- Speaker #0
Bienvenue dans ma petite famille, je suis Pauline, maman de trois garçons et créatrice de ce podcast intime où les parents se livrent sans filtre.
- Speaker #1
Ici,
- Speaker #0
on parle de maternité, de paternité, de parentalité et surtout on libère la parole sur des sujets encore trop souvent tabous. Depuis trois saisons, j'ai eu l'immense privilège de partager avec vous des témoignages uniques et précieux de parents et d'experts. Je tiens à vous remercier du fond du cœur de votre soutien. Si, comme moi, vous croyez en l'importance de ces conversations, je vous invite à vous abonner, à partager les épisodes avec vos proches et à faire découvrir ma petite famille au plus grand nombre. C'est grâce à vous que cette aventure peut continuer. Vous trouverez tous les vendredis, les deuxièmes et quatrièmes vendredis de chaque mois, un épisode. Merci de votre confiance. Et je vous souhaite une très bonne écoute pour ce prochain épisode.
- Speaker #2
Bonjour Émilie, merci beaucoup d'avoir accepté mon invitation.
- Speaker #1
Merci de l'avoir proposé. En fait, je crois même que c'est moi qui suis rentrée en contact avec toi.
- Speaker #2
Oui, c'est vrai.
- Speaker #1
Le truc, c'est que c'est sur ChatGPT que j'ai trouvé ton podcast. Ah bon ? Oui, parce que j'ai expliqué, j'ai écrit, je leur ai dit que j'aimerais bien faire une page Instagram de lutte contre les accidents domestiques et tout ça. Et en fait, on m'avait conseillé de parler de ce qui m'arrive sur des podcasts et notamment le tien. Et c'était le premier sur la liste qu'ils ont mis.
- Speaker #2
Oh, génial, ça me fait trop plaisir.
- Speaker #1
Comme quoi l'IA est connectée,
- Speaker #2
c'est trop bien. Eh bien, Émilie, peux-tu te présenter et dire... qui tu es, d'où tu viens, ce que tu fais dans la vie et de qui est composée ta famille, s'il te plaît.
- Speaker #1
Alors, moi, je m'appelle Émilie. J'ai 43 ans. Je suis de Nancy, à la base, en fait. Je suis de Nancy, mais j'habite au Luxembourg. Je suis assistante juridique dans un bureau d'expertise comptable. Ensuite, disons que je suis mariée. J'ai trois enfants. Moi, j'en ai toujours trois. Mon mari s'appelle Sergio, il est chef traiteur dans un restaurant gastronomique. Ici, on mange bien. Pour moi, qui ne sait pas du tout cuisiner, c'est idéal. J'ai Lucie qui a 10 ans et Louis qui a 8 ans. Louis, on n'a pas de diagnostic sur lui. C'est un enfant aux besoins spécifiques. Il est un petit peu dans son monde, mais on fait avec.
- Speaker #2
Ton petit troisième ?
- Speaker #1
Oui, c'était Léopold. Et lui, il était né le 1er mars 2021. Et puis malheureusement, il est décédé en novembre 2022. Là, on va faire les deux. Ça va faire deux ans. Le 5 novembre, c'était l'accident. Et après, il y a eu 17 jours d'hospitalisation. Et là, c'est une période un petit peu compliquée. Le mois de novembre, je n'aime plus du tout.
- Speaker #2
Alors, est-ce que toi, tu as toujours voulu être maman avant qu'on arrive à cette terrible épreuve ?
- Speaker #1
que... Oui, j'ai toujours voulu. En fait, déjà, moi, j'ai trois grandes sœurs. On s'entend très bien. J'aime bien les fêtes familiales et tout ça. Et c'est vrai que je voulais reproduire un peu ça. Mais moi, j'en voulais sept au début des ans. Ça, c'était quand j'étais petite. Après, quand on en a déjà un, deux... En plus, quand on en a un qui est aux besoins spécifiques, qui demande des fois plus d'attention, on hésite un petit peu. Déjà, entre le deuxième et le troisième, il s'est passé presque sept ans.
- Speaker #2
Et alors, la première grossesse s'est passée… Tu avais quel âge à peu près ?
- Speaker #1
33 ans.
- Speaker #2
Et là, c'était une révélation ?
- Speaker #1
Non, en fait, déjà, j'avais abandonné l'idée d'en avoir 7, parce que déjà, en commençant qu'à 33 ans, c'était compliqué. Mais après, j'ai bien aimé être enceinte. Moi, j'ai adoré ça. Mais il faut dire que j'ai eu des grossesses plutôt bien. Je n'ai pas eu de nausées pour aucune. J'étais plutôt en forme. La veille de mon accouchement, j'étais en train de marcher 9 km, ce que j'aime bien, faire des marches rapides. Et là, ça s'est bien passé pour les trois.
- Speaker #2
Et donc, après votre famille à trois, vous avez décidé de l'agrandir ?
- Speaker #1
Oui, voilà. Donc, Louis, il est arrivé deux ans après Lucie. La grossesse, c'est pareil, c'était très bien passé. Moi, il se trouve que j'ai attrapé le cytomégalovirus. Je ne sais pas si tu connais les conséquences quand on est enceinte de ce virus, c'est qu'apparemment l'enfant risque la surdité. Mais moi, je ne l'aurais pas attrapé pendant la grossesse parce qu'ici au Luxembourg, il faut le contrôle pour ça. Donc, j'ai eu le contrôle en début et en fin de grossesse. Je ne l'ai pas eu, mais par contre, je l'ai attrapé à la maternité. Et lui, a priori, il aurait aussi eu quelque chose à la maternité qui pourrait avoir des conséquences. On n'a rien qui le prouve sur les problèmes qu'il a maintenant.
- Speaker #2
Et comment vous vous êtes rendu compte qu'il avait des troubles ? C'était dès la naissance ? Tu as vu une différence dans le comportement de ton fils par rapport à ta fille ?
