coup, là, on est allé très loin pour que ça soit même, qu'on joue sur ce biais du cerveau et qu'on aime passer du temps sur nos écrans parce que les couleurs sont plus fortes, sont plus vives, ça nous parle, c'est pour ça que ça nous touche. Quand les couleurs sont fortes, quand le photographe renforce les couleurs, c'est ce que ça vient chercher dans le cerveau. C'est des trucs profonds.

  • Speaker #0

    C'est vraiment super intéressant. Ça me fait une super passerelle pour revenir sur ton parcours. Donc, tu es en Staps, tu as une vingtaine d'années. Et là, tu commences à créer des communautés, c'est ça ?

  • Speaker #1

    C'est ça, oui. En fait, je crée plein de trucs. J'essaye de faire une marque de vêtements. Et puis du coup, tu crées une communauté pour essayer de vendre tes vêtements. Enfin bref. Et jusqu'au jour où je récupère un truc qui s'appelait les Spottyd. C'était des... Des trucs où tu pouvais te passer des messages anonymement sur un campus. Par exemple, tu voyais une jolie fille à l'abri de bus, tu m'étais avec ta robe rouge, tu as été le soleil de ma journée, merci. Et hop, c'était anonyme parce que c'était la page qui publiait le truc, et pas le mec. Le mec, lui, il l'envoyait à la page, qui repartageait. Et moi, j'avais le Spotify de Lyon, qui avait 2000 abonnés, tu vois, mais Lyon 1. Et donc, c'est comme ça que j'ai un peu découvert les mécaniques des réseaux. Et ensuite, j'ai lancé une tentative de Spotify de plus grande échelle en me disant, il me faut maintenant un sujet qui parle à tout le monde. partout en France, qui ne soit pas limité à une région, avec cette mécanique de je t'envoie un truc anonymement parce que je ne veux pas l'assumer publiquement, mais je pense que ça a de la valeur pour faire rire les gens, ou pour dédramatiser, ou pour déculpabiliser. Et donc c'est là que j'ai créé Nuit sans folie, qui d'abord s'appelait Nuit de merde, qui a été un énorme buzz direct, et où les gens ont envoyé leurs petites anecdotes sexuelles, un peu ratées, les trucs que tu n'oses pas partager, mais en vrai tu sais qu'il y a une vraie valeur parce que c'est drôle, ou alors... À l'inverse, que ça peut aider des gens à justement dédramatiser. Et donc, moi, je les repartageais. Et ça, ça a été un énorme carton. Vraiment, ça a été ce qui m'a lancé. OK,

  • Speaker #0

    donc c'est ta première vraie aventure entrepreneuriale. Et puis, tu crées d'autres communautés, c'est ça ?

  • Speaker #1

    C'est ça. En fait, une fois qu'on avait cette commune-là, qui est montée jusqu'à un million d'abonnés, on avait une appli mobile qu'on a développée. où on a eu énormément de trafic aussi, parce que quand on a sorti cette appli, on était premier de l'Apple Store, devant Snapchat, devant Tinder à l'époque, devant tout le monde, alors qu'on ne connaissait rien au marketing. J'étais seul avec un pote, on n'avait jamais rien fait de ça, mais je publiais tous les jours, et à l'époque, c'était surpuissant, les réseaux sociaux, vraiment, il y avait une visibilité, mais c'était lunaire. Le reach, la visibilité organique était complètement débridée. Donc du coup, j'ai fait plus de 300 000 téléchargements en deux jours sur l'appli, puis après, elle est montée au million. Et donc ça, ça rapportait de l'argent, parce qu'il y avait des régies pubs. qui mettaient de la publicité dans ces applis-là. Et donc, chaque fois que les mecs se baladaient dans le contenu, ils tombaient sur une pub de temps en temps. Et ça, ça te rapportait de l'argent. Et donc, du jour au lendemain, je me suis retrouvé avec une boîte qui faisait 10 000 euros par mois, alors que j'étais en fac de sport, je venais d'être majeur, je ne connaissais rien à la vie. Je n'avais même pas de structure créée, tu vois. C'était sur une régie pub, heureusement, qui accumulait l'argent, parce que sinon, le fisc allait arriver en hélicoptère, tu vois, si je me payais directement sur mon compte perso. Et donc, tout ça a fait démarrer un peu le truc. Et ensuite, je me suis dit, putain, c'est intéressant cette mécanique de créer un média à partir d'une... communauté en ligne. Et donc là, j'ai commencé à racheter d'autres communautés, à en relancer d'autres, à en agréger dans la musique, dans le sport, dans l'humour encore, jusqu'à monter à 12 millions d'abonnés sur l'ensemble de toutes les communautés qu'on avait, avec plusieurs applis qui étaient téléchargées plusieurs millions de fois, comme Rap Punchline, qui était le média d'actu numéro 1 sur le rap en France. Enfin, il y avait plein de trucs comme ça qu'on s'est mis à faire. Donc vraiment, une boîte dans les médias, quoi.

  • Speaker #0

    Ok. Et donc là, t'es au milieu, à la fin de tes études ?

  • Speaker #1

    Le temps que ça se fasse, tout ça, ouais, j'ai terminé mes études même. Parce que tu vois, c'est une boîte qui a duré quand même assez longtemps, 5-6 ans.

  • Speaker #0

    Et donc, tu es tout seul ? Tu as dit que tu étais avec un pote ?

  • Speaker #1

    Ouais, alors ce Ausha, du tout début, il n'est pas resté. Parce qu'il disait, bon, moi, il faut que je fasse un vrai métier, faire des conneries sur Internet, ça ne paiera jamais. Mais tu sais, à l'époque, vraiment, même mes parents me disaient, mais qu'est-ce que c'est que cette merde ? Il faut faire un vrai métier.

  • Speaker #0

    C'était l'époque de Skyblog, un peu.

  • Speaker #1

    Ouais, un peu après encore, mais ça faisait paniquer les gens. Enfin, ils se disaient, mais il n'y a aucun avenir là-dedans. créer des communautés sur internet, Facebook ça va durer 2 ans enfin moi tout le monde me disait ça, mes parents me disaient vraiment il faut pas, mets pas ton expertise là dessus, ça sert à rien, concentre toi sur tes études et c'est vrai, moi j'étais trigger par ça donc je me concentrais sur mes études, franchement j'aurais pu développer 100 fois plus, mais juste je le faisais un petit peu chaque jour et puis après j'allais faire mes études parce que je me disais, ah non, il faut pas trop, les études c'est important donc j'ai validé un master non pas pour être prof de sport, ce que je savais que je voulais vraiment pas le faire, mais pour être un ingénieur ergonome en conception de produits sportifs. Donc si je te la fais courte, faire des pompes à vélo chez Decathlon, ce qui ne m'intéressait pas le moins du monde non plus. Mais comme j'ai eu mon master, alors là, amen, tout le monde était rassuré. Il a un master, il va réussir dans la vie. Ce qui est affreusement faux maintenant. Enfin, tu vois, moi, j'ai plein de potes qui sont surdiplômés, qui galèrent à trouver un taf et qui même retournent à des jobs beaucoup plus manuels parce qu'en fait, c'est juste ce qui leur plaît fondamentalement. Donc bon, je me suis retrouvé là-dedans et puis j'ai vendu cette boîte à un groupe de dating. qui m'a permis de faire une petite sortie où j'ai pris pas mal d'argent. Et là, c'est pour la première fois, mes parents m'ont dit Ah oui, quand même, il se passe un truc intéressant.

  • Speaker #0

    Pour eux, du coup, c'était crédible. Du fait que tu as vendu la boîte.

  • Speaker #1

    Mais entre-temps, on était quelques employés quand même. J'avais du coup un super CTO, directeur technique, qui m'avait rejoint. Génial, que je vais rencontrer en faisant des concerts, d'ailleurs, avec mon groupe. Il était batteur, moi aussi. On avait parlé à la fin d'un concert. Et en fait, il me dit, moi, je suis développeur, j'aimerais bien me lancer un peu dans l'entrepreneuriat. Moi, je ne l'ai pas. Moi, je connais les méga communautés, j'ai besoin d'un développeur. Et du coup, voilà, c'était fait comme ça.

  • Speaker #0

    Et tu vends la boîte, c'est par opportunité ou c'est parce que tu avais un projet derrière ?

  • Speaker #1

    Non, parce que je commençais à en avoir marre de gérer tous ces trucs. Il fallait vraiment passer du temps à créer du contenu, du contenu, du contenu en ligne. Mais par contre, j'avais l'Evelop comme jamais. Moi qui avais zéro en dictée, je me dirais que quand tu commences à poster tous les jours avec les gens, ils disent, mais c'est un illettré qui tient ce truc. Bon, tu bosses fort pour pouvoir t'améliorer en orthographe. Et du coup, ben... Ça m'a énormément aidé à m'améliorer en orthographe, à bien mieux communiquer, à comprendre les mécaniques profondes de la communication entre humains aussi, pour faire des trucs synthétiques, simples, que les gens comprennent, même l'humour de manière générale. C'était une école incroyable de faire ça. Ça peut paraître anecdotique, mais en fait c'est monstrueux. Et j'ai tellement appris sur l'empathie, le fonctionnement humain, parce qu'en fait on a l'impression que c'est des algorithmes, que c'est des codes promos avec des influenceurs et machin, mais pas du tout. En fait, on parle à des humains. Et ce qui est récompensé, c'est si tu touches les humains et si ça leur parle ce que tu fais. Et en fait, il n'y a pas d'autre recette.

  • Speaker #0

    Parler avec le cœur.

  • Speaker #1

    Bien sûr, être vrai et savoir l'exprimer. Donc ça, ça a été un méga apprentissage pour moi, mais juste, j'avais aussi envie de faire d'autres types d'apps. Et puis, tu vois, je me suis rapproché de la structure qui m'a racheté. Ils étaient hyper partants et je me suis dit, allez, vas-y, on va au bout du truc.

  • Speaker #0

    Tu parles de communication, c'est quoi un bon communicant pour toi ?

  • Speaker #1

    C'est un mec qui est aligné, qui dit des choses, qui pense fondamentalement et qui font écho avec sa raison d'être. Tu vois, moi, Team Force de Planète, c'est peut-être le truc où on a le plus d'écho aujourd'hui parce que vraiment, c'est qui je suis, mais à l'ADN. Et en fait, pour longtemps, je pense que j'ai un peu lancé des boîtes comme ça parce que c'était marrant et puis ça prenait. Mais ce n'était pas 100% aligné sur qui je suis absolument. Mais en fait, quand tu fais ce qui te passionne vraiment, quand tu fais ce que tu as dans tes tripes, ça marche, mec. Si tu es passionné de coton-tige, lance une boîte de coton-tige. C'est ça qu'il faut que tu fasses. Il ne faut pas aller faire un truc parce que c'est ça qui est valorisé aujourd'hui. Moi, je vois plein de gens qui me disent, je vais faire des trucs dans l'IA. Mais tu n'en as rien à branler de l'IA. Oui, mais c'est le moment. Non, mais c'est une connerie, en fait.

  • Speaker #0

    Est-ce que ça te plaît ou pas de travailler dans l'IA ?

  • Speaker #1

    Bien sûr, et tu peux faire un truc qui n'a rien à voir dans le rilenti. et être le meilleur chef cuisinier qui vend la recette de riz lentilles la plus vendue au monde, parce que c'est ça ton truc, quoi.

  • Speaker #0

    C'est marrant parce que souvent, pareil, je croise des jeunes entrepreneurs, quand tu as envie de gagner de l'argent, généralement, le meilleur moyen de gagner de l'argent, c'est d'aller là où ça te plaît. Et après, l'argent vient, ça en découle souvent.

  • Speaker #1

    Mais mille fois, d'ailleurs, mes premiers investisseurs, je me rappelle très bien, ils me disaient, en fait, nous, on investit sur toi parce que tu ne cherches pas d'argent, tu ne veux pas gagner de l'argent.

  • Speaker #0

    Et tu veux en finir par en gagner.

  • Speaker #1

    Ben oui, en tout cas, ils étaient convaincus de ça, mais ils ont tort parce que du coup, aujourd'hui, je ne gagne pas de l'argent. spécialement d'argent, tu vois. Enfin, j'ai vendu ma boîte, j'ai gagné un peu d'argent, mais je suis pas dans la quête de l'argent, c'est plus mon truc. Enfin, ça m'a jamais vraiment intéressé. Mais par contre, je suis assez convaincu qu'en effet, les super entrepreneurs, c'est des gens qui feront leur truc, mais même s'ils sont seuls à le faire, même si personne les suit, même s'ils ont pas de clients, ils le feront, parce que c'est ce qu'ils sont.

  • Speaker #0

    Et ils continuent même s'ils gagnent pas d'argent.

  • Speaker #1

    Mais oui, mais ça leur plaît en fait. Ils sont heureux de le faire. Ils le font parce que ça leur fait du bien. Et parce qu'ils trouvent que c'est ça que le monde a besoin d'avoir. Et qu'ils veulent apporter ça au monde. Ils se disent, ça c'est ma mission. On est là sur Terre, il faut trouver sa mission. Si c'est juste pour passer cette vie un peu comme ça, sans trop savoir qui on est, ce qu'on fout et à quoi on sert, je trouve que c'est dommage. Et on nous endoctrine à être comme ça, justement. À dire, c'est bien, t'es un bon consommateur, reste dans ce Ausha, ça va bien se passer. On a tous une mission, je pense, à trouver.

  • Speaker #0

    Tu parles de trouver sa mission. Il y a une génération, et même notre génération, mais la génération qui arrive, encore plus, je pense, qui veut être indépendant, etc., et qui veut aller vers l'entrepreneuriat. Toi, du coup, tu n'as pas fait de formation business, tu as appris beaucoup sur le terrain. Si tu pouvais donner deux, trois conseils, si tu essaies de réimaginer un petit peu au début de ton entrepreneuriat. Après, tu as fait avec d'autres personnes Team for the Planet et on va en parler évidemment. Mais déjà, sur tes communautés et ton app, qu'est-ce que tu as appris ? Quels conseils tu peux donner ? Quelles choses qu'il faut éviter de faire quand on lance pour la première fois une boîte ?

  • Speaker #1

    Passer trop de temps dans le théorique. Vraiment, l'entrepreneuriat, c'est tout sauf du théorique. En fait, on n'apprend que en faisant. Faire des grands plans pour se rassurer, essayer de tout préparer, passer des mois à se dire ça va être génial et puis se lancer après, c'est la meilleure manière de faire de la merde. En fait, moi, j'ai eu cette chance, j'ai tout foiré. J'ai tout commencé, je me suis pris des baffes à chaque fois parce que je commençais toujours en ratant. Forcément, je ne connaissais rien. Je fais une fac de sport, je viens d'un village de 200 habitants, je n'ai aucune chance de pouvoir... comprendre comment marche, ne serait-ce que les mécaniques comptables d'une entreprise à la base. Et du coup, il faut faire, se jeter dans le truc, et t'apprends à une vitesse démesurée. Par contre, il faut être résilient, parce que tu vas prendre des gifles toute la journée. Tu vas faire que de rater. Mais en fait, c'est le fonctionnement de la vie. Dans la nature, c'est neuf échecs pour un succès. Et encore, tu vois, par exemple, j'ai vu qu'un arbre, pour se reproduire, c'est un milliard de tentatives pour faire un seul descendant. Donc ça donne un peu une petite horde d'idées de ce que c'est dans la nature. Normalement. C'est même pas un concept l'échec dans la nature. Nous c'est un concept, mais en fait dans la nature c'est juste le process normal. Et donc dans l'entrepreneuriat, il faut partir avec cette vision. Je fais des trucs, ça va tout foirer. Mais je les fais pas parce que je veux réussir. Je les fais parce que c'est qui je suis. Je les fais parce que c'est ce que j'ai envie de faire, ça me plaît. Évidemment on se prend la pression oui mais attends il faut que tu gagnes ta vie, tu vois les parents qui sont là, attends tu vas pas faire d'argent là-dedans, c'est une connerie. Et c'est le deuxième conseil, c'est oui on fait ce qu'on a vraiment envie de faire. On se lance tout de suite, on essaie des trucs, mais par contre, le premier truc qu'on essaie de faire, c'est trouver un modèle économique. Parce qu'on vit dans un monde qui est comme il est, et la façon dont il fonctionne, ça peut être contre-productif d'être vraiment dans un modèle où tu n'as pas réfléchi ton modèle économique, et où ça te pompe ta passion justement, et ça te la casse. Moi, ça m'est arrivé des fois de lancer des trucs géniaux, on arrivait à avoir des utilisateurs, on arrivait à faire un truc qui fonctionne, mais on n'avait pas de modèle économique viable, et à la fin... Ça pète ta boîte, t'as monté un super truc, t'as des invests, t'es à fond, le truc fonctionne et ça vient te péter dans les dents. Et il ne faut quand même pas oublier que c'est l'objet de la confiance au niveau mondial. L'argent, c'est ce qui nous permet de collaborer entre humains et donc ça te permet d'embarquer des gens avec toi pour t'aider à faire de ton projet une réalité. On est obligé de payer les gens, tu vois. L'entreprise, ça a ça de génial que c'est ce qui transforme le monde et c'est l'objet le plus abouti de la collaboration. Et le ciment de ça, c'est le fait d'être capable d'offrir une rémunération pour que chacun puisse venir contribuer à un autre projet de société. Merci. Et c'est normal de gagner de l'argent. C'est normal d'être rémunéré quand tu fais un travail dans le modèle qu'on a construit. Moi, trop souvent, j'ai un peu mis ça de côté parce que vraiment, je pense que l'argent n'est pas... dans ma culture, dans ce qu'on m'a appris, n'est pas un sujet pour moi. Ça ne m'intéresse pas. Si je gagne ma vie, je suis très heureux. Je m'en fous d'être millionnaire et je me souhaite d'ailleurs jamais d'être millionnaire parce que je pense que j'y perdrais en termes de bonheur. Mais du coup, j'ai quand même trop négligé. Donc, il faut trouver la balance. Cet aspect, avoir un modèle économique, ça ne veut pas dire que tu es un avare. Ça veut dire que tu veux que ton modèle tienne et que ta boîte puisse exister. Et ça, c'est un truc qu'il faut commencer par vendre. Il faut tout de suite chercher des gens qui sont prêts à mettre de l'argent parce que ton service a une valeur.

  • Speaker #0

    Bien sûr, et c'est ce que j'allais dire, si je peux me permettre de te compléter. Si les gens payent, c'est aussi parce que tu crées de la valeur. Et donc, tu règles un problème. Et ça, c'est la première chose. Et la deuxième chose, moi, qui me paraît importante, c'est qu'avoir un modèle économique, faire du chiffre d'affaires, ça amène aussi l'indépendance dans ta boîte. Et si tu peux, toi, te payer, c'est quand même important. Payer tes salariés correctement aussi. Et éventuellement, on pourrait en parler, c'est un sujet, mais le fait d'avoir des investisseurs ou pas. mais ça a des plus et des moins, mais ça a aussi des moins. Parce qu'on voit souvent les plus, j'ai levé 5 millions, 10 millions, 20 millions, mais ça a aussi des moins. Donc si on est indépendant, au moins on peut faire le choix d'avoir des invests ou pas d'avoir d'invest.

  • Speaker #1

    Bien sûr, et le moins numéro un, c'est que les actionnaires, dans le modèle comme il est pensé aujourd'hui, quand on a beaucoup par exemple, ou que tu es une grosse boîte, un, ils ne sont pas au contact de la réalité opérationnelle de ce que tu fais, donc eux, leur seul bouton pour décider c'est est-ce qu'on gagne de l'argent, oui, non. Et ça, ça fait que la direction de la boîte, elle est forcément... Elle prend un coup. Et puis, le deuxième truc, c'est la division de la responsabilité. Quand ils sont très nombreux, comme dans plein de boîtes, en fait, pareil, ils se disent, j'ai mes petites actions, moi, je vais voter pour gagner plus d'argent, parce que c'est le critère qu'on me met devant les yeux. En fait, toi, à la fin, ça peut complètement te faire dévoyer la mission initiale et ce pourquoi tu as créé ta boîte. Donc, tu as raison, l'indépendance est extrêmement importante.

  • Speaker #0

    Et on vient un peu sur ton parcours. Donc, tu vends ta première entreprise et tu décides du coup de rejoindre une boîte qui s'appelle Thriller.

  • Speaker #1

    C'est ça, oui. Entre-temps, j'avais remonté une autre startup, mais en parallèle de la première. aussi dans les apps mobiles, qui n'est pas forcément un succès, mais je trouve que c'est important de le préciser parce que j'ai levé des fonds, on a fait une belle aventure, on avait jusqu'à 20 salariés, c'était une belle boîte, en tout cas, le projet était intéressant, c'était pour faire du micro-événementiel de groupe. Donc en gros, l'idée, c'était de dire, tu peux rencontrer des gens dans le cadre de petites activités de groupe sympas, qui s'appelaient des Who's Up, et c'était, je ne sais pas, faire un yoga dans un parc, apprendre à faire des cocktails chez quelqu'un. Et donc, ça marchait très bien. Il y a eu des milliers de gens qui nous ont dit Merci, grâce à vous, j'ai un nouveau cercle d'amis, j'ai rencontré des gens géniaux. Il y avait des milliers et des milliers de who's up qui étaient créés. On avait 200 000 utilisateurs.

  • Speaker #0

    Et vous, là, c'était à Lyon ?

  • Speaker #1

    À Lyon, oui. Mais on n'avait pas de modèle économique. J'avais levé un peu moins de 500 000, je crois, ou 500 000, un truc du genre. Ce qui était beaucoup à l'époque. Oui, c'est ça quand même, ça existait. Et en fait, le problème, c'est qu'on n'avait pas pensé le modèle éco et on n'a pas réussi à craquer le modèle économique. Et donc, à la fin, les investisseurs montent. proposé de remettre plus d'un million d'euros dans l'aventure pour que ça nous donne du temps. Moi, je me suis lancé le défi en mode les gars, on a trois mois pour trouver le modèle économique, mais à un moment là, je me suis dit non, là je vais m'enfermer. Je vais devoir shifter, pivoter, on va perdre ce qu'était l'origine de ce projet, l'ADN de base qui était permettre à des gens de profiter du digital pour avoir des vraies expériences dans la vraie vie qui soient chouettes. On va devoir chercher absolument la caillasse et du coup on va se travestir. Et donc à ce moment-là, j'ai dit non, on ferme cette boîte. Je l'ai vendu finalement parce que j'ai trouvé un petit repreneur, mais bon, c'était vraiment un exit à zéro. Et ça a été des mois de stress. C'était compliqué parce qu'avant la vente, j'avais oublié la TVA. Donc, j'ai pu faire tous les licenciements, en tout cas les ruptures conventionnelles. Je suis arrivé à zéro sur le compte et là, l'expert comptable est arrivé et m'a dit Ouais, par contre, il reste juste un truc, c'est la TVA. Quand tu es dans ce moment-là où tu es hyper stressé et tout, tu n'y penses pas. Et en fait, on avait quand même fait 400 000 euros de chiffre d'affaires, notamment parce que Thriller avait commencé en parallèle. J'ai un peu tout fait en parallèle. Mais du coup, ça me rapportait du CA via Thriller sur la structure. Et du coup, j'ai pris une énorme mandale de TVA.

  • Speaker #0

    Entre 50 et 100 000, un truc comme ça.

  • Speaker #1

    Ouais, 80 000, même pas loin de 100 000, je crois, parce qu'il y avait des petits trucs en plus. Enfin bref, du coup, on s'est retrouvé où j'avais des huissiers, franchement, deux fois par semaine devant chez moi, deux fois par semaine devant chez mes parents. Donc autant dire que là, t'es quand même dans un niveau de stress qui est élevé. Ça a duré plusieurs mois avant que je puisse revendre la boîte, parce que les mecs ont quand même regardé et tout, machin. Et je l'ai revendu pour être à zéro. Donc en gros, j'ai absorbé cette dette. Mais je trouve que c'est important de parler des échecs, parce que j'en ai eu énormément, et à chaque fois, on ne parle que des trucs positifs. Mais là, encore une fois, quand je dis que j'essayais des trucs et que des fois, il faut être résilient, c'est un exemple, quand tu as des huissiers deux fois par semaine devant chez tes parents, il faut être résilient.

  • Speaker #0

    Non, c'est clair, je ne suis pas aligné avec toi. Ça m'empêche, j'ai croisé quelqu'un hier qui m'a demandé ce que j'ai fait avant. Et c'est vrai que j'avais encore un peu une... J'ai fait quatre boîtes, et on va dire qu'il y en a deux, entre guillemets, que j'ai loupées. Donc il y en a une qui a fini à la casse. Et la deuxième, je l'ai vendue, mais à zéro, comme toi. Et c'est vrai que j'avais encore un peu cet a priori, quand je lui ai répondu. Tu vois, t'es pas comme aux US, où limite, l'échec est valorisé. Et là, j'ai senti que, du coup, pour lui, j'avais eu un parcours qui n'était pas forcément riche.

  • Speaker #1

    En France, c'est dingue. Un vrai problème avec ça. C'est bizarre, il faudrait faire des sans-faute pour être stylé. Ça, c'est la France. Mais au contraire, moi, maintenant, je valorise beaucoup plus les gens qui ont raté un truc. Parce qu'en général, ils sont bien meilleurs derrière.

  • Speaker #0

    Bien sûr. Pour revenir sur ton parcours, cette boîte, tu la vends à la casse, mais tu apprends énormément. Là, tu vas rejoindre Thriller.

  • Speaker #1

    Thriller, oui.

  • Speaker #0

    Thriller, excuse-moi. En gros,

  • Speaker #1

    ça c'est marrant, c'est un ami qui est investisseur, avec qui on cherchait si on n'allait pas faire un projet ou deux. On discutait depuis quelques mois, et lui, il avait hébergé dans son appart, parce qu'il a un bel appart vers Troca, un Américain avec qui il était un peu devenu pote, qui était dans les apps mobiles et qui venait de vendre sa boîte, du coup, des dizaines de millions d'euros. Et en fait, ce mec-là était en train de lancer Thriller, donc un nouveau réseau social. un peu concurrent de TikTok, avec la volonté d'en faire vraiment un leader. En gros, ils disaient, le pitch de fond, c'était on ne va quand même pas laisser les Chinois faire un GAFA. Donc nous, les Américains, on a une carte à jouer, on essaye. Et tout de suite, ils voulaient lancer le marché européen, parce que c'était le terrain de jeu où ça allait se jouer. Lui, il savait que les États-Unis allaient assez vite, mais l'Europe, justement, Musical.ly, qui a été racheté par TikTok, qui a été ingéré, en tout cas ajouté par TikTok, tu vois, était là et battait son plein mais c'était pas non plus monstrueux et donc je cherchais un mec pour lancer l'Europe qui connaissait les communautés en ligne, qui connaissait les réseaux sociaux, qui connaissait les applis mobiles, qui connaissait les influenceurs donc moi j'avais tu vois on est passé vite mais j'avais fait toutes les soirées avec les youtubeurs, les machins, je connaissais un peu tout le monde parce que quand tu as 12 millions d'abonnés bah forcément tu vois ça te... tu te retrouves dans ce monde là et du coup ce mec m'a dit bah let's go tu lances l'Europe donc on a lancé ensemble l'Europe avec mon pote justement l'investisseur et puis Lui est devenu vice-président monde de la structure et moi, j'étais en charge de l'Europe. Et ça a été deux années complètement folles parce qu'on est passé de trois personnes à 400 en deux ans. Il y a eu 300 millions d'euros de levées. Ça a été de l'hyper scale comme jamais. Mais en fait, tout ça, pourquoi au final ? Parce que je faisais juste danser des gamins dégénérés sur une appli smartphone. Au bout de la journée, c'était ça qu'on faisait. Et on brassait de l'argent à mort pour ça. On faisait des millions de vues en ligne pour ça. On allait chercher les plus gros influenceurs. On mettait des trucs... des budgets dans des événements de dingue, sponsoriser le All-Star Game aux Etats-Unis, faire des trucs à Ibiza, des soirées, des machins. Mais pourquoi à la fin ? C'était vraiment un truc inutile. Ça a fini par me peser tellement que j'ai tout lâché. J'ai arrêté ces trucs, j'ai lâché mes stock options, j'ai lâché mon salaire, j'ai dit j'arrête.

