- Speaker #0
Bienvenue sur Matésens, le podcast des femmes qui réinventent leur carrière après la maternité. Je m'appelle Margaux Saubry-Bobet et je suis coach professionnel certifié. Chaque semaine, je vous invite à découvrir des parcours inspirants de femmes qui ont osé transformer leur vie professionnelle. Au programme, des conseils concrets et des outils pratiques pour avancer avec confiance et ambition vers la carrière qui vous correspond et qui vous rend fière. Alors, si vous êtes prête à écrire le prochain chapitre de votre vie professionnelle, Je vous invite à vous abonner dès maintenant. Allez, c'est parti ! Aujourd'hui, j'ai le plaisir d'accueillir Blandine Samson. Blandine est gémologue, enseignante en gémologie et fondatrice de la marque de joaillerie La Chamade. C'est une marque qui lui ressemble, où chaque bijou bat au rythme de vos émotions. Mais avant d'embrasser cette carrière de gémologue, Blandine a eu une première vie professionnelle. Elle a d'abord travaillé une quinzaine d'années en marketing dans des grands groupes de luxe comme Dior, Coty et Hermès où nous nous sommes rencontrés. À la naissance de ses jumeaux, elle est devenue maman de quatre enfants et elle ressent alors le besoin d'écouter cette petite voix qui lui dit d'oser et de rêver plus fort et plus grand. Elle reprend alors ses études pour se spécialiser en gémologie. Elle y découvre un univers fascinant de pierres de couleur souvent méconnues mais d'une beauté envoûtante. Ses trésors, elle a à cœur de les faire découvrir à travers ses créations, mais aussi à travers son histoire qu'elle nous dévoile aujourd'hui. Hello Blandine !
- Speaker #1
Bonjour Margaux ! Merci de me recevoir sur ton podcast, très très contente.
- Speaker #0
Je suis très heureuse aussi de t'accueillir aujourd'hui. Pour commencer, j'ai une première question pour toi, pour te présenter. Est-ce que tu pourrais nous dire d'où tu viens et que rêvais-tu de devenir quand tu étais enfant ?
- Speaker #1
Tu vas voir, c'est assez surprenant. Je m'appelle Blandine, j'ai 41 ans, je suis maman de 4 enfants, une fille de 12 ans, un garçon de 10 ans et des petits jumeaux de 3 ans et demi. Je suis fondatrice de la marque de joaillerie Lachamad et comme tu le disais très bien, je l'ai fondée à la suite d'une reconversion professionnelle. Pour te donner un petit peu mon parcours à la base, je suis plutôt scientifique, j'ai fait un doc de biologie. à la suite duquel j'ai eu mon diplôme d'ingénieur en agroalimentaire et j'ai complété ce cursus un peu scientifique par un master marketing à HEC. Et donc là, un peu par hasard, je me suis retrouvée dans l'industrie cosmétique. J'ai fait 15 ans, 15 ans où j'ai eu des positions très intéressantes, très challengeantes. Mais voilà, au bout de ces 15 ans, j'ai ressenti le besoin de faire autre chose. donc je t'en parlerai un peu plus tard et tu me demandais enfant ce que je voulais être en fait je voulais être marchande de légumes alors c'est pas une blague pourquoi en fait moi j'ai vécu à la campagne entourée de quatre frères et soeurs donc famille nombreuse et je sais pas pourquoi j'ai toujours voulu être marchande de légumes d'avoir mon propre stand mon assortiment de légumes la machine pour payer etc c'était juste mon rêve donc je pense que déjà à cet âge là j'avais peut-être cette petite fibres entrepreneuriales qui étaient en train de pousser. Et donc, me voilà entrepreneur maintenant à 41 ans. Pas de légumes, mais...
- Speaker #0
Les légumes sont devenus des bijoux.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
Excellent. Et qu'est-ce qui t'a amenée à devenir créatrice et à lancer ta marque après ces années en tant que salariée ? Est-ce qu'il y a eu un élément déclencheur ? Donc, on a vu la maternité, mais voilà, comment ça s'est passé ? Est-ce que tu peux nous en dire plus ?