- Speaker #1
Oui, parce que sa grande sœur a été assez réactive. Dès le début, elle fixait bien. Elle était dans les temps, un peu pour tout, pour faire le 4 pattes, pour marcher et tout. Mais lui, à 6 mois, il ne tenait toujours pas assis. Puis on se disait, c'est quand même pas normal. Je voyais quand même qu'il y avait des choses qui n'allaient pas. Puis le pédiatre, lui aussi, avait des doutes. On a eu rendez-vous avec différents spécialistes. Et après, il ne nous trouve pas de diagnostic. On a fait des tests de génétique, on a tout fait. On ne trouve pas de diagnostic sur Louis. Moi, j'en voudrais quand même un. Donc, j'ai regardé la maison des maternelles. Et là, il y a une maman qui est venue. Et quand elle a parlé de son enfant, j'avais l'impression qu'elle parlait de mon fils. Elle disait qu'il était dans la lune. Enfin, c'était elle. Et je voyais, pour moi, elle parlait de Louis. Et en fait, cette dame-là, sa fille a été diagnostiquée autiste par erreur et elle ne croyait pas du tout en l'autisme de sa fille. Et elle a bien fait de suivre son instinct. En fait, elle a rencontré le docteur Chocron à Paris. Elle est quand même souvent les samedis matins sur France 2. Du coup, je l'ai contactée, j'ai contacté son association. Et puis, en fait, l'année dernière, en janvier, on a eu rendez-vous avec une pédopsychiatre. Elle a fait des tests sur Louis et en fait, elle dit qu'il y a bien un problème de communication entre les yeux et le cerveau. Cette dame-là, je ne sais pas si ce sera le cas pour Louis, mais la dame que j'avais vue dans la maison des maternelles m'a expliqué, elle expliquait que sa fille, ça se guérit en fait. A priori, maintenant, elle a toujours un petit peu de retard parce que forcément, elle a pris du retard par rapport aux autres. Mais a priori, c'est censé se guérir.
- Speaker #2
via des lunettes ou des stimulations autres ?
- Speaker #1
Oui, en fait, normalement, il doit faire des séances d'orthoptiste. Pour l'instant, je n'ai pas encore pris tous les rendez-vous. Donc, il doit faire des séances d'orthoptiste. Il doit faire aussi ce qu'il fait déjà, l'orthophoniste, de l'ergothérapie, de la psychomotricité. Quand on est deux parents qui travaillent, ce n'est pas toujours évident. Et puis là, l'association, les nouveaux rencontres, on rentre en contact. avec moi la semaine dernière parce qu'on a fait une IRM et on n'a eu personne pour nous analyser les résultats. Et eux, ils étaient censés rentrer en contact avec moi avec des chirurgiens, mais pour l'instant, je n'ai toujours rien eu en retour. Donc là, ils m'ont contactée la semaine dernière pour savoir si on était toujours intéressés. Donc j'ai dit oui. On attend encore enfin quelqu'un parce que le neurologue de Louis ne veut pas analyser le CD. Je pense qu'il n'était pas content que je sois allée voir ailleurs. Il n'a même pas voulu me faire l'ordonnance pour... Pour qu'il ait l'IRM, c'est notre généraliste qui l'a fait. Mais elle, elle dit qu'elle n'est pas assez spécialisée pour pouvoir lire ce genre d'IRM. Donc voilà, c'est un peu un combat de tous les jours.
- Speaker #2
Est-ce que là, il a du retard au niveau des classes ou non ?
- Speaker #1
Il est dans une école spécialisée. Il a fait sa maternelle et tout ça normalement. Avec des aides, il avait six heures d'aide par jour. Non, deux heures par jour pendant cinq jours. Mais les maîtresses, elles se sont arrangées. qu'il y ait quelqu'un qui soit là toute la journée avec elle pour s'occuper de lui.
- Speaker #2
Actuellement, tu habites au Luxembourg. Est-ce qu'il y a plus d'aide au Luxembourg aussi qu'en France peut-être ?
- Speaker #1
À ce qui paraît, c'est mieux au Luxembourg qu'en France pour les… Je crois que tu appelles ça des ASMAT en France ou je ne sais plus.
- Speaker #2
Les ASMAT, c'est les assistantes maternelles, mais tu as des personnes…
- Speaker #1
Les AVS, je crois, auxiliaires aux vies sociales. Il paraît que c'est mieux au Luxembourg qu'en France. En même temps, le pays est plus petit aussi. Donc, il est un peu plus facile à gérer aussi. Là, il avait une aide à l'école, mais après, en CP, ce n'était plus possible. Et déjà, même là, il a 8 ans. Mais lire et tout ça, ça ne l'intéresse pas.
- Speaker #2
Et tu as trouvé ta structure assez facilement ?
- Speaker #1
Oui. Je n'ai même pas eu de recherche à faire. Tout s'est fait automatiquement. La seule chose, c'est que comme on... Parce qu'on ne sait pas s'il est autiste ou pas. Et il paraît que les écoles diffèrent en fonction de l'autre. Autisme, si un enfant est autiste, l'école spécialisée est différente d'un enfant qui ne l'est pas. Et pour l'instant, il est dans une école spécialisée d'enfants qui ne seraient pas autistes. Et comme il se développe quand même, pour l'instant, ils le laissent là, mais ils vont refaire des tests plus tard.
- Speaker #2
Et quand vous avez appris la nouvelle que votre enfant était différent, tu l'as accueilli comment ? Ça devait être dur déjà ?
- Speaker #1
En fait, je ne m'y suis pas vue. J'ai toujours eu ce doute. Pour moi, il est différent depuis qu'il est né. Dans ma tête, il l'était depuis tout le temps mon mari. Lui, ça a mis un petit peu plus de temps à s'ancrer. Et pour moi, de toutes les façons, il y avait quelque chose d'anormal et je le sentais depuis le début. on n'est toujours quand même pas fixé sur ce qu'il a. Et après, je me dis aussi, c'est pareil, tu vois, je veux trouver des solutions et on fait tout pour. Et même là, même peut-être qu'il y a quelqu'un qui va entendre ton podcast, qui va entendre l'histoire, qui va peut-être réussir à revenir vers moi. On espère toujours plein de choses, c'est pour ça qu'il faut en parler. De toute façon, depuis le début, je me suis faite à l'idée que j'ai fait le deuil d'avoir un enfant normal. Par contre, j'essaye de tout faire. Je le traite comme sa sœur parce qu'il est spécial, mais par contre, il comprend tout ce que tu lui dis. Certaines fois, je pense qu'il fait même un peu exprès de ne pas comprendre, mais pour moi, il comprend tout. Et j'essaye de ne pas faire de différence entre lui et sa sœur, déjà pour elle, puis pour lui aussi, parce qu'il faut le traiter normalement pour qu'il avance.
- Speaker #2
Et sa sœur, ils n'ont pas beaucoup d'écarts ?