  • Speaker #0

    Et donc là, tu pars dans une période, j'ai lu en préparant l'interview, de cheminement intellectuel pour trouver un modèle d'entreprise plus vertueux.

  • Speaker #1

    Ouais carrément, en fait à ce moment-là je m'étais quand même beaucoup intéressé au sujet du dérèglement climatique parce que je voyais dans le Jura et dans le Haut-Bugel les transformations qu'il y avait et franchement c'était pas joli à voir. Enfin tu vois la neige, il y avait un mètre de neige chez mes parents avant, ben là quand il neige c'est rare, c'est pas une hyperbole vraiment littéralement. La forêt qui se transformait parce que vraiment t'as plein d'invasifs qui sont en train de la dégommer et à cause des sécheresses c'est hyper compliqué. T'as même eu des feux de forêt dans le Jura récemment, enfin bref. Tout ça fait que je me suis dit putain mais qu'est-ce qui se passe ? Je connaissais pas très bien moi le sujet du climat quoi. Je connaissais bien la nature. J'aimais la nature, mais je n'étais pas un théoricien encore une fois, je n'étais pas du tout un expert. Et donc là, je suis rentré dans le sujet et je l'ai bourriné, parce que moi je suis comme ça, quand je rentre dans un sujet, j'ai vraiment besoin d'aller dans le fond du truc. Et donc j'ai bourriné le sujet, dérèglement climatique, limites planétaires. Et là je me suis dit, waouh, putain, c'est monstrueux. En fait, je n'ai pas du tout compris ce qui se passe. Et en même temps, ça m'a énormément excité, parce que je me suis dit, en fait, je n'ai pas besoin d'aller dans ce modèle de société-là, je n'ai pas besoin d'être cette typologie de personne qui est un gars dans la tech, qui veut faire toujours des apps et des machins. Il y a un sujet de société monstrueux qui est en train d'arriver. Et peut-être qu'en étant à nouveau le Arthur enfant qui aime la nature, qui s'intéresse à la nature, qui veut protéger la nature, je peux être un super entrepreneur aussi. Et peut-être même que je peux être un entrepreneur qui est valorisé dans le monde de demain, tu vois. Et ça, ça m'a excité parce que je me suis réconcilié avec le Arthur enfant. Je m'étais un peu éloigné de lui.

  • Speaker #0

    Tu as rapproché de ton enfance, que tu es vraiment, et ton entrepreneur qui te passionnait.

  • Speaker #1

    Exactement. Et je me suis dit, je ne veux plus passer une... une sombre foutue heure de ma vie à ne pas faire un truc utile pour la nature. Parce que c'est ça ma raison d'être. Et je me rappelle, je l'ai senti vraiment. Le jour où j'ai refusé mes stock options et je me suis barré, en fait, je me suis rendu compte que je ne voulais plus, jusqu'au bout de ma vie, faire un truc qui ne soit pas lié à la nature et à sa préservation et au fait qu'elle soit belle. Et là, j'ai senti l'alignement absolu. Ça m'a pris du temps. C'est pour ça que quand je parle d'alignement, je le dis comme si c'est facile, mais c'est dur de savoir ce qu'on aime, ce qu'on veut être et ce qui nous permet d'être alignés. Mais il y a un truc... qu'on sent au fond de nous quand même. Et là, j'ai senti que c'était ça, putain, tu vois. Et même là encore, j'ai la fougue, là, je le sens. Et je sais très bien que jusqu'au bout de ma vie, ce sera ça, quoi.

  • Speaker #0

    Et ce qui m'intéresse de savoir aussi, c'est, donc, tu quittes Thriller, donc t'es dans cette période de réflexion. Juste, cette période de réflexion, comment... Est-ce que t'es encore à Paris, ou tu retournes dans le Jura ? Est-ce que tu l'as fait à travers un voyage ? Moi, tu vois, par exemple, en 2016, j'ai eu cette période de réflexion, je suis parti en Asie. Ouais. Pendant 8 mois. Et j'étais avec mon sac à dos, donc j'écrivais, mais aussi je réfléchissais. Comment toi, ça s'est matérialisé ?

  • Speaker #1

    J'étais entre Lyon et Paris et là je me suis remis à passer énormément de temps chez mes parents, donc vraiment énormément de temps, j'allais tout le temps faire des randos, des balades, machin. Et puis je me suis beaucoup questionné sur l'entrepreneuriat en tant que tel. En fait je me disais c'est quand même génial parce que putain, tu vois, je pouvais toucher des millions de personnes limite en slip depuis ma chambre grâce à internet et faire changer des trucs à grande échelle. mais je me disais, le verre est un peu dans le fruit parce qu'à chaque fois les entreprises sont paramétrées d'une manière qui fait qu'on revient à il faut gagner plus d'argent à la fin et donc on retombe dans une espèce de roue du hamster où la mission initiale, le pourquoi de l'entreprise est contrebalancée par les dégâts que provoque le modèle dans lequel elle est. Ce modèle d'accumulation, de toujours plus, de générer de l'argent, en fait ça peut avoir une mission géniale, quand tu évolues dans ce cadre là, à la fin ce cadre finit par peser tellement que ta mission, elle réduit et que ce que tu apportes, ce que tu crées négativement, juste efface tout le positif que tu essayes de générer. C'était vraiment une réflexion que j'avais beaucoup et je me disais mais putain, c'est quand même hyper dommage, c'est un outil génial mais c'est juste le paramétrage de l'outil qui est inspiré et influencé par des décennies de néolibéralisme qui fait qu'on fait un truc contre-productif à la fin. Et donc c'est là que j'ai eu des réflexions en effet sur modèle d'affaires entrepreneur, mais entrepreneur autrement, ou en tout cas dans un cadre différent. Et là, je passais beaucoup de temps à Paris, notamment dans les bureaux d'un pote qui avait monté un truc qui s'appelle Germinal. À l'époque, voilà, Grégoire Gambato. Et donc, ça battait son plein. Et moi, j'étais tout le temps là-bas, fourré dans leur bureau parce que je me suis toujours dit il faut être là où ça se passe, tu vois. Il faut être là où est l'énergie pour que ça infuse, pour que tu aies des idées. Et c'est là que j'avais commencé à imaginer un premier modèle de truc qui s'appelait Optimiste. parce que je voulais aborder l'écologie de manière joyeuse, positive. Je me disais, mais comment veux-tu que les gens s'engagent là-dedans si on a l'impression qu'on va tous mourir et que c'est un truc de dépressif ? Tu vois, c'est impossible. Donc je me disais, il faut absolument que ça ait l'air bien, que ça ait l'air mieux. Et si déjà ça a l'air cool, je pense que les gens auront envie d'y venir. Donc je partais avec ce pitch un peu marketing. Et puis, c'est en commençant à travailler là-dessus que j'ai rencontré mes associés actuels. En fait, je connaissais déjà l'un de mes associés actuels, Mehdi. qui avait des bureaux au-dessus des miens à Lyon. Mais on avait parlé deux, trois fois, on ne s'était jamais rendu compte qu'on partageait un même cheminement de vie. En fait, mes associés ont tous monté des boîtes aussi et se sont tous retrouvés un peu à ce même constat de, bon, entreprendre, c'est vraiment stylé, mais si c'est pour être entrepreneur qui court derrière le fait d'être millionnaire à Dubaï pour pouvoir consommer toujours plus, en fait, on reste des victimes. C'est juste que l'échelle de la victimisation est mieux adaptée à nous. Et en fait, on a partagé un peu cette... cette conscience-là, on s'est dit, on n'a pas envie des entrepreneurs dans la roue du hamster qui, chaque année, achètent une roue plus grande. Nous, on a envie d'entreprendre en dehors de la roue du hamster. Et là, on a eu un petit coup de foudre entre nous en mode, vas-y, on fait un truc. Et donc, eux avaient déjà réfléchi à un modèle depuis 12 ans sur le sujet. Ils ne s'étaient jamais trop passé à l'action parce qu'ils avaient leur boîte en parallèle. D'autres se sont greffés sur le truc qui était des potes à l'un ou l'autre de l'équipe. Donc, c'est comme ça qu'on s'est retrouvés à six entrepreneurs à l'origine. Et moi, j'avais vraiment avec Optimis cette vision de... Il faut faire un... Un truc qui trouve des innovations qui ont un énorme potentiel d'impact. Et en même temps, il faut s'assurer qu'elles ont un modèle économique viable, grâce notamment à toutes les techniques qu'on avait apprises avant. Parce que pour le coup, dans les boîtes qu'on montait avant, on était aussi pas mal sur des trucs où on utilisait beaucoup le digital pour s'assurer qu'il y avait un modèle. Par exemple, on créait un produit fictivement sur Internet. Il n'existait pas dans la vraie vie, mais on faisait un site Internet qui vendait un produit qui n'existait pas. Et on faisait des pubs sur Facebook pour aller voir s'il y avait des vrais clients. Et quand on mettait un euro, on regardait si on arrivait à être viable ou pas. Et ça nous permettait de nous dire, OK, on le fait vraiment. Donc ça, c'est des trucs qu'on avait appris. Et moi, je voulais les remettre un peu dans la mécanique en disant, il faut qu'on assure que ces innovations, elles pourront avoir une viabilité économique. Et il faut en même temps qu'elles aient d'abord et avant tout de l'impact. Et il faut s'assurer que leur viabilité économique est bien au service de leur impact et pas l'inverse.

  • Speaker #0

    Et donc en avril 2020, là, tu es avec MediColi. Nicolas Sabatier, Laurent Morel C'est tout ?

  • Speaker #1

    Denis Gallaghercia

  • Speaker #0

    Denis Et Colline Et Colline Et donc Time for the Planet A l'époque Est créé Et donc les statuts sont déposés Aux grèves de Lyon Est-ce que tu peux nous dire Du coup nous définir Qu'est-ce que c'est que Maintenant ça s'appelle Time for the Planet Ouais carrément Au début c'était Time Mais on en reparlera peut-être Et donc c'est quoi Time for the Planet ?

  • Speaker #1

    Bah moi j'aime bien Enfin le En fait pour moi c'est une grande expérience De nouveau modèle d'affaires C'est peut-être même la plus grande expérience de nouveau modèle d'affaires qui n'a jamais été mise sur pied, puisque nous, on a décidé qu'on allait créer une boîte où le modèle d'affaires, donc le modèle actionnarial notamment, était vraiment pensé et paramétré de A à Z pour que tout soit toujours orienté sur l'impact. Donc, nos actionnaires n'attendent pas de retour sur investissement. Aujourd'hui, on a 121 000 actionnaires, financiers en tout cas. Ils attendent un retour sur investissement en tonnes de CO2 évitées qui s'appelle du dividende climat. C'est un truc qu'on a co-créé avec l'ADEME, l'ONU, une cinquantaine d'experts carbone internationaux. et qui matérialise de manière robuste, audité, certifié, le nombre de tonnes de CO2 évitées chaque année grâce à ton argent que tu as placé dans Team Forte Planète. Et ça, ça nous permet de faire des investissements que le monde économique traditionnel ne peut pas faire, parce que la plupart des innovations, et je vais expliquer comment on fonctionne juste après, mais qu'on finance, c'est des innovations qui ne sont pas financées par le monde économique traditionnel parce qu'elles ne permettent pas de faire des gros multiples à court terme pour gagner beaucoup d'argent ou des exits rapides. Non, c'est des innovations cruciales pour l'avenir de l'humanité. structurantes pour nos sociétés, qui sont là pour être un socle à tout le reste de l'économie. Mais comme l'économie s'est sassisée un petit peu et que maintenant on veut vendre très vite, faire des gros chiffres rapidement, en fait elles ne sont même pas dans les radars. Et donc nous on est parti un peu de ces constats-là en se disant il faut qu'on pense notre modèle d'affaires pour qu'on soit capable d'aller accompagner ces boîtes et qu'on leur donne les moyens d'exister et qu'on ne soit pas rattrapé par la patrouille du toujours plus financier. C'est pour ça qu'on a été un peu radicaux, on ne dit pas que toute l'économie doit ressembler à ce qu'on fait. mais on est convaincu qu'une petite partie de l'économie doit ressembler à ce qu'on fait pour que le reste puisse exister. Bon, ça, c'est ce qu'on est. Maintenant, qu'est-ce qu'on fait ? Eh bien, en fait, au départ de l'aventure, nous, en tant que simples citoyens, on essayait d'agir et on se rendait bien compte que quand t'es pas milliardaire ou président de la République, c'est quand même difficile d'avoir de l'impact. Donc, on se demandait comment on pouvait permettre à n'importe qui d'élargir son rayon d'action à l'échelle mondiale, pour le climat notamment. Et on a rencontré plein de scientifiques dans cette démarche, et notamment Jean Jouzel, qui est l'ex-vice-président du GIEC, qui nous a parrainés dès le départ, et qui nous a présenté plein d'autres scientifiques. et en fait, à chaque fois on nous a remonté le même constat aujourd'hui il y a un levier d'action très fort sur lequel vous pourriez aller avec ce modèle d'affaires là parce que vous êtes dans une composition qui vous permet d'avoir la liberté de le faire c'est, oui on sait il faut de la sobriété massivement mais pour aller vers un monde plus sobre il faut aussi des innovations qui nous permettront de transformer le monde dans lequel on est pas des innovations technosolutionnistes pour continuer dans le toujours plus et faire de l'astéroïde mining justement, des innovations qui nous permettent de repenser le monde dans lequel on est de faire autrement... Et ces innovations, elles ont besoin de passer à l'échelle aujourd'hui, mais elles n'y arrivent pas. Et ce qui est fou, c'est qu'elles sont déjà là. La plupart n'ont pas besoin d'être inventées, elles sont déjà là. Et le problème pour lequel elles n'arrivent pas à passer à l'échelle, c'est qu'elles sont portées par des scientifiques, des ingénieurs, des chercheurs. Et ces gens-là, ce n'est pas des entrepreneurs. Donc quand il s'agit justement de trouver le modèle économique viable, d'en faire une vraie entreprise qui peut recruter des clients, des salariés, etc., ça ne marche pas. Et nous, ça nous semblait fou parce qu'on connaissait des très bons entrepreneurs qui avaient monté des boîtes énormes dans des secteurs qui n'avaient rien à voir et qui, comme nous... se posaient la question de leur utilité et de mettre leur compétence entrepreneuriale au service de l'urgence climatique. Et donc on s'est dit, on va faire le Tinder du climat. On va aller chercher d'un côté ces innovations avec un énorme potentiel de décarbonation que le monde économique traditionnel néglige et ne finance pas parce qu'elles sont pas des machines à cash à court terme. Et on va aller chercher de l'autre côté des entrepreneurs chevronnés qui ont monté des très belles boîtes. On va les mettre ensemble. N'importe qui pourra participer à l'aventure en devenant associé actionnaire à partir d'un euro. Donc c'est pas... Un don, on n'est pas une asso, comme je te l'explique, c'est vraiment on travaille au niveau des modèles d'affaires, parce que pour moi, c'est là qu'on va changer le monde. Faire une asso, c'est génial, mais si tu te finances grâce au salaire des gens, parce que c'est ça finalement les dons, via des impôts ou via des dons directs qui viennent d'un modèle d'affaires d'une entreprise, malheureusement, tu ne travailles pas au niveau des causes, tu travailles un peu au niveau des conséquences. Donc nous, vraiment, on a choisi que ce soit des actionnaires, ils sont copropriétaires de l'aventure, ils peuvent investir à partir d'un euro, donc c'est très accessible, ça se fait en deux minutes, mais par contre... Avec cette grande tirelire collective, on finance ces projets-là. Et comme ils n'attendent pas de retour financier sur leur investissement, toutes les décisions qu'on prend, c'est toujours pour plus d'impact. Et en fait, ils ne nous font jamais chier pour plus d'argent. Ils nous font toujours chier pour optimiser l'impact, s'assurer qu'il y a plus d'impact. Et ce qui est assez fabuleux, c'est qu'on voit que les boîtes qu'on sort sont en train, en plus, de devenir des boîtes très rentables, donc qu'on peut avoir encore plus d'impact.

  • Speaker #0

    Ça me mène à plein de questions. Cette tirelire collective, comme tu dis déjà, aujourd'hui, vous avez levé combien d'argent, si ce n'est pas indiscret ?

  • Speaker #1

    On a levé pas loin de 34 millions d'euros ou 33, je ne sais plus à date exactement.

  • Speaker #0

    Ce qui est déjà une énorme somme. En combien d'années ?

  • Speaker #1

    En 4 ans, du coup.

  • Speaker #0

    34 millions d'euros. Et donc, moi, par exemple, si je veux qu'on monte à 34 millions et 1000 euros, que j'investis 1000 euros. Donc, tu m'as dit, je vais avoir à la fin de l'année un dividende climat. Qu'est-ce que c'est un dividende climat ? C'est un bout de papier que je vais recevoir par la poste ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est un peu plus solide que ça. Comme je te disais, vraiment, maintenant, c'est devenu... Nous, on était à l'initiative du truc, on l'a co-créé avec plein d'experts, mais c'était pour que ça ait une application dans le monde réel au-delà de nous. Et nous, on était là pour prouver que c'était possible et que des actionnaires pouvaient attendre autre chose qu'un retour financier et qu'ils pouvaient avoir un retour financier et d'autres types de retours, mais que les actionnaires sont ceux qui font le projet de société aujourd'hui. Parce que les boîtes, c'est ce qui fait le monde. On va tous travailler le matin, on se lève tous pour aller travailler pour des boîtes qui nous payent en échange de notre temps. Et cette somme de temps faramineuse... fait le monde dans lequel on est et le change et l'emmène vers un projet de société de merde ou un bon projet de société. Et donc le problème c'est que les boîtes aujourd'hui qui sont pilotées avec une mécanique qui ne voit qu'avec un seul oeil qui est celui de l'argent emmènent en permanence vers faire plus d'argent dans les boîtes, donc extraire plus de ressources, etc. Et donc nous on avait en tête qu'il fallait d'autres indicateurs pour que justement l'actionnaire dise Attendez, oui ça fait de l'argent mais par contre là on bousille tout, là on est en train de bousiller le climat, on est en train de bousiller la biodiversité, on est en train de bousiller l'eau. Donc... C'est pas rentable, notre argent n'est pas rentable. Il est rentable sur le plan financier, mais il est carrément en perte sur tous les autres indicateurs. Et c'est pour ça qu'on a poussé le dividende climat, et c'est devenu une asso indépendante, maintenant présidée par Brune Poirson, et maintenant t'as des très gros qui distribuent du dividende climat, c'est chouette, ça fait son chemin. T'as Decathlon, Backmarket, Demeter dans la finance, ils distribuent vraiment des millions de dividendes climat, donc de tonnes de CO2 évitées. Et pour te répondre, c'est donc un certificat qui rentre dans le bilan extra-financier des entreprises. Il est valide dans le référentiel européen pour la comptabilité carbone. Et il permet de dire, c'est robuste, c'est clair et c'est certifié. Avec ses 1 000 euros, Nicolas a permis d'éviter X tonnes de CO2 cette année. Et ce qui est cool, c'est que toi, tu as placé tes 1 000 euros, parce que dans Team Forte Paix, tu as une liquidité à 10 ans. En gros, tu peux ressortir ton argent 10 ans après à 1 euro pour 1 euro. Donc, tu places de l'argent, mais il ne travaille pas pour ton patrimoine financier, il travaille pour ton patrimoine climat, en fait. Et donc, ça te permet tous les ans de toucher ton dividende climat parce que tes 1 000 euros, ils continuent à travailler pour toi. Mais juste, ils ne travaillent pas pour t'enrichir financièrement. Tu peux avoir placé, par exemple, 1 de ton patrimoine en disant celui-là, je ne le mets pas pour m'enrichir financièrement. Ils travaillent pour faire en sorte que j'ai un max de tonnes de CO2 non émises grâce à ma thune.

  • Speaker #0

    C'est hyper intéressant parce que je crois en plus que la France, on est un des pays où il y a le plus d'épargne en Europe ou dans le monde. Et finalement, les taux, bon, alors, ils sont en train de remonter, mais ils sont relativement bas. dans ceux qui nous écoutent je pense qu'il y en a plein qui ont peut-être 1000, 10000, 100000 ou un million qui dorment si on les plaçait chez toi finalement on aurait peut-être enfin on perdrait peut-être un peu d'intérêt mais c'est quelques euros, quelques dizaines d'euros ou centaines d'euros, en tout cas ça changerait pas notre vie et par contre du coup ça pourrait changer l'impact carbone,

  • Speaker #1

    la planète Oui et puis si on prend un peu de recul on perdrait pas d'argent, ça c'est une vraie question qu'il faut se poser maintenant parce qu'on peut plus raisonner sur les pas de temps court-termistes en fait on gagne de l'argent à court terme mais comme on n'accélère une mécanique sociétale entrepreneuriale qui est extra-productiviste et donc qui est dans l'extractivisme aussi des ressources, chaque fois que tu fais du rendement sur un placement financier, il faut te poser la question de comment ce rendement a été fait. Ce rendement, il ne tombe pas du ciel. Il vient du fait qu'on extrait toujours plus de matière dans la nature pour produire toujours plus de produits et vendre plus de volumes de produits. Et donc ton rendement, quand tu as pris tes 5% de rendement, en fait il est directement corrélé au fait que tu as un... contribuer à creuser un peu plus, à raser un peu plus de forêt, tu vois, et c'est pas... Il faut quand même qu'on ait conscience de ça, les humains. Et donc, ça veut dire que tu gagnes un peu d'argent à court terme, mais la valeur écosystémique de tout ça, ça a été calculé maintenant, et notamment par le GIEC, en fait, les dommages que ça va générer sur notre monde, sur nos vies, sur nos maisons, sur nos emplois, parce que le coût de l'électricité va monter, le coût de l'énergie globalement va monter, le coût des ressources, de l'alimentation, des matériaux, tout ça... en fait, finalement, va nous coûter plus cher. Et donc, le peu d'argent que tu vas peut-être gagner à court terme, en fait, potentiellement, tu vas payer beaucoup plus cher après pour essayer de compenser les dégâts qu'on crée dans notre monde. Et ça, c'est ce que le GIEC récapitule très simplement en disant que le coût de l'inaction climatique est infiniment supérieur au coût de l'action. Donc, qu'est-ce qui vaut mieux pas ? Être à taux zéro, mais ne pas avoir à payer très cher demain, plutôt que d'être à prendre 5% aujourd'hui, mais demain, avoir contribué à flinguer un peu plus la planète et devoir payer très cher. Parce que qui va payer ? C'est pas les gouvernements, à la fin c'est nous qui allons payer, quand ça va être la merde, quand ça va vraiment coûter cher. Rien qu'à voir, les compagnies d'assurance, elles se désintéressent, elles abandonnent des villes. Les villes côtières en France, il y a plein de compagnies d'assurance qui ont dit on arrête de vous assurer.

  • Speaker #0

    Parce qu'elles savent que dans 10 ans, 20 ans...

  • Speaker #1

    Mais parce que ça a déjà commencé. Et en fait, elles disent on ne pourra pas les assurer. Donc elles les lâchent. Et donc notre système de protection ne va pas être derrière nous. Et qu'est-ce qui se passe ? Les habitants, ils se mettent en commun, ils refont une assurance entre eux dans leur ville. Et ça leur coûte plus cher, évidemment. Parce qu'ils sont sur un territoire qui est hyper exposé.

  • Speaker #0

    Ce qui est fou, si je réfléchis à voix haute, des personnes... qui n'ont pas forcément cette conscience de la planète. On imagine quelqu'un qui a des millions, des dizaines de millions, des centaines de millions. Avec ce que tu dis, comment dire, s'il n'y a plus de planète, il n'y a plus d'entreprise, il n'y a plus de dividende. Donc même s'il ne partage pas complètement ce que tu dis, il aurait intérêt à mettre une partie de son argent pour décarboner. Étant donné que dans peut-être 50, 50 ans, 50, 100 ans, il ne pourra plus faire son activité si la planète n'est plus au rendez-vous.

  • Speaker #1

    Alors la planète, on dit souvent qu'il faut sauver la planète, mais elle s'en fout, elle va rester là 5 milliards d'années, tout va bien, elle n'en a rien à foutre, c'est plutôt nous les humains, il y a beaucoup de papiers qui commencent à sortir, il y en a un assez édifiant en 2022 aux Etats-Unis qui est sorti, qui questionne la capacité de l'humain à vraiment rester là pendant plusieurs centaines, milliers d'années. Et en fait, ce qui est quand même important de se dire, c'est que justement, tu as raison, tu mets le doigt sur un truc qui est très vrai, le socle de l'économie mondiale... C'est les services écosystémiques, c'est la nature, c'est le fait que le monde dans lequel on vit soit en bonne forme. Si demain, ce monde-là couine, on ne pourra plus générer des profits importants, on ne pourra plus... Et c'est ce qu'on se disait il y a deux minutes. En fait, les coûts, ça va être directement répercuté sur les entreprises. Tu vois, tout de suite, on le voit quand l'énergie augmente, les entreprises sont en faillite, il y en a plein qui ferment. Plus on laisse partir à la dérive le système terre, plus les coûts vont être... intenable pour les boîtes. Et donc, elles vont perdre de l'argent. Non seulement elles ne vont pas avoir de dividendes, mais elles vont perdre de l'argent. Donc là, ce qui se joue, c'est soit on continue de se gaver encore quelques années à court terme, parce qu'on a réussi à créer une méga machine ultra extractiviste qui permet de générer en face des gros bénéfices en argent. Mais par contre, après, on va prendre une gifle monumentale et on va perdre notre argent. Donc, on aurait gagné de l'argent qu'on va reperdre derrière. Soit, on réfléchit autrement et on se dit, est-ce qu'il vaut mieux moins gagner d'argent maintenant ? mais pour en gagner longtemps. Et ce qui se joue aujourd'hui, et c'est ce que disent beaucoup de gens experts, naturologues et autres, c'est le combat entre performance et robustesse. Et aujourd'hui, on le voit déjà dans l'entreprise. Il y a quelques années de ça, beaucoup d'entreprises se sentaient robustes. Aujourd'hui, beaucoup sont en mode Hum, en fait, je suis plus irrésiliente, c'est compliqué là Et c'est ça le jeu dans lequel on est maintenant. C'est ça le jeu de ce siècle. C'est plus du tout le jeu de la performance, c'est le jeu de la robustesse. Les futurs GAFA de demain, c'est ceux qui tiennent longtemps. C'est ceux qui prennent les vagues dans la gueule et qui restent. Parce qu'on va être dans un monde instable, maintenant. Instable sur le climat, mais pas que, sur justement les matériaux, l'énergie et plein d'autres choses. Et même, tu vois, les humains, parce qu'il y aura peut-être plus de guerres, de machins, à cause du sujet du climat. Donc c'est fini, le monde stable dans lequel on était, tous les climatologues te disent, c'est fini. On est sortis de 11 000 années de climat stable, et là on a déréglé le climat, c'est parti, on peut limiter la dérive climatique, pour éviter que ce soit vraiment horrible et hardcore, mais on est sortis du climat stable. Et donc maintenant, Il y a des vagues. Donc celui qui est juste en performance maximale, mais qui a un beau bateau tout en carbone, qui est 0% robuste, il va s'éclater dans les vagues. Celui qui a un bateau robuste, qui va peut-être moins vite, qui est moins performant, mais qui va durer longtemps, pour moi, c'est lui le futur GAFA. Et mieux vaut avoir un petit peu de dividendes tous les ans pendant 100 ans, qu'avoir énormément de dividendes pendant un an, puis plus rien ensuite. Enfin, chacun sa vision, mais moi c'est la mienne.

