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#45 Vivre avec un trouble bipolaire : le parcours lumineux de François Mallet cover
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Mission Anxiété Zéro - le Podcast

#45 Vivre avec un trouble bipolaire : le parcours lumineux de François Mallet

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1h17 |18/11/2025
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#45 Vivre avec un trouble bipolaire : le parcours lumineux de François Mallet

#45 Vivre avec un trouble bipolaire : le parcours lumineux de François Mallet

1h17 |18/11/2025
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Description

Dans cet épisode, on plonge au cœur du trouble bipolaire avec l’humoriste François Mallet, auteur du spectacle Heureux soient les Fêlés et auteur du livre Fêlé.
Il partage avec une sincérité rare son parcours lumineux, entre phases maniaques, dépressions, stabilisation et reconstruction — loin des clichés et du sensationnalisme.


On parle de ce que ça fait vraiment de vivre avec un trouble de l’humeur, de ce qui se joue derrière le mot “bipo”, de la créativité comme moteur de soin, des relations, du travail, de l’identité, et de comment retrouver du sens et de la stabilité après les tempêtes.


🎧 Dans l’épisode :
• les signes du trouble bipolaire et le diagnostic
• la réalité émotionnelle des phases maniaques et dépressives
• le rôle de l’humour et de la création dans la guérison
• comment en parler autour de soi
• la nuance, la vulnérabilité, la beauté de pouvoir être soi


Une discussion profonde, honnête et accessible, pour toutes les personnes concernées par la bipolarité ou les troubles de l’humeur — ou qui souhaitent mieux comprendre un proche.


Cet épisode est soutenu par SFI Lorraine, centre de formation spécialisé dans la prévention des risques.


Pour retrouver François : 

Instagram

LinkedIn

Son livre Fêlé

Son spectacle Heureux soient les fêlés



🌱 TES RESSOURCES : 


☎️ L'Antidote

Réserve ton appel découverte avec moi pour enfin dompter l'anxiété et reprendre le contrôle sur tes émotions.


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🌟 AIDE MOI À FAIRE CONNAÎTRE LE PODCAST :


Si tu as aimé cet épisode, n’oublie pas de me laisser 5 étoiles et de t’abonner pour ne pas manquer les prochaines sorties.

Et surtout viens me dire ce que tu en as pensé sur Instagram et LinkedIn   


@crédits audio du générique : Anthony Chognard CHS Prod 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Un coup tu rigoles, un coup tu fais la gueule, mais t'es bipolaire ou quoi ? Cette phrase, on l'entend partout. Comme si le mot bipolaire, c'était devenu une façon tendance pour dire changeant ou instable. Sauf que la bipolarité, ce n'est pas ça. C'est un vrai trouble, complexe, profond et surtout humain. Alors si tu te poses des questions sur le trouble bipolaire, que tu sois concerné en recherche de réponses ou proche d'une personne qui vit avec, cet épisode est pour toi. Aujourd'hui, François Mallet, comédien. patineur artistique et auteur, nous explique la bipolarité avec simplicité et humanité. On va parler parcours de soins, processus créatif et de cette vie intérieure en clair-obscur qu'on peut apprendre à apprivoiser. Cet épisode est soutenu par FSI Lorraine, centre de formation spécialisé dans la prévention des risques. On se retrouve juste après le générique pour ce 45e épisode de Mission Anxiété Zéro. Bienvenue dans Mission Anxiété Zéro. Ici, c'est ton safe space sans langue de bois dans lequel je vais t'aider à questionner tes automatismes émotionnels. Moi, c'est Sandra, je suis sophro-analyste et ma mission, c'est d'accompagner mes clients à prendre soin de leur bien-être mental pour être plus heureux, mieux concentrés et mettre plus de sens dans leur quotidien.

  • Speaker #1

    Alors si toi aussi, tu cherches des solutions concrètes et actionnables pour gérer tes émotions et mettre ton anxiété à zéro, installe-toi, tu es au bon endroit.

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode de Mission Anxiété Zéro. Aujourd'hui, je suis avec François Mallet. Il est bipolaire, gay, patineur artistique. S'il était né aux États-Unis, il serait une icône. C'est ainsi qu'il se décrit sur la couverture de son livre « Fais-les » , paru le mois dernier aux éditions Larousse. François, bienvenue ici. Je suis vraiment heureuse de t'accueillir pour cette interview. Et pendant la prochaine heure, on va lever les tabous autour du trouble bipolaire et... parler du processus créatif et du parcours de soins. Comment vas-tu ce matin, François ?

  • Speaker #1

    Merci, c'est chouette d'être là. Bien, bien, bien. Bon, on est début novembre, donc c'est clairement un mois dont je ne comprends pas vraiment l'intérêt. Mais voilà, disons-le clairement. Mais bien, bien, ça va bien.

  • Speaker #0

    Oui, je plus sois. Tu n'as pas allumé ta petite lampe de luminothérapie et tout ça ?

  • Speaker #1

    Non, non. Alors, j'ai pas de lampe de luminothérapie, mais j'ai des lunettes. Mais sans trop en parler, je les utilise pas encore. Et je pense que je pourrais m'y mettre. En fait, c'est un accessoire qui me sert artistiquement, sans trop en dire, mais que je ferais peut-être bien d'utiliser, surtout vu le prix, quoi.

  • Speaker #0

    Oui, mais j'allais dire, la question, c'est, je crois que tous les gens... atteints d'un trouble de l'humeur, quels qu'ils soient, vont te dire « Alors, pour toi, ça marche ou pas ? »

  • Speaker #1

    Ouais, voilà. Pas de réponse parce que surtout, je n'ai pas essayé.

  • Speaker #0

    Ah, mince ! Ok. Pour remettre un peu de contexte, nous, on s'est connus par le biais d'Alain Raymond, qui est un de mes consultants en communication. Et donc, je lui avais parlé de ma volonté sur ma prochaine saison de pouvoir aller un petit peu plus deep autour des troubles de l'humeur et d'inviter plus de personnes ... concernés et puis aussi beaucoup plus de personnes impliquées dans un processus créatif pour pouvoir en parler et dédramatiser et puis un petit peu re-challenger les notions de normalité sociétale qu'on a pu se laisser inculquer simplement dans le monde dans lequel on vit par notre éducation. Et il m'a dit « Ah, moi je connais un mec ! » Alors, je n'ai pas eu la chance de venir voir ton spectacle encore à Paris. En revanche... J'ai lu ton livre qui m'a profondément touchée. Mon trouble bipolaire ne me permet pas de dévorer un livre. Je ne sais pas ce que c'est. Les gens qui disent « Ah, je l'ai dévoré en… » Moi, ça m'arrive très rarement. Si je suis motivée à lire, je vais le lire vite. Mais moi, c'est impossible de dire « Ah, je l'ai lu en trois jours. » Voilà. Et pourtant, le tien, je l'ai lu en une semaine. Ce qui est…

  • Speaker #1

    Super ! Qui est un exploit.

  • Speaker #0

    À mon niveau ?

  • Speaker #1

    Olympique.

  • Speaker #0

    Oui, clairement. Clairement. parce que j'ai tellement apprécié que tu commences par, disons, je ne vais pas dire que j'ai apprécié que tu commences par une scène dramatique, mais ce que j'ai apprécié, c'est que tu commences par une scène dramatique et que tu termines avec un message d'espoir tellement fort, tellement immense, tellement... avec une très jolie plume qui est très juste, sans pour autant en faire des caisses, sans mots inutiles, mais... à la fois très juste et très poétique. J'ai vraiment adoré « Lire ta plume » , que j'ai trouvé très... très humble, même quand tu parles des différentes phases, quand on va explorer un petit peu les failles narcissiques, etc., qui vont être liées aux troubles et notamment dans les phases euphoriques. Mais bravo pour ça. Vraiment, ce livre est juste merveilleux pour parler du trouble bipolaire. Donc, ma question, enfin, mes questions, parce qu'en fait, il y en a plein et sans spoiler le livre, mais... dans la façon dont tu t'es construit depuis ton enfance, à quel moment tu t'es rendu compte que chez toi, il y avait un truc qui ne fonctionnait pas comme chez les autres ?

