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Mission Anxiété Zéro - le Podcast

#22 Tu donnes tout pour les autres, mais à quel prix ? Burn-out et relation d’aide avec Annie Prévost

#22 Tu donnes tout pour les autres, mais à quel prix ? Burn-out et relation d’aide avec Annie Prévost

1h06 |25/03/2025
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#22 Tu donnes tout pour les autres, mais à quel prix ? Burn-out et relation d’aide avec Annie Prévost

#22 Tu donnes tout pour les autres, mais à quel prix ? Burn-out et relation d’aide avec Annie Prévost

1h06 |25/03/2025
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Description

Tu veux aider, soulager, soutenir. T’es là pour tout le monde, tout le temps. Mais à force de porter le monde sur tes épaules, est-ce que tu t’es déjà demandé : et moi, dans tout ça ?

Dans cet épisode profondément humain et sans tabou, je reçois Annie Prévost, intervenante en santé mentale et hôte du podcast Foutrement Vrai.es. Ensemble, on parle d’un sujet qui touche en plein cœur : l’épuisement dans la relation d’aide.


💥 On y parle :

  • de burn-out, bien sûr, et de comment le corps finit par dire STOP quand on ne l’écoute plus ;

  • du syndrome du sauveur, de cette envie de bien faire… jusqu’à l’oubli de soi ;

  • de la difficulté à mettre ses limites quand on travaille avec l’humain ;

  • et de ce que ça veut vraiment dire, se foutre la paix.

Un échange vrai, nuancé, parfois brutal… mais toujours plein de bienveillance et d’espoir.

Que tu travailles dans la relation d’aide ou que tu sois juste épuisé·e de toujours devoir être fort·e pour les autres, cet épisode est pour toi.


Les ressources d'Annie :

https://podcasts.apple.com/fr/podcast/foutrement-vrai-es/id1737064891

https://www.aujourlejour.ca/liens

https://annieprevostaujourlejour.thrivecart.com/le-deprocrastinateur/

IG @annieaujourlejour
LI https://www.linkedin.com/in/annieaujourlejour/



➡️ Télécharge gratuitement le Patch Anxiété Zéro, je t'y guide pas à pas pour apprendre à gérer tes crises d'anxiété en autonomie : https://www.s-konsult.com/anxiete-zero/patch-anxiete-zero


➡️ Réserve ton appel découverte gratuit pour rejoindre l'accompagnement Mission Anxiété Zéro - l'Antidote et venir à bout de ton anxiété :

https://bit.ly/3PJohK4


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@crédits audio du générique : Anthony Chognard CHS Prod


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Tu sais, ce moment où ton corps te lâche, où il t'oblige à t'arrêter net parce que t'as pas su l'écouter à temps, où tu t'effondres alors que tout le monde pensait que t'étais la plus forte ou le plus fort ? Si tu as déjà connu ça, cet épisode va te parler profondément. Dans ce 22e épisode de Mission Anxiété Zéro, on ouvre un espace sans tabou dans lequel on va parler de burnout, de surresponsabilité, de syndrome du sauveur et surtout de comment apprendre à se foutre la paix. Et crois-moi... Mon invitée du jour est foutrement vraie et sait exactement de quoi elle parle. On se retrouve après le générique. Bienvenue dans Mission Anxiété Zéro. Ici, c'est ton safe space sans langue de bois dans lequel je vais t'aider à questionner tes automatismes émotionnels. Moi, c'est Sandra. Je suis sophro analyste et ma mission, c'est d'accompagner mes clients à prendre soin de leur bien-être mental pour être plus heureux, mieux concentrés et mettre plus de sens dans leur quotidien. Alors si toi aussi tu cherches des solutions concrètes et actionnables pour gérer tes émotions et mettre ton anxiété à zéro, installe-toi, tu es au bon endroit. Bienvenue Annie au micro de Mission Anxiété Zéro. Un grand merci d'avoir accepté l'invitation. Comment vas-tu ?

  • Speaker #1

    Je vais bien. Ça fait un petit moment que je n'ai pas enregistré de podcast, alors je suis vraiment, vraiment enthousiaste, excitée d'être avec toi aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Tu vas reprendre avec des bonnes conditions aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Je le sers bien.

  • Speaker #0

    Je t'ai invitée aujourd'hui pour papoter sur le thème de se foutre la paix quand on travaille dans la relation d'aide, et pas que. Mais avant de plonger dans le vif du sujet, je vais parler un peu de toi, de qui tu es et de comment on s'est connus pour permettre aux auditeurs qui ne te connaîtraient pas encore de placer un peu de contexte autour de ça. Alors, tu es Annie Prévost, tu travailles dans la relation d'aide depuis une vingtaine d'années, tu es thérapeute dans la relation d'aide et, comme tu le dis toi-même, tu contribues à prendre soin de celles et ceux qui prennent soin des autres. Tu vis au Canada, dans la province du Québec et tu es maman de deux enfants et tu es également la maman du podcast Foutrement Vrai, qui a pour mission de briser les tabous autour de la santé mentale Merci. et d'abolir la culture du burn-out. C'est un podcast que je recommande vivement aux auditeurs d'aller écouter parce que tes épisodes, c'est juste des ressources géniales à la fois pour s'éduquer et pour décomplexer en même temps. Et c'est un des rares podcasts qui nourrit réellement mon besoin de stimulation à la réflexion sur la santé mentale. Les auditeurs pourront retrouver bien sûr le lien pour te découvrir dans la description de l'épisode. Et nous, on s'est rencontrés parce qu'à la base, j'ai suivi ta formation en business sans burn-out. Et suite à ça... Je t'ai contactée pour te demander de faire partie de mon équipe stratégique pour monter mon programme d'accompagnement Mission Anxiété Zéro, l'antidote. Parce que j'ai tout de suite su que tu comprendrais les vrais enjeux et le sérieux dans ma démarche de proposer un accompagnement thérapeutique de haute qualité et qui se démarque sur le marché de la thérapie. Parce que tu comprends et tu connais les mécanismes de fonctionnement de la psyché. Tu connais aussi, si je peux dire... les... les pièges ou les aléas de quand on travaille dans la relation d'aide dans lesquelles ne pas tomber et qui sont super importants quand on est thérapeute ou qu'on travaille dans la relation d'aide, on va en parler tout à l'heure, et surtout lorsqu'il est question de bien-être mental et d'anxiété. Et en réalité, il y a tellement de choses qui se jouent là-dedans que c'est super important. Et pour moi, en tout cas, travailler avec toi, c'était vraiment... Je suis super contente que tu aies accepté de travailler avec moi parce que je pense que je te l'ai déjà dit, pour moi, tu joues vraiment un rôle de... deuxième cerveau et de maman. Et ça, c'est vraiment super, tu vois. Alors, est-ce que j'ai tout dit dans ta présentation ou est-ce que tu souhaites corriger des choses ou ajouter quelque chose ?

  • Speaker #1

    Ben écoute, je pense que de toute façon, quand il s'agit de se présenter, ça pourrait être très long, ça dépend toujours ce qu'on veut dire, mais globalement, ce que t'as partagé est très juste. J'aime bien maintenant utiliser le terme intervenante en santé mentale. Parce que je me suis un petit peu plus éloignée de la thérapie. Maintenant, je fais plus de la consultation, de la formation, de l'intervention. Mais grosso modo, ma mission, c'est vraiment ancrer dans la prévention de l'épuisement, dans la gestion du stress. Donc, voilà, c'est tout juste.

  • Speaker #0

    OK. Donc, Annie, ma bien chère Annie, qu'est-ce qui t'a amenée dans ton parcours à te tourner vers la relation d'aide ?

  • Speaker #1

    Wow, c'est une belle question. Parce que pour moi, je pense que ça fait partie de ma personnalité, en fait. Dans le sens où depuis que je suis toute petite, et ça remonte à aussi loin que mes peut-être 5-6 ans. J'ai toujours été tournée vers ce besoin d'aider l'autre. On me surnommait déjà Mère Thérésa à cet âge-là. Donc j'avais vraiment cet élan de vouloir faire des choses pour aider, pour rendre service, pour enseigner, partager, accompagner. J'étais celle dans la cour d'école qui se préoccupait toujours de ceux et celles que les autres mettaient de côté. Donc, c'est vraiment très, très fort en moi. Alors, j'ai toujours su que je ferais ça. Petite, je pensais que j'allais être médecin sans frontières. C'était l'objectif initial. Et avec le temps, ça s'est transformé un peu plus précisément. Mais il y a quand même eu quelques détours dans le sens où au départ, j'ai fait mes études pour devenir médecin que j'ai abandonné en cours de route. Mais mon premier emploi a tout de suite été dans la relation d'aide. Alors, c'est ce qui m'amène à plus de 20 ans d'expérience. Et j'ai touché à toutes les clientèles, dans tous les contextes. Je l'ai expérimenté vraiment beaucoup. Et ça a toujours été très, très clair pour moi que, peu importe la façon que j'allais le faire ou le contexte dans lequel j'allais le faire, il y allait toujours avoir ce rapport à l'autre. Mais évidemment, ça s'est transformé avec le temps, de par mes expériences aussi, par un burn-out. On va le nommer, comme c'est, en 2014, un presque deuxième par la suite. Donc, c'est sûr que ça s'est transformé, mais cet appel de présence, d'accompagnement, de soutien, d'enseignement, il est là depuis toujours. Donc, c'est ce qui m'a amenée dans la relation d'aide, même si j'ai eu à me redéfinir à plusieurs reprises dans mon parcours.

  • Speaker #0

    D'accord. Est-ce que tu peux expliquer ce que c'est la relation d'aide pour toi ?

  • Speaker #1

    Bon, là, la relation d'aide, c'est important de comprendre que... Il y a une différence entre la relation d'aide et le soutien à l'autre, par exemple. À la base, à peu près tout le monde a l'occasion, à un moment donné dans sa vie, d'être en relation d'aide, en quelque sorte, d'entraide, de soutien avec d'autres êtres humains. Mais quand on parle vraiment de la relation d'aide d'un point de vue professionnel, c'est différent. Et c'est là peut-être que c'est un enjeu pour plusieurs personnes. Ça l'a été pour moi aussi. Ça a été de distinguer, justement. Le désir de sauver les gens, de soutenir, d'être présent, de la relation d'aide qui a un contexte, qui a un cadre qui est important de fixer. Donc, de distinguer les deux et d'être capable peut-être de naviguer dans les deux. Donc, c'est-à-dire que quand on est dans notre vie personnelle, de faire attention de ne pas forcément tomber dans le cadre de la relation d'aide et à l'inverse, quand on est dans la relation d'aide, de faire attention de ne pas tomber dans le cadre. de la sympathie et du surinvestissement relationnel qu'on pourrait avoir avec des proches, par exemple. Donc, pour moi, ce qui va vraiment distinguer les deux, c'est d'abord et avant tout l'intention. Donc, c'est certain que quand on est dans un cadre de relation d'aide, l'intention, elle est très claire. C'est-à-dire que vraiment, il y a un contexte précis. La personne exprime un besoin et nous, notre objectif, c'est de l'accompagner à travers ce besoin-là. Donc, versus... Au quotidien avec les gens, on n'a pas forcément réfléchi à une intention quand on agit à titre de soutien avec ces personnes-là. Ensuite, évidemment, il y a le cadre, la posture. Et c'est pour ça que les études sont importantes et que malheureusement, on le sait, c'est pareil en France qu'au Canada. Il y a des gens qui vont s'improviser dans la relation d'aide, mais il y a un cadre et une posture qu'on doit apprendre, qu'on doit comprendre aussi. avec une certaine distance aussi émotionnelle, une structure dans les rencontres, des méthodes, des approches aussi qui ont fait leur preuve. On ne peut pas faire n'importe quoi, ouvrir des portes et après ça jamais les refermer puis espérer que la personne s'en sorte. On a une certaine responsabilité professionnelle en lien avec les portes qu'on ouvre, avec les gens qu'on accompagne. Et il y a aussi l'unidirectionnalité. Alors ça, ce que ça veut dire en gros, c'est que dans le cadre de la relation d'aide, le focus est mis sur la personne qu'on aide. Donc théoriquement, cette personne-là n'est pas là pour répondre à mes besoins à moi, elle n'est pas là pour m'écouter moi, je suis là pour elle. Versus dans une relation interpersonnelle où évidemment il y a un échange continuel. Ce qui ne veut pas dire que la compagnie n'a rien à nous apporter et qu'on ne va pas apprendre de cette personne-là évidemment. Mais moi, mon focus, il est uniquement sur cette personne-là et ses besoins. Donc c'est très important de protéger cet espace-là et d'éviter de projeter par exemple mes ressentis, mes propres expériences sur la personne que j'accompagne. Puis finalement, il y a toute la question de la responsabilité, comme je disais précédemment, l'éthique professionnelle aussi. Encore là, ce sont des choses qui ne sont pas toujours légiférées, ne sont pas toujours claires, ça dépend des professions de la relation d'aide. Par exemple, certaines professions vont être très, très encadrées par des ordres professionnels, par des codes d'éthique très précis et d'autres un peu moins. Tout ce qui touche le coaching, notamment, c'est pas vraiment encadré. Donc, ça demeure parfois un petit peu difficile pour la personne qui est accompagnée de se sentir aussi en sécurité et protégée parce que il n'y a pas forcément les mêmes cadres pour tout le monde et on ne sait pas si on est toujours entre bonnes mains. Pour moi, c'est ça, en fait, la relation d'aide, la différence entre les deux. Et c'est très, très important pour moi de rappeler que quand on parle de relations d'aide, il doit y avoir des balises claires. Il doit y avoir des choses claires qui sont exprimées dans les attentes et dans les limites aussi de ce qu'on peut faire pour cette personne-là. Donc ça, on ne va pas toujours faire non plus ou être en mesure de faire dans nos relations personnelles. Et on ne se choisit pas forcément dans nos relations interpersonnelles. nos parents, notre famille, etc. Mais je pense que dans la relation d'aide, on peut se choisir. Donc, on peut choisir notre thérapeute, notre thérapeute peut choisir les clients avec qui il a envie de travailler. Et ça fait une différence quand même assez importante, je pense.

  • Speaker #0

    Comment est-ce qu'on gère les relations d'aide, justement, dans un contexte hors professionnel ? Parce qu'on a toujours une forme de, elle est comme une forme de matrixage professionnel qui reste, tu vois, un petit peu, ces défauts professionnels où tu vois les choses. Mais quelque part, quand tu es formé, tu sais très bien que les seules personnes que tu pourras réellement jamais vraiment aider, c'est les personnes que tu aimes au final. Et j'observe quand même que chez beaucoup de personnes qui travaillent dans la relation d'aide, que ce soit des thérapeutes ou quel que soit le secteur confondu, même dans le secteur médical ou qu'importe, il va y avoir ce truc où ils ne vont pas toujours savoir bien placer la ligne et laisser empiéter, faire un peu du hors cadre en se laissant déborder dans leur privé. par ce qu'ils voient de leur regard de professionnel. C'est un peu comme Freud qui expliquait qu'on ne pouvait pas analyser quelqu'un de sa famille, mais qu'il analysait sa fille deux fois.

  • Speaker #1

    C'est sûr que la plupart des gens, en tout cas ceux que je connais, qui vont vers la relation d'aide ont cet élan dans leur personnalité, justement. Donc, c'est souvent des traits de personnalité qui fait qu'on est vraiment très empathique, très présent à l'autre. Donc, c'est assez facile, je pense, et naturel pour nous d'avoir ce réflexe d'être présent et de lever la main quand quelqu'un a besoin d'aide autour de nous. Et même des fois, parfois, de vouloir plus que la personne elle-même. Donc, je ne pense pas que c'est quelque chose de simple. Je pense que plus on va être capable d'avoir une pratique d'introspection, de recul. par rapport à soi, par rapport à nos relations aussi, plus on va être capable peut-être de prendre conscience des moments où on se surinvestit peut-être un peu trop ou on veut plus que la personne. Je ne suis pas d'accord, par exemple, avec le fait qu'on ne peut pas aider nos proches. On ne va pas les aider de la même façon que dans une relation d'aide. On peut les soutenir, être présent, mais la notion de consentement, selon moi, elle est essentielle. Pareil avec le conseil, en fait. Le réflexe qu'on peut avoir beaucoup, c'est de conseiller sans... personne ne nous l'ait demandé parce que justement, on a beaucoup de bagages, d'expérience. On a peut-être accompagné des gens qui ont vécu des situations similaires. Donc, on dirait qu'on a envie de propager notre connaissance, notre expérience. Et je pense que la notion de consentement, elle est essentielle. Donc, pour nous aider justement à peut-être pas aller trop vite dans ce désir d'aider, de s'assurer toujours que la personne a envie d'entendre ce qu'on a à dire, veut notre point de vue. ça va nous faire un petit frein naturel. Alors, si je me conditionne et je m'habitue à dire, avant de conseiller, avant de partager mon expérience, je vais toujours demander la permission, déjà, moi-même, ça me permet de faire un pas de recul et de réfléchir à ce que c'est le bon contexte, est-ce que c'est pertinent, est-ce que j'ai l'énergie aussi ? Est-ce que c'est un réflexe ? On l'a dit, naturellement, j'ai envie d'y aller, mais je n'ai peut-être pas la place ou l'énergie. Est-ce que je suis obligée ? Est-ce que c'est vraiment de ma responsabilité ? Est-ce que le fait d'être expérimenté, d'être bonne dans la relation d'aide, m'oblige à aider tout le monde ? Est-ce que je suis obligée de sauver toute ma famille et de toujours être celle qui est présente quand ils ont besoin d'aide ? Ces questionnements-là sont essentiels parce qu'avoir un bagage ne nous oblige jamais à l'utiliser, selon moi.

  • Speaker #0

    Tu dis qu'on t'a surnommé mère Thérésa au primaire parce que tu voulais sauver le monde même... quand il ne le voulait pas. Ça a dû t'épuiser, ça.

  • Speaker #1

    Ben oui, définitivement. C'est ce qui m'a amenée éventuellement dans ma vie à faire un épuisement. Moi, je suis vraiment, j'étais et je suis encore cette personne très multipassionnée, très, très sensible, une véritable éponge émotionnelle. Donc, petite, je n'avais pas encore les outils pour prendre soin de moi, pour me protéger, pour mettre mes limites. Donc, évidemment que ça m'a amenée à m'épuiser parce que je disais oui tout le temps, j'étais toujours présente, toujours là pour les autres. et au dépend de mes propres besoins. Et là, je parle de quand j'étais petite, mais ça a perduré vraiment longtemps. Je suis née en 1984 et j'ai fait mon épuisement en 2014. Donc, ça a pris quand même 30 ans avant que la vie m'amène à devoir apprendre à mettre mes limites, à mettre mes besoins au premier plan.

  • Speaker #0

    Parce que c'est-à-dire que le mère Thérésa, ça a duré jusqu'à ton burn-out de la primaire ? OK !

  • Speaker #1

    Ah oui, oui,

  • Speaker #0

    oui. Et comment ?

  • Speaker #1

    J'ai encore cet élan-là très fort. Il faut continuellement que je me parle. Il faut que je revienne à mes bases, à mes outils, parce que je me suis, et la vie m'a, mes expériences de vie, mes traumas m'ont amenée à me conditionner à faire le moins de bruit possible, à ce que mes besoins ne soient pas trop nommés. Donc, c'est un réflexe, un mécanisme que j'ai eu à apprendre à déconstruire, et ça a été très long. Donc, viens. d'un milieu familial qui a été très, très difficile, dans lequel tout le monde avait des problèmes. Et donc, j'ai été l'enfant très, très sage, qu'on n'entendait jamais, qu'il ne faisait jamais de bruit, qu'il ne voulait pas déranger, donc qu'il ne nommait pas ses besoins, pour être sûre qu'on n'en ajoute pas plus à la dynamique familiale qui était déjà explosive. Donc, ça, c'est ce que j'ai appris toute petite. Donc, naturellement, moi, j'avais... cette espèce de côté enfant-adulte qui prend la responsabilité et qui le fait avec tout le monde. Donc, on a besoin de moi, je suis essentielle. Cette réflexion-là, elle m'a habité pendant vraiment très longtemps. Et c'est ce qui fait que parfois, des fois, justement, on veut sauver des gens qui ne veulent pas être sauvés parce qu'on a cette impression que c'est ce qu'il faut faire, que c'est ce qu'on attend de nous. Et voilà. Donc oui, ça a perduré, puis c'est encore très présent. C'est important de dire que même si je suis accompagnée et que je fais de la psychothérapie depuis l'âge d'environ 17 ans, je continue de travailler là-dessus. La base. Il n'y a rien de ça qui est 100 % réglé. On va être honnête aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Si on est complètement honnête, je pense que tant qu'on est vivant, il n'y a rien qui est 100 % réglé. On avance, on dégrossit, on épluche. Surtout quand on travaille dans la relation d'aide, quand on est thérapeute, on le sait. C'est un travail qui se fait jusque sur son lit de mort. Oui, il y a des choses qui changent, il se passe des transformations magiques, mais on ne pourra jamais dire « Moi, j'ai résolu tous mes dossiers, les gars. »

  • Speaker #1

    Parce que de toute façon, il y a des nouveaux dossiers qui vont s'ouvrir entre-temps. Exactement ! C'est fini ! Plus on vient mis, on traverse des phases et il y a des nouveaux dossiers qui ouvrent. Ce n'est pas quelque chose qui se règle, je pense, de façon définitive, effectivement. Moi, dans le fond, je me définissais par ce rôle de sauver les autres. Donc, je m'oubliais de me définir par qui j'étais profondément. Qu'est-ce que moi, je voulais vraiment ? C'était quoi mes besoins à moi ? C'est toutes des choses auxquelles je n'étais pas capable de répondre, et ce, jusqu'à l'âge de 30 ans. Donc, ne pas aller à la salle de bain, ne pas manger, ne pas boire d'eau. C'est des choses que je pouvais me... déconnecté complètement sans m'en rendre compte vraiment, de façon totalement inconsciente. Sauf à partir du moment où à un moment donné, je m'ouvrais les yeux et je réalisais que j'avais la bouche complètement sèche, que j'avais peut-être pas bu d'eau depuis 24 heures, ou que j'avais pas mangé depuis des heures, ou que je n'étais pas allée à la salle de bain parce que j'étais tellement préoccupée à aider, à travailler, à être sur le plancher, à en faire plus, plus, plus, plus tout le temps. Ça a pris vraiment beaucoup de temps à me rappeler que mes besoins, qui je suis, ce que je veux, où est-ce que j'ai envie d'aller finalement, il y a quelque chose qui m'habite à l'intérieur et que ça n'a pas forcément une nécessité d'être défini par ce que les autres veulent finalement.

  • Speaker #0

    Comment est arrivé le déclic ?

  • Speaker #1

    J'aimerais dire que j'ai fait cette prise de conscience de façon spontanée, mais ce n'est pas vraiment ça. En fait, c'est mon corps qui a pris la décision à ma place. je me suis rendue compte tellement loin dans la négligence de mes besoins, des messages, les signaux que mon corps m'envoyait que je suis allée au plus d'extrême qu'on peut aller quand on parle de burn-out, c'est-à-dire d'être incapable de me lever. physiquement. Donc, c'est mon corps qui a arrêté. Shut down. Avec des enjeux reliés à mes fonctions. Donc, ça a été vraiment, vraiment difficile parce que j'ai poussé la limite tellement loin, finalement, que là, à un moment donné, mon corps a dit « là, tu ne veux rien comprendre, on va régler ça. On tire la plug. » Donc, ça a été très, très dur parce que ce matin-là, j'ai dû appeler pour dire que je n'allais pas entrer au travail et c'est comme si on me... me demandaient quelque chose. Je n'avais pas le choix. Même si j'avais voulu, c'était impossible. Donc, le déclic, il ne s'est pas fait instantanément parce qu'évidemment, quand on vit quelque chose comme ça, il y a un travail de reconstruction. À ce moment-là, j'étais en mode survie. Donc, il y a eu les besoins de base qui ont été remis en place avant de faire des réflexions plus profondes sur ce qui m'avait amenée à me rendre jusque-là. On parle d'un processus qui a duré environ un an au niveau physiologique surtout. Et j'ai commencé un peu plus à faire le travail au niveau psychologique un petit peu plus tard, à peu près presque un an plus tard, parce que je n'étais pas rendue là encore. Donc là, graduellement, il y a eu un déclic de ce qui s'était passé pour que je me rende jusque-là et de comprendre les mécanismes, justement, de me pardonner aussi. Parce que ce n'est pas facile. Non, c'est pas facile. d'un autre. Ce qu'il faut savoir, c'est que oui, je suis de type Marc Teresa, mais je suis aussi de type superwoman. Donc, ça veut dire que j'ai une très overachiever, beaucoup de perfectionnisme, beaucoup de pression de performance depuis toute petite encore une fois. Donc là, de me pardonner, de me dire écoute, je n'ai pas échoué. Moi, la personne qui sauve tout le monde, finalement, je n'ai pas réussi à me sauver moi-même. Ça a été très difficile à reconnaître et c'était ce que j'avais à faire. Avant d'être capable d'amorcer le processus de guérison par la suite et d'arriver à ce fameux déclic éventuellement de « qu'est-ce que je peux mettre en place pour éviter que ça se reproduise, que ça recommence ? » Je pense qu'il faut prendre conscience que ça prend du temps, justement. Et particulièrement quand on est des professionnels de la relation d'aide, justement parce qu'il y a une dichotomie entre ce que je sais et que je suis capable d'accomplir avec mes clients. comment est-ce que je peux le guider et versus comment moi, j'arrive peut-être à le faire pour moi-même et comment j'arrive à l'appliquer. Des fois, on se sent en contradiction entre ces deux pôles-là que ça peut être plus facile de le faire avec les autres que de le faire pour soi-même.

  • Speaker #0

    OK. Le burn-out, souvent, quand il se pointe, on ne l'a pas vu venir. Est-ce que tu... Toi, tu l'as vu arriver ? Est-ce que pour les auditeurs, tu peux un petit peu expliquer comment tu as senti en fait que tout partait en vrille ?

  • Speaker #1

    Quand je dis que je l'ai vu venir, c'est que je l'ai nié pendant un an. Donc, je ne l'ai pas vu venir au début, mais une fois qu'il a été bien installé, je le savais qu'il était là. Puis, j'ai continué de fonctionner comme si de rien n'était pendant un an.

  • Speaker #0

    Parce que c'était quoi ? Tu as dit que tu étais immobilisée. Ça s'est manifesté comment au début ? Des douleurs dans le corps ?

  • Speaker #1

    Non, non. Je me suis réveillée un matin et je ne pouvais pas sortir du lit. OK. Vraiment, physiquement, c'était impossible d'aller chercher la force et l'élan de juste mettre mes pieds sur le sol et de sortir de vie.

  • Speaker #0

    Donc, ce n'est pas que c'était des douleurs que tu traînais sur plusieurs mois, c'est que juste…

  • Speaker #1

    Mais il y en a eu. Il y en a eu. C'est ça que je dis. Dans le fond, comment ça s'est passé, là ? C'est qu'on peut dire que ça s'est installé à peu près sur un an. Là, je n'en avais pas forcément conscience. Comme j'ai l'habitude d'être complètement déconnectée de mon corps, de mes besoins, je ne vois peut-être pas tous les petits signaux. inflammation, douleur, fatigue, difficulté à se lever, changement dans l'humeur, l'irritabilité. On ne le voit pas forcément, ça s'installe graduellement. Et là, à un moment donné, je l'ai réalisé que ça n'allait pas. Le déclic, ça j'en parle souvent, mais c'est qu'à un moment donné, j'étais en train d'enseigner et il y a une étudiante qui m'a dit « Ah, Annie, tu es tellement toujours heureuse, j'aimerais ça être comme toi, etc. » Et là, dans ma tête, J'ai réalisé à quel point ça ne faisait aucun sens ce qu'elle était en train de me dire. Elle, elle voit ça, puis moi, dans ma tête, il se passe complètement le contraire. Donc là, c'est comme si c'est la première fois que je prenais conscience qu'il y avait un désalignement entre mon mode de fonctionnement et ce qui se passait réellement à l'intérieur de moi.

  • Speaker #0

    Tu masquais vachement bien, en fait.

  • Speaker #1

    Terriblement bien. Et c'est ça. Donc, je n'étais pas du tout authentique. C'était bien intentionné, je voulais bien faire mon travail, etc., mais je n'étais pas alignée du tout avec ce qui se passait en dedans de moi, comment je me sentais. Et c'est là qu'il a commencé à y avoir des réflexions. Mais à partir de ce moment-là, ça a pris un an. Je n'ai pas arrêté. Je n'ai pas fait « Ah, OK, je fais cette prise de conscience et je prends action. » Je vais continuer de ne pas me l'admettre, d'être dans le déni, de continuer d'essayer de fonctionner de cette façon-là. Mais il y avait toujours un petit peu plus d'inconfort pour ma part de faire « Ah ! » Là, je commençais à savoir qu'il y avait quelque chose et je commençais à me douter que c'était un épuisement. Mais là, quand le corps a pris la décision, que c'était assez et que ça faisait trop longtemps qu'il essayait de passer son message, là, c'était clair. Lui, il m'a arrêtée. Je me suis retrouvée face à la réalité. Je n'ai pas vraiment eu le choix de l'adresser. Je ne pouvais plus être dans le déni. C'était impossible. J'avais deux jeunes enfants. Je ne pouvais pas rester dans mon lit comme ça, regarder le plafond pendant des semaines. À ce moment-là, je n'avais pas le choix de faire « Bon, je pense que ça ne va pas. » Il va peut-être falloir que j'accepte d'aller chercher de l'aide, parce que là, ça va pas. Donc, j'ai tellement masqué au point où le père de mes enfants, mon ancien conjoint, n'a rien vu. Et c'est pas parce que c'est une personne en manque d'empathie. Il a rien vu. J'ai réussi à cacher ça aussi aux personnes les plus proches de moi. Je peux pas leur en vouloir d'avoir rien fait, parce que je l'ai vraiment caché.

  • Speaker #0

    Oui, tu as tout fait pour qu'il ne se doute de rien, en fait.

  • Speaker #1

    Exact. Et pour continuer de me sentir essentielle. Ce n'est pas facile à dire, mais c'est comme j'avais tellement le sentiment que la terre entière reposait sur mes épaules, et probablement, si on creuse un peu, qu'il y a un sentiment de valorisation, etc., derrière ça, que c'est le rôle que j'adoptais, et accepter de lâcher, de dire « je suis en burn-out » , c'est aussi accepter que je ne peux plus avoir ce rôle. Et c'était très, très souffrant pour moi d'envisager ça. Donc, j'ai préféré continuer de rester dans mon mal-être que d'accepter que quelqu'un d'autre allait devoir prendre soin de moi, au lieu que ce soit moi qui prenne soin de tout le monde. Donc, ça, ça a été tout un travail de prise de conscience à faire avant d'installer les stratégies et les solutions pour aller mieux.

  • Speaker #0

    C'est là que tu as appris à te foutre la paix ?

  • Speaker #1

    Non. OK. Moi, là, je fais les choses avec rapidité dans certains domaines et dans d'autres avec beaucoup plus de lenteur. Dans le sens où je n'ai pas compris tout de suite ce concept de se foutre la paix, en fait. Quand j'ai commencé à prendre conscience que j'avais besoin d'aide et que je devais peut-être faire les choses un peu différemment pour éviter de revivre un épuisement, eh bien, je suis quand même tombée dans le pattern de vouloir performer ma guérison. Comme beaucoup de gens. Donc, c'est ça. C'est de vouloir performer, de toujours vouloir en faire plus. C'est cette espèce de vision de la meilleure version de soi-même. Je suis tombée dedans à fond. Puis à jamais être vraiment capable de constater mon évolution en étant déjà en train de planifier ce que j'allais faire de plus pour être encore comme... plus avancé dans mon processus. Donc, au final, c'est pas tout de suite que j'ai fait « Ah, OK, faudrait peut-être que je me foute la paix. » C'est un peu plus tard dans le processus, plusieurs années plus tard. Fait que si on vient placer les choses, « Burnout 2014, 2015, j'ai commencé de façon un petit peu plus consciente à prendre soin de moi. » Ça a pris jusqu'à environ 2019, presque 2020, pour que je commence vraiment à prendre conscience de ce concept de se foutre la paix et de l'amener de façon plus claire. Peut-être que ce serait une bonne idée qu'on le définisse pour que les gens saisissent où est-ce que je m'en vais avec ça, se foutre la paix. Mais avant de le définir, je vais clore la boucle. mais à un moment donné, j'ai juste pris conscience justement que... Je ne rendais service à personne en voulant performer ma guérison, en me donnant des objectifs extrêmement élevés, de vouloir presque être parfaite à la limite, d'être la mère la plus bienveillante possible, la personne qui prenait le mieux soin d'elle, le meilleur modèle pour les gens que j'aidais, etc.

  • Speaker #0

    Je ne leur rendais pas service. Puis, je ne me rendais pas service non plus. Parce qu'au final, je me suis dit, est-ce que c'est vraiment ça le message que je veux envoyer ? En me mettant cette pression-là, en quelque sorte, c'est ce que je projette sur les autres. Puis, les gens me demandent, est-ce que j'ai envie qu'ils se mettent cette même pression-là ? Mes filles, est-ce que j'ai envie qu'elles grandissent en se disant, il faut que je me mette aussi cette pression-là, d'avoir des routines parfaites, de manger seulement, de faire de l'exercice de façon toujours parfaite, etc. Puis là, à un moment donné, je fais, non. Peut-être qu'à un moment donné, il faudrait que je me foute un peu la paix et c'est là qu'a commencé à s'installer toute cette vision des choses que je vais pouvoir définir. Raconte. Se foutre la paix, en fait. Je sais qu'en France, vous avez Fabrice Midal qui utilise ce terme-là. Moi, je l'ai découvert après avoir commencé à utiliser ce terme-là. Et on est quand même alignés sur notre façon de voir se foutre la paix, en gros. C'est d'arrêter de se mettre cette pression de vouloir être. être parfait déjà, de vouloir être dans l'action, mais plus de revenir dans l'instant, dans l'être, dans qui on est comme humain fondamentalement. Pour moi, ce footlappé, c'est relié directement à la bienveillance, à l'autocompassion, à la simplicité, donc arrêter de toujours complexifier tout, à l'amour de soi aussi, au respect de soi. Et ça, c'est pas facile. Et encore moins quand on est dans la relation d'aide. Parce que justement, on veut être là pour les autres. Est-ce que se foutre la piste, ça veut dire qu'on se fout des autres ? Est-ce que ça veut dire qu'on n'a plus de temps d'or ? Est-ce que ça veut dire, pour moi, non. Ça veut juste dire, on peut-tu juste se donner un break, puis juste être ici et maintenant, reconnaître ce qu'on a accompli et s'en satisfaire ? Wow ! Même si c'est aujourd'hui, tout ce que j'ai réussi à faire, c'est prendre une douche. OK. J'ai quand même pris une douche. C'est d'être capable de... Et je n'avais pas le choix éventuellement de m'en aller vers ça parce que j'étais encore en train de m'en aller directement dans le mur. Je serais retournée dans les prisons.