  • Speaker #0

    Tu parles des futurs GAFA, si on peut donner un exemple d'entreprise dans laquelle vous investissez, je crois qu'il y a Coolroof que tu aimes bien souvent expliquer, est-ce que tu peux nous en parler un petit peu ?

  • Speaker #1

    Oui, très rapidement, Coolroof peigne des toits en blanc avec une peinture à base de coquilles d'huître, entre autres, il y a plein d'autres choses dedans, mais c'est un peu leur ingrédient secret. Et cette peinture renvoie 95% du rayonnement solaire, ce qui permet de faire baisser de 7 degrés la température dans les bâtiments pendant l'été, et ça n'a pas d'impact pendant l'hiver, parce que s'il faut augmenter le chauffage, c'est un peu con. Et donc, ça fait baisser de 40% l'usage de la clim instantanément dans les bâtiments. C'est la moyenne qu'on a aujourd'hui. Coolroof, c'est déjà 1 million de mètres carrés de toit peint, c'est plus de 10 millions de chiffres d'affaires. Donc, ça y est, c'est une vraie boîte. Et ce qu'on ne sait pas forcément, c'est que la clim, ça pollue et ça réchauffe autant le climat que tous les avions du monde. La clim toute seule, c'est 10% de la consommation électrique mondiale. Ça utilise des gaz fluorés qui sont 3000 fois plus réchauffants que le CO2. Donc, c'est une catastrophe pour le climat. Et là, grâce à Coolroof, tout de suite, tu fais baisser la clim. Et ce qui est génial, c'est que tu n'as pas besoin d'expliquer aux gens Alors si si je vous jure il y a un problème avec le climat parce qu'il y a encore plein de gens qui n'y croient pas Si si je vous assure la clim ça pollue vraiment je vais vous expliquer pourquoi Non là tu peins le toit et puis juste les gens hop ils ont un confort qui est meilleur ils baissent la clim naturellement

  • Speaker #0

    Donc ça fait baisser la clim et en plus c'est rentable

  • Speaker #1

    C'est rentable économiquement très vite, parce qu'en effet, tu as raison, avec le coût de l'électricité qui a augmenté, on a fait des tests sur des McDo, bon, c'est pas forcément les meilleurs trucs, mais c'est pas grave, au moins on avait un test viable. En fait, au bout de deux ans, ils sont rentables économiquement. Donc, ce que leur a coûté le fait de mettre du cool roofing sur leur toit, en fait, ils gagnent de l'argent après, parce que ça leur coûte moins en électricité, puisque la clim consomme énormément d'électricité, on vient de le dire. Ok,

  • Speaker #0

    écoute, génial. Dernière question sur Team for the Planet. J'ai lu que vos rémunérations en tant que dirigeant, Alors aujourd'hui, vous êtes quatre dirigeants ?

  • Speaker #1

    Maintenant, on est quatre dirigeants, oui.

  • Speaker #0

    Vous avez du coup une rémunération qui est limitée statutairement à quatre fois le montant du SMIC.

  • Speaker #1

    Exactement, par personne.

  • Speaker #0

    C'était important pour vous ?

  • Speaker #1

    C'était très important pour nous parce que pareil, quand tu discutes avec tous les scientifiques, ils te disent le problème majeur de l'humain et notamment les neuroscientifiques qui s'intéressent vraiment au fonctionnement du cerveau et notamment du striatum qui a fait un peu parler de lui avec certains auteurs comme Sébastien Boller, le bug humain et autres, c'est qu'on est incapable de s'auto-limiter. Et en fait, c'est ça notre plus gros problème, c'est qu'on a vécu dans une société où il y avait beaucoup de rareté, c'était dur de trouver à manger, c'était dur de s'en sortir juste, et tout à coup, nous, on a hacké le jeu et on a réussi à créer une société de pléthore, où il y a tellement pléthore qu'il y a plus de gens qui meurent d'obésité que de faim dans le monde aujourd'hui. Le problème, c'est qu'on ne sait plus se limiter dans une société comme ça, parce qu'on n'aurait jamais dû arriver dans un monde comme celui-là. Et donc, on est dans l'hyperconsommation en permanence et on ne sait pas s'arrêter. Et quand tu gagnes un milliard, tu veux gagner deux milliards. Et quand tu gagnes deux milliards, tu te compares avec le mec qui a quatre milliards. C'est véridique, j'ai déjà parlé avec des milliardaires qui me disent ça. Moi, je suis un petit milliardaire. Attendez, vous avez vu le machin ? Mais t'es milliardaire, mec. Il faut peut-être à un moment atterrir quand même.

  • Speaker #0

    Il n'y a pas à manger quatre steaks hachés, acheter neuf piscines.

  • Speaker #1

    Exactement. Mais en fait, l'humain ne sait pas s'auto-limiter. Donc nous, dès le départ, on a voulu mettre ces bases-là, d'éteindre notre propre case cupidité. Parce qu'on a tous cette case cupidité. Et aujourd'hui, on ressemble un peu à des écureuils qui font une montagne de glands alors qu'ils sont entourés par les flammes. Donc nous, dès le départ, on s'est dit, on va s'arrêter et on va tout de suite réfléchir autrement. Donc on a capé nos salaires pour que ça crée aussi la confiance du modèle Team for the Planet. Parce qu'aujourd'hui, on se repose beaucoup sur le mouvement et ces milliers d'actionnaires qui nous aident à trouver des innovations partout dans le monde, les sélectionner, trouver des clients une fois qu'on a monté les boîtes. Et ça, on ne peut pas le faire s'il n'y a pas la confiance. Si nous, on était là en haut de la pyramide à pouvoir devenir des énormes millionnaires, crois-moi que personne ne nous aiderait. Enfin, je veux dire, les gens ne s'impliqueraient pas. Là, c'est clair, c'est carré, nos comptes sont publics. on ne pourra jamais s'enrichir, on ne gagnera jamais d'argent avec cette aventure. Mais je veux dire, 4 fois le SMIC, c'est énorme.

  • Speaker #0

    Ça te suffit l'argent pour vivre ?

  • Speaker #1

    Moi je vis parfaitement. En plus j'ai vendu une boîte avant, donc à un moment...

  • Speaker #0

    Et donc tu as raison, pour créer un mouvement, il faut une confiance. Et donc pour aller au bout de la question, vous les 4 dirigeants, vous avez maximum 4 fois le SMIC, et donc vous n'avez aucune autre, et en vrai moi je trouverais ça aussi légitime, aucun autre bénéfice monétaire, par exemple des dividendes à la fin de l'année, non. ou du coup vous êtes actionnaire. Donc si un jour Tim est vendu...

  • Speaker #1

    On n'est pas actionnaire. On n'avait pas le droit de l'être dans le fonctionnement qu'on a. On est une société en commandite par action et donc notre commissaire au compte nous avait dit non, non, dans la mécanique, parce que vous êtes les associés commandités, c'est un peu technique, mais en gros on n'est pas actionnaire du commanditaire, donc du véhicule en dessous. Et ça, de toute façon, même si on était actionnaire, ça ne changerait rien puisque les actionnaires ne gagnent pas d'argent. Vraiment, tu peux creuser, il y a plein de mecs qui se sont cassés les dents au début parce qu'ils étaient sûrs qu'on avait mis une mécanique pour être riche. Et le nombre de types, je peux te dire, quand on a 500 000 personnes qui nous suivent sur les réseaux et plus de 120 000 qui sont actionnaires, tu en as, je pense, 1000 qui ont vraiment tout cherché. Ils ont appelé l'AMF, et tant mieux, au moins, ça permet d'être... Après, en même temps, les mecs viennent en Assemblée Générale puisqu'ils sont actionnaires. Là encore, ce n'est pas un don où tu donnes ta thune et puis advienne que pourra. Non, tu es actionnaire, donc tu as accès au plus haut niveau d'information et de décision d'une entreprise, qui est l'Assemblée Générale. Nous, en Assemblée Générale... Quand nos actionnaires nous posent des questions, on est obligé de répondre. Même si ça dure huit heures, on doit répondre à toutes les questions. Sinon, ils peuvent nous foutre en prison. Donc, autant dire que la transparence, c'est génial parce que tu ne peux pas ne pas être transparent.

  • Speaker #0

    Écoute, merci beaucoup pour toute ta transparence, justement, sur Tim. Pour terminer l'interview, on va passer sur quelques questions un peu plus perso. Il se trouve que tu as cette conscience de toi-même, etc. Et en même temps, tu as fait un burn-out, tu en as parlé. et ça arrive à beaucoup de gens et est-ce que tu peux justement nous en parler un petit peu comment ça t'est arrivé moi j'ai lu que ça t'est un peu tombé sur la gueule on va dire un jour bien tombé sur la gueule c'est le mot ouais

  • Speaker #1

    bah en fait c'est pas parce que t'es aligné que tu peux pas prendre un peu de tarif quoi moi j'étais tellement aligné, tellement passionné que tu fais mille millions de trucs toute la journée, tout le temps tu penses à ça.

  • Speaker #0

    T'es dans ton tunnel.

  • Speaker #1

    Ouais, t'es dans ton truc. Et puis du coup, je faisais plusieurs conférences par jour dans différentes villes, j'enchaînais non-stop, j'arrêtais jamais en fait. Et du coup, il y a eu un jour où juste j'ai eu un contexte familial qui a été compliqué. Mon père a fait un AVC à cette période, je m'étais séparé de ma copine. Enfin, tu vois, en fait, t'as pas de marge de manœuvre quand tu travailles comme ça. Quand tu travailles comme un bourrin, le jour où il y a des problèmes de ton côté, d'autres problèmes, c'est là que tu tiens pas. Et en fait, voir mon père à l'hôpital branché... de partout avec des tuyaux. Ça m'a juste... Je pense que j'ai craqué. C'est trop. Je me suis retrouvé... Je me rappelle très bien. Je suis rentré de cette deuxième conférence. Tout le monde me tenait un peu la jambe pour me parler. Et en fait, j'ai entendu croc-croc dans ma tête, vraiment. Et je me suis effondré. Je suis resté 48 heures dans mon lit. Je ne pouvais pas me relever. Il fallait que quelqu'un me relève le coussin. Tu vois, m'amène de l'eau. Et donc, voilà.

  • Speaker #0

    On n'a rien après.

  • Speaker #1

    J'ai eu un avant et un après parce qu'après je me suis dit je veux toujours lécher de la marge de manœuvre justement, c'est ça que j'avais pas appris à faire et c'est ça que j'ai appris à faire maintenant en fait je me rendais pas compte que, en fait tu t'en rends pas compte qu'il te reste pas de la marge de manœuvre qu'on est limité,

  • Speaker #0

    que l'homme aussi est limité et qu'il faut un équilibre,

  • Speaker #1

    en fait les deux heures de plus que tu vas passer à tirer sur la corde le soir pour essayer de faire un peu plus si tu les passes dans prendre soin de toi te sentir mieux avec toi-même bah en fait tu rayonnes tellement, t'es tellement plus puissant que... c'est bien plus efficace que ces pauvres deux heures de travail épuisées. Et c'est ça que j'ai appris, je pense.

  • Speaker #0

    Ok, hyper intéressant. C'est quoi le bonheur pour toi aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Je suis revenu à la définition initiale que j'avais du bonheur. En fait, j'ai été accaparé par une définition très commerciale du bonheur dans la startup nation où il faut être millionnaire, il faut avoir plein d'abonnés, il faut fréquenter des gens stylés, il faut avoir une boîte dans la hype, dans les apps mobiles, waouh, c'est dingo, machin. Ça, c'est pas le bonheur, en fait. C'est de la merde. C'est intéressant, tu vois, c'est une expérience sympa, mais en fait, c'est pas ça profondément, le bonheur. C'est stimulant, c'est fun, ça te donne de l'énergie, mais ce n'est pas le bonheur. Il ne faut pas confondre. Le bonheur, pour moi, il est extrêmement simple. C'est passer du temps avec des gens avec qui tu te sens bien, le plus possible. C'est ne pas regarder sa montre, arriver à être dans le temps présent, voire ne pas avoir de montre, si on peut, comme ça, il y a de la sobriété en bonus. Et pour moi, ça ne tient qu'à moi, mais c'est aller me perdre dans la nature, marcher, m'émerveiller. Je crois que le mot émerveillement, c'est la clé du bonheur. En fait, pour moi, le bonheur est tout le temps là. Il est tout le temps présent de la même manière. On peut juste l'attraper à n'importe quel moment. Le truc, c'est qu'on désapprend comment attraper le bonheur en devenant justement cet adulte sérieux, agent économique qui est là pour consommer, pour produire. Ça, c'est tout sauf un truc qui nous aide à nous rappeler comment on attrape le bonheur. Et quand t'es enfant, justement, t'attrapes le bonheur facilement. Tu creuses une mare, tu regardes les libellules, t'es heureux, putain. C'est facile. Et ça, on le désapprend. Parce que justement, on rentre dans des schémas qui sont des schémas autour des mécaniques d'argent. Et je ne suis pas en train de dire que l'argent, ce n'est pas bien. Encore une fois, ça vient de la monnaie fiduciaire, ça veut dire la confiance. C'est un super outil, on en a besoin. Mais là où on se perd, c'est quand ça devient commercial et qu'on a l'impression qu'il faut accumuler et posséder pour être heureux. Il faut un minimum. C'est la théorie du donut, de la brave Kate je ne sais plus quoi, qui dit que tu as des planchers sociaux. Mais il faut rester dans l'interstice. Il ne faut pas dépasser ce qui est au-dessus. devient contre-productif. Et donc pour moi, le bonheur, il faut juste être capable de s'émerveiller pour l'attraper. Et je te parle de trucs très simples, d'une belle action, de quelqu'un qui aide quelqu'un dans la rue ou qui lui laisse sa place dans le métro, ça c'est un peu de bonheur. Ça c'est une passerelle, vas-y mec, prends-le. Et puis quand il y a le bruit du vent dans les feuilles d'un arbre, quand le soleil chauffe ta peau en été, quand juste tu te soucies de rien, tu marches sur une plage, tu sens l'air sur tes mains, c'est ça le bonheur en fait. En fait ça c'est des... C'est des raccourcis pour attraper le bonheur. C'est juste à toi de l'attraper. Si tu ne l'attrapes pas, c'est ta responsabilité. Mais ne croyons pas qu'on peut l'attraper en achetant des iPhones.

  • Speaker #0

    Une blague de merde ou rigoler.

  • Speaker #1

    Exactement. Par exemple, se marier au début d'un podcast pendant 50 minutes parce qu'on n'arrive pas à démarrer le podcast. Petite private joke pour les auditeurs et auditeuses.

  • Speaker #0

    Pour les gens qui nous écoutent, on a mis à peu près 15-20 minutes à commencer parce qu'on a déjeuné ensemble avec Arthur avant. On a parlé de plein de choses, mais je pense qu'on avait beaucoup rigolé et on a continué dans cette dynamique.

  • Speaker #1

    Mais c'est bon de rire, on en a tellement besoin, ça vaut plus cher que tout ça.

  • Speaker #0

    Et on n'arrive plus à s'arrêter. On n'arrive plus à s'arrêter,

  • Speaker #1

    c'était bien, franchement, ça c'était du bonheur. C'est clair.

  • Speaker #0

    Pour continuer, justement, il y a quelque chose qui m'intrigue chez toi, c'est que tu es quelqu'un d'engagé, tu as quand même une belle expérience. Aujourd'hui, malheureusement, il y a un vrai problème au niveau planète, climatique. est-ce que t'as déjà songé à la politique ?

  • Speaker #1

    Mon père et mère C'est extrêmement chelou. Mais d'un petit village, le fameux village où j'ai grandi, donc 200 habitants. Ce qui n'est pas du tout un truc, je pense, c'est une expérience politique parmi d'autres. Mais ça pourrait être intéressant, mais en fait, dans ce monde-là, j'aimerais pas du tout faire de la politique à grande échelle parce qu'on haine aux politiques en France. Vraiment, on a une culture de la politique, je trouve ça pas intéressant. évidemment qu'on n'aura que des politiques véreux qu'on n'aura que des politiciens qui sont ceux qui ont réussi à tenir la haine globale qu'on a envers les politiques je trouve que c'est assez dingue mais dès que quelqu'un met l'étiquette politique il a beau être aimé avant tout à coup tout le monde le hait et en fait tout de suite on associe un mec qui fait de la politique à un mec en quête de pouvoir un mec qui pense qu'à ses intérêts qui est égoïste et il faut peut-être aussi qu'on s'interroge sur nous en France en tout cas c'est pas normal enfin Il faut aussi qu'on se dise qu'il y a des gens qui vont en politique parce qu'ils ont envie de contribuer au bien commun. Des gens qui pourraient gagner plein d'argent ailleurs et qui se disent, non, je vais aller faire... Certes, t'es bien payé quand tu fais de la politique à haut niveau, mais on parle de gens qui pourraient gagner des centaines de millions et qui choisissent d'aller gagner 15 000 balles par mois. C'est énorme, j'ai pas de sujet, mais simplement pour se rendre compte... Enfin, à part tant qu'on sera dans cette mécanique-là et tant qu'on verra nos politiques de cette façon, mais qui, honnêtement, peut avoir envie d'aller faire de la politique à part, justement... des types qui vont faire passer leurs intérêts avant et qui s'en foutent d'être détestés. Tu vois, moi, je serais incapable de porter la responsabilité d'être haï par autant de gens. Tout ce que tu fais, tu te fais défoncer, quoi. Je veux dire, il faut aussi qu'on puisse accepter qu'on élit des gens et après, il faut les laisser essayer de faire le projet pour lequel ils ont été élus. S'ils ne font pas leur projet, oui, il faut les défoncer. Mais par contre, je veux dire, juste parce que quelqu'un est un politicien, je trouve que c'est assez triste le regard qu'on a sur la politique aujourd'hui en France.

  • Speaker #0

    Et est-ce que tu penses, alors moi je suis assez d'accord avec toi, que malheureusement on met un peu tout le monde dans le même panier, on a tendance à détester les politiques alors que pour en croiser certains, il y en a qui font ça avec cœur et conviction.

  • Speaker #1

    Oui, puis c'est facile, ça fait un bouc émissaire, oui, quand nos politiques feront des trucs, le monde ira mieux. Mais les gars,

  • Speaker #0

    ces gens-là,

  • Speaker #1

    c'est des humains, il faut qu'on le fasse ensemble, il faut qu'on leur montre qu'il y a d'autres voies possibles pour qu'ils puissent s'appuyer dessus aussi. Pourquoi on est toujours en colère ? Je suis désolé, je te coupe, mais contre nos politiques, c'est parce qu'on croit que c'est eux qui vont trouver et mettre en place les solutions. Mais c'est faux, ce n'est pas comme ça que marche le monde politique. Le monde politique cherche des relais dans la société civile, des appuis, des expériences qui ont été menées. Et tu vois, tous les mecs qui arrivent au bout de la réflexion, et c'est trop intéressant, même Jean Covici en parlait l'autre jour, ils te disent en fait, la meilleure manière de faire de la politique, c'est de faire des expériences différentes dans le monde réel. Et c'est pour ça qu'on fait Team Forte Planète aussi, pour que les politiques puissent dire, regardez, d'autres choses existent.

  • Speaker #0

    Et se font porter à leur connaissance.

  • Speaker #1

    Et pouvoir en faire quelque chose ensuite. Mais ce n'est pas aux politiques de trouver nos solutions. Ils ne peuvent pas. En fait, le modèle de société dans lequel on évolue est... tellement complexe, il y a tellement d'injonctions contradictoires, il y a tellement de complexité, et c'est franchement, on leur demande d'être des surhommes. Moi, j'ai côtoyé beaucoup de, enfin, beaucoup, quelques ministres. C'est pas possible, en fait. Ils ne peuvent pas, en plus, être créés, inventer les choses. Donc, il faut qu'on arrête de mettre toute la responsabilité aussi sur ces gens. Il faut qu'on se dise, c'est du collectif, c'est une part de société civile, via les entreprises, via ce qu'on fait en tant que citoyen. Et ensuite, il faut pousser ça aux politiques. Et bien sûr que tous les politiques ne sont pas... des enfants de chœur et des héros, mais je pense qu'une des grandes raisons pour laquelle nos politiques sont rarement des gens dont on est satisfait, c'est justement qu'on crée un cadre de société qui ne pousse que les plus menteurs, que les plus perfides à aller au bout du truc, quoi.

  • Speaker #0

    Ok, et donc en 2025, si Emmanuel Macron t'appelle et cherche un nouveau ministre de l'écologie ?

  • Speaker #1

    On n'a pas la force, et en plus le cadre dans lequel ça fonctionne aujourd'hui, c'est... je pense que ça ne me permettrait pas de faire ce que je veux faire. Malgré tes convictions. De quoi ?

  • Speaker #0

    Malgré tes convictions.

  • Speaker #1

    Malgré mes convictions, je pense que je suis plus utile à faire des expériences comme celles qu'on est en train de faire aujourd'hui, à dire, regardez, d'autres modèles d'affaires sont possibles. Regardez, l'entreprise, ça peut être autre chose. Regardez, Margaret Thatcher avait tort quand elle disait There is no alternative Tu vois, je pense que ça, c'est un truc d'ailleurs, tu vois, on rencontre plusieurs fois Christophe Béchus en ce moment. Tu vois, il va pouvoir s'appuyer là-dessus et justement prouver qu'il y a d'autres choses. Mais en fait, vraiment. La plupart des gens qui ont réfléchi à la question, ils te disent que la meilleure façon de faire avancer le monde en politique, ce n'est pas d'aller en politique, c'est de donner aux politiques des expériences de pensée différentes ou des expériences de terrain qui prouvent que d'autres choses sont possibles.

  • Speaker #0

    Écoute, c'est super intéressant. On est sur la fin de ce podcast. J'ai des questions un peu plus légères, on va dire, à te poser.

  • Speaker #1

    On va pouvoir se marrer ou pas ?

  • Speaker #0

    On va pouvoir avoir le droit de rigoler. Alors, une question que j'aime bien poser. Qu'est-ce que tu as fait de plus audacieux dans ta vie ? Pas forcément dans ta vie pro.

  • Speaker #1

    Oui, oui. Alors, j'essaie de réfléchir large. Bon, j'ai fait plusieurs trucs que j'ai trouvé audacieux, en tout cas très sympa. J'ai fait l'ascension du Mont Blanc, j'ai été plongé avec des requins, avec Camille Etienne, pour apprendre que les requins ne sont pas des super monstres sanguinaires qui ne pensent qu'à nous bouffer. J'étais pas bien, franchement c'était flippant, vraiment. C'était genre à 40 minutes de bateau des côtes espagnoles, où il y a 800 mètres de fond et où tu vois le soleil disparaître comme ça et ça devient tout noir. Et les requins ils nagent à 70 km heure. Et ils passent comme ça et on te dit saute ! Je te dirais que c'est audacieux, le moment où tu sautes. Franchement, tu as une part de toi qui te dit je me suicide Mais peut-être que j'aimerais revenir à des trucs...

  • Speaker #0

    moins spectaculaires et qui sont finalement très audacieux. Ça peut paraître anecdotique, mais en vrai, pour moi, c'est le truc le plus audacieux que j'ai fait, en tout cas, ces dernières années. C'est partir vivre seul à la montagne, tout seul, en ne connaissant personne dans un endroit parce que je me disais, j'ai besoin d'habiter dans ces endroits. C'est des endroits magnifiques, c'est là que je me sens bien, c'est là que je sens que je suis fondamentalement aligné et heureux. Tout devrait me faire vivre à Paris ou dans une ville, mais tout, parce que... le nombre de rendez-vous que je me tape, je fais trois jours par semaine à Paris, j'ai quatre heures et demie de trajet à chaque fois en train pour pouvoir aller chez moi, c'est fatigant. Et je ne connaissais personne, je n'avais aucun ami là-bas, tous mes amis sont loin de cet endroit. Mais quand j'ai découvert cet endroit, j'ai dit, c'est ici que je veux habiter et j'y suis allé. Et j'ai refait tout mon réseau d'amis là-bas. Évidemment, je n'ai pas arrêté de voir mes autres amis, mais j'ai refait un réseau d'amis là-bas. Je me suis vraiment... Et j'ai eu raison. En fait, ça a été comme un coup de cœur amoureux. j'ai senti que c'était là qu'il fallait que j'habite. Et mon rationnel me disait, pour mille milliards de raisons, qu'il ne fallait pas que j'y aille parce que ce n'était pas une bonne idée. Et j'ai dit non, un peu d'audace, si je meurs demain, je veux y avoir vécu dans cet endroit.

  • Speaker #1

    J'ai lu en préparant que tu as participé à l'anniversaire de Snoop Dogg. Pour ceux qui nous écoutent et qui ne connaissent pas Snoop Dogg, Snoop Dogg, c'est un des plus gros rappeurs américains. C'est quoi cette histoire ?

  • Speaker #0

    Bah c'était avec Thriller, c'est le genre de truc qu'on faisait, on emmenait des influenceurs à Los Angeles, on leur faisait faire des featuring avec d'autres gros influenceurs, jusqu'à être dans des soirées de ma boule quoi. Et donc il y avait Snoop Dogg qui était investisseur dans Thriller, qui avait fait une soirée privée un jour où on était à Los Angeles pendant une semaine, et du coup il a organisé une soirée où il y avait 40 personnes quoi. Et on a été invité, et du coup on était dans la soirée privée avec Snoop Dogg, qui faisait des petits mucs et puis qui se baladait, et c'était un peu un autre monde quoi tu vois. Mais finalement ça reste comme un humain quoi. Alors ça ressemble quand même à un truc particulier parce que t'avais des bars à weed partout, avec des hôtesses qui étaient chacune de chaque pays d'où venait la weed, et qui du coup te mettaient de la weed dans des trucs. Enfin bref, c'était... Bon, Snoop Dogg quoi ! Que te dire d'autre ?

  • Speaker #1

    Ok, écoute, c'est une anecdote très marrante.

  • Speaker #0

    Mais tu vois, je trouve ça moins stylé honnêtement, de me perdre tout seul au milieu d'une tombée de neige en haut au plateau du Jura. et de croiser un sanglier qui court avec moi sur 50 mètres sur la piste, comme ça m'est déjà arrivé.

  • Speaker #1

    Bien sûr, en termes de souvenirs, au bout du bout de ta vie, qu'est-ce qui te suivra ?

  • Speaker #0

    Ah, je viens de penser au truc le plus audacieux que j'ai fait, pardon. Je peux recourser avec lui ou pas ? Allez. En fait, je n'osais pas aller skier la nuit, parce que c'est méga dangereux. En fait, en ski de fond, si tu te boites, il fait moins 10 degrés, tu es à 10 kilomètres de ta bagnole, qui est le même, et tu es à 10 kilomètres d'un village, tu n'as pas de réseau, personne ne t'entendra. En plus, il y a des meutes de loups dans le Jura, alors ils n'attaquent pas les humains, je ne veux pas laisser croire ça. Mais enfin, si t'es par terre avec une jambe pétée, potentiellement quand même que tu deviens un truc un peu facile. Et en fait, comme je finissais le tard le taf à chaque fois, j'osais pas y aller la nuit. Et un jour, j'ai dit, allez mec, faut y aller, faut se confronter, faut réapprendre à être vulnérable, justement. C'est ce que j'ai vécu avec les requins. Mais là, en skiant la nuit, je me suis remis à skier tout seul la nuit. J'allais faire du ski de fond, pas la nuit à 3h du mat, mais tu vois, à 21h, il fait nuit noire en fait, à 21h en hiver. Et c'est des souvenirs de ma boule. Parce qu'en fait, au début, tu te dis, il y a un truc qui court derrière moi, toutes les deux secondes, tu as l'impression que ton cerveau te joue des tours. Et puis au bout d'un moment, tu te dis, mais en fait, lâche prise, parce que de toute façon, s'il y a un truc qui court derrière toi, tu ne pourras rien faire. Donc à quoi ça sert de t'en occuper ? Et tout à coup, tu laisses tout le reste, tu laisses tes craintes, tu laisses tes peurs, et il n'y a plus que le beau. Et là, tu as un planétarium au-dessus de toi, d'étoiles, comme rarement j'en ai vu. Tu respires un air qui est hyper pur. T'as aucun bruit. T'as une petite chouette de temps en temps. T'es dans une forêt magnifique, éclairée par la lune. Et franchement, ça te fait chialer, quoi. Et tu t'abandonnes et tu te dis tant pis que je sois vulnérable. Et peut-être que oui, il y a des risques. Et peut-être que peut-être... Et tu lâches les scies. Et tu dis mais on s'en fout des scies, là. Si je suis vivant encore 10 secondes, eh ben je veux vraiment les vivre ces 10 secondes. Et ça, je crois que ça a changé beaucoup de choses en moi.

