- Mieux
De quoi rêvent les collaborateurs et les collaboratrices des entreprises ? Quelles évolutions ? Quels challenges ? Bienvenue dans De quoi rêvent les collaborateurs. Aujourd'hui, place aux conseillers de vente. Nous allons à la rencontre de Lou et Franck. Entamons cet épisode avec Franck. Franck a 58 ans, il est responsable de magasins et a travaillé dans plusieurs grandes maisons dans le domaine du luxe. Pendant notre entretien, il nous a expliqué qu'il avait choisi ce métier car il n'est pas routinier et comporte une dimension relationnelle importante. Car nous allons le découvrir tout au long de cet épisode, l'humain est au cœur du métier de conseiller de vente.
- Franck
Moi je compare toujours le travail en boutique comme un théâtre. C'est-à-dire que quand vous arrivez le matin, vous ne connaissez pas l'audience que vous allez avoir. Les spectateurs, est-ce qu'ils vont réagir, pas réagir, est-ce qu'ils vont acheter, pas acheter. Donc c'est un théâtre, vous ouvrez le rideau, vous ouvrez la porte, on est tous ensemble et là on attend. Et il va se passer des choses. Moi, c'est ce qui m'a toujours plu. Et puis, il y a une dimension humaine. Donc, vous êtes une équipe, vous voulez faire un budget, voilà, mais en même temps, vous allez rencontrer des gens. Vous allez rencontrer des clients qui viennent d'horizon, qui vont partager des choses avec vous. D'autres qui vont moins partager. Mais tout ça va vous enrichir. Et c'est ce que j'ai toujours aimé dans ce métier. C'est ce que j'aime toujours. C'est pour ça que je le fais, d'ailleurs.
- Mieux
Même écho pour notre deuxième invité, Lou. Elle vient de fêter ses 20 ans, elle travaille en alternance dans une grande enseigne de lingerie et pour elle, le lien qu'elle crée avec les clientes de la boutique est une source de grande satisfaction.
- Lou
Ce que j'apprécie le plus, c'est vraiment de créer du lien avec elles. Parce que du coup, en lingerie, c'est assez spécial parce qu'on essaye tous les jours de redonner de la confiance en soi. On voit beaucoup de femmes souvent mal dans leur peau. Des fois, on est amené à des situations assez compliquées où les clientes ne peuvent même pas se regarder dans un miroir. On a des femmes enceintes, des grands-mères assez âgées. C'est vraiment hyper important d'avoir ce côté humain et ce lien qu'on crée tous les jours avec elles. Et moi, c'est vraiment ce que j'adore. Et en fait, c'est au quotidien qu'on essaye de leur donner le sourire, de les faire se sentir belles et tout ça dans l'honnêteté, dans la sincérité. Rien n'est poussé à l'achat. Tant qu'elles se sentent bien, nous, on est contentes. Et on veut juste qu'elles sortent de la boutique heureuses. Et c'est vraiment ça qui me plaît.
- Mieux
Pour Franck, ce relationnel se retrouve également dans son travail de management auprès de ses équipes.
- Franck
Chaque personne a un besoin différent. Il y a une base qui est l'objectif final de la journée, du mois, de la semaine. Et puis, chaque personne mettra sa pierre à l'édifice, mais il va falloir les aider, il va falloir les coacher. Et chaque personne a besoin d'un coaching différent. Vous ne pouvez pas adapter votre coaching à Pierre, Paul, Jacques de exactement la même façon. Moi, j'ai eu dans mes équipes des profits complètement différents. J'ai pu avoir un cordonnier. Vous ne managez pas un cordonnier comme vous managez un conseiller de vente. Donc ça, c'est ce qui fait aussi le sel de notre métier. Et puis, vous devez vous adapter à ce qu'ils vivent dans leur vie personnelle. Est-ce que vos conseillers de vente n'ont pas des problèmes ? Et s'ils ont des problèmes, moi, on m'a toujours dit, oui, on laisse les problèmes à l'entrée, etc., on ne les amène pas avec soi. Non, parce que quand vous vous intéressez à l'humain, et c'est ce qui fait aussi pour ça que j'aime mon métier, c'est que vous allez les sentir, vous allez les ressentir. Donc, vous allez être un peu plus proche d'eux.
- Mieux
Au-delà du goût pour l'humain que les conseillers et les conseillères de vente comme Lou, ou les responsables de boutiques comme Franck doivent avoir en eux pour faire du bon travail, nous avons souhaité identifier les clés pour s'épanouir dans les métiers de la vente. Voici les réponses de nos invités.