  • Speaker #1

    Mais tu l'as remarqué ? Oui. Ah. Oui.

  • Speaker #0

    Puis moi, quand j'accompagne des personnes... qui, soit ont l'impression qu'ils s'en vont vers un épuisement ou ont déjà vécu un épuisement, je leur dis toujours qu'on reste à risque. On reste à risque toute notre vie. Parce que ce qui nous amène à l'épuisement, ce sont souvent des traits, justement, de personnalité. Ce sont des mécanismes qu'on a développés, la façon dont on est programmé. Alors, si on ne reste pas alerte, continuellement, on peut retomber très facilement dans ces habitudes-là. on devient juste meilleur à le remarquer. Donc, plus on avance dans notre cheminement de guérison, plus on est capable de détecter les signaux rapidement. De dire, je sens que je commence à reprendre le champ. Donc, je vais me ramener un petit peu plus dans mes besoins, dans ce qui fait du sens pour moi. Donc, on arrive à agir de plus en plus rapidement, mais je pense qu'on reste fragilisés longtemps. Puis, on parle autour de sept ans. pour vraiment officialiser la guérison d'un épuisement professionnel. Même après le 7 ans, selon moi, ça nécessite encore de devoir rester très alerte. Je n'avais pas le choix de me foutre la paix en quelque sorte. C'est devenu une nécessité de survie parce que je ne pense pas que je pourrais me permettre de revivre un épuisement comme j'ai vécu. Je ne suis pas sûre que j'en survivrais.

  • Speaker #1

    Je comprends. Je me dis un peu la même chose que toi. L'extérieur peut voir certaines positions prises de façon assez radicale, mais en réalité, c'est assez nécessaire parce que tant qu'on ne l'a pas vécu, c'est difficile de comprendre tout quand il n'y a plus rien qui fonctionne dans le corps. Que ce soit la tête, le corps, les deux en même temps ou séparément, quand il n'y a plus rien qui est coordonné là-dedans. On vit dans une société où on doit quand même un petit peu fonctionner, quel que soit notre poste. C'est important même pour le parent au foyer qui éduque ses enfants. Il doit continuer à fonctionner aussi. Il n'y a pas de distinguo que ce soit les classes sociales, les métiers. On s'en fout. C'est assez important. Tant qu'on ne l'a pas vécu, on ne comprend pas tout l'enjeu de se protéger et de sortir de la société. Je suis complètement d'accord avec toi quand tu parles de dire qu'il y a des alerteurs qu'il faut savoir reconnaître pour dire « Ouf, là, il va être temps de se calmer et de s'occuper un peu de soi » . Mais c'est vrai que je partage ce point de vue-là, qu'une fois que c'est arrivé, tu restes à risque. Ça ne veut pas dire que c'est grave. Parce que d'un autre côté, ça nous apprend aussi à mieux nous connaître nous-mêmes. Et je vois beaucoup de personnes dans la relation d'aide, que ce soit des thérapeutes, des médecins, des personnes du corps médical, ou même parfois des formateurs aussi, qui s'épuisent au travail pour continuer à accompagner ou à soigner les gens. Et je remarque une certaine forme de culpabilité lorsque ces personnes évoquent seulement l'idée de prendre des congés ou du temps. pour se reposer ? Parce que tu accompagnes aussi des personnes comme ça. Qu'est-ce que tu as envie de leur dire à ces gens-là ?

  • Speaker #0

    Tu sais, dans un premier temps, ce qui amène la culpabilité dont tu parles, c'est le fait qu'on a tendance peut-être à porter des responsabilités qui ne nous appartiennent pas, dont celle de sauver l'autre. Et ce, même si notre métier est de soutenir et d'aider, ce n'est pas de sauver. L'autre doit se sauver lui-même avec du soutien. Donc, c'est certain que si on arrête de se mettre ce poids-là en se disant que ce n'est pas vrai qu'on est essentiel, que d'autres personnes peuvent prendre le relais, déjà, ça aide un peu à apaiser la culpabilité. Je ne dis pas que c'est facile. Je ne sais pas comment ça se passe en France. Ici, il manque d'intervenants cruellement dans le milieu. Là, on rajoute le poids de dire, mais là, si je m'en vais, il n'y aura personne d'autre. Là, c'est sûr que ça rajoute une pression, mais à un moment donné, il faut arriver à replacer notre responsabilité, elle est où ? Et je pense que notre responsabilité première est de prendre soin de nous d'abord, parce que ça devient particulièrement difficile de prendre soin des autres si on ne prend pas soin de nous. qu'est-ce que je leur dirais de façon très, très claire, puis c'est probablement ce que j'aurais aimé qu'on me dise, c'est que ce n'est pas une nécessité de s'épuiser pour aider les autres. Ce n'est pas une nécessité. Il n'y a rien qui t'oblige à t'oublier dans ce processus-là. Tu n'es pas obligé d'absorber toutes les souffrances. Tu peux aider sans... prendre les souffrances de l'autre pour le soulager. Tu n'as pas à absorber tout ça tout en repoussant tes propres besoins parce qu'à un moment donné, ça manque d'espace. Quand on prend toute la souffrance des autres, les besoins des autres sur nos épaules, à un moment donné, il manque de place pour notre propre souffrance, nos propres besoins. mais ils sont quand même là, mais ils sont bien bien écrasés dans le fond puis à un moment donné, ils vont se mettre à pousser tellement fort que là, ça va exploser donc personne n'est gagnant de ça, ça c'est certain ça veut dire pour moi d'être là, mais avec tes limites avec ton humanité avec ton droit au repos, parce que pour moi c'est le meilleur exemple que tu peux donner aux gens que tu veux aider, justement être cohérent dans ton message dans ce que tu leur enseignes et de l'appliquer pour toi, c'est aussi leur enseigner à le faire pour eux. Donc, mettre tes limites dans la relation d'aide, c'est aussi enseigner à la personne que tu accompagnes à mettre les siennes. C'est de lui permettre de se donner le droit de le faire. Parce qu'elle se dit, « Hé, si ma thérapeute le fait, ça veut dire que j'ai le droit. C'est pas mal. » Si tu ressens toute cette fatigue-là s'installer, cette lourdeur-là, ça ne veut pas dire que tu n'es pas à la hauteur. t'as peur que t'es une mauvaise intervenante, une mauvaise professionnelle, un mauvais thérapeute. Ça, c'est difficile. Parce qu'on se dit « Hé, j'ai échoué. Je suis supposée savoir quoi faire pour prendre soin de moi. C'est mon métier. Je ne suis pas à la hauteur. Je ne suis pas bonne. Je ne suis pas suffisante. » Mais ce n'est pas vrai. Ça n'a rien à voir. Ce n'est pas parce qu'on est talentueux dans quelque chose qu'on est toujours capable de mobiliser. nos forces et nos ressources dans tous les contextes, à tous les moments. Ça n'enlève rien à notre valeur. Ça n'enlève rien à nos compétences. En aucun cas. Donc, c'est important de faire cette distinction-là. Tu n'as pas besoin de t'éteindre pour être capable d'éclairer les autres. La lumière, elle peut briller pour les deux en même temps. Ça, c'est important. J'espère qu'on comprend. Oui. J'espère qu'on comprend ça. Je sais que rationnellement, la plupart d'entre nous, on le comprend très bien. mais que dans le concret du quotidien, c'est peut-être un petit peu moins facile à mettre en place.

  • Speaker #1

    Oui, j'ai l'impression que c'est un petit peu émotionnel, ce qui se joue. Tu vois, c'est comme s'il y avait des triggers, un petit peu de... Soit pour certains, que ce soit leur costume de sauveur ou autre costume quelconque pour prouver sa valeur. Et c'est surtout là que ça se joue. Parce que c'est vrai que dans la théorie... Tout le monde va dire, bien, évidemment, nous le savons.

  • Speaker #0

    Mais c'est pour ça que je parle de stopper la culture du burn-out, Sandra, parce qu'on ne peut pas être 100 % responsable d'avoir vécu un épuisement professionnel. Ça serait se mentir que de penser que notre guérison n'est que de notre propre responsabilité. Il y a un travail collectif à faire aussi, parce que si les gens se rendent jusque-là, toute cette pression qu'on peut se mettre, cette culpabilité-là, il se passe autre chose. Il faut intervenir à d'autres niveaux. Ce n'est pas juste un truc individuel. C'est un truc individuel parce que... on ne va pas s'en sortir. Il y a un travail beaucoup plus large de la façon dont on met de la pression sur les individus, justement, au niveau sociétal, pour en arriver à pouvoir espérer des guérisons profondes chez les gens, parce qu'on les renvoie dans leur milieu de travail et on fait un travail incroyable sur eux. On les renvoie dans leur milieu. Ça ne prend pas une semaine, deux semaines, un mois. C'est tout à recommencer. Oui. Donc, c'est fâchant. C'est vraiment fâchant.

  • Speaker #1

    Pourquoi foutrement vrai ? Qu'est-ce que tu nous racontes de toi et qu'est-ce qui te tient à cœur à travers tes épisodes de podcast de nous partager ?

  • Speaker #0

    Ce titre-là est important pour moi parce que, justement, comme je l'ai raconté précédemment, ça a été tout un travail pour moi d'assumer à 100% qu'il était d'être capable de le mettre au-devant. Donc, le fait d'être vrai... Dans sa vérité, c'est un lien direct avec apprendre à être à l'écoute de ses besoins, apprendre à écouter ses limites, les nommer, les exprimer. C'est aussi d'être capable de nommer les choses sans avoir honte. Les émotions qu'on ressent, les enjeux qu'on vit, d'être capable de les assumer aussi comme... faisant partie aussi de notre lumière, sur le coup, ce n'est pas toujours évident. Je sais que ça va être très cliché ce que je vais dire, mais ceux qui l'ont vécu pour la plupart vont être d'accord avec moi. Mon burn-out, pour moi, c'est un cadeau aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Je suis d'accord. Je suis complètement d'accord.

  • Speaker #0

    Merci, mon corps. parce que je ne sais pas combien de temps je vais continuer à être dans le déni. Donc, merci mon corps. Sur le coup, j'étais fâchée. Là, je m'en suis remis. Ça fait 11 ans, je pense que je n'y en veux plus. Mais oui, cette vérité-là de juste dire, on peut-tu être 100% nous-mêmes et arrêter d'avoir peur de ce que les gens vont en penser, arrêter d'avoir peur d'être rejeté parce qu'on assume qu'on est si... tout le monde était un peu plus dans sa vérité, oser un peu plus dire quand ils ne sont pas satisfaits, quand ça ne va pas, on arriverait à dialoguer, à trouver des solutions, des compromis, à avancer ensemble. Mais comme on a un peu appris à se taire, à s'ajuster tout le temps à l'autre, puis finalement, tout le monde part de son côté avec des malentendus. Bien moi, j'ai fait ça parce que je pensais que ça ferait son bonheur, puis finalement, je ne le savais pas. ça faisait pas son bonheur, parce qu'on ne s'est pas parlé, on n'a pas communiqué, on n'a pas nommé nos besoins. Je ne vais pas lui dire non, parce que ça va lui faire de la peine. Mais finalement, si on lui avait dit non, ça lui aurait peut-être rendu service, parce qu'elle aurait peut-être pris une pause. Donc, au final, on peut-tu juste se donner un petit peu plus le droit d'être vrai, de parler des vraies choses, d'arrêter d'avoir peur de vivre des enjeux, parce que je trouve que ça nous amène tous dans notre humanité, que tout le monde a oublié qu'il est imparfait. On peut-tu juste l'assumer ? On est tous imparfaits. Arrêtons d'avoir peur de parler de santé mentale quand on sait très bien, quand on regarde les statistiques, qu'il y a une forte proportion des gens dans leur vie, si ce n'est pas eux, en tout cas, ça va être un proche, va vivre des enjeux de santé mentale. Donc, tout le monde passe par là. Je veux dire, puis le fait de ne pas en parler, ça rend service à personne parce que là, on reste isolé dans notre honte, dans notre peur. On n'en parle pas, on ne va pas chercher d'aide, on ne se fait pas soutenir parce qu'on a peur de le nommer, tout simplement. Si d'autres le faisaient avant nous, Ah, OK, elle aussi. Peut-être que là, je peux m'autoriser à le vivre ou sentir que je ne suis pas une merde parce que je vis ça.

  • Speaker #1

    C'est un super message. C'est vraiment un super message. Et puis, c'est un titre sacrément badass aussi. C'est un autre podcast sacrément badass, moi, je trouve.

  • Speaker #0

    C'est un podcast sacrément badass.

  • Speaker #1

    Absolument. De quoi tu as besoin, toi, pour te foutre la paix ? Qu'est-ce qui marche pour toi ?

  • Speaker #0

    Bien... Au stade où j'en suis, c'est des rappels que j'ai besoin, en fait. Parce que je sais déjà tout ce que j'ai à faire, mais j'ai besoin de me le faire rappeler continuellement. Je l'ai dit tout à l'heure, on reste fragilisés. C'est facile de retomber dans nos vieilles habitudes. Donc, des rappels, ce qui veut dire d'être accompagné. Pour moi, être accompagné, ça sera toujours une nécessité. Pas parce que j'ai vécu un burn-out, je pense que tout le monde a besoin d'avoir des gens autour d'eux qui ont une certaine neutralité et qui peuvent les aider à prendre le pas de recul, qui n'est pas toujours évident de prendre quand on court à 100 000 à l'heure, à longueur de journée. Donc, être accompagné, ne jamais croire que c'est acquis ou 100 % réglé. puis le fait de me le répéter continuellement justement ça fait que je ne me mets pas des œillères et je reste alerte donc être capable de prendre le recul aussi avoir des habitudes qui m'obligent à me questionner prendre du recul observer c'est ce qui m'aide à me foutre la paix ultimement parce que comme se foutre la paix c'est de donner le droit d'être humain Il faut se connecter à nos besoins, il faut se connecter à nos enjeux, à nos limites, etc. Pour ça, il faut prendre du recul. Pour moi, c'est la base. Au moins, chaque jour, idéalement, de revenir à moi, de m'arrêter, si ce n'est pas par écrit, au moins dans ma tête, et de me demander de quoi j'ai besoin ici et maintenant. Pas dans un mois quand je vais être en vacances. Ici et maintenant, de quoi j'ai besoin, qu'est-ce qui me ferait du bien. Pas pour aller 100 % mieux, juste 1 %. Si je peux juste envisager de me sentir un peu mieux aujourd'hui de 1 %, il y aura quand même au moins une action qui sera prise. Parce que quand on attend toujours d'être dans le 100 %, on ne prend jamais action finalement, on n'a jamais le temps pour faire quelque chose qui va nous amener à 100 %. Ça n'arrive juste pas. Donc, 1 % c'est un objectif qui a du sens selon moi pour insérer ça dans notre quotidien.

  • Speaker #1

    Une des choses que j'avais beaucoup aimé, dans ta formation en business sans burn-out, c'était cette stratégie du 1%. OK, aujourd'hui, ça ne va pas, c'est une journée de merde. Bon, ça ira, espérons-le, mieux demain, mais en attendant, il va falloir que la journée se finisse. Qu'est-ce que je vais faire ? Ouais, allez, 1%, 1%, c'est peut-être gérable. J'avais beaucoup aimé cette stratégie-là. Je l'utilise encore très régulièrement.

  • Speaker #0

    La question que je pose pour les personnes qui veulent la noter, c'est... qu'est-ce que je peux faire ici et maintenant, donc dans l'instant présent, pour me sentir mieux, ne serait-ce que de 1% dans ma tête, dans mon cœur, dans mon corps. On peut choisir juste un des trois. Pas obligé d'être les trois, mais la tête, le cœur, le corps, 1%. On garde ça en tête. On trouve un petit quelque chose et on le fait tout de suite. On est en train d'enseigner à notre cerveau aussi et à notre corps. Tu es assez important pour que je te priorise tout de suite. Et ça, c'est important.

  • Speaker #1

    L'exercice du 1%, c'est vraiment un tout petit truc. Ça paraît rien, mais en fait, un jour où ça ne va pas, ça peut être tellement tout. J'aime vraiment beaucoup ce que tu as amené avec cet exercice-là, qui te permet juste d'accepter tes capacités et tes limites à un instant T, et que malgré ça, tu es quand même capable de faire un petit truc là maintenant, tout de suite, pour que ça aille un petit peu mieux.

  • Speaker #0

    C'est de ramener la simplicité parce que c'est fou à quel point on a complexifié le bonheur. C'est rendu complexe les routines, tout ce qu'on doit avoir, ce qu'on doit faire pour considérer qu'on a une vie épanouie et heureuse. Ce qu'on peut revenir dans la simplicité, ce sont ces petites choses du quotidien, ces petites actions accumulées qui font une différence. Ces petits moments de bonheur, ne serait-ce que cinq minutes qu'on vit à fond, qu'on arrive à... à s'imprégner de ces petits moments-là qui vont faire la différence. C'est le fait qu'on a tellement complexifié ça qu'il n'y a plus personne qui a l'impression d'être capable d'y arriver. Finalement, c'est très décourageant.

  • Speaker #1

    Oui. Est-ce que toi, tu as des routines anti-anxiété qui te font du bien ? Les trucs qui marchent pour toi, est-ce que tu en as ? Et est-ce que tu as envie de nous les partager ?

  • Speaker #0

    Bien oui, tu vas rire. Parce que je veux dire, avant toute chose, c'est de me foutre la tête. C'est très créatif, je le sais. Mais je pense que ce qui m'a aidée le plus, c'est de travailler sur le focus de ce que je peux réellement contrôler. Ça, ça a fait une différence pour moi. C'est fou à quel point on met souvent de l'énergie sur des choses sur lesquelles on n'a aucun pouvoir. Donc, juste de retourner mon focus. OK, il y a cette situation-là. Là, tout ça, je ne le contrôle pas. Mais où est-ce que je peux mettre du pouvoir, justement ? Je trouve qu'en ce qui concerne l'anxiété, justement, reprendre son pouvoir, c'est une arme ultra-puissante. parce que souvent, on est dans l'anticipation d'une situation qu'on ne sait pas ce qui va arriver. Donc, j'aime me faire des scénarios. OK. C'est quoi le pire qui pourrait arriver ? Puis c'est quoi mon plan de match si on arrive dans le pire ? C'est quoi les actions que je peux mettre en place ? Donc, je suis prête au pire. Il n'est pas le fun, le pire, mais j'ai un plan de match. Puis c'est quelque chose que je recommande. Je ne vis pas beaucoup d'anxiété personnellement. Moi, je suis plus dans les pensées dépressives, dans mes enjeux, que dans l'anxiété. Mais quand j'accompagne des personnes qui en vivent beaucoup, j'aime beaucoup les aider à se créer des plans de match et à s'assurer d'avoir tout ce qu'il faut avec eux. pour réaliser leur plan de match. Donc, si on sait, par exemple, que ça peut être difficile pour nous de se retrouver en public, assure-toi d'avoir une petite pause peut-être dans ta voiture avec des choses qui... Tu vas pouvoir te rendre dans ta voiture, tout simplement ouvrir ta boîte puis avoir des choses pour te sentir mieux. Donc, je leur enseigne que la seule chose à retenir, c'est rends-toi à cet endroit-là ou rends-toi à ta trousse. Et dedans, on va avoir prévu des choses qui vont t'aider quand ça va aller bien. Parce que quand ça va moins bien, c'est plus... le temps de chercher des solutions. Ça prend quelque chose rapidement qu'on peut activer pour aider à faire redescendre les choses. Donc, ça simplifie de juste, tout ce que j'ai à retenir, c'est « Rends-toi là » . Ou « Ouvre ta sacoche, sors un sac à main » . Ici, on dit une sacoche. « Ouvre ton sac à main et sors telle chose » . Donc, de s'assurer de l'avoir un peu planifié à partir de situations vécues qui ont été difficiles. quand ça va mieux, on repasse ces situations-là et on essaie de voir la prochaine fois ce que je peux mettre en place. D'où l'intérêt d'être accompagné. Parce que quand on vit la chose, souvent on pense que c'est là qu'on va trouver les solutions. Mais c'est normal, on est complètement figé. Tu ne peux pas rien amener de nouveau dans cette situation-là. Tu peux travailler les enseignements, changer les mécanismes quand ça va bien. Donc, il faut le travailler après la situation, voir qu'est-ce que la prochaine fois, je vais pouvoir mettre en place. Donc, on crée les chemins dans le cerveau quand le cerveau a toute son ouverture, son espace pour apprendre des nouvelles choses. Pas quand il est en mode survie et que là, tout ce qu'il cherche, c'est survivre. Ça, c'est impossible de dire, fais ça, fais ça, fais ça, ou calme-toi, respire, ça va aller mieux. Plaque dans le visage. C'est capable. Une personne qui est en crise de panique, elle n'a pas besoin de se faire donner 12 conseils sur comment gérer son anxiété. Il faut juste qu'elle se ré-ancre dans son corps. That's it. Et qu'elle dise à son corps, je suis en sécurité. C'est la seule priorité.

  • Speaker #1

    Absolument.

  • Speaker #0

    Voilà pour mes petits trucs. Il y en avait un autre que je voulais donner rapide. qui m'aide beaucoup, que ça, c'est une valeur ajoutée. Je pense que c'est le fameux coût. Donc, de simplement conscientiser le coût réel des choses. Donc, quand je veux dire oui à quelque chose, avant de dire oui à quelque chose, de simplement me demander c'est quoi le coût en ressenti, c'est quoi le coût en énergie, c'est quoi le coût en temps et c'est quoi le coût en argent. Donc, juste de conscientiser un petit peu, est-ce que j'ai les ressources dans ma banque actuellement pour me permettre cette Ausha. Donc, de travailler avec cette notion de coup-là, moi, ça m'aide vraiment beaucoup pour prendre soin de mon énergie, notamment. Et quand on prend soin de notre énergie, je pense sincèrement qu'on a moins un terreau fertile à l'anxiété, justement.

  • Speaker #1

    J'ai lu un truc complètement what the fuck sur toi.

  • Speaker #0

    C'est peur.

  • Speaker #1

    J'ai lu que tu as été officier dans l'armée. Alors, au début, je me suis dit, non, mais elle a dû être scout, un truc comme ça.

  • Speaker #0

    du coup ça ressemble quand même dans le sens que vous n'avez pas ça chez vous l'armée aussi,

  • Speaker #1

    pas une grande non, non, non,

  • Speaker #0

    c'est pas la même chose le mouvement des cadets c'est pas la même chose, il faut comprendre que ça ressemble un peu au scout, c'est juste que c'est chapeauté par l'armée, donc il faut comprendre que c'est beaucoup plus dans le loisir que Dans le militaire, c'est juste qu'il y a tout le décorum relié à l'armée, donc les uniformes et tout et tout. Mais ça ressemble quand même au scout. Mais oui, c'est vrai que c'est quelque chose qu'on me ramène souvent, cette espèce de contradiction. Mais ça fait du sens quand on comprend dans quoi ça s'est inscrit. Moi, quand j'avais 12 ans, parce que le mouvement des cadets, en fait, c'est de 12 à 19 ans. C'est un mouvement de jeunes qui est bon. Et après ça, moi, j'ai continué pour devenir l'adulte qui prenait soin et qui enseignait à ces jeunes-là. Et ça, ça s'inscrit à devenir officier dans l'armée, mais j'étais seulement officier pour m'occuper des cadets. Je n'aurais pas été déployée à la guerre s'il y avait eu une guerre parce que mon enseignement, on m'apprenait à être pédagogue, on m'apprenait à encadrer des jeunes. Donc, ce n'est pas tout à fait la même chose. Mais je comprends que vous n'avez pas la référence. Tandis qu'ici, quand on parle du mouvement des cadets, les gens vont dire « Ah, tu étais officier dans les cadets, ce n'est pas pareil. » Mais à 12 ans, je me suis auto-enrôlée là-dedans parce que je n'avais aucun corps. J'étais dans une famille dysfonctionnelle. On me laissait avec mon grand frère les fins de semaine. Ma mère partait chez son amoureux. Mon frère de 4 ans de plus que moi me gardait, mais mon frère, toxifomane, avec des fréquentations très douteuses, s'occupait de moi. La vérité, c'est que je jouais l'adulte pour mon grand frère. Donc, je me suis auto-enrôlée parce que j'avais besoin d'un cadre. Et j'ai cette force depuis tout... petite, en fait, cette résilience d'aller chercher le soutien où j'en ai besoin. Quand j'étais petite, j'habitais près de l'école primaire, j'allais moi-même, en dehors des heures de classe, aider les enseignants à préparer la classe, par exemple, avant que l'école commence, pendant les vacances, etc. Je cherchais des adultes significatifs pour me soutenir. J'ai toujours fait ça. auto-enrôlé là-dedans, avec un cadre très, très strict. Et ça a eu beaucoup de bien, en fait, parce qu'il y a beaucoup de positifs dans ce mouvement-là, qui fait que ce soit le leadership, la discipline, mais pas dans le sens exagéré, l'autodiscipline, le fait d'enseigner, l'entraide, le soutien, le travail d'équipe, etc., qui fait en sorte que ça m'a permis d'être une meilleure professionnelle et d'acquérir des compétences très jeunes. À 17 ans, quand j'ai quitté la maison, j'avais déjà un très bon CV et une belle crédibilité qui m'a permis d'avoir des emplois intéressants tout de suite parce que j'avais fait ce mouvement-là. Je me suis rentrée là-dedans parce que j'avais un besoin de cadre. Mais je veux m'en suivre moi-même, sortie aussi, parce que le cadre m'étoupait finalement. Donc, j'ai eu besoin d'installer le cadre. Puis éventuellement, je me suis rendue compte que je ne fitais pas dans cette boîte-là, que ça ne faisait pas de sens pour moi, que j'étais une âme libre et que j'avais besoin de faire ce que j'avais envie. Mais ça a été quand même une nécessité pour moi d'aller toucher cet extrême-là pour aller retrouver l'équilibre un petit peu dans le cadre, ce qui me convenait moins. Fait que je suis contente de l'avoir fait. Je comprends. Je ne regrette pas du tout. Je comprends. Mais c'est vrai que ça peut paraître étrange quand on voit... l'humaine que je suis devenue aujourd'hui de faire, hein ? C'est moi qui ai eu les cheveux bleus, qui ai fait des manifestations, anti-mondialisation, une vraie woke, là, que dans la politique de gauche, depuis 20 ans, j'ai été aussi dans l'armée. OK, voilà. Maintenant, vous savez pourquoi.

  • Speaker #1

    En fait, t'es allée chercher le mode d'emploi dont t'avais besoin, et quand t'as compris comment ça fonctionnait, t'as fabriqué le tien et t'es partie.

  • Speaker #0

    C'était pas mal ça. Puis en même temps, j'avais besoin d'un clan aussi. J'avais pas de clan. Les humains, on est des êtres sociaux, on a besoin d'être entourés. Les seuls modèles que j'avais autour de moi, ce n'étaient pas des modèles qui me convenaient. Très jeune, je n'étais pas bien avec mon modèle familial. Je n'étais pas bien avec ce que je voyais. Ce qui est triste, c'est que ça a rendu mes relations familiales encore plus difficiles parce que j'étais le mouton noir de cette famille. Donc, on me rejetait encore plus parce que j'étais trop parfaite. Je réussissais trop bien à l'école, je faisais trop bien les choses. Donc, je tapais sur les nerfs de ma famille. Mais en quelque sorte, moi, je me cherchais des modèles qui allaient plus dans cette direction-là. Puis c'est comme ça que je les ai trouvés où je les ai trouvés quand ils étaient disponibles. Ce n'étaient pas des modèles toujours comme 100 % idéaux, mais c'est ceux-là qu'il y avait dans ma petite ville de campagne. Et j'ai pris ce que j'ai trouvé. J'ai aussi servi la messe, alors que je suis athée, débattue depuis longtemps. Mais quand j'étais très jeune, je me suis autour enroulée. pour aller servir la messe à l'église, encore une fois, parce que je cherchais des adultes pour s'occuper de moi. À un moment donné, je suis partie, mais tu sais... C'est ça. J'ai trouvé le soutien que j'avais besoin où il était disponible, en fait. C'est ça, tout ça.

  • Speaker #1

    Ça fait sens. Je trouve que tu as une super force de volonté, en fait, depuis très jeune, à savoir ce que tu veux. Je pense que tu as très vite compris que ce n'est pas parce que dans ta famille, ça se passait de cette façon que ça voulait dire que ça devait être ton paradigme à toi. Exact. Et je trouve ça vraiment... Je trouve que c'est un beau message, en fait. Un bel exemple de résilience, un bel exemple de volonté et un beau message d'espoir pour les personnes qui peuvent être peut-être dans une situation similaire ou qui ressemblent, de se dire « ok, moi aussi je peux faire quelque chose » .

  • Speaker #0

    Je crois que c'est simple parce que des fois ça demande d'accepter d'être rejeté par une partie des gens qui nous entourent, ça demande de couper des ponts, de se créer une nouvelle famille. Donc, je ne veux pas dire, ah, voilà, je vous ai servi la solution. Ce n'était vraiment pas facile à faire. Et ça demande d'être entourée, d'avoir du soutien aussi pour prendre des décisions comme ça. Puis ça s'est fait, en ce qui me concerne, de façon quand même assez inconsciente. C'est les mécanismes de survie que j'ai développés depuis ma naissance, en fait. Il faut savoir que j'avais un trouble de l'attachement. Donc, je me suis rapidement un peu placée en contradiction avec ma famille. Donc, ça n'a pas fait que du positif finalement. Puis, c'est important de mettre de la lumière sur ce qui est positif dans ce cheminement-là, mais il y a quand même eu beaucoup d'enjeux aussi à choisir ce chemin-là, qui n'est pas toujours un chemin simple. Mais si ça peut donner de l'espoir, par exemple, que c'est possible de se sortir un peu de... de cet environnement qui peut être toxique, mais ça prend du temps du soutien, de l'accompagnement.

  • Speaker #1

    Où est-ce qu'on peut te trouver si les auditeurs ont envie de venir te contacter ?

  • Speaker #0

    Sur les réseaux sociaux. Annie au jour le jour, donc que ce soit Facebook, Instagram, LinkedIn. Par contre, je suis plus active sur Instagram et en ce moment, quand même, relativement en pause de réseaux sociaux. Donc, j'ai des cycles dans la vie où je me redéfinis aux cinq ans. Donc, je suis dans un de ces cycles. Donc, moins présente, mais on a accès à tous mes outils, toutes les choses que j'ai construites, bâties via les liens dans les bios de ces différents réseaux sociaux-là. Il y a mon site web aussi, tu vas mettre les liens. Le podcast est en pause aussi, mais il y a quand même 17 épisodes déjà qui sont en ligne et qui sont très, très pertinents. Je vous invite les gens à le découvrir. Puis, même si je publie moins, je suis là. Donc, on peut m'écrire, on peut venir ouvrir la discussion. S'il y a des gens qui ont envie de poursuivre la conversation autour de notre sujet d'aujourd'hui, ça me fera plaisir de le faire.

  • Speaker #1

    Je vais laisser tous les liens dans la description de l'épisode. Et puis, la toute dernière question sur une note plus légère. Il y a quoi dans ta playlist en ce moment, Annie ?

  • Speaker #0

    J'ai bien aimé ta question. Là, tu parles de playlist générale, musique, podcast.

  • Speaker #1

    Absolument. Absolument tout ce qui te… tout ce qui est du moment.

  • Speaker #0

    En fait, dans un désir de me foutre la paix, justement, j'ai un petit peu tassé tout ce qui était très éducatif et très... Tu sais, j'écoutais beaucoup de livres audio, beaucoup de podcasts. J'ai pris un peu une pause, justement, pour revenir à mon amour de la musique et de façon plus intentionnelle parce que depuis des années, j'écoutais toujours de la musique en fond de quelque chose d'autre. Et là, j'ai recommencé à aller voir les artistes que j'aimais beaucoup, aller voir les albums que j'avais manqués, qu'ils avaient sortis, et écouter plus intentionnellement, vraiment en étant dans le moment présent avec la musique, plutôt que toujours avoir la musique en fond. Parce que je suis musicienne, c'est vraiment une passion pour moi, la musique. Alors, je commence à le faire justement plus dans le plaisir, moins dans l'utilité.

  • Speaker #1

    C'est quoi ton instrument ?

  • Speaker #0

    Moi, je suis flûtiste. Donc, j'ai joué de la flûte traversière dans des orchestres pendant de nombreuses années. Mais mes goûts musicaux ne sont pas dans le classique, forcément.

  • Speaker #1

    Alors, il y a quoi dans ta playlist ? Réponds à la question, Annie Prémaux !

  • Speaker #0

    Parce que la fait, c'est que c'est dur de répondre parce que j'ai des playlists pour tout. J'aime tellement tous les styles, sauf le heavy metal et le country. Tout le reste, il y a le metal. Le métal instrumental, tu sais, qu'il y a du classique dedans avec des chants d'opéra ou certains instruments, ça, ça peut passer. OK ? Mais j'aime plein de choses. Donc, j'aime particulièrement tout ce qui est indie, post-rock, folk-rock. Mon groupe vraiment de cœur mythique, c'est Sigur Rós, qui est un groupe qui se l'appelle. J'aime beaucoup la musique islandaise. J'aime beaucoup la musique un peu dépressive, comme The National, Other Lives, qui sont des groupes qui sortent un goût de pleurer quand tu écoutes leur musique, mais ça vient chercher un peu mon côté... Très émotionnelle, j'aime ça, cette musique-là.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    Mais il y a aussi de la musique super enjouée, il y a de la musique du monde, de la musique africaine, de la musique... Honnêtement, ça va dans toutes les directions, fait qu'il n'y a pas forcément de cohérence dans mes playlists. C'est plus l'émotion de l'envie d'aller chercher qui va m'aider à construire des playlists selon les différentes émotions ou envies que j'ai. Donc, voilà.

  • Speaker #1

    Eh bien, merci, Annie. d'avoir accepté de partager le micro de Mission Anxiété Zéro aujourd'hui. On arrive déjà à la fin de cette interview. Ça a passé super vite. Un énorme merci pour ta présence ici, pour ton partage, pour tes confidences, pour avoir partagé ton histoire, pour avoir partagé des astuces, pour aider simplement, pour permettre aux personnes d'avoir des prises de conscience qu'en fait, on est assez. quoi qu'on traverse, en fait, on est assez. Un grand merci.

  • Speaker #0

    On se retrouve très bientôt.

  • Speaker #1

    Et tu reviens, bien sûr, dans le podcast, quand tu veux. À très bientôt, Annie.

  • Speaker #0

    À bientôt.

  • Speaker #2

    Tu n'as pas besoin de t'éteindre pour éclairer les autres. C'est la chose que je retiens de cet épisode. Annie nous a offert un témoignage bouleversant, mais surtout des outils concrets pour se relever. Ce qui force le respect chez Annie, ce n'est pas seulement son parcours, Mais c'est surtout sa capacité à transformer un passé douloureux en un chemin de résilience. Sa volonté, son honnêteté et sa force tranquille sont d'autant d'invitations à te choisir, toi aussi, dès aujourd'hui. Tu trouveras tous ces liens et ressources en description de l'épisode. Si cet épisode t'a plu, je serai évidemment gratitude si tu laissais 5 étoiles sur ta plateforme d'écoute préférée. Pense aussi à t'abonner pour ne rien manquer ou à partager l'épisode à quelqu'un qui pourrait avoir besoin. d'entendre ça aujourd'hui. On se retrouve très vite dans un prochain épisode et n'oublie pas, quoi que tu traverses, tu n'es pas seul.

