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Les Sages - le podcast des plus grands leader·euse(s) humanistes

S1E3 - Frédérique Jeske (Réseau Entreprendre, Ligue Nationale Contre le Cancer) - Diriger les plus grandes associations Françaises

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1h24 |10/03/2024
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1h24 |10/03/2024
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Description

Pour ce troisième épisode, nous recevons Frédérique Jeske, une dirigeante engagée pour le bien-commun.


Frédérique est une femme exceptionnelle :


  • Ex dirigeante de la Fédération Réseau Entreprendre et la Ligue Nationale Contre le Cancer avec Axel Kahn

  • Entrepreneuse maintenant avec USKOA et militante contre l'âgisme avec notamment Senior For Good

  • Une leadeuse positive, engagée pour la diversité et avec un parcours atypique


Dans ce troisième épisode on a notamment parlé de Axel Kahn, l'enfance de Frédérique, la place des femmes dans l'entreprise, la planète, l'engagement des jeunes, Marseille, des quotas, la place de la "synchronicité" dans la vie, Elsevier Masson....


Bon voyage avec les Sages ! 



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Les Sages sont sponsorisés par Ooslo Avocats, sans eux rien ne serait possible. 


Pour découvrir Ooslo : https://www.ooslo-avocats.com/

Edouard Waels : ewaels@ooslo-avocats.com

Marion Fabre : mfabre@ooslo-avocats.com


CODE PROMO : LESSAGES (1H de conseil juridique gratuit) 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les sages, c'est avant tout une histoire personnelle. Je m'appelle Nicolas Jeanne et j'entreprends depuis que j'ai 19 ans. Sur ce chemin, j'ai eu la chance d'en rencontrer des personnes que j'appelle les sages. Vous savez, ce sont ceux d'un conseil bienveillant, qui peuvent changer votre journée, votre projet, votre vie. Souvent des personnes avec qui il y a un avant et un après. A mes yeux, ce sont des leaders authentiques, mais surtout des leaders humanistes. Et ça, c'est important pour moi. Ceux qui vont vous faire grandir sans s'en rendre compte. Plus que n'importe quel livre ou cours, des témoignages qui viennent du cœur et de la réalité. Et surtout du cœur. Aujourd'hui, je vous propose de partir à leur rencontre. dans un format inédit et négocié avec eux. Un format où l'on se dira tout, naturellement, et aucune question ou anecdote sera interdite. Ça, vous avez ma parole. Un format axé sur leur activité, bien sûr, mais qui, évidemment, dérivera vers la vie, la société et les émotions. Mon but, c'est clairement de mettre en valeur l'aspect humain de ces personnalités qui me paraissent exceptionnelles et de casser la carapace. Casser la carapace, vous le sentez, c'est pas un mot par hasard. Pourquoi ? parce que je pense que ça va vous permettre d'apprendre sur les petits grands leaders et leaders qui ont bâti et bâtissent la société. La France est une terre bourrée de talents et de leaders, et nous allons en leur rencontre. Bon voyage avec les sages. Frédéric Jesque est une personne que j'estime beaucoup. Il y a à peu près 10 ans, à la sortie de mes études, j'arrive à l'incubateur de l'EDEC. Je monte alors un réseau pour aider les jeunes entrepreneurs. Un jour, j'entends parler qu'à l'étage même se trouve la Fédération Réseau Entrepreneur et sa directrice générale, Frédéric Jesque. Je fais le choix alors de monter les escaliers. Et là, en montant les escaliers... Je découvre Frédéric. Je fais une rencontre exceptionnelle. J'ai découvert une femme de conviction qui, après raison d'entreprendre, s'est engagée pour la Ligue contre le cancer et aujourd'hui, elle entreprend à 58 ans. En plus de ça, elle a décidé de rajouter une corde à son arc, avec l'agisme. Un combat on ne peut plus moderne que je vais vous laisser découvrir. Allez, on y va avec Frédéric.

  • Speaker #1

    Bonjour Frédérique et bienvenue dans Les Sages, comment tu vas ?

  • Speaker #2

    Bonjour Nicolas, je vais très bien, merci, et j'espère que toi aussi.

  • Speaker #1

    Est-ce que pour démarrer, je peux commencer par te poser la question de ton enfance, que tu nous racontes un petit peu ton parcours, ton enfance ?

  • Speaker #2

    Oui, bien sûr, qu'est-ce que je peux te dire ? Moi, je suis née dans le nord de la France, j'ai eu une enfance classique en fait, dans une famille plutôt aimante, où j'étais aimée, j'étais une petite fille très timide. Très introvertie, plongée dans mes livres, j'ai un peu souffert à l'école, j'ai été harcelée comme on dit encore aujourd'hui, puisque malheureusement ça existe encore aujourd'hui, c'est même peut-être pire avec les réseaux sociaux. En tout cas pendant plusieurs années j'ai été vraiment harcelée par des copines d'école on va dire. Donc j'ai eu une adolescence un petit peu révoltée du coup, donc j'ai beaucoup fait la fête à l'adolescence.

  • Speaker #1

    voilà sinon j'ai beaucoup de bons souvenirs d'enfance de ma famille et beaucoup de bons souvenirs d'adolescence à faire la fête en fait surtout quand tu dis harceler si tu peux nous en dire un peu plus est-ce que finalement c'est quelque chose qui a été un épisode compliqué mais qui t'a aidé aussi peut-être

  • Speaker #2

    Alors, compliqué, oui, c'est certain, puisque j'étais petite, c'était en primaire jusqu'au début du collège, on va dire. Et quand j'entends aujourd'hui des émissions à la télévision sur le sujet, je me rends compte que les choses n'ont pas beaucoup bougé. C'est exactement la même chose, avec heureusement des parents qui me soutenaient beaucoup. Et les enfants peuvent être durs, peuvent être même presque violents. Donc, j'ai un souvenir assez difficile, effectivement, de ça. Ça ne m'a pas traumatisée pour autant, si ce n'est que je pense que ça a joué dans la façon dont je me suis ouverte à l'adolescence et dont, au contraire, j'ai eu besoin de sortir de mon environnement protégé familial. Je suis restée fille unique pendant 7 ans, donc j'étais très protégée. Donc ça m'a peut-être aussi boostée. En revanche, je ne pense pas que ça m'ait traumatisée. D'ailleurs, si tu veux, j'ai même une anecdote là-dessus. Elles se reconnaîtront peut-être si elles écoutent le podcast. Il y a quelques années, quand je dirigeais Raison Entreprendre, j'étais montée dans le Nord pour intervenir sur scène et une personne vient me voir et me dit Frédérique, tu ne te souviens pas de moi et je ne me souvenais pas d'elle. Et en fait, c'était une des femmes qui avait été une des petites filles qui m'avait harcelée. Et elle m'a dit, écoute, tu sais qu'avec une telle, une telle, on parle souvent de toi et on se souvient comme on était horrible avec toi et on avait peur qu'il y ait eu un impact peut-être sur ta vie. Je suis contente de te voir comme ça, bien. Et en fait, quelque part, je me suis dit que finalement, ça les avait peut-être plus touchées, elles, que moi. Puisque moi, je n'y ai plus du tout pensé après. et elles, elles en parlaient encore alors qu'elles avaient la cinquantaine.

  • Speaker #1

    Et donc après le lycée, Frédérique, tu fais tes études à Lille, c'est ça ?

  • Speaker #2

    En partie, oui, jusqu'à la maîtrise en fait. Et je viens à Paris pour faire une maîtrise en sciences politiques et un DESS en communication politique après. Donc les deux dernières années d'études, je les ai faites à Paris, dans ma petite chambre de bonne.

  • Speaker #1

    D'accord. Et qu'est-ce qui t'amène du coup à faire ces études-là à Paris ?

  • Speaker #2

    Mon rêve, c'était d'être journaliste. D'accord. D'ailleurs, journaliste politique. Et d'ailleurs, à l'époque, j'ai fait pas mal de stages dans la presse, à l'Express, France Soir, Antenne 2, ça s'appelait, c'était pas encore France 2. Je rêvais vraiment de faire du journalisme. Et puis finalement, à la fin du DESS, j'ai été recrutée par le patron du DESS de l'époque, Jean-Marie Cotteret. pour son cabinet d'études et de conseils en communication. Et donc, j'ai découvert qu'il y avait d'autres métiers dans la communication que le journalisme et j'ai démarré en agence.

  • Speaker #1

    Et pour revenir sur ton rêve d'être journaliste, est-ce que tu te souviens justement pourquoi tu voulais devenir journaliste ? Est-ce que c'était un rêve d'enfant ?

  • Speaker #2

    Oui, c'était un rêve d'enfant. En fait, petite, c'était je serais journaliste ou avocate. Voilà, défendre et porter la parole, informer, aller voir ce qui se passe dans le monde. Sauf que je n'étais pas vraiment aventurière ni sportive. Donc, grand reporter, je pense que je n'aurais pas pu vraiment faire ça. Mais en tout cas, le rêve d'enfant, c'était ça. C'était d'aller chercher de l'information dans le monde pour changer le monde.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il n'y a pas une notion de justice derrière ?

  • Speaker #2

    Certainement, oui. J'ai un sens de la justice un petit peu trop développé, d'ailleurs, certainement. Je ne sais pas d'où ça vient. D'ailleurs, ma petite sœur est devenue magistrat, donc c'était peut-être de famille, quand même. Mais oui, je ne sais pas. En tout cas, je voulais porter la parole, écrire aussi beaucoup. J'écrivais beaucoup étant petite et j'ai écrit toute ma vie.

  • Speaker #1

    Ok, et donc tu commences dans ta carrière professionnelle, dans le privé, et donc sur différents postes, tu me disais dans la communication.

  • Speaker #2

    Oui, en fait, j'ai bossé 20 ans. J'ai eu un parcours assez classique pendant une vingtaine d'années dans des médias professionnels, édition et presse pro, où j'ai eu un peu tous les métiers, commercial, marketing, communication, éditorial, puis direction commerciale, puis direction de BU. Et mon dernier poste dans le privé, c'était la direction d'une agence de conseil en communication santé dans un groupe de presse professionnelle qui est le leader de l'édition et de la presse professionnelle dans le domaine de la santé et des sciences. Donc, assez classique jusqu'à 2012, jusqu'à une bascule dans mon parcours.

  • Speaker #1

    Ok. Et donc, juste pour revenir sur ces premières expériences, tu fais tes armes, tu me parles de la santé. Tu as travaillé dans le domaine de la santé, c'était entre guillemets un hasard ou c'est quelque chose qui est important pour toi, le domaine de la santé ?

  • Speaker #2

    Alors, à l'époque, c'était un hasard, on va être honnête, puisque moi, je venais plutôt de l'édition juridique. J'ai travaillé aux éditions Francis Lefebvre, j'ai travaillé au groupe Monitor, j'ai travaillé au groupe VK, qui était un groupe... d'édition allemand où je m'occupais des publications pour le secteur public. Donc j'étais vraiment sur de l'édition B2B, professionnelle, de l'information professionnelle. Et donc je suis arrivée par ce biais-là, en fait, à la santé, chez Masson, aux éditions Masson, puis Elsevier-Masson, quand on a été vendu au groupe Rydel-Zewir. Mais c'est vrai que la santé, après, m'a toujours un peu suivie tout au long de mon parcours et que j'ai toujours été assez proche des professionnels de santé, des problématiques de santé publique. et on le voit après dans la suite de mon parcours effectivement je suis revenue à la santé plusieurs fois j'ai une maman infirmière j'avais une maman qui était infirmière donc peut-être que ça aussi ça me joue en soi une sensibilité c'est sûr ok

  • Speaker #1

    écoute on va en reparler juste après à travers ton expérience à la ligue contre le cancer et donc en 2012 tu switches tu me dis pourquoi tu switches ?

  • Speaker #2

    Oui, je switch. Je pense que j'avais fait le tour. Déjà, Elsevier-Masson avait été racheté par le Groupe Ries d'Elsevier. Et c'est vrai que ces grands groupes sont extrêmement formateurs. C'est très intéressant. J'ai appris énormément en termes de structuration, etc. Mais c'est aussi un petit peu usant. C'est des rouleaux compresseurs quand même. Donc, il y a un moment, en fait, j'avais l'impression de ne plus pouvoir faire du business development, de ne plus pouvoir créer des nouveaux services et de devoir tout le temps monter la rentabilité. réduire les équipes, etc. La pression du chiffre était énorme et je perdais un peu le sens. Je faisais beaucoup de business review, des powerpoint toute la journée pour le groupe. Et donc, j'avais vraiment envie de retrouver du sens. Et par hasard, par un recruteur qui me connaissait, on échange et me dit j'ai un poste, mais ce n'est pas sur Paris, c'est dans le sud, c'est confidentiel. Est-ce que vous seriez prête à quitter Paris ? Je demande à mon mari, très sympa, qui me dit écoute, le soleil, pourquoi pas, va voir Et en fait, c'est comme ça que je me suis retrouvée à Marseille, à la direction générale du MEDEF, de l'UPE13, qui est l'Union pour les entreprises du 13, donc des Bouches-du-Rhône. Donc quelque chose d'assez improbable, en réalité.

  • Speaker #1

    Donc là, tu passes d'une carrière entre guillemets privée, à un premier poste qui n'est pas dans le public, mais c'est un organisme associatif,

  • Speaker #2

    en fait, c'est de l'intérêt général. C'est un syndicat patronal. Alors l'UPE 13, c'était un peu particulier parce que c'était un groupe de structures. Il y avait une quinzaine de structures juridiques. Donc il y avait des structures privées. Il y avait une agence de communication, un organisme de formation. On a monté aussi une plateforme de RRH à temps partagé pour aider les dirigeants de TPE à développer leur entreprise. Et puis en parallèle, il y avait les filières professionnelles et le syndicat patronal. Donc c'était plutôt des structures associatives avec des conseils d'administration bénévoles. Et donc ça a été ma première rencontre effectivement avec l'intérêt général. et puis d'autre part ma première rencontre aussi avec le milieu entrepreneurial l'écosystème économique des territoires et les dirigeants d'entreprises ok et donc là t'arrives à Marseille tu déménages avec ta famille Alors, la première année, je descends toute seule. Je vis comme une étudiante. Je me prends un appartement à 50 mètres du bureau et je fais les soirées mondaines de représentation pour l'UPE 13 tous les soirs. Et je rentre tous les week-ends à Versailles où mes enfants continuent à vivre leur vie avec leur père et je ne comprends plus trop ce qui se passe dans la famille. Donc, ça a duré un an quand même avant que la famille me rejoigne.

  • Speaker #1

    Ok. Et donc, tu fais les soirées mondaines.

  • Speaker #2

    Professionnelles, je précise.

  • Speaker #1

    Bien sûr, toujours. Et donc c'est quelque chose que tu n'avais pas forcément l'habitude avant dans ta première partie de ton parcours professionnel et tu me racontais justement dans ce podcast que justement c'était quelque chose de nouveau pour toi

  • Speaker #2

    Oui, oui, oui, alors ce qui était très nouveau pour moi en fait c'était surtout la dimension politique et d'image en fait de ce type de poste et effectivement je racontais quand je suis arrivée que j'ai commencé à fréquenter ces soirées, ces événements professionnels en fait qui étaient importants pour représenter l'organisation dans le territoire Oui Eh bien, il y avait des gens qui faisaient la queue pour venir me saluer, faire ma connaissance, me serrer la main. Et au début, je ne comprenais pas trop pourquoi il y avait toujours ces gens. J'avais toujours une foule de gens autour de moi. Et au bout d'un moment, tu comprends que ce n'est pas du tout pareil qu'un poste dans une entreprise classique, que tu as une visibilité, qu'il y a des mandats patronaux aussi qui sont derrière et qu'au sein d'un écosystème territorial, l'organisation patronale est importante pour les chefs d'entreprise, pour les entrepreneurs et que donc tu représentes. aussi ça. Et ça, c'était assez formidable aussi parce que j'en étais très fière. Mais c'était très nouveau, très nouveau pour moi. Effectivement, moi qui venais de l'entreprise classique, oui, c'était un petit peu différent.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu penses que ça aurait été pareil si c'était par exemple à Rouen ou à Lille ou à Marseille ?

  • Speaker #2

    Alors ça oui, je pense que la représentation politique, l'écosystème patronal, je ne vais pas les forcément voir ailleurs, mais c'est la même chose partout. Ce qui est un peu différent peut-être à Marseille, c'était surtout que moi j'étais une nordiste, une ch'ti qui n'avait jamais mis les pieds à Marseille. Et c'est vrai qu'en termes de choc culturel, c'était pas mal quand même.

  • Speaker #1

    D'accord, et donc cette position, tu es là pendant combien de temps ?

  • Speaker #2

    Alors, je suis restée un peu plus de deux ans seulement. J'avoue que j'ai adoré, en fait, les services aux entreprises, la rencontre avec les dirigeants, les entrepreneurs du territoire. Je ne suis pas certaine que la politique, au sens politicien du terme, était faite pour moi. Je disais souvent à l'époque que j'étais une femme de lien et pas une femme de pouvoir. Je ne sais pas si c'est vrai, mais en tout cas, le pouvoir, j'avais beaucoup de mal. Taper du poing sur la table. être dans des négociations difficiles, parfois côtoyer quand même de la violence, parce que parfois c'est un peu violent avec les syndicats, etc. Je ne me sentais pas du tout à l'aise. Et donc c'était très difficile pour moi de faire le grand écart entre les deux. Et donc effectivement, deux ans après, j'ai eu beaucoup de chance d'ailleurs, puisque j'ai eu une opportunité formidable avec Réseau Entreprendre. Et donc comme en plus la famille, notamment mes enfants, ne s'étaient pas très bien adaptés à Marseille, ils n'étaient pas très très heureux.

  • Speaker #1

    on a refait les cartons et puis on est reparti et pour finir sur cette expérience avant de parler en effet de ton expérience à raison d'entreprendre qui est une super expérience du coup t'as fait un peu de la politique tu nous as défini ce qui était un peu le pouvoir pour toi mais la politique c'est quoi pour toi ?

  • Speaker #2

    C'est encore autre chose. Je n'ai pas fait de la politique. Je ne dirais pas que j'ai fait de la politique. Je dirais que j'ai été dans un écosystème où la politique avait de l'importance. Quand on est en syndicat patronal, il y a une dimension politique du métier, notamment par le lobbying, par les plaidoyers qu'on va porter. Et c'est vrai qu'à Marseille, comme le MEDEF territorial est très important, il est très actif aussi bien. pour le territoire qu'à la dimension nationale. Donc, on portait effectivement des plaidoyers pour défendre les entrepreneurs, pour défendre l'entreprise. Et en 2012, moi je trouve que ça a d'ailleurs beaucoup changé depuis et c'est génial. En 2012, on n'aimait pas encore beaucoup les chefs d'entreprise et les entrepreneurs en France. Je me souviens qu'on se battait beaucoup pour se faire reconnaître. C'était tout le temps, on ne voyait que les grands patrons du CAC 40. C'était très difficile de porter des sujets vraiment sur les taxes, etc. qui pouvaient... qui pouvait écraser les TPE, PME du territoire. Donc, tu vois, c'était de la politique dans ce sens-là, où on allait défendre. Après, oui, dès qu'il y a des relations, où il y a du pouvoir, où il y a de l'argent, où il y a du business, il peut y avoir une dimension politique, qui, moi, me plaisait moins.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as une anecdote marrante à nous raconter sur Marseille ?

  • Speaker #2

    Ah bah non, je ne peux pas, c'est trop dangereux. On ne sait jamais.

  • Speaker #1

    Si les Marseillais nous les comptent.

  • Speaker #2

    Non, j'ai gardé plein d'amis à Marseille quand même. Il y a des gens absolument formidables. Des anecdotes, j'en aurais plein, surtout avec les syndicats, parce que très régulièrement, évidemment, c'était normal, les syndicats venaient manifester devant le MEDEF, et donc régulièrement, les RG m'appelaient en disant Madame Ghesque, fermez tout, ils arrivent ! Et donc on s'enfermait, en fait, et puis les renseignements généraux de Marseille, en fait, et donc effectivement, on voyait arriver les CRS et puis les... les manifestants, etc. Et donc, il fallait recevoir une délégation. Et c'est vrai que c'était assez amusant parce qu'il y a toujours un peu de comédia dell'arte dans ces revendications syndicales. Et c'est normal. Et donc, ils étaient dehors et ils haranguaient la foule en expliquant qu'ils allaient expliquer à ces vilains patrons, etc. Et puis, moi, après, je les recevais et je leur offrais un petit café. parce que moi je leur disais je vous comprends, on va boire un café ensemble et puis on va discuter et puis tout se passait très très bien quand on était entre quatre murs donc c'était assez amusant de voir un petit peu ce... ce théâtre aussi de la politique, finalement, que je n'avais jamais, jamais côtoyé avant.

  • Speaker #1

    Et donc, Frédéric, c'est la première expérience d'intérêt général et au contact des entrepreneurs. Et il se trouve, du coup, qu'en 2014, tu vas rejoindre le réseau Entreprendre en tant que directrice générale de la fédération. Est-ce que tu peux nous en parler un peu plus ?

  • Speaker #0

    C'est l'heure de remercier notre partenaire Oslo, sans qui ce podcast ne serait pas possible malheureusement. Oslo, c'est un cabinet d'avocats à taille humaine, dirigé par Edouard Wells et Marion Fabre, que je connais personnellement depuis plus de 10 ans. Il est composé d'une équipe, l'idée par Edouard et Marion, qui est issue de cabinets d'affaires de premier plan. Mais surtout, au-delà de la qualité de leurs prestations juridiques, ce que j'aime chez Oslo, c'est leur engagement pour un droit un peu différent. Sur leur description, ils mettent Nous accordons une importance particulière aux qualités humaines et relationnelles, tout particulièrement au respect, à la simplicité, à l'humilité et à l'élégance. Ça pourrait paraître bullshit comme ça, mais pour bien les connaître, il faut vous assurer que ça se ressent vraiment. Et pour preuve, ils ont accepté de sponsoriser ce podcast dès sa création. Ils offrent une heure de conseils juridiques avec le code LESSAGE et je mettrai leurs coordonnées dans la description du podcast. Allez, on y retourne.

  • Speaker #2

    Oui, formidable opportunité. Je suis recrutée par le président de l'époque, David Pouyane, et plusieurs membres du bureau, dont le futur président Gérard Leceur, avec qui j'ai travaillé avec un bonheur immense pendant plusieurs années. Ça a été une rencontre humaine incroyable. Je dis souvent que je ne crois pas au hasard et qu'il y a des synchronicités dans la vie qui font qu'on est au bon endroit au bon moment. Et en fait, quand je les ai rencontrés, je crois qu'ils avaient reçu 800, 900 candidatures. Encore une fois, improbable. qu'on puisse me proposer ce poste. Et ça s'est fait. Voilà, on sait vraiment. Moi, j'ai été complètement séduite par les valeurs, l'engagement. Il y avait un grand monsieur qui s'appelle Cyril Maury, extraordinaire aussi. Vraiment des engagés incroyables. Et en fait, Réseau Entreprendre, pour moi, c'était formidable parce que c'était tout ce que j'avais envie de faire en termes d'engagement sans la dimension politicienne, parce que ce n'est pas un syndicat patronal, c'est un réseau associatif de chefs d'entreprise. et on accompagnait les entrepreneurs vers la réussite. Donc pour moi, c'était juste le rêve, puisque je continuais à m'engager au service et aux côtés des entrepreneurs et des chefs d'entreprise pour le développement économique des territoires, pour le développement de l'emploi, et sans avoir cette dimension du pouvoir qui m'allait moins au teint, on va dire, au MEDEF.

  • Speaker #1

    Et pour revenir sur un point que tu as dit, il y avait à peu près 800 candidatures, ce qui me paraît assez logique pour une...

  • Speaker #2

    Je ne sais plus combien, mais je me souviens qu'ils avaient eu beaucoup de candidats.

  • Speaker #1

    Pour une telle institution. Et toi, Frédéric, tu avais postulé ou ils sont venus te chercher ?

  • Speaker #2

    Oui, alors je ne sais plus. Écoute, alors là, tu vas me poser la colle. Non, je crois que j'avais postulé parce que je connaissais la consultante qui s'occupait du recrutement. Et comme à l'UPE 13, quand même, je me disais que je ne pourrais pas tenir pendant dix ans sur ce type de poste. Les enfants, encore une fois, n'étaient pas très bien sur Marseille. et donc j'avais dû envoyer un CV comme ça parce que je venais à Paris régulièrement, je venais au conseil exécutif du MEDEF, non à l'Assemblée permanente du MEDEF régulièrement et voilà, en fait je suis allée voir en fait on avait monté un partenariat avec Réseau Entreprendre sur Marseille, avec l'association marseillaise donc je connaissais l'association mais je ne connaissais pas la taille du réseau en fait, je l'ai découvert par ce poste.

  • Speaker #1

    Donc Frédéric t'arrives en tant que directrice générale de la Fédération Réseau Entreprendre tu nous as parlé d'une belle rencontre et aussi de 800 ou beaucoup de candidatures pourquoi à ton avis t'en recruter toi plutôt qu'une autre personne ?

  • Speaker #2

    Déjà, il faudrait peut-être leur poser les questions à eux, en tout cas à ceux qui m'ont recrutée à l'époque. J'en sais rien, j'ai eu beaucoup de chance déjà, parce que j'imagine qu'il y avait énormément de candidats d'excès de très belles valeurs et qui auraient fait au moins aussi bien, voire peut-être très certainement mieux que moi. Je dis souvent que dans la vie, il n'y a pas de hasard, il y a des synchronicités et ce qui est intéressant, enfin ce qui est important, c'est d'être au bon moment, à la bonne place, avec les bonnes personnes. et d'ailleurs ce qui est vrai à un moment T n'est peut-être plus vrai quelques années après ça dépend, les choses bouchent, sont en mouvement, en tout cas à ce moment-là, clairement c'était le bon moment, j'étais à ma juste place et avec les bonnes personnes

  • Speaker #1

    Ok, c'est super intéressant ça veut dire que du coup des fois même si on fait nos meilleurs efforts parfois ça ne marche pas Ah oui,

  • Speaker #2

    ça c'est clair, et parfois tout se fait facilement on se dit c'est dingue, ça a fonctionné. Je pense que c'est parce que ça devait fonctionner comme ça.

  • Speaker #1

    Ok. Et donc, tu arrives sur ce nouveau poste. C'est quoi ton métier du coup, concrètement, en tant que directrice générale de la Fédération Résonante ?

  • Speaker #2

    En fait, la Fédération Résonante, c'est un réseau avec plein d'implantations dans les territoires et le rôle de la Fédération était, et toujours aujourd'hui, avec mon successeur... à plusieurs dimensions. C'est-à-dire qu'on s'occupait de concevoir les référentiels d'accompagnement, les parcours d'accompagnement. Et là, on a fait avec l'équipe, avec Gérard Le Seur, le président du conseil d'administration, un travail de fou, puisqu'à l'époque, on est vraiment passé de l'accompagnement à la création d'entreprises, à l'accompagnement à la croissance des entreprises. On a créé tous les parcours, boost, booster, ambition, donc structuration de la croissance des boîtes, du projet stratégique, structuration de la gouvernance, etc. On a créé le programme WOM Energy aussi avec l'équipe pour booster l'entrepreneuriat au féminin et on a créé, notamment avec une de mes collaboratrices, Noémie, juste avant de quitter Réseau Entreprendre, on l'a lancé en 2018. Fin 2018, le programme Impact, le parcours Impact positif qui aujourd'hui, de ce que je peux en voir de l'extérieur, est un parcours qui est très développé dans les associations, donc ça c'est une grande fierté. Donc ça, c'était le premier volet d'activité. Le deuxième volet d'activité de la Fédération, évidemment, c'est tout ce qui tourne autour du lobbying, du plaidoyer, des grands partenaires nationaux, des relations avec les grandes banques, BPI France, etc. Donc tout ce qui permet, en fait, qui articule la machine réseau entreprendre, qui permet à toutes les associations de fonctionner. Et puis un troisième volet, évidemment, d'activité, qui est autour de l'animation du réseau. C'est un réseau associatif. composé d'associations autonomes. Et donc, toutes ces associations, notre objectif, c'était de leur donner envie de travailler ensemble, de leur apporter des outils, de leur faciliter la tâche quotidienne dans les territoires. On a beaucoup porté aussi, et j'en suis assez fière avec Gérard Leceur, la dimension internationale du réseau, puisqu'on avait porté la fusion de la Fédération Réseau Entreprendre et de la Fédération Internationale, puisque le réseau avait été fait avec deux organisations, un réseau français et une déclinaison à l'international. Et on a réuni en une seule fédération internationale les 125 à l'époque implantations du réseau dans dix pays. Et ça, c'était formidable aussi de pouvoir intégrer vraiment toute la communauté des chefs d'entreprise français et étrangers, se regroupant, se rassemblant autour des valeurs du réseau en une seule fédération.

  • Speaker #0

    Ok, et pour revenir du coup sur une des parties de ton métier, tu parlais justement que tu avais fait évoluer les programmes chez Réseau Entreprendre avec un focus du coup sur l'entrepreneur féminin et aussi l'impact. On était en 2014, c'était déjà assez pris.

  • Speaker #1

    Alors l'impact, ce n'était pas en 2014. On a lancé WomEnergy en 2016. Il y avait déjà des choses pour les femmes, mais ce n'était pas très structuré. Et je me souviens qu'on s'était vraiment rendu compte que les projets présentés par les potentiels lauréats du réseau, lauréates du réseau, étaient toujours plus modestes, moins ambitieux, avec moins d'audace que les projets des hommes. Et donc, on s'était dit, il faut... quelque part, sans vouloir fermer, parce que moi j'ai horreur des trucs fermés, j'aime bien la mixité, mais c'était comment on peut faire pour quand même revaloriser ces projets de femmes pour qu'on ait davantage de femmes parmi les lauréates du réseau. Et le projet le parcours WOMENERGY était vraiment pour que les associations puissent vraiment faire des focus sur les projets présentés par les femmes, pour davantage les sélectionner comme lauréates, et qu'on puisse vraiment accompagner les femmes de façon un peu plus spécifique. Et l'impact, c'est arrivé, on a travaillé dessus en 2017-2018, c'était au moment de la préparation de la loi Pacte. Donc ça a commencé, on commençait à en parler. Moi, j'ai écrit un guide, mon premier bouquin qui a été publié chez Diaténo à l'époque, qui s'appelle Le guide du dirigeant responsable qui était vraiment sur ce sujet. Comment, en tant que chef d'entreprise, dirigeant, je vais pouvoir concilier la performance économique et une volonté d'impact positif. Et donc, on avait vraiment lancé ce projet en se disant qu'il fallait que dans tous les dossiers de tous les entrepreneurs qui se présentaient chez Réseau Entreprendre, des indicateurs, des critères d'impact positif soient pris en compte, pas seulement pour des boîtes de l'ESS. ne pas toujours dire l'impact, c'est que pour l'économie sociale et solidaire, mais de dire, nous, on fait dans toutes les entreprises. Et c'est vrai que la COVID, la loi Pacte, suivie de la pandémie, ont vraiment accéléré ce mouvement. Et aujourd'hui, ça paraît presque naturel, alors qu'en fait, ce n'était pas il y a si longtemps que ça, finalement, c'était seulement en 2018, 2019. Et c'est vrai qu'aujourd'hui, on ne parle que d'impact positif, mais finalement, ça s'est fait très, très rapidement.

  • Speaker #0

    Je comprends complètement ta réflexion, parce que... En fait, pour moi, aujourd'hui, n'importe quelle entreprise qui se crée, ça va être dans son ADN d'avoir du sens. Et c'est ce que je racontais à un autre sage, c'est que malheureusement, si les entreprises qui se créent, et donc celles potentiellement créées en entreprenant la compagne, n'ont pas cet ADN, déjà qu'on a du mal avec des entreprises qui sont plus structurées et assez logiques parce qu'elles ont une ancienneté. Si les nouvelles, elles n'ont pas cet ADN, on ne va pas s'en sortir.

  • Speaker #1

    C'est certain. Mais ce n'est pas si simple en réalité. Parce que quand on est dans un écosystème, moi je vois aujourd'hui, évidemment je suis dans l'écosystème, je viens de publier un bouquin qui s'appelle Devenir une entreprise à impact Donc je suis complètement là-dedans. Donc j'ai toujours l'impression que tous les dirigeants, toutes les boîtes ont compris, travaillent sur leur performance globale, etc. Et en fait, régulièrement, j'accompagne des dirigeants, des chefs d'entreprise et je me rends compte qu'en fait, pas du tout. En fait, il y a encore plein de chefs d'entreprise qui ne comprennent pas l'intérêt du truc, qui me disent attends, c'est encore une contrainte de plus, c'est déjà compliqué d'entreprendre, on doit déjà s'occuper de la trésor, on doit déjà s'occuper du management, et tu nous dis qu'en plus il faut faire de la RSE Et en fait, malheureusement, il y a encore beaucoup, beaucoup de sensibilisation à porter. C'est vraiment quelque chose qu'il faut continuer à porter, parce que les entreprises à impact, aujourd'hui, ce n'est pas la majorité des entreprises. Et même si, oui, il y a un mouvement… C'est sûr que quand on fréquente le CJD, on est toujours avec des gens qui sont très engagés. Donc, on a l'impression finalement que ça y est, le virage a été pris. En réalité, quand on prend le nombre d'entreprises en France, on se rend compte qu'il y a encore beaucoup, beaucoup, beaucoup de gens à convaincre.

  • Speaker #0

    Frédéric, je rebondis sur tes propos. Je comprends tout à fait qu'aujourd'hui, c'est hyper important, en effet, que les entreprises aient de l'impact. Mais en même temps, je comprends ces entrepreneurs qui disent, surtout dans le contexte dans lequel on est en ce moment, on a déjà beaucoup trop de choses à faire. Et comment on peut les inciter ? Il y a évidemment une prise de conscience en amont, mais après, est-ce qu'il y a des outils ? ou des choses qui font que, vraiment, tu as vu que les entrepreneurs ou les entreprises prenaient en compte l'impact ?

  • Speaker #1

    Déjà, ce qui est important, c'est de leur démontrer l'intérêt, les bénéfices qu'ils vont tirer, en fait, de cette démarche, et qu'ils puissent comprendre aussi qu'en fait, ça ne va pas se faire au détriment de la performance économique de l'entreprise, qu'au contraire, ça va... développer la performance économique, et il y a des études qui l'ont démontré, à moyen terme, en fait, on récupère bien sûr de la performance et de la croissance. On sait très bien aussi qu'il y a un sujet autour de la marque employeur, autour de l'attractivité d'entreprise pour attirer et fidéliser les salariés, les talents dont on a besoin. Il y a des bénéfices... aussi du point de vue de l'innovation. En fait, déjà, c'est bien démontré que ce n'est pas une charge en plus, mais qu'au contraire, ça va être un levier de croissance et un levier de performance globale. Ça, c'est déjà très important. Et ensuite, c'est un petit peu... C'était l'idée d'ailleurs de mon livre qui vient de sortir chez Erol, Devenir une entreprise à impact C'était de donner finalement des conseils très simples pour montrer aux dirigeants et notamment aux chefs d'entreprise de TPE, de PME, que ce n'est pas réservé aux grandes entreprises, qu'il n'y a pas besoin d'avoir des très gros budgets pour faire des choses, qu'il n'y a pas besoin d'adresser tous les enjeux en même temps, de toute façon, surtout pas d'ailleurs, et qu'en plus, ils en font déjà de la RSE. Et donc, le chemin vers l'impact, c'est un chemin à prendre. Ce n'est pas une fin en soi. Ça permet d'avoir une culture d'amélioration continue. Ça permet progressivement d'adresser des enjeux qui aussi humainement vont leur parler, qui vont avoir envie d'incarner. par rapport au développement dans leur territoire, etc. Ce n'est pas forcément que sur l'environnement. Tout le volet social, on en parlait peu, on commence à en parler, c'est bien. Donc, il y a tout ça. Et puis après, il y a aussi une manière de convaincre qui est beaucoup moins agréable, mais enfin qui peut être aussi intéressante, qui est de sensibiliser au fait qu'il va y avoir de plus en plus de contraintes. Et qu'effectivement, toute la réglementation OPN, la CSRD, etc., tout ce qui arrive pour les grandes entreprises, on commence à descendre en taille d'entreprise. Et donc, de plus en plus, en fait, les entreprises vont avoir des obligations réglementaires, légales. Et même pour les TPE, PME, quand on est sous-traitant des grandes entreprises, par exemple, aujourd'hui, répondre à un appel d'offres, ça devient très compliqué si on n'a rien à dire sur le volet de la RSE et de l'impact. Donc, en plus, si on veut continuer à se développer économiquement, en fait, et avec nos clients, grandes entreprises, par exemple, on a besoin aussi d'y aller.

  • Speaker #0

    Ok, donc un levier économique, finalement aussi des contraintes qui vont arriver et qui sont... positif pour l'économie. Et tu as parlé aussi de marque employeur, et moi ça me fait penser, finalement, est-ce que les entreprises ont le choix ? Parce que la réalité, c'est que la génération qui arrive, on la voit être très engagée sur les sujets de planète, d'impact, etc. Et c'est les personnes qui vont être clientes demain, et c'est les personnes qui vont travailler dans ces entreprises. Donc est-ce que elles ont vraiment le choix en fait ?

  • Speaker #1

    Alors, évidemment, moi, j'ai envie de dire qu'elles n'ont pas le choix, puisque je suis une fervente engagée sur ces sujets-là. En tout cas, je crois que c'est Jean Stone, en préface d'un de mes bouquins, qui avait dit que certaines entreprises sont déjà mortes. La seule chose, c'est qu'elles ne le savent pas encore. Donc, effectivement, je pense que même s'il y a de l'inertie, il va y avoir un moment où, à qualité de service, de produits égales, les consommateurs, les clients, les salariés, tout le monde ira plutôt vers l'entreprise. qui aura développé, qui aura travaillé sur la réduction de ces externalités négatives et si possible sur la génération d'externalités positives, bien sûr. Donc, oui, on peut dire qu'elles n'ont pas le choix. Après, dire que c'est la jeune génération, alors je mets un petit bémol quand même, parce qu'en réalité, ce n'est pas tout à fait vrai. Ça, c'est mon combat pour sortir des cases générationnelles. Un, on se rend compte quand même que cette dimension environnementale et sociale, du sens de l'engagement, est quand même très intergénérationnelle. On le voit aussi, par exemple, chez les seniors, qui se posent beaucoup de questions aussi. Donc, ce n'est pas réservé aux jeunes, c'est sûr. Et puis, chez les jeunes, en fait, il y a beaucoup de diversité. Ce qui est ennuyeux pour les entreprises, c'est que les jeunes les plus engagés, ou en tout cas qui sont les plus exigeants aujourd'hui sur ces sujets-là, eh bien, ce sont les jeunes diplômés. Ce sont les 15% de jeunes, entre guillemets, les plus favorisés, qui ont le choix. du métier, de l'entreprise, qui sortent des grandes écoles de commerce, des grandes écoles d'ingénieurs, mais qui sont quand même normalement les futurs cadres, les futurs dirigeants de toutes ces entreprises. Et c'est là où ça pose souci. Malheureusement, pour d'autres catégories de jeunes, le sujet est quand même pour l'instant d'avoir un CDI et de pouvoir gagner son salaire à la fin du mois. Tous les jeunes ne sont pas orientés sur la sauvegarde de la planète. En revanche, oui, les jeunes diplômés, évidemment, et on l'a vu ces dernières années avec toutes les cérémonies de remise de diplôme des écoles d'ingénieurs et de commerçants, où systématiquement, il y en a toujours trois qui prennent la parole pour expliquer aux entreprises qu'ils n'ont rien compris. Donc oui, c'est bien parce que ça pousse aussi notamment la grande entreprise qui a besoin de ces diplômés, qui a l'habitude de recruter des viviers de futurs managers et dirigeants dans les rangs de ces grandes écoles. Bon, ça les pousse quand même à se remettre en question sur un certain nombre de sujets.

  • Speaker #0

    Ok, écoute c'est super intéressant merci Chédric, tout à l'heure tu as prononcé un mot de lobbyisme donc c'était une partie de ton métier souvent on peut croire que c'est un gros mot c'est quoi le lobbyisme ?

  • Speaker #1

    Alors moi je ne suis pas une experte du lobbying il y a d'ailleurs même des pratiques du lobbying parfois qui me heurtent un peu, je dois bien l'avouer moi je préfère parler de plaidoyer parce que je viens des ONG, je viens de l'intérêt général, donc du bien commun. Et le plaidoyer, c'est comment on va porter auprès des décideurs politiques, ceux qui ont la main sur les décisions, sur le pouvoir, comment on va porter des causes qui nous semblent justes. Tu vois, un exemple, à la Ligue contre le cancer avec Axel Kahn, on s'est beaucoup levé contre l'utilisation des nitrites dans la charcuterie et dans le jambon. Voilà, ça paraît bête, mais les nitrites sont un facteur de risque de cancer énorme et ça fait des années que tout le monde le sait. Et évidemment, il n'y a pas un charcutier qui voulait faire l'effort d'enlever le nitrite de sa charcuterie. Bon, ça pour moi, tu vois, c'est ça le lobbying, en tout cas tel que moi je le conçois, c'est aller porter des sujets majeurs. d'utilité publique, d'intérêt général, au service du bien commun, auprès des décideurs, pour qu'ils prennent leurs responsabilités et qu'ils puissent soutenir ces sujets-là. Le lobbying, ce n'est pas toujours ça. Si tu regardes le lobbying de l'industrie du tabac, je prends ces sujets-là parce que c'est les sujets que j'ai portés à la Ligue contre le cancer. Par exemple, le dry january, Emmanuel Macron s'était dans ses promesses de campagne de soutenir le dry january. En fait, le lobbying du vin a réussi à bloquer l'intervention de l'État sur ce sujet. C'est un exemple. là en fait c'est un lobbying au service d'intérêts privés c'est un petit peu différent de la manière dont moi j'envisage ce mot en tout cas ce type d'action mais c'est personnel évidemment ça n'engage que moi

  • Speaker #0

    donc Frédéric quand t'es à la frédération réseau entreprendre moi c'est là où je commence à entreprendre j'ai 19-20 ans et je sais pas si t'en souviens et je t'en voudrais pas si tu t'en souviens pas parce qu'il y a toutes tes expériences et tous les gens que tu as rencontrés mais moi j'étais en bas et toi t'étais en haut

  • Speaker #1

    Oui, je me souviens parce qu'en fait, à l'époque, on avait encore le siège social dans le nord, sur le campus de l'EDEC, à Roubaix. Et donc, on avait des bureaux qui étaient à l'étage de l'incubateur. Donc, toi, tu étais incubé et moi, j'étais au premier étage. Et effectivement, comme j'avais une partie de l'équipe à Paris, une partie à Roubaix, je venais passer deux jours par semaine sur le campus de l'EDEC avec l'équipe. Je dormais dans le petit hôtel du campus de l'EDEC, là, qui était fait pour les professeurs. accès à une piscine et à un jacuzzi. Je me souviens, le soir, je croisais les professeurs de l'EDEC au jacuzzi. Et donc, effectivement, on s'était croisés pour la première fois là. Mais moi, je me souviens surtout aussi de tout ce que tu as construit avec le label Jeunes Entrepreneurs de France. Je revois des événements où j'étais intervenue. Je me souviens surtout de ça, en fait.

  • Speaker #0

    Oui, j'étais beaucoup inspiré par la FIER, son réseau d'entreprendre. C'est pour ça que j'étais... J'avais gravi les escaliers pour venir te voir. Et je me souviens aussi, d'ailleurs, c'est le campus où j'ai fait mes études. Et donc, je me souviens de la résidence où tu as dû loger. Par contre, je ne me souviens pas du jacuzzi.

  • Speaker #1

    Il était réservé aux résidents professeurs.

  • Speaker #0

    Sûrement. Frédéric, s'il te plaît, on va passer à ta prochaine expérience. Donc, Réseau Entreprendre de 2014 jusqu'à quelle année ?

  • Speaker #1

    2019.

  • Speaker #0

    donc 5 ans et puis après tu veux changer de poste ou comment ça se passe ?

  • Speaker #1

    et après en fait, alors c'était mon 3ème président Olivier avec qui je m'entendais très très bien mais c'est vrai que le temps passe et ma soeur est diagnostiquée d'un cancer d'un sale cancer au mois de juillet 2019, et c'était un peu compliqué chez Réseau Entreprendre à ce moment-là, comme on disait tout à l'heure, parfois tu es à la bonne place au bon moment avec les bonnes personnes, et puis ça change, parfois tu te sens moins peut-être à ta juste place. Et à ce moment-là, Axel Kahn prend la présidence de la Ligue contre le cancer et cherche son DG. Et il me recrute. et donc je quitterai ce entreprendre pour rejoindre cette grande ONG qui est la Ligue Nationale contre le Cancer aux côtés du professeur Axel Kahn un grand monsieur pour l'accompagner dans un projet de transformation de l'association et

  • Speaker #0

    est-ce que tu peux nous on est fin 2019 est-ce que tu peux nous raconter cette rencontre avec Axel Kahn

  • Speaker #1

    j'imagine qui est assez particulière au regard du coup de ton contexte familial bah oui alors en fait alors oui parce que c'était compliqué parce que il y a toujours une petite partie de nous qui se dit bah tiens peut-être si je vais là je vais sauver ma soeur alors je savais que non je savais que ça n'avait rien à voir et que c'est pas parce que j'avais travaillé contre le cancer que tout d'un coup la maladie de ma soeur allait disparaître ou que j'allais trouver des solutions Mais il y a quand même un peu de ça, inconsciemment, où on se dit que c'est bizarre quand même, juste au moment où il nous arrive ça. Je n'ai jamais été confrontée à la maladie avant et au moment où ça arrive, il y a ce poste. Axel Kahn me reçoit parce que je suis sélectionnée, Axel Kahn me reçoit. Axel Kahn était quelqu'un de très rigoureux, très sérieux. Il faisait lui-même les entretiens. La DRH avait présélectionné des candidatures, etc., des dossiers. Mais c'est lui qui faisait les entretiens. Il reçoit 20, 25, 30 personnes. Et paf, ça fitte. Ça fitte et il me propose du job. Et c'est une incroyable rencontre humaine. Axel Kahn, je dis toujours, c'était un monsieur extra-ordinaire. C'était quelqu'un d'assez incroyable. une diva, un personnage, une personnalité très forte et en même temps d'une humanité absolument incroyable. Et on se rencontre en fait. et il me dit, Frédéric, si vous venez avec moi, on va transformer, on va faire ça, on va faire ça. Et ça me donne envie, en fait, et je me dis que tout ce que j'ai appris avant, ça peut me servir, en fait, dans ce nouvel environnement que sont les ONG, que je ne connaissais pas en réalité, parce que Réseau Entreprendre est associatif, mais ça reste quand même un réseau de chefs d'entreprise. Là, j'entre vraiment dans l'écosystème des grosses associations, donc c'est encore un petit peu différent. Et donc, oui, une rencontre. Il me propose, voilà, je suis en finale. Il prend une deuxième candidate. Son choix a été fait parce que c'était quelqu'un qui était un vrai décideur. Et donc, il m'a présenté au bureau. C'est les membres du bureau, évidemment, qui ont finalisé l'accord. Mais globalement, tous les deux, on avait vraiment envie de travailler ensemble. Et vraiment, et d'ailleurs, il n'a vraiment pas... Il n'a pas du tout... traiter attention d'ailleurs, par exemple, à des sujets de fragilité, parce que je me souviens que je m'étais cassée la maléole à l'époque, je venais de me casser la cheville, et je suis quand même allée aux entretiens avec une énorme botte de marche et deux béquilles, j'étais quand même pas en très bon état, et alors ça ne l'a pas dérangé du tout, c'était vraiment une très très belle rencontre, et au-delà de cette histoire personnelle, de ce lien un peu intime avec cette sale maladie, Il y a eu vraiment la rencontre humaine. Moi, j'étais une lectrice aussi d'Axel Kahn. Je lisais ses livres. C'était un grand marcheur. Il écrivait des livres très beaux sur la France, sur les territoires. Et c'est vrai que la rencontre aussi était une rencontre humaine.

  • Speaker #0

    Ok. Donc forcément, de cette rencontre, il va naître, j'imagine, beaucoup d'énergie pour prendre la direction générale. en binôme avec Excelcan. Alors, comment ça se passe déjà, une direction en binôme ? Donc, lui, c'est ton président, toi, tu es la direction générale.