  • Speaker #1

    Merci pour ce moment, c'est assez touchant. On va revenir à une autre question, un peu plus dans le réel. Enfin, en fait, pas vraiment dans le réel. Quand je tape Arthur Obeuf sur Google, tu sais, Google te propose plusieurs suggestions. Google me propose Arthur Obeuf plus fortune, après Arthur Obeuf plus livre, Arthur Obeuf plus copine. Est-ce que tu as envie de réagir sur un des trois ou les trois ?

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a un S à copine ? Non, je rigole. Non, remarque déplacée. Est-ce que tu es accompagné dans la vie ? Oui, j'ai une copine. dont je suis très amoureux et que je trouve incroyable, qui est entrepreneur, mais qui fait aussi des contenus sur Internet, des vidéos et qui est brillante, qui fait beaucoup de sport, qui adore la nature comme moi et avec qui on a une légèreté de relation qui est assez géniale parce qu'on se permet plein de choses dans le sens où, justement, pour nous, l'amour, le vrai amour, c'est justement d'avoir... La liberté et de ne pas être renfermé dans une relation avec trop de contraintes. Et tu vois, c'est marrant, ça veut quand même dire beaucoup de choses sur le fonctionnement de nos sociétés. Je ne sais pas comment ça marche l'algorithme de Google et comment ça propose des trucs, mais fortune, tu vois, avec toutes les valeurs que j'essaie de défendre, je trouve ça chelou que les gens s'intéressent à ça. Et en même temps, peut-être qu'en m'écoutant dire ça, ils se disent Ouais, ouais, on va voir combien il a pris avec sa vente. J'ai pris 300 000 balles, voilà. Comme ça, tout le monde sait ma fortune délirante. Et puis après, euh... livre parce que je vais sortir un livre qui s'appelle Et si le futur faisait envie ? qui va sortir le 28 août. Donc, c'est encore pas tout de suite. C'est bien que les recherches Google soient déjà lancées là-dessus. Et en même temps, je me dis combien de livres ont dû être non achetés à cause de cette connerie. Mais bon, et du coup, le principe c'est de montrer que quand tu te déconstruis justement, quand tu réapprends le bonheur qui n'est pas commercial, que tu re-regardes le bonheur autrement, de manière simple, il se passe un truc génialissime. C'est que 1, t'es heureux, et 2, t'es écolo. Parce qu'en fait, ça fait carrément baisser ton empreinte sur la planète et t'as jamais cherché à être écolo. C'est pour ça que j'aime bien dire, ne cherchez pas à être écolo, cherchez à être heureux. Mais le vrai heureux, le vrai bonheur, pas le bonheur commercial, pas le bonheur plastique qu'on nous fout dans la tête toute la journée en nous faisant croire que c'est ça qui va nous rendre heureux. Et du coup, voilà pourquoi il y a ce truc de livre.

  • Speaker #1

    Ok, écoute, merci beaucoup pour toutes tes réponses, ta transparence. On arrive vraiment à la fin du podcast. La dernière question qu'on pose toujours, c'est qu'est-ce qu'on peut te souhaiter ? Euh...

  • Speaker #0

    Franchement, vraiment, mon rêve, ce serait qu'on arrive à vieillir tous là, dans un monde où l'humanité est passée de vulgaire exploitant de la Terre à gardien de la Terre. Moi, si je vieillis et que je meurs dans un monde qui a réussi ce switch, ce sera un tel délice, ce sera un tel bonheur, ce sera une telle concrétisation. Il n'y a rien de plus beau pour moi.

  • Speaker #1

    Ok, gardien de la Terre. Merci beaucoup, Arthur.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup d'avoir écouté les sages. Vous êtes de plus en plus à nous écouter pour cette première saison. C'est vraiment très encourageant pour toute l'équipe. Alors encore une fois, un grand merci. Vous avez le pouvoir de donner de la force à ce podcast avec juste une minute de votre temps. C'est simple, si vous êtes sur Spotify ou Apple Podcast, vous avez juste à vous abonner et mettre 5 étoiles. Un grand merci et à bientôt.

Description

Pour cet épisode, nous recevons Arthur Auboeuf, l'un des leaders d'opinion sur la cause environnementale et co-fondateur de Team For The Planet.


Arthur Auboeuf a un parcours d'exception :


  • À 17 ans, durant ses études de STAPS, il commence à créer des communautés en ligne sur Facebook, qui atteignent des millions d'abonnés, en particulier "Nuit Sans Folie" qui sera la plus connue. Il devient expert des communautés et, dans la continuité, crée Kinky, une application de jeu d'alcool coquin. Il crée une autre application appelée Whosup, qui lui permettra encore d'apprendre.

  • Avec 4 co-fondateurs, il crée Team For The Planet, qui se veut être le plus grand mouvement citoyen qui tente un nouveau modèle d'affaire, en investissant dans des entreprises qui décarbonent la planète et distribuent des "dividendes climats" .


  • Arthur, au-delà de ses aventures, est un jeune homme d'une maturité exceptionnelle, qui porte une vision positive du monde de demain autour du bonheur et de la préservation de la planète.


Dans ce septième épisode, nous avons parlé de crédit vie, de la puissance de la nature, de Snoop Dogg, des réseaux sociaux, de l'enfance d'Arthur dans les montagnes, du modèle d'affaire de Team For The Planet, des addictologues, de son rapport à l'argent, de son refus d'un salaire à 5 chiffres pour suivre son chemin !


Bon voyage avec les Sages ! 


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les sages, c'est avant tout une histoire personnelle. Je m'appelle Nicolas Jeanne et j'entreprends depuis que j'ai 19 ans. Sur ce chemin, j'ai eu la chance d'en rencontrer des personnes que j'appelle les sages. Vous savez, ce sont ceux qui, d'un conseil bienveillant, peuvent changer votre journée, votre projet, votre vie. Souvent des personnes avec qui il y a un avant et un après. A mes yeux, ce sont des leaders authentiques mais surtout des leaders humanistes. Et ça, c'est important pour moi. Ceux qui vont vous faire grandir sans s'en rendre compte. Plus que n'importe quel livre ou cours, des témoignages qui viennent du cœur et de la réalité. Et surtout du cœur. Aujourd'hui, je vous propose de partir à leur rencontre, dans un format inédit, de négocier avec eux. Un format où l'on se dira tout, naturellement, et aucune question ou anecdote sera interdite. Ça, vous avez ma parole. Un format axé sur leur activité, bien sûr, mais qui, évidemment, dérivera vers la vie, la société et les émotions. Mon but, c'est clairement de mettre en valeur l'aspect humain de ces personnalités qui me paraissent exceptionnelles, et de casser la carapace. Casser la carapace, vous vous sentez, c'est pas un mot par hasard. Pourquoi ? Parce que je pense que ça va vous permettre d'apprendre sur les plus grands leaders et leaderes qui ont bâti et bâtissent la société. La France est une terre bourrée de talents et de leaders et nous allons en leur rencontre. Bon voyage avec les sages.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui nous recevons Arthur Obeuf. Arthur est l'un des cofondateurs de Team for the Planet et l'image du mouvement. Mais Arthur c'est aussi et surtout un gars qui a fait son propre chemin avec des hauts et des bas, qu'il a su transformer pour devenir à seulement 30 ans l'un des leaders d'opinion français de la cause environnementale. Ce que j'aime particulièrement chez Arthur, c'est sa cohérence entre ce qu'il dit et ce qu'il fait. Dans cet épisode, nous avons évidemment parlé de quête de sens et d'émerveillement, et sommes revenus sur l'enfance d'Arthur qui l'a construit. Allez, on y va avec Arthur. Bonjour Arthur, merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation pour les Sages. Comment tu vas ?

  • Speaker #2

    Écoute, nickel, j'espère que toi aussi, et bonjour à toutes et tous qui vont nous écouter.

  • Speaker #1

    Écoute, je fais bien, je te remercie. Est-ce que je peux te demander pour commencer de te présenter en quelques phrases ?

  • Speaker #2

    Bah écoute, j'aime bien me présenter comme un humain positif. amoureux de nature, vraiment. J'ai conscientisé que c'était vraiment ma raison d'être. Sportif, ça fait partie aussi du CV. J'aime bien la musique, je fais de la batterie. Alors on pourra jauger si c'est vraiment de la musique ou pas. Et puis entrepreneur depuis maintenant une bonne dizaine d'années, passionné. Ok,

  • Speaker #1

    super. Et donc si on revient un peu sur ton enfance, t'es né dans l'Inde, c'est ça ?

  • Speaker #2

    Exactement. D'ailleurs, les gens font souvent la confusion avec le Jura parce que je viens du Haut-Buget. C'est là où il y a les plus hauts sommets du Jura. Mais c'est dans l'Inde. Tu vois les mecs qui ont fait... Les cartes, je ne sais pas, ils avaient pris un petit Ricard, un petit truc.

  • Speaker #1

    Donc, tu es né dans l'Inde. Est-ce que tu peux nous raconter un petit peu comment s'est passé ton enfance ? Moi, j'ai lu que tu avais eu une enfance assez heureuse.

  • Speaker #2

    Carrément, c'est vrai que j'ai eu cette chance. J'ai deux parents enseignants qui m'ont toujours orienté vers la curiosité, la réflexion, l'introspection aussi. Et là où j'ai grandi, c'est vraiment hyper sauvage. C'est vraiment un village de 200 habitants au milieu des forêts. dans des endroits trop beaux où toute ma jeunesse, on allait faire du ski de fond l'hiver, du VTT pendant l'été, de la course à pied, du trail. Bref, tout ça, ça m'a quand même permis d'être heureux avec des choses très simples et d'apprendre le bonheur simplement. Et je pense qu'avec le recul, je me rends compte à quel point c'était un luxe et à quel point c'était une chance de vivre dans cet environnement. Et puis, j'ai deux parents enseignants qui m'ont beaucoup invité à être curieux, à m'intéresser au monde, à m'émerveiller. Et ça aussi, ça a fait une grosse diff, je pense. pour me permettre d'être bien et d'être heureux justement.

  • Speaker #1

    Écoute, c'est super intéressant. Tu as été très sportif dès ton jeune âge. Et donc, tu disais que tu avais deux parents enseignants. Ça veut dire que quand tu étais petit, tu lisais déjà beaucoup ?

  • Speaker #2

    Oui, je lisais pas mal. J'avais même un peu envie d'être écrivain quand j'étais petit. Au tout début, quand j'étais vraiment très jeune, j'écrivais, je me rappelle, j'avais écrit un livre qui s'appelait Le monstre de la forêt. Voilà, gros spoiler, mais c'est juste pour qu'on se rende compte à quel point la forêt était ma vie. Tu vois, j'avais peut-être 8 ans quand j'ai écrit ça. Et... Plus tard, après, j'avais vraiment... J'étais pas très bon en écriture. Moi, je suis le pire en orthographe. À la base, j'avais zéro en dictée, à toutes les dictées. Mais je pense que cet environnement m'a créé une imagination plus fertile que la moyenne. Et c'est aussi là-dessus que je me repose encore aujourd'hui. Je pense que ça aide beaucoup de s'intéresser au vivant, de s'intéresser à la vie dans son ensemble, et pas juste d'être dans le système humain. Parce que je trouve que quand t'apprends à aimer le système, c'est ce qu'on fait tous, en fait, tu passes à côté de 99% du monde, du vrai monde. Et quand tu t'intéresses... plus largement aux vivants. C'est hyper fascinant et ça développe énormément l'imaginaire chez les enfants et chez les adultes. Je pense que moi, je ne m'en suis pas rendu compte, mais grandir dans la campagne et passer beaucoup de temps dans une nature sauvage et riche, parce qu'il y a beaucoup d'endroits qui sont à la campagne et qui malheureusement sont pauvres en termes de nature, de biotope. Je pense que c'est un luxe de dingue aujourd'hui et encore plus en 2024.

  • Speaker #1

    C'est ce qui t'a vraiment apporté une conscience de la nature et une créativité aussi que tu utilises aujourd'hui.

  • Speaker #2

    Oui, mais je ne me rendais pas forcément compte de... de la valeur que ça avait, parce que tu sais, moi, quand tu grandis là-dedans, tu ne sais pas à quoi ressemble le monde autour, et tu as l'impression que partout c'est foisonnant, que partout c'est préservé. Chez moi, tu peux faire des heures et des heures de vélo dans la forêt, et tu ne croises pas une baraque, quoi. Donc c'est assez chouette.

  • Speaker #1

    J'ai lu aussi, quand tu étais jeune, donc tu étais assez proche de la nature, et du coup, une de tes passe-temps, c'était un passe-temps un peu atypique, on dira, que tu passais parfois du temps à creuser des mares pour voir la nature qui s'est développée à l'intérieur.

  • Speaker #2

    Oui, j'adorais faire des cascades, j'adorais faire des petites sources partout et des mares. Donc je ne sais pas comment mes parents ne m'ont pas enterré dedans, parce que j'en ai fait plusieurs dans le jardin derrière chez eux. Des fois, ils rentraient et puis il y avait un trou d'un mètre de profondeur dans le jardin, parce que juste, j'étais parti dans mon délire de faire une mare. Et en fait, c'est parce que j'étais tout le temps fasciné par tous les écosystèmes, par tout le vivant autour des mares. C'est incroyable, c'est vraiment là où tu as le plus de richesses, de biodiversité, où tu as plein d'oiseaux différents. Tu as des libellules, tu as plein de sortes de libellules, tu as des plantes, tu as tout. type de plantes. C'est vraiment une explosion de richesse naturelle, ce genre de zone, et du coup, moi, c'est ce qui me plaisait particulièrement quand j'étais jeune. Et donc, oui, c'est un passe-temps qui peut paraître bizarre et décalé aujourd'hui, mais en fait, je pense que c'est le passe-temps le plus sain que j'ai jamais eu de ma vie, de m'intéresser aux vivants, d'avoir les mains dans la terre, de connaître les différentes espèces. Tu vois, à l'époque, je me rappelle, mes amis, ils trouvaient ça, ils disaient, nous, ça ne nous intéresse pas du tout, quoi. Eux, ils allaient faire du vélo, ils allaient... Mais en fait, j'étais vraiment dans mon passe-temps, et j'adorais ça, j'avais pas besoin d'être avec des gens, parce que c'est... tellement incroyable. C'est génial en fait. T'es forcément hyper curieux et quand tu t'intéresses à tout ça, t'es d'autant plus curieux. Et je pense que ça a vraiment participé à mon ADN aujourd'hui et à qui je suis. Mais je m'en rendais pas compte et jamais j'aurais imaginé que ça, c'était important. Tu sais, c'était dans une époque où quand t'étais petit, on te parlait que de... Il commençait à y avoir la révolution un peu digitale, Internet qui explosait et tout. Et en fait, c'était ça qui passionnait tous les jeunes et on se disait tous, putain, ça c'est les futurs métiers, c'est ça le futur, machin. Et en fait, moi, je me disais peut-être que je suis un peu, tu vois, sur des trucs pas intéressants ou ringards. Mais en fait, c'est ça qui me faisait vibrer. Et je pense qu'aujourd'hui, tu vois, c'est marrant, mais il y a un peu ce retour. En fait, le vivant, c'est 4 milliards d'années de R&D. Donc, on va difficilement faire mieux. Et en fait, c'est là qu'on a tout à apprendre et qu'il faut qu'on s'inspire justement de ce vivant qui est fascinant, qui est résilient, qui est capable de faire plein de trucs.

  • Speaker #1

    Ok, donc tu étais vraiment passionné de sport, de la nature, etc. Et donc tu étais aussi à l'école. Est-ce que tu étais scolaire quand tu étais plus jeune ?

  • Speaker #2

    Écoute, je n'ai jamais été très bon à l'école, honnêtement. Franchement, ça ne me passionnait pas trop. Je n'arrivais pas à vraiment m'y plaire. J'ai mis longtemps, par contre, je n'avais pas trop un esprit rebelle. J'étais bien conformé en tant que fils d'enseignant. Je n'imaginais pas que j'allais me barrer de l'école ou quoi. C'était impossible pour moi. Il fallait faire l'école, c'était important. Mais avec le recul, je me rends compte que je n'étais pas très bon et que je n'avais pas le même mode de penser que la plupart des gens. Et ça, ça m'a toujours handicapé. Je me rappelle plein de fois, dans plein de consignes, quand on me demandait, par exemple, il y avait des consignes particulières. Et à chaque fois, je pensais assez rapidement à la réponse et je me disais, mais non, mais ça, c'est un piège. Ça ne peut pas être ça, la réponse. C'est plus subtil, machin. Et j'allais chercher ces trucs torturés. Et en fait, les enseignants me disaient, non, non, la réponse était tout bête. Comment tu es allé chercher un truc aussi chelou ? Ça m'est arrivé plein de fois. Du coup, je me suis toujours dit que j'avais une pensée un peu différemment construite, je pense, de la plupart des gens. Je ne sais pas pourquoi, mais j'allais chercher un truc plus lointain à chaque fois, alors que des fois, c'était son autre nez.

  • Speaker #1

    Donc, une certaine profondeur d'esprit ?

  • Speaker #2

    Je ne sais pas. Peut-être à l'inverse, un esprit trop court. Franchement, je le dis, ce n'est pas de la fausse modestie, parce que parfois, je me rends compte que pour se lancer dans l'entrepreneuriat, il ne faut justement pas être... être trop dans l'hyper-réflexion. Il faut être plutôt dans l'action, il faut plutôt tenter des choses. Et si t'es trop intellectuel, tu te lances jamais, tu fais jamais rien, en fait.

  • Speaker #1

    Donc là, on a parlé un peu de ton enfance. Si on fait un petit bond en avant, donc t'as ton bac.

  • Speaker #2

    Bon, bon, à l'avant, là,

  • Speaker #1

    ouais. T'as fait quoi comme bac ?

  • Speaker #2

    J'ai fait un bac S. J'ai eu un bac S avec mention assez bien. J'ai sauvé les maths in extremis parce que j'étais très, très mauvais en maths. Pourtant, tu vois, c'est intéressant parce que... Je pense que j'ai un imaginaire très développé. J'ai toujours eu, j'étais souvent récompensé à l'école, tu vois, typiquement quand il fallait faire, je me rappelle au collège, des écrits d'invention ou des trucs, ils étaient affichés dans la salle des profs pendant un an, des fois, mes écrits, parce que je partais dans des trucs un peu délires et tout, ça les faisait rire. Et les maths, qui est pourtant un truc à manipuler de l'imaginaire, j'arrivais pas du tout à comprendre ce trip. En fait, ce qui m'embêtait, c'était toutes ces règles. Je comprenais pas pourquoi il fallait se cantonner à une règle alors qu'on était en train de manipuler de l'imaginaire. Donc dans l'imaginaire, il ne faut pas qu'il y ait de règles, il faut enlever les cadres. C'est ça qui me... Mais bon, évidemment, tu ne peux pas formuler ça quand tu es jeune, tu ne t'en rends pas compte. Mais je ne comprenais pas, je disais, mais pourquoi il y a une règle alors qu'on est en train de manipuler un truc qui n'existe pas ? Et ça m'énervait. Et du coup, j'avais toujours deux en maths. Et mes profs de maths ne pouvaient pas me blairer. Et au bac, j'ai un peu fait l'effort, j'ai eu neuf. Neuf en maths.

  • Speaker #1

    Et du coup, j'ai eu mon bac avec...

  • Speaker #2

    J'ai eu 12,5. Du coup, j'ai eu mon bac avec une mention assez bien.

  • Speaker #1

    Et en sortant du bac, du coup, qu'est-ce que tu voulais faire ?

  • Speaker #2

    En fait, je ne savais pas du tout. À la base, je voulais être paysagiste parce que j'adorais faire mes mars. Et en fait, on ne te dit pas soit deviens paysagiste vraiment. Dans une famille de classe moyenne, on va dire, on te dit non, vise un peu plus haut que paysagiste. sans mépris aucun de la part de mes parents, mais juste ils disaient tu veux refrapper l'isagiste après si tu veux, mais peut-être tu peux faire un truc au moins des études pour te permettre d'autres trucs et du coup tout le monde me disait bah essaye peut-être une petite prépa ou un truc ça pourrait passer machin t'as un bac s ou au moins un DUT et en fait moi je savais pas du tout ce que je voulais faire dans ma vie de manière générale et c'est une des premières fois où je me suis vraiment posé avec moi même en me disant bah en fait moi j'aime bien le sport donc pour l'instant je vais faire du sport et donc j'ai mis un seul vœu qui était fac de sport Et ça a fait criser tout le monde, je me rappelle. Et en fait, c'était une des meilleures, enfin je pense que c'était la meilleure décision de ma vie. Donc la première fois que je me suis vraiment écouté, ça a créé une cascade de conséquences positives pour moi, mais assez dingue.

  • Speaker #1

    Donc tu as choisi ta première passion, pour laquelle tu pouvais en faire ton métier.

  • Speaker #2

    En fait, ce n'était pas tant ma passion le sport, c'était que quand tu es tout le temps dans la nature, tu fais du sport tout le temps. Parce que tu fais de la rando, parce que tu fais plein de trucs, tu es tout le temps en train de te déplacer, tu vas loin, machin. Et en fait, c'est en extérieur... C'est quasiment que du sport quand t'es vraiment... Parce qu'il y a du dénivelé, machin.

  • Speaker #1

    Rien que le fait de marcher.

  • Speaker #2

    Ouais, mais marcher, si tu vas sur les craies du Jura, tu marches, quoi, tu marches bien. Et du coup, ouais, j'étais pas passionné sport. Je pense vraiment à chaque fois, je reviens à une passion pour la nature, quoi. Et bon, voilà, là, je me suis dit, le sport, ça me plaît quand même bien, il y a des belles valeurs, je vais aller de ce côté-là.

  • Speaker #1

    Ok, donc là, on est en 2011, donc t'as 17 ans, c'est ça ?

  • Speaker #2

    Ouais, j'ai 17 ans, je suis né en décembre, du coup, je rentrais à la fac à 17 ans et j'ai eu 18 en décembre.

  • Speaker #1

    Et donc tu rentres, tu fais Staps, et comment ça se passe ?

  • Speaker #2

    Écoute, Staps, déjà c'est incroyable parce que je sors de mon bac S où je suis dans les moins bons de ma classe, et là je suis dans les majors promo, et j'ai rien fait, j'ai rien changé. Je me suis rendu compte que je n'étais pas si peu scolaire, c'est simplement qu'il y avait des endroits où j'étais moins bon que d'autres, et quand tu es dans un truc qui te plaît et qui te parle, déjà tu deviens bon. Donc ça c'est génial, parce qu'en fait ça n'existe pas de dire quelqu'un est scolaire ou n'est pas scolaire, c'est juste quelqu'un est passionné, quelqu'un... un écho avec ce qu'il est en train de... De quoi ?

  • Speaker #1

    Et au bon endroit.

  • Speaker #2

    Ouais, c'est ça, et au bon endroit, et aligné, et les sujets le touchent. Parce qu'en fait, quand t'es pas intéressé, c'est pas que t'es pas scolaire si t'es mauvais. C'est juste que tu peux pas devenir bon dans un truc qui t'intéresse pas. Donc c'est un vrai sujet, et c'est pour ça que c'est important aussi que les enfants puissent choisir vraiment ce qu'ils aiment, parce qu'on est forcément bon dans ce qu'on aime. C'est génial. Y'a pas de gens plus bêtes que d'autres. Y'a pas de gens qui sont plus talentueux que d'autres. Enfin, moi je ne crois vraiment pas à ça. Bien sûr, quand tu travailles un truc, après, tu deviens meilleur parce que tu élargis ton champ de réflexion, tu commences à avoir une pensée plus constellaire parce que tu peux faire des liens entre différents champs de discipline. Mais c'est assez fou de se dire que le talent, en fait, c'est d'abord l'amour, tu vois. Et c'est quand on aime un truc qu'on est bon. Bon, bref. Et du coup, fac de sport, il se passe un petit miracle. C'est que déjà, je me retrouve facile. Et le deuxième miracle, c'est que quand tu es facile en fac de sport, en tout cas à l'époque, eh bien, tu réussis tes partiels du premier coup. Et... Il y a les rattrapages après pour les autres, sauf que ça laisse des vacances énormes pour ceux qui ont réussi du premier coup. Et donc, je me retrouve avec six mois de vacances par an, six mois et demi de vacances par an même. Donc, complètement dingue. Et c'est là que j'ai commencé à créer d'autres choses. J'aimais déjà essayer d'inventer des trucs. Je te dis, j'ai toujours été curieux. Tu vois, quand je faisais une cabane chez moi, il fallait que le porte-manteau, tu mettes ta veste et avec le poids de la veste, hop, je faisais des trucs avec des poulies. Ça remontait le machin, comme ça, il ne gênait plus dans la cabane. Ça, ça me faisait triper. J'ai toujours adoré faire ça. Et là, en fac de sport, j'ai découvert aussi le digital vraiment. J'avais Facebook, qui était le réseau social de l'époque, mais je l'avais installé assez tard. Moi, j'ai eu un portable en seconde. J'ai été très préservé de l'euphorie digitale. Je pense que j'ai installé Facebook, j'avais 14-15 ans. Donc du coup, je n'avais jamais eu de réseau social avant. Donc ça a été une découverte pour moi. Et là, comme quand tu vas un peu mettre dans la nature, découvrir des trucs, je me suis intéressé à la chose. Et c'est là que ça m'a plu, les communautés en ligne, que je me suis rendu compte que je pouvais faire des trucs et que ma vie a un peu commencé, ma vie d'entrepreneurial en tout cas. Ok,

  • Speaker #1

    on va en parler parce que tu as fait des choses super intéressantes avant Steam Force de Planète. Mais si je reviens rapidement sur Staps, est-ce que ça a permis, est-ce que tu avais confiance en toi déjà au lycée, au collège ou pas ?

  • Speaker #2

    C'est une bonne question. Non, je n'avais pas confiance en moi, au collège particulièrement pas. Ça a été assez dur le collège pour moi parce que j'étais... En fait, quand j'avais ma mère enseignante, j'allais dans son école à elle, qui n'était pas l'école à laquelle j'étais censé être. Donc ouais, du coup, quand j'allais à cette école-là avec ma mère, j'avais tous mes potes dans cette école. Et quand je suis passé au collège, qui était le collège affilié à l'endroit où j'étais, j'avais plus de potes. Donc je me suis retrouvé à rentrer en sixième, qui est quand même le moment ingrat de ta vie, sans aucun pote, quand tous les autres étaient entre potes. Et en plus, c'était très dur parce que nous, on avait une heure de transport en commun chaque matin et chaque soir pour venir de notre bled paumé jusqu'à notre collège. Et au lycée, c'était même pire que ça, c'était encore plus. Donc tu vois, je me levais à 5h45 du matin à 10 ans. et je rentrais chez moi à 19h c'était vraiment fatigant et je pouvais pas trop avoir d'interaction sociale au début parce qu'il fallait que je me fasse des potes mais quand t'es au collège c'est un moment qui est difficile donc là non seulement j'avais pas confiance en moi mais en plus c'était un cadre qui était dur mais ça m'a appris pas mal de trucs et notamment la résilience, ça m'a appris à être seul avec moi-même aussi et à m'affronter à affronter le fait d'être seul et à assumer ça et aussi à savoir être seul sans que ça soit grave tu vois et franchement les 2-3... Les deux premières années du collège, c'était un peu dur, le temps de vraiment me faire un vrai cercle d'amis, de me sentir accepté. Donc ça a été un moment un peu de travail sur moi.