Description

Tu veux aider, soulager, soutenir. T’es là pour tout le monde, tout le temps. Mais à force de porter le monde sur tes épaules, est-ce que tu t’es déjà demandé : et moi, dans tout ça ?

Dans cet épisode profondément humain et sans tabou, je reçois Annie Prévost, intervenante en santé mentale et hôte du podcast Foutrement Vrai.es. Ensemble, on parle d’un sujet qui touche en plein cœur : l’épuisement dans la relation d’aide.


💥 On y parle :

  • de burn-out, bien sûr, et de comment le corps finit par dire STOP quand on ne l’écoute plus ;

  • du syndrome du sauveur, de cette envie de bien faire… jusqu’à l’oubli de soi ;

  • de la difficulté à mettre ses limites quand on travaille avec l’humain ;

  • et de ce que ça veut vraiment dire, se foutre la paix.

Un échange vrai, nuancé, parfois brutal… mais toujours plein de bienveillance et d’espoir.

Que tu travailles dans la relation d’aide ou que tu sois juste épuisé·e de toujours devoir être fort·e pour les autres, cet épisode est pour toi.


Les ressources d'Annie :

https://podcasts.apple.com/fr/podcast/foutrement-vrai-es/id1737064891

https://www.aujourlejour.ca/liens

https://annieprevostaujourlejour.thrivecart.com/le-deprocrastinateur/

IG @annieaujourlejour
LI https://www.linkedin.com/in/annieaujourlejour/



➡️ Télécharge gratuitement le Patch Anxiété Zéro, je t'y guide pas à pas pour apprendre à gérer tes crises d'anxiété en autonomie : https://www.s-konsult.com/anxiete-zero/patch-anxiete-zero


➡️ Réserve ton appel découverte gratuit pour rejoindre l'accompagnement Mission Anxiété Zéro - l'Antidote et venir à bout de ton anxiété :

https://bit.ly/3PJohK4


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ou visite mon site web


@crédits audio du générique : Anthony Chognard CHS Prod


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Tu sais, ce moment où ton corps te lâche, où il t'oblige à t'arrêter net parce que t'as pas su l'écouter à temps, où tu t'effondres alors que tout le monde pensait que t'étais la plus forte ou le plus fort ? Si tu as déjà connu ça, cet épisode va te parler profondément. Dans ce 22e épisode de Mission Anxiété Zéro, on ouvre un espace sans tabou dans lequel on va parler de burnout, de surresponsabilité, de syndrome du sauveur et surtout de comment apprendre à se foutre la paix. Et crois-moi... Mon invitée du jour est foutrement vraie et sait exactement de quoi elle parle. On se retrouve après le générique. Bienvenue dans Mission Anxiété Zéro. Ici, c'est ton safe space sans langue de bois dans lequel je vais t'aider à questionner tes automatismes émotionnels. Moi, c'est Sandra. Je suis sophro analyste et ma mission, c'est d'accompagner mes clients à prendre soin de leur bien-être mental pour être plus heureux, mieux concentrés et mettre plus de sens dans leur quotidien. Alors si toi aussi tu cherches des solutions concrètes et actionnables pour gérer tes émotions et mettre ton anxiété à zéro, installe-toi, tu es au bon endroit. Bienvenue Annie au micro de Mission Anxiété Zéro. Un grand merci d'avoir accepté l'invitation. Comment vas-tu ?

  • Speaker #1

    Je vais bien. Ça fait un petit moment que je n'ai pas enregistré de podcast, alors je suis vraiment, vraiment enthousiaste, excitée d'être avec toi aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Tu vas reprendre avec des bonnes conditions aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Je le sers bien.

  • Speaker #0

    Je t'ai invitée aujourd'hui pour papoter sur le thème de se foutre la paix quand on travaille dans la relation d'aide, et pas que. Mais avant de plonger dans le vif du sujet, je vais parler un peu de toi, de qui tu es et de comment on s'est connus pour permettre aux auditeurs qui ne te connaîtraient pas encore de placer un peu de contexte autour de ça. Alors, tu es Annie Prévost, tu travailles dans la relation d'aide depuis une vingtaine d'années, tu es thérapeute dans la relation d'aide et, comme tu le dis toi-même, tu contribues à prendre soin de celles et ceux qui prennent soin des autres. Tu vis au Canada, dans la province du Québec et tu es maman de deux enfants et tu es également la maman du podcast Foutrement Vrai, qui a pour mission de briser les tabous autour de la santé mentale Merci. et d'abolir la culture du burn-out. C'est un podcast que je recommande vivement aux auditeurs d'aller écouter parce que tes épisodes, c'est juste des ressources géniales à la fois pour s'éduquer et pour décomplexer en même temps. Et c'est un des rares podcasts qui nourrit réellement mon besoin de stimulation à la réflexion sur la santé mentale. Les auditeurs pourront retrouver bien sûr le lien pour te découvrir dans la description de l'épisode. Et nous, on s'est rencontrés parce qu'à la base, j'ai suivi ta formation en business sans burn-out. Et suite à ça... Je t'ai contactée pour te demander de faire partie de mon équipe stratégique pour monter mon programme d'accompagnement Mission Anxiété Zéro, l'antidote. Parce que j'ai tout de suite su que tu comprendrais les vrais enjeux et le sérieux dans ma démarche de proposer un accompagnement thérapeutique de haute qualité et qui se démarque sur le marché de la thérapie. Parce que tu comprends et tu connais les mécanismes de fonctionnement de la psyché. Tu connais aussi, si je peux dire... les... les pièges ou les aléas de quand on travaille dans la relation d'aide dans lesquelles ne pas tomber et qui sont super importants quand on est thérapeute ou qu'on travaille dans la relation d'aide, on va en parler tout à l'heure, et surtout lorsqu'il est question de bien-être mental et d'anxiété. Et en réalité, il y a tellement de choses qui se jouent là-dedans que c'est super important. Et pour moi, en tout cas, travailler avec toi, c'était vraiment... Je suis super contente que tu aies accepté de travailler avec moi parce que je pense que je te l'ai déjà dit, pour moi, tu joues vraiment un rôle de... deuxième cerveau et de maman. Et ça, c'est vraiment super, tu vois. Alors, est-ce que j'ai tout dit dans ta présentation ou est-ce que tu souhaites corriger des choses ou ajouter quelque chose ?

  • Speaker #1

    Ben écoute, je pense que de toute façon, quand il s'agit de se présenter, ça pourrait être très long, ça dépend toujours ce qu'on veut dire, mais globalement, ce que t'as partagé est très juste. J'aime bien maintenant utiliser le terme intervenante en santé mentale. Parce que je me suis un petit peu plus éloignée de la thérapie. Maintenant, je fais plus de la consultation, de la formation, de l'intervention. Mais grosso modo, ma mission, c'est vraiment ancrer dans la prévention de l'épuisement, dans la gestion du stress. Donc, voilà, c'est tout juste.

  • Speaker #0

    OK. Donc, Annie, ma bien chère Annie, qu'est-ce qui t'a amenée dans ton parcours à te tourner vers la relation d'aide ?

  • Speaker #1

    Wow, c'est une belle question. Parce que pour moi, je pense que ça fait partie de ma personnalité, en fait. Dans le sens où depuis que je suis toute petite, et ça remonte à aussi loin que mes peut-être 5-6 ans. J'ai toujours été tournée vers ce besoin d'aider l'autre. On me surnommait déjà Mère Thérésa à cet âge-là. Donc j'avais vraiment cet élan de vouloir faire des choses pour aider, pour rendre service, pour enseigner, partager, accompagner. J'étais celle dans la cour d'école qui se préoccupait toujours de ceux et celles que les autres mettaient de côté. Donc, c'est vraiment très, très fort en moi. Alors, j'ai toujours su que je ferais ça. Petite, je pensais que j'allais être médecin sans frontières. C'était l'objectif initial. Et avec le temps, ça s'est transformé un peu plus précisément. Mais il y a quand même eu quelques détours dans le sens où au départ, j'ai fait mes études pour devenir médecin que j'ai abandonné en cours de route. Mais mon premier emploi a tout de suite été dans la relation d'aide. Alors, c'est ce qui m'amène à plus de 20 ans d'expérience. Et j'ai touché à toutes les clientèles, dans tous les contextes. Je l'ai expérimenté vraiment beaucoup. Et ça a toujours été très, très clair pour moi que, peu importe la façon que j'allais le faire ou le contexte dans lequel j'allais le faire, il y allait toujours avoir ce rapport à l'autre. Mais évidemment, ça s'est transformé avec le temps, de par mes expériences aussi, par un burn-out. On va le nommer, comme c'est, en 2014, un presque deuxième par la suite. Donc, c'est sûr que ça s'est transformé, mais cet appel de présence, d'accompagnement, de soutien, d'enseignement, il est là depuis toujours. Donc, c'est ce qui m'a amenée dans la relation d'aide, même si j'ai eu à me redéfinir à plusieurs reprises dans mon parcours.

  • Speaker #0

    D'accord. Est-ce que tu peux expliquer ce que c'est la relation d'aide pour toi ?

  • Speaker #1

    Bon, là, la relation d'aide, c'est important de comprendre que... Il y a une différence entre la relation d'aide et le soutien à l'autre, par exemple. À la base, à peu près tout le monde a l'occasion, à un moment donné dans sa vie, d'être en relation d'aide, en quelque sorte, d'entraide, de soutien avec d'autres êtres humains. Mais quand on parle vraiment de la relation d'aide d'un point de vue professionnel, c'est différent. Et c'est là peut-être que c'est un enjeu pour plusieurs personnes. Ça l'a été pour moi aussi. Ça a été de distinguer, justement. Le désir de sauver les gens, de soutenir, d'être présent, de la relation d'aide qui a un contexte, qui a un cadre qui est important de fixer. Donc, de distinguer les deux et d'être capable peut-être de naviguer dans les deux. Donc, c'est-à-dire que quand on est dans notre vie personnelle, de faire attention de ne pas forcément tomber dans le cadre de la relation d'aide et à l'inverse, quand on est dans la relation d'aide, de faire attention de ne pas tomber dans le cadre. de la sympathie et du surinvestissement relationnel qu'on pourrait avoir avec des proches, par exemple. Donc, pour moi, ce qui va vraiment distinguer les deux, c'est d'abord et avant tout l'intention. Donc, c'est certain que quand on est dans un cadre de relation d'aide, l'intention, elle est très claire. C'est-à-dire que vraiment, il y a un contexte précis. La personne exprime un besoin et nous, notre objectif, c'est de l'accompagner à travers ce besoin-là. Donc, versus... Au quotidien avec les gens, on n'a pas forcément réfléchi à une intention quand on agit à titre de soutien avec ces personnes-là. Ensuite, évidemment, il y a le cadre, la posture. Et c'est pour ça que les études sont importantes et que malheureusement, on le sait, c'est pareil en France qu'au Canada. Il y a des gens qui vont s'improviser dans la relation d'aide, mais il y a un cadre et une posture qu'on doit apprendre, qu'on doit comprendre aussi. avec une certaine distance aussi émotionnelle, une structure dans les rencontres, des méthodes, des approches aussi qui ont fait leur preuve. On ne peut pas faire n'importe quoi, ouvrir des portes et après ça jamais les refermer puis espérer que la personne s'en sorte. On a une certaine responsabilité professionnelle en lien avec les portes qu'on ouvre, avec les gens qu'on accompagne. Et il y a aussi l'unidirectionnalité. Alors ça, ce que ça veut dire en gros, c'est que dans le cadre de la relation d'aide, le focus est mis sur la personne qu'on aide. Donc théoriquement, cette personne-là n'est pas là pour répondre à mes besoins à moi, elle n'est pas là pour m'écouter moi, je suis là pour elle. Versus dans une relation interpersonnelle où évidemment il y a un échange continuel. Ce qui ne veut pas dire que la compagnie n'a rien à nous apporter et qu'on ne va pas apprendre de cette personne-là évidemment. Mais moi, mon focus, il est uniquement sur cette personne-là et ses besoins. Donc c'est très important de protéger cet espace-là et d'éviter de projeter par exemple mes ressentis, mes propres expériences sur la personne que j'accompagne. Puis finalement, il y a toute la question de la responsabilité, comme je disais précédemment, l'éthique professionnelle aussi. Encore là, ce sont des choses qui ne sont pas toujours légiférées, ne sont pas toujours claires, ça dépend des professions de la relation d'aide. Par exemple, certaines professions vont être très, très encadrées par des ordres professionnels, par des codes d'éthique très précis et d'autres un peu moins. Tout ce qui touche le coaching, notamment, c'est pas vraiment encadré. Donc, ça demeure parfois un petit peu difficile pour la personne qui est accompagnée de se sentir aussi en sécurité et protégée parce que il n'y a pas forcément les mêmes cadres pour tout le monde et on ne sait pas si on est toujours entre bonnes mains. Pour moi, c'est ça, en fait, la relation d'aide, la différence entre les deux. Et c'est très, très important pour moi de rappeler que quand on parle de relations d'aide, il doit y avoir des balises claires. Il doit y avoir des choses claires qui sont exprimées dans les attentes et dans les limites aussi de ce qu'on peut faire pour cette personne-là. Donc ça, on ne va pas toujours faire non plus ou être en mesure de faire dans nos relations personnelles. Et on ne se choisit pas forcément dans nos relations interpersonnelles. nos parents, notre famille, etc. Mais je pense que dans la relation d'aide, on peut se choisir. Donc, on peut choisir notre thérapeute, notre thérapeute peut choisir les clients avec qui il a envie de travailler. Et ça fait une différence quand même assez importante, je pense.

  • Speaker #0

    Comment est-ce qu'on gère les relations d'aide, justement, dans un contexte hors professionnel ? Parce qu'on a toujours une forme de, elle est comme une forme de matrixage professionnel qui reste, tu vois, un petit peu, ces défauts professionnels où tu vois les choses. Mais quelque part, quand tu es formé, tu sais très bien que les seules personnes que tu pourras réellement jamais vraiment aider, c'est les personnes que tu aimes au final. Et j'observe quand même que chez beaucoup de personnes qui travaillent dans la relation d'aide, que ce soit des thérapeutes ou quel que soit le secteur confondu, même dans le secteur médical ou qu'importe, il va y avoir ce truc où ils ne vont pas toujours savoir bien placer la ligne et laisser empiéter, faire un peu du hors cadre en se laissant déborder dans leur privé. par ce qu'ils voient de leur regard de professionnel. C'est un peu comme Freud qui expliquait qu'on ne pouvait pas analyser quelqu'un de sa famille, mais qu'il analysait sa fille deux fois.

  • Speaker #1

    C'est sûr que la plupart des gens, en tout cas ceux que je connais, qui vont vers la relation d'aide ont cet élan dans leur personnalité, justement. Donc, c'est souvent des traits de personnalité qui fait qu'on est vraiment très empathique, très présent à l'autre. Donc, c'est assez facile, je pense, et naturel pour nous d'avoir ce réflexe d'être présent et de lever la main quand quelqu'un a besoin d'aide autour de nous. Et même des fois, parfois, de vouloir plus que la personne elle-même. Donc, je ne pense pas que c'est quelque chose de simple. Je pense que plus on va être capable d'avoir une pratique d'introspection, de recul. par rapport à soi, par rapport à nos relations aussi, plus on va être capable peut-être de prendre conscience des moments où on se surinvestit peut-être un peu trop ou on veut plus que la personne. Je ne suis pas d'accord, par exemple, avec le fait qu'on ne peut pas aider nos proches. On ne va pas les aider de la même façon que dans une relation d'aide. On peut les soutenir, être présent, mais la notion de consentement, selon moi, elle est essentielle. Pareil avec le conseil, en fait. Le réflexe qu'on peut avoir beaucoup, c'est de conseiller sans... personne ne nous l'ait demandé parce que justement, on a beaucoup de bagages, d'expérience. On a peut-être accompagné des gens qui ont vécu des situations similaires. Donc, on dirait qu'on a envie de propager notre connaissance, notre expérience. Et je pense que la notion de consentement, elle est essentielle. Donc, pour nous aider justement à peut-être pas aller trop vite dans ce désir d'aider, de s'assurer toujours que la personne a envie d'entendre ce qu'on a à dire, veut notre point de vue. ça va nous faire un petit frein naturel. Alors, si je me conditionne et je m'habitue à dire, avant de conseiller, avant de partager mon expérience, je vais toujours demander la permission, déjà, moi-même, ça me permet de faire un pas de recul et de réfléchir à ce que c'est le bon contexte, est-ce que c'est pertinent, est-ce que j'ai l'énergie aussi ? Est-ce que c'est un réflexe ? On l'a dit, naturellement, j'ai envie d'y aller, mais je n'ai peut-être pas la place ou l'énergie. Est-ce que je suis obligée ? Est-ce que c'est vraiment de ma responsabilité ? Est-ce que le fait d'être expérimenté, d'être bonne dans la relation d'aide, m'oblige à aider tout le monde ? Est-ce que je suis obligée de sauver toute ma famille et de toujours être celle qui est présente quand ils ont besoin d'aide ? Ces questionnements-là sont essentiels parce qu'avoir un bagage ne nous oblige jamais à l'utiliser, selon moi.

  • Speaker #0

    Tu dis qu'on t'a surnommé mère Thérésa au primaire parce que tu voulais sauver le monde même... quand il ne le voulait pas. Ça a dû t'épuiser, ça.

  • Speaker #1

    Ben oui, définitivement. C'est ce qui m'a amenée éventuellement dans ma vie à faire un épuisement. Moi, je suis vraiment, j'étais et je suis encore cette personne très multipassionnée, très, très sensible, une véritable éponge émotionnelle. Donc, petite, je n'avais pas encore les outils pour prendre soin de moi, pour me protéger, pour mettre mes limites. Donc, évidemment que ça m'a amenée à m'épuiser parce que je disais oui tout le temps, j'étais toujours présente, toujours là pour les autres. et au dépend de mes propres besoins. Et là, je parle de quand j'étais petite, mais ça a perduré vraiment longtemps. Je suis née en 1984 et j'ai fait mon épuisement en 2014. Donc, ça a pris quand même 30 ans avant que la vie m'amène à devoir apprendre à mettre mes limites, à mettre mes besoins au premier plan.

  • Speaker #0

    Parce que c'est-à-dire que le mère Thérésa, ça a duré jusqu'à ton burn-out de la primaire ? OK !

  • Speaker #1

    Ah oui, oui,

  • Speaker #0

    oui. Et comment ?

  • Speaker #1

    J'ai encore cet élan-là très fort. Il faut continuellement que je me parle. Il faut que je revienne à mes bases, à mes outils, parce que je me suis, et la vie m'a, mes expériences de vie, mes traumas m'ont amenée à me conditionner à faire le moins de bruit possible, à ce que mes besoins ne soient pas trop nommés. Donc, c'est un réflexe, un mécanisme que j'ai eu à apprendre à déconstruire, et ça a été très long. Donc, viens. d'un milieu familial qui a été très, très difficile, dans lequel tout le monde avait des problèmes. Et donc, j'ai été l'enfant très, très sage, qu'on n'entendait jamais, qu'il ne faisait jamais de bruit, qu'il ne voulait pas déranger, donc qu'il ne nommait pas ses besoins, pour être sûre qu'on n'en ajoute pas plus à la dynamique familiale qui était déjà explosive. Donc, ça, c'est ce que j'ai appris toute petite. Donc, naturellement, moi, j'avais... cette espèce de côté enfant-adulte qui prend la responsabilité et qui le fait avec tout le monde. Donc, on a besoin de moi, je suis essentielle. Cette réflexion-là, elle m'a habité pendant vraiment très longtemps. Et c'est ce qui fait que parfois, des fois, justement, on veut sauver des gens qui ne veulent pas être sauvés parce qu'on a cette impression que c'est ce qu'il faut faire, que c'est ce qu'on attend de nous. Et voilà. Donc oui, ça a perduré, puis c'est encore très présent. C'est important de dire que même si je suis accompagnée et que je fais de la psychothérapie depuis l'âge d'environ 17 ans, je continue de travailler là-dessus. La base. Il n'y a rien de ça qui est 100 % réglé. On va être honnête aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Si on est complètement honnête, je pense que tant qu'on est vivant, il n'y a rien qui est 100 % réglé. On avance, on dégrossit, on épluche. Surtout quand on travaille dans la relation d'aide, quand on est thérapeute, on le sait. C'est un travail qui se fait jusque sur son lit de mort. Oui, il y a des choses qui changent, il se passe des transformations magiques, mais on ne pourra jamais dire « Moi, j'ai résolu tous mes dossiers, les gars. »

  • Speaker #1

    Parce que de toute façon, il y a des nouveaux dossiers qui vont s'ouvrir entre-temps. Exactement ! C'est fini ! Plus on vient mis, on traverse des phases et il y a des nouveaux dossiers qui ouvrent. Ce n'est pas quelque chose qui se règle, je pense, de façon définitive, effectivement. Moi, dans le fond, je me définissais par ce rôle de sauver les autres. Donc, je m'oubliais de me définir par qui j'étais profondément. Qu'est-ce que moi, je voulais vraiment ? C'était quoi mes besoins à moi ? C'est toutes des choses auxquelles je n'étais pas capable de répondre, et ce, jusqu'à l'âge de 30 ans. Donc, ne pas aller à la salle de bain, ne pas manger, ne pas boire d'eau. C'est des choses que je pouvais me... déconnecté complètement sans m'en rendre compte vraiment, de façon totalement inconsciente. Sauf à partir du moment où à un moment donné, je m'ouvrais les yeux et je réalisais que j'avais la bouche complètement sèche, que j'avais peut-être pas bu d'eau depuis 24 heures, ou que j'avais pas mangé depuis des heures, ou que je n'étais pas allée à la salle de bain parce que j'étais tellement préoccupée à aider, à travailler, à être sur le plancher, à en faire plus, plus, plus, plus tout le temps. Ça a pris vraiment beaucoup de temps à me rappeler que mes besoins, qui je suis, ce que je veux, où est-ce que j'ai envie d'aller finalement, il y a quelque chose qui m'habite à l'intérieur et que ça n'a pas forcément une nécessité d'être défini par ce que les autres veulent finalement.

  • Speaker #0

    Comment est arrivé le déclic ?

  • Speaker #1

    J'aimerais dire que j'ai fait cette prise de conscience de façon spontanée, mais ce n'est pas vraiment ça. En fait, c'est mon corps qui a pris la décision à ma place. je me suis rendue compte tellement loin dans la négligence de mes besoins, des messages, les signaux que mon corps m'envoyait que je suis allée au plus d'extrême qu'on peut aller quand on parle de burn-out, c'est-à-dire d'être incapable de me lever. physiquement. Donc, c'est mon corps qui a arrêté. Shut down. Avec des enjeux reliés à mes fonctions. Donc, ça a été vraiment, vraiment difficile parce que j'ai poussé la limite tellement loin, finalement, que là, à un moment donné, mon corps a dit « là, tu ne veux rien comprendre, on va régler ça. On tire la plug. » Donc, ça a été très, très dur parce que ce matin-là, j'ai dû appeler pour dire que je n'allais pas entrer au travail et c'est comme si on me... me demandaient quelque chose. Je n'avais pas le choix. Même si j'avais voulu, c'était impossible. Donc, le déclic, il ne s'est pas fait instantanément parce qu'évidemment, quand on vit quelque chose comme ça, il y a un travail de reconstruction. À ce moment-là, j'étais en mode survie. Donc, il y a eu les besoins de base qui ont été remis en place avant de faire des réflexions plus profondes sur ce qui m'avait amenée à me rendre jusque-là. On parle d'un processus qui a duré environ un an au niveau physiologique surtout. Et j'ai commencé un peu plus à faire le travail au niveau psychologique un petit peu plus tard, à peu près presque un an plus tard, parce que je n'étais pas rendue là encore. Donc là, graduellement, il y a eu un déclic de ce qui s'était passé pour que je me rende jusque-là et de comprendre les mécanismes, justement, de me pardonner aussi. Parce que ce n'est pas facile. Non, c'est pas facile. d'un autre. Ce qu'il faut savoir, c'est que oui, je suis de type Marc Teresa, mais je suis aussi de type superwoman. Donc, ça veut dire que j'ai une très overachiever, beaucoup de perfectionnisme, beaucoup de pression de performance depuis toute petite encore une fois. Donc là, de me pardonner, de me dire écoute, je n'ai pas échoué. Moi, la personne qui sauve tout le monde, finalement, je n'ai pas réussi à me sauver moi-même. Ça a été très difficile à reconnaître et c'était ce que j'avais à faire. Avant d'être capable d'amorcer le processus de guérison par la suite et d'arriver à ce fameux déclic éventuellement de « qu'est-ce que je peux mettre en place pour éviter que ça se reproduise, que ça recommence ? » Je pense qu'il faut prendre conscience que ça prend du temps, justement. Et particulièrement quand on est des professionnels de la relation d'aide, justement parce qu'il y a une dichotomie entre ce que je sais et que je suis capable d'accomplir avec mes clients. comment est-ce que je peux le guider et versus comment moi, j'arrive peut-être à le faire pour moi-même et comment j'arrive à l'appliquer. Des fois, on se sent en contradiction entre ces deux pôles-là que ça peut être plus facile de le faire avec les autres que de le faire pour soi-même.

  • Speaker #0

    OK. Le burn-out, souvent, quand il se pointe, on ne l'a pas vu venir. Est-ce que tu... Toi, tu l'as vu arriver ? Est-ce que pour les auditeurs, tu peux un petit peu expliquer comment tu as senti en fait que tout partait en vrille ?

  • Speaker #1

    Quand je dis que je l'ai vu venir, c'est que je l'ai nié pendant un an. Donc, je ne l'ai pas vu venir au début, mais une fois qu'il a été bien installé, je le savais qu'il était là. Puis, j'ai continué de fonctionner comme si de rien n'était pendant un an.

  • Speaker #0

    Parce que c'était quoi ? Tu as dit que tu étais immobilisée. Ça s'est manifesté comment au début ? Des douleurs dans le corps ?

  • Speaker #1

    Non, non. Je me suis réveillée un matin et je ne pouvais pas sortir du lit. OK. Vraiment, physiquement, c'était impossible d'aller chercher la force et l'élan de juste mettre mes pieds sur le sol et de sortir de vie.

  • Speaker #0

    Donc, ce n'est pas que c'était des douleurs que tu traînais sur plusieurs mois, c'est que juste…

  • Speaker #1

    Mais il y en a eu. Il y en a eu. C'est ça que je dis. Dans le fond, comment ça s'est passé, là ? C'est qu'on peut dire que ça s'est installé à peu près sur un an. Là, je n'en avais pas forcément conscience. Comme j'ai l'habitude d'être complètement déconnectée de mon corps, de mes besoins, je ne vois peut-être pas tous les petits signaux. inflammation, douleur, fatigue, difficulté à se lever, changement dans l'humeur, l'irritabilité. On ne le voit pas forcément, ça s'installe graduellement. Et là, à un moment donné, je l'ai réalisé que ça n'allait pas. Le déclic, ça j'en parle souvent, mais c'est qu'à un moment donné, j'étais en train d'enseigner et il y a une étudiante qui m'a dit « Ah, Annie, tu es tellement toujours heureuse, j'aimerais ça être comme toi, etc. » Et là, dans ma tête, J'ai réalisé à quel point ça ne faisait aucun sens ce qu'elle était en train de me dire. Elle, elle voit ça, puis moi, dans ma tête, il se passe complètement le contraire. Donc là, c'est comme si c'est la première fois que je prenais conscience qu'il y avait un désalignement entre mon mode de fonctionnement et ce qui se passait réellement à l'intérieur de moi.

  • Speaker #0

    Tu masquais vachement bien, en fait.

  • Speaker #1

    Terriblement bien. Et c'est ça. Donc, je n'étais pas du tout authentique. C'était bien intentionné, je voulais bien faire mon travail, etc., mais je n'étais pas alignée du tout avec ce qui se passait en dedans de moi, comment je me sentais. Et c'est là qu'il a commencé à y avoir des réflexions. Mais à partir de ce moment-là, ça a pris un an. Je n'ai pas arrêté. Je n'ai pas fait « Ah, OK, je fais cette prise de conscience et je prends action. » Je vais continuer de ne pas me l'admettre, d'être dans le déni, de continuer d'essayer de fonctionner de cette façon-là. Mais il y avait toujours un petit peu plus d'inconfort pour ma part de faire « Ah ! » Là, je commençais à savoir qu'il y avait quelque chose et je commençais à me douter que c'était un épuisement. Mais là, quand le corps a pris la décision, que c'était assez et que ça faisait trop longtemps qu'il essayait de passer son message, là, c'était clair. Lui, il m'a arrêtée. Je me suis retrouvée face à la réalité. Je n'ai pas vraiment eu le choix de l'adresser. Je ne pouvais plus être dans le déni. C'était impossible. J'avais deux jeunes enfants. Je ne pouvais pas rester dans mon lit comme ça, regarder le plafond pendant des semaines. À ce moment-là, je n'avais pas le choix de faire « Bon, je pense que ça ne va pas. » Il va peut-être falloir que j'accepte d'aller chercher de l'aide, parce que là, ça va pas. Donc, j'ai tellement masqué au point où le père de mes enfants, mon ancien conjoint, n'a rien vu. Et c'est pas parce que c'est une personne en manque d'empathie. Il a rien vu. J'ai réussi à cacher ça aussi aux personnes les plus proches de moi. Je peux pas leur en vouloir d'avoir rien fait, parce que je l'ai vraiment caché.

  • Speaker #0

    Oui, tu as tout fait pour qu'il ne se doute de rien, en fait.

  • Speaker #1

    Exact. Et pour continuer de me sentir essentielle. Ce n'est pas facile à dire, mais c'est comme j'avais tellement le sentiment que la terre entière reposait sur mes épaules, et probablement, si on creuse un peu, qu'il y a un sentiment de valorisation, etc., derrière ça, que c'est le rôle que j'adoptais, et accepter de lâcher, de dire « je suis en burn-out » , c'est aussi accepter que je ne peux plus avoir ce rôle. Et c'était très, très souffrant pour moi d'envisager ça. Donc, j'ai préféré continuer de rester dans mon mal-être que d'accepter que quelqu'un d'autre allait devoir prendre soin de moi, au lieu que ce soit moi qui prenne soin de tout le monde. Donc, ça, ça a été tout un travail de prise de conscience à faire avant d'installer les stratégies et les solutions pour aller mieux.

  • Speaker #0

    C'est là que tu as appris à te foutre la paix ?

  • Speaker #1

    Non. OK. Moi, là, je fais les choses avec rapidité dans certains domaines et dans d'autres avec beaucoup plus de lenteur. Dans le sens où je n'ai pas compris tout de suite ce concept de se foutre la paix, en fait. Quand j'ai commencé à prendre conscience que j'avais besoin d'aide et que je devais peut-être faire les choses un peu différemment pour éviter de revivre un épuisement, eh bien, je suis quand même tombée dans le pattern de vouloir performer ma guérison. Comme beaucoup de gens. Donc, c'est ça. C'est de vouloir performer, de toujours vouloir en faire plus. C'est cette espèce de vision de la meilleure version de soi-même. Je suis tombée dedans à fond. Puis à jamais être vraiment capable de constater mon évolution en étant déjà en train de planifier ce que j'allais faire de plus pour être encore comme... plus avancé dans mon processus. Donc, au final, c'est pas tout de suite que j'ai fait « Ah, OK, faudrait peut-être que je me foute la paix. » C'est un peu plus tard dans le processus, plusieurs années plus tard. Fait que si on vient placer les choses, « Burnout 2014, 2015, j'ai commencé de façon un petit peu plus consciente à prendre soin de moi. » Ça a pris jusqu'à environ 2019, presque 2020, pour que je commence vraiment à prendre conscience de ce concept de se foutre la paix et de l'amener de façon plus claire. Peut-être que ce serait une bonne idée qu'on le définisse pour que les gens saisissent où est-ce que je m'en vais avec ça, se foutre la paix. Mais avant de le définir, je vais clore la boucle. mais à un moment donné, j'ai juste pris conscience justement que... Je ne rendais service à personne en voulant performer ma guérison, en me donnant des objectifs extrêmement élevés, de vouloir presque être parfaite à la limite, d'être la mère la plus bienveillante possible, la personne qui prenait le mieux soin d'elle, le meilleur modèle pour les gens que j'aidais, etc.

  • Speaker #0

    Je ne leur rendais pas service. Puis, je ne me rendais pas service non plus. Parce qu'au final, je me suis dit, est-ce que c'est vraiment ça le message que je veux envoyer ? En me mettant cette pression-là, en quelque sorte, c'est ce que je projette sur les autres. Puis, les gens me demandent, est-ce que j'ai envie qu'ils se mettent cette même pression-là ? Mes filles, est-ce que j'ai envie qu'elles grandissent en se disant, il faut que je me mette aussi cette pression-là, d'avoir des routines parfaites, de manger seulement, de faire de l'exercice de façon toujours parfaite, etc. Puis là, à un moment donné, je fais, non. Peut-être qu'à un moment donné, il faudrait que je me foute un peu la paix et c'est là qu'a commencé à s'installer toute cette vision des choses que je vais pouvoir définir. Raconte. Se foutre la paix, en fait. Je sais qu'en France, vous avez Fabrice Midal qui utilise ce terme-là. Moi, je l'ai découvert après avoir commencé à utiliser ce terme-là. Et on est quand même alignés sur notre façon de voir se foutre la paix, en gros. C'est d'arrêter de se mettre cette pression de vouloir être. être parfait déjà, de vouloir être dans l'action, mais plus de revenir dans l'instant, dans l'être, dans qui on est comme humain fondamentalement. Pour moi, ce footlappé, c'est relié directement à la bienveillance, à l'autocompassion, à la simplicité, donc arrêter de toujours complexifier tout, à l'amour de soi aussi, au respect de soi. Et ça, c'est pas facile. Et encore moins quand on est dans la relation d'aide. Parce que justement, on veut être là pour les autres. Est-ce que se foutre la piste, ça veut dire qu'on se fout des autres ? Est-ce que ça veut dire qu'on n'a plus de temps d'or ? Est-ce que ça veut dire, pour moi, non. Ça veut juste dire, on peut-tu juste se donner un break, puis juste être ici et maintenant, reconnaître ce qu'on a accompli et s'en satisfaire ? Wow ! Même si c'est aujourd'hui, tout ce que j'ai réussi à faire, c'est prendre une douche. OK. J'ai quand même pris une douche. C'est d'être capable de... Et je n'avais pas le choix éventuellement de m'en aller vers ça parce que j'étais encore en train de m'en aller directement dans le mur. Je serais retournée dans les prisons.

  • Speaker #1

    Mais tu l'as remarqué ? Oui. Ah. Oui.

