- Speaker #0
Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode de Médecins qui est tu, un épisode tout à fait particulier. Abilify, Loxapac, Risperdal, Tertian, des traitements beaucoup prescrits par les médecins, mais force est de constater que la maîtrise de ces traitements s'altère avec le temps qui nous sépare du concours de la 6ème année. Nous allons donc aujourd'hui en parler, et parler notamment de traitements antipsychotiques, mais surtout de la façon dont ils sont prescrits et des nouveaux moyens d'apprentissage pour améliorer cette capacité à bien prescrire. Pour venir nous aider à y voir plus clair et à réfléchir sur la façon dont les choses peuvent être améliorées, j'ai le plaisir de réaliser cet épisode avec Madame le Professeur Hélène Verdoux. Bonjour.
- Speaker #1
Bonjour Mathieu.
- Speaker #0
Merci beaucoup de prendre un peu de temps dans votre emploi du temps très chargé. Vous êtes professeur de psychiatrie adulte à l'Université de Bordeaux et donc merci beaucoup de venir nous éclairer sur un sujet qui est assez vaste et large. On va faire un petit état des lieux pour débuter de la formation initiale en pharmacologie des étudiants en médecine. Pour comprendre ce dont on va parler, on doit évoquer le début de l'histoire d'un médecin, c'est-à-dire son externa, c'est-à-dire les six premières années d'études où à ce moment-là on apprend la pharmacologie, c'est-à-dire les modes d'action des médicaments et donc leurs effets positifs mais aussi secondaires et donc en découle la façon dont il faut les prescrire. Sauf que le choix des spécialités après nous éloigne un petit peu d'un certain nombre d'apprentissages. Sauf peut-être pour les internes de psychiatrie, mais je pense savoir qu'eux aussi sont parfois en difficulté avec la prescription de certains traitements. Quel constat on peut faire de cette façon d'apprendre la façon dont on prescrit les médicaments ? Est-ce que cette formation initiale est impeccable, peut-on dire ?
- Speaker #1
C'est une excellente question. Je pense qu'on pourrait en parler pendant très longtemps, parce qu'en fait, nous sommes plusieurs à être totalement désespérés. par l'évolution de l'apprentissage des médicaments et de la prescription en France. Alors depuis toujours, on a été les mauvais élèves par rapport à d'autres pays. Par exemple, on sait très bien qu'il est recommandé au niveau international d'avoir au moins 120 heures d'enseignement de pharmacologie pendant les études médicales. Et en pratique, depuis des décennies, on voit le nombre d'heures consacrées à l'enseignement des... des médicaments, de la façon de les prescrire en toute sécurité, ce qu'on appelle le bon usage du médicament. En fait, le nombre d'heures décroît de décennie en décennie et de réforme en réforme. Déjà, quand j'ai passé mes études médicales il y a très très longtemps, le nombre d'heures était insatisfaisant par rapport aux 120 heures qui sont requises au niveau international. Mais actuellement, en fait, on n'apprend quasiment plus à prendre des médicaments. prescrire aux étudiants pendant le deuxième cycle. C'est-à-dire qu'on a eu progressivement pour consigne de ne plus vous apprendre les doses des médicaments, hors situation d'urgence. Et actuellement, depuis la dernière réforme qui a été mise en place il y a quelques années, nous avons pour consigne de vous apprendre uniquement les événements désirables les plus graves et tout ce qui est... qui relève de la prescription sera supposé être appris pendant l'internat. Donc on aboutit actuellement à une situation totalement paradoxale en termes de formation des futurs médecins, c'est-à-dire que ce sont ces études qui sont censées être des études professionnalisantes. En fait, on n'apprend plus un des actes principaux qui concerne l'essentiel des médecins, qui est celui de la prescription. Et en fait... Par exemple, les futurs internes en psychiatrie n'apprendront que le maniement des psychotropes et n'auront quasiment plus aucune notion sur les médicaments cardio et autres. Donc en fait, on est effectivement sur actuellement une situation où on peut plus facilement externaliser notre mémoire, c'est-à-dire qu'on peut avoir recours à toutes les ressources numériques pour un certain nombre de situations. Mais en fait, ça ne règle pas tout. C'est-à-dire que la confiance quand même dans les outils numériques pour la prescription doit être relativement limitée. Et à un moment, il faut quand même comprendre ce qu'on fait. Et ça, actuellement, c'est ma position actuellement, partagée par un grand nombre de collègues, qu'on n'apprend plus. correctement aux médecins à prescrire, alors que paradoxalement, il y a énormément de communication sur la nécessité de promouvoir le bon usage du médicament, de réduire les prescriptions inutiles, etc. Donc on est dans une situation, de mon point de vue, totalement paradoxale.