  • Speaker #1

    Oui, alors c'est comme Réseau Entreprendre, en fait, ou comme Omedef, c'est-à-dire que la direction générale pilote la boutique, on est salarié. Je suis dirigeante salariée, je suis responsable du management, des équipes. Je fais tourner la boutique et le président, lui, il est président bénévole, il est président du conseil d'administration et il est en charge de porter la vision politique et stratégique de l'association. Et donc, le binôme est très, très important. D'ailleurs, aujourd'hui, j'accomplis souvent des binômes présidents DG de réseaux associatifs parce qu'il y a une alchimie qui doit vraiment être présente. Si le binôme ne fonctionne pas, l'association peut avoir des grosses difficultés. et donc on avait vraiment articulé nos missions chacun et on échangeait beaucoup évidemment et on essayait de ne pas trop empiéter l'un l'autre sur la mission de l'autre ou en tout cas de le faire en concertation et c'était très intéressant

  • Speaker #0

    Ok, sur cette grande boutique qui est la Ligue Nationale contre le Cancer, est-ce que tu peux nous en dire un peu plus ?

  • Speaker #1

    Oui, la Ligue Nationale contre le Cancer, alors c'est une très très belle association puisque c'est à peu près globalement de tête autour de 650 700 salariés, 12 000 bénévoles, un budget d'environ 110 millions d'euros par an, exclusivement issu de la générosité du public, moi ça, ça m'a beaucoup impressionné. pas de subvention, très très peu de subvention de l'État, une association totalement indépendante, et ça c'est une grande force, c'était une grande force avec un président militant comme Axel Kahn, et donc l'argent arrivait par les dons du public et par les legs, en fait. Voilà, et donc une association qui a plusieurs missions sociales, le financement de la recherche, donc c'est le premier financeur de la recherche privée contre le cancer. mais aussi l'accompagnement des personnes malades dans les territoires. Il y a des comités, la Ligue contre le cancer, c'est surtout dans les comités départementaux qu'elle vit, avec des gens hyper engagés qui accompagnent les personnes malades, qui proposent des soins gratuits, etc. Il y avait aussi tout ce qui était sensibilisation aux facteurs de risque dans les écoles, notamment le tabac, l'alcool, la malbouffe, le manque d'activité physique. Tout ça, ce sont des facteurs de risque de tabac. On sait que 40% des cancers pourraient être évités. si on éliminait ces facteurs de risque. Donc, on travaillait beaucoup là-dessus. Et puis, il y avait la quatrième mission, c'était le plaidoyer. C'était vraiment, effectivement, aller porter des sujets auprès des décideurs politiques et auprès du gouvernement pour faire bouger les lignes au bénéfice des patients, au bénéfice des personnes malades du cancer.

  • Speaker #0

    Tu es une personne engagée, Frédéric. On sent que... Alors, j'imagine que déjà chez Réseau Entreprendre, tu étais hyper engagé. Là, la Ligue Nationale contre le Cancer, avec l'histoire que tu nous as racontée aussi sur ta famille, j'imagine que c'est un poste encore plus... encore plus... encore plus... tu l'as au trip.

  • Speaker #1

    C'est vrai que c'est des organisations qui ne sont pas faciles, parce qu'on donne beaucoup de soi. C'est peut-être un peu plus compliqué qu'en entreprise de ce point de vue-là, parce que c'est difficile de ne pas y mettre de soi à titre personnel dans ce genre de job. Il y a des gens qui arrivent à le faire, qui viennent, ils font leur job de DG ou n'importe quel type de poste d'ailleurs, et puis ils rentrent chez eux, puis c'est fini. Moi, j'ai toujours eu du mal de faire ça, même quand j'étais en entreprise privée. Donc finalement, oui, l'engagement est fort. C'est plus difficile, oui, la ligue contre le cancer, moi j'ai trouvé ça beaucoup plus difficile, mais pour plein de raisons. D'abord parce que je vivais en même temps le parcours de ma sœur. Et donc c'est vrai que quand on le vit aussi, je ne sais pas dans ma chair, mais dans la chair de ma sœur, c'est difficile. Parce qu'on est sur des sujets difficiles, tout simplement. Tous les jours, on parle de personnes malades. C'est lourd, la charge mentale est quand même lourde. C'est une association qui n'est pas facile non plus, parce que ces grandes associations sont très complexes. Les conseils d'administration, la politique, les pressions, le ministère, le machin, etc. Il y a quand même beaucoup de parties prenantes, et donc c'est assez compliqué aussi. Oui, ça nécessite certainement de l'engagement, puis il faut y croire. Quand on n'y croit plus, tu ne peux pas trop y rester. Il faut une raison ou une autre. Si tu n'y crois plus, ou si tu es usé, je pense qu'il faut aussi c'est des postes où tu ne peux pas... J'ai du mal à imaginer, par exemple, je ne pourrais pas rester 25 ans dans ce type de poste. je pense qu'à titre humain, personnel, c'est quand même un petit peu utilisant.

  • Speaker #0

    En termes de charge mentale, de travail, etc. Et donc,

  • Speaker #1

    c'était moins gai quand même que Réseau Entreprendre. On faisait soirée des lauréats, je montais sur scène, je disais aux lauréats Vous êtes formidables, vous les entrepreneurs, vous êtes géniaux, continuez comme ça, puis après vous viendrez rendre à Réseau Entreprendre ce qu'on vous a donné. C'était formidable. Quand tu es à la ligue contre le cancer, tu portes la maladie, tu portes l'espoir, malheureusement encore trop souvent déçu, tu portes des chercheurs qui se battent. C'est un combat qui est quand même plus difficile, moins optimiste qu'on ne peut l'être quand on est avec des entrepreneurs qui croient à leur projet. C'est vraiment différent.

  • Speaker #0

    Et puis, avec le professeur Kahn, vous êtes en binôme, et à un moment, le professeur Kahn tombe malade.

  • Speaker #1

    Oui, c'était la loi des séries. Lui aussi, il a été attrapé par le cancer. Pourtant, il était sportif, il mangeait super bien. Pour le coup, il n'y avait pas les facteurs de risque. Oui, au début, ça n'a pas été... rendu public tout de suite. Ça s'est très bien passé au début. Il avait un traitement, ça se passait bien. On a cru qu'il aurait plusieurs années de vie devant lui. Il a cru et moi aussi, du coup. Donc, on était prêts. On continuait. Il a continué à se battre, sauf qu'à un moment, ça a rechuté. Et puis, un matin, il est venu me voir en me disant Je vais faire une IRM, j'ai mal, ça ne va pas. Et puis, il est revenu en me disant Il me reste deux mois, qu'est-ce qu'on fait ? Et donc, effectivement, il y a eu cet accompagnement. qui a été difficile parce qu'on était en 2021 et en fait, j'ai eu ma petite sœur qui est partie en février, ma maman deux mois après et juste à ce moment-là, Axelle qui rechutait et qui restait deux mois. Donc, le premier semestre 2021, oui, ça a été, je m'en souviendrai longtemps.

  • Speaker #0

    Si ce n'est pas trop indiscret, qu'est-ce qui t'a permis de tenir ? Parce que comme tu dis, c'est la loi des séries. Alors, il y a des lois des séries heureuses, comme tu disais, et des fois, il y a des lois des séries malheureuses.

  • Speaker #1

    Je crois que de toute façon, on est humain, on fait comme on peut. En tout cas, sur ce premier semestre, ce fameux premier semestre un peu noir, parce qu'en plus, j'avais été très épargnée avant, je n'avais pas été vraiment confrontée à la mort, etc. Donc, on est confronté aussi à sa propre finitude. Ça fait prendre conscience de beaucoup de choses, ces phases de vie, ces périodes de vie. Certainement beaucoup d'auditeurs ont vécu ou vivent, malheureusement ça fait partie de la vie. En fait je n'avais pas trop le choix à l'époque parce que ça s'enchaînait. Parce qu'en fait, je ne veux pas rentrer dans les détails pour ma petite sœur, parce que c'est privé, mais ça a été très, très difficile la fin. Et le jour même où elle est partie, le soir, mon papa, à 1000 kilomètres de Paris, qui m'appelle en me disant maman est hospitalisée etc. Et tac, il fallait que je m'occupe de mon papa, de ma maman. Et donc, il fallait à chaque fois s'occuper de l'autre, en fait. Et Axel Kahn, en plus, a vraiment souhaité médiatiser sa fin de vie. Il avait son blog, il faisait des interventions médiatiques, mais jusqu'à 8-10 jours avant son départ. Et donc, je me souviens que tous les matins, il m'appelait en me disant Frédéric, comment vous trouvez mon article sur le blog ? C'est comment Frédéric ? Ça te va ? C'est bien ? Il fallait que je lise les articles du blog où il parlait de la mort, alors que moi, je n'avais pas du tout digéré la mort de ma mère et de ma sœur. Donc, c'était assez violent. Et en fait, tu me dis comment tu l'as supporté. Je pense que je ne l'ai pas supporté. Et d'ailleurs, juste après son décès, j'ai fait une capsulite. J'ai eu l'épaule bloquée pendant six mois. Ça a été l'enfer. J'ai souffert. Donc, je pense que le corps a ressorti un peu tout ça après. Mais bon, quand on vit ces moments-là, on les vit. C'est tout. On n'a pas trop le choix.

  • Speaker #0

    On essaie de tracer. On fait quand on veut.

  • Speaker #1

    Oui. Par contre, ça m'a changé beaucoup ma vision de la vie. et ça a eu un impact sur la suite de mon parcours professionnel ça par contre oui tu peux nous en dire plus ? bah oui en fait ce qui s'est passé c'est que en fait j'ai accompagné le successeur d'Axel Kahn pendant quelques mois et en fait On n'avait pas, et c'est normal, la même façon de voir les choses. Il n'avait pas le même projet, ce qui est normal, mais moi, je portais le projet d'Axel Kahn. Et donc, très rapidement, finalement, je me suis dit que je n'allais pas continuer sur ce chemin-là. Et ça, je pense que ma sœur, notamment, me l'a soufflé, Axel Kahn aussi. Donc, il y a eu cette première coupure. Et ensuite, j'ai repris un poste, j'ai retrouvé un poste salarié. et je me suis sentie à l'étroit dans ce poste salarié pour plein de raisons, même si j'ai été extrêmement bien accueillie dans ce cabinet de conseil et que vraiment, c'était une très belle opportunité. Et en fait, quelques mois après, à la fin de l'année, j'ai décidé de quitter ce job salarié pour remonter ma propre activité. et ça je pense que je ne l'aurais jamais fait si je n'avais pas vécu le départ de ma petite soeur qui n'aurait pas dû partir aussi tôt et si je n'avais pas pris conscience aussi de la finitude et du fait que si je voulais faire vraiment ce qui me tenait à coeur complètement c'était maintenant il fallait que j'arrête d'attendre plus tard

  • Speaker #0

    toi c'est en ça que ça joue et ça c'est sûr ok avant de passer du coup sur l'expérience dont tu parles et la création du coup de ton entreprise Piscora juste pour finir sur Axel Kahn alors moi je t'en ai parlé ça fait partie des personnalités qui m'inspirent beaucoup oui il inspire il a inspiré beaucoup de monde tout à fait et dans des périodes aussi compliquées pour être très franc moi c'est quelqu'un qui m'a tenu donc évidemment c'est une personne qui m'intrigue et tu as eu la chance de le côtoyer comment ça se passe parce que tu racontes que en effet toi c'est un centurier mais malheureux au moment où lui a une période malheureuse toi si tu as une période malheureuse mais en même temps tu le soutiens comment ça se passe.

  • Speaker #1

    Oui, en fait, je pense qu'il y avait un vrai respect mutuel. Moi, j'avais beaucoup, beaucoup de respect pour ce grand homme. On avait une relation... qui n'était pas une relation d'amitié. C'était plus une relation un petit peu de respect, je dirais. Presque un papa et sa fille, plutôt. Presque dans la relation. Et puis surtout de respect professionnel aussi, mutuel. Moi, j'ai beaucoup apprécié sa manière de me faire confiance, de vraiment me confier les clés de la boutique. de me confier aussi des choses personnelles, etc. Et c'était important pour moi. Et donc, c'est vrai que quand il y a eu cette période très difficile, on s'est, j'espère, alors j'espère que je lui ai été un petit peu, un peu d'aide, un peu aussi d'aide de ma part. Mais en tout cas, lui, il m'a beaucoup soutenue aussi. On a beaucoup échangé sur la vie, sur la mort, sur l'euthanasie, sur la fin de vie, sur tous ces sujets que je n'avais jamais vraiment regardé en face et que j'étais obligée de regarder en face avec ce qui arrivait dans ma famille. Lui, c'était un scientifique, il était hyper cartésien. Je me suis toujours dit que c'était l'homme le plus spirituel que j'ai rencontré pour un athée, parce qu'il clamait haut et fort qu'il était athée. Et en fait, il avait une spiritualité énorme et un humanisme absolument incroyable. Et donc finalement, on a beaucoup échangé sur ces sujets-là ensemble. Et ça, c'est des cadeaux aussi qu'il m'a fait avant de partir. Et jusqu'au bout, à la fin, il se réveillait quelques heures par jour. Il était en hospitalisation à domicile. Et puis, on s'envoyait des SMS et je lui envoyais des photos de fleurs, de nature, parce qu'il aimait la nature. C'était vraiment essayer de soutenir un petit peu ce chemin de vie ensemble. Bon voilà, ce n'était pas facile de le voir partir. Parce qu'il avait vraiment tellement de force en lui, que c'était tellement étonnant qu'un type comme ça, finalement, se trouve terrassé par la maladie. C'est vraiment le pied de nez, d'ailleurs. le pied de nez, en fait, de la vie, qui te dit, qui te rappelle que t'es pas grand-chose, en fait, que t'es quand même hyper fragile. Et c'est vrai que c'était un type tellement fort intellectuellement, alors brillantissime, et puis humainement, et puis le type, il marchait, il marchait des centaines de kilomètres par week-end, là, il partait sur les routes de France, il a traversé la France à pied plusieurs fois. Il était, il était, enfin voilà, t'avais l'impression qu'il était immortel. Ben non.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Frédéric pour ce témoignage pour les auditeurs qui ne connaissent pas le professeur Kahn on mettra évidemment dans la description des vidéos et des références à lui parce que je pense que c'est quelqu'un hyper intéressant et que j'aurais aimé interroger on

  • Speaker #1

    va essayer de faciliter Il t'aurait dit oui avec plaisir d'ailleurs parce qu'il adorait ça il était un peu cabot il adorait les médias il adorait échanger et notamment aussi avec les jeunes oui oui c'est sûr super

  • Speaker #0

    Merci On va essayer de passer sur quelque chose d'un peu plus gai, mais en même temps, c'est le concept de l'interview, de se livrer. Et merci encore pour ça, Frédéric. Après l'Aïk contre le cancer, là, tu fais un switch de nouveau et tu nous as raconté que tu as eu une expérience dans un cabinet de conseil, que tu as eu un peu une expérience de transition. Et après, là, tu prends en conscience de par ton expérience à l'Aïk contre le cancer, tu nous racontes que tu prends en conscience que finalement, la vie chaque jour passe.

  • Speaker #1

    et là tu vas créer ta boîte du coup oui tu crées plus courant mais oui mieux vaut tard que jamais donc effectivement 57 balais alors à 57 ans je lâche deux CDI en un an finalement et tout le monde me dit t'es complètement folle ma fille quel courage à ton âge donc effectivement peut-être un petit peu d'inconscience certainement beaucoup d'ailleurs et donc à 57 ans tu quittes le salariat Frédéric pourquoi c'est compliqué à stage à quitter un CDI ? Ah, alors connais-tu le concept de l'agisme, Nicolas ?

  • Speaker #0

    Je ne le connaissais pas avant, pour être très honnête, avant de préparer cette interview. Et pourtant, apparemment, je suis aussi concerné.

  • Speaker #1

    En fait, effectivement, c'est très simple. Quand je me suis dit que j'allais quitter un moment la Ligue contre le cancer, j'ai fait comme tout le monde, j'ai refait mon CV et puis j'ai regardé ce qu'il y avait comme poste. Et donc, j'étais sur un poste qui me plaisait beaucoup, pour lequel je cochais toutes les cases. Et le cabinet en recrutement, alors ils étaient emballés, etc. Et l'employeur ne veut pas me recevoir. parce que je suis trop vieille. Alors, effectivement, je n'étais pas un perdreau de l'année, comme on dit. Je n'étais pas toute jeune, mais quand même.

  • Speaker #0

    C'est le seul argument qui te met en avant ?

  • Speaker #1

    En fait, les consultants du cabinet ont du mal à me le dire parce que c'est quand même une discrimination. C'est illégal. Donc, c'est difficile. Mais en fait, à force de leur demander ce qui s'était passé et pourquoi tout d'un coup leur grand enthousiasme se transformait en pas d'entretien, ils ont fini par me dire qu'en fait, ils préfèrent un quarantenaire, etc. Et donc, alors là, je suis tombée de l'armoire, parce que c'est vrai qu'en plus, dans le secteur des ONG, des réseaux associatifs, il y a beaucoup de problèmes, il y a beaucoup de défauts, mais il n'y a pas trop celui-là. Parce qu'on a l'habitude de travailler en intergénérationnel. Moi, j'avais, par exemple, la Ligue contre le cancer, on avait des très jeunes dans les services com, digital, etc. Et puis, on avait des bénévoles qui avaient 85 ans. Donc, en fait, tout ce petit monde, finalement, interagit ensemble. et donc quand j'ai commencé à dire mais c'est quoi ce truc en fait dans mon réseau mes amis m'ont dit mais tu vis sur quelle planète Frédéric ? en fait en France à partir de 45, 50 ans alors encore plus 55 et plus t'es fichu tu trouveras plus de boulot et c'est vrai que je ne m'étais même pas posé la question parce que moi j'avais la ligue contre le cancer j'avais quand même je ne sais pas 55 ans 54 ans enfin que c'est que ce truc ? Et donc, comme j'aime bien comprendre, j'ai cherché. Et donc, je suis allée voir à la PEC, j'ai fait des ateliers seniors, j'ai fait une enquête, j'ai envoyé un Google Forms sur LinkedIn, j'ai reçu presque 700 retours, 700 témoignages, édifiants. Et donc, je me suis rendue compte qu'effectivement, on avait un énorme problème en France, dans nos entreprises, dans nos organisations, qu'on ne voulait plus des vieux. Quand je dis des vieux, à partir de 45 ans, donc on est très, très vite vieux. Voilà. Et c'est comme ça que j'ai créé l'association Senior for Good. parce que j'ai trouvé ça tellement dégueulasse. En plus, il y a la réforme des retraites qui est arrivée. Je me suis dit, ça va être encore pire. En fait, ils vont décaler les retraites, etc. Et on va faire quoi ? Si on doit encore travailler 15 ans ou 20 ans, mais qu'à 45 ans, on est fini, on fait comment ? Et donc, avec un ami, on s'est dit, qu'est-ce qu'on peut faire ? On est des citoyens, on est des cadres, on va faire une association citoyenne. Et donc, on a créé Senior for Good en 2022. Et puis, en parallèle, j'ai quand même retrouvé un autre poste salarié, ce qui m'avait quand même un peu rassurée. Mais bon, il y avait tellement de gens en difficulté. Quand on a lancé cet assaut, dont l'objet est vraiment de lutter contre l'âgisme, contre la discrimination par l'âge dans les entreprises, et notamment du côté, sur le volet, senior. C'est pour ça qu'elle s'appelle Senior for Good, parce que oui, on peut être senior et vouloir continuer à avoir un impact positif sur la société. Oui, on peut être senior, on peut avoir 45, 50, 55, 60 ans et avoir des projets professionnels qui soient salariés, qui soient entrepreneuriaux, et on avait envie de porter du positif, en fait. L'idée, ce n'était pas de pleurer sur notre sort, mais c'était de porter une image positive, de montrer des rôles modèles, comme on le fait, par exemple, pour les femmes entrepreneurs, où depuis quelques années, on essaye de valoriser des rôles modèles. En fait, je me suis dit, il faut qu'on montre des rôles modèles de personnes de plus de 50 ans, parce que c'est quand même plutôt autour de 50 ans que ça commence vraiment à se gâter, qui ont des projets, etc., pour que dans les entreprises, ils puissent changer de regard. Parce qu'on a un vrai sujet sociétal, culturel, là-dessus.

  • Speaker #0

    et pourquoi ? l'agisme, je me suis intéressé un petit peu avant ce podcast mais moi si tu veux j'avais une réflexion assez basique de dire de toute façon on est tous différents, on a des expériences différentes et aussi quand j'étais encore chef d'entreprise d'une boîte de plusieurs dizaines de salariés il y a quelques mois moi je regouttais des seniors aussi, alors pas que pour mais parce qu'ils avaient des soft skills qui étaient parfois plus développés que les jeunes générations qui arrivent sur le marché du travail on leur a appris des choses. Et je me disais, si j'engage des personnes avec une expérience, ça va faire un bel équilibre avec des personnes qui sont plus jeunes, etc. Et pourquoi alors finalement... Alors, peut-être que je suis naïf, mais pourquoi il y a de l'âgisme ? Pourquoi les personnes... Enfin, il y a des gens qui pensent qu'à partir de 40, 50 ans, entre guillemets, on est cramé.

  • Speaker #1

    C'est fou, hein ? Déjà, tu as tout compris, bravo, parce que tu fais partie des chefs d'entreprise, on va dire, que j'appelle éclairés, qui ont compris en fait que la richesse, c'était la diversité, c'était la singularité de chacun au service du collectif, au service de tous. Malheureusement, effectivement, ce n'est pas le cas dans toutes les entreprises, loin de là. Tous les chiffres le montrent, il y a des tonnes d'enquêtes qui ont été faites, surtout depuis la dernière réforme des retraites. En 2023, il y a eu plein d'enquêtes. Et globalement, énormément de dirigeants de DRH confirment écarter les candidatures des plus de 45, 50 ans, etc. Alors pourquoi ? C'est compliqué de répondre à ça, parce qu'en fait, on se rend compte que ce n'est pas vraiment rationnel, qu'il y a vraiment un sujet de stéréotypes. Donc en fait, on a des biais cognitifs. Notre cerveau aime bien simplifier, aime bien catégoriser, mettre les gens dans les cases, c'est rassurant. Et à partir de ces biais, tu peux avoir des stéréotypes, positifs ou négatifs, qui sont très négatifs pour les seniors, et donc des préjugés. Et effectivement, il y a toute une série de préjugés envers les personnes de plus de 50 ans. qui sont déconnectés, fatigués, plus engagés, difficiles à manager, trop chers, etc. Qu'on peut démonter, je pourrais te les démonter un par un sans aucun problème, mais en fait, les gens y croient. Et ça devient quelque chose d'inconscient qui est ancré, et dont on ne parle même plus. Et l'agisme est quand même la première discrimination dans le monde du travail. Globalement, avant le sexisme, avant le racisme, c'est un truc de fou. Personne n'en parle. Enfin, maintenant on en parle, mais personne n'en parlait. C'était silencieux et accepté. Tu regardes, même dans l'entreprise, pour les salariés dans l'entreprise, par exemple, plus tu augmentes en âge, moins tu as accès à la formation. Moins tu as d'augmentation. Moins tu as accès à des promotions. Ou à de la mobilité interne. C'est hallucinant. Comme si, en fait, à partir de 45-50 ans, c'était fini, tu étais au rebut. Et quand tu vois la rapidité à laquelle les compétences deviennent obsolètes aujourd'hui, Si tu ne formes pas les gens, forcément après tu vas dire qu'ils sont has-been, ça c'est clair. Et toi, il y a une espèce comme ça de culture. On a quand même une culture du jeunisme en France. Tu regardes, ça sort même du monde de l'entreprise. Moi, je le dis à chaque fois, tu regardes la télévision, le cinéma, les films, etc., les publicités. On a quand même un vrai sujet, en fait, avec les personnes de plus de 50 ans. Une espèce d'invisibilisation. Alors les femmes, double peine, c'est encore pire pour les femmes. Quand les hommes, depuis 50 ans, ils sont sexy, ils ont des tempes un peu grisonnantes, ça va, mais les femmes, on ne les montre plus. Et en fait, tout ça, si tu veux, ça fait que dans les entreprises, finalement, ça fonctionnait comme ça. Sauf qu'aujourd'hui, il faut que ça change, parce que déjà, un, on décale l'âge de la retraite, on demande aux gens de travailler plus longtemps. Donc, tu ne peux pas demander aux gens de travailler plus longtemps si en fait les entreprises ne veulent plus d'eux. Ça va juste pousser à davantage de précarité. Deux, l'évolution démographique fait que bientôt, il n'y aura plus que des vieux dans les boîtes. Donc, il y aura, dans quelques années, les plus de 45 ans seront majoritaires dans les entreprises. Donc, il serait temps que les entreprises aussi se mettent en conscience de ça et agissent. Et puis, trois, vu les enjeux sociaux, environnementaux qu'on a à adresser, les enjeux de transformation des organisations qu'on a devant nous, mais pétard, utilisons les forces vives, toutes les forces vives de l'entreprise pour y aller. pourquoi on se prive de la richesse d'une partie. Et quand même, il faut quand même noter que l'âgisme, c'est aussi envers les plus jeunes. C'est un des paradoxes d'ailleurs. On peut en parler. Les très jeunes aussi, en fait, subissent ça.

  • Speaker #0

    Alors, avant de parler de l'âgisme envers les jeunes, quand j'ai préparé cet interview, j'ai vu que l'âgisme aussi, malheureusement, en France, on était en haut du podium.

  • Speaker #1

    Ah ben, on est les pires d'Europe. On a le taux d'emploi des plus de 50 ans et 55 ans, le plus faible d'Europe, en fait.

  • Speaker #0

    En quelques mots, si tu peux nous expliquer pourquoi.

  • Speaker #1

    Le pourquoi, c'est exactement ce que je viens d'expliquer. En fait, c'est vraiment culturel. On voit bien, en fait, en fonction de la culture des pays, que c'est plus ou moins marqué. Alors, on n'est pas les seuls. Il y a d'autres pays en Europe où on n'est quand même pas très bons. Mais quand tu regardes des pays comme certains pays du Nord, de l'Europe, les pays scandinaves, le Canada, certains pays anglo-saxons, où vraiment on voit que la séniorité est restée vraiment une richesse, en France, on a vraiment eu cette espèce de dérive où finalement, être sénior, en plus c'est hyper positif être sénior, ça veut dire être expérimenté. bien sûr quand t'es jeune tu deviens chef de produit senior t'es content tu vois ça y est je suis chef de produit senior sauf qu'en fait non en fait il y a un moment du jour au lendemain tu deviens obsolète ton expérience n'a plus de valeur ouais je sais pas comment t'expliquer ça ce que je peux dire c'est qu'il est temps que ça change c'est ça surtout on est tout à fait d'accord et donc l'agisme aussi auprès des jeunes

  • Speaker #0

    et en fait ce qui est assez paradoxal c'est que ce que tu disais c'est qu'on met en avant beaucoup les jeunes c'est plutôt cool c'est plus cool d'être jeune que d'être senior et pour autant

  • Speaker #1

    Oui, alors ça, c'est aussi un peu les paradoxes. C'est que oui, complètement, on a cette tendance quand même au jeunisme. Il faut savoir aussi que les politiques publiques de l'emploi, elles ont quand même beaucoup poussé ça, parce que depuis les années 80, notamment pour les grandes entreprises, on a poussé les grandes entreprises à faire sortir les plus vieux pour faire rentrer les jeunes. Donc, on opposait un peu les générations. Et ça, ça a ancré aussi un peu des croyances et des biais aussi dans certaines entreprises. Mais c'est vrai qu'on voit bien que les plus jeunes, ceux qui démarrent, ont beaucoup de mal à trouver un premier poste parce qu'on veut des jeunes. créatifs et dynamiques, mais qui ont quand même déjà de l'expérience. Et on se rend compte qu'en fait, l'agisme touche les deux côtés du curseur, les plus jeunes et les moins jeunes. Et des deux côtés, c'est tout aussi ridicule.

  • Speaker #0

    C'est quoi l'âge parfait ?

  • Speaker #1

    Alors moi je dis par exemple, pour les femmes, j'ai une équation mais qui est vraiment, qui ne fait pas rêver. Tu vois, pour les femmes, jusqu'à 25 ans, tu es trop jeune. De 25 à 35, 40, tu fais des enfants. Donc ce n'est pas top non plus. Puis à partir de 45 ans, la ménopause arrive. Donc ta carrière entre 40 et 45, ce n'est pas mal. Donc mesdames, dépêchez-vous. Non, je caricature, mais à peine.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup pour toutes ces informations sur l'agisme, Frédéric. Et si on peut parler un petit peu, tu as créé une entreprise qui s'appelle Uskoa. En quelques mots, c'est quoi l'objectif d'Uskoa ?

  • Speaker #1

    Uskoa, déjà, ça veut dire croire en finnois. Ça vient de Finlande. C'est un petit clin d'œil, parce que la Finlande est assez avant-gardiste sur un certain nombre de sujets qui me tiennent à cœur, comme l'ARSE, comme les gouvernances participatives, comme l'égalité hommes-femmes, comme la... L'emploi des seniors, par exemple, où ils ont des taux qui sont bien plus élevés que nous. Et croire, croire en quoi ? Évidemment, tu peux peut-être même l'imaginer vu mon parcours, mais c'était croire en une entreprise, en un monde du travail durable, humain, responsable. Et donc, l'idée du SQUA, c'est vraiment d'accompagner les organisations dans une transformation durable. Et donc, c'est assez large, puisqu'en fait, moi, j'accompagne aujourd'hui des dirigeants, des organisations, des entreprises. à la fois sur des sujets de transformation culturelle de vision, de raison d'être, etc. Des transformations managériales, comment faire évoluer aussi les modes de management. Moi, j'ai beaucoup travaillé sur des sujets comme la subsidiarité, notamment, qui est très intéressant pour les entreprises aujourd'hui. Donc, comment on va effectivement mettre en action, en mouvement l'intelligence collective. Et puis aussi, la transformation sociale autour de la RSE, donc sur le S de la RSE, où je travaille sur des enjeux d'inclusion. Hommes, femmes, oui, bien sûr, et aussi et surtout les seniors et l'intergénérationnel. Moi, je crois profondément dans la richesse et la force, la puissance de l'intergénérationnel. et ça finalement les entreprises ne le prennent pas toujours en compte aujourd'hui on a 4 générations qui se côtoient dans l'entreprise parfois elles se côtoient mais elles ne travaillent pas forcément en tout cas de façon optimisée ensemble et donc une des missions du SCOA aussi c'est d'accompagner les entreprises de la sensibilisation à la mise en action donc le SCOA est à la fois un cabinet de conseil de formation puisqu'on est certifié Calliope d'accompagnement, de coaching, puisque je suis aussi coach certifié. J'accompagne aussi beaucoup de gouvernance, donc des conseils d'administration, pour optimiser leur fonctionnement, les sensibiliser aussi aux enjeux RSE, ESG. Et puis, qu'est-ce qu'on fait d'autre ? Et puis moi, à titre personnel, ce qui me porte le plus aujourd'hui et ce que vraiment j'ai beaucoup développé l'année dernière et que j'espère vraiment pouvoir continuer à déployer, ce sont des conférences. J'ai 33 ans d'expérience, de parcours, des réussites, des échecs, j'ai vécu plein de trucs. Et aujourd'hui, j'ai envie de partager, j'ai envie de transmettre, j'ai envie, si j'y arrive, d'inspirer. Et en fait, j'ai monté des conférences que je donne aujourd'hui devant des équipes, dans les entreprises, en petit comité devant des comex ou en très grand comité pour des gros événements. sur ces sujets qui me tiennent à cœur, le leadership pour tous, le leadership inclusif, l'intergénérationnel, le chemin vers l'impact, etc.

  • Speaker #0

    Je souris parce que je me dis, avec tout ce que tu fais, Frédéric, l'âgisme n'a aucun sens.

  • Speaker #1

    Mais j'espère bien montrer que, justement, pour peut-être à mon petit niveau modeste, montrer qu'effectivement, ce n'est pas l'âge. Je veux dire, franchement, il y a des jeunes de 20 ans parfois qui sont vieux. Et il y a des vieux de 80 ans, 90 ans, qui sont hyper jeunes. Donc oui, il faut arrêter de regarder les années. Il faut regarder... l'envie, l'énergie, l'expérience, la compétence. On a des jeunes qui sont absolument formidables et talentueux. C'est tellement ridicule. Je trouve ça incroyable qu'aujourd'hui, on ne recrute pas uniquement sur la compétence. Ne serait-ce que de toi que ce soit un sujet de regarder l'âge quand on recrute quelqu'un. C'est juste incroyable. Tu as un besoin, tu mets des compétences en face et des soft skills. que vient faire l'âge là-dedans ?

  • Speaker #0

    Est-ce que tu penses que de la même manière qu'à un moment, alors je ne sais plus si c'est légal maintenant ou pas, mais on a fortement incité à enlever les photos sur les CV pour éviter des discriminations, on devrait aussi enlever l'âge ?

  • Speaker #1

    C'est un grand débat. Moi, souvent, quand j'interviens, des seniors qui cherchent un emploi et sont désespérés me disent Est-ce que je dois dégrader mon CV ? Est-ce que j'enlève des diplômes ? Il y en a qui le font, c'est horrible, c'est triste quand même, qu'ils enlèvent des diplômes. Moi, je ne les suis pas très favorables parce que je me dis déjà, de toute façon, quand tu te retrouves en entretien devant la personne, on voit bien quel âge tu as. Il y a un moment, tu ne veux pas non plus...

  • Speaker #0

    Mais en même temps, ça permet de passer à la première étape. Ouais,

  • Speaker #1

    ouais, ouais. Alors, c'est ça. Est-ce que ça permet de... C'est dramatique, s'il faut ça pour un entretien, mais bon, voilà. Moi, je pense quand même qu'il va falloir mettre quelques contraintes aux entreprises. Je ne suis pas du tout pro-quota, etc., mais il faut bien avouer que pour les femmes, ça a fonctionné.

  • Speaker #0

    Ça fait avancer.

  • Speaker #1

    aujourd'hui on est exemplaire on est conseiller d'administration en France par rapport aux autres pays d'Europe voilà on a obligé et je pense que pour les seniors il va falloir aussi qu'il y ait des obligations moi j'ai entendu des DRH de grandes entreprises dire de toute façon on attend de voir on attend de voir si on va être obligé à quelque chose c'est marrant parce que il fallait faire bouger comme ça dans les changes qu'on avait avec

  • Speaker #0

    Angèle Gérard qui est aussi une sage qui est passée dans le podcast elle se bat pour l'entrepreneur féminin et au début elle était contre l'Equota aussi et en fait elle s'est rendue compte que malheureusement un moment peut-être il faut passer en phase législative.

  • Speaker #1

    C'est ça, en fait, qui peut être pour un quota ? Qui a envie d'être choisi pour entrer dans un quota ? Personne. Personne n'a envie. Ça peut être des quotas pour les femmes, pour les vieux, pour les jeunes, pour n'importe qui, les handicapés, tout ce qu'on veut. Personne n'a envie d'être un quota ou de ne pas être recruté pour ses compétences et son expérience, mais d'être recruté parce qu'il faut cocher la case qu'on a recruté le vieux ou la vieille ou bien le jeune, tu vois. Personne n'a envie de ça. Mais malheureusement, on... Alors, attention, parce qu'on fait beaucoup de généralité, finalement, dans notre échange, mais il y a aussi plein d'entreprises absolument incroyables et formidables qui sont engagées sur ces sujets, qui ne travaillent pas du tout comme ça. Et je pense notamment à notre tissu de TPE, PME, qui est quand même l'essentiel des entreprises en France, qui sont bien souvent beaucoup plus dans l'humain, avec des chefs d'entreprises souvent patrimoniaux, qui vont vraiment aller recruter des personnes sur leurs compétences, etc. Malheureusement, Ces sujets touchent quand même plutôt les grandes entreprises, parce que plus l'entreprise est grande, plus on travaille avec des process, plus on cadre, plus on ferme. Et c'est là que je me dis, du coup, peut-être que la contrainte peut faire bouger les choses.

  • Speaker #0

    Je comprends. En effet, si on faut passer par là, le but c'est d'avancer. Ok, merci Frédéric. Si ça te va, pour finir cette interview, je voudrais passer sur des questions un peu plus personnelles, si tu m'y autorises. Alors, ce qui m'intéresse... T'as le droit de dire Joker.

  • Speaker #1

    D'accord, on va voir.

  • Speaker #0

    Et ça sera pas coupé au montage. Alors, t'es passée de salariée à entrepreneuse en... 2023.

  • Speaker #1

    Oui, il y a un peu plus d'un an. Je suis une jeune entrepreneur.

  • Speaker #0

    C'est super. C'est quoi, en quelques mots, les grandes différences ?

  • Speaker #1

    Tout est différent, en fait. C'est un autre monde. Encore, moi, ça fait quand même des années que j'accompagne des entrepreneurs, que je coach des entrepreneurs. J'ai animé un réseau d'entrepreneurs, donc ce n'est pas non plus comme si je ne connaissais pas du tout. Mais ce n'est pas du tout pareil quand tu le vis, évidemment. Ça n'a rien à voir. C'est facile d'expliquer aux autres ce qu'ils doivent faire. Le faire pour soi, c'est complètement différent. Non, mais tout est différent. Je passais d'une organisation, tu manèges des dizaines, voire des centaines de personnes et tout d'un coup, tu es toute seule dans ton bureau. Aujourd'hui, on est deux. On est deux chez Square. Coucou Laura. Heureusement que Laura m'aide. Mais voilà, on est deux. Alors que voilà, plus de management. Moi, ça m'a beaucoup manqué. j'ai mis longtemps et d'ailleurs je me rassurais en me disant peut-être demain je reprendrai un poste d'ailleurs je me dis toujours finalement le statut tant que tu fais des choses qui te plaisent qui te donnent envie qui te font t'engager je veux dire après ils ne voudront certainement plus de moi vu mon âge mais moi on me proposerait un superbe job avec du management j'y retournerais en courant aussi parce que j'aurais envie aussi de manager donc le management m'a beaucoup manqué ça ça a été vraiment le gros sujet le gros point les six premiers mois J'ai rattrapé parce que je conçois, j'anime des séminaires, je fais des conférences, je suis face aux gens, avec les gens, je fais beaucoup d'ateliers dans les entreprises. Donc, ça me permet un petit peu de garder ce lien humain dont j'ai vraiment besoin parce que c'est ce qui m'a porté pendant 30 ans de management. Mais ça, ça m'a manqué. Et puis, ce qui change, c'est que tu es responsable seule. Alors après, bon... Quand tu es DG d'une organisation, tu es un peu seul quand même. Tu as beau avoir un conseil d'administration, tout ça, des fois, tu ne peux pas discuter, tu ne peux pas raconter à tes collègues du comité de direction tous tes problèmes. Il y a beaucoup de choses que tu dois cacher. Donc, tu as déjà un peu l'habitude de cette solitude. Mais ce n'est quand même pas pareil de te retrouver seul à devoir tout faire. tout produire. Parce que quand tu démarres, t'es seule, parce que j'ai commencé un job d'indépendante. Quand on dit j'ai monté Uskoa, aujourd'hui c'est vrai que je travaille avec une communauté d'experts en fonction des missions, etc. Ça me permet effectivement de gérer davantage de missions et de développer la boîte. Mais quand j'ai démarré en janvier 2023, tu vois, j'étais seule. J'avais des premiers clients, il fallait que je produise les contenus, les offres, les services, que je fasse mon site web, que je fasse ma certification Calliope, parce que je voulais que des clients associatifs puissent éventuellement faire financer... leur formation s'ils n'avaient pas les budgets. Il fallait que je produise les contenus des séminaires qu'on m'avait demandé d'organiser, que je commence à travailler sur les premières conférences, que je monte les programmes de formation. Donc il fallait tout faire en même temps et j'étais seule. Alors en fait, à la fois c'est absolument incroyable, c'est tout d'un coup une liberté géniale, et en même temps c'est complètement différent, c'est-à-dire qu'à la fois tu n'as plus la charge, la responsabilité des personnes. Moi quand j'étais en direction générale, pour moi c'était très important d'avoir la responsabilité des gens qui étaient dans les équipes que j'animais. Donc là, tu n'as plus cette responsabilité-là, tu n'as plus ça sur les épaules. Mais par contre... tu as tout le reste, tu as tout ce qui est en lien avec toi. C'est-à-dire que ta réussite, ça peut être que toi, l'échec, ça peut être que toi. C'est à toi. Et ce qui est très difficile, j'ai trouvé, c'était de... D'ailleurs, je ne l'ai pas bien fait, de prendre soin de soi dans ces moments-là. parce que tu bosses 7 jours sur 7, 24 sur 24, tu t'arrêtes jamais et tu es dans une espèce de tunnel comme ça. Alors tu te dis, ouais, c'est parce que c'est le début, parce que c'est le début, mais les mois passent. Et puis ça continue. Et puis quand les clients arrivent, tu continues, tu continues. Et donc voilà, c'est vrai que j'ai mis quand même, j'ai mis 8-10 mois avant de commencer à me dire, ben voilà, là, je vais pouvoir structurer ça comme ça, comme ça, comme ça. Mais au début, oui, c'est un peu dur.

  • Speaker #0

    Et du coup, une montagne de choses. Et pourtant, Frédéric, tu fais l'enfer à TEDx. Oui.

  • Speaker #1

    Oui, oui, j'avais peur de m'ennuyer en fait. Donc, j'ai publié le bouquin chez Errol et puis j'ai fait un TEDx. Oui, oui, alors le TEDx, je ne vais pas dire que c'était un vieux rêve, parce que ça fait un peu bête de dire je rêve de faire un TEDx, parce qu'un TEDx pour un TEDx, ça n'a pas trop d'intérêt. Mais c'est vrai que comme j'avais commencé à développer mes conférences et que j'ai toujours adoré parler en public, dans le passé, j'ai organisé beaucoup d'événements chez les entreprises, etc. C'était quand même un volet d'action qui me... portait beaucoup, en fait, de porter ma voix. Et là, j'avais vraiment un sujet, qui est le sujet des seniors, des générations, dans le monde du travail. Et donc, j'ai eu cette chance, effectivement, de pouvoir faire ce TEDx en décembre, donc à Orléans, l'association TEDx Orléans. Et ça a été vraiment un défi, en fait. C'est quelque chose, c'est une aventure un peu particulière. Il y a eu d'ailleurs un débat il y a quelques jours sur LinkedIn entre des conférenciers qui se demandaient si c'était un truc qui boostait les conférences ou pas, etc. Moi, je n'ai pas du tout abordé le projet comme en me disant je vais faire un TEDx, comme ça je vais vendre des conférences. Mais rien à voir. Pour moi, ce n'est pas du tout le même exercice. Le TEDx, d'abord, j'ai trouvé que c'était hyper dur parce que c'est très contraignant. Tu es sur un rond rouge, tu ne peux pas bouger. Alors moi d'habitude, j'adore aller vers le public, me balader, aller dans la salle, voir les gens. Là, non, tu ne peux pas quitter le tapis rouge. Rien que ça déjà, ce n'était pas évident. Tu as 18 minutes maximum, tu as un compteur qui décompte. Donc tu es hyper stressé parce que tu as la trouille. D'ailleurs, tu parles trop vite du coup, parce que tu te dis, oh là là, je ne vais pas avoir le temps de dire ce que j'ai à dire. Tu répètes énormément, tu es coaché, tu t'entraînes. à la fin, j'étais contente de l'avoir fait. C'est un peu triste parce qu'à la fin, on perd même l'énergie tellement on l'a révisé, ce truc. Mais je voulais passer mon message. Et pour moi, c'était vraiment un message militant. Et ce TEDx, je suis quand même contente de l'avoir fait. Je me dis que j'aurais pu le faire mieux, évidemment. Mais je suis contente de l'avoir fait parce que au moins, j'ai passé le message que je voulais passer de manière militante. Quand je fais des conférences sur l'intergénérationnel, je veux générer des émotions, faire rêver les gens. que quand ils sortent de la conférence, ils ont envie de tous bosser ensemble encore mieux dans leur entreprise. Donc, je vais être plutôt sur des registres émotionnels, humour, montrer des exemples, etc. Là, le TEDx, je suis plutôt, en tout cas, j'ai essayé d'être sur un registre plutôt sérieux, plutôt militant, plutôt faire passer vraiment ma conviction profonde, en fait. Du coup, c'était beaucoup plus dur. J'ai trouvé ça beaucoup plus dur. Mais c'est une très belle expérience. Franchement, j'ai trouvé... C'est un petit challenge quand même personnel.

  • Speaker #0

    évidemment on mettra en description ces TEDx que j'ai regardés c'est pas obligé ah si ça vaut le coup juste pour teaser le nom du TEDx il s'appelle unique ensemble ok ça te ressemble bien pour finir j'ai encore une ou deux questions pour toi du coup donc avec ton parcours exceptionnel en tant que dirigeante et entrepreneuse, est-ce que tu as quelques conseils et trois conseils à donner à des jeunes entrepreneurs ? Et jeunes, pas forcément dans l'âge.

  • Speaker #1

    Alors oui, les conseils, je pourrais les donner en tant que jeune entrepreneur moi-même, surtout, plutôt qu'ancienne dirigeante ou je ne sais quoi. Je pense que c'est vraiment l'expérience qui fait la différence. Le premier conseil, même si c'est un conseil que je donne depuis des années, évidemment, c'est celui de ne pas rester seule, de se faire accompagner. Moi-même, pour ma petite entreprise, c'est la première chose que j'ai fait avant de démarrer, c'était d'appeler des dirigeants que j'admire beaucoup pour leur demander d'être mes mentors et de constituer un petit board, un petit comité stratégique qui m'aide aujourd'hui et qui accompagne progressivement le développement de mes activités. Donc vraiment, ne pas rester seule, se faire accompagner. Le deuxième conseil qu'il faudrait que je m'applique un peu mieux à moi-même, c'est prendre soin de soi. parce que l'entrepreneuriat, on le dit tout le temps, mais c'est bien de le répéter, ce n'est pas un sprint. C'est sur la durée que ça se joue et c'est épuisant et c'est un peu le grand huit. Donc, il faut vraiment garder ce soin de soi parce que pour être en capacité de prendre soin de ses clients, de prendre soin de son activité, il faut déjà être en capacité de prendre soin de soi. Le troisième conseil que je donnerais, c'est... D'aller là où ton cœur te porte ? parce que je me dis qu'en fait, on ne peut pas vraiment se planter si on voit là où on a le cœur d'aller, où vraiment on sent qu'on est à notre juste place. Parce que déjà, c'est là où les clients vont dire oui, vont venir te voir parce qu'ils sentent ça, ils sentent que tu es aligné et que tu donnes ce que tu as à donner. Et puis finalement, je me dis, même si tu échoues, ce ne sera pas un échec parce que tu auras appris et au moins tu auras expérimenté et tu auras osé essayer.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup pour tes mots. Pour finir ce podcast, alors, avant de te demander qu'est-ce que je peux te souhaiter, je vais quand même te le dire aux éditeurs, parce que Frédéric est quelqu'un d'hyper humble, mais elle a reçu, du coup, la médaille de l'Ordre National du Mérite il y a peu, et donc ça me semble assez logique de le dire, au regard de ton parcours assez exceptionnel. Et donc Frédéric, qu'est-ce qu'on peut te souhaiter ?

  • Speaker #1

    J'allais dire une longue vie d'entrepreneur, de jeune entrepreneur, avec plein de conférences à faire, pouvoir sensibiliser plein d'équipes, plein d'équipes de direction, pouvoir accompagner plein de dirigeants à porter le bien commun dans leur entreprise, à faire ce choix de l'impact, de la performance globale. peut-être apporter ma petite goutte de colibri. Je sais que parfois, on dit que c'est nul, cette histoire du colibri, mais moi, j'aime bien quand même cette idée finalement d'apporter une petite pierre modeste, un petit caillou modeste à améliorer ce monde du travail et à essayer d'apporter un peu plus d'humanité dans ce quotidien, dans ce monde du travail qui en a vraiment besoin, me semble-t-il.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, Frédérique.

  • Speaker #1

    Merci. Waouh !

  • Speaker #2

    Sous-titrage ST'501 Merci à tous pour votre écoute sur le troisième épisode des Sages. Vous êtes de plus en plus à nous écouter et pour ça, vraiment, je vous remercie. J'espère encore une fois que vous avez beaucoup appris auprès de Frédéric, l'une des plus grandes patronnes associatives et pour le bien commun. Les Sages, comme je vous le dis souvent, c'est aussi pour moi une aventure entrepreneuriale qui débute. Donc n'hésitez pas à m'envoyer sur LinkedIn, Nicolas Jeanne, Jeanne, J-E-A-N-E, vos feedbacks et vos commentaires. Ils sont super méga précieux pour moi. Si vous avez aimé et appris grâce à l'épisode, il y a maintenant deux manières de nous remercier. La première, c'est de mettre 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute et de nous laisser un avis. Ça permet de nous faire remonter dans les classements. Et si vraiment vous voulez nous filer un coup de pouce, vous pouvez nous faire un don de 2 euros pour faire vivre ce podcast sur GoFundMe. Comme vous êtes restés jusqu'au bout, je vais vous lâcher, comme d'habitude, nos deux prochains invités. Notre prochain invité sera Henrik Klaba, le co-fondateur patriarche d'OVH. Et je vous assure que ce sera un épisode vraiment exceptionnel. Et notre cinquième invité est un invité très exceptionnel, puisque ce sera... François Hollande, l'ancien président de la République française. Merci à tous et à très vite.