  • Speaker #0

    Puis moi, quand j'accompagne des personnes... qui, soit ont l'impression qu'ils s'en vont vers un épuisement ou ont déjà vécu un épuisement, je leur dis toujours qu'on reste à risque. On reste à risque toute notre vie. Parce que ce qui nous amène à l'épuisement, ce sont souvent des traits, justement, de personnalité. Ce sont des mécanismes qu'on a développés, la façon dont on est programmé. Alors, si on ne reste pas alerte, continuellement, on peut retomber très facilement dans ces habitudes-là. on devient juste meilleur à le remarquer. Donc, plus on avance dans notre cheminement de guérison, plus on est capable de détecter les signaux rapidement. De dire, je sens que je commence à reprendre le champ. Donc, je vais me ramener un petit peu plus dans mes besoins, dans ce qui fait du sens pour moi. Donc, on arrive à agir de plus en plus rapidement, mais je pense qu'on reste fragilisés longtemps. Puis, on parle autour de sept ans. pour vraiment officialiser la guérison d'un épuisement professionnel. Même après le 7 ans, selon moi, ça nécessite encore de devoir rester très alerte. Je n'avais pas le choix de me foutre la paix en quelque sorte. C'est devenu une nécessité de survie parce que je ne pense pas que je pourrais me permettre de revivre un épuisement comme j'ai vécu. Je ne suis pas sûre que j'en survivrais.

  • Speaker #1

    Je comprends. Je me dis un peu la même chose que toi. L'extérieur peut voir certaines positions prises de façon assez radicale, mais en réalité, c'est assez nécessaire parce que tant qu'on ne l'a pas vécu, c'est difficile de comprendre tout quand il n'y a plus rien qui fonctionne dans le corps. Que ce soit la tête, le corps, les deux en même temps ou séparément, quand il n'y a plus rien qui est coordonné là-dedans. On vit dans une société où on doit quand même un petit peu fonctionner, quel que soit notre poste. C'est important même pour le parent au foyer qui éduque ses enfants. Il doit continuer à fonctionner aussi. Il n'y a pas de distinguo que ce soit les classes sociales, les métiers. On s'en fout. C'est assez important. Tant qu'on ne l'a pas vécu, on ne comprend pas tout l'enjeu de se protéger et de sortir de la société. Je suis complètement d'accord avec toi quand tu parles de dire qu'il y a des alerteurs qu'il faut savoir reconnaître pour dire « Ouf, là, il va être temps de se calmer et de s'occuper un peu de soi » . Mais c'est vrai que je partage ce point de vue-là, qu'une fois que c'est arrivé, tu restes à risque. Ça ne veut pas dire que c'est grave. Parce que d'un autre côté, ça nous apprend aussi à mieux nous connaître nous-mêmes. Et je vois beaucoup de personnes dans la relation d'aide, que ce soit des thérapeutes, des médecins, des personnes du corps médical, ou même parfois des formateurs aussi, qui s'épuisent au travail pour continuer à accompagner ou à soigner les gens. Et je remarque une certaine forme de culpabilité lorsque ces personnes évoquent seulement l'idée de prendre des congés ou du temps. pour se reposer ? Parce que tu accompagnes aussi des personnes comme ça. Qu'est-ce que tu as envie de leur dire à ces gens-là ?

  • Speaker #0

    Tu sais, dans un premier temps, ce qui amène la culpabilité dont tu parles, c'est le fait qu'on a tendance peut-être à porter des responsabilités qui ne nous appartiennent pas, dont celle de sauver l'autre. Et ce, même si notre métier est de soutenir et d'aider, ce n'est pas de sauver. L'autre doit se sauver lui-même avec du soutien. Donc, c'est certain que si on arrête de se mettre ce poids-là en se disant que ce n'est pas vrai qu'on est essentiel, que d'autres personnes peuvent prendre le relais, déjà, ça aide un peu à apaiser la culpabilité. Je ne dis pas que c'est facile. Je ne sais pas comment ça se passe en France. Ici, il manque d'intervenants cruellement dans le milieu. Là, on rajoute le poids de dire, mais là, si je m'en vais, il n'y aura personne d'autre. Là, c'est sûr que ça rajoute une pression, mais à un moment donné, il faut arriver à replacer notre responsabilité, elle est où ? Et je pense que notre responsabilité première est de prendre soin de nous d'abord, parce que ça devient particulièrement difficile de prendre soin des autres si on ne prend pas soin de nous. qu'est-ce que je leur dirais de façon très, très claire, puis c'est probablement ce que j'aurais aimé qu'on me dise, c'est que ce n'est pas une nécessité de s'épuiser pour aider les autres. Ce n'est pas une nécessité. Il n'y a rien qui t'oblige à t'oublier dans ce processus-là. Tu n'es pas obligé d'absorber toutes les souffrances. Tu peux aider sans... prendre les souffrances de l'autre pour le soulager. Tu n'as pas à absorber tout ça tout en repoussant tes propres besoins parce qu'à un moment donné, ça manque d'espace. Quand on prend toute la souffrance des autres, les besoins des autres sur nos épaules, à un moment donné, il manque de place pour notre propre souffrance, nos propres besoins. mais ils sont quand même là, mais ils sont bien bien écrasés dans le fond puis à un moment donné, ils vont se mettre à pousser tellement fort que là, ça va exploser donc personne n'est gagnant de ça, ça c'est certain ça veut dire pour moi d'être là, mais avec tes limites avec ton humanité avec ton droit au repos, parce que pour moi c'est le meilleur exemple que tu peux donner aux gens que tu veux aider, justement être cohérent dans ton message dans ce que tu leur enseignes et de l'appliquer pour toi, c'est aussi leur enseigner à le faire pour eux. Donc, mettre tes limites dans la relation d'aide, c'est aussi enseigner à la personne que tu accompagnes à mettre les siennes. C'est de lui permettre de se donner le droit de le faire. Parce qu'elle se dit, « Hé, si ma thérapeute le fait, ça veut dire que j'ai le droit. C'est pas mal. » Si tu ressens toute cette fatigue-là s'installer, cette lourdeur-là, ça ne veut pas dire que tu n'es pas à la hauteur. t'as peur que t'es une mauvaise intervenante, une mauvaise professionnelle, un mauvais thérapeute. Ça, c'est difficile. Parce qu'on se dit « Hé, j'ai échoué. Je suis supposée savoir quoi faire pour prendre soin de moi. C'est mon métier. Je ne suis pas à la hauteur. Je ne suis pas bonne. Je ne suis pas suffisante. » Mais ce n'est pas vrai. Ça n'a rien à voir. Ce n'est pas parce qu'on est talentueux dans quelque chose qu'on est toujours capable de mobiliser. nos forces et nos ressources dans tous les contextes, à tous les moments. Ça n'enlève rien à notre valeur. Ça n'enlève rien à nos compétences. En aucun cas. Donc, c'est important de faire cette distinction-là. Tu n'as pas besoin de t'éteindre pour être capable d'éclairer les autres. La lumière, elle peut briller pour les deux en même temps. Ça, c'est important. J'espère qu'on comprend. Oui. J'espère qu'on comprend ça. Je sais que rationnellement, la plupart d'entre nous, on le comprend très bien. mais que dans le concret du quotidien, c'est peut-être un petit peu moins facile à mettre en place.

  • Speaker #1

    Oui, j'ai l'impression que c'est un petit peu émotionnel, ce qui se joue. Tu vois, c'est comme s'il y avait des triggers, un petit peu de... Soit pour certains, que ce soit leur costume de sauveur ou autre costume quelconque pour prouver sa valeur. Et c'est surtout là que ça se joue. Parce que c'est vrai que dans la théorie... Tout le monde va dire, bien, évidemment, nous le savons.

  • Speaker #0

    Mais c'est pour ça que je parle de stopper la culture du burn-out, Sandra, parce qu'on ne peut pas être 100 % responsable d'avoir vécu un épuisement professionnel. Ça serait se mentir que de penser que notre guérison n'est que de notre propre responsabilité. Il y a un travail collectif à faire aussi, parce que si les gens se rendent jusque-là, toute cette pression qu'on peut se mettre, cette culpabilité-là, il se passe autre chose. Il faut intervenir à d'autres niveaux. Ce n'est pas juste un truc individuel. C'est un truc individuel parce que... on ne va pas s'en sortir. Il y a un travail beaucoup plus large de la façon dont on met de la pression sur les individus, justement, au niveau sociétal, pour en arriver à pouvoir espérer des guérisons profondes chez les gens, parce qu'on les renvoie dans leur milieu de travail et on fait un travail incroyable sur eux. On les renvoie dans leur milieu. Ça ne prend pas une semaine, deux semaines, un mois. C'est tout à recommencer. Oui. Donc, c'est fâchant. C'est vraiment fâchant.

  • Speaker #1

    Pourquoi foutrement vrai ? Qu'est-ce que tu nous racontes de toi et qu'est-ce qui te tient à cœur à travers tes épisodes de podcast de nous partager ?

  • Speaker #0

    Ce titre-là est important pour moi parce que, justement, comme je l'ai raconté précédemment, ça a été tout un travail pour moi d'assumer à 100% qu'il était d'être capable de le mettre au-devant. Donc, le fait d'être vrai... Dans sa vérité, c'est un lien direct avec apprendre à être à l'écoute de ses besoins, apprendre à écouter ses limites, les nommer, les exprimer. C'est aussi d'être capable de nommer les choses sans avoir honte. Les émotions qu'on ressent, les enjeux qu'on vit, d'être capable de les assumer aussi comme... faisant partie aussi de notre lumière, sur le coup, ce n'est pas toujours évident. Je sais que ça va être très cliché ce que je vais dire, mais ceux qui l'ont vécu pour la plupart vont être d'accord avec moi. Mon burn-out, pour moi, c'est un cadeau aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Je suis d'accord. Je suis complètement d'accord.

  • Speaker #0

    Merci, mon corps. parce que je ne sais pas combien de temps je vais continuer à être dans le déni. Donc, merci mon corps. Sur le coup, j'étais fâchée. Là, je m'en suis remis. Ça fait 11 ans, je pense que je n'y en veux plus. Mais oui, cette vérité-là de juste dire, on peut-tu être 100% nous-mêmes et arrêter d'avoir peur de ce que les gens vont en penser, arrêter d'avoir peur d'être rejeté parce qu'on assume qu'on est si... tout le monde était un peu plus dans sa vérité, oser un peu plus dire quand ils ne sont pas satisfaits, quand ça ne va pas, on arriverait à dialoguer, à trouver des solutions, des compromis, à avancer ensemble. Mais comme on a un peu appris à se taire, à s'ajuster tout le temps à l'autre, puis finalement, tout le monde part de son côté avec des malentendus. Bien moi, j'ai fait ça parce que je pensais que ça ferait son bonheur, puis finalement, je ne le savais pas. ça faisait pas son bonheur, parce qu'on ne s'est pas parlé, on n'a pas communiqué, on n'a pas nommé nos besoins. Je ne vais pas lui dire non, parce que ça va lui faire de la peine. Mais finalement, si on lui avait dit non, ça lui aurait peut-être rendu service, parce qu'elle aurait peut-être pris une pause. Donc, au final, on peut-tu juste se donner un petit peu plus le droit d'être vrai, de parler des vraies choses, d'arrêter d'avoir peur de vivre des enjeux, parce que je trouve que ça nous amène tous dans notre humanité, que tout le monde a oublié qu'il est imparfait. On peut-tu juste l'assumer ? On est tous imparfaits. Arrêtons d'avoir peur de parler de santé mentale quand on sait très bien, quand on regarde les statistiques, qu'il y a une forte proportion des gens dans leur vie, si ce n'est pas eux, en tout cas, ça va être un proche, va vivre des enjeux de santé mentale. Donc, tout le monde passe par là. Je veux dire, puis le fait de ne pas en parler, ça rend service à personne parce que là, on reste isolé dans notre honte, dans notre peur. On n'en parle pas, on ne va pas chercher d'aide, on ne se fait pas soutenir parce qu'on a peur de le nommer, tout simplement. Si d'autres le faisaient avant nous, Ah, OK, elle aussi. Peut-être que là, je peux m'autoriser à le vivre ou sentir que je ne suis pas une merde parce que je vis ça.

  • Speaker #1

    C'est un super message. C'est vraiment un super message. Et puis, c'est un titre sacrément badass aussi. C'est un autre podcast sacrément badass, moi, je trouve.

  • Speaker #0

    C'est un podcast sacrément badass.

  • Speaker #1

    Absolument. De quoi tu as besoin, toi, pour te foutre la paix ? Qu'est-ce qui marche pour toi ?

  • Speaker #0

    Bien... Au stade où j'en suis, c'est des rappels que j'ai besoin, en fait. Parce que je sais déjà tout ce que j'ai à faire, mais j'ai besoin de me le faire rappeler continuellement. Je l'ai dit tout à l'heure, on reste fragilisés. C'est facile de retomber dans nos vieilles habitudes. Donc, des rappels, ce qui veut dire d'être accompagné. Pour moi, être accompagné, ça sera toujours une nécessité. Pas parce que j'ai vécu un burn-out, je pense que tout le monde a besoin d'avoir des gens autour d'eux qui ont une certaine neutralité et qui peuvent les aider à prendre le pas de recul, qui n'est pas toujours évident de prendre quand on court à 100 000 à l'heure, à longueur de journée. Donc, être accompagné, ne jamais croire que c'est acquis ou 100 % réglé. puis le fait de me le répéter continuellement justement ça fait que je ne me mets pas des œillères et je reste alerte donc être capable de prendre le recul aussi avoir des habitudes qui m'obligent à me questionner prendre du recul observer c'est ce qui m'aide à me foutre la paix ultimement parce que comme se foutre la paix c'est de donner le droit d'être humain Il faut se connecter à nos besoins, il faut se connecter à nos enjeux, à nos limites, etc. Pour ça, il faut prendre du recul. Pour moi, c'est la base. Au moins, chaque jour, idéalement, de revenir à moi, de m'arrêter, si ce n'est pas par écrit, au moins dans ma tête, et de me demander de quoi j'ai besoin ici et maintenant. Pas dans un mois quand je vais être en vacances. Ici et maintenant, de quoi j'ai besoin, qu'est-ce qui me ferait du bien. Pas pour aller 100 % mieux, juste 1 %. Si je peux juste envisager de me sentir un peu mieux aujourd'hui de 1 %, il y aura quand même au moins une action qui sera prise. Parce que quand on attend toujours d'être dans le 100 %, on ne prend jamais action finalement, on n'a jamais le temps pour faire quelque chose qui va nous amener à 100 %. Ça n'arrive juste pas. Donc, 1 % c'est un objectif qui a du sens selon moi pour insérer ça dans notre quotidien.

  • Speaker #1

    Une des choses que j'avais beaucoup aimé, dans ta formation en business sans burn-out, c'était cette stratégie du 1%. OK, aujourd'hui, ça ne va pas, c'est une journée de merde. Bon, ça ira, espérons-le, mieux demain, mais en attendant, il va falloir que la journée se finisse. Qu'est-ce que je vais faire ? Ouais, allez, 1%, 1%, c'est peut-être gérable. J'avais beaucoup aimé cette stratégie-là. Je l'utilise encore très régulièrement.

  • Speaker #0

    La question que je pose pour les personnes qui veulent la noter, c'est... qu'est-ce que je peux faire ici et maintenant, donc dans l'instant présent, pour me sentir mieux, ne serait-ce que de 1% dans ma tête, dans mon cœur, dans mon corps. On peut choisir juste un des trois. Pas obligé d'être les trois, mais la tête, le cœur, le corps, 1%. On garde ça en tête. On trouve un petit quelque chose et on le fait tout de suite. On est en train d'enseigner à notre cerveau aussi et à notre corps. Tu es assez important pour que je te priorise tout de suite. Et ça, c'est important.

  • Speaker #1

    L'exercice du 1%, c'est vraiment un tout petit truc. Ça paraît rien, mais en fait, un jour où ça ne va pas, ça peut être tellement tout. J'aime vraiment beaucoup ce que tu as amené avec cet exercice-là, qui te permet juste d'accepter tes capacités et tes limites à un instant T, et que malgré ça, tu es quand même capable de faire un petit truc là maintenant, tout de suite, pour que ça aille un petit peu mieux.

  • Speaker #0

    C'est de ramener la simplicité parce que c'est fou à quel point on a complexifié le bonheur. C'est rendu complexe les routines, tout ce qu'on doit avoir, ce qu'on doit faire pour considérer qu'on a une vie épanouie et heureuse. Ce qu'on peut revenir dans la simplicité, ce sont ces petites choses du quotidien, ces petites actions accumulées qui font une différence. Ces petits moments de bonheur, ne serait-ce que cinq minutes qu'on vit à fond, qu'on arrive à... à s'imprégner de ces petits moments-là qui vont faire la différence. C'est le fait qu'on a tellement complexifié ça qu'il n'y a plus personne qui a l'impression d'être capable d'y arriver. Finalement, c'est très décourageant.

  • Speaker #1

    Oui. Est-ce que toi, tu as des routines anti-anxiété qui te font du bien ? Les trucs qui marchent pour toi, est-ce que tu en as ? Et est-ce que tu as envie de nous les partager ?

  • Speaker #0

    Bien oui, tu vas rire. Parce que je veux dire, avant toute chose, c'est de me foutre la tête. C'est très créatif, je le sais. Mais je pense que ce qui m'a aidée le plus, c'est de travailler sur le focus de ce que je peux réellement contrôler. Ça, ça a fait une différence pour moi. C'est fou à quel point on met souvent de l'énergie sur des choses sur lesquelles on n'a aucun pouvoir. Donc, juste de retourner mon focus. OK, il y a cette situation-là. Là, tout ça, je ne le contrôle pas. Mais où est-ce que je peux mettre du pouvoir, justement ? Je trouve qu'en ce qui concerne l'anxiété, justement, reprendre son pouvoir, c'est une arme ultra-puissante. parce que souvent, on est dans l'anticipation d'une situation qu'on ne sait pas ce qui va arriver. Donc, j'aime me faire des scénarios. OK. C'est quoi le pire qui pourrait arriver ? Puis c'est quoi mon plan de match si on arrive dans le pire ? C'est quoi les actions que je peux mettre en place ? Donc, je suis prête au pire. Il n'est pas le fun, le pire, mais j'ai un plan de match. Puis c'est quelque chose que je recommande. Je ne vis pas beaucoup d'anxiété personnellement. Moi, je suis plus dans les pensées dépressives, dans mes enjeux, que dans l'anxiété. Mais quand j'accompagne des personnes qui en vivent beaucoup, j'aime beaucoup les aider à se créer des plans de match et à s'assurer d'avoir tout ce qu'il faut avec eux. pour réaliser leur plan de match. Donc, si on sait, par exemple, que ça peut être difficile pour nous de se retrouver en public, assure-toi d'avoir une petite pause peut-être dans ta voiture avec des choses qui... Tu vas pouvoir te rendre dans ta voiture, tout simplement ouvrir ta boîte puis avoir des choses pour te sentir mieux. Donc, je leur enseigne que la seule chose à retenir, c'est rends-toi à cet endroit-là ou rends-toi à ta trousse. Et dedans, on va avoir prévu des choses qui vont t'aider quand ça va aller bien. Parce que quand ça va moins bien, c'est plus... le temps de chercher des solutions. Ça prend quelque chose rapidement qu'on peut activer pour aider à faire redescendre les choses. Donc, ça simplifie de juste, tout ce que j'ai à retenir, c'est « Rends-toi là » . Ou « Ouvre ta sacoche, sors un sac à main » . Ici, on dit une sacoche. « Ouvre ton sac à main et sors telle chose » . Donc, de s'assurer de l'avoir un peu planifié à partir de situations vécues qui ont été difficiles. quand ça va mieux, on repasse ces situations-là et on essaie de voir la prochaine fois ce que je peux mettre en place. D'où l'intérêt d'être accompagné. Parce que quand on vit la chose, souvent on pense que c'est là qu'on va trouver les solutions. Mais c'est normal, on est complètement figé. Tu ne peux pas rien amener de nouveau dans cette situation-là. Tu peux travailler les enseignements, changer les mécanismes quand ça va bien. Donc, il faut le travailler après la situation, voir qu'est-ce que la prochaine fois, je vais pouvoir mettre en place. Donc, on crée les chemins dans le cerveau quand le cerveau a toute son ouverture, son espace pour apprendre des nouvelles choses. Pas quand il est en mode survie et que là, tout ce qu'il cherche, c'est survivre. Ça, c'est impossible de dire, fais ça, fais ça, fais ça, ou calme-toi, respire, ça va aller mieux. Plaque dans le visage. C'est capable. Une personne qui est en crise de panique, elle n'a pas besoin de se faire donner 12 conseils sur comment gérer son anxiété. Il faut juste qu'elle se ré-ancre dans son corps. That's it. Et qu'elle dise à son corps, je suis en sécurité. C'est la seule priorité.

  • Speaker #1

    Absolument.

  • Speaker #0

    Voilà pour mes petits trucs. Il y en avait un autre que je voulais donner rapide. qui m'aide beaucoup, que ça, c'est une valeur ajoutée. Je pense que c'est le fameux coût. Donc, de simplement conscientiser le coût réel des choses. Donc, quand je veux dire oui à quelque chose, avant de dire oui à quelque chose, de simplement me demander c'est quoi le coût en ressenti, c'est quoi le coût en énergie, c'est quoi le coût en temps et c'est quoi le coût en argent. Donc, juste de conscientiser un petit peu, est-ce que j'ai les ressources dans ma banque actuellement pour me permettre cette Ausha. Donc, de travailler avec cette notion de coup-là, moi, ça m'aide vraiment beaucoup pour prendre soin de mon énergie, notamment. Et quand on prend soin de notre énergie, je pense sincèrement qu'on a moins un terreau fertile à l'anxiété, justement.

  • Speaker #1

    J'ai lu un truc complètement what the fuck sur toi.

  • Speaker #0

    C'est peur.

  • Speaker #1

    J'ai lu que tu as été officier dans l'armée. Alors, au début, je me suis dit, non, mais elle a dû être scout, un truc comme ça.

  • Speaker #0

    du coup ça ressemble quand même dans le sens que vous n'avez pas ça chez vous l'armée aussi,

  • Speaker #1

    pas une grande non, non, non,

  • Speaker #0

    c'est pas la même chose le mouvement des cadets c'est pas la même chose, il faut comprendre que ça ressemble un peu au scout, c'est juste que c'est chapeauté par l'armée, donc il faut comprendre que c'est beaucoup plus dans le loisir que Dans le militaire, c'est juste qu'il y a tout le décorum relié à l'armée, donc les uniformes et tout et tout. Mais ça ressemble quand même au scout. Mais oui, c'est vrai que c'est quelque chose qu'on me ramène souvent, cette espèce de contradiction. Mais ça fait du sens quand on comprend dans quoi ça s'est inscrit. Moi, quand j'avais 12 ans, parce que le mouvement des cadets, en fait, c'est de 12 à 19 ans. C'est un mouvement de jeunes qui est bon. Et après ça, moi, j'ai continué pour devenir l'adulte qui prenait soin et qui enseignait à ces jeunes-là. Et ça, ça s'inscrit à devenir officier dans l'armée, mais j'étais seulement officier pour m'occuper des cadets. Je n'aurais pas été déployée à la guerre s'il y avait eu une guerre parce que mon enseignement, on m'apprenait à être pédagogue, on m'apprenait à encadrer des jeunes. Donc, ce n'est pas tout à fait la même chose. Mais je comprends que vous n'avez pas la référence. Tandis qu'ici, quand on parle du mouvement des cadets, les gens vont dire « Ah, tu étais officier dans les cadets, ce n'est pas pareil. » Mais à 12 ans, je me suis auto-enrôlée là-dedans parce que je n'avais aucun corps. J'étais dans une famille dysfonctionnelle. On me laissait avec mon grand frère les fins de semaine. Ma mère partait chez son amoureux. Mon frère de 4 ans de plus que moi me gardait, mais mon frère, toxifomane, avec des fréquentations très douteuses, s'occupait de moi. La vérité, c'est que je jouais l'adulte pour mon grand frère. Donc, je me suis auto-enrôlée parce que j'avais besoin d'un cadre. Et j'ai cette force depuis tout... petite, en fait, cette résilience d'aller chercher le soutien où j'en ai besoin. Quand j'étais petite, j'habitais près de l'école primaire, j'allais moi-même, en dehors des heures de classe, aider les enseignants à préparer la classe, par exemple, avant que l'école commence, pendant les vacances, etc. Je cherchais des adultes significatifs pour me soutenir. J'ai toujours fait ça. auto-enrôlé là-dedans, avec un cadre très, très strict. Et ça a eu beaucoup de bien, en fait, parce qu'il y a beaucoup de positifs dans ce mouvement-là, qui fait que ce soit le leadership, la discipline, mais pas dans le sens exagéré, l'autodiscipline, le fait d'enseigner, l'entraide, le soutien, le travail d'équipe, etc., qui fait en sorte que ça m'a permis d'être une meilleure professionnelle et d'acquérir des compétences très jeunes. À 17 ans, quand j'ai quitté la maison, j'avais déjà un très bon CV et une belle crédibilité qui m'a permis d'avoir des emplois intéressants tout de suite parce que j'avais fait ce mouvement-là. Je me suis rentrée là-dedans parce que j'avais un besoin de cadre. Mais je veux m'en suivre moi-même, sortie aussi, parce que le cadre m'étoupait finalement. Donc, j'ai eu besoin d'installer le cadre. Puis éventuellement, je me suis rendue compte que je ne fitais pas dans cette boîte-là, que ça ne faisait pas de sens pour moi, que j'étais une âme libre et que j'avais besoin de faire ce que j'avais envie. Mais ça a été quand même une nécessité pour moi d'aller toucher cet extrême-là pour aller retrouver l'équilibre un petit peu dans le cadre, ce qui me convenait moins. Fait que je suis contente de l'avoir fait. Je comprends. Je ne regrette pas du tout. Je comprends. Mais c'est vrai que ça peut paraître étrange quand on voit... l'humaine que je suis devenue aujourd'hui de faire, hein ? C'est moi qui ai eu les cheveux bleus, qui ai fait des manifestations, anti-mondialisation, une vraie woke, là, que dans la politique de gauche, depuis 20 ans, j'ai été aussi dans l'armée. OK, voilà. Maintenant, vous savez pourquoi.

  • Speaker #1

    En fait, t'es allée chercher le mode d'emploi dont t'avais besoin, et quand t'as compris comment ça fonctionnait, t'as fabriqué le tien et t'es partie.

  • Speaker #0

    C'était pas mal ça. Puis en même temps, j'avais besoin d'un clan aussi. J'avais pas de clan. Les humains, on est des êtres sociaux, on a besoin d'être entourés. Les seuls modèles que j'avais autour de moi, ce n'étaient pas des modèles qui me convenaient. Très jeune, je n'étais pas bien avec mon modèle familial. Je n'étais pas bien avec ce que je voyais. Ce qui est triste, c'est que ça a rendu mes relations familiales encore plus difficiles parce que j'étais le mouton noir de cette famille. Donc, on me rejetait encore plus parce que j'étais trop parfaite. Je réussissais trop bien à l'école, je faisais trop bien les choses. Donc, je tapais sur les nerfs de ma famille. Mais en quelque sorte, moi, je me cherchais des modèles qui allaient plus dans cette direction-là. Puis c'est comme ça que je les ai trouvés où je les ai trouvés quand ils étaient disponibles. Ce n'étaient pas des modèles toujours comme 100 % idéaux, mais c'est ceux-là qu'il y avait dans ma petite ville de campagne. Et j'ai pris ce que j'ai trouvé. J'ai aussi servi la messe, alors que je suis athée, débattue depuis longtemps. Mais quand j'étais très jeune, je me suis autour enroulée. pour aller servir la messe à l'église, encore une fois, parce que je cherchais des adultes pour s'occuper de moi. À un moment donné, je suis partie, mais tu sais... C'est ça. J'ai trouvé le soutien que j'avais besoin où il était disponible, en fait. C'est ça, tout ça.

  • Speaker #1

    Ça fait sens. Je trouve que tu as une super force de volonté, en fait, depuis très jeune, à savoir ce que tu veux. Je pense que tu as très vite compris que ce n'est pas parce que dans ta famille, ça se passait de cette façon que ça voulait dire que ça devait être ton paradigme à toi. Exact. Et je trouve ça vraiment... Je trouve que c'est un beau message, en fait. Un bel exemple de résilience, un bel exemple de volonté et un beau message d'espoir pour les personnes qui peuvent être peut-être dans une situation similaire ou qui ressemblent, de se dire « ok, moi aussi je peux faire quelque chose » .

  • Speaker #0

    Je crois que c'est simple parce que des fois ça demande d'accepter d'être rejeté par une partie des gens qui nous entourent, ça demande de couper des ponts, de se créer une nouvelle famille. Donc, je ne veux pas dire, ah, voilà, je vous ai servi la solution. Ce n'était vraiment pas facile à faire. Et ça demande d'être entourée, d'avoir du soutien aussi pour prendre des décisions comme ça. Puis ça s'est fait, en ce qui me concerne, de façon quand même assez inconsciente. C'est les mécanismes de survie que j'ai développés depuis ma naissance, en fait. Il faut savoir que j'avais un trouble de l'attachement. Donc, je me suis rapidement un peu placée en contradiction avec ma famille. Donc, ça n'a pas fait que du positif finalement. Puis, c'est important de mettre de la lumière sur ce qui est positif dans ce cheminement-là, mais il y a quand même eu beaucoup d'enjeux aussi à choisir ce chemin-là, qui n'est pas toujours un chemin simple. Mais si ça peut donner de l'espoir, par exemple, que c'est possible de se sortir un peu de... de cet environnement qui peut être toxique, mais ça prend du temps du soutien, de l'accompagnement.

  • Speaker #1

    Où est-ce qu'on peut te trouver si les auditeurs ont envie de venir te contacter ?

  • Speaker #0

    Sur les réseaux sociaux. Annie au jour le jour, donc que ce soit Facebook, Instagram, LinkedIn. Par contre, je suis plus active sur Instagram et en ce moment, quand même, relativement en pause de réseaux sociaux. Donc, j'ai des cycles dans la vie où je me redéfinis aux cinq ans. Donc, je suis dans un de ces cycles. Donc, moins présente, mais on a accès à tous mes outils, toutes les choses que j'ai construites, bâties via les liens dans les bios de ces différents réseaux sociaux-là. Il y a mon site web aussi, tu vas mettre les liens. Le podcast est en pause aussi, mais il y a quand même 17 épisodes déjà qui sont en ligne et qui sont très, très pertinents. Je vous invite les gens à le découvrir. Puis, même si je publie moins, je suis là. Donc, on peut m'écrire, on peut venir ouvrir la discussion. S'il y a des gens qui ont envie de poursuivre la conversation autour de notre sujet d'aujourd'hui, ça me fera plaisir de le faire.

  • Speaker #1

    Je vais laisser tous les liens dans la description de l'épisode. Et puis, la toute dernière question sur une note plus légère. Il y a quoi dans ta playlist en ce moment, Annie ?

  • Speaker #0

    J'ai bien aimé ta question. Là, tu parles de playlist générale, musique, podcast.

  • Speaker #1

    Absolument. Absolument tout ce qui te… tout ce qui est du moment.

  • Speaker #0

    En fait, dans un désir de me foutre la paix, justement, j'ai un petit peu tassé tout ce qui était très éducatif et très... Tu sais, j'écoutais beaucoup de livres audio, beaucoup de podcasts. J'ai pris un peu une pause, justement, pour revenir à mon amour de la musique et de façon plus intentionnelle parce que depuis des années, j'écoutais toujours de la musique en fond de quelque chose d'autre. Et là, j'ai recommencé à aller voir les artistes que j'aimais beaucoup, aller voir les albums que j'avais manqués, qu'ils avaient sortis, et écouter plus intentionnellement, vraiment en étant dans le moment présent avec la musique, plutôt que toujours avoir la musique en fond. Parce que je suis musicienne, c'est vraiment une passion pour moi, la musique. Alors, je commence à le faire justement plus dans le plaisir, moins dans l'utilité.

  • Speaker #1

    C'est quoi ton instrument ?

  • Speaker #0

    Moi, je suis flûtiste. Donc, j'ai joué de la flûte traversière dans des orchestres pendant de nombreuses années. Mais mes goûts musicaux ne sont pas dans le classique, forcément.

  • Speaker #1

    Alors, il y a quoi dans ta playlist ? Réponds à la question, Annie Prémaux !

  • Speaker #0

    Parce que la fait, c'est que c'est dur de répondre parce que j'ai des playlists pour tout. J'aime tellement tous les styles, sauf le heavy metal et le country. Tout le reste, il y a le metal. Le métal instrumental, tu sais, qu'il y a du classique dedans avec des chants d'opéra ou certains instruments, ça, ça peut passer. OK ? Mais j'aime plein de choses. Donc, j'aime particulièrement tout ce qui est indie, post-rock, folk-rock. Mon groupe vraiment de cœur mythique, c'est Sigur Rós, qui est un groupe qui se l'appelle. J'aime beaucoup la musique islandaise. J'aime beaucoup la musique un peu dépressive, comme The National, Other Lives, qui sont des groupes qui sortent un goût de pleurer quand tu écoutes leur musique, mais ça vient chercher un peu mon côté... Très émotionnelle, j'aime ça, cette musique-là.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    Mais il y a aussi de la musique super enjouée, il y a de la musique du monde, de la musique africaine, de la musique... Honnêtement, ça va dans toutes les directions, fait qu'il n'y a pas forcément de cohérence dans mes playlists. C'est plus l'émotion de l'envie d'aller chercher qui va m'aider à construire des playlists selon les différentes émotions ou envies que j'ai. Donc, voilà.

  • Speaker #1

    Eh bien, merci, Annie. d'avoir accepté de partager le micro de Mission Anxiété Zéro aujourd'hui. On arrive déjà à la fin de cette interview. Ça a passé super vite. Un énorme merci pour ta présence ici, pour ton partage, pour tes confidences, pour avoir partagé ton histoire, pour avoir partagé des astuces, pour aider simplement, pour permettre aux personnes d'avoir des prises de conscience qu'en fait, on est assez. quoi qu'on traverse, en fait, on est assez. Un grand merci.

  • Speaker #0

    On se retrouve très bientôt.

  • Speaker #1

    Et tu reviens, bien sûr, dans le podcast, quand tu veux. À très bientôt, Annie.

  • Speaker #0

    À bientôt.

  • Speaker #2

    Tu n'as pas besoin de t'éteindre pour éclairer les autres. C'est la chose que je retiens de cet épisode. Annie nous a offert un témoignage bouleversant, mais surtout des outils concrets pour se relever. Ce qui force le respect chez Annie, ce n'est pas seulement son parcours, Mais c'est surtout sa capacité à transformer un passé douloureux en un chemin de résilience. Sa volonté, son honnêteté et sa force tranquille sont d'autant d'invitations à te choisir, toi aussi, dès aujourd'hui. Tu trouveras tous ces liens et ressources en description de l'épisode. Si cet épisode t'a plu, je serai évidemment gratitude si tu laissais 5 étoiles sur ta plateforme d'écoute préférée. Pense aussi à t'abonner pour ne rien manquer ou à partager l'épisode à quelqu'un qui pourrait avoir besoin. d'entendre ça aujourd'hui. On se retrouve très vite dans un prochain épisode et n'oublie pas, quoi que tu traverses, tu n'es pas seul.

