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Médecin qui es-tu?

#24. La commotion cérébrale dans le sport.

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42min |30/07/2024
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#24. La commotion cérébrale dans le sport.

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Description

Nouvel épisode FOCUS 🚀
#24. La commotion cérébrale dans le sport.

Le Dr Brauge David, neurochirurgien 🧠, est chercheur à l'INSERM, expert national et membre du comité médical pour les Fédération Française de Rugby (FFR) et de Football (FFF). 🇨🇵

Il nous explique ce qu'est la commotion cérébrale, son mode de survenue, ses symptômes et sa prise en charge.

En France 🇨🇵: 22 disciplines sont dites à risque de commotion cérébrale soit 5 millions de pratiquants.

Aux USA 🇺🇲: 2 à 15% des sportifs vont faire une commotion cérébrale chaque année.

A 20 ans, 1 judoka sur 5 aura déjà fait une commotion cérébrale!

Sur le plan sociologique, ces accidents posent question:

▫️Doit-on continuer à autoriser des sports qui peuvent impacter durement la santé des joueurs?

▫️Quel est le rôle d’une fédération dans la prévention des blessures de ses licenciés?▫️L'état et le ministère de la santé sont-ils à la hauteur de l'enjeu?

A la clinique universitaire du sport du CHU de Toulouse, avec les Professeurs Pariente et Yrondi, le Dr Brauge realise une consultation multidisciplinaire dédiée au suivi de patients commotionnés.
Des carrières sportives sont en jeu et des décisions fortes doivent parfois être prises.

✳️ Pour arriver à definir des attitudes preventives, et donc une réduction de la survenue de cette blessure, des études sont menées et des pistes apparaissent:
-Le Dr Brauge a mené avec son équipe l’étude "Rugby.com" visant à évaluer la place de l’IRM dans cette problématique.

-Au CHU de bordeaux, les travaux de l'équipe du Dr Helene CASSOUDESALLE portent sur l’évaluation de la place du port de protège-dents dans la prévention des micro traumatismes répétés au foot ⚽️

Un épisode incroyablement pédagogique et précis sur un sujet autant problématique qu'excitant car tout est encore à faire.

🌟 Masterclass du Dr Brauge 🌟

France Judo 🥋
FFR 🏈🏉
FFF 🤾‍♂️🤾‍♀️
Ski ⛷️🏂
MMA 👨‍❤️‍💋‍👨
Boxe 🥊


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Maxime

    Notre invité qui est aujourd'hui le Docteur David Brauge. Bonjour David.

  • Dr Brauge

    Bonjour Maxime.

  • Maxime

    Merci beaucoup de prendre un petit peu de temps parce que je sais que l'agenda est très très chargé. Tu es donc neurochirurgien à la clinique des Cèdres à côté de Toulouse et tu es expert national de la commotion cérébrale au sein de la Fédération française de football et de rugby. Tu es chercheur à l'INSERM sur le thème des traumas crâniens et de la pratique sportive, notamment sur le sujet de la commotion cérébrale. Beaucoup de choses, j'ai dit des bêtises ou c'est ok ?

  • Dr Brauge

    Oui, j'ai ces fonctions et après j'interviens plus ponctuellement pour d'autres institutions nationales sportives qui ont des problématiques en rapport avec les chocs à la tête dans le cadre de la pratique.

  • Maxime

    Ok, donc c'est très très intéressant. On discutait un petit peu avant l'épisode, parce qu'on se demande toujours comment est-ce qu'on arrive à ce genre de... d'expertise, d'expérience ?

  • Dr Brauge

    En fait, j'ai acquis petit à petit une compétence au fur et à mesure que la médecine s'est intéressée à ce sujet-là. Historiquement, j'ai fait ma thèse de médecine sur une question assez simple qui était est-ce que la pratique du rugby professionnel induit des lésions et des pathologies sur la colonne vertébrale cervicale ? Et donc, cette question simple, il était un petit peu difficile d'y répondre. Mais donc, on a fait un joli travail qui a été publié dans une revue internationale, ensuite qui a reçu des prix et également qui a été repris par les médias grands publics nord-américains. Et partant de là, la Fédération Française de Rugby, quand elle a voulu mettre en place des filières de soins dédiées à la prise en charge des commotions cérébrales, assez naturellement, ils ont fait appel à moi. puisque j'étais déjà fléché comme spécialiste référent neuro pour la médecine du rugby. Et ensuite, tout de suite derrière, on a créé une consultation multidisciplinaire dédiée à ce sujet-là au CHU de Toulouse avec moi-même, neurochirurgien, Jérémy Pariente qui est neurologue. et un psychiatre qui est Antoine Hirondy, associé à l'équipe de neuropsychologie du CHU de Toulouse. Et cette consultation, en fait, elle a très très bien marché. On s'est rendu compte qu'elle répondait à un besoin de la population sportive, du rugby au départ, mais assez rapidement de beaucoup d'autres disciplines. Et donc, au fur et à mesure qu'on a vu des patients, des cas un petit peu différents, on a augmenté notre expertise. Puis après, on a lancé des travaux de recherche dessus, des tests de médecine. Et ce qui fait que 12 ans après, bonne expérience.

  • Maxime

    Bon, je sais qu'il y a un peu de modestie en médecine, mais quasi numéro 1 de cet avis, de la demande d'avis sur ce thème en France.

  • Dr Brauge

    En numéro 1, non. Mais on va dire qu'on est devenu un interlocuteur à Toulouse. Pas que moi-même, mais tous les gens qui travaillent là-dessus, on est devenu un interlocuteur. Pas de référence, mais en tous les cas, on nous demande régulièrement notre avis, que ce soit les fédérations sportives. ou le ministère des Sports, puisqu'on fait partie aussi d'un groupe d'experts, mandatés par le ministre sur ces questions-là, et aussi tout un tas d'autres institutions, associations ou entreprises.

  • Maxime

    Ok. Avant de poursuivre sur le sujet, par ailleurs, il y a donc une activité de neurochirurgien tout venant, où il y a une spécialisation des gestes un peu plus faits que d'autres ? Alors...

  • Dr Brauge

    Là, je parlais un petit peu de ma danseuse espagnole, de mon loisir. Moi, je suis organisé de la façon suivante. Quatre jours par semaine, j'ai une activité de neurochirurgie tout à fait conventionnelle, avec deux jours de consultation et deux jours de chirurgie. Alors, c'est vrai que dans ma pratique, vu ce que je fais à côté, j'ai la chance d'avoir une patientèle de sportifs, et notamment... Cette question, qui n'est pas le sujet d'aujourd'hui, mais peut-être qui intéressera pour d'autres épisodes, qui sont les pathologies du dos des sportifs. Il y a peu de gens qui connaissent ça. Et ensuite, une journée par semaine, elle est dédiée... au travail sur ces questions-là. Sur le choc à la tête, inhérent à la pratique sportive, avec une consultation. Celle-là, je l'amène au CHU de Toulouse, dans le cadre de la Clinique Universitaire du Sport. Et puis, l'après-midi, plutôt des activités d'enseignement, de recherche sur ce sujet-là.

  • Maxime

    D'accord.

  • Dr Brauge

    Encadrement aussi.

  • Maxime

    Super, on va creuser tout ça. On va débuter par le thème, la commotion cérébrale. Qu'est-ce qu'une commotion cérébrale, finalement ?

  • Dr Brauge

    Alors, une commotion cérébrale, c'est un choc à la tête. La commotion, ça implique souvent en langue française, en pratique sportive. Et qu'est-ce qui fait la différence de ce choc à la tête là, par rapport à tous les autres chocs à la tête qu'on a quand on fait un match de rugby, une rencontre de foot, du judo, de la boxe, n'importe quoi. C'est que l'onde de choc, cette fois, elle va traverser le cerveau, ce qui va occasionner... tout un tas de perturbations biochimiques et métaboliques qui vont être le point de départ. On parle de cascade neurométabolique, d'anomalies dans le fonctionnement du cerveau. Anomalies à l'échelon plutôt physiologique qu'on peut observer au niveau de l'électrophysiologie, du Doppler, de certaines séquences IRM, etc.

  • Maxime

    Est-ce que c'est grossièrement un cinéma de traumatisme crânien où les deux choses sont des notions différentes finalement ?

  • Dr Brauge

    C'est deux notions qui se recoupent en fait. La commotion cérébrale, ça fait partie de la grande famille des traumatismes crâniens.

  • Maxime

    Mais la neurophysiologie en est particulière ?

  • Dr Brauge

    Dans les traumatismes crâniens, il y a le petit choc qui n'occasionne rien. Ensuite, il y a le choc un petit peu plus appuyé, donc avec commotion cérébrale. Pas de lésions visibles en imagerie, mais des perturbations du fonctionnement habituel du cerveau. Et après, il y a les traumatismes crâniens plus sévères. qui occasionne là des dommages anatomiques. Donc la commotion cérébrale, c'est un traumatisme crânien qui est responsable d'une altération du fonctionnement du cerveau, le plus souvent transitoire.

  • Maxime

    Est-ce qu'on a vu que la commotion cérébrale a été occasionnée par la lésion de telle ou telle aire cérébrale ? Est-ce qu'il y a des aires qui sont davantage responsables que d'autres ?

  • Dr Brauge

    Non. Pour reconnaître une commotion cérébrale, le dysfonctionnement est visible. par la survenue d'un ou plusieurs symptômes neurologiques après le choc. D'accord ? Donc, ces symptômes neurologiques, il y en a plein qui peuvent témoigner du fait que le cerveau a été touché. Le plus évident, je perds connaissance. Mais autres symptômes, je me relève, je titube un petit peu ou j'ai les yeux dans le vague, j'ai un discours confus. Tout ça, ça traduit quoi ? Ça traduit le fait qu'en fait, au moment du choc... une partie du cerveau a été touchée. Et en fonction de la zone du cerveau qui a été touchée par l'impact, on a une traduction clinique qui est différente.

  • Maxime

    D'accord. Est-ce qu'il y a des sports qui ont montré leur côté traumatisant davantage par rapport à d'autres ?

  • Dr Brauge

    Alors, oui. Ça fait maintenant une quinzaine d'années que la médecine s'est penchée sur le sujet. Donc, on accumule des données pour mesurer l'ampleur du phénomène. Et effectivement, il y a des sports qui sont plus à risque de commotion cérébrale que d'autres. En premier lieu, les sports de contact et les sports où il y a de la vitesse. Sports de glisse, les sports mécaniques, où là, ça tape moins. Mais quand ça tape, par contre, plus qu'à moi, commotion cérébrale. Alors, le grand problème quand même aujourd'hui, à l'heure actuelle, c'est que la perception qu'on a, elle reste éminemment dépendante de la volonté qu'ont les fédérations de le regarder. Et quand je donne des tableaux comparatifs, par exemple, par discipline, on ne trouve pas les sports de combat. Tout simplement parce qu'ils ne le regardent pas.

  • Maxime

    D'accord.

  • Dr Brauge

    Et après, il y en a d'autres qui commencent aussi à le regarder. Le handball, le judo. Et il y en a d'autres qui s'intéressent à ça depuis longtemps. Le rugby, le football. Ça introduit quand même une distorsion. Mais globalement, on estime en France qu'il y a 22 disciplines qui exposent leurs licenciés aux commotions cérébrales. ce qui correspond à 5 millions de pratiquants à l'heure actuelle.

  • Maxime

    Donc, ça correspond à 5 millions de pratiquants. Et en termes de nombre de commotions décelées, diagnostiquées par an ?

  • Dr Brauge

    Pour une étude faite à l'échelle d'un pays qui a un mode de vie comparable au nôtre, les États-Unis et Amérique, on estime que tous les ans, c'est 2 à 15 des licenciés de sport qui vont faire au moins une commotion cérébrale. D'accord ? Et donc... D'autres chiffres que j'aime bien donner pour que les gens aient une idée de l'importance du problème. Vous prenez une ancienne joueuse de handball de haut niveau. Je crois que c'est à peu près 80% qui ont déjà fait au moins une commotion dans leur carrière sportive. Pour le judo, à l'âge de 20 ans, 1 sur 5 a déjà fait au moins une commotion cérébrale. Donc c'est une blessure qui est fréquente. Pourquoi elle est négligée ? Parce que bien souvent... on va en reparler je pense, ça guérit vite et complètement. Mais de temps en temps, il peut y avoir des problèmes et c'est pour ça que la médecine s'est penchée dessus.

  • Maxime

    Donc il y a une sorte de biais de médiatisation puisque certains sports l'ont mis en avant, comme le rugby, comme le foot. C'est des sports qui sont en plus médiatisés, donc les sportifs commotionnés, on les voit vite et plein écran, alors que d'autres sports finalement sont tout autant pourvoyeurs. mais passe un peu sous les radars.

  • Dr Brauge

    Oui, c'est ça. Bon, après, quand même, la société, elle est ce qu'elle est. Et même dans ces sports-là, petit à petit, sous un peu la pression du public et des médias, là aussi, même si c'est moins rapide, petit à petit, on en prend conscience. Il y a une directive ministérielle qui impose aux fédérations toutes les 100 et quelques fédérations sportives françaises, d'avoir un bout de règlement écrit sur lequel est formalisée la façon dont doit être prise en charge une commotion cérébrale dans leur discipline.

  • Maxime

    Ok. C'est une question que je voulais poser un petit peu après, mais finalement, pourquoi pas la poser maintenant. Est-ce que, alors c'est sans faire de sociologie de bas étage ou quoi, mais est-ce qu'un sportif... Il lui est remis la responsabilité de prendre le risque de faire un sport qui peut occasionner des commotions ? Ou qui porte la responsabilité quand un sportif, un rugbyman, un footballeur a un choc à la tête ? Comment c'est organisé ? C'est à lui qu'on va dire, c'est toi qui as fait le choix de faire ce sport ? Ou est-ce que lui derrière, sur le plan juridique, sur le plan je ne sais quel terme employé, il peut se retourner contre quelqu'un ? Est-ce que... Souvent, on a entendu parler de sportifs qui ont été jusqu'à la voie judiciaire contre leur ancien club, etc. C'est un peu bancal comme situation ?

  • Dr Brauge

    Ça, c'est effectivement une problématique qui est assez spécifique à la médecine du sport. Parce qu'aujourd'hui, on a du mal à répondre précisément. Je vais essayer de formaliser les choses de façon claire. Donc, effectivement, la commotion cérébrale, c'est une blessure comme une autre. Donc, le sportif, il fait sa commotion, il va voir un docteur et il est soigné. Et donc, dans ce schéma-là, le mode de pensée, il est assez simple. Le problème, c'est le suivant. C'est que la commotion cérébrale, eh bien... Il y a certains sportifs, une grosse partie d'ailleurs, qui ne savent pas trop ce que c'est, en dépit de la médiatisation. Et donc, s'il n'y avait pas un docteur au bord du terrain qui connaît ça, les symptômes qui se déclarent après une commotion cérébrale, j'ai mal à la tête, je suis un peu mou, la lumière ou le bruit me gênent, eh bien, le sportif lui-même, il ne le met pas en relation avec une blessure. Et donc... ne pensent pas à aller voir le docteur. Alors après, effectivement, ça pose la question suivante. Dans quelle mesure est-ce que les fédérations, mais aussi les pouvoirs publics, ils sont responsables de l'information des gens sur cette pathologie, qui peut survenir aussi dans la vie de tous les jours ou en cours de sport à l'école ? Et ça, c'est un débat qui reste ouvert aujourd'hui. Parce que... J'ai fait une conférence pour l'association France Alzheimer et la question m'a été posée. Le rôle d'une fédération sportive, c'est quoi ? C'est d'organiser des compétitions, éventuellement d'avoir un rôle aussi social, d'aller dans les endroits difficiles, dans les petits patelins où il n'y a pas d'équipe ou dans les quartiers difficiles, pour essayer d'intégrer socialement des gens qui ont du mal à... à faire partie de ce pays. Est-ce qu'une fédération, son rôle premier, c'est la santé de ses pratiquants ? Je n'ai pas d'avis sur la question. Parce qu'on pourrait dire aussi que c'est le ministère de la Santé. Quand on va faire du ski, il n'y a pas de directive ministérielle qui dit Vous devriez mettre un casque pour faire du ski Et pourtant, c'est le sport qui occasionne le plus de décès traumatiques en France.

  • Maxime

    Le ski.

  • Dr Brauge

    Alors là, il y a un faillite, pourtant, quelque part.

  • Maxime

    J'ai posé la question un peu brutalement. C'est vrai que c'est un vaste débat très, très complexe sur le plan sociologique, parce qu'on se demande toujours pourquoi ne pas faire sauter ce sport, alors qu'on sait qu'il est traumatisant. Mais à la fois, il y a un rôle social énorme du sport, de toutes ces fédés.

  • Dr Brauge

    Je vais donner une autre réponse à cette remarque-là. Dans les années Je crois que c'était à ce moment-là, la boxe. a fait beaucoup de choses pour essayer de juguler les problèmes traumatiques, notamment liés au choc à la tête, avec parfois des conséquences gravissimes. Du coup, qu'est-ce qu'il a fait le public et qu'est-ce qu'ils ont fait les pratiquants ? Ils sont partis vers une discipline qui était moins encadrée, le MMA. Ok, d'accord. Donc d'interdire, je ne crois pas du tout que c'est productif.

  • Maxime

    Ok.

  • Dr Brauge

    Mon approche... C'est de, en tout cas en tant que docteur, moi je suis médecin, je ne suis pas directeur technique national d'une fédération, je ne suis pas non plus politicien. C'est d'identifier où sont les problèmes médicaux et ensuite de faire en sorte qu'ils arrivent plus ou du moins qu'ils arrivent moins. Donc à mon échelon, ça va être quoi ? Essayer de voir quelles mesures de protection individuelle on peut mettre en place. Mettre en place un protège-dents, mettre en place un casque. comment on échauffe une personne pour éviter ce type de blessure, comment on l'entraîne pour éviter ce type de blessure, et ensuite comment on la suit médicalement quand la blessure est survenue. Et ensuite, si les directions techniques nationales font appel à moi et disent, eh bien, on envisage de changer la règle, qu'est-ce que vous pouvez nous dire là-dessus ? Je peux travailler avec eux. Si un homme politique vient me voir et me dit, je voudrais interdire... telle activité, parce que je pense qu'il y a trop de problèmes, qu'est-ce que vous en pensez ? Là aussi, mais c'est le politicien qui prend son... C'est pas le rôle du docteur de dire ça.

  • Maxime

    Après, le médecin, moi, je trouve qu'on est toujours un peu en porte-à-faux quand on voit des images ou quand on voit des chocs en se disant ok, c'est du spectacle, mais wow, quel impact sur la santé, quand même, derrière... Voilà.

  • Dr Brauge

    Mais bien sûr, mais ça, c'est un problème qui est... de traitement médiatique, ça, c'est des gens, les gens dont tu parles, qui sont payés pour ça. Et qui sont même payés grassement par rapport à la moyenne des Français. Donc, effectivement, ils mettent en jeu leur santé, mais ces gens-là, ils ont un suivi médical personnalisé, une information au début de saison, et une préparation physique.

  • Maxime

    Une de mes questions, est-ce que l'ensemble des FED, ou en tout cas lesquels, informent sur le risque ?

  • Dr Brauge

    C'est fait de façon inégale en fonction des fédérations. Mais est-ce qu'on peut le trans... Puisque après, la question derrière, c'est de dire oui, interdire telle ou telle discipline. Est-ce que les choses sont pareilles pour du sport amateur ? Eh bien non, ils ne prennent pas les mêmes chocs. Et donc, le choc qu'on voit à la télévision du joueur de top 14 ou du combattant d'MMA qui touche des millions pour son combat, ce n'est pas forcément celui qui va prendre l'amateur.

  • Maxime

    C'était une de mes questions.

  • Dr Brauge

    Faire le raccourci de dire à la télévision j'ai vu ça, il faut interdire telle discipline me paraît être dangereux et contre-productif. Les gens iront ailleurs de toutes les façons.

  • Maxime

    C'était une de mes questions. Est-ce qu'il y a une corrélation entre le niveau de jeu de tel ou tel sport avec la sévérité de la commotion ?

  • Dr Brauge

    Oui. Clairement, comme je fais partie du comité médical de la Fédération française de rugby, j'ai une idée assez précise des chiffres. Et clairement, du top 14 jusqu'au niveau régional, l'occurrence des commotions cérébrales diminue. Et elle est encore plus faible chez les enfants. Parce que ça ne tape pas assez fort. Ils ne font pas assez vite.

  • Maxime

    Il n'y a pas un billet de sélection ? L'absence de diagnostics.

  • Dr Brauge

    C'est vrai que c'est une question qui peut se poser. Mais on se quand même donner les moyens de le dépister pour le rugby de petit niveau au travers de deux façons. Je pense que l'effort quand même, il est assez important par rapport à d'autres disciplines. D'une part, les arbitres sont formés à identifier les commotions cérébrales. On a fait des petits films pédagogiques. Et quand ils voient une commotion, ils sortent. ils brandissent un carton bleu et le joueur sort comme un carton rouge, la licence est bloquée et ça c'est comptabilisé donc on a à l'unité près le nombre de commotions cérébrales qui ont été vues par les arbitres dans les championnats amateurs pour l'ensemble du pays et le deuxième élément c'est qu'on a un peu plus d'une centaine de clubs amateurs totalement qui sont des clubs un peu laboratoires avec des gens qui sont formés à identifier toutes les blessures et qui notent Ça, pour toutes les catégories d'âge. Donc, c'est vrai que, en ce qui concerne la détection des commotions cérébrales, les moyens alloués ne sont quand même pas ceux du top 14, ça c'est vrai. Mais après, ça c'est ce que je dis pour notre pays, mais on a aussi des études, des publications internationales qui vont dans ce sens-là. Donc, ça paraît une évidence, mais je vais le dire clairement, plus on va vite, plus il y a de la masse. plus la commotion cérébrale risque de survenir. Parce qu'autant le reste de l'appareil locomoteur, on peut le protéger avec de la musculation, mais pas la tête. Donc là, plus ça va vite, plus l'énergie cinétique déposée au moment de l'impact est forte.