- Speaker #1
En fait, je pense que j'ai toujours eu, comme je te disais, un petit film entrepreneurial. Je pense que je ne m'écoutais pas vraiment. Je gardais ça dans un petit coin de ma tête. Et notamment à chaque fois qu'on entrait de vacances avec mon mari, on cherchait une idée business, un truc à monter qui pourrait nous rendre riches, etc. Et ça ne s'est jamais fait. Mais comme tu disais, je pense que le congé maternité de mes jumeaux, ça a vraiment été une espèce d'électrochoc. Donc déjà, on est... de passer la période Covid, avec quand même des nouvelles façons de travailler, etc. Donc, nouvelle dynamique familiale à construire. C'était une période pleine de changements, un déménagement. Et donc, la vie professionnelle n'a pas fait exception. Je me suis posé énormément de questions pendant ce congé maternité, justement. Et en fait, plus le moment approchait de mon retour au travail, plus j'avais une espèce de boule d'angoisse qui montait. Je ne me sentais pas capable. de retourner sur un poste qui demandait beaucoup de voyages avec quatre enfants. Il faut savoir qu'avant, avant mes jumeaux, j'étais sur un poste à scope européen et je voyageais énormément et je faisais énormément de sauts de puce en fait vers l'Europe. Ça m'a énormément fatiguée physiquement en fait, j'ai dû me faire opérer du cœur etc. Donc c'était vraiment une période compliquée, je ne me voyais pas en fait assumer ça avec quatre enfants. Donc voilà, je me suis posé beaucoup de questions, je pense que je me suis posé aussi les bonnes questions et je me suis dit je ne peux pas retourner dans une vie où j'ai la boule au ventre avant d'aller au travail, où je n'ai pas envie, donc je me suis dit la vie est trop courte. et c'est là que j'ai décidé de me lancer dans un premier projet entrepreneurial qui n'est pas celui que je fais en ce moment. Et c'est d'ailleurs un déjeuner avec toi qui m'a, tu te souviens, qui m'a donné la piste de ce nouveau poste. J'étais partie à la base sur plutôt un projet de lieu parents-enfants où les enfants seraient pris en charge par les animateurs, etc. Et en fait, plus ça avançait, plus déjà l'équation économique ne tenait pas. Enfin, donc il est. Et l'idée, c'était aussi de lancer ma boîte, mais d'avoir une qualité de vie qui me permettait aussi de profiter de mes enfants. Donc, c'était un projet qui ne répondait pas du tout à ce besoin. Et donc, on a déjeuné ensemble. Tu avais une très, très belle bague, je me souviens, vintage. Et tu m'as dit que tu l'avais achetée chez un revendeur de bagues en Normandie. Et c'est là que je me suis dit, attends, il y a peut-être un truc à faire sur les bijoux. Et c'est marrant parce que vraiment, ce déjeuner, pour moi, il a été vraiment déterminant dans ma reconversion. Puisque je me souviens, je t'avais dit dans une semaine, il faut que j'aie pris ma décision. Est-ce que je continue sur le lieu par enfant ou est-ce que je cherche complètement autre chose ? Et de fil en aiguille, j'ai creusé cette piste de bijoux anciens. Et en discutant aussi avec d'autres gens, j'ai découvert cette formation de gémologie. Donc, je suis rentrée dans cette formation de gémologie en me disant, je vais travailler dans les bijoux anciens. Et puis, en fait, la fibre entrepreneuriale créatrice, elle avait été exacerbée. Je me suis dit, si je ne crée pas ma propre marque maintenant, je ne le ferai jamais. Et voilà où j'en suis aujourd'hui et pourquoi j'en suis là. Donc, tu es partie prenante de cette décision.
- Speaker #0
Écoute, ça me touche. Et je trouve que là-dessus, il y a quelque chose de très intéressant, je pense, pour les personnes qui écoutent. C'est comment tu as fait pour prendre cette décision, pour décider ? Parce que souvent, on est dans l'indécision. En plus, là, c'était presque un choix de vie. Et puis, tu avais une deadline d'une semaine. Donc, comment tu as fait pour décider ?
- Speaker #1
En fait, je m'étais listée tout simplement les critères. Donc, je quitte un bon poste dans une belle boîte. Qu'est-ce que je vais aller chercher ? En fait, je vais chercher une meilleure qualité de vie, profiter de mes enfants, avoir mon propre business, prendre les décisions, tout ça. Et en fait, j'ai quand même réalisé que l'objectif premier qui était de plus profiter de ma famille, ça ne tenait pas. Et en fait, je partais déjà sur un truc qui était bancal et ça, ce n'était pas possible. Ça voulait dire travailler les week-ends. Et les jumeaux, ils étaient tout petits à cette époque, donc ce n'était même pas envisageable. Et en fait, le choix s'est fait naturellement et je suis contente, je suis vraiment soulagée d'avoir pris cette décision parce que je pense que je partais sur la mauvaise voie et je n'aurais pas été épanouie comme je le suis aujourd'hui.