- Speaker #1
Deux ans.
- Speaker #2
Deux ans, oui. Donc, ils ont... grandit quand même ensemble.
- Speaker #1
Oui, mais sa sœur, parfois, elle est un petit peu triste parce qu'elle a ses amis qui ont aussi un petit frère ou une petite sœur qui ont deux ans de moins et deux ans de moins qu'eux. Ils font plein de choses ensemble alors qu'elle, elle ne peut rien faire avec lui parce qu'il ne la calcule pas, en fait. Il l'ignore. Ou alors, il fait exprès d'aller juste lui crier dans les oreilles pour l'embêter. Oui,
- Speaker #2
il est quand même dans son monde.
- Speaker #1
Oui, il va plutôt vers les adultes. Et après,
- Speaker #2
donc, réflexion, vous avez décidé d'agrandir la famille ?
- Speaker #1
Oui, c'est ça. Parce qu'on s'était dit, on a eu plusieurs façons de penser avec mon mari. On a eu un moment où on sait que Louis, ça nous demandait beaucoup d'attention. Mais après, on s'était dit, lui et mon mari et moi, un jour, on va finir par partir, comme tout le monde. Et on s'était dit que peut-être ça aurait été bien que Lucie, elle ait peut-être un frère qui pourrait l'aider par rapport à Louis. Donc, à un moment, on s'est dit, on va peut-être essayer d'en avoir un troisième. On a eu du mal à avoir. Je passais par deux, trois fausses couches entre-temps.
- Speaker #2
Ça devait être dur pour toi qui voulais une grande fratrie ?
- Speaker #1
Bon, ça ne m'a pas arrêtée parce qu'après, quand j'ai une idée en tête, elle n'est pas ailleurs. Ça ne m'a pas arrêtée. C'est triste sur le moment, mais après, on avance et puis on essaye quand même. Et puis après, je suis tombée enceinte de Léopold. Et c'est pareil, c'est une grossesse qui s'est très bien passée. Il ne voulait même pas lui sortir. Comme j'ai eu Louis par césarienne, du coup Léopold est né aussi par césarienne. Elle a préféré la gynécologue parce qu'il se dit qu'il avait un utérus cicatriciel. L'accouchement aurait pu provoquer l'ouverture de la cicatrice. Elle a préféré faire comme ça. Du coup, on a dû provoquer l'accouchement deux jours avant la date prévue. Oui, il était bien. Il ne voulait pas sortir. Moi je commençais un peu à en avoir marre. Et après Léopold c'était un petit bonheur. Je n'aurais rien qu'il le prouve aujourd'hui mais je pense aussi qu'il avait quelques petits soucis comme Louis, mais à un stade différent de Louis. Mais par exemple à 20 mois il ne marchait toujours pas. Louis il a marché à 25 mois. Mais lui on dirait qu'il n'avait même pas du tout trop envie de marcher. Mais après... il était plus présent, il nous suivait du regard lui, ce que Louis ne faisait pas. Et puis il gazouillait un petit peu, mais par contre d'un point de vue moteur, il avait aussi du retard.
- Speaker #2
Et ta grossesse a été un peu plus suivie par rapport à aussitôt, mais égal au virus que tu as chopé pendant ta deuxième grossesse ?
- Speaker #1
Ils m'ont fait toujours des tests à chaque fois pour voir si on l'avait eu. Après ils nous ont proposé de faire éventuellement la myosynthèse. Disons que... que moi, je ne l'ai pas faite parce que je me suis dit que de toutes les façons, c'est risqué, la myosynthèse. Il y a quand même certains risques. Et la clarté nucale, elle était quand même bonne. Parce que sinon, ils l'imposent. Quand la clarté nucale, elle n'est pas bonne, elle était quand même bonne. Et les prises de sang que j'avais faites aussi, parce qu'au-delà de 40 ans, ils nous font des prises de sang pour encore approfondir. Tout était normal. Et après, je me suis dit... Il avait juste, comme Louis, en fait, Louis, il n'y a qu'une hydroséphalie. Une hydrocéphalie, c'est une tête un petit peu plus grosse que la normale. Et Léopold, il avait ça aussi, une hydrocéphalie. Et ça aussi, ça peut être à l'origine des retards de Louis. Et Léopold, il avait aussi son hydrocéphalie. Forcément, ça crée aussi un retard de développement puisque la tête est plus lourde. Mais parfois, chez des personnes, ça ne fait rien. C'est-à-dire qu'ils mettent un petit peu plus de temps à marcher, mais au niveau du cerveau, tout fonctionne normalement. Et donc, on le voyait quand même, qu'ils avaient une tête un petit peu plus grosse que la normale. Mais maintenant, sur Louis, ça ne choque plus parce qu'il est grand. Et Léopold, ça a choqué un petit peu. En tout cas, ça lui a provoqué un retard dans la marche et tout ça, c'est sûr. Et pour moi, il avait aussi un petit peu… Je pense qu'il y a quelque chose de génétique, tu sais. J'avais entendu des histoires où tu transmets certaines choses seulement aux garçons ou alors seulement aux filles. Je ne sais pas si tu as déjà entendu ça. Et je pense que moi, j'avais… Je ne sais pas si ça vient de mon mari ou de moi. En fait, on ne veut même pas le savoir parce que dans le fond, ça ne change rien. Donc, je pense qu'il y a quelque chose qu'on transmet aux garçons.
- Speaker #2
Avec ce troisième petit bébé que tu as eu un petit peu plus tard, alors la vie à cinq, comment ça se passe ? Est-ce que Lucille était très proche de son petit frère ?
- Speaker #1
Elle s'en occupait tout le temps. Oui, c'est moi qui l'empêchais un petit peu de la porter parce que j'avais peur qu'elle le fasse tomber. Mais même Louis, il était content. Il disait, il y a le bébé. Même là, il le réclame quand même. Son petit frère, il dit tout le temps qu'il le voit. le ciel. Oui, c'était un petit bonheur. Ils rigolaient tout le temps. Elle faisait de la flûte traversière. Elle en fait toujours. Ils se moquaient d'elle à chaque fois qu'elle en jouait. Il aimait beaucoup manger. On l'appelait Glouton. Il était bien portant aussi. Mais ça, des bébés, tant qu'ils ne marchent pas, ils sont toujours aussi un peu... Un peu pochés. Et après, je crois que c'est un peu tout. tout ce qu'on pouvait dire sur Léopold. Il était... C'était un petit bonheur.