  • Speaker #1

    Tu as des frères et soeurs ?

  • Speaker #2

    J'ai un petit frère qui a un an et demi de moins que moi, qu'on salue.

  • Speaker #1

    Donc oui, tu disais que collège, lycée, pas forcément confiance énorme en toi. Moi, ce qui m'intéressait de comprendre, c'est est-ce que Staps, tu avais trouvé un peu un endroit où tu te sentais bien ? Est-ce que justement, ta confiance en toi, là, elle a commencé à grossir ?

  • Speaker #2

    Ouais en plus c'est là que j'ai rencontré vraiment mes meilleurs potes d'aujourd'hui en fait c'était un peu un redémarrage de ma vie aussi tu vois j'avais des potes après au lycée c'était très bien j'avais un groupe de musique et tout du coup on sortait un peu du lot avec ça et donc tu vois j'étais avec les gars un peu populaires au lycée j'avais un peu fait le switch mais par contre la fac de sport ça a été vraiment le moment où j'ai senti que j'étais avec des gens avec qui j'étais moi-même et vraiment que ça marchait bien d'être moi-même à 100% et que tout était aligné et ça m'a fait beaucoup de bien je pense Après, je n'ai jamais une seule seconde envisagé de travailler grâce à mes diplômes de fac de sport. Mais par contre, tu as plein de petits diplômes qui m'ont quand même servi. Par exemple, j'ai eu le diplôme de maître nageur, je n'avais jamais nagé de ma vie. J'ai passé ça parce que la fac me le payait. J'ai nagé comme un bourrin pendant six mois, mais non-stop nuit et jour pour avoir le truc. On était 120 le jour de l'examen, il y en a 20 qui l'ont eu. Je n'ai toujours pas compris comment je l'ai eu. Et du coup, après, ça me permettait l'été, parce que j'avais quatre mois de vacances l'été, de faire du 2500 balles net par mois. pour pouvoir payer justement mes études, pour pouvoir payer plein de trucs, parce que juste sinon c'était galère. Et donc la fac de sport m'a beaucoup aidé pour ça, ça m'a donné plusieurs petits diplômes comme ça qui m'ont aidé, mais je me suis jamais vu prof de sport, jamais une seule seconde. Je me disais je vais faire ce métier pour les moments où je le ferai pas, c'est-à-dire les vacances, mais le reste du temps je suis pas spécialement intéressé. Et je sais que mes parents se disaient ah bah au moins il va être prof, c'est chouette, tu vois. Bah non.

  • Speaker #1

    Et donc, tu ne t'imaginais pas être prof de sport. Est-ce que tu te disais, tu fais confiance à la vie et tu vas voir dans les années qui viennent ce qui va se passer ? Ou tu avais déjà, du coup, on va en reparler après, mais tu as monté déjà des boîtes, des entreprises durant la fac de sport. Est-ce que c'était un peu ton plan dans ta tête d'aller vers l'entrepreneuriat ou tu ne savais pas trop encore ?

  • Speaker #0

    C'est l'heure de remercier notre partenaire Oslo, sans qui ce podcast ne serait pas possible, malheureusement. Oslo, c'est un cabinet d'avocats à taille humaine dirigé par Édouard Wells et Marion Fabre, que je connais personnellement depuis plus de dix ans. Il est composé d'une équipe, l'idée par Edouard et Marion, qui est issue de cabinets d'affaires de premier plan. Mais surtout, au-delà de la qualité de leurs prestations juridiques, ce que j'aime chez Oslo, c'est leur engagement pour un droit un peu différent. Sur leur description, ils mettent Nous accordons une importance particulière aux qualités humaines et relationnelles, tout particulièrement au respect, à la simplicité, à l'humilité et à l'élégance Ça pourrait paraître bullshit comme ça, mais pour bien les connaître, il faut vous assurer que ça se ressent vraiment. Et pour preuve, ils ont accepté de sponsoriser ce podcast dès sa création. Ils offrent une heure de conseils juridiques avec le code LESSAGE. et je mettrai leurs coordonnées dans la description du podcast. Allez, on y retourne.

  • Speaker #2

    Non, je pense que je n'avais pas de plan, honnêtement. Mais par contre, ce que tu dis est assez marrant et assez vrai. Je pense à postériori que j'ai toujours fait une confiance aveugle à la vie. Je me suis toujours dit, mais mec, ça va bien aller, en fait. La vie t'emmènera au bon endroit, il faut juste que tu sois toi-même. Et en fait, de plus en plus, j'avais ce truc-là. J'ai jamais eu peur, je me suis jamais dit je vais me retrouver sur le carreau, je me disais je ferais un peu ménageur ou un peu un truc à droite à gauche, et puis je monterais mon métier. En fait j'avais quand même cette vision de je me démerderais.

  • Speaker #1

    Et cette confiance que t'as, elle vient d'où selon toi ?

  • Speaker #2

    Alors je pense que quand t'as passé pas mal de temps seul, déjà t'apprends à te connaître, t'es plus à l'aise avec toi-même, tu t'affrontes, et justement quand tu te connais, tu connais tes bases, tu connais tes forces, tu sais travailler sur tes forces. Et c'est con, mais beaucoup de gens ne savent plus être avec eux-mêmes. J'en parlais il n'y a pas longtemps avec une psychologue qui me racontait qu'il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de gosses maintenant qui s'endorment avec des vidéos TikTok qui défilent, ils les laissent défiler. Mais elle me dit, j'en ai plein, plein, plein, parce qu'en fait, ils ne peuvent plus supporter le fait d'avoir du silence juste quelques secondes. Les gens laissent toujours une télé en fond, un truc, parce que sinon, ils sont face à leur pensée. Et c'est hyper grave, parce qu'en fait, si tu ne sais pas, si tu ne te connais pas... Tu ne peux pas vraiment savoir où tu dois aller dans la vie et tu ne peux pas être aligné. Et donc, ça ne marchera pas. Tu n'auras pas une vie, justement, qui te sourit et qui te rend heureux. Et je pense que ça, moi, ça a été une force, tu vois, finalement, d'être un peu seul, d'avoir ce moment un peu difficile au début du collège. Je me suis retrouvé seul. J'ai appris à aimer être seul. Et la nature m'a beaucoup apporté ça aussi. Parce que quand tu vas faire des randos, tu vas tout seul en haut d'une montagne. Moi, je regardais jamais l'heure. Enfin, vraiment, je rentrais quand le soleil se couchait. Et j'avais des fois pas vu que midi était passé parce que j'étais parti le matin. Et en fait, j'adorais ça. être tout seul, regarder la vue pendant des heures et des heures et je pense que c'était une introspection hyper forte qui m'a beaucoup aidé à prendre confiance en moi parce que j'ai appris comment je fonctionnais, j'ai compris que j'avais des forces et j'ai assumé aussi d'être qui je suis, tu vois, et ça, ça fait une énorme diff aussi. Quand t'essaies pas de vivre par procuration pour te conformer à un schéma social, quand tu te dis non, en fait, moi je suis comme ça et si mes passions c'est ça, je vais travailler sur mes forces, je vais pas travailler sur mes faiblesses. Et peut-être par un heureux hasard, on arrive dans un monde où ça y est, tout d'un coup, les gens se disent en fait, c'est vrai que la nature, c'est quand même un énorme sujet. On en dépend, on en fait partie. Et moi, c'est des convictions que j'ai forgées depuis tout petit. Donc, j'assumais ça à fond. Et puis, tout d'un coup, la société peut-être me laisse une place parce que ce sujet revient sur le devant de la table. Mais je pense vraiment que c'est un sujet fondamental de savoir justement être un peu seul. Et ça donne aussi confiance en soi d'être seul parce que tu dois te démerder. Si tu dois te démerder tout seul, tu vois combien de fois je me suis pété plusieurs fois des bras par exemple, en tombant, en faisant des conneries. Quand t'es tout seul, il faut rentrer chez toi, il faut te démerder. Et t'apprends à te dire, la seule personne sur laquelle je compte vraiment maintenant, c'est moi-même. Et ça te donne confiance en toi, mine de rien. Et aujourd'hui, on est peut-être parfois trop assisté dans un monde où t'appuies sur un bouton, on t'apporte à bouffer, on t'amène un chauffeur. On a simplifié à l'extrême tellement de choses. En fait, des fois, il faut juste être... un peu face à la complexité du monde. Des fois, je fais le parallèle avec le monde sauvage, justement, et je me dis, mais... On n'est plus du tout... Les animaux, chaque journée, il faut trouver à manger et il ne faut pas se faire bouffer. C'est un niveau quand même violent. Nous, on a nos CDI, on est là tous les mois, on sait qu'on a la thune qui va tomber, et donc du coup, nos sujets sont peut-être un peu anecdotiques par rapport au monde vivant, mais... Du coup, on en paye aussi le prix, puisqu'en face, on a beaucoup de dépressions, beaucoup de pertes de sens, beaucoup de gens qui justement n'ont pas confiance en eux. Et puis quand tu es dans une société de l'hyper comparaison, comme c'est le cas aujourd'hui, exacerbée par les réseaux sociaux justement, si tu n'as pas des bases un peu solides de confiance en toi, ou en tout cas si tu ne te connais pas et si tu ne sais pas ce que tu es et ce que tu aimes, tu es mort. Tu te prends une tornade de trucs et tu ne sais plus qui tu dois être.

  • Speaker #1

    Je parle beaucoup de ce que tu dis, parce que moi, comme je t'ai dit avant l'interview, Et on en parlera, on parlera un peu santé mentale dans un second temps. Mais j'ai vécu un burn-out il y a à peu près deux ans, et je crois que toi aussi. Et en fait, une des manières de me soigner, de me guérir et d'aller mieux, j'ai passé quelques semaines dans un centre de repos. Et en fait, dans ce centre de repos, on réapprenait une bonne hygiène de vie, c'est-à-dire le sommeil, le sport, l'alimentation, des relations sociales entre guillemets saines, et notamment aussi le fait d'être seul. Donc tu vois, de 13h à 15h. après manger, on devait être seul dans la chambre ou pas dans la chambre. Mais en fait, pour pas mal et dont honnêtement moi aussi je m'étais un peu perdu, c'était quelque chose qui était très compliqué parfois. Et donc je vois très bien en quoi le fait d'être seul, parfois c'est un peu dur, mais ça t'apprend en fait qui tu es vraiment et à être adulte responsable et t'épanouir plus dans ta vie.

  • Speaker #2

    Ça fait peur de s'affronter dans un monde où justement on ne sait plus ce qu'il faudrait être, mais c'est une clé. absolu. Il faut absolument que les jeunes passent par ça. Et la nature est incroyable pour ça. T'as pas de réseau, t'es tout seul, tu marches. Mais tu sais, ça fait quelques centaines d'années qu'on vit dans des murs de béton où tout nous ramène tout le temps à la consommation, avec chaque vitrine, chaque stimuli publicitaire. Mais avant, l'espèce humaine était dans la nature toute la journée. C'est notre environnement, c'est là qu'on est fait pour être. C'est pas du tout pour être dans une ville qu'on existe. Il faut quand même juste se rappeler ça un petit peu parce que... forcément que ça dégénère un peu quand tu changes l'environnement brutalement d'une espèce, d'un animal. Évidemment, ça crée des comportements pas nombreux. Il y a un documentaire qui s'appelle Natura, si je ne dis pas de bêtises, qui est génial, qui montre que le taux de schizophrénie, de dépression, de problèmes mentaux en ville est 100 fois plus élevé qu'à la campagne. En tout cas, ça dépend pour chaque type de pathologie. Ce n'est pas toujours 100 fois, mais il y en a plein où c'est vraiment incroyablement plus.

  • Speaker #1

    Ça fait écho à quelque chose que je suis en train de faire en ce moment. J'ai écrit un livre sur la santé mentale des jeunes. Et du coup, j'essaie de regarder en dehors de la France ce qui se fait, où les pays où on est plus heureux. Et figure-toi que le pays où on est plus heureux, c'est la Suède. Et pourquoi ? Parce qu'ils font un rapport direct qu'en Suède, il y a un taux de, je ne sais pas si on dit de forestation, enfin, entre guillemets, en tout cas, ils ont énormément de forêts et d'espaces verts. Et ils font un lien direct entre le bonheur des gens, la bonne santé mentale des gens, et le fait qu'il y ait plein de verts partout.

  • Speaker #2

    Je pense que, tu vois, c'est fou, on a l'impression de réinventer le feu, mais évidemment. qu'on dépend du vivant autour de nous, évidemment que ça nous fait beaucoup de bien, ça nous ramène dans l'instant présent, chose qu'on ne sait plus faire, ça calme notre cerveau, ça lui apporte... Moi j'aime bien dire, la nature, c'est mon massage du cerveau, parce que vraiment, c'est un moment où t'es pas surstimulé, où t'es pas ramené en permanence à des pensées complexes ou liées à nos problématiques humaines, t'es juste dans un environnement qui t'apporte plein de choses, parce qu'il y a plein de lumières, de couleurs, ça t'apporte ce besoin de complexité qu'on a. mais ça te calme, enfin vraiment, et je pense que moi plein de fois on m'a dit oui mais tu sais toi c'est ta version du bonheur la nature mais il y a d'autres gens pour qui c'est d'autres trucs Peut-être, mais il y a quand même beaucoup d'études qui montrent. La sylvothérapie au Japon, par exemple, qui permet de guérir la dépression et plein de maladies et renforcer le système immunitaire par des bains de forêt. Donc, ils emmènent les gens se promener dans la forêt. Et même des études, je revoyais un sondage il y a deux jours, qui disait, ils ont posé la question aux gens, c'est quoi le dernier moment où vous vous êtes sentis vraiment vivant ? Je crois que 97% des réponses, c'est dans la nature. Je pense qu'il faut quand même qu'on prenne un peu de recul, les humains. On est la nature. Tout n'est que nature. Nous, on essaie de s'en isoler, de nous faire une bulle de technologie, de ville. On est la seule espèce qui fait ça. Il faut qu'on réalise que c'est une pathologie, ce qu'on est en train de faire.

  • Speaker #1

    Je pense, comme tu disais au début de ce podcast, finalement, on est tous différents, on a tous des passions différentes, des parcours différents, mais on a quand même une base commune, qui est la nature, et puis des bases comme le sport, l'alimentation, etc. Et comme tu le dis, c'est prouvé. Donc, ce n'est pas quelque chose qui est étonnant.

  • Speaker #2

    Tout ce qui se rapproche de notre ADN, de ce pourquoi on est fait, de ce pourquoi on est censé habiter ce monde, forcément ça nous met en bonne santé et ça marche bien.

  • Speaker #1

    C'était plutôt bien fait.

  • Speaker #2

    Oui, ça fait des millions d'années qu'on est là, qu'on évolue pour ça à la base. Donc là, on a fait un pas de côté très fort. Mais c'est pour ça que ces projets de société hyper technologiques et tout ça, même si c'était possible d'un point de vue écologique, je pense que c'est une hérésie quand même.

  • Speaker #1

    Ça me fait penser, tu sais, au début de mon burn-out, j'ai été voir mon médecin et il m'a dit prends le large Et au début, j'avoue, je n'ai pas trop compris. Puis un peu plus tard, j'ai compris ce qu'il me disait. C'était d'aller dans un endroit différent où tu as des pensées différentes, entouré de la nature, entouré des éléments naturels. Et si finalement c'est si souvent dit, c'est peut-être que c'est un adage qui reste dans le temps et que ça marche.

  • Speaker #2

    C'est surtout que ça fait prendre du recul sur toutes nos petites problématiques. Tu te rends compte qu'elles sont minimes. Moi, ça me fait un bien fou à chaque fois parce que parfois, comme tout le monde, je peux être aspiré un peu par le vortex de... de problèmes qu'on a tous dans nos quotidiens stressants, fatigants. Quand tu vas dans la nature, tu te rends compte que tu t'emmerdes pour des trucs mais risibles, qui n'ont aucune espèce d'importance, on s'en fout. Il faut vraiment que on n'autorise pas ces détails à la con à nous toucher, à nous faire du mal, à nous pourrir la santé. On est stressé tout le temps pour des conneries. Quand tu es dans la nature, tu te rends compte que on va mourir, on a un crédit vie qui n'est pas très long. Qu'est-ce qu'on va s'emmerder pour une histoire de facture ou de... truc ou de... Tu vois, c'est vraiment pas le sujet, en fait. Et ça fait beaucoup de bien. Et surtout, il n'y a pas toutes ces mécaniques de comparaison sociale parce que les chevreuils, ils n'en ont rien à foutre de la marque de tes baskets. Et en fait, c'est cool aussi de revenir à juste je suis ici et à l'être, tu vois, pas au faire ou à qu'est-ce que je représente.

  • Speaker #1

    Tu parles de mécanique de comparaison sociale. Moi, tout de suite, ça me fait penser aux réseaux sociaux.

  • Speaker #2

    Ah bah oui,

  • Speaker #1

    c'est le temple de ça. Qu'est-ce que tu penses des téléphones, des réseaux sociaux ?

  • Speaker #2

    Je pense qu'il y a du bon. J'y ai trouvé plein de choses géniales. Ça permet encore de faire Team for the Planet aujourd'hui. Les communautés en ligne, c'est là-dedans que je suis né. C'est l'interaction humaine que je trouve intéressante. Le fait de pouvoir partager un truc drôle tous ensemble, ou quelque chose qui nous relie, c'est génial. Maintenant ? Comme toujours, quand c'est happé par des mécaniques commerciales et par un projet de société hyper commercial, qui utilise justement la comparaison sociale pour vendre, parce que Instagram est une machine à vendre. Pose-toi la question, est-ce que Instagram serait devenu ce que c'est aujourd'hui, si les annonceurs n'y avaient pas trouvé l'intérêt qu'ils y trouvent, par le fait que les gens se comparent entre eux et donc se comparent sur l'aspect physique, donc les habits, toutes ces choses qui sont vendables. En fait, je pense que Instagram n'aurait pas réussi à décoller. En fait, il y a eu des moyens colossaux qui ont été investis là-dedans parce que c'est des machines à vendre au service d'un projet de société qui est basé sur l'humain agent économique qui doit produire et consommer. On existe pour ça aujourd'hui dans notre mécanique de société. Je pense que le problème n'est pas le réseau social en tant que tel. Le problème, c'est encore une fois et à chaque fois la même, c'est le fait qu'il est rattrapé et ingurgité par un projet de société. qui est ultra productiviste et qui voit l'humain comme un agent au service de ça.

  • Speaker #0

    Peut-être aussi la quantité, c'est toujours une question d'équilibre peut-être.

  • Speaker #1

    Bien sûr, mais qu'est-ce qui fait la quantité ? C'est justement des mécaniques commerciales qui poussent l'addiction. Tu sais, les réseaux sociaux, pour avoir géré l'Europe, pour un gros réseau social américain, on avait 100 millions d'utilisateurs. Tu as des addictologues qui sont payés pour faire en sorte que les gens soient chimiquement addicts. Mais la seule et unique raison qui motive ça, parce que c'est quand même lunaire quand tu y réfléchis, c'est le fait que ça augmente les gains parce que tu vois plus de pubs. parce que du coup ça génère plus d'argent pour les régies et donc pour le réseau social et donc les actionnaires derrière. En fait, chaque fois qu'on motive un comportement sur le fait de... Le seul paramètre c'est le fait de gagner de l'argent, on va partir trop loin, on part en cupidité, on le pousse à l'extrême et on en fait un truc qui était sympa à la base et qui devient une monstruosité. Donc c'est toujours la même question, il n'y a rien de très intelligent dans ce qu'on dit là, mais on le sait. Chaque fois qu'on motive quelque chose uniquement autour de la mécanique de faire gagner de l'argent. Le cerveau humain, il a besoin d'accumuler, il est basé là-dessus pour ses récompenses de comportement de survie, accumuler du statut social, accumuler de la nourriture, accumuler des relations sexuelles, accumuler du pouvoir, pour pouvoir justement maximiser ses chances de survie. C'est ce qui est très bien dit par plein de neuroscientifiques, justement. Donc quand tu lui mets une variable... aussi puissante que l'argent qui représente tout ce qu'on vient de se dire là en termes de récompense sociale et que tu lui dis tu peux l'augmenter, il travaille à l'augmenter. En tout cas, il ne faut pas que ce soit la seule variable. Sinon, on transforme tout en machine à transformer un euro en deux euros et on vide de sens les boîtes qu'on fait à la base qui pourtant ont une mission et sont sympas. Instagram avait une mission sympa. Tu vas partager la beauté du monde entre nous.

  • Speaker #0

    Même Facebook, quand on y pense, ça a permis de se faire rencontrer. C'est trop bien,

  • Speaker #1

    c'est d'avoir un réseau avec ses amis aussi pour pouvoir garder des nouvelles, repartager des nouvelles. C'est chouette aussi de voir ce que ses amis font, d'avoir les nouvelles de ses amis d'une certaine manière quand tu ne peux pas les voir tout le temps. C'est trop bien. Instagram, à la base, c'était des photos de paysages, ce n'était pas des photos de gens. Et puis après, on a commencé à mettre beaucoup de photos de gens et à comparer les photos de gens entre eux. Et puis après, tu pousses les trucs. Il faut avoir la plus belle marque. C'est perfide, le truc. Les addictologues, c'est travailler. typiquement la mécanique où tu tires vers le bas pour faire recharger ton fil, le scroll vers le bas qui recharge, ça c'est basé sur les casinos, quand tu tires comme ça et que tu ne sais pas ce qui va arriver. Et en fait c'est ça qui est la situation. Quand c'est incertain, quand tu ne sais pas ce qui va se passer, c'est là que tu crées des comportements addictifs parce que le cerveau, il joue, c'est le cerveau casino, du coup, une fois de temps en temps, il a une récompense stylée et le reste du temps, c'est pas intéressant. Mais quand il tombe sur la récompense stylée, bam, sécrétion de dopamine. Et c'est ça qui crée l'addiction. Mais c'est beaucoup plus perfides que ça. Par exemple, les couleurs, les couleurs vives sur les réseaux, elles sont augmentées. Sur TikTok, les filtres et tout, ils augmentent la qualité des couleurs, ils les poussent beaucoup plus fort parce qu'en fait, dans la nature, nous, on est une machine à repérer les couleurs vives parce que c'est des fruits, c'est des baies, c'est des trucs qui peuvent nous aider à survivre. C'est des plantes et du coup, là, on est allé très loin pour que ça soit même, qu'on joue sur ce biais du cerveau et qu'on aime passer du temps sur nos écrans parce que les couleurs sont plus fortes, sont plus vives, ça nous parle, c'est pour ça que ça nous touche. Quand les couleurs sont fortes, quand le photographe renforce les couleurs, c'est ce que ça vient chercher dans le cerveau. C'est des trucs profonds.

  • Speaker #0

    C'est vraiment super intéressant. Ça me fait une super passerelle pour revenir sur ton parcours. Donc, tu es en Staps, tu as une vingtaine d'années. Et là, tu commences à créer des communautés, c'est ça ?

  • Speaker #1

    C'est ça, oui. En fait, je crée plein de trucs. J'essaye de faire une marque de vêtements. Et puis du coup, tu crées une communauté pour essayer de vendre tes vêtements. Enfin bref. Et jusqu'au jour où je récupère un truc qui s'appelait les Spottyd. C'était des... Des trucs où tu pouvais te passer des messages anonymement sur un campus. Par exemple, tu voyais une jolie fille à l'abri de bus, tu m'étais avec ta robe rouge, tu as été le soleil de ma journée, merci. Et hop, c'était anonyme parce que c'était la page qui publiait le truc, et pas le mec. Le mec, lui, il l'envoyait à la page, qui repartageait. Et moi, j'avais le Spotify de Lyon, qui avait 2000 abonnés, tu vois, mais Lyon 1. Et donc, c'est comme ça que j'ai un peu découvert les mécaniques des réseaux. Et ensuite, j'ai lancé une tentative de Spotify de plus grande échelle en me disant, il me faut maintenant un sujet qui parle à tout le monde. partout en France, qui ne soit pas limité à une région, avec cette mécanique de je t'envoie un truc anonymement parce que je ne veux pas l'assumer publiquement, mais je pense que ça a de la valeur pour faire rire les gens, ou pour dédramatiser, ou pour déculpabiliser. Et donc c'est là que j'ai créé Nuit sans folie, qui d'abord s'appelait Nuit de merde, qui a été un énorme buzz direct, et où les gens ont envoyé leurs petites anecdotes sexuelles, un peu ratées, les trucs que tu n'oses pas partager, mais en vrai tu sais qu'il y a une vraie valeur parce que c'est drôle, ou alors... À l'inverse, que ça peut aider des gens à justement dédramatiser. Et donc, moi, je les repartageais. Et ça, ça a été un énorme carton. Vraiment, ça a été ce qui m'a lancé. OK,

  • Speaker #0

    donc c'est ta première vraie aventure entrepreneuriale. Et puis, tu crées d'autres communautés, c'est ça ?

  • Speaker #1

    C'est ça. En fait, une fois qu'on avait cette commune-là, qui est montée jusqu'à un million d'abonnés, on avait une appli mobile qu'on a développée. où on a eu énormément de trafic aussi, parce que quand on a sorti cette appli, on était premier de l'Apple Store, devant Snapchat, devant Tinder à l'époque, devant tout le monde, alors qu'on ne connaissait rien au marketing. J'étais seul avec un pote, on n'avait jamais rien fait de ça, mais je publiais tous les jours, et à l'époque, c'était surpuissant, les réseaux sociaux, vraiment, il y avait une visibilité, mais c'était lunaire. Le reach, la visibilité organique était complètement débridée. Donc du coup, j'ai fait plus de 300 000 téléchargements en deux jours sur l'appli, puis après, elle est montée au million. Et donc ça, ça rapportait de l'argent, parce qu'il y avait des régies pubs. qui mettaient de la publicité dans ces applis-là. Et donc, chaque fois que les mecs se baladaient dans le contenu, ils tombaient sur une pub de temps en temps. Et ça, ça te rapportait de l'argent. Et donc, du jour au lendemain, je me suis retrouvé avec une boîte qui faisait 10 000 euros par mois, alors que j'étais en fac de sport, je venais d'être majeur, je ne connaissais rien à la vie. Je n'avais même pas de structure créée, tu vois. C'était sur une régie pub, heureusement, qui accumulait l'argent, parce que sinon, le fisc allait arriver en hélicoptère, tu vois, si je me payais directement sur mon compte perso. Et donc, tout ça a fait démarrer un peu le truc. Et ensuite, je me suis dit, putain, c'est intéressant cette mécanique de créer un média à partir d'une... communauté en ligne. Et donc là, j'ai commencé à racheter d'autres communautés, à en relancer d'autres, à en agréger dans la musique, dans le sport, dans l'humour encore, jusqu'à monter à 12 millions d'abonnés sur l'ensemble de toutes les communautés qu'on avait, avec plusieurs applis qui étaient téléchargées plusieurs millions de fois, comme Rap Punchline, qui était le média d'actu numéro 1 sur le rap en France. Enfin, il y avait plein de trucs comme ça qu'on s'est mis à faire. Donc vraiment, une boîte dans les médias, quoi.

  • Speaker #0

    Ok. Et donc là, t'es au milieu, à la fin de tes études ?