Description

Pour ce troisième épisode, nous recevons Frédérique Jeske, une dirigeante engagée pour le bien-commun.


Frédérique est une femme exceptionnelle :


  • Ex dirigeante de la Fédération Réseau Entreprendre et la Ligue Nationale Contre le Cancer avec Axel Kahn

  • Entrepreneuse maintenant avec USKOA et militante contre l'âgisme avec notamment Senior For Good

  • Une leadeuse positive, engagée pour la diversité et avec un parcours atypique


Dans ce troisième épisode on a notamment parlé de Axel Kahn, l'enfance de Frédérique, la place des femmes dans l'entreprise, la planète, l'engagement des jeunes, Marseille, des quotas, la place de la "synchronicité" dans la vie, Elsevier Masson....


Bon voyage avec les Sages ! 



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Edouard Waels : ewaels@ooslo-avocats.com

Marion Fabre : mfabre@ooslo-avocats.com


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les sages, c'est avant tout une histoire personnelle. Je m'appelle Nicolas Jeanne et j'entreprends depuis que j'ai 19 ans. Sur ce chemin, j'ai eu la chance d'en rencontrer des personnes que j'appelle les sages. Vous savez, ce sont ceux d'un conseil bienveillant, qui peuvent changer votre journée, votre projet, votre vie. Souvent des personnes avec qui il y a un avant et un après. A mes yeux, ce sont des leaders authentiques, mais surtout des leaders humanistes. Et ça, c'est important pour moi. Ceux qui vont vous faire grandir sans s'en rendre compte. Plus que n'importe quel livre ou cours, des témoignages qui viennent du cœur et de la réalité. Et surtout du cœur. Aujourd'hui, je vous propose de partir à leur rencontre. dans un format inédit et négocié avec eux. Un format où l'on se dira tout, naturellement, et aucune question ou anecdote sera interdite. Ça, vous avez ma parole. Un format axé sur leur activité, bien sûr, mais qui, évidemment, dérivera vers la vie, la société et les émotions. Mon but, c'est clairement de mettre en valeur l'aspect humain de ces personnalités qui me paraissent exceptionnelles et de casser la carapace. Casser la carapace, vous le sentez, c'est pas un mot par hasard. Pourquoi ? parce que je pense que ça va vous permettre d'apprendre sur les petits grands leaders et leaders qui ont bâti et bâtissent la société. La France est une terre bourrée de talents et de leaders, et nous allons en leur rencontre. Bon voyage avec les sages. Frédéric Jesque est une personne que j'estime beaucoup. Il y a à peu près 10 ans, à la sortie de mes études, j'arrive à l'incubateur de l'EDEC. Je monte alors un réseau pour aider les jeunes entrepreneurs. Un jour, j'entends parler qu'à l'étage même se trouve la Fédération Réseau Entrepreneur et sa directrice générale, Frédéric Jesque. Je fais le choix alors de monter les escaliers. Et là, en montant les escaliers... Je découvre Frédéric. Je fais une rencontre exceptionnelle. J'ai découvert une femme de conviction qui, après raison d'entreprendre, s'est engagée pour la Ligue contre le cancer et aujourd'hui, elle entreprend à 58 ans. En plus de ça, elle a décidé de rajouter une corde à son arc, avec l'agisme. Un combat on ne peut plus moderne que je vais vous laisser découvrir. Allez, on y va avec Frédéric.

  • Speaker #1

    Bonjour Frédérique et bienvenue dans Les Sages, comment tu vas ?

  • Speaker #2

    Bonjour Nicolas, je vais très bien, merci, et j'espère que toi aussi.

  • Speaker #1

    Est-ce que pour démarrer, je peux commencer par te poser la question de ton enfance, que tu nous racontes un petit peu ton parcours, ton enfance ?

  • Speaker #2

    Oui, bien sûr, qu'est-ce que je peux te dire ? Moi, je suis née dans le nord de la France, j'ai eu une enfance classique en fait, dans une famille plutôt aimante, où j'étais aimée, j'étais une petite fille très timide. Très introvertie, plongée dans mes livres, j'ai un peu souffert à l'école, j'ai été harcelée comme on dit encore aujourd'hui, puisque malheureusement ça existe encore aujourd'hui, c'est même peut-être pire avec les réseaux sociaux. En tout cas pendant plusieurs années j'ai été vraiment harcelée par des copines d'école on va dire. Donc j'ai eu une adolescence un petit peu révoltée du coup, donc j'ai beaucoup fait la fête à l'adolescence.

  • Speaker #1

    voilà sinon j'ai beaucoup de bons souvenirs d'enfance de ma famille et beaucoup de bons souvenirs d'adolescence à faire la fête en fait surtout quand tu dis harceler si tu peux nous en dire un peu plus est-ce que finalement c'est quelque chose qui a été un épisode compliqué mais qui t'a aidé aussi peut-être

  • Speaker #2

    Alors, compliqué, oui, c'est certain, puisque j'étais petite, c'était en primaire jusqu'au début du collège, on va dire. Et quand j'entends aujourd'hui des émissions à la télévision sur le sujet, je me rends compte que les choses n'ont pas beaucoup bougé. C'est exactement la même chose, avec heureusement des parents qui me soutenaient beaucoup. Et les enfants peuvent être durs, peuvent être même presque violents. Donc, j'ai un souvenir assez difficile, effectivement, de ça. Ça ne m'a pas traumatisée pour autant, si ce n'est que je pense que ça a joué dans la façon dont je me suis ouverte à l'adolescence et dont, au contraire, j'ai eu besoin de sortir de mon environnement protégé familial. Je suis restée fille unique pendant 7 ans, donc j'étais très protégée. Donc ça m'a peut-être aussi boostée. En revanche, je ne pense pas que ça m'ait traumatisée. D'ailleurs, si tu veux, j'ai même une anecdote là-dessus. Elles se reconnaîtront peut-être si elles écoutent le podcast. Il y a quelques années, quand je dirigeais Raison Entreprendre, j'étais montée dans le Nord pour intervenir sur scène et une personne vient me voir et me dit Frédérique, tu ne te souviens pas de moi et je ne me souvenais pas d'elle. Et en fait, c'était une des femmes qui avait été une des petites filles qui m'avait harcelée. Et elle m'a dit, écoute, tu sais qu'avec une telle, une telle, on parle souvent de toi et on se souvient comme on était horrible avec toi et on avait peur qu'il y ait eu un impact peut-être sur ta vie. Je suis contente de te voir comme ça, bien. Et en fait, quelque part, je me suis dit que finalement, ça les avait peut-être plus touchées, elles, que moi. Puisque moi, je n'y ai plus du tout pensé après. et elles, elles en parlaient encore alors qu'elles avaient la cinquantaine.

  • Speaker #1

    Et donc après le lycée, Frédérique, tu fais tes études à Lille, c'est ça ?

  • Speaker #2

    En partie, oui, jusqu'à la maîtrise en fait. Et je viens à Paris pour faire une maîtrise en sciences politiques et un DESS en communication politique après. Donc les deux dernières années d'études, je les ai faites à Paris, dans ma petite chambre de bonne.

  • Speaker #1

    D'accord. Et qu'est-ce qui t'amène du coup à faire ces études-là à Paris ?

  • Speaker #2

    Mon rêve, c'était d'être journaliste. D'accord. D'ailleurs, journaliste politique. Et d'ailleurs, à l'époque, j'ai fait pas mal de stages dans la presse, à l'Express, France Soir, Antenne 2, ça s'appelait, c'était pas encore France 2. Je rêvais vraiment de faire du journalisme. Et puis finalement, à la fin du DESS, j'ai été recrutée par le patron du DESS de l'époque, Jean-Marie Cotteret. pour son cabinet d'études et de conseils en communication. Et donc, j'ai découvert qu'il y avait d'autres métiers dans la communication que le journalisme et j'ai démarré en agence.

  • Speaker #1

    Et pour revenir sur ton rêve d'être journaliste, est-ce que tu te souviens justement pourquoi tu voulais devenir journaliste ? Est-ce que c'était un rêve d'enfant ?

  • Speaker #2

    Oui, c'était un rêve d'enfant. En fait, petite, c'était je serais journaliste ou avocate. Voilà, défendre et porter la parole, informer, aller voir ce qui se passe dans le monde. Sauf que je n'étais pas vraiment aventurière ni sportive. Donc, grand reporter, je pense que je n'aurais pas pu vraiment faire ça. Mais en tout cas, le rêve d'enfant, c'était ça. C'était d'aller chercher de l'information dans le monde pour changer le monde.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il n'y a pas une notion de justice derrière ?

  • Speaker #2

    Certainement, oui. J'ai un sens de la justice un petit peu trop développé, d'ailleurs, certainement. Je ne sais pas d'où ça vient. D'ailleurs, ma petite sœur est devenue magistrat, donc c'était peut-être de famille, quand même. Mais oui, je ne sais pas. En tout cas, je voulais porter la parole, écrire aussi beaucoup. J'écrivais beaucoup étant petite et j'ai écrit toute ma vie.

  • Speaker #1

    Ok, et donc tu commences dans ta carrière professionnelle, dans le privé, et donc sur différents postes, tu me disais dans la communication.

  • Speaker #2

    Oui, en fait, j'ai bossé 20 ans. J'ai eu un parcours assez classique pendant une vingtaine d'années dans des médias professionnels, édition et presse pro, où j'ai eu un peu tous les métiers, commercial, marketing, communication, éditorial, puis direction commerciale, puis direction de BU. Et mon dernier poste dans le privé, c'était la direction d'une agence de conseil en communication santé dans un groupe de presse professionnelle qui est le leader de l'édition et de la presse professionnelle dans le domaine de la santé et des sciences. Donc, assez classique jusqu'à 2012, jusqu'à une bascule dans mon parcours.

  • Speaker #1

    Ok. Et donc, juste pour revenir sur ces premières expériences, tu fais tes armes, tu me parles de la santé. Tu as travaillé dans le domaine de la santé, c'était entre guillemets un hasard ou c'est quelque chose qui est important pour toi, le domaine de la santé ?

  • Speaker #2

    Alors, à l'époque, c'était un hasard, on va être honnête, puisque moi, je venais plutôt de l'édition juridique. J'ai travaillé aux éditions Francis Lefebvre, j'ai travaillé au groupe Monitor, j'ai travaillé au groupe VK, qui était un groupe... d'édition allemand où je m'occupais des publications pour le secteur public. Donc j'étais vraiment sur de l'édition B2B, professionnelle, de l'information professionnelle. Et donc je suis arrivée par ce biais-là, en fait, à la santé, chez Masson, aux éditions Masson, puis Elsevier-Masson, quand on a été vendu au groupe Rydel-Zewir. Mais c'est vrai que la santé, après, m'a toujours un peu suivie tout au long de mon parcours et que j'ai toujours été assez proche des professionnels de santé, des problématiques de santé publique. et on le voit après dans la suite de mon parcours effectivement je suis revenue à la santé plusieurs fois j'ai une maman infirmière j'avais une maman qui était infirmière donc peut-être que ça aussi ça me joue en soi une sensibilité c'est sûr ok

  • Speaker #1

    écoute on va en reparler juste après à travers ton expérience à la ligue contre le cancer et donc en 2012 tu switches tu me dis pourquoi tu switches ?

  • Speaker #2

    Oui, je switch. Je pense que j'avais fait le tour. Déjà, Elsevier-Masson avait été racheté par le Groupe Ries d'Elsevier. Et c'est vrai que ces grands groupes sont extrêmement formateurs. C'est très intéressant. J'ai appris énormément en termes de structuration, etc. Mais c'est aussi un petit peu usant. C'est des rouleaux compresseurs quand même. Donc, il y a un moment, en fait, j'avais l'impression de ne plus pouvoir faire du business development, de ne plus pouvoir créer des nouveaux services et de devoir tout le temps monter la rentabilité. réduire les équipes, etc. La pression du chiffre était énorme et je perdais un peu le sens. Je faisais beaucoup de business review, des powerpoint toute la journée pour le groupe. Et donc, j'avais vraiment envie de retrouver du sens. Et par hasard, par un recruteur qui me connaissait, on échange et me dit j'ai un poste, mais ce n'est pas sur Paris, c'est dans le sud, c'est confidentiel. Est-ce que vous seriez prête à quitter Paris ? Je demande à mon mari, très sympa, qui me dit écoute, le soleil, pourquoi pas, va voir Et en fait, c'est comme ça que je me suis retrouvée à Marseille, à la direction générale du MEDEF, de l'UPE13, qui est l'Union pour les entreprises du 13, donc des Bouches-du-Rhône. Donc quelque chose d'assez improbable, en réalité.

  • Speaker #1

    Donc là, tu passes d'une carrière entre guillemets privée, à un premier poste qui n'est pas dans le public, mais c'est un organisme associatif,

  • Speaker #2

    en fait, c'est de l'intérêt général. C'est un syndicat patronal. Alors l'UPE 13, c'était un peu particulier parce que c'était un groupe de structures. Il y avait une quinzaine de structures juridiques. Donc il y avait des structures privées. Il y avait une agence de communication, un organisme de formation. On a monté aussi une plateforme de RRH à temps partagé pour aider les dirigeants de TPE à développer leur entreprise. Et puis en parallèle, il y avait les filières professionnelles et le syndicat patronal. Donc c'était plutôt des structures associatives avec des conseils d'administration bénévoles. Et donc ça a été ma première rencontre effectivement avec l'intérêt général. et puis d'autre part ma première rencontre aussi avec le milieu entrepreneurial l'écosystème économique des territoires et les dirigeants d'entreprises ok et donc là t'arrives à Marseille tu déménages avec ta famille Alors, la première année, je descends toute seule. Je vis comme une étudiante. Je me prends un appartement à 50 mètres du bureau et je fais les soirées mondaines de représentation pour l'UPE 13 tous les soirs. Et je rentre tous les week-ends à Versailles où mes enfants continuent à vivre leur vie avec leur père et je ne comprends plus trop ce qui se passe dans la famille. Donc, ça a duré un an quand même avant que la famille me rejoigne.

  • Speaker #1

    Ok. Et donc, tu fais les soirées mondaines.

  • Speaker #2

    Professionnelles, je précise.

  • Speaker #1

    Bien sûr, toujours. Et donc c'est quelque chose que tu n'avais pas forcément l'habitude avant dans ta première partie de ton parcours professionnel et tu me racontais justement dans ce podcast que justement c'était quelque chose de nouveau pour toi

  • Speaker #2

    Oui, oui, oui, alors ce qui était très nouveau pour moi en fait c'était surtout la dimension politique et d'image en fait de ce type de poste et effectivement je racontais quand je suis arrivée que j'ai commencé à fréquenter ces soirées, ces événements professionnels en fait qui étaient importants pour représenter l'organisation dans le territoire Oui Eh bien, il y avait des gens qui faisaient la queue pour venir me saluer, faire ma connaissance, me serrer la main. Et au début, je ne comprenais pas trop pourquoi il y avait toujours ces gens. J'avais toujours une foule de gens autour de moi. Et au bout d'un moment, tu comprends que ce n'est pas du tout pareil qu'un poste dans une entreprise classique, que tu as une visibilité, qu'il y a des mandats patronaux aussi qui sont derrière et qu'au sein d'un écosystème territorial, l'organisation patronale est importante pour les chefs d'entreprise, pour les entrepreneurs et que donc tu représentes. aussi ça. Et ça, c'était assez formidable aussi parce que j'en étais très fière. Mais c'était très nouveau, très nouveau pour moi. Effectivement, moi qui venais de l'entreprise classique, oui, c'était un petit peu différent.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu penses que ça aurait été pareil si c'était par exemple à Rouen ou à Lille ou à Marseille ?

  • Speaker #2

    Alors ça oui, je pense que la représentation politique, l'écosystème patronal, je ne vais pas les forcément voir ailleurs, mais c'est la même chose partout. Ce qui est un peu différent peut-être à Marseille, c'était surtout que moi j'étais une nordiste, une ch'ti qui n'avait jamais mis les pieds à Marseille. Et c'est vrai qu'en termes de choc culturel, c'était pas mal quand même.

  • Speaker #1

    D'accord, et donc cette position, tu es là pendant combien de temps ?

  • Speaker #2

    Alors, je suis restée un peu plus de deux ans seulement. J'avoue que j'ai adoré, en fait, les services aux entreprises, la rencontre avec les dirigeants, les entrepreneurs du territoire. Je ne suis pas certaine que la politique, au sens politicien du terme, était faite pour moi. Je disais souvent à l'époque que j'étais une femme de lien et pas une femme de pouvoir. Je ne sais pas si c'est vrai, mais en tout cas, le pouvoir, j'avais beaucoup de mal. Taper du poing sur la table. être dans des négociations difficiles, parfois côtoyer quand même de la violence, parce que parfois c'est un peu violent avec les syndicats, etc. Je ne me sentais pas du tout à l'aise. Et donc c'était très difficile pour moi de faire le grand écart entre les deux. Et donc effectivement, deux ans après, j'ai eu beaucoup de chance d'ailleurs, puisque j'ai eu une opportunité formidable avec Réseau Entreprendre. Et donc comme en plus la famille, notamment mes enfants, ne s'étaient pas très bien adaptés à Marseille, ils n'étaient pas très très heureux.

  • Speaker #1

    on a refait les cartons et puis on est reparti et pour finir sur cette expérience avant de parler en effet de ton expérience à raison d'entreprendre qui est une super expérience du coup t'as fait un peu de la politique tu nous as défini ce qui était un peu le pouvoir pour toi mais la politique c'est quoi pour toi ?

  • Speaker #2

    C'est encore autre chose. Je n'ai pas fait de la politique. Je ne dirais pas que j'ai fait de la politique. Je dirais que j'ai été dans un écosystème où la politique avait de l'importance. Quand on est en syndicat patronal, il y a une dimension politique du métier, notamment par le lobbying, par les plaidoyers qu'on va porter. Et c'est vrai qu'à Marseille, comme le MEDEF territorial est très important, il est très actif aussi bien. pour le territoire qu'à la dimension nationale. Donc, on portait effectivement des plaidoyers pour défendre les entrepreneurs, pour défendre l'entreprise. Et en 2012, moi je trouve que ça a d'ailleurs beaucoup changé depuis et c'est génial. En 2012, on n'aimait pas encore beaucoup les chefs d'entreprise et les entrepreneurs en France. Je me souviens qu'on se battait beaucoup pour se faire reconnaître. C'était tout le temps, on ne voyait que les grands patrons du CAC 40. C'était très difficile de porter des sujets vraiment sur les taxes, etc. qui pouvaient... qui pouvait écraser les TPE, PME du territoire. Donc, tu vois, c'était de la politique dans ce sens-là, où on allait défendre. Après, oui, dès qu'il y a des relations, où il y a du pouvoir, où il y a de l'argent, où il y a du business, il peut y avoir une dimension politique, qui, moi, me plaisait moins.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as une anecdote marrante à nous raconter sur Marseille ?

  • Speaker #2

    Ah bah non, je ne peux pas, c'est trop dangereux. On ne sait jamais.

  • Speaker #1

    Si les Marseillais nous les comptent.

  • Speaker #2

    Non, j'ai gardé plein d'amis à Marseille quand même. Il y a des gens absolument formidables. Des anecdotes, j'en aurais plein, surtout avec les syndicats, parce que très régulièrement, évidemment, c'était normal, les syndicats venaient manifester devant le MEDEF, et donc régulièrement, les RG m'appelaient en disant Madame Ghesque, fermez tout, ils arrivent ! Et donc on s'enfermait, en fait, et puis les renseignements généraux de Marseille, en fait, et donc effectivement, on voyait arriver les CRS et puis les... les manifestants, etc. Et donc, il fallait recevoir une délégation. Et c'est vrai que c'était assez amusant parce qu'il y a toujours un peu de comédia dell'arte dans ces revendications syndicales. Et c'est normal. Et donc, ils étaient dehors et ils haranguaient la foule en expliquant qu'ils allaient expliquer à ces vilains patrons, etc. Et puis, moi, après, je les recevais et je leur offrais un petit café. parce que moi je leur disais je vous comprends, on va boire un café ensemble et puis on va discuter et puis tout se passait très très bien quand on était entre quatre murs donc c'était assez amusant de voir un petit peu ce... ce théâtre aussi de la politique, finalement, que je n'avais jamais, jamais côtoyé avant.

  • Speaker #1

    Et donc, Frédéric, c'est la première expérience d'intérêt général et au contact des entrepreneurs. Et il se trouve, du coup, qu'en 2014, tu vas rejoindre le réseau Entreprendre en tant que directrice générale de la fédération. Est-ce que tu peux nous en parler un peu plus ?

  • Speaker #0

    C'est l'heure de remercier notre partenaire Oslo, sans qui ce podcast ne serait pas possible malheureusement. Oslo, c'est un cabinet d'avocats à taille humaine, dirigé par Edouard Wells et Marion Fabre, que je connais personnellement depuis plus de 10 ans. Il est composé d'une équipe, l'idée par Edouard et Marion, qui est issue de cabinets d'affaires de premier plan. Mais surtout, au-delà de la qualité de leurs prestations juridiques, ce que j'aime chez Oslo, c'est leur engagement pour un droit un peu différent. Sur leur description, ils mettent Nous accordons une importance particulière aux qualités humaines et relationnelles, tout particulièrement au respect, à la simplicité, à l'humilité et à l'élégance. Ça pourrait paraître bullshit comme ça, mais pour bien les connaître, il faut vous assurer que ça se ressent vraiment. Et pour preuve, ils ont accepté de sponsoriser ce podcast dès sa création. Ils offrent une heure de conseils juridiques avec le code LESSAGE et je mettrai leurs coordonnées dans la description du podcast. Allez, on y retourne.

  • Speaker #2

    Oui, formidable opportunité. Je suis recrutée par le président de l'époque, David Pouyane, et plusieurs membres du bureau, dont le futur président Gérard Leceur, avec qui j'ai travaillé avec un bonheur immense pendant plusieurs années. Ça a été une rencontre humaine incroyable. Je dis souvent que je ne crois pas au hasard et qu'il y a des synchronicités dans la vie qui font qu'on est au bon endroit au bon moment. Et en fait, quand je les ai rencontrés, je crois qu'ils avaient reçu 800, 900 candidatures. Encore une fois, improbable. qu'on puisse me proposer ce poste. Et ça s'est fait. Voilà, on sait vraiment. Moi, j'ai été complètement séduite par les valeurs, l'engagement. Il y avait un grand monsieur qui s'appelle Cyril Maury, extraordinaire aussi. Vraiment des engagés incroyables. Et en fait, Réseau Entreprendre, pour moi, c'était formidable parce que c'était tout ce que j'avais envie de faire en termes d'engagement sans la dimension politicienne, parce que ce n'est pas un syndicat patronal, c'est un réseau associatif de chefs d'entreprise. et on accompagnait les entrepreneurs vers la réussite. Donc pour moi, c'était juste le rêve, puisque je continuais à m'engager au service et aux côtés des entrepreneurs et des chefs d'entreprise pour le développement économique des territoires, pour le développement de l'emploi, et sans avoir cette dimension du pouvoir qui m'allait moins au teint, on va dire, au MEDEF.

  • Speaker #1

    Et pour revenir sur un point que tu as dit, il y avait à peu près 800 candidatures, ce qui me paraît assez logique pour une...

  • Speaker #2

    Je ne sais plus combien, mais je me souviens qu'ils avaient eu beaucoup de candidats.

  • Speaker #1

    Pour une telle institution. Et toi, Frédéric, tu avais postulé ou ils sont venus te chercher ?

  • Speaker #2

    Oui, alors je ne sais plus. Écoute, alors là, tu vas me poser la colle. Non, je crois que j'avais postulé parce que je connaissais la consultante qui s'occupait du recrutement. Et comme à l'UPE 13, quand même, je me disais que je ne pourrais pas tenir pendant dix ans sur ce type de poste. Les enfants, encore une fois, n'étaient pas très bien sur Marseille. et donc j'avais dû envoyer un CV comme ça parce que je venais à Paris régulièrement, je venais au conseil exécutif du MEDEF, non à l'Assemblée permanente du MEDEF régulièrement et voilà, en fait je suis allée voir en fait on avait monté un partenariat avec Réseau Entreprendre sur Marseille, avec l'association marseillaise donc je connaissais l'association mais je ne connaissais pas la taille du réseau en fait, je l'ai découvert par ce poste.

  • Speaker #1

    Donc Frédéric t'arrives en tant que directrice générale de la Fédération Réseau Entreprendre tu nous as parlé d'une belle rencontre et aussi de 800 ou beaucoup de candidatures pourquoi à ton avis t'en recruter toi plutôt qu'une autre personne ?

  • Speaker #2

    Déjà, il faudrait peut-être leur poser les questions à eux, en tout cas à ceux qui m'ont recrutée à l'époque. J'en sais rien, j'ai eu beaucoup de chance déjà, parce que j'imagine qu'il y avait énormément de candidats d'excès de très belles valeurs et qui auraient fait au moins aussi bien, voire peut-être très certainement mieux que moi. Je dis souvent que dans la vie, il n'y a pas de hasard, il y a des synchronicités et ce qui est intéressant, enfin ce qui est important, c'est d'être au bon moment, à la bonne place, avec les bonnes personnes. et d'ailleurs ce qui est vrai à un moment T n'est peut-être plus vrai quelques années après ça dépend, les choses bouchent, sont en mouvement, en tout cas à ce moment-là, clairement c'était le bon moment, j'étais à ma juste place et avec les bonnes personnes

  • Speaker #1

    Ok, c'est super intéressant ça veut dire que du coup des fois même si on fait nos meilleurs efforts parfois ça ne marche pas Ah oui,

  • Speaker #2

    ça c'est clair, et parfois tout se fait facilement on se dit c'est dingue, ça a fonctionné. Je pense que c'est parce que ça devait fonctionner comme ça.

  • Speaker #1

    Ok. Et donc, tu arrives sur ce nouveau poste. C'est quoi ton métier du coup, concrètement, en tant que directrice générale de la Fédération Résonante ?

  • Speaker #2

    En fait, la Fédération Résonante, c'est un réseau avec plein d'implantations dans les territoires et le rôle de la Fédération était, et toujours aujourd'hui, avec mon successeur... à plusieurs dimensions. C'est-à-dire qu'on s'occupait de concevoir les référentiels d'accompagnement, les parcours d'accompagnement. Et là, on a fait avec l'équipe, avec Gérard Le Seur, le président du conseil d'administration, un travail de fou, puisqu'à l'époque, on est vraiment passé de l'accompagnement à la création d'entreprises, à l'accompagnement à la croissance des entreprises. On a créé tous les parcours, boost, booster, ambition, donc structuration de la croissance des boîtes, du projet stratégique, structuration de la gouvernance, etc. On a créé le programme WOM Energy aussi avec l'équipe pour booster l'entrepreneuriat au féminin et on a créé, notamment avec une de mes collaboratrices, Noémie, juste avant de quitter Réseau Entreprendre, on l'a lancé en 2018. Fin 2018, le programme Impact, le parcours Impact positif qui aujourd'hui, de ce que je peux en voir de l'extérieur, est un parcours qui est très développé dans les associations, donc ça c'est une grande fierté. Donc ça, c'était le premier volet d'activité. Le deuxième volet d'activité de la Fédération, évidemment, c'est tout ce qui tourne autour du lobbying, du plaidoyer, des grands partenaires nationaux, des relations avec les grandes banques, BPI France, etc. Donc tout ce qui permet, en fait, qui articule la machine réseau entreprendre, qui permet à toutes les associations de fonctionner. Et puis un troisième volet, évidemment, d'activité, qui est autour de l'animation du réseau. C'est un réseau associatif. composé d'associations autonomes. Et donc, toutes ces associations, notre objectif, c'était de leur donner envie de travailler ensemble, de leur apporter des outils, de leur faciliter la tâche quotidienne dans les territoires. On a beaucoup porté aussi, et j'en suis assez fière avec Gérard Leceur, la dimension internationale du réseau, puisqu'on avait porté la fusion de la Fédération Réseau Entreprendre et de la Fédération Internationale, puisque le réseau avait été fait avec deux organisations, un réseau français et une déclinaison à l'international. Et on a réuni en une seule fédération internationale les 125 à l'époque implantations du réseau dans dix pays. Et ça, c'était formidable aussi de pouvoir intégrer vraiment toute la communauté des chefs d'entreprise français et étrangers, se regroupant, se rassemblant autour des valeurs du réseau en une seule fédération.

  • Speaker #0

    Ok, et pour revenir du coup sur une des parties de ton métier, tu parlais justement que tu avais fait évoluer les programmes chez Réseau Entreprendre avec un focus du coup sur l'entrepreneur féminin et aussi l'impact. On était en 2014, c'était déjà assez pris.

  • Speaker #1

    Alors l'impact, ce n'était pas en 2014. On a lancé WomEnergy en 2016. Il y avait déjà des choses pour les femmes, mais ce n'était pas très structuré. Et je me souviens qu'on s'était vraiment rendu compte que les projets présentés par les potentiels lauréats du réseau, lauréates du réseau, étaient toujours plus modestes, moins ambitieux, avec moins d'audace que les projets des hommes. Et donc, on s'était dit, il faut... quelque part, sans vouloir fermer, parce que moi j'ai horreur des trucs fermés, j'aime bien la mixité, mais c'était comment on peut faire pour quand même revaloriser ces projets de femmes pour qu'on ait davantage de femmes parmi les lauréates du réseau. Et le projet le parcours WOMENERGY était vraiment pour que les associations puissent vraiment faire des focus sur les projets présentés par les femmes, pour davantage les sélectionner comme lauréates, et qu'on puisse vraiment accompagner les femmes de façon un peu plus spécifique. Et l'impact, c'est arrivé, on a travaillé dessus en 2017-2018, c'était au moment de la préparation de la loi Pacte. Donc ça a commencé, on commençait à en parler. Moi, j'ai écrit un guide, mon premier bouquin qui a été publié chez Diaténo à l'époque, qui s'appelle Le guide du dirigeant responsable qui était vraiment sur ce sujet. Comment, en tant que chef d'entreprise, dirigeant, je vais pouvoir concilier la performance économique et une volonté d'impact positif. Et donc, on avait vraiment lancé ce projet en se disant qu'il fallait que dans tous les dossiers de tous les entrepreneurs qui se présentaient chez Réseau Entreprendre, des indicateurs, des critères d'impact positif soient pris en compte, pas seulement pour des boîtes de l'ESS. ne pas toujours dire l'impact, c'est que pour l'économie sociale et solidaire, mais de dire, nous, on fait dans toutes les entreprises. Et c'est vrai que la COVID, la loi Pacte, suivie de la pandémie, ont vraiment accéléré ce mouvement. Et aujourd'hui, ça paraît presque naturel, alors qu'en fait, ce n'était pas il y a si longtemps que ça, finalement, c'était seulement en 2018, 2019. Et c'est vrai qu'aujourd'hui, on ne parle que d'impact positif, mais finalement, ça s'est fait très, très rapidement.

  • Speaker #0

    Je comprends complètement ta réflexion, parce que... En fait, pour moi, aujourd'hui, n'importe quelle entreprise qui se crée, ça va être dans son ADN d'avoir du sens. Et c'est ce que je racontais à un autre sage, c'est que malheureusement, si les entreprises qui se créent, et donc celles potentiellement créées en entreprenant la compagne, n'ont pas cet ADN, déjà qu'on a du mal avec des entreprises qui sont plus structurées et assez logiques parce qu'elles ont une ancienneté. Si les nouvelles, elles n'ont pas cet ADN, on ne va pas s'en sortir.

  • Speaker #1

    C'est certain. Mais ce n'est pas si simple en réalité. Parce que quand on est dans un écosystème, moi je vois aujourd'hui, évidemment je suis dans l'écosystème, je viens de publier un bouquin qui s'appelle Devenir une entreprise à impact Donc je suis complètement là-dedans. Donc j'ai toujours l'impression que tous les dirigeants, toutes les boîtes ont compris, travaillent sur leur performance globale, etc. Et en fait, régulièrement, j'accompagne des dirigeants, des chefs d'entreprise et je me rends compte qu'en fait, pas du tout. En fait, il y a encore plein de chefs d'entreprise qui ne comprennent pas l'intérêt du truc, qui me disent attends, c'est encore une contrainte de plus, c'est déjà compliqué d'entreprendre, on doit déjà s'occuper de la trésor, on doit déjà s'occuper du management, et tu nous dis qu'en plus il faut faire de la RSE Et en fait, malheureusement, il y a encore beaucoup, beaucoup de sensibilisation à porter. C'est vraiment quelque chose qu'il faut continuer à porter, parce que les entreprises à impact, aujourd'hui, ce n'est pas la majorité des entreprises. Et même si, oui, il y a un mouvement… C'est sûr que quand on fréquente le CJD, on est toujours avec des gens qui sont très engagés. Donc, on a l'impression finalement que ça y est, le virage a été pris. En réalité, quand on prend le nombre d'entreprises en France, on se rend compte qu'il y a encore beaucoup, beaucoup, beaucoup de gens à convaincre.

  • Speaker #0

    Frédéric, je rebondis sur tes propos. Je comprends tout à fait qu'aujourd'hui, c'est hyper important, en effet, que les entreprises aient de l'impact. Mais en même temps, je comprends ces entrepreneurs qui disent, surtout dans le contexte dans lequel on est en ce moment, on a déjà beaucoup trop de choses à faire. Et comment on peut les inciter ? Il y a évidemment une prise de conscience en amont, mais après, est-ce qu'il y a des outils ? ou des choses qui font que, vraiment, tu as vu que les entrepreneurs ou les entreprises prenaient en compte l'impact ?

  • Speaker #1

    Déjà, ce qui est important, c'est de leur démontrer l'intérêt, les bénéfices qu'ils vont tirer, en fait, de cette démarche, et qu'ils puissent comprendre aussi qu'en fait, ça ne va pas se faire au détriment de la performance économique de l'entreprise, qu'au contraire, ça va... développer la performance économique, et il y a des études qui l'ont démontré, à moyen terme, en fait, on récupère bien sûr de la performance et de la croissance. On sait très bien aussi qu'il y a un sujet autour de la marque employeur, autour de l'attractivité d'entreprise pour attirer et fidéliser les salariés, les talents dont on a besoin. Il y a des bénéfices... aussi du point de vue de l'innovation. En fait, déjà, c'est bien démontré que ce n'est pas une charge en plus, mais qu'au contraire, ça va être un levier de croissance et un levier de performance globale. Ça, c'est déjà très important. Et ensuite, c'est un petit peu... C'était l'idée d'ailleurs de mon livre qui vient de sortir chez Erol, Devenir une entreprise à impact C'était de donner finalement des conseils très simples pour montrer aux dirigeants et notamment aux chefs d'entreprise de TPE, de PME, que ce n'est pas réservé aux grandes entreprises, qu'il n'y a pas besoin d'avoir des très gros budgets pour faire des choses, qu'il n'y a pas besoin d'adresser tous les enjeux en même temps, de toute façon, surtout pas d'ailleurs, et qu'en plus, ils en font déjà de la RSE. Et donc, le chemin vers l'impact, c'est un chemin à prendre. Ce n'est pas une fin en soi. Ça permet d'avoir une culture d'amélioration continue. Ça permet progressivement d'adresser des enjeux qui aussi humainement vont leur parler, qui vont avoir envie d'incarner. par rapport au développement dans leur territoire, etc. Ce n'est pas forcément que sur l'environnement. Tout le volet social, on en parlait peu, on commence à en parler, c'est bien. Donc, il y a tout ça. Et puis après, il y a aussi une manière de convaincre qui est beaucoup moins agréable, mais enfin qui peut être aussi intéressante, qui est de sensibiliser au fait qu'il va y avoir de plus en plus de contraintes. Et qu'effectivement, toute la réglementation OPN, la CSRD, etc., tout ce qui arrive pour les grandes entreprises, on commence à descendre en taille d'entreprise. Et donc, de plus en plus, en fait, les entreprises vont avoir des obligations réglementaires, légales. Et même pour les TPE, PME, quand on est sous-traitant des grandes entreprises, par exemple, aujourd'hui, répondre à un appel d'offres, ça devient très compliqué si on n'a rien à dire sur le volet de la RSE et de l'impact. Donc, en plus, si on veut continuer à se développer économiquement, en fait, et avec nos clients, grandes entreprises, par exemple, on a besoin aussi d'y aller.

  • Speaker #0

    Ok, donc un levier économique, finalement aussi des contraintes qui vont arriver et qui sont... positif pour l'économie. Et tu as parlé aussi de marque employeur, et moi ça me fait penser, finalement, est-ce que les entreprises ont le choix ? Parce que la réalité, c'est que la génération qui arrive, on la voit être très engagée sur les sujets de planète, d'impact, etc. Et c'est les personnes qui vont être clientes demain, et c'est les personnes qui vont travailler dans ces entreprises. Donc est-ce que elles ont vraiment le choix en fait ?

  • Speaker #1

    Alors, évidemment, moi, j'ai envie de dire qu'elles n'ont pas le choix, puisque je suis une fervente engagée sur ces sujets-là. En tout cas, je crois que c'est Jean Stone, en préface d'un de mes bouquins, qui avait dit que certaines entreprises sont déjà mortes. La seule chose, c'est qu'elles ne le savent pas encore. Donc, effectivement, je pense que même s'il y a de l'inertie, il va y avoir un moment où, à qualité de service, de produits égales, les consommateurs, les clients, les salariés, tout le monde ira plutôt vers l'entreprise. qui aura développé, qui aura travaillé sur la réduction de ces externalités négatives et si possible sur la génération d'externalités positives, bien sûr. Donc, oui, on peut dire qu'elles n'ont pas le choix. Après, dire que c'est la jeune génération, alors je mets un petit bémol quand même, parce qu'en réalité, ce n'est pas tout à fait vrai. Ça, c'est mon combat pour sortir des cases générationnelles. Un, on se rend compte quand même que cette dimension environnementale et sociale, du sens de l'engagement, est quand même très intergénérationnelle. On le voit aussi, par exemple, chez les seniors, qui se posent beaucoup de questions aussi. Donc, ce n'est pas réservé aux jeunes, c'est sûr. Et puis, chez les jeunes, en fait, il y a beaucoup de diversité. Ce qui est ennuyeux pour les entreprises, c'est que les jeunes les plus engagés, ou en tout cas qui sont les plus exigeants aujourd'hui sur ces sujets-là, eh bien, ce sont les jeunes diplômés. Ce sont les 15% de jeunes, entre guillemets, les plus favorisés, qui ont le choix. du métier, de l'entreprise, qui sortent des grandes écoles de commerce, des grandes écoles d'ingénieurs, mais qui sont quand même normalement les futurs cadres, les futurs dirigeants de toutes ces entreprises. Et c'est là où ça pose souci. Malheureusement, pour d'autres catégories de jeunes, le sujet est quand même pour l'instant d'avoir un CDI et de pouvoir gagner son salaire à la fin du mois. Tous les jeunes ne sont pas orientés sur la sauvegarde de la planète. En revanche, oui, les jeunes diplômés, évidemment, et on l'a vu ces dernières années avec toutes les cérémonies de remise de diplôme des écoles d'ingénieurs et de commerçants, où systématiquement, il y en a toujours trois qui prennent la parole pour expliquer aux entreprises qu'ils n'ont rien compris. Donc oui, c'est bien parce que ça pousse aussi notamment la grande entreprise qui a besoin de ces diplômés, qui a l'habitude de recruter des viviers de futurs managers et dirigeants dans les rangs de ces grandes écoles. Bon, ça les pousse quand même à se remettre en question sur un certain nombre de sujets.

  • Speaker #0

    Ok, écoute c'est super intéressant merci Chédric, tout à l'heure tu as prononcé un mot de lobbyisme donc c'était une partie de ton métier souvent on peut croire que c'est un gros mot c'est quoi le lobbyisme ?

  • Speaker #1

    Alors moi je ne suis pas une experte du lobbying il y a d'ailleurs même des pratiques du lobbying parfois qui me heurtent un peu, je dois bien l'avouer moi je préfère parler de plaidoyer parce que je viens des ONG, je viens de l'intérêt général, donc du bien commun. Et le plaidoyer, c'est comment on va porter auprès des décideurs politiques, ceux qui ont la main sur les décisions, sur le pouvoir, comment on va porter des causes qui nous semblent justes. Tu vois, un exemple, à la Ligue contre le cancer avec Axel Kahn, on s'est beaucoup levé contre l'utilisation des nitrites dans la charcuterie et dans le jambon. Voilà, ça paraît bête, mais les nitrites sont un facteur de risque de cancer énorme et ça fait des années que tout le monde le sait. Et évidemment, il n'y a pas un charcutier qui voulait faire l'effort d'enlever le nitrite de sa charcuterie. Bon, ça pour moi, tu vois, c'est ça le lobbying, en tout cas tel que moi je le conçois, c'est aller porter des sujets majeurs. d'utilité publique, d'intérêt général, au service du bien commun, auprès des décideurs, pour qu'ils prennent leurs responsabilités et qu'ils puissent soutenir ces sujets-là. Le lobbying, ce n'est pas toujours ça. Si tu regardes le lobbying de l'industrie du tabac, je prends ces sujets-là parce que c'est les sujets que j'ai portés à la Ligue contre le cancer. Par exemple, le dry january, Emmanuel Macron s'était dans ses promesses de campagne de soutenir le dry january. En fait, le lobbying du vin a réussi à bloquer l'intervention de l'État sur ce sujet. C'est un exemple. là en fait c'est un lobbying au service d'intérêts privés c'est un petit peu différent de la manière dont moi j'envisage ce mot en tout cas ce type d'action mais c'est personnel évidemment ça n'engage que moi

  • Speaker #0

    donc Frédéric quand t'es à la frédération réseau entreprendre moi c'est là où je commence à entreprendre j'ai 19-20 ans et je sais pas si t'en souviens et je t'en voudrais pas si tu t'en souviens pas parce qu'il y a toutes tes expériences et tous les gens que tu as rencontrés mais moi j'étais en bas et toi t'étais en haut

  • Speaker #1

    Oui, je me souviens parce qu'en fait, à l'époque, on avait encore le siège social dans le nord, sur le campus de l'EDEC, à Roubaix. Et donc, on avait des bureaux qui étaient à l'étage de l'incubateur. Donc, toi, tu étais incubé et moi, j'étais au premier étage. Et effectivement, comme j'avais une partie de l'équipe à Paris, une partie à Roubaix, je venais passer deux jours par semaine sur le campus de l'EDEC avec l'équipe. Je dormais dans le petit hôtel du campus de l'EDEC, là, qui était fait pour les professeurs. accès à une piscine et à un jacuzzi. Je me souviens, le soir, je croisais les professeurs de l'EDEC au jacuzzi. Et donc, effectivement, on s'était croisés pour la première fois là. Mais moi, je me souviens surtout aussi de tout ce que tu as construit avec le label Jeunes Entrepreneurs de France. Je revois des événements où j'étais intervenue. Je me souviens surtout de ça, en fait.

  • Speaker #0

    Oui, j'étais beaucoup inspiré par la FIER, son réseau d'entreprendre. C'est pour ça que j'étais... J'avais gravi les escaliers pour venir te voir. Et je me souviens aussi, d'ailleurs, c'est le campus où j'ai fait mes études. Et donc, je me souviens de la résidence où tu as dû loger. Par contre, je ne me souviens pas du jacuzzi.

  • Speaker #1

    Il était réservé aux résidents professeurs.

  • Speaker #0

    Sûrement. Frédéric, s'il te plaît, on va passer à ta prochaine expérience. Donc, Réseau Entreprendre de 2014 jusqu'à quelle année ?

  • Speaker #1

    2019.

  • Speaker #0

    donc 5 ans et puis après tu veux changer de poste ou comment ça se passe ?

  • Speaker #1

    et après en fait, alors c'était mon 3ème président Olivier avec qui je m'entendais très très bien mais c'est vrai que le temps passe et ma soeur est diagnostiquée d'un cancer d'un sale cancer au mois de juillet 2019, et c'était un peu compliqué chez Réseau Entreprendre à ce moment-là, comme on disait tout à l'heure, parfois tu es à la bonne place au bon moment avec les bonnes personnes, et puis ça change, parfois tu te sens moins peut-être à ta juste place. Et à ce moment-là, Axel Kahn prend la présidence de la Ligue contre le cancer et cherche son DG. Et il me recrute. et donc je quitterai ce entreprendre pour rejoindre cette grande ONG qui est la Ligue Nationale contre le Cancer aux côtés du professeur Axel Kahn un grand monsieur pour l'accompagner dans un projet de transformation de l'association et

  • Speaker #0

    est-ce que tu peux nous on est fin 2019 est-ce que tu peux nous raconter cette rencontre avec Axel Kahn

  • Speaker #1

    j'imagine qui est assez particulière au regard du coup de ton contexte familial bah oui alors en fait alors oui parce que c'était compliqué parce que il y a toujours une petite partie de nous qui se dit bah tiens peut-être si je vais là je vais sauver ma soeur alors je savais que non je savais que ça n'avait rien à voir et que c'est pas parce que j'avais travaillé contre le cancer que tout d'un coup la maladie de ma soeur allait disparaître ou que j'allais trouver des solutions Mais il y a quand même un peu de ça, inconsciemment, où on se dit que c'est bizarre quand même, juste au moment où il nous arrive ça. Je n'ai jamais été confrontée à la maladie avant et au moment où ça arrive, il y a ce poste. Axel Kahn me reçoit parce que je suis sélectionnée, Axel Kahn me reçoit. Axel Kahn était quelqu'un de très rigoureux, très sérieux. Il faisait lui-même les entretiens. La DRH avait présélectionné des candidatures, etc., des dossiers. Mais c'est lui qui faisait les entretiens. Il reçoit 20, 25, 30 personnes. Et paf, ça fitte. Ça fitte et il me propose du job. Et c'est une incroyable rencontre humaine. Axel Kahn, je dis toujours, c'était un monsieur extra-ordinaire. C'était quelqu'un d'assez incroyable. une diva, un personnage, une personnalité très forte et en même temps d'une humanité absolument incroyable. Et on se rencontre en fait. et il me dit, Frédéric, si vous venez avec moi, on va transformer, on va faire ça, on va faire ça. Et ça me donne envie, en fait, et je me dis que tout ce que j'ai appris avant, ça peut me servir, en fait, dans ce nouvel environnement que sont les ONG, que je ne connaissais pas en réalité, parce que Réseau Entreprendre est associatif, mais ça reste quand même un réseau de chefs d'entreprise. Là, j'entre vraiment dans l'écosystème des grosses associations, donc c'est encore un petit peu différent. Et donc, oui, une rencontre. Il me propose, voilà, je suis en finale. Il prend une deuxième candidate. Son choix a été fait parce que c'était quelqu'un qui était un vrai décideur. Et donc, il m'a présenté au bureau. C'est les membres du bureau, évidemment, qui ont finalisé l'accord. Mais globalement, tous les deux, on avait vraiment envie de travailler ensemble. Et vraiment, et d'ailleurs, il n'a vraiment pas... Il n'a pas du tout... traiter attention d'ailleurs, par exemple, à des sujets de fragilité, parce que je me souviens que je m'étais cassée la maléole à l'époque, je venais de me casser la cheville, et je suis quand même allée aux entretiens avec une énorme botte de marche et deux béquilles, j'étais quand même pas en très bon état, et alors ça ne l'a pas dérangé du tout, c'était vraiment une très très belle rencontre, et au-delà de cette histoire personnelle, de ce lien un peu intime avec cette sale maladie, Il y a eu vraiment la rencontre humaine. Moi, j'étais une lectrice aussi d'Axel Kahn. Je lisais ses livres. C'était un grand marcheur. Il écrivait des livres très beaux sur la France, sur les territoires. Et c'est vrai que la rencontre aussi était une rencontre humaine.

  • Speaker #0

    Ok. Donc forcément, de cette rencontre, il va naître, j'imagine, beaucoup d'énergie pour prendre la direction générale. en binôme avec Excelcan. Alors, comment ça se passe déjà, une direction en binôme ? Donc, lui, c'est ton président, toi, tu es la direction générale.