- Speaker #2
Comment s'est passé l'accident terrible ?
- Speaker #1
En fait, on a une baignoire chez nous. Jusqu'à quelques temps avant que l'accident arrive, normalement, je les mettais tous les trois dans le bain ensemble. Et puis, un jour, Lucie, elle en a eu marre parce que Louis criait beaucoup. Donc, elle a dit, maintenant, maman, j'aimerais bien prendre des douches toute seule. Donc elle, elle a commencé à prendre ses douches toute seule. Et puis là, il y a eu un samedi où Louis avait beaucoup crié toute la journée. Moi, j'étais toute seule, c'est ce que mon mari travaillait. Je ne sais pas, il y a des moments où ce n'est pas facile. Il criait toute la journée et j'avais envie d'un petit peu le… Je lui ai dit, allez, je vais le mettre dans le bain avec son petit frère. Je les surveille tout le temps dans le bain. Normalement, je ne les laisse pas, mais je les ai mis dans le bain. J'ai commencé à faire couler le bain, j'ai déshabillé Léopold. Et ensuite, Louis rentrait tout seul dans son bain. Donc, j'ai fait couler l'eau, je déshabille Léopold, je le mets dans son bain, je mets Léopold aussi dans le bain. Et après, Lucie m'a appelée parce qu'elle faisait une de ses activités. Et je ne voulais pas venir. Je lui ai dit, Lucie, tu attends parce que je suis en train de donner le bain à tes deux frères. Tu attends. Et après, elle a insisté, insisté. Et en fait, je suis descendue énervée. Et tout est parti de là. Mais ce n'est pas de la faute de Lucie. Ce n'est pas du tout ce que je veux dire, ni quoi que ce soit. Parce que du coup, je l'ai aidée sur son activité. Alors, j'ai un trou de mémoire parce que je ne sais pas. Pour moi, j'avais éteint le robinet et il n'y avait pas beaucoup d'eau. Et pourtant, quand je suis remontée, en fait, il y avait plus d'eau. Et puis, il y avait Léopold. Il était assis avec la tête sous l'eau, en fait. Lui, il était en train de jouer avec ses jeux, mais il n'a aucune conscience du danger. J'ai éteint tout de suite le robinet, j'ai appelé les pompiers. Lucie, elle le réalisait, elle n'avait pas encore conscience de ce qui se passait. Elle était en train de jouer en bas et les pompiers, au téléphone, me faisaient faire du bouche à bouche. Après, ils ont sonné à la porte. Du coup, ils se sont occupés de Léopold. Moi, j'ai sorti lui de son bain. C'est Lucie qui leur a ouvert. compris non plus tout ce qui se passait. Et j'ai prévenu aussi mon mari entre temps, parce que voilà, il fallait bien lui dire. Et puis après, on a dû aller à l'hôpital. Je me suis sentie un peu comme... Tu sais, j'avais l'impression d'être une meurtrière. Je ne les laisse jamais tout seuls dans le bain. Ça pouvait m'arriver juste parce que j'avais oublié de préparer leurs pyjamas. Alors, j'allais chercher le pyjama dans leur chambre. Et là, ça m'arrive une fois et pour moi, c'est tout de suite le drame. Et puis en plus, dans cette histoire, même Lucie, elle s'en veut parce qu'avant, elle prenait le bain avec eux et que ça ne serait pas arrivé si elle avait été là. Et moi, je n'arrête pas de lui dire que ce n'est pas de sa faute, que c'est un accident. Et mon mari s'en veut aussi parce qu'il n'était pas trop là non plus. Il ne sait pas qu'il sortait boire un café ou n'importe quoi. Il travaillait. Donc, c'est pareil. Je lui ai dit, tu n'étais pas là. Tu ne peux pas te sentir responsable. Ce n'est pas de ta faute. Et puis le problème, c'est que... pendant l'hospitalisation, les médecins nous demandent tout le temps comment ça s'est passé et tout ça. À la fin, je crois que j'avais l'impression d'être une meurtrière, qu'on me prenait pour une meurtrière parce que je crois qu'ils voulaient savoir si je racontais plein de versions différentes de l'accident ou n'importe quoi. Et là, c'était un petit peu compliqué puis ça a duré 17 jours quand même l'hospitalisation parce qu'en fait, il avait quand même le cerveau qui était encore actif. parce qu'ils ont financé phallogramme. Et ça, ça voudrait dire qu'ils ne seraient pas restés longtemps sous l'eau. Mais bon, assez pour que ça soit le drame.
- Speaker #2
Ils n'ont qu'ici pas noyé ?
- Speaker #1
Enfin, si, ils considèrent ça comme une noyade. Mais après, ils étaient avec assistance respiratoire. S'ils n'avaient pas mis l'assistance respiratoire, ils ne seraient peut-être pas restés 17 jours. Mais ils avaient encore une activité cérébrale. Donc à partir de là, ils disent que parfois il y a des miracles qui peuvent se produire. Donc Lucie, elle a raconté à sa maîtresse ce qui s'était passé. Les maîtresses ont mis un mot dans leur classeur pour prévenir de ce qui arrivait à Lucie. Et il y a une des mamans qui m'a contactée après, la maman d'une de ses amies, qui avait entendu parler d'une histoire qui s'était passée aux États-Unis où un enfant s'était noyé dans une piscine. Pareil, il avait été déclaré mort, mais après, ils ont fait des séances d'oxygénothérapie. Et donc là, on est rentré en contact avec l'hôpital américain, avec le médecin américain. Ils ont parlé avec nos médecins à nous. Mais l'oxygénothérapie, c'est déjà un peu ce qu'ils avaient fait, ce qu'ils essayaient de faire avec Léopold. Ça n'a pas marché, mais on a essayé de faire tout ce qu'on a pu. Et après, voilà, ces 17 jours, on a l'impression qu'on est comme des automates. Mon mari restait une journée, moi l'autre. En plus, lui, en fait, il venait de trouver un nouveau travail. Il avait commencé le début novembre pour être plus souvent avec ses enfants, justement. Et là, c'est sept jours après son nouveau travail, il arrive ça.
- Speaker #2
Et toi, comment tu te sentais ?