  • Speaker #1

    Le temps que ça se fasse, tout ça, ouais, j'ai terminé mes études même. Parce que tu vois, c'est une boîte qui a duré quand même assez longtemps, 5-6 ans.

  • Speaker #0

    Et donc, tu es tout seul ? Tu as dit que tu étais avec un pote ?

  • Speaker #1

    Ouais, alors ce Ausha, du tout début, il n'est pas resté. Parce qu'il disait, bon, moi, il faut que je fasse un vrai métier, faire des conneries sur Internet, ça ne paiera jamais. Mais tu sais, à l'époque, vraiment, même mes parents me disaient, mais qu'est-ce que c'est que cette merde ? Il faut faire un vrai métier.

  • Speaker #0

    C'était l'époque de Skyblog, un peu.

  • Speaker #1

    Ouais, un peu après encore, mais ça faisait paniquer les gens. Enfin, ils se disaient, mais il n'y a aucun avenir là-dedans. créer des communautés sur internet, Facebook ça va durer 2 ans enfin moi tout le monde me disait ça, mes parents me disaient vraiment il faut pas, mets pas ton expertise là dessus, ça sert à rien, concentre toi sur tes études et c'est vrai, moi j'étais trigger par ça donc je me concentrais sur mes études, franchement j'aurais pu développer 100 fois plus, mais juste je le faisais un petit peu chaque jour et puis après j'allais faire mes études parce que je me disais, ah non, il faut pas trop, les études c'est important donc j'ai validé un master non pas pour être prof de sport, ce que je savais que je voulais vraiment pas le faire, mais pour être un ingénieur ergonome en conception de produits sportifs. Donc si je te la fais courte, faire des pompes à vélo chez Decathlon, ce qui ne m'intéressait pas le moins du monde non plus. Mais comme j'ai eu mon master, alors là, amen, tout le monde était rassuré. Il a un master, il va réussir dans la vie. Ce qui est affreusement faux maintenant. Enfin, tu vois, moi, j'ai plein de potes qui sont surdiplômés, qui galèrent à trouver un taf et qui même retournent à des jobs beaucoup plus manuels parce qu'en fait, c'est juste ce qui leur plaît fondamentalement. Donc bon, je me suis retrouvé là-dedans et puis j'ai vendu cette boîte à un groupe de dating. qui m'a permis de faire une petite sortie où j'ai pris pas mal d'argent. Et là, c'est pour la première fois, mes parents m'ont dit Ah oui, quand même, il se passe un truc intéressant.

  • Speaker #0

    Pour eux, du coup, c'était crédible. Du fait que tu as vendu la boîte.

  • Speaker #1

    Mais entre-temps, on était quelques employés quand même. J'avais du coup un super CTO, directeur technique, qui m'avait rejoint. Génial, que je vais rencontrer en faisant des concerts, d'ailleurs, avec mon groupe. Il était batteur, moi aussi. On avait parlé à la fin d'un concert. Et en fait, il me dit, moi, je suis développeur, j'aimerais bien me lancer un peu dans l'entrepreneuriat. Moi, je ne l'ai pas. Moi, je connais les méga communautés, j'ai besoin d'un développeur. Et du coup, voilà, c'était fait comme ça.

  • Speaker #0

    Et tu vends la boîte, c'est par opportunité ou c'est parce que tu avais un projet derrière ?

  • Speaker #1

    Non, parce que je commençais à en avoir marre de gérer tous ces trucs. Il fallait vraiment passer du temps à créer du contenu, du contenu, du contenu en ligne. Mais par contre, j'avais l'Evelop comme jamais. Moi qui avais zéro en dictée, je me dirais que quand tu commences à poster tous les jours avec les gens, ils disent, mais c'est un illettré qui tient ce truc. Bon, tu bosses fort pour pouvoir t'améliorer en orthographe. Et du coup, ben... Ça m'a énormément aidé à m'améliorer en orthographe, à bien mieux communiquer, à comprendre les mécaniques profondes de la communication entre humains aussi, pour faire des trucs synthétiques, simples, que les gens comprennent, même l'humour de manière générale. C'était une école incroyable de faire ça. Ça peut paraître anecdotique, mais en fait c'est monstrueux. Et j'ai tellement appris sur l'empathie, le fonctionnement humain, parce qu'en fait on a l'impression que c'est des algorithmes, que c'est des codes promos avec des influenceurs et machin, mais pas du tout. En fait, on parle à des humains. Et ce qui est récompensé, c'est si tu touches les humains et si ça leur parle ce que tu fais. Et en fait, il n'y a pas d'autre recette.

  • Speaker #0

    Parler avec le cœur.

  • Speaker #1

    Bien sûr, être vrai et savoir l'exprimer. Donc ça, ça a été un méga apprentissage pour moi, mais juste, j'avais aussi envie de faire d'autres types d'apps. Et puis, tu vois, je me suis rapproché de la structure qui m'a racheté. Ils étaient hyper partants et je me suis dit, allez, vas-y, on va au bout du truc.

  • Speaker #0

    Tu parles de communication, c'est quoi un bon communicant pour toi ?

  • Speaker #1

    C'est un mec qui est aligné, qui dit des choses, qui pense fondamentalement et qui font écho avec sa raison d'être. Tu vois, moi, Team Force de Planète, c'est peut-être le truc où on a le plus d'écho aujourd'hui parce que vraiment, c'est qui je suis, mais à l'ADN. Et en fait, pour longtemps, je pense que j'ai un peu lancé des boîtes comme ça parce que c'était marrant et puis ça prenait. Mais ce n'était pas 100% aligné sur qui je suis absolument. Mais en fait, quand tu fais ce qui te passionne vraiment, quand tu fais ce que tu as dans tes tripes, ça marche, mec. Si tu es passionné de coton-tige, lance une boîte de coton-tige. C'est ça qu'il faut que tu fasses. Il ne faut pas aller faire un truc parce que c'est ça qui est valorisé aujourd'hui. Moi, je vois plein de gens qui me disent, je vais faire des trucs dans l'IA. Mais tu n'en as rien à branler de l'IA. Oui, mais c'est le moment. Non, mais c'est une connerie, en fait.

  • Speaker #0

    Est-ce que ça te plaît ou pas de travailler dans l'IA ?

  • Speaker #1

    Bien sûr, et tu peux faire un truc qui n'a rien à voir dans le rilenti. et être le meilleur chef cuisinier qui vend la recette de riz lentilles la plus vendue au monde, parce que c'est ça ton truc, quoi.

  • Speaker #0

    C'est marrant parce que souvent, pareil, je croise des jeunes entrepreneurs, quand tu as envie de gagner de l'argent, généralement, le meilleur moyen de gagner de l'argent, c'est d'aller là où ça te plaît. Et après, l'argent vient, ça en découle souvent.

  • Speaker #1

    Mais mille fois, d'ailleurs, mes premiers investisseurs, je me rappelle très bien, ils me disaient, en fait, nous, on investit sur toi parce que tu ne cherches pas d'argent, tu ne veux pas gagner de l'argent.

  • Speaker #0

    Et tu veux en finir par en gagner.

  • Speaker #1

    Ben oui, en tout cas, ils étaient convaincus de ça, mais ils ont tort parce que du coup, aujourd'hui, je ne gagne pas de l'argent. spécialement d'argent, tu vois. Enfin, j'ai vendu ma boîte, j'ai gagné un peu d'argent, mais je suis pas dans la quête de l'argent, c'est plus mon truc. Enfin, ça m'a jamais vraiment intéressé. Mais par contre, je suis assez convaincu qu'en effet, les super entrepreneurs, c'est des gens qui feront leur truc, mais même s'ils sont seuls à le faire, même si personne les suit, même s'ils ont pas de clients, ils le feront, parce que c'est ce qu'ils sont.

  • Speaker #0

    Et ils continuent même s'ils gagnent pas d'argent.

  • Speaker #1

    Mais oui, mais ça leur plaît en fait. Ils sont heureux de le faire. Ils le font parce que ça leur fait du bien. Et parce qu'ils trouvent que c'est ça que le monde a besoin d'avoir. Et qu'ils veulent apporter ça au monde. Ils se disent, ça c'est ma mission. On est là sur Terre, il faut trouver sa mission. Si c'est juste pour passer cette vie un peu comme ça, sans trop savoir qui on est, ce qu'on fout et à quoi on sert, je trouve que c'est dommage. Et on nous endoctrine à être comme ça, justement. À dire, c'est bien, t'es un bon consommateur, reste dans ce Ausha, ça va bien se passer. On a tous une mission, je pense, à trouver.

  • Speaker #0

    Tu parles de trouver sa mission. Il y a une génération, et même notre génération, mais la génération qui arrive, encore plus, je pense, qui veut être indépendant, etc., et qui veut aller vers l'entrepreneuriat. Toi, du coup, tu n'as pas fait de formation business, tu as appris beaucoup sur le terrain. Si tu pouvais donner deux, trois conseils, si tu essaies de réimaginer un petit peu au début de ton entrepreneuriat. Après, tu as fait avec d'autres personnes Team for the Planet et on va en parler évidemment. Mais déjà, sur tes communautés et ton app, qu'est-ce que tu as appris ? Quels conseils tu peux donner ? Quelles choses qu'il faut éviter de faire quand on lance pour la première fois une boîte ?

  • Speaker #1

    Passer trop de temps dans le théorique. Vraiment, l'entrepreneuriat, c'est tout sauf du théorique. En fait, on n'apprend que en faisant. Faire des grands plans pour se rassurer, essayer de tout préparer, passer des mois à se dire ça va être génial et puis se lancer après, c'est la meilleure manière de faire de la merde. En fait, moi, j'ai eu cette chance, j'ai tout foiré. J'ai tout commencé, je me suis pris des baffes à chaque fois parce que je commençais toujours en ratant. Forcément, je ne connaissais rien. Je fais une fac de sport, je viens d'un village de 200 habitants, je n'ai aucune chance de pouvoir... comprendre comment marche, ne serait-ce que les mécaniques comptables d'une entreprise à la base. Et du coup, il faut faire, se jeter dans le truc, et t'apprends à une vitesse démesurée. Par contre, il faut être résilient, parce que tu vas prendre des gifles toute la journée. Tu vas faire que de rater. Mais en fait, c'est le fonctionnement de la vie. Dans la nature, c'est neuf échecs pour un succès. Et encore, tu vois, par exemple, j'ai vu qu'un arbre, pour se reproduire, c'est un milliard de tentatives pour faire un seul descendant. Donc ça donne un peu une petite horde d'idées de ce que c'est dans la nature. Normalement. C'est même pas un concept l'échec dans la nature. Nous c'est un concept, mais en fait dans la nature c'est juste le process normal. Et donc dans l'entrepreneuriat, il faut partir avec cette vision. Je fais des trucs, ça va tout foirer. Mais je les fais pas parce que je veux réussir. Je les fais parce que c'est qui je suis. Je les fais parce que c'est ce que j'ai envie de faire, ça me plaît. Évidemment on se prend la pression oui mais attends il faut que tu gagnes ta vie, tu vois les parents qui sont là, attends tu vas pas faire d'argent là-dedans, c'est une connerie. Et c'est le deuxième conseil, c'est oui on fait ce qu'on a vraiment envie de faire. On se lance tout de suite, on essaie des trucs, mais par contre, le premier truc qu'on essaie de faire, c'est trouver un modèle économique. Parce qu'on vit dans un monde qui est comme il est, et la façon dont il fonctionne, ça peut être contre-productif d'être vraiment dans un modèle où tu n'as pas réfléchi ton modèle économique, et où ça te pompe ta passion justement, et ça te la casse. Moi, ça m'est arrivé des fois de lancer des trucs géniaux, on arrivait à avoir des utilisateurs, on arrivait à faire un truc qui fonctionne, mais on n'avait pas de modèle économique viable, et à la fin... Ça pète ta boîte, t'as monté un super truc, t'as des invests, t'es à fond, le truc fonctionne et ça vient te péter dans les dents. Et il ne faut quand même pas oublier que c'est l'objet de la confiance au niveau mondial. L'argent, c'est ce qui nous permet de collaborer entre humains et donc ça te permet d'embarquer des gens avec toi pour t'aider à faire de ton projet une réalité. On est obligé de payer les gens, tu vois. L'entreprise, ça a ça de génial que c'est ce qui transforme le monde et c'est l'objet le plus abouti de la collaboration. Et le ciment de ça, c'est le fait d'être capable d'offrir une rémunération pour que chacun puisse venir contribuer à un autre projet de société. Merci. Et c'est normal de gagner de l'argent. C'est normal d'être rémunéré quand tu fais un travail dans le modèle qu'on a construit. Moi, trop souvent, j'ai un peu mis ça de côté parce que vraiment, je pense que l'argent n'est pas... dans ma culture, dans ce qu'on m'a appris, n'est pas un sujet pour moi. Ça ne m'intéresse pas. Si je gagne ma vie, je suis très heureux. Je m'en fous d'être millionnaire et je me souhaite d'ailleurs jamais d'être millionnaire parce que je pense que j'y perdrais en termes de bonheur. Mais du coup, j'ai quand même trop négligé. Donc, il faut trouver la balance. Cet aspect, avoir un modèle économique, ça ne veut pas dire que tu es un avare. Ça veut dire que tu veux que ton modèle tienne et que ta boîte puisse exister. Et ça, c'est un truc qu'il faut commencer par vendre. Il faut tout de suite chercher des gens qui sont prêts à mettre de l'argent parce que ton service a une valeur.

  • Speaker #0

    Bien sûr, et c'est ce que j'allais dire, si je peux me permettre de te compléter. Si les gens payent, c'est aussi parce que tu crées de la valeur. Et donc, tu règles un problème. Et ça, c'est la première chose. Et la deuxième chose, moi, qui me paraît importante, c'est qu'avoir un modèle économique, faire du chiffre d'affaires, ça amène aussi l'indépendance dans ta boîte. Et si tu peux, toi, te payer, c'est quand même important. Payer tes salariés correctement aussi. Et éventuellement, on pourrait en parler, c'est un sujet, mais le fait d'avoir des investisseurs ou pas. mais ça a des plus et des moins, mais ça a aussi des moins. Parce qu'on voit souvent les plus, j'ai levé 5 millions, 10 millions, 20 millions, mais ça a aussi des moins. Donc si on est indépendant, au moins on peut faire le choix d'avoir des invests ou pas d'avoir d'invest.

  • Speaker #1

    Bien sûr, et le moins numéro un, c'est que les actionnaires, dans le modèle comme il est pensé aujourd'hui, quand on a beaucoup par exemple, ou que tu es une grosse boîte, un, ils ne sont pas au contact de la réalité opérationnelle de ce que tu fais, donc eux, leur seul bouton pour décider c'est est-ce qu'on gagne de l'argent, oui, non. Et ça, ça fait que la direction de la boîte, elle est forcément... Elle prend un coup. Et puis, le deuxième truc, c'est la division de la responsabilité. Quand ils sont très nombreux, comme dans plein de boîtes, en fait, pareil, ils se disent, j'ai mes petites actions, moi, je vais voter pour gagner plus d'argent, parce que c'est le critère qu'on me met devant les yeux. En fait, toi, à la fin, ça peut complètement te faire dévoyer la mission initiale et ce pourquoi tu as créé ta boîte. Donc, tu as raison, l'indépendance est extrêmement importante.

  • Speaker #0

    Et on vient un peu sur ton parcours. Donc, tu vends ta première entreprise et tu décides du coup de rejoindre une boîte qui s'appelle Thriller.

  • Speaker #1

    C'est ça, oui. Entre-temps, j'avais remonté une autre startup, mais en parallèle de la première. aussi dans les apps mobiles, qui n'est pas forcément un succès, mais je trouve que c'est important de le préciser parce que j'ai levé des fonds, on a fait une belle aventure, on avait jusqu'à 20 salariés, c'était une belle boîte, en tout cas, le projet était intéressant, c'était pour faire du micro-événementiel de groupe. Donc en gros, l'idée, c'était de dire, tu peux rencontrer des gens dans le cadre de petites activités de groupe sympas, qui s'appelaient des Who's Up, et c'était, je ne sais pas, faire un yoga dans un parc, apprendre à faire des cocktails chez quelqu'un. Et donc, ça marchait très bien. Il y a eu des milliers de gens qui nous ont dit Merci, grâce à vous, j'ai un nouveau cercle d'amis, j'ai rencontré des gens géniaux. Il y avait des milliers et des milliers de who's up qui étaient créés. On avait 200 000 utilisateurs.

  • Speaker #0

    Et vous, là, c'était à Lyon ?

  • Speaker #1

    À Lyon, oui. Mais on n'avait pas de modèle économique. J'avais levé un peu moins de 500 000, je crois, ou 500 000, un truc du genre. Ce qui était beaucoup à l'époque. Oui, c'est ça quand même, ça existait. Et en fait, le problème, c'est qu'on n'avait pas pensé le modèle éco et on n'a pas réussi à craquer le modèle économique. Et donc, à la fin, les investisseurs montent. proposé de remettre plus d'un million d'euros dans l'aventure pour que ça nous donne du temps. Moi, je me suis lancé le défi en mode les gars, on a trois mois pour trouver le modèle économique, mais à un moment là, je me suis dit non, là je vais m'enfermer. Je vais devoir shifter, pivoter, on va perdre ce qu'était l'origine de ce projet, l'ADN de base qui était permettre à des gens de profiter du digital pour avoir des vraies expériences dans la vraie vie qui soient chouettes. On va devoir chercher absolument la caillasse et du coup on va se travestir. Et donc à ce moment-là, j'ai dit non, on ferme cette boîte. Je l'ai vendu finalement parce que j'ai trouvé un petit repreneur, mais bon, c'était vraiment un exit à zéro. Et ça a été des mois de stress. C'était compliqué parce qu'avant la vente, j'avais oublié la TVA. Donc, j'ai pu faire tous les licenciements, en tout cas les ruptures conventionnelles. Je suis arrivé à zéro sur le compte et là, l'expert comptable est arrivé et m'a dit Ouais, par contre, il reste juste un truc, c'est la TVA. Quand tu es dans ce moment-là où tu es hyper stressé et tout, tu n'y penses pas. Et en fait, on avait quand même fait 400 000 euros de chiffre d'affaires, notamment parce que Thriller avait commencé en parallèle. J'ai un peu tout fait en parallèle. Mais du coup, ça me rapportait du CA via Thriller sur la structure. Et du coup, j'ai pris une énorme mandale de TVA.

  • Speaker #0

    Entre 50 et 100 000, un truc comme ça.

  • Speaker #1

    Ouais, 80 000, même pas loin de 100 000, je crois, parce qu'il y avait des petits trucs en plus. Enfin bref, du coup, on s'est retrouvé où j'avais des huissiers, franchement, deux fois par semaine devant chez moi, deux fois par semaine devant chez mes parents. Donc autant dire que là, t'es quand même dans un niveau de stress qui est élevé. Ça a duré plusieurs mois avant que je puisse revendre la boîte, parce que les mecs ont quand même regardé et tout, machin. Et je l'ai revendu pour être à zéro. Donc en gros, j'ai absorbé cette dette. Mais je trouve que c'est important de parler des échecs, parce que j'en ai eu énormément, et à chaque fois, on ne parle que des trucs positifs. Mais là, encore une fois, quand je dis que j'essayais des trucs et que des fois, il faut être résilient, c'est un exemple, quand tu as des huissiers deux fois par semaine devant chez tes parents, il faut être résilient.

  • Speaker #0

    Non, c'est clair, je ne suis pas aligné avec toi. Ça m'empêche, j'ai croisé quelqu'un hier qui m'a demandé ce que j'ai fait avant. Et c'est vrai que j'avais encore un peu une... J'ai fait quatre boîtes, et on va dire qu'il y en a deux, entre guillemets, que j'ai loupées. Donc il y en a une qui a fini à la casse. Et la deuxième, je l'ai vendue, mais à zéro, comme toi. Et c'est vrai que j'avais encore un peu cet a priori, quand je lui ai répondu. Tu vois, t'es pas comme aux US, où limite, l'échec est valorisé. Et là, j'ai senti que, du coup, pour lui, j'avais eu un parcours qui n'était pas forcément riche.

  • Speaker #1

    En France, c'est dingue. Un vrai problème avec ça. C'est bizarre, il faudrait faire des sans-faute pour être stylé. Ça, c'est la France. Mais au contraire, moi, maintenant, je valorise beaucoup plus les gens qui ont raté un truc. Parce qu'en général, ils sont bien meilleurs derrière.

  • Speaker #0

    Bien sûr. Pour revenir sur ton parcours, cette boîte, tu la vends à la casse, mais tu apprends énormément. Là, tu vas rejoindre Thriller.

  • Speaker #1

    Thriller, oui.

  • Speaker #0

    Thriller, excuse-moi. En gros,

  • Speaker #1

    ça c'est marrant, c'est un ami qui est investisseur, avec qui on cherchait si on n'allait pas faire un projet ou deux. On discutait depuis quelques mois, et lui, il avait hébergé dans son appart, parce qu'il a un bel appart vers Troca, un Américain avec qui il était un peu devenu pote, qui était dans les apps mobiles et qui venait de vendre sa boîte, du coup, des dizaines de millions d'euros. Et en fait, ce mec-là était en train de lancer Thriller, donc un nouveau réseau social. un peu concurrent de TikTok, avec la volonté d'en faire vraiment un leader. En gros, ils disaient, le pitch de fond, c'était on ne va quand même pas laisser les Chinois faire un GAFA. Donc nous, les Américains, on a une carte à jouer, on essaye. Et tout de suite, ils voulaient lancer le marché européen, parce que c'était le terrain de jeu où ça allait se jouer. Lui, il savait que les États-Unis allaient assez vite, mais l'Europe, justement, Musical.ly, qui a été racheté par TikTok, qui a été ingéré, en tout cas ajouté par TikTok, tu vois, était là et battait son plein mais c'était pas non plus monstrueux et donc je cherchais un mec pour lancer l'Europe qui connaissait les communautés en ligne, qui connaissait les réseaux sociaux, qui connaissait les applis mobiles, qui connaissait les influenceurs donc moi j'avais tu vois on est passé vite mais j'avais fait toutes les soirées avec les youtubeurs, les machins, je connaissais un peu tout le monde parce que quand tu as 12 millions d'abonnés bah forcément tu vois ça te... tu te retrouves dans ce monde là et du coup ce mec m'a dit bah let's go tu lances l'Europe donc on a lancé ensemble l'Europe avec mon pote justement l'investisseur et puis Lui est devenu vice-président monde de la structure et moi, j'étais en charge de l'Europe. Et ça a été deux années complètement folles parce qu'on est passé de trois personnes à 400 en deux ans. Il y a eu 300 millions d'euros de levées. Ça a été de l'hyper scale comme jamais. Mais en fait, tout ça, pourquoi au final ? Parce que je faisais juste danser des gamins dégénérés sur une appli smartphone. Au bout de la journée, c'était ça qu'on faisait. Et on brassait de l'argent à mort pour ça. On faisait des millions de vues en ligne pour ça. On allait chercher les plus gros influenceurs. On mettait des trucs... des budgets dans des événements de dingue, sponsoriser le All-Star Game aux Etats-Unis, faire des trucs à Ibiza, des soirées, des machins. Mais pourquoi à la fin ? C'était vraiment un truc inutile. Ça a fini par me peser tellement que j'ai tout lâché. J'ai arrêté ces trucs, j'ai lâché mes stock options, j'ai lâché mon salaire, j'ai dit j'arrête.

  • Speaker #0

    Et donc là, tu pars dans une période, j'ai lu en préparant l'interview, de cheminement intellectuel pour trouver un modèle d'entreprise plus vertueux.

  • Speaker #1

    Ouais carrément, en fait à ce moment-là je m'étais quand même beaucoup intéressé au sujet du dérèglement climatique parce que je voyais dans le Jura et dans le Haut-Bugel les transformations qu'il y avait et franchement c'était pas joli à voir. Enfin tu vois la neige, il y avait un mètre de neige chez mes parents avant, ben là quand il neige c'est rare, c'est pas une hyperbole vraiment littéralement. La forêt qui se transformait parce que vraiment t'as plein d'invasifs qui sont en train de la dégommer et à cause des sécheresses c'est hyper compliqué. T'as même eu des feux de forêt dans le Jura récemment, enfin bref. Tout ça fait que je me suis dit putain mais qu'est-ce qui se passe ? Je connaissais pas très bien moi le sujet du climat quoi. Je connaissais bien la nature. J'aimais la nature, mais je n'étais pas un théoricien encore une fois, je n'étais pas du tout un expert. Et donc là, je suis rentré dans le sujet et je l'ai bourriné, parce que moi je suis comme ça, quand je rentre dans un sujet, j'ai vraiment besoin d'aller dans le fond du truc. Et donc j'ai bourriné le sujet, dérèglement climatique, limites planétaires. Et là je me suis dit, waouh, putain, c'est monstrueux. En fait, je n'ai pas du tout compris ce qui se passe. Et en même temps, ça m'a énormément excité, parce que je me suis dit, en fait, je n'ai pas besoin d'aller dans ce modèle de société-là, je n'ai pas besoin d'être cette typologie de personne qui est un gars dans la tech, qui veut faire toujours des apps et des machins. Il y a un sujet de société monstrueux qui est en train d'arriver. Et peut-être qu'en étant à nouveau le Arthur enfant qui aime la nature, qui s'intéresse à la nature, qui veut protéger la nature, je peux être un super entrepreneur aussi. Et peut-être même que je peux être un entrepreneur qui est valorisé dans le monde de demain, tu vois. Et ça, ça m'a excité parce que je me suis réconcilié avec le Arthur enfant. Je m'étais un peu éloigné de lui.

  • Speaker #0

    Tu as rapproché de ton enfance, que tu es vraiment, et ton entrepreneur qui te passionnait.

  • Speaker #1

    Exactement. Et je me suis dit, je ne veux plus passer une... une sombre foutue heure de ma vie à ne pas faire un truc utile pour la nature. Parce que c'est ça ma raison d'être. Et je me rappelle, je l'ai senti vraiment. Le jour où j'ai refusé mes stock options et je me suis barré, en fait, je me suis rendu compte que je ne voulais plus, jusqu'au bout de ma vie, faire un truc qui ne soit pas lié à la nature et à sa préservation et au fait qu'elle soit belle. Et là, j'ai senti l'alignement absolu. Ça m'a pris du temps. C'est pour ça que quand je parle d'alignement, je le dis comme si c'est facile, mais c'est dur de savoir ce qu'on aime, ce qu'on veut être et ce qui nous permet d'être alignés. Mais il y a un truc... qu'on sent au fond de nous quand même. Et là, j'ai senti que c'était ça, putain, tu vois. Et même là encore, j'ai la fougue, là, je le sens. Et je sais très bien que jusqu'au bout de ma vie, ce sera ça, quoi.

  • Speaker #0

    Et ce qui m'intéresse de savoir aussi, c'est, donc, tu quittes Thriller, donc t'es dans cette période de réflexion. Juste, cette période de réflexion, comment... Est-ce que t'es encore à Paris, ou tu retournes dans le Jura ? Est-ce que tu l'as fait à travers un voyage ? Moi, tu vois, par exemple, en 2016, j'ai eu cette période de réflexion, je suis parti en Asie. Ouais. Pendant 8 mois. Et j'étais avec mon sac à dos, donc j'écrivais, mais aussi je réfléchissais. Comment toi, ça s'est matérialisé ?