  • Speaker #1

    Oui, alors c'est comme Réseau Entreprendre, en fait, ou comme Omedef, c'est-à-dire que la direction générale pilote la boutique, on est salarié. Je suis dirigeante salariée, je suis responsable du management, des équipes. Je fais tourner la boutique et le président, lui, il est président bénévole, il est président du conseil d'administration et il est en charge de porter la vision politique et stratégique de l'association. Et donc, le binôme est très, très important. D'ailleurs, aujourd'hui, j'accomplis souvent des binômes présidents DG de réseaux associatifs parce qu'il y a une alchimie qui doit vraiment être présente. Si le binôme ne fonctionne pas, l'association peut avoir des grosses difficultés. et donc on avait vraiment articulé nos missions chacun et on échangeait beaucoup évidemment et on essayait de ne pas trop empiéter l'un l'autre sur la mission de l'autre ou en tout cas de le faire en concertation et c'était très intéressant

  • Speaker #0

    Ok, sur cette grande boutique qui est la Ligue Nationale contre le Cancer, est-ce que tu peux nous en dire un peu plus ?

  • Speaker #1

    Oui, la Ligue Nationale contre le Cancer, alors c'est une très très belle association puisque c'est à peu près globalement de tête autour de 650 700 salariés, 12 000 bénévoles, un budget d'environ 110 millions d'euros par an, exclusivement issu de la générosité du public, moi ça, ça m'a beaucoup impressionné. pas de subvention, très très peu de subvention de l'État, une association totalement indépendante, et ça c'est une grande force, c'était une grande force avec un président militant comme Axel Kahn, et donc l'argent arrivait par les dons du public et par les legs, en fait. Voilà, et donc une association qui a plusieurs missions sociales, le financement de la recherche, donc c'est le premier financeur de la recherche privée contre le cancer. mais aussi l'accompagnement des personnes malades dans les territoires. Il y a des comités, la Ligue contre le cancer, c'est surtout dans les comités départementaux qu'elle vit, avec des gens hyper engagés qui accompagnent les personnes malades, qui proposent des soins gratuits, etc. Il y avait aussi tout ce qui était sensibilisation aux facteurs de risque dans les écoles, notamment le tabac, l'alcool, la malbouffe, le manque d'activité physique. Tout ça, ce sont des facteurs de risque de tabac. On sait que 40% des cancers pourraient être évités. si on éliminait ces facteurs de risque. Donc, on travaillait beaucoup là-dessus. Et puis, il y avait la quatrième mission, c'était le plaidoyer. C'était vraiment, effectivement, aller porter des sujets auprès des décideurs politiques et auprès du gouvernement pour faire bouger les lignes au bénéfice des patients, au bénéfice des personnes malades du cancer.

  • Speaker #0

    Tu es une personne engagée, Frédéric. On sent que... Alors, j'imagine que déjà chez Réseau Entreprendre, tu étais hyper engagé. Là, la Ligue Nationale contre le Cancer, avec l'histoire que tu nous as racontée aussi sur ta famille, j'imagine que c'est un poste encore plus... encore plus... encore plus... tu l'as au trip.

  • Speaker #1

    C'est vrai que c'est des organisations qui ne sont pas faciles, parce qu'on donne beaucoup de soi. C'est peut-être un peu plus compliqué qu'en entreprise de ce point de vue-là, parce que c'est difficile de ne pas y mettre de soi à titre personnel dans ce genre de job. Il y a des gens qui arrivent à le faire, qui viennent, ils font leur job de DG ou n'importe quel type de poste d'ailleurs, et puis ils rentrent chez eux, puis c'est fini. Moi, j'ai toujours eu du mal de faire ça, même quand j'étais en entreprise privée. Donc finalement, oui, l'engagement est fort. C'est plus difficile, oui, la ligue contre le cancer, moi j'ai trouvé ça beaucoup plus difficile, mais pour plein de raisons. D'abord parce que je vivais en même temps le parcours de ma sœur. Et donc c'est vrai que quand on le vit aussi, je ne sais pas dans ma chair, mais dans la chair de ma sœur, c'est difficile. Parce qu'on est sur des sujets difficiles, tout simplement. Tous les jours, on parle de personnes malades. C'est lourd, la charge mentale est quand même lourde. C'est une association qui n'est pas facile non plus, parce que ces grandes associations sont très complexes. Les conseils d'administration, la politique, les pressions, le ministère, le machin, etc. Il y a quand même beaucoup de parties prenantes, et donc c'est assez compliqué aussi. Oui, ça nécessite certainement de l'engagement, puis il faut y croire. Quand on n'y croit plus, tu ne peux pas trop y rester. Il faut une raison ou une autre. Si tu n'y crois plus, ou si tu es usé, je pense qu'il faut aussi c'est des postes où tu ne peux pas... J'ai du mal à imaginer, par exemple, je ne pourrais pas rester 25 ans dans ce type de poste. je pense qu'à titre humain, personnel, c'est quand même un petit peu utilisant.

  • Speaker #0

    En termes de charge mentale, de travail, etc. Et donc,

  • Speaker #1

    c'était moins gai quand même que Réseau Entreprendre. On faisait soirée des lauréats, je montais sur scène, je disais aux lauréats Vous êtes formidables, vous les entrepreneurs, vous êtes géniaux, continuez comme ça, puis après vous viendrez rendre à Réseau Entreprendre ce qu'on vous a donné. C'était formidable. Quand tu es à la ligue contre le cancer, tu portes la maladie, tu portes l'espoir, malheureusement encore trop souvent déçu, tu portes des chercheurs qui se battent. C'est un combat qui est quand même plus difficile, moins optimiste qu'on ne peut l'être quand on est avec des entrepreneurs qui croient à leur projet. C'est vraiment différent.

  • Speaker #0

    Et puis, avec le professeur Kahn, vous êtes en binôme, et à un moment, le professeur Kahn tombe malade.

  • Speaker #1

    Oui, c'était la loi des séries. Lui aussi, il a été attrapé par le cancer. Pourtant, il était sportif, il mangeait super bien. Pour le coup, il n'y avait pas les facteurs de risque. Oui, au début, ça n'a pas été... rendu public tout de suite. Ça s'est très bien passé au début. Il avait un traitement, ça se passait bien. On a cru qu'il aurait plusieurs années de vie devant lui. Il a cru et moi aussi, du coup. Donc, on était prêts. On continuait. Il a continué à se battre, sauf qu'à un moment, ça a rechuté. Et puis, un matin, il est venu me voir en me disant Je vais faire une IRM, j'ai mal, ça ne va pas. Et puis, il est revenu en me disant Il me reste deux mois, qu'est-ce qu'on fait ? Et donc, effectivement, il y a eu cet accompagnement. qui a été difficile parce qu'on était en 2021 et en fait, j'ai eu ma petite sœur qui est partie en février, ma maman deux mois après et juste à ce moment-là, Axelle qui rechutait et qui restait deux mois. Donc, le premier semestre 2021, oui, ça a été, je m'en souviendrai longtemps.

  • Speaker #0

    Si ce n'est pas trop indiscret, qu'est-ce qui t'a permis de tenir ? Parce que comme tu dis, c'est la loi des séries. Alors, il y a des lois des séries heureuses, comme tu disais, et des fois, il y a des lois des séries malheureuses.

  • Speaker #1

    Je crois que de toute façon, on est humain, on fait comme on peut. En tout cas, sur ce premier semestre, ce fameux premier semestre un peu noir, parce qu'en plus, j'avais été très épargnée avant, je n'avais pas été vraiment confrontée à la mort, etc. Donc, on est confronté aussi à sa propre finitude. Ça fait prendre conscience de beaucoup de choses, ces phases de vie, ces périodes de vie. Certainement beaucoup d'auditeurs ont vécu ou vivent, malheureusement ça fait partie de la vie. En fait je n'avais pas trop le choix à l'époque parce que ça s'enchaînait. Parce qu'en fait, je ne veux pas rentrer dans les détails pour ma petite sœur, parce que c'est privé, mais ça a été très, très difficile la fin. Et le jour même où elle est partie, le soir, mon papa, à 1000 kilomètres de Paris, qui m'appelle en me disant maman est hospitalisée etc. Et tac, il fallait que je m'occupe de mon papa, de ma maman. Et donc, il fallait à chaque fois s'occuper de l'autre, en fait. Et Axel Kahn, en plus, a vraiment souhaité médiatiser sa fin de vie. Il avait son blog, il faisait des interventions médiatiques, mais jusqu'à 8-10 jours avant son départ. Et donc, je me souviens que tous les matins, il m'appelait en me disant Frédéric, comment vous trouvez mon article sur le blog ? C'est comment Frédéric ? Ça te va ? C'est bien ? Il fallait que je lise les articles du blog où il parlait de la mort, alors que moi, je n'avais pas du tout digéré la mort de ma mère et de ma sœur. Donc, c'était assez violent. Et en fait, tu me dis comment tu l'as supporté. Je pense que je ne l'ai pas supporté. Et d'ailleurs, juste après son décès, j'ai fait une capsulite. J'ai eu l'épaule bloquée pendant six mois. Ça a été l'enfer. J'ai souffert. Donc, je pense que le corps a ressorti un peu tout ça après. Mais bon, quand on vit ces moments-là, on les vit. C'est tout. On n'a pas trop le choix.

  • Speaker #0

    On essaie de tracer. On fait quand on veut.

  • Speaker #1

    Oui. Par contre, ça m'a changé beaucoup ma vision de la vie. et ça a eu un impact sur la suite de mon parcours professionnel ça par contre oui tu peux nous en dire plus ? bah oui en fait ce qui s'est passé c'est que en fait j'ai accompagné le successeur d'Axel Kahn pendant quelques mois et en fait On n'avait pas, et c'est normal, la même façon de voir les choses. Il n'avait pas le même projet, ce qui est normal, mais moi, je portais le projet d'Axel Kahn. Et donc, très rapidement, finalement, je me suis dit que je n'allais pas continuer sur ce chemin-là. Et ça, je pense que ma sœur, notamment, me l'a soufflé, Axel Kahn aussi. Donc, il y a eu cette première coupure. Et ensuite, j'ai repris un poste, j'ai retrouvé un poste salarié. et je me suis sentie à l'étroit dans ce poste salarié pour plein de raisons, même si j'ai été extrêmement bien accueillie dans ce cabinet de conseil et que vraiment, c'était une très belle opportunité. Et en fait, quelques mois après, à la fin de l'année, j'ai décidé de quitter ce job salarié pour remonter ma propre activité. et ça je pense que je ne l'aurais jamais fait si je n'avais pas vécu le départ de ma petite soeur qui n'aurait pas dû partir aussi tôt et si je n'avais pas pris conscience aussi de la finitude et du fait que si je voulais faire vraiment ce qui me tenait à coeur complètement c'était maintenant il fallait que j'arrête d'attendre plus tard

  • Speaker #0

    toi c'est en ça que ça joue et ça c'est sûr ok avant de passer du coup sur l'expérience dont tu parles et la création du coup de ton entreprise Piscora juste pour finir sur Axel Kahn alors moi je t'en ai parlé ça fait partie des personnalités qui m'inspirent beaucoup oui il inspire il a inspiré beaucoup de monde tout à fait et dans des périodes aussi compliquées pour être très franc moi c'est quelqu'un qui m'a tenu donc évidemment c'est une personne qui m'intrigue et tu as eu la chance de le côtoyer comment ça se passe parce que tu racontes que en effet toi c'est un centurier mais malheureux au moment où lui a une période malheureuse toi si tu as une période malheureuse mais en même temps tu le soutiens comment ça se passe.

  • Speaker #1

    Oui, en fait, je pense qu'il y avait un vrai respect mutuel. Moi, j'avais beaucoup, beaucoup de respect pour ce grand homme. On avait une relation... qui n'était pas une relation d'amitié. C'était plus une relation un petit peu de respect, je dirais. Presque un papa et sa fille, plutôt. Presque dans la relation. Et puis surtout de respect professionnel aussi, mutuel. Moi, j'ai beaucoup apprécié sa manière de me faire confiance, de vraiment me confier les clés de la boutique. de me confier aussi des choses personnelles, etc. Et c'était important pour moi. Et donc, c'est vrai que quand il y a eu cette période très difficile, on s'est, j'espère, alors j'espère que je lui ai été un petit peu, un peu d'aide, un peu aussi d'aide de ma part. Mais en tout cas, lui, il m'a beaucoup soutenue aussi. On a beaucoup échangé sur la vie, sur la mort, sur l'euthanasie, sur la fin de vie, sur tous ces sujets que je n'avais jamais vraiment regardé en face et que j'étais obligée de regarder en face avec ce qui arrivait dans ma famille. Lui, c'était un scientifique, il était hyper cartésien. Je me suis toujours dit que c'était l'homme le plus spirituel que j'ai rencontré pour un athée, parce qu'il clamait haut et fort qu'il était athée. Et en fait, il avait une spiritualité énorme et un humanisme absolument incroyable. Et donc finalement, on a beaucoup échangé sur ces sujets-là ensemble. Et ça, c'est des cadeaux aussi qu'il m'a fait avant de partir. Et jusqu'au bout, à la fin, il se réveillait quelques heures par jour. Il était en hospitalisation à domicile. Et puis, on s'envoyait des SMS et je lui envoyais des photos de fleurs, de nature, parce qu'il aimait la nature. C'était vraiment essayer de soutenir un petit peu ce chemin de vie ensemble. Bon voilà, ce n'était pas facile de le voir partir. Parce qu'il avait vraiment tellement de force en lui, que c'était tellement étonnant qu'un type comme ça, finalement, se trouve terrassé par la maladie. C'est vraiment le pied de nez, d'ailleurs. le pied de nez, en fait, de la vie, qui te dit, qui te rappelle que t'es pas grand-chose, en fait, que t'es quand même hyper fragile. Et c'est vrai que c'était un type tellement fort intellectuellement, alors brillantissime, et puis humainement, et puis le type, il marchait, il marchait des centaines de kilomètres par week-end, là, il partait sur les routes de France, il a traversé la France à pied plusieurs fois. Il était, il était, enfin voilà, t'avais l'impression qu'il était immortel. Ben non.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Frédéric pour ce témoignage pour les auditeurs qui ne connaissent pas le professeur Kahn on mettra évidemment dans la description des vidéos et des références à lui parce que je pense que c'est quelqu'un hyper intéressant et que j'aurais aimé interroger on

  • Speaker #1

    va essayer de faciliter Il t'aurait dit oui avec plaisir d'ailleurs parce qu'il adorait ça il était un peu cabot il adorait les médias il adorait échanger et notamment aussi avec les jeunes oui oui c'est sûr super

  • Speaker #0

    Merci On va essayer de passer sur quelque chose d'un peu plus gai, mais en même temps, c'est le concept de l'interview, de se livrer. Et merci encore pour ça, Frédéric. Après l'Aïk contre le cancer, là, tu fais un switch de nouveau et tu nous as raconté que tu as eu une expérience dans un cabinet de conseil, que tu as eu un peu une expérience de transition. Et après, là, tu prends en conscience de par ton expérience à l'Aïk contre le cancer, tu nous racontes que tu prends en conscience que finalement, la vie chaque jour passe.

  • Speaker #1

    et là tu vas créer ta boîte du coup oui tu crées plus courant mais oui mieux vaut tard que jamais donc effectivement 57 balais alors à 57 ans je lâche deux CDI en un an finalement et tout le monde me dit t'es complètement folle ma fille quel courage à ton âge donc effectivement peut-être un petit peu d'inconscience certainement beaucoup d'ailleurs et donc à 57 ans tu quittes le salariat Frédéric pourquoi c'est compliqué à stage à quitter un CDI ? Ah, alors connais-tu le concept de l'agisme, Nicolas ?

  • Speaker #0

    Je ne le connaissais pas avant, pour être très honnête, avant de préparer cette interview. Et pourtant, apparemment, je suis aussi concerné.

  • Speaker #1

    En fait, effectivement, c'est très simple. Quand je me suis dit que j'allais quitter un moment la Ligue contre le cancer, j'ai fait comme tout le monde, j'ai refait mon CV et puis j'ai regardé ce qu'il y avait comme poste. Et donc, j'étais sur un poste qui me plaisait beaucoup, pour lequel je cochais toutes les cases. Et le cabinet en recrutement, alors ils étaient emballés, etc. Et l'employeur ne veut pas me recevoir. parce que je suis trop vieille. Alors, effectivement, je n'étais pas un perdreau de l'année, comme on dit. Je n'étais pas toute jeune, mais quand même.

  • Speaker #0

    C'est le seul argument qui te met en avant ?

  • Speaker #1

    En fait, les consultants du cabinet ont du mal à me le dire parce que c'est quand même une discrimination. C'est illégal. Donc, c'est difficile. Mais en fait, à force de leur demander ce qui s'était passé et pourquoi tout d'un coup leur grand enthousiasme se transformait en pas d'entretien, ils ont fini par me dire qu'en fait, ils préfèrent un quarantenaire, etc. Et donc, alors là, je suis tombée de l'armoire, parce que c'est vrai qu'en plus, dans le secteur des ONG, des réseaux associatifs, il y a beaucoup de problèmes, il y a beaucoup de défauts, mais il n'y a pas trop celui-là. Parce qu'on a l'habitude de travailler en intergénérationnel. Moi, j'avais, par exemple, la Ligue contre le cancer, on avait des très jeunes dans les services com, digital, etc. Et puis, on avait des bénévoles qui avaient 85 ans. Donc, en fait, tout ce petit monde, finalement, interagit ensemble. et donc quand j'ai commencé à dire mais c'est quoi ce truc en fait dans mon réseau mes amis m'ont dit mais tu vis sur quelle planète Frédéric ? en fait en France à partir de 45, 50 ans alors encore plus 55 et plus t'es fichu tu trouveras plus de boulot et c'est vrai que je ne m'étais même pas posé la question parce que moi j'avais la ligue contre le cancer j'avais quand même je ne sais pas 55 ans 54 ans enfin que c'est que ce truc ? Et donc, comme j'aime bien comprendre, j'ai cherché. Et donc, je suis allée voir à la PEC, j'ai fait des ateliers seniors, j'ai fait une enquête, j'ai envoyé un Google Forms sur LinkedIn, j'ai reçu presque 700 retours, 700 témoignages, édifiants. Et donc, je me suis rendue compte qu'effectivement, on avait un énorme problème en France, dans nos entreprises, dans nos organisations, qu'on ne voulait plus des vieux. Quand je dis des vieux, à partir de 45 ans, donc on est très, très vite vieux. Voilà. Et c'est comme ça que j'ai créé l'association Senior for Good. parce que j'ai trouvé ça tellement dégueulasse. En plus, il y a la réforme des retraites qui est arrivée. Je me suis dit, ça va être encore pire. En fait, ils vont décaler les retraites, etc. Et on va faire quoi ? Si on doit encore travailler 15 ans ou 20 ans, mais qu'à 45 ans, on est fini, on fait comment ? Et donc, avec un ami, on s'est dit, qu'est-ce qu'on peut faire ? On est des citoyens, on est des cadres, on va faire une association citoyenne. Et donc, on a créé Senior for Good en 2022. Et puis, en parallèle, j'ai quand même retrouvé un autre poste salarié, ce qui m'avait quand même un peu rassurée. Mais bon, il y avait tellement de gens en difficulté. Quand on a lancé cet assaut, dont l'objet est vraiment de lutter contre l'âgisme, contre la discrimination par l'âge dans les entreprises, et notamment du côté, sur le volet, senior. C'est pour ça qu'elle s'appelle Senior for Good, parce que oui, on peut être senior et vouloir continuer à avoir un impact positif sur la société. Oui, on peut être senior, on peut avoir 45, 50, 55, 60 ans et avoir des projets professionnels qui soient salariés, qui soient entrepreneuriaux, et on avait envie de porter du positif, en fait. L'idée, ce n'était pas de pleurer sur notre sort, mais c'était de porter une image positive, de montrer des rôles modèles, comme on le fait, par exemple, pour les femmes entrepreneurs, où depuis quelques années, on essaye de valoriser des rôles modèles. En fait, je me suis dit, il faut qu'on montre des rôles modèles de personnes de plus de 50 ans, parce que c'est quand même plutôt autour de 50 ans que ça commence vraiment à se gâter, qui ont des projets, etc., pour que dans les entreprises, ils puissent changer de regard. Parce qu'on a un vrai sujet sociétal, culturel, là-dessus.

  • Speaker #0

    et pourquoi ? l'agisme, je me suis intéressé un petit peu avant ce podcast mais moi si tu veux j'avais une réflexion assez basique de dire de toute façon on est tous différents, on a des expériences différentes et aussi quand j'étais encore chef d'entreprise d'une boîte de plusieurs dizaines de salariés il y a quelques mois moi je regouttais des seniors aussi, alors pas que pour mais parce qu'ils avaient des soft skills qui étaient parfois plus développés que les jeunes générations qui arrivent sur le marché du travail on leur a appris des choses. Et je me disais, si j'engage des personnes avec une expérience, ça va faire un bel équilibre avec des personnes qui sont plus jeunes, etc. Et pourquoi alors finalement... Alors, peut-être que je suis naïf, mais pourquoi il y a de l'âgisme ? Pourquoi les personnes... Enfin, il y a des gens qui pensent qu'à partir de 40, 50 ans, entre guillemets, on est cramé.

  • Speaker #1

    C'est fou, hein ? Déjà, tu as tout compris, bravo, parce que tu fais partie des chefs d'entreprise, on va dire, que j'appelle éclairés, qui ont compris en fait que la richesse, c'était la diversité, c'était la singularité de chacun au service du collectif, au service de tous. Malheureusement, effectivement, ce n'est pas le cas dans toutes les entreprises, loin de là. Tous les chiffres le montrent, il y a des tonnes d'enquêtes qui ont été faites, surtout depuis la dernière réforme des retraites. En 2023, il y a eu plein d'enquêtes. Et globalement, énormément de dirigeants de DRH confirment écarter les candidatures des plus de 45, 50 ans, etc. Alors pourquoi ? C'est compliqué de répondre à ça, parce qu'en fait, on se rend compte que ce n'est pas vraiment rationnel, qu'il y a vraiment un sujet de stéréotypes. Donc en fait, on a des biais cognitifs. Notre cerveau aime bien simplifier, aime bien catégoriser, mettre les gens dans les cases, c'est rassurant. Et à partir de ces biais, tu peux avoir des stéréotypes, positifs ou négatifs, qui sont très négatifs pour les seniors, et donc des préjugés. Et effectivement, il y a toute une série de préjugés envers les personnes de plus de 50 ans. qui sont déconnectés, fatigués, plus engagés, difficiles à manager, trop chers, etc. Qu'on peut démonter, je pourrais te les démonter un par un sans aucun problème, mais en fait, les gens y croient. Et ça devient quelque chose d'inconscient qui est ancré, et dont on ne parle même plus. Et l'agisme est quand même la première discrimination dans le monde du travail. Globalement, avant le sexisme, avant le racisme, c'est un truc de fou. Personne n'en parle. Enfin, maintenant on en parle, mais personne n'en parlait. C'était silencieux et accepté. Tu regardes, même dans l'entreprise, pour les salariés dans l'entreprise, par exemple, plus tu augmentes en âge, moins tu as accès à la formation. Moins tu as d'augmentation. Moins tu as accès à des promotions. Ou à de la mobilité interne. C'est hallucinant. Comme si, en fait, à partir de 45-50 ans, c'était fini, tu étais au rebut. Et quand tu vois la rapidité à laquelle les compétences deviennent obsolètes aujourd'hui, Si tu ne formes pas les gens, forcément après tu vas dire qu'ils sont has-been, ça c'est clair. Et toi, il y a une espèce comme ça de culture. On a quand même une culture du jeunisme en France. Tu regardes, ça sort même du monde de l'entreprise. Moi, je le dis à chaque fois, tu regardes la télévision, le cinéma, les films, etc., les publicités. On a quand même un vrai sujet, en fait, avec les personnes de plus de 50 ans. Une espèce d'invisibilisation. Alors les femmes, double peine, c'est encore pire pour les femmes. Quand les hommes, depuis 50 ans, ils sont sexy, ils ont des tempes un peu grisonnantes, ça va, mais les femmes, on ne les montre plus. Et en fait, tout ça, si tu veux, ça fait que dans les entreprises, finalement, ça fonctionnait comme ça. Sauf qu'aujourd'hui, il faut que ça change, parce que déjà, un, on décale l'âge de la retraite, on demande aux gens de travailler plus longtemps. Donc, tu ne peux pas demander aux gens de travailler plus longtemps si en fait les entreprises ne veulent plus d'eux. Ça va juste pousser à davantage de précarité. Deux, l'évolution démographique fait que bientôt, il n'y aura plus que des vieux dans les boîtes. Donc, il y aura, dans quelques années, les plus de 45 ans seront majoritaires dans les entreprises. Donc, il serait temps que les entreprises aussi se mettent en conscience de ça et agissent. Et puis, trois, vu les enjeux sociaux, environnementaux qu'on a à adresser, les enjeux de transformation des organisations qu'on a devant nous, mais pétard, utilisons les forces vives, toutes les forces vives de l'entreprise pour y aller. pourquoi on se prive de la richesse d'une partie. Et quand même, il faut quand même noter que l'âgisme, c'est aussi envers les plus jeunes. C'est un des paradoxes d'ailleurs. On peut en parler. Les très jeunes aussi, en fait, subissent ça.

  • Speaker #0

    Alors, avant de parler de l'âgisme envers les jeunes, quand j'ai préparé cet interview, j'ai vu que l'âgisme aussi, malheureusement, en France, on était en haut du podium.

  • Speaker #1

    Ah ben, on est les pires d'Europe. On a le taux d'emploi des plus de 50 ans et 55 ans, le plus faible d'Europe, en fait.

  • Speaker #0

    En quelques mots, si tu peux nous expliquer pourquoi.

  • Speaker #1

    Le pourquoi, c'est exactement ce que je viens d'expliquer. En fait, c'est vraiment culturel. On voit bien, en fait, en fonction de la culture des pays, que c'est plus ou moins marqué. Alors, on n'est pas les seuls. Il y a d'autres pays en Europe où on n'est quand même pas très bons. Mais quand tu regardes des pays comme certains pays du Nord, de l'Europe, les pays scandinaves, le Canada, certains pays anglo-saxons, où vraiment on voit que la séniorité est restée vraiment une richesse, en France, on a vraiment eu cette espèce de dérive où finalement, être sénior, en plus c'est hyper positif être sénior, ça veut dire être expérimenté. bien sûr quand t'es jeune tu deviens chef de produit senior t'es content tu vois ça y est je suis chef de produit senior sauf qu'en fait non en fait il y a un moment du jour au lendemain tu deviens obsolète ton expérience n'a plus de valeur ouais je sais pas comment t'expliquer ça ce que je peux dire c'est qu'il est temps que ça change c'est ça surtout on est tout à fait d'accord et donc l'agisme aussi auprès des jeunes

  • Speaker #0

    et en fait ce qui est assez paradoxal c'est que ce que tu disais c'est qu'on met en avant beaucoup les jeunes c'est plutôt cool c'est plus cool d'être jeune que d'être senior et pour autant

  • Speaker #1

    Oui, alors ça, c'est aussi un peu les paradoxes. C'est que oui, complètement, on a cette tendance quand même au jeunisme. Il faut savoir aussi que les politiques publiques de l'emploi, elles ont quand même beaucoup poussé ça, parce que depuis les années 80, notamment pour les grandes entreprises, on a poussé les grandes entreprises à faire sortir les plus vieux pour faire rentrer les jeunes. Donc, on opposait un peu les générations. Et ça, ça a ancré aussi un peu des croyances et des biais aussi dans certaines entreprises. Mais c'est vrai qu'on voit bien que les plus jeunes, ceux qui démarrent, ont beaucoup de mal à trouver un premier poste parce qu'on veut des jeunes. créatifs et dynamiques, mais qui ont quand même déjà de l'expérience. Et on se rend compte qu'en fait, l'agisme touche les deux côtés du curseur, les plus jeunes et les moins jeunes. Et des deux côtés, c'est tout aussi ridicule.

  • Speaker #0

    C'est quoi l'âge parfait ?

  • Speaker #1

    Alors moi je dis par exemple, pour les femmes, j'ai une équation mais qui est vraiment, qui ne fait pas rêver. Tu vois, pour les femmes, jusqu'à 25 ans, tu es trop jeune. De 25 à 35, 40, tu fais des enfants. Donc ce n'est pas top non plus. Puis à partir de 45 ans, la ménopause arrive. Donc ta carrière entre 40 et 45, ce n'est pas mal. Donc mesdames, dépêchez-vous. Non, je caricature, mais à peine.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup pour toutes ces informations sur l'agisme, Frédéric. Et si on peut parler un petit peu, tu as créé une entreprise qui s'appelle Uskoa. En quelques mots, c'est quoi l'objectif d'Uskoa ?

  • Speaker #1

    Uskoa, déjà, ça veut dire croire en finnois. Ça vient de Finlande. C'est un petit clin d'œil, parce que la Finlande est assez avant-gardiste sur un certain nombre de sujets qui me tiennent à cœur, comme l'ARSE, comme les gouvernances participatives, comme l'égalité hommes-femmes, comme la... L'emploi des seniors, par exemple, où ils ont des taux qui sont bien plus élevés que nous. Et croire, croire en quoi ? Évidemment, tu peux peut-être même l'imaginer vu mon parcours, mais c'était croire en une entreprise, en un monde du travail durable, humain, responsable. Et donc, l'idée du SQUA, c'est vraiment d'accompagner les organisations dans une transformation durable. Et donc, c'est assez large, puisqu'en fait, moi, j'accompagne aujourd'hui des dirigeants, des organisations, des entreprises. à la fois sur des sujets de transformation culturelle de vision, de raison d'être, etc. Des transformations managériales, comment faire évoluer aussi les modes de management. Moi, j'ai beaucoup travaillé sur des sujets comme la subsidiarité, notamment, qui est très intéressant pour les entreprises aujourd'hui. Donc, comment on va effectivement mettre en action, en mouvement l'intelligence collective. Et puis aussi, la transformation sociale autour de la RSE, donc sur le S de la RSE, où je travaille sur des enjeux d'inclusion. Hommes, femmes, oui, bien sûr, et aussi et surtout les seniors et l'intergénérationnel. Moi, je crois profondément dans la richesse et la force, la puissance de l'intergénérationnel. et ça finalement les entreprises ne le prennent pas toujours en compte aujourd'hui on a 4 générations qui se côtoient dans l'entreprise parfois elles se côtoient mais elles ne travaillent pas forcément en tout cas de façon optimisée ensemble et donc une des missions du SCOA aussi c'est d'accompagner les entreprises de la sensibilisation à la mise en action donc le SCOA est à la fois un cabinet de conseil de formation puisqu'on est certifié Calliope d'accompagnement, de coaching, puisque je suis aussi coach certifié. J'accompagne aussi beaucoup de gouvernance, donc des conseils d'administration, pour optimiser leur fonctionnement, les sensibiliser aussi aux enjeux RSE, ESG. Et puis, qu'est-ce qu'on fait d'autre ? Et puis moi, à titre personnel, ce qui me porte le plus aujourd'hui et ce que vraiment j'ai beaucoup développé l'année dernière et que j'espère vraiment pouvoir continuer à déployer, ce sont des conférences. J'ai 33 ans d'expérience, de parcours, des réussites, des échecs, j'ai vécu plein de trucs. Et aujourd'hui, j'ai envie de partager, j'ai envie de transmettre, j'ai envie, si j'y arrive, d'inspirer. Et en fait, j'ai monté des conférences que je donne aujourd'hui devant des équipes, dans les entreprises, en petit comité devant des comex ou en très grand comité pour des gros événements. sur ces sujets qui me tiennent à cœur, le leadership pour tous, le leadership inclusif, l'intergénérationnel, le chemin vers l'impact, etc.

  • Speaker #0

    Je souris parce que je me dis, avec tout ce que tu fais, Frédéric, l'âgisme n'a aucun sens.

  • Speaker #1

    Mais j'espère bien montrer que, justement, pour peut-être à mon petit niveau modeste, montrer qu'effectivement, ce n'est pas l'âge. Je veux dire, franchement, il y a des jeunes de 20 ans parfois qui sont vieux. Et il y a des vieux de 80 ans, 90 ans, qui sont hyper jeunes. Donc oui, il faut arrêter de regarder les années. Il faut regarder... l'envie, l'énergie, l'expérience, la compétence. On a des jeunes qui sont absolument formidables et talentueux. C'est tellement ridicule. Je trouve ça incroyable qu'aujourd'hui, on ne recrute pas uniquement sur la compétence. Ne serait-ce que de toi que ce soit un sujet de regarder l'âge quand on recrute quelqu'un. C'est juste incroyable. Tu as un besoin, tu mets des compétences en face et des soft skills. que vient faire l'âge là-dedans ?

  • Speaker #0

    Est-ce que tu penses que de la même manière qu'à un moment, alors je ne sais plus si c'est légal maintenant ou pas, mais on a fortement incité à enlever les photos sur les CV pour éviter des discriminations, on devrait aussi enlever l'âge ?

  • Speaker #1

    C'est un grand débat. Moi, souvent, quand j'interviens, des seniors qui cherchent un emploi et sont désespérés me disent Est-ce que je dois dégrader mon CV ? Est-ce que j'enlève des diplômes ? Il y en a qui le font, c'est horrible, c'est triste quand même, qu'ils enlèvent des diplômes. Moi, je ne les suis pas très favorables parce que je me dis déjà, de toute façon, quand tu te retrouves en entretien devant la personne, on voit bien quel âge tu as. Il y a un moment, tu ne veux pas non plus...

  • Speaker #0

    Mais en même temps, ça permet de passer à la première étape. Ouais,

  • Speaker #1

    ouais, ouais. Alors, c'est ça. Est-ce que ça permet de... C'est dramatique, s'il faut ça pour un entretien, mais bon, voilà. Moi, je pense quand même qu'il va falloir mettre quelques contraintes aux entreprises. Je ne suis pas du tout pro-quota, etc., mais il faut bien avouer que pour les femmes, ça a fonctionné.

  • Speaker #0

    Ça fait avancer.

  • Speaker #1

    aujourd'hui on est exemplaire on est conseiller d'administration en France par rapport aux autres pays d'Europe voilà on a obligé et je pense que pour les seniors il va falloir aussi qu'il y ait des obligations moi j'ai entendu des DRH de grandes entreprises dire de toute façon on attend de voir on attend de voir si on va être obligé à quelque chose c'est marrant parce que il fallait faire bouger comme ça dans les changes qu'on avait avec

  • Speaker #0

    Angèle Gérard qui est aussi une sage qui est passée dans le podcast elle se bat pour l'entrepreneur féminin et au début elle était contre l'Equota aussi et en fait elle s'est rendue compte que malheureusement un moment peut-être il faut passer en phase législative.

  • Speaker #1

    C'est ça, en fait, qui peut être pour un quota ? Qui a envie d'être choisi pour entrer dans un quota ? Personne. Personne n'a envie. Ça peut être des quotas pour les femmes, pour les vieux, pour les jeunes, pour n'importe qui, les handicapés, tout ce qu'on veut. Personne n'a envie d'être un quota ou de ne pas être recruté pour ses compétences et son expérience, mais d'être recruté parce qu'il faut cocher la case qu'on a recruté le vieux ou la vieille ou bien le jeune, tu vois. Personne n'a envie de ça. Mais malheureusement, on... Alors, attention, parce qu'on fait beaucoup de généralité, finalement, dans notre échange, mais il y a aussi plein d'entreprises absolument incroyables et formidables qui sont engagées sur ces sujets, qui ne travaillent pas du tout comme ça. Et je pense notamment à notre tissu de TPE, PME, qui est quand même l'essentiel des entreprises en France, qui sont bien souvent beaucoup plus dans l'humain, avec des chefs d'entreprises souvent patrimoniaux, qui vont vraiment aller recruter des personnes sur leurs compétences, etc. Malheureusement, Ces sujets touchent quand même plutôt les grandes entreprises, parce que plus l'entreprise est grande, plus on travaille avec des process, plus on cadre, plus on ferme. Et c'est là que je me dis, du coup, peut-être que la contrainte peut faire bouger les choses.

  • Speaker #0

    Je comprends. En effet, si on faut passer par là, le but c'est d'avancer. Ok, merci Frédéric. Si ça te va, pour finir cette interview, je voudrais passer sur des questions un peu plus personnelles, si tu m'y autorises. Alors, ce qui m'intéresse... T'as le droit de dire Joker.

  • Speaker #1

    D'accord, on va voir.

  • Speaker #0

    Et ça sera pas coupé au montage. Alors, t'es passée de salariée à entrepreneuse en... 2023.

  • Speaker #1

    Oui, il y a un peu plus d'un an. Je suis une jeune entrepreneur.

  • Speaker #0

    C'est super. C'est quoi, en quelques mots, les grandes différences ?

  • Speaker #1

    Tout est différent, en fait. C'est un autre monde. Encore, moi, ça fait quand même des années que j'accompagne des entrepreneurs, que je coach des entrepreneurs. J'ai animé un réseau d'entrepreneurs, donc ce n'est pas non plus comme si je ne connaissais pas du tout. Mais ce n'est pas du tout pareil quand tu le vis, évidemment. Ça n'a rien à voir. C'est facile d'expliquer aux autres ce qu'ils doivent faire. Le faire pour soi, c'est complètement différent. Non, mais tout est différent. Je passais d'une organisation, tu manèges des dizaines, voire des centaines de personnes et tout d'un coup, tu es toute seule dans ton bureau. Aujourd'hui, on est deux. On est deux chez Square. Coucou Laura. Heureusement que Laura m'aide. Mais voilà, on est deux. Alors que voilà, plus de management. Moi, ça m'a beaucoup manqué. j'ai mis longtemps et d'ailleurs je me rassurais en me disant peut-être demain je reprendrai un poste d'ailleurs je me dis toujours finalement le statut tant que tu fais des choses qui te plaisent qui te donnent envie qui te font t'engager je veux dire après ils ne voudront certainement plus de moi vu mon âge mais moi on me proposerait un superbe job avec du management j'y retournerais en courant aussi parce que j'aurais envie aussi de manager donc le management m'a beaucoup manqué ça ça a été vraiment le gros sujet le gros point les six premiers mois J'ai rattrapé parce que je conçois, j'anime des séminaires, je fais des conférences, je suis face aux gens, avec les gens, je fais beaucoup d'ateliers dans les entreprises. Donc, ça me permet un petit peu de garder ce lien humain dont j'ai vraiment besoin parce que c'est ce qui m'a porté pendant 30 ans de management. Mais ça, ça m'a manqué. Et puis, ce qui change, c'est que tu es responsable seule. Alors après, bon... Quand tu es DG d'une organisation, tu es un peu seul quand même. Tu as beau avoir un conseil d'administration, tout ça, des fois, tu ne peux pas discuter, tu ne peux pas raconter à tes collègues du comité de direction tous tes problèmes. Il y a beaucoup de choses que tu dois cacher. Donc, tu as déjà un peu l'habitude de cette solitude. Mais ce n'est quand même pas pareil de te retrouver seul à devoir tout faire. tout produire. Parce que quand tu démarres, t'es seule, parce que j'ai commencé un job d'indépendante. Quand on dit j'ai monté Uskoa, aujourd'hui c'est vrai que je travaille avec une communauté d'experts en fonction des missions, etc. Ça me permet effectivement de gérer davantage de missions et de développer la boîte. Mais quand j'ai démarré en janvier 2023, tu vois, j'étais seule. J'avais des premiers clients, il fallait que je produise les contenus, les offres, les services, que je fasse mon site web, que je fasse ma certification Calliope, parce que je voulais que des clients associatifs puissent éventuellement faire financer... leur formation s'ils n'avaient pas les budgets. Il fallait que je produise les contenus des séminaires qu'on m'avait demandé d'organiser, que je commence à travailler sur les premières conférences, que je monte les programmes de formation. Donc il fallait tout faire en même temps et j'étais seule. Alors en fait, à la fois c'est absolument incroyable, c'est tout d'un coup une liberté géniale, et en même temps c'est complètement différent, c'est-à-dire qu'à la fois tu n'as plus la charge, la responsabilité des personnes. Moi quand j'étais en direction générale, pour moi c'était très important d'avoir la responsabilité des gens qui étaient dans les équipes que j'animais. Donc là, tu n'as plus cette responsabilité-là, tu n'as plus ça sur les épaules. Mais par contre... tu as tout le reste, tu as tout ce qui est en lien avec toi. C'est-à-dire que ta réussite, ça peut être que toi, l'échec, ça peut être que toi. C'est à toi. Et ce qui est très difficile, j'ai trouvé, c'était de... D'ailleurs, je ne l'ai pas bien fait, de prendre soin de soi dans ces moments-là. parce que tu bosses 7 jours sur 7, 24 sur 24, tu t'arrêtes jamais et tu es dans une espèce de tunnel comme ça. Alors tu te dis, ouais, c'est parce que c'est le début, parce que c'est le début, mais les mois passent. Et puis ça continue. Et puis quand les clients arrivent, tu continues, tu continues. Et donc voilà, c'est vrai que j'ai mis quand même, j'ai mis 8-10 mois avant de commencer à me dire, ben voilà, là, je vais pouvoir structurer ça comme ça, comme ça, comme ça. Mais au début, oui, c'est un peu dur.

  • Speaker #0

    Et du coup, une montagne de choses. Et pourtant, Frédéric, tu fais l'enfer à TEDx. Oui.

  • Speaker #1

    Oui, oui, j'avais peur de m'ennuyer en fait. Donc, j'ai publié le bouquin chez Errol et puis j'ai fait un TEDx. Oui, oui, alors le TEDx, je ne vais pas dire que c'était un vieux rêve, parce que ça fait un peu bête de dire je rêve de faire un TEDx, parce qu'un TEDx pour un TEDx, ça n'a pas trop d'intérêt. Mais c'est vrai que comme j'avais commencé à développer mes conférences et que j'ai toujours adoré parler en public, dans le passé, j'ai organisé beaucoup d'événements chez les entreprises, etc. C'était quand même un volet d'action qui me... portait beaucoup, en fait, de porter ma voix. Et là, j'avais vraiment un sujet, qui est le sujet des seniors, des générations, dans le monde du travail. Et donc, j'ai eu cette chance, effectivement, de pouvoir faire ce TEDx en décembre, donc à Orléans, l'association TEDx Orléans. Et ça a été vraiment un défi, en fait. C'est quelque chose, c'est une aventure un peu particulière. Il y a eu d'ailleurs un débat il y a quelques jours sur LinkedIn entre des conférenciers qui se demandaient si c'était un truc qui boostait les conférences ou pas, etc. Moi, je n'ai pas du tout abordé le projet comme en me disant je vais faire un TEDx, comme ça je vais vendre des conférences. Mais rien à voir. Pour moi, ce n'est pas du tout le même exercice. Le TEDx, d'abord, j'ai trouvé que c'était hyper dur parce que c'est très contraignant. Tu es sur un rond rouge, tu ne peux pas bouger. Alors moi d'habitude, j'adore aller vers le public, me balader, aller dans la salle, voir les gens. Là, non, tu ne peux pas quitter le tapis rouge. Rien que ça déjà, ce n'était pas évident. Tu as 18 minutes maximum, tu as un compteur qui décompte. Donc tu es hyper stressé parce que tu as la trouille. D'ailleurs, tu parles trop vite du coup, parce que tu te dis, oh là là, je ne vais pas avoir le temps de dire ce que j'ai à dire. Tu répètes énormément, tu es coaché, tu t'entraînes. à la fin, j'étais contente de l'avoir fait. C'est un peu triste parce qu'à la fin, on perd même l'énergie tellement on l'a révisé, ce truc. Mais je voulais passer mon message. Et pour moi, c'était vraiment un message militant. Et ce TEDx, je suis quand même contente de l'avoir fait. Je me dis que j'aurais pu le faire mieux, évidemment. Mais je suis contente de l'avoir fait parce que au moins, j'ai passé le message que je voulais passer de manière militante. Quand je fais des conférences sur l'intergénérationnel, je veux générer des émotions, faire rêver les gens. que quand ils sortent de la conférence, ils ont envie de tous bosser ensemble encore mieux dans leur entreprise. Donc, je vais être plutôt sur des registres émotionnels, humour, montrer des exemples, etc. Là, le TEDx, je suis plutôt, en tout cas, j'ai essayé d'être sur un registre plutôt sérieux, plutôt militant, plutôt faire passer vraiment ma conviction profonde, en fait. Du coup, c'était beaucoup plus dur. J'ai trouvé ça beaucoup plus dur. Mais c'est une très belle expérience. Franchement, j'ai trouvé... C'est un petit challenge quand même personnel.

  • Speaker #0

    évidemment on mettra en description ces TEDx que j'ai regardés c'est pas obligé ah si ça vaut le coup juste pour teaser le nom du TEDx il s'appelle unique ensemble ok ça te ressemble bien pour finir j'ai encore une ou deux questions pour toi du coup donc avec ton parcours exceptionnel en tant que dirigeante et entrepreneuse, est-ce que tu as quelques conseils et trois conseils à donner à des jeunes entrepreneurs ? Et jeunes, pas forcément dans l'âge.

  • Speaker #1

    Alors oui, les conseils, je pourrais les donner en tant que jeune entrepreneur moi-même, surtout, plutôt qu'ancienne dirigeante ou je ne sais quoi. Je pense que c'est vraiment l'expérience qui fait la différence. Le premier conseil, même si c'est un conseil que je donne depuis des années, évidemment, c'est celui de ne pas rester seule, de se faire accompagner. Moi-même, pour ma petite entreprise, c'est la première chose que j'ai fait avant de démarrer, c'était d'appeler des dirigeants que j'admire beaucoup pour leur demander d'être mes mentors et de constituer un petit board, un petit comité stratégique qui m'aide aujourd'hui et qui accompagne progressivement le développement de mes activités. Donc vraiment, ne pas rester seule, se faire accompagner. Le deuxième conseil qu'il faudrait que je m'applique un peu mieux à moi-même, c'est prendre soin de soi. parce que l'entrepreneuriat, on le dit tout le temps, mais c'est bien de le répéter, ce n'est pas un sprint. C'est sur la durée que ça se joue et c'est épuisant et c'est un peu le grand huit. Donc, il faut vraiment garder ce soin de soi parce que pour être en capacité de prendre soin de ses clients, de prendre soin de son activité, il faut déjà être en capacité de prendre soin de soi. Le troisième conseil que je donnerais, c'est... D'aller là où ton cœur te porte ? parce que je me dis qu'en fait, on ne peut pas vraiment se planter si on voit là où on a le cœur d'aller, où vraiment on sent qu'on est à notre juste place. Parce que déjà, c'est là où les clients vont dire oui, vont venir te voir parce qu'ils sentent ça, ils sentent que tu es aligné et que tu donnes ce que tu as à donner. Et puis finalement, je me dis, même si tu échoues, ce ne sera pas un échec parce que tu auras appris et au moins tu auras expérimenté et tu auras osé essayer.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup pour tes mots. Pour finir ce podcast, alors, avant de te demander qu'est-ce que je peux te souhaiter, je vais quand même te le dire aux éditeurs, parce que Frédéric est quelqu'un d'hyper humble, mais elle a reçu, du coup, la médaille de l'Ordre National du Mérite il y a peu, et donc ça me semble assez logique de le dire, au regard de ton parcours assez exceptionnel. Et donc Frédéric, qu'est-ce qu'on peut te souhaiter ?

  • Speaker #1

    J'allais dire une longue vie d'entrepreneur, de jeune entrepreneur, avec plein de conférences à faire, pouvoir sensibiliser plein d'équipes, plein d'équipes de direction, pouvoir accompagner plein de dirigeants à porter le bien commun dans leur entreprise, à faire ce choix de l'impact, de la performance globale. peut-être apporter ma petite goutte de colibri. Je sais que parfois, on dit que c'est nul, cette histoire du colibri, mais moi, j'aime bien quand même cette idée finalement d'apporter une petite pierre modeste, un petit caillou modeste à améliorer ce monde du travail et à essayer d'apporter un peu plus d'humanité dans ce quotidien, dans ce monde du travail qui en a vraiment besoin, me semble-t-il.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, Frédérique.

  • Speaker #1

    Merci. Waouh !

  • Speaker #2

    Sous-titrage ST'501 Merci à tous pour votre écoute sur le troisième épisode des Sages. Vous êtes de plus en plus à nous écouter et pour ça, vraiment, je vous remercie. J'espère encore une fois que vous avez beaucoup appris auprès de Frédéric, l'une des plus grandes patronnes associatives et pour le bien commun. Les Sages, comme je vous le dis souvent, c'est aussi pour moi une aventure entrepreneuriale qui débute. Donc n'hésitez pas à m'envoyer sur LinkedIn, Nicolas Jeanne, Jeanne, J-E-A-N-E, vos feedbacks et vos commentaires. Ils sont super méga précieux pour moi. Si vous avez aimé et appris grâce à l'épisode, il y a maintenant deux manières de nous remercier. La première, c'est de mettre 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute et de nous laisser un avis. Ça permet de nous faire remonter dans les classements. Et si vraiment vous voulez nous filer un coup de pouce, vous pouvez nous faire un don de 2 euros pour faire vivre ce podcast sur GoFundMe. Comme vous êtes restés jusqu'au bout, je vais vous lâcher, comme d'habitude, nos deux prochains invités. Notre prochain invité sera Henrik Klaba, le co-fondateur patriarche d'OVH. Et je vous assure que ce sera un épisode vraiment exceptionnel. Et notre cinquième invité est un invité très exceptionnel, puisque ce sera... François Hollande, l'ancien président de la République française. Merci à tous et à très vite.