  • Maxime

    Ok. Efficacité des casques portés au rugby, je crois avoir compris que ce n'était pas très utile en termes de prévention de la commotion.

  • Dr Brauge

    Oui, alors moi je suis beaucoup moins... Hum... comment dire, manichéen dans ma réponse. Lorsque je vois un sportif qui fait beaucoup de commotions cérébrales, ça peut arriver parfois. Donc, je ne vais pas, de façon dogmatique, l'interdire de poursuivre sa carrière. Par contre, on met en place des choses. Et dans les choses qu'on met en place, notamment, il y a les mesures de prévention. Alors, c'est quoi ? Numéro un, bien documenté dans les études, mettre un protège-dents. Et je vais vous donner une illustration. parfaite de ce phénomène-là. Juste après. Numéro 2, faire de la musculation du cou et des épaules. D'accord. Le niveau de preuve, il n'est pas aussi fort, mais donc, on pense bien quand même que ça diminue l'occurrence des commotions cérébrales. Et l'illustration, c'est la suivante. Il y a un sport très très intelligent qui a vu le jour sur les réseaux sociaux. Il y a... 3-4 ans, je dirais, c'est les concours de baffes.

  • Maxime

    Oui. Tu as vu ? J'ai vu.

  • Dr Brauge

    OK. Les premières années, donc les gens, ils se mettaient l'un en face de l'autre. Et maintenant, c'est bien, ils font tous pareil. Parce qu'ils se sont rendus compte que ce qui diminuait la survenue du chaos, c'est la chose suivante. Bien serrer les mâchoires. Et donc, quand on les serre sur un protège-dents, ça en augmente l'efficacité. Et contracter le coup.

  • Maxime

    OK.

  • Dr Brauge

    Parce que si on reste tout mou et qu'on attend la baffe, On va plus facilement faire un chaos que si on a un cou bien musclé et des mâchoires serrées.

  • Maxime

    Ok. Donc, vraie mesure préventive.

  • Dr Brauge

    Je trouve que c'est une illustration parfaite que ça diminue l'occurrence des commotions cérébrales.

  • Maxime

    Ok.

  • Dr Brauge

    Après, il y a des choses qui sont plus débattues. Le casque, c'est quelque chose qui est débattu. Pourquoi ? Les études, elles ont du mal à le montrer. Maintenant, les études, le problème, c'est que... Elles ne sont jamais faites à grande échelle avec le même modèle de casque. Et des gens qui jouent avec et sans casque appareillés sur le poste, l'âge et tout ça. Donc, effectivement, on n'a pas d'études avec un haut niveau de preuves. Mais pour l'avoir regardé au laboratoire de biomécanique, il y a casque et casque. Quasiment l'effet d'amortissement du choc qui varie du simple au double. Je crois qu'il faut être un petit peu pragmatique. Lorsque quelqu'un fait beaucoup de commotions cérébrales qui ne mettait pas un casque juste à présent, moi, je le recommande. Je lui dis, écoute, on verra bien. C'est vrai que de façon paradoxale, parfois, il a été décrit un phénomène de levée d'inhibition. J'ai un casque, donc je mets la tête plus facile. C'est vrai. Donc, après, dans la situation inverse, si j'ai un patient qui fait beaucoup de commotions cérébrales, il me dit mais pourtant je joue avec un casque ça m'est arrivé deux fois de le faire enlever pour lui faire un peu réduire la voilure il y en a un clairement ça a joué ça a permis de diminuer et après parmi les autres mesures de prévention sans aucun conflit d'intérêt, d'ailleurs je ne donnerai pas de marque depuis cette année ce que j'ai mis en place c'est des compléments alimentaires à prendre la veille... et le matin du match. Pourquoi ? Parce que la commotion cérébrale, je l'ai dit au début, c'est une cascade neurométabolique. Et en particulier, le point de départ, c'est l'effondrement du stock d'ATP dans le cerveau. Et d'ailleurs, les sportifs le disent, le soir de la commotion, j'étais KO,

  • Maxime

    j'étais me coucher.

  • Dr Brauge

    Eh bien, le fait de prendre des compléments alimentaires, des suppléments alimentaires, support nutritionnel, ça a permis d'augmenter les stocks. pour que cet effondrement, on le vive moins. Alors, je ne sais pas encore si c'est cliniquement pertinent, mais c'est toujours pareil face à un sportif pour lequel on se dit là, il commence à y avoir beaucoup de commotions cérébrales. On se pose la question de l'arrêt de carrière. Comment dire ?

  • Maxime

    Ça peut être une étape.

  • Dr Brauge

    Je me dois de tout faire. pour essayer d'empêcher ça, l'arrêt de carrière, qui pour le sportif, c'est toujours un drame. Donc au moins, il faut qu'il puisse se dire on a tout tenté et j'arrête parce que vraiment, il faut que j'arrête.

  • Maxime

    D'accord. Très, très intéressant. OK. Et encore, j'ai plein, plein de questions. On va parler de l'organisation au sein de la Fédé de foot et de rugby. Comment ça s'organise ? C'est sous quelle fréquence ? C'est quoi la mission ?

  • Dr Brauge

    Globalement, ces deux fédérations on peut dire que elles ont pour elles d'avoir mis en place de vrais collèges d'experts pour répondre à ces questions pour regarder précisément les choses pour écrire des protocoles qui sont mis à jour régulièrement au fur et à mesure que les données de la médecine elles s'accumulent et quand ils ont un licencié qui est en difficulté par rapport à ça lui donner des endroits où il peut les consulter ce qui n'est pas le cas dans beaucoup de fédérations ok ensuite

  • Maxime

    il y a ce qui a été mis en place et je voulais justement parler à la fois du foot et du rugby la tête est-ce qu'elle est pourrieuse de commotion ? parce que des fois quand on voit les grandes transversales avec les gars qui mettent des coups de tête dans des ballons qui arrivent de 50 mètres pleines balles est-ce que ça c'est pourrieuse de commotion ?

  • Dr Brauge

    non pas exceptionnellement plus souvent la commotion cérébrale en football c'est accidentel je crois que le mécanisme numéro 1 c'est le duel tête contre tête avec... Un choc tête contre tête. Ça, c'est le mécanisme numéro un. Bon, ça reste un sport quand même, on va dire, où il y a peu de commotions cérébrales par rapport au rugby. Après, la question connexe qui est liée à cette activité, c'est que le football, je crois, c'est le seul sport pour lequel on joue intentionnellement avec sa tête. Avec la question sous-jacente de l'accumulation de petits chocs répétés. Et ça, pareil, c'est une zone de la médecine qui est en train de s'écrire. Alors voilà, on a des... Aujourd'hui, on est dans la phase de collecte d'arguments sur ces choses-là.

  • Maxime

    Il me semble qu'il y a eu une demande d'arrêt du jeu de tête chez l'enfant au foot.

  • Dr Brauge

    C'est le cas ou pas ? Oui, c'est l'effectif dans les îles britanniques et je crois en Amérique du Nord. Ça ne l'est pas chez nous. Et tout simplement parce qu'on est dans une zone de la médecine qui est en train de s'écrire. Alors dans cette situation, on peut dire qu'il y a des gens qui vont avoir une attitude, ils vont au devant. Et ensuite, quitte à revenir en arrière, si les études sont plutôt rassurantes et d'autres qui attendent d'avoir des éléments factuels pour prendre des décisions. En France, ce qui a été décidé, c'est un mig entre les deux, en fait. C'est-à-dire, on limite le volume de tête à l'entraînement en fonction des catégories d'âge. Avec un apprentissage technique aussi pour savoir le faire.

  • Maxime

    Côté rugby ? On va un petit peu parler, parce que c'est des choses qu'on voit beaucoup à la télé, un joueur qui choque, qui tape la tête. Est-ce que tu peux nous raconter le protocole de ce qui se passe là ? Alors,

  • Dr Brauge

    en fait, il faut savoir que la commotion cérébrale, cette blessure, elle est régulée par des conférences de consensus qui ont lieu tous les 4 à 5 ans. Donc ce texte, il définit ce qu'est une commotion. la diagnostic et comment après je la manage. Et donc, le diagnostic, il est basé sur l'observation de signes neurologiques directs après l'impact. Donc là, s'il y a un chaos ou le joueur titube, on est sûr qu'il y a eu commotion. Mais bien souvent, les symptômes dits d'impact, ils sont fugaces. Difficile à voir.

  • Maxime

    Avec un joueur en plus qui a envie de reprendre le jeu.

  • Dr Brauge

    Avec un joueur qui, même s'il n'est pas tout à fait présent, Il fait du sport depuis l'enfance, il s'entraîne plusieurs fois par semaine, donc même si son cerveau ne fonctionne pas bien, on a l'illusion que tout va bien. Donc dans cette situation, la conférence de consensus, elle dit qu'il faut sortir le joueur pour l'examiner avec un examen clinique qui est standardisé, des tests qui sont, voilà, c'est pas aux doigts mouillés, c'est des tests qu'il est recommandé d'appliquer, qui permettent de diagnostiquer la commotion. Et donc, lorsque le joueur sort, c'est qu'en fait, il a été victime d'un impact qui a été jugé significatif pour diverses raisons. Et donc, il sort pour passer ses tests. Et donc, globalement, quels sont-ils ? Il y a trois gros blocs d'évaluation. D'abord, les symptômes. Il y a une checklist de symptômes, 22, qu'on vérifie qu'ils présentent ou pas de façon inhabituelle. Ensuite, il y a un petit examen neurologique qui est basé sur la cognition, d'accord ? Des petites tâches intellectuelles à réaliser, de mémoire, d'orientation. principalement. Et le troisième bloc d'évaluation, c'est également d'un examen neurologique de l'équilibre qui peut être perturbé juste après une commotion cérébrale. D'accord ? Et donc, si un test est perturbé, on dit qu'il y a eu commotion cérébrale et le joueur ne rentre pas. Si tout est nickel, il peut re-rentrer. Et donc, en fait, je pense... aussi, l'un des éléments qui fait que le rugby, on a l'impression qu'il y en a beaucoup, c'est parce qu'il y a quand même pas mal de joueurs qui vont sortir pour être évalués, qui ne font pas forcément commotion, mais c'est sûr que quand on est dans les tribunes, ils sortent pour protocole commotion. On peut entendre plusieurs fois le mot commotion au cours d'un match de rugby professionnel. Surtout si c'est un médecin inquiet. Mais bon, après, je ne me voile pas la face. Le rugby professionnel est un sport qui est pourvoyeur de commotions cérébrales de façon régulière. Mais on s'est donné beaucoup de moyens pour passer à côté d'aucune d'entre elles.

  • Maxime

    Qu'est-ce qui fait le choix de sortir le joueur d'ailleurs ? C'est un médecin neutre au sein du match ?

  • Dr Brauge

    C'est ça. Parce que c'est toujours pareil. On a un joueur qui court, qui parle. L'entraîneur, il n'a pas envie de le sortir. Le médecin de l'équipe...

  • Maxime

    Qui le connaît un peu ?

  • Dr Brauge

    Ça peut être difficile pour lui parce qu'il a le staff. Donc, le problème a été tranché. C'est un médecin indépendant qui ne connaît ni le médecin d'équipe ni l'entraîneur, qui n'est pas salarié par aucun des deux clubs, qui prend la décision de le sortir.

  • Maxime

    Et de faire le test aussi ?

  • Dr Brauge

    Et c'est lui qui fait le test bien souvent.

  • Maxime

    Ces joueurs qui font une commotion, tu nous disais qu'il y avait une journée de consulte par semaine pour... évalué ? Ouais,

  • Dr Brauge

    j'ai une matinée qui est dédiée à ça. Parce que beaucoup de fédérations ont statué que leurs sportifs de premier plan professionnel devaient être vus par un spécialiste pour toute commotion cérébrale, voire même pour suspicion de commotion cérébrale. Donc ça, c'est une partie de l'activité. Mais également, pendant cette demi-journée de consultation, je vois les sportifs amateurs qui font des commotions qui n'ont pas bien évolué. D'accord ? Quand ça a bien évolué, le médecin généraliste, il va pouvoir gérer. En général, les symptômes s'évacuent assez rapidement. Par contre, parfois, c'est aussi pour ça que médiatiquement, on parle de ces choses-là maintenant, les commotions n'évoluent pas bien. Et donc, d'où l'utilité d'avoir quelques personnes qui connaissent ça un peu mieux et qui vont pouvoir aider les jeunes, souvent des jeunes. pour reprendre l'école, parce que des fois on en est là. Je n'arrive plus à suivre en cours. Reprendre un petit peu de sport, qu'est-ce que je peux faire, etc.

  • Maxime

    Ok, donc il y a des structures pour les aider à réorganiser un peu ?

  • Dr Brauge

    Je ne dirais pas des structures, mais il y a des stratégies de soins qui peuvent aider.

  • Maxime

    En tout cas, tu peux donner des...

  • Dr Brauge

    Déjà, que d'avoir un interlocuteur médical, parce que ça peut être des situations quand même très handicapantes.

  • Maxime

    et quand il n'y a pas de réponse médicale les gens sont dans la détresse et tu as un rôle aussi de savoir si un joueur peut reprendre ou pas après une commotion je sais que c'est toi qui donne le feu vert pour

  • Dr Brauge

    le sportif professionnel oui pour les raisons que je disais c'est quand même plus aisé pour tout le monde si c'est quelqu'un d'indépendant donc là c'est une décision de reprise dans les jours qui suivent Et puis après, quand j'ai une commotion problématique, est-ce que je peux reprendre mon sport de contact ou pas ? Effectivement, là, j'aide un petit peu à prendre la décision.

  • Maxime

    Sur le plan sud-ouest ou sur le plan national même ?

  • Dr Brauge

    Ça peut arriver nationalement. C'est des cas très difficiles et que personne... Dans la région d'origine, ils n'ont trouvé personne. Ça peut être nationalement. J'essaye de faire beaucoup en visio, mais de temps en temps, je les fais venir à Toulouse parce que j'ai besoin de faire des examens un petit peu plus poussés.

  • Maxime

    Je suppose qu'on s'habitue, mais c'est quand même quelque chose de sans doute des fois annoncer des mauvaises nouvelles ou d'empêcher un sportif passionné de reprendre l'activité.

  • Dr Brauge

    Oui, c'est difficile. Moi, en tout cas, j'aime le sport. Je suis bien conscient, parfois, c'est un gagne-pain. C'est un métier. Tout le temps, c'est une passion. C'est un gros élément de la vie sociale de dire à un sportif, il faut t'arrêter. C'est une décision que je ne prends pas à la légère. Je collecte des arguments. En général, jamais à la première consultation. On se voit deux, trois fois, quatre fois, des fois plus. Et si je peux, j'essaye au moins une fois d'avoir une personne de l'entourage, le conjoint, un papa, une maman. Et en général, quand même, le fait de le faire comme ça, combiné à l'évolution clinique, fait que le sportif, il va l'accepter. C'est assez spécifique à ces blessures neurologiques. Là, j'inclus dedans aussi tout ce qui est problématique, moi, l'épinière. Voilà. Ou par rapport à un genou qui empêche de courir, où là, de toute façon, anatomiquement, on ne peut plus. Mais bon, voilà, j'essaye de le faire comme ça.

  • Maxime

    OK. On n'a pas parlé de l'imagerie. Est-ce qu'il y a une imagerie nécessaire pour le diagnostic de commotions ?

  • Dr Brauge

    Non. D'ailleurs, c'est même évoqué dans le texte de la conférence de consensus dont je parlais. L'imagerie n'est d'aucune aide dans le diagnostic et le management des commotions cérébrales. Alors nous, à l'Inserm, on vient de finir un travail de recherche qui nous a duré quand même, je crois, 3-4 ans. On a... Essayer de voir si de nouvelles séquences d'IRM pouvaient être utiles pour diagnostiquer les commotions et petit à petit en monitorer la récupération. Mais malheureusement, c'est le jeu de la recherche. Ça n'a pas été conclusif. Les séquences d'imagerie étudiées n'ont pas montré un intérêt fabuleux pour le diagnostic. Pas aussi bien que la clinique et les dégâts qu'on pouvait collecter en consultation.

  • Maxime

    Ok. Juste pour terminer, il y a eu une interaction entre toi, les clubs, ou est-ce qu'à l'intérieur des clubs, il leur est demandé d'organiser des choses dans ce contexte de commotion ? Il y a des, je ne sais pas, une organisation particulière avec les médecins ?

  • Dr Brauge

    Même réponse, c'est dépendant des fédérations. Certaines demandent à leurs clubs de faire des choses. et d'autres non. Et dans les deux cas de figure, moi, je interviens à la carte. Si on a affaire à une fédération qui dit un référent neuro doit voir tout le monde en début de saison pour évaluer la situation, dans ce cas-là, je peux même aller dans le club, me déplacer. Parfois aussi, ça a pu m'arriver, une fédération est confrontée à deux, trois cas médiatiques d'affilée et dit, on veut faire une formation pour nos médecins. qui s'occupe d'équipe professionnelle. Et dans ce cas-là, je fais une conférence de formation. Là, c'est vraiment... Ça dépend de ce qui est écrit et de ce qu'on me demande. Mais ça peut m'arriver. C'est toujours de bons moments.

  • Maxime

    Est-ce qu'on a oublié un point important au sujet de la commotion ? Sans doute, vu que c'est ta vie et que tout est hyper important.

  • Dr Brauge

    Ma vie, c'est des neurochirurgiens. Et ça, c'est quelque chose qui m'intéresse. Pourquoi ça m'intéresse ? Parce qu'en fait, je pense qu'il n'y a pas beaucoup de docteurs qui vont vivre ça dans leur vie. D'être au premier rang et quelque part un petit peu acteur de la découverte ou en tous les cas de la prise en considération et de l'avancée des progrès médicaux pour une pathologie qui est aussi fréquente. Je veux dire, là, c'est comme si demain, on découvrait la grippe. Que c'est du un virus, que ce virus, on peut s'empêcher de le transmettre. On peut vacciner, on peut le soigner. Je veux dire, à mon avis, il n'y a pas beaucoup de médecins qui vivent ça. Moi, j'ai eu la chance d'avoir vécu ça. Il y a dix ans, quand on a commencé à parler de commotion cérébrale, c'était des discussions de vestiaire de temps en temps avec l'éponge magique. Et aujourd'hui... on se rend compte que c'est quelque chose d'hyper fréquent et qu'il y a plein de choses à faire. Donc c'est très, très excitant, c'est très passionnant de vivre ça. Ce n'est pas une maladie génétique rare. Donc c'est super. Ça me permet de rencontrer plein de gens. C'est vraiment sympa.

  • Maxime

    Les fédés qui ne sont pas encore hyperactifs, on essaie de leur mettre un peu la pression ? Sur le plan ministériel ?

  • Dr Brauge

    Oui, bien sûr, le ministère leur dit des choses. Mais après, on est aussi limité par leurs moyens. Le rugby, c'est une fédération qui est riche. Le football, je n'en parle même pas. Et c'est des fédérations pour lesquelles vous avez beaucoup de passionnés. Je veux dire... il y a beaucoup de docteurs qui ont déjà joué au football ou qui ont déjà joué au rugby. Donc, à un moment donné, quand la direction médicale veut faire un truc là-dessus, elle va facilement trouver de bonnes volontés qui vont le faire bénévolement, gratuitement, parce que ça leur fait plaisir. Ce qui est moins évident pour d'autres disciplines. qui ont moins de moyens et pour lesquels le recrutement médical est moins aisé ouais donc voilà je veux pas pointer du doigt telle ou telle fédération parce que beaucoup de tout le sport j'ai beaucoup de respect mais c'est vrai qu'il y en a quelques unes où j'ai été faire des conférences de formation j'étais étonné des moyens qu'ils avaient c'est très artisanal voilà peut-être si je si je Si je peux me permettre, il y a deux choses que je veux dire qui sont des messages médicaux qui me paraissent importants. Important puisque ça n'a pas été dit. Numéro un, si vous êtes au bord du terrain, que vous voyez une commotion cérébrale, vous restez ensuite avec la personne. Vous ne l'envoyez pas se doucher tout seul. D'accord ? Parce que parfois, ce choc qui a occasionné une perte de connaissance de quelques secondes, ça peut être quelque chose de plus grave. Ça peut être un hématome extradural qui est en train d'apparaître. D'accord ? Donc, quand il y a une commotion cérébrale, on reste avec la personne dans la douche et même après au bord du terrain. Donc ça, c'est le message important qui évite des trucs gravissimes, exceptionnels, mais gravissimes. Et numéro 2, que je voudrais dire, c'est la chose suivante, c'est que les commotions cérébrales, c'est quelque chose qui n'est pas grave. D'accord ? Ça guérit vite et totalement. Si on observe la règle suivante, c'est qu'il ne faut pas reprendre tant que les symptômes liés à la première commotion n'ont pas disparu. C'est justement parce qu'on veut reprendre un petit peu trop tôt que là, elles peuvent s'enchaîner. On peut en faire deux, trois d'affilée sur un cerveau qui n'a pas totalement récupéré et que peuvent apparaître les problèmes. Les cas que vous voyez dans la presse, c'est toujours ça qui s'est passé. Donc, si les auditeurs, c'est des soignants, mais aussi si c'est le grand public, retenez bien ça, c'est vous, les premiers acteurs du problème. Tant que vous avez des symptômes, vous ne reprenez pas. vous attendez que ça s'évacue le plus souvent c'est quelques jours mais si c'est 15 jours, c'est 15 jours si c'est 3 semaines, c'est 3 semaines mais ça vous évitera ensuite d'avoir des gros problèmes d'avoir ensuite du mal à vous occuper de votre famille à mener votre travail et tout simplement à poursuivre votre sport ok on va terminer sur ça parce que c'est le plus important merci beaucoup

  • Maxime

    Dr Brauge David, neurochirurgien à Toulouse et spécialiste de la commotion cérébrale c'était très clair Très impressionnant de savoir énoncer tout ça très clairement. Merci, merci. Et puis à bientôt tout le monde pour de nouveaux épisodes. Merci beaucoup. Voilà, c'était un épisode de Médecins qui est dessus. Merci d'avoir écouté. Je vous invite à vous abonner en cliquant sur la petite clochette. Comme ça, vous serez avertis de la sortie de nouveaux épisodes. À bientôt.