- Speaker #1
Franchement, je trouvais que j'ai vu comme un sentiment d'injustice. Parce que déjà, je suis une grande enfant moi-même. Je fais plein d'activités avec mes enfants. J'ai fait un blog. les recettes de la débrouille. Et dedans, je donne plein de recettes pour faire des activités avec ses enfants et tout ça. Et je suis tout le temps avec eux. Et j'ai cinq minutes d'inattention. Cinq minutes où... Parce que j'étais aussi un peu fatiguée, des cris de son frère. Et c'est le drame tout de suite. Je le vis comme une grosse injustice. Et après, j'apprends à vivre avec. Parce que de toute façon, il fallait tout de suite se remettre dans le bain. parce que Louis devait avoir ses thérapies, c'est eux en fait, c'est Louis et Lucie qui nous font sortir la tête de l'eau.
- Speaker #2
Et vous avez été accompagnés ?
- Speaker #1
Oui, en fait disons que même dès que le décès a été constaté, on a été suivis par une assistante sociale, on est suivis encore par des psychologues d'une association, alors bon Lucie maintenant ça va bientôt s'arrêter, parce que la psychologue décrète… que son deuil, elle le vit très bien et qu'elle a pu... Parce qu'elles sont spécialisées que dans le deuil. Donc, si elle avait un autre souci, la psychologue nous aurait retournés vers une autre psychologue. Mais elle dit là, elle ne fait rien parce que Lucie a une très forte force de résilience et elle vit bien son deuil. Son petit frère lui manque. Là, elle a un petit peu pleuré à l'école, il paraît, ces derniers temps. Elle a expliqué à sa maîtresse que ça allait faire deux ans que... son petit frère était décédé et que ce n'était pas facile. Et Louis, on a essayé de lui faire voir une psychologue spécialisée pour les enfants aux besoins spécifiques. Et pour l'instant, elle nous a dit qu'elle ne pouvait rien faire parce que Louis, il n'en parlait pas de son petit frère. Mais elle m'a dit que ça allait venir après, donc on se recontactera après. Et effectivement, maintenant, il en parle de plus en plus. En plus, il dit qu'il le voit dans le bain, près du radiateur. Il dit des choses assez étonnantes parce qu'en fait, ma sœur est décédée quatre jours après mon fils. Et le truc, c'est qu'elle est venue pendant qu'il était hospitalisé. Elle est venue chez nous avec ma maman pour nous aider. Et elle avait tout le temps froid parce qu'elle avait des problèmes d'anorexie. Et elle avait tout le temps froid et était tout le temps près des radiateurs et tout. Et ça, lui, il l'a remarqué. Un soir, elle m'a eu 15 jours après le décès de Léopold, où je lui avais donné son bain. Et puis, il commence à me dire, il y a Léopold ici avec Charlotte. Et il montrait les radiateurs. Je sais pas, ça me pensait comme s'il les voyait vraiment. Je sais pas. Je sais pas si ça existe vraiment, les gens qui... qui communiquent avec les morts. Mais là, presque, j'avais cette impression.
- Speaker #2
Je parlais avec une passeuse, comment on dit ça ? Une magnétiseuse, pardon. Parce que mon troisième, il fait toujours passer nuit, il va avoir deux ans. Et donc, je suis allée voir tout le monde,
- Speaker #1
tous les fils.
- Speaker #2
Et je lui ai raconté que mon fils, le premier, nous a déjà dit Ah, là, derrière toi, il y a quelqu'un, maman, dans un appartement où on habitait avant sur Rennes. Et elle me disait, non mais c'est possible parce que les enfants voient des choses que nous, nous ne voyons plus. Et quand on est arrivé dans la maison où on habite actuellement, je me souviens très bien, il s'était mis à la fenêtre. Il avait regardé la maison d'en face. Il a dit, c'est que des gens bien et les gens qui habitaient là-bas. Après, moi, je suis très cartésienne, mais il y a des choses, je pense qu'on n'explique pas. C'est un peu comme les religions, la foi ou des choses comme ça. Et peut-être que les enfants ont quelque chose que nous,
- Speaker #1
on a perdu. Oui, en fait, moi, ce qu'on me disait, c'est que Louis, justement, c'est aussi un enfant différent. Il est aussi un petit peu dans son monde et il pourrait aussi être connecté vers le ailleurs. Mais en tout cas, il avait bien repéré que ma sœur, elle avait tout le temps froid. Il parlait très bien le radiateur. Et oui, il disait que moi, ça me fait… En fait, je me fais plaisir à penser que ma sœur et mon fils, ils sont ensemble. Parce qu'elle, elle tenait le blog avec moi, donc les recettes de la débrouille. Et elle, elle faisait les recettes culinaires. Et Léopold, c'était un gourmand. Donc je m'étais même dit que c'était lui qui l'avait appelé pour qu'elle lui fasse à manger. Mais c'est des choses, je ne sais pas s'ils ont la sensation quand… Alors, si les morts ont la sensation de faim ou n'importe quoi. Mais c'était des choses que je me disais pour me rassurer. Et disons que maintenant, je suis… En fait, je ne me pardonne pas. Mais par contre, je vis avec. Je vis avec ce qui s'est passé et j'apprends à vivre avec. Et je me demande parfois s'il m'en veut, mon fils. Parce que moi, je me dis si c'était moi qui étais sous l'eau. Parce qu'à un moment, je l'entendais un petit peu parler en plus. Mais pour moi, il était avec les Legos qu'on avait laissés, des Legos de bain. Je me demande, en fait, si c'était moi à sa place, j'en aurais voulu à ma maman. Ça a fusionné beaucoup dans ma tête. Mais que moi. en fait. Disons que ce que les autres pouvaient penser, c'est même mon mari, je me disais, ce qu'il peut penser, c'est je m'en fous. J'étais déjà à cette étape-là. C'est moi qui dois me pardonner moi-même et le pardon des autres, je m'en moque parce que je ne leur dois rien. Ils ne savent pas ce qu'on vit, ils ne savent pas. Et mon mari, au début, je crois qu'il m'en voulait un petit peu. C'était bizarre parce qu'à l'hôpital, il disait aux médecins qu'il n'était pas souvent là, que j'avais une surcharge mentale, et que lui nous demande beaucoup d'attention. Et puis après, en dehors de l'hôpital, il disait que c'était autre chose. Jusqu'au jour où j'ai dit que je ne pouvais plus m'en prendre tout le temps dans la figure, c'est où tu arrêtes de me dire ça, où je m'en vais, parce que ma soeur était prête à m'accueillir. Je ne savais pas trop, j'avais d'autres solutions, mais je ne pouvais pas vivre avec une personne qui me fait des reproches tout le temps. Et après, dans le fond, il m'a expliqué qu'en fait, il ne m'en voulait pas, que c'était la peine qu'il parlait pour lui. Et après, ça s'est arrêté. Mais c'était quand même un peu dur. Heureusement, j'ai quand même ma famille qui m'a soutenue. Et même la sœur de mon mari, elle a été plus présente qu'aussi. Bon, ils habitent. Ils habitent dans la région parisienne, donc ce n'est pas facile non plus. Elle a aussi des enfants. Mais c'est vrai que c'était difficile pour moi. Ça l'est toujours encore un peu maintenant. Mais en fait, c'est Louis qui me sort la tête de l'eau et c'est Louis qui me fait avancer. Et je me suis même dit que Léopold est parti pour sauver son grand-père. Je restais peut-être dans l'idée que rien n'arrive au hasard. Et que lui, comme je le disais, ce n'est pas pour me déculpabiliser ou quoi que ce soit, mais peut-être qu'il avait des soucis lui aussi. Ils ont fait des tests d'ailleurs de génétique à l'hôpital et on n'a toujours pas les résultats. Donc je pense qu'on les aura en janvier parce que Léopold, lui, revoit son... Neurologue en janvier
- Speaker #0
Et je lui redemanderai. Et je me dis peut-être que comme lui aussi, il avait peut-être des soucis, il est parti pour que je lui accorde du temps pour sauver son frère. Ce n'était pas forcément vrai, j'en ai parfaitement conscience. Mais ça me donne une motivation en plus pour essayer d'aider lui et trouver un diagnostic.