  • Speaker #1

    C'est difficile à dire, j'avoue. C'est d'ailleurs en écrivant le livre, et en l'écrivant et en le relisant. qui était d'ailleurs quelque chose de très particulier, qui m'a interrogé et qui m'a fait rire. Je me suis dit « Waouh ! » J'ai trouvé ça dingue d'avoir le livre, l'objet dans la main. J'avoue que ça me fait quelque chose. Contrairement au spectacle, il y a des preuves, il y a des vidéos qui existent. Donc, c'est des éléments quand même qui existent, mais ce n'est pas la même chose que d'avoir quelque chose dans la main. Et en fait, en le relisant, et le récit sans tout dévoiler est quand même globalement chronologique, tu l'as vu, même s'il y a pas mal de flashbacks, Et en l'écrivant et en le relisant, je me suis dit, tiens, là, je sens qu'il y a un peu un point de bascule. Mais je me suis rendu compte qu'il était un peu flou. Mais parce que je considère que pour moi, la manière dont je le conscientise, dont je le réfléchis, il est flou. C'est-à-dire que pour moi, on va dire qu'à l'adolescence, je crois que je commence à en parler dans le livre en me disant, tiens, notamment, je sens que je suis très soumis au cycle des saisons. Peut-être plus que les gens, alors c'est toujours difficile parce qu'on ne connaît jamais la vie vraiment privée des gens, mais je me dis tiens, j'ai l'impression que moi, il y a quand même un truc de à chaque fois que l'automne arrive, où automatiquement, presque du jour au lendemain, je rentre un peu dans un down qui est maîtrisé à l'adolescence, qui n'est pas du tout les downs que j'ai pu connaître après, qui ont été des vraies dépressions caractérisées et très violentes. mais Ouais, sur les coups, je dirais de 13-14 ans, je me dis tiens, comment ça se fait que tu sois si motivé, avec beaucoup d'entrain, si jovial, si déterminé au printemps et à l'été et que quand t'arrives l'automne, bon, t'as toujours des bons résultats à l'école, tu restes quelqu'un de social, mais il y a quand même un peu comme un blues indescriptible qui s'installe. alors je le questionne encore est-ce que c'est mon côté nostalgique que j'ai toujours mais en tout cas c'est plein de choses qui se mêlent que je n'arrive pas forcément à déceler à ce moment-là, mais en écrivant le livre et en le relisant, c'est ce que je te disais. Ouais, comme ça, j'aurais tendance à dater, on va dire, à la fin du collège, donc vers 14 ans. Après, est-ce que c'est vraiment quelque chose ? Je me dis, tiens, je me sens différent des autres. On utilise le terme qu'on veut, mais voilà, je suis à côté, je suis atypique, il y a quelque chose qui cloche chez moi. Je n'avais pas ce sentiment-là. Je ne pourrais pas dire que j'avais l'impression d'être à côté, qu'il y avait quelque chose de très différent. Je me souviens de moi qui était… Peut-être que j'avais l'impression que ce qui me différenciait, c'est que j'avais cet objectif. Je patinais beaucoup à ce moment-là. Et mon objectif, c'était de toute façon de rentrer en équipe de France, d'être champion olympique. Je vivais pour le patinage. Je mangeais patinage, je dormais patinage. Et que c'était plus ça qui me différenciait des autres. J'avais l'impression d'être un peu exceptionnel, mais dans le sens littéraire du terme. Plus que des petites variations d'humeur que je remarquais, mais sans plus.

  • Speaker #0

    D'accord. Est-ce que tu peux nous dire ce qui caractérise le trouble bipolaire ? Pour les personnes qui vont dire, mais on est tous sensibles à la variation des saisons. On est tous un peu.

  • Speaker #1

    La déprime saisonnière. Voilà, c'est d'ailleurs toute la différence entre la déprime et la dépression. Donc sans être médecin, j'ai évidemment appris avec mon trouble, globalement, quelles étaient les définitions et les symptômes. Et voilà, la dépression, c'est pas la déprime. La déprime, tout le monde peut y être sujet, et c'est vraiment une tristesse passagère, et qui peut notamment survenir avec l'heure d'hiver, la diminution de la lumière. Voilà, c'est un mécanisme quelque part qui est physiologique. La bipolarité, qui est donc l'alternance de phases dites dépressives et de phases maniaques, ce qu'on appelle les phases maniaques, c'est les phases d'euphorie, d'excitation, on va utiliser ces termes-là, et les phases dépressives, comme pour les phases maniaques, ça répond à plusieurs critères, plusieurs symptômes qu'il faut avoir en même temps et qui sont d'intensité modérée à sévère. Pour la dépression, on sait par exemple qu'il faut plusieurs symptômes parmi les suivants, à savoir... Une grosse fatigue, une perte de motivation, une humeur dépressive et triste, des troubles de l'appétit dans un sens ou dans l'autre, des troubles du sommeil dans un sens ou dans l'autre, la perte d'intérêt dans les activités qui habituellement nous font du bien, les idées noires aussi, et à différencier il y a idées noires et idées suicidaires, c'est deux choses différentes, et il faut avoir plusieurs de ces symptômes-là pendant plusieurs jours d'affilée. et on dit même souvent en général au moins deux semaines. Donc en fait, si ça peut permettre de comprendre, c'est-à-dire que ce n'est pas juste se sentir triste pendant deux semaines, ce n'est pas une dépression. Avoir des troubles du sommeil pendant deux semaines d'affilée, ce n'est pas une dépression. Il faut vraiment plusieurs de ces manifestations. Et pareil pour les phases d'excitation et d'euphorie, où là, il va y avoir une accélération du rythme psychique et physique. un emballement des idées, une logorée, c'est-à-dire un flux de paroles permanents et incontrôlés et incontrôlables, potentiellement des conduites à risque aussi, plus de sorties, potentiellement prise de risque avec des stupéfiants, prise de risque vitesse au volant, prise de risque des comportements à risque sexuel aussi avec multiplication des partenaires, dépenses excessives, et ça peut aller jusqu'au bout d'un moment. Il y a aussi en général l'irritabilité qui arrive. qui peut amener des phases de paranoïa ou alors des bouffées délirantes aussi. Et encore une fois, il faut avoir plusieurs de ces symptômes-là pendant plusieurs jours d'affilée. Et après, les phases, c'est ça qui est… J'allais dire, le mot… Enfin, je ne sais pas si le mot est bien choisi, mais j'allais dire ce qui est un peu magique parce que c'est quand même très chouette, la phase maniaque, en tout cas au début. Moi, le souvenir que j'ai de ma phase hypomaniaque, donc qui est un peu moins violent qu'une phase réellement maniaque, mais… T'es tellement bien, tout te réussit tellement, tellement d'énergie, tout est facile. Voilà, il y a un vrai délire mégalo et presque christique là-dedans qui est très agréable à vivre. Et ça peut durer de, comme les dépressions, de deux semaines à plusieurs mois. C'est ça qui est à la fois magique et à la fois très violent, c'est-à-dire qu'on ne sait pas en fonction des personnes combien de temps ça va durer. Et en général, plus on monte. haut, plus proportionnellement on va descendre bas et globalement sur la même durée.

  • Speaker #0

    Oui, en t'entendant parler, je pense effectivement à ces périodes euphoriques, à ces périodes maniaques où un de mes amis était bipolaire, donc je dis bien était parce qu'il a choisi dans une phase dépressive de mettre fin à ses jours. Mais je me souviens qu'à une époque, c'est vrai que moi aussi avec le TDAH, donc trouble de l'humeur aussi, mais qui ne fonctionne pas de la même façon. mais quand je le voyais dans ces phases high, je l'enviais presque de me dire putain mais... C'est ultra grisant de me dire mais le mec il s'arrête jamais et il a toujours de l'énergie sous la pédale sauf que ce qu'on voyait pas c'était qu'on vit pas avec les gens et quand il était dans une phase dépressive il disparaissait et son métier parce que nous avons aussi un peu le chic Merci. pour trouver les métiers qui vont nous permettre de bloquer la misère sous le tapis. Et son métier de steward sur des vols long courrier ont rendu très difficile la détection du trouble bipolaire. Parce qu'on se disait, bon, il se tape des vols vers l'Asie, donc il y a le jet lag.

  • Speaker #1

    C'est normal qu'il ait des moments où il soit fatigué, il disparaît, puis il revient de plus belle.