Description

Nouvel épisode FOCUS 🚀
#24. La commotion cérébrale dans le sport.

Le Dr Brauge David, neurochirurgien 🧠, est chercheur à l'INSERM, expert national et membre du comité médical pour les Fédération Française de Rugby (FFR) et de Football (FFF). 🇨🇵

Il nous explique ce qu'est la commotion cérébrale, son mode de survenue, ses symptômes et sa prise en charge.

En France 🇨🇵: 22 disciplines sont dites à risque de commotion cérébrale soit 5 millions de pratiquants.

Aux USA 🇺🇲: 2 à 15% des sportifs vont faire une commotion cérébrale chaque année.

A 20 ans, 1 judoka sur 5 aura déjà fait une commotion cérébrale!

Sur le plan sociologique, ces accidents posent question:

▫️Doit-on continuer à autoriser des sports qui peuvent impacter durement la santé des joueurs?

▫️Quel est le rôle d’une fédération dans la prévention des blessures de ses licenciés?▫️L'état et le ministère de la santé sont-ils à la hauteur de l'enjeu?

A la clinique universitaire du sport du CHU de Toulouse, avec les Professeurs Pariente et Yrondi, le Dr Brauge realise une consultation multidisciplinaire dédiée au suivi de patients commotionnés.
Des carrières sportives sont en jeu et des décisions fortes doivent parfois être prises.

✳️ Pour arriver à definir des attitudes preventives, et donc une réduction de la survenue de cette blessure, des études sont menées et des pistes apparaissent:
-Le Dr Brauge a mené avec son équipe l’étude "Rugby.com" visant à évaluer la place de l’IRM dans cette problématique.

-Au CHU de bordeaux, les travaux de l'équipe du Dr Helene CASSOUDESALLE portent sur l’évaluation de la place du port de protège-dents dans la prévention des micro traumatismes répétés au foot ⚽️

Un épisode incroyablement pédagogique et précis sur un sujet autant problématique qu'excitant car tout est encore à faire.

🌟 Masterclass du Dr Brauge 🌟

France Judo 🥋
FFR 🏈🏉
FFF 🤾‍♂️🤾‍♀️
Ski ⛷️🏂
MMA 👨‍❤️‍💋‍👨
Boxe 🥊


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Maxime

    Notre invité qui est aujourd'hui le Docteur David Brauge. Bonjour David.

  • Dr Brauge

    Bonjour Maxime.

  • Maxime

    Merci beaucoup de prendre un petit peu de temps parce que je sais que l'agenda est très très chargé. Tu es donc neurochirurgien à la clinique des Cèdres à côté de Toulouse et tu es expert national de la commotion cérébrale au sein de la Fédération française de football et de rugby. Tu es chercheur à l'INSERM sur le thème des traumas crâniens et de la pratique sportive, notamment sur le sujet de la commotion cérébrale. Beaucoup de choses, j'ai dit des bêtises ou c'est ok ?

  • Dr Brauge

    Oui, j'ai ces fonctions et après j'interviens plus ponctuellement pour d'autres institutions nationales sportives qui ont des problématiques en rapport avec les chocs à la tête dans le cadre de la pratique.

  • Maxime

    Ok, donc c'est très très intéressant. On discutait un petit peu avant l'épisode, parce qu'on se demande toujours comment est-ce qu'on arrive à ce genre de... d'expertise, d'expérience ?

  • Dr Brauge

    En fait, j'ai acquis petit à petit une compétence au fur et à mesure que la médecine s'est intéressée à ce sujet-là. Historiquement, j'ai fait ma thèse de médecine sur une question assez simple qui était est-ce que la pratique du rugby professionnel induit des lésions et des pathologies sur la colonne vertébrale cervicale ? Et donc, cette question simple, il était un petit peu difficile d'y répondre. Mais donc, on a fait un joli travail qui a été publié dans une revue internationale, ensuite qui a reçu des prix et également qui a été repris par les médias grands publics nord-américains. Et partant de là, la Fédération Française de Rugby, quand elle a voulu mettre en place des filières de soins dédiées à la prise en charge des commotions cérébrales, assez naturellement, ils ont fait appel à moi. puisque j'étais déjà fléché comme spécialiste référent neuro pour la médecine du rugby. Et ensuite, tout de suite derrière, on a créé une consultation multidisciplinaire dédiée à ce sujet-là au CHU de Toulouse avec moi-même, neurochirurgien, Jérémy Pariente qui est neurologue. et un psychiatre qui est Antoine Hirondy, associé à l'équipe de neuropsychologie du CHU de Toulouse. Et cette consultation, en fait, elle a très très bien marché. On s'est rendu compte qu'elle répondait à un besoin de la population sportive, du rugby au départ, mais assez rapidement de beaucoup d'autres disciplines. Et donc, au fur et à mesure qu'on a vu des patients, des cas un petit peu différents, on a augmenté notre expertise. Puis après, on a lancé des travaux de recherche dessus, des tests de médecine. Et ce qui fait que 12 ans après, bonne expérience.

  • Maxime

    Bon, je sais qu'il y a un peu de modestie en médecine, mais quasi numéro 1 de cet avis, de la demande d'avis sur ce thème en France.

  • Dr Brauge

    En numéro 1, non. Mais on va dire qu'on est devenu un interlocuteur à Toulouse. Pas que moi-même, mais tous les gens qui travaillent là-dessus, on est devenu un interlocuteur. Pas de référence, mais en tous les cas, on nous demande régulièrement notre avis, que ce soit les fédérations sportives. ou le ministère des Sports, puisqu'on fait partie aussi d'un groupe d'experts, mandatés par le ministre sur ces questions-là, et aussi tout un tas d'autres institutions, associations ou entreprises.

  • Maxime

    Ok. Avant de poursuivre sur le sujet, par ailleurs, il y a donc une activité de neurochirurgien tout venant, où il y a une spécialisation des gestes un peu plus faits que d'autres ? Alors...

  • Dr Brauge

    Là, je parlais un petit peu de ma danseuse espagnole, de mon loisir. Moi, je suis organisé de la façon suivante. Quatre jours par semaine, j'ai une activité de neurochirurgie tout à fait conventionnelle, avec deux jours de consultation et deux jours de chirurgie. Alors, c'est vrai que dans ma pratique, vu ce que je fais à côté, j'ai la chance d'avoir une patientèle de sportifs, et notamment... Cette question, qui n'est pas le sujet d'aujourd'hui, mais peut-être qui intéressera pour d'autres épisodes, qui sont les pathologies du dos des sportifs. Il y a peu de gens qui connaissent ça. Et ensuite, une journée par semaine, elle est dédiée... au travail sur ces questions-là. Sur le choc à la tête, inhérent à la pratique sportive, avec une consultation. Celle-là, je l'amène au CHU de Toulouse, dans le cadre de la Clinique Universitaire du Sport. Et puis, l'après-midi, plutôt des activités d'enseignement, de recherche sur ce sujet-là.

  • Maxime

    D'accord.

  • Dr Brauge

    Encadrement aussi.

  • Maxime

    Super, on va creuser tout ça. On va débuter par le thème, la commotion cérébrale. Qu'est-ce qu'une commotion cérébrale, finalement ?

  • Dr Brauge

    Alors, une commotion cérébrale, c'est un choc à la tête. La commotion, ça implique souvent en langue française, en pratique sportive. Et qu'est-ce qui fait la différence de ce choc à la tête là, par rapport à tous les autres chocs à la tête qu'on a quand on fait un match de rugby, une rencontre de foot, du judo, de la boxe, n'importe quoi. C'est que l'onde de choc, cette fois, elle va traverser le cerveau, ce qui va occasionner... tout un tas de perturbations biochimiques et métaboliques qui vont être le point de départ. On parle de cascade neurométabolique, d'anomalies dans le fonctionnement du cerveau. Anomalies à l'échelon plutôt physiologique qu'on peut observer au niveau de l'électrophysiologie, du Doppler, de certaines séquences IRM, etc.

  • Maxime

    Est-ce que c'est grossièrement un cinéma de traumatisme crânien où les deux choses sont des notions différentes finalement ?

  • Dr Brauge

    C'est deux notions qui se recoupent en fait. La commotion cérébrale, ça fait partie de la grande famille des traumatismes crâniens.

  • Maxime

    Mais la neurophysiologie en est particulière ?

  • Dr Brauge

    Dans les traumatismes crâniens, il y a le petit choc qui n'occasionne rien. Ensuite, il y a le choc un petit peu plus appuyé, donc avec commotion cérébrale. Pas de lésions visibles en imagerie, mais des perturbations du fonctionnement habituel du cerveau. Et après, il y a les traumatismes crâniens plus sévères. qui occasionne là des dommages anatomiques. Donc la commotion cérébrale, c'est un traumatisme crânien qui est responsable d'une altération du fonctionnement du cerveau, le plus souvent transitoire.

  • Maxime

    Est-ce qu'on a vu que la commotion cérébrale a été occasionnée par la lésion de telle ou telle aire cérébrale ? Est-ce qu'il y a des aires qui sont davantage responsables que d'autres ?

  • Dr Brauge

    Non. Pour reconnaître une commotion cérébrale, le dysfonctionnement est visible. par la survenue d'un ou plusieurs symptômes neurologiques après le choc. D'accord ? Donc, ces symptômes neurologiques, il y en a plein qui peuvent témoigner du fait que le cerveau a été touché. Le plus évident, je perds connaissance. Mais autres symptômes, je me relève, je titube un petit peu ou j'ai les yeux dans le vague, j'ai un discours confus. Tout ça, ça traduit quoi ? Ça traduit le fait qu'en fait, au moment du choc... une partie du cerveau a été touchée. Et en fonction de la zone du cerveau qui a été touchée par l'impact, on a une traduction clinique qui est différente.

  • Maxime

    D'accord. Est-ce qu'il y a des sports qui ont montré leur côté traumatisant davantage par rapport à d'autres ?

  • Dr Brauge

    Alors, oui. Ça fait maintenant une quinzaine d'années que la médecine s'est penchée sur le sujet. Donc, on accumule des données pour mesurer l'ampleur du phénomène. Et effectivement, il y a des sports qui sont plus à risque de commotion cérébrale que d'autres. En premier lieu, les sports de contact et les sports où il y a de la vitesse. Sports de glisse, les sports mécaniques, où là, ça tape moins. Mais quand ça tape, par contre, plus qu'à moi, commotion cérébrale. Alors, le grand problème quand même aujourd'hui, à l'heure actuelle, c'est que la perception qu'on a, elle reste éminemment dépendante de la volonté qu'ont les fédérations de le regarder. Et quand je donne des tableaux comparatifs, par exemple, par discipline, on ne trouve pas les sports de combat. Tout simplement parce qu'ils ne le regardent pas.

  • Maxime

    D'accord.

  • Dr Brauge

    Et après, il y en a d'autres qui commencent aussi à le regarder. Le handball, le judo. Et il y en a d'autres qui s'intéressent à ça depuis longtemps. Le rugby, le football. Ça introduit quand même une distorsion. Mais globalement, on estime en France qu'il y a 22 disciplines qui exposent leurs licenciés aux commotions cérébrales. ce qui correspond à 5 millions de pratiquants à l'heure actuelle.

  • Maxime

    Donc, ça correspond à 5 millions de pratiquants. Et en termes de nombre de commotions décelées, diagnostiquées par an ?

  • Dr Brauge

    Pour une étude faite à l'échelle d'un pays qui a un mode de vie comparable au nôtre, les États-Unis et Amérique, on estime que tous les ans, c'est 2 à 15 des licenciés de sport qui vont faire au moins une commotion cérébrale. D'accord ? Et donc... D'autres chiffres que j'aime bien donner pour que les gens aient une idée de l'importance du problème. Vous prenez une ancienne joueuse de handball de haut niveau. Je crois que c'est à peu près 80% qui ont déjà fait au moins une commotion dans leur carrière sportive. Pour le judo, à l'âge de 20 ans, 1 sur 5 a déjà fait au moins une commotion cérébrale. Donc c'est une blessure qui est fréquente. Pourquoi elle est négligée ? Parce que bien souvent... on va en reparler je pense, ça guérit vite et complètement. Mais de temps en temps, il peut y avoir des problèmes et c'est pour ça que la médecine s'est penchée dessus.

  • Maxime

    Donc il y a une sorte de biais de médiatisation puisque certains sports l'ont mis en avant, comme le rugby, comme le foot. C'est des sports qui sont en plus médiatisés, donc les sportifs commotionnés, on les voit vite et plein écran, alors que d'autres sports finalement sont tout autant pourvoyeurs. mais passe un peu sous les radars.

  • Dr Brauge

    Oui, c'est ça. Bon, après, quand même, la société, elle est ce qu'elle est. Et même dans ces sports-là, petit à petit, sous un peu la pression du public et des médias, là aussi, même si c'est moins rapide, petit à petit, on en prend conscience. Il y a une directive ministérielle qui impose aux fédérations toutes les 100 et quelques fédérations sportives françaises, d'avoir un bout de règlement écrit sur lequel est formalisée la façon dont doit être prise en charge une commotion cérébrale dans leur discipline.

  • Maxime

    Ok. C'est une question que je voulais poser un petit peu après, mais finalement, pourquoi pas la poser maintenant. Est-ce que, alors c'est sans faire de sociologie de bas étage ou quoi, mais est-ce qu'un sportif... Il lui est remis la responsabilité de prendre le risque de faire un sport qui peut occasionner des commotions ? Ou qui porte la responsabilité quand un sportif, un rugbyman, un footballeur a un choc à la tête ? Comment c'est organisé ? C'est à lui qu'on va dire, c'est toi qui as fait le choix de faire ce sport ? Ou est-ce que lui derrière, sur le plan juridique, sur le plan je ne sais quel terme employé, il peut se retourner contre quelqu'un ? Est-ce que... Souvent, on a entendu parler de sportifs qui ont été jusqu'à la voie judiciaire contre leur ancien club, etc. C'est un peu bancal comme situation ?

  • Dr Brauge

    Ça, c'est effectivement une problématique qui est assez spécifique à la médecine du sport. Parce qu'aujourd'hui, on a du mal à répondre précisément. Je vais essayer de formaliser les choses de façon claire. Donc, effectivement, la commotion cérébrale, c'est une blessure comme une autre. Donc, le sportif, il fait sa commotion, il va voir un docteur et il est soigné. Et donc, dans ce schéma-là, le mode de pensée, il est assez simple. Le problème, c'est le suivant. C'est que la commotion cérébrale, eh bien... Il y a certains sportifs, une grosse partie d'ailleurs, qui ne savent pas trop ce que c'est, en dépit de la médiatisation. Et donc, s'il n'y avait pas un docteur au bord du terrain qui connaît ça, les symptômes qui se déclarent après une commotion cérébrale, j'ai mal à la tête, je suis un peu mou, la lumière ou le bruit me gênent, eh bien, le sportif lui-même, il ne le met pas en relation avec une blessure. Et donc... ne pensent pas à aller voir le docteur. Alors après, effectivement, ça pose la question suivante. Dans quelle mesure est-ce que les fédérations, mais aussi les pouvoirs publics, ils sont responsables de l'information des gens sur cette pathologie, qui peut survenir aussi dans la vie de tous les jours ou en cours de sport à l'école ? Et ça, c'est un débat qui reste ouvert aujourd'hui. Parce que... J'ai fait une conférence pour l'association France Alzheimer et la question m'a été posée. Le rôle d'une fédération sportive, c'est quoi ? C'est d'organiser des compétitions, éventuellement d'avoir un rôle aussi social, d'aller dans les endroits difficiles, dans les petits patelins où il n'y a pas d'équipe ou dans les quartiers difficiles, pour essayer d'intégrer socialement des gens qui ont du mal à... à faire partie de ce pays. Est-ce qu'une fédération, son rôle premier, c'est la santé de ses pratiquants ? Je n'ai pas d'avis sur la question. Parce qu'on pourrait dire aussi que c'est le ministère de la Santé. Quand on va faire du ski, il n'y a pas de directive ministérielle qui dit Vous devriez mettre un casque pour faire du ski Et pourtant, c'est le sport qui occasionne le plus de décès traumatiques en France.

  • Maxime

    Le ski.

  • Dr Brauge

    Alors là, il y a un faillite, pourtant, quelque part.

  • Maxime

    J'ai posé la question un peu brutalement. C'est vrai que c'est un vaste débat très, très complexe sur le plan sociologique, parce qu'on se demande toujours pourquoi ne pas faire sauter ce sport, alors qu'on sait qu'il est traumatisant. Mais à la fois, il y a un rôle social énorme du sport, de toutes ces fédés.

  • Dr Brauge

    Je vais donner une autre réponse à cette remarque-là. Dans les années Je crois que c'était à ce moment-là, la boxe. a fait beaucoup de choses pour essayer de juguler les problèmes traumatiques, notamment liés au choc à la tête, avec parfois des conséquences gravissimes. Du coup, qu'est-ce qu'il a fait le public et qu'est-ce qu'ils ont fait les pratiquants ? Ils sont partis vers une discipline qui était moins encadrée, le MMA. Ok, d'accord. Donc d'interdire, je ne crois pas du tout que c'est productif.

  • Maxime

    Ok.

  • Dr Brauge

    Mon approche... C'est de, en tout cas en tant que docteur, moi je suis médecin, je ne suis pas directeur technique national d'une fédération, je ne suis pas non plus politicien. C'est d'identifier où sont les problèmes médicaux et ensuite de faire en sorte qu'ils arrivent plus ou du moins qu'ils arrivent moins. Donc à mon échelon, ça va être quoi ? Essayer de voir quelles mesures de protection individuelle on peut mettre en place. Mettre en place un protège-dents, mettre en place un casque. comment on échauffe une personne pour éviter ce type de blessure, comment on l'entraîne pour éviter ce type de blessure, et ensuite comment on la suit médicalement quand la blessure est survenue. Et ensuite, si les directions techniques nationales font appel à moi et disent, eh bien, on envisage de changer la règle, qu'est-ce que vous pouvez nous dire là-dessus ? Je peux travailler avec eux. Si un homme politique vient me voir et me dit, je voudrais interdire... telle activité, parce que je pense qu'il y a trop de problèmes, qu'est-ce que vous en pensez ? Là aussi, mais c'est le politicien qui prend son... C'est pas le rôle du docteur de dire ça.

  • Maxime

    Après, le médecin, moi, je trouve qu'on est toujours un peu en porte-à-faux quand on voit des images ou quand on voit des chocs en se disant ok, c'est du spectacle, mais wow, quel impact sur la santé, quand même, derrière... Voilà.

  • Dr Brauge

    Mais bien sûr, mais ça, c'est un problème qui est... de traitement médiatique, ça, c'est des gens, les gens dont tu parles, qui sont payés pour ça. Et qui sont même payés grassement par rapport à la moyenne des Français. Donc, effectivement, ils mettent en jeu leur santé, mais ces gens-là, ils ont un suivi médical personnalisé, une information au début de saison, et une préparation physique.

  • Maxime

    Une de mes questions, est-ce que l'ensemble des FED, ou en tout cas lesquels, informent sur le risque ?

  • Dr Brauge

    C'est fait de façon inégale en fonction des fédérations. Mais est-ce qu'on peut le trans... Puisque après, la question derrière, c'est de dire oui, interdire telle ou telle discipline. Est-ce que les choses sont pareilles pour du sport amateur ? Eh bien non, ils ne prennent pas les mêmes chocs. Et donc, le choc qu'on voit à la télévision du joueur de top 14 ou du combattant d'MMA qui touche des millions pour son combat, ce n'est pas forcément celui qui va prendre l'amateur.

  • Maxime

    C'était une de mes questions.

  • Dr Brauge

    Faire le raccourci de dire à la télévision j'ai vu ça, il faut interdire telle discipline me paraît être dangereux et contre-productif. Les gens iront ailleurs de toutes les façons.

  • Maxime

    C'était une de mes questions. Est-ce qu'il y a une corrélation entre le niveau de jeu de tel ou tel sport avec la sévérité de la commotion ?

  • Dr Brauge

    Oui. Clairement, comme je fais partie du comité médical de la Fédération française de rugby, j'ai une idée assez précise des chiffres. Et clairement, du top 14 jusqu'au niveau régional, l'occurrence des commotions cérébrales diminue. Et elle est encore plus faible chez les enfants. Parce que ça ne tape pas assez fort. Ils ne font pas assez vite.

  • Maxime

    Il n'y a pas un billet de sélection ? L'absence de diagnostics.

  • Dr Brauge

    C'est vrai que c'est une question qui peut se poser. Mais on se quand même donner les moyens de le dépister pour le rugby de petit niveau au travers de deux façons. Je pense que l'effort quand même, il est assez important par rapport à d'autres disciplines. D'une part, les arbitres sont formés à identifier les commotions cérébrales. On a fait des petits films pédagogiques. Et quand ils voient une commotion, ils sortent. ils brandissent un carton bleu et le joueur sort comme un carton rouge, la licence est bloquée et ça c'est comptabilisé donc on a à l'unité près le nombre de commotions cérébrales qui ont été vues par les arbitres dans les championnats amateurs pour l'ensemble du pays et le deuxième élément c'est qu'on a un peu plus d'une centaine de clubs amateurs totalement qui sont des clubs un peu laboratoires avec des gens qui sont formés à identifier toutes les blessures et qui notent Ça, pour toutes les catégories d'âge. Donc, c'est vrai que, en ce qui concerne la détection des commotions cérébrales, les moyens alloués ne sont quand même pas ceux du top 14, ça c'est vrai. Mais après, ça c'est ce que je dis pour notre pays, mais on a aussi des études, des publications internationales qui vont dans ce sens-là. Donc, ça paraît une évidence, mais je vais le dire clairement, plus on va vite, plus il y a de la masse. plus la commotion cérébrale risque de survenir. Parce qu'autant le reste de l'appareil locomoteur, on peut le protéger avec de la musculation, mais pas la tête. Donc là, plus ça va vite, plus l'énergie cinétique déposée au moment de l'impact est forte.