- Speaker #1
Ça a soudé ta famille quand même ?
- Speaker #0
Alors ça a soudé ma famille. Mes soeurs en tout cas ont été très proches. Ce qu'il y a, c'est que comme il est arrivé aussi l'autre drame, c'est-à-dire que j'ai perdu ma sœur, ma maman, elle a aussi perdu sa fille, elle a son autre fille qui est triste, et en plus c'était ma sœur avec qui je me serais le plus confiée de ce qui m'est arrivé. Ça nous a rapprochés, on s'est soutenus. Je ne peux pas dire le contraire, mais après la vie de mes sœurs ont aussi repris le coup, et de nouveau on est passé une étape où on avait plein de monde autour de nous. Et de nouveau, c'était redevenu la normale. Et à chaque fois que je suis un peu toute seule ici, chez moi ou n'importe quoi, à ce moment-là, c'était un peu triste. Alors mes patrons, ils m'ont dit que je pouvais ne plus travailler à temps plein. Donc depuis, je suis à temps partiel. Ils ont été plutôt assez compréhensifs. Ça, je ne peux pas leur enlever. J'ai repris le travail. Paul et Léopold sont décédés en novembre. J'ai repris le travail en janvier. Et directement à temps partiel, avec la famille. Enfin... En fait, ce n'est pas tellement la famille de ce côté. Je n'ai pas trop à me plaindre. C'était plutôt parce que, par exemple, l'année dernière, il y a ma fille Lucie qui était à la maison relais. C'est la périscolaire. Parce qu'on pouvait la chercher vers 6 heures. Et puis, c'est là qu'il y a un petit garçon qui l'a embêté. Et elle lui a répondu, pourquoi tu m'embêtes ? Tu n'es pas mon père. Et lui, il lui a dit… c'était vulgaire, mais il lui a dit ferme ta gueule Et puis elle, elle a dit et pourquoi tu me parles comme ça ? Tu n'es pas mon père, ne me parle pas comme ça Déjà, même son père, il ne lui parle pas comme ça, mais je ne sais pas pourquoi elle disait pas mon père Et il a dit oui, heureusement que je ne suis pas ton père et que je ne suis pas ta mère non plus, parce qu'elle ne sait pas garder les enfants, elle en a laissé un se noyer Et ça, à la Maison Relais, elles n'ont pas entendu les éducatrices, mais Lucie, elle était en pleurs, et il y a les autres enfants qui ont été répétés ce qui s'est passé. Et moi, on me l'a raconté le soir. Il y a un éducateur qui me l'a dit. Et j'ai quand même écrit à la direction de la maison Relais. J'ai dit que j'espère qu'ils allaient quand même faire quelque chose parce que Lucie, elle est suivie psychologiquement pour ce qui s'est passé. Et nous aussi, il ne faut pas tolérer ça. Après, il paraît que l'enfant, il est un problème. Il est méchant avec tout le monde. Même soi-disant, ses parents ont beaucoup de fil à retordre avec lui. Ça, c'était compliqué. Parce que moi-même, ça m'a retournée quand je l'ai entendue. Surtout qu'il y avait un an qui s'était passé, puis je me dis que ça, ça vient forcément des parents. Un enfant de 9 ans, il ne sort pas ça comme ça. Pour moi, ça vient seulement des parents. Et après, quand j'ai su qui était la maman, c'est une personne avec qui je parlais quand Lucie ou Louis étaient à la crèche. Et en fait, je lui parlais régulièrement. Mais maintenant, si je lui avais su ça, j'étais déçue. Je ne dirais pas que c'était une de mes grandes amies, mais je ne l'aurais pas imaginé en train de dire ça.
- Speaker #1
Et aujourd'hui, comment vous célébrez
- Speaker #0
Léopold ? Alors en fait, disons que c'est un petit peu dur. L'année dernière, quand c'était l'anniversaire du dessous, on a allumé une bougie. Et puis par contre, pour son anniversaire, au départ, je voulais faire un lancé de lanterne. Et puis après, ma psychose... elle m'avait dit qu'on pouvait faire aussi un lancer de ballon en fait on gonfle un ballon on met un mot dans le ballon un dessin ou un mot parce que Lucie et Louise ont fait des dessins moi j'ai écrit un mot et j'ai laissé même nos adresses mail si on sait jamais si quelqu'un a les petits messages on aura peut-être un email et en fait le ballon après je l'ai gonflé avec de l'hélium et puis ils ont ça a volé et c'est parti dans le ciel et j'ai expliqué peut-être à Lucie que Léopold allait attraper ses ballons. Mais par contre, alors il est décédé en novembre et il y avait son premier anniversaire où il aurait eu ses deux ans au moins, donc en mars. Et là, c'est bizarre parce qu'en fait, on avait mis, on avait fait un gâteau et la bougie, elle s'éteint toute seule.