  • Speaker #0

    Et ça expliquait même les abus. puisque l'équipage sur place de l'autre côté ne peut pas repartir tout de suite donc il reste trois jours sur place donc c'est la fête avec des consommations à tout va même ces phases anxieuses quand il appelait au milieu de la nuit parce que ça n'allait plus parce qu'il ne savait plus où il était parce que ça a rendu le truc super difficile à détecter et c'est vrai que de le voir quand il revenait dans ces phases euphoriques putain mais en fait le mec c'est un surhomme et c'était je me dis mais Merci. « Waouh ! Mais en fait, c'est génial d'être comme ça ! » Et puis, quand il nous a parlé de son diagnostic, c'était une toute autre chose. On s'est dit « Ah putain ! En fait, quand ça ne va pas, c'est le même, mais dans l'autre sens. »

  • Speaker #1

    C'est la même intensité, c'est la même… Encore une fois, je ne suis pas médecin, mais en tout cas, après… Oui, enfin si, quand même, il y a une question de proportionnalité, de plus tu montes haut, plus tu redescends bas, ça va. varier en fonction des personnes, mais... En général, si tu fais une phase maniaque de six mois, la dépression qui suit, elle ne dure pas trois semaines, pour le coup.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et ça, c'est très dur. Et aussi, même si je parle un peu de toute proportion gardée, mais de ce que je connais, je me suis quand même beaucoup renseigné puisque je suis concerné. Ce qui est compliqué aussi, c'est que, par exemple, moi, je suis ce qu'on appelle bipolaire de type 2. Donc, pour en parler rapidement, c'est que... j'ai bien les phases dépressives et qui peuvent être d'intensité et moi j'ai vécu vraiment des dépressions d'intensité sévère et par contre à ce jour là on n'a détecté chez moi qu'une seule phase hypomaniaque, donc hypo c'est à dire en dessous de la phase réellement maniaque, donc on va dire d'intensité plus modérée qui est d'autant plus difficile à détecter parce que il y a un regain d'énergie mais ça semble pas non plus forcément démesuré oui il y a plus de ... de rencontres, de sorties, mais ce n'est pas démesuré. Il y a des dépenses, mais ce n'est pas démesuré. Et ce qui est violent dans ce type-là, en fait, il n'y a pas de hiérarchie du tout à faire entre la souffrance et la violence de différents types, mais on peut très bien avoir une bipolarité, et c'est mon cas, où on est surtout très sujet aux phases dépressives qui sont très, très violentes et où, dommage pour nous, les phases sont pas des phases ultra-maniaques, Elles sont des phases... hypomaniaque d'intensité moyenne où c'est déjà très cool et où c'est déjà de la surénergie et ouais une facilité une facilité et un charisme et un délire mégalo et où tout le monde vous suit dans votre délire mais moins grisant qu'une phase réellement maniaque et ça franchement c'est un peu la double peine quoi

  • Speaker #0

    Est-ce que ça manque quand c'est entre guillemets juste une phase hypo ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est drôle parce que j'ai un peu considéré, moi ça fait 7 ans maintenant que je suis diagnostiqué, 7 ans et demi, et je pense que tout de suite avec le diagnostic, ça a été un énorme soulagement, et j'en parle dans le livre et dans le spectacle, et parallèlement à ce soulagement-là, du coup je pense que je suis rentré un peu dans un mécanisme de surprotection où je me disais, ok, il faut vraiment maintenant être ultra vigilant, même si j'ai un suivi, un traitement qui me soutienne et qui se passe très bien. vraiment d'attention. Le but dans la vie, c'est vraiment d'être stabilisé au niveau des émotions, sans m'en rendre compte qu'il y avait un peu un truc de « Ok, si je suis anesthésié au niveau des émotions, ça a tellement été le yo-yo qu'au final, ça me va très bien. » Et puis, plus les années passent, plus tu te rétablis. En plus, avec la découverte du théâtre, où mon métier, c'est quand même de traverser différentes émotions. Alors, on n'est pas obligé de jouer dans des tragédies grecques et de devoir passer par des ascenseurs émotionnels. Et mon but, notamment sur scène, je parle principalement du trouble bipolaire. De plus en plus, c'est quand même la manière dont j'ai modifié le spectacle récemment, d'essayer de faire voyager les gens dans un espace safe, mais de faire voyager les gens plutôt que d'être dans une description, d'être dans une démonstration de qu'est-ce que ça peut être un up, qu'est-ce que ça peut être un down, qu'est-ce que c'est la stabilisation. Et de plus en plus, il y a deux choses. Et ça, j'y travaille notamment en thérapie avec l'adaptation du traitement qui, effectivement, m'empêche de redescendre très bas, mais a pour effet à certains moments d'anesthésier un peu les émotions naturellement fortes que je pourrais avoir. Et ça, je continue de travailler parce qu'en fait, quand j'ai des bonnes nouvelles et que c'est des choses qui sont très positives et très joyeuses, j'ai envie de pouvoir continuer à me sentir dans quelque chose de positif et joyeux et pas de me dire. Alors, j'exagère un peu, je n'ai jamais été quelqu'un d'apathique et je ne le serai jamais. Je ne serai jamais neurasthénique, mais... Un peu d'un truc en mode « Ah oui, ok, bon, c'est cool, alors qu'avant, j'aurais sauté au plafond. » Et la deuxième chose, c'est que oui, depuis quelques années, mais je pense que c'est une réflexion parallèle qui va avec l'âge. C'est-à-dire qu'avec la trentaine qui arrive, la phase hypomaniaque, ça correspond au début de la vingtaine, à la fin des études, à tout aussi un imaginaire, enfin un imaginaire, une réalité, plutôt pas un imaginaire étudiante. ou moins de responsabilité d'adulte, même si tu es déjà adulte, mais voilà, pas les mêmes responsabilités au niveau du boulot, pas les mêmes responsabilités en termes relationnels si tu es en relation longue. Et du coup, de temps en temps, ça m'arrive, et je m'en suis rendu compte en écrivant le livre, quand je décris ces passages-là et dans lesquels je me suis replongé, c'est que, ouais, je... J'ai très envie de dire que je ne serais pas contre revivre une ou deux phases hypomaniacs, alors même que c'est facile de le dire, et que malheureusement on sait que ce qui arrive après, inévitablement, au moins d'intensité modérée et assez longue, c'est une dépression, et qu'en l'occurrence, j'en ai tellement souffert que non. Non, non, non et non. Mais évidemment que ce serait ultra facile de dire si je peux revivre juste une phase hypomaniaque, là de ne serait-ce que trois semaines, un mois. surtout vu mon métier, d'avoir les idées créatives et artistiques qui fusent, pouvoir écrire, j'en sais rien, un nouveau spectacle en un mois, avoir des idées brillantes, moins dormir, aller faire la fête, t'as envie de dire, bah évidemment que ça fait envie. Juste la phase hypomaniaque. Exactement, exactement. Et j'accepte de plus en plus de me dire, enfin ça fait très développement personnel, mais que j'ai le droit de m'autoriser à dire, ouais ok, ça pourrait être chouette. de retrouver la sensation de ce qu'est une phase hypomaniaque sans me sentir coupable et de me dire « Ah oui, d'accord, donc en fait, t'en as chié pendant plusieurs années, t'étais hyper content d'avoir un diagnostic et d'être stabilisé, et maintenant, tu veux de nouveau sauter la barrière. » C'est deux choses différentes pour moi.

  • Speaker #0

    Ah oui, tout à fait. D'ailleurs, on a une mode facile à l'autodiagnostic en ce moment. Et ouais,

  • Speaker #1

    tu as utilisé les mots.

  • Speaker #0

    Mais quand il est question d'y aller réellement... finalement, il y a toujours une excuse. Soit oui, j'ai pas le temps, soit oui, c'est trop cher. Enfin, il y a toujours une excuse. Est-ce que c'est important d'aller se faire diagnostiquer quand on pense qu'on a peut-être un trouble bipolaire ?

  • Speaker #1

    Oui. Oui. Oui, et d'autant plus que, et moi le premier, quand je dis oui, c'est-à-dire que je trouve que ce qui est difficile là-dedans, enfin moi en tout cas, si je parle de mon parcours personnel, c'est parce que quand même, au bout de ces cinq grosses dépressions qu'ont duré plusieurs mois, ma maman qui était mon aidante en fait la personne en première ligne pendant toutes ces années pour m'aider m'a dit après ma phase hypomaniaque et à ce moment là on savait pas que j'avais fait une phase hypomaniaque mais on avait pu finir par observer qu'effectivement ça faisait plusieurs mois que j'étais dans une énergie très haute les cours, une tournée de spectacle de Noël, de patinage en même temps des soirées, plein de choses. En tout cas, ça a commencé à être visible et que je retombe en quelques jours vraiment dans une dépression profonde. Là, ma maman me dit, encore une fois, je ne suis pas médecin. Et puis, il y a sept ans, on en parlait encore moins qu'aujourd'hui. Et de santé mentale et de dépression, il y a encore plus de bipolarité. Elle me dit, je ne sais pas, ça me fait penser en tout cas à des up and down maintenant que j'arrive à voir. Peut-être que c'est de la bipolarité, on n'en sait rien, puisque tu es à Paris, est-ce que tu n'irais pas ? demander des rendez-vous ou te faire hospitaliser au centre expert Fernand Vidal dans le 10e, qui est un des centres experts bipolaires. Donc à la fois, l'autodiagnostic est hyper dangereux et je trouve que ça ne fonctionne pas et que ce n'est vraiment pas à conseiller. Et en même temps, des fois, ce qui nous pousse à aller prendre rendez-vous, à nous faire diagnostiquer, c'est quand même une intuition. Mais je pense qu'il faut différencier intuition et autodiagnostic. Parce que l'autodiagnostic, c'est globalement, tu t'auto-persuades, tu vas chercher des choses sur Internet et des fois, il y a des choses qui décrivent très bien. n'importe quel site je veux dire mais ça reste factuel et en fait ce que tu trouves sur internet c'est pas du tout adapté à ton environnement et on sait que dans les troubles de l'humeur on va te poser beaucoup de questions sur comment t'as grandi sur comment était ton entourage familial notamment stable ou pas stable qu'il y a tout un aspect aussi chimique où il faut faire des tests à te suivre et c'est pas juste en lisant bon oui vous êtes bipolaire si vous pleurez le matin et que vous êtes joyeux le soir c'est pas du tout ça Comme tu le dis, on a le mot facile en plus. Et donc oui, non, l'autodiagnostic n'a jamais fonctionné. Et en même temps, je pense qu'il ne faut pas se culpabiliser. Enfin, je veux dire, moi, en parallèle du diagnostic qui a été posé, combien de fois je suis retourné voir un peu les définitions, mais sans les demander aux médecins et en allant m'informer sur Internet, combien de fois je suis allé voir, un peu en complément, quand bien même j'avais été diagnostiqué. Mais oui. De toute façon, et puis en plus, la relation thérapeutique, les médecins n'ont pas la science infuse, même les médecins qui sont spécialistes. Donc globalement, il faut leur faire confiance, mais des fois, il y a un premier avis qui n'est pas le bon. Déjà, le diagnostic, quand on s'en remet à la médecine généraliste traditionnelle occidentale, c'est déjà quelque chose qui peut être soumis à interprétation sans prendre le risque de se dire « Ok, je vais faire mon autodiagnostic. »