  • Maxime

    Ok. Efficacité des casques portés au rugby, je crois avoir compris que ce n'était pas très utile en termes de prévention de la commotion.

  • Dr Brauge

    Oui, alors moi je suis beaucoup moins... Hum... comment dire, manichéen dans ma réponse. Lorsque je vois un sportif qui fait beaucoup de commotions cérébrales, ça peut arriver parfois. Donc, je ne vais pas, de façon dogmatique, l'interdire de poursuivre sa carrière. Par contre, on met en place des choses. Et dans les choses qu'on met en place, notamment, il y a les mesures de prévention. Alors, c'est quoi ? Numéro un, bien documenté dans les études, mettre un protège-dents. Et je vais vous donner une illustration. parfaite de ce phénomène-là. Juste après. Numéro 2, faire de la musculation du cou et des épaules. D'accord. Le niveau de preuve, il n'est pas aussi fort, mais donc, on pense bien quand même que ça diminue l'occurrence des commotions cérébrales. Et l'illustration, c'est la suivante. Il y a un sport très très intelligent qui a vu le jour sur les réseaux sociaux. Il y a... 3-4 ans, je dirais, c'est les concours de baffes.

  • Maxime

    Oui. Tu as vu ? J'ai vu.

  • Dr Brauge

    OK. Les premières années, donc les gens, ils se mettaient l'un en face de l'autre. Et maintenant, c'est bien, ils font tous pareil. Parce qu'ils se sont rendus compte que ce qui diminuait la survenue du chaos, c'est la chose suivante. Bien serrer les mâchoires. Et donc, quand on les serre sur un protège-dents, ça en augmente l'efficacité. Et contracter le coup.

  • Maxime

    OK.

  • Dr Brauge

    Parce que si on reste tout mou et qu'on attend la baffe, On va plus facilement faire un chaos que si on a un cou bien musclé et des mâchoires serrées.

  • Maxime

    Ok. Donc, vraie mesure préventive.

  • Dr Brauge

    Je trouve que c'est une illustration parfaite que ça diminue l'occurrence des commotions cérébrales.

  • Maxime

    Ok.

  • Dr Brauge

    Après, il y a des choses qui sont plus débattues. Le casque, c'est quelque chose qui est débattu. Pourquoi ? Les études, elles ont du mal à le montrer. Maintenant, les études, le problème, c'est que... Elles ne sont jamais faites à grande échelle avec le même modèle de casque. Et des gens qui jouent avec et sans casque appareillés sur le poste, l'âge et tout ça. Donc, effectivement, on n'a pas d'études avec un haut niveau de preuves. Mais pour l'avoir regardé au laboratoire de biomécanique, il y a casque et casque. Quasiment l'effet d'amortissement du choc qui varie du simple au double. Je crois qu'il faut être un petit peu pragmatique. Lorsque quelqu'un fait beaucoup de commotions cérébrales qui ne mettait pas un casque juste à présent, moi, je le recommande. Je lui dis, écoute, on verra bien. C'est vrai que de façon paradoxale, parfois, il a été décrit un phénomène de levée d'inhibition. J'ai un casque, donc je mets la tête plus facile. C'est vrai. Donc, après, dans la situation inverse, si j'ai un patient qui fait beaucoup de commotions cérébrales, il me dit mais pourtant je joue avec un casque ça m'est arrivé deux fois de le faire enlever pour lui faire un peu réduire la voilure il y en a un clairement ça a joué ça a permis de diminuer et après parmi les autres mesures de prévention sans aucun conflit d'intérêt, d'ailleurs je ne donnerai pas de marque depuis cette année ce que j'ai mis en place c'est des compléments alimentaires à prendre la veille... et le matin du match. Pourquoi ? Parce que la commotion cérébrale, je l'ai dit au début, c'est une cascade neurométabolique. Et en particulier, le point de départ, c'est l'effondrement du stock d'ATP dans le cerveau. Et d'ailleurs, les sportifs le disent, le soir de la commotion, j'étais KO,

  • Maxime

    j'étais me coucher.

  • Dr Brauge

    Eh bien, le fait de prendre des compléments alimentaires, des suppléments alimentaires, support nutritionnel, ça a permis d'augmenter les stocks. pour que cet effondrement, on le vive moins. Alors, je ne sais pas encore si c'est cliniquement pertinent, mais c'est toujours pareil face à un sportif pour lequel on se dit là, il commence à y avoir beaucoup de commotions cérébrales. On se pose la question de l'arrêt de carrière. Comment dire ?

  • Maxime

    Ça peut être une étape.

  • Dr Brauge

    Je me dois de tout faire. pour essayer d'empêcher ça, l'arrêt de carrière, qui pour le sportif, c'est toujours un drame. Donc au moins, il faut qu'il puisse se dire on a tout tenté et j'arrête parce que vraiment, il faut que j'arrête.

  • Maxime

    D'accord. Très, très intéressant. OK. Et encore, j'ai plein, plein de questions. On va parler de l'organisation au sein de la Fédé de foot et de rugby. Comment ça s'organise ? C'est sous quelle fréquence ? C'est quoi la mission ?

  • Dr Brauge

    Globalement, ces deux fédérations on peut dire que elles ont pour elles d'avoir mis en place de vrais collèges d'experts pour répondre à ces questions pour regarder précisément les choses pour écrire des protocoles qui sont mis à jour régulièrement au fur et à mesure que les données de la médecine elles s'accumulent et quand ils ont un licencié qui est en difficulté par rapport à ça lui donner des endroits où il peut les consulter ce qui n'est pas le cas dans beaucoup de fédérations ok ensuite

  • Maxime

    il y a ce qui a été mis en place et je voulais justement parler à la fois du foot et du rugby la tête est-ce qu'elle est pourrieuse de commotion ? parce que des fois quand on voit les grandes transversales avec les gars qui mettent des coups de tête dans des ballons qui arrivent de 50 mètres pleines balles est-ce que ça c'est pourrieuse de commotion ?

  • Dr Brauge

    non pas exceptionnellement plus souvent la commotion cérébrale en football c'est accidentel je crois que le mécanisme numéro 1 c'est le duel tête contre tête avec... Un choc tête contre tête. Ça, c'est le mécanisme numéro un. Bon, ça reste un sport quand même, on va dire, où il y a peu de commotions cérébrales par rapport au rugby. Après, la question connexe qui est liée à cette activité, c'est que le football, je crois, c'est le seul sport pour lequel on joue intentionnellement avec sa tête. Avec la question sous-jacente de l'accumulation de petits chocs répétés. Et ça, pareil, c'est une zone de la médecine qui est en train de s'écrire. Alors voilà, on a des... Aujourd'hui, on est dans la phase de collecte d'arguments sur ces choses-là.

  • Maxime

    Il me semble qu'il y a eu une demande d'arrêt du jeu de tête chez l'enfant au foot.

  • Dr Brauge

    C'est le cas ou pas ? Oui, c'est l'effectif dans les îles britanniques et je crois en Amérique du Nord. Ça ne l'est pas chez nous. Et tout simplement parce qu'on est dans une zone de la médecine qui est en train de s'écrire. Alors dans cette situation, on peut dire qu'il y a des gens qui vont avoir une attitude, ils vont au devant. Et ensuite, quitte à revenir en arrière, si les études sont plutôt rassurantes et d'autres qui attendent d'avoir des éléments factuels pour prendre des décisions. En France, ce qui a été décidé, c'est un mig entre les deux, en fait. C'est-à-dire, on limite le volume de tête à l'entraînement en fonction des catégories d'âge. Avec un apprentissage technique aussi pour savoir le faire.

  • Maxime

    Côté rugby ? On va un petit peu parler, parce que c'est des choses qu'on voit beaucoup à la télé, un joueur qui choque, qui tape la tête. Est-ce que tu peux nous raconter le protocole de ce qui se passe là ? Alors,

  • Dr Brauge

    en fait, il faut savoir que la commotion cérébrale, cette blessure, elle est régulée par des conférences de consensus qui ont lieu tous les 4 à 5 ans. Donc ce texte, il définit ce qu'est une commotion. la diagnostic et comment après je la manage. Et donc, le diagnostic, il est basé sur l'observation de signes neurologiques directs après l'impact. Donc là, s'il y a un chaos ou le joueur titube, on est sûr qu'il y a eu commotion. Mais bien souvent, les symptômes dits d'impact, ils sont fugaces. Difficile à voir.

  • Maxime

    Avec un joueur en plus qui a envie de reprendre le jeu.

  • Dr Brauge

    Avec un joueur qui, même s'il n'est pas tout à fait présent, Il fait du sport depuis l'enfance, il s'entraîne plusieurs fois par semaine, donc même si son cerveau ne fonctionne pas bien, on a l'illusion que tout va bien. Donc dans cette situation, la conférence de consensus, elle dit qu'il faut sortir le joueur pour l'examiner avec un examen clinique qui est standardisé, des tests qui sont, voilà, c'est pas aux doigts mouillés, c'est des tests qu'il est recommandé d'appliquer, qui permettent de diagnostiquer la commotion. Et donc, lorsque le joueur sort, c'est qu'en fait, il a été victime d'un impact qui a été jugé significatif pour diverses raisons. Et donc, il sort pour passer ses tests. Et donc, globalement, quels sont-ils ? Il y a trois gros blocs d'évaluation. D'abord, les symptômes. Il y a une checklist de symptômes, 22, qu'on vérifie qu'ils présentent ou pas de façon inhabituelle. Ensuite, il y a un petit examen neurologique qui est basé sur la cognition, d'accord ? Des petites tâches intellectuelles à réaliser, de mémoire, d'orientation. principalement. Et le troisième bloc d'évaluation, c'est également d'un examen neurologique de l'équilibre qui peut être perturbé juste après une commotion cérébrale. D'accord ? Et donc, si un test est perturbé, on dit qu'il y a eu commotion cérébrale et le joueur ne rentre pas. Si tout est nickel, il peut re-rentrer. Et donc, en fait, je pense... aussi, l'un des éléments qui fait que le rugby, on a l'impression qu'il y en a beaucoup, c'est parce qu'il y a quand même pas mal de joueurs qui vont sortir pour être évalués, qui ne font pas forcément commotion, mais c'est sûr que quand on est dans les tribunes, ils sortent pour protocole commotion. On peut entendre plusieurs fois le mot commotion au cours d'un match de rugby professionnel. Surtout si c'est un médecin inquiet. Mais bon, après, je ne me voile pas la face. Le rugby professionnel est un sport qui est pourvoyeur de commotions cérébrales de façon régulière. Mais on s'est donné beaucoup de moyens pour passer à côté d'aucune d'entre elles.

  • Maxime

    Qu'est-ce qui fait le choix de sortir le joueur d'ailleurs ? C'est un médecin neutre au sein du match ?

  • Dr Brauge

    C'est ça. Parce que c'est toujours pareil. On a un joueur qui court, qui parle. L'entraîneur, il n'a pas envie de le sortir. Le médecin de l'équipe...

  • Maxime

    Qui le connaît un peu ?

  • Dr Brauge

    Ça peut être difficile pour lui parce qu'il a le staff. Donc, le problème a été tranché. C'est un médecin indépendant qui ne connaît ni le médecin d'équipe ni l'entraîneur, qui n'est pas salarié par aucun des deux clubs, qui prend la décision de le sortir.

  • Maxime

    Et de faire le test aussi ?

  • Dr Brauge

    Et c'est lui qui fait le test bien souvent.

  • Maxime

    Ces joueurs qui font une commotion, tu nous disais qu'il y avait une journée de consulte par semaine pour... évalué ? Ouais,

  • Dr Brauge

    j'ai une matinée qui est dédiée à ça. Parce que beaucoup de fédérations ont statué que leurs sportifs de premier plan professionnel devaient être vus par un spécialiste pour toute commotion cérébrale, voire même pour suspicion de commotion cérébrale. Donc ça, c'est une partie de l'activité. Mais également, pendant cette demi-journée de consultation, je vois les sportifs amateurs qui font des commotions qui n'ont pas bien évolué. D'accord ? Quand ça a bien évolué, le médecin généraliste, il va pouvoir gérer. En général, les symptômes s'évacuent assez rapidement. Par contre, parfois, c'est aussi pour ça que médiatiquement, on parle de ces choses-là maintenant, les commotions n'évoluent pas bien. Et donc, d'où l'utilité d'avoir quelques personnes qui connaissent ça un peu mieux et qui vont pouvoir aider les jeunes, souvent des jeunes. pour reprendre l'école, parce que des fois on en est là. Je n'arrive plus à suivre en cours. Reprendre un petit peu de sport, qu'est-ce que je peux faire, etc.

  • Maxime

    Ok, donc il y a des structures pour les aider à réorganiser un peu ?

  • Dr Brauge

    Je ne dirais pas des structures, mais il y a des stratégies de soins qui peuvent aider.

  • Maxime

    En tout cas, tu peux donner des...

  • Dr Brauge

    Déjà, que d'avoir un interlocuteur médical, parce que ça peut être des situations quand même très handicapantes.

  • Maxime

    et quand il n'y a pas de réponse médicale les gens sont dans la détresse et tu as un rôle aussi de savoir si un joueur peut reprendre ou pas après une commotion je sais que c'est toi qui donne le feu vert pour

  • Dr Brauge

    le sportif professionnel oui pour les raisons que je disais c'est quand même plus aisé pour tout le monde si c'est quelqu'un d'indépendant donc là c'est une décision de reprise dans les jours qui suivent Et puis après, quand j'ai une commotion problématique, est-ce que je peux reprendre mon sport de contact ou pas ? Effectivement, là, j'aide un petit peu à prendre la décision.

  • Maxime

    Sur le plan sud-ouest ou sur le plan national même ?

  • Dr Brauge

    Ça peut arriver nationalement. C'est des cas très difficiles et que personne... Dans la région d'origine, ils n'ont trouvé personne. Ça peut être nationalement. J'essaye de faire beaucoup en visio, mais de temps en temps, je les fais venir à Toulouse parce que j'ai besoin de faire des examens un petit peu plus poussés.

  • Maxime

    Je suppose qu'on s'habitue, mais c'est quand même quelque chose de sans doute des fois annoncer des mauvaises nouvelles ou d'empêcher un sportif passionné de reprendre l'activité.

  • Dr Brauge

    Oui, c'est difficile. Moi, en tout cas, j'aime le sport. Je suis bien conscient, parfois, c'est un gagne-pain. C'est un métier. Tout le temps, c'est une passion. C'est un gros élément de la vie sociale de dire à un sportif, il faut t'arrêter. C'est une décision que je ne prends pas à la légère. Je collecte des arguments. En général, jamais à la première consultation. On se voit deux, trois fois, quatre fois, des fois plus. Et si je peux, j'essaye au moins une fois d'avoir une personne de l'entourage, le conjoint, un papa, une maman. Et en général, quand même, le fait de le faire comme ça, combiné à l'évolution clinique, fait que le sportif, il va l'accepter. C'est assez spécifique à ces blessures neurologiques. Là, j'inclus dedans aussi tout ce qui est problématique, moi, l'épinière. Voilà. Ou par rapport à un genou qui empêche de courir, où là, de toute façon, anatomiquement, on ne peut plus. Mais bon, voilà, j'essaye de le faire comme ça.

  • Maxime

    OK. On n'a pas parlé de l'imagerie. Est-ce qu'il y a une imagerie nécessaire pour le diagnostic de commotions ?

  • Dr Brauge

    Non. D'ailleurs, c'est même évoqué dans le texte de la conférence de consensus dont je parlais. L'imagerie n'est d'aucune aide dans le diagnostic et le management des commotions cérébrales. Alors nous, à l'Inserm, on vient de finir un travail de recherche qui nous a duré quand même, je crois, 3-4 ans. On a... Essayer de voir si de nouvelles séquences d'IRM pouvaient être utiles pour diagnostiquer les commotions et petit à petit en monitorer la récupération. Mais malheureusement, c'est le jeu de la recherche. Ça n'a pas été conclusif. Les séquences d'imagerie étudiées n'ont pas montré un intérêt fabuleux pour le diagnostic. Pas aussi bien que la clinique et les dégâts qu'on pouvait collecter en consultation.

  • Maxime

    Ok. Juste pour terminer, il y a eu une interaction entre toi, les clubs, ou est-ce qu'à l'intérieur des clubs, il leur est demandé d'organiser des choses dans ce contexte de commotion ? Il y a des, je ne sais pas, une organisation particulière avec les médecins ?

  • Dr Brauge

    Même réponse, c'est dépendant des fédérations. Certaines demandent à leurs clubs de faire des choses. et d'autres non. Et dans les deux cas de figure, moi, je interviens à la carte. Si on a affaire à une fédération qui dit un référent neuro doit voir tout le monde en début de saison pour évaluer la situation, dans ce cas-là, je peux même aller dans le club, me déplacer. Parfois aussi, ça a pu m'arriver, une fédération est confrontée à deux, trois cas médiatiques d'affilée et dit, on veut faire une formation pour nos médecins. qui s'occupe d'équipe professionnelle. Et dans ce cas-là, je fais une conférence de formation. Là, c'est vraiment... Ça dépend de ce qui est écrit et de ce qu'on me demande. Mais ça peut m'arriver. C'est toujours de bons moments.

  • Maxime

    Est-ce qu'on a oublié un point important au sujet de la commotion ? Sans doute, vu que c'est ta vie et que tout est hyper important.

  • Dr Brauge

    Ma vie, c'est des neurochirurgiens. Et ça, c'est quelque chose qui m'intéresse. Pourquoi ça m'intéresse ? Parce qu'en fait, je pense qu'il n'y a pas beaucoup de docteurs qui vont vivre ça dans leur vie. D'être au premier rang et quelque part un petit peu acteur de la découverte ou en tous les cas de la prise en considération et de l'avancée des progrès médicaux pour une pathologie qui est aussi fréquente. Je veux dire, là, c'est comme si demain, on découvrait la grippe. Que c'est du un virus, que ce virus, on peut s'empêcher de le transmettre. On peut vacciner, on peut le soigner. Je veux dire, à mon avis, il n'y a pas beaucoup de médecins qui vivent ça. Moi, j'ai eu la chance d'avoir vécu ça. Il y a dix ans, quand on a commencé à parler de commotion cérébrale, c'était des discussions de vestiaire de temps en temps avec l'éponge magique. Et aujourd'hui... on se rend compte que c'est quelque chose d'hyper fréquent et qu'il y a plein de choses à faire. Donc c'est très, très excitant, c'est très passionnant de vivre ça. Ce n'est pas une maladie génétique rare. Donc c'est super. Ça me permet de rencontrer plein de gens. C'est vraiment sympa.

  • Maxime

    Les fédés qui ne sont pas encore hyperactifs, on essaie de leur mettre un peu la pression ? Sur le plan ministériel ?

  • Dr Brauge

    Oui, bien sûr, le ministère leur dit des choses. Mais après, on est aussi limité par leurs moyens. Le rugby, c'est une fédération qui est riche. Le football, je n'en parle même pas. Et c'est des fédérations pour lesquelles vous avez beaucoup de passionnés. Je veux dire... il y a beaucoup de docteurs qui ont déjà joué au football ou qui ont déjà joué au rugby. Donc, à un moment donné, quand la direction médicale veut faire un truc là-dessus, elle va facilement trouver de bonnes volontés qui vont le faire bénévolement, gratuitement, parce que ça leur fait plaisir. Ce qui est moins évident pour d'autres disciplines. qui ont moins de moyens et pour lesquels le recrutement médical est moins aisé ouais donc voilà je veux pas pointer du doigt telle ou telle fédération parce que beaucoup de tout le sport j'ai beaucoup de respect mais c'est vrai qu'il y en a quelques unes où j'ai été faire des conférences de formation j'étais étonné des moyens qu'ils avaient c'est très artisanal voilà peut-être si je si je Si je peux me permettre, il y a deux choses que je veux dire qui sont des messages médicaux qui me paraissent importants. Important puisque ça n'a pas été dit. Numéro un, si vous êtes au bord du terrain, que vous voyez une commotion cérébrale, vous restez ensuite avec la personne. Vous ne l'envoyez pas se doucher tout seul. D'accord ? Parce que parfois, ce choc qui a occasionné une perte de connaissance de quelques secondes, ça peut être quelque chose de plus grave. Ça peut être un hématome extradural qui est en train d'apparaître. D'accord ? Donc, quand il y a une commotion cérébrale, on reste avec la personne dans la douche et même après au bord du terrain. Donc ça, c'est le message important qui évite des trucs gravissimes, exceptionnels, mais gravissimes. Et numéro 2, que je voudrais dire, c'est la chose suivante, c'est que les commotions cérébrales, c'est quelque chose qui n'est pas grave. D'accord ? Ça guérit vite et totalement. Si on observe la règle suivante, c'est qu'il ne faut pas reprendre tant que les symptômes liés à la première commotion n'ont pas disparu. C'est justement parce qu'on veut reprendre un petit peu trop tôt que là, elles peuvent s'enchaîner. On peut en faire deux, trois d'affilée sur un cerveau qui n'a pas totalement récupéré et que peuvent apparaître les problèmes. Les cas que vous voyez dans la presse, c'est toujours ça qui s'est passé. Donc, si les auditeurs, c'est des soignants, mais aussi si c'est le grand public, retenez bien ça, c'est vous, les premiers acteurs du problème. Tant que vous avez des symptômes, vous ne reprenez pas. vous attendez que ça s'évacue le plus souvent c'est quelques jours mais si c'est 15 jours, c'est 15 jours si c'est 3 semaines, c'est 3 semaines mais ça vous évitera ensuite d'avoir des gros problèmes d'avoir ensuite du mal à vous occuper de votre famille à mener votre travail et tout simplement à poursuivre votre sport ok on va terminer sur ça parce que c'est le plus important merci beaucoup

  • Maxime

    Dr Brauge David, neurochirurgien à Toulouse et spécialiste de la commotion cérébrale c'était très clair Très impressionnant de savoir énoncer tout ça très clairement. Merci, merci. Et puis à bientôt tout le monde pour de nouveaux épisodes. Merci beaucoup. Voilà, c'était un épisode de Médecins qui est dessus. Merci d'avoir écouté. Je vous invite à vous abonner en cliquant sur la petite clochette. Comme ça, vous serez avertis de la sortie de nouveaux épisodes. À bientôt.