- Speaker #1
Vous l'aviez allumée et tout ?
- Speaker #0
Oui. Je l'ai mis sur mon compte Instagram, ça je l'ai sur la, je ne sais pas, tu peux peut-être aller voir, ça c'est un tout seul. Cette vidéo, elle a fait plus de 2 millions de vues. J'ai eu plein de commentaires en dessous. Il y a des commentaires qui disaient que c'est papa qui siffle derrière. Non, elle s'éteint toute seule. Je ne sais pas, j'ai pris ça comme un petit signe.
- Speaker #1
Vous avez encore des photos ou des dessins ?
- Speaker #0
On lui a fait un petit coin, une petite commode où il avait le jeu qu'il préférait. Quelques petites photos, c'est dans notre chambre, mon mari et moi. Louis va même voir de temps en temps, puis Dilaille à Léopold. Lucie, elle va voir aussi. Puis j'ai mis un petit carnet, mais personne n'écrit dedans. Mais à la base, c'était pour écrire dedans, si on voulait lui adresser un petit message ou quoi que ce soit. Moi, j'ai mis le petit carnet, mais je n'arrive pas à écrire dans le carnet. J'y arrive pas, j'ai déjà laissé le stylo et tout, j'ai essayé. Mais à la base, j'écris déjà pas beaucoup. Mais là, j'ai peur que ça me remue encore un petit peu. Après, je suis plutôt… j'avance bien. Ma psychologue, elle dit que j'avance quand même bien dans le deuil et tout ça. Au final, quand je la vois, on parle même plus tellement de Léopold, on parle plutôt de tout ce qui nous arrive autour. Parce qu'on se dit quand même… Donc, j'ai perdu ma sœur quatre jours après. On a quand même Louis qui est un enfant différent. C'est presque un autre deuil qu'on doit faire aussi. On n'aura jamais un enfant comme les autres. On parle plus de ce qui se passe autour que du deuil. Et elle dit que j'avance plutôt bien. J'ai des personnes… En fait, autant il y a des personnes pour qui… Je me suis rapprochée même de certaines personnes avec qui je n'étais pas trop avant. et que mon histoire a touché, que notre histoire a touché. Et puis, j'ai deux amis dans notre village. Alors, mon mari dit souvent qu'on fait les desperate housewives du village. Et il y en a l'une d'elle, je ne la connaissais pas trop avant le décès de Léopold. Et puis, on s'est rapprochés après parce qu'on avait dû changer notre organisation un petit peu. Et Lucie, elle rentrait en bus. Et puis, comme mon mari avait trouvé son nouveau travail, il n'y avait plus personne pour venir. la chercher le vendredi soir. Donc cette dame-là, elle s'en est occupée chaque vendredi soir jusqu'à ce que je revienne du travail. Elle a été me chercher du scie avec sa fille et elle l'a gardée. Et puis alors, elle l'a gardée en grande pompe. C'était pour goûter, grosse tartine de Nutella. Et elle préférait presque rester chez elle que revenir à la maison. Donc il y a eu des rapports. Franchement, il y a peut-être eu du jugement, mais je ne l'ai pas trop ressenti. Oui,
- Speaker #1
tu as été bien entourée.
- Speaker #0
Oui, et puis j'ai décidé qu'en fait, ce qui était le négatif, il fallait que je le chasse. Donc, j'essaye de ne pas trop écouter ce qui se dit autour. Et donc, la dame dont l'enfant a dit ça à Lucie, j'ai dit, celle-là, c'est sûr que si je la revois, je ne lui parle pas. Elle ne saura peut-être pas pourquoi, mais moi, je me dis que si j'apprenais que mon enfant avait dit ça à un autre enfant, J'irais quand même parler à la maman pour excuser où elle m'a recroisé. C'est à ce moment-là que j'ai su que c'était la maman de cet enfant-là. Et elle m'a ignorée.
- Speaker #1
Les gens jugent facilement.
- Speaker #0
Sans connaître les situations et tout ça, j'apprends à vivre. J'apprends à vivre avec ce qui s'est passé.
- Speaker #1
Et quelles sont tes ressources pour surmonter l'épreuve ? Est-ce que tu as des livres ? Tu écoutes des podcasts ? Je ne sais pas.
- Speaker #0
Il y avait déjà, je ne sais pas si tu connais… Fly Lady. Tu sais, c'est des routines pour bien tenir ta maison. C'était une Américaine qui... Et en fait, j'avais fait ça déjà avant le décès de Léopold. Je m'étais mis dans ça. Je n'avais pas trop tenu. Après, j'ai refait une fois que Léopold était décès. Parce qu'en fait, c'était... Le principe, c'est que tu divises ta maison par zone. Et puis, tu... Bon, j'ai une femme de ménage aussi qui m'aide. Et puis, tu nettoies chaque semaine une zone de ta maison. et en approfondi, parce que la femme de ménage, elle est là quatre heures par semaine, mais elle ne peut pas tout faire, en approfondi. Et en fait, ça m'occupait l'esprit de faire ça. J'ai des encombres la maison et le petit ménage, et ça occupe l'esprit. Puis elle dit aussi, Fly Lady, qu'on ne peut pas être bien avec les autres quand on n'est pas bien avec soi-même. Donc, elle revendique le fait qu'on doit prendre soin de nous et tout ça. Donc, j'ai été sur des groupes. J'écoute le podcast. podcast, c'est le moment de briller, notamment, puis on est sur un groupe WhatsApp avec la dame qui fait ce podcast, et puis on se conseille entre nous, et ça, ça me change les idées. J'hésitais même à lui écrire à Fly Lady, la dame américaine, pour dire qu'elle m'aide quand même pas mal dans mon deuil avec ce qu'elle fait. Ça, ça m'a aidée pas mal. Et ça paraît un petit peu stupide, je sais, mais je ne sais pas, ça aide. Et puis en plus, tous les jours, on doit chercher une phrase positive. Alors ça, par contre, j'ai trouvé un compte Instagram où tous les matins, je reçois aussi une phrase positive qui met de bonne humeur. Et ce qui m'aide, finalement, c'est que la psychologue, elle m'aide aussi beaucoup. Parce qu'elle aussi, elle a perdu un enfant. Et c'était pour d'autres raisons. Et ça fait du bien de parler à quelqu'un qui a vécu aussi la même chose. Et même sur Instagram, ça m'a aidée. J'ai trouvé d'autres mamans qui ont aussi perdu des enfants et qui sont même rentrées en contact avec moi justement suite à la vidéo où on voit la bougie de Léopold qui s'éteint toute seule et qui me disent qu'elles ont connu le même genre de malheur. Et c'était pour d'autres raisons. Il y en a une, elle était à un mariage, et il y avait une piscine, et la grille était mal fermée, et son enfant est tombé. Et puis, au début, personne ne s'en préoccupait. Donc, je communique pas mal avec des autres mamans, et ça aide aussi. Et c'est pour ça que je m'étais dit que peut-être que je pourrais ouvrir une page de lutte contre les accidents domestiques, mais avec une autre maman, parce que je pense que je n'ai pas le temps. de faire ça moi-même toute seule parce que si on fait ça sur Instagram, il faut poster régulièrement. Et pour moi, là, c'est un petit peu compliqué.