  • Speaker #0

    Tu as demandé plusieurs avis toi, Médico ?

  • Speaker #1

    Eh bien alors... Oui et non. Pas vraiment. Quand je me suis fait hospitaliser à Paris, au centre expert Fernand Vidal, qui est dans le 10e, j'ai été en observation pendant plusieurs semaines. On ne peut pas poser un diagnostic comme ça. J'étais en dépression profonde. C'était criant, tout le monde était d'accord. Mais on a revisité, j'ai dû parler de mon parcours, des dernières années, les moments où j'avais eu l'impression d'être up ou pas, les moments en dépression ou pas. Ils ont interrogé avec plusieurs entretiens téléphoniques quelques amis proches, ma maman du côté de ma famille. Et au bout d'un mois, et encore une fois, on sait qu'un diagnostic c'est valable à un instant T, même si aujourd'hui je suis persuadé que le diagnostic est le bon et qu'on le sait dans le cadre de la bipolarité, en général c'est un diagnostic à vie et que le traitement est recommandé à vie aussi, mais il y a certainement des gens qui s'en sortent sans. Mais voilà, ça prend déjà un mois et je me souviens que quand on vient m'annoncer le diagnostic, on me dit, on se base sur ce que vous nous avez raconté et sur ce qu'on observe depuis un mois. Ils ne l'ont pas dit comme ça, mais en gros, ça veut dire qu'on n'a pas la science infuse. Quelqu'un aurait peut-être un autre avis. Et en tout cas, à ce moment-là, ce qui était marqué comme avis, c'est que c'était de la cyclotimie, c'est-à-dire, pour parler vulgairement, on va dire une forme atténuée de bipolarité. qui à la fois, je trouve, me correspond bien. Et aujourd'hui, quand je dis que je suis bipolaire de type 2, c'est parce que c'est le diagnostic qui a été posé quand j'ai continué mon parcours en clinique privée. Aussi bien parce que mon nouveau psychiatre était d'accord, mais aussi, je me le souviens, parce que moi, j'avais un peu insisté en disant la cyclotimie, ça me semble un peu faible par rapport à ce que j'ai eu. Moi, je suis sûr que je suis bipolaire de type 2. J'aimerais bien que vous abondiez un peu dans ce sens-là. et il n'a pas abondé dans ce sens-là pour me faire plaisir. C'est que pour lui, effectivement, il considérait que ça allait un peu plus loin que la cyclotimie. Et au final, aujourd'hui, je ne me pose pas la question au quotidien. Peut-être que c'est entre les deux. Dans tous les cas, c'est un trouble du spectre, ce qu'on appelle du spectre bipolaire. Et au final, j'ai envie de dire, c'est un peu dit grossièrement, mais on s'en fiche. Moi, je considère que je m'en fiche que je sois cyclotimique ou même bipolaire de type 1 si demain… Alors que ce n'est pas censé arriver, vraiment, je ne me le souhaite pas, mais je fais une phase réellement maniaque. Voilà, la vie est longue, on ne sait pas ce qui peut se passer.

  • Speaker #0

    Comment tu te stabilises aujourd'hui ? Est-ce qu'il y a des choses qui t'aident à te stabiliser ?

  • Speaker #1

    Oui, plusieurs. Je pense que c'est une combinaison, une chouette combinaison de plein de choses. Il y a la thérapie, que je continue avec la thérapeute, que je vois depuis ma sortie de clinique en 2017. Voilà, tu vois, là, je suis à Paris. Elle, elle est... Excuse-moi. Elle est en région lyonnaise. Et je continue à, maintenant que je suis stabilisé et que je n'ai pas forcément besoin de la voir toutes les semaines, on se voit en général une fois par mois. Et je descends en région lyonnaise, des fois pour voir de la famille, des amis, et j'en profite pour aller la voir. Donc ça, cette relation marche toujours bien, parce qu'on se connaît bien et qu'on se dit tout. Le traitement qui a été instauré à l'hôpital, qui est intimo-régulateur et qui fonctionne bien. quand quand Je vais vraiment bien, ou en tout cas ça fait un certain nombre d'années que je suis stabilisé, donc j'ai envie de dire de temps en temps, on n'hésite pas à revoir le traitement un peu à la baisse parce qu'on voit qu'il me soutient bien et que naturellement j'ai repris du poil de la bête et que du coup ça ne sert à rien d'être en surdosage. Et puis le fait d'avoir trouvé, alors à la fois ça peut être dangereux parce que le milieu artistique par essence fait que tu alternes des périodes où tu travailles beaucoup et d'autres moins. des périodes où il faut aller voir beaucoup de spectacles et rencontrer beaucoup de monde et d'autres moins. Et en même temps, c'est là-dedans que je trouve, je pense que c'est mon troisième axe d'équilibre, que je trouve mon équilibre parce que, et on le sait qu'il y a aussi un vrai lien, ce n'est pas de non-sens là, mais on le sait en tout cas que la cyclotimie, la bipolarité à la fois est un ennemi de la créativité et en même temps... temps son meilleur ami. Voilà, avec cette faillure-là, et qu'aujourd'hui, étant stabilisé, je pense que je fais en plus le bon métier pour me permettre de me réaliser. Et que c'est tout ça qui fait que je vais bien.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que tu conseillerais aux personnes qui ont peur d'aller au diagnostic, peur de pousser les recherches pour celles qui ont un doute ?

  • Speaker #1

    J'ai envie de dire qu'on se sent tellement, enfin, ça fait un peu fleur bleue dit comme ça, mais qu'on se sent tellement mieux après. Encore une fois, un diagnostic ne vient pas changer, enfin, ne vient pas changer, enfin, si et non. Moi, vraiment, je pense que ça a changé ma vie, que c'était un vrai soulagement. Mais il ne suffit pas de poser un diagnostic. Il faut après que concrètement, dans la vie, il y ait des choses qui se passent. Mais on le sait globalement, dans les cas des troubles de l'humeur, dont la bipolarité fait partie, je ne vois pas comment... Sans être pro-médecin à 1000%, je ne vois pas comment on peut être stabilisé et qu'on peut vivre bien avec s'il n'y a pas de diagnostic ou s'il n'y a pas d'accompagnement. Mettre des mots dessus et une réalité médicale dessus.

  • Speaker #0

    Ça me semble hyper important, on va le dire grossièrement, à part quelques personnes qui s'en sortent avec des décoctions de millepertuis parce qu'on s'est rendu compte que le millepertuis avait des effets régulateurs pour l'humeur. En fait, globalement, en général, la bipolarité se stabilise avec un traitement médicamenteux, pas forcément avec des doses de cheval et de poney. Et que du coup, je trouve ça un peu illusoire de ne s'en remettre qu'à soi. c'est déjà... hyper compliqué et hyper courageux de vivre avec un trouble de l'humeur pour ne pas en plus se dire ouais ok en fait j'ai ça, c'est irrémédiable je serai sans arrêt soumis à des up and down, je dois vivre avec et advienne que pourra. Moi je trouve ça dommage.

  • Speaker #1

    On doit accepter qu'on n'est pas tout seul sur ce chemin. Ouais !