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Description

Nouvel épisode FOCUS 🚀
#24. La commotion cérébrale dans le sport.

Le Dr Brauge David, neurochirurgien 🧠, est chercheur à l'INSERM, expert national et membre du comité médical pour les Fédération Française de Rugby (FFR) et de Football (FFF). 🇨🇵

Il nous explique ce qu'est la commotion cérébrale, son mode de survenue, ses symptômes et sa prise en charge.

En France 🇨🇵: 22 disciplines sont dites à risque de commotion cérébrale soit 5 millions de pratiquants.

Aux USA 🇺🇲: 2 à 15% des sportifs vont faire une commotion cérébrale chaque année.

A 20 ans, 1 judoka sur 5 aura déjà fait une commotion cérébrale!

Sur le plan sociologique, ces accidents posent question:

▫️Doit-on continuer à autoriser des sports qui peuvent impacter durement la santé des joueurs?

▫️Quel est le rôle d’une fédération dans la prévention des blessures de ses licenciés?▫️L'état et le ministère de la santé sont-ils à la hauteur de l'enjeu?

A la clinique universitaire du sport du CHU de Toulouse, avec les Professeurs Pariente et Yrondi, le Dr Brauge realise une consultation multidisciplinaire dédiée au suivi de patients commotionnés.
Des carrières sportives sont en jeu et des décisions fortes doivent parfois être prises.

✳️ Pour arriver à definir des attitudes preventives, et donc une réduction de la survenue de cette blessure, des études sont menées et des pistes apparaissent:
-Le Dr Brauge a mené avec son équipe l’étude "Rugby.com" visant à évaluer la place de l’IRM dans cette problématique.

-Au CHU de bordeaux, les travaux de l'équipe du Dr Helene CASSOUDESALLE portent sur l’évaluation de la place du port de protège-dents dans la prévention des micro traumatismes répétés au foot ⚽️

Un épisode incroyablement pédagogique et précis sur un sujet autant problématique qu'excitant car tout est encore à faire.

🌟 Masterclass du Dr Brauge 🌟

France Judo 🥋
FFR 🏈🏉
FFF 🤾‍♂️🤾‍♀️
Ski ⛷️🏂
MMA 👨‍❤️‍💋‍👨
Boxe 🥊


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Maxime

    Notre invité qui est aujourd'hui le Docteur David Brauge. Bonjour David.

  • Dr Brauge

    Bonjour Maxime.

  • Maxime

    Merci beaucoup de prendre un petit peu de temps parce que je sais que l'agenda est très très chargé. Tu es donc neurochirurgien à la clinique des Cèdres à côté de Toulouse et tu es expert national de la commotion cérébrale au sein de la Fédération française de football et de rugby. Tu es chercheur à l'INSERM sur le thème des traumas crâniens et de la pratique sportive, notamment sur le sujet de la commotion cérébrale. Beaucoup de choses, j'ai dit des bêtises ou c'est ok ?

  • Dr Brauge

    Oui, j'ai ces fonctions et après j'interviens plus ponctuellement pour d'autres institutions nationales sportives qui ont des problématiques en rapport avec les chocs à la tête dans le cadre de la pratique.

  • Maxime

    Ok, donc c'est très très intéressant. On discutait un petit peu avant l'épisode, parce qu'on se demande toujours comment est-ce qu'on arrive à ce genre de... d'expertise, d'expérience ?

  • Dr Brauge

    En fait, j'ai acquis petit à petit une compétence au fur et à mesure que la médecine s'est intéressée à ce sujet-là. Historiquement, j'ai fait ma thèse de médecine sur une question assez simple qui était est-ce que la pratique du rugby professionnel induit des lésions et des pathologies sur la colonne vertébrale cervicale ? Et donc, cette question simple, il était un petit peu difficile d'y répondre. Mais donc, on a fait un joli travail qui a été publié dans une revue internationale, ensuite qui a reçu des prix et également qui a été repris par les médias grands publics nord-américains. Et partant de là, la Fédération Française de Rugby, quand elle a voulu mettre en place des filières de soins dédiées à la prise en charge des commotions cérébrales, assez naturellement, ils ont fait appel à moi. puisque j'étais déjà fléché comme spécialiste référent neuro pour la médecine du rugby. Et ensuite, tout de suite derrière, on a créé une consultation multidisciplinaire dédiée à ce sujet-là au CHU de Toulouse avec moi-même, neurochirurgien, Jérémy Pariente qui est neurologue. et un psychiatre qui est Antoine Hirondy, associé à l'équipe de neuropsychologie du CHU de Toulouse. Et cette consultation, en fait, elle a très très bien marché. On s'est rendu compte qu'elle répondait à un besoin de la population sportive, du rugby au départ, mais assez rapidement de beaucoup d'autres disciplines. Et donc, au fur et à mesure qu'on a vu des patients, des cas un petit peu différents, on a augmenté notre expertise. Puis après, on a lancé des travaux de recherche dessus, des tests de médecine. Et ce qui fait que 12 ans après, bonne expérience.

  • Maxime

    Bon, je sais qu'il y a un peu de modestie en médecine, mais quasi numéro 1 de cet avis, de la demande d'avis sur ce thème en France.

  • Dr Brauge

    En numéro 1, non. Mais on va dire qu'on est devenu un interlocuteur à Toulouse. Pas que moi-même, mais tous les gens qui travaillent là-dessus, on est devenu un interlocuteur. Pas de référence, mais en tous les cas, on nous demande régulièrement notre avis, que ce soit les fédérations sportives. ou le ministère des Sports, puisqu'on fait partie aussi d'un groupe d'experts, mandatés par le ministre sur ces questions-là, et aussi tout un tas d'autres institutions, associations ou entreprises.

  • Maxime

    Ok. Avant de poursuivre sur le sujet, par ailleurs, il y a donc une activité de neurochirurgien tout venant, où il y a une spécialisation des gestes un peu plus faits que d'autres ? Alors...

  • Dr Brauge

    Là, je parlais un petit peu de ma danseuse espagnole, de mon loisir. Moi, je suis organisé de la façon suivante. Quatre jours par semaine, j'ai une activité de neurochirurgie tout à fait conventionnelle, avec deux jours de consultation et deux jours de chirurgie. Alors, c'est vrai que dans ma pratique, vu ce que je fais à côté, j'ai la chance d'avoir une patientèle de sportifs, et notamment... Cette question, qui n'est pas le sujet d'aujourd'hui, mais peut-être qui intéressera pour d'autres épisodes, qui sont les pathologies du dos des sportifs. Il y a peu de gens qui connaissent ça. Et ensuite, une journée par semaine, elle est dédiée... au travail sur ces questions-là. Sur le choc à la tête, inhérent à la pratique sportive, avec une consultation. Celle-là, je l'amène au CHU de Toulouse, dans le cadre de la Clinique Universitaire du Sport. Et puis, l'après-midi, plutôt des activités d'enseignement, de recherche sur ce sujet-là.

  • Maxime

    D'accord.

  • Dr Brauge

    Encadrement aussi.

  • Maxime

    Super, on va creuser tout ça. On va débuter par le thème, la commotion cérébrale. Qu'est-ce qu'une commotion cérébrale, finalement ?

  • Dr Brauge

    Alors, une commotion cérébrale, c'est un choc à la tête. La commotion, ça implique souvent en langue française, en pratique sportive. Et qu'est-ce qui fait la différence de ce choc à la tête là, par rapport à tous les autres chocs à la tête qu'on a quand on fait un match de rugby, une rencontre de foot, du judo, de la boxe, n'importe quoi. C'est que l'onde de choc, cette fois, elle va traverser le cerveau, ce qui va occasionner... tout un tas de perturbations biochimiques et métaboliques qui vont être le point de départ. On parle de cascade neurométabolique, d'anomalies dans le fonctionnement du cerveau. Anomalies à l'échelon plutôt physiologique qu'on peut observer au niveau de l'électrophysiologie, du Doppler, de certaines séquences IRM, etc.

  • Maxime

    Est-ce que c'est grossièrement un cinéma de traumatisme crânien où les deux choses sont des notions différentes finalement ?

  • Dr Brauge

    C'est deux notions qui se recoupent en fait. La commotion cérébrale, ça fait partie de la grande famille des traumatismes crâniens.

  • Maxime

    Mais la neurophysiologie en est particulière ?

  • Dr Brauge

    Dans les traumatismes crâniens, il y a le petit choc qui n'occasionne rien. Ensuite, il y a le choc un petit peu plus appuyé, donc avec commotion cérébrale. Pas de lésions visibles en imagerie, mais des perturbations du fonctionnement habituel du cerveau. Et après, il y a les traumatismes crâniens plus sévères. qui occasionne là des dommages anatomiques. Donc la commotion cérébrale, c'est un traumatisme crânien qui est responsable d'une altération du fonctionnement du cerveau, le plus souvent transitoire.

  • Maxime

    Est-ce qu'on a vu que la commotion cérébrale a été occasionnée par la lésion de telle ou telle aire cérébrale ? Est-ce qu'il y a des aires qui sont davantage responsables que d'autres ?

  • Dr Brauge

    Non. Pour reconnaître une commotion cérébrale, le dysfonctionnement est visible. par la survenue d'un ou plusieurs symptômes neurologiques après le choc. D'accord ? Donc, ces symptômes neurologiques, il y en a plein qui peuvent témoigner du fait que le cerveau a été touché. Le plus évident, je perds connaissance. Mais autres symptômes, je me relève, je titube un petit peu ou j'ai les yeux dans le vague, j'ai un discours confus. Tout ça, ça traduit quoi ? Ça traduit le fait qu'en fait, au moment du choc... une partie du cerveau a été touchée. Et en fonction de la zone du cerveau qui a été touchée par l'impact, on a une traduction clinique qui est différente.

  • Maxime

    D'accord. Est-ce qu'il y a des sports qui ont montré leur côté traumatisant davantage par rapport à d'autres ?

  • Dr Brauge

    Alors, oui. Ça fait maintenant une quinzaine d'années que la médecine s'est penchée sur le sujet. Donc, on accumule des données pour mesurer l'ampleur du phénomène. Et effectivement, il y a des sports qui sont plus à risque de commotion cérébrale que d'autres. En premier lieu, les sports de contact et les sports où il y a de la vitesse. Sports de glisse, les sports mécaniques, où là, ça tape moins. Mais quand ça tape, par contre, plus qu'à moi, commotion cérébrale. Alors, le grand problème quand même aujourd'hui, à l'heure actuelle, c'est que la perception qu'on a, elle reste éminemment dépendante de la volonté qu'ont les fédérations de le regarder. Et quand je donne des tableaux comparatifs, par exemple, par discipline, on ne trouve pas les sports de combat. Tout simplement parce qu'ils ne le regardent pas.

  • Maxime

    D'accord.

  • Dr Brauge

    Et après, il y en a d'autres qui commencent aussi à le regarder. Le handball, le judo. Et il y en a d'autres qui s'intéressent à ça depuis longtemps. Le rugby, le football. Ça introduit quand même une distorsion. Mais globalement, on estime en France qu'il y a 22 disciplines qui exposent leurs licenciés aux commotions cérébrales. ce qui correspond à 5 millions de pratiquants à l'heure actuelle.

  • Maxime

    Donc, ça correspond à 5 millions de pratiquants. Et en termes de nombre de commotions décelées, diagnostiquées par an ?

  • Dr Brauge

    Pour une étude faite à l'échelle d'un pays qui a un mode de vie comparable au nôtre, les États-Unis et Amérique, on estime que tous les ans, c'est 2 à 15 des licenciés de sport qui vont faire au moins une commotion cérébrale. D'accord ? Et donc... D'autres chiffres que j'aime bien donner pour que les gens aient une idée de l'importance du problème. Vous prenez une ancienne joueuse de handball de haut niveau. Je crois que c'est à peu près 80% qui ont déjà fait au moins une commotion dans leur carrière sportive. Pour le judo, à l'âge de 20 ans, 1 sur 5 a déjà fait au moins une commotion cérébrale. Donc c'est une blessure qui est fréquente. Pourquoi elle est négligée ? Parce que bien souvent... on va en reparler je pense, ça guérit vite et complètement. Mais de temps en temps, il peut y avoir des problèmes et c'est pour ça que la médecine s'est penchée dessus.

  • Maxime

    Donc il y a une sorte de biais de médiatisation puisque certains sports l'ont mis en avant, comme le rugby, comme le foot. C'est des sports qui sont en plus médiatisés, donc les sportifs commotionnés, on les voit vite et plein écran, alors que d'autres sports finalement sont tout autant pourvoyeurs. mais passe un peu sous les radars.

  • Dr Brauge

    Oui, c'est ça. Bon, après, quand même, la société, elle est ce qu'elle est. Et même dans ces sports-là, petit à petit, sous un peu la pression du public et des médias, là aussi, même si c'est moins rapide, petit à petit, on en prend conscience. Il y a une directive ministérielle qui impose aux fédérations toutes les 100 et quelques fédérations sportives françaises, d'avoir un bout de règlement écrit sur lequel est formalisée la façon dont doit être prise en charge une commotion cérébrale dans leur discipline.

  • Maxime

    Ok. C'est une question que je voulais poser un petit peu après, mais finalement, pourquoi pas la poser maintenant. Est-ce que, alors c'est sans faire de sociologie de bas étage ou quoi, mais est-ce qu'un sportif... Il lui est remis la responsabilité de prendre le risque de faire un sport qui peut occasionner des commotions ? Ou qui porte la responsabilité quand un sportif, un rugbyman, un footballeur a un choc à la tête ? Comment c'est organisé ? C'est à lui qu'on va dire, c'est toi qui as fait le choix de faire ce sport ? Ou est-ce que lui derrière, sur le plan juridique, sur le plan je ne sais quel terme employé, il peut se retourner contre quelqu'un ? Est-ce que... Souvent, on a entendu parler de sportifs qui ont été jusqu'à la voie judiciaire contre leur ancien club, etc. C'est un peu bancal comme situation ?

  • Dr Brauge

    Ça, c'est effectivement une problématique qui est assez spécifique à la médecine du sport. Parce qu'aujourd'hui, on a du mal à répondre précisément. Je vais essayer de formaliser les choses de façon claire. Donc, effectivement, la commotion cérébrale, c'est une blessure comme une autre. Donc, le sportif, il fait sa commotion, il va voir un docteur et il est soigné. Et donc, dans ce schéma-là, le mode de pensée, il est assez simple. Le problème, c'est le suivant. C'est que la commotion cérébrale, eh bien... Il y a certains sportifs, une grosse partie d'ailleurs, qui ne savent pas trop ce que c'est, en dépit de la médiatisation. Et donc, s'il n'y avait pas un docteur au bord du terrain qui connaît ça, les symptômes qui se déclarent après une commotion cérébrale, j'ai mal à la tête, je suis un peu mou, la lumière ou le bruit me gênent, eh bien, le sportif lui-même, il ne le met pas en relation avec une blessure. Et donc... ne pensent pas à aller voir le docteur. Alors après, effectivement, ça pose la question suivante. Dans quelle mesure est-ce que les fédérations, mais aussi les pouvoirs publics, ils sont responsables de l'information des gens sur cette pathologie, qui peut survenir aussi dans la vie de tous les jours ou en cours de sport à l'école ? Et ça, c'est un débat qui reste ouvert aujourd'hui. Parce que... J'ai fait une conférence pour l'association France Alzheimer et la question m'a été posée. Le rôle d'une fédération sportive, c'est quoi ? C'est d'organiser des compétitions, éventuellement d'avoir un rôle aussi social, d'aller dans les endroits difficiles, dans les petits patelins où il n'y a pas d'équipe ou dans les quartiers difficiles, pour essayer d'intégrer socialement des gens qui ont du mal à... à faire partie de ce pays. Est-ce qu'une fédération, son rôle premier, c'est la santé de ses pratiquants ? Je n'ai pas d'avis sur la question. Parce qu'on pourrait dire aussi que c'est le ministère de la Santé. Quand on va faire du ski, il n'y a pas de directive ministérielle qui dit Vous devriez mettre un casque pour faire du ski Et pourtant, c'est le sport qui occasionne le plus de décès traumatiques en France.

  • Maxime

    Le ski.

  • Dr Brauge

    Alors là, il y a un faillite, pourtant, quelque part.

  • Maxime

    J'ai posé la question un peu brutalement. C'est vrai que c'est un vaste débat très, très complexe sur le plan sociologique, parce qu'on se demande toujours pourquoi ne pas faire sauter ce sport, alors qu'on sait qu'il est traumatisant. Mais à la fois, il y a un rôle social énorme du sport, de toutes ces fédés.

  • Dr Brauge

    Je vais donner une autre réponse à cette remarque-là. Dans les années Je crois que c'était à ce moment-là, la boxe. a fait beaucoup de choses pour essayer de juguler les problèmes traumatiques, notamment liés au choc à la tête, avec parfois des conséquences gravissimes. Du coup, qu'est-ce qu'il a fait le public et qu'est-ce qu'ils ont fait les pratiquants ? Ils sont partis vers une discipline qui était moins encadrée, le MMA. Ok, d'accord. Donc d'interdire, je ne crois pas du tout que c'est productif.

  • Maxime

    Ok.

  • Dr Brauge

    Mon approche... C'est de, en tout cas en tant que docteur, moi je suis médecin, je ne suis pas directeur technique national d'une fédération, je ne suis pas non plus politicien. C'est d'identifier où sont les problèmes médicaux et ensuite de faire en sorte qu'ils arrivent plus ou du moins qu'ils arrivent moins. Donc à mon échelon, ça va être quoi ? Essayer de voir quelles mesures de protection individuelle on peut mettre en place. Mettre en place un protège-dents, mettre en place un casque. comment on échauffe une personne pour éviter ce type de blessure, comment on l'entraîne pour éviter ce type de blessure, et ensuite comment on la suit médicalement quand la blessure est survenue. Et ensuite, si les directions techniques nationales font appel à moi et disent, eh bien, on envisage de changer la règle, qu'est-ce que vous pouvez nous dire là-dessus ? Je peux travailler avec eux. Si un homme politique vient me voir et me dit, je voudrais interdire... telle activité, parce que je pense qu'il y a trop de problèmes, qu'est-ce que vous en pensez ? Là aussi, mais c'est le politicien qui prend son... C'est pas le rôle du docteur de dire ça.

  • Maxime

    Après, le médecin, moi, je trouve qu'on est toujours un peu en porte-à-faux quand on voit des images ou quand on voit des chocs en se disant ok, c'est du spectacle, mais wow, quel impact sur la santé, quand même, derrière... Voilà.

  • Dr Brauge

    Mais bien sûr, mais ça, c'est un problème qui est... de traitement médiatique, ça, c'est des gens, les gens dont tu parles, qui sont payés pour ça. Et qui sont même payés grassement par rapport à la moyenne des Français. Donc, effectivement, ils mettent en jeu leur santé, mais ces gens-là, ils ont un suivi médical personnalisé, une information au début de saison, et une préparation physique.

  • Maxime

    Une de mes questions, est-ce que l'ensemble des FED, ou en tout cas lesquels, informent sur le risque ?

  • Dr Brauge

    C'est fait de façon inégale en fonction des fédérations. Mais est-ce qu'on peut le trans... Puisque après, la question derrière, c'est de dire oui, interdire telle ou telle discipline. Est-ce que les choses sont pareilles pour du sport amateur ? Eh bien non, ils ne prennent pas les mêmes chocs. Et donc, le choc qu'on voit à la télévision du joueur de top 14 ou du combattant d'MMA qui touche des millions pour son combat, ce n'est pas forcément celui qui va prendre l'amateur.

  • Maxime

    C'était une de mes questions.

  • Dr Brauge

    Faire le raccourci de dire à la télévision j'ai vu ça, il faut interdire telle discipline me paraît être dangereux et contre-productif. Les gens iront ailleurs de toutes les façons.

  • Maxime

    C'était une de mes questions. Est-ce qu'il y a une corrélation entre le niveau de jeu de tel ou tel sport avec la sévérité de la commotion ?

  • Dr Brauge

    Oui. Clairement, comme je fais partie du comité médical de la Fédération française de rugby, j'ai une idée assez précise des chiffres. Et clairement, du top 14 jusqu'au niveau régional, l'occurrence des commotions cérébrales diminue. Et elle est encore plus faible chez les enfants. Parce que ça ne tape pas assez fort. Ils ne font pas assez vite.

  • Maxime

    Il n'y a pas un billet de sélection ? L'absence de diagnostics.

  • Dr Brauge

    C'est vrai que c'est une question qui peut se poser. Mais on se quand même donner les moyens de le dépister pour le rugby de petit niveau au travers de deux façons. Je pense que l'effort quand même, il est assez important par rapport à d'autres disciplines. D'une part, les arbitres sont formés à identifier les commotions cérébrales. On a fait des petits films pédagogiques. Et quand ils voient une commotion, ils sortent. ils brandissent un carton bleu et le joueur sort comme un carton rouge, la licence est bloquée et ça c'est comptabilisé donc on a à l'unité près le nombre de commotions cérébrales qui ont été vues par les arbitres dans les championnats amateurs pour l'ensemble du pays et le deuxième élément c'est qu'on a un peu plus d'une centaine de clubs amateurs totalement qui sont des clubs un peu laboratoires avec des gens qui sont formés à identifier toutes les blessures et qui notent Ça, pour toutes les catégories d'âge. Donc, c'est vrai que, en ce qui concerne la détection des commotions cérébrales, les moyens alloués ne sont quand même pas ceux du top 14, ça c'est vrai. Mais après, ça c'est ce que je dis pour notre pays, mais on a aussi des études, des publications internationales qui vont dans ce sens-là. Donc, ça paraît une évidence, mais je vais le dire clairement, plus on va vite, plus il y a de la masse. plus la commotion cérébrale risque de survenir. Parce qu'autant le reste de l'appareil locomoteur, on peut le protéger avec de la musculation, mais pas la tête. Donc là, plus ça va vite, plus l'énergie cinétique déposée au moment de l'impact est forte.

  • Maxime

    Ok. Efficacité des casques portés au rugby, je crois avoir compris que ce n'était pas très utile en termes de prévention de la commotion.