- Speaker #0
Ok. C'est vrai que pour faire un petit feedback sur mon externa, l'apprentissage des posologies nous faisait peur. Ça nous paraissait immense, mais c'est vrai que... Une fois que l'internat commence, c'est censé être le moment où on apprend ses posologies, ses dosages. Et c'est un peu brutal. C'est vrai qu'il y a peut-être quelque chose à approfondir côté externat, c'est-à-dire les six premières années. Vous pensez, vous êtes sur des réflexions là-dessus ?
- Speaker #1
Là, actuellement, tout le courant des réformes va dans l'autre sens.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
Donc, je ne sais pas réellement ce qu'il faut faire, si ce n'est effectivement peut-être mieux réfléchir à la façon dont on forme les étudiants pendant l'internat, puisqu'on n'a plus que ce moment-là maintenant. Et puis, bien sûr, toute la formation professionnelle après le diplôme, qui est aussi un vaste champ de ruines actuellement.
- Speaker #0
On va parler de... de tout ça. Vous avez parlé du numérique. C'est vrai que quand on commence l'internat, on utilise parfois l'outil numérique de la façon la plus simple, un simple moteur de recherche et on tape le nom de la molécule, le nom de la pathologie. Est-ce que pour vous, c'est une catastrophe, une perte d'une certaine autonomie, voire d'une certaine indépendance ou est-ce que c'est une aubaine pour le patient qui tire bénéfice de cette aide ?
- Speaker #1
Comme tous les outils, les outils sont neutres. Tout dépend comment on les utilise. En soi, effectivement, ne plus avoir à connaître par cœur toutes les posologies du nourrisson à la personne âgée avec toutes les contre-indications par cœur, on peut penser que ça libère la mémoire pour d'autres choses. Mais encore faut-il avoir les bonnes stratégies face aux outils numériques pour savoir comment accéder à des informations pertinentes. Et ça, effectivement, on vous forme un petit peu. peu à ça avec tout ce qu'on appelle les lectures critiques d'articles, l'analyse de la méthodologie, est-ce que les données qui sont issues de cette étude sont méthodologiquement correctes ou pas ? Vous avez une formation mais qui est quand même assez superficielle et donc en fait, le souci majeur, une fois qu'on est diplômé et qu'on pratique, c'est comment je sais que l'information auquel j'ai accès via les outils numériques, Et méthodologiquement correct ou pas, et comment est-ce que j'ai la garantie que je peux l'utiliser sans risque et avec des bénéfices pour les personnes que je prends en charge. Et en fait, il ne faut pas non plus se leurrer, c'est-à-dire que les informations immédiatement disponibles et les plus facilement accessibles sont celles pour lesquelles il y a le moins d'indépendance avec l'industrie pharmaceutique. Donc c'est toute cette éducation-là en fait qui... demande à être peut-être repensé et que vous soyez mieux préparé justement à cette masse de données et à trier l'information pertinente dans cette masse de données énorme.
- Speaker #0
Du coup, il faut proposer de nouveaux types de formations. Il y a la formation continue traditionnelle qu'on connaît bien. Vous avez évoqué la lecture de revues scientifiques avec toujours cet esprit critique. Il y a la proposition des diplômes universitaires et interuniversitaires par les facultés. Ces formats dits traditionnels essaient d'être réactifs et de proposer des formations à distance, des formations en visio avec des choses à la carte et accessibles quand on en a envie. Est-ce qu'ils ont leurs limites ces formats-là en termes d'apprentissage et d'accès à l'information jusqu'à l'étudiant ou le médecin qui a accès ?