- Speaker #0
Oui, tu aurais peut-être simplement perdu un peu de temps.
- Speaker #1
Exactement, oui.
- Speaker #0
Et est-ce que le fait aussi que ce soit une deuxième piste plus créative, c'est aussi entré en ligne de compte ou pas forcément ?
- Speaker #1
Euh... Je pense que c'est rentré en ligne de compte. Même si l'air de rien, le premier business, il y avait aussi beaucoup de choses créatives à développer, etc. Mais en fait, quand j'ai fait ma formation de gémologie, je suis vraiment tombée amoureuse de la discipline. Dès le premier jour, ça a été une évidence pour moi. Comme je te disais, j'ai un background qui est scientifique. Et en fait, je pense que dans toutes ces années de marketing, cet aspect scientifique est très terre à terre. En fait, il me manquait. C'était trop de concepts, trop de choses comme ça. Et la gémologie... c'est la seule science qui allie le beau qui a une notion de beauté dans ses critères d'évaluation donc en fait ça réunissait les deux choses que j'aime, j'aime les belles choses et j'aime les choses rationnelles, terre à terre et du coup je pense que c'est pour ça que je suis autant épanouie, c'est que vraiment j'ai trouvé ma voie c'est extraordinaire c'est ça qui est drôle je pense qu'il ne faut pas négliger aussi toutes les rencontres qu'on peut faire, le réseau etc parce que l'interdéfinition se nourrit aussi des gens, de leur expérience et des discussions ... Et ce n'est pas en restant tout seul dans son coin qu'en fait, le projet évolue forcément de la bonne manière. Oui,
- Speaker #0
et aussi, écouter une petite intuition parce que je me souviens, ils font parfaitement de ce déjeuner où on s'était un petit peu excitées toutes les deux à regarder les arcs de bijoux et toutes les choses et d'avoir cette curiosité. Voilà, des choses qui émergent comme ça, c'est chouette. Oui, trop bien. Bon et quelles sont toutes les difficultés que tu as pu rencontrer sur ton chemin de reconversion professionnelle ?
- Speaker #1
Ah il y en a plusieurs. La première c'est l'aspect financier, ton vêtement est assez terre à terre. Mais voilà, il y a quand même... une sacrée baisse de revenus, donc ça, il faut pouvoir aussi l'anticiper et bien se préparer là-dedans. La deuxième chose, je dirais, c'est la peur des gens, la peur qu'ont les gens et qu'ils projettent sur vous. J'ai dit que je vais quitter Hermès pour monter ma boîte. Eh bien, il y a l'air de rien, pas mal de gens qui ont projeté leurs angoisses sur moi, en disant « mais attends, tu quittes un grand groupe, mais ça ne va pas à Hermès, on y rentre, on en sort » . pas, etc. Il faut vraiment faire abstraction et c'est vrai qu'il faut prendre énormément de recul. Je l'avais entendu, mais je l'ai vraiment vécu. Il faut vraiment s'entourer de gens qui vont vous tirer vers le haut et qui vont vous galvaniser pour le projet, etc. Parce qu'il y a beaucoup de gens qui prétendent angoisse et qui aussi projettent leur frustration de ne pas avoir monté, de ne pas aller au bout d'un de leurs projets. Ça, je l'ai vraiment vécu, même si c'était quand même une minorité de gens. Voilà, c'est quelque chose que j'ai ressenti. Autre difficulté, c'est repartir de zéro. Se refaire un réseau, refaire ses preuves, prouver sa légitimité. Ça, c'était nouveau pour moi parce que dans le secteur, je ne connaissais absolument personne. Donc, c'était prouver que j'avais ma place et que, notamment en tant qu'enseignante en gémologie, je suis quand même une... plus de jeunes j'aime au lang, mais j'ai la chance de pouvoir donner des cours. Donc ça, c'est vrai que ça assoit une certaine légitimité, une certaine expertise. Et voilà, je dirais que c'est les trois principales difficultés que j'ai rencontrées.
