- Speaker #0
C'est dès lors qu'il y a un minimum de 23% de femmes dans un groupe. L'efficacité collective de ce dernier en est augmentée d'environ 40%.
- Speaker #1
Bonjour Valérie Brusseau.
- Speaker #0
Bonjour Nadège.
- Speaker #1
Vous êtes présidente d'Elles Bougent, une association créée en 2005 pour promouvoir la mixité dans les secteurs industriels et technologiques. en encourageant les femmes à poursuivre des carrières scientifiques et techniques. Et avec vous, on a voulu nous intéresser, on a voulu s'intéresser, pardon, à la transformation des conditions de travail dans l'industrie pour attirer et fidéliser les talents. Alors les conditions de travail, elles ont évolué à tout point de vue au fil du temps, et pas que dans le secteur de l'industrie, mais dans le secteur de l'industrie spécifiquement, quelles transformations majeures vous avez pu observer, vous ?
- Speaker #0
Alors l'industrie s'ancre avant tout dans une époque et l'industrie elle n'a eu de cesse d'évoluer avec les transformations de cette époque. Aujourd'hui nous sommes à l'ère de la digitalisation massive, de l'intelligence artificielle et donc l'industrie est en train de se digitaliser. Aujourd'hui quand on va dans une usine, on entre dans un endroit qui est propre, on rentre dans un endroit où on fait très attention au bruit. On rentre dans un endroit où tout est automatisé. On fait également très attention aux postures opérateurs, aux gestes et au travail. Et cette automatisation massive, elle vient aussi du fait que l'industrie, c'est aussi des centres de développement où on vient concevoir non seulement des produits manufacturés, mais également toutes les machines qui vont être utilisées pour industrialiser ces produits. et donc dans les bureaux d'études. dans les centres de développement. On accompagne aussi les transformations du mode de travail avec de l'hybridation du travail, du télétravail pour ne citer que cela et une attention particulière entre les temps de vie personnels et les temps de vie professionnels.
- Speaker #1
Partant de ce constat, comment l'industrie peut aujourd'hui optimiser son attractivité notamment auprès des jeunes et des femmes ?
- Speaker #0
L'attractivité de l'industrie, elle passe par la représentation. que la société, les jeunes et les femmes ont de cette industrie. Et donc, elle passe sur un travail sur sa désirabilité. Tout d'abord, il convient d'expliquer quels sont les métiers de l'industrie, qui sont des métiers absolument passionnants et divers. L'industrie s'adresse à beaucoup de secteurs. Le transport, l'avion de demain, l'auto de demain, l'énergie, les trains, la transition énergétique. Donc l'industrie tout d'abord dans les métiers, c'est un vaste panorama de secteurs. Ensuite l'attractivité ça passe par les métiers qu'on peut y faire. On fait de la mécanique des solides, de la mécanique des fluides, des recherches autour d'ordinateurs, on va concevoir des machines, de l'automatisation. On est à la pointe. On est à la pointe et cette attractivité passe par la diversité des métiers. Le deuxième point c'est le maillage de cette industrie. avec les territoires locaux et avec l'environnement sociétal. Et donc il convient de mailler cette industrie en organisant des visites d'entreprises ou bien des salons. Il y a le salon Global Industrie notamment, ou il va y avoir le salon de l'aéronautique. C'est un lieu de rencontre entre l'industrie et les jeunes et les femmes. Et enfin, il convient de féminiser cette industrie. Aujourd'hui, il y a 28% de femmes dans l'industrie et seulement 24% de femmes dans les carrières d'ingénieurs. C'est ce qu'on fait avec l'association Elles Bougent que je préside, qui consiste à susciter, comme vous l'avez dit Nadege, des vocations scientifiques et techniques auprès des femmes afin qu'elles viennent renforcer l'industrie. Et on le fait par des rôles modèles. Ce sont des femmes, des hommes, des marraines. Il y en a plus de 15 000 dans l'association qui viennent parler des métiers de l'industrie, déconstruire les stéréotypes de genre et de représentation de l'industrie pour faire en sorte que ces filles choisissent ces carrières techniques et rejoignent l'industrie et son attractivité.
- Speaker #1
Donc si je résume, pour développer cette attractivité, cette désirabilité, grosso modo, il faut communiquer. C'est un peu ça que vous me dites.
- Speaker #0
Absolument. Décloisonner, communiquer et rendre désirable cette industrie.
- Speaker #1
Quelle place tiennent la formation continue et les parcours de carrière dans l'industrie ? Est-ce que ce sont des leviers possibles d'attractivité et de fidélisation ?
- Speaker #0
Oui. L'industrie aujourd'hui c'est une vitrine d'innovation, elle est porteuse de toute l'innovation de la société. Donc aujourd'hui quand on est vecteur d'innovation, on doit sans cesse renouveler ses compétences, renouveler ses savoir-faire. Aujourd'hui on est à l'aune de l'intelligence artificielle, de la décarbonation. Aujourd'hui les métiers sont en train d'évoluer, les métiers sont en train de se transformer, sont en train de se transformer aussi à l'aune de la concurrence, à l'aune de l'entrée de nouveaux incombants. Donc c'est aussi un facteur de compétitivité que de développer cette attractivité. Et développer l'attractivité, ça passe aussi par la rétention des talents. Aujourd'hui, on manque de talents dans l'industrie. Et donc, pour les retenir, le fait de proposer des parcours de formation développe aussi l'attractivité de cette industrie.