  • Speaker #1

    J'étais entre Lyon et Paris et là je me suis remis à passer énormément de temps chez mes parents, donc vraiment énormément de temps, j'allais tout le temps faire des randos, des balades, machin. Et puis je me suis beaucoup questionné sur l'entrepreneuriat en tant que tel. En fait je me disais c'est quand même génial parce que putain, tu vois, je pouvais toucher des millions de personnes limite en slip depuis ma chambre grâce à internet et faire changer des trucs à grande échelle. mais je me disais, le verre est un peu dans le fruit parce qu'à chaque fois les entreprises sont paramétrées d'une manière qui fait qu'on revient à il faut gagner plus d'argent à la fin et donc on retombe dans une espèce de roue du hamster où la mission initiale, le pourquoi de l'entreprise est contrebalancée par les dégâts que provoque le modèle dans lequel elle est. Ce modèle d'accumulation, de toujours plus, de générer de l'argent, en fait ça peut avoir une mission géniale, quand tu évolues dans ce cadre là, à la fin ce cadre finit par peser tellement que ta mission, elle réduit et que ce que tu apportes, ce que tu crées négativement, juste efface tout le positif que tu essayes de générer. C'était vraiment une réflexion que j'avais beaucoup et je me disais mais putain, c'est quand même hyper dommage, c'est un outil génial mais c'est juste le paramétrage de l'outil qui est inspiré et influencé par des décennies de néolibéralisme qui fait qu'on fait un truc contre-productif à la fin. Et donc c'est là que j'ai eu des réflexions en effet sur modèle d'affaires entrepreneur, mais entrepreneur autrement, ou en tout cas dans un cadre différent. Et là, je passais beaucoup de temps à Paris, notamment dans les bureaux d'un pote qui avait monté un truc qui s'appelle Germinal. À l'époque, voilà, Grégoire Gambato. Et donc, ça battait son plein. Et moi, j'étais tout le temps là-bas, fourré dans leur bureau parce que je me suis toujours dit il faut être là où ça se passe, tu vois. Il faut être là où est l'énergie pour que ça infuse, pour que tu aies des idées. Et c'est là que j'avais commencé à imaginer un premier modèle de truc qui s'appelait Optimiste. parce que je voulais aborder l'écologie de manière joyeuse, positive. Je me disais, mais comment veux-tu que les gens s'engagent là-dedans si on a l'impression qu'on va tous mourir et que c'est un truc de dépressif ? Tu vois, c'est impossible. Donc je me disais, il faut absolument que ça ait l'air bien, que ça ait l'air mieux. Et si déjà ça a l'air cool, je pense que les gens auront envie d'y venir. Donc je partais avec ce pitch un peu marketing. Et puis, c'est en commençant à travailler là-dessus que j'ai rencontré mes associés actuels. En fait, je connaissais déjà l'un de mes associés actuels, Mehdi. qui avait des bureaux au-dessus des miens à Lyon. Mais on avait parlé deux, trois fois, on ne s'était jamais rendu compte qu'on partageait un même cheminement de vie. En fait, mes associés ont tous monté des boîtes aussi et se sont tous retrouvés un peu à ce même constat de, bon, entreprendre, c'est vraiment stylé, mais si c'est pour être entrepreneur qui court derrière le fait d'être millionnaire à Dubaï pour pouvoir consommer toujours plus, en fait, on reste des victimes. C'est juste que l'échelle de la victimisation est mieux adaptée à nous. Et en fait, on a partagé un peu cette... cette conscience-là, on s'est dit, on n'a pas envie des entrepreneurs dans la roue du hamster qui, chaque année, achètent une roue plus grande. Nous, on a envie d'entreprendre en dehors de la roue du hamster. Et là, on a eu un petit coup de foudre entre nous en mode, vas-y, on fait un truc. Et donc, eux avaient déjà réfléchi à un modèle depuis 12 ans sur le sujet. Ils ne s'étaient jamais trop passé à l'action parce qu'ils avaient leur boîte en parallèle. D'autres se sont greffés sur le truc qui était des potes à l'un ou l'autre de l'équipe. Donc, c'est comme ça qu'on s'est retrouvés à six entrepreneurs à l'origine. Et moi, j'avais vraiment avec Optimis cette vision de... Il faut faire un... Un truc qui trouve des innovations qui ont un énorme potentiel d'impact. Et en même temps, il faut s'assurer qu'elles ont un modèle économique viable, grâce notamment à toutes les techniques qu'on avait apprises avant. Parce que pour le coup, dans les boîtes qu'on montait avant, on était aussi pas mal sur des trucs où on utilisait beaucoup le digital pour s'assurer qu'il y avait un modèle. Par exemple, on créait un produit fictivement sur Internet. Il n'existait pas dans la vraie vie, mais on faisait un site Internet qui vendait un produit qui n'existait pas. Et on faisait des pubs sur Facebook pour aller voir s'il y avait des vrais clients. Et quand on mettait un euro, on regardait si on arrivait à être viable ou pas. Et ça nous permettait de nous dire, OK, on le fait vraiment. Donc ça, c'est des trucs qu'on avait appris. Et moi, je voulais les remettre un peu dans la mécanique en disant, il faut qu'on assure que ces innovations, elles pourront avoir une viabilité économique. Et il faut en même temps qu'elles aient d'abord et avant tout de l'impact. Et il faut s'assurer que leur viabilité économique est bien au service de leur impact et pas l'inverse.

  • Speaker #0

    Et donc en avril 2020, là, tu es avec MediColi. Nicolas Sabatier, Laurent Morel C'est tout ?

  • Speaker #1

    Denis Gallaghercia

  • Speaker #0

    Denis Et Colline Et Colline Et donc Time for the Planet A l'époque Est créé Et donc les statuts sont déposés Aux grèves de Lyon Est-ce que tu peux nous dire Du coup nous définir Qu'est-ce que c'est que Maintenant ça s'appelle Time for the Planet Ouais carrément Au début c'était Time Mais on en reparlera peut-être Et donc c'est quoi Time for the Planet ?

  • Speaker #1

    Bah moi j'aime bien Enfin le En fait pour moi c'est une grande expérience De nouveau modèle d'affaires C'est peut-être même la plus grande expérience de nouveau modèle d'affaires qui n'a jamais été mise sur pied, puisque nous, on a décidé qu'on allait créer une boîte où le modèle d'affaires, donc le modèle actionnarial notamment, était vraiment pensé et paramétré de A à Z pour que tout soit toujours orienté sur l'impact. Donc, nos actionnaires n'attendent pas de retour sur investissement. Aujourd'hui, on a 121 000 actionnaires, financiers en tout cas. Ils attendent un retour sur investissement en tonnes de CO2 évitées qui s'appelle du dividende climat. C'est un truc qu'on a co-créé avec l'ADEME, l'ONU, une cinquantaine d'experts carbone internationaux. et qui matérialise de manière robuste, audité, certifié, le nombre de tonnes de CO2 évitées chaque année grâce à ton argent que tu as placé dans Team Forte Planète. Et ça, ça nous permet de faire des investissements que le monde économique traditionnel ne peut pas faire, parce que la plupart des innovations, et je vais expliquer comment on fonctionne juste après, mais qu'on finance, c'est des innovations qui ne sont pas financées par le monde économique traditionnel parce qu'elles ne permettent pas de faire des gros multiples à court terme pour gagner beaucoup d'argent ou des exits rapides. Non, c'est des innovations cruciales pour l'avenir de l'humanité. structurantes pour nos sociétés, qui sont là pour être un socle à tout le reste de l'économie. Mais comme l'économie s'est sassisée un petit peu et que maintenant on veut vendre très vite, faire des gros chiffres rapidement, en fait elles ne sont même pas dans les radars. Et donc nous on est parti un peu de ces constats-là en se disant il faut qu'on pense notre modèle d'affaires pour qu'on soit capable d'aller accompagner ces boîtes et qu'on leur donne les moyens d'exister et qu'on ne soit pas rattrapé par la patrouille du toujours plus financier. C'est pour ça qu'on a été un peu radicaux, on ne dit pas que toute l'économie doit ressembler à ce qu'on fait. mais on est convaincu qu'une petite partie de l'économie doit ressembler à ce qu'on fait pour que le reste puisse exister. Bon, ça, c'est ce qu'on est. Maintenant, qu'est-ce qu'on fait ? Eh bien, en fait, au départ de l'aventure, nous, en tant que simples citoyens, on essayait d'agir et on se rendait bien compte que quand t'es pas milliardaire ou président de la République, c'est quand même difficile d'avoir de l'impact. Donc, on se demandait comment on pouvait permettre à n'importe qui d'élargir son rayon d'action à l'échelle mondiale, pour le climat notamment. Et on a rencontré plein de scientifiques dans cette démarche, et notamment Jean Jouzel, qui est l'ex-vice-président du GIEC, qui nous a parrainés dès le départ, et qui nous a présenté plein d'autres scientifiques. et en fait, à chaque fois on nous a remonté le même constat aujourd'hui il y a un levier d'action très fort sur lequel vous pourriez aller avec ce modèle d'affaires là parce que vous êtes dans une composition qui vous permet d'avoir la liberté de le faire c'est, oui on sait il faut de la sobriété massivement mais pour aller vers un monde plus sobre il faut aussi des innovations qui nous permettront de transformer le monde dans lequel on est pas des innovations technosolutionnistes pour continuer dans le toujours plus et faire de l'astéroïde mining justement, des innovations qui nous permettent de repenser le monde dans lequel on est de faire autrement... Et ces innovations, elles ont besoin de passer à l'échelle aujourd'hui, mais elles n'y arrivent pas. Et ce qui est fou, c'est qu'elles sont déjà là. La plupart n'ont pas besoin d'être inventées, elles sont déjà là. Et le problème pour lequel elles n'arrivent pas à passer à l'échelle, c'est qu'elles sont portées par des scientifiques, des ingénieurs, des chercheurs. Et ces gens-là, ce n'est pas des entrepreneurs. Donc quand il s'agit justement de trouver le modèle économique viable, d'en faire une vraie entreprise qui peut recruter des clients, des salariés, etc., ça ne marche pas. Et nous, ça nous semblait fou parce qu'on connaissait des très bons entrepreneurs qui avaient monté des boîtes énormes dans des secteurs qui n'avaient rien à voir et qui, comme nous... se posaient la question de leur utilité et de mettre leur compétence entrepreneuriale au service de l'urgence climatique. Et donc on s'est dit, on va faire le Tinder du climat. On va aller chercher d'un côté ces innovations avec un énorme potentiel de décarbonation que le monde économique traditionnel néglige et ne finance pas parce qu'elles sont pas des machines à cash à court terme. Et on va aller chercher de l'autre côté des entrepreneurs chevronnés qui ont monté des très belles boîtes. On va les mettre ensemble. N'importe qui pourra participer à l'aventure en devenant associé actionnaire à partir d'un euro. Donc c'est pas... Un don, on n'est pas une asso, comme je te l'explique, c'est vraiment on travaille au niveau des modèles d'affaires, parce que pour moi, c'est là qu'on va changer le monde. Faire une asso, c'est génial, mais si tu te finances grâce au salaire des gens, parce que c'est ça finalement les dons, via des impôts ou via des dons directs qui viennent d'un modèle d'affaires d'une entreprise, malheureusement, tu ne travailles pas au niveau des causes, tu travailles un peu au niveau des conséquences. Donc nous, vraiment, on a choisi que ce soit des actionnaires, ils sont copropriétaires de l'aventure, ils peuvent investir à partir d'un euro, donc c'est très accessible, ça se fait en deux minutes, mais par contre... Avec cette grande tirelire collective, on finance ces projets-là. Et comme ils n'attendent pas de retour financier sur leur investissement, toutes les décisions qu'on prend, c'est toujours pour plus d'impact. Et en fait, ils ne nous font jamais chier pour plus d'argent. Ils nous font toujours chier pour optimiser l'impact, s'assurer qu'il y a plus d'impact. Et ce qui est assez fabuleux, c'est qu'on voit que les boîtes qu'on sort sont en train, en plus, de devenir des boîtes très rentables, donc qu'on peut avoir encore plus d'impact.

  • Speaker #0

    Ça me mène à plein de questions. Cette tirelire collective, comme tu dis déjà, aujourd'hui, vous avez levé combien d'argent, si ce n'est pas indiscret ?

  • Speaker #1

    On a levé pas loin de 34 millions d'euros ou 33, je ne sais plus à date exactement.

  • Speaker #0

    Ce qui est déjà une énorme somme. En combien d'années ?

  • Speaker #1

    En 4 ans, du coup.

  • Speaker #0

    34 millions d'euros. Et donc, moi, par exemple, si je veux qu'on monte à 34 millions et 1000 euros, que j'investis 1000 euros. Donc, tu m'as dit, je vais avoir à la fin de l'année un dividende climat. Qu'est-ce que c'est un dividende climat ? C'est un bout de papier que je vais recevoir par la poste ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est un peu plus solide que ça. Comme je te disais, vraiment, maintenant, c'est devenu... Nous, on était à l'initiative du truc, on l'a co-créé avec plein d'experts, mais c'était pour que ça ait une application dans le monde réel au-delà de nous. Et nous, on était là pour prouver que c'était possible et que des actionnaires pouvaient attendre autre chose qu'un retour financier et qu'ils pouvaient avoir un retour financier et d'autres types de retours, mais que les actionnaires sont ceux qui font le projet de société aujourd'hui. Parce que les boîtes, c'est ce qui fait le monde. On va tous travailler le matin, on se lève tous pour aller travailler pour des boîtes qui nous payent en échange de notre temps. Et cette somme de temps faramineuse... fait le monde dans lequel on est et le change et l'emmène vers un projet de société de merde ou un bon projet de société. Et donc le problème c'est que les boîtes aujourd'hui qui sont pilotées avec une mécanique qui ne voit qu'avec un seul oeil qui est celui de l'argent emmènent en permanence vers faire plus d'argent dans les boîtes, donc extraire plus de ressources, etc. Et donc nous on avait en tête qu'il fallait d'autres indicateurs pour que justement l'actionnaire dise Attendez, oui ça fait de l'argent mais par contre là on bousille tout, là on est en train de bousiller le climat, on est en train de bousiller la biodiversité, on est en train de bousiller l'eau. Donc... C'est pas rentable, notre argent n'est pas rentable. Il est rentable sur le plan financier, mais il est carrément en perte sur tous les autres indicateurs. Et c'est pour ça qu'on a poussé le dividende climat, et c'est devenu une asso indépendante, maintenant présidée par Brune Poirson, et maintenant t'as des très gros qui distribuent du dividende climat, c'est chouette, ça fait son chemin. T'as Decathlon, Backmarket, Demeter dans la finance, ils distribuent vraiment des millions de dividendes climat, donc de tonnes de CO2 évitées. Et pour te répondre, c'est donc un certificat qui rentre dans le bilan extra-financier des entreprises. Il est valide dans le référentiel européen pour la comptabilité carbone. Et il permet de dire, c'est robuste, c'est clair et c'est certifié. Avec ses 1 000 euros, Nicolas a permis d'éviter X tonnes de CO2 cette année. Et ce qui est cool, c'est que toi, tu as placé tes 1 000 euros, parce que dans Team Forte Paix, tu as une liquidité à 10 ans. En gros, tu peux ressortir ton argent 10 ans après à 1 euro pour 1 euro. Donc, tu places de l'argent, mais il ne travaille pas pour ton patrimoine financier, il travaille pour ton patrimoine climat, en fait. Et donc, ça te permet tous les ans de toucher ton dividende climat parce que tes 1 000 euros, ils continuent à travailler pour toi. Mais juste, ils ne travaillent pas pour t'enrichir financièrement. Tu peux avoir placé, par exemple, 1 de ton patrimoine en disant celui-là, je ne le mets pas pour m'enrichir financièrement. Ils travaillent pour faire en sorte que j'ai un max de tonnes de CO2 non émises grâce à ma thune.

  • Speaker #0

    C'est hyper intéressant parce que je crois en plus que la France, on est un des pays où il y a le plus d'épargne en Europe ou dans le monde. Et finalement, les taux, bon, alors, ils sont en train de remonter, mais ils sont relativement bas. dans ceux qui nous écoutent je pense qu'il y en a plein qui ont peut-être 1000, 10000, 100000 ou un million qui dorment si on les plaçait chez toi finalement on aurait peut-être enfin on perdrait peut-être un peu d'intérêt mais c'est quelques euros, quelques dizaines d'euros ou centaines d'euros, en tout cas ça changerait pas notre vie et par contre du coup ça pourrait changer l'impact carbone,

  • Speaker #1

    la planète Oui et puis si on prend un peu de recul on perdrait pas d'argent, ça c'est une vraie question qu'il faut se poser maintenant parce qu'on peut plus raisonner sur les pas de temps court-termistes en fait on gagne de l'argent à court terme mais comme on n'accélère une mécanique sociétale entrepreneuriale qui est extra-productiviste et donc qui est dans l'extractivisme aussi des ressources, chaque fois que tu fais du rendement sur un placement financier, il faut te poser la question de comment ce rendement a été fait. Ce rendement, il ne tombe pas du ciel. Il vient du fait qu'on extrait toujours plus de matière dans la nature pour produire toujours plus de produits et vendre plus de volumes de produits. Et donc ton rendement, quand tu as pris tes 5% de rendement, en fait il est directement corrélé au fait que tu as un... contribuer à creuser un peu plus, à raser un peu plus de forêt, tu vois, et c'est pas... Il faut quand même qu'on ait conscience de ça, les humains. Et donc, ça veut dire que tu gagnes un peu d'argent à court terme, mais la valeur écosystémique de tout ça, ça a été calculé maintenant, et notamment par le GIEC, en fait, les dommages que ça va générer sur notre monde, sur nos vies, sur nos maisons, sur nos emplois, parce que le coût de l'électricité va monter, le coût de l'énergie globalement va monter, le coût des ressources, de l'alimentation, des matériaux, tout ça... en fait, finalement, va nous coûter plus cher. Et donc, le peu d'argent que tu vas peut-être gagner à court terme, en fait, potentiellement, tu vas payer beaucoup plus cher après pour essayer de compenser les dégâts qu'on crée dans notre monde. Et ça, c'est ce que le GIEC récapitule très simplement en disant que le coût de l'inaction climatique est infiniment supérieur au coût de l'action. Donc, qu'est-ce qui vaut mieux pas ? Être à taux zéro, mais ne pas avoir à payer très cher demain, plutôt que d'être à prendre 5% aujourd'hui, mais demain, avoir contribué à flinguer un peu plus la planète et devoir payer très cher. Parce que qui va payer ? C'est pas les gouvernements, à la fin c'est nous qui allons payer, quand ça va être la merde, quand ça va vraiment coûter cher. Rien qu'à voir, les compagnies d'assurance, elles se désintéressent, elles abandonnent des villes. Les villes côtières en France, il y a plein de compagnies d'assurance qui ont dit on arrête de vous assurer.

  • Speaker #0

    Parce qu'elles savent que dans 10 ans, 20 ans...

  • Speaker #1

    Mais parce que ça a déjà commencé. Et en fait, elles disent on ne pourra pas les assurer. Donc elles les lâchent. Et donc notre système de protection ne va pas être derrière nous. Et qu'est-ce qui se passe ? Les habitants, ils se mettent en commun, ils refont une assurance entre eux dans leur ville. Et ça leur coûte plus cher, évidemment. Parce qu'ils sont sur un territoire qui est hyper exposé.

  • Speaker #0

    Ce qui est fou, si je réfléchis à voix haute, des personnes... qui n'ont pas forcément cette conscience de la planète. On imagine quelqu'un qui a des millions, des dizaines de millions, des centaines de millions. Avec ce que tu dis, comment dire, s'il n'y a plus de planète, il n'y a plus d'entreprise, il n'y a plus de dividende. Donc même s'il ne partage pas complètement ce que tu dis, il aurait intérêt à mettre une partie de son argent pour décarboner. Étant donné que dans peut-être 50, 50 ans, 50, 100 ans, il ne pourra plus faire son activité si la planète n'est plus au rendez-vous.

  • Speaker #1

    Alors la planète, on dit souvent qu'il faut sauver la planète, mais elle s'en fout, elle va rester là 5 milliards d'années, tout va bien, elle n'en a rien à foutre, c'est plutôt nous les humains, il y a beaucoup de papiers qui commencent à sortir, il y en a un assez édifiant en 2022 aux Etats-Unis qui est sorti, qui questionne la capacité de l'humain à vraiment rester là pendant plusieurs centaines, milliers d'années. Et en fait, ce qui est quand même important de se dire, c'est que justement, tu as raison, tu mets le doigt sur un truc qui est très vrai, le socle de l'économie mondiale... C'est les services écosystémiques, c'est la nature, c'est le fait que le monde dans lequel on vit soit en bonne forme. Si demain, ce monde-là couine, on ne pourra plus générer des profits importants, on ne pourra plus... Et c'est ce qu'on se disait il y a deux minutes. En fait, les coûts, ça va être directement répercuté sur les entreprises. Tu vois, tout de suite, on le voit quand l'énergie augmente, les entreprises sont en faillite, il y en a plein qui ferment. Plus on laisse partir à la dérive le système terre, plus les coûts vont être... intenable pour les boîtes. Et donc, elles vont perdre de l'argent. Non seulement elles ne vont pas avoir de dividendes, mais elles vont perdre de l'argent. Donc là, ce qui se joue, c'est soit on continue de se gaver encore quelques années à court terme, parce qu'on a réussi à créer une méga machine ultra extractiviste qui permet de générer en face des gros bénéfices en argent. Mais par contre, après, on va prendre une gifle monumentale et on va perdre notre argent. Donc, on aurait gagné de l'argent qu'on va reperdre derrière. Soit, on réfléchit autrement et on se dit, est-ce qu'il vaut mieux moins gagner d'argent maintenant ? mais pour en gagner longtemps. Et ce qui se joue aujourd'hui, et c'est ce que disent beaucoup de gens experts, naturologues et autres, c'est le combat entre performance et robustesse. Et aujourd'hui, on le voit déjà dans l'entreprise. Il y a quelques années de ça, beaucoup d'entreprises se sentaient robustes. Aujourd'hui, beaucoup sont en mode Hum, en fait, je suis plus irrésiliente, c'est compliqué là Et c'est ça le jeu dans lequel on est maintenant. C'est ça le jeu de ce siècle. C'est plus du tout le jeu de la performance, c'est le jeu de la robustesse. Les futurs GAFA de demain, c'est ceux qui tiennent longtemps. C'est ceux qui prennent les vagues dans la gueule et qui restent. Parce qu'on va être dans un monde instable, maintenant. Instable sur le climat, mais pas que, sur justement les matériaux, l'énergie et plein d'autres choses. Et même, tu vois, les humains, parce qu'il y aura peut-être plus de guerres, de machins, à cause du sujet du climat. Donc c'est fini, le monde stable dans lequel on était, tous les climatologues te disent, c'est fini. On est sortis de 11 000 années de climat stable, et là on a déréglé le climat, c'est parti, on peut limiter la dérive climatique, pour éviter que ce soit vraiment horrible et hardcore, mais on est sortis du climat stable. Et donc maintenant, Il y a des vagues. Donc celui qui est juste en performance maximale, mais qui a un beau bateau tout en carbone, qui est 0% robuste, il va s'éclater dans les vagues. Celui qui a un bateau robuste, qui va peut-être moins vite, qui est moins performant, mais qui va durer longtemps, pour moi, c'est lui le futur GAFA. Et mieux vaut avoir un petit peu de dividendes tous les ans pendant 100 ans, qu'avoir énormément de dividendes pendant un an, puis plus rien ensuite. Enfin, chacun sa vision, mais moi c'est la mienne.

  • Speaker #0

    Tu parles des futurs GAFA, si on peut donner un exemple d'entreprise dans laquelle vous investissez, je crois qu'il y a Coolroof que tu aimes bien souvent expliquer, est-ce que tu peux nous en parler un petit peu ?

  • Speaker #1

    Oui, très rapidement, Coolroof peigne des toits en blanc avec une peinture à base de coquilles d'huître, entre autres, il y a plein d'autres choses dedans, mais c'est un peu leur ingrédient secret. Et cette peinture renvoie 95% du rayonnement solaire, ce qui permet de faire baisser de 7 degrés la température dans les bâtiments pendant l'été, et ça n'a pas d'impact pendant l'hiver, parce que s'il faut augmenter le chauffage, c'est un peu con. Et donc, ça fait baisser de 40% l'usage de la clim instantanément dans les bâtiments. C'est la moyenne qu'on a aujourd'hui. Coolroof, c'est déjà 1 million de mètres carrés de toit peint, c'est plus de 10 millions de chiffres d'affaires. Donc, ça y est, c'est une vraie boîte. Et ce qu'on ne sait pas forcément, c'est que la clim, ça pollue et ça réchauffe autant le climat que tous les avions du monde. La clim toute seule, c'est 10% de la consommation électrique mondiale. Ça utilise des gaz fluorés qui sont 3000 fois plus réchauffants que le CO2. Donc, c'est une catastrophe pour le climat. Et là, grâce à Coolroof, tout de suite, tu fais baisser la clim. Et ce qui est génial, c'est que tu n'as pas besoin d'expliquer aux gens Alors si si je vous jure il y a un problème avec le climat parce qu'il y a encore plein de gens qui n'y croient pas Si si je vous assure la clim ça pollue vraiment je vais vous expliquer pourquoi Non là tu peins le toit et puis juste les gens hop ils ont un confort qui est meilleur ils baissent la clim naturellement

  • Speaker #0

    Donc ça fait baisser la clim et en plus c'est rentable

  • Speaker #1

    C'est rentable économiquement très vite, parce qu'en effet, tu as raison, avec le coût de l'électricité qui a augmenté, on a fait des tests sur des McDo, bon, c'est pas forcément les meilleurs trucs, mais c'est pas grave, au moins on avait un test viable. En fait, au bout de deux ans, ils sont rentables économiquement. Donc, ce que leur a coûté le fait de mettre du cool roofing sur leur toit, en fait, ils gagnent de l'argent après, parce que ça leur coûte moins en électricité, puisque la clim consomme énormément d'électricité, on vient de le dire. Ok,

  • Speaker #0

    écoute, génial. Dernière question sur Team for the Planet. J'ai lu que vos rémunérations en tant que dirigeant, Alors aujourd'hui, vous êtes quatre dirigeants ?

  • Speaker #1

    Maintenant, on est quatre dirigeants, oui.

  • Speaker #0

    Vous avez du coup une rémunération qui est limitée statutairement à quatre fois le montant du SMIC.

  • Speaker #1

    Exactement, par personne.

  • Speaker #0

    C'était important pour vous ?

  • Speaker #1

    C'était très important pour nous parce que pareil, quand tu discutes avec tous les scientifiques, ils te disent le problème majeur de l'humain et notamment les neuroscientifiques qui s'intéressent vraiment au fonctionnement du cerveau et notamment du striatum qui a fait un peu parler de lui avec certains auteurs comme Sébastien Boller, le bug humain et autres, c'est qu'on est incapable de s'auto-limiter. Et en fait, c'est ça notre plus gros problème, c'est qu'on a vécu dans une société où il y avait beaucoup de rareté, c'était dur de trouver à manger, c'était dur de s'en sortir juste, et tout à coup, nous, on a hacké le jeu et on a réussi à créer une société de pléthore, où il y a tellement pléthore qu'il y a plus de gens qui meurent d'obésité que de faim dans le monde aujourd'hui. Le problème, c'est qu'on ne sait plus se limiter dans une société comme ça, parce qu'on n'aurait jamais dû arriver dans un monde comme celui-là. Et donc, on est dans l'hyperconsommation en permanence et on ne sait pas s'arrêter. Et quand tu gagnes un milliard, tu veux gagner deux milliards. Et quand tu gagnes deux milliards, tu te compares avec le mec qui a quatre milliards. C'est véridique, j'ai déjà parlé avec des milliardaires qui me disent ça. Moi, je suis un petit milliardaire. Attendez, vous avez vu le machin ? Mais t'es milliardaire, mec. Il faut peut-être à un moment atterrir quand même.

  • Speaker #0

    Il n'y a pas à manger quatre steaks hachés, acheter neuf piscines.