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Description

Pour ce troisième épisode, nous recevons Frédérique Jeske, une dirigeante engagée pour le bien-commun.


Frédérique est une femme exceptionnelle :


  • Ex dirigeante de la Fédération Réseau Entreprendre et la Ligue Nationale Contre le Cancer avec Axel Kahn

  • Entrepreneuse maintenant avec USKOA et militante contre l'âgisme avec notamment Senior For Good

  • Une leadeuse positive, engagée pour la diversité et avec un parcours atypique


Dans ce troisième épisode on a notamment parlé de Axel Kahn, l'enfance de Frédérique, la place des femmes dans l'entreprise, la planète, l'engagement des jeunes, Marseille, des quotas, la place de la "synchronicité" dans la vie, Elsevier Masson....


Bon voyage avec les Sages ! 



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Abonnez vous à mon profil Linkedin : https://www.linkedin.com/in/nicolasjeanne3/


🌎 Les liens de l’épisode 🌎



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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les sages, c'est avant tout une histoire personnelle. Je m'appelle Nicolas Jeanne et j'entreprends depuis que j'ai 19 ans. Sur ce chemin, j'ai eu la chance d'en rencontrer des personnes que j'appelle les sages. Vous savez, ce sont ceux d'un conseil bienveillant, qui peuvent changer votre journée, votre projet, votre vie. Souvent des personnes avec qui il y a un avant et un après. A mes yeux, ce sont des leaders authentiques, mais surtout des leaders humanistes. Et ça, c'est important pour moi. Ceux qui vont vous faire grandir sans s'en rendre compte. Plus que n'importe quel livre ou cours, des témoignages qui viennent du cœur et de la réalité. Et surtout du cœur. Aujourd'hui, je vous propose de partir à leur rencontre. dans un format inédit et négocié avec eux. Un format où l'on se dira tout, naturellement, et aucune question ou anecdote sera interdite. Ça, vous avez ma parole. Un format axé sur leur activité, bien sûr, mais qui, évidemment, dérivera vers la vie, la société et les émotions. Mon but, c'est clairement de mettre en valeur l'aspect humain de ces personnalités qui me paraissent exceptionnelles et de casser la carapace. Casser la carapace, vous le sentez, c'est pas un mot par hasard. Pourquoi ? parce que je pense que ça va vous permettre d'apprendre sur les petits grands leaders et leaders qui ont bâti et bâtissent la société. La France est une terre bourrée de talents et de leaders, et nous allons en leur rencontre. Bon voyage avec les sages. Frédéric Jesque est une personne que j'estime beaucoup. Il y a à peu près 10 ans, à la sortie de mes études, j'arrive à l'incubateur de l'EDEC. Je monte alors un réseau pour aider les jeunes entrepreneurs. Un jour, j'entends parler qu'à l'étage même se trouve la Fédération Réseau Entrepreneur et sa directrice générale, Frédéric Jesque. Je fais le choix alors de monter les escaliers. Et là, en montant les escaliers... Je découvre Frédéric. Je fais une rencontre exceptionnelle. J'ai découvert une femme de conviction qui, après raison d'entreprendre, s'est engagée pour la Ligue contre le cancer et aujourd'hui, elle entreprend à 58 ans. En plus de ça, elle a décidé de rajouter une corde à son arc, avec l'agisme. Un combat on ne peut plus moderne que je vais vous laisser découvrir. Allez, on y va avec Frédéric.

  • Speaker #1

    Bonjour Frédérique et bienvenue dans Les Sages, comment tu vas ?

  • Speaker #2

    Bonjour Nicolas, je vais très bien, merci, et j'espère que toi aussi.

  • Speaker #1

    Est-ce que pour démarrer, je peux commencer par te poser la question de ton enfance, que tu nous racontes un petit peu ton parcours, ton enfance ?

  • Speaker #2

    Oui, bien sûr, qu'est-ce que je peux te dire ? Moi, je suis née dans le nord de la France, j'ai eu une enfance classique en fait, dans une famille plutôt aimante, où j'étais aimée, j'étais une petite fille très timide. Très introvertie, plongée dans mes livres, j'ai un peu souffert à l'école, j'ai été harcelée comme on dit encore aujourd'hui, puisque malheureusement ça existe encore aujourd'hui, c'est même peut-être pire avec les réseaux sociaux. En tout cas pendant plusieurs années j'ai été vraiment harcelée par des copines d'école on va dire. Donc j'ai eu une adolescence un petit peu révoltée du coup, donc j'ai beaucoup fait la fête à l'adolescence.

  • Speaker #1

    voilà sinon j'ai beaucoup de bons souvenirs d'enfance de ma famille et beaucoup de bons souvenirs d'adolescence à faire la fête en fait surtout quand tu dis harceler si tu peux nous en dire un peu plus est-ce que finalement c'est quelque chose qui a été un épisode compliqué mais qui t'a aidé aussi peut-être

  • Speaker #2

    Alors, compliqué, oui, c'est certain, puisque j'étais petite, c'était en primaire jusqu'au début du collège, on va dire. Et quand j'entends aujourd'hui des émissions à la télévision sur le sujet, je me rends compte que les choses n'ont pas beaucoup bougé. C'est exactement la même chose, avec heureusement des parents qui me soutenaient beaucoup. Et les enfants peuvent être durs, peuvent être même presque violents. Donc, j'ai un souvenir assez difficile, effectivement, de ça. Ça ne m'a pas traumatisée pour autant, si ce n'est que je pense que ça a joué dans la façon dont je me suis ouverte à l'adolescence et dont, au contraire, j'ai eu besoin de sortir de mon environnement protégé familial. Je suis restée fille unique pendant 7 ans, donc j'étais très protégée. Donc ça m'a peut-être aussi boostée. En revanche, je ne pense pas que ça m'ait traumatisée. D'ailleurs, si tu veux, j'ai même une anecdote là-dessus. Elles se reconnaîtront peut-être si elles écoutent le podcast. Il y a quelques années, quand je dirigeais Raison Entreprendre, j'étais montée dans le Nord pour intervenir sur scène et une personne vient me voir et me dit Frédérique, tu ne te souviens pas de moi et je ne me souvenais pas d'elle. Et en fait, c'était une des femmes qui avait été une des petites filles qui m'avait harcelée. Et elle m'a dit, écoute, tu sais qu'avec une telle, une telle, on parle souvent de toi et on se souvient comme on était horrible avec toi et on avait peur qu'il y ait eu un impact peut-être sur ta vie. Je suis contente de te voir comme ça, bien. Et en fait, quelque part, je me suis dit que finalement, ça les avait peut-être plus touchées, elles, que moi. Puisque moi, je n'y ai plus du tout pensé après. et elles, elles en parlaient encore alors qu'elles avaient la cinquantaine.

  • Speaker #1

    Et donc après le lycée, Frédérique, tu fais tes études à Lille, c'est ça ?

  • Speaker #2

    En partie, oui, jusqu'à la maîtrise en fait. Et je viens à Paris pour faire une maîtrise en sciences politiques et un DESS en communication politique après. Donc les deux dernières années d'études, je les ai faites à Paris, dans ma petite chambre de bonne.

  • Speaker #1

    D'accord. Et qu'est-ce qui t'amène du coup à faire ces études-là à Paris ?

  • Speaker #2

    Mon rêve, c'était d'être journaliste. D'accord. D'ailleurs, journaliste politique. Et d'ailleurs, à l'époque, j'ai fait pas mal de stages dans la presse, à l'Express, France Soir, Antenne 2, ça s'appelait, c'était pas encore France 2. Je rêvais vraiment de faire du journalisme. Et puis finalement, à la fin du DESS, j'ai été recrutée par le patron du DESS de l'époque, Jean-Marie Cotteret. pour son cabinet d'études et de conseils en communication. Et donc, j'ai découvert qu'il y avait d'autres métiers dans la communication que le journalisme et j'ai démarré en agence.

  • Speaker #1

    Et pour revenir sur ton rêve d'être journaliste, est-ce que tu te souviens justement pourquoi tu voulais devenir journaliste ? Est-ce que c'était un rêve d'enfant ?

  • Speaker #2

    Oui, c'était un rêve d'enfant. En fait, petite, c'était je serais journaliste ou avocate. Voilà, défendre et porter la parole, informer, aller voir ce qui se passe dans le monde. Sauf que je n'étais pas vraiment aventurière ni sportive. Donc, grand reporter, je pense que je n'aurais pas pu vraiment faire ça. Mais en tout cas, le rêve d'enfant, c'était ça. C'était d'aller chercher de l'information dans le monde pour changer le monde.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il n'y a pas une notion de justice derrière ?

  • Speaker #2

    Certainement, oui. J'ai un sens de la justice un petit peu trop développé, d'ailleurs, certainement. Je ne sais pas d'où ça vient. D'ailleurs, ma petite sœur est devenue magistrat, donc c'était peut-être de famille, quand même. Mais oui, je ne sais pas. En tout cas, je voulais porter la parole, écrire aussi beaucoup. J'écrivais beaucoup étant petite et j'ai écrit toute ma vie.

  • Speaker #1

    Ok, et donc tu commences dans ta carrière professionnelle, dans le privé, et donc sur différents postes, tu me disais dans la communication.

  • Speaker #2

    Oui, en fait, j'ai bossé 20 ans. J'ai eu un parcours assez classique pendant une vingtaine d'années dans des médias professionnels, édition et presse pro, où j'ai eu un peu tous les métiers, commercial, marketing, communication, éditorial, puis direction commerciale, puis direction de BU. Et mon dernier poste dans le privé, c'était la direction d'une agence de conseil en communication santé dans un groupe de presse professionnelle qui est le leader de l'édition et de la presse professionnelle dans le domaine de la santé et des sciences. Donc, assez classique jusqu'à 2012, jusqu'à une bascule dans mon parcours.

  • Speaker #1

    Ok. Et donc, juste pour revenir sur ces premières expériences, tu fais tes armes, tu me parles de la santé. Tu as travaillé dans le domaine de la santé, c'était entre guillemets un hasard ou c'est quelque chose qui est important pour toi, le domaine de la santé ?

  • Speaker #2

    Alors, à l'époque, c'était un hasard, on va être honnête, puisque moi, je venais plutôt de l'édition juridique. J'ai travaillé aux éditions Francis Lefebvre, j'ai travaillé au groupe Monitor, j'ai travaillé au groupe VK, qui était un groupe... d'édition allemand où je m'occupais des publications pour le secteur public. Donc j'étais vraiment sur de l'édition B2B, professionnelle, de l'information professionnelle. Et donc je suis arrivée par ce biais-là, en fait, à la santé, chez Masson, aux éditions Masson, puis Elsevier-Masson, quand on a été vendu au groupe Rydel-Zewir. Mais c'est vrai que la santé, après, m'a toujours un peu suivie tout au long de mon parcours et que j'ai toujours été assez proche des professionnels de santé, des problématiques de santé publique. et on le voit après dans la suite de mon parcours effectivement je suis revenue à la santé plusieurs fois j'ai une maman infirmière j'avais une maman qui était infirmière donc peut-être que ça aussi ça me joue en soi une sensibilité c'est sûr ok

  • Speaker #1

    écoute on va en reparler juste après à travers ton expérience à la ligue contre le cancer et donc en 2012 tu switches tu me dis pourquoi tu switches ?

  • Speaker #2

    Oui, je switch. Je pense que j'avais fait le tour. Déjà, Elsevier-Masson avait été racheté par le Groupe Ries d'Elsevier. Et c'est vrai que ces grands groupes sont extrêmement formateurs. C'est très intéressant. J'ai appris énormément en termes de structuration, etc. Mais c'est aussi un petit peu usant. C'est des rouleaux compresseurs quand même. Donc, il y a un moment, en fait, j'avais l'impression de ne plus pouvoir faire du business development, de ne plus pouvoir créer des nouveaux services et de devoir tout le temps monter la rentabilité. réduire les équipes, etc. La pression du chiffre était énorme et je perdais un peu le sens. Je faisais beaucoup de business review, des powerpoint toute la journée pour le groupe. Et donc, j'avais vraiment envie de retrouver du sens. Et par hasard, par un recruteur qui me connaissait, on échange et me dit j'ai un poste, mais ce n'est pas sur Paris, c'est dans le sud, c'est confidentiel. Est-ce que vous seriez prête à quitter Paris ? Je demande à mon mari, très sympa, qui me dit écoute, le soleil, pourquoi pas, va voir Et en fait, c'est comme ça que je me suis retrouvée à Marseille, à la direction générale du MEDEF, de l'UPE13, qui est l'Union pour les entreprises du 13, donc des Bouches-du-Rhône. Donc quelque chose d'assez improbable, en réalité.

  • Speaker #1

    Donc là, tu passes d'une carrière entre guillemets privée, à un premier poste qui n'est pas dans le public, mais c'est un organisme associatif,

  • Speaker #2

    en fait, c'est de l'intérêt général. C'est un syndicat patronal. Alors l'UPE 13, c'était un peu particulier parce que c'était un groupe de structures. Il y avait une quinzaine de structures juridiques. Donc il y avait des structures privées. Il y avait une agence de communication, un organisme de formation. On a monté aussi une plateforme de RRH à temps partagé pour aider les dirigeants de TPE à développer leur entreprise. Et puis en parallèle, il y avait les filières professionnelles et le syndicat patronal. Donc c'était plutôt des structures associatives avec des conseils d'administration bénévoles. Et donc ça a été ma première rencontre effectivement avec l'intérêt général. et puis d'autre part ma première rencontre aussi avec le milieu entrepreneurial l'écosystème économique des territoires et les dirigeants d'entreprises ok et donc là t'arrives à Marseille tu déménages avec ta famille Alors, la première année, je descends toute seule. Je vis comme une étudiante. Je me prends un appartement à 50 mètres du bureau et je fais les soirées mondaines de représentation pour l'UPE 13 tous les soirs. Et je rentre tous les week-ends à Versailles où mes enfants continuent à vivre leur vie avec leur père et je ne comprends plus trop ce qui se passe dans la famille. Donc, ça a duré un an quand même avant que la famille me rejoigne.

  • Speaker #1

    Ok. Et donc, tu fais les soirées mondaines.

  • Speaker #2

    Professionnelles, je précise.

  • Speaker #1

    Bien sûr, toujours. Et donc c'est quelque chose que tu n'avais pas forcément l'habitude avant dans ta première partie de ton parcours professionnel et tu me racontais justement dans ce podcast que justement c'était quelque chose de nouveau pour toi

  • Speaker #2

    Oui, oui, oui, alors ce qui était très nouveau pour moi en fait c'était surtout la dimension politique et d'image en fait de ce type de poste et effectivement je racontais quand je suis arrivée que j'ai commencé à fréquenter ces soirées, ces événements professionnels en fait qui étaient importants pour représenter l'organisation dans le territoire Oui Eh bien, il y avait des gens qui faisaient la queue pour venir me saluer, faire ma connaissance, me serrer la main. Et au début, je ne comprenais pas trop pourquoi il y avait toujours ces gens. J'avais toujours une foule de gens autour de moi. Et au bout d'un moment, tu comprends que ce n'est pas du tout pareil qu'un poste dans une entreprise classique, que tu as une visibilité, qu'il y a des mandats patronaux aussi qui sont derrière et qu'au sein d'un écosystème territorial, l'organisation patronale est importante pour les chefs d'entreprise, pour les entrepreneurs et que donc tu représentes. aussi ça. Et ça, c'était assez formidable aussi parce que j'en étais très fière. Mais c'était très nouveau, très nouveau pour moi. Effectivement, moi qui venais de l'entreprise classique, oui, c'était un petit peu différent.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu penses que ça aurait été pareil si c'était par exemple à Rouen ou à Lille ou à Marseille ?

  • Speaker #2

    Alors ça oui, je pense que la représentation politique, l'écosystème patronal, je ne vais pas les forcément voir ailleurs, mais c'est la même chose partout. Ce qui est un peu différent peut-être à Marseille, c'était surtout que moi j'étais une nordiste, une ch'ti qui n'avait jamais mis les pieds à Marseille. Et c'est vrai qu'en termes de choc culturel, c'était pas mal quand même.

  • Speaker #1

    D'accord, et donc cette position, tu es là pendant combien de temps ?

  • Speaker #2

    Alors, je suis restée un peu plus de deux ans seulement. J'avoue que j'ai adoré, en fait, les services aux entreprises, la rencontre avec les dirigeants, les entrepreneurs du territoire. Je ne suis pas certaine que la politique, au sens politicien du terme, était faite pour moi. Je disais souvent à l'époque que j'étais une femme de lien et pas une femme de pouvoir. Je ne sais pas si c'est vrai, mais en tout cas, le pouvoir, j'avais beaucoup de mal. Taper du poing sur la table. être dans des négociations difficiles, parfois côtoyer quand même de la violence, parce que parfois c'est un peu violent avec les syndicats, etc. Je ne me sentais pas du tout à l'aise. Et donc c'était très difficile pour moi de faire le grand écart entre les deux. Et donc effectivement, deux ans après, j'ai eu beaucoup de chance d'ailleurs, puisque j'ai eu une opportunité formidable avec Réseau Entreprendre. Et donc comme en plus la famille, notamment mes enfants, ne s'étaient pas très bien adaptés à Marseille, ils n'étaient pas très très heureux.

  • Speaker #1

    on a refait les cartons et puis on est reparti et pour finir sur cette expérience avant de parler en effet de ton expérience à raison d'entreprendre qui est une super expérience du coup t'as fait un peu de la politique tu nous as défini ce qui était un peu le pouvoir pour toi mais la politique c'est quoi pour toi ?

  • Speaker #2

    C'est encore autre chose. Je n'ai pas fait de la politique. Je ne dirais pas que j'ai fait de la politique. Je dirais que j'ai été dans un écosystème où la politique avait de l'importance. Quand on est en syndicat patronal, il y a une dimension politique du métier, notamment par le lobbying, par les plaidoyers qu'on va porter. Et c'est vrai qu'à Marseille, comme le MEDEF territorial est très important, il est très actif aussi bien. pour le territoire qu'à la dimension nationale. Donc, on portait effectivement des plaidoyers pour défendre les entrepreneurs, pour défendre l'entreprise. Et en 2012, moi je trouve que ça a d'ailleurs beaucoup changé depuis et c'est génial. En 2012, on n'aimait pas encore beaucoup les chefs d'entreprise et les entrepreneurs en France. Je me souviens qu'on se battait beaucoup pour se faire reconnaître. C'était tout le temps, on ne voyait que les grands patrons du CAC 40. C'était très difficile de porter des sujets vraiment sur les taxes, etc. qui pouvaient... qui pouvait écraser les TPE, PME du territoire. Donc, tu vois, c'était de la politique dans ce sens-là, où on allait défendre. Après, oui, dès qu'il y a des relations, où il y a du pouvoir, où il y a de l'argent, où il y a du business, il peut y avoir une dimension politique, qui, moi, me plaisait moins.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as une anecdote marrante à nous raconter sur Marseille ?

  • Speaker #2

    Ah bah non, je ne peux pas, c'est trop dangereux. On ne sait jamais.

  • Speaker #1

    Si les Marseillais nous les comptent.

  • Speaker #2

    Non, j'ai gardé plein d'amis à Marseille quand même. Il y a des gens absolument formidables. Des anecdotes, j'en aurais plein, surtout avec les syndicats, parce que très régulièrement, évidemment, c'était normal, les syndicats venaient manifester devant le MEDEF, et donc régulièrement, les RG m'appelaient en disant Madame Ghesque, fermez tout, ils arrivent ! Et donc on s'enfermait, en fait, et puis les renseignements généraux de Marseille, en fait, et donc effectivement, on voyait arriver les CRS et puis les... les manifestants, etc. Et donc, il fallait recevoir une délégation. Et c'est vrai que c'était assez amusant parce qu'il y a toujours un peu de comédia dell'arte dans ces revendications syndicales. Et c'est normal. Et donc, ils étaient dehors et ils haranguaient la foule en expliquant qu'ils allaient expliquer à ces vilains patrons, etc. Et puis, moi, après, je les recevais et je leur offrais un petit café. parce que moi je leur disais je vous comprends, on va boire un café ensemble et puis on va discuter et puis tout se passait très très bien quand on était entre quatre murs donc c'était assez amusant de voir un petit peu ce... ce théâtre aussi de la politique, finalement, que je n'avais jamais, jamais côtoyé avant.

  • Speaker #1

    Et donc, Frédéric, c'est la première expérience d'intérêt général et au contact des entrepreneurs. Et il se trouve, du coup, qu'en 2014, tu vas rejoindre le réseau Entreprendre en tant que directrice générale de la fédération. Est-ce que tu peux nous en parler un peu plus ?

  • Speaker #0

    C'est l'heure de remercier notre partenaire Oslo, sans qui ce podcast ne serait pas possible malheureusement. Oslo, c'est un cabinet d'avocats à taille humaine, dirigé par Edouard Wells et Marion Fabre, que je connais personnellement depuis plus de 10 ans. Il est composé d'une équipe, l'idée par Edouard et Marion, qui est issue de cabinets d'affaires de premier plan. Mais surtout, au-delà de la qualité de leurs prestations juridiques, ce que j'aime chez Oslo, c'est leur engagement pour un droit un peu différent. Sur leur description, ils mettent Nous accordons une importance particulière aux qualités humaines et relationnelles, tout particulièrement au respect, à la simplicité, à l'humilité et à l'élégance. Ça pourrait paraître bullshit comme ça, mais pour bien les connaître, il faut vous assurer que ça se ressent vraiment. Et pour preuve, ils ont accepté de sponsoriser ce podcast dès sa création. Ils offrent une heure de conseils juridiques avec le code LESSAGE et je mettrai leurs coordonnées dans la description du podcast. Allez, on y retourne.

  • Speaker #2

    Oui, formidable opportunité. Je suis recrutée par le président de l'époque, David Pouyane, et plusieurs membres du bureau, dont le futur président Gérard Leceur, avec qui j'ai travaillé avec un bonheur immense pendant plusieurs années. Ça a été une rencontre humaine incroyable. Je dis souvent que je ne crois pas au hasard et qu'il y a des synchronicités dans la vie qui font qu'on est au bon endroit au bon moment. Et en fait, quand je les ai rencontrés, je crois qu'ils avaient reçu 800, 900 candidatures. Encore une fois, improbable. qu'on puisse me proposer ce poste. Et ça s'est fait. Voilà, on sait vraiment. Moi, j'ai été complètement séduite par les valeurs, l'engagement. Il y avait un grand monsieur qui s'appelle Cyril Maury, extraordinaire aussi. Vraiment des engagés incroyables. Et en fait, Réseau Entreprendre, pour moi, c'était formidable parce que c'était tout ce que j'avais envie de faire en termes d'engagement sans la dimension politicienne, parce que ce n'est pas un syndicat patronal, c'est un réseau associatif de chefs d'entreprise. et on accompagnait les entrepreneurs vers la réussite. Donc pour moi, c'était juste le rêve, puisque je continuais à m'engager au service et aux côtés des entrepreneurs et des chefs d'entreprise pour le développement économique des territoires, pour le développement de l'emploi, et sans avoir cette dimension du pouvoir qui m'allait moins au teint, on va dire, au MEDEF.

  • Speaker #1

    Et pour revenir sur un point que tu as dit, il y avait à peu près 800 candidatures, ce qui me paraît assez logique pour une...

  • Speaker #2

    Je ne sais plus combien, mais je me souviens qu'ils avaient eu beaucoup de candidats.

  • Speaker #1

    Pour une telle institution. Et toi, Frédéric, tu avais postulé ou ils sont venus te chercher ?

  • Speaker #2

    Oui, alors je ne sais plus. Écoute, alors là, tu vas me poser la colle. Non, je crois que j'avais postulé parce que je connaissais la consultante qui s'occupait du recrutement. Et comme à l'UPE 13, quand même, je me disais que je ne pourrais pas tenir pendant dix ans sur ce type de poste. Les enfants, encore une fois, n'étaient pas très bien sur Marseille. et donc j'avais dû envoyer un CV comme ça parce que je venais à Paris régulièrement, je venais au conseil exécutif du MEDEF, non à l'Assemblée permanente du MEDEF régulièrement et voilà, en fait je suis allée voir en fait on avait monté un partenariat avec Réseau Entreprendre sur Marseille, avec l'association marseillaise donc je connaissais l'association mais je ne connaissais pas la taille du réseau en fait, je l'ai découvert par ce poste.

  • Speaker #1

    Donc Frédéric t'arrives en tant que directrice générale de la Fédération Réseau Entreprendre tu nous as parlé d'une belle rencontre et aussi de 800 ou beaucoup de candidatures pourquoi à ton avis t'en recruter toi plutôt qu'une autre personne ?

  • Speaker #2

    Déjà, il faudrait peut-être leur poser les questions à eux, en tout cas à ceux qui m'ont recrutée à l'époque. J'en sais rien, j'ai eu beaucoup de chance déjà, parce que j'imagine qu'il y avait énormément de candidats d'excès de très belles valeurs et qui auraient fait au moins aussi bien, voire peut-être très certainement mieux que moi. Je dis souvent que dans la vie, il n'y a pas de hasard, il y a des synchronicités et ce qui est intéressant, enfin ce qui est important, c'est d'être au bon moment, à la bonne place, avec les bonnes personnes. et d'ailleurs ce qui est vrai à un moment T n'est peut-être plus vrai quelques années après ça dépend, les choses bouchent, sont en mouvement, en tout cas à ce moment-là, clairement c'était le bon moment, j'étais à ma juste place et avec les bonnes personnes

  • Speaker #1

    Ok, c'est super intéressant ça veut dire que du coup des fois même si on fait nos meilleurs efforts parfois ça ne marche pas Ah oui,

  • Speaker #2

    ça c'est clair, et parfois tout se fait facilement on se dit c'est dingue, ça a fonctionné. Je pense que c'est parce que ça devait fonctionner comme ça.

  • Speaker #1

    Ok. Et donc, tu arrives sur ce nouveau poste. C'est quoi ton métier du coup, concrètement, en tant que directrice générale de la Fédération Résonante ?

  • Speaker #2

    En fait, la Fédération Résonante, c'est un réseau avec plein d'implantations dans les territoires et le rôle de la Fédération était, et toujours aujourd'hui, avec mon successeur... à plusieurs dimensions. C'est-à-dire qu'on s'occupait de concevoir les référentiels d'accompagnement, les parcours d'accompagnement. Et là, on a fait avec l'équipe, avec Gérard Le Seur, le président du conseil d'administration, un travail de fou, puisqu'à l'époque, on est vraiment passé de l'accompagnement à la création d'entreprises, à l'accompagnement à la croissance des entreprises. On a créé tous les parcours, boost, booster, ambition, donc structuration de la croissance des boîtes, du projet stratégique, structuration de la gouvernance, etc. On a créé le programme WOM Energy aussi avec l'équipe pour booster l'entrepreneuriat au féminin et on a créé, notamment avec une de mes collaboratrices, Noémie, juste avant de quitter Réseau Entreprendre, on l'a lancé en 2018. Fin 2018, le programme Impact, le parcours Impact positif qui aujourd'hui, de ce que je peux en voir de l'extérieur, est un parcours qui est très développé dans les associations, donc ça c'est une grande fierté. Donc ça, c'était le premier volet d'activité. Le deuxième volet d'activité de la Fédération, évidemment, c'est tout ce qui tourne autour du lobbying, du plaidoyer, des grands partenaires nationaux, des relations avec les grandes banques, BPI France, etc. Donc tout ce qui permet, en fait, qui articule la machine réseau entreprendre, qui permet à toutes les associations de fonctionner. Et puis un troisième volet, évidemment, d'activité, qui est autour de l'animation du réseau. C'est un réseau associatif. composé d'associations autonomes. Et donc, toutes ces associations, notre objectif, c'était de leur donner envie de travailler ensemble, de leur apporter des outils, de leur faciliter la tâche quotidienne dans les territoires. On a beaucoup porté aussi, et j'en suis assez fière avec Gérard Leceur, la dimension internationale du réseau, puisqu'on avait porté la fusion de la Fédération Réseau Entreprendre et de la Fédération Internationale, puisque le réseau avait été fait avec deux organisations, un réseau français et une déclinaison à l'international. Et on a réuni en une seule fédération internationale les 125 à l'époque implantations du réseau dans dix pays. Et ça, c'était formidable aussi de pouvoir intégrer vraiment toute la communauté des chefs d'entreprise français et étrangers, se regroupant, se rassemblant autour des valeurs du réseau en une seule fédération.

  • Speaker #0

    Ok, et pour revenir du coup sur une des parties de ton métier, tu parlais justement que tu avais fait évoluer les programmes chez Réseau Entreprendre avec un focus du coup sur l'entrepreneur féminin et aussi l'impact. On était en 2014, c'était déjà assez pris.

  • Speaker #1

    Alors l'impact, ce n'était pas en 2014. On a lancé WomEnergy en 2016. Il y avait déjà des choses pour les femmes, mais ce n'était pas très structuré. Et je me souviens qu'on s'était vraiment rendu compte que les projets présentés par les potentiels lauréats du réseau, lauréates du réseau, étaient toujours plus modestes, moins ambitieux, avec moins d'audace que les projets des hommes. Et donc, on s'était dit, il faut... quelque part, sans vouloir fermer, parce que moi j'ai horreur des trucs fermés, j'aime bien la mixité, mais c'était comment on peut faire pour quand même revaloriser ces projets de femmes pour qu'on ait davantage de femmes parmi les lauréates du réseau. Et le projet le parcours WOMENERGY était vraiment pour que les associations puissent vraiment faire des focus sur les projets présentés par les femmes, pour davantage les sélectionner comme lauréates, et qu'on puisse vraiment accompagner les femmes de façon un peu plus spécifique. Et l'impact, c'est arrivé, on a travaillé dessus en 2017-2018, c'était au moment de la préparation de la loi Pacte. Donc ça a commencé, on commençait à en parler. Moi, j'ai écrit un guide, mon premier bouquin qui a été publié chez Diaténo à l'époque, qui s'appelle Le guide du dirigeant responsable qui était vraiment sur ce sujet. Comment, en tant que chef d'entreprise, dirigeant, je vais pouvoir concilier la performance économique et une volonté d'impact positif. Et donc, on avait vraiment lancé ce projet en se disant qu'il fallait que dans tous les dossiers de tous les entrepreneurs qui se présentaient chez Réseau Entreprendre, des indicateurs, des critères d'impact positif soient pris en compte, pas seulement pour des boîtes de l'ESS. ne pas toujours dire l'impact, c'est que pour l'économie sociale et solidaire, mais de dire, nous, on fait dans toutes les entreprises. Et c'est vrai que la COVID, la loi Pacte, suivie de la pandémie, ont vraiment accéléré ce mouvement. Et aujourd'hui, ça paraît presque naturel, alors qu'en fait, ce n'était pas il y a si longtemps que ça, finalement, c'était seulement en 2018, 2019. Et c'est vrai qu'aujourd'hui, on ne parle que d'impact positif, mais finalement, ça s'est fait très, très rapidement.

  • Speaker #0

    Je comprends complètement ta réflexion, parce que... En fait, pour moi, aujourd'hui, n'importe quelle entreprise qui se crée, ça va être dans son ADN d'avoir du sens. Et c'est ce que je racontais à un autre sage, c'est que malheureusement, si les entreprises qui se créent, et donc celles potentiellement créées en entreprenant la compagne, n'ont pas cet ADN, déjà qu'on a du mal avec des entreprises qui sont plus structurées et assez logiques parce qu'elles ont une ancienneté. Si les nouvelles, elles n'ont pas cet ADN, on ne va pas s'en sortir.

  • Speaker #1

    C'est certain. Mais ce n'est pas si simple en réalité. Parce que quand on est dans un écosystème, moi je vois aujourd'hui, évidemment je suis dans l'écosystème, je viens de publier un bouquin qui s'appelle Devenir une entreprise à impact Donc je suis complètement là-dedans. Donc j'ai toujours l'impression que tous les dirigeants, toutes les boîtes ont compris, travaillent sur leur performance globale, etc. Et en fait, régulièrement, j'accompagne des dirigeants, des chefs d'entreprise et je me rends compte qu'en fait, pas du tout. En fait, il y a encore plein de chefs d'entreprise qui ne comprennent pas l'intérêt du truc, qui me disent attends, c'est encore une contrainte de plus, c'est déjà compliqué d'entreprendre, on doit déjà s'occuper de la trésor, on doit déjà s'occuper du management, et tu nous dis qu'en plus il faut faire de la RSE Et en fait, malheureusement, il y a encore beaucoup, beaucoup de sensibilisation à porter. C'est vraiment quelque chose qu'il faut continuer à porter, parce que les entreprises à impact, aujourd'hui, ce n'est pas la majorité des entreprises. Et même si, oui, il y a un mouvement… C'est sûr que quand on fréquente le CJD, on est toujours avec des gens qui sont très engagés. Donc, on a l'impression finalement que ça y est, le virage a été pris. En réalité, quand on prend le nombre d'entreprises en France, on se rend compte qu'il y a encore beaucoup, beaucoup, beaucoup de gens à convaincre.

  • Speaker #0

    Frédéric, je rebondis sur tes propos. Je comprends tout à fait qu'aujourd'hui, c'est hyper important, en effet, que les entreprises aient de l'impact. Mais en même temps, je comprends ces entrepreneurs qui disent, surtout dans le contexte dans lequel on est en ce moment, on a déjà beaucoup trop de choses à faire. Et comment on peut les inciter ? Il y a évidemment une prise de conscience en amont, mais après, est-ce qu'il y a des outils ? ou des choses qui font que, vraiment, tu as vu que les entrepreneurs ou les entreprises prenaient en compte l'impact ?

  • Speaker #1

    Déjà, ce qui est important, c'est de leur démontrer l'intérêt, les bénéfices qu'ils vont tirer, en fait, de cette démarche, et qu'ils puissent comprendre aussi qu'en fait, ça ne va pas se faire au détriment de la performance économique de l'entreprise, qu'au contraire, ça va... développer la performance économique, et il y a des études qui l'ont démontré, à moyen terme, en fait, on récupère bien sûr de la performance et de la croissance. On sait très bien aussi qu'il y a un sujet autour de la marque employeur, autour de l'attractivité d'entreprise pour attirer et fidéliser les salariés, les talents dont on a besoin. Il y a des bénéfices... aussi du point de vue de l'innovation. En fait, déjà, c'est bien démontré que ce n'est pas une charge en plus, mais qu'au contraire, ça va être un levier de croissance et un levier de performance globale. Ça, c'est déjà très important. Et ensuite, c'est un petit peu... C'était l'idée d'ailleurs de mon livre qui vient de sortir chez Erol, Devenir une entreprise à impact C'était de donner finalement des conseils très simples pour montrer aux dirigeants et notamment aux chefs d'entreprise de TPE, de PME, que ce n'est pas réservé aux grandes entreprises, qu'il n'y a pas besoin d'avoir des très gros budgets pour faire des choses, qu'il n'y a pas besoin d'adresser tous les enjeux en même temps, de toute façon, surtout pas d'ailleurs, et qu'en plus, ils en font déjà de la RSE. Et donc, le chemin vers l'impact, c'est un chemin à prendre. Ce n'est pas une fin en soi. Ça permet d'avoir une culture d'amélioration continue. Ça permet progressivement d'adresser des enjeux qui aussi humainement vont leur parler, qui vont avoir envie d'incarner. par rapport au développement dans leur territoire, etc. Ce n'est pas forcément que sur l'environnement. Tout le volet social, on en parlait peu, on commence à en parler, c'est bien. Donc, il y a tout ça. Et puis après, il y a aussi une manière de convaincre qui est beaucoup moins agréable, mais enfin qui peut être aussi intéressante, qui est de sensibiliser au fait qu'il va y avoir de plus en plus de contraintes. Et qu'effectivement, toute la réglementation OPN, la CSRD, etc., tout ce qui arrive pour les grandes entreprises, on commence à descendre en taille d'entreprise. Et donc, de plus en plus, en fait, les entreprises vont avoir des obligations réglementaires, légales. Et même pour les TPE, PME, quand on est sous-traitant des grandes entreprises, par exemple, aujourd'hui, répondre à un appel d'offres, ça devient très compliqué si on n'a rien à dire sur le volet de la RSE et de l'impact. Donc, en plus, si on veut continuer à se développer économiquement, en fait, et avec nos clients, grandes entreprises, par exemple, on a besoin aussi d'y aller.

  • Speaker #0

    Ok, donc un levier économique, finalement aussi des contraintes qui vont arriver et qui sont... positif pour l'économie. Et tu as parlé aussi de marque employeur, et moi ça me fait penser, finalement, est-ce que les entreprises ont le choix ? Parce que la réalité, c'est que la génération qui arrive, on la voit être très engagée sur les sujets de planète, d'impact, etc. Et c'est les personnes qui vont être clientes demain, et c'est les personnes qui vont travailler dans ces entreprises. Donc est-ce que elles ont vraiment le choix en fait ?

  • Speaker #1

    Alors, évidemment, moi, j'ai envie de dire qu'elles n'ont pas le choix, puisque je suis une fervente engagée sur ces sujets-là. En tout cas, je crois que c'est Jean Stone, en préface d'un de mes bouquins, qui avait dit que certaines entreprises sont déjà mortes. La seule chose, c'est qu'elles ne le savent pas encore. Donc, effectivement, je pense que même s'il y a de l'inertie, il va y avoir un moment où, à qualité de service, de produits égales, les consommateurs, les clients, les salariés, tout le monde ira plutôt vers l'entreprise. qui aura développé, qui aura travaillé sur la réduction de ces externalités négatives et si possible sur la génération d'externalités positives, bien sûr. Donc, oui, on peut dire qu'elles n'ont pas le choix. Après, dire que c'est la jeune génération, alors je mets un petit bémol quand même, parce qu'en réalité, ce n'est pas tout à fait vrai. Ça, c'est mon combat pour sortir des cases générationnelles. Un, on se rend compte quand même que cette dimension environnementale et sociale, du sens de l'engagement, est quand même très intergénérationnelle. On le voit aussi, par exemple, chez les seniors, qui se posent beaucoup de questions aussi. Donc, ce n'est pas réservé aux jeunes, c'est sûr. Et puis, chez les jeunes, en fait, il y a beaucoup de diversité. Ce qui est ennuyeux pour les entreprises, c'est que les jeunes les plus engagés, ou en tout cas qui sont les plus exigeants aujourd'hui sur ces sujets-là, eh bien, ce sont les jeunes diplômés. Ce sont les 15% de jeunes, entre guillemets, les plus favorisés, qui ont le choix. du métier, de l'entreprise, qui sortent des grandes écoles de commerce, des grandes écoles d'ingénieurs, mais qui sont quand même normalement les futurs cadres, les futurs dirigeants de toutes ces entreprises. Et c'est là où ça pose souci. Malheureusement, pour d'autres catégories de jeunes, le sujet est quand même pour l'instant d'avoir un CDI et de pouvoir gagner son salaire à la fin du mois. Tous les jeunes ne sont pas orientés sur la sauvegarde de la planète. En revanche, oui, les jeunes diplômés, évidemment, et on l'a vu ces dernières années avec toutes les cérémonies de remise de diplôme des écoles d'ingénieurs et de commerçants, où systématiquement, il y en a toujours trois qui prennent la parole pour expliquer aux entreprises qu'ils n'ont rien compris. Donc oui, c'est bien parce que ça pousse aussi notamment la grande entreprise qui a besoin de ces diplômés, qui a l'habitude de recruter des viviers de futurs managers et dirigeants dans les rangs de ces grandes écoles. Bon, ça les pousse quand même à se remettre en question sur un certain nombre de sujets.

  • Speaker #0

    Ok, écoute c'est super intéressant merci Chédric, tout à l'heure tu as prononcé un mot de lobbyisme donc c'était une partie de ton métier souvent on peut croire que c'est un gros mot c'est quoi le lobbyisme ?

  • Speaker #1

    Alors moi je ne suis pas une experte du lobbying il y a d'ailleurs même des pratiques du lobbying parfois qui me heurtent un peu, je dois bien l'avouer moi je préfère parler de plaidoyer parce que je viens des ONG, je viens de l'intérêt général, donc du bien commun. Et le plaidoyer, c'est comment on va porter auprès des décideurs politiques, ceux qui ont la main sur les décisions, sur le pouvoir, comment on va porter des causes qui nous semblent justes. Tu vois, un exemple, à la Ligue contre le cancer avec Axel Kahn, on s'est beaucoup levé contre l'utilisation des nitrites dans la charcuterie et dans le jambon. Voilà, ça paraît bête, mais les nitrites sont un facteur de risque de cancer énorme et ça fait des années que tout le monde le sait. Et évidemment, il n'y a pas un charcutier qui voulait faire l'effort d'enlever le nitrite de sa charcuterie. Bon, ça pour moi, tu vois, c'est ça le lobbying, en tout cas tel que moi je le conçois, c'est aller porter des sujets majeurs. d'utilité publique, d'intérêt général, au service du bien commun, auprès des décideurs, pour qu'ils prennent leurs responsabilités et qu'ils puissent soutenir ces sujets-là. Le lobbying, ce n'est pas toujours ça. Si tu regardes le lobbying de l'industrie du tabac, je prends ces sujets-là parce que c'est les sujets que j'ai portés à la Ligue contre le cancer. Par exemple, le dry january, Emmanuel Macron s'était dans ses promesses de campagne de soutenir le dry january. En fait, le lobbying du vin a réussi à bloquer l'intervention de l'État sur ce sujet. C'est un exemple. là en fait c'est un lobbying au service d'intérêts privés c'est un petit peu différent de la manière dont moi j'envisage ce mot en tout cas ce type d'action mais c'est personnel évidemment ça n'engage que moi

  • Speaker #0

    donc Frédéric quand t'es à la frédération réseau entreprendre moi c'est là où je commence à entreprendre j'ai 19-20 ans et je sais pas si t'en souviens et je t'en voudrais pas si tu t'en souviens pas parce qu'il y a toutes tes expériences et tous les gens que tu as rencontrés mais moi j'étais en bas et toi t'étais en haut

  • Speaker #1

    Oui, je me souviens parce qu'en fait, à l'époque, on avait encore le siège social dans le nord, sur le campus de l'EDEC, à Roubaix. Et donc, on avait des bureaux qui étaient à l'étage de l'incubateur. Donc, toi, tu étais incubé et moi, j'étais au premier étage. Et effectivement, comme j'avais une partie de l'équipe à Paris, une partie à Roubaix, je venais passer deux jours par semaine sur le campus de l'EDEC avec l'équipe. Je dormais dans le petit hôtel du campus de l'EDEC, là, qui était fait pour les professeurs. accès à une piscine et à un jacuzzi. Je me souviens, le soir, je croisais les professeurs de l'EDEC au jacuzzi. Et donc, effectivement, on s'était croisés pour la première fois là. Mais moi, je me souviens surtout aussi de tout ce que tu as construit avec le label Jeunes Entrepreneurs de France. Je revois des événements où j'étais intervenue. Je me souviens surtout de ça, en fait.

  • Speaker #0

    Oui, j'étais beaucoup inspiré par la FIER, son réseau d'entreprendre. C'est pour ça que j'étais... J'avais gravi les escaliers pour venir te voir. Et je me souviens aussi, d'ailleurs, c'est le campus où j'ai fait mes études. Et donc, je me souviens de la résidence où tu as dû loger. Par contre, je ne me souviens pas du jacuzzi.

  • Speaker #1

    Il était réservé aux résidents professeurs.

  • Speaker #0

    Sûrement. Frédéric, s'il te plaît, on va passer à ta prochaine expérience. Donc, Réseau Entreprendre de 2014 jusqu'à quelle année ?

  • Speaker #1

    2019.

  • Speaker #0

    donc 5 ans et puis après tu veux changer de poste ou comment ça se passe ?

  • Speaker #1

    et après en fait, alors c'était mon 3ème président Olivier avec qui je m'entendais très très bien mais c'est vrai que le temps passe et ma soeur est diagnostiquée d'un cancer d'un sale cancer au mois de juillet 2019, et c'était un peu compliqué chez Réseau Entreprendre à ce moment-là, comme on disait tout à l'heure, parfois tu es à la bonne place au bon moment avec les bonnes personnes, et puis ça change, parfois tu te sens moins peut-être à ta juste place. Et à ce moment-là, Axel Kahn prend la présidence de la Ligue contre le cancer et cherche son DG. Et il me recrute. et donc je quitterai ce entreprendre pour rejoindre cette grande ONG qui est la Ligue Nationale contre le Cancer aux côtés du professeur Axel Kahn un grand monsieur pour l'accompagner dans un projet de transformation de l'association et

  • Speaker #0

    est-ce que tu peux nous on est fin 2019 est-ce que tu peux nous raconter cette rencontre avec Axel Kahn

  • Speaker #1

    j'imagine qui est assez particulière au regard du coup de ton contexte familial bah oui alors en fait alors oui parce que c'était compliqué parce que il y a toujours une petite partie de nous qui se dit bah tiens peut-être si je vais là je vais sauver ma soeur alors je savais que non je savais que ça n'avait rien à voir et que c'est pas parce que j'avais travaillé contre le cancer que tout d'un coup la maladie de ma soeur allait disparaître ou que j'allais trouver des solutions Mais il y a quand même un peu de ça, inconsciemment, où on se dit que c'est bizarre quand même, juste au moment où il nous arrive ça. Je n'ai jamais été confrontée à la maladie avant et au moment où ça arrive, il y a ce poste. Axel Kahn me reçoit parce que je suis sélectionnée, Axel Kahn me reçoit. Axel Kahn était quelqu'un de très rigoureux, très sérieux. Il faisait lui-même les entretiens. La DRH avait présélectionné des candidatures, etc., des dossiers. Mais c'est lui qui faisait les entretiens. Il reçoit 20, 25, 30 personnes. Et paf, ça fitte. Ça fitte et il me propose du job. Et c'est une incroyable rencontre humaine. Axel Kahn, je dis toujours, c'était un monsieur extra-ordinaire. C'était quelqu'un d'assez incroyable. une diva, un personnage, une personnalité très forte et en même temps d'une humanité absolument incroyable. Et on se rencontre en fait. et il me dit, Frédéric, si vous venez avec moi, on va transformer, on va faire ça, on va faire ça. Et ça me donne envie, en fait, et je me dis que tout ce que j'ai appris avant, ça peut me servir, en fait, dans ce nouvel environnement que sont les ONG, que je ne connaissais pas en réalité, parce que Réseau Entreprendre est associatif, mais ça reste quand même un réseau de chefs d'entreprise. Là, j'entre vraiment dans l'écosystème des grosses associations, donc c'est encore un petit peu différent. Et donc, oui, une rencontre. Il me propose, voilà, je suis en finale. Il prend une deuxième candidate. Son choix a été fait parce que c'était quelqu'un qui était un vrai décideur. Et donc, il m'a présenté au bureau. C'est les membres du bureau, évidemment, qui ont finalisé l'accord. Mais globalement, tous les deux, on avait vraiment envie de travailler ensemble. Et vraiment, et d'ailleurs, il n'a vraiment pas... Il n'a pas du tout... traiter attention d'ailleurs, par exemple, à des sujets de fragilité, parce que je me souviens que je m'étais cassée la maléole à l'époque, je venais de me casser la cheville, et je suis quand même allée aux entretiens avec une énorme botte de marche et deux béquilles, j'étais quand même pas en très bon état, et alors ça ne l'a pas dérangé du tout, c'était vraiment une très très belle rencontre, et au-delà de cette histoire personnelle, de ce lien un peu intime avec cette sale maladie, Il y a eu vraiment la rencontre humaine. Moi, j'étais une lectrice aussi d'Axel Kahn. Je lisais ses livres. C'était un grand marcheur. Il écrivait des livres très beaux sur la France, sur les territoires. Et c'est vrai que la rencontre aussi était une rencontre humaine.

  • Speaker #0

    Ok. Donc forcément, de cette rencontre, il va naître, j'imagine, beaucoup d'énergie pour prendre la direction générale. en binôme avec Excelcan. Alors, comment ça se passe déjà, une direction en binôme ? Donc, lui, c'est ton président, toi, tu es la direction générale.

  • Speaker #1

    Oui, alors c'est comme Réseau Entreprendre, en fait, ou comme Omedef, c'est-à-dire que la direction générale pilote la boutique, on est salarié. Je suis dirigeante salariée, je suis responsable du management, des équipes. Je fais tourner la boutique et le président, lui, il est président bénévole, il est président du conseil d'administration et il est en charge de porter la vision politique et stratégique de l'association. Et donc, le binôme est très, très important. D'ailleurs, aujourd'hui, j'accomplis souvent des binômes présidents DG de réseaux associatifs parce qu'il y a une alchimie qui doit vraiment être présente. Si le binôme ne fonctionne pas, l'association peut avoir des grosses difficultés. et donc on avait vraiment articulé nos missions chacun et on échangeait beaucoup évidemment et on essayait de ne pas trop empiéter l'un l'autre sur la mission de l'autre ou en tout cas de le faire en concertation et c'était très intéressant

  • Speaker #0

    Ok, sur cette grande boutique qui est la Ligue Nationale contre le Cancer, est-ce que tu peux nous en dire un peu plus ?