- Speaker #1
Est-ce qu'il y a d'autres facteurs différenciants qui peuvent rendre une entreprise industrielle particulièrement attractive ?
- Speaker #0
Alors ? Oui, alors tout d'abord je commencerai par les politiques d'inclusion et de féminisation. Donc aujourd'hui on a dit seulement 28% de femmes dans l'industrie, mais ces enjeux d'inclusion et de féminisation, ce sont aussi des enjeux d'efficacité collective. Aujourd'hui, l'industrie, une entreprise, c'est fait pour développer de la valeur et créer de la valeur ajoutée. Donc aujourd'hui avec Elles Bougent, on se repose sur des études académiques sur le management. inclusif. Et ce que disent ces études et ce que l'on montre avec Elles Bougent et nos 350 entreprises partenaires, c'est dès lors qu'il y a un minimum de 23% de femmes dans un groupe, l'efficacité collective de ce dernier en étant augmentée d'environ 40%. Donc ça c'est un premier facteur. Le deuxième vient de la raison d'être de l'entreprise. Une entreprise qui donne du sens, de l'éthique. de la compliance et qui s'inscrit dans les enjeux sociétaux d'aujourd'hui, qui sont la transition énergétique, la décarbonation, l'intelligence artificielle, les enjeux de souveraineté, de défense. Avoir un projet d'entreprise qui s'inscrit dans la société, c'est un deuxième facteur qui est extrêmement important. Et enfin, le troisième, c'est la capacité de l'entreprise et de l'industrie a proposé des parcours inspirants. En fait, quand on est dans l'industrie, on peut faire plusieurs métiers, on peut avoir plusieurs vies, on peut passer d'un métier de centre de développement, on peut lancer des usines, on peut aller à l'étranger chercher des inspirations pour amener les meilleurs savoirs, pour faire des machines en France. Donc c'est vraiment ce troisième lieu des parcours inspirants dans lequel les gens vont trouver une raison d'être et se développer.
- Speaker #1
Je reviens juste sur ce que vous disiez au tout début de votre réponse sur la présence des femmes et l'inclusion de manière générale, est-ce que ce sont des choses, avec tous les efforts qui sont mis en place par Elles Bougent, par d'autres acteurs, est-ce que ce sont des choses dont on voit que ça porte déjà ses fruits ?
- Speaker #0
Alors oui, ça porte ses fruits, effectivement. Si on regarde, il n'y a que 10 ans, il y avait de l'ordre de 12,5% de femmes dans les écoles d'ingénieurs. Aujourd'hui, elles sont 24%. En même temps, il convient d'aller plus vite, plus haut, plus fort. Avec Elles Bougent, nous avons mené une enquête qui dit que 63% des filles qui sont en études dans les secteurs technologiques ne veulent pas aller dans l'industrie. Donc il convient de renforcer. C'est pour ça que je mets ma conviction de présidente d'Elles Bougent pour que Elles Bougent verse au débat public, fasse des recommandations. Et nous avons en particulier une recommandation. au service de l'industrie et des industriels et des entreprises, de manière à ce qu'on rende obligatoire une formation à l'inclusion, à la RSE, de manière à ce que tout le monde dans l'entreprise soit sensibilisé à ces enjeux de diversité et d'inclusion, qui sont aussi des enjeux d'efficacité.
- Speaker #1
Finalement, quelles sont selon vous, aujourd'hui, les actions prioritaires à mettre en place pour renforcer la désirabilité ? du secteur industriel et attirer les jeunes talents, les femmes, si on résume tout ce qu'on vient de se dire.
- Speaker #0
Le premier pilier pour moi sur cette désirabilité, c'est l'ouverture et le maillage de l'industrie avec les territoires. Donc c'est les visites d'entreprises, c'est les salons sur lesquels les industriels vont communiquer vers la société. Le deuxième, c'est de communiquer sur l'ensemble de la modernité. L'innovation, les parcours, l'intérêt des métiers qui sont absolument passionnants, mettre en avant également toutes les possibilités d'évolution. Aujourd'hui, l'industrie ce n'est que le réceptacle de la société, ce n'est que le bras armé de la société pour développer de l'innovation, pour faire en sorte que le monde de demain, que notre monde, soit plus efficace, soit moins énergivore. Donc c'est vraiment la désirabilité et le fait que ces parcours sont absolument passionnants. Et enfin je dirais qu'il faut féminiser l'industrie. Aujourd'hui, l'industrie est en manque de talent. Il n'y a que 28% de femmes dans l'industrie. Donc comment pouvons-nous envisager de combler ce manque de talent en n'incluant pas les femmes ? Et c'est un enjeu sociétal que l'on fera entre hommes et femmes pour faire évoluer la société de demain et l'industrie de demain.
- Speaker #1
Merci beaucoup Valérie Brusseau.
- Speaker #0
Avec grand plaisir Nadège.
- Speaker #1
Merci de nous avoir suivis. On se retrouve très bientôt. pour un nouvel épisode de Mieux, le podcast sur le monde du travail et l'expérience collaborateur.