- Speaker #0
Et ces trois difficultés, tu les transformes à quelque chose ? On va peut-être les prendre une par une, mais donc pour commencer sur l'aspect financier, tu as peut-être un exemple d'un outil ? Est-ce que tu t'es fait un tableau ? Je ne sais pas, quelle solution tu as pu mettre en œuvre pour dépasser déjà ce premier stop ?
- Speaker #1
Alors, premier stop, pour surmonter le premier stop, ça a été d'avoir ces postes d'enseignante à côté, qui me permettent quand même d'avoir un revenu tous les mois. Je suis enseignante au laboratoire français de gémologie, là où j'ai fait ma formation, et également à l'école des arts joailliers, qui est un lieu qui diffuse la culture joaillière, qui explique un peu les coulisses de tout ça. Donc ça déjà, ça m'assure des revenus, ce qui me permet aussi d'avoir moins de pression. de me dire qu'il faut que ma boîte marche très vite. C'est un confort, une sérénité qui me convient et j'en avais besoin. Je ne voulais vraiment pas me lancer. Comment j'ai fait le premier frein ? Là, ça se met en place tranquillement.
- Speaker #0
Pour te sentir légitime comme enseignante en gemmologie, tu t'appuies sur quoi ? Parce que c'est vrai que tu m'as dit qu'on part de zéro, mais il y avait peut-être déjà des choses que tu avais en toi qui t'ont aidé.
- Speaker #1
Je pense que le fait que je sois ingénieure scientifique à la base, ça rassure aussi. Pendant ma formation, j'ai tout donné pour avoir les meilleurs résultats possibles, donc déjà avoir une certaine légitimité de par mes résultats. Après, c'est d'aller rencontrer des gens du secteur, leur montrer que vous vous y connaissez. C'est ça, c'est rencontrer les gens et c'est en vous rencontrant qu'ils se rendent compte qu'effectivement, ils sont face à quelqu'un qui est passionné. qui est certes jeune gémologue, mais qui a quand même des bases très solides.
- Speaker #0
Trop bien. Et puis, je m'imagine aussi peut-être que 15 ans en marketing, présenter des plans marketing,
- Speaker #1
ça peut aussi... C'est sûr. En fait, au final, je continue à vendre quelque chose.
- Speaker #0
Et peut-être, comment tu as trouvé des personnes qui te soutiennent ou qui te comprennent, qui te boostent dans ce moment-là ?
- Speaker #1
Eh bien, déjà, mon supporter numéro un, c'est mon mari. c'est vrai que toute cette aventure elle aurait pas été possible sans lui c'est un vrai soutien et en plus lui il a vraiment aussi l'âme entrepreneuriale donc il a vraiment, il s'implique énormément, il me demande toujours et alors t'en es où de ça, vas-y montre moi donc voilà en plus il est de bons conseils on est très complémentaires donc voilà il a quelque part dans la boîte donc voilà ça le motive aussi donc lui il nous soutient numéro un et puis après Après, c'est aussi rencontrer des entrepreneurs qui sont dans le même cas que nous, qui lancent leur boîte. C'est une richesse de partager ces expériences, ces coûts de moins bien, mais aussi partager ce qui marche, ce qu'on peut déployer sur d'autres marques, etc. Donc ça, c'est vraiment très, très important.
- Speaker #0
Et je trouve que le soutien du couple, c'est vraiment magnifique. Et je le vois aussi parfois. Et moi-même, je me sens très soutenue. Et je trouve ça beau parce que, évidemment, élever des enfants, c'est déjà un gros travail d'équipe. Mais quand, en plus, on peut se soutenir chacun mutuellement dans nos vies professionnelles, ça rend cette vie de couple encore plus riche.
- Speaker #1
Je pense que ce n'est pas possible de lancer sa boîte si le couple... conjoint n'est pas à 100% derrière. Enfin, je veux dire, ça rajouterait des barrières en plus qui ne sont pas possibles, quoi. Non, non, c'est vraiment très, très important.
- Speaker #0
Donc, lorsqu'on se revoit, ce fameux déjeuner, tu évoques aussi avec moi rapidement, mais parce qu'on se comprenait, des difficultés que beaucoup de femmes rencontrent au moment de la reprise du travail après leur congé maternité. Est-ce que tu pourrais m'en dire plus sur cette expérience et notamment quand tu reviens et tu as dit... commencé à l'évoquer tout à l'heure, en tant que maman de quatre enfants après l'arrivée de tes jumeaux.