- Franck
Déjà, je suis d'une génération où je suis arrivé à un stade de ma carrière où j'ai passé beaucoup de temps dans certaines de mes entreprises. J'ai travaillé pour une maison connue, reconnue internationalement, où j'ai travaillé pendant 13 ans. Pourquoi ? Parce que j'étais à l'aube d'un changement. Je suis arrivé au moment d'un changement, qu'il y avait un vrai projet. Que les entreprises dans lesquelles j'ai travaillé après avaient une remise en question de leurs acquis. Je voulais aussi avoir des perspectives d'avenir. Souvent, ce qui m'a fait partir d'une société, c'est un manque de perspective. C'est-à-dire que quand vous êtes bien à un poste, parce qu'on vous imagine bien à un poste, on ne vous propose pas autre chose. Cette société où je suis resté 13 ans, j'avais des perspectives, je savais ce que je voulais et je l'ai eu d'ailleurs au bout de dix ans, mais ils m'ont beaucoup appris, j'ai appris beaucoup de choses, et puis cette société bienveillante dont on parle beaucoup à l'heure actuelle il y a quelques années, elles existaient déjà mais on n'en parlait pas tous les jours et quand une maison prend soin de vous je trouve que vous êtes enclin à rester longtemps et à évoluer avec cette maison, surtout quand elle a des vrais projets.
- Lou
Déjà par une possibilité d'évolution. Si c'est une entreprise qui me plaît, effectivement, si je sais de par la suite que je vais pouvoir évoluer, évidemment, ça me pousse à rester. tous les avantages que je peux avoir. Dans mon entreprise actuelle, on a beaucoup d'avantages tels que des dress codes, donc des habits mis à disposition qu'on nous offre, des cartes où on a moins 30% dans certaines boutiques. Donc c'est plein d'avantages comme ça qui me permet de rester aussi. Et moi, ce qui m'a permis de rester autant dans cette entreprise, c'est aussi, comme je vous l'ai dit, le lien. On est dans une boutique de quartier, donc c'est vraiment des clientes qui reviennent tous les mois et elles viennent vraiment pour nos conseils, donc c'est quand même pas mal. La cohésion de groupe. Une bonne relation de confiance avec l'équipe, le manager. Une équipe soudée et que surtout, avec tout le monde, on s'entende bien et que je sois heureuse d'arriver le matin au travail et de retrouver mon équipe.
- Mieux
Dans la vente, la place du management est prépondérante. Les managers sont généralement présents en permanence aux côtés de leurs équipes. Que pensent nos invités du jour de cette position ?
- Lou
On ne peut pas être bien dans une entreprise si le manager ne suit pas. C'est quelqu'un qui prend soin de ses employés, qui est à l'écoute. qui a confiance et qui nous motive, qui nous pousse chaque jour à essayer au mieux de faire nos ventes, etc. On attend vraiment de la reconnaissance aussi de nos managers.
- Franck
J'ai commencé comme aide-vendeur. J'ai eu un management directif. J'en garde encore quelques angoisses. Je pense qu'on manage des adultes, qu'on est nous-mêmes des adultes. On doit avoir confiance. Ça ne vous empêche pas comme manager de contrôler. Mais vous devez être vraiment un manager de confiance. C'est-à-dire que vous êtes là, vous devez arriver le premier, vous devez partir le dernier. Je ne sais pas, c'est à l'ancienne, mais si vous devez donner l'exemple, vous pouvez aussi vider la poubelle, laver les tasses, être avec les clients. Quand vous voyez vos collaborateurs débordés, rien de tel pour les booster que d'arriver avec le stylo et de dire Allez, on y va, je vous aide, je suis là, je fais les ventes, etc. Voilà, c'est ce management participatif. Moi, je suis plutôt un manager, comment on m'a appelé ? Entertainer. Ce n'est pas Mickey, je vous rassure tout de suite, mais c'est plutôt donner l'envie, donner du peps, donner de l'énergie d'être là. Quand on va rigoler cinq minutes, on rigole cinq minutes et puis quand on va rentrer dans le dur, on rentre dans le dur, mais on y va tous ensemble. On va se relever les manches.
- Mieux
On se relève les manches et comme dans tout métier, on se confronte parfois aux idées reçues. Franck, par exemple, en sait quelque chose.