  • Speaker #1

    Oui, la Ligue Nationale contre le Cancer, alors c'est une très très belle association puisque c'est à peu près globalement de tête autour de 650 700 salariés, 12 000 bénévoles, un budget d'environ 110 millions d'euros par an, exclusivement issu de la générosité du public, moi ça, ça m'a beaucoup impressionné. pas de subvention, très très peu de subvention de l'État, une association totalement indépendante, et ça c'est une grande force, c'était une grande force avec un président militant comme Axel Kahn, et donc l'argent arrivait par les dons du public et par les legs, en fait. Voilà, et donc une association qui a plusieurs missions sociales, le financement de la recherche, donc c'est le premier financeur de la recherche privée contre le cancer. mais aussi l'accompagnement des personnes malades dans les territoires. Il y a des comités, la Ligue contre le cancer, c'est surtout dans les comités départementaux qu'elle vit, avec des gens hyper engagés qui accompagnent les personnes malades, qui proposent des soins gratuits, etc. Il y avait aussi tout ce qui était sensibilisation aux facteurs de risque dans les écoles, notamment le tabac, l'alcool, la malbouffe, le manque d'activité physique. Tout ça, ce sont des facteurs de risque de tabac. On sait que 40% des cancers pourraient être évités. si on éliminait ces facteurs de risque. Donc, on travaillait beaucoup là-dessus. Et puis, il y avait la quatrième mission, c'était le plaidoyer. C'était vraiment, effectivement, aller porter des sujets auprès des décideurs politiques et auprès du gouvernement pour faire bouger les lignes au bénéfice des patients, au bénéfice des personnes malades du cancer.

  • Speaker #0

    Tu es une personne engagée, Frédéric. On sent que... Alors, j'imagine que déjà chez Réseau Entreprendre, tu étais hyper engagé. Là, la Ligue Nationale contre le Cancer, avec l'histoire que tu nous as racontée aussi sur ta famille, j'imagine que c'est un poste encore plus... encore plus... encore plus... tu l'as au trip.

  • Speaker #1

    C'est vrai que c'est des organisations qui ne sont pas faciles, parce qu'on donne beaucoup de soi. C'est peut-être un peu plus compliqué qu'en entreprise de ce point de vue-là, parce que c'est difficile de ne pas y mettre de soi à titre personnel dans ce genre de job. Il y a des gens qui arrivent à le faire, qui viennent, ils font leur job de DG ou n'importe quel type de poste d'ailleurs, et puis ils rentrent chez eux, puis c'est fini. Moi, j'ai toujours eu du mal de faire ça, même quand j'étais en entreprise privée. Donc finalement, oui, l'engagement est fort. C'est plus difficile, oui, la ligue contre le cancer, moi j'ai trouvé ça beaucoup plus difficile, mais pour plein de raisons. D'abord parce que je vivais en même temps le parcours de ma sœur. Et donc c'est vrai que quand on le vit aussi, je ne sais pas dans ma chair, mais dans la chair de ma sœur, c'est difficile. Parce qu'on est sur des sujets difficiles, tout simplement. Tous les jours, on parle de personnes malades. C'est lourd, la charge mentale est quand même lourde. C'est une association qui n'est pas facile non plus, parce que ces grandes associations sont très complexes. Les conseils d'administration, la politique, les pressions, le ministère, le machin, etc. Il y a quand même beaucoup de parties prenantes, et donc c'est assez compliqué aussi. Oui, ça nécessite certainement de l'engagement, puis il faut y croire. Quand on n'y croit plus, tu ne peux pas trop y rester. Il faut une raison ou une autre. Si tu n'y crois plus, ou si tu es usé, je pense qu'il faut aussi c'est des postes où tu ne peux pas... J'ai du mal à imaginer, par exemple, je ne pourrais pas rester 25 ans dans ce type de poste. je pense qu'à titre humain, personnel, c'est quand même un petit peu utilisant.

  • Speaker #0

    En termes de charge mentale, de travail, etc. Et donc,

  • Speaker #1

    c'était moins gai quand même que Réseau Entreprendre. On faisait soirée des lauréats, je montais sur scène, je disais aux lauréats Vous êtes formidables, vous les entrepreneurs, vous êtes géniaux, continuez comme ça, puis après vous viendrez rendre à Réseau Entreprendre ce qu'on vous a donné. C'était formidable. Quand tu es à la ligue contre le cancer, tu portes la maladie, tu portes l'espoir, malheureusement encore trop souvent déçu, tu portes des chercheurs qui se battent. C'est un combat qui est quand même plus difficile, moins optimiste qu'on ne peut l'être quand on est avec des entrepreneurs qui croient à leur projet. C'est vraiment différent.

  • Speaker #0

    Et puis, avec le professeur Kahn, vous êtes en binôme, et à un moment, le professeur Kahn tombe malade.

  • Speaker #1

    Oui, c'était la loi des séries. Lui aussi, il a été attrapé par le cancer. Pourtant, il était sportif, il mangeait super bien. Pour le coup, il n'y avait pas les facteurs de risque. Oui, au début, ça n'a pas été... rendu public tout de suite. Ça s'est très bien passé au début. Il avait un traitement, ça se passait bien. On a cru qu'il aurait plusieurs années de vie devant lui. Il a cru et moi aussi, du coup. Donc, on était prêts. On continuait. Il a continué à se battre, sauf qu'à un moment, ça a rechuté. Et puis, un matin, il est venu me voir en me disant Je vais faire une IRM, j'ai mal, ça ne va pas. Et puis, il est revenu en me disant Il me reste deux mois, qu'est-ce qu'on fait ? Et donc, effectivement, il y a eu cet accompagnement. qui a été difficile parce qu'on était en 2021 et en fait, j'ai eu ma petite sœur qui est partie en février, ma maman deux mois après et juste à ce moment-là, Axelle qui rechutait et qui restait deux mois. Donc, le premier semestre 2021, oui, ça a été, je m'en souviendrai longtemps.

  • Speaker #0

    Si ce n'est pas trop indiscret, qu'est-ce qui t'a permis de tenir ? Parce que comme tu dis, c'est la loi des séries. Alors, il y a des lois des séries heureuses, comme tu disais, et des fois, il y a des lois des séries malheureuses.

  • Speaker #1

    Je crois que de toute façon, on est humain, on fait comme on peut. En tout cas, sur ce premier semestre, ce fameux premier semestre un peu noir, parce qu'en plus, j'avais été très épargnée avant, je n'avais pas été vraiment confrontée à la mort, etc. Donc, on est confronté aussi à sa propre finitude. Ça fait prendre conscience de beaucoup de choses, ces phases de vie, ces périodes de vie. Certainement beaucoup d'auditeurs ont vécu ou vivent, malheureusement ça fait partie de la vie. En fait je n'avais pas trop le choix à l'époque parce que ça s'enchaînait. Parce qu'en fait, je ne veux pas rentrer dans les détails pour ma petite sœur, parce que c'est privé, mais ça a été très, très difficile la fin. Et le jour même où elle est partie, le soir, mon papa, à 1000 kilomètres de Paris, qui m'appelle en me disant maman est hospitalisée etc. Et tac, il fallait que je m'occupe de mon papa, de ma maman. Et donc, il fallait à chaque fois s'occuper de l'autre, en fait. Et Axel Kahn, en plus, a vraiment souhaité médiatiser sa fin de vie. Il avait son blog, il faisait des interventions médiatiques, mais jusqu'à 8-10 jours avant son départ. Et donc, je me souviens que tous les matins, il m'appelait en me disant Frédéric, comment vous trouvez mon article sur le blog ? C'est comment Frédéric ? Ça te va ? C'est bien ? Il fallait que je lise les articles du blog où il parlait de la mort, alors que moi, je n'avais pas du tout digéré la mort de ma mère et de ma sœur. Donc, c'était assez violent. Et en fait, tu me dis comment tu l'as supporté. Je pense que je ne l'ai pas supporté. Et d'ailleurs, juste après son décès, j'ai fait une capsulite. J'ai eu l'épaule bloquée pendant six mois. Ça a été l'enfer. J'ai souffert. Donc, je pense que le corps a ressorti un peu tout ça après. Mais bon, quand on vit ces moments-là, on les vit. C'est tout. On n'a pas trop le choix.

  • Speaker #0

    On essaie de tracer. On fait quand on veut.

  • Speaker #1

    Oui. Par contre, ça m'a changé beaucoup ma vision de la vie. et ça a eu un impact sur la suite de mon parcours professionnel ça par contre oui tu peux nous en dire plus ? bah oui en fait ce qui s'est passé c'est que en fait j'ai accompagné le successeur d'Axel Kahn pendant quelques mois et en fait On n'avait pas, et c'est normal, la même façon de voir les choses. Il n'avait pas le même projet, ce qui est normal, mais moi, je portais le projet d'Axel Kahn. Et donc, très rapidement, finalement, je me suis dit que je n'allais pas continuer sur ce chemin-là. Et ça, je pense que ma sœur, notamment, me l'a soufflé, Axel Kahn aussi. Donc, il y a eu cette première coupure. Et ensuite, j'ai repris un poste, j'ai retrouvé un poste salarié. et je me suis sentie à l'étroit dans ce poste salarié pour plein de raisons, même si j'ai été extrêmement bien accueillie dans ce cabinet de conseil et que vraiment, c'était une très belle opportunité. Et en fait, quelques mois après, à la fin de l'année, j'ai décidé de quitter ce job salarié pour remonter ma propre activité. et ça je pense que je ne l'aurais jamais fait si je n'avais pas vécu le départ de ma petite soeur qui n'aurait pas dû partir aussi tôt et si je n'avais pas pris conscience aussi de la finitude et du fait que si je voulais faire vraiment ce qui me tenait à coeur complètement c'était maintenant il fallait que j'arrête d'attendre plus tard

  • Speaker #0

    toi c'est en ça que ça joue et ça c'est sûr ok avant de passer du coup sur l'expérience dont tu parles et la création du coup de ton entreprise Piscora juste pour finir sur Axel Kahn alors moi je t'en ai parlé ça fait partie des personnalités qui m'inspirent beaucoup oui il inspire il a inspiré beaucoup de monde tout à fait et dans des périodes aussi compliquées pour être très franc moi c'est quelqu'un qui m'a tenu donc évidemment c'est une personne qui m'intrigue et tu as eu la chance de le côtoyer comment ça se passe parce que tu racontes que en effet toi c'est un centurier mais malheureux au moment où lui a une période malheureuse toi si tu as une période malheureuse mais en même temps tu le soutiens comment ça se passe.

  • Speaker #1

    Oui, en fait, je pense qu'il y avait un vrai respect mutuel. Moi, j'avais beaucoup, beaucoup de respect pour ce grand homme. On avait une relation... qui n'était pas une relation d'amitié. C'était plus une relation un petit peu de respect, je dirais. Presque un papa et sa fille, plutôt. Presque dans la relation. Et puis surtout de respect professionnel aussi, mutuel. Moi, j'ai beaucoup apprécié sa manière de me faire confiance, de vraiment me confier les clés de la boutique. de me confier aussi des choses personnelles, etc. Et c'était important pour moi. Et donc, c'est vrai que quand il y a eu cette période très difficile, on s'est, j'espère, alors j'espère que je lui ai été un petit peu, un peu d'aide, un peu aussi d'aide de ma part. Mais en tout cas, lui, il m'a beaucoup soutenue aussi. On a beaucoup échangé sur la vie, sur la mort, sur l'euthanasie, sur la fin de vie, sur tous ces sujets que je n'avais jamais vraiment regardé en face et que j'étais obligée de regarder en face avec ce qui arrivait dans ma famille. Lui, c'était un scientifique, il était hyper cartésien. Je me suis toujours dit que c'était l'homme le plus spirituel que j'ai rencontré pour un athée, parce qu'il clamait haut et fort qu'il était athée. Et en fait, il avait une spiritualité énorme et un humanisme absolument incroyable. Et donc finalement, on a beaucoup échangé sur ces sujets-là ensemble. Et ça, c'est des cadeaux aussi qu'il m'a fait avant de partir. Et jusqu'au bout, à la fin, il se réveillait quelques heures par jour. Il était en hospitalisation à domicile. Et puis, on s'envoyait des SMS et je lui envoyais des photos de fleurs, de nature, parce qu'il aimait la nature. C'était vraiment essayer de soutenir un petit peu ce chemin de vie ensemble. Bon voilà, ce n'était pas facile de le voir partir. Parce qu'il avait vraiment tellement de force en lui, que c'était tellement étonnant qu'un type comme ça, finalement, se trouve terrassé par la maladie. C'est vraiment le pied de nez, d'ailleurs. le pied de nez, en fait, de la vie, qui te dit, qui te rappelle que t'es pas grand-chose, en fait, que t'es quand même hyper fragile. Et c'est vrai que c'était un type tellement fort intellectuellement, alors brillantissime, et puis humainement, et puis le type, il marchait, il marchait des centaines de kilomètres par week-end, là, il partait sur les routes de France, il a traversé la France à pied plusieurs fois. Il était, il était, enfin voilà, t'avais l'impression qu'il était immortel. Ben non.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Frédéric pour ce témoignage pour les auditeurs qui ne connaissent pas le professeur Kahn on mettra évidemment dans la description des vidéos et des références à lui parce que je pense que c'est quelqu'un hyper intéressant et que j'aurais aimé interroger on

  • Speaker #1

    va essayer de faciliter Il t'aurait dit oui avec plaisir d'ailleurs parce qu'il adorait ça il était un peu cabot il adorait les médias il adorait échanger et notamment aussi avec les jeunes oui oui c'est sûr super

  • Speaker #0

    Merci On va essayer de passer sur quelque chose d'un peu plus gai, mais en même temps, c'est le concept de l'interview, de se livrer. Et merci encore pour ça, Frédéric. Après l'Aïk contre le cancer, là, tu fais un switch de nouveau et tu nous as raconté que tu as eu une expérience dans un cabinet de conseil, que tu as eu un peu une expérience de transition. Et après, là, tu prends en conscience de par ton expérience à l'Aïk contre le cancer, tu nous racontes que tu prends en conscience que finalement, la vie chaque jour passe.

  • Speaker #1

    et là tu vas créer ta boîte du coup oui tu crées plus courant mais oui mieux vaut tard que jamais donc effectivement 57 balais alors à 57 ans je lâche deux CDI en un an finalement et tout le monde me dit t'es complètement folle ma fille quel courage à ton âge donc effectivement peut-être un petit peu d'inconscience certainement beaucoup d'ailleurs et donc à 57 ans tu quittes le salariat Frédéric pourquoi c'est compliqué à stage à quitter un CDI ? Ah, alors connais-tu le concept de l'agisme, Nicolas ?

  • Speaker #0

    Je ne le connaissais pas avant, pour être très honnête, avant de préparer cette interview. Et pourtant, apparemment, je suis aussi concerné.

  • Speaker #1

    En fait, effectivement, c'est très simple. Quand je me suis dit que j'allais quitter un moment la Ligue contre le cancer, j'ai fait comme tout le monde, j'ai refait mon CV et puis j'ai regardé ce qu'il y avait comme poste. Et donc, j'étais sur un poste qui me plaisait beaucoup, pour lequel je cochais toutes les cases. Et le cabinet en recrutement, alors ils étaient emballés, etc. Et l'employeur ne veut pas me recevoir. parce que je suis trop vieille. Alors, effectivement, je n'étais pas un perdreau de l'année, comme on dit. Je n'étais pas toute jeune, mais quand même.

  • Speaker #0

    C'est le seul argument qui te met en avant ?

  • Speaker #1

    En fait, les consultants du cabinet ont du mal à me le dire parce que c'est quand même une discrimination. C'est illégal. Donc, c'est difficile. Mais en fait, à force de leur demander ce qui s'était passé et pourquoi tout d'un coup leur grand enthousiasme se transformait en pas d'entretien, ils ont fini par me dire qu'en fait, ils préfèrent un quarantenaire, etc. Et donc, alors là, je suis tombée de l'armoire, parce que c'est vrai qu'en plus, dans le secteur des ONG, des réseaux associatifs, il y a beaucoup de problèmes, il y a beaucoup de défauts, mais il n'y a pas trop celui-là. Parce qu'on a l'habitude de travailler en intergénérationnel. Moi, j'avais, par exemple, la Ligue contre le cancer, on avait des très jeunes dans les services com, digital, etc. Et puis, on avait des bénévoles qui avaient 85 ans. Donc, en fait, tout ce petit monde, finalement, interagit ensemble. et donc quand j'ai commencé à dire mais c'est quoi ce truc en fait dans mon réseau mes amis m'ont dit mais tu vis sur quelle planète Frédéric ? en fait en France à partir de 45, 50 ans alors encore plus 55 et plus t'es fichu tu trouveras plus de boulot et c'est vrai que je ne m'étais même pas posé la question parce que moi j'avais la ligue contre le cancer j'avais quand même je ne sais pas 55 ans 54 ans enfin que c'est que ce truc ? Et donc, comme j'aime bien comprendre, j'ai cherché. Et donc, je suis allée voir à la PEC, j'ai fait des ateliers seniors, j'ai fait une enquête, j'ai envoyé un Google Forms sur LinkedIn, j'ai reçu presque 700 retours, 700 témoignages, édifiants. Et donc, je me suis rendue compte qu'effectivement, on avait un énorme problème en France, dans nos entreprises, dans nos organisations, qu'on ne voulait plus des vieux. Quand je dis des vieux, à partir de 45 ans, donc on est très, très vite vieux. Voilà. Et c'est comme ça que j'ai créé l'association Senior for Good. parce que j'ai trouvé ça tellement dégueulasse. En plus, il y a la réforme des retraites qui est arrivée. Je me suis dit, ça va être encore pire. En fait, ils vont décaler les retraites, etc. Et on va faire quoi ? Si on doit encore travailler 15 ans ou 20 ans, mais qu'à 45 ans, on est fini, on fait comment ? Et donc, avec un ami, on s'est dit, qu'est-ce qu'on peut faire ? On est des citoyens, on est des cadres, on va faire une association citoyenne. Et donc, on a créé Senior for Good en 2022. Et puis, en parallèle, j'ai quand même retrouvé un autre poste salarié, ce qui m'avait quand même un peu rassurée. Mais bon, il y avait tellement de gens en difficulté. Quand on a lancé cet assaut, dont l'objet est vraiment de lutter contre l'âgisme, contre la discrimination par l'âge dans les entreprises, et notamment du côté, sur le volet, senior. C'est pour ça qu'elle s'appelle Senior for Good, parce que oui, on peut être senior et vouloir continuer à avoir un impact positif sur la société. Oui, on peut être senior, on peut avoir 45, 50, 55, 60 ans et avoir des projets professionnels qui soient salariés, qui soient entrepreneuriaux, et on avait envie de porter du positif, en fait. L'idée, ce n'était pas de pleurer sur notre sort, mais c'était de porter une image positive, de montrer des rôles modèles, comme on le fait, par exemple, pour les femmes entrepreneurs, où depuis quelques années, on essaye de valoriser des rôles modèles. En fait, je me suis dit, il faut qu'on montre des rôles modèles de personnes de plus de 50 ans, parce que c'est quand même plutôt autour de 50 ans que ça commence vraiment à se gâter, qui ont des projets, etc., pour que dans les entreprises, ils puissent changer de regard. Parce qu'on a un vrai sujet sociétal, culturel, là-dessus.

  • Speaker #0

    et pourquoi ? l'agisme, je me suis intéressé un petit peu avant ce podcast mais moi si tu veux j'avais une réflexion assez basique de dire de toute façon on est tous différents, on a des expériences différentes et aussi quand j'étais encore chef d'entreprise d'une boîte de plusieurs dizaines de salariés il y a quelques mois moi je regouttais des seniors aussi, alors pas que pour mais parce qu'ils avaient des soft skills qui étaient parfois plus développés que les jeunes générations qui arrivent sur le marché du travail on leur a appris des choses. Et je me disais, si j'engage des personnes avec une expérience, ça va faire un bel équilibre avec des personnes qui sont plus jeunes, etc. Et pourquoi alors finalement... Alors, peut-être que je suis naïf, mais pourquoi il y a de l'âgisme ? Pourquoi les personnes... Enfin, il y a des gens qui pensent qu'à partir de 40, 50 ans, entre guillemets, on est cramé.

  • Speaker #1

    C'est fou, hein ? Déjà, tu as tout compris, bravo, parce que tu fais partie des chefs d'entreprise, on va dire, que j'appelle éclairés, qui ont compris en fait que la richesse, c'était la diversité, c'était la singularité de chacun au service du collectif, au service de tous. Malheureusement, effectivement, ce n'est pas le cas dans toutes les entreprises, loin de là. Tous les chiffres le montrent, il y a des tonnes d'enquêtes qui ont été faites, surtout depuis la dernière réforme des retraites. En 2023, il y a eu plein d'enquêtes. Et globalement, énormément de dirigeants de DRH confirment écarter les candidatures des plus de 45, 50 ans, etc. Alors pourquoi ? C'est compliqué de répondre à ça, parce qu'en fait, on se rend compte que ce n'est pas vraiment rationnel, qu'il y a vraiment un sujet de stéréotypes. Donc en fait, on a des biais cognitifs. Notre cerveau aime bien simplifier, aime bien catégoriser, mettre les gens dans les cases, c'est rassurant. Et à partir de ces biais, tu peux avoir des stéréotypes, positifs ou négatifs, qui sont très négatifs pour les seniors, et donc des préjugés. Et effectivement, il y a toute une série de préjugés envers les personnes de plus de 50 ans. qui sont déconnectés, fatigués, plus engagés, difficiles à manager, trop chers, etc. Qu'on peut démonter, je pourrais te les démonter un par un sans aucun problème, mais en fait, les gens y croient. Et ça devient quelque chose d'inconscient qui est ancré, et dont on ne parle même plus. Et l'agisme est quand même la première discrimination dans le monde du travail. Globalement, avant le sexisme, avant le racisme, c'est un truc de fou. Personne n'en parle. Enfin, maintenant on en parle, mais personne n'en parlait. C'était silencieux et accepté. Tu regardes, même dans l'entreprise, pour les salariés dans l'entreprise, par exemple, plus tu augmentes en âge, moins tu as accès à la formation. Moins tu as d'augmentation. Moins tu as accès à des promotions. Ou à de la mobilité interne. C'est hallucinant. Comme si, en fait, à partir de 45-50 ans, c'était fini, tu étais au rebut. Et quand tu vois la rapidité à laquelle les compétences deviennent obsolètes aujourd'hui, Si tu ne formes pas les gens, forcément après tu vas dire qu'ils sont has-been, ça c'est clair. Et toi, il y a une espèce comme ça de culture. On a quand même une culture du jeunisme en France. Tu regardes, ça sort même du monde de l'entreprise. Moi, je le dis à chaque fois, tu regardes la télévision, le cinéma, les films, etc., les publicités. On a quand même un vrai sujet, en fait, avec les personnes de plus de 50 ans. Une espèce d'invisibilisation. Alors les femmes, double peine, c'est encore pire pour les femmes. Quand les hommes, depuis 50 ans, ils sont sexy, ils ont des tempes un peu grisonnantes, ça va, mais les femmes, on ne les montre plus. Et en fait, tout ça, si tu veux, ça fait que dans les entreprises, finalement, ça fonctionnait comme ça. Sauf qu'aujourd'hui, il faut que ça change, parce que déjà, un, on décale l'âge de la retraite, on demande aux gens de travailler plus longtemps. Donc, tu ne peux pas demander aux gens de travailler plus longtemps si en fait les entreprises ne veulent plus d'eux. Ça va juste pousser à davantage de précarité. Deux, l'évolution démographique fait que bientôt, il n'y aura plus que des vieux dans les boîtes. Donc, il y aura, dans quelques années, les plus de 45 ans seront majoritaires dans les entreprises. Donc, il serait temps que les entreprises aussi se mettent en conscience de ça et agissent. Et puis, trois, vu les enjeux sociaux, environnementaux qu'on a à adresser, les enjeux de transformation des organisations qu'on a devant nous, mais pétard, utilisons les forces vives, toutes les forces vives de l'entreprise pour y aller. pourquoi on se prive de la richesse d'une partie. Et quand même, il faut quand même noter que l'âgisme, c'est aussi envers les plus jeunes. C'est un des paradoxes d'ailleurs. On peut en parler. Les très jeunes aussi, en fait, subissent ça.

  • Speaker #0

    Alors, avant de parler de l'âgisme envers les jeunes, quand j'ai préparé cet interview, j'ai vu que l'âgisme aussi, malheureusement, en France, on était en haut du podium.

  • Speaker #1

    Ah ben, on est les pires d'Europe. On a le taux d'emploi des plus de 50 ans et 55 ans, le plus faible d'Europe, en fait.

  • Speaker #0

    En quelques mots, si tu peux nous expliquer pourquoi.

  • Speaker #1

    Le pourquoi, c'est exactement ce que je viens d'expliquer. En fait, c'est vraiment culturel. On voit bien, en fait, en fonction de la culture des pays, que c'est plus ou moins marqué. Alors, on n'est pas les seuls. Il y a d'autres pays en Europe où on n'est quand même pas très bons. Mais quand tu regardes des pays comme certains pays du Nord, de l'Europe, les pays scandinaves, le Canada, certains pays anglo-saxons, où vraiment on voit que la séniorité est restée vraiment une richesse, en France, on a vraiment eu cette espèce de dérive où finalement, être sénior, en plus c'est hyper positif être sénior, ça veut dire être expérimenté. bien sûr quand t'es jeune tu deviens chef de produit senior t'es content tu vois ça y est je suis chef de produit senior sauf qu'en fait non en fait il y a un moment du jour au lendemain tu deviens obsolète ton expérience n'a plus de valeur ouais je sais pas comment t'expliquer ça ce que je peux dire c'est qu'il est temps que ça change c'est ça surtout on est tout à fait d'accord et donc l'agisme aussi auprès des jeunes

  • Speaker #0

    et en fait ce qui est assez paradoxal c'est que ce que tu disais c'est qu'on met en avant beaucoup les jeunes c'est plutôt cool c'est plus cool d'être jeune que d'être senior et pour autant

  • Speaker #1

    Oui, alors ça, c'est aussi un peu les paradoxes. C'est que oui, complètement, on a cette tendance quand même au jeunisme. Il faut savoir aussi que les politiques publiques de l'emploi, elles ont quand même beaucoup poussé ça, parce que depuis les années 80, notamment pour les grandes entreprises, on a poussé les grandes entreprises à faire sortir les plus vieux pour faire rentrer les jeunes. Donc, on opposait un peu les générations. Et ça, ça a ancré aussi un peu des croyances et des biais aussi dans certaines entreprises. Mais c'est vrai qu'on voit bien que les plus jeunes, ceux qui démarrent, ont beaucoup de mal à trouver un premier poste parce qu'on veut des jeunes. créatifs et dynamiques, mais qui ont quand même déjà de l'expérience. Et on se rend compte qu'en fait, l'agisme touche les deux côtés du curseur, les plus jeunes et les moins jeunes. Et des deux côtés, c'est tout aussi ridicule.

  • Speaker #0

    C'est quoi l'âge parfait ?

  • Speaker #1

    Alors moi je dis par exemple, pour les femmes, j'ai une équation mais qui est vraiment, qui ne fait pas rêver. Tu vois, pour les femmes, jusqu'à 25 ans, tu es trop jeune. De 25 à 35, 40, tu fais des enfants. Donc ce n'est pas top non plus. Puis à partir de 45 ans, la ménopause arrive. Donc ta carrière entre 40 et 45, ce n'est pas mal. Donc mesdames, dépêchez-vous. Non, je caricature, mais à peine.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup pour toutes ces informations sur l'agisme, Frédéric. Et si on peut parler un petit peu, tu as créé une entreprise qui s'appelle Uskoa. En quelques mots, c'est quoi l'objectif d'Uskoa ?

  • Speaker #1

    Uskoa, déjà, ça veut dire croire en finnois. Ça vient de Finlande. C'est un petit clin d'œil, parce que la Finlande est assez avant-gardiste sur un certain nombre de sujets qui me tiennent à cœur, comme l'ARSE, comme les gouvernances participatives, comme l'égalité hommes-femmes, comme la... L'emploi des seniors, par exemple, où ils ont des taux qui sont bien plus élevés que nous. Et croire, croire en quoi ? Évidemment, tu peux peut-être même l'imaginer vu mon parcours, mais c'était croire en une entreprise, en un monde du travail durable, humain, responsable. Et donc, l'idée du SQUA, c'est vraiment d'accompagner les organisations dans une transformation durable. Et donc, c'est assez large, puisqu'en fait, moi, j'accompagne aujourd'hui des dirigeants, des organisations, des entreprises. à la fois sur des sujets de transformation culturelle de vision, de raison d'être, etc. Des transformations managériales, comment faire évoluer aussi les modes de management. Moi, j'ai beaucoup travaillé sur des sujets comme la subsidiarité, notamment, qui est très intéressant pour les entreprises aujourd'hui. Donc, comment on va effectivement mettre en action, en mouvement l'intelligence collective. Et puis aussi, la transformation sociale autour de la RSE, donc sur le S de la RSE, où je travaille sur des enjeux d'inclusion. Hommes, femmes, oui, bien sûr, et aussi et surtout les seniors et l'intergénérationnel. Moi, je crois profondément dans la richesse et la force, la puissance de l'intergénérationnel. et ça finalement les entreprises ne le prennent pas toujours en compte aujourd'hui on a 4 générations qui se côtoient dans l'entreprise parfois elles se côtoient mais elles ne travaillent pas forcément en tout cas de façon optimisée ensemble et donc une des missions du SCOA aussi c'est d'accompagner les entreprises de la sensibilisation à la mise en action donc le SCOA est à la fois un cabinet de conseil de formation puisqu'on est certifié Calliope d'accompagnement, de coaching, puisque je suis aussi coach certifié. J'accompagne aussi beaucoup de gouvernance, donc des conseils d'administration, pour optimiser leur fonctionnement, les sensibiliser aussi aux enjeux RSE, ESG. Et puis, qu'est-ce qu'on fait d'autre ? Et puis moi, à titre personnel, ce qui me porte le plus aujourd'hui et ce que vraiment j'ai beaucoup développé l'année dernière et que j'espère vraiment pouvoir continuer à déployer, ce sont des conférences. J'ai 33 ans d'expérience, de parcours, des réussites, des échecs, j'ai vécu plein de trucs. Et aujourd'hui, j'ai envie de partager, j'ai envie de transmettre, j'ai envie, si j'y arrive, d'inspirer. Et en fait, j'ai monté des conférences que je donne aujourd'hui devant des équipes, dans les entreprises, en petit comité devant des comex ou en très grand comité pour des gros événements. sur ces sujets qui me tiennent à cœur, le leadership pour tous, le leadership inclusif, l'intergénérationnel, le chemin vers l'impact, etc.

  • Speaker #0

    Je souris parce que je me dis, avec tout ce que tu fais, Frédéric, l'âgisme n'a aucun sens.

  • Speaker #1

    Mais j'espère bien montrer que, justement, pour peut-être à mon petit niveau modeste, montrer qu'effectivement, ce n'est pas l'âge. Je veux dire, franchement, il y a des jeunes de 20 ans parfois qui sont vieux. Et il y a des vieux de 80 ans, 90 ans, qui sont hyper jeunes. Donc oui, il faut arrêter de regarder les années. Il faut regarder... l'envie, l'énergie, l'expérience, la compétence. On a des jeunes qui sont absolument formidables et talentueux. C'est tellement ridicule. Je trouve ça incroyable qu'aujourd'hui, on ne recrute pas uniquement sur la compétence. Ne serait-ce que de toi que ce soit un sujet de regarder l'âge quand on recrute quelqu'un. C'est juste incroyable. Tu as un besoin, tu mets des compétences en face et des soft skills. que vient faire l'âge là-dedans ?

  • Speaker #0

    Est-ce que tu penses que de la même manière qu'à un moment, alors je ne sais plus si c'est légal maintenant ou pas, mais on a fortement incité à enlever les photos sur les CV pour éviter des discriminations, on devrait aussi enlever l'âge ?

  • Speaker #1

    C'est un grand débat. Moi, souvent, quand j'interviens, des seniors qui cherchent un emploi et sont désespérés me disent Est-ce que je dois dégrader mon CV ? Est-ce que j'enlève des diplômes ? Il y en a qui le font, c'est horrible, c'est triste quand même, qu'ils enlèvent des diplômes. Moi, je ne les suis pas très favorables parce que je me dis déjà, de toute façon, quand tu te retrouves en entretien devant la personne, on voit bien quel âge tu as. Il y a un moment, tu ne veux pas non plus...

  • Speaker #0

    Mais en même temps, ça permet de passer à la première étape. Ouais,

  • Speaker #1

    ouais, ouais. Alors, c'est ça. Est-ce que ça permet de... C'est dramatique, s'il faut ça pour un entretien, mais bon, voilà. Moi, je pense quand même qu'il va falloir mettre quelques contraintes aux entreprises. Je ne suis pas du tout pro-quota, etc., mais il faut bien avouer que pour les femmes, ça a fonctionné.

  • Speaker #0

    Ça fait avancer.

  • Speaker #1

    aujourd'hui on est exemplaire on est conseiller d'administration en France par rapport aux autres pays d'Europe voilà on a obligé et je pense que pour les seniors il va falloir aussi qu'il y ait des obligations moi j'ai entendu des DRH de grandes entreprises dire de toute façon on attend de voir on attend de voir si on va être obligé à quelque chose c'est marrant parce que il fallait faire bouger comme ça dans les changes qu'on avait avec

  • Speaker #0

    Angèle Gérard qui est aussi une sage qui est passée dans le podcast elle se bat pour l'entrepreneur féminin et au début elle était contre l'Equota aussi et en fait elle s'est rendue compte que malheureusement un moment peut-être il faut passer en phase législative.

  • Speaker #1

    C'est ça, en fait, qui peut être pour un quota ? Qui a envie d'être choisi pour entrer dans un quota ? Personne. Personne n'a envie. Ça peut être des quotas pour les femmes, pour les vieux, pour les jeunes, pour n'importe qui, les handicapés, tout ce qu'on veut. Personne n'a envie d'être un quota ou de ne pas être recruté pour ses compétences et son expérience, mais d'être recruté parce qu'il faut cocher la case qu'on a recruté le vieux ou la vieille ou bien le jeune, tu vois. Personne n'a envie de ça. Mais malheureusement, on... Alors, attention, parce qu'on fait beaucoup de généralité, finalement, dans notre échange, mais il y a aussi plein d'entreprises absolument incroyables et formidables qui sont engagées sur ces sujets, qui ne travaillent pas du tout comme ça. Et je pense notamment à notre tissu de TPE, PME, qui est quand même l'essentiel des entreprises en France, qui sont bien souvent beaucoup plus dans l'humain, avec des chefs d'entreprises souvent patrimoniaux, qui vont vraiment aller recruter des personnes sur leurs compétences, etc. Malheureusement, Ces sujets touchent quand même plutôt les grandes entreprises, parce que plus l'entreprise est grande, plus on travaille avec des process, plus on cadre, plus on ferme. Et c'est là que je me dis, du coup, peut-être que la contrainte peut faire bouger les choses.

  • Speaker #0

    Je comprends. En effet, si on faut passer par là, le but c'est d'avancer. Ok, merci Frédéric. Si ça te va, pour finir cette interview, je voudrais passer sur des questions un peu plus personnelles, si tu m'y autorises. Alors, ce qui m'intéresse... T'as le droit de dire Joker.

  • Speaker #1

    D'accord, on va voir.

  • Speaker #0

    Et ça sera pas coupé au montage. Alors, t'es passée de salariée à entrepreneuse en... 2023.

  • Speaker #1

    Oui, il y a un peu plus d'un an. Je suis une jeune entrepreneur.

  • Speaker #0

    C'est super. C'est quoi, en quelques mots, les grandes différences ?

  • Speaker #1

    Tout est différent, en fait. C'est un autre monde. Encore, moi, ça fait quand même des années que j'accompagne des entrepreneurs, que je coach des entrepreneurs. J'ai animé un réseau d'entrepreneurs, donc ce n'est pas non plus comme si je ne connaissais pas du tout. Mais ce n'est pas du tout pareil quand tu le vis, évidemment. Ça n'a rien à voir. C'est facile d'expliquer aux autres ce qu'ils doivent faire. Le faire pour soi, c'est complètement différent. Non, mais tout est différent. Je passais d'une organisation, tu manèges des dizaines, voire des centaines de personnes et tout d'un coup, tu es toute seule dans ton bureau. Aujourd'hui, on est deux. On est deux chez Square. Coucou Laura. Heureusement que Laura m'aide. Mais voilà, on est deux. Alors que voilà, plus de management. Moi, ça m'a beaucoup manqué. j'ai mis longtemps et d'ailleurs je me rassurais en me disant peut-être demain je reprendrai un poste d'ailleurs je me dis toujours finalement le statut tant que tu fais des choses qui te plaisent qui te donnent envie qui te font t'engager je veux dire après ils ne voudront certainement plus de moi vu mon âge mais moi on me proposerait un superbe job avec du management j'y retournerais en courant aussi parce que j'aurais envie aussi de manager donc le management m'a beaucoup manqué ça ça a été vraiment le gros sujet le gros point les six premiers mois J'ai rattrapé parce que je conçois, j'anime des séminaires, je fais des conférences, je suis face aux gens, avec les gens, je fais beaucoup d'ateliers dans les entreprises. Donc, ça me permet un petit peu de garder ce lien humain dont j'ai vraiment besoin parce que c'est ce qui m'a porté pendant 30 ans de management. Mais ça, ça m'a manqué. Et puis, ce qui change, c'est que tu es responsable seule. Alors après, bon... Quand tu es DG d'une organisation, tu es un peu seul quand même. Tu as beau avoir un conseil d'administration, tout ça, des fois, tu ne peux pas discuter, tu ne peux pas raconter à tes collègues du comité de direction tous tes problèmes. Il y a beaucoup de choses que tu dois cacher. Donc, tu as déjà un peu l'habitude de cette solitude. Mais ce n'est quand même pas pareil de te retrouver seul à devoir tout faire. tout produire. Parce que quand tu démarres, t'es seule, parce que j'ai commencé un job d'indépendante. Quand on dit j'ai monté Uskoa, aujourd'hui c'est vrai que je travaille avec une communauté d'experts en fonction des missions, etc. Ça me permet effectivement de gérer davantage de missions et de développer la boîte. Mais quand j'ai démarré en janvier 2023, tu vois, j'étais seule. J'avais des premiers clients, il fallait que je produise les contenus, les offres, les services, que je fasse mon site web, que je fasse ma certification Calliope, parce que je voulais que des clients associatifs puissent éventuellement faire financer... leur formation s'ils n'avaient pas les budgets. Il fallait que je produise les contenus des séminaires qu'on m'avait demandé d'organiser, que je commence à travailler sur les premières conférences, que je monte les programmes de formation. Donc il fallait tout faire en même temps et j'étais seule. Alors en fait, à la fois c'est absolument incroyable, c'est tout d'un coup une liberté géniale, et en même temps c'est complètement différent, c'est-à-dire qu'à la fois tu n'as plus la charge, la responsabilité des personnes. Moi quand j'étais en direction générale, pour moi c'était très important d'avoir la responsabilité des gens qui étaient dans les équipes que j'animais. Donc là, tu n'as plus cette responsabilité-là, tu n'as plus ça sur les épaules. Mais par contre... tu as tout le reste, tu as tout ce qui est en lien avec toi. C'est-à-dire que ta réussite, ça peut être que toi, l'échec, ça peut être que toi. C'est à toi. Et ce qui est très difficile, j'ai trouvé, c'était de... D'ailleurs, je ne l'ai pas bien fait, de prendre soin de soi dans ces moments-là. parce que tu bosses 7 jours sur 7, 24 sur 24, tu t'arrêtes jamais et tu es dans une espèce de tunnel comme ça. Alors tu te dis, ouais, c'est parce que c'est le début, parce que c'est le début, mais les mois passent. Et puis ça continue. Et puis quand les clients arrivent, tu continues, tu continues. Et donc voilà, c'est vrai que j'ai mis quand même, j'ai mis 8-10 mois avant de commencer à me dire, ben voilà, là, je vais pouvoir structurer ça comme ça, comme ça, comme ça. Mais au début, oui, c'est un peu dur.

  • Speaker #0

    Et du coup, une montagne de choses. Et pourtant, Frédéric, tu fais l'enfer à TEDx. Oui.

  • Speaker #1

    Oui, oui, j'avais peur de m'ennuyer en fait. Donc, j'ai publié le bouquin chez Errol et puis j'ai fait un TEDx. Oui, oui, alors le TEDx, je ne vais pas dire que c'était un vieux rêve, parce que ça fait un peu bête de dire je rêve de faire un TEDx, parce qu'un TEDx pour un TEDx, ça n'a pas trop d'intérêt. Mais c'est vrai que comme j'avais commencé à développer mes conférences et que j'ai toujours adoré parler en public, dans le passé, j'ai organisé beaucoup d'événements chez les entreprises, etc. C'était quand même un volet d'action qui me... portait beaucoup, en fait, de porter ma voix. Et là, j'avais vraiment un sujet, qui est le sujet des seniors, des générations, dans le monde du travail. Et donc, j'ai eu cette chance, effectivement, de pouvoir faire ce TEDx en décembre, donc à Orléans, l'association TEDx Orléans. Et ça a été vraiment un défi, en fait. C'est quelque chose, c'est une aventure un peu particulière. Il y a eu d'ailleurs un débat il y a quelques jours sur LinkedIn entre des conférenciers qui se demandaient si c'était un truc qui boostait les conférences ou pas, etc. Moi, je n'ai pas du tout abordé le projet comme en me disant je vais faire un TEDx, comme ça je vais vendre des conférences. Mais rien à voir. Pour moi, ce n'est pas du tout le même exercice. Le TEDx, d'abord, j'ai trouvé que c'était hyper dur parce que c'est très contraignant. Tu es sur un rond rouge, tu ne peux pas bouger. Alors moi d'habitude, j'adore aller vers le public, me balader, aller dans la salle, voir les gens. Là, non, tu ne peux pas quitter le tapis rouge. Rien que ça déjà, ce n'était pas évident. Tu as 18 minutes maximum, tu as un compteur qui décompte. Donc tu es hyper stressé parce que tu as la trouille. D'ailleurs, tu parles trop vite du coup, parce que tu te dis, oh là là, je ne vais pas avoir le temps de dire ce que j'ai à dire. Tu répètes énormément, tu es coaché, tu t'entraînes. à la fin, j'étais contente de l'avoir fait. C'est un peu triste parce qu'à la fin, on perd même l'énergie tellement on l'a révisé, ce truc. Mais je voulais passer mon message. Et pour moi, c'était vraiment un message militant. Et ce TEDx, je suis quand même contente de l'avoir fait. Je me dis que j'aurais pu le faire mieux, évidemment. Mais je suis contente de l'avoir fait parce que au moins, j'ai passé le message que je voulais passer de manière militante. Quand je fais des conférences sur l'intergénérationnel, je veux générer des émotions, faire rêver les gens. que quand ils sortent de la conférence, ils ont envie de tous bosser ensemble encore mieux dans leur entreprise. Donc, je vais être plutôt sur des registres émotionnels, humour, montrer des exemples, etc. Là, le TEDx, je suis plutôt, en tout cas, j'ai essayé d'être sur un registre plutôt sérieux, plutôt militant, plutôt faire passer vraiment ma conviction profonde, en fait. Du coup, c'était beaucoup plus dur. J'ai trouvé ça beaucoup plus dur. Mais c'est une très belle expérience. Franchement, j'ai trouvé... C'est un petit challenge quand même personnel.

  • Speaker #0

    évidemment on mettra en description ces TEDx que j'ai regardés c'est pas obligé ah si ça vaut le coup juste pour teaser le nom du TEDx il s'appelle unique ensemble ok ça te ressemble bien pour finir j'ai encore une ou deux questions pour toi du coup donc avec ton parcours exceptionnel en tant que dirigeante et entrepreneuse, est-ce que tu as quelques conseils et trois conseils à donner à des jeunes entrepreneurs ? Et jeunes, pas forcément dans l'âge.

  • Speaker #1

    Alors oui, les conseils, je pourrais les donner en tant que jeune entrepreneur moi-même, surtout, plutôt qu'ancienne dirigeante ou je ne sais quoi. Je pense que c'est vraiment l'expérience qui fait la différence. Le premier conseil, même si c'est un conseil que je donne depuis des années, évidemment, c'est celui de ne pas rester seule, de se faire accompagner. Moi-même, pour ma petite entreprise, c'est la première chose que j'ai fait avant de démarrer, c'était d'appeler des dirigeants que j'admire beaucoup pour leur demander d'être mes mentors et de constituer un petit board, un petit comité stratégique qui m'aide aujourd'hui et qui accompagne progressivement le développement de mes activités. Donc vraiment, ne pas rester seule, se faire accompagner. Le deuxième conseil qu'il faudrait que je m'applique un peu mieux à moi-même, c'est prendre soin de soi. parce que l'entrepreneuriat, on le dit tout le temps, mais c'est bien de le répéter, ce n'est pas un sprint. C'est sur la durée que ça se joue et c'est épuisant et c'est un peu le grand huit. Donc, il faut vraiment garder ce soin de soi parce que pour être en capacité de prendre soin de ses clients, de prendre soin de son activité, il faut déjà être en capacité de prendre soin de soi. Le troisième conseil que je donnerais, c'est... D'aller là où ton cœur te porte ? parce que je me dis qu'en fait, on ne peut pas vraiment se planter si on voit là où on a le cœur d'aller, où vraiment on sent qu'on est à notre juste place. Parce que déjà, c'est là où les clients vont dire oui, vont venir te voir parce qu'ils sentent ça, ils sentent que tu es aligné et que tu donnes ce que tu as à donner. Et puis finalement, je me dis, même si tu échoues, ce ne sera pas un échec parce que tu auras appris et au moins tu auras expérimenté et tu auras osé essayer.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup pour tes mots. Pour finir ce podcast, alors, avant de te demander qu'est-ce que je peux te souhaiter, je vais quand même te le dire aux éditeurs, parce que Frédéric est quelqu'un d'hyper humble, mais elle a reçu, du coup, la médaille de l'Ordre National du Mérite il y a peu, et donc ça me semble assez logique de le dire, au regard de ton parcours assez exceptionnel. Et donc Frédéric, qu'est-ce qu'on peut te souhaiter ?

  • Speaker #1

    J'allais dire une longue vie d'entrepreneur, de jeune entrepreneur, avec plein de conférences à faire, pouvoir sensibiliser plein d'équipes, plein d'équipes de direction, pouvoir accompagner plein de dirigeants à porter le bien commun dans leur entreprise, à faire ce choix de l'impact, de la performance globale. peut-être apporter ma petite goutte de colibri. Je sais que parfois, on dit que c'est nul, cette histoire du colibri, mais moi, j'aime bien quand même cette idée finalement d'apporter une petite pierre modeste, un petit caillou modeste à améliorer ce monde du travail et à essayer d'apporter un peu plus d'humanité dans ce quotidien, dans ce monde du travail qui en a vraiment besoin, me semble-t-il.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, Frédérique.

  • Speaker #1

    Merci. Waouh !

  • Speaker #2

    Sous-titrage ST'501 Merci à tous pour votre écoute sur le troisième épisode des Sages. Vous êtes de plus en plus à nous écouter et pour ça, vraiment, je vous remercie. J'espère encore une fois que vous avez beaucoup appris auprès de Frédéric, l'une des plus grandes patronnes associatives et pour le bien commun. Les Sages, comme je vous le dis souvent, c'est aussi pour moi une aventure entrepreneuriale qui débute. Donc n'hésitez pas à m'envoyer sur LinkedIn, Nicolas Jeanne, Jeanne, J-E-A-N-E, vos feedbacks et vos commentaires. Ils sont super méga précieux pour moi. Si vous avez aimé et appris grâce à l'épisode, il y a maintenant deux manières de nous remercier. La première, c'est de mettre 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute et de nous laisser un avis. Ça permet de nous faire remonter dans les classements. Et si vraiment vous voulez nous filer un coup de pouce, vous pouvez nous faire un don de 2 euros pour faire vivre ce podcast sur GoFundMe. Comme vous êtes restés jusqu'au bout, je vais vous lâcher, comme d'habitude, nos deux prochains invités. Notre prochain invité sera Henrik Klaba, le co-fondateur patriarche d'OVH. Et je vous assure que ce sera un épisode vraiment exceptionnel. Et notre cinquième invité est un invité très exceptionnel, puisque ce sera... François Hollande, l'ancien président de la République française. Merci à tous et à très vite.