- Speaker #1
Alors... Tous les formats sont bons. Il n'y a pas de souci non plus. On est encore toujours pareil au niveau de l'outil en lui-même. Tout dépend comment on l'utilise. Donc tous les formats, en fait, là actuellement, ce qu'il faut vraiment avoir en tête, c'est privilégier les formats courts. Les médecins sont débordés. Ils sont vraiment là, du fait des pénuries médicales, la plupart des médecins doivent se former sur des temps de plus en plus courts. Donc tout ce qui peut faciliter et être facilitant pour eux. doit être développé. Alors après je pense que c'est à chacun de voir quel est l'outil qu'il préfère en terme de formation. Certains collègues vont préférer des capsules vidéos, d'autres collègues vont quand même souhaiter avoir des échanges interactifs avec d'autres collègues sur des temps donnés. La question fondamentale est l'indépendance de la formation. L'outil en lui-même, chacun va choisir l'outil le plus adapté à sa façon de travailler, à sa façon d'apprendre. Mais la question centrale, c'est l'indépendance des informations qui sont fournies.
- Speaker #0
Donc, émergence de nouveaux outils. La formation initiale a évidemment une solidité incontestable, un socle incontournable. Mais comme on le disait, l'information doit peut-être changer de canal en suivant... la façon dont les médecins accèdent à cette information. Et on en arrive à la raison pour laquelle on est rentré en contact avec une nouvelle proposition de votre part concernant la formation de certains médicaments. Comment est-ce que l'idée vous est venue d'essayer d'avoir une dynamique nouvelle sur l'offre et la proposition de se former à la pharmacologie ? Est-ce que vous avez tiré certains constats dans ceux dont on vient de parler ?
- Speaker #1
Alors, je pense que tu fais allusion à mon activité de communication d'informations sur les psychotropes sur LinkedIn. Voilà. Ok. Alors, c'est par désespoir. C'est toujours la même chose. C'est-à-dire que moi, ce qui m'a motivée, c'est par désespoir. Pas désespoir complet, puisque je pense qu'il y a encore des choses à faire. Mais en fait, alors comment raconter ça ? Il y a 18 ans, j'ai consacré... assez impressionnante de moi, de mon existence, y compris une bonne partie d'un congé maternité, à écrire un rapport de plus de 500 pages sur le bon usage du médicament avec le professeur Bernard Bégaud, qui s'est empilé sur les étagères poussiéreuses et qui a rejoint tous les autres rapports sur le même thème. J'ai aussi essayé de contribuer au bon usage en faisant un certain nombre d'études pharmaco-épidémiologiques, c'est-à-dire les études pharmaco-épidémiologiques. Leur objectif, c'est... d'évaluer comment chaque médicament est utilisé en conditions réelles de prescription et quel est son impact, c'est-à-dire notamment quels sont les effets indésirables qu'on n'a pas identifiés jusqu'alors quand il est prescrit à des dizaines de milliers, des centaines de milliers de personnes. Donc ces études sont très intéressantes, mais on réalise très vite qu'elles sont lues que par les personnes d'un petit cercle de chercheurs qui s'intéressent à la même question. et que finalement la diffusion de ces informations est extrêmement limitée. Donc un petit peu par hasard, j'ai pris conscience que les réseaux sociaux, et notamment LinkedIn ou d'autres, ça peut être aussi les chaînes YouTube, je pense à la chaîne de l'Apcie du Soleil qui est faite par mon collègue Christophe Lançon à l'Université de Marseille. Donc j'ai réalisé qu'en fait ce sont des outils, puisqu'on parle d'outils tout à fait formidables actuellement, pour diffuser des informations. que beaucoup de collègues sont sur ces réseaux et qu'en fait, l'intérêt, c'est de pouvoir faire des formations flash sur des points, un point de quelques minutes chaque fois. Et en fait, je n'avais pas anticipé que ces focus qui sont parfois extrêmement techniques sur des points quand même de prescription, d'interaction, etc., qui peuvent être extrêmement techniques, pourraient avoir une telle diffusion. Donc j'ai commencé et j'ai réalisé à ce niveau, en faisant cette activité-là, que je n'avais jamais eu autant d'impact de toute ma vie de chercheuse et d'enseignante. Et donc j'ai continué.