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Description

Tu veux aider, soulager, soutenir. T’es là pour tout le monde, tout le temps. Mais à force de porter le monde sur tes épaules, est-ce que tu t’es déjà demandé : et moi, dans tout ça ?

Dans cet épisode profondément humain et sans tabou, je reçois Annie Prévost, intervenante en santé mentale et hôte du podcast Foutrement Vrai.es. Ensemble, on parle d’un sujet qui touche en plein cœur : l’épuisement dans la relation d’aide.


💥 On y parle :

  • de burn-out, bien sûr, et de comment le corps finit par dire STOP quand on ne l’écoute plus ;

  • du syndrome du sauveur, de cette envie de bien faire… jusqu’à l’oubli de soi ;

  • de la difficulté à mettre ses limites quand on travaille avec l’humain ;

  • et de ce que ça veut vraiment dire, se foutre la paix.

Un échange vrai, nuancé, parfois brutal… mais toujours plein de bienveillance et d’espoir.

Que tu travailles dans la relation d’aide ou que tu sois juste épuisé·e de toujours devoir être fort·e pour les autres, cet épisode est pour toi.


Les ressources d'Annie :

https://podcasts.apple.com/fr/podcast/foutrement-vrai-es/id1737064891

https://www.aujourlejour.ca/liens

https://annieprevostaujourlejour.thrivecart.com/le-deprocrastinateur/

IG @annieaujourlejour
LI https://www.linkedin.com/in/annieaujourlejour/



➡️ Télécharge gratuitement le Patch Anxiété Zéro, je t'y guide pas à pas pour apprendre à gérer tes crises d'anxiété en autonomie : https://www.s-konsult.com/anxiete-zero/patch-anxiete-zero


➡️ Réserve ton appel découverte gratuit pour rejoindre l'accompagnement Mission Anxiété Zéro - l'Antidote et venir à bout de ton anxiété :

https://bit.ly/3PJohK4


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@crédits audio du générique : Anthony Chognard CHS Prod


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Tu sais, ce moment où ton corps te lâche, où il t'oblige à t'arrêter net parce que t'as pas su l'écouter à temps, où tu t'effondres alors que tout le monde pensait que t'étais la plus forte ou le plus fort ? Si tu as déjà connu ça, cet épisode va te parler profondément. Dans ce 22e épisode de Mission Anxiété Zéro, on ouvre un espace sans tabou dans lequel on va parler de burnout, de surresponsabilité, de syndrome du sauveur et surtout de comment apprendre à se foutre la paix. Et crois-moi... Mon invitée du jour est foutrement vraie et sait exactement de quoi elle parle. On se retrouve après le générique. Bienvenue dans Mission Anxiété Zéro. Ici, c'est ton safe space sans langue de bois dans lequel je vais t'aider à questionner tes automatismes émotionnels. Moi, c'est Sandra. Je suis sophro analyste et ma mission, c'est d'accompagner mes clients à prendre soin de leur bien-être mental pour être plus heureux, mieux concentrés et mettre plus de sens dans leur quotidien. Alors si toi aussi tu cherches des solutions concrètes et actionnables pour gérer tes émotions et mettre ton anxiété à zéro, installe-toi, tu es au bon endroit. Bienvenue Annie au micro de Mission Anxiété Zéro. Un grand merci d'avoir accepté l'invitation. Comment vas-tu ?

  • Speaker #1

    Je vais bien. Ça fait un petit moment que je n'ai pas enregistré de podcast, alors je suis vraiment, vraiment enthousiaste, excitée d'être avec toi aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Tu vas reprendre avec des bonnes conditions aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Je le sers bien.

  • Speaker #0

    Je t'ai invitée aujourd'hui pour papoter sur le thème de se foutre la paix quand on travaille dans la relation d'aide, et pas que. Mais avant de plonger dans le vif du sujet, je vais parler un peu de toi, de qui tu es et de comment on s'est connus pour permettre aux auditeurs qui ne te connaîtraient pas encore de placer un peu de contexte autour de ça. Alors, tu es Annie Prévost, tu travailles dans la relation d'aide depuis une vingtaine d'années, tu es thérapeute dans la relation d'aide et, comme tu le dis toi-même, tu contribues à prendre soin de celles et ceux qui prennent soin des autres. Tu vis au Canada, dans la province du Québec et tu es maman de deux enfants et tu es également la maman du podcast Foutrement Vrai, qui a pour mission de briser les tabous autour de la santé mentale Merci. et d'abolir la culture du burn-out. C'est un podcast que je recommande vivement aux auditeurs d'aller écouter parce que tes épisodes, c'est juste des ressources géniales à la fois pour s'éduquer et pour décomplexer en même temps. Et c'est un des rares podcasts qui nourrit réellement mon besoin de stimulation à la réflexion sur la santé mentale. Les auditeurs pourront retrouver bien sûr le lien pour te découvrir dans la description de l'épisode. Et nous, on s'est rencontrés parce qu'à la base, j'ai suivi ta formation en business sans burn-out. Et suite à ça... Je t'ai contactée pour te demander de faire partie de mon équipe stratégique pour monter mon programme d'accompagnement Mission Anxiété Zéro, l'antidote. Parce que j'ai tout de suite su que tu comprendrais les vrais enjeux et le sérieux dans ma démarche de proposer un accompagnement thérapeutique de haute qualité et qui se démarque sur le marché de la thérapie. Parce que tu comprends et tu connais les mécanismes de fonctionnement de la psyché. Tu connais aussi, si je peux dire... les... les pièges ou les aléas de quand on travaille dans la relation d'aide dans lesquelles ne pas tomber et qui sont super importants quand on est thérapeute ou qu'on travaille dans la relation d'aide, on va en parler tout à l'heure, et surtout lorsqu'il est question de bien-être mental et d'anxiété. Et en réalité, il y a tellement de choses qui se jouent là-dedans que c'est super important. Et pour moi, en tout cas, travailler avec toi, c'était vraiment... Je suis super contente que tu aies accepté de travailler avec moi parce que je pense que je te l'ai déjà dit, pour moi, tu joues vraiment un rôle de... deuxième cerveau et de maman. Et ça, c'est vraiment super, tu vois. Alors, est-ce que j'ai tout dit dans ta présentation ou est-ce que tu souhaites corriger des choses ou ajouter quelque chose ?

  • Speaker #1

    Ben écoute, je pense que de toute façon, quand il s'agit de se présenter, ça pourrait être très long, ça dépend toujours ce qu'on veut dire, mais globalement, ce que t'as partagé est très juste. J'aime bien maintenant utiliser le terme intervenante en santé mentale. Parce que je me suis un petit peu plus éloignée de la thérapie. Maintenant, je fais plus de la consultation, de la formation, de l'intervention. Mais grosso modo, ma mission, c'est vraiment ancrer dans la prévention de l'épuisement, dans la gestion du stress. Donc, voilà, c'est tout juste.

  • Speaker #0

    OK. Donc, Annie, ma bien chère Annie, qu'est-ce qui t'a amenée dans ton parcours à te tourner vers la relation d'aide ?

  • Speaker #1

    Wow, c'est une belle question. Parce que pour moi, je pense que ça fait partie de ma personnalité, en fait. Dans le sens où depuis que je suis toute petite, et ça remonte à aussi loin que mes peut-être 5-6 ans. J'ai toujours été tournée vers ce besoin d'aider l'autre. On me surnommait déjà Mère Thérésa à cet âge-là. Donc j'avais vraiment cet élan de vouloir faire des choses pour aider, pour rendre service, pour enseigner, partager, accompagner. J'étais celle dans la cour d'école qui se préoccupait toujours de ceux et celles que les autres mettaient de côté. Donc, c'est vraiment très, très fort en moi. Alors, j'ai toujours su que je ferais ça. Petite, je pensais que j'allais être médecin sans frontières. C'était l'objectif initial. Et avec le temps, ça s'est transformé un peu plus précisément. Mais il y a quand même eu quelques détours dans le sens où au départ, j'ai fait mes études pour devenir médecin que j'ai abandonné en cours de route. Mais mon premier emploi a tout de suite été dans la relation d'aide. Alors, c'est ce qui m'amène à plus de 20 ans d'expérience. Et j'ai touché à toutes les clientèles, dans tous les contextes. Je l'ai expérimenté vraiment beaucoup. Et ça a toujours été très, très clair pour moi que, peu importe la façon que j'allais le faire ou le contexte dans lequel j'allais le faire, il y allait toujours avoir ce rapport à l'autre. Mais évidemment, ça s'est transformé avec le temps, de par mes expériences aussi, par un burn-out. On va le nommer, comme c'est, en 2014, un presque deuxième par la suite. Donc, c'est sûr que ça s'est transformé, mais cet appel de présence, d'accompagnement, de soutien, d'enseignement, il est là depuis toujours. Donc, c'est ce qui m'a amenée dans la relation d'aide, même si j'ai eu à me redéfinir à plusieurs reprises dans mon parcours.

  • Speaker #0

    D'accord. Est-ce que tu peux expliquer ce que c'est la relation d'aide pour toi ?

  • Speaker #1

    Bon, là, la relation d'aide, c'est important de comprendre que... Il y a une différence entre la relation d'aide et le soutien à l'autre, par exemple. À la base, à peu près tout le monde a l'occasion, à un moment donné dans sa vie, d'être en relation d'aide, en quelque sorte, d'entraide, de soutien avec d'autres êtres humains. Mais quand on parle vraiment de la relation d'aide d'un point de vue professionnel, c'est différent. Et c'est là peut-être que c'est un enjeu pour plusieurs personnes. Ça l'a été pour moi aussi. Ça a été de distinguer, justement. Le désir de sauver les gens, de soutenir, d'être présent, de la relation d'aide qui a un contexte, qui a un cadre qui est important de fixer. Donc, de distinguer les deux et d'être capable peut-être de naviguer dans les deux. Donc, c'est-à-dire que quand on est dans notre vie personnelle, de faire attention de ne pas forcément tomber dans le cadre de la relation d'aide et à l'inverse, quand on est dans la relation d'aide, de faire attention de ne pas tomber dans le cadre. de la sympathie et du surinvestissement relationnel qu'on pourrait avoir avec des proches, par exemple. Donc, pour moi, ce qui va vraiment distinguer les deux, c'est d'abord et avant tout l'intention. Donc, c'est certain que quand on est dans un cadre de relation d'aide, l'intention, elle est très claire. C'est-à-dire que vraiment, il y a un contexte précis. La personne exprime un besoin et nous, notre objectif, c'est de l'accompagner à travers ce besoin-là. Donc, versus... Au quotidien avec les gens, on n'a pas forcément réfléchi à une intention quand on agit à titre de soutien avec ces personnes-là. Ensuite, évidemment, il y a le cadre, la posture. Et c'est pour ça que les études sont importantes et que malheureusement, on le sait, c'est pareil en France qu'au Canada. Il y a des gens qui vont s'improviser dans la relation d'aide, mais il y a un cadre et une posture qu'on doit apprendre, qu'on doit comprendre aussi. avec une certaine distance aussi émotionnelle, une structure dans les rencontres, des méthodes, des approches aussi qui ont fait leur preuve. On ne peut pas faire n'importe quoi, ouvrir des portes et après ça jamais les refermer puis espérer que la personne s'en sorte. On a une certaine responsabilité professionnelle en lien avec les portes qu'on ouvre, avec les gens qu'on accompagne. Et il y a aussi l'unidirectionnalité. Alors ça, ce que ça veut dire en gros, c'est que dans le cadre de la relation d'aide, le focus est mis sur la personne qu'on aide. Donc théoriquement, cette personne-là n'est pas là pour répondre à mes besoins à moi, elle n'est pas là pour m'écouter moi, je suis là pour elle. Versus dans une relation interpersonnelle où évidemment il y a un échange continuel. Ce qui ne veut pas dire que la compagnie n'a rien à nous apporter et qu'on ne va pas apprendre de cette personne-là évidemment. Mais moi, mon focus, il est uniquement sur cette personne-là et ses besoins. Donc c'est très important de protéger cet espace-là et d'éviter de projeter par exemple mes ressentis, mes propres expériences sur la personne que j'accompagne. Puis finalement, il y a toute la question de la responsabilité, comme je disais précédemment, l'éthique professionnelle aussi. Encore là, ce sont des choses qui ne sont pas toujours légiférées, ne sont pas toujours claires, ça dépend des professions de la relation d'aide. Par exemple, certaines professions vont être très, très encadrées par des ordres professionnels, par des codes d'éthique très précis et d'autres un peu moins. Tout ce qui touche le coaching, notamment, c'est pas vraiment encadré. Donc, ça demeure parfois un petit peu difficile pour la personne qui est accompagnée de se sentir aussi en sécurité et protégée parce que il n'y a pas forcément les mêmes cadres pour tout le monde et on ne sait pas si on est toujours entre bonnes mains. Pour moi, c'est ça, en fait, la relation d'aide, la différence entre les deux. Et c'est très, très important pour moi de rappeler que quand on parle de relations d'aide, il doit y avoir des balises claires. Il doit y avoir des choses claires qui sont exprimées dans les attentes et dans les limites aussi de ce qu'on peut faire pour cette personne-là. Donc ça, on ne va pas toujours faire non plus ou être en mesure de faire dans nos relations personnelles. Et on ne se choisit pas forcément dans nos relations interpersonnelles. nos parents, notre famille, etc. Mais je pense que dans la relation d'aide, on peut se choisir. Donc, on peut choisir notre thérapeute, notre thérapeute peut choisir les clients avec qui il a envie de travailler. Et ça fait une différence quand même assez importante, je pense.

  • Speaker #0

    Comment est-ce qu'on gère les relations d'aide, justement, dans un contexte hors professionnel ? Parce qu'on a toujours une forme de, elle est comme une forme de matrixage professionnel qui reste, tu vois, un petit peu, ces défauts professionnels où tu vois les choses. Mais quelque part, quand tu es formé, tu sais très bien que les seules personnes que tu pourras réellement jamais vraiment aider, c'est les personnes que tu aimes au final. Et j'observe quand même que chez beaucoup de personnes qui travaillent dans la relation d'aide, que ce soit des thérapeutes ou quel que soit le secteur confondu, même dans le secteur médical ou qu'importe, il va y avoir ce truc où ils ne vont pas toujours savoir bien placer la ligne et laisser empiéter, faire un peu du hors cadre en se laissant déborder dans leur privé. par ce qu'ils voient de leur regard de professionnel. C'est un peu comme Freud qui expliquait qu'on ne pouvait pas analyser quelqu'un de sa famille, mais qu'il analysait sa fille deux fois.

  • Speaker #1

    C'est sûr que la plupart des gens, en tout cas ceux que je connais, qui vont vers la relation d'aide ont cet élan dans leur personnalité, justement. Donc, c'est souvent des traits de personnalité qui fait qu'on est vraiment très empathique, très présent à l'autre. Donc, c'est assez facile, je pense, et naturel pour nous d'avoir ce réflexe d'être présent et de lever la main quand quelqu'un a besoin d'aide autour de nous. Et même des fois, parfois, de vouloir plus que la personne elle-même. Donc, je ne pense pas que c'est quelque chose de simple. Je pense que plus on va être capable d'avoir une pratique d'introspection, de recul. par rapport à soi, par rapport à nos relations aussi, plus on va être capable peut-être de prendre conscience des moments où on se surinvestit peut-être un peu trop ou on veut plus que la personne. Je ne suis pas d'accord, par exemple, avec le fait qu'on ne peut pas aider nos proches. On ne va pas les aider de la même façon que dans une relation d'aide. On peut les soutenir, être présent, mais la notion de consentement, selon moi, elle est essentielle. Pareil avec le conseil, en fait. Le réflexe qu'on peut avoir beaucoup, c'est de conseiller sans... personne ne nous l'ait demandé parce que justement, on a beaucoup de bagages, d'expérience. On a peut-être accompagné des gens qui ont vécu des situations similaires. Donc, on dirait qu'on a envie de propager notre connaissance, notre expérience. Et je pense que la notion de consentement, elle est essentielle. Donc, pour nous aider justement à peut-être pas aller trop vite dans ce désir d'aider, de s'assurer toujours que la personne a envie d'entendre ce qu'on a à dire, veut notre point de vue. ça va nous faire un petit frein naturel. Alors, si je me conditionne et je m'habitue à dire, avant de conseiller, avant de partager mon expérience, je vais toujours demander la permission, déjà, moi-même, ça me permet de faire un pas de recul et de réfléchir à ce que c'est le bon contexte, est-ce que c'est pertinent, est-ce que j'ai l'énergie aussi ? Est-ce que c'est un réflexe ? On l'a dit, naturellement, j'ai envie d'y aller, mais je n'ai peut-être pas la place ou l'énergie. Est-ce que je suis obligée ? Est-ce que c'est vraiment de ma responsabilité ? Est-ce que le fait d'être expérimenté, d'être bonne dans la relation d'aide, m'oblige à aider tout le monde ? Est-ce que je suis obligée de sauver toute ma famille et de toujours être celle qui est présente quand ils ont besoin d'aide ? Ces questionnements-là sont essentiels parce qu'avoir un bagage ne nous oblige jamais à l'utiliser, selon moi.

  • Speaker #0

    Tu dis qu'on t'a surnommé mère Thérésa au primaire parce que tu voulais sauver le monde même... quand il ne le voulait pas. Ça a dû t'épuiser, ça.

  • Speaker #1

    Ben oui, définitivement. C'est ce qui m'a amenée éventuellement dans ma vie à faire un épuisement. Moi, je suis vraiment, j'étais et je suis encore cette personne très multipassionnée, très, très sensible, une véritable éponge émotionnelle. Donc, petite, je n'avais pas encore les outils pour prendre soin de moi, pour me protéger, pour mettre mes limites. Donc, évidemment que ça m'a amenée à m'épuiser parce que je disais oui tout le temps, j'étais toujours présente, toujours là pour les autres. et au dépend de mes propres besoins. Et là, je parle de quand j'étais petite, mais ça a perduré vraiment longtemps. Je suis née en 1984 et j'ai fait mon épuisement en 2014. Donc, ça a pris quand même 30 ans avant que la vie m'amène à devoir apprendre à mettre mes limites, à mettre mes besoins au premier plan.

  • Speaker #0

    Parce que c'est-à-dire que le mère Thérésa, ça a duré jusqu'à ton burn-out de la primaire ? OK !

  • Speaker #1

    Ah oui, oui,

  • Speaker #0

    oui. Et comment ?

  • Speaker #1

    J'ai encore cet élan-là très fort. Il faut continuellement que je me parle. Il faut que je revienne à mes bases, à mes outils, parce que je me suis, et la vie m'a, mes expériences de vie, mes traumas m'ont amenée à me conditionner à faire le moins de bruit possible, à ce que mes besoins ne soient pas trop nommés. Donc, c'est un réflexe, un mécanisme que j'ai eu à apprendre à déconstruire, et ça a été très long. Donc, viens. d'un milieu familial qui a été très, très difficile, dans lequel tout le monde avait des problèmes. Et donc, j'ai été l'enfant très, très sage, qu'on n'entendait jamais, qu'il ne faisait jamais de bruit, qu'il ne voulait pas déranger, donc qu'il ne nommait pas ses besoins, pour être sûre qu'on n'en ajoute pas plus à la dynamique familiale qui était déjà explosive. Donc, ça, c'est ce que j'ai appris toute petite. Donc, naturellement, moi, j'avais... cette espèce de côté enfant-adulte qui prend la responsabilité et qui le fait avec tout le monde. Donc, on a besoin de moi, je suis essentielle. Cette réflexion-là, elle m'a habité pendant vraiment très longtemps. Et c'est ce qui fait que parfois, des fois, justement, on veut sauver des gens qui ne veulent pas être sauvés parce qu'on a cette impression que c'est ce qu'il faut faire, que c'est ce qu'on attend de nous. Et voilà. Donc oui, ça a perduré, puis c'est encore très présent. C'est important de dire que même si je suis accompagnée et que je fais de la psychothérapie depuis l'âge d'environ 17 ans, je continue de travailler là-dessus. La base. Il n'y a rien de ça qui est 100 % réglé. On va être honnête aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Si on est complètement honnête, je pense que tant qu'on est vivant, il n'y a rien qui est 100 % réglé. On avance, on dégrossit, on épluche. Surtout quand on travaille dans la relation d'aide, quand on est thérapeute, on le sait. C'est un travail qui se fait jusque sur son lit de mort. Oui, il y a des choses qui changent, il se passe des transformations magiques, mais on ne pourra jamais dire « Moi, j'ai résolu tous mes dossiers, les gars. »

  • Speaker #1

    Parce que de toute façon, il y a des nouveaux dossiers qui vont s'ouvrir entre-temps. Exactement ! C'est fini ! Plus on vient mis, on traverse des phases et il y a des nouveaux dossiers qui ouvrent. Ce n'est pas quelque chose qui se règle, je pense, de façon définitive, effectivement. Moi, dans le fond, je me définissais par ce rôle de sauver les autres. Donc, je m'oubliais de me définir par qui j'étais profondément. Qu'est-ce que moi, je voulais vraiment ? C'était quoi mes besoins à moi ? C'est toutes des choses auxquelles je n'étais pas capable de répondre, et ce, jusqu'à l'âge de 30 ans. Donc, ne pas aller à la salle de bain, ne pas manger, ne pas boire d'eau. C'est des choses que je pouvais me... déconnecté complètement sans m'en rendre compte vraiment, de façon totalement inconsciente. Sauf à partir du moment où à un moment donné, je m'ouvrais les yeux et je réalisais que j'avais la bouche complètement sèche, que j'avais peut-être pas bu d'eau depuis 24 heures, ou que j'avais pas mangé depuis des heures, ou que je n'étais pas allée à la salle de bain parce que j'étais tellement préoccupée à aider, à travailler, à être sur le plancher, à en faire plus, plus, plus, plus tout le temps. Ça a pris vraiment beaucoup de temps à me rappeler que mes besoins, qui je suis, ce que je veux, où est-ce que j'ai envie d'aller finalement, il y a quelque chose qui m'habite à l'intérieur et que ça n'a pas forcément une nécessité d'être défini par ce que les autres veulent finalement.

  • Speaker #0

    Comment est arrivé le déclic ?

  • Speaker #1

    J'aimerais dire que j'ai fait cette prise de conscience de façon spontanée, mais ce n'est pas vraiment ça. En fait, c'est mon corps qui a pris la décision à ma place. je me suis rendue compte tellement loin dans la négligence de mes besoins, des messages, les signaux que mon corps m'envoyait que je suis allée au plus d'extrême qu'on peut aller quand on parle de burn-out, c'est-à-dire d'être incapable de me lever. physiquement. Donc, c'est mon corps qui a arrêté. Shut down. Avec des enjeux reliés à mes fonctions. Donc, ça a été vraiment, vraiment difficile parce que j'ai poussé la limite tellement loin, finalement, que là, à un moment donné, mon corps a dit « là, tu ne veux rien comprendre, on va régler ça. On tire la plug. » Donc, ça a été très, très dur parce que ce matin-là, j'ai dû appeler pour dire que je n'allais pas entrer au travail et c'est comme si on me... me demandaient quelque chose. Je n'avais pas le choix. Même si j'avais voulu, c'était impossible. Donc, le déclic, il ne s'est pas fait instantanément parce qu'évidemment, quand on vit quelque chose comme ça, il y a un travail de reconstruction. À ce moment-là, j'étais en mode survie. Donc, il y a eu les besoins de base qui ont été remis en place avant de faire des réflexions plus profondes sur ce qui m'avait amenée à me rendre jusque-là. On parle d'un processus qui a duré environ un an au niveau physiologique surtout. Et j'ai commencé un peu plus à faire le travail au niveau psychologique un petit peu plus tard, à peu près presque un an plus tard, parce que je n'étais pas rendue là encore. Donc là, graduellement, il y a eu un déclic de ce qui s'était passé pour que je me rende jusque-là et de comprendre les mécanismes, justement, de me pardonner aussi. Parce que ce n'est pas facile. Non, c'est pas facile. d'un autre. Ce qu'il faut savoir, c'est que oui, je suis de type Marc Teresa, mais je suis aussi de type superwoman. Donc, ça veut dire que j'ai une très overachiever, beaucoup de perfectionnisme, beaucoup de pression de performance depuis toute petite encore une fois. Donc là, de me pardonner, de me dire écoute, je n'ai pas échoué. Moi, la personne qui sauve tout le monde, finalement, je n'ai pas réussi à me sauver moi-même. Ça a été très difficile à reconnaître et c'était ce que j'avais à faire. Avant d'être capable d'amorcer le processus de guérison par la suite et d'arriver à ce fameux déclic éventuellement de « qu'est-ce que je peux mettre en place pour éviter que ça se reproduise, que ça recommence ? » Je pense qu'il faut prendre conscience que ça prend du temps, justement. Et particulièrement quand on est des professionnels de la relation d'aide, justement parce qu'il y a une dichotomie entre ce que je sais et que je suis capable d'accomplir avec mes clients. comment est-ce que je peux le guider et versus comment moi, j'arrive peut-être à le faire pour moi-même et comment j'arrive à l'appliquer. Des fois, on se sent en contradiction entre ces deux pôles-là que ça peut être plus facile de le faire avec les autres que de le faire pour soi-même.

  • Speaker #0

    OK. Le burn-out, souvent, quand il se pointe, on ne l'a pas vu venir. Est-ce que tu... Toi, tu l'as vu arriver ? Est-ce que pour les auditeurs, tu peux un petit peu expliquer comment tu as senti en fait que tout partait en vrille ?

  • Speaker #1

    Quand je dis que je l'ai vu venir, c'est que je l'ai nié pendant un an. Donc, je ne l'ai pas vu venir au début, mais une fois qu'il a été bien installé, je le savais qu'il était là. Puis, j'ai continué de fonctionner comme si de rien n'était pendant un an.

  • Speaker #0

    Parce que c'était quoi ? Tu as dit que tu étais immobilisée. Ça s'est manifesté comment au début ? Des douleurs dans le corps ?

  • Speaker #1

    Non, non. Je me suis réveillée un matin et je ne pouvais pas sortir du lit. OK. Vraiment, physiquement, c'était impossible d'aller chercher la force et l'élan de juste mettre mes pieds sur le sol et de sortir de vie.

  • Speaker #0

    Donc, ce n'est pas que c'était des douleurs que tu traînais sur plusieurs mois, c'est que juste…

  • Speaker #1

    Mais il y en a eu. Il y en a eu. C'est ça que je dis. Dans le fond, comment ça s'est passé, là ? C'est qu'on peut dire que ça s'est installé à peu près sur un an. Là, je n'en avais pas forcément conscience. Comme j'ai l'habitude d'être complètement déconnectée de mon corps, de mes besoins, je ne vois peut-être pas tous les petits signaux. inflammation, douleur, fatigue, difficulté à se lever, changement dans l'humeur, l'irritabilité. On ne le voit pas forcément, ça s'installe graduellement. Et là, à un moment donné, je l'ai réalisé que ça n'allait pas. Le déclic, ça j'en parle souvent, mais c'est qu'à un moment donné, j'étais en train d'enseigner et il y a une étudiante qui m'a dit « Ah, Annie, tu es tellement toujours heureuse, j'aimerais ça être comme toi, etc. » Et là, dans ma tête, J'ai réalisé à quel point ça ne faisait aucun sens ce qu'elle était en train de me dire. Elle, elle voit ça, puis moi, dans ma tête, il se passe complètement le contraire. Donc là, c'est comme si c'est la première fois que je prenais conscience qu'il y avait un désalignement entre mon mode de fonctionnement et ce qui se passait réellement à l'intérieur de moi.

  • Speaker #0

    Tu masquais vachement bien, en fait.

  • Speaker #1

    Terriblement bien. Et c'est ça. Donc, je n'étais pas du tout authentique. C'était bien intentionné, je voulais bien faire mon travail, etc., mais je n'étais pas alignée du tout avec ce qui se passait en dedans de moi, comment je me sentais. Et c'est là qu'il a commencé à y avoir des réflexions. Mais à partir de ce moment-là, ça a pris un an. Je n'ai pas arrêté. Je n'ai pas fait « Ah, OK, je fais cette prise de conscience et je prends action. » Je vais continuer de ne pas me l'admettre, d'être dans le déni, de continuer d'essayer de fonctionner de cette façon-là. Mais il y avait toujours un petit peu plus d'inconfort pour ma part de faire « Ah ! » Là, je commençais à savoir qu'il y avait quelque chose et je commençais à me douter que c'était un épuisement. Mais là, quand le corps a pris la décision, que c'était assez et que ça faisait trop longtemps qu'il essayait de passer son message, là, c'était clair. Lui, il m'a arrêtée. Je me suis retrouvée face à la réalité. Je n'ai pas vraiment eu le choix de l'adresser. Je ne pouvais plus être dans le déni. C'était impossible. J'avais deux jeunes enfants. Je ne pouvais pas rester dans mon lit comme ça, regarder le plafond pendant des semaines. À ce moment-là, je n'avais pas le choix de faire « Bon, je pense que ça ne va pas. » Il va peut-être falloir que j'accepte d'aller chercher de l'aide, parce que là, ça va pas. Donc, j'ai tellement masqué au point où le père de mes enfants, mon ancien conjoint, n'a rien vu. Et c'est pas parce que c'est une personne en manque d'empathie. Il a rien vu. J'ai réussi à cacher ça aussi aux personnes les plus proches de moi. Je peux pas leur en vouloir d'avoir rien fait, parce que je l'ai vraiment caché.

  • Speaker #0

    Oui, tu as tout fait pour qu'il ne se doute de rien, en fait.

  • Speaker #1

    Exact. Et pour continuer de me sentir essentielle. Ce n'est pas facile à dire, mais c'est comme j'avais tellement le sentiment que la terre entière reposait sur mes épaules, et probablement, si on creuse un peu, qu'il y a un sentiment de valorisation, etc., derrière ça, que c'est le rôle que j'adoptais, et accepter de lâcher, de dire « je suis en burn-out » , c'est aussi accepter que je ne peux plus avoir ce rôle. Et c'était très, très souffrant pour moi d'envisager ça. Donc, j'ai préféré continuer de rester dans mon mal-être que d'accepter que quelqu'un d'autre allait devoir prendre soin de moi, au lieu que ce soit moi qui prenne soin de tout le monde. Donc, ça, ça a été tout un travail de prise de conscience à faire avant d'installer les stratégies et les solutions pour aller mieux.

  • Speaker #0

    C'est là que tu as appris à te foutre la paix ?

  • Speaker #1

    Non. OK. Moi, là, je fais les choses avec rapidité dans certains domaines et dans d'autres avec beaucoup plus de lenteur. Dans le sens où je n'ai pas compris tout de suite ce concept de se foutre la paix, en fait. Quand j'ai commencé à prendre conscience que j'avais besoin d'aide et que je devais peut-être faire les choses un peu différemment pour éviter de revivre un épuisement, eh bien, je suis quand même tombée dans le pattern de vouloir performer ma guérison. Comme beaucoup de gens. Donc, c'est ça. C'est de vouloir performer, de toujours vouloir en faire plus. C'est cette espèce de vision de la meilleure version de soi-même. Je suis tombée dedans à fond. Puis à jamais être vraiment capable de constater mon évolution en étant déjà en train de planifier ce que j'allais faire de plus pour être encore comme... plus avancé dans mon processus. Donc, au final, c'est pas tout de suite que j'ai fait « Ah, OK, faudrait peut-être que je me foute la paix. » C'est un peu plus tard dans le processus, plusieurs années plus tard. Fait que si on vient placer les choses, « Burnout 2014, 2015, j'ai commencé de façon un petit peu plus consciente à prendre soin de moi. » Ça a pris jusqu'à environ 2019, presque 2020, pour que je commence vraiment à prendre conscience de ce concept de se foutre la paix et de l'amener de façon plus claire. Peut-être que ce serait une bonne idée qu'on le définisse pour que les gens saisissent où est-ce que je m'en vais avec ça, se foutre la paix. Mais avant de le définir, je vais clore la boucle. mais à un moment donné, j'ai juste pris conscience justement que... Je ne rendais service à personne en voulant performer ma guérison, en me donnant des objectifs extrêmement élevés, de vouloir presque être parfaite à la limite, d'être la mère la plus bienveillante possible, la personne qui prenait le mieux soin d'elle, le meilleur modèle pour les gens que j'aidais, etc.

  • Speaker #0

    Je ne leur rendais pas service. Puis, je ne me rendais pas service non plus. Parce qu'au final, je me suis dit, est-ce que c'est vraiment ça le message que je veux envoyer ? En me mettant cette pression-là, en quelque sorte, c'est ce que je projette sur les autres. Puis, les gens me demandent, est-ce que j'ai envie qu'ils se mettent cette même pression-là ? Mes filles, est-ce que j'ai envie qu'elles grandissent en se disant, il faut que je me mette aussi cette pression-là, d'avoir des routines parfaites, de manger seulement, de faire de l'exercice de façon toujours parfaite, etc. Puis là, à un moment donné, je fais, non. Peut-être qu'à un moment donné, il faudrait que je me foute un peu la paix et c'est là qu'a commencé à s'installer toute cette vision des choses que je vais pouvoir définir. Raconte. Se foutre la paix, en fait. Je sais qu'en France, vous avez Fabrice Midal qui utilise ce terme-là. Moi, je l'ai découvert après avoir commencé à utiliser ce terme-là. Et on est quand même alignés sur notre façon de voir se foutre la paix, en gros. C'est d'arrêter de se mettre cette pression de vouloir être. être parfait déjà, de vouloir être dans l'action, mais plus de revenir dans l'instant, dans l'être, dans qui on est comme humain fondamentalement. Pour moi, ce footlappé, c'est relié directement à la bienveillance, à l'autocompassion, à la simplicité, donc arrêter de toujours complexifier tout, à l'amour de soi aussi, au respect de soi. Et ça, c'est pas facile. Et encore moins quand on est dans la relation d'aide. Parce que justement, on veut être là pour les autres. Est-ce que se foutre la piste, ça veut dire qu'on se fout des autres ? Est-ce que ça veut dire qu'on n'a plus de temps d'or ? Est-ce que ça veut dire, pour moi, non. Ça veut juste dire, on peut-tu juste se donner un break, puis juste être ici et maintenant, reconnaître ce qu'on a accompli et s'en satisfaire ? Wow ! Même si c'est aujourd'hui, tout ce que j'ai réussi à faire, c'est prendre une douche. OK. J'ai quand même pris une douche. C'est d'être capable de... Et je n'avais pas le choix éventuellement de m'en aller vers ça parce que j'étais encore en train de m'en aller directement dans le mur. Je serais retournée dans les prisons.

  • Speaker #1

    Mais tu l'as remarqué ? Oui. Ah. Oui.