- Speaker #1
C'est un bel appel aux mamans ou aux papas qui souhaiteraient... Parce qu'il y a des hommes sur le podcast, presque la moitié sont des hommes qui écoutent, donc qui voudraient participer et venir discuter avec toi et pourquoi pas co-créer cette page. On peut te retrouver où, Didi ? Où est-ce qu'on peut te retrouver ?
- Speaker #0
En fait, j'ai la page Instagram lesrecettesdeladébrouille. J'ai mon email aussi, lesrecettesdeladébrouille.com et là, on peut m'écrire et sinon, me laisser un message sur Instagram. C'est là que je suis le plus active parce que j'ai du mal. J'ai aussi un compte TikTok, mais là, j'ai du mal avec tout ça. TikTok, je regarde plus les vidéos et puis en plus, je trouve que les commentaires sur TikTok sont méchants. Il y a d'autres mamans qui parlaient de ce qui leur est arrivé. Il y a les parents qui jugent. Je ne sais pas si c'est avant, je pense que tu en as entendu parler, l'histoire de la petite Lina. Lina, celle qui partait pour Strasbourg rejoindre son compagnon. Elle avait cinq ou dix minutes de marche à faire. Et la maman, sur les vidéos, elle s'en prend plein la figure parce qu'elle aurait laissé partir sa fille à pied jusqu'à la gare pour aller jusqu'à Strasbourg. Je lis des commentaires, c'est vraiment atroce. En fait, je pense que la maman est tombée aussi dessus et je me mets à sa place. Ça doit être horrible de lire ça. Et en plus, surtout que pour moi déjà, c'est pas une erreur d'inattention, ça peut arriver à tout le monde. Et en plus, je crois qu'elle était au travail, c'était pendant la journée, elle était au travail, elle avait son enfant à la maison. Et les gens, ils jugent. Et ça peut être méchant. Ça peut être... Et c'est... plus sur TikTok que sur Instagram.
- Speaker #1
En tout cas, merci. Merci de ce témoignage. Merci d'avoir raconté ton histoire et de mettre des mots sur des accidents domestiques vraiment qui peuvent briser une famille. Ça peut arriver, une seconde d'inattention, comme toi, là, tu parlais tout à l'heure de déposer, d'aller chercher les pyjamas. Moi, c'est pareil. En vrai, la salle de bain est juste à côté des chambres. Des fois, j'oubliais de prendre le caleçon ou je ne sais pas quoi. J'y vais, je fais un aller-retour.
- Speaker #0
Après, je me suis sentie meurtrière quand même, parce qu'il y a la police qui est venue chez nous. Il y a eu cinq minutes d'inattention. En plus, après, j'ai dû aller moi-même au commissariat, Marie aussi, pour qu'on raconte encore ce qui s'est passé. Ça, c'était des moments durs. Mais maintenant j'en parle. Donc ça c'est ce qui m'aide aussi, c'est que je ne reste pas renfermée sur moi-même. J'en parle avec mon mari, on avance différemment dans notre deuil. Lui il n'en parle pas, mais c'est sa façon de le vivre aussi. Mais moi je suis ouverte pour, s'il y a d'autres mamans à qui c'est arrivé, je suis ouverte pour en parler. Parce que je sais que moi j'aurais aimé trouver d'autres mamans à qui... vraiment qui ont perdu un enfant, mais vraiment par un accident domestique. D'autres qui en perdent parce qu'ils étaient malades et tout ça, c'est triste aussi. Mais c'est encore différent parce que moi, je me sens responsable. Elles, elles ne le sont pas, leur enfant était malade et ce n'est pas de leur faute. Moi, j'ai l'impression que c'est de ma faute. Mais finalement, ces moments… Ces mamans qui avaient des enfants malades, ma psychologue a quand même eu le sentiment de culpabilité aussi, de ne pas avoir fait les choses peut-être à temps, ou finalement on l'a toujours. Mais moi, je voulais parler à des personnes à qui c'est arrivé, et dans l'association où je suis, les personnes à qui c'est arrivé, elles ont réussi à remonter la pente et elles ne veulent plus en reparler. Parce que c'est une sensation que je peux comprendre aussi, elles ont peur de retomber dans leur travers. Parce qu'on m'avait dit qu'ils avaient quelqu'un à qui c'était arrivé. Ils allaient lui demander si elle voulait en parler avec moi. Et cette personne, elle n'a pas voulu. Je serai ouverte à, si d'autres mamans veulent en parler, à en parler avec elle.
- Speaker #1
En tout cas, merci beaucoup, Émilie. On a dit où on pouvait te retrouver, les recettes de la débrouille, sur Instagram. Je voulais contacter Émilie pour parler, que ce soit sur tous les sujets qu'on a abordés là, parce qu'il y avait quand même beaucoup de sujets. Merci en tout cas de m'avoir contactée. Merci de t'être livrée, parce que c'est vraiment un exercice pas facile, et surtout sur des sujets aussi intimes et prenants que cela. Et puis on pense peut-être au petit Léopold, bien fort, et à sa fratrie.
- Speaker #0
Oui, nous surveillons.
- Speaker #2
Si vous entendez ce message, c'est que vous avez écouté l'épisode jusqu'au bout. Et je vous en remercie grandement. Je vous invite à me laisser un commentaire pour continuer les échanges et à mettre la note de 5 étoiles si l'épisode vous a plu. Cela contribue à augmenter la visibilité du podcast sur les plateformes. Merci beaucoup de votre soutien et à bientôt pour le prochain épisode.