  • Speaker #0

    Oui, par contre, l'acceptation de la maladie est un vrai sujet. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, si je me pose la question « est-ce que j'ai complètement accepté que j'étais bipolaire ? » , je ne suis pas sûr que je puisse répondre « oui » à 100%. Mais ça, c'est différent. C'est une question différente pour moi de « j'accepte, par contre, que j'ai besoin d'un accompagnement et d'être aidé » . Par exemple, peut-être que si j'avais complètement accepté, on peut se poser la question que c'est une pathologie et que je souffre d'un handicap invisible. peut-être que j'aurais demandé la RQTH, la reconnaissance de qualité de travailleurs handicapés. Et je ne l'ai pas fait. Donc, ça veut bien dire que peut-être qu'il y a une partie de moi qui me considère malade, mais pas trop ou malade, mais moins qu'un tel ou une telle. Mais par contre, j'ai complètement accepté que… Un peu, j'ai envie de dire comme dans le milieu artistique où tu te construis ta team, avec un metteur en scène, un chorégraphe, une production qui t'accompagne. J'ai complètement accepté que j'avais un peu une team… team psychique médical autour de moi et que c'est pas des gens qui prennent le pouvoir sur moi et qui décident pour moi, c'est juste des gens qui sont là pour m'aider à vivre au maximum de mon potentiel.

  • Speaker #1

    Tu dis, si tu me demandais si j'accepte aujourd'hui la maladie, je sais pas ce que je dirais, et pourtant le fait d'avoir écrit ce livre, d'avoir monté ce spectacle, c'est quand même exposé. ta vulnérabilité, puisque tu viens, tu dis moi, François, coucou. Coucou. Je suis Bipo.

  • Speaker #0

    Et tout va bien.

  • Speaker #1

    Je suis Bipo, tout va bien. Je vous en prie, prenez une chaise, installez-vous, ça va bien se passer.

  • Speaker #0

    Exactement. Oui, oui, si. Si, si, non, c'est très vrai, bien sûr. En tout cas, il y a forcément une énorme acceptation. J'en ai conscience doublée de... comme tu le dis, de ne pas avoir peur de montrer ses failles et sa vulnérabilité, et donc d'une prise de recul. Je vois bien que si ce deuxième spectacle est aussi la version 1000.0 du premier que je jouais, et on va dire qu'il parlait de sensibilité, mais où je ne venais pas au cœur de mon diagnostic, de ma bipolarité, des thématiques de santé mentale, c'est parce que même si j'avais déjà beaucoup d'humour à l'époque où j'allais mal, où j'étais en clinique, en hôpital psy, sur ce qui m'arrivait, j'avais pas encore le recul nécessaire pour en parler peut-être de manière... safe et humoristique sans que ça soit cringe et que maintenant c'est le cas donc c'est forcément une preuve d'acceptation et de recul mais je pense que c'est toujours difficile de se dire et puis je ne sais pas trop ce que ça veut dire ce mot en tout cas je préfère pathologie que maladie alors que c'est juste un terme différent médical pour dire la même chose mais ouais je... Je ne sais pas trop ce que ça veut dire au quotidien de se sentir malade, alors que je le suis.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui t'a permis de te sentir en sécurité pour monter ce spectacle ?

  • Speaker #0

    Juste de sentir. En fait, je pense que ce spectacle est arrivé parce que je me sentais en sécurité avec moi-même et le rétablissement. Parce que je me souviens que je me suis dit « waouh, quand même petit challenge d'aller dans le fond de ces sujets. Est-ce qu'il va y avoir un public pour ça ? » Le public n'est pas forcément roi. on ne... Je considère que la création artistique doit exister indépendamment des attentes d'un futur public. Et en même temps, après notre boulot, qu'est-ce qui te fait vivre ? Qu'est-ce qui fait que tu peux continuer à jouer ? C'est parce que ta salle se remplit progressivement. Donc, la question est un peu épineuse. Mais je me souviens m'être dit, pour moi, je sens que c'est le bon moment de parler de ces sujets-là. Let's go ! Et je me sens suffisamment capé pour jouer une consultation avec mon psychiatre, jouer la bipolarité. Et encore une fois, c'est venu petit à petit. je suis pas arrivé tout de suite avec la version actuelle du spectacle je pense que je me serais pas senti dès le départ d'exposer vraiment sur scène ce que c'est un up un down, de pas avoir peur de plonger les gens dans un mal-être puis après de les rattraper, de les rechoper avec une blague et que ça c'est un processus et que plus on avance plus je suis au clair avec moi sur le fait voilà on en discutait tout à l'heure de il faut aussi montrer aux gens ce que c'est pour que on peut... puisse démystifier ces sujets-là. Et que si c'est fait avec cœur et avec sincérité, il n'y a pas de raison que ça soit mal pris et que ça soit mal interprété et que ça soit violent pour les gens, quand bien même on parle de maladies qui sont très difficiles et très violentes.

  • Speaker #1

    Oui, je trouve que ça demande beaucoup de stabilité intérieure que d'être capable de faire vivre ce processus-là. aux personnes pour leur montrer une réalité sans avoir forcément la volonté de les choquer. Est-ce que tu estimes que ton entourage, que ce soit privé et ou professionnel, t'a permis, t'a aidé à te sentir en sécurité pour dire « Ok, là, j'ai la bonne équipe, on y va parce que je sais qu'on peut le faire » .

  • Speaker #0

    Oui. Alors, pour ce qui est de l'entourage vraiment… Enfin, on va dire, dans l'entourage privé, qu'il y ait de la famille hum hum J'allais dire, ce n'était pas spécialement une question, c'est-à-dire que je ne me suis pas posé la question de comment ils vont le prendre, est-ce qu'ils vont trouver que c'est impudique. Je me suis vraiment lancé moi tout seul. Professionnellement, j'ai toujours eu des gens qui m'ont soutenu et qui sont là pour faire en sorte qu'on construise un spectacle complet, à dominant humoristique, mais pas que. Et oui, je me suis... Toujours senti soutenu. Et quand ces personnes-là avaient des interrogations parce que pas forcément concernées par ce qu'est le trouble bipolaire, donc du coup un peu interrogatif de « Ok, mais quand tu veux insister sur ce point-là, moi j'ai besoin de comprendre ça correspond à quoi ? » Parce que du coup ça va influer sur comment on peut mettre en scène ça, comment est-ce qu'on peut écrire ça. Mais oui, tout de suite soutenu. À partir du moment où moi je me suis senti prêt, les gens ont suivi.

  • Speaker #1

    C'est ta posture intérieure, c'est partie de ta posture intérieure, du fait que tu sois prêt intérieurement pour que l'équipe autour de toi, du moins professionnellement, puisque c'est vers des personnes sensibles à ton sujet et avec qui tu as des affinités forcément, que le reste a suivi.

  • Speaker #2

    Oui,

  • Speaker #1

    oui,

  • Speaker #2

    oui, oui, voilà, que du oui.

  • Speaker #1

    Est-ce que quelque part... Est-ce que, quelque part, c'est ce genre de relation-là qu'on construit à côté, avec des personnes qui vont être sur la même longueur d'onde que nous, qui permettent parfois d'absorber le fait que ce soit compliqué du côté famille, où on n'accepte pas nécessairement de la même façon, où on peut se retrouver parfois dans des cellules familiales qui ne vont pas être forcément soutenantes ?

  • Speaker #0

    Oui, oui. moi euh je pense En fait, c'est comme, c'est complètement ça, je suis complètement d'accord, c'est-à-dire que si ça, on va résumer avec des gros mots, si ça se passait mal avec ma famille à ce niveau-là, c'est-à-dire qu'il n'y avait pas un niveau de compréhension satisfaisant, que je ne me sentais pas soutenu, je pense que l'entourage professionnel serait d'autant plus important et que c'est ce qui me permettrait de me sentir quand même validé au quotidien et que je suis légitime et que j'ai le droit de parler de ça et que c'est bien et qu'en plus… potentiellement on est plein à avoir des troubles de psy et qu'en plus, je fais du bien à une certaine partie de la population en exposant ça et en montrant qu'on peut en rire et qu'il y a de l'espoir. Et en même temps, moi en ce qui me concerne, même si on ne passe pas notre temps à en parler, je n'ai pas l'impression au quotidien qu'il y a un tabou à ce sujet-là, mais si c'était le cas… Si c'était le cas, évidemment que je m'en remettrais encore plus à mon entourage professionnel et aux personnes qui me soutiennent dans cette démarche.

  • Speaker #1

    Ok. Il y a un très beau passage dans ton livre, moi, qui m'a marqué beaucoup.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Page 58.

  • Speaker #0

    Ah, de mémoire, attends, page 58. Je ne sais pas si on se joue à ce jeu-là.