- Speaker #0
Pour revenir un peu sur votre proposition, c'est donc sous la forme d'une première page, il y a un thème, le titre, une page qui décrit un petit peu ce que vous voulez faire passer comme information, et puis une infographie, on peut appeler ça comme ça ? Une infographie,
- Speaker #1
oui. Les abstracts graphiques, en fait, ça se développe de plus en plus. J'ai découvert ça aussi, en fait. C'est vraiment tout ça, c'est des découvertes de hasard. C'est en publiant de plus en plus maintenant d'éditeurs nous demandent de faire des abstracts graphiques sur les articles scientifiques, justement, pour extraire les informations essentielles de l'article sous forme graphique. Et en fait, j'ai trouvé ça extrêmement pertinent, cette visualisation des informations essentielles. Et c'est comme ça que ça m'a amenée à développer cette activité-là.
- Speaker #0
ça débute comment en fait vous avez été aidé pour essayer de comprendre comment il fallait proposer ça ou vous avez d'emblée essayé d'être synthétique puis la proposition graphique c'est vous aussi qui les produisez ?
- Speaker #1
Oui tout à fait, j'ai observé ce qui se faisait sur LinkedIn, j'ai vu que certains collègues étaient déjà engagés dans des actions comparables, dans toutes les spécialités j'ai trouvé ça extraordinaire ce qu'ils faisaient et donc j'ai vu qu'en psychiatrie il y avait des productions de ce type, mais plus en neuropsycho ou plus sur les psychothérapies et finalement pas grand chose sur les psychotropes. Et en fait, je me suis dit que ce serait intéressant de diffuser des informations très pratico-pratiques, parce que là aussi, j'ai quelques combats, et il y a des molécules dont on sait qu'elles sont extrêmement efficaces, mais qui restent notoirement sous-utilisées, comme la clozapine et le lithium. Enfin, là aussi, on pourrait en parler pendant des heures. Et donc, je me suis dit que ce serait peut-être l'occasion aussi de donner à mes collègues des informations sur la manière d'utiliser ces médicaments en minimisant les risques. Après, sur l'aspect technique, non, j'ai toujours adoré faire des diapos, donc je fais les diapos moi-même.
- Speaker #0
D'accord. Quelle est votre fréquence de publication à peu près ? Vous avez une fréquence particulière ?
- Speaker #1
J'ai fait ça de manière très obsessionnelle. C'est-à-dire qu'en fait, le... poste sort de manière hebdomadaire tous les dimanches à 8h30. Enfin, on peut programmer des postes sur LinkedIn. Et donc, je programme un poste tous les dimanches à 8h30, ce qui permet aussi... Alors, j'ai choisi ça complètement... Enfin, pas tout à fait au hasard, parce que je sais que ce jour-là, les collègues ont un peu plus de temps pour lire. Et puis, parce que moi, ça me permet aussi de répondre aux questions. Un jour où j'ai pas d'autres... pas beaucoup d'autres choses à faire en fait. Parce que les questions sont très centrées sur le premier jour et donc ça permet de répondre aux questions que posent les collègues ou les usagers ou les gens curieux en fait sur le poste.
- Speaker #0
D'accord. Vous publiez sur LinkedIn et il y a aussi un site où le support est accessible, libre d'accès ?
- Speaker #1
Alors ça, ça a été une... comment dire ? J'ai avancé en termes de stratégie par rapport à ça. Je mets un lien où le poste est disponible sous forme de fiche. Les personnes qui lisent le poste peuvent télécharger la fiche avec l'infographie.