- Speaker #1
Alors, moi, j'ai fait trois retours de congé mat. Et les trois, ça a été des expériences complètement différentes. En fait, pour ma fille, j'avais été un peu submergée pendant le congé mat et tout, et j'étais plutôt pressée de reprendre le boulot. Sauf que j'ai repris le boulot avec une création de poste, donc avec des objectifs. pas possible, une pression sur les chiffres, etc. Donc, c'était un peu l'enfer au final. J'étais contente de voir quelque chose de nouveau, mais ça s'est transformé en un… Franchement, c'était un tsunami. Le retour a été vraiment hyper violent. Et je pense qu'avec le recul, j'aurais préféré revenir sur mon ancien poste où j'avais mes automatismes. Mais voilà, plutôt que de prendre vraiment des nouvelles responsabilités. Je me suis dit qu'il fallait que je retravaille le soir, le week-end. Enfin, c'était… Je l'ai très, très, très mal vécu.
- Speaker #0
Et à la fois, ça, c'est difficile de le savoir à l'avance.
- Speaker #1
Exactement. C'est le premier en plus.
- Speaker #0
Et voilà, ça va très bien. Ça peut être aussi hyper positif, comme ça peut être pas forcément la meilleure idée.
- Speaker #1
Exactement. Et puis, à cette époque-là, on ne parlait pas du tout des difficultés au retour de congé maternité. Donc, c'était vraiment limite tabou. Il fallait rentrer dans le moule et puis être aussi performante qu'avant, alors qu'on a la moitié du cerveau déjà. Quelqu'un un peu vrillé. Enfin bref, j'avais trouvé ça très compliqué. Je m'étais sentie assez seule pendant cette période.
- Speaker #0
Et le fait que ce soit tabou et que tu te sentes seule, qu'est-ce que tu te disais dans ce moment-là ?
- Speaker #1
Je culpabilisais énormément parce que je me disais mais c'est moi le problème en fait. Et ça, j'étais seule avec moi-même là-dessus. Donc du coup, je mettais les bouchées doubles pour compenser ça en fait. Et je me suis vraiment épuisée. Ensuite, je suis tombée enceinte de mon fils. J'avais beaucoup envie de rentrer de congé maternité. J'avais eu un congé maternité plutôt cool. Je suis revenue sur mon poste, qui était la création de poste à l'époque. Je dirais que je me suis plutôt ennuyée à mon retour de congé maternité. J'étais vraiment dans ma zone de confort. Même si j'appréciais, je pensais que je cherchais un peu autre chose. J'ai posé ma démission peut-être six mois plus tard. C'est là où j'ai intégré Hermès. Mon troisième retour de congé mat est encore différent parce que j'avais négocié mon départ avant de revenir dans le congé mat. Je suis revenue uniquement trois mois, en sachant que dans trois mois, je n'étais plus là. C'était sans pression, avec beaucoup de légèreté. Je bouclais ce que j'avais à boucler, mais c'était vraiment autre chose que le retour de mon premier congé mat. Vraiment trois expériences différentes. Mais si j'avais dû continuer et reprendre les voyages, etc., je pense vraiment que je l'aurais mal vécu. Et cette boule qui grandissait, cette boule d'angoisse qui grandissait, je pense qu'elle n'aurait jamais disparu.
- Speaker #0
Donc, tu avais pu tout à fait anticiper cette situation et construire la suite même en amont.
- Speaker #1
Exactement. Et ça, c'était un retour à pleine sérénité qui m'a permis de dire au revoir à tout le monde aussi. Donc,
- Speaker #0
c'était chouette. Qu'est-ce que tu apprends à ton sujet dans cette étape de vie ?