  • Dr Brauge

    Oui, alors moi je suis beaucoup moins... Hum... comment dire, manichéen dans ma réponse. Lorsque je vois un sportif qui fait beaucoup de commotions cérébrales, ça peut arriver parfois. Donc, je ne vais pas, de façon dogmatique, l'interdire de poursuivre sa carrière. Par contre, on met en place des choses. Et dans les choses qu'on met en place, notamment, il y a les mesures de prévention. Alors, c'est quoi ? Numéro un, bien documenté dans les études, mettre un protège-dents. Et je vais vous donner une illustration. parfaite de ce phénomène-là. Juste après. Numéro 2, faire de la musculation du cou et des épaules. D'accord. Le niveau de preuve, il n'est pas aussi fort, mais donc, on pense bien quand même que ça diminue l'occurrence des commotions cérébrales. Et l'illustration, c'est la suivante. Il y a un sport très très intelligent qui a vu le jour sur les réseaux sociaux. Il y a... 3-4 ans, je dirais, c'est les concours de baffes.

  • Maxime

    Oui. Tu as vu ? J'ai vu.

  • Dr Brauge

    OK. Les premières années, donc les gens, ils se mettaient l'un en face de l'autre. Et maintenant, c'est bien, ils font tous pareil. Parce qu'ils se sont rendus compte que ce qui diminuait la survenue du chaos, c'est la chose suivante. Bien serrer les mâchoires. Et donc, quand on les serre sur un protège-dents, ça en augmente l'efficacité. Et contracter le coup.

  • Maxime

    OK.

  • Dr Brauge

    Parce que si on reste tout mou et qu'on attend la baffe, On va plus facilement faire un chaos que si on a un cou bien musclé et des mâchoires serrées.

  • Maxime

    Ok. Donc, vraie mesure préventive.

  • Dr Brauge

    Je trouve que c'est une illustration parfaite que ça diminue l'occurrence des commotions cérébrales.

  • Maxime

    Ok.

  • Dr Brauge

    Après, il y a des choses qui sont plus débattues. Le casque, c'est quelque chose qui est débattu. Pourquoi ? Les études, elles ont du mal à le montrer. Maintenant, les études, le problème, c'est que... Elles ne sont jamais faites à grande échelle avec le même modèle de casque. Et des gens qui jouent avec et sans casque appareillés sur le poste, l'âge et tout ça. Donc, effectivement, on n'a pas d'études avec un haut niveau de preuves. Mais pour l'avoir regardé au laboratoire de biomécanique, il y a casque et casque. Quasiment l'effet d'amortissement du choc qui varie du simple au double. Je crois qu'il faut être un petit peu pragmatique. Lorsque quelqu'un fait beaucoup de commotions cérébrales qui ne mettait pas un casque juste à présent, moi, je le recommande. Je lui dis, écoute, on verra bien. C'est vrai que de façon paradoxale, parfois, il a été décrit un phénomène de levée d'inhibition. J'ai un casque, donc je mets la tête plus facile. C'est vrai. Donc, après, dans la situation inverse, si j'ai un patient qui fait beaucoup de commotions cérébrales, il me dit mais pourtant je joue avec un casque ça m'est arrivé deux fois de le faire enlever pour lui faire un peu réduire la voilure il y en a un clairement ça a joué ça a permis de diminuer et après parmi les autres mesures de prévention sans aucun conflit d'intérêt, d'ailleurs je ne donnerai pas de marque depuis cette année ce que j'ai mis en place c'est des compléments alimentaires à prendre la veille... et le matin du match. Pourquoi ? Parce que la commotion cérébrale, je l'ai dit au début, c'est une cascade neurométabolique. Et en particulier, le point de départ, c'est l'effondrement du stock d'ATP dans le cerveau. Et d'ailleurs, les sportifs le disent, le soir de la commotion, j'étais KO,

  • Maxime

    j'étais me coucher.

  • Dr Brauge

    Eh bien, le fait de prendre des compléments alimentaires, des suppléments alimentaires, support nutritionnel, ça a permis d'augmenter les stocks. pour que cet effondrement, on le vive moins. Alors, je ne sais pas encore si c'est cliniquement pertinent, mais c'est toujours pareil face à un sportif pour lequel on se dit là, il commence à y avoir beaucoup de commotions cérébrales. On se pose la question de l'arrêt de carrière. Comment dire ?

  • Maxime

    Ça peut être une étape.

  • Dr Brauge

    Je me dois de tout faire. pour essayer d'empêcher ça, l'arrêt de carrière, qui pour le sportif, c'est toujours un drame. Donc au moins, il faut qu'il puisse se dire on a tout tenté et j'arrête parce que vraiment, il faut que j'arrête.

  • Maxime

    D'accord. Très, très intéressant. OK. Et encore, j'ai plein, plein de questions. On va parler de l'organisation au sein de la Fédé de foot et de rugby. Comment ça s'organise ? C'est sous quelle fréquence ? C'est quoi la mission ?

  • Dr Brauge

    Globalement, ces deux fédérations on peut dire que elles ont pour elles d'avoir mis en place de vrais collèges d'experts pour répondre à ces questions pour regarder précisément les choses pour écrire des protocoles qui sont mis à jour régulièrement au fur et à mesure que les données de la médecine elles s'accumulent et quand ils ont un licencié qui est en difficulté par rapport à ça lui donner des endroits où il peut les consulter ce qui n'est pas le cas dans beaucoup de fédérations ok ensuite

  • Maxime

    il y a ce qui a été mis en place et je voulais justement parler à la fois du foot et du rugby la tête est-ce qu'elle est pourrieuse de commotion ? parce que des fois quand on voit les grandes transversales avec les gars qui mettent des coups de tête dans des ballons qui arrivent de 50 mètres pleines balles est-ce que ça c'est pourrieuse de commotion ?

  • Dr Brauge

    non pas exceptionnellement plus souvent la commotion cérébrale en football c'est accidentel je crois que le mécanisme numéro 1 c'est le duel tête contre tête avec... Un choc tête contre tête. Ça, c'est le mécanisme numéro un. Bon, ça reste un sport quand même, on va dire, où il y a peu de commotions cérébrales par rapport au rugby. Après, la question connexe qui est liée à cette activité, c'est que le football, je crois, c'est le seul sport pour lequel on joue intentionnellement avec sa tête. Avec la question sous-jacente de l'accumulation de petits chocs répétés. Et ça, pareil, c'est une zone de la médecine qui est en train de s'écrire. Alors voilà, on a des... Aujourd'hui, on est dans la phase de collecte d'arguments sur ces choses-là.

  • Maxime

    Il me semble qu'il y a eu une demande d'arrêt du jeu de tête chez l'enfant au foot.

  • Dr Brauge

    C'est le cas ou pas ? Oui, c'est l'effectif dans les îles britanniques et je crois en Amérique du Nord. Ça ne l'est pas chez nous. Et tout simplement parce qu'on est dans une zone de la médecine qui est en train de s'écrire. Alors dans cette situation, on peut dire qu'il y a des gens qui vont avoir une attitude, ils vont au devant. Et ensuite, quitte à revenir en arrière, si les études sont plutôt rassurantes et d'autres qui attendent d'avoir des éléments factuels pour prendre des décisions. En France, ce qui a été décidé, c'est un mig entre les deux, en fait. C'est-à-dire, on limite le volume de tête à l'entraînement en fonction des catégories d'âge. Avec un apprentissage technique aussi pour savoir le faire.

  • Maxime

    Côté rugby ? On va un petit peu parler, parce que c'est des choses qu'on voit beaucoup à la télé, un joueur qui choque, qui tape la tête. Est-ce que tu peux nous raconter le protocole de ce qui se passe là ? Alors,

  • Dr Brauge

    en fait, il faut savoir que la commotion cérébrale, cette blessure, elle est régulée par des conférences de consensus qui ont lieu tous les 4 à 5 ans. Donc ce texte, il définit ce qu'est une commotion. la diagnostic et comment après je la manage. Et donc, le diagnostic, il est basé sur l'observation de signes neurologiques directs après l'impact. Donc là, s'il y a un chaos ou le joueur titube, on est sûr qu'il y a eu commotion. Mais bien souvent, les symptômes dits d'impact, ils sont fugaces. Difficile à voir.

  • Maxime

    Avec un joueur en plus qui a envie de reprendre le jeu.

  • Dr Brauge

    Avec un joueur qui, même s'il n'est pas tout à fait présent, Il fait du sport depuis l'enfance, il s'entraîne plusieurs fois par semaine, donc même si son cerveau ne fonctionne pas bien, on a l'illusion que tout va bien. Donc dans cette situation, la conférence de consensus, elle dit qu'il faut sortir le joueur pour l'examiner avec un examen clinique qui est standardisé, des tests qui sont, voilà, c'est pas aux doigts mouillés, c'est des tests qu'il est recommandé d'appliquer, qui permettent de diagnostiquer la commotion. Et donc, lorsque le joueur sort, c'est qu'en fait, il a été victime d'un impact qui a été jugé significatif pour diverses raisons. Et donc, il sort pour passer ses tests. Et donc, globalement, quels sont-ils ? Il y a trois gros blocs d'évaluation. D'abord, les symptômes. Il y a une checklist de symptômes, 22, qu'on vérifie qu'ils présentent ou pas de façon inhabituelle. Ensuite, il y a un petit examen neurologique qui est basé sur la cognition, d'accord ? Des petites tâches intellectuelles à réaliser, de mémoire, d'orientation. principalement. Et le troisième bloc d'évaluation, c'est également d'un examen neurologique de l'équilibre qui peut être perturbé juste après une commotion cérébrale. D'accord ? Et donc, si un test est perturbé, on dit qu'il y a eu commotion cérébrale et le joueur ne rentre pas. Si tout est nickel, il peut re-rentrer. Et donc, en fait, je pense... aussi, l'un des éléments qui fait que le rugby, on a l'impression qu'il y en a beaucoup, c'est parce qu'il y a quand même pas mal de joueurs qui vont sortir pour être évalués, qui ne font pas forcément commotion, mais c'est sûr que quand on est dans les tribunes, ils sortent pour protocole commotion. On peut entendre plusieurs fois le mot commotion au cours d'un match de rugby professionnel. Surtout si c'est un médecin inquiet. Mais bon, après, je ne me voile pas la face. Le rugby professionnel est un sport qui est pourvoyeur de commotions cérébrales de façon régulière. Mais on s'est donné beaucoup de moyens pour passer à côté d'aucune d'entre elles.

  • Maxime

    Qu'est-ce qui fait le choix de sortir le joueur d'ailleurs ? C'est un médecin neutre au sein du match ?

  • Dr Brauge

    C'est ça. Parce que c'est toujours pareil. On a un joueur qui court, qui parle. L'entraîneur, il n'a pas envie de le sortir. Le médecin de l'équipe...

  • Maxime

    Qui le connaît un peu ?

  • Dr Brauge

    Ça peut être difficile pour lui parce qu'il a le staff. Donc, le problème a été tranché. C'est un médecin indépendant qui ne connaît ni le médecin d'équipe ni l'entraîneur, qui n'est pas salarié par aucun des deux clubs, qui prend la décision de le sortir.

  • Maxime

    Et de faire le test aussi ?

  • Dr Brauge

    Et c'est lui qui fait le test bien souvent.

  • Maxime

    Ces joueurs qui font une commotion, tu nous disais qu'il y avait une journée de consulte par semaine pour... évalué ? Ouais,

  • Dr Brauge

    j'ai une matinée qui est dédiée à ça. Parce que beaucoup de fédérations ont statué que leurs sportifs de premier plan professionnel devaient être vus par un spécialiste pour toute commotion cérébrale, voire même pour suspicion de commotion cérébrale. Donc ça, c'est une partie de l'activité. Mais également, pendant cette demi-journée de consultation, je vois les sportifs amateurs qui font des commotions qui n'ont pas bien évolué. D'accord ? Quand ça a bien évolué, le médecin généraliste, il va pouvoir gérer. En général, les symptômes s'évacuent assez rapidement. Par contre, parfois, c'est aussi pour ça que médiatiquement, on parle de ces choses-là maintenant, les commotions n'évoluent pas bien. Et donc, d'où l'utilité d'avoir quelques personnes qui connaissent ça un peu mieux et qui vont pouvoir aider les jeunes, souvent des jeunes. pour reprendre l'école, parce que des fois on en est là. Je n'arrive plus à suivre en cours. Reprendre un petit peu de sport, qu'est-ce que je peux faire, etc.

  • Maxime

    Ok, donc il y a des structures pour les aider à réorganiser un peu ?

  • Dr Brauge

    Je ne dirais pas des structures, mais il y a des stratégies de soins qui peuvent aider.

  • Maxime

    En tout cas, tu peux donner des...

  • Dr Brauge

    Déjà, que d'avoir un interlocuteur médical, parce que ça peut être des situations quand même très handicapantes.

  • Maxime

    et quand il n'y a pas de réponse médicale les gens sont dans la détresse et tu as un rôle aussi de savoir si un joueur peut reprendre ou pas après une commotion je sais que c'est toi qui donne le feu vert pour

  • Dr Brauge

    le sportif professionnel oui pour les raisons que je disais c'est quand même plus aisé pour tout le monde si c'est quelqu'un d'indépendant donc là c'est une décision de reprise dans les jours qui suivent Et puis après, quand j'ai une commotion problématique, est-ce que je peux reprendre mon sport de contact ou pas ? Effectivement, là, j'aide un petit peu à prendre la décision.

  • Maxime

    Sur le plan sud-ouest ou sur le plan national même ?

  • Dr Brauge

    Ça peut arriver nationalement. C'est des cas très difficiles et que personne... Dans la région d'origine, ils n'ont trouvé personne. Ça peut être nationalement. J'essaye de faire beaucoup en visio, mais de temps en temps, je les fais venir à Toulouse parce que j'ai besoin de faire des examens un petit peu plus poussés.

  • Maxime

    Je suppose qu'on s'habitue, mais c'est quand même quelque chose de sans doute des fois annoncer des mauvaises nouvelles ou d'empêcher un sportif passionné de reprendre l'activité.

  • Dr Brauge

    Oui, c'est difficile. Moi, en tout cas, j'aime le sport. Je suis bien conscient, parfois, c'est un gagne-pain. C'est un métier. Tout le temps, c'est une passion. C'est un gros élément de la vie sociale de dire à un sportif, il faut t'arrêter. C'est une décision que je ne prends pas à la légère. Je collecte des arguments. En général, jamais à la première consultation. On se voit deux, trois fois, quatre fois, des fois plus. Et si je peux, j'essaye au moins une fois d'avoir une personne de l'entourage, le conjoint, un papa, une maman. Et en général, quand même, le fait de le faire comme ça, combiné à l'évolution clinique, fait que le sportif, il va l'accepter. C'est assez spécifique à ces blessures neurologiques. Là, j'inclus dedans aussi tout ce qui est problématique, moi, l'épinière. Voilà. Ou par rapport à un genou qui empêche de courir, où là, de toute façon, anatomiquement, on ne peut plus. Mais bon, voilà, j'essaye de le faire comme ça.

  • Maxime

    OK. On n'a pas parlé de l'imagerie. Est-ce qu'il y a une imagerie nécessaire pour le diagnostic de commotions ?

  • Dr Brauge

    Non. D'ailleurs, c'est même évoqué dans le texte de la conférence de consensus dont je parlais. L'imagerie n'est d'aucune aide dans le diagnostic et le management des commotions cérébrales. Alors nous, à l'Inserm, on vient de finir un travail de recherche qui nous a duré quand même, je crois, 3-4 ans. On a... Essayer de voir si de nouvelles séquences d'IRM pouvaient être utiles pour diagnostiquer les commotions et petit à petit en monitorer la récupération. Mais malheureusement, c'est le jeu de la recherche. Ça n'a pas été conclusif. Les séquences d'imagerie étudiées n'ont pas montré un intérêt fabuleux pour le diagnostic. Pas aussi bien que la clinique et les dégâts qu'on pouvait collecter en consultation.

  • Maxime

    Ok. Juste pour terminer, il y a eu une interaction entre toi, les clubs, ou est-ce qu'à l'intérieur des clubs, il leur est demandé d'organiser des choses dans ce contexte de commotion ? Il y a des, je ne sais pas, une organisation particulière avec les médecins ?

  • Dr Brauge

    Même réponse, c'est dépendant des fédérations. Certaines demandent à leurs clubs de faire des choses. et d'autres non. Et dans les deux cas de figure, moi, je interviens à la carte. Si on a affaire à une fédération qui dit un référent neuro doit voir tout le monde en début de saison pour évaluer la situation, dans ce cas-là, je peux même aller dans le club, me déplacer. Parfois aussi, ça a pu m'arriver, une fédération est confrontée à deux, trois cas médiatiques d'affilée et dit, on veut faire une formation pour nos médecins. qui s'occupe d'équipe professionnelle. Et dans ce cas-là, je fais une conférence de formation. Là, c'est vraiment... Ça dépend de ce qui est écrit et de ce qu'on me demande. Mais ça peut m'arriver. C'est toujours de bons moments.

  • Maxime

    Est-ce qu'on a oublié un point important au sujet de la commotion ? Sans doute, vu que c'est ta vie et que tout est hyper important.

  • Dr Brauge

    Ma vie, c'est des neurochirurgiens. Et ça, c'est quelque chose qui m'intéresse. Pourquoi ça m'intéresse ? Parce qu'en fait, je pense qu'il n'y a pas beaucoup de docteurs qui vont vivre ça dans leur vie. D'être au premier rang et quelque part un petit peu acteur de la découverte ou en tous les cas de la prise en considération et de l'avancée des progrès médicaux pour une pathologie qui est aussi fréquente. Je veux dire, là, c'est comme si demain, on découvrait la grippe. Que c'est du un virus, que ce virus, on peut s'empêcher de le transmettre. On peut vacciner, on peut le soigner. Je veux dire, à mon avis, il n'y a pas beaucoup de médecins qui vivent ça. Moi, j'ai eu la chance d'avoir vécu ça. Il y a dix ans, quand on a commencé à parler de commotion cérébrale, c'était des discussions de vestiaire de temps en temps avec l'éponge magique. Et aujourd'hui... on se rend compte que c'est quelque chose d'hyper fréquent et qu'il y a plein de choses à faire. Donc c'est très, très excitant, c'est très passionnant de vivre ça. Ce n'est pas une maladie génétique rare. Donc c'est super. Ça me permet de rencontrer plein de gens. C'est vraiment sympa.

  • Maxime

    Les fédés qui ne sont pas encore hyperactifs, on essaie de leur mettre un peu la pression ? Sur le plan ministériel ?

  • Dr Brauge

    Oui, bien sûr, le ministère leur dit des choses. Mais après, on est aussi limité par leurs moyens. Le rugby, c'est une fédération qui est riche. Le football, je n'en parle même pas. Et c'est des fédérations pour lesquelles vous avez beaucoup de passionnés. Je veux dire... il y a beaucoup de docteurs qui ont déjà joué au football ou qui ont déjà joué au rugby. Donc, à un moment donné, quand la direction médicale veut faire un truc là-dessus, elle va facilement trouver de bonnes volontés qui vont le faire bénévolement, gratuitement, parce que ça leur fait plaisir. Ce qui est moins évident pour d'autres disciplines. qui ont moins de moyens et pour lesquels le recrutement médical est moins aisé ouais donc voilà je veux pas pointer du doigt telle ou telle fédération parce que beaucoup de tout le sport j'ai beaucoup de respect mais c'est vrai qu'il y en a quelques unes où j'ai été faire des conférences de formation j'étais étonné des moyens qu'ils avaient c'est très artisanal voilà peut-être si je si je Si je peux me permettre, il y a deux choses que je veux dire qui sont des messages médicaux qui me paraissent importants. Important puisque ça n'a pas été dit. Numéro un, si vous êtes au bord du terrain, que vous voyez une commotion cérébrale, vous restez ensuite avec la personne. Vous ne l'envoyez pas se doucher tout seul. D'accord ? Parce que parfois, ce choc qui a occasionné une perte de connaissance de quelques secondes, ça peut être quelque chose de plus grave. Ça peut être un hématome extradural qui est en train d'apparaître. D'accord ? Donc, quand il y a une commotion cérébrale, on reste avec la personne dans la douche et même après au bord du terrain. Donc ça, c'est le message important qui évite des trucs gravissimes, exceptionnels, mais gravissimes. Et numéro 2, que je voudrais dire, c'est la chose suivante, c'est que les commotions cérébrales, c'est quelque chose qui n'est pas grave. D'accord ? Ça guérit vite et totalement. Si on observe la règle suivante, c'est qu'il ne faut pas reprendre tant que les symptômes liés à la première commotion n'ont pas disparu. C'est justement parce qu'on veut reprendre un petit peu trop tôt que là, elles peuvent s'enchaîner. On peut en faire deux, trois d'affilée sur un cerveau qui n'a pas totalement récupéré et que peuvent apparaître les problèmes. Les cas que vous voyez dans la presse, c'est toujours ça qui s'est passé. Donc, si les auditeurs, c'est des soignants, mais aussi si c'est le grand public, retenez bien ça, c'est vous, les premiers acteurs du problème. Tant que vous avez des symptômes, vous ne reprenez pas. vous attendez que ça s'évacue le plus souvent c'est quelques jours mais si c'est 15 jours, c'est 15 jours si c'est 3 semaines, c'est 3 semaines mais ça vous évitera ensuite d'avoir des gros problèmes d'avoir ensuite du mal à vous occuper de votre famille à mener votre travail et tout simplement à poursuivre votre sport ok on va terminer sur ça parce que c'est le plus important merci beaucoup

  • Maxime

    Dr Brauge David, neurochirurgien à Toulouse et spécialiste de la commotion cérébrale c'était très clair Très impressionnant de savoir énoncer tout ça très clairement. Merci, merci. Et puis à bientôt tout le monde pour de nouveaux épisodes. Merci beaucoup. Voilà, c'était un épisode de Médecins qui est dessus. Merci d'avoir écouté. Je vous invite à vous abonner en cliquant sur la petite clochette. Comme ça, vous serez avertis de la sortie de nouveaux épisodes. À bientôt.