  • Speaker #0

    Puis moi, quand j'accompagne des personnes... qui, soit ont l'impression qu'ils s'en vont vers un épuisement ou ont déjà vécu un épuisement, je leur dis toujours qu'on reste à risque. On reste à risque toute notre vie. Parce que ce qui nous amène à l'épuisement, ce sont souvent des traits, justement, de personnalité. Ce sont des mécanismes qu'on a développés, la façon dont on est programmé. Alors, si on ne reste pas alerte, continuellement, on peut retomber très facilement dans ces habitudes-là. on devient juste meilleur à le remarquer. Donc, plus on avance dans notre cheminement de guérison, plus on est capable de détecter les signaux rapidement. De dire, je sens que je commence à reprendre le champ. Donc, je vais me ramener un petit peu plus dans mes besoins, dans ce qui fait du sens pour moi. Donc, on arrive à agir de plus en plus rapidement, mais je pense qu'on reste fragilisés longtemps. Puis, on parle autour de sept ans. pour vraiment officialiser la guérison d'un épuisement professionnel. Même après le 7 ans, selon moi, ça nécessite encore de devoir rester très alerte. Je n'avais pas le choix de me foutre la paix en quelque sorte. C'est devenu une nécessité de survie parce que je ne pense pas que je pourrais me permettre de revivre un épuisement comme j'ai vécu. Je ne suis pas sûre que j'en survivrais.

  • Speaker #1

    Je comprends. Je me dis un peu la même chose que toi. L'extérieur peut voir certaines positions prises de façon assez radicale, mais en réalité, c'est assez nécessaire parce que tant qu'on ne l'a pas vécu, c'est difficile de comprendre tout quand il n'y a plus rien qui fonctionne dans le corps. Que ce soit la tête, le corps, les deux en même temps ou séparément, quand il n'y a plus rien qui est coordonné là-dedans. On vit dans une société où on doit quand même un petit peu fonctionner, quel que soit notre poste. C'est important même pour le parent au foyer qui éduque ses enfants. Il doit continuer à fonctionner aussi. Il n'y a pas de distinguo que ce soit les classes sociales, les métiers. On s'en fout. C'est assez important. Tant qu'on ne l'a pas vécu, on ne comprend pas tout l'enjeu de se protéger et de sortir de la société. Je suis complètement d'accord avec toi quand tu parles de dire qu'il y a des alerteurs qu'il faut savoir reconnaître pour dire « Ouf, là, il va être temps de se calmer et de s'occuper un peu de soi » . Mais c'est vrai que je partage ce point de vue-là, qu'une fois que c'est arrivé, tu restes à risque. Ça ne veut pas dire que c'est grave. Parce que d'un autre côté, ça nous apprend aussi à mieux nous connaître nous-mêmes. Et je vois beaucoup de personnes dans la relation d'aide, que ce soit des thérapeutes, des médecins, des personnes du corps médical, ou même parfois des formateurs aussi, qui s'épuisent au travail pour continuer à accompagner ou à soigner les gens. Et je remarque une certaine forme de culpabilité lorsque ces personnes évoquent seulement l'idée de prendre des congés ou du temps. pour se reposer ? Parce que tu accompagnes aussi des personnes comme ça. Qu'est-ce que tu as envie de leur dire à ces gens-là ?

  • Speaker #0

    Tu sais, dans un premier temps, ce qui amène la culpabilité dont tu parles, c'est le fait qu'on a tendance peut-être à porter des responsabilités qui ne nous appartiennent pas, dont celle de sauver l'autre. Et ce, même si notre métier est de soutenir et d'aider, ce n'est pas de sauver. L'autre doit se sauver lui-même avec du soutien. Donc, c'est certain que si on arrête de se mettre ce poids-là en se disant que ce n'est pas vrai qu'on est essentiel, que d'autres personnes peuvent prendre le relais, déjà, ça aide un peu à apaiser la culpabilité. Je ne dis pas que c'est facile. Je ne sais pas comment ça se passe en France. Ici, il manque d'intervenants cruellement dans le milieu. Là, on rajoute le poids de dire, mais là, si je m'en vais, il n'y aura personne d'autre. Là, c'est sûr que ça rajoute une pression, mais à un moment donné, il faut arriver à replacer notre responsabilité, elle est où ? Et je pense que notre responsabilité première est de prendre soin de nous d'abord, parce que ça devient particulièrement difficile de prendre soin des autres si on ne prend pas soin de nous. qu'est-ce que je leur dirais de façon très, très claire, puis c'est probablement ce que j'aurais aimé qu'on me dise, c'est que ce n'est pas une nécessité de s'épuiser pour aider les autres. Ce n'est pas une nécessité. Il n'y a rien qui t'oblige à t'oublier dans ce processus-là. Tu n'es pas obligé d'absorber toutes les souffrances. Tu peux aider sans... prendre les souffrances de l'autre pour le soulager. Tu n'as pas à absorber tout ça tout en repoussant tes propres besoins parce qu'à un moment donné, ça manque d'espace. Quand on prend toute la souffrance des autres, les besoins des autres sur nos épaules, à un moment donné, il manque de place pour notre propre souffrance, nos propres besoins. mais ils sont quand même là, mais ils sont bien bien écrasés dans le fond puis à un moment donné, ils vont se mettre à pousser tellement fort que là, ça va exploser donc personne n'est gagnant de ça, ça c'est certain ça veut dire pour moi d'être là, mais avec tes limites avec ton humanité avec ton droit au repos, parce que pour moi c'est le meilleur exemple que tu peux donner aux gens que tu veux aider, justement être cohérent dans ton message dans ce que tu leur enseignes et de l'appliquer pour toi, c'est aussi leur enseigner à le faire pour eux. Donc, mettre tes limites dans la relation d'aide, c'est aussi enseigner à la personne que tu accompagnes à mettre les siennes. C'est de lui permettre de se donner le droit de le faire. Parce qu'elle se dit, « Hé, si ma thérapeute le fait, ça veut dire que j'ai le droit. C'est pas mal. » Si tu ressens toute cette fatigue-là s'installer, cette lourdeur-là, ça ne veut pas dire que tu n'es pas à la hauteur. t'as peur que t'es une mauvaise intervenante, une mauvaise professionnelle, un mauvais thérapeute. Ça, c'est difficile. Parce qu'on se dit « Hé, j'ai échoué. Je suis supposée savoir quoi faire pour prendre soin de moi. C'est mon métier. Je ne suis pas à la hauteur. Je ne suis pas bonne. Je ne suis pas suffisante. » Mais ce n'est pas vrai. Ça n'a rien à voir. Ce n'est pas parce qu'on est talentueux dans quelque chose qu'on est toujours capable de mobiliser. nos forces et nos ressources dans tous les contextes, à tous les moments. Ça n'enlève rien à notre valeur. Ça n'enlève rien à nos compétences. En aucun cas. Donc, c'est important de faire cette distinction-là. Tu n'as pas besoin de t'éteindre pour être capable d'éclairer les autres. La lumière, elle peut briller pour les deux en même temps. Ça, c'est important. J'espère qu'on comprend. Oui. J'espère qu'on comprend ça. Je sais que rationnellement, la plupart d'entre nous, on le comprend très bien. mais que dans le concret du quotidien, c'est peut-être un petit peu moins facile à mettre en place.

  • Speaker #1

    Oui, j'ai l'impression que c'est un petit peu émotionnel, ce qui se joue. Tu vois, c'est comme s'il y avait des triggers, un petit peu de... Soit pour certains, que ce soit leur costume de sauveur ou autre costume quelconque pour prouver sa valeur. Et c'est surtout là que ça se joue. Parce que c'est vrai que dans la théorie... Tout le monde va dire, bien, évidemment, nous le savons.

  • Speaker #0

    Mais c'est pour ça que je parle de stopper la culture du burn-out, Sandra, parce qu'on ne peut pas être 100 % responsable d'avoir vécu un épuisement professionnel. Ça serait se mentir que de penser que notre guérison n'est que de notre propre responsabilité. Il y a un travail collectif à faire aussi, parce que si les gens se rendent jusque-là, toute cette pression qu'on peut se mettre, cette culpabilité-là, il se passe autre chose. Il faut intervenir à d'autres niveaux. Ce n'est pas juste un truc individuel. C'est un truc individuel parce que... on ne va pas s'en sortir. Il y a un travail beaucoup plus large de la façon dont on met de la pression sur les individus, justement, au niveau sociétal, pour en arriver à pouvoir espérer des guérisons profondes chez les gens, parce qu'on les renvoie dans leur milieu de travail et on fait un travail incroyable sur eux. On les renvoie dans leur milieu. Ça ne prend pas une semaine, deux semaines, un mois. C'est tout à recommencer. Oui. Donc, c'est fâchant. C'est vraiment fâchant.

  • Speaker #1

    Pourquoi foutrement vrai ? Qu'est-ce que tu nous racontes de toi et qu'est-ce qui te tient à cœur à travers tes épisodes de podcast de nous partager ?

  • Speaker #0

    Ce titre-là est important pour moi parce que, justement, comme je l'ai raconté précédemment, ça a été tout un travail pour moi d'assumer à 100% qu'il était d'être capable de le mettre au-devant. Donc, le fait d'être vrai... Dans sa vérité, c'est un lien direct avec apprendre à être à l'écoute de ses besoins, apprendre à écouter ses limites, les nommer, les exprimer. C'est aussi d'être capable de nommer les choses sans avoir honte. Les émotions qu'on ressent, les enjeux qu'on vit, d'être capable de les assumer aussi comme... faisant partie aussi de notre lumière, sur le coup, ce n'est pas toujours évident. Je sais que ça va être très cliché ce que je vais dire, mais ceux qui l'ont vécu pour la plupart vont être d'accord avec moi. Mon burn-out, pour moi, c'est un cadeau aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Je suis d'accord. Je suis complètement d'accord.

  • Speaker #0

    Merci, mon corps. parce que je ne sais pas combien de temps je vais continuer à être dans le déni. Donc, merci mon corps. Sur le coup, j'étais fâchée. Là, je m'en suis remis. Ça fait 11 ans, je pense que je n'y en veux plus. Mais oui, cette vérité-là de juste dire, on peut-tu être 100% nous-mêmes et arrêter d'avoir peur de ce que les gens vont en penser, arrêter d'avoir peur d'être rejeté parce qu'on assume qu'on est si... tout le monde était un peu plus dans sa vérité, oser un peu plus dire quand ils ne sont pas satisfaits, quand ça ne va pas, on arriverait à dialoguer, à trouver des solutions, des compromis, à avancer ensemble. Mais comme on a un peu appris à se taire, à s'ajuster tout le temps à l'autre, puis finalement, tout le monde part de son côté avec des malentendus. Bien moi, j'ai fait ça parce que je pensais que ça ferait son bonheur, puis finalement, je ne le savais pas. ça faisait pas son bonheur, parce qu'on ne s'est pas parlé, on n'a pas communiqué, on n'a pas nommé nos besoins. Je ne vais pas lui dire non, parce que ça va lui faire de la peine. Mais finalement, si on lui avait dit non, ça lui aurait peut-être rendu service, parce qu'elle aurait peut-être pris une pause. Donc, au final, on peut-tu juste se donner un petit peu plus le droit d'être vrai, de parler des vraies choses, d'arrêter d'avoir peur de vivre des enjeux, parce que je trouve que ça nous amène tous dans notre humanité, que tout le monde a oublié qu'il est imparfait. On peut-tu juste l'assumer ? On est tous imparfaits. Arrêtons d'avoir peur de parler de santé mentale quand on sait très bien, quand on regarde les statistiques, qu'il y a une forte proportion des gens dans leur vie, si ce n'est pas eux, en tout cas, ça va être un proche, va vivre des enjeux de santé mentale. Donc, tout le monde passe par là. Je veux dire, puis le fait de ne pas en parler, ça rend service à personne parce que là, on reste isolé dans notre honte, dans notre peur. On n'en parle pas, on ne va pas chercher d'aide, on ne se fait pas soutenir parce qu'on a peur de le nommer, tout simplement. Si d'autres le faisaient avant nous, Ah, OK, elle aussi. Peut-être que là, je peux m'autoriser à le vivre ou sentir que je ne suis pas une merde parce que je vis ça.

  • Speaker #1

    C'est un super message. C'est vraiment un super message. Et puis, c'est un titre sacrément badass aussi. C'est un autre podcast sacrément badass, moi, je trouve.

  • Speaker #0

    C'est un podcast sacrément badass.

  • Speaker #1

    Absolument. De quoi tu as besoin, toi, pour te foutre la paix ? Qu'est-ce qui marche pour toi ?

  • Speaker #0

    Bien... Au stade où j'en suis, c'est des rappels que j'ai besoin, en fait. Parce que je sais déjà tout ce que j'ai à faire, mais j'ai besoin de me le faire rappeler continuellement. Je l'ai dit tout à l'heure, on reste fragilisés. C'est facile de retomber dans nos vieilles habitudes. Donc, des rappels, ce qui veut dire d'être accompagné. Pour moi, être accompagné, ça sera toujours une nécessité. Pas parce que j'ai vécu un burn-out, je pense que tout le monde a besoin d'avoir des gens autour d'eux qui ont une certaine neutralité et qui peuvent les aider à prendre le pas de recul, qui n'est pas toujours évident de prendre quand on court à 100 000 à l'heure, à longueur de journée. Donc, être accompagné, ne jamais croire que c'est acquis ou 100 % réglé. puis le fait de me le répéter continuellement justement ça fait que je ne me mets pas des œillères et je reste alerte donc être capable de prendre le recul aussi avoir des habitudes qui m'obligent à me questionner prendre du recul observer c'est ce qui m'aide à me foutre la paix ultimement parce que comme se foutre la paix c'est de donner le droit d'être humain Il faut se connecter à nos besoins, il faut se connecter à nos enjeux, à nos limites, etc. Pour ça, il faut prendre du recul. Pour moi, c'est la base. Au moins, chaque jour, idéalement, de revenir à moi, de m'arrêter, si ce n'est pas par écrit, au moins dans ma tête, et de me demander de quoi j'ai besoin ici et maintenant. Pas dans un mois quand je vais être en vacances. Ici et maintenant, de quoi j'ai besoin, qu'est-ce qui me ferait du bien. Pas pour aller 100 % mieux, juste 1 %. Si je peux juste envisager de me sentir un peu mieux aujourd'hui de 1 %, il y aura quand même au moins une action qui sera prise. Parce que quand on attend toujours d'être dans le 100 %, on ne prend jamais action finalement, on n'a jamais le temps pour faire quelque chose qui va nous amener à 100 %. Ça n'arrive juste pas. Donc, 1 % c'est un objectif qui a du sens selon moi pour insérer ça dans notre quotidien.

  • Speaker #1

    Une des choses que j'avais beaucoup aimé, dans ta formation en business sans burn-out, c'était cette stratégie du 1%. OK, aujourd'hui, ça ne va pas, c'est une journée de merde. Bon, ça ira, espérons-le, mieux demain, mais en attendant, il va falloir que la journée se finisse. Qu'est-ce que je vais faire ? Ouais, allez, 1%, 1%, c'est peut-être gérable. J'avais beaucoup aimé cette stratégie-là. Je l'utilise encore très régulièrement.

  • Speaker #0

    La question que je pose pour les personnes qui veulent la noter, c'est... qu'est-ce que je peux faire ici et maintenant, donc dans l'instant présent, pour me sentir mieux, ne serait-ce que de 1% dans ma tête, dans mon cœur, dans mon corps. On peut choisir juste un des trois. Pas obligé d'être les trois, mais la tête, le cœur, le corps, 1%. On garde ça en tête. On trouve un petit quelque chose et on le fait tout de suite. On est en train d'enseigner à notre cerveau aussi et à notre corps. Tu es assez important pour que je te priorise tout de suite. Et ça, c'est important.

  • Speaker #1

    L'exercice du 1%, c'est vraiment un tout petit truc. Ça paraît rien, mais en fait, un jour où ça ne va pas, ça peut être tellement tout. J'aime vraiment beaucoup ce que tu as amené avec cet exercice-là, qui te permet juste d'accepter tes capacités et tes limites à un instant T, et que malgré ça, tu es quand même capable de faire un petit truc là maintenant, tout de suite, pour que ça aille un petit peu mieux.

  • Speaker #0

    C'est de ramener la simplicité parce que c'est fou à quel point on a complexifié le bonheur. C'est rendu complexe les routines, tout ce qu'on doit avoir, ce qu'on doit faire pour considérer qu'on a une vie épanouie et heureuse. Ce qu'on peut revenir dans la simplicité, ce sont ces petites choses du quotidien, ces petites actions accumulées qui font une différence. Ces petits moments de bonheur, ne serait-ce que cinq minutes qu'on vit à fond, qu'on arrive à... à s'imprégner de ces petits moments-là qui vont faire la différence. C'est le fait qu'on a tellement complexifié ça qu'il n'y a plus personne qui a l'impression d'être capable d'y arriver. Finalement, c'est très décourageant.

  • Speaker #1

    Oui. Est-ce que toi, tu as des routines anti-anxiété qui te font du bien ? Les trucs qui marchent pour toi, est-ce que tu en as ? Et est-ce que tu as envie de nous les partager ?

  • Speaker #0

    Bien oui, tu vas rire. Parce que je veux dire, avant toute chose, c'est de me foutre la tête. C'est très créatif, je le sais. Mais je pense que ce qui m'a aidée le plus, c'est de travailler sur le focus de ce que je peux réellement contrôler. Ça, ça a fait une différence pour moi. C'est fou à quel point on met souvent de l'énergie sur des choses sur lesquelles on n'a aucun pouvoir. Donc, juste de retourner mon focus. OK, il y a cette situation-là. Là, tout ça, je ne le contrôle pas. Mais où est-ce que je peux mettre du pouvoir, justement ? Je trouve qu'en ce qui concerne l'anxiété, justement, reprendre son pouvoir, c'est une arme ultra-puissante. parce que souvent, on est dans l'anticipation d'une situation qu'on ne sait pas ce qui va arriver. Donc, j'aime me faire des scénarios. OK. C'est quoi le pire qui pourrait arriver ? Puis c'est quoi mon plan de match si on arrive dans le pire ? C'est quoi les actions que je peux mettre en place ? Donc, je suis prête au pire. Il n'est pas le fun, le pire, mais j'ai un plan de match. Puis c'est quelque chose que je recommande. Je ne vis pas beaucoup d'anxiété personnellement. Moi, je suis plus dans les pensées dépressives, dans mes enjeux, que dans l'anxiété. Mais quand j'accompagne des personnes qui en vivent beaucoup, j'aime beaucoup les aider à se créer des plans de match et à s'assurer d'avoir tout ce qu'il faut avec eux. pour réaliser leur plan de match. Donc, si on sait, par exemple, que ça peut être difficile pour nous de se retrouver en public, assure-toi d'avoir une petite pause peut-être dans ta voiture avec des choses qui... Tu vas pouvoir te rendre dans ta voiture, tout simplement ouvrir ta boîte puis avoir des choses pour te sentir mieux. Donc, je leur enseigne que la seule chose à retenir, c'est rends-toi à cet endroit-là ou rends-toi à ta trousse. Et dedans, on va avoir prévu des choses qui vont t'aider quand ça va aller bien. Parce que quand ça va moins bien, c'est plus... le temps de chercher des solutions. Ça prend quelque chose rapidement qu'on peut activer pour aider à faire redescendre les choses. Donc, ça simplifie de juste, tout ce que j'ai à retenir, c'est « Rends-toi là » . Ou « Ouvre ta sacoche, sors un sac à main » . Ici, on dit une sacoche. « Ouvre ton sac à main et sors telle chose » . Donc, de s'assurer de l'avoir un peu planifié à partir de situations vécues qui ont été difficiles. quand ça va mieux, on repasse ces situations-là et on essaie de voir la prochaine fois ce que je peux mettre en place. D'où l'intérêt d'être accompagné. Parce que quand on vit la chose, souvent on pense que c'est là qu'on va trouver les solutions. Mais c'est normal, on est complètement figé. Tu ne peux pas rien amener de nouveau dans cette situation-là. Tu peux travailler les enseignements, changer les mécanismes quand ça va bien. Donc, il faut le travailler après la situation, voir qu'est-ce que la prochaine fois, je vais pouvoir mettre en place. Donc, on crée les chemins dans le cerveau quand le cerveau a toute son ouverture, son espace pour apprendre des nouvelles choses. Pas quand il est en mode survie et que là, tout ce qu'il cherche, c'est survivre. Ça, c'est impossible de dire, fais ça, fais ça, fais ça, ou calme-toi, respire, ça va aller mieux. Plaque dans le visage. C'est capable. Une personne qui est en crise de panique, elle n'a pas besoin de se faire donner 12 conseils sur comment gérer son anxiété. Il faut juste qu'elle se ré-ancre dans son corps. That's it. Et qu'elle dise à son corps, je suis en sécurité. C'est la seule priorité.

  • Speaker #1

    Absolument.

  • Speaker #0

    Voilà pour mes petits trucs. Il y en avait un autre que je voulais donner rapide. qui m'aide beaucoup, que ça, c'est une valeur ajoutée. Je pense que c'est le fameux coût. Donc, de simplement conscientiser le coût réel des choses. Donc, quand je veux dire oui à quelque chose, avant de dire oui à quelque chose, de simplement me demander c'est quoi le coût en ressenti, c'est quoi le coût en énergie, c'est quoi le coût en temps et c'est quoi le coût en argent. Donc, juste de conscientiser un petit peu, est-ce que j'ai les ressources dans ma banque actuellement pour me permettre cette Ausha. Donc, de travailler avec cette notion de coup-là, moi, ça m'aide vraiment beaucoup pour prendre soin de mon énergie, notamment. Et quand on prend soin de notre énergie, je pense sincèrement qu'on a moins un terreau fertile à l'anxiété, justement.

  • Speaker #1

    J'ai lu un truc complètement what the fuck sur toi.

  • Speaker #0

    C'est peur.

  • Speaker #1

    J'ai lu que tu as été officier dans l'armée. Alors, au début, je me suis dit, non, mais elle a dû être scout, un truc comme ça.

  • Speaker #0

    du coup ça ressemble quand même dans le sens que vous n'avez pas ça chez vous l'armée aussi,

  • Speaker #1

    pas une grande non, non, non,

  • Speaker #0

    c'est pas la même chose le mouvement des cadets c'est pas la même chose, il faut comprendre que ça ressemble un peu au scout, c'est juste que c'est chapeauté par l'armée, donc il faut comprendre que c'est beaucoup plus dans le loisir que Dans le militaire, c'est juste qu'il y a tout le décorum relié à l'armée, donc les uniformes et tout et tout. Mais ça ressemble quand même au scout. Mais oui, c'est vrai que c'est quelque chose qu'on me ramène souvent, cette espèce de contradiction. Mais ça fait du sens quand on comprend dans quoi ça s'est inscrit. Moi, quand j'avais 12 ans, parce que le mouvement des cadets, en fait, c'est de 12 à 19 ans. C'est un mouvement de jeunes qui est bon. Et après ça, moi, j'ai continué pour devenir l'adulte qui prenait soin et qui enseignait à ces jeunes-là. Et ça, ça s'inscrit à devenir officier dans l'armée, mais j'étais seulement officier pour m'occuper des cadets. Je n'aurais pas été déployée à la guerre s'il y avait eu une guerre parce que mon enseignement, on m'apprenait à être pédagogue, on m'apprenait à encadrer des jeunes. Donc, ce n'est pas tout à fait la même chose. Mais je comprends que vous n'avez pas la référence. Tandis qu'ici, quand on parle du mouvement des cadets, les gens vont dire « Ah, tu étais officier dans les cadets, ce n'est pas pareil. » Mais à 12 ans, je me suis auto-enrôlée là-dedans parce que je n'avais aucun corps. J'étais dans une famille dysfonctionnelle. On me laissait avec mon grand frère les fins de semaine. Ma mère partait chez son amoureux. Mon frère de 4 ans de plus que moi me gardait, mais mon frère, toxifomane, avec des fréquentations très douteuses, s'occupait de moi. La vérité, c'est que je jouais l'adulte pour mon grand frère. Donc, je me suis auto-enrôlée parce que j'avais besoin d'un cadre. Et j'ai cette force depuis tout... petite, en fait, cette résilience d'aller chercher le soutien où j'en ai besoin. Quand j'étais petite, j'habitais près de l'école primaire, j'allais moi-même, en dehors des heures de classe, aider les enseignants à préparer la classe, par exemple, avant que l'école commence, pendant les vacances, etc. Je cherchais des adultes significatifs pour me soutenir. J'ai toujours fait ça. auto-enrôlé là-dedans, avec un cadre très, très strict. Et ça a eu beaucoup de bien, en fait, parce qu'il y a beaucoup de positifs dans ce mouvement-là, qui fait que ce soit le leadership, la discipline, mais pas dans le sens exagéré, l'autodiscipline, le fait d'enseigner, l'entraide, le soutien, le travail d'équipe, etc., qui fait en sorte que ça m'a permis d'être une meilleure professionnelle et d'acquérir des compétences très jeunes. À 17 ans, quand j'ai quitté la maison, j'avais déjà un très bon CV et une belle crédibilité qui m'a permis d'avoir des emplois intéressants tout de suite parce que j'avais fait ce mouvement-là. Je me suis rentrée là-dedans parce que j'avais un besoin de cadre. Mais je veux m'en suivre moi-même, sortie aussi, parce que le cadre m'étoupait finalement. Donc, j'ai eu besoin d'installer le cadre. Puis éventuellement, je me suis rendue compte que je ne fitais pas dans cette boîte-là, que ça ne faisait pas de sens pour moi, que j'étais une âme libre et que j'avais besoin de faire ce que j'avais envie. Mais ça a été quand même une nécessité pour moi d'aller toucher cet extrême-là pour aller retrouver l'équilibre un petit peu dans le cadre, ce qui me convenait moins. Fait que je suis contente de l'avoir fait. Je comprends. Je ne regrette pas du tout. Je comprends. Mais c'est vrai que ça peut paraître étrange quand on voit... l'humaine que je suis devenue aujourd'hui de faire, hein ? C'est moi qui ai eu les cheveux bleus, qui ai fait des manifestations, anti-mondialisation, une vraie woke, là, que dans la politique de gauche, depuis 20 ans, j'ai été aussi dans l'armée. OK, voilà. Maintenant, vous savez pourquoi.

  • Speaker #1

    En fait, t'es allée chercher le mode d'emploi dont t'avais besoin, et quand t'as compris comment ça fonctionnait, t'as fabriqué le tien et t'es partie.

  • Speaker #0

    C'était pas mal ça. Puis en même temps, j'avais besoin d'un clan aussi. J'avais pas de clan. Les humains, on est des êtres sociaux, on a besoin d'être entourés. Les seuls modèles que j'avais autour de moi, ce n'étaient pas des modèles qui me convenaient. Très jeune, je n'étais pas bien avec mon modèle familial. Je n'étais pas bien avec ce que je voyais. Ce qui est triste, c'est que ça a rendu mes relations familiales encore plus difficiles parce que j'étais le mouton noir de cette famille. Donc, on me rejetait encore plus parce que j'étais trop parfaite. Je réussissais trop bien à l'école, je faisais trop bien les choses. Donc, je tapais sur les nerfs de ma famille. Mais en quelque sorte, moi, je me cherchais des modèles qui allaient plus dans cette direction-là. Puis c'est comme ça que je les ai trouvés où je les ai trouvés quand ils étaient disponibles. Ce n'étaient pas des modèles toujours comme 100 % idéaux, mais c'est ceux-là qu'il y avait dans ma petite ville de campagne. Et j'ai pris ce que j'ai trouvé. J'ai aussi servi la messe, alors que je suis athée, débattue depuis longtemps. Mais quand j'étais très jeune, je me suis autour enroulée. pour aller servir la messe à l'église, encore une fois, parce que je cherchais des adultes pour s'occuper de moi. À un moment donné, je suis partie, mais tu sais... C'est ça. J'ai trouvé le soutien que j'avais besoin où il était disponible, en fait. C'est ça, tout ça.

  • Speaker #1

    Ça fait sens. Je trouve que tu as une super force de volonté, en fait, depuis très jeune, à savoir ce que tu veux. Je pense que tu as très vite compris que ce n'est pas parce que dans ta famille, ça se passait de cette façon que ça voulait dire que ça devait être ton paradigme à toi. Exact. Et je trouve ça vraiment... Je trouve que c'est un beau message, en fait. Un bel exemple de résilience, un bel exemple de volonté et un beau message d'espoir pour les personnes qui peuvent être peut-être dans une situation similaire ou qui ressemblent, de se dire « ok, moi aussi je peux faire quelque chose » .

  • Speaker #0

    Je crois que c'est simple parce que des fois ça demande d'accepter d'être rejeté par une partie des gens qui nous entourent, ça demande de couper des ponts, de se créer une nouvelle famille. Donc, je ne veux pas dire, ah, voilà, je vous ai servi la solution. Ce n'était vraiment pas facile à faire. Et ça demande d'être entourée, d'avoir du soutien aussi pour prendre des décisions comme ça. Puis ça s'est fait, en ce qui me concerne, de façon quand même assez inconsciente. C'est les mécanismes de survie que j'ai développés depuis ma naissance, en fait. Il faut savoir que j'avais un trouble de l'attachement. Donc, je me suis rapidement un peu placée en contradiction avec ma famille. Donc, ça n'a pas fait que du positif finalement. Puis, c'est important de mettre de la lumière sur ce qui est positif dans ce cheminement-là, mais il y a quand même eu beaucoup d'enjeux aussi à choisir ce chemin-là, qui n'est pas toujours un chemin simple. Mais si ça peut donner de l'espoir, par exemple, que c'est possible de se sortir un peu de... de cet environnement qui peut être toxique, mais ça prend du temps du soutien, de l'accompagnement.

  • Speaker #1

    Où est-ce qu'on peut te trouver si les auditeurs ont envie de venir te contacter ?

  • Speaker #0

    Sur les réseaux sociaux. Annie au jour le jour, donc que ce soit Facebook, Instagram, LinkedIn. Par contre, je suis plus active sur Instagram et en ce moment, quand même, relativement en pause de réseaux sociaux. Donc, j'ai des cycles dans la vie où je me redéfinis aux cinq ans. Donc, je suis dans un de ces cycles. Donc, moins présente, mais on a accès à tous mes outils, toutes les choses que j'ai construites, bâties via les liens dans les bios de ces différents réseaux sociaux-là. Il y a mon site web aussi, tu vas mettre les liens. Le podcast est en pause aussi, mais il y a quand même 17 épisodes déjà qui sont en ligne et qui sont très, très pertinents. Je vous invite les gens à le découvrir. Puis, même si je publie moins, je suis là. Donc, on peut m'écrire, on peut venir ouvrir la discussion. S'il y a des gens qui ont envie de poursuivre la conversation autour de notre sujet d'aujourd'hui, ça me fera plaisir de le faire.

  • Speaker #1

    Je vais laisser tous les liens dans la description de l'épisode. Et puis, la toute dernière question sur une note plus légère. Il y a quoi dans ta playlist en ce moment, Annie ?

  • Speaker #0

    J'ai bien aimé ta question. Là, tu parles de playlist générale, musique, podcast.

  • Speaker #1

    Absolument. Absolument tout ce qui te… tout ce qui est du moment.

  • Speaker #0

    En fait, dans un désir de me foutre la paix, justement, j'ai un petit peu tassé tout ce qui était très éducatif et très... Tu sais, j'écoutais beaucoup de livres audio, beaucoup de podcasts. J'ai pris un peu une pause, justement, pour revenir à mon amour de la musique et de façon plus intentionnelle parce que depuis des années, j'écoutais toujours de la musique en fond de quelque chose d'autre. Et là, j'ai recommencé à aller voir les artistes que j'aimais beaucoup, aller voir les albums que j'avais manqués, qu'ils avaient sortis, et écouter plus intentionnellement, vraiment en étant dans le moment présent avec la musique, plutôt que toujours avoir la musique en fond. Parce que je suis musicienne, c'est vraiment une passion pour moi, la musique. Alors, je commence à le faire justement plus dans le plaisir, moins dans l'utilité.

  • Speaker #1

    C'est quoi ton instrument ?

  • Speaker #0

    Moi, je suis flûtiste. Donc, j'ai joué de la flûte traversière dans des orchestres pendant de nombreuses années. Mais mes goûts musicaux ne sont pas dans le classique, forcément.

  • Speaker #1

    Alors, il y a quoi dans ta playlist ? Réponds à la question, Annie Prémaux !

  • Speaker #0

    Parce que la fait, c'est que c'est dur de répondre parce que j'ai des playlists pour tout. J'aime tellement tous les styles, sauf le heavy metal et le country. Tout le reste, il y a le metal. Le métal instrumental, tu sais, qu'il y a du classique dedans avec des chants d'opéra ou certains instruments, ça, ça peut passer. OK ? Mais j'aime plein de choses. Donc, j'aime particulièrement tout ce qui est indie, post-rock, folk-rock. Mon groupe vraiment de cœur mythique, c'est Sigur Rós, qui est un groupe qui se l'appelle. J'aime beaucoup la musique islandaise. J'aime beaucoup la musique un peu dépressive, comme The National, Other Lives, qui sont des groupes qui sortent un goût de pleurer quand tu écoutes leur musique, mais ça vient chercher un peu mon côté... Très émotionnelle, j'aime ça, cette musique-là.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    Mais il y a aussi de la musique super enjouée, il y a de la musique du monde, de la musique africaine, de la musique... Honnêtement, ça va dans toutes les directions, fait qu'il n'y a pas forcément de cohérence dans mes playlists. C'est plus l'émotion de l'envie d'aller chercher qui va m'aider à construire des playlists selon les différentes émotions ou envies que j'ai. Donc, voilà.

  • Speaker #1

    Eh bien, merci, Annie. d'avoir accepté de partager le micro de Mission Anxiété Zéro aujourd'hui. On arrive déjà à la fin de cette interview. Ça a passé super vite. Un énorme merci pour ta présence ici, pour ton partage, pour tes confidences, pour avoir partagé ton histoire, pour avoir partagé des astuces, pour aider simplement, pour permettre aux personnes d'avoir des prises de conscience qu'en fait, on est assez. quoi qu'on traverse, en fait, on est assez. Un grand merci.

  • Speaker #0

    On se retrouve très bientôt.

  • Speaker #1

    Et tu reviens, bien sûr, dans le podcast, quand tu veux. À très bientôt, Annie.

  • Speaker #0

    À bientôt.

  • Speaker #2

    Tu n'as pas besoin de t'éteindre pour éclairer les autres. C'est la chose que je retiens de cet épisode. Annie nous a offert un témoignage bouleversant, mais surtout des outils concrets pour se relever. Ce qui force le respect chez Annie, ce n'est pas seulement son parcours, Mais c'est surtout sa capacité à transformer un passé douloureux en un chemin de résilience. Sa volonté, son honnêteté et sa force tranquille sont d'autant d'invitations à te choisir, toi aussi, dès aujourd'hui. Tu trouveras tous ces liens et ressources en description de l'épisode. Si cet épisode t'a plu, je serai évidemment gratitude si tu laissais 5 étoiles sur ta plateforme d'écoute préférée. Pense aussi à t'abonner pour ne rien manquer ou à partager l'épisode à quelqu'un qui pourrait avoir besoin. d'entendre ça aujourd'hui. On se retrouve très vite dans un prochain épisode et n'oublie pas, quoi que tu traverses, tu n'es pas seul.