- Speaker #1
Alors, première chose, c'est que j'apprends que je peux être épanouie et heureuse au travail. Et ça, pour moi, c'est une renaissance. C'était quelque chose que je n'ai jamais vécu, que je ne pensais pas possible. Pour moi, le job, c'était très alimentaire. On y était, on créait des liens sympas avec des collègues. Mais j'ai jamais eu... En fait, j'ai toujours eu le blues du dimanche soir. Et ça, je trouve que c'est un signe qui est quand même extrêmement fort, c'est que je n'ai plus jamais le blues du dimanche soir. Je pense à ma semaine, et déjà mes semaines ne se ressemblent pas, c'est toujours des semaines différentes. J'adore ça. J'apprends que je peux être heureuse au travail. Ça, c'est extraordinaire. J'apprends la résilience aussi, parce que forcément, quand on est entrepreneur, il faut être très résilient. Il y a pas mal de... Mon angle moral est un peu en berne. Il faut savoir rebondir. Pas mal de difficultés. Je pense à l'administration. Monter une société, c'est vraiment... Moi, j'ai trouvé que c'était un parcours du combattant. On est trop contents, mais c'est assez lourd en termes de...
- Speaker #0
Et quand, tu vois, on parle souvent de ces hauts et de ces bas, qui sont peut-être encore plus forts dans une vie d'entrepreneur que dans la vie de salarié, comment tu fais quand c'est en bas ?
- Speaker #1
Eh bien, j'en parle. Contrairement à ce que je faisais avant, je ne reste pas avec mes coups bas. Et je pense qu'on peut en parler à ces gens qu'on a identifiés comme des gens qui pouvaient vous soutenir et aussi avec des gens qui traversent la même chose. Comment c'est ? Il n'y a que eux qui peuvent comprendre vraiment ce qu'on peut endurer, entre guillemets, en tant qu'entrepreneur. Mais c'est hyper important, je trouve, de partager avec des gens qui comprennent ça et qui le savent.
- Speaker #0
Est-ce qu'il y a un travail aussi d'acceptation de ces différentes phases ?
- Speaker #1
Bien sûr. Je sais que c'est fait de ça. Je l'avais largement lu en long, en large et en travers. Je me suis dit non, mais attends, je vais passer au travers, c'est bon, en fait, pas du tout. Mais c'est vrai qu'il faut, et puis c'est comme ça aussi, c'est dans les moments de moins bien que parfois il y a des idées qui surgissent, il y a des trucs, des manières de faire différentes. Donc il faut les embrasser un peu ces coups bas, et puis je suis sûre qu'il n'y a que le positif qui en ressort. Et autre chose que j'apprends, j'apprends vachement à me libérer du jugement des autres. J'avais énormément le syndrome de la bonne élève avant. Et en fait, maintenant, je me dis, je fais mon truc, ça plaît, ça ne plaît pas, mais je ne m'attache plus de moins en moins à ce que les gens peuvent penser, ce qui pouvait d'ailleurs parfois me pourrir la vie au travail, de me dire, il faut que tout le monde soit content de ce que je fais, etc. Et du coup, ça finit par griller. Et là, le fait de moi prendre les décisions, d'être à l'aise avec les décisions que je prends, de fournir quelque chose que j'aime, que j'apprécie, ça fait que je me détache vraiment de ce que... ce que peuvent penser les gens.
- Speaker #0
Est-ce que tu dirais que maintenant, ce que tu fais, tu ne le fais pas ou plus pour faire plaisir aux autres ?
- Speaker #1
C'est exactement ça. Je le fais vraiment et c'est hyper égoïste. Je le fais pour me faire plaisir à moi. Et ça fait du bien à 41 ans de te dire, je me fais plaisir. Ça, c'est extraordinaire.
- Speaker #0
Et ça me fait penser que, voilà, tu m'as dit que ton premier apprentissage, c'est que tu pouvais aimer ton travail. Qu'est-ce que tu pourrais dire à une personne de la quarantaine qui se dit que ce n'est pas possible ?