  • Speaker #1

    Exactement. Mais en fait, l'humain ne sait pas s'auto-limiter. Donc nous, dès le départ, on a voulu mettre ces bases-là, d'éteindre notre propre case cupidité. Parce qu'on a tous cette case cupidité. Et aujourd'hui, on ressemble un peu à des écureuils qui font une montagne de glands alors qu'ils sont entourés par les flammes. Donc nous, dès le départ, on s'est dit, on va s'arrêter et on va tout de suite réfléchir autrement. Donc on a capé nos salaires pour que ça crée aussi la confiance du modèle Team for the Planet. Parce qu'aujourd'hui, on se repose beaucoup sur le mouvement et ces milliers d'actionnaires qui nous aident à trouver des innovations partout dans le monde, les sélectionner, trouver des clients une fois qu'on a monté les boîtes. Et ça, on ne peut pas le faire s'il n'y a pas la confiance. Si nous, on était là en haut de la pyramide à pouvoir devenir des énormes millionnaires, crois-moi que personne ne nous aiderait. Enfin, je veux dire, les gens ne s'impliqueraient pas. Là, c'est clair, c'est carré, nos comptes sont publics. on ne pourra jamais s'enrichir, on ne gagnera jamais d'argent avec cette aventure. Mais je veux dire, 4 fois le SMIC, c'est énorme.

  • Speaker #0

    Ça te suffit l'argent pour vivre ?

  • Speaker #1

    Moi je vis parfaitement. En plus j'ai vendu une boîte avant, donc à un moment...

  • Speaker #0

    Et donc tu as raison, pour créer un mouvement, il faut une confiance. Et donc pour aller au bout de la question, vous les 4 dirigeants, vous avez maximum 4 fois le SMIC, et donc vous n'avez aucune autre, et en vrai moi je trouverais ça aussi légitime, aucun autre bénéfice monétaire, par exemple des dividendes à la fin de l'année, non. ou du coup vous êtes actionnaire. Donc si un jour Tim est vendu...

  • Speaker #1

    On n'est pas actionnaire. On n'avait pas le droit de l'être dans le fonctionnement qu'on a. On est une société en commandite par action et donc notre commissaire au compte nous avait dit non, non, dans la mécanique, parce que vous êtes les associés commandités, c'est un peu technique, mais en gros on n'est pas actionnaire du commanditaire, donc du véhicule en dessous. Et ça, de toute façon, même si on était actionnaire, ça ne changerait rien puisque les actionnaires ne gagnent pas d'argent. Vraiment, tu peux creuser, il y a plein de mecs qui se sont cassés les dents au début parce qu'ils étaient sûrs qu'on avait mis une mécanique pour être riche. Et le nombre de types, je peux te dire, quand on a 500 000 personnes qui nous suivent sur les réseaux et plus de 120 000 qui sont actionnaires, tu en as, je pense, 1000 qui ont vraiment tout cherché. Ils ont appelé l'AMF, et tant mieux, au moins, ça permet d'être... Après, en même temps, les mecs viennent en Assemblée Générale puisqu'ils sont actionnaires. Là encore, ce n'est pas un don où tu donnes ta thune et puis advienne que pourra. Non, tu es actionnaire, donc tu as accès au plus haut niveau d'information et de décision d'une entreprise, qui est l'Assemblée Générale. Nous, en Assemblée Générale... Quand nos actionnaires nous posent des questions, on est obligé de répondre. Même si ça dure huit heures, on doit répondre à toutes les questions. Sinon, ils peuvent nous foutre en prison. Donc, autant dire que la transparence, c'est génial parce que tu ne peux pas ne pas être transparent.

  • Speaker #0

    Écoute, merci beaucoup pour toute ta transparence, justement, sur Tim. Pour terminer l'interview, on va passer sur quelques questions un peu plus perso. Il se trouve que tu as cette conscience de toi-même, etc. Et en même temps, tu as fait un burn-out, tu en as parlé. et ça arrive à beaucoup de gens et est-ce que tu peux justement nous en parler un petit peu comment ça t'est arrivé moi j'ai lu que ça t'est un peu tombé sur la gueule on va dire un jour bien tombé sur la gueule c'est le mot ouais

  • Speaker #1

    bah en fait c'est pas parce que t'es aligné que tu peux pas prendre un peu de tarif quoi moi j'étais tellement aligné, tellement passionné que tu fais mille millions de trucs toute la journée, tout le temps tu penses à ça.

  • Speaker #0

    T'es dans ton tunnel.

  • Speaker #1

    Ouais, t'es dans ton truc. Et puis du coup, je faisais plusieurs conférences par jour dans différentes villes, j'enchaînais non-stop, j'arrêtais jamais en fait. Et du coup, il y a eu un jour où juste j'ai eu un contexte familial qui a été compliqué. Mon père a fait un AVC à cette période, je m'étais séparé de ma copine. Enfin, tu vois, en fait, t'as pas de marge de manœuvre quand tu travailles comme ça. Quand tu travailles comme un bourrin, le jour où il y a des problèmes de ton côté, d'autres problèmes, c'est là que tu tiens pas. Et en fait, voir mon père à l'hôpital branché... de partout avec des tuyaux. Ça m'a juste... Je pense que j'ai craqué. C'est trop. Je me suis retrouvé... Je me rappelle très bien. Je suis rentré de cette deuxième conférence. Tout le monde me tenait un peu la jambe pour me parler. Et en fait, j'ai entendu croc-croc dans ma tête, vraiment. Et je me suis effondré. Je suis resté 48 heures dans mon lit. Je ne pouvais pas me relever. Il fallait que quelqu'un me relève le coussin. Tu vois, m'amène de l'eau. Et donc, voilà.

  • Speaker #0

    On n'a rien après.

  • Speaker #1

    J'ai eu un avant et un après parce qu'après je me suis dit je veux toujours lécher de la marge de manœuvre justement, c'est ça que j'avais pas appris à faire et c'est ça que j'ai appris à faire maintenant en fait je me rendais pas compte que, en fait tu t'en rends pas compte qu'il te reste pas de la marge de manœuvre qu'on est limité,

  • Speaker #0

    que l'homme aussi est limité et qu'il faut un équilibre,

  • Speaker #1

    en fait les deux heures de plus que tu vas passer à tirer sur la corde le soir pour essayer de faire un peu plus si tu les passes dans prendre soin de toi te sentir mieux avec toi-même bah en fait tu rayonnes tellement, t'es tellement plus puissant que... c'est bien plus efficace que ces pauvres deux heures de travail épuisées. Et c'est ça que j'ai appris, je pense.

  • Speaker #0

    Ok, hyper intéressant. C'est quoi le bonheur pour toi aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Je suis revenu à la définition initiale que j'avais du bonheur. En fait, j'ai été accaparé par une définition très commerciale du bonheur dans la startup nation où il faut être millionnaire, il faut avoir plein d'abonnés, il faut fréquenter des gens stylés, il faut avoir une boîte dans la hype, dans les apps mobiles, waouh, c'est dingo, machin. Ça, c'est pas le bonheur, en fait. C'est de la merde. C'est intéressant, tu vois, c'est une expérience sympa, mais en fait, c'est pas ça profondément, le bonheur. C'est stimulant, c'est fun, ça te donne de l'énergie, mais ce n'est pas le bonheur. Il ne faut pas confondre. Le bonheur, pour moi, il est extrêmement simple. C'est passer du temps avec des gens avec qui tu te sens bien, le plus possible. C'est ne pas regarder sa montre, arriver à être dans le temps présent, voire ne pas avoir de montre, si on peut, comme ça, il y a de la sobriété en bonus. Et pour moi, ça ne tient qu'à moi, mais c'est aller me perdre dans la nature, marcher, m'émerveiller. Je crois que le mot émerveillement, c'est la clé du bonheur. En fait, pour moi, le bonheur est tout le temps là. Il est tout le temps présent de la même manière. On peut juste l'attraper à n'importe quel moment. Le truc, c'est qu'on désapprend comment attraper le bonheur en devenant justement cet adulte sérieux, agent économique qui est là pour consommer, pour produire. Ça, c'est tout sauf un truc qui nous aide à nous rappeler comment on attrape le bonheur. Et quand t'es enfant, justement, t'attrapes le bonheur facilement. Tu creuses une mare, tu regardes les libellules, t'es heureux, putain. C'est facile. Et ça, on le désapprend. Parce que justement, on rentre dans des schémas qui sont des schémas autour des mécaniques d'argent. Et je ne suis pas en train de dire que l'argent, ce n'est pas bien. Encore une fois, ça vient de la monnaie fiduciaire, ça veut dire la confiance. C'est un super outil, on en a besoin. Mais là où on se perd, c'est quand ça devient commercial et qu'on a l'impression qu'il faut accumuler et posséder pour être heureux. Il faut un minimum. C'est la théorie du donut, de la brave Kate je ne sais plus quoi, qui dit que tu as des planchers sociaux. Mais il faut rester dans l'interstice. Il ne faut pas dépasser ce qui est au-dessus. devient contre-productif. Et donc pour moi, le bonheur, il faut juste être capable de s'émerveiller pour l'attraper. Et je te parle de trucs très simples, d'une belle action, de quelqu'un qui aide quelqu'un dans la rue ou qui lui laisse sa place dans le métro, ça c'est un peu de bonheur. Ça c'est une passerelle, vas-y mec, prends-le. Et puis quand il y a le bruit du vent dans les feuilles d'un arbre, quand le soleil chauffe ta peau en été, quand juste tu te soucies de rien, tu marches sur une plage, tu sens l'air sur tes mains, c'est ça le bonheur en fait. En fait ça c'est des... C'est des raccourcis pour attraper le bonheur. C'est juste à toi de l'attraper. Si tu ne l'attrapes pas, c'est ta responsabilité. Mais ne croyons pas qu'on peut l'attraper en achetant des iPhones.

  • Speaker #0

    Une blague de merde ou rigoler.

  • Speaker #1

    Exactement. Par exemple, se marier au début d'un podcast pendant 50 minutes parce qu'on n'arrive pas à démarrer le podcast. Petite private joke pour les auditeurs et auditeuses.

  • Speaker #0

    Pour les gens qui nous écoutent, on a mis à peu près 15-20 minutes à commencer parce qu'on a déjeuné ensemble avec Arthur avant. On a parlé de plein de choses, mais je pense qu'on avait beaucoup rigolé et on a continué dans cette dynamique.

  • Speaker #1

    Mais c'est bon de rire, on en a tellement besoin, ça vaut plus cher que tout ça.

  • Speaker #0

    Et on n'arrive plus à s'arrêter. On n'arrive plus à s'arrêter,

  • Speaker #1

    c'était bien, franchement, ça c'était du bonheur. C'est clair.

  • Speaker #0

    Pour continuer, justement, il y a quelque chose qui m'intrigue chez toi, c'est que tu es quelqu'un d'engagé, tu as quand même une belle expérience. Aujourd'hui, malheureusement, il y a un vrai problème au niveau planète, climatique. est-ce que t'as déjà songé à la politique ?

  • Speaker #1

    Mon père et mère C'est extrêmement chelou. Mais d'un petit village, le fameux village où j'ai grandi, donc 200 habitants. Ce qui n'est pas du tout un truc, je pense, c'est une expérience politique parmi d'autres. Mais ça pourrait être intéressant, mais en fait, dans ce monde-là, j'aimerais pas du tout faire de la politique à grande échelle parce qu'on haine aux politiques en France. Vraiment, on a une culture de la politique, je trouve ça pas intéressant. évidemment qu'on n'aura que des politiques véreux qu'on n'aura que des politiciens qui sont ceux qui ont réussi à tenir la haine globale qu'on a envers les politiques je trouve que c'est assez dingue mais dès que quelqu'un met l'étiquette politique il a beau être aimé avant tout à coup tout le monde le hait et en fait tout de suite on associe un mec qui fait de la politique à un mec en quête de pouvoir un mec qui pense qu'à ses intérêts qui est égoïste et il faut peut-être aussi qu'on s'interroge sur nous en France en tout cas c'est pas normal enfin Il faut aussi qu'on se dise qu'il y a des gens qui vont en politique parce qu'ils ont envie de contribuer au bien commun. Des gens qui pourraient gagner plein d'argent ailleurs et qui se disent, non, je vais aller faire... Certes, t'es bien payé quand tu fais de la politique à haut niveau, mais on parle de gens qui pourraient gagner des centaines de millions et qui choisissent d'aller gagner 15 000 balles par mois. C'est énorme, j'ai pas de sujet, mais simplement pour se rendre compte... Enfin, à part tant qu'on sera dans cette mécanique-là et tant qu'on verra nos politiques de cette façon, mais qui, honnêtement, peut avoir envie d'aller faire de la politique à part, justement... des types qui vont faire passer leurs intérêts avant et qui s'en foutent d'être détestés. Tu vois, moi, je serais incapable de porter la responsabilité d'être haï par autant de gens. Tout ce que tu fais, tu te fais défoncer, quoi. Je veux dire, il faut aussi qu'on puisse accepter qu'on élit des gens et après, il faut les laisser essayer de faire le projet pour lequel ils ont été élus. S'ils ne font pas leur projet, oui, il faut les défoncer. Mais par contre, je veux dire, juste parce que quelqu'un est un politicien, je trouve que c'est assez triste le regard qu'on a sur la politique aujourd'hui en France.

  • Speaker #0

    Et est-ce que tu penses, alors moi je suis assez d'accord avec toi, que malheureusement on met un peu tout le monde dans le même panier, on a tendance à détester les politiques alors que pour en croiser certains, il y en a qui font ça avec cœur et conviction.

  • Speaker #1

    Oui, puis c'est facile, ça fait un bouc émissaire, oui, quand nos politiques feront des trucs, le monde ira mieux. Mais les gars,

  • Speaker #0

    ces gens-là,

  • Speaker #1

    c'est des humains, il faut qu'on le fasse ensemble, il faut qu'on leur montre qu'il y a d'autres voies possibles pour qu'ils puissent s'appuyer dessus aussi. Pourquoi on est toujours en colère ? Je suis désolé, je te coupe, mais contre nos politiques, c'est parce qu'on croit que c'est eux qui vont trouver et mettre en place les solutions. Mais c'est faux, ce n'est pas comme ça que marche le monde politique. Le monde politique cherche des relais dans la société civile, des appuis, des expériences qui ont été menées. Et tu vois, tous les mecs qui arrivent au bout de la réflexion, et c'est trop intéressant, même Jean Covici en parlait l'autre jour, ils te disent en fait, la meilleure manière de faire de la politique, c'est de faire des expériences différentes dans le monde réel. Et c'est pour ça qu'on fait Team Forte Planète aussi, pour que les politiques puissent dire, regardez, d'autres choses existent.

  • Speaker #0

    Et se font porter à leur connaissance.

  • Speaker #1

    Et pouvoir en faire quelque chose ensuite. Mais ce n'est pas aux politiques de trouver nos solutions. Ils ne peuvent pas. En fait, le modèle de société dans lequel on évolue est... tellement complexe, il y a tellement d'injonctions contradictoires, il y a tellement de complexité, et c'est franchement, on leur demande d'être des surhommes. Moi, j'ai côtoyé beaucoup de, enfin, beaucoup, quelques ministres. C'est pas possible, en fait. Ils ne peuvent pas, en plus, être créés, inventer les choses. Donc, il faut qu'on arrête de mettre toute la responsabilité aussi sur ces gens. Il faut qu'on se dise, c'est du collectif, c'est une part de société civile, via les entreprises, via ce qu'on fait en tant que citoyen. Et ensuite, il faut pousser ça aux politiques. Et bien sûr que tous les politiques ne sont pas... des enfants de chœur et des héros, mais je pense qu'une des grandes raisons pour laquelle nos politiques sont rarement des gens dont on est satisfait, c'est justement qu'on crée un cadre de société qui ne pousse que les plus menteurs, que les plus perfides à aller au bout du truc, quoi.

  • Speaker #0

    Ok, et donc en 2025, si Emmanuel Macron t'appelle et cherche un nouveau ministre de l'écologie ?

  • Speaker #1

    On n'a pas la force, et en plus le cadre dans lequel ça fonctionne aujourd'hui, c'est... je pense que ça ne me permettrait pas de faire ce que je veux faire. Malgré tes convictions. De quoi ?

  • Speaker #0

    Malgré tes convictions.

  • Speaker #1

    Malgré mes convictions, je pense que je suis plus utile à faire des expériences comme celles qu'on est en train de faire aujourd'hui, à dire, regardez, d'autres modèles d'affaires sont possibles. Regardez, l'entreprise, ça peut être autre chose. Regardez, Margaret Thatcher avait tort quand elle disait There is no alternative Tu vois, je pense que ça, c'est un truc d'ailleurs, tu vois, on rencontre plusieurs fois Christophe Béchus en ce moment. Tu vois, il va pouvoir s'appuyer là-dessus et justement prouver qu'il y a d'autres choses. Mais en fait, vraiment. La plupart des gens qui ont réfléchi à la question, ils te disent que la meilleure façon de faire avancer le monde en politique, ce n'est pas d'aller en politique, c'est de donner aux politiques des expériences de pensée différentes ou des expériences de terrain qui prouvent que d'autres choses sont possibles.

  • Speaker #0

    Écoute, c'est super intéressant. On est sur la fin de ce podcast. J'ai des questions un peu plus légères, on va dire, à te poser.

  • Speaker #1

    On va pouvoir se marrer ou pas ?

  • Speaker #0

    On va pouvoir avoir le droit de rigoler. Alors, une question que j'aime bien poser. Qu'est-ce que tu as fait de plus audacieux dans ta vie ? Pas forcément dans ta vie pro.

  • Speaker #1

    Oui, oui. Alors, j'essaie de réfléchir large. Bon, j'ai fait plusieurs trucs que j'ai trouvé audacieux, en tout cas très sympa. J'ai fait l'ascension du Mont Blanc, j'ai été plongé avec des requins, avec Camille Etienne, pour apprendre que les requins ne sont pas des super monstres sanguinaires qui ne pensent qu'à nous bouffer. J'étais pas bien, franchement c'était flippant, vraiment. C'était genre à 40 minutes de bateau des côtes espagnoles, où il y a 800 mètres de fond et où tu vois le soleil disparaître comme ça et ça devient tout noir. Et les requins ils nagent à 70 km heure. Et ils passent comme ça et on te dit saute ! Je te dirais que c'est audacieux, le moment où tu sautes. Franchement, tu as une part de toi qui te dit je me suicide Mais peut-être que j'aimerais revenir à des trucs...

  • Speaker #0

    moins spectaculaires et qui sont finalement très audacieux. Ça peut paraître anecdotique, mais en vrai, pour moi, c'est le truc le plus audacieux que j'ai fait, en tout cas, ces dernières années. C'est partir vivre seul à la montagne, tout seul, en ne connaissant personne dans un endroit parce que je me disais, j'ai besoin d'habiter dans ces endroits. C'est des endroits magnifiques, c'est là que je me sens bien, c'est là que je sens que je suis fondamentalement aligné et heureux. Tout devrait me faire vivre à Paris ou dans une ville, mais tout, parce que... le nombre de rendez-vous que je me tape, je fais trois jours par semaine à Paris, j'ai quatre heures et demie de trajet à chaque fois en train pour pouvoir aller chez moi, c'est fatigant. Et je ne connaissais personne, je n'avais aucun ami là-bas, tous mes amis sont loin de cet endroit. Mais quand j'ai découvert cet endroit, j'ai dit, c'est ici que je veux habiter et j'y suis allé. Et j'ai refait tout mon réseau d'amis là-bas. Évidemment, je n'ai pas arrêté de voir mes autres amis, mais j'ai refait un réseau d'amis là-bas. Je me suis vraiment... Et j'ai eu raison. En fait, ça a été comme un coup de cœur amoureux. j'ai senti que c'était là qu'il fallait que j'habite. Et mon rationnel me disait, pour mille milliards de raisons, qu'il ne fallait pas que j'y aille parce que ce n'était pas une bonne idée. Et j'ai dit non, un peu d'audace, si je meurs demain, je veux y avoir vécu dans cet endroit.

  • Speaker #1

    J'ai lu en préparant que tu as participé à l'anniversaire de Snoop Dogg. Pour ceux qui nous écoutent et qui ne connaissent pas Snoop Dogg, Snoop Dogg, c'est un des plus gros rappeurs américains. C'est quoi cette histoire ?

  • Speaker #0

    Bah c'était avec Thriller, c'est le genre de truc qu'on faisait, on emmenait des influenceurs à Los Angeles, on leur faisait faire des featuring avec d'autres gros influenceurs, jusqu'à être dans des soirées de ma boule quoi. Et donc il y avait Snoop Dogg qui était investisseur dans Thriller, qui avait fait une soirée privée un jour où on était à Los Angeles pendant une semaine, et du coup il a organisé une soirée où il y avait 40 personnes quoi. Et on a été invité, et du coup on était dans la soirée privée avec Snoop Dogg, qui faisait des petits mucs et puis qui se baladait, et c'était un peu un autre monde quoi tu vois. Mais finalement ça reste comme un humain quoi. Alors ça ressemble quand même à un truc particulier parce que t'avais des bars à weed partout, avec des hôtesses qui étaient chacune de chaque pays d'où venait la weed, et qui du coup te mettaient de la weed dans des trucs. Enfin bref, c'était... Bon, Snoop Dogg quoi ! Que te dire d'autre ?

  • Speaker #1

    Ok, écoute, c'est une anecdote très marrante.

  • Speaker #0

    Mais tu vois, je trouve ça moins stylé honnêtement, de me perdre tout seul au milieu d'une tombée de neige en haut au plateau du Jura. et de croiser un sanglier qui court avec moi sur 50 mètres sur la piste, comme ça m'est déjà arrivé.

  • Speaker #1

    Bien sûr, en termes de souvenirs, au bout du bout de ta vie, qu'est-ce qui te suivra ?

  • Speaker #0

    Ah, je viens de penser au truc le plus audacieux que j'ai fait, pardon. Je peux recourser avec lui ou pas ? Allez. En fait, je n'osais pas aller skier la nuit, parce que c'est méga dangereux. En fait, en ski de fond, si tu te boites, il fait moins 10 degrés, tu es à 10 kilomètres de ta bagnole, qui est le même, et tu es à 10 kilomètres d'un village, tu n'as pas de réseau, personne ne t'entendra. En plus, il y a des meutes de loups dans le Jura, alors ils n'attaquent pas les humains, je ne veux pas laisser croire ça. Mais enfin, si t'es par terre avec une jambe pétée, potentiellement quand même que tu deviens un truc un peu facile. Et en fait, comme je finissais le tard le taf à chaque fois, j'osais pas y aller la nuit. Et un jour, j'ai dit, allez mec, faut y aller, faut se confronter, faut réapprendre à être vulnérable, justement. C'est ce que j'ai vécu avec les requins. Mais là, en skiant la nuit, je me suis remis à skier tout seul la nuit. J'allais faire du ski de fond, pas la nuit à 3h du mat, mais tu vois, à 21h, il fait nuit noire en fait, à 21h en hiver. Et c'est des souvenirs de ma boule. Parce qu'en fait, au début, tu te dis, il y a un truc qui court derrière moi, toutes les deux secondes, tu as l'impression que ton cerveau te joue des tours. Et puis au bout d'un moment, tu te dis, mais en fait, lâche prise, parce que de toute façon, s'il y a un truc qui court derrière toi, tu ne pourras rien faire. Donc à quoi ça sert de t'en occuper ? Et tout à coup, tu laisses tout le reste, tu laisses tes craintes, tu laisses tes peurs, et il n'y a plus que le beau. Et là, tu as un planétarium au-dessus de toi, d'étoiles, comme rarement j'en ai vu. Tu respires un air qui est hyper pur. T'as aucun bruit. T'as une petite chouette de temps en temps. T'es dans une forêt magnifique, éclairée par la lune. Et franchement, ça te fait chialer, quoi. Et tu t'abandonnes et tu te dis tant pis que je sois vulnérable. Et peut-être que oui, il y a des risques. Et peut-être que peut-être... Et tu lâches les scies. Et tu dis mais on s'en fout des scies, là. Si je suis vivant encore 10 secondes, eh ben je veux vraiment les vivre ces 10 secondes. Et ça, je crois que ça a changé beaucoup de choses en moi.

  • Speaker #1

    Merci pour ce moment, c'est assez touchant. On va revenir à une autre question, un peu plus dans le réel. Enfin, en fait, pas vraiment dans le réel. Quand je tape Arthur Obeuf sur Google, tu sais, Google te propose plusieurs suggestions. Google me propose Arthur Obeuf plus fortune, après Arthur Obeuf plus livre, Arthur Obeuf plus copine. Est-ce que tu as envie de réagir sur un des trois ou les trois ?

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a un S à copine ? Non, je rigole. Non, remarque déplacée. Est-ce que tu es accompagné dans la vie ? Oui, j'ai une copine. dont je suis très amoureux et que je trouve incroyable, qui est entrepreneur, mais qui fait aussi des contenus sur Internet, des vidéos et qui est brillante, qui fait beaucoup de sport, qui adore la nature comme moi et avec qui on a une légèreté de relation qui est assez géniale parce qu'on se permet plein de choses dans le sens où, justement, pour nous, l'amour, le vrai amour, c'est justement d'avoir... La liberté et de ne pas être renfermé dans une relation avec trop de contraintes. Et tu vois, c'est marrant, ça veut quand même dire beaucoup de choses sur le fonctionnement de nos sociétés. Je ne sais pas comment ça marche l'algorithme de Google et comment ça propose des trucs, mais fortune, tu vois, avec toutes les valeurs que j'essaie de défendre, je trouve ça chelou que les gens s'intéressent à ça. Et en même temps, peut-être qu'en m'écoutant dire ça, ils se disent Ouais, ouais, on va voir combien il a pris avec sa vente. J'ai pris 300 000 balles, voilà. Comme ça, tout le monde sait ma fortune délirante. Et puis après, euh... livre parce que je vais sortir un livre qui s'appelle Et si le futur faisait envie ? qui va sortir le 28 août. Donc, c'est encore pas tout de suite. C'est bien que les recherches Google soient déjà lancées là-dessus. Et en même temps, je me dis combien de livres ont dû être non achetés à cause de cette connerie. Mais bon, et du coup, le principe c'est de montrer que quand tu te déconstruis justement, quand tu réapprends le bonheur qui n'est pas commercial, que tu re-regardes le bonheur autrement, de manière simple, il se passe un truc génialissime. C'est que 1, t'es heureux, et 2, t'es écolo. Parce qu'en fait, ça fait carrément baisser ton empreinte sur la planète et t'as jamais cherché à être écolo. C'est pour ça que j'aime bien dire, ne cherchez pas à être écolo, cherchez à être heureux. Mais le vrai heureux, le vrai bonheur, pas le bonheur commercial, pas le bonheur plastique qu'on nous fout dans la tête toute la journée en nous faisant croire que c'est ça qui va nous rendre heureux. Et du coup, voilà pourquoi il y a ce truc de livre.

  • Speaker #1

    Ok, écoute, merci beaucoup pour toutes tes réponses, ta transparence. On arrive vraiment à la fin du podcast. La dernière question qu'on pose toujours, c'est qu'est-ce qu'on peut te souhaiter ? Euh...

  • Speaker #0

    Franchement, vraiment, mon rêve, ce serait qu'on arrive à vieillir tous là, dans un monde où l'humanité est passée de vulgaire exploitant de la Terre à gardien de la Terre. Moi, si je vieillis et que je meurs dans un monde qui a réussi ce switch, ce sera un tel délice, ce sera un tel bonheur, ce sera une telle concrétisation. Il n'y a rien de plus beau pour moi.

  • Speaker #1

    Ok, gardien de la Terre. Merci beaucoup, Arthur.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #2

    Merci beaucoup d'avoir écouté les sages. Vous êtes de plus en plus à nous écouter pour cette première saison. C'est vraiment très encourageant pour toute l'équipe. Alors encore une fois, un grand merci. Vous avez le pouvoir de donner de la force à ce podcast avec juste une minute de votre temps. C'est simple, si vous êtes sur Spotify ou Apple Podcast, vous avez juste à vous abonner et mettre 5 étoiles. Un grand merci et à bientôt.

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