  • Speaker #1

    Vas-y.

  • Speaker #0

    Vas-y,

  • Speaker #1

    lequel c'est à ton avis ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas pourquoi, le jeu est très très naze. Page 58, j'imagine qu'on doit en être en termes d'âge. Attends, il fait 224 pages. Le psychopathe, quoi. J'imagine qu'on en est peut-être dans le cœur de l'adolescence, là.

  • Speaker #1

    Moi, je trouve que c'est un très beau monologue qui... C'est un monologue que je vois super bien présenté sur les cours de diction au conservatoire. Est-ce que tu me permets de le lire ? Bien sûr,

  • Speaker #0

    mais je pense que du coup, c'est peut-être après.

  • Speaker #1

    Il fait une page.

  • Speaker #0

    Ok, vas-y.

  • Speaker #1

    Un dernier mot sur l'endroit que tu penses que c'est ou pas ?

  • Speaker #0

    Quand je dis, putain, j'ai envie d'aller prendre le livre et de regarder. Non ! Un monologue disait que c'est l'adolescence. J'imagine que je pense qu'on est encore dans les années... patins et avant la terminale, je sais même pas si on est au lycée, je pense que c'est dans l'adolescence.

  • Speaker #1

    À la réplique, François on se réveille, tu réponds, évidemment je suis réveillé, figure-toi que je peux penser à la condition misérable de l'être humain et faire une pirouette en même temps, contrairement à toi qui est bien passé à côté de ta carrière, caché dans ta doudoune coach et retranché derrière la balustrade. C'est tellement plus simple de donner des ordres aux autres. alors qu'on n'a même pas été fichu de se les appliquer à soi-même. Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? Tu vas me sortir de la glace ? Regarde-moi quand je te parle. Tu vas me sortir de la glace ? Je paie 200 euros par mois. Une fois sur deux, un partenaire n'est pas là et tout le monde s'en fout. Je garde le sourire et tu veux me sortir de la glace ? Mais viens Cyril, il n'y a pas de problème. On va discuter dans ton bureau. Laisse les autres. Il n'y en a pas un qui tient la route de toute façon. Viens, on va discuter. Mais viens ! T'as peur de quoi ? Que je fasse une scène ? Là, je fais une scène. Là, je fais une scène. Mais t'as rien vu, mon pauvre ? Moi, j'ai grandi dans un monde où les gens se balancent des meubles à la gueule. Quand est-ce que quelqu'un va me prendre au sérieux ? Putain ! Hein ? Regarde-moi quand je te parle, Cyril. Vous en faites quoi de votre petit champion adoré ? Vous en faites quoi ? Mais réponds ! Vous en faites quoi ?

  • Speaker #0

    C'est un peu facile maintenant à dire, mais vraiment, je n'ai pas osé le dire tout à l'heure. Quand tu as dit monologue, je me suis dit, est-ce que ça serait cet endroit-là ?

  • Speaker #1

    C'est cet endroit-là qui, moi, m'a profondément touchée. Parce que comme ça, c'est juste un mec qui pète une coche. C'est juste un ado qui pète une coche. Et en même temps, ça m'a touchée à la fois parce que toutes les personnes avec un trouble de l'humeur, Peuvent expérimenter ça vraiment super souvent et c'est super difficile de se rattraper, de se ravoir après être monté comme ça dans les tours.

  • Speaker #0

    Évidemment, ça te dépasse.

  • Speaker #1

    Ah oui !

  • Speaker #0

    Après, je pense qu'il n'y a pas que les personnes qui ont des troubles de l'humeur. Tu as des personnes qui sont profondément caractérielles et colériques et ça peut tous nous arriver de dépasser les bornes. Mais en l'occurrence, là, même si à ce moment-là, je ne sais pas encore que potentiellement j'ai un trouble de l'humeur, on peut se poser en tout cas la question de est-ce que ça n'est pas une caractéristique.

  • Speaker #1

    Et en même temps... Oui. Et en même temps, en lisant ce passage-là, ça m'a... Alors, me demande pas pourquoi, parce que sur les mots, forcément, je lis ça. Moi, je vois un mec sur la glace. Et en même temps, à ce moment-là, je vois l'image du regard qui tourne soit de mon ami qui est atteint du trouble bipolaire ou de ma sœur dans mon enfance, puisqu'une de mes frangines est atteinte du trouble également, de voir ces moments-là où tu sens... qu'il y a un switch où tu vois qu'il y a un truc qui change. C'est eux, mais c'est pas eux. À ce moment-là, il y a un truc dans le regard qui change. Et en lisant ça, je me dis, waouh, ça aurait pu être pareil. Ça aurait pu être le même genre de scène. Alors que c'est pas spécialement ce type de caractère-là qui les caractérise d'ordinaire. Et ce moment-là du livre m'a beaucoup touchée. Si tu vis de l'anxiété, tu as sûrement tout essayé. Des psys, du coaching, des applis, des rituels anti-stress. Et la vérité, c'est que ça n'a jamais vraiment marché. Tu veux savoir pourquoi ? Parce que la plupart de ces approches ne font que mettre un pansement sur la plaie sans aller voir ce qui se joue en profondeur. J'ai été, cette personne, anxieuse, épuisée, à bout. J'ai testé mille choses sans jamais trouver une solution qui tienne. Jusqu'au jour où j'ai compris que je n'étais pas... cassé et que je n'avais pas besoin d'entrer dans un moule trop petit pour moi. Depuis, je suis devenue thérapeute et après des années de pratiques et d'expériences personnelles, j'ai créé l'Antidote. Une approche concrète, inclusive, éthique, sans jugement ni case à cocher, pensée pour t'aider à explorer les racines de ton anxiété, mieux la comprendre et avoir les bons outils pour qu'elle n'ait plus d'emprise sur ta vie. T'en as pas marre d'investir dans des thérapies qui traînent en longueur et qui ne donnent pas de résultats ? Mais attention, je ne suis pas en train de te promettre une baguette magique. Mais ce que je peux te garantir, c'est qu'en 4 mois, tu vas enfin transformer ta relation à ton stress et te reconnecter à qui tu es vraiment. Il ne te reste qu'à cliquer sur le lien dans la description de l'épisode pour prendre ton appel avec moi et faire ton premier pas maintenant. Toutes les personnes concernées par un trouble de l'humeur vont juste... ça va forcément parler à toutes ces personnes-là. En même temps, je me dis, est-ce qu'il n'y a pas, derrière les troubles de l'humeur, est-ce qu'il n'y a pas une vérité qui explose dans ces moments-là ? À garder trop pour soi les choses qui ne vont pas, à garder trop pour soi les choses qui nous agacent. Et que plutôt que de les sortir de façon spontanée pour réguler les émotions, on va juste laisser un truc exploser à un moment donné.

  • Speaker #0

    Bien sûr, et ça je l'expérimente encore, enfin tu vois, c'est trop chouette comme question parce qu'actuellement, sans entrer dans les détails, enfin voilà, on s'en fiche de ma vie, mais notamment professionnelle. Il y a plein de moments où je me dis, est-ce qu'en termes de thérapie, j'ai suffisamment travaillé là-dessus ? Parce qu'il y a plein de choses sur lesquelles j'ai beaucoup travaillé et je vois que ça paye ses fruits, je vois les résultats. Et que sur cet aspect-là, à la fois je considère que je suis quelqu'un qui n'a pas de difficultés à communiquer et qui arrive, alors tu vois, encore une fois, tu t'es relative, mais j'ai tendance à me définir comme quelqu'un qui arrive assez bien à dire les choses. et à les dire rapidement, notamment, ça, ça me convient, ça, ça ne me convient pas. Et en même temps, je vois bien et je sais qu'on est tous sujet, mais c'est difficile de faire la part des choses parce qu'en même temps, personne n'a envie de se friter avec quelqu'un et de mettre les pendules à l'heure au début, au bout du deuxième rendez-vous, au bout de la deuxième entrevue, au bout du deuxième café ou du deuxième thé. Et en même temps, des fois, force est de constater que je me dis, waouh, j'ai 30 ans et j'ai l'impression que ça fait quand même globalement 30 ans. que sur certaines situations, je laisse le bénéfice du doute, des fois, à certaines situations ou certaines personnes, où je me dis, OK, ça va aller, ça va aller. Et en fait, tu accumules, tu accumules, tu accumules. Et que pour le coup, ça m'arrive encore. Alors, des fois, et c'est le sketch, et je crois qu'on est nombreux et nombreux à faire ça, c'est sous ma douche ou quand je suis en train de faire le ménage ou de cuisiner, où tu te fais, tu sais, toi-même l'engueulade avec l'autre personne et où tu fais les questions et les réponses et les répliques. Mais je vois bien que ça m'arrive encore, soit tout seul de mon côté, soit directement avec la personne. d'exploser comme ça peut être le cas là dans ce monologue et que pour le coup t'as envie de dire malheureusement c'est horrible parce que rien de constructif ne va en ressortir alors que je considère que la violence ou la mise au point de la violence ou il y a une vraie légitimité à faire cette mise au point là mais qui dans tous les cas ne peut pas être entendue parce que comme tu le dis tu switches et en fait en face de toi t'as juste quelqu'un qui est survolté et qui balance des punchlines et de Et ça m'interroge sur le fait que, en même temps, on est nombreux et nombreuses. Et est-ce que ce n'est pas le propre de l'humain d'être aussi dans les relations humaines ? Ok, je vais m'adapter, je vais tâter le terrain. Et du coup, tu prends sur toi et que, naturellement, le craquage est profondément humain. Mais est-ce qu'il y a des moments… Et ça, tu vois, je n'ai pas l'impression que ça fasse partie de mon trouble de l'humeur. Mais peut-être, peut-être que le fait d'avoir un trouble de l'humeur, ça renforce ça. parce que j'ai grandi aussi dans un milieu où ça pouvait gueuler comme ça et exploser, où je pouvais voir mes parents vraiment se transformer en aliens. Je ne sais pas. Mais en tout cas, c'est vraiment quelque chose sur lequel j'essaye de continuer de travailler, mais où assez fréquemment, je peux me mettre dans les situations du type du monologue que tu viens de dire.