Description

Pour ce troisième épisode, nous recevons Frédérique Jeske, une dirigeante engagée pour le bien-commun.


Frédérique est une femme exceptionnelle :


  • Ex dirigeante de la Fédération Réseau Entreprendre et la Ligue Nationale Contre le Cancer avec Axel Kahn

  • Entrepreneuse maintenant avec USKOA et militante contre l'âgisme avec notamment Senior For Good

  • Une leadeuse positive, engagée pour la diversité et avec un parcours atypique


Dans ce troisième épisode on a notamment parlé de Axel Kahn, l'enfance de Frédérique, la place des femmes dans l'entreprise, la planète, l'engagement des jeunes, Marseille, des quotas, la place de la "synchronicité" dans la vie, Elsevier Masson....


Bon voyage avec les Sages ! 



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Edouard Waels : ewaels@ooslo-avocats.com

Marion Fabre : mfabre@ooslo-avocats.com


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les sages, c'est avant tout une histoire personnelle. Je m'appelle Nicolas Jeanne et j'entreprends depuis que j'ai 19 ans. Sur ce chemin, j'ai eu la chance d'en rencontrer des personnes que j'appelle les sages. Vous savez, ce sont ceux d'un conseil bienveillant, qui peuvent changer votre journée, votre projet, votre vie. Souvent des personnes avec qui il y a un avant et un après. A mes yeux, ce sont des leaders authentiques, mais surtout des leaders humanistes. Et ça, c'est important pour moi. Ceux qui vont vous faire grandir sans s'en rendre compte. Plus que n'importe quel livre ou cours, des témoignages qui viennent du cœur et de la réalité. Et surtout du cœur. Aujourd'hui, je vous propose de partir à leur rencontre. dans un format inédit et négocié avec eux. Un format où l'on se dira tout, naturellement, et aucune question ou anecdote sera interdite. Ça, vous avez ma parole. Un format axé sur leur activité, bien sûr, mais qui, évidemment, dérivera vers la vie, la société et les émotions. Mon but, c'est clairement de mettre en valeur l'aspect humain de ces personnalités qui me paraissent exceptionnelles et de casser la carapace. Casser la carapace, vous le sentez, c'est pas un mot par hasard. Pourquoi ? parce que je pense que ça va vous permettre d'apprendre sur les petits grands leaders et leaders qui ont bâti et bâtissent la société. La France est une terre bourrée de talents et de leaders, et nous allons en leur rencontre. Bon voyage avec les sages. Frédéric Jesque est une personne que j'estime beaucoup. Il y a à peu près 10 ans, à la sortie de mes études, j'arrive à l'incubateur de l'EDEC. Je monte alors un réseau pour aider les jeunes entrepreneurs. Un jour, j'entends parler qu'à l'étage même se trouve la Fédération Réseau Entrepreneur et sa directrice générale, Frédéric Jesque. Je fais le choix alors de monter les escaliers. Et là, en montant les escaliers... Je découvre Frédéric. Je fais une rencontre exceptionnelle. J'ai découvert une femme de conviction qui, après raison d'entreprendre, s'est engagée pour la Ligue contre le cancer et aujourd'hui, elle entreprend à 58 ans. En plus de ça, elle a décidé de rajouter une corde à son arc, avec l'agisme. Un combat on ne peut plus moderne que je vais vous laisser découvrir. Allez, on y va avec Frédéric.

  • Speaker #1

    Bonjour Frédérique et bienvenue dans Les Sages, comment tu vas ?

  • Speaker #2

    Bonjour Nicolas, je vais très bien, merci, et j'espère que toi aussi.

  • Speaker #1

    Est-ce que pour démarrer, je peux commencer par te poser la question de ton enfance, que tu nous racontes un petit peu ton parcours, ton enfance ?

  • Speaker #2

    Oui, bien sûr, qu'est-ce que je peux te dire ? Moi, je suis née dans le nord de la France, j'ai eu une enfance classique en fait, dans une famille plutôt aimante, où j'étais aimée, j'étais une petite fille très timide. Très introvertie, plongée dans mes livres, j'ai un peu souffert à l'école, j'ai été harcelée comme on dit encore aujourd'hui, puisque malheureusement ça existe encore aujourd'hui, c'est même peut-être pire avec les réseaux sociaux. En tout cas pendant plusieurs années j'ai été vraiment harcelée par des copines d'école on va dire. Donc j'ai eu une adolescence un petit peu révoltée du coup, donc j'ai beaucoup fait la fête à l'adolescence.

  • Speaker #1

    voilà sinon j'ai beaucoup de bons souvenirs d'enfance de ma famille et beaucoup de bons souvenirs d'adolescence à faire la fête en fait surtout quand tu dis harceler si tu peux nous en dire un peu plus est-ce que finalement c'est quelque chose qui a été un épisode compliqué mais qui t'a aidé aussi peut-être

  • Speaker #2

    Alors, compliqué, oui, c'est certain, puisque j'étais petite, c'était en primaire jusqu'au début du collège, on va dire. Et quand j'entends aujourd'hui des émissions à la télévision sur le sujet, je me rends compte que les choses n'ont pas beaucoup bougé. C'est exactement la même chose, avec heureusement des parents qui me soutenaient beaucoup. Et les enfants peuvent être durs, peuvent être même presque violents. Donc, j'ai un souvenir assez difficile, effectivement, de ça. Ça ne m'a pas traumatisée pour autant, si ce n'est que je pense que ça a joué dans la façon dont je me suis ouverte à l'adolescence et dont, au contraire, j'ai eu besoin de sortir de mon environnement protégé familial. Je suis restée fille unique pendant 7 ans, donc j'étais très protégée. Donc ça m'a peut-être aussi boostée. En revanche, je ne pense pas que ça m'ait traumatisée. D'ailleurs, si tu veux, j'ai même une anecdote là-dessus. Elles se reconnaîtront peut-être si elles écoutent le podcast. Il y a quelques années, quand je dirigeais Raison Entreprendre, j'étais montée dans le Nord pour intervenir sur scène et une personne vient me voir et me dit Frédérique, tu ne te souviens pas de moi et je ne me souvenais pas d'elle. Et en fait, c'était une des femmes qui avait été une des petites filles qui m'avait harcelée. Et elle m'a dit, écoute, tu sais qu'avec une telle, une telle, on parle souvent de toi et on se souvient comme on était horrible avec toi et on avait peur qu'il y ait eu un impact peut-être sur ta vie. Je suis contente de te voir comme ça, bien. Et en fait, quelque part, je me suis dit que finalement, ça les avait peut-être plus touchées, elles, que moi. Puisque moi, je n'y ai plus du tout pensé après. et elles, elles en parlaient encore alors qu'elles avaient la cinquantaine.

  • Speaker #1

    Et donc après le lycée, Frédérique, tu fais tes études à Lille, c'est ça ?

  • Speaker #2

    En partie, oui, jusqu'à la maîtrise en fait. Et je viens à Paris pour faire une maîtrise en sciences politiques et un DESS en communication politique après. Donc les deux dernières années d'études, je les ai faites à Paris, dans ma petite chambre de bonne.

  • Speaker #1

    D'accord. Et qu'est-ce qui t'amène du coup à faire ces études-là à Paris ?

  • Speaker #2

    Mon rêve, c'était d'être journaliste. D'accord. D'ailleurs, journaliste politique. Et d'ailleurs, à l'époque, j'ai fait pas mal de stages dans la presse, à l'Express, France Soir, Antenne 2, ça s'appelait, c'était pas encore France 2. Je rêvais vraiment de faire du journalisme. Et puis finalement, à la fin du DESS, j'ai été recrutée par le patron du DESS de l'époque, Jean-Marie Cotteret. pour son cabinet d'études et de conseils en communication. Et donc, j'ai découvert qu'il y avait d'autres métiers dans la communication que le journalisme et j'ai démarré en agence.

  • Speaker #1

    Et pour revenir sur ton rêve d'être journaliste, est-ce que tu te souviens justement pourquoi tu voulais devenir journaliste ? Est-ce que c'était un rêve d'enfant ?

  • Speaker #2

    Oui, c'était un rêve d'enfant. En fait, petite, c'était je serais journaliste ou avocate. Voilà, défendre et porter la parole, informer, aller voir ce qui se passe dans le monde. Sauf que je n'étais pas vraiment aventurière ni sportive. Donc, grand reporter, je pense que je n'aurais pas pu vraiment faire ça. Mais en tout cas, le rêve d'enfant, c'était ça. C'était d'aller chercher de l'information dans le monde pour changer le monde.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il n'y a pas une notion de justice derrière ?

  • Speaker #2

    Certainement, oui. J'ai un sens de la justice un petit peu trop développé, d'ailleurs, certainement. Je ne sais pas d'où ça vient. D'ailleurs, ma petite sœur est devenue magistrat, donc c'était peut-être de famille, quand même. Mais oui, je ne sais pas. En tout cas, je voulais porter la parole, écrire aussi beaucoup. J'écrivais beaucoup étant petite et j'ai écrit toute ma vie.

  • Speaker #1

    Ok, et donc tu commences dans ta carrière professionnelle, dans le privé, et donc sur différents postes, tu me disais dans la communication.

  • Speaker #2

    Oui, en fait, j'ai bossé 20 ans. J'ai eu un parcours assez classique pendant une vingtaine d'années dans des médias professionnels, édition et presse pro, où j'ai eu un peu tous les métiers, commercial, marketing, communication, éditorial, puis direction commerciale, puis direction de BU. Et mon dernier poste dans le privé, c'était la direction d'une agence de conseil en communication santé dans un groupe de presse professionnelle qui est le leader de l'édition et de la presse professionnelle dans le domaine de la santé et des sciences. Donc, assez classique jusqu'à 2012, jusqu'à une bascule dans mon parcours.

  • Speaker #1

    Ok. Et donc, juste pour revenir sur ces premières expériences, tu fais tes armes, tu me parles de la santé. Tu as travaillé dans le domaine de la santé, c'était entre guillemets un hasard ou c'est quelque chose qui est important pour toi, le domaine de la santé ?

  • Speaker #2

    Alors, à l'époque, c'était un hasard, on va être honnête, puisque moi, je venais plutôt de l'édition juridique. J'ai travaillé aux éditions Francis Lefebvre, j'ai travaillé au groupe Monitor, j'ai travaillé au groupe VK, qui était un groupe... d'édition allemand où je m'occupais des publications pour le secteur public. Donc j'étais vraiment sur de l'édition B2B, professionnelle, de l'information professionnelle. Et donc je suis arrivée par ce biais-là, en fait, à la santé, chez Masson, aux éditions Masson, puis Elsevier-Masson, quand on a été vendu au groupe Rydel-Zewir. Mais c'est vrai que la santé, après, m'a toujours un peu suivie tout au long de mon parcours et que j'ai toujours été assez proche des professionnels de santé, des problématiques de santé publique. et on le voit après dans la suite de mon parcours effectivement je suis revenue à la santé plusieurs fois j'ai une maman infirmière j'avais une maman qui était infirmière donc peut-être que ça aussi ça me joue en soi une sensibilité c'est sûr ok

  • Speaker #1

    écoute on va en reparler juste après à travers ton expérience à la ligue contre le cancer et donc en 2012 tu switches tu me dis pourquoi tu switches ?

  • Speaker #2

    Oui, je switch. Je pense que j'avais fait le tour. Déjà, Elsevier-Masson avait été racheté par le Groupe Ries d'Elsevier. Et c'est vrai que ces grands groupes sont extrêmement formateurs. C'est très intéressant. J'ai appris énormément en termes de structuration, etc. Mais c'est aussi un petit peu usant. C'est des rouleaux compresseurs quand même. Donc, il y a un moment, en fait, j'avais l'impression de ne plus pouvoir faire du business development, de ne plus pouvoir créer des nouveaux services et de devoir tout le temps monter la rentabilité. réduire les équipes, etc. La pression du chiffre était énorme et je perdais un peu le sens. Je faisais beaucoup de business review, des powerpoint toute la journée pour le groupe. Et donc, j'avais vraiment envie de retrouver du sens. Et par hasard, par un recruteur qui me connaissait, on échange et me dit j'ai un poste, mais ce n'est pas sur Paris, c'est dans le sud, c'est confidentiel. Est-ce que vous seriez prête à quitter Paris ? Je demande à mon mari, très sympa, qui me dit écoute, le soleil, pourquoi pas, va voir Et en fait, c'est comme ça que je me suis retrouvée à Marseille, à la direction générale du MEDEF, de l'UPE13, qui est l'Union pour les entreprises du 13, donc des Bouches-du-Rhône. Donc quelque chose d'assez improbable, en réalité.

  • Speaker #1

    Donc là, tu passes d'une carrière entre guillemets privée, à un premier poste qui n'est pas dans le public, mais c'est un organisme associatif,

  • Speaker #2

    en fait, c'est de l'intérêt général. C'est un syndicat patronal. Alors l'UPE 13, c'était un peu particulier parce que c'était un groupe de structures. Il y avait une quinzaine de structures juridiques. Donc il y avait des structures privées. Il y avait une agence de communication, un organisme de formation. On a monté aussi une plateforme de RRH à temps partagé pour aider les dirigeants de TPE à développer leur entreprise. Et puis en parallèle, il y avait les filières professionnelles et le syndicat patronal. Donc c'était plutôt des structures associatives avec des conseils d'administration bénévoles. Et donc ça a été ma première rencontre effectivement avec l'intérêt général. et puis d'autre part ma première rencontre aussi avec le milieu entrepreneurial l'écosystème économique des territoires et les dirigeants d'entreprises ok et donc là t'arrives à Marseille tu déménages avec ta famille Alors, la première année, je descends toute seule. Je vis comme une étudiante. Je me prends un appartement à 50 mètres du bureau et je fais les soirées mondaines de représentation pour l'UPE 13 tous les soirs. Et je rentre tous les week-ends à Versailles où mes enfants continuent à vivre leur vie avec leur père et je ne comprends plus trop ce qui se passe dans la famille. Donc, ça a duré un an quand même avant que la famille me rejoigne.

  • Speaker #1

    Ok. Et donc, tu fais les soirées mondaines.

  • Speaker #2

    Professionnelles, je précise.

  • Speaker #1

    Bien sûr, toujours. Et donc c'est quelque chose que tu n'avais pas forcément l'habitude avant dans ta première partie de ton parcours professionnel et tu me racontais justement dans ce podcast que justement c'était quelque chose de nouveau pour toi

  • Speaker #2

    Oui, oui, oui, alors ce qui était très nouveau pour moi en fait c'était surtout la dimension politique et d'image en fait de ce type de poste et effectivement je racontais quand je suis arrivée que j'ai commencé à fréquenter ces soirées, ces événements professionnels en fait qui étaient importants pour représenter l'organisation dans le territoire Oui Eh bien, il y avait des gens qui faisaient la queue pour venir me saluer, faire ma connaissance, me serrer la main. Et au début, je ne comprenais pas trop pourquoi il y avait toujours ces gens. J'avais toujours une foule de gens autour de moi. Et au bout d'un moment, tu comprends que ce n'est pas du tout pareil qu'un poste dans une entreprise classique, que tu as une visibilité, qu'il y a des mandats patronaux aussi qui sont derrière et qu'au sein d'un écosystème territorial, l'organisation patronale est importante pour les chefs d'entreprise, pour les entrepreneurs et que donc tu représentes. aussi ça. Et ça, c'était assez formidable aussi parce que j'en étais très fière. Mais c'était très nouveau, très nouveau pour moi. Effectivement, moi qui venais de l'entreprise classique, oui, c'était un petit peu différent.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu penses que ça aurait été pareil si c'était par exemple à Rouen ou à Lille ou à Marseille ?

  • Speaker #2

    Alors ça oui, je pense que la représentation politique, l'écosystème patronal, je ne vais pas les forcément voir ailleurs, mais c'est la même chose partout. Ce qui est un peu différent peut-être à Marseille, c'était surtout que moi j'étais une nordiste, une ch'ti qui n'avait jamais mis les pieds à Marseille. Et c'est vrai qu'en termes de choc culturel, c'était pas mal quand même.

  • Speaker #1

    D'accord, et donc cette position, tu es là pendant combien de temps ?

  • Speaker #2

    Alors, je suis restée un peu plus de deux ans seulement. J'avoue que j'ai adoré, en fait, les services aux entreprises, la rencontre avec les dirigeants, les entrepreneurs du territoire. Je ne suis pas certaine que la politique, au sens politicien du terme, était faite pour moi. Je disais souvent à l'époque que j'étais une femme de lien et pas une femme de pouvoir. Je ne sais pas si c'est vrai, mais en tout cas, le pouvoir, j'avais beaucoup de mal. Taper du poing sur la table. être dans des négociations difficiles, parfois côtoyer quand même de la violence, parce que parfois c'est un peu violent avec les syndicats, etc. Je ne me sentais pas du tout à l'aise. Et donc c'était très difficile pour moi de faire le grand écart entre les deux. Et donc effectivement, deux ans après, j'ai eu beaucoup de chance d'ailleurs, puisque j'ai eu une opportunité formidable avec Réseau Entreprendre. Et donc comme en plus la famille, notamment mes enfants, ne s'étaient pas très bien adaptés à Marseille, ils n'étaient pas très très heureux.

  • Speaker #1

    on a refait les cartons et puis on est reparti et pour finir sur cette expérience avant de parler en effet de ton expérience à raison d'entreprendre qui est une super expérience du coup t'as fait un peu de la politique tu nous as défini ce qui était un peu le pouvoir pour toi mais la politique c'est quoi pour toi ?

  • Speaker #2

    C'est encore autre chose. Je n'ai pas fait de la politique. Je ne dirais pas que j'ai fait de la politique. Je dirais que j'ai été dans un écosystème où la politique avait de l'importance. Quand on est en syndicat patronal, il y a une dimension politique du métier, notamment par le lobbying, par les plaidoyers qu'on va porter. Et c'est vrai qu'à Marseille, comme le MEDEF territorial est très important, il est très actif aussi bien. pour le territoire qu'à la dimension nationale. Donc, on portait effectivement des plaidoyers pour défendre les entrepreneurs, pour défendre l'entreprise. Et en 2012, moi je trouve que ça a d'ailleurs beaucoup changé depuis et c'est génial. En 2012, on n'aimait pas encore beaucoup les chefs d'entreprise et les entrepreneurs en France. Je me souviens qu'on se battait beaucoup pour se faire reconnaître. C'était tout le temps, on ne voyait que les grands patrons du CAC 40. C'était très difficile de porter des sujets vraiment sur les taxes, etc. qui pouvaient... qui pouvait écraser les TPE, PME du territoire. Donc, tu vois, c'était de la politique dans ce sens-là, où on allait défendre. Après, oui, dès qu'il y a des relations, où il y a du pouvoir, où il y a de l'argent, où il y a du business, il peut y avoir une dimension politique, qui, moi, me plaisait moins.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as une anecdote marrante à nous raconter sur Marseille ?

  • Speaker #2

    Ah bah non, je ne peux pas, c'est trop dangereux. On ne sait jamais.

  • Speaker #1

    Si les Marseillais nous les comptent.

  • Speaker #2

    Non, j'ai gardé plein d'amis à Marseille quand même. Il y a des gens absolument formidables. Des anecdotes, j'en aurais plein, surtout avec les syndicats, parce que très régulièrement, évidemment, c'était normal, les syndicats venaient manifester devant le MEDEF, et donc régulièrement, les RG m'appelaient en disant Madame Ghesque, fermez tout, ils arrivent ! Et donc on s'enfermait, en fait, et puis les renseignements généraux de Marseille, en fait, et donc effectivement, on voyait arriver les CRS et puis les... les manifestants, etc. Et donc, il fallait recevoir une délégation. Et c'est vrai que c'était assez amusant parce qu'il y a toujours un peu de comédia dell'arte dans ces revendications syndicales. Et c'est normal. Et donc, ils étaient dehors et ils haranguaient la foule en expliquant qu'ils allaient expliquer à ces vilains patrons, etc. Et puis, moi, après, je les recevais et je leur offrais un petit café. parce que moi je leur disais je vous comprends, on va boire un café ensemble et puis on va discuter et puis tout se passait très très bien quand on était entre quatre murs donc c'était assez amusant de voir un petit peu ce... ce théâtre aussi de la politique, finalement, que je n'avais jamais, jamais côtoyé avant.

  • Speaker #1

    Et donc, Frédéric, c'est la première expérience d'intérêt général et au contact des entrepreneurs. Et il se trouve, du coup, qu'en 2014, tu vas rejoindre le réseau Entreprendre en tant que directrice générale de la fédération. Est-ce que tu peux nous en parler un peu plus ?

  • Speaker #0

    C'est l'heure de remercier notre partenaire Oslo, sans qui ce podcast ne serait pas possible malheureusement. Oslo, c'est un cabinet d'avocats à taille humaine, dirigé par Edouard Wells et Marion Fabre, que je connais personnellement depuis plus de 10 ans. Il est composé d'une équipe, l'idée par Edouard et Marion, qui est issue de cabinets d'affaires de premier plan. Mais surtout, au-delà de la qualité de leurs prestations juridiques, ce que j'aime chez Oslo, c'est leur engagement pour un droit un peu différent. Sur leur description, ils mettent Nous accordons une importance particulière aux qualités humaines et relationnelles, tout particulièrement au respect, à la simplicité, à l'humilité et à l'élégance. Ça pourrait paraître bullshit comme ça, mais pour bien les connaître, il faut vous assurer que ça se ressent vraiment. Et pour preuve, ils ont accepté de sponsoriser ce podcast dès sa création. Ils offrent une heure de conseils juridiques avec le code LESSAGE et je mettrai leurs coordonnées dans la description du podcast. Allez, on y retourne.

  • Speaker #2

    Oui, formidable opportunité. Je suis recrutée par le président de l'époque, David Pouyane, et plusieurs membres du bureau, dont le futur président Gérard Leceur, avec qui j'ai travaillé avec un bonheur immense pendant plusieurs années. Ça a été une rencontre humaine incroyable. Je dis souvent que je ne crois pas au hasard et qu'il y a des synchronicités dans la vie qui font qu'on est au bon endroit au bon moment. Et en fait, quand je les ai rencontrés, je crois qu'ils avaient reçu 800, 900 candidatures. Encore une fois, improbable. qu'on puisse me proposer ce poste. Et ça s'est fait. Voilà, on sait vraiment. Moi, j'ai été complètement séduite par les valeurs, l'engagement. Il y avait un grand monsieur qui s'appelle Cyril Maury, extraordinaire aussi. Vraiment des engagés incroyables. Et en fait, Réseau Entreprendre, pour moi, c'était formidable parce que c'était tout ce que j'avais envie de faire en termes d'engagement sans la dimension politicienne, parce que ce n'est pas un syndicat patronal, c'est un réseau associatif de chefs d'entreprise. et on accompagnait les entrepreneurs vers la réussite. Donc pour moi, c'était juste le rêve, puisque je continuais à m'engager au service et aux côtés des entrepreneurs et des chefs d'entreprise pour le développement économique des territoires, pour le développement de l'emploi, et sans avoir cette dimension du pouvoir qui m'allait moins au teint, on va dire, au MEDEF.

  • Speaker #1

    Et pour revenir sur un point que tu as dit, il y avait à peu près 800 candidatures, ce qui me paraît assez logique pour une...

  • Speaker #2

    Je ne sais plus combien, mais je me souviens qu'ils avaient eu beaucoup de candidats.

  • Speaker #1

    Pour une telle institution. Et toi, Frédéric, tu avais postulé ou ils sont venus te chercher ?

  • Speaker #2

    Oui, alors je ne sais plus. Écoute, alors là, tu vas me poser la colle. Non, je crois que j'avais postulé parce que je connaissais la consultante qui s'occupait du recrutement. Et comme à l'UPE 13, quand même, je me disais que je ne pourrais pas tenir pendant dix ans sur ce type de poste. Les enfants, encore une fois, n'étaient pas très bien sur Marseille. et donc j'avais dû envoyer un CV comme ça parce que je venais à Paris régulièrement, je venais au conseil exécutif du MEDEF, non à l'Assemblée permanente du MEDEF régulièrement et voilà, en fait je suis allée voir en fait on avait monté un partenariat avec Réseau Entreprendre sur Marseille, avec l'association marseillaise donc je connaissais l'association mais je ne connaissais pas la taille du réseau en fait, je l'ai découvert par ce poste.

  • Speaker #1

    Donc Frédéric t'arrives en tant que directrice générale de la Fédération Réseau Entreprendre tu nous as parlé d'une belle rencontre et aussi de 800 ou beaucoup de candidatures pourquoi à ton avis t'en recruter toi plutôt qu'une autre personne ?

  • Speaker #2

    Déjà, il faudrait peut-être leur poser les questions à eux, en tout cas à ceux qui m'ont recrutée à l'époque. J'en sais rien, j'ai eu beaucoup de chance déjà, parce que j'imagine qu'il y avait énormément de candidats d'excès de très belles valeurs et qui auraient fait au moins aussi bien, voire peut-être très certainement mieux que moi. Je dis souvent que dans la vie, il n'y a pas de hasard, il y a des synchronicités et ce qui est intéressant, enfin ce qui est important, c'est d'être au bon moment, à la bonne place, avec les bonnes personnes. et d'ailleurs ce qui est vrai à un moment T n'est peut-être plus vrai quelques années après ça dépend, les choses bouchent, sont en mouvement, en tout cas à ce moment-là, clairement c'était le bon moment, j'étais à ma juste place et avec les bonnes personnes

  • Speaker #1

    Ok, c'est super intéressant ça veut dire que du coup des fois même si on fait nos meilleurs efforts parfois ça ne marche pas Ah oui,

  • Speaker #2

    ça c'est clair, et parfois tout se fait facilement on se dit c'est dingue, ça a fonctionné. Je pense que c'est parce que ça devait fonctionner comme ça.

  • Speaker #1

    Ok. Et donc, tu arrives sur ce nouveau poste. C'est quoi ton métier du coup, concrètement, en tant que directrice générale de la Fédération Résonante ?

  • Speaker #2

    En fait, la Fédération Résonante, c'est un réseau avec plein d'implantations dans les territoires et le rôle de la Fédération était, et toujours aujourd'hui, avec mon successeur... à plusieurs dimensions. C'est-à-dire qu'on s'occupait de concevoir les référentiels d'accompagnement, les parcours d'accompagnement. Et là, on a fait avec l'équipe, avec Gérard Le Seur, le président du conseil d'administration, un travail de fou, puisqu'à l'époque, on est vraiment passé de l'accompagnement à la création d'entreprises, à l'accompagnement à la croissance des entreprises. On a créé tous les parcours, boost, booster, ambition, donc structuration de la croissance des boîtes, du projet stratégique, structuration de la gouvernance, etc. On a créé le programme WOM Energy aussi avec l'équipe pour booster l'entrepreneuriat au féminin et on a créé, notamment avec une de mes collaboratrices, Noémie, juste avant de quitter Réseau Entreprendre, on l'a lancé en 2018. Fin 2018, le programme Impact, le parcours Impact positif qui aujourd'hui, de ce que je peux en voir de l'extérieur, est un parcours qui est très développé dans les associations, donc ça c'est une grande fierté. Donc ça, c'était le premier volet d'activité. Le deuxième volet d'activité de la Fédération, évidemment, c'est tout ce qui tourne autour du lobbying, du plaidoyer, des grands partenaires nationaux, des relations avec les grandes banques, BPI France, etc. Donc tout ce qui permet, en fait, qui articule la machine réseau entreprendre, qui permet à toutes les associations de fonctionner. Et puis un troisième volet, évidemment, d'activité, qui est autour de l'animation du réseau. C'est un réseau associatif. composé d'associations autonomes. Et donc, toutes ces associations, notre objectif, c'était de leur donner envie de travailler ensemble, de leur apporter des outils, de leur faciliter la tâche quotidienne dans les territoires. On a beaucoup porté aussi, et j'en suis assez fière avec Gérard Leceur, la dimension internationale du réseau, puisqu'on avait porté la fusion de la Fédération Réseau Entreprendre et de la Fédération Internationale, puisque le réseau avait été fait avec deux organisations, un réseau français et une déclinaison à l'international. Et on a réuni en une seule fédération internationale les 125 à l'époque implantations du réseau dans dix pays. Et ça, c'était formidable aussi de pouvoir intégrer vraiment toute la communauté des chefs d'entreprise français et étrangers, se regroupant, se rassemblant autour des valeurs du réseau en une seule fédération.

  • Speaker #0

    Ok, et pour revenir du coup sur une des parties de ton métier, tu parlais justement que tu avais fait évoluer les programmes chez Réseau Entreprendre avec un focus du coup sur l'entrepreneur féminin et aussi l'impact. On était en 2014, c'était déjà assez pris.

  • Speaker #1

    Alors l'impact, ce n'était pas en 2014. On a lancé WomEnergy en 2016. Il y avait déjà des choses pour les femmes, mais ce n'était pas très structuré. Et je me souviens qu'on s'était vraiment rendu compte que les projets présentés par les potentiels lauréats du réseau, lauréates du réseau, étaient toujours plus modestes, moins ambitieux, avec moins d'audace que les projets des hommes. Et donc, on s'était dit, il faut... quelque part, sans vouloir fermer, parce que moi j'ai horreur des trucs fermés, j'aime bien la mixité, mais c'était comment on peut faire pour quand même revaloriser ces projets de femmes pour qu'on ait davantage de femmes parmi les lauréates du réseau. Et le projet le parcours WOMENERGY était vraiment pour que les associations puissent vraiment faire des focus sur les projets présentés par les femmes, pour davantage les sélectionner comme lauréates, et qu'on puisse vraiment accompagner les femmes de façon un peu plus spécifique. Et l'impact, c'est arrivé, on a travaillé dessus en 2017-2018, c'était au moment de la préparation de la loi Pacte. Donc ça a commencé, on commençait à en parler. Moi, j'ai écrit un guide, mon premier bouquin qui a été publié chez Diaténo à l'époque, qui s'appelle Le guide du dirigeant responsable qui était vraiment sur ce sujet. Comment, en tant que chef d'entreprise, dirigeant, je vais pouvoir concilier la performance économique et une volonté d'impact positif. Et donc, on avait vraiment lancé ce projet en se disant qu'il fallait que dans tous les dossiers de tous les entrepreneurs qui se présentaient chez Réseau Entreprendre, des indicateurs, des critères d'impact positif soient pris en compte, pas seulement pour des boîtes de l'ESS. ne pas toujours dire l'impact, c'est que pour l'économie sociale et solidaire, mais de dire, nous, on fait dans toutes les entreprises. Et c'est vrai que la COVID, la loi Pacte, suivie de la pandémie, ont vraiment accéléré ce mouvement. Et aujourd'hui, ça paraît presque naturel, alors qu'en fait, ce n'était pas il y a si longtemps que ça, finalement, c'était seulement en 2018, 2019. Et c'est vrai qu'aujourd'hui, on ne parle que d'impact positif, mais finalement, ça s'est fait très, très rapidement.

  • Speaker #0

    Je comprends complètement ta réflexion, parce que... En fait, pour moi, aujourd'hui, n'importe quelle entreprise qui se crée, ça va être dans son ADN d'avoir du sens. Et c'est ce que je racontais à un autre sage, c'est que malheureusement, si les entreprises qui se créent, et donc celles potentiellement créées en entreprenant la compagne, n'ont pas cet ADN, déjà qu'on a du mal avec des entreprises qui sont plus structurées et assez logiques parce qu'elles ont une ancienneté. Si les nouvelles, elles n'ont pas cet ADN, on ne va pas s'en sortir.

  • Speaker #1

    C'est certain. Mais ce n'est pas si simple en réalité. Parce que quand on est dans un écosystème, moi je vois aujourd'hui, évidemment je suis dans l'écosystème, je viens de publier un bouquin qui s'appelle Devenir une entreprise à impact Donc je suis complètement là-dedans. Donc j'ai toujours l'impression que tous les dirigeants, toutes les boîtes ont compris, travaillent sur leur performance globale, etc. Et en fait, régulièrement, j'accompagne des dirigeants, des chefs d'entreprise et je me rends compte qu'en fait, pas du tout. En fait, il y a encore plein de chefs d'entreprise qui ne comprennent pas l'intérêt du truc, qui me disent attends, c'est encore une contrainte de plus, c'est déjà compliqué d'entreprendre, on doit déjà s'occuper de la trésor, on doit déjà s'occuper du management, et tu nous dis qu'en plus il faut faire de la RSE Et en fait, malheureusement, il y a encore beaucoup, beaucoup de sensibilisation à porter. C'est vraiment quelque chose qu'il faut continuer à porter, parce que les entreprises à impact, aujourd'hui, ce n'est pas la majorité des entreprises. Et même si, oui, il y a un mouvement… C'est sûr que quand on fréquente le CJD, on est toujours avec des gens qui sont très engagés. Donc, on a l'impression finalement que ça y est, le virage a été pris. En réalité, quand on prend le nombre d'entreprises en France, on se rend compte qu'il y a encore beaucoup, beaucoup, beaucoup de gens à convaincre.

  • Speaker #0

    Frédéric, je rebondis sur tes propos. Je comprends tout à fait qu'aujourd'hui, c'est hyper important, en effet, que les entreprises aient de l'impact. Mais en même temps, je comprends ces entrepreneurs qui disent, surtout dans le contexte dans lequel on est en ce moment, on a déjà beaucoup trop de choses à faire. Et comment on peut les inciter ? Il y a évidemment une prise de conscience en amont, mais après, est-ce qu'il y a des outils ? ou des choses qui font que, vraiment, tu as vu que les entrepreneurs ou les entreprises prenaient en compte l'impact ?

  • Speaker #1

    Déjà, ce qui est important, c'est de leur démontrer l'intérêt, les bénéfices qu'ils vont tirer, en fait, de cette démarche, et qu'ils puissent comprendre aussi qu'en fait, ça ne va pas se faire au détriment de la performance économique de l'entreprise, qu'au contraire, ça va... développer la performance économique, et il y a des études qui l'ont démontré, à moyen terme, en fait, on récupère bien sûr de la performance et de la croissance. On sait très bien aussi qu'il y a un sujet autour de la marque employeur, autour de l'attractivité d'entreprise pour attirer et fidéliser les salariés, les talents dont on a besoin. Il y a des bénéfices... aussi du point de vue de l'innovation. En fait, déjà, c'est bien démontré que ce n'est pas une charge en plus, mais qu'au contraire, ça va être un levier de croissance et un levier de performance globale. Ça, c'est déjà très important. Et ensuite, c'est un petit peu... C'était l'idée d'ailleurs de mon livre qui vient de sortir chez Erol, Devenir une entreprise à impact C'était de donner finalement des conseils très simples pour montrer aux dirigeants et notamment aux chefs d'entreprise de TPE, de PME, que ce n'est pas réservé aux grandes entreprises, qu'il n'y a pas besoin d'avoir des très gros budgets pour faire des choses, qu'il n'y a pas besoin d'adresser tous les enjeux en même temps, de toute façon, surtout pas d'ailleurs, et qu'en plus, ils en font déjà de la RSE. Et donc, le chemin vers l'impact, c'est un chemin à prendre. Ce n'est pas une fin en soi. Ça permet d'avoir une culture d'amélioration continue. Ça permet progressivement d'adresser des enjeux qui aussi humainement vont leur parler, qui vont avoir envie d'incarner. par rapport au développement dans leur territoire, etc. Ce n'est pas forcément que sur l'environnement. Tout le volet social, on en parlait peu, on commence à en parler, c'est bien. Donc, il y a tout ça. Et puis après, il y a aussi une manière de convaincre qui est beaucoup moins agréable, mais enfin qui peut être aussi intéressante, qui est de sensibiliser au fait qu'il va y avoir de plus en plus de contraintes. Et qu'effectivement, toute la réglementation OPN, la CSRD, etc., tout ce qui arrive pour les grandes entreprises, on commence à descendre en taille d'entreprise. Et donc, de plus en plus, en fait, les entreprises vont avoir des obligations réglementaires, légales. Et même pour les TPE, PME, quand on est sous-traitant des grandes entreprises, par exemple, aujourd'hui, répondre à un appel d'offres, ça devient très compliqué si on n'a rien à dire sur le volet de la RSE et de l'impact. Donc, en plus, si on veut continuer à se développer économiquement, en fait, et avec nos clients, grandes entreprises, par exemple, on a besoin aussi d'y aller.

  • Speaker #0

    Ok, donc un levier économique, finalement aussi des contraintes qui vont arriver et qui sont... positif pour l'économie. Et tu as parlé aussi de marque employeur, et moi ça me fait penser, finalement, est-ce que les entreprises ont le choix ? Parce que la réalité, c'est que la génération qui arrive, on la voit être très engagée sur les sujets de planète, d'impact, etc. Et c'est les personnes qui vont être clientes demain, et c'est les personnes qui vont travailler dans ces entreprises. Donc est-ce que elles ont vraiment le choix en fait ?

  • Speaker #1

    Alors, évidemment, moi, j'ai envie de dire qu'elles n'ont pas le choix, puisque je suis une fervente engagée sur ces sujets-là. En tout cas, je crois que c'est Jean Stone, en préface d'un de mes bouquins, qui avait dit que certaines entreprises sont déjà mortes. La seule chose, c'est qu'elles ne le savent pas encore. Donc, effectivement, je pense que même s'il y a de l'inertie, il va y avoir un moment où, à qualité de service, de produits égales, les consommateurs, les clients, les salariés, tout le monde ira plutôt vers l'entreprise. qui aura développé, qui aura travaillé sur la réduction de ces externalités négatives et si possible sur la génération d'externalités positives, bien sûr. Donc, oui, on peut dire qu'elles n'ont pas le choix. Après, dire que c'est la jeune génération, alors je mets un petit bémol quand même, parce qu'en réalité, ce n'est pas tout à fait vrai. Ça, c'est mon combat pour sortir des cases générationnelles. Un, on se rend compte quand même que cette dimension environnementale et sociale, du sens de l'engagement, est quand même très intergénérationnelle. On le voit aussi, par exemple, chez les seniors, qui se posent beaucoup de questions aussi. Donc, ce n'est pas réservé aux jeunes, c'est sûr. Et puis, chez les jeunes, en fait, il y a beaucoup de diversité. Ce qui est ennuyeux pour les entreprises, c'est que les jeunes les plus engagés, ou en tout cas qui sont les plus exigeants aujourd'hui sur ces sujets-là, eh bien, ce sont les jeunes diplômés. Ce sont les 15% de jeunes, entre guillemets, les plus favorisés, qui ont le choix. du métier, de l'entreprise, qui sortent des grandes écoles de commerce, des grandes écoles d'ingénieurs, mais qui sont quand même normalement les futurs cadres, les futurs dirigeants de toutes ces entreprises. Et c'est là où ça pose souci. Malheureusement, pour d'autres catégories de jeunes, le sujet est quand même pour l'instant d'avoir un CDI et de pouvoir gagner son salaire à la fin du mois. Tous les jeunes ne sont pas orientés sur la sauvegarde de la planète. En revanche, oui, les jeunes diplômés, évidemment, et on l'a vu ces dernières années avec toutes les cérémonies de remise de diplôme des écoles d'ingénieurs et de commerçants, où systématiquement, il y en a toujours trois qui prennent la parole pour expliquer aux entreprises qu'ils n'ont rien compris. Donc oui, c'est bien parce que ça pousse aussi notamment la grande entreprise qui a besoin de ces diplômés, qui a l'habitude de recruter des viviers de futurs managers et dirigeants dans les rangs de ces grandes écoles. Bon, ça les pousse quand même à se remettre en question sur un certain nombre de sujets.

  • Speaker #0

    Ok, écoute c'est super intéressant merci Chédric, tout à l'heure tu as prononcé un mot de lobbyisme donc c'était une partie de ton métier souvent on peut croire que c'est un gros mot c'est quoi le lobbyisme ?

  • Speaker #1

    Alors moi je ne suis pas une experte du lobbying il y a d'ailleurs même des pratiques du lobbying parfois qui me heurtent un peu, je dois bien l'avouer moi je préfère parler de plaidoyer parce que je viens des ONG, je viens de l'intérêt général, donc du bien commun. Et le plaidoyer, c'est comment on va porter auprès des décideurs politiques, ceux qui ont la main sur les décisions, sur le pouvoir, comment on va porter des causes qui nous semblent justes. Tu vois, un exemple, à la Ligue contre le cancer avec Axel Kahn, on s'est beaucoup levé contre l'utilisation des nitrites dans la charcuterie et dans le jambon. Voilà, ça paraît bête, mais les nitrites sont un facteur de risque de cancer énorme et ça fait des années que tout le monde le sait. Et évidemment, il n'y a pas un charcutier qui voulait faire l'effort d'enlever le nitrite de sa charcuterie. Bon, ça pour moi, tu vois, c'est ça le lobbying, en tout cas tel que moi je le conçois, c'est aller porter des sujets majeurs. d'utilité publique, d'intérêt général, au service du bien commun, auprès des décideurs, pour qu'ils prennent leurs responsabilités et qu'ils puissent soutenir ces sujets-là. Le lobbying, ce n'est pas toujours ça. Si tu regardes le lobbying de l'industrie du tabac, je prends ces sujets-là parce que c'est les sujets que j'ai portés à la Ligue contre le cancer. Par exemple, le dry january, Emmanuel Macron s'était dans ses promesses de campagne de soutenir le dry january. En fait, le lobbying du vin a réussi à bloquer l'intervention de l'État sur ce sujet. C'est un exemple. là en fait c'est un lobbying au service d'intérêts privés c'est un petit peu différent de la manière dont moi j'envisage ce mot en tout cas ce type d'action mais c'est personnel évidemment ça n'engage que moi

  • Speaker #0

    donc Frédéric quand t'es à la frédération réseau entreprendre moi c'est là où je commence à entreprendre j'ai 19-20 ans et je sais pas si t'en souviens et je t'en voudrais pas si tu t'en souviens pas parce qu'il y a toutes tes expériences et tous les gens que tu as rencontrés mais moi j'étais en bas et toi t'étais en haut

  • Speaker #1

    Oui, je me souviens parce qu'en fait, à l'époque, on avait encore le siège social dans le nord, sur le campus de l'EDEC, à Roubaix. Et donc, on avait des bureaux qui étaient à l'étage de l'incubateur. Donc, toi, tu étais incubé et moi, j'étais au premier étage. Et effectivement, comme j'avais une partie de l'équipe à Paris, une partie à Roubaix, je venais passer deux jours par semaine sur le campus de l'EDEC avec l'équipe. Je dormais dans le petit hôtel du campus de l'EDEC, là, qui était fait pour les professeurs. accès à une piscine et à un jacuzzi. Je me souviens, le soir, je croisais les professeurs de l'EDEC au jacuzzi. Et donc, effectivement, on s'était croisés pour la première fois là. Mais moi, je me souviens surtout aussi de tout ce que tu as construit avec le label Jeunes Entrepreneurs de France. Je revois des événements où j'étais intervenue. Je me souviens surtout de ça, en fait.

  • Speaker #0

    Oui, j'étais beaucoup inspiré par la FIER, son réseau d'entreprendre. C'est pour ça que j'étais... J'avais gravi les escaliers pour venir te voir. Et je me souviens aussi, d'ailleurs, c'est le campus où j'ai fait mes études. Et donc, je me souviens de la résidence où tu as dû loger. Par contre, je ne me souviens pas du jacuzzi.

  • Speaker #1

    Il était réservé aux résidents professeurs.

  • Speaker #0

    Sûrement. Frédéric, s'il te plaît, on va passer à ta prochaine expérience. Donc, Réseau Entreprendre de 2014 jusqu'à quelle année ?

  • Speaker #1

    2019.

  • Speaker #0

    donc 5 ans et puis après tu veux changer de poste ou comment ça se passe ?

  • Speaker #1

    et après en fait, alors c'était mon 3ème président Olivier avec qui je m'entendais très très bien mais c'est vrai que le temps passe et ma soeur est diagnostiquée d'un cancer d'un sale cancer au mois de juillet 2019, et c'était un peu compliqué chez Réseau Entreprendre à ce moment-là, comme on disait tout à l'heure, parfois tu es à la bonne place au bon moment avec les bonnes personnes, et puis ça change, parfois tu te sens moins peut-être à ta juste place. Et à ce moment-là, Axel Kahn prend la présidence de la Ligue contre le cancer et cherche son DG. Et il me recrute. et donc je quitterai ce entreprendre pour rejoindre cette grande ONG qui est la Ligue Nationale contre le Cancer aux côtés du professeur Axel Kahn un grand monsieur pour l'accompagner dans un projet de transformation de l'association et

  • Speaker #0

    est-ce que tu peux nous on est fin 2019 est-ce que tu peux nous raconter cette rencontre avec Axel Kahn

  • Speaker #1

    j'imagine qui est assez particulière au regard du coup de ton contexte familial bah oui alors en fait alors oui parce que c'était compliqué parce que il y a toujours une petite partie de nous qui se dit bah tiens peut-être si je vais là je vais sauver ma soeur alors je savais que non je savais que ça n'avait rien à voir et que c'est pas parce que j'avais travaillé contre le cancer que tout d'un coup la maladie de ma soeur allait disparaître ou que j'allais trouver des solutions Mais il y a quand même un peu de ça, inconsciemment, où on se dit que c'est bizarre quand même, juste au moment où il nous arrive ça. Je n'ai jamais été confrontée à la maladie avant et au moment où ça arrive, il y a ce poste. Axel Kahn me reçoit parce que je suis sélectionnée, Axel Kahn me reçoit. Axel Kahn était quelqu'un de très rigoureux, très sérieux. Il faisait lui-même les entretiens. La DRH avait présélectionné des candidatures, etc., des dossiers. Mais c'est lui qui faisait les entretiens. Il reçoit 20, 25, 30 personnes. Et paf, ça fitte. Ça fitte et il me propose du job. Et c'est une incroyable rencontre humaine. Axel Kahn, je dis toujours, c'était un monsieur extra-ordinaire. C'était quelqu'un d'assez incroyable. une diva, un personnage, une personnalité très forte et en même temps d'une humanité absolument incroyable. Et on se rencontre en fait. et il me dit, Frédéric, si vous venez avec moi, on va transformer, on va faire ça, on va faire ça. Et ça me donne envie, en fait, et je me dis que tout ce que j'ai appris avant, ça peut me servir, en fait, dans ce nouvel environnement que sont les ONG, que je ne connaissais pas en réalité, parce que Réseau Entreprendre est associatif, mais ça reste quand même un réseau de chefs d'entreprise. Là, j'entre vraiment dans l'écosystème des grosses associations, donc c'est encore un petit peu différent. Et donc, oui, une rencontre. Il me propose, voilà, je suis en finale. Il prend une deuxième candidate. Son choix a été fait parce que c'était quelqu'un qui était un vrai décideur. Et donc, il m'a présenté au bureau. C'est les membres du bureau, évidemment, qui ont finalisé l'accord. Mais globalement, tous les deux, on avait vraiment envie de travailler ensemble. Et vraiment, et d'ailleurs, il n'a vraiment pas... Il n'a pas du tout... traiter attention d'ailleurs, par exemple, à des sujets de fragilité, parce que je me souviens que je m'étais cassée la maléole à l'époque, je venais de me casser la cheville, et je suis quand même allée aux entretiens avec une énorme botte de marche et deux béquilles, j'étais quand même pas en très bon état, et alors ça ne l'a pas dérangé du tout, c'était vraiment une très très belle rencontre, et au-delà de cette histoire personnelle, de ce lien un peu intime avec cette sale maladie, Il y a eu vraiment la rencontre humaine. Moi, j'étais une lectrice aussi d'Axel Kahn. Je lisais ses livres. C'était un grand marcheur. Il écrivait des livres très beaux sur la France, sur les territoires. Et c'est vrai que la rencontre aussi était une rencontre humaine.

  • Speaker #0

    Ok. Donc forcément, de cette rencontre, il va naître, j'imagine, beaucoup d'énergie pour prendre la direction générale. en binôme avec Excelcan. Alors, comment ça se passe déjà, une direction en binôme ? Donc, lui, c'est ton président, toi, tu es la direction générale.

  • Speaker #1

    Oui, alors c'est comme Réseau Entreprendre, en fait, ou comme Omedef, c'est-à-dire que la direction générale pilote la boutique, on est salarié. Je suis dirigeante salariée, je suis responsable du management, des équipes. Je fais tourner la boutique et le président, lui, il est président bénévole, il est président du conseil d'administration et il est en charge de porter la vision politique et stratégique de l'association. Et donc, le binôme est très, très important. D'ailleurs, aujourd'hui, j'accomplis souvent des binômes présidents DG de réseaux associatifs parce qu'il y a une alchimie qui doit vraiment être présente. Si le binôme ne fonctionne pas, l'association peut avoir des grosses difficultés. et donc on avait vraiment articulé nos missions chacun et on échangeait beaucoup évidemment et on essayait de ne pas trop empiéter l'un l'autre sur la mission de l'autre ou en tout cas de le faire en concertation et c'était très intéressant

  • Speaker #0

    Ok, sur cette grande boutique qui est la Ligue Nationale contre le Cancer, est-ce que tu peux nous en dire un peu plus ?