- Speaker #0
Et ça, c'est quand même aussi une sorte de chose assez incroyable, puisque l'accès est totalement libre, le contenu est complet, parce que parfois, on peut aussi aller chercher des articles qui sont soit partiels, soit pas du tout accessibles. C'est une volonté forte de votre part de rendre... La science ouverte et gratuite.
- Speaker #1
Merci pour cette question. Oui, effectivement, c'est encore un autre point. C'est-à-dire que, là, actuellement, la manière dont est organisée la communication scientifique, c'est qu'il y a quand même des grands éditeurs qui contrôlent l'accès à la connaissance scientifique. Et on est dans une situation paradoxale où, par exemple, mon salaire est payé par l'université. Donc, sur le salaire... payés par l'université, c'est-à-dire par les impôts des Français et des Françaises. Donc, je produis des articles, mais ces articles, après, l'université doit encore payer pour y avoir accès. Donc, on est dans une situation paradoxale, en fait, où, moi, cette activité de publication, purement, ne me rapporte aucun financement, en fait. Quand on publie, en fait, c'est le... l'éditeur qui a des bénéfices financiers à la publication. Et donc là, actuellement, on est dans une situation où effectivement, c'est de plus en plus cher pour avoir accès aux articles. Donc il y a effectivement un mouvement international pour justement lutter contre cette tendance à la financiarisation du savoir, qui permet donc d'ouvrir les connaissances. Alors il y a des moyens plus ou moins légaux d'y arriver. Mais dans les moyens légaux, il y a la possibilité effectivement de rendre la connaissance accessible à tous de manière gratuite. En la rendant accessible aussi en termes de compréhension le plus possible, même si c'est parfois un peu plus compliqué. Mais effectivement, la politique de science ouverte est quand même quelque chose d'assez important et qui devrait être développé.
- Speaker #0
D'accord. Et une question un peu délicate, mais c'est le professeur Hélène Verdoux qui publie, parce que comme c'est un réseau social, Est-ce qu'il y a un réseau quelconque avec la faculté ou pas ? Est-ce que vous avez déjà réfléchi à cette question ?
- Speaker #1
Alors, c'est à mon nom propre.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
C'est à mon nom propre, mais j'affiche quand même que je suis enseignante à l'Université de Bordeaux et c'est au titre de ma mission de formation que je considère faire cette activité.
- Speaker #0
D'accord. Alors, le souci dans tout ça, c'est qu'on ne sait pas qui a accès ou qui le lit et on n'a pas trop... parfois de feedback sur l'intérêt porté, le nombre de personnes qui lisent, l'intégralité ou non de leur lecture. Comment on peut évaluer cette approche ? Est-ce que ce n'est pas un des écueils de cette approche numérique, de ce format de publication ?
- Speaker #1
Alors oui, là aussi, c'est vraiment une question importante parce qu'en fait, diffuser de l'information sur les psychotropes ou sur les médicaments en général, sur les problèmes de santé en général, en fait, et essayer de les rendre accessibles à la fois aux collègues, mais aussi finalement au plus grand nombre, ça soulève un certain nombre de questions. Et en fait, une de mes préoccupations, en fait, pour laquelle il n'y a pas non plus de bonne ou de mauvaise réponse, c'est est-ce qu'on ne va pas inquiéter à tort certaines personnes ? en publiant un certain nombre d'informations. Et j'ai le souvenir d'un collègue qui m'avait dit, mais comment vous pouvez publier des choses comme ça sur... Vous ne vous rendez pas compte, vous allez inquiéter les gens, ce n'est pas possible, c'est des informations qui doivent être réservées aux professionnels de santé. Alors là, j'ai une position quand même beaucoup plus nuancée par rapport à ça. C'est-à-dire, en fait, il faut quand même réaliser que quand on prescrit un médicament, on lâche après la personne, avec son ordonnance, sa notice, où il y a des choses toutes... plus inquiétantes les unes que les autres. Et en fait, moi, ma position en tout cas, c'est que les usagers des médicaments n'ont jamais assez d'informations. Donc on ne leur en donne jamais trop. Et que les craintes que si on met en avant les effets secondaires, en fait, on va décourager les personnes de prendre les traitements, ça, ce n'est pas fondé. C'est-à-dire qu'on sait très bien, enfin, je suis aussi par ailleurs... pour la promotion très active de l'éducation thérapeutique. Et on sait très bien qu'un patient informé va avoir plus de maîtrise par rapport à son traitement et va être plus actif dans la prise de ce traitement. Et donc, en fait, ça diminue les phénomènes de mauvaise observance. Après, on ne peut pas empêcher les gens de s'inquiéter ou pas. Mais il faut savoir que de toute manière... personnes qui vont aller chercher l'information sur LinkedIn sont les mêmes que celles qui vont aller chercher l'information n'importe où sur Internet, y compris sur des blogs et autres, avec des informations de qualité plus ou moins... Enfin...