  • Speaker #1

    c'est une réflexion intéressante parce que c'est vrai que quand on est concerné par un trouble de l'humeur, quel qu'il soit j'observe en tout cas dans mon cas de me dire, mais ok, bon, là, si je m'emporte, qu'est-ce que je fais ? Tout en sachant que, est-ce que ça va être fini après et que je vais passer à autre chose ou est-ce que je vais ruminer ce machin-là ? Et si je le dis maintenant...

  • Speaker #3

    Moi, je continue à ruminer pendant... Je me dis, waouh, mais en fait, j'ai oublié des trucs en plus.

  • Speaker #1

    Mais c'est ça ! Et dans la gestion émotionnelle, tu dis, bon, si je lui dis maintenant, ça ne va pas le faire parce que je vais le couper en cubes, comment ? Et de dire, ok, bon... de poser la limite quand même, mais de trouver le bon moment pour pouvoir la poser de la bonne façon. Puisque le but, ce n'est pas forcément d'abîmer la relation, mais c'est vrai que j'ai l'impression que quand on sait qu'on est atteint d'un trouble de l'humeur, on va plus facilement dire, laisser le truc dire, bon, attends, le bon moment, le bon moment, le bon moment. Sauf que le bon moment, des fois, c'est important aussi de se mettre en colère un peu pour éviter de péter une coche plus tard.

  • Speaker #0

    Plus tard, oui.

  • Speaker #1

    Ouais. Comment est-ce que tu penses, toi, que ton trouble influence ton processus créatif ?

  • Speaker #0

    Alors déjà, premièrement, en tout cas, une observation, voilà, une observation, et ce n'est pas immuable, peut-être que ça changera plus tard. J'observe que globalement, même si je suis globalement stabilisé, je suis toujours soumis, et encore une fois, comme tout le monde, c'est-à-dire que je pense que ça m'arrive encore d'avoir des déprimes saisonnières, notamment en automne et en hiver, et qu'en général, je dis bien en général, je suis quand même quelqu'un de... plus créatif quand l'humeur est haute que quand l'humeur est basse. Et quand je dis plus créatif, c'est que ça m'arrive d'être créatif, évidemment, l'automne et l'hiver, parce que sinon, globalement, ça va dire que la moitié du temps, je les arde. Mais c'est moins percutant. Il me semble, ça c'est mon auto-analyse, peut-être que les gens avec qui je travaille diraient la même chose, mais en tout cas, je parle pour le spectacle, c'est-à-dire à dominante humoristique. C'est un peu binaire ou plutôt simpliste. La blagounette va venir plus facilement au printemps et à l'été qu'en automne et en hiver. Et le livre a été beaucoup écrit à l'automne et à l'hiver, et peut-être que quelque part, moi qui me connais, le François qui se connaît bien le ressent aussi. Je pense fondamentalement, attention, que le fait de l'écrire juste, par exemple en un été, n'aurait pas changé fondamentalement ni le propos, ni la manière dont c'est raconté, mais en tout cas, tout ça pour dire, pour résumer, je fais un peu une digression, les moments où je suis triste, où je suis en souffrance, parce que ça m'arrive, Évidemment, encore beaucoup. Ce ne sont pas des moments où je suis dans la capacité de créer, ou en tout cas, pas dans la capacité de créer quelque chose qui va pouvoir être entendable. Entendable, ça ne veut pas forcément dire drôle ou pas drôle, c'est juste que je ne vais pas avoir du recul et que si je crée, je ne crois pas du tout, par exemple, à l'artiste torturé. L'artiste aux fêlures, oui, mais on est plein à avoir des fêlures, y compris des gens qui ne se définissent pas comme artistes. Et si je crée... Dans des moments où je suis en proie à des angoisses, à des insomnies, à des rapports conflictuels, que ce soit avec la famille, avec les amis, avec qui on veut, ce n'est pas une création où j'ai suffisamment de recul pour qu'elle puisse être exposée correctement. Donc c'est globalement ça, c'est-à-dire mon trouble de l'humeur. Après, je suis stabilisé, donc on me pose des fois la question. Il n'y a plus de moments, et j'en suis ultra ravi, où je suis dans un... telle dinde, une telle dépression que je ne suis plus en mesure de jouer mon spectacle. Ça ne m'est pas arrivé et ça c'est génial et j'espère que ça continuera. Mais je sais que si ça devait arriver, en profonde dépression, je pense que je ne serais pas capable de jouer mon spectacle, par exemple.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui te sécurise dans ton processus créatif ? Parce que j'imagine que tout ça aussi, c'est parce que tu as mis en place toutes les choses dont tu as besoin pour que ça se passe bien. Comment tu fais pour sécuriser ton... Oui, vraiment ton processus créatif. Donc, tu nous expliquais déjà que tu ne crées pas les mêmes choses au même moment de l'année.

  • Speaker #0

    Eh bien, alors je dirais, oui, il n'y a pas de miracle, une certaine régularité. J'ai toujours été quelqu'un qui aimait bien planifier, on va dire s'y prendre à l'avance. Et en même temps, il y a la dualité, c'est-à-dire je continue à être quelqu'un qui fait beaucoup de rétro-planning, de m'y prendre à l'avance pour ne pas être dans le… Je suis quelqu'un qui a beaucoup besoin de répéter pour être en confiance. et des fois du coup le pendant c'est que je pense que globalement le talent, enfin moi c'est ma conviction, le talent c'est le travail et que du coup je serais pas capable d'aller sur scène au talent comme on dit parce que je pense que tu finis vite par te planter si tu ne travailles pas assez mais que du coup des fois je fais peut-être pas suffisamment confiance à mon intuition ou à ma personnalité qui pourrait permettre un petit twist intéressant qui ramènerait du naturel ou de l'originalité tu vois sur scène c'est pas un spectacle où il y a de l'interaction mais Merci. c'était quand même en lien avec les gens. Mais globalement, ce qui me sécurise, c'est de savoir que je me fais des sessions d'écriture régulières, de savoir que j'ai le temps de répéter et que je ne sais pas créer dans le rush. Globalement, le fait de créer des fois dans le rush peut être intéressant pour des parties un peu discours que j'ai pu faire, rien à voir pour des cérémonies de mariage, d'amis. et où du coup tu es obligé de créer mais ça va parce que c'est sur des formes courtes je pense que si j'avais la chance de faire des chroniques radio c'est aussi intéressant des fois d'avoir un temps limité et ça te muscle différemment c'est à dire quand tu as un temps limité et que les phrases doivent être courtes ça te muscle différemment mais le spectacle je ne peux pas me dire ouais vas-y je ne fais rien et en fait je joue le samedi le vendredi soir je me mets à écrire un nouveau sketch que je teste demain moi ce n'est pas du tout quelque chose qui me sécurise je vais arriver en stress oui je comprends

  • Speaker #1

    Donc, la... En fait, c'est une forme de discipline.

  • Speaker #0

    Oui, la discipline. Et que je tiens, globalement, j'étais déjà quelqu'un comme ça à l'école et ça a été accentué par le sport de haut niveau. La discipline, elle me vient et elle me reste de là.

  • Speaker #1

    Comment tu rends la discipline agréable ? Donc ça, je précise la question. C'est pour les personnes qui vont voir la discipline comme quelque chose qui fait mal, comme une souffrance. Est-ce que tu as des trucs pour nous aider à rendre ça agréable, en fait ?