  • Speaker #1

    Oui, la Ligue Nationale contre le Cancer, alors c'est une très très belle association puisque c'est à peu près globalement de tête autour de 650 700 salariés, 12 000 bénévoles, un budget d'environ 110 millions d'euros par an, exclusivement issu de la générosité du public, moi ça, ça m'a beaucoup impressionné. pas de subvention, très très peu de subvention de l'État, une association totalement indépendante, et ça c'est une grande force, c'était une grande force avec un président militant comme Axel Kahn, et donc l'argent arrivait par les dons du public et par les legs, en fait. Voilà, et donc une association qui a plusieurs missions sociales, le financement de la recherche, donc c'est le premier financeur de la recherche privée contre le cancer. mais aussi l'accompagnement des personnes malades dans les territoires. Il y a des comités, la Ligue contre le cancer, c'est surtout dans les comités départementaux qu'elle vit, avec des gens hyper engagés qui accompagnent les personnes malades, qui proposent des soins gratuits, etc. Il y avait aussi tout ce qui était sensibilisation aux facteurs de risque dans les écoles, notamment le tabac, l'alcool, la malbouffe, le manque d'activité physique. Tout ça, ce sont des facteurs de risque de tabac. On sait que 40% des cancers pourraient être évités. si on éliminait ces facteurs de risque. Donc, on travaillait beaucoup là-dessus. Et puis, il y avait la quatrième mission, c'était le plaidoyer. C'était vraiment, effectivement, aller porter des sujets auprès des décideurs politiques et auprès du gouvernement pour faire bouger les lignes au bénéfice des patients, au bénéfice des personnes malades du cancer.

  • Speaker #0

    Tu es une personne engagée, Frédéric. On sent que... Alors, j'imagine que déjà chez Réseau Entreprendre, tu étais hyper engagé. Là, la Ligue Nationale contre le Cancer, avec l'histoire que tu nous as racontée aussi sur ta famille, j'imagine que c'est un poste encore plus... encore plus... encore plus... tu l'as au trip.

  • Speaker #1

    C'est vrai que c'est des organisations qui ne sont pas faciles, parce qu'on donne beaucoup de soi. C'est peut-être un peu plus compliqué qu'en entreprise de ce point de vue-là, parce que c'est difficile de ne pas y mettre de soi à titre personnel dans ce genre de job. Il y a des gens qui arrivent à le faire, qui viennent, ils font leur job de DG ou n'importe quel type de poste d'ailleurs, et puis ils rentrent chez eux, puis c'est fini. Moi, j'ai toujours eu du mal de faire ça, même quand j'étais en entreprise privée. Donc finalement, oui, l'engagement est fort. C'est plus difficile, oui, la ligue contre le cancer, moi j'ai trouvé ça beaucoup plus difficile, mais pour plein de raisons. D'abord parce que je vivais en même temps le parcours de ma sœur. Et donc c'est vrai que quand on le vit aussi, je ne sais pas dans ma chair, mais dans la chair de ma sœur, c'est difficile. Parce qu'on est sur des sujets difficiles, tout simplement. Tous les jours, on parle de personnes malades. C'est lourd, la charge mentale est quand même lourde. C'est une association qui n'est pas facile non plus, parce que ces grandes associations sont très complexes. Les conseils d'administration, la politique, les pressions, le ministère, le machin, etc. Il y a quand même beaucoup de parties prenantes, et donc c'est assez compliqué aussi. Oui, ça nécessite certainement de l'engagement, puis il faut y croire. Quand on n'y croit plus, tu ne peux pas trop y rester. Il faut une raison ou une autre. Si tu n'y crois plus, ou si tu es usé, je pense qu'il faut aussi c'est des postes où tu ne peux pas... J'ai du mal à imaginer, par exemple, je ne pourrais pas rester 25 ans dans ce type de poste. je pense qu'à titre humain, personnel, c'est quand même un petit peu utilisant.

  • Speaker #0

    En termes de charge mentale, de travail, etc. Et donc,

  • Speaker #1

    c'était moins gai quand même que Réseau Entreprendre. On faisait soirée des lauréats, je montais sur scène, je disais aux lauréats Vous êtes formidables, vous les entrepreneurs, vous êtes géniaux, continuez comme ça, puis après vous viendrez rendre à Réseau Entreprendre ce qu'on vous a donné. C'était formidable. Quand tu es à la ligue contre le cancer, tu portes la maladie, tu portes l'espoir, malheureusement encore trop souvent déçu, tu portes des chercheurs qui se battent. C'est un combat qui est quand même plus difficile, moins optimiste qu'on ne peut l'être quand on est avec des entrepreneurs qui croient à leur projet. C'est vraiment différent.

  • Speaker #0

    Et puis, avec le professeur Kahn, vous êtes en binôme, et à un moment, le professeur Kahn tombe malade.

  • Speaker #1

    Oui, c'était la loi des séries. Lui aussi, il a été attrapé par le cancer. Pourtant, il était sportif, il mangeait super bien. Pour le coup, il n'y avait pas les facteurs de risque. Oui, au début, ça n'a pas été... rendu public tout de suite. Ça s'est très bien passé au début. Il avait un traitement, ça se passait bien. On a cru qu'il aurait plusieurs années de vie devant lui. Il a cru et moi aussi, du coup. Donc, on était prêts. On continuait. Il a continué à se battre, sauf qu'à un moment, ça a rechuté. Et puis, un matin, il est venu me voir en me disant Je vais faire une IRM, j'ai mal, ça ne va pas. Et puis, il est revenu en me disant Il me reste deux mois, qu'est-ce qu'on fait ? Et donc, effectivement, il y a eu cet accompagnement. qui a été difficile parce qu'on était en 2021 et en fait, j'ai eu ma petite sœur qui est partie en février, ma maman deux mois après et juste à ce moment-là, Axelle qui rechutait et qui restait deux mois. Donc, le premier semestre 2021, oui, ça a été, je m'en souviendrai longtemps.

  • Speaker #0

    Si ce n'est pas trop indiscret, qu'est-ce qui t'a permis de tenir ? Parce que comme tu dis, c'est la loi des séries. Alors, il y a des lois des séries heureuses, comme tu disais, et des fois, il y a des lois des séries malheureuses.

  • Speaker #1

    Je crois que de toute façon, on est humain, on fait comme on peut. En tout cas, sur ce premier semestre, ce fameux premier semestre un peu noir, parce qu'en plus, j'avais été très épargnée avant, je n'avais pas été vraiment confrontée à la mort, etc. Donc, on est confronté aussi à sa propre finitude. Ça fait prendre conscience de beaucoup de choses, ces phases de vie, ces périodes de vie. Certainement beaucoup d'auditeurs ont vécu ou vivent, malheureusement ça fait partie de la vie. En fait je n'avais pas trop le choix à l'époque parce que ça s'enchaînait. Parce qu'en fait, je ne veux pas rentrer dans les détails pour ma petite sœur, parce que c'est privé, mais ça a été très, très difficile la fin. Et le jour même où elle est partie, le soir, mon papa, à 1000 kilomètres de Paris, qui m'appelle en me disant maman est hospitalisée etc. Et tac, il fallait que je m'occupe de mon papa, de ma maman. Et donc, il fallait à chaque fois s'occuper de l'autre, en fait. Et Axel Kahn, en plus, a vraiment souhaité médiatiser sa fin de vie. Il avait son blog, il faisait des interventions médiatiques, mais jusqu'à 8-10 jours avant son départ. Et donc, je me souviens que tous les matins, il m'appelait en me disant Frédéric, comment vous trouvez mon article sur le blog ? C'est comment Frédéric ? Ça te va ? C'est bien ? Il fallait que je lise les articles du blog où il parlait de la mort, alors que moi, je n'avais pas du tout digéré la mort de ma mère et de ma sœur. Donc, c'était assez violent. Et en fait, tu me dis comment tu l'as supporté. Je pense que je ne l'ai pas supporté. Et d'ailleurs, juste après son décès, j'ai fait une capsulite. J'ai eu l'épaule bloquée pendant six mois. Ça a été l'enfer. J'ai souffert. Donc, je pense que le corps a ressorti un peu tout ça après. Mais bon, quand on vit ces moments-là, on les vit. C'est tout. On n'a pas trop le choix.

  • Speaker #0

    On essaie de tracer. On fait quand on veut.

  • Speaker #1

    Oui. Par contre, ça m'a changé beaucoup ma vision de la vie. et ça a eu un impact sur la suite de mon parcours professionnel ça par contre oui tu peux nous en dire plus ? bah oui en fait ce qui s'est passé c'est que en fait j'ai accompagné le successeur d'Axel Kahn pendant quelques mois et en fait On n'avait pas, et c'est normal, la même façon de voir les choses. Il n'avait pas le même projet, ce qui est normal, mais moi, je portais le projet d'Axel Kahn. Et donc, très rapidement, finalement, je me suis dit que je n'allais pas continuer sur ce chemin-là. Et ça, je pense que ma sœur, notamment, me l'a soufflé, Axel Kahn aussi. Donc, il y a eu cette première coupure. Et ensuite, j'ai repris un poste, j'ai retrouvé un poste salarié. et je me suis sentie à l'étroit dans ce poste salarié pour plein de raisons, même si j'ai été extrêmement bien accueillie dans ce cabinet de conseil et que vraiment, c'était une très belle opportunité. Et en fait, quelques mois après, à la fin de l'année, j'ai décidé de quitter ce job salarié pour remonter ma propre activité. et ça je pense que je ne l'aurais jamais fait si je n'avais pas vécu le départ de ma petite soeur qui n'aurait pas dû partir aussi tôt et si je n'avais pas pris conscience aussi de la finitude et du fait que si je voulais faire vraiment ce qui me tenait à coeur complètement c'était maintenant il fallait que j'arrête d'attendre plus tard

  • Speaker #0

    toi c'est en ça que ça joue et ça c'est sûr ok avant de passer du coup sur l'expérience dont tu parles et la création du coup de ton entreprise Piscora juste pour finir sur Axel Kahn alors moi je t'en ai parlé ça fait partie des personnalités qui m'inspirent beaucoup oui il inspire il a inspiré beaucoup de monde tout à fait et dans des périodes aussi compliquées pour être très franc moi c'est quelqu'un qui m'a tenu donc évidemment c'est une personne qui m'intrigue et tu as eu la chance de le côtoyer comment ça se passe parce que tu racontes que en effet toi c'est un centurier mais malheureux au moment où lui a une période malheureuse toi si tu as une période malheureuse mais en même temps tu le soutiens comment ça se passe.

  • Speaker #1

    Oui, en fait, je pense qu'il y avait un vrai respect mutuel. Moi, j'avais beaucoup, beaucoup de respect pour ce grand homme. On avait une relation... qui n'était pas une relation d'amitié. C'était plus une relation un petit peu de respect, je dirais. Presque un papa et sa fille, plutôt. Presque dans la relation. Et puis surtout de respect professionnel aussi, mutuel. Moi, j'ai beaucoup apprécié sa manière de me faire confiance, de vraiment me confier les clés de la boutique. de me confier aussi des choses personnelles, etc. Et c'était important pour moi. Et donc, c'est vrai que quand il y a eu cette période très difficile, on s'est, j'espère, alors j'espère que je lui ai été un petit peu, un peu d'aide, un peu aussi d'aide de ma part. Mais en tout cas, lui, il m'a beaucoup soutenue aussi. On a beaucoup échangé sur la vie, sur la mort, sur l'euthanasie, sur la fin de vie, sur tous ces sujets que je n'avais jamais vraiment regardé en face et que j'étais obligée de regarder en face avec ce qui arrivait dans ma famille. Lui, c'était un scientifique, il était hyper cartésien. Je me suis toujours dit que c'était l'homme le plus spirituel que j'ai rencontré pour un athée, parce qu'il clamait haut et fort qu'il était athée. Et en fait, il avait une spiritualité énorme et un humanisme absolument incroyable. Et donc finalement, on a beaucoup échangé sur ces sujets-là ensemble. Et ça, c'est des cadeaux aussi qu'il m'a fait avant de partir. Et jusqu'au bout, à la fin, il se réveillait quelques heures par jour. Il était en hospitalisation à domicile. Et puis, on s'envoyait des SMS et je lui envoyais des photos de fleurs, de nature, parce qu'il aimait la nature. C'était vraiment essayer de soutenir un petit peu ce chemin de vie ensemble. Bon voilà, ce n'était pas facile de le voir partir. Parce qu'il avait vraiment tellement de force en lui, que c'était tellement étonnant qu'un type comme ça, finalement, se trouve terrassé par la maladie. C'est vraiment le pied de nez, d'ailleurs. le pied de nez, en fait, de la vie, qui te dit, qui te rappelle que t'es pas grand-chose, en fait, que t'es quand même hyper fragile. Et c'est vrai que c'était un type tellement fort intellectuellement, alors brillantissime, et puis humainement, et puis le type, il marchait, il marchait des centaines de kilomètres par week-end, là, il partait sur les routes de France, il a traversé la France à pied plusieurs fois. Il était, il était, enfin voilà, t'avais l'impression qu'il était immortel. Ben non.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Frédéric pour ce témoignage pour les auditeurs qui ne connaissent pas le professeur Kahn on mettra évidemment dans la description des vidéos et des références à lui parce que je pense que c'est quelqu'un hyper intéressant et que j'aurais aimé interroger on

  • Speaker #1

    va essayer de faciliter Il t'aurait dit oui avec plaisir d'ailleurs parce qu'il adorait ça il était un peu cabot il adorait les médias il adorait échanger et notamment aussi avec les jeunes oui oui c'est sûr super

  • Speaker #0

    Merci On va essayer de passer sur quelque chose d'un peu plus gai, mais en même temps, c'est le concept de l'interview, de se livrer. Et merci encore pour ça, Frédéric. Après l'Aïk contre le cancer, là, tu fais un switch de nouveau et tu nous as raconté que tu as eu une expérience dans un cabinet de conseil, que tu as eu un peu une expérience de transition. Et après, là, tu prends en conscience de par ton expérience à l'Aïk contre le cancer, tu nous racontes que tu prends en conscience que finalement, la vie chaque jour passe.

  • Speaker #1

    et là tu vas créer ta boîte du coup oui tu crées plus courant mais oui mieux vaut tard que jamais donc effectivement 57 balais alors à 57 ans je lâche deux CDI en un an finalement et tout le monde me dit t'es complètement folle ma fille quel courage à ton âge donc effectivement peut-être un petit peu d'inconscience certainement beaucoup d'ailleurs et donc à 57 ans tu quittes le salariat Frédéric pourquoi c'est compliqué à stage à quitter un CDI ? Ah, alors connais-tu le concept de l'agisme, Nicolas ?

  • Speaker #0

    Je ne le connaissais pas avant, pour être très honnête, avant de préparer cette interview. Et pourtant, apparemment, je suis aussi concerné.

  • Speaker #1

    En fait, effectivement, c'est très simple. Quand je me suis dit que j'allais quitter un moment la Ligue contre le cancer, j'ai fait comme tout le monde, j'ai refait mon CV et puis j'ai regardé ce qu'il y avait comme poste. Et donc, j'étais sur un poste qui me plaisait beaucoup, pour lequel je cochais toutes les cases. Et le cabinet en recrutement, alors ils étaient emballés, etc. Et l'employeur ne veut pas me recevoir. parce que je suis trop vieille. Alors, effectivement, je n'étais pas un perdreau de l'année, comme on dit. Je n'étais pas toute jeune, mais quand même.

  • Speaker #0

    C'est le seul argument qui te met en avant ?

  • Speaker #1

    En fait, les consultants du cabinet ont du mal à me le dire parce que c'est quand même une discrimination. C'est illégal. Donc, c'est difficile. Mais en fait, à force de leur demander ce qui s'était passé et pourquoi tout d'un coup leur grand enthousiasme se transformait en pas d'entretien, ils ont fini par me dire qu'en fait, ils préfèrent un quarantenaire, etc. Et donc, alors là, je suis tombée de l'armoire, parce que c'est vrai qu'en plus, dans le secteur des ONG, des réseaux associatifs, il y a beaucoup de problèmes, il y a beaucoup de défauts, mais il n'y a pas trop celui-là. Parce qu'on a l'habitude de travailler en intergénérationnel. Moi, j'avais, par exemple, la Ligue contre le cancer, on avait des très jeunes dans les services com, digital, etc. Et puis, on avait des bénévoles qui avaient 85 ans. Donc, en fait, tout ce petit monde, finalement, interagit ensemble. et donc quand j'ai commencé à dire mais c'est quoi ce truc en fait dans mon réseau mes amis m'ont dit mais tu vis sur quelle planète Frédéric ? en fait en France à partir de 45, 50 ans alors encore plus 55 et plus t'es fichu tu trouveras plus de boulot et c'est vrai que je ne m'étais même pas posé la question parce que moi j'avais la ligue contre le cancer j'avais quand même je ne sais pas 55 ans 54 ans enfin que c'est que ce truc ? Et donc, comme j'aime bien comprendre, j'ai cherché. Et donc, je suis allée voir à la PEC, j'ai fait des ateliers seniors, j'ai fait une enquête, j'ai envoyé un Google Forms sur LinkedIn, j'ai reçu presque 700 retours, 700 témoignages, édifiants. Et donc, je me suis rendue compte qu'effectivement, on avait un énorme problème en France, dans nos entreprises, dans nos organisations, qu'on ne voulait plus des vieux. Quand je dis des vieux, à partir de 45 ans, donc on est très, très vite vieux. Voilà. Et c'est comme ça que j'ai créé l'association Senior for Good. parce que j'ai trouvé ça tellement dégueulasse. En plus, il y a la réforme des retraites qui est arrivée. Je me suis dit, ça va être encore pire. En fait, ils vont décaler les retraites, etc. Et on va faire quoi ? Si on doit encore travailler 15 ans ou 20 ans, mais qu'à 45 ans, on est fini, on fait comment ? Et donc, avec un ami, on s'est dit, qu'est-ce qu'on peut faire ? On est des citoyens, on est des cadres, on va faire une association citoyenne. Et donc, on a créé Senior for Good en 2022. Et puis, en parallèle, j'ai quand même retrouvé un autre poste salarié, ce qui m'avait quand même un peu rassurée. Mais bon, il y avait tellement de gens en difficulté. Quand on a lancé cet assaut, dont l'objet est vraiment de lutter contre l'âgisme, contre la discrimination par l'âge dans les entreprises, et notamment du côté, sur le volet, senior. C'est pour ça qu'elle s'appelle Senior for Good, parce que oui, on peut être senior et vouloir continuer à avoir un impact positif sur la société. Oui, on peut être senior, on peut avoir 45, 50, 55, 60 ans et avoir des projets professionnels qui soient salariés, qui soient entrepreneuriaux, et on avait envie de porter du positif, en fait. L'idée, ce n'était pas de pleurer sur notre sort, mais c'était de porter une image positive, de montrer des rôles modèles, comme on le fait, par exemple, pour les femmes entrepreneurs, où depuis quelques années, on essaye de valoriser des rôles modèles. En fait, je me suis dit, il faut qu'on montre des rôles modèles de personnes de plus de 50 ans, parce que c'est quand même plutôt autour de 50 ans que ça commence vraiment à se gâter, qui ont des projets, etc., pour que dans les entreprises, ils puissent changer de regard. Parce qu'on a un vrai sujet sociétal, culturel, là-dessus.

  • Speaker #0

    et pourquoi ? l'agisme, je me suis intéressé un petit peu avant ce podcast mais moi si tu veux j'avais une réflexion assez basique de dire de toute façon on est tous différents, on a des expériences différentes et aussi quand j'étais encore chef d'entreprise d'une boîte de plusieurs dizaines de salariés il y a quelques mois moi je regouttais des seniors aussi, alors pas que pour mais parce qu'ils avaient des soft skills qui étaient parfois plus développés que les jeunes générations qui arrivent sur le marché du travail on leur a appris des choses. Et je me disais, si j'engage des personnes avec une expérience, ça va faire un bel équilibre avec des personnes qui sont plus jeunes, etc. Et pourquoi alors finalement... Alors, peut-être que je suis naïf, mais pourquoi il y a de l'âgisme ? Pourquoi les personnes... Enfin, il y a des gens qui pensent qu'à partir de 40, 50 ans, entre guillemets, on est cramé.

  • Speaker #1

    C'est fou, hein ? Déjà, tu as tout compris, bravo, parce que tu fais partie des chefs d'entreprise, on va dire, que j'appelle éclairés, qui ont compris en fait que la richesse, c'était la diversité, c'était la singularité de chacun au service du collectif, au service de tous. Malheureusement, effectivement, ce n'est pas le cas dans toutes les entreprises, loin de là. Tous les chiffres le montrent, il y a des tonnes d'enquêtes qui ont été faites, surtout depuis la dernière réforme des retraites. En 2023, il y a eu plein d'enquêtes. Et globalement, énormément de dirigeants de DRH confirment écarter les candidatures des plus de 45, 50 ans, etc. Alors pourquoi ? C'est compliqué de répondre à ça, parce qu'en fait, on se rend compte que ce n'est pas vraiment rationnel, qu'il y a vraiment un sujet de stéréotypes. Donc en fait, on a des biais cognitifs. Notre cerveau aime bien simplifier, aime bien catégoriser, mettre les gens dans les cases, c'est rassurant. Et à partir de ces biais, tu peux avoir des stéréotypes, positifs ou négatifs, qui sont très négatifs pour les seniors, et donc des préjugés. Et effectivement, il y a toute une série de préjugés envers les personnes de plus de 50 ans. qui sont déconnectés, fatigués, plus engagés, difficiles à manager, trop chers, etc. Qu'on peut démonter, je pourrais te les démonter un par un sans aucun problème, mais en fait, les gens y croient. Et ça devient quelque chose d'inconscient qui est ancré, et dont on ne parle même plus. Et l'agisme est quand même la première discrimination dans le monde du travail. Globalement, avant le sexisme, avant le racisme, c'est un truc de fou. Personne n'en parle. Enfin, maintenant on en parle, mais personne n'en parlait. C'était silencieux et accepté. Tu regardes, même dans l'entreprise, pour les salariés dans l'entreprise, par exemple, plus tu augmentes en âge, moins tu as accès à la formation. Moins tu as d'augmentation. Moins tu as accès à des promotions. Ou à de la mobilité interne. C'est hallucinant. Comme si, en fait, à partir de 45-50 ans, c'était fini, tu étais au rebut. Et quand tu vois la rapidité à laquelle les compétences deviennent obsolètes aujourd'hui, Si tu ne formes pas les gens, forcément après tu vas dire qu'ils sont has-been, ça c'est clair. Et toi, il y a une espèce comme ça de culture. On a quand même une culture du jeunisme en France. Tu regardes, ça sort même du monde de l'entreprise. Moi, je le dis à chaque fois, tu regardes la télévision, le cinéma, les films, etc., les publicités. On a quand même un vrai sujet, en fait, avec les personnes de plus de 50 ans. Une espèce d'invisibilisation. Alors les femmes, double peine, c'est encore pire pour les femmes. Quand les hommes, depuis 50 ans, ils sont sexy, ils ont des tempes un peu grisonnantes, ça va, mais les femmes, on ne les montre plus. Et en fait, tout ça, si tu veux, ça fait que dans les entreprises, finalement, ça fonctionnait comme ça. Sauf qu'aujourd'hui, il faut que ça change, parce que déjà, un, on décale l'âge de la retraite, on demande aux gens de travailler plus longtemps. Donc, tu ne peux pas demander aux gens de travailler plus longtemps si en fait les entreprises ne veulent plus d'eux. Ça va juste pousser à davantage de précarité. Deux, l'évolution démographique fait que bientôt, il n'y aura plus que des vieux dans les boîtes. Donc, il y aura, dans quelques années, les plus de 45 ans seront majoritaires dans les entreprises. Donc, il serait temps que les entreprises aussi se mettent en conscience de ça et agissent. Et puis, trois, vu les enjeux sociaux, environnementaux qu'on a à adresser, les enjeux de transformation des organisations qu'on a devant nous, mais pétard, utilisons les forces vives, toutes les forces vives de l'entreprise pour y aller. pourquoi on se prive de la richesse d'une partie. Et quand même, il faut quand même noter que l'âgisme, c'est aussi envers les plus jeunes. C'est un des paradoxes d'ailleurs. On peut en parler. Les très jeunes aussi, en fait, subissent ça.

  • Speaker #0

    Alors, avant de parler de l'âgisme envers les jeunes, quand j'ai préparé cet interview, j'ai vu que l'âgisme aussi, malheureusement, en France, on était en haut du podium.

  • Speaker #1

    Ah ben, on est les pires d'Europe. On a le taux d'emploi des plus de 50 ans et 55 ans, le plus faible d'Europe, en fait.

  • Speaker #0

    En quelques mots, si tu peux nous expliquer pourquoi.

  • Speaker #1

    Le pourquoi, c'est exactement ce que je viens d'expliquer. En fait, c'est vraiment culturel. On voit bien, en fait, en fonction de la culture des pays, que c'est plus ou moins marqué. Alors, on n'est pas les seuls. Il y a d'autres pays en Europe où on n'est quand même pas très bons. Mais quand tu regardes des pays comme certains pays du Nord, de l'Europe, les pays scandinaves, le Canada, certains pays anglo-saxons, où vraiment on voit que la séniorité est restée vraiment une richesse, en France, on a vraiment eu cette espèce de dérive où finalement, être sénior, en plus c'est hyper positif être sénior, ça veut dire être expérimenté. bien sûr quand t'es jeune tu deviens chef de produit senior t'es content tu vois ça y est je suis chef de produit senior sauf qu'en fait non en fait il y a un moment du jour au lendemain tu deviens obsolète ton expérience n'a plus de valeur ouais je sais pas comment t'expliquer ça ce que je peux dire c'est qu'il est temps que ça change c'est ça surtout on est tout à fait d'accord et donc l'agisme aussi auprès des jeunes

  • Speaker #0

    et en fait ce qui est assez paradoxal c'est que ce que tu disais c'est qu'on met en avant beaucoup les jeunes c'est plutôt cool c'est plus cool d'être jeune que d'être senior et pour autant

  • Speaker #1

    Oui, alors ça, c'est aussi un peu les paradoxes. C'est que oui, complètement, on a cette tendance quand même au jeunisme. Il faut savoir aussi que les politiques publiques de l'emploi, elles ont quand même beaucoup poussé ça, parce que depuis les années 80, notamment pour les grandes entreprises, on a poussé les grandes entreprises à faire sortir les plus vieux pour faire rentrer les jeunes. Donc, on opposait un peu les générations. Et ça, ça a ancré aussi un peu des croyances et des biais aussi dans certaines entreprises. Mais c'est vrai qu'on voit bien que les plus jeunes, ceux qui démarrent, ont beaucoup de mal à trouver un premier poste parce qu'on veut des jeunes. créatifs et dynamiques, mais qui ont quand même déjà de l'expérience. Et on se rend compte qu'en fait, l'agisme touche les deux côtés du curseur, les plus jeunes et les moins jeunes. Et des deux côtés, c'est tout aussi ridicule.

  • Speaker #0

    C'est quoi l'âge parfait ?

  • Speaker #1

    Alors moi je dis par exemple, pour les femmes, j'ai une équation mais qui est vraiment, qui ne fait pas rêver. Tu vois, pour les femmes, jusqu'à 25 ans, tu es trop jeune. De 25 à 35, 40, tu fais des enfants. Donc ce n'est pas top non plus. Puis à partir de 45 ans, la ménopause arrive. Donc ta carrière entre 40 et 45, ce n'est pas mal. Donc mesdames, dépêchez-vous. Non, je caricature, mais à peine.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup pour toutes ces informations sur l'agisme, Frédéric. Et si on peut parler un petit peu, tu as créé une entreprise qui s'appelle Uskoa. En quelques mots, c'est quoi l'objectif d'Uskoa ?

  • Speaker #1

    Uskoa, déjà, ça veut dire croire en finnois. Ça vient de Finlande. C'est un petit clin d'œil, parce que la Finlande est assez avant-gardiste sur un certain nombre de sujets qui me tiennent à cœur, comme l'ARSE, comme les gouvernances participatives, comme l'égalité hommes-femmes, comme la... L'emploi des seniors, par exemple, où ils ont des taux qui sont bien plus élevés que nous. Et croire, croire en quoi ? Évidemment, tu peux peut-être même l'imaginer vu mon parcours, mais c'était croire en une entreprise, en un monde du travail durable, humain, responsable. Et donc, l'idée du SQUA, c'est vraiment d'accompagner les organisations dans une transformation durable. Et donc, c'est assez large, puisqu'en fait, moi, j'accompagne aujourd'hui des dirigeants, des organisations, des entreprises. à la fois sur des sujets de transformation culturelle de vision, de raison d'être, etc. Des transformations managériales, comment faire évoluer aussi les modes de management. Moi, j'ai beaucoup travaillé sur des sujets comme la subsidiarité, notamment, qui est très intéressant pour les entreprises aujourd'hui. Donc, comment on va effectivement mettre en action, en mouvement l'intelligence collective. Et puis aussi, la transformation sociale autour de la RSE, donc sur le S de la RSE, où je travaille sur des enjeux d'inclusion. Hommes, femmes, oui, bien sûr, et aussi et surtout les seniors et l'intergénérationnel. Moi, je crois profondément dans la richesse et la force, la puissance de l'intergénérationnel. et ça finalement les entreprises ne le prennent pas toujours en compte aujourd'hui on a 4 générations qui se côtoient dans l'entreprise parfois elles se côtoient mais elles ne travaillent pas forcément en tout cas de façon optimisée ensemble et donc une des missions du SCOA aussi c'est d'accompagner les entreprises de la sensibilisation à la mise en action donc le SCOA est à la fois un cabinet de conseil de formation puisqu'on est certifié Calliope d'accompagnement, de coaching, puisque je suis aussi coach certifié. J'accompagne aussi beaucoup de gouvernance, donc des conseils d'administration, pour optimiser leur fonctionnement, les sensibiliser aussi aux enjeux RSE, ESG. Et puis, qu'est-ce qu'on fait d'autre ? Et puis moi, à titre personnel, ce qui me porte le plus aujourd'hui et ce que vraiment j'ai beaucoup développé l'année dernière et que j'espère vraiment pouvoir continuer à déployer, ce sont des conférences. J'ai 33 ans d'expérience, de parcours, des réussites, des échecs, j'ai vécu plein de trucs. Et aujourd'hui, j'ai envie de partager, j'ai envie de transmettre, j'ai envie, si j'y arrive, d'inspirer. Et en fait, j'ai monté des conférences que je donne aujourd'hui devant des équipes, dans les entreprises, en petit comité devant des comex ou en très grand comité pour des gros événements. sur ces sujets qui me tiennent à cœur, le leadership pour tous, le leadership inclusif, l'intergénérationnel, le chemin vers l'impact, etc.

  • Speaker #0

    Je souris parce que je me dis, avec tout ce que tu fais, Frédéric, l'âgisme n'a aucun sens.

  • Speaker #1

    Mais j'espère bien montrer que, justement, pour peut-être à mon petit niveau modeste, montrer qu'effectivement, ce n'est pas l'âge. Je veux dire, franchement, il y a des jeunes de 20 ans parfois qui sont vieux. Et il y a des vieux de 80 ans, 90 ans, qui sont hyper jeunes. Donc oui, il faut arrêter de regarder les années. Il faut regarder... l'envie, l'énergie, l'expérience, la compétence. On a des jeunes qui sont absolument formidables et talentueux. C'est tellement ridicule. Je trouve ça incroyable qu'aujourd'hui, on ne recrute pas uniquement sur la compétence. Ne serait-ce que de toi que ce soit un sujet de regarder l'âge quand on recrute quelqu'un. C'est juste incroyable. Tu as un besoin, tu mets des compétences en face et des soft skills. que vient faire l'âge là-dedans ?

  • Speaker #0

    Est-ce que tu penses que de la même manière qu'à un moment, alors je ne sais plus si c'est légal maintenant ou pas, mais on a fortement incité à enlever les photos sur les CV pour éviter des discriminations, on devrait aussi enlever l'âge ?

  • Speaker #1

    C'est un grand débat. Moi, souvent, quand j'interviens, des seniors qui cherchent un emploi et sont désespérés me disent Est-ce que je dois dégrader mon CV ? Est-ce que j'enlève des diplômes ? Il y en a qui le font, c'est horrible, c'est triste quand même, qu'ils enlèvent des diplômes. Moi, je ne les suis pas très favorables parce que je me dis déjà, de toute façon, quand tu te retrouves en entretien devant la personne, on voit bien quel âge tu as. Il y a un moment, tu ne veux pas non plus...

  • Speaker #0

    Mais en même temps, ça permet de passer à la première étape. Ouais,

  • Speaker #1

    ouais, ouais. Alors, c'est ça. Est-ce que ça permet de... C'est dramatique, s'il faut ça pour un entretien, mais bon, voilà. Moi, je pense quand même qu'il va falloir mettre quelques contraintes aux entreprises. Je ne suis pas du tout pro-quota, etc., mais il faut bien avouer que pour les femmes, ça a fonctionné.

  • Speaker #0

    Ça fait avancer.

  • Speaker #1

    aujourd'hui on est exemplaire on est conseiller d'administration en France par rapport aux autres pays d'Europe voilà on a obligé et je pense que pour les seniors il va falloir aussi qu'il y ait des obligations moi j'ai entendu des DRH de grandes entreprises dire de toute façon on attend de voir on attend de voir si on va être obligé à quelque chose c'est marrant parce que il fallait faire bouger comme ça dans les changes qu'on avait avec

  • Speaker #0

    Angèle Gérard qui est aussi une sage qui est passée dans le podcast elle se bat pour l'entrepreneur féminin et au début elle était contre l'Equota aussi et en fait elle s'est rendue compte que malheureusement un moment peut-être il faut passer en phase législative.

  • Speaker #1

    C'est ça, en fait, qui peut être pour un quota ? Qui a envie d'être choisi pour entrer dans un quota ? Personne. Personne n'a envie. Ça peut être des quotas pour les femmes, pour les vieux, pour les jeunes, pour n'importe qui, les handicapés, tout ce qu'on veut. Personne n'a envie d'être un quota ou de ne pas être recruté pour ses compétences et son expérience, mais d'être recruté parce qu'il faut cocher la case qu'on a recruté le vieux ou la vieille ou bien le jeune, tu vois. Personne n'a envie de ça. Mais malheureusement, on... Alors, attention, parce qu'on fait beaucoup de généralité, finalement, dans notre échange, mais il y a aussi plein d'entreprises absolument incroyables et formidables qui sont engagées sur ces sujets, qui ne travaillent pas du tout comme ça. Et je pense notamment à notre tissu de TPE, PME, qui est quand même l'essentiel des entreprises en France, qui sont bien souvent beaucoup plus dans l'humain, avec des chefs d'entreprises souvent patrimoniaux, qui vont vraiment aller recruter des personnes sur leurs compétences, etc. Malheureusement, Ces sujets touchent quand même plutôt les grandes entreprises, parce que plus l'entreprise est grande, plus on travaille avec des process, plus on cadre, plus on ferme. Et c'est là que je me dis, du coup, peut-être que la contrainte peut faire bouger les choses.

  • Speaker #0

    Je comprends. En effet, si on faut passer par là, le but c'est d'avancer. Ok, merci Frédéric. Si ça te va, pour finir cette interview, je voudrais passer sur des questions un peu plus personnelles, si tu m'y autorises. Alors, ce qui m'intéresse... T'as le droit de dire Joker.

  • Speaker #1

    D'accord, on va voir.

  • Speaker #0

    Et ça sera pas coupé au montage. Alors, t'es passée de salariée à entrepreneuse en... 2023.

  • Speaker #1

    Oui, il y a un peu plus d'un an. Je suis une jeune entrepreneur.

  • Speaker #0

    C'est super. C'est quoi, en quelques mots, les grandes différences ?

  • Speaker #1

    Tout est différent, en fait. C'est un autre monde. Encore, moi, ça fait quand même des années que j'accompagne des entrepreneurs, que je coach des entrepreneurs. J'ai animé un réseau d'entrepreneurs, donc ce n'est pas non plus comme si je ne connaissais pas du tout. Mais ce n'est pas du tout pareil quand tu le vis, évidemment. Ça n'a rien à voir. C'est facile d'expliquer aux autres ce qu'ils doivent faire. Le faire pour soi, c'est complètement différent. Non, mais tout est différent. Je passais d'une organisation, tu manèges des dizaines, voire des centaines de personnes et tout d'un coup, tu es toute seule dans ton bureau. Aujourd'hui, on est deux. On est deux chez Square. Coucou Laura. Heureusement que Laura m'aide. Mais voilà, on est deux. Alors que voilà, plus de management. Moi, ça m'a beaucoup manqué. j'ai mis longtemps et d'ailleurs je me rassurais en me disant peut-être demain je reprendrai un poste d'ailleurs je me dis toujours finalement le statut tant que tu fais des choses qui te plaisent qui te donnent envie qui te font t'engager je veux dire après ils ne voudront certainement plus de moi vu mon âge mais moi on me proposerait un superbe job avec du management j'y retournerais en courant aussi parce que j'aurais envie aussi de manager donc le management m'a beaucoup manqué ça ça a été vraiment le gros sujet le gros point les six premiers mois J'ai rattrapé parce que je conçois, j'anime des séminaires, je fais des conférences, je suis face aux gens, avec les gens, je fais beaucoup d'ateliers dans les entreprises. Donc, ça me permet un petit peu de garder ce lien humain dont j'ai vraiment besoin parce que c'est ce qui m'a porté pendant 30 ans de management. Mais ça, ça m'a manqué. Et puis, ce qui change, c'est que tu es responsable seule. Alors après, bon... Quand tu es DG d'une organisation, tu es un peu seul quand même. Tu as beau avoir un conseil d'administration, tout ça, des fois, tu ne peux pas discuter, tu ne peux pas raconter à tes collègues du comité de direction tous tes problèmes. Il y a beaucoup de choses que tu dois cacher. Donc, tu as déjà un peu l'habitude de cette solitude. Mais ce n'est quand même pas pareil de te retrouver seul à devoir tout faire. tout produire. Parce que quand tu démarres, t'es seule, parce que j'ai commencé un job d'indépendante. Quand on dit j'ai monté Uskoa, aujourd'hui c'est vrai que je travaille avec une communauté d'experts en fonction des missions, etc. Ça me permet effectivement de gérer davantage de missions et de développer la boîte. Mais quand j'ai démarré en janvier 2023, tu vois, j'étais seule. J'avais des premiers clients, il fallait que je produise les contenus, les offres, les services, que je fasse mon site web, que je fasse ma certification Calliope, parce que je voulais que des clients associatifs puissent éventuellement faire financer... leur formation s'ils n'avaient pas les budgets. Il fallait que je produise les contenus des séminaires qu'on m'avait demandé d'organiser, que je commence à travailler sur les premières conférences, que je monte les programmes de formation. Donc il fallait tout faire en même temps et j'étais seule. Alors en fait, à la fois c'est absolument incroyable, c'est tout d'un coup une liberté géniale, et en même temps c'est complètement différent, c'est-à-dire qu'à la fois tu n'as plus la charge, la responsabilité des personnes. Moi quand j'étais en direction générale, pour moi c'était très important d'avoir la responsabilité des gens qui étaient dans les équipes que j'animais. Donc là, tu n'as plus cette responsabilité-là, tu n'as plus ça sur les épaules. Mais par contre... tu as tout le reste, tu as tout ce qui est en lien avec toi. C'est-à-dire que ta réussite, ça peut être que toi, l'échec, ça peut être que toi. C'est à toi. Et ce qui est très difficile, j'ai trouvé, c'était de... D'ailleurs, je ne l'ai pas bien fait, de prendre soin de soi dans ces moments-là. parce que tu bosses 7 jours sur 7, 24 sur 24, tu t'arrêtes jamais et tu es dans une espèce de tunnel comme ça. Alors tu te dis, ouais, c'est parce que c'est le début, parce que c'est le début, mais les mois passent. Et puis ça continue. Et puis quand les clients arrivent, tu continues, tu continues. Et donc voilà, c'est vrai que j'ai mis quand même, j'ai mis 8-10 mois avant de commencer à me dire, ben voilà, là, je vais pouvoir structurer ça comme ça, comme ça, comme ça. Mais au début, oui, c'est un peu dur.

  • Speaker #0

    Et du coup, une montagne de choses. Et pourtant, Frédéric, tu fais l'enfer à TEDx. Oui.

  • Speaker #1

    Oui, oui, j'avais peur de m'ennuyer en fait. Donc, j'ai publié le bouquin chez Errol et puis j'ai fait un TEDx. Oui, oui, alors le TEDx, je ne vais pas dire que c'était un vieux rêve, parce que ça fait un peu bête de dire je rêve de faire un TEDx, parce qu'un TEDx pour un TEDx, ça n'a pas trop d'intérêt. Mais c'est vrai que comme j'avais commencé à développer mes conférences et que j'ai toujours adoré parler en public, dans le passé, j'ai organisé beaucoup d'événements chez les entreprises, etc. C'était quand même un volet d'action qui me... portait beaucoup, en fait, de porter ma voix. Et là, j'avais vraiment un sujet, qui est le sujet des seniors, des générations, dans le monde du travail. Et donc, j'ai eu cette chance, effectivement, de pouvoir faire ce TEDx en décembre, donc à Orléans, l'association TEDx Orléans. Et ça a été vraiment un défi, en fait. C'est quelque chose, c'est une aventure un peu particulière. Il y a eu d'ailleurs un débat il y a quelques jours sur LinkedIn entre des conférenciers qui se demandaient si c'était un truc qui boostait les conférences ou pas, etc. Moi, je n'ai pas du tout abordé le projet comme en me disant je vais faire un TEDx, comme ça je vais vendre des conférences. Mais rien à voir. Pour moi, ce n'est pas du tout le même exercice. Le TEDx, d'abord, j'ai trouvé que c'était hyper dur parce que c'est très contraignant. Tu es sur un rond rouge, tu ne peux pas bouger. Alors moi d'habitude, j'adore aller vers le public, me balader, aller dans la salle, voir les gens. Là, non, tu ne peux pas quitter le tapis rouge. Rien que ça déjà, ce n'était pas évident. Tu as 18 minutes maximum, tu as un compteur qui décompte. Donc tu es hyper stressé parce que tu as la trouille. D'ailleurs, tu parles trop vite du coup, parce que tu te dis, oh là là, je ne vais pas avoir le temps de dire ce que j'ai à dire. Tu répètes énormément, tu es coaché, tu t'entraînes. à la fin, j'étais contente de l'avoir fait. C'est un peu triste parce qu'à la fin, on perd même l'énergie tellement on l'a révisé, ce truc. Mais je voulais passer mon message. Et pour moi, c'était vraiment un message militant. Et ce TEDx, je suis quand même contente de l'avoir fait. Je me dis que j'aurais pu le faire mieux, évidemment. Mais je suis contente de l'avoir fait parce que au moins, j'ai passé le message que je voulais passer de manière militante. Quand je fais des conférences sur l'intergénérationnel, je veux générer des émotions, faire rêver les gens. que quand ils sortent de la conférence, ils ont envie de tous bosser ensemble encore mieux dans leur entreprise. Donc, je vais être plutôt sur des registres émotionnels, humour, montrer des exemples, etc. Là, le TEDx, je suis plutôt, en tout cas, j'ai essayé d'être sur un registre plutôt sérieux, plutôt militant, plutôt faire passer vraiment ma conviction profonde, en fait. Du coup, c'était beaucoup plus dur. J'ai trouvé ça beaucoup plus dur. Mais c'est une très belle expérience. Franchement, j'ai trouvé... C'est un petit challenge quand même personnel.

  • Speaker #0

    évidemment on mettra en description ces TEDx que j'ai regardés c'est pas obligé ah si ça vaut le coup juste pour teaser le nom du TEDx il s'appelle unique ensemble ok ça te ressemble bien pour finir j'ai encore une ou deux questions pour toi du coup donc avec ton parcours exceptionnel en tant que dirigeante et entrepreneuse, est-ce que tu as quelques conseils et trois conseils à donner à des jeunes entrepreneurs ? Et jeunes, pas forcément dans l'âge.

  • Speaker #1

    Alors oui, les conseils, je pourrais les donner en tant que jeune entrepreneur moi-même, surtout, plutôt qu'ancienne dirigeante ou je ne sais quoi. Je pense que c'est vraiment l'expérience qui fait la différence. Le premier conseil, même si c'est un conseil que je donne depuis des années, évidemment, c'est celui de ne pas rester seule, de se faire accompagner. Moi-même, pour ma petite entreprise, c'est la première chose que j'ai fait avant de démarrer, c'était d'appeler des dirigeants que j'admire beaucoup pour leur demander d'être mes mentors et de constituer un petit board, un petit comité stratégique qui m'aide aujourd'hui et qui accompagne progressivement le développement de mes activités. Donc vraiment, ne pas rester seule, se faire accompagner. Le deuxième conseil qu'il faudrait que je m'applique un peu mieux à moi-même, c'est prendre soin de soi. parce que l'entrepreneuriat, on le dit tout le temps, mais c'est bien de le répéter, ce n'est pas un sprint. C'est sur la durée que ça se joue et c'est épuisant et c'est un peu le grand huit. Donc, il faut vraiment garder ce soin de soi parce que pour être en capacité de prendre soin de ses clients, de prendre soin de son activité, il faut déjà être en capacité de prendre soin de soi. Le troisième conseil que je donnerais, c'est... D'aller là où ton cœur te porte ? parce que je me dis qu'en fait, on ne peut pas vraiment se planter si on voit là où on a le cœur d'aller, où vraiment on sent qu'on est à notre juste place. Parce que déjà, c'est là où les clients vont dire oui, vont venir te voir parce qu'ils sentent ça, ils sentent que tu es aligné et que tu donnes ce que tu as à donner. Et puis finalement, je me dis, même si tu échoues, ce ne sera pas un échec parce que tu auras appris et au moins tu auras expérimenté et tu auras osé essayer.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup pour tes mots. Pour finir ce podcast, alors, avant de te demander qu'est-ce que je peux te souhaiter, je vais quand même te le dire aux éditeurs, parce que Frédéric est quelqu'un d'hyper humble, mais elle a reçu, du coup, la médaille de l'Ordre National du Mérite il y a peu, et donc ça me semble assez logique de le dire, au regard de ton parcours assez exceptionnel. Et donc Frédéric, qu'est-ce qu'on peut te souhaiter ?

  • Speaker #1

    J'allais dire une longue vie d'entrepreneur, de jeune entrepreneur, avec plein de conférences à faire, pouvoir sensibiliser plein d'équipes, plein d'équipes de direction, pouvoir accompagner plein de dirigeants à porter le bien commun dans leur entreprise, à faire ce choix de l'impact, de la performance globale. peut-être apporter ma petite goutte de colibri. Je sais que parfois, on dit que c'est nul, cette histoire du colibri, mais moi, j'aime bien quand même cette idée finalement d'apporter une petite pierre modeste, un petit caillou modeste à améliorer ce monde du travail et à essayer d'apporter un peu plus d'humanité dans ce quotidien, dans ce monde du travail qui en a vraiment besoin, me semble-t-il.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, Frédérique.

  • Speaker #1

    Merci. Waouh !

  • Speaker #2

    Sous-titrage ST'501 Merci à tous pour votre écoute sur le troisième épisode des Sages. Vous êtes de plus en plus à nous écouter et pour ça, vraiment, je vous remercie. J'espère encore une fois que vous avez beaucoup appris auprès de Frédéric, l'une des plus grandes patronnes associatives et pour le bien commun. Les Sages, comme je vous le dis souvent, c'est aussi pour moi une aventure entrepreneuriale qui débute. Donc n'hésitez pas à m'envoyer sur LinkedIn, Nicolas Jeanne, Jeanne, J-E-A-N-E, vos feedbacks et vos commentaires. Ils sont super méga précieux pour moi. Si vous avez aimé et appris grâce à l'épisode, il y a maintenant deux manières de nous remercier. La première, c'est de mettre 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute et de nous laisser un avis. Ça permet de nous faire remonter dans les classements. Et si vraiment vous voulez nous filer un coup de pouce, vous pouvez nous faire un don de 2 euros pour faire vivre ce podcast sur GoFundMe. Comme vous êtes restés jusqu'au bout, je vais vous lâcher, comme d'habitude, nos deux prochains invités. Notre prochain invité sera Henrik Klaba, le co-fondateur patriarche d'OVH. Et je vous assure que ce sera un épisode vraiment exceptionnel. Et notre cinquième invité est un invité très exceptionnel, puisque ce sera... François Hollande, l'ancien président de la République française. Merci à tous et à très vite.

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