Description

Tu veux aider, soulager, soutenir. T’es là pour tout le monde, tout le temps. Mais à force de porter le monde sur tes épaules, est-ce que tu t’es déjà demandé : et moi, dans tout ça ?

Dans cet épisode profondément humain et sans tabou, je reçois Annie Prévost, intervenante en santé mentale et hôte du podcast Foutrement Vrai.es. Ensemble, on parle d’un sujet qui touche en plein cœur : l’épuisement dans la relation d’aide.


💥 On y parle :

  • de burn-out, bien sûr, et de comment le corps finit par dire STOP quand on ne l’écoute plus ;

  • du syndrome du sauveur, de cette envie de bien faire… jusqu’à l’oubli de soi ;

  • de la difficulté à mettre ses limites quand on travaille avec l’humain ;

  • et de ce que ça veut vraiment dire, se foutre la paix.

Un échange vrai, nuancé, parfois brutal… mais toujours plein de bienveillance et d’espoir.

Que tu travailles dans la relation d’aide ou que tu sois juste épuisé·e de toujours devoir être fort·e pour les autres, cet épisode est pour toi.


Les ressources d'Annie :

https://podcasts.apple.com/fr/podcast/foutrement-vrai-es/id1737064891

https://www.aujourlejour.ca/liens

https://annieprevostaujourlejour.thrivecart.com/le-deprocrastinateur/

IG @annieaujourlejour
LI https://www.linkedin.com/in/annieaujourlejour/



➡️ Télécharge gratuitement le Patch Anxiété Zéro, je t'y guide pas à pas pour apprendre à gérer tes crises d'anxiété en autonomie : https://www.s-konsult.com/anxiete-zero/patch-anxiete-zero


➡️ Réserve ton appel découverte gratuit pour rejoindre l'accompagnement Mission Anxiété Zéro - l'Antidote et venir à bout de ton anxiété :

https://bit.ly/3PJohK4


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@crédits audio du générique : Anthony Chognard CHS Prod


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Tu sais, ce moment où ton corps te lâche, où il t'oblige à t'arrêter net parce que t'as pas su l'écouter à temps, où tu t'effondres alors que tout le monde pensait que t'étais la plus forte ou le plus fort ? Si tu as déjà connu ça, cet épisode va te parler profondément. Dans ce 22e épisode de Mission Anxiété Zéro, on ouvre un espace sans tabou dans lequel on va parler de burnout, de surresponsabilité, de syndrome du sauveur et surtout de comment apprendre à se foutre la paix. Et crois-moi... Mon invitée du jour est foutrement vraie et sait exactement de quoi elle parle. On se retrouve après le générique. Bienvenue dans Mission Anxiété Zéro. Ici, c'est ton safe space sans langue de bois dans lequel je vais t'aider à questionner tes automatismes émotionnels. Moi, c'est Sandra. Je suis sophro analyste et ma mission, c'est d'accompagner mes clients à prendre soin de leur bien-être mental pour être plus heureux, mieux concentrés et mettre plus de sens dans leur quotidien. Alors si toi aussi tu cherches des solutions concrètes et actionnables pour gérer tes émotions et mettre ton anxiété à zéro, installe-toi, tu es au bon endroit. Bienvenue Annie au micro de Mission Anxiété Zéro. Un grand merci d'avoir accepté l'invitation. Comment vas-tu ?

  • Speaker #1

    Je vais bien. Ça fait un petit moment que je n'ai pas enregistré de podcast, alors je suis vraiment, vraiment enthousiaste, excitée d'être avec toi aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Tu vas reprendre avec des bonnes conditions aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Je le sers bien.

  • Speaker #0

    Je t'ai invitée aujourd'hui pour papoter sur le thème de se foutre la paix quand on travaille dans la relation d'aide, et pas que. Mais avant de plonger dans le vif du sujet, je vais parler un peu de toi, de qui tu es et de comment on s'est connus pour permettre aux auditeurs qui ne te connaîtraient pas encore de placer un peu de contexte autour de ça. Alors, tu es Annie Prévost, tu travailles dans la relation d'aide depuis une vingtaine d'années, tu es thérapeute dans la relation d'aide et, comme tu le dis toi-même, tu contribues à prendre soin de celles et ceux qui prennent soin des autres. Tu vis au Canada, dans la province du Québec et tu es maman de deux enfants et tu es également la maman du podcast Foutrement Vrai, qui a pour mission de briser les tabous autour de la santé mentale Merci. et d'abolir la culture du burn-out. C'est un podcast que je recommande vivement aux auditeurs d'aller écouter parce que tes épisodes, c'est juste des ressources géniales à la fois pour s'éduquer et pour décomplexer en même temps. Et c'est un des rares podcasts qui nourrit réellement mon besoin de stimulation à la réflexion sur la santé mentale. Les auditeurs pourront retrouver bien sûr le lien pour te découvrir dans la description de l'épisode. Et nous, on s'est rencontrés parce qu'à la base, j'ai suivi ta formation en business sans burn-out. Et suite à ça... Je t'ai contactée pour te demander de faire partie de mon équipe stratégique pour monter mon programme d'accompagnement Mission Anxiété Zéro, l'antidote. Parce que j'ai tout de suite su que tu comprendrais les vrais enjeux et le sérieux dans ma démarche de proposer un accompagnement thérapeutique de haute qualité et qui se démarque sur le marché de la thérapie. Parce que tu comprends et tu connais les mécanismes de fonctionnement de la psyché. Tu connais aussi, si je peux dire... les... les pièges ou les aléas de quand on travaille dans la relation d'aide dans lesquelles ne pas tomber et qui sont super importants quand on est thérapeute ou qu'on travaille dans la relation d'aide, on va en parler tout à l'heure, et surtout lorsqu'il est question de bien-être mental et d'anxiété. Et en réalité, il y a tellement de choses qui se jouent là-dedans que c'est super important. Et pour moi, en tout cas, travailler avec toi, c'était vraiment... Je suis super contente que tu aies accepté de travailler avec moi parce que je pense que je te l'ai déjà dit, pour moi, tu joues vraiment un rôle de... deuxième cerveau et de maman. Et ça, c'est vraiment super, tu vois. Alors, est-ce que j'ai tout dit dans ta présentation ou est-ce que tu souhaites corriger des choses ou ajouter quelque chose ?

  • Speaker #1

    Ben écoute, je pense que de toute façon, quand il s'agit de se présenter, ça pourrait être très long, ça dépend toujours ce qu'on veut dire, mais globalement, ce que t'as partagé est très juste. J'aime bien maintenant utiliser le terme intervenante en santé mentale. Parce que je me suis un petit peu plus éloignée de la thérapie. Maintenant, je fais plus de la consultation, de la formation, de l'intervention. Mais grosso modo, ma mission, c'est vraiment ancrer dans la prévention de l'épuisement, dans la gestion du stress. Donc, voilà, c'est tout juste.

  • Speaker #0

    OK. Donc, Annie, ma bien chère Annie, qu'est-ce qui t'a amenée dans ton parcours à te tourner vers la relation d'aide ?

  • Speaker #1

    Wow, c'est une belle question. Parce que pour moi, je pense que ça fait partie de ma personnalité, en fait. Dans le sens où depuis que je suis toute petite, et ça remonte à aussi loin que mes peut-être 5-6 ans. J'ai toujours été tournée vers ce besoin d'aider l'autre. On me surnommait déjà Mère Thérésa à cet âge-là. Donc j'avais vraiment cet élan de vouloir faire des choses pour aider, pour rendre service, pour enseigner, partager, accompagner. J'étais celle dans la cour d'école qui se préoccupait toujours de ceux et celles que les autres mettaient de côté. Donc, c'est vraiment très, très fort en moi. Alors, j'ai toujours su que je ferais ça. Petite, je pensais que j'allais être médecin sans frontières. C'était l'objectif initial. Et avec le temps, ça s'est transformé un peu plus précisément. Mais il y a quand même eu quelques détours dans le sens où au départ, j'ai fait mes études pour devenir médecin que j'ai abandonné en cours de route. Mais mon premier emploi a tout de suite été dans la relation d'aide. Alors, c'est ce qui m'amène à plus de 20 ans d'expérience. Et j'ai touché à toutes les clientèles, dans tous les contextes. Je l'ai expérimenté vraiment beaucoup. Et ça a toujours été très, très clair pour moi que, peu importe la façon que j'allais le faire ou le contexte dans lequel j'allais le faire, il y allait toujours avoir ce rapport à l'autre. Mais évidemment, ça s'est transformé avec le temps, de par mes expériences aussi, par un burn-out. On va le nommer, comme c'est, en 2014, un presque deuxième par la suite. Donc, c'est sûr que ça s'est transformé, mais cet appel de présence, d'accompagnement, de soutien, d'enseignement, il est là depuis toujours. Donc, c'est ce qui m'a amenée dans la relation d'aide, même si j'ai eu à me redéfinir à plusieurs reprises dans mon parcours.

  • Speaker #0

    D'accord. Est-ce que tu peux expliquer ce que c'est la relation d'aide pour toi ?

  • Speaker #1

    Bon, là, la relation d'aide, c'est important de comprendre que... Il y a une différence entre la relation d'aide et le soutien à l'autre, par exemple. À la base, à peu près tout le monde a l'occasion, à un moment donné dans sa vie, d'être en relation d'aide, en quelque sorte, d'entraide, de soutien avec d'autres êtres humains. Mais quand on parle vraiment de la relation d'aide d'un point de vue professionnel, c'est différent. Et c'est là peut-être que c'est un enjeu pour plusieurs personnes. Ça l'a été pour moi aussi. Ça a été de distinguer, justement. Le désir de sauver les gens, de soutenir, d'être présent, de la relation d'aide qui a un contexte, qui a un cadre qui est important de fixer. Donc, de distinguer les deux et d'être capable peut-être de naviguer dans les deux. Donc, c'est-à-dire que quand on est dans notre vie personnelle, de faire attention de ne pas forcément tomber dans le cadre de la relation d'aide et à l'inverse, quand on est dans la relation d'aide, de faire attention de ne pas tomber dans le cadre. de la sympathie et du surinvestissement relationnel qu'on pourrait avoir avec des proches, par exemple. Donc, pour moi, ce qui va vraiment distinguer les deux, c'est d'abord et avant tout l'intention. Donc, c'est certain que quand on est dans un cadre de relation d'aide, l'intention, elle est très claire. C'est-à-dire que vraiment, il y a un contexte précis. La personne exprime un besoin et nous, notre objectif, c'est de l'accompagner à travers ce besoin-là. Donc, versus... Au quotidien avec les gens, on n'a pas forcément réfléchi à une intention quand on agit à titre de soutien avec ces personnes-là. Ensuite, évidemment, il y a le cadre, la posture. Et c'est pour ça que les études sont importantes et que malheureusement, on le sait, c'est pareil en France qu'au Canada. Il y a des gens qui vont s'improviser dans la relation d'aide, mais il y a un cadre et une posture qu'on doit apprendre, qu'on doit comprendre aussi. avec une certaine distance aussi émotionnelle, une structure dans les rencontres, des méthodes, des approches aussi qui ont fait leur preuve. On ne peut pas faire n'importe quoi, ouvrir des portes et après ça jamais les refermer puis espérer que la personne s'en sorte. On a une certaine responsabilité professionnelle en lien avec les portes qu'on ouvre, avec les gens qu'on accompagne. Et il y a aussi l'unidirectionnalité. Alors ça, ce que ça veut dire en gros, c'est que dans le cadre de la relation d'aide, le focus est mis sur la personne qu'on aide. Donc théoriquement, cette personne-là n'est pas là pour répondre à mes besoins à moi, elle n'est pas là pour m'écouter moi, je suis là pour elle. Versus dans une relation interpersonnelle où évidemment il y a un échange continuel. Ce qui ne veut pas dire que la compagnie n'a rien à nous apporter et qu'on ne va pas apprendre de cette personne-là évidemment. Mais moi, mon focus, il est uniquement sur cette personne-là et ses besoins. Donc c'est très important de protéger cet espace-là et d'éviter de projeter par exemple mes ressentis, mes propres expériences sur la personne que j'accompagne. Puis finalement, il y a toute la question de la responsabilité, comme je disais précédemment, l'éthique professionnelle aussi. Encore là, ce sont des choses qui ne sont pas toujours légiférées, ne sont pas toujours claires, ça dépend des professions de la relation d'aide. Par exemple, certaines professions vont être très, très encadrées par des ordres professionnels, par des codes d'éthique très précis et d'autres un peu moins. Tout ce qui touche le coaching, notamment, c'est pas vraiment encadré. Donc, ça demeure parfois un petit peu difficile pour la personne qui est accompagnée de se sentir aussi en sécurité et protégée parce que il n'y a pas forcément les mêmes cadres pour tout le monde et on ne sait pas si on est toujours entre bonnes mains. Pour moi, c'est ça, en fait, la relation d'aide, la différence entre les deux. Et c'est très, très important pour moi de rappeler que quand on parle de relations d'aide, il doit y avoir des balises claires. Il doit y avoir des choses claires qui sont exprimées dans les attentes et dans les limites aussi de ce qu'on peut faire pour cette personne-là. Donc ça, on ne va pas toujours faire non plus ou être en mesure de faire dans nos relations personnelles. Et on ne se choisit pas forcément dans nos relations interpersonnelles. nos parents, notre famille, etc. Mais je pense que dans la relation d'aide, on peut se choisir. Donc, on peut choisir notre thérapeute, notre thérapeute peut choisir les clients avec qui il a envie de travailler. Et ça fait une différence quand même assez importante, je pense.

  • Speaker #0

    Comment est-ce qu'on gère les relations d'aide, justement, dans un contexte hors professionnel ? Parce qu'on a toujours une forme de, elle est comme une forme de matrixage professionnel qui reste, tu vois, un petit peu, ces défauts professionnels où tu vois les choses. Mais quelque part, quand tu es formé, tu sais très bien que les seules personnes que tu pourras réellement jamais vraiment aider, c'est les personnes que tu aimes au final. Et j'observe quand même que chez beaucoup de personnes qui travaillent dans la relation d'aide, que ce soit des thérapeutes ou quel que soit le secteur confondu, même dans le secteur médical ou qu'importe, il va y avoir ce truc où ils ne vont pas toujours savoir bien placer la ligne et laisser empiéter, faire un peu du hors cadre en se laissant déborder dans leur privé. par ce qu'ils voient de leur regard de professionnel. C'est un peu comme Freud qui expliquait qu'on ne pouvait pas analyser quelqu'un de sa famille, mais qu'il analysait sa fille deux fois.

  • Speaker #1

    C'est sûr que la plupart des gens, en tout cas ceux que je connais, qui vont vers la relation d'aide ont cet élan dans leur personnalité, justement. Donc, c'est souvent des traits de personnalité qui fait qu'on est vraiment très empathique, très présent à l'autre. Donc, c'est assez facile, je pense, et naturel pour nous d'avoir ce réflexe d'être présent et de lever la main quand quelqu'un a besoin d'aide autour de nous. Et même des fois, parfois, de vouloir plus que la personne elle-même. Donc, je ne pense pas que c'est quelque chose de simple. Je pense que plus on va être capable d'avoir une pratique d'introspection, de recul. par rapport à soi, par rapport à nos relations aussi, plus on va être capable peut-être de prendre conscience des moments où on se surinvestit peut-être un peu trop ou on veut plus que la personne. Je ne suis pas d'accord, par exemple, avec le fait qu'on ne peut pas aider nos proches. On ne va pas les aider de la même façon que dans une relation d'aide. On peut les soutenir, être présent, mais la notion de consentement, selon moi, elle est essentielle. Pareil avec le conseil, en fait. Le réflexe qu'on peut avoir beaucoup, c'est de conseiller sans... personne ne nous l'ait demandé parce que justement, on a beaucoup de bagages, d'expérience. On a peut-être accompagné des gens qui ont vécu des situations similaires. Donc, on dirait qu'on a envie de propager notre connaissance, notre expérience. Et je pense que la notion de consentement, elle est essentielle. Donc, pour nous aider justement à peut-être pas aller trop vite dans ce désir d'aider, de s'assurer toujours que la personne a envie d'entendre ce qu'on a à dire, veut notre point de vue. ça va nous faire un petit frein naturel. Alors, si je me conditionne et je m'habitue à dire, avant de conseiller, avant de partager mon expérience, je vais toujours demander la permission, déjà, moi-même, ça me permet de faire un pas de recul et de réfléchir à ce que c'est le bon contexte, est-ce que c'est pertinent, est-ce que j'ai l'énergie aussi ? Est-ce que c'est un réflexe ? On l'a dit, naturellement, j'ai envie d'y aller, mais je n'ai peut-être pas la place ou l'énergie. Est-ce que je suis obligée ? Est-ce que c'est vraiment de ma responsabilité ? Est-ce que le fait d'être expérimenté, d'être bonne dans la relation d'aide, m'oblige à aider tout le monde ? Est-ce que je suis obligée de sauver toute ma famille et de toujours être celle qui est présente quand ils ont besoin d'aide ? Ces questionnements-là sont essentiels parce qu'avoir un bagage ne nous oblige jamais à l'utiliser, selon moi.

  • Speaker #0

    Tu dis qu'on t'a surnommé mère Thérésa au primaire parce que tu voulais sauver le monde même... quand il ne le voulait pas. Ça a dû t'épuiser, ça.

  • Speaker #1

    Ben oui, définitivement. C'est ce qui m'a amenée éventuellement dans ma vie à faire un épuisement. Moi, je suis vraiment, j'étais et je suis encore cette personne très multipassionnée, très, très sensible, une véritable éponge émotionnelle. Donc, petite, je n'avais pas encore les outils pour prendre soin de moi, pour me protéger, pour mettre mes limites. Donc, évidemment que ça m'a amenée à m'épuiser parce que je disais oui tout le temps, j'étais toujours présente, toujours là pour les autres. et au dépend de mes propres besoins. Et là, je parle de quand j'étais petite, mais ça a perduré vraiment longtemps. Je suis née en 1984 et j'ai fait mon épuisement en 2014. Donc, ça a pris quand même 30 ans avant que la vie m'amène à devoir apprendre à mettre mes limites, à mettre mes besoins au premier plan.

  • Speaker #0

    Parce que c'est-à-dire que le mère Thérésa, ça a duré jusqu'à ton burn-out de la primaire ? OK !

  • Speaker #1

    Ah oui, oui,

  • Speaker #0

    oui. Et comment ?

  • Speaker #1

    J'ai encore cet élan-là très fort. Il faut continuellement que je me parle. Il faut que je revienne à mes bases, à mes outils, parce que je me suis, et la vie m'a, mes expériences de vie, mes traumas m'ont amenée à me conditionner à faire le moins de bruit possible, à ce que mes besoins ne soient pas trop nommés. Donc, c'est un réflexe, un mécanisme que j'ai eu à apprendre à déconstruire, et ça a été très long. Donc, viens. d'un milieu familial qui a été très, très difficile, dans lequel tout le monde avait des problèmes. Et donc, j'ai été l'enfant très, très sage, qu'on n'entendait jamais, qu'il ne faisait jamais de bruit, qu'il ne voulait pas déranger, donc qu'il ne nommait pas ses besoins, pour être sûre qu'on n'en ajoute pas plus à la dynamique familiale qui était déjà explosive. Donc, ça, c'est ce que j'ai appris toute petite. Donc, naturellement, moi, j'avais... cette espèce de côté enfant-adulte qui prend la responsabilité et qui le fait avec tout le monde. Donc, on a besoin de moi, je suis essentielle. Cette réflexion-là, elle m'a habité pendant vraiment très longtemps. Et c'est ce qui fait que parfois, des fois, justement, on veut sauver des gens qui ne veulent pas être sauvés parce qu'on a cette impression que c'est ce qu'il faut faire, que c'est ce qu'on attend de nous. Et voilà. Donc oui, ça a perduré, puis c'est encore très présent. C'est important de dire que même si je suis accompagnée et que je fais de la psychothérapie depuis l'âge d'environ 17 ans, je continue de travailler là-dessus. La base. Il n'y a rien de ça qui est 100 % réglé. On va être honnête aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Si on est complètement honnête, je pense que tant qu'on est vivant, il n'y a rien qui est 100 % réglé. On avance, on dégrossit, on épluche. Surtout quand on travaille dans la relation d'aide, quand on est thérapeute, on le sait. C'est un travail qui se fait jusque sur son lit de mort. Oui, il y a des choses qui changent, il se passe des transformations magiques, mais on ne pourra jamais dire « Moi, j'ai résolu tous mes dossiers, les gars. »

  • Speaker #1

    Parce que de toute façon, il y a des nouveaux dossiers qui vont s'ouvrir entre-temps. Exactement ! C'est fini ! Plus on vient mis, on traverse des phases et il y a des nouveaux dossiers qui ouvrent. Ce n'est pas quelque chose qui se règle, je pense, de façon définitive, effectivement. Moi, dans le fond, je me définissais par ce rôle de sauver les autres. Donc, je m'oubliais de me définir par qui j'étais profondément. Qu'est-ce que moi, je voulais vraiment ? C'était quoi mes besoins à moi ? C'est toutes des choses auxquelles je n'étais pas capable de répondre, et ce, jusqu'à l'âge de 30 ans. Donc, ne pas aller à la salle de bain, ne pas manger, ne pas boire d'eau. C'est des choses que je pouvais me... déconnecté complètement sans m'en rendre compte vraiment, de façon totalement inconsciente. Sauf à partir du moment où à un moment donné, je m'ouvrais les yeux et je réalisais que j'avais la bouche complètement sèche, que j'avais peut-être pas bu d'eau depuis 24 heures, ou que j'avais pas mangé depuis des heures, ou que je n'étais pas allée à la salle de bain parce que j'étais tellement préoccupée à aider, à travailler, à être sur le plancher, à en faire plus, plus, plus, plus tout le temps. Ça a pris vraiment beaucoup de temps à me rappeler que mes besoins, qui je suis, ce que je veux, où est-ce que j'ai envie d'aller finalement, il y a quelque chose qui m'habite à l'intérieur et que ça n'a pas forcément une nécessité d'être défini par ce que les autres veulent finalement.

  • Speaker #0

    Comment est arrivé le déclic ?

  • Speaker #1

    J'aimerais dire que j'ai fait cette prise de conscience de façon spontanée, mais ce n'est pas vraiment ça. En fait, c'est mon corps qui a pris la décision à ma place. je me suis rendue compte tellement loin dans la négligence de mes besoins, des messages, les signaux que mon corps m'envoyait que je suis allée au plus d'extrême qu'on peut aller quand on parle de burn-out, c'est-à-dire d'être incapable de me lever. physiquement. Donc, c'est mon corps qui a arrêté. Shut down. Avec des enjeux reliés à mes fonctions. Donc, ça a été vraiment, vraiment difficile parce que j'ai poussé la limite tellement loin, finalement, que là, à un moment donné, mon corps a dit « là, tu ne veux rien comprendre, on va régler ça. On tire la plug. » Donc, ça a été très, très dur parce que ce matin-là, j'ai dû appeler pour dire que je n'allais pas entrer au travail et c'est comme si on me... me demandaient quelque chose. Je n'avais pas le choix. Même si j'avais voulu, c'était impossible. Donc, le déclic, il ne s'est pas fait instantanément parce qu'évidemment, quand on vit quelque chose comme ça, il y a un travail de reconstruction. À ce moment-là, j'étais en mode survie. Donc, il y a eu les besoins de base qui ont été remis en place avant de faire des réflexions plus profondes sur ce qui m'avait amenée à me rendre jusque-là. On parle d'un processus qui a duré environ un an au niveau physiologique surtout. Et j'ai commencé un peu plus à faire le travail au niveau psychologique un petit peu plus tard, à peu près presque un an plus tard, parce que je n'étais pas rendue là encore. Donc là, graduellement, il y a eu un déclic de ce qui s'était passé pour que je me rende jusque-là et de comprendre les mécanismes, justement, de me pardonner aussi. Parce que ce n'est pas facile. Non, c'est pas facile. d'un autre. Ce qu'il faut savoir, c'est que oui, je suis de type Marc Teresa, mais je suis aussi de type superwoman. Donc, ça veut dire que j'ai une très overachiever, beaucoup de perfectionnisme, beaucoup de pression de performance depuis toute petite encore une fois. Donc là, de me pardonner, de me dire écoute, je n'ai pas échoué. Moi, la personne qui sauve tout le monde, finalement, je n'ai pas réussi à me sauver moi-même. Ça a été très difficile à reconnaître et c'était ce que j'avais à faire. Avant d'être capable d'amorcer le processus de guérison par la suite et d'arriver à ce fameux déclic éventuellement de « qu'est-ce que je peux mettre en place pour éviter que ça se reproduise, que ça recommence ? » Je pense qu'il faut prendre conscience que ça prend du temps, justement. Et particulièrement quand on est des professionnels de la relation d'aide, justement parce qu'il y a une dichotomie entre ce que je sais et que je suis capable d'accomplir avec mes clients. comment est-ce que je peux le guider et versus comment moi, j'arrive peut-être à le faire pour moi-même et comment j'arrive à l'appliquer. Des fois, on se sent en contradiction entre ces deux pôles-là que ça peut être plus facile de le faire avec les autres que de le faire pour soi-même.

  • Speaker #0

    OK. Le burn-out, souvent, quand il se pointe, on ne l'a pas vu venir. Est-ce que tu... Toi, tu l'as vu arriver ? Est-ce que pour les auditeurs, tu peux un petit peu expliquer comment tu as senti en fait que tout partait en vrille ?

  • Speaker #1

    Quand je dis que je l'ai vu venir, c'est que je l'ai nié pendant un an. Donc, je ne l'ai pas vu venir au début, mais une fois qu'il a été bien installé, je le savais qu'il était là. Puis, j'ai continué de fonctionner comme si de rien n'était pendant un an.

  • Speaker #0

    Parce que c'était quoi ? Tu as dit que tu étais immobilisée. Ça s'est manifesté comment au début ? Des douleurs dans le corps ?

  • Speaker #1

    Non, non. Je me suis réveillée un matin et je ne pouvais pas sortir du lit. OK. Vraiment, physiquement, c'était impossible d'aller chercher la force et l'élan de juste mettre mes pieds sur le sol et de sortir de vie.

  • Speaker #0

    Donc, ce n'est pas que c'était des douleurs que tu traînais sur plusieurs mois, c'est que juste…

  • Speaker #1

    Mais il y en a eu. Il y en a eu. C'est ça que je dis. Dans le fond, comment ça s'est passé, là ? C'est qu'on peut dire que ça s'est installé à peu près sur un an. Là, je n'en avais pas forcément conscience. Comme j'ai l'habitude d'être complètement déconnectée de mon corps, de mes besoins, je ne vois peut-être pas tous les petits signaux. inflammation, douleur, fatigue, difficulté à se lever, changement dans l'humeur, l'irritabilité. On ne le voit pas forcément, ça s'installe graduellement. Et là, à un moment donné, je l'ai réalisé que ça n'allait pas. Le déclic, ça j'en parle souvent, mais c'est qu'à un moment donné, j'étais en train d'enseigner et il y a une étudiante qui m'a dit « Ah, Annie, tu es tellement toujours heureuse, j'aimerais ça être comme toi, etc. » Et là, dans ma tête, J'ai réalisé à quel point ça ne faisait aucun sens ce qu'elle était en train de me dire. Elle, elle voit ça, puis moi, dans ma tête, il se passe complètement le contraire. Donc là, c'est comme si c'est la première fois que je prenais conscience qu'il y avait un désalignement entre mon mode de fonctionnement et ce qui se passait réellement à l'intérieur de moi.

  • Speaker #0

    Tu masquais vachement bien, en fait.

  • Speaker #1

    Terriblement bien. Et c'est ça. Donc, je n'étais pas du tout authentique. C'était bien intentionné, je voulais bien faire mon travail, etc., mais je n'étais pas alignée du tout avec ce qui se passait en dedans de moi, comment je me sentais. Et c'est là qu'il a commencé à y avoir des réflexions. Mais à partir de ce moment-là, ça a pris un an. Je n'ai pas arrêté. Je n'ai pas fait « Ah, OK, je fais cette prise de conscience et je prends action. » Je vais continuer de ne pas me l'admettre, d'être dans le déni, de continuer d'essayer de fonctionner de cette façon-là. Mais il y avait toujours un petit peu plus d'inconfort pour ma part de faire « Ah ! » Là, je commençais à savoir qu'il y avait quelque chose et je commençais à me douter que c'était un épuisement. Mais là, quand le corps a pris la décision, que c'était assez et que ça faisait trop longtemps qu'il essayait de passer son message, là, c'était clair. Lui, il m'a arrêtée. Je me suis retrouvée face à la réalité. Je n'ai pas vraiment eu le choix de l'adresser. Je ne pouvais plus être dans le déni. C'était impossible. J'avais deux jeunes enfants. Je ne pouvais pas rester dans mon lit comme ça, regarder le plafond pendant des semaines. À ce moment-là, je n'avais pas le choix de faire « Bon, je pense que ça ne va pas. » Il va peut-être falloir que j'accepte d'aller chercher de l'aide, parce que là, ça va pas. Donc, j'ai tellement masqué au point où le père de mes enfants, mon ancien conjoint, n'a rien vu. Et c'est pas parce que c'est une personne en manque d'empathie. Il a rien vu. J'ai réussi à cacher ça aussi aux personnes les plus proches de moi. Je peux pas leur en vouloir d'avoir rien fait, parce que je l'ai vraiment caché.

  • Speaker #0

    Oui, tu as tout fait pour qu'il ne se doute de rien, en fait.

  • Speaker #1

    Exact. Et pour continuer de me sentir essentielle. Ce n'est pas facile à dire, mais c'est comme j'avais tellement le sentiment que la terre entière reposait sur mes épaules, et probablement, si on creuse un peu, qu'il y a un sentiment de valorisation, etc., derrière ça, que c'est le rôle que j'adoptais, et accepter de lâcher, de dire « je suis en burn-out » , c'est aussi accepter que je ne peux plus avoir ce rôle. Et c'était très, très souffrant pour moi d'envisager ça. Donc, j'ai préféré continuer de rester dans mon mal-être que d'accepter que quelqu'un d'autre allait devoir prendre soin de moi, au lieu que ce soit moi qui prenne soin de tout le monde. Donc, ça, ça a été tout un travail de prise de conscience à faire avant d'installer les stratégies et les solutions pour aller mieux.

  • Speaker #0

    C'est là que tu as appris à te foutre la paix ?

  • Speaker #1

    Non. OK. Moi, là, je fais les choses avec rapidité dans certains domaines et dans d'autres avec beaucoup plus de lenteur. Dans le sens où je n'ai pas compris tout de suite ce concept de se foutre la paix, en fait. Quand j'ai commencé à prendre conscience que j'avais besoin d'aide et que je devais peut-être faire les choses un peu différemment pour éviter de revivre un épuisement, eh bien, je suis quand même tombée dans le pattern de vouloir performer ma guérison. Comme beaucoup de gens. Donc, c'est ça. C'est de vouloir performer, de toujours vouloir en faire plus. C'est cette espèce de vision de la meilleure version de soi-même. Je suis tombée dedans à fond. Puis à jamais être vraiment capable de constater mon évolution en étant déjà en train de planifier ce que j'allais faire de plus pour être encore comme... plus avancé dans mon processus. Donc, au final, c'est pas tout de suite que j'ai fait « Ah, OK, faudrait peut-être que je me foute la paix. » C'est un peu plus tard dans le processus, plusieurs années plus tard. Fait que si on vient placer les choses, « Burnout 2014, 2015, j'ai commencé de façon un petit peu plus consciente à prendre soin de moi. » Ça a pris jusqu'à environ 2019, presque 2020, pour que je commence vraiment à prendre conscience de ce concept de se foutre la paix et de l'amener de façon plus claire. Peut-être que ce serait une bonne idée qu'on le définisse pour que les gens saisissent où est-ce que je m'en vais avec ça, se foutre la paix. Mais avant de le définir, je vais clore la boucle. mais à un moment donné, j'ai juste pris conscience justement que... Je ne rendais service à personne en voulant performer ma guérison, en me donnant des objectifs extrêmement élevés, de vouloir presque être parfaite à la limite, d'être la mère la plus bienveillante possible, la personne qui prenait le mieux soin d'elle, le meilleur modèle pour les gens que j'aidais, etc.

  • Speaker #0

    Je ne leur rendais pas service. Puis, je ne me rendais pas service non plus. Parce qu'au final, je me suis dit, est-ce que c'est vraiment ça le message que je veux envoyer ? En me mettant cette pression-là, en quelque sorte, c'est ce que je projette sur les autres. Puis, les gens me demandent, est-ce que j'ai envie qu'ils se mettent cette même pression-là ? Mes filles, est-ce que j'ai envie qu'elles grandissent en se disant, il faut que je me mette aussi cette pression-là, d'avoir des routines parfaites, de manger seulement, de faire de l'exercice de façon toujours parfaite, etc. Puis là, à un moment donné, je fais, non. Peut-être qu'à un moment donné, il faudrait que je me foute un peu la paix et c'est là qu'a commencé à s'installer toute cette vision des choses que je vais pouvoir définir. Raconte. Se foutre la paix, en fait. Je sais qu'en France, vous avez Fabrice Midal qui utilise ce terme-là. Moi, je l'ai découvert après avoir commencé à utiliser ce terme-là. Et on est quand même alignés sur notre façon de voir se foutre la paix, en gros. C'est d'arrêter de se mettre cette pression de vouloir être. être parfait déjà, de vouloir être dans l'action, mais plus de revenir dans l'instant, dans l'être, dans qui on est comme humain fondamentalement. Pour moi, ce footlappé, c'est relié directement à la bienveillance, à l'autocompassion, à la simplicité, donc arrêter de toujours complexifier tout, à l'amour de soi aussi, au respect de soi. Et ça, c'est pas facile. Et encore moins quand on est dans la relation d'aide. Parce que justement, on veut être là pour les autres. Est-ce que se foutre la piste, ça veut dire qu'on se fout des autres ? Est-ce que ça veut dire qu'on n'a plus de temps d'or ? Est-ce que ça veut dire, pour moi, non. Ça veut juste dire, on peut-tu juste se donner un break, puis juste être ici et maintenant, reconnaître ce qu'on a accompli et s'en satisfaire ? Wow ! Même si c'est aujourd'hui, tout ce que j'ai réussi à faire, c'est prendre une douche. OK. J'ai quand même pris une douche. C'est d'être capable de... Et je n'avais pas le choix éventuellement de m'en aller vers ça parce que j'étais encore en train de m'en aller directement dans le mur. Je serais retournée dans les prisons.

  • Speaker #1

    Mais tu l'as remarqué ? Oui. Ah. Oui.