- Speaker #0
Éditative.
- Speaker #1
Oui, c'est ça. Ou sur les sites de la Scientologie et autres. Donc, tant qu'à faire, autant donner les bonnes infos sourcées avec des références qu'elle est la... l'état actuel des connaissances sur le sujet.
- Speaker #0
Exactement. Pour être nouveau dans le monde du podcast, etc., l'offre est énorme également avec des personnes qui proposent des choses sans forcément évoquer les sources ou etc. Donc, dans tous les cas, la proposition sera là et par tout le monde. Tout à fait. Il faut utiliser... Et c'est vrai que... Alors là, je parle d'un attitude. personnel, sur des projets personnels de thèse, etc. Mais il faut, dans l'offre de podcast qui existe également, savoir qui propose quoi et est-ce qu'on est dans le canal universitaire, dans ce qu'on est en train d'écouter. Il y a des sociétés françaises savantes qui proposent des formats de podcast et des formats de podcast de personnes qui sont non-médecins. Évidemment, il ne faut pas balayer d'un revers de manche leurs propos, mais il faut à chaque fois essayer d'évaluer le contenu. C'est un peu ça, là.
- Speaker #1
Tout à fait. Ou non-soignants, on va dire plus exactement, parce qu'il peut y avoir des collègues qui ne sont pas médecins, qui font aussi de l'information de très très haut niveau. Donc oui, bien sûr, de toute manière, tout est déjà accessible. Toutes les informations sont déjà accessibles. L'idée, c'est plutôt de les rendre intelligibles et de faire le tri entre ce qui est une information avec des données suffisamment solides ou pas.
- Speaker #0
Et pour en revenir à ce qu'on disait tout à l'heure, est-ce que vous avez un intérêt à vouloir évaluer qui lit vos fiches ? Comment est-ce qu'elles sont lues ? Est-ce qu'il y a une piste là-dessus, de vouloir un peu analyser la situation de votre offre ou pas ?
- Speaker #1
Je ne sais pas trop comment c'est possible en fait. Là actuellement, j'ai quand même une bonne photo via les gens avec qui j'interagis, pour savoir que les principaux... Les principales personnes intéressées par cette activité sont des collègues médecins, bien sûr, psychiatres ou non psychiatres, beaucoup d'IPA, des infirmiers en pratique avancée. Et c'est vraiment en pensant à eux actuellement que je fais aussi ces fiches, parce que c'est un formidable espoir actuellement, le développement des infirmiers en pratique avancée pour la psychiatrie et pour la médecine en général. Et ces collègues ont vraiment besoin d'être soutenus, encouragés. Et j'ai beaucoup d'espoir. que justement ils soient beaucoup plus rigoureux et rigoureux dans leur pratique et qu'ils appliquent finalement beaucoup plus les recommandations que le font certains collègues médecins. Donc ça ce sont les soignants, après il y a des soignants de toutes... Il y a aussi des ergothérapeutes, des kinés, enfin bon, tous les soignants. Il y a aussi, j'ai beaucoup d'interactions avec des pères aidants. Ça, c'est très intéressant. Les médiateurs de santé-père ou des pères aidants ou des proches de l'usager, comme à l'Unafame, etc. Donc ça, c'est très, très intéressant parce que dans leur mission, les médiateurs de santé-père ou les pères aidants doivent aussi... Ils ont leur savoir expérientiel sur la pathologie, mais forcément, quand ils soutiennent et quand ils sont en entretien avec des usagers, les usagers vont leur poser des questions sur les médicaments. Donc, c'est important pour eux d'avoir aussi les bonnes informations. Et puis après, un peu tout le monde. C'est très sympathique, les interactions.