Description

Nouvel épisode FOCUS 🚀
#24. La commotion cérébrale dans le sport.

Le Dr Brauge David, neurochirurgien 🧠, est chercheur à l'INSERM, expert national et membre du comité médical pour les Fédération Française de Rugby (FFR) et de Football (FFF). 🇨🇵

Il nous explique ce qu'est la commotion cérébrale, son mode de survenue, ses symptômes et sa prise en charge.

En France 🇨🇵: 22 disciplines sont dites à risque de commotion cérébrale soit 5 millions de pratiquants.

Aux USA 🇺🇲: 2 à 15% des sportifs vont faire une commotion cérébrale chaque année.

A 20 ans, 1 judoka sur 5 aura déjà fait une commotion cérébrale!

Sur le plan sociologique, ces accidents posent question:

▫️Doit-on continuer à autoriser des sports qui peuvent impacter durement la santé des joueurs?

▫️Quel est le rôle d’une fédération dans la prévention des blessures de ses licenciés?▫️L'état et le ministère de la santé sont-ils à la hauteur de l'enjeu?

A la clinique universitaire du sport du CHU de Toulouse, avec les Professeurs Pariente et Yrondi, le Dr Brauge realise une consultation multidisciplinaire dédiée au suivi de patients commotionnés.
Des carrières sportives sont en jeu et des décisions fortes doivent parfois être prises.

✳️ Pour arriver à definir des attitudes preventives, et donc une réduction de la survenue de cette blessure, des études sont menées et des pistes apparaissent:
-Le Dr Brauge a mené avec son équipe l’étude "Rugby.com" visant à évaluer la place de l’IRM dans cette problématique.

-Au CHU de bordeaux, les travaux de l'équipe du Dr Helene CASSOUDESALLE portent sur l’évaluation de la place du port de protège-dents dans la prévention des micro traumatismes répétés au foot ⚽️

Un épisode incroyablement pédagogique et précis sur un sujet autant problématique qu'excitant car tout est encore à faire.

🌟 Masterclass du Dr Brauge 🌟

France Judo 🥋
FFR 🏈🏉
FFF 🤾‍♂️🤾‍♀️
Ski ⛷️🏂
MMA 👨‍❤️‍💋‍👨
Boxe 🥊


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Transcription

  • Maxime

    Notre invité qui est aujourd'hui le Docteur David Brauge. Bonjour David.

  • Dr Brauge

    Bonjour Maxime.

  • Maxime

    Merci beaucoup de prendre un petit peu de temps parce que je sais que l'agenda est très très chargé. Tu es donc neurochirurgien à la clinique des Cèdres à côté de Toulouse et tu es expert national de la commotion cérébrale au sein de la Fédération française de football et de rugby. Tu es chercheur à l'INSERM sur le thème des traumas crâniens et de la pratique sportive, notamment sur le sujet de la commotion cérébrale. Beaucoup de choses, j'ai dit des bêtises ou c'est ok ?

  • Dr Brauge

    Oui, j'ai ces fonctions et après j'interviens plus ponctuellement pour d'autres institutions nationales sportives qui ont des problématiques en rapport avec les chocs à la tête dans le cadre de la pratique.

  • Maxime

    Ok, donc c'est très très intéressant. On discutait un petit peu avant l'épisode, parce qu'on se demande toujours comment est-ce qu'on arrive à ce genre de... d'expertise, d'expérience ?

  • Dr Brauge

    En fait, j'ai acquis petit à petit une compétence au fur et à mesure que la médecine s'est intéressée à ce sujet-là. Historiquement, j'ai fait ma thèse de médecine sur une question assez simple qui était est-ce que la pratique du rugby professionnel induit des lésions et des pathologies sur la colonne vertébrale cervicale ? Et donc, cette question simple, il était un petit peu difficile d'y répondre. Mais donc, on a fait un joli travail qui a été publié dans une revue internationale, ensuite qui a reçu des prix et également qui a été repris par les médias grands publics nord-américains. Et partant de là, la Fédération Française de Rugby, quand elle a voulu mettre en place des filières de soins dédiées à la prise en charge des commotions cérébrales, assez naturellement, ils ont fait appel à moi. puisque j'étais déjà fléché comme spécialiste référent neuro pour la médecine du rugby. Et ensuite, tout de suite derrière, on a créé une consultation multidisciplinaire dédiée à ce sujet-là au CHU de Toulouse avec moi-même, neurochirurgien, Jérémy Pariente qui est neurologue. et un psychiatre qui est Antoine Hirondy, associé à l'équipe de neuropsychologie du CHU de Toulouse. Et cette consultation, en fait, elle a très très bien marché. On s'est rendu compte qu'elle répondait à un besoin de la population sportive, du rugby au départ, mais assez rapidement de beaucoup d'autres disciplines. Et donc, au fur et à mesure qu'on a vu des patients, des cas un petit peu différents, on a augmenté notre expertise. Puis après, on a lancé des travaux de recherche dessus, des tests de médecine. Et ce qui fait que 12 ans après, bonne expérience.

  • Maxime

    Bon, je sais qu'il y a un peu de modestie en médecine, mais quasi numéro 1 de cet avis, de la demande d'avis sur ce thème en France.

  • Dr Brauge

    En numéro 1, non. Mais on va dire qu'on est devenu un interlocuteur à Toulouse. Pas que moi-même, mais tous les gens qui travaillent là-dessus, on est devenu un interlocuteur. Pas de référence, mais en tous les cas, on nous demande régulièrement notre avis, que ce soit les fédérations sportives. ou le ministère des Sports, puisqu'on fait partie aussi d'un groupe d'experts, mandatés par le ministre sur ces questions-là, et aussi tout un tas d'autres institutions, associations ou entreprises.

  • Maxime

    Ok. Avant de poursuivre sur le sujet, par ailleurs, il y a donc une activité de neurochirurgien tout venant, où il y a une spécialisation des gestes un peu plus faits que d'autres ? Alors...

  • Dr Brauge

    Là, je parlais un petit peu de ma danseuse espagnole, de mon loisir. Moi, je suis organisé de la façon suivante. Quatre jours par semaine, j'ai une activité de neurochirurgie tout à fait conventionnelle, avec deux jours de consultation et deux jours de chirurgie. Alors, c'est vrai que dans ma pratique, vu ce que je fais à côté, j'ai la chance d'avoir une patientèle de sportifs, et notamment... Cette question, qui n'est pas le sujet d'aujourd'hui, mais peut-être qui intéressera pour d'autres épisodes, qui sont les pathologies du dos des sportifs. Il y a peu de gens qui connaissent ça. Et ensuite, une journée par semaine, elle est dédiée... au travail sur ces questions-là. Sur le choc à la tête, inhérent à la pratique sportive, avec une consultation. Celle-là, je l'amène au CHU de Toulouse, dans le cadre de la Clinique Universitaire du Sport. Et puis, l'après-midi, plutôt des activités d'enseignement, de recherche sur ce sujet-là.

  • Maxime

    D'accord.

  • Dr Brauge

    Encadrement aussi.

  • Maxime

    Super, on va creuser tout ça. On va débuter par le thème, la commotion cérébrale. Qu'est-ce qu'une commotion cérébrale, finalement ?

  • Dr Brauge

    Alors, une commotion cérébrale, c'est un choc à la tête. La commotion, ça implique souvent en langue française, en pratique sportive. Et qu'est-ce qui fait la différence de ce choc à la tête là, par rapport à tous les autres chocs à la tête qu'on a quand on fait un match de rugby, une rencontre de foot, du judo, de la boxe, n'importe quoi. C'est que l'onde de choc, cette fois, elle va traverser le cerveau, ce qui va occasionner... tout un tas de perturbations biochimiques et métaboliques qui vont être le point de départ. On parle de cascade neurométabolique, d'anomalies dans le fonctionnement du cerveau. Anomalies à l'échelon plutôt physiologique qu'on peut observer au niveau de l'électrophysiologie, du Doppler, de certaines séquences IRM, etc.

  • Maxime

    Est-ce que c'est grossièrement un cinéma de traumatisme crânien où les deux choses sont des notions différentes finalement ?

  • Dr Brauge

    C'est deux notions qui se recoupent en fait. La commotion cérébrale, ça fait partie de la grande famille des traumatismes crâniens.

  • Maxime

    Mais la neurophysiologie en est particulière ?

  • Dr Brauge

    Dans les traumatismes crâniens, il y a le petit choc qui n'occasionne rien. Ensuite, il y a le choc un petit peu plus appuyé, donc avec commotion cérébrale. Pas de lésions visibles en imagerie, mais des perturbations du fonctionnement habituel du cerveau. Et après, il y a les traumatismes crâniens plus sévères. qui occasionne là des dommages anatomiques. Donc la commotion cérébrale, c'est un traumatisme crânien qui est responsable d'une altération du fonctionnement du cerveau, le plus souvent transitoire.

  • Maxime

    Est-ce qu'on a vu que la commotion cérébrale a été occasionnée par la lésion de telle ou telle aire cérébrale ? Est-ce qu'il y a des aires qui sont davantage responsables que d'autres ?

  • Dr Brauge

    Non. Pour reconnaître une commotion cérébrale, le dysfonctionnement est visible. par la survenue d'un ou plusieurs symptômes neurologiques après le choc. D'accord ? Donc, ces symptômes neurologiques, il y en a plein qui peuvent témoigner du fait que le cerveau a été touché. Le plus évident, je perds connaissance. Mais autres symptômes, je me relève, je titube un petit peu ou j'ai les yeux dans le vague, j'ai un discours confus. Tout ça, ça traduit quoi ? Ça traduit le fait qu'en fait, au moment du choc... une partie du cerveau a été touchée. Et en fonction de la zone du cerveau qui a été touchée par l'impact, on a une traduction clinique qui est différente.

  • Maxime

    D'accord. Est-ce qu'il y a des sports qui ont montré leur côté traumatisant davantage par rapport à d'autres ?

  • Dr Brauge

    Alors, oui. Ça fait maintenant une quinzaine d'années que la médecine s'est penchée sur le sujet. Donc, on accumule des données pour mesurer l'ampleur du phénomène. Et effectivement, il y a des sports qui sont plus à risque de commotion cérébrale que d'autres. En premier lieu, les sports de contact et les sports où il y a de la vitesse. Sports de glisse, les sports mécaniques, où là, ça tape moins. Mais quand ça tape, par contre, plus qu'à moi, commotion cérébrale. Alors, le grand problème quand même aujourd'hui, à l'heure actuelle, c'est que la perception qu'on a, elle reste éminemment dépendante de la volonté qu'ont les fédérations de le regarder. Et quand je donne des tableaux comparatifs, par exemple, par discipline, on ne trouve pas les sports de combat. Tout simplement parce qu'ils ne le regardent pas.

  • Maxime

    D'accord.

  • Dr Brauge

    Et après, il y en a d'autres qui commencent aussi à le regarder. Le handball, le judo. Et il y en a d'autres qui s'intéressent à ça depuis longtemps. Le rugby, le football. Ça introduit quand même une distorsion. Mais globalement, on estime en France qu'il y a 22 disciplines qui exposent leurs licenciés aux commotions cérébrales. ce qui correspond à 5 millions de pratiquants à l'heure actuelle.

  • Maxime

    Donc, ça correspond à 5 millions de pratiquants. Et en termes de nombre de commotions décelées, diagnostiquées par an ?

  • Dr Brauge

    Pour une étude faite à l'échelle d'un pays qui a un mode de vie comparable au nôtre, les États-Unis et Amérique, on estime que tous les ans, c'est 2 à 15 des licenciés de sport qui vont faire au moins une commotion cérébrale. D'accord ? Et donc... D'autres chiffres que j'aime bien donner pour que les gens aient une idée de l'importance du problème. Vous prenez une ancienne joueuse de handball de haut niveau. Je crois que c'est à peu près 80% qui ont déjà fait au moins une commotion dans leur carrière sportive. Pour le judo, à l'âge de 20 ans, 1 sur 5 a déjà fait au moins une commotion cérébrale. Donc c'est une blessure qui est fréquente. Pourquoi elle est négligée ? Parce que bien souvent... on va en reparler je pense, ça guérit vite et complètement. Mais de temps en temps, il peut y avoir des problèmes et c'est pour ça que la médecine s'est penchée dessus.

  • Maxime

    Donc il y a une sorte de biais de médiatisation puisque certains sports l'ont mis en avant, comme le rugby, comme le foot. C'est des sports qui sont en plus médiatisés, donc les sportifs commotionnés, on les voit vite et plein écran, alors que d'autres sports finalement sont tout autant pourvoyeurs. mais passe un peu sous les radars.

  • Dr Brauge

    Oui, c'est ça. Bon, après, quand même, la société, elle est ce qu'elle est. Et même dans ces sports-là, petit à petit, sous un peu la pression du public et des médias, là aussi, même si c'est moins rapide, petit à petit, on en prend conscience. Il y a une directive ministérielle qui impose aux fédérations toutes les 100 et quelques fédérations sportives françaises, d'avoir un bout de règlement écrit sur lequel est formalisée la façon dont doit être prise en charge une commotion cérébrale dans leur discipline.

  • Maxime

    Ok. C'est une question que je voulais poser un petit peu après, mais finalement, pourquoi pas la poser maintenant. Est-ce que, alors c'est sans faire de sociologie de bas étage ou quoi, mais est-ce qu'un sportif... Il lui est remis la responsabilité de prendre le risque de faire un sport qui peut occasionner des commotions ? Ou qui porte la responsabilité quand un sportif, un rugbyman, un footballeur a un choc à la tête ? Comment c'est organisé ? C'est à lui qu'on va dire, c'est toi qui as fait le choix de faire ce sport ? Ou est-ce que lui derrière, sur le plan juridique, sur le plan je ne sais quel terme employé, il peut se retourner contre quelqu'un ? Est-ce que... Souvent, on a entendu parler de sportifs qui ont été jusqu'à la voie judiciaire contre leur ancien club, etc. C'est un peu bancal comme situation ?

  • Dr Brauge

    Ça, c'est effectivement une problématique qui est assez spécifique à la médecine du sport. Parce qu'aujourd'hui, on a du mal à répondre précisément. Je vais essayer de formaliser les choses de façon claire. Donc, effectivement, la commotion cérébrale, c'est une blessure comme une autre. Donc, le sportif, il fait sa commotion, il va voir un docteur et il est soigné. Et donc, dans ce schéma-là, le mode de pensée, il est assez simple. Le problème, c'est le suivant. C'est que la commotion cérébrale, eh bien... Il y a certains sportifs, une grosse partie d'ailleurs, qui ne savent pas trop ce que c'est, en dépit de la médiatisation. Et donc, s'il n'y avait pas un docteur au bord du terrain qui connaît ça, les symptômes qui se déclarent après une commotion cérébrale, j'ai mal à la tête, je suis un peu mou, la lumière ou le bruit me gênent, eh bien, le sportif lui-même, il ne le met pas en relation avec une blessure. Et donc... ne pensent pas à aller voir le docteur. Alors après, effectivement, ça pose la question suivante. Dans quelle mesure est-ce que les fédérations, mais aussi les pouvoirs publics, ils sont responsables de l'information des gens sur cette pathologie, qui peut survenir aussi dans la vie de tous les jours ou en cours de sport à l'école ? Et ça, c'est un débat qui reste ouvert aujourd'hui. Parce que... J'ai fait une conférence pour l'association France Alzheimer et la question m'a été posée. Le rôle d'une fédération sportive, c'est quoi ? C'est d'organiser des compétitions, éventuellement d'avoir un rôle aussi social, d'aller dans les endroits difficiles, dans les petits patelins où il n'y a pas d'équipe ou dans les quartiers difficiles, pour essayer d'intégrer socialement des gens qui ont du mal à... à faire partie de ce pays. Est-ce qu'une fédération, son rôle premier, c'est la santé de ses pratiquants ? Je n'ai pas d'avis sur la question. Parce qu'on pourrait dire aussi que c'est le ministère de la Santé. Quand on va faire du ski, il n'y a pas de directive ministérielle qui dit Vous devriez mettre un casque pour faire du ski Et pourtant, c'est le sport qui occasionne le plus de décès traumatiques en France.

  • Maxime

    Le ski.

  • Dr Brauge

    Alors là, il y a un faillite, pourtant, quelque part.

  • Maxime

    J'ai posé la question un peu brutalement. C'est vrai que c'est un vaste débat très, très complexe sur le plan sociologique, parce qu'on se demande toujours pourquoi ne pas faire sauter ce sport, alors qu'on sait qu'il est traumatisant. Mais à la fois, il y a un rôle social énorme du sport, de toutes ces fédés.

  • Dr Brauge

    Je vais donner une autre réponse à cette remarque-là. Dans les années Je crois que c'était à ce moment-là, la boxe. a fait beaucoup de choses pour essayer de juguler les problèmes traumatiques, notamment liés au choc à la tête, avec parfois des conséquences gravissimes. Du coup, qu'est-ce qu'il a fait le public et qu'est-ce qu'ils ont fait les pratiquants ? Ils sont partis vers une discipline qui était moins encadrée, le MMA. Ok, d'accord. Donc d'interdire, je ne crois pas du tout que c'est productif.

  • Maxime

    Ok.

  • Dr Brauge

    Mon approche... C'est de, en tout cas en tant que docteur, moi je suis médecin, je ne suis pas directeur technique national d'une fédération, je ne suis pas non plus politicien. C'est d'identifier où sont les problèmes médicaux et ensuite de faire en sorte qu'ils arrivent plus ou du moins qu'ils arrivent moins. Donc à mon échelon, ça va être quoi ? Essayer de voir quelles mesures de protection individuelle on peut mettre en place. Mettre en place un protège-dents, mettre en place un casque. comment on échauffe une personne pour éviter ce type de blessure, comment on l'entraîne pour éviter ce type de blessure, et ensuite comment on la suit médicalement quand la blessure est survenue. Et ensuite, si les directions techniques nationales font appel à moi et disent, eh bien, on envisage de changer la règle, qu'est-ce que vous pouvez nous dire là-dessus ? Je peux travailler avec eux. Si un homme politique vient me voir et me dit, je voudrais interdire... telle activité, parce que je pense qu'il y a trop de problèmes, qu'est-ce que vous en pensez ? Là aussi, mais c'est le politicien qui prend son... C'est pas le rôle du docteur de dire ça.

  • Maxime

    Après, le médecin, moi, je trouve qu'on est toujours un peu en porte-à-faux quand on voit des images ou quand on voit des chocs en se disant ok, c'est du spectacle, mais wow, quel impact sur la santé, quand même, derrière... Voilà.

  • Dr Brauge

    Mais bien sûr, mais ça, c'est un problème qui est... de traitement médiatique, ça, c'est des gens, les gens dont tu parles, qui sont payés pour ça. Et qui sont même payés grassement par rapport à la moyenne des Français. Donc, effectivement, ils mettent en jeu leur santé, mais ces gens-là, ils ont un suivi médical personnalisé, une information au début de saison, et une préparation physique.

  • Maxime

    Une de mes questions, est-ce que l'ensemble des FED, ou en tout cas lesquels, informent sur le risque ?

  • Dr Brauge

    C'est fait de façon inégale en fonction des fédérations. Mais est-ce qu'on peut le trans... Puisque après, la question derrière, c'est de dire oui, interdire telle ou telle discipline. Est-ce que les choses sont pareilles pour du sport amateur ? Eh bien non, ils ne prennent pas les mêmes chocs. Et donc, le choc qu'on voit à la télévision du joueur de top 14 ou du combattant d'MMA qui touche des millions pour son combat, ce n'est pas forcément celui qui va prendre l'amateur.

  • Maxime

    C'était une de mes questions.

  • Dr Brauge

    Faire le raccourci de dire à la télévision j'ai vu ça, il faut interdire telle discipline me paraît être dangereux et contre-productif. Les gens iront ailleurs de toutes les façons.

  • Maxime

    C'était une de mes questions. Est-ce qu'il y a une corrélation entre le niveau de jeu de tel ou tel sport avec la sévérité de la commotion ?

  • Dr Brauge

    Oui. Clairement, comme je fais partie du comité médical de la Fédération française de rugby, j'ai une idée assez précise des chiffres. Et clairement, du top 14 jusqu'au niveau régional, l'occurrence des commotions cérébrales diminue. Et elle est encore plus faible chez les enfants. Parce que ça ne tape pas assez fort. Ils ne font pas assez vite.

  • Maxime

    Il n'y a pas un billet de sélection ? L'absence de diagnostics.

  • Dr Brauge

    C'est vrai que c'est une question qui peut se poser. Mais on se quand même donner les moyens de le dépister pour le rugby de petit niveau au travers de deux façons. Je pense que l'effort quand même, il est assez important par rapport à d'autres disciplines. D'une part, les arbitres sont formés à identifier les commotions cérébrales. On a fait des petits films pédagogiques. Et quand ils voient une commotion, ils sortent. ils brandissent un carton bleu et le joueur sort comme un carton rouge, la licence est bloquée et ça c'est comptabilisé donc on a à l'unité près le nombre de commotions cérébrales qui ont été vues par les arbitres dans les championnats amateurs pour l'ensemble du pays et le deuxième élément c'est qu'on a un peu plus d'une centaine de clubs amateurs totalement qui sont des clubs un peu laboratoires avec des gens qui sont formés à identifier toutes les blessures et qui notent Ça, pour toutes les catégories d'âge. Donc, c'est vrai que, en ce qui concerne la détection des commotions cérébrales, les moyens alloués ne sont quand même pas ceux du top 14, ça c'est vrai. Mais après, ça c'est ce que je dis pour notre pays, mais on a aussi des études, des publications internationales qui vont dans ce sens-là. Donc, ça paraît une évidence, mais je vais le dire clairement, plus on va vite, plus il y a de la masse. plus la commotion cérébrale risque de survenir. Parce qu'autant le reste de l'appareil locomoteur, on peut le protéger avec de la musculation, mais pas la tête. Donc là, plus ça va vite, plus l'énergie cinétique déposée au moment de l'impact est forte.

  • Maxime

    Ok. Efficacité des casques portés au rugby, je crois avoir compris que ce n'était pas très utile en termes de prévention de la commotion.