- Speaker #1
Je leur dirais que moi, j'étais comme ça. Et en fait, il y a tellement un océan. Ce n'est pas forcément se reconvertir complètement, mais je pense qu'il y a plein de choses à faire parce que la vie, c'est facile à dire, mais la vie, elle est trop courte. On passe 9-10 heures par jour au travail. Si pendant ces 9-10 heures, ce n'est pas que du kiff. je veux dire la vie elle ne faut pas d'être vécue donc je pense que c'est perdu pour personne et que tout le monde peut trouver quelque chose dans lequel il peut être épanoui alors pour ça il y a peut-être besoin aussi d'accompagner, d'écouter plein de choses etc mais je suis la preuve vivante que c'est possible mais d'ailleurs est-ce que tu t'es fait accompagner dans le lancement de l'entreprise ou dans le travail de reconversion ? alors j'avais fait un parcours tu sais de euh... un peu bilan de compétences collectives. Et je n'avais pas du tout été bluffée, parce que je pense que j'avais besoin d'un accompagnement beaucoup plus personnalisé. J'avais trouvé l'approche hyper impersonnelle. Et je trouve que quand on a des énormes décisions à prendre, il vaut mieux être coaché individuellement qu'en groupe, où il y a des gens... Le principe, c'était qu'on est en sourde. Il y a une espèce de plénière. Et après, on travaille en sous-groupe avec d'autres gens dans la même situation que vous, mais qui sont tout aussi paumés que vous. Et en fait, vous n'avez de discussion qu'avec les gens qui sont autant paumés que vous. Alors, je suis d'accord que parfois, ça peut aider, mais moi, il m'a vraiment manqué l'accompagnement personnalisé de quelqu'un qui me connaît.
- Speaker #0
Ok. Est-ce que tu pourrais nous en dire plus alors sur la chamade et comment faire si on a envie de collaborer avec toi ?
- Speaker #1
Alors, la chamade, déjà, le nom est un peu… originales, on va dire. Mais en fait, moi, ma tagline, c'est la couleur des émotions. En fait, pour moi, il n'y a rien de plus émotionnel. que d'offrir en fait un bijou. Et je trouve que cet aspect d'émotion, il n'est pas forcément toujours présent dans la jouaillerie en fait. Et la couleur, parce que j'ai découvert énormément de pierres de couleur que je ne connaissais pas et que je pense que la majorité des gens ne connaissent pas, qui sont juste sublimes. On a tendance à connaître uniquement les quatre précieuses, diamant, saphir, rubis, émeraude, mais il y en a des... des tonnes qui sont toutes aussi belles et magnifiques. Donc voilà, l'idée c'était de réconcilier un petit peu cette envie de faire découvrir les gemmes de couleurs et de le faire avec émotion. Parce que c'est vrai que la gemmologie, c'est vraiment le seul domaine qui réconcilie science et émotion. Et je trouvais ça intéressant de jouer un petit peu sur cet aspect-là. Et donc pour le nom, je cherchais une émotion un peu universelle. Tout le monde a déjà eu le cœur qui bat la chamade. Et je trouve que quand on entend la chamade, Tout de suite, on a un sourire parce qu'on se dit, on repense au moment où on a eu le cœur qui battait la chamade pour la dernière fois. Donc, voilà. Et je fais des bijoux sur mesure et transformation de bijoux anciens. Donc, si les gens veulent me contacter, j'ai un Instagram officiel. Je n'ai pas encore fait le site Internet. C'est à venir. Mais c'est la Chamade Joaillerie. Et donc, vous pouvez me contacter via mon Instagram.
- Speaker #0
OK. Trop bien. C'est magnifique. Et qu'est-ce qu'on peut te souhaiter justement avec la chamade et pour toi, pour cette année 2025 ?
- Speaker #1
Eh bien, du fun. Franchement, de continuer à m'éclater dans ce que je fais. Et puis du succès. Tant qu'à faire, si je peux allier les deux, ce serait génial.
- Speaker #0
Et peut-être justement que c'est ça qui crée le succès, c'est de t'éclater dans ce que tu fais actuellement.
- Speaker #1
C'est vrai, peut-être. J'espère en tout cas.
- Speaker #0
C'est un des secrets. J'ai demandé récemment à une entrepreneuse qui cartonne, je lui ai dit, mais comment tu fais ? Elle m'a dit, beaucoup de plaisir.
- Speaker #1
Je pense que ça a l'air de rien. On retransmet ça, ça transcrit dans tout ce qu'on fait. C'est trop important.
- Speaker #0
Totalement. Merci Blandine.
- Speaker #1
Merci Margaux.
- Speaker #0
J'ai échangé avec toi, c'était un vrai bonheur.
- Speaker #1
Bonheur partagé.
- Speaker #0
Si cet épisode vous a inspiré ou donné des clés pour avancer dans votre carrière, n'hésitez pas à vous abonner et à laisser un avis 5 étoiles. Et si vous avez envie d'échanger, de partager votre parcours ou d'être accompagné dans votre vie professionnelle, je serai ravie de vous lire. Pour cela, contactez-moi sur Instagram ou via mon site matésens.com. Et je vous dis à bientôt pour un prochain épisode.