- Franck
Les idées reçues, c'est il est là pour faire du business, du chiffre, il est là pour persuader. Moi, je dis que c'est faux. Moi, je dis qu'un conseiller de vente, il est là pour établir des relations durables et profitables avec des deux côtés. Je vous assure, les deux côtés, elles vont être durables parce que le client va revenir, il va se sentir écouté, compris et profitable parce qu'il va acheter et que ça va faire du business pour l'autre. l'entreprise, la boutique, le corner, ce que vous voulez. Mais il est là aussi pour apporter des réponses adaptées aux clients. Et donc, il n'est pas là que pour persuader. On dit souvent que les vendeurs sont insistants. Insistant, c'est quoi ? C'est poser des questions et surtout les bonnes questions pour comprendre les besoins. J'ai une expérience, je pourrais vous en parler, d'un client qui avait acheté pas mal de choses et qui, trois jours après, a rappelé... en se plaignant qu'on l'avait forcé à acheter. Donc ça, c'était une vente one shot. Donc ça, c'est une idée reçue, mais c'est une idée qui peut être d'actualité, et ça, c'est du management. Et le manager, c'est quoi ces idées reçues ? Un manager, il est toujours dans son bureau, il ne fait rien. Voilà, il donne des chiffres, et puis il fait des plannings, et puis il s'arrange comme il veut, il part à n'importe quelle heure, etc. Mais ça, ce n'est pas vrai du tout. Les managers, ils sont... Ils doivent préparer le briefing du matin parce qu'il faut donner l'envie. Ils doivent analyser des chiffres, ils doivent répondre à la direction. Donc le manager n'est pas que dans son bureau. Et ça c'est une des grosses idées reçues d'un directeur, d'un manager, d'un responsable de boutique. C'est qu'il survole, il ne vend pas. Non, non, non, ça ce n'est pas vrai. Ça c'est une idée reçue. Il vend, il met les mains dans le cambouis et il y va parce que son chiffre d'affaires c'est aussi son salaire.
- Mieux
Pour Lou, les idées reçues se ressentent parfois dans l'attitude de certaines clientes qu'elles rencontrent.
- Lou
Pour moi, de ce que j'ai vu, c'est vraiment les clientes qui ne nous prennent pas forcément pour des humains. On est des simples vendeuses à leurs yeux et en fait, on doit se plier. Des fois, honnêtement, c'est très divisé en deux. J'ai vraiment les clientes qui gardent le lien avec nous, elles adorent. Moi, je sais qu'elles croient en nous, elles croient en mes projets, etc. Elles adorent être conseillées par moi, mais après, on va avoir l'autre partie qui nous prend vraiment pour une simple vendeuse, donnez-moi ci, donnez-moi ça, pas de forme de politesse. Et ça, je sais qu'il y a beaucoup de gens qui ne se rendent pas compte de ce métier-là, mais moi, je sais que depuis que je travaille en vente, du coup, maintenant, j'ai un autre regard sur tout ce métier-là.
- Mieux
Et alors finalement, de quoi rêvent les conseillers et les conseillères de vente et les responsables de boutique ? Alors que Franck aspire à un poste de directeur régional, Lou entame une reconversion.
- Franck
Moi, ce que j'aimerais aussi maintenant comme évolution de carrière en tant que directeur de boutique ou responsable de boutique, c'est d'être directeur régional, directeur retail. Mais je pense que j'aime beaucoup le terme directeur régional. Pourquoi ? Quand vous êtes directeur retail, d'un pays, de deux pays, de trois pays. Ça dépend du nombre de boutiques, mais si vous avez 20 boutiques, c'est matériellement impossible d'aller voir vos boutiques. Donc, quand vous êtes directeur régional, responsable régional, vous avez en charge 5 boutiques, 10 boutiques. Il faut toujours, pas voir petit, mais il faut se dire que vous allez pouvoir passer plus de temps avec chaque boutique. C'est pour ça qu'un poste de directeur régional m'irait bien.
- Lou
Moi, c'est de changer de métier complètement. parce que je n'ai pas assez retrouvé le côté managerial dans mon équipe. Et puis la vente au quotidien, c'est compliqué, c'est un train de vie pas évident. C'est des horaires compliqués, il n'y a pas de week-end, les vacances effectivement c'est différent. C'est une bonne expérience, mais je sais que je n'ai pas de rêve à en tenir de la vente. Après, évidemment que c'est le rêve de beaucoup de personnes d'être responsable, d'avoir son magasin, ses propres équipes, son stock, ses clientes. Et je sais que c'est un rêve pour beaucoup de personnes, mais moi, ce n'est pas le mien. Je vais me tourner vers la communication et le marketing digital. Je suis vraiment contente parce que c'est vrai que pour le coup, c'est toujours ce que j'ai voulu faire depuis le collège. C'est vraiment ce domaine-là qui m'intéresse le plus. C'est une nouvelle expérience et j'ai vraiment hâte de découvrir ça.
- Mieux
On se retrouve bientôt avec un nouveau métier dans De quoi rêvent les collaborateurs, un podcast Pluxee France.