  • Dr Brauge

    Oui, alors moi je suis beaucoup moins... Hum... comment dire, manichéen dans ma réponse. Lorsque je vois un sportif qui fait beaucoup de commotions cérébrales, ça peut arriver parfois. Donc, je ne vais pas, de façon dogmatique, l'interdire de poursuivre sa carrière. Par contre, on met en place des choses. Et dans les choses qu'on met en place, notamment, il y a les mesures de prévention. Alors, c'est quoi ? Numéro un, bien documenté dans les études, mettre un protège-dents. Et je vais vous donner une illustration. parfaite de ce phénomène-là. Juste après. Numéro 2, faire de la musculation du cou et des épaules. D'accord. Le niveau de preuve, il n'est pas aussi fort, mais donc, on pense bien quand même que ça diminue l'occurrence des commotions cérébrales. Et l'illustration, c'est la suivante. Il y a un sport très très intelligent qui a vu le jour sur les réseaux sociaux. Il y a... 3-4 ans, je dirais, c'est les concours de baffes.

  • Maxime

    Oui. Tu as vu ? J'ai vu.

  • Dr Brauge

    OK. Les premières années, donc les gens, ils se mettaient l'un en face de l'autre. Et maintenant, c'est bien, ils font tous pareil. Parce qu'ils se sont rendus compte que ce qui diminuait la survenue du chaos, c'est la chose suivante. Bien serrer les mâchoires. Et donc, quand on les serre sur un protège-dents, ça en augmente l'efficacité. Et contracter le coup.

  • Maxime

    OK.

  • Dr Brauge

    Parce que si on reste tout mou et qu'on attend la baffe, On va plus facilement faire un chaos que si on a un cou bien musclé et des mâchoires serrées.

  • Maxime

    Ok. Donc, vraie mesure préventive.

  • Dr Brauge

    Je trouve que c'est une illustration parfaite que ça diminue l'occurrence des commotions cérébrales.

  • Maxime

    Ok.

  • Dr Brauge

    Après, il y a des choses qui sont plus débattues. Le casque, c'est quelque chose qui est débattu. Pourquoi ? Les études, elles ont du mal à le montrer. Maintenant, les études, le problème, c'est que... Elles ne sont jamais faites à grande échelle avec le même modèle de casque. Et des gens qui jouent avec et sans casque appareillés sur le poste, l'âge et tout ça. Donc, effectivement, on n'a pas d'études avec un haut niveau de preuves. Mais pour l'avoir regardé au laboratoire de biomécanique, il y a casque et casque. Quasiment l'effet d'amortissement du choc qui varie du simple au double. Je crois qu'il faut être un petit peu pragmatique. Lorsque quelqu'un fait beaucoup de commotions cérébrales qui ne mettait pas un casque juste à présent, moi, je le recommande. Je lui dis, écoute, on verra bien. C'est vrai que de façon paradoxale, parfois, il a été décrit un phénomène de levée d'inhibition. J'ai un casque, donc je mets la tête plus facile. C'est vrai. Donc, après, dans la situation inverse, si j'ai un patient qui fait beaucoup de commotions cérébrales, il me dit mais pourtant je joue avec un casque ça m'est arrivé deux fois de le faire enlever pour lui faire un peu réduire la voilure il y en a un clairement ça a joué ça a permis de diminuer et après parmi les autres mesures de prévention sans aucun conflit d'intérêt, d'ailleurs je ne donnerai pas de marque depuis cette année ce que j'ai mis en place c'est des compléments alimentaires à prendre la veille... et le matin du match. Pourquoi ? Parce que la commotion cérébrale, je l'ai dit au début, c'est une cascade neurométabolique. Et en particulier, le point de départ, c'est l'effondrement du stock d'ATP dans le cerveau. Et d'ailleurs, les sportifs le disent, le soir de la commotion, j'étais KO,

  • Maxime

    j'étais me coucher.

  • Dr Brauge

    Eh bien, le fait de prendre des compléments alimentaires, des suppléments alimentaires, support nutritionnel, ça a permis d'augmenter les stocks. pour que cet effondrement, on le vive moins. Alors, je ne sais pas encore si c'est cliniquement pertinent, mais c'est toujours pareil face à un sportif pour lequel on se dit là, il commence à y avoir beaucoup de commotions cérébrales. On se pose la question de l'arrêt de carrière. Comment dire ?

  • Maxime

    Ça peut être une étape.

  • Dr Brauge

    Je me dois de tout faire. pour essayer d'empêcher ça, l'arrêt de carrière, qui pour le sportif, c'est toujours un drame. Donc au moins, il faut qu'il puisse se dire on a tout tenté et j'arrête parce que vraiment, il faut que j'arrête.

  • Maxime

    D'accord. Très, très intéressant. OK. Et encore, j'ai plein, plein de questions. On va parler de l'organisation au sein de la Fédé de foot et de rugby. Comment ça s'organise ? C'est sous quelle fréquence ? C'est quoi la mission ?

  • Dr Brauge

    Globalement, ces deux fédérations on peut dire que elles ont pour elles d'avoir mis en place de vrais collèges d'experts pour répondre à ces questions pour regarder précisément les choses pour écrire des protocoles qui sont mis à jour régulièrement au fur et à mesure que les données de la médecine elles s'accumulent et quand ils ont un licencié qui est en difficulté par rapport à ça lui donner des endroits où il peut les consulter ce qui n'est pas le cas dans beaucoup de fédérations ok ensuite

  • Maxime

    il y a ce qui a été mis en place et je voulais justement parler à la fois du foot et du rugby la tête est-ce qu'elle est pourrieuse de commotion ? parce que des fois quand on voit les grandes transversales avec les gars qui mettent des coups de tête dans des ballons qui arrivent de 50 mètres pleines balles est-ce que ça c'est pourrieuse de commotion ?

  • Dr Brauge

    non pas exceptionnellement plus souvent la commotion cérébrale en football c'est accidentel je crois que le mécanisme numéro 1 c'est le duel tête contre tête avec... Un choc tête contre tête. Ça, c'est le mécanisme numéro un. Bon, ça reste un sport quand même, on va dire, où il y a peu de commotions cérébrales par rapport au rugby. Après, la question connexe qui est liée à cette activité, c'est que le football, je crois, c'est le seul sport pour lequel on joue intentionnellement avec sa tête. Avec la question sous-jacente de l'accumulation de petits chocs répétés. Et ça, pareil, c'est une zone de la médecine qui est en train de s'écrire. Alors voilà, on a des... Aujourd'hui, on est dans la phase de collecte d'arguments sur ces choses-là.

  • Maxime

    Il me semble qu'il y a eu une demande d'arrêt du jeu de tête chez l'enfant au foot.

  • Dr Brauge

    C'est le cas ou pas ? Oui, c'est l'effectif dans les îles britanniques et je crois en Amérique du Nord. Ça ne l'est pas chez nous. Et tout simplement parce qu'on est dans une zone de la médecine qui est en train de s'écrire. Alors dans cette situation, on peut dire qu'il y a des gens qui vont avoir une attitude, ils vont au devant. Et ensuite, quitte à revenir en arrière, si les études sont plutôt rassurantes et d'autres qui attendent d'avoir des éléments factuels pour prendre des décisions. En France, ce qui a été décidé, c'est un mig entre les deux, en fait. C'est-à-dire, on limite le volume de tête à l'entraînement en fonction des catégories d'âge. Avec un apprentissage technique aussi pour savoir le faire.

  • Maxime

    Côté rugby ? On va un petit peu parler, parce que c'est des choses qu'on voit beaucoup à la télé, un joueur qui choque, qui tape la tête. Est-ce que tu peux nous raconter le protocole de ce qui se passe là ? Alors,

  • Dr Brauge

    en fait, il faut savoir que la commotion cérébrale, cette blessure, elle est régulée par des conférences de consensus qui ont lieu tous les 4 à 5 ans. Donc ce texte, il définit ce qu'est une commotion. la diagnostic et comment après je la manage. Et donc, le diagnostic, il est basé sur l'observation de signes neurologiques directs après l'impact. Donc là, s'il y a un chaos ou le joueur titube, on est sûr qu'il y a eu commotion. Mais bien souvent, les symptômes dits d'impact, ils sont fugaces. Difficile à voir.

  • Maxime

    Avec un joueur en plus qui a envie de reprendre le jeu.

  • Dr Brauge

    Avec un joueur qui, même s'il n'est pas tout à fait présent, Il fait du sport depuis l'enfance, il s'entraîne plusieurs fois par semaine, donc même si son cerveau ne fonctionne pas bien, on a l'illusion que tout va bien. Donc dans cette situation, la conférence de consensus, elle dit qu'il faut sortir le joueur pour l'examiner avec un examen clinique qui est standardisé, des tests qui sont, voilà, c'est pas aux doigts mouillés, c'est des tests qu'il est recommandé d'appliquer, qui permettent de diagnostiquer la commotion. Et donc, lorsque le joueur sort, c'est qu'en fait, il a été victime d'un impact qui a été jugé significatif pour diverses raisons. Et donc, il sort pour passer ses tests. Et donc, globalement, quels sont-ils ? Il y a trois gros blocs d'évaluation. D'abord, les symptômes. Il y a une checklist de symptômes, 22, qu'on vérifie qu'ils présentent ou pas de façon inhabituelle. Ensuite, il y a un petit examen neurologique qui est basé sur la cognition, d'accord ? Des petites tâches intellectuelles à réaliser, de mémoire, d'orientation. principalement. Et le troisième bloc d'évaluation, c'est également d'un examen neurologique de l'équilibre qui peut être perturbé juste après une commotion cérébrale. D'accord ? Et donc, si un test est perturbé, on dit qu'il y a eu commotion cérébrale et le joueur ne rentre pas. Si tout est nickel, il peut re-rentrer. Et donc, en fait, je pense... aussi, l'un des éléments qui fait que le rugby, on a l'impression qu'il y en a beaucoup, c'est parce qu'il y a quand même pas mal de joueurs qui vont sortir pour être évalués, qui ne font pas forcément commotion, mais c'est sûr que quand on est dans les tribunes, ils sortent pour protocole commotion. On peut entendre plusieurs fois le mot commotion au cours d'un match de rugby professionnel. Surtout si c'est un médecin inquiet. Mais bon, après, je ne me voile pas la face. Le rugby professionnel est un sport qui est pourvoyeur de commotions cérébrales de façon régulière. Mais on s'est donné beaucoup de moyens pour passer à côté d'aucune d'entre elles.

  • Maxime

    Qu'est-ce qui fait le choix de sortir le joueur d'ailleurs ? C'est un médecin neutre au sein du match ?

  • Dr Brauge

    C'est ça. Parce que c'est toujours pareil. On a un joueur qui court, qui parle. L'entraîneur, il n'a pas envie de le sortir. Le médecin de l'équipe...

  • Maxime

    Qui le connaît un peu ?

  • Dr Brauge

    Ça peut être difficile pour lui parce qu'il a le staff. Donc, le problème a été tranché. C'est un médecin indépendant qui ne connaît ni le médecin d'équipe ni l'entraîneur, qui n'est pas salarié par aucun des deux clubs, qui prend la décision de le sortir.

  • Maxime

    Et de faire le test aussi ?

  • Dr Brauge

    Et c'est lui qui fait le test bien souvent.

  • Maxime

    Ces joueurs qui font une commotion, tu nous disais qu'il y avait une journée de consulte par semaine pour... évalué ? Ouais,

  • Dr Brauge

    j'ai une matinée qui est dédiée à ça. Parce que beaucoup de fédérations ont statué que leurs sportifs de premier plan professionnel devaient être vus par un spécialiste pour toute commotion cérébrale, voire même pour suspicion de commotion cérébrale. Donc ça, c'est une partie de l'activité. Mais également, pendant cette demi-journée de consultation, je vois les sportifs amateurs qui font des commotions qui n'ont pas bien évolué. D'accord ? Quand ça a bien évolué, le médecin généraliste, il va pouvoir gérer. En général, les symptômes s'évacuent assez rapidement. Par contre, parfois, c'est aussi pour ça que médiatiquement, on parle de ces choses-là maintenant, les commotions n'évoluent pas bien. Et donc, d'où l'utilité d'avoir quelques personnes qui connaissent ça un peu mieux et qui vont pouvoir aider les jeunes, souvent des jeunes. pour reprendre l'école, parce que des fois on en est là. Je n'arrive plus à suivre en cours. Reprendre un petit peu de sport, qu'est-ce que je peux faire, etc.

  • Maxime

    Ok, donc il y a des structures pour les aider à réorganiser un peu ?

  • Dr Brauge

    Je ne dirais pas des structures, mais il y a des stratégies de soins qui peuvent aider.

  • Maxime

    En tout cas, tu peux donner des...

  • Dr Brauge

    Déjà, que d'avoir un interlocuteur médical, parce que ça peut être des situations quand même très handicapantes.

  • Maxime

    et quand il n'y a pas de réponse médicale les gens sont dans la détresse et tu as un rôle aussi de savoir si un joueur peut reprendre ou pas après une commotion je sais que c'est toi qui donne le feu vert pour

  • Dr Brauge

    le sportif professionnel oui pour les raisons que je disais c'est quand même plus aisé pour tout le monde si c'est quelqu'un d'indépendant donc là c'est une décision de reprise dans les jours qui suivent Et puis après, quand j'ai une commotion problématique, est-ce que je peux reprendre mon sport de contact ou pas ? Effectivement, là, j'aide un petit peu à prendre la décision.

  • Maxime

    Sur le plan sud-ouest ou sur le plan national même ?

  • Dr Brauge

    Ça peut arriver nationalement. C'est des cas très difficiles et que personne... Dans la région d'origine, ils n'ont trouvé personne. Ça peut être nationalement. J'essaye de faire beaucoup en visio, mais de temps en temps, je les fais venir à Toulouse parce que j'ai besoin de faire des examens un petit peu plus poussés.

  • Maxime

    Je suppose qu'on s'habitue, mais c'est quand même quelque chose de sans doute des fois annoncer des mauvaises nouvelles ou d'empêcher un sportif passionné de reprendre l'activité.

  • Dr Brauge

    Oui, c'est difficile. Moi, en tout cas, j'aime le sport. Je suis bien conscient, parfois, c'est un gagne-pain. C'est un métier. Tout le temps, c'est une passion. C'est un gros élément de la vie sociale de dire à un sportif, il faut t'arrêter. C'est une décision que je ne prends pas à la légère. Je collecte des arguments. En général, jamais à la première consultation. On se voit deux, trois fois, quatre fois, des fois plus. Et si je peux, j'essaye au moins une fois d'avoir une personne de l'entourage, le conjoint, un papa, une maman. Et en général, quand même, le fait de le faire comme ça, combiné à l'évolution clinique, fait que le sportif, il va l'accepter. C'est assez spécifique à ces blessures neurologiques. Là, j'inclus dedans aussi tout ce qui est problématique, moi, l'épinière. Voilà. Ou par rapport à un genou qui empêche de courir, où là, de toute façon, anatomiquement, on ne peut plus. Mais bon, voilà, j'essaye de le faire comme ça.

  • Maxime

    OK. On n'a pas parlé de l'imagerie. Est-ce qu'il y a une imagerie nécessaire pour le diagnostic de commotions ?

  • Dr Brauge

    Non. D'ailleurs, c'est même évoqué dans le texte de la conférence de consensus dont je parlais. L'imagerie n'est d'aucune aide dans le diagnostic et le management des commotions cérébrales. Alors nous, à l'Inserm, on vient de finir un travail de recherche qui nous a duré quand même, je crois, 3-4 ans. On a... Essayer de voir si de nouvelles séquences d'IRM pouvaient être utiles pour diagnostiquer les commotions et petit à petit en monitorer la récupération. Mais malheureusement, c'est le jeu de la recherche. Ça n'a pas été conclusif. Les séquences d'imagerie étudiées n'ont pas montré un intérêt fabuleux pour le diagnostic. Pas aussi bien que la clinique et les dégâts qu'on pouvait collecter en consultation.

  • Maxime

    Ok. Juste pour terminer, il y a eu une interaction entre toi, les clubs, ou est-ce qu'à l'intérieur des clubs, il leur est demandé d'organiser des choses dans ce contexte de commotion ? Il y a des, je ne sais pas, une organisation particulière avec les médecins ?

  • Dr Brauge

    Même réponse, c'est dépendant des fédérations. Certaines demandent à leurs clubs de faire des choses. et d'autres non. Et dans les deux cas de figure, moi, je interviens à la carte. Si on a affaire à une fédération qui dit un référent neuro doit voir tout le monde en début de saison pour évaluer la situation, dans ce cas-là, je peux même aller dans le club, me déplacer. Parfois aussi, ça a pu m'arriver, une fédération est confrontée à deux, trois cas médiatiques d'affilée et dit, on veut faire une formation pour nos médecins. qui s'occupe d'équipe professionnelle. Et dans ce cas-là, je fais une conférence de formation. Là, c'est vraiment... Ça dépend de ce qui est écrit et de ce qu'on me demande. Mais ça peut m'arriver. C'est toujours de bons moments.

  • Maxime

    Est-ce qu'on a oublié un point important au sujet de la commotion ? Sans doute, vu que c'est ta vie et que tout est hyper important.

  • Dr Brauge

    Ma vie, c'est des neurochirurgiens. Et ça, c'est quelque chose qui m'intéresse. Pourquoi ça m'intéresse ? Parce qu'en fait, je pense qu'il n'y a pas beaucoup de docteurs qui vont vivre ça dans leur vie. D'être au premier rang et quelque part un petit peu acteur de la découverte ou en tous les cas de la prise en considération et de l'avancée des progrès médicaux pour une pathologie qui est aussi fréquente. Je veux dire, là, c'est comme si demain, on découvrait la grippe. Que c'est du un virus, que ce virus, on peut s'empêcher de le transmettre. On peut vacciner, on peut le soigner. Je veux dire, à mon avis, il n'y a pas beaucoup de médecins qui vivent ça. Moi, j'ai eu la chance d'avoir vécu ça. Il y a dix ans, quand on a commencé à parler de commotion cérébrale, c'était des discussions de vestiaire de temps en temps avec l'éponge magique. Et aujourd'hui... on se rend compte que c'est quelque chose d'hyper fréquent et qu'il y a plein de choses à faire. Donc c'est très, très excitant, c'est très passionnant de vivre ça. Ce n'est pas une maladie génétique rare. Donc c'est super. Ça me permet de rencontrer plein de gens. C'est vraiment sympa.

  • Maxime

    Les fédés qui ne sont pas encore hyperactifs, on essaie de leur mettre un peu la pression ? Sur le plan ministériel ?

  • Dr Brauge

    Oui, bien sûr, le ministère leur dit des choses. Mais après, on est aussi limité par leurs moyens. Le rugby, c'est une fédération qui est riche. Le football, je n'en parle même pas. Et c'est des fédérations pour lesquelles vous avez beaucoup de passionnés. Je veux dire... il y a beaucoup de docteurs qui ont déjà joué au football ou qui ont déjà joué au rugby. Donc, à un moment donné, quand la direction médicale veut faire un truc là-dessus, elle va facilement trouver de bonnes volontés qui vont le faire bénévolement, gratuitement, parce que ça leur fait plaisir. Ce qui est moins évident pour d'autres disciplines. qui ont moins de moyens et pour lesquels le recrutement médical est moins aisé ouais donc voilà je veux pas pointer du doigt telle ou telle fédération parce que beaucoup de tout le sport j'ai beaucoup de respect mais c'est vrai qu'il y en a quelques unes où j'ai été faire des conférences de formation j'étais étonné des moyens qu'ils avaient c'est très artisanal voilà peut-être si je si je Si je peux me permettre, il y a deux choses que je veux dire qui sont des messages médicaux qui me paraissent importants. Important puisque ça n'a pas été dit. Numéro un, si vous êtes au bord du terrain, que vous voyez une commotion cérébrale, vous restez ensuite avec la personne. Vous ne l'envoyez pas se doucher tout seul. D'accord ? Parce que parfois, ce choc qui a occasionné une perte de connaissance de quelques secondes, ça peut être quelque chose de plus grave. Ça peut être un hématome extradural qui est en train d'apparaître. D'accord ? Donc, quand il y a une commotion cérébrale, on reste avec la personne dans la douche et même après au bord du terrain. Donc ça, c'est le message important qui évite des trucs gravissimes, exceptionnels, mais gravissimes. Et numéro 2, que je voudrais dire, c'est la chose suivante, c'est que les commotions cérébrales, c'est quelque chose qui n'est pas grave. D'accord ? Ça guérit vite et totalement. Si on observe la règle suivante, c'est qu'il ne faut pas reprendre tant que les symptômes liés à la première commotion n'ont pas disparu. C'est justement parce qu'on veut reprendre un petit peu trop tôt que là, elles peuvent s'enchaîner. On peut en faire deux, trois d'affilée sur un cerveau qui n'a pas totalement récupéré et que peuvent apparaître les problèmes. Les cas que vous voyez dans la presse, c'est toujours ça qui s'est passé. Donc, si les auditeurs, c'est des soignants, mais aussi si c'est le grand public, retenez bien ça, c'est vous, les premiers acteurs du problème. Tant que vous avez des symptômes, vous ne reprenez pas. vous attendez que ça s'évacue le plus souvent c'est quelques jours mais si c'est 15 jours, c'est 15 jours si c'est 3 semaines, c'est 3 semaines mais ça vous évitera ensuite d'avoir des gros problèmes d'avoir ensuite du mal à vous occuper de votre famille à mener votre travail et tout simplement à poursuivre votre sport ok on va terminer sur ça parce que c'est le plus important merci beaucoup

  • Maxime

    Dr Brauge David, neurochirurgien à Toulouse et spécialiste de la commotion cérébrale c'était très clair Très impressionnant de savoir énoncer tout ça très clairement. Merci, merci. Et puis à bientôt tout le monde pour de nouveaux épisodes. Merci beaucoup. Voilà, c'était un épisode de Médecins qui est dessus. Merci d'avoir écouté. Je vous invite à vous abonner en cliquant sur la petite clochette. Comme ça, vous serez avertis de la sortie de nouveaux épisodes. À bientôt.

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