- Speaker #0
Oui, c'est moins cloisonné peut-être que le format traditionnel. du support de la revue scientifique ou de l'article scientifique, il y a une ouverture plus forte, vous pensez ?
- Speaker #1
Et surtout, c'est beaucoup plus ouvert que les interactions juste avec des collègues. Et ça amène à se poser des questions autres sur la manière dont on communique, sur les questions que se posent réellement les usagers. Donc c'est très intéressant.
- Speaker #0
Quand vous publiez vos fiches, vous réfléchissez à qui va la lire du coup par rapport à un article scientifique. Donc là, vous êtes... Un peu obligé aussi de formuler différemment ? Est-ce que vous réfléchissez à ça ? À qui va lire ?
- Speaker #1
Ah oui, bien sûr. C'est-à-dire que le problème, par exemple, c'est les termes techniques. Il faut penser à les traduire. Parce qu'autrement, c'est incompréhensible pour les personnes. Oui, alors il y a des postes qui ciblent plus les usagers ou les proches d'usagers. D'autres postes qui ciblent plus les psychiatres. Mais globalement, l'idée, c'est que tout le monde puisse les lire. D'accord. Et surtout aussi, un de mes objectifs, c'est d'aider les collègues qui sont engagés dans des actions de formation aussi à avoir des supports. Je pense qu'il y a des jeunes chefs de clinique qui me disent, qui me demandent des fiches, etc. Donc ça peut être aussi utile.
- Speaker #0
C'est vrai que ce fait que ce soit libre d'accès, avec un format et un contenu aussi riche, qualitatif, complet, c'est une véritable aubaine pour beaucoup de personnes. C'est pour ça que je voulais en discuter. Merci. tranquillement avec vous.
- Speaker #1
Merci, alors je ne sais pas, là aussi, après c'est toujours pareil, je pense qu'un autre collègue ou une autre collègue communiquerait différemment. Chacun le fait avec, et je ne prétends pas non plus que tout ce que j'écris est la vérité absolue.
- Speaker #0
Mais c'est là aussi où le format numérique est très vaste, dans la proposition possible, le format, le contenu, le visuel, c'est là où il y a quelque chose de très intéressant. Tout à fait. par rapport à un contenu scientifique traditionnel. Tout à fait. Merci beaucoup. On propose aux internes et futurs médecins de faire une formation mixte, traditionnelle par le canal universitaire, et puis les nouveaux formats qui sont peut-être plus accessibles et qui arrivent plus facilement à leur porte.
- Speaker #1
Tout à fait. Je pense que là, actuellement, dans vos générations, il ne faut pas... Je pense que spontanément, de toute manière, vous le faites beaucoup plus. mais effectivement il faut croiser les sources d'informations.
- Speaker #0
Avec quand même toujours cette...
- Speaker #1
Cette esprit critique bien sûr.
- Speaker #0
On va finir sur ça, merci beaucoup madame la professeure Hélène Lardoux. On mettra les liens de là où vos fiches sont accessibles, sur les publications sur les réseaux sociaux, parce qu'il y a le LinkedIn et puis...
- Speaker #1
La chaîne de la psy du soleil du professeur Christophe Lançon à Marseille.
- Speaker #0
Très bien. C'est noté. Merci beaucoup. Et puis à bientôt tout le monde pour de nouveaux épisodes. Voilà, c'était un épisode de Médecins qui est tu. Merci d'avoir écouté. Je vous invite à vous abonner en cliquant sur la petite clochette. Comme ça, vous serez avertis de la sortie de nouveaux épisodes. À bientôt.