  • Speaker #0

    Puis moi, quand j'accompagne des personnes... qui, soit ont l'impression qu'ils s'en vont vers un épuisement ou ont déjà vécu un épuisement, je leur dis toujours qu'on reste à risque. On reste à risque toute notre vie. Parce que ce qui nous amène à l'épuisement, ce sont souvent des traits, justement, de personnalité. Ce sont des mécanismes qu'on a développés, la façon dont on est programmé. Alors, si on ne reste pas alerte, continuellement, on peut retomber très facilement dans ces habitudes-là. on devient juste meilleur à le remarquer. Donc, plus on avance dans notre cheminement de guérison, plus on est capable de détecter les signaux rapidement. De dire, je sens que je commence à reprendre le champ. Donc, je vais me ramener un petit peu plus dans mes besoins, dans ce qui fait du sens pour moi. Donc, on arrive à agir de plus en plus rapidement, mais je pense qu'on reste fragilisés longtemps. Puis, on parle autour de sept ans. pour vraiment officialiser la guérison d'un épuisement professionnel. Même après le 7 ans, selon moi, ça nécessite encore de devoir rester très alerte. Je n'avais pas le choix de me foutre la paix en quelque sorte. C'est devenu une nécessité de survie parce que je ne pense pas que je pourrais me permettre de revivre un épuisement comme j'ai vécu. Je ne suis pas sûre que j'en survivrais.

  • Speaker #1

    Je comprends. Je me dis un peu la même chose que toi. L'extérieur peut voir certaines positions prises de façon assez radicale, mais en réalité, c'est assez nécessaire parce que tant qu'on ne l'a pas vécu, c'est difficile de comprendre tout quand il n'y a plus rien qui fonctionne dans le corps. Que ce soit la tête, le corps, les deux en même temps ou séparément, quand il n'y a plus rien qui est coordonné là-dedans. On vit dans une société où on doit quand même un petit peu fonctionner, quel que soit notre poste. C'est important même pour le parent au foyer qui éduque ses enfants. Il doit continuer à fonctionner aussi. Il n'y a pas de distinguo que ce soit les classes sociales, les métiers. On s'en fout. C'est assez important. Tant qu'on ne l'a pas vécu, on ne comprend pas tout l'enjeu de se protéger et de sortir de la société. Je suis complètement d'accord avec toi quand tu parles de dire qu'il y a des alerteurs qu'il faut savoir reconnaître pour dire « Ouf, là, il va être temps de se calmer et de s'occuper un peu de soi » . Mais c'est vrai que je partage ce point de vue-là, qu'une fois que c'est arrivé, tu restes à risque. Ça ne veut pas dire que c'est grave. Parce que d'un autre côté, ça nous apprend aussi à mieux nous connaître nous-mêmes. Et je vois beaucoup de personnes dans la relation d'aide, que ce soit des thérapeutes, des médecins, des personnes du corps médical, ou même parfois des formateurs aussi, qui s'épuisent au travail pour continuer à accompagner ou à soigner les gens. Et je remarque une certaine forme de culpabilité lorsque ces personnes évoquent seulement l'idée de prendre des congés ou du temps. pour se reposer ? Parce que tu accompagnes aussi des personnes comme ça. Qu'est-ce que tu as envie de leur dire à ces gens-là ?

  • Speaker #0

    Tu sais, dans un premier temps, ce qui amène la culpabilité dont tu parles, c'est le fait qu'on a tendance peut-être à porter des responsabilités qui ne nous appartiennent pas, dont celle de sauver l'autre. Et ce, même si notre métier est de soutenir et d'aider, ce n'est pas de sauver. L'autre doit se sauver lui-même avec du soutien. Donc, c'est certain que si on arrête de se mettre ce poids-là en se disant que ce n'est pas vrai qu'on est essentiel, que d'autres personnes peuvent prendre le relais, déjà, ça aide un peu à apaiser la culpabilité. Je ne dis pas que c'est facile. Je ne sais pas comment ça se passe en France. Ici, il manque d'intervenants cruellement dans le milieu. Là, on rajoute le poids de dire, mais là, si je m'en vais, il n'y aura personne d'autre. Là, c'est sûr que ça rajoute une pression, mais à un moment donné, il faut arriver à replacer notre responsabilité, elle est où ? Et je pense que notre responsabilité première est de prendre soin de nous d'abord, parce que ça devient particulièrement difficile de prendre soin des autres si on ne prend pas soin de nous. qu'est-ce que je leur dirais de façon très, très claire, puis c'est probablement ce que j'aurais aimé qu'on me dise, c'est que ce n'est pas une nécessité de s'épuiser pour aider les autres. Ce n'est pas une nécessité. Il n'y a rien qui t'oblige à t'oublier dans ce processus-là. Tu n'es pas obligé d'absorber toutes les souffrances. Tu peux aider sans... prendre les souffrances de l'autre pour le soulager. Tu n'as pas à absorber tout ça tout en repoussant tes propres besoins parce qu'à un moment donné, ça manque d'espace. Quand on prend toute la souffrance des autres, les besoins des autres sur nos épaules, à un moment donné, il manque de place pour notre propre souffrance, nos propres besoins. mais ils sont quand même là, mais ils sont bien bien écrasés dans le fond puis à un moment donné, ils vont se mettre à pousser tellement fort que là, ça va exploser donc personne n'est gagnant de ça, ça c'est certain ça veut dire pour moi d'être là, mais avec tes limites avec ton humanité avec ton droit au repos, parce que pour moi c'est le meilleur exemple que tu peux donner aux gens que tu veux aider, justement être cohérent dans ton message dans ce que tu leur enseignes et de l'appliquer pour toi, c'est aussi leur enseigner à le faire pour eux. Donc, mettre tes limites dans la relation d'aide, c'est aussi enseigner à la personne que tu accompagnes à mettre les siennes. C'est de lui permettre de se donner le droit de le faire. Parce qu'elle se dit, « Hé, si ma thérapeute le fait, ça veut dire que j'ai le droit. C'est pas mal. » Si tu ressens toute cette fatigue-là s'installer, cette lourdeur-là, ça ne veut pas dire que tu n'es pas à la hauteur. t'as peur que t'es une mauvaise intervenante, une mauvaise professionnelle, un mauvais thérapeute. Ça, c'est difficile. Parce qu'on se dit « Hé, j'ai échoué. Je suis supposée savoir quoi faire pour prendre soin de moi. C'est mon métier. Je ne suis pas à la hauteur. Je ne suis pas bonne. Je ne suis pas suffisante. » Mais ce n'est pas vrai. Ça n'a rien à voir. Ce n'est pas parce qu'on est talentueux dans quelque chose qu'on est toujours capable de mobiliser. nos forces et nos ressources dans tous les contextes, à tous les moments. Ça n'enlève rien à notre valeur. Ça n'enlève rien à nos compétences. En aucun cas. Donc, c'est important de faire cette distinction-là. Tu n'as pas besoin de t'éteindre pour être capable d'éclairer les autres. La lumière, elle peut briller pour les deux en même temps. Ça, c'est important. J'espère qu'on comprend. Oui. J'espère qu'on comprend ça. Je sais que rationnellement, la plupart d'entre nous, on le comprend très bien. mais que dans le concret du quotidien, c'est peut-être un petit peu moins facile à mettre en place.

  • Speaker #1

    Oui, j'ai l'impression que c'est un petit peu émotionnel, ce qui se joue. Tu vois, c'est comme s'il y avait des triggers, un petit peu de... Soit pour certains, que ce soit leur costume de sauveur ou autre costume quelconque pour prouver sa valeur. Et c'est surtout là que ça se joue. Parce que c'est vrai que dans la théorie... Tout le monde va dire, bien, évidemment, nous le savons.

  • Speaker #0

    Mais c'est pour ça que je parle de stopper la culture du burn-out, Sandra, parce qu'on ne peut pas être 100 % responsable d'avoir vécu un épuisement professionnel. Ça serait se mentir que de penser que notre guérison n'est que de notre propre responsabilité. Il y a un travail collectif à faire aussi, parce que si les gens se rendent jusque-là, toute cette pression qu'on peut se mettre, cette culpabilité-là, il se passe autre chose. Il faut intervenir à d'autres niveaux. Ce n'est pas juste un truc individuel. C'est un truc individuel parce que... on ne va pas s'en sortir. Il y a un travail beaucoup plus large de la façon dont on met de la pression sur les individus, justement, au niveau sociétal, pour en arriver à pouvoir espérer des guérisons profondes chez les gens, parce qu'on les renvoie dans leur milieu de travail et on fait un travail incroyable sur eux. On les renvoie dans leur milieu. Ça ne prend pas une semaine, deux semaines, un mois. C'est tout à recommencer. Oui. Donc, c'est fâchant. C'est vraiment fâchant.

  • Speaker #1

    Pourquoi foutrement vrai ? Qu'est-ce que tu nous racontes de toi et qu'est-ce qui te tient à cœur à travers tes épisodes de podcast de nous partager ?

  • Speaker #0

    Ce titre-là est important pour moi parce que, justement, comme je l'ai raconté précédemment, ça a été tout un travail pour moi d'assumer à 100% qu'il était d'être capable de le mettre au-devant. Donc, le fait d'être vrai... Dans sa vérité, c'est un lien direct avec apprendre à être à l'écoute de ses besoins, apprendre à écouter ses limites, les nommer, les exprimer. C'est aussi d'être capable de nommer les choses sans avoir honte. Les émotions qu'on ressent, les enjeux qu'on vit, d'être capable de les assumer aussi comme... faisant partie aussi de notre lumière, sur le coup, ce n'est pas toujours évident. Je sais que ça va être très cliché ce que je vais dire, mais ceux qui l'ont vécu pour la plupart vont être d'accord avec moi. Mon burn-out, pour moi, c'est un cadeau aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Je suis d'accord. Je suis complètement d'accord.

  • Speaker #0

    Merci, mon corps. parce que je ne sais pas combien de temps je vais continuer à être dans le déni. Donc, merci mon corps. Sur le coup, j'étais fâchée. Là, je m'en suis remis. Ça fait 11 ans, je pense que je n'y en veux plus. Mais oui, cette vérité-là de juste dire, on peut-tu être 100% nous-mêmes et arrêter d'avoir peur de ce que les gens vont en penser, arrêter d'avoir peur d'être rejeté parce qu'on assume qu'on est si... tout le monde était un peu plus dans sa vérité, oser un peu plus dire quand ils ne sont pas satisfaits, quand ça ne va pas, on arriverait à dialoguer, à trouver des solutions, des compromis, à avancer ensemble. Mais comme on a un peu appris à se taire, à s'ajuster tout le temps à l'autre, puis finalement, tout le monde part de son côté avec des malentendus. Bien moi, j'ai fait ça parce que je pensais que ça ferait son bonheur, puis finalement, je ne le savais pas. ça faisait pas son bonheur, parce qu'on ne s'est pas parlé, on n'a pas communiqué, on n'a pas nommé nos besoins. Je ne vais pas lui dire non, parce que ça va lui faire de la peine. Mais finalement, si on lui avait dit non, ça lui aurait peut-être rendu service, parce qu'elle aurait peut-être pris une pause. Donc, au final, on peut-tu juste se donner un petit peu plus le droit d'être vrai, de parler des vraies choses, d'arrêter d'avoir peur de vivre des enjeux, parce que je trouve que ça nous amène tous dans notre humanité, que tout le monde a oublié qu'il est imparfait. On peut-tu juste l'assumer ? On est tous imparfaits. Arrêtons d'avoir peur de parler de santé mentale quand on sait très bien, quand on regarde les statistiques, qu'il y a une forte proportion des gens dans leur vie, si ce n'est pas eux, en tout cas, ça va être un proche, va vivre des enjeux de santé mentale. Donc, tout le monde passe par là. Je veux dire, puis le fait de ne pas en parler, ça rend service à personne parce que là, on reste isolé dans notre honte, dans notre peur. On n'en parle pas, on ne va pas chercher d'aide, on ne se fait pas soutenir parce qu'on a peur de le nommer, tout simplement. Si d'autres le faisaient avant nous, Ah, OK, elle aussi. Peut-être que là, je peux m'autoriser à le vivre ou sentir que je ne suis pas une merde parce que je vis ça.

  • Speaker #1

    C'est un super message. C'est vraiment un super message. Et puis, c'est un titre sacrément badass aussi. C'est un autre podcast sacrément badass, moi, je trouve.

  • Speaker #0

    C'est un podcast sacrément badass.

  • Speaker #1

    Absolument. De quoi tu as besoin, toi, pour te foutre la paix ? Qu'est-ce qui marche pour toi ?

  • Speaker #0

    Bien... Au stade où j'en suis, c'est des rappels que j'ai besoin, en fait. Parce que je sais déjà tout ce que j'ai à faire, mais j'ai besoin de me le faire rappeler continuellement. Je l'ai dit tout à l'heure, on reste fragilisés. C'est facile de retomber dans nos vieilles habitudes. Donc, des rappels, ce qui veut dire d'être accompagné. Pour moi, être accompagné, ça sera toujours une nécessité. Pas parce que j'ai vécu un burn-out, je pense que tout le monde a besoin d'avoir des gens autour d'eux qui ont une certaine neutralité et qui peuvent les aider à prendre le pas de recul, qui n'est pas toujours évident de prendre quand on court à 100 000 à l'heure, à longueur de journée. Donc, être accompagné, ne jamais croire que c'est acquis ou 100 % réglé. puis le fait de me le répéter continuellement justement ça fait que je ne me mets pas des œillères et je reste alerte donc être capable de prendre le recul aussi avoir des habitudes qui m'obligent à me questionner prendre du recul observer c'est ce qui m'aide à me foutre la paix ultimement parce que comme se foutre la paix c'est de donner le droit d'être humain Il faut se connecter à nos besoins, il faut se connecter à nos enjeux, à nos limites, etc. Pour ça, il faut prendre du recul. Pour moi, c'est la base. Au moins, chaque jour, idéalement, de revenir à moi, de m'arrêter, si ce n'est pas par écrit, au moins dans ma tête, et de me demander de quoi j'ai besoin ici et maintenant. Pas dans un mois quand je vais être en vacances. Ici et maintenant, de quoi j'ai besoin, qu'est-ce qui me ferait du bien. Pas pour aller 100 % mieux, juste 1 %. Si je peux juste envisager de me sentir un peu mieux aujourd'hui de 1 %, il y aura quand même au moins une action qui sera prise. Parce que quand on attend toujours d'être dans le 100 %, on ne prend jamais action finalement, on n'a jamais le temps pour faire quelque chose qui va nous amener à 100 %. Ça n'arrive juste pas. Donc, 1 % c'est un objectif qui a du sens selon moi pour insérer ça dans notre quotidien.

  • Speaker #1

    Une des choses que j'avais beaucoup aimé, dans ta formation en business sans burn-out, c'était cette stratégie du 1%. OK, aujourd'hui, ça ne va pas, c'est une journée de merde. Bon, ça ira, espérons-le, mieux demain, mais en attendant, il va falloir que la journée se finisse. Qu'est-ce que je vais faire ? Ouais, allez, 1%, 1%, c'est peut-être gérable. J'avais beaucoup aimé cette stratégie-là. Je l'utilise encore très régulièrement.

  • Speaker #0

    La question que je pose pour les personnes qui veulent la noter, c'est... qu'est-ce que je peux faire ici et maintenant, donc dans l'instant présent, pour me sentir mieux, ne serait-ce que de 1% dans ma tête, dans mon cœur, dans mon corps. On peut choisir juste un des trois. Pas obligé d'être les trois, mais la tête, le cœur, le corps, 1%. On garde ça en tête. On trouve un petit quelque chose et on le fait tout de suite. On est en train d'enseigner à notre cerveau aussi et à notre corps. Tu es assez important pour que je te priorise tout de suite. Et ça, c'est important.

  • Speaker #1

    L'exercice du 1%, c'est vraiment un tout petit truc. Ça paraît rien, mais en fait, un jour où ça ne va pas, ça peut être tellement tout. J'aime vraiment beaucoup ce que tu as amené avec cet exercice-là, qui te permet juste d'accepter tes capacités et tes limites à un instant T, et que malgré ça, tu es quand même capable de faire un petit truc là maintenant, tout de suite, pour que ça aille un petit peu mieux.

  • Speaker #0

    C'est de ramener la simplicité parce que c'est fou à quel point on a complexifié le bonheur. C'est rendu complexe les routines, tout ce qu'on doit avoir, ce qu'on doit faire pour considérer qu'on a une vie épanouie et heureuse. Ce qu'on peut revenir dans la simplicité, ce sont ces petites choses du quotidien, ces petites actions accumulées qui font une différence. Ces petits moments de bonheur, ne serait-ce que cinq minutes qu'on vit à fond, qu'on arrive à... à s'imprégner de ces petits moments-là qui vont faire la différence. C'est le fait qu'on a tellement complexifié ça qu'il n'y a plus personne qui a l'impression d'être capable d'y arriver. Finalement, c'est très décourageant.

  • Speaker #1

    Oui. Est-ce que toi, tu as des routines anti-anxiété qui te font du bien ? Les trucs qui marchent pour toi, est-ce que tu en as ? Et est-ce que tu as envie de nous les partager ?

  • Speaker #0

    Bien oui, tu vas rire. Parce que je veux dire, avant toute chose, c'est de me foutre la tête. C'est très créatif, je le sais. Mais je pense que ce qui m'a aidée le plus, c'est de travailler sur le focus de ce que je peux réellement contrôler. Ça, ça a fait une différence pour moi. C'est fou à quel point on met souvent de l'énergie sur des choses sur lesquelles on n'a aucun pouvoir. Donc, juste de retourner mon focus. OK, il y a cette situation-là. Là, tout ça, je ne le contrôle pas. Mais où est-ce que je peux mettre du pouvoir, justement ? Je trouve qu'en ce qui concerne l'anxiété, justement, reprendre son pouvoir, c'est une arme ultra-puissante. parce que souvent, on est dans l'anticipation d'une situation qu'on ne sait pas ce qui va arriver. Donc, j'aime me faire des scénarios. OK. C'est quoi le pire qui pourrait arriver ? Puis c'est quoi mon plan de match si on arrive dans le pire ? C'est quoi les actions que je peux mettre en place ? Donc, je suis prête au pire. Il n'est pas le fun, le pire, mais j'ai un plan de match. Puis c'est quelque chose que je recommande. Je ne vis pas beaucoup d'anxiété personnellement. Moi, je suis plus dans les pensées dépressives, dans mes enjeux, que dans l'anxiété. Mais quand j'accompagne des personnes qui en vivent beaucoup, j'aime beaucoup les aider à se créer des plans de match et à s'assurer d'avoir tout ce qu'il faut avec eux. pour réaliser leur plan de match. Donc, si on sait, par exemple, que ça peut être difficile pour nous de se retrouver en public, assure-toi d'avoir une petite pause peut-être dans ta voiture avec des choses qui... Tu vas pouvoir te rendre dans ta voiture, tout simplement ouvrir ta boîte puis avoir des choses pour te sentir mieux. Donc, je leur enseigne que la seule chose à retenir, c'est rends-toi à cet endroit-là ou rends-toi à ta trousse. Et dedans, on va avoir prévu des choses qui vont t'aider quand ça va aller bien. Parce que quand ça va moins bien, c'est plus... le temps de chercher des solutions. Ça prend quelque chose rapidement qu'on peut activer pour aider à faire redescendre les choses. Donc, ça simplifie de juste, tout ce que j'ai à retenir, c'est « Rends-toi là » . Ou « Ouvre ta sacoche, sors un sac à main » . Ici, on dit une sacoche. « Ouvre ton sac à main et sors telle chose » . Donc, de s'assurer de l'avoir un peu planifié à partir de situations vécues qui ont été difficiles. quand ça va mieux, on repasse ces situations-là et on essaie de voir la prochaine fois ce que je peux mettre en place. D'où l'intérêt d'être accompagné. Parce que quand on vit la chose, souvent on pense que c'est là qu'on va trouver les solutions. Mais c'est normal, on est complètement figé. Tu ne peux pas rien amener de nouveau dans cette situation-là. Tu peux travailler les enseignements, changer les mécanismes quand ça va bien. Donc, il faut le travailler après la situation, voir qu'est-ce que la prochaine fois, je vais pouvoir mettre en place. Donc, on crée les chemins dans le cerveau quand le cerveau a toute son ouverture, son espace pour apprendre des nouvelles choses. Pas quand il est en mode survie et que là, tout ce qu'il cherche, c'est survivre. Ça, c'est impossible de dire, fais ça, fais ça, fais ça, ou calme-toi, respire, ça va aller mieux. Plaque dans le visage. C'est capable. Une personne qui est en crise de panique, elle n'a pas besoin de se faire donner 12 conseils sur comment gérer son anxiété. Il faut juste qu'elle se ré-ancre dans son corps. That's it. Et qu'elle dise à son corps, je suis en sécurité. C'est la seule priorité.

  • Speaker #1

    Absolument.

  • Speaker #0

    Voilà pour mes petits trucs. Il y en avait un autre que je voulais donner rapide. qui m'aide beaucoup, que ça, c'est une valeur ajoutée. Je pense que c'est le fameux coût. Donc, de simplement conscientiser le coût réel des choses. Donc, quand je veux dire oui à quelque chose, avant de dire oui à quelque chose, de simplement me demander c'est quoi le coût en ressenti, c'est quoi le coût en énergie, c'est quoi le coût en temps et c'est quoi le coût en argent. Donc, juste de conscientiser un petit peu, est-ce que j'ai les ressources dans ma banque actuellement pour me permettre cette Ausha. Donc, de travailler avec cette notion de coup-là, moi, ça m'aide vraiment beaucoup pour prendre soin de mon énergie, notamment. Et quand on prend soin de notre énergie, je pense sincèrement qu'on a moins un terreau fertile à l'anxiété, justement.

  • Speaker #1

    J'ai lu un truc complètement what the fuck sur toi.

  • Speaker #0

    C'est peur.

  • Speaker #1

    J'ai lu que tu as été officier dans l'armée. Alors, au début, je me suis dit, non, mais elle a dû être scout, un truc comme ça.

  • Speaker #0

    du coup ça ressemble quand même dans le sens que vous n'avez pas ça chez vous l'armée aussi,

  • Speaker #1

    pas une grande non, non, non,

  • Speaker #0

    c'est pas la même chose le mouvement des cadets c'est pas la même chose, il faut comprendre que ça ressemble un peu au scout, c'est juste que c'est chapeauté par l'armée, donc il faut comprendre que c'est beaucoup plus dans le loisir que Dans le militaire, c'est juste qu'il y a tout le décorum relié à l'armée, donc les uniformes et tout et tout. Mais ça ressemble quand même au scout. Mais oui, c'est vrai que c'est quelque chose qu'on me ramène souvent, cette espèce de contradiction. Mais ça fait du sens quand on comprend dans quoi ça s'est inscrit. Moi, quand j'avais 12 ans, parce que le mouvement des cadets, en fait, c'est de 12 à 19 ans. C'est un mouvement de jeunes qui est bon. Et après ça, moi, j'ai continué pour devenir l'adulte qui prenait soin et qui enseignait à ces jeunes-là. Et ça, ça s'inscrit à devenir officier dans l'armée, mais j'étais seulement officier pour m'occuper des cadets. Je n'aurais pas été déployée à la guerre s'il y avait eu une guerre parce que mon enseignement, on m'apprenait à être pédagogue, on m'apprenait à encadrer des jeunes. Donc, ce n'est pas tout à fait la même chose. Mais je comprends que vous n'avez pas la référence. Tandis qu'ici, quand on parle du mouvement des cadets, les gens vont dire « Ah, tu étais officier dans les cadets, ce n'est pas pareil. » Mais à 12 ans, je me suis auto-enrôlée là-dedans parce que je n'avais aucun corps. J'étais dans une famille dysfonctionnelle. On me laissait avec mon grand frère les fins de semaine. Ma mère partait chez son amoureux. Mon frère de 4 ans de plus que moi me gardait, mais mon frère, toxifomane, avec des fréquentations très douteuses, s'occupait de moi. La vérité, c'est que je jouais l'adulte pour mon grand frère. Donc, je me suis auto-enrôlée parce que j'avais besoin d'un cadre. Et j'ai cette force depuis tout... petite, en fait, cette résilience d'aller chercher le soutien où j'en ai besoin. Quand j'étais petite, j'habitais près de l'école primaire, j'allais moi-même, en dehors des heures de classe, aider les enseignants à préparer la classe, par exemple, avant que l'école commence, pendant les vacances, etc. Je cherchais des adultes significatifs pour me soutenir. J'ai toujours fait ça. auto-enrôlé là-dedans, avec un cadre très, très strict. Et ça a eu beaucoup de bien, en fait, parce qu'il y a beaucoup de positifs dans ce mouvement-là, qui fait que ce soit le leadership, la discipline, mais pas dans le sens exagéré, l'autodiscipline, le fait d'enseigner, l'entraide, le soutien, le travail d'équipe, etc., qui fait en sorte que ça m'a permis d'être une meilleure professionnelle et d'acquérir des compétences très jeunes. À 17 ans, quand j'ai quitté la maison, j'avais déjà un très bon CV et une belle crédibilité qui m'a permis d'avoir des emplois intéressants tout de suite parce que j'avais fait ce mouvement-là. Je me suis rentrée là-dedans parce que j'avais un besoin de cadre. Mais je veux m'en suivre moi-même, sortie aussi, parce que le cadre m'étoupait finalement. Donc, j'ai eu besoin d'installer le cadre. Puis éventuellement, je me suis rendue compte que je ne fitais pas dans cette boîte-là, que ça ne faisait pas de sens pour moi, que j'étais une âme libre et que j'avais besoin de faire ce que j'avais envie. Mais ça a été quand même une nécessité pour moi d'aller toucher cet extrême-là pour aller retrouver l'équilibre un petit peu dans le cadre, ce qui me convenait moins. Fait que je suis contente de l'avoir fait. Je comprends. Je ne regrette pas du tout. Je comprends. Mais c'est vrai que ça peut paraître étrange quand on voit... l'humaine que je suis devenue aujourd'hui de faire, hein ? C'est moi qui ai eu les cheveux bleus, qui ai fait des manifestations, anti-mondialisation, une vraie woke, là, que dans la politique de gauche, depuis 20 ans, j'ai été aussi dans l'armée. OK, voilà. Maintenant, vous savez pourquoi.

  • Speaker #1

    En fait, t'es allée chercher le mode d'emploi dont t'avais besoin, et quand t'as compris comment ça fonctionnait, t'as fabriqué le tien et t'es partie.

  • Speaker #0

    C'était pas mal ça. Puis en même temps, j'avais besoin d'un clan aussi. J'avais pas de clan. Les humains, on est des êtres sociaux, on a besoin d'être entourés. Les seuls modèles que j'avais autour de moi, ce n'étaient pas des modèles qui me convenaient. Très jeune, je n'étais pas bien avec mon modèle familial. Je n'étais pas bien avec ce que je voyais. Ce qui est triste, c'est que ça a rendu mes relations familiales encore plus difficiles parce que j'étais le mouton noir de cette famille. Donc, on me rejetait encore plus parce que j'étais trop parfaite. Je réussissais trop bien à l'école, je faisais trop bien les choses. Donc, je tapais sur les nerfs de ma famille. Mais en quelque sorte, moi, je me cherchais des modèles qui allaient plus dans cette direction-là. Puis c'est comme ça que je les ai trouvés où je les ai trouvés quand ils étaient disponibles. Ce n'étaient pas des modèles toujours comme 100 % idéaux, mais c'est ceux-là qu'il y avait dans ma petite ville de campagne. Et j'ai pris ce que j'ai trouvé. J'ai aussi servi la messe, alors que je suis athée, débattue depuis longtemps. Mais quand j'étais très jeune, je me suis autour enroulée. pour aller servir la messe à l'église, encore une fois, parce que je cherchais des adultes pour s'occuper de moi. À un moment donné, je suis partie, mais tu sais... C'est ça. J'ai trouvé le soutien que j'avais besoin où il était disponible, en fait. C'est ça, tout ça.

  • Speaker #1

    Ça fait sens. Je trouve que tu as une super force de volonté, en fait, depuis très jeune, à savoir ce que tu veux. Je pense que tu as très vite compris que ce n'est pas parce que dans ta famille, ça se passait de cette façon que ça voulait dire que ça devait être ton paradigme à toi. Exact. Et je trouve ça vraiment... Je trouve que c'est un beau message, en fait. Un bel exemple de résilience, un bel exemple de volonté et un beau message d'espoir pour les personnes qui peuvent être peut-être dans une situation similaire ou qui ressemblent, de se dire « ok, moi aussi je peux faire quelque chose » .

  • Speaker #0

    Je crois que c'est simple parce que des fois ça demande d'accepter d'être rejeté par une partie des gens qui nous entourent, ça demande de couper des ponts, de se créer une nouvelle famille. Donc, je ne veux pas dire, ah, voilà, je vous ai servi la solution. Ce n'était vraiment pas facile à faire. Et ça demande d'être entourée, d'avoir du soutien aussi pour prendre des décisions comme ça. Puis ça s'est fait, en ce qui me concerne, de façon quand même assez inconsciente. C'est les mécanismes de survie que j'ai développés depuis ma naissance, en fait. Il faut savoir que j'avais un trouble de l'attachement. Donc, je me suis rapidement un peu placée en contradiction avec ma famille. Donc, ça n'a pas fait que du positif finalement. Puis, c'est important de mettre de la lumière sur ce qui est positif dans ce cheminement-là, mais il y a quand même eu beaucoup d'enjeux aussi à choisir ce chemin-là, qui n'est pas toujours un chemin simple. Mais si ça peut donner de l'espoir, par exemple, que c'est possible de se sortir un peu de... de cet environnement qui peut être toxique, mais ça prend du temps du soutien, de l'accompagnement.

  • Speaker #1

    Où est-ce qu'on peut te trouver si les auditeurs ont envie de venir te contacter ?

  • Speaker #0

    Sur les réseaux sociaux. Annie au jour le jour, donc que ce soit Facebook, Instagram, LinkedIn. Par contre, je suis plus active sur Instagram et en ce moment, quand même, relativement en pause de réseaux sociaux. Donc, j'ai des cycles dans la vie où je me redéfinis aux cinq ans. Donc, je suis dans un de ces cycles. Donc, moins présente, mais on a accès à tous mes outils, toutes les choses que j'ai construites, bâties via les liens dans les bios de ces différents réseaux sociaux-là. Il y a mon site web aussi, tu vas mettre les liens. Le podcast est en pause aussi, mais il y a quand même 17 épisodes déjà qui sont en ligne et qui sont très, très pertinents. Je vous invite les gens à le découvrir. Puis, même si je publie moins, je suis là. Donc, on peut m'écrire, on peut venir ouvrir la discussion. S'il y a des gens qui ont envie de poursuivre la conversation autour de notre sujet d'aujourd'hui, ça me fera plaisir de le faire.

  • Speaker #1

    Je vais laisser tous les liens dans la description de l'épisode. Et puis, la toute dernière question sur une note plus légère. Il y a quoi dans ta playlist en ce moment, Annie ?

  • Speaker #0

    J'ai bien aimé ta question. Là, tu parles de playlist générale, musique, podcast.

  • Speaker #1

    Absolument. Absolument tout ce qui te… tout ce qui est du moment.

  • Speaker #0

    En fait, dans un désir de me foutre la paix, justement, j'ai un petit peu tassé tout ce qui était très éducatif et très... Tu sais, j'écoutais beaucoup de livres audio, beaucoup de podcasts. J'ai pris un peu une pause, justement, pour revenir à mon amour de la musique et de façon plus intentionnelle parce que depuis des années, j'écoutais toujours de la musique en fond de quelque chose d'autre. Et là, j'ai recommencé à aller voir les artistes que j'aimais beaucoup, aller voir les albums que j'avais manqués, qu'ils avaient sortis, et écouter plus intentionnellement, vraiment en étant dans le moment présent avec la musique, plutôt que toujours avoir la musique en fond. Parce que je suis musicienne, c'est vraiment une passion pour moi, la musique. Alors, je commence à le faire justement plus dans le plaisir, moins dans l'utilité.

  • Speaker #1

    C'est quoi ton instrument ?

  • Speaker #0

    Moi, je suis flûtiste. Donc, j'ai joué de la flûte traversière dans des orchestres pendant de nombreuses années. Mais mes goûts musicaux ne sont pas dans le classique, forcément.

  • Speaker #1

    Alors, il y a quoi dans ta playlist ? Réponds à la question, Annie Prémaux !

  • Speaker #0

    Parce que la fait, c'est que c'est dur de répondre parce que j'ai des playlists pour tout. J'aime tellement tous les styles, sauf le heavy metal et le country. Tout le reste, il y a le metal. Le métal instrumental, tu sais, qu'il y a du classique dedans avec des chants d'opéra ou certains instruments, ça, ça peut passer. OK ? Mais j'aime plein de choses. Donc, j'aime particulièrement tout ce qui est indie, post-rock, folk-rock. Mon groupe vraiment de cœur mythique, c'est Sigur Rós, qui est un groupe qui se l'appelle. J'aime beaucoup la musique islandaise. J'aime beaucoup la musique un peu dépressive, comme The National, Other Lives, qui sont des groupes qui sortent un goût de pleurer quand tu écoutes leur musique, mais ça vient chercher un peu mon côté... Très émotionnelle, j'aime ça, cette musique-là.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    Mais il y a aussi de la musique super enjouée, il y a de la musique du monde, de la musique africaine, de la musique... Honnêtement, ça va dans toutes les directions, fait qu'il n'y a pas forcément de cohérence dans mes playlists. C'est plus l'émotion de l'envie d'aller chercher qui va m'aider à construire des playlists selon les différentes émotions ou envies que j'ai. Donc, voilà.

  • Speaker #1

    Eh bien, merci, Annie. d'avoir accepté de partager le micro de Mission Anxiété Zéro aujourd'hui. On arrive déjà à la fin de cette interview. Ça a passé super vite. Un énorme merci pour ta présence ici, pour ton partage, pour tes confidences, pour avoir partagé ton histoire, pour avoir partagé des astuces, pour aider simplement, pour permettre aux personnes d'avoir des prises de conscience qu'en fait, on est assez. quoi qu'on traverse, en fait, on est assez. Un grand merci.

  • Speaker #0

    On se retrouve très bientôt.

  • Speaker #1

    Et tu reviens, bien sûr, dans le podcast, quand tu veux. À très bientôt, Annie.

  • Speaker #0

    À bientôt.

  • Speaker #2

    Tu n'as pas besoin de t'éteindre pour éclairer les autres. C'est la chose que je retiens de cet épisode. Annie nous a offert un témoignage bouleversant, mais surtout des outils concrets pour se relever. Ce qui force le respect chez Annie, ce n'est pas seulement son parcours, Mais c'est surtout sa capacité à transformer un passé douloureux en un chemin de résilience. Sa volonté, son honnêteté et sa force tranquille sont d'autant d'invitations à te choisir, toi aussi, dès aujourd'hui. Tu trouveras tous ces liens et ressources en description de l'épisode. Si cet épisode t'a plu, je serai évidemment gratitude si tu laissais 5 étoiles sur ta plateforme d'écoute préférée. Pense aussi à t'abonner pour ne rien manquer ou à partager l'épisode à quelqu'un qui pourrait avoir besoin. d'entendre ça aujourd'hui. On se retrouve très vite dans un prochain épisode et n'oublie pas, quoi que tu traverses, tu n'es pas seul.

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