  • Speaker #0

    disons que moi en tout cas j'ai senti qu'elle devenait qu'à la fin elle était vraiment plus du tout agréable les dernières années dont je parle beaucoup d'ailleurs je pense que plus que dans le spectacle, dans le livre j'ai vraiment beaucoup parlé de ces périodes de patinage à haut niveau où en fait la passion devient vraiment quelque chose de destructeur parce que une discipline à toute épreuve qui fait que il n'y a plus beaucoup de place pour l'humain et pour le ressenti et pour le cœur Et aujourd'hui, ce qui fait que la discipline, elle est agréable, c'est que j'ai trouvé, enfin, ouais, oui, et ça, ce n'est pas du tout de moi, je l'ai entendu dans plusieurs interviews, je vois que je trouve ma liberté, encore une fois, pour revenir sur ce que je disais avant, dans le travail. C'est-à-dire, c'est le fait d'avoir la discipline et que les choses soient carrées. qui, dans ce cadre-là, m'autorise à dépasser. Et comme je me sens en confiance, je me dis, la discipline fait que je sais que j'ai mon rétro-planning, que dans une semaine, j'ai des répètes, et que du coup, la semaine suivante, je joue, et que du coup, je suis sécure. Et à l'intérieur de ça, du coup, je m'autorise des folies parce que je sais que c'est de ces folies-là, de ces impros-là, de trucs que je vais voir et que je vais dire, attends, mais ça serait complètement dingue peut-être de partir dans telle ou telle direction, que ça va fonctionner parce que j'ai quand même la discipline. Voilà. Donc, le fait que le cadre soit là, je ne le vois plus comme quelque chose de limitant, en fait.

  • Speaker #1

    C'est le cadre, en fait, qui te libère.

  • Speaker #0

    Exactement. Le cadre, peut-être de manière assez paradoxale, me libère.

  • Speaker #1

    OK. Question de TDAH à Bipo. Comment tu maintiens ta capacité ? de concentration dans les moments où ça va moyen bof ?

  • Speaker #0

    Dormir.

  • Speaker #1

    Ah, trop bien.

  • Speaker #0

    Du coup, ça ne répond peut-être pas à la question parce que si ta question, c'est sur le moment où tu n'arrives plus à bosser, à être concentré sur une tâche, si tu dois vraiment finir la tâche et que tu vas dormir, c'est mort. La tâche n'est pas terminée, mais je suis de base un gros dormeur. Des fois, on ne va pas se mentir, c'est accentué par le traitement. que je crois qui à la fois stabilise l'humeur, mais qui peut avoir un effet légèrement soporifique, on va dire.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    Ça se dit, j'espère. Oui, je pense. Oui, je crois que ça se dit.

  • Speaker #1

    On considère que oui.

  • Speaker #0

    Voilà, on considère que oui, on a compris l'idée. Mais oui, globalement, encore une fois, c'est double. C'est pénible, j'ai toujours l'impression de me faire l'avocat du diable, ou en tout cas de poser le pour le contre. C'est mon côté science-po, ça. Non mais globalement, j'ai envie de dire dormir. Je pense que globalement, même sans parler des troubles de l'humeur, les gens, et je me compte dedans, même si je fais partie des gens qui dorment beaucoup, on ne dort pas assez. Vraiment, je pense qu'il y a beaucoup de problèmes. Mais même si on prend tout le monde, je veux dire ce qui se passe au niveau politique, géopolitique.

  • Speaker #1

    Merci de le dire.

  • Speaker #0

    Ce qui se passe avec les collègues dans un open space. En vrai, si on avait une meilleure… Il ne faut pas forcément se culpabiliser. On a des rythmes de vie aussi où… Ce qui est valorisé socialement, c'est de ne pas beaucoup dormir, c'est de sortir, c'est de voir du monde. Mais je pense que globalement, si chacun dormait une heure de plus chaque nuit, déjà, ça irait beaucoup mieux. Mais globalement, c'est vraiment un truc que je sacralise un peu, c'est-à-dire que je ne vais pas pouvoir tout le temps le faire. Mais ce que j'aime dans mon rythme d'indépendant et de création, c'est que oui, des fois, ce n'est pas assez cadré et je vais avoir tendance à traîner à la maison, mais que je reste globalement quelqu'un qui arrive à se mettre un cadre et qui est actif et que par contre, je… pas à aller faire une sieste d'une heure et demie où je me dis, ok, là je sens que ça ne va pas, je sens que ça ne va pas, je sens que je n'arrive pas à me concentrer suffisamment, je sens que en fait j'ai écrit dix minutes et je m'énerve parce que soi-disant ça ne va pas assez vite. Bon, des fois il faut se faire un peu violence et dans la fatigue, ce que j'aime bien dans la fatigue, des fois quand je n'ai pas assez dormi et notamment pour la scène, il ne faut pas que ça soit une fatigue extrême, mais du coup ton corps c'est physiologique, on le sait, il est un peu plus détendu et du coup ça donne des choses et assez drôle et intéressante artistiquement d'être dans une détente. Des fois, quand j'ai trop dormi, du coup, je suis en mode pile électrique, tout est très tendu, voilà. Mais globalement, quand, je le dis d'ailleurs dans le livre aussi, il me semble quand je suis à bout de souffle et que ça ne fonctionne pas assez au niveau créatif, je vais dormir. Parce que j'ai la chance de pouvoir, dans ma journée, si je n'ai pas de rendez-vous prévu, En fait, si j'ai envie de créer de 16h à 20h après être allé faire une énorme sieste de 14h à 16h, j'ai la possibilité de le faire et c'est une chance et vraiment, je ne m'en prive pas.

  • Speaker #1

    Comment tu t'en... Là, c'est la question un peu pratico-pratique. Comment est-ce que tu t'en sors dans tes to-do list ? Est-ce que tu arrives à te maintenir à jour ? Déjà, merci de le dire, mais quand ça ne va plus, en fait, on vit dans un monde de gens fatigués. Donc, si j'ai besoin, je vais dormir. Merci de le dire, puisque les gens sont épuisés.

  • Speaker #0

    On est crevés, on est crevés.

  • Speaker #1

    Les gens sont épuisés. Je n'ai pas une personne en consultation qui arrive en cabinet et qui me dit...

  • Speaker #0

    « Je dors bien. »

  • Speaker #1

    Tu me dis « Je dors bien. » Donc, merci de le dire. Mais du coup, comment tu gères ? Parce que tu sais, par rapport à l'anxiété de… Parce qu'on a tous des choses à faire, en fait,

  • Speaker #0

    quel que soit nos métiers.

  • Speaker #1

    Comment tu gères une to-do list en retard, par exemple ?

  • Speaker #0

    Encore une fois, j'allais dire la discipline en priorisant. C'est-à-dire si vraiment je prends du retard sur une to-do list. J'ai accepté que la Toulouse, de toute façon, elle n'est jamais terminée. Tu vois, j'en ai une, c'est ma note qui est épinglée sur mon ordi, mon téléphone. Et globalement, je change plus souvent de titre en haut, à savoir le mois. Là, on est passé d'octobre à novembre. Il reste des tâches que je voulais finir en octobre et qui sont encore en novembre. Mais la priorité, la priorité de santé, notamment, voilà, c'est si jamais je suis en retard sur des choses. En termes créatifs, mais tu vois, le spectacle continue à exister toutes les semaines. Si je n'ai pas fait cette tâche créative-là, ça ne m'empêche pas d'aller jouer samedi prochain. Ce n'est pas la priorité ultime. Et en tout cas, sauf Ultra Deadline, parce qu'elle met en plus en jeu d'autres personnes et que du coup, tu as une responsabilité collective où tu ne peux pas lâcher les gens, sauf si tu as un énorme pépin de santé et une urgence, ça, ça va être la priorité. Mais des choses qui vont me concerner. Moi, tu vois, je me dis, ouais, j'aurais voulu. plus avancé sur de la réécriture de spectacles ou de livres ou de chroniques cette semaine, mais au final, il y a d'autres choses qui sont prioritaires, franchement, ce n'est pas grave. Et du coup, l'aspect créatif, à la fois, il faut que je fasse attention parce que c'est mon métier, il faut que je sois régulièrement créatif, et en même temps, si c'est reporté à six jours après, vraiment, il n'y a rien de grave.

  • Speaker #1

    D'accord. Donc, ça te demande aussi de la souplesse pour réorganiser en fonction des vrais détails. Oui, et ça,

  • Speaker #0

    ça me demande un vrai travail parce que j'ai tendance quand même dans la discipline à avoir un côté assez, dans la discipline, quand même rigide. mais j'espère pas rigide dans le sens chiant, mais rigide dans le sens il y a un moment c'est aussi en travaillant que le goût du travail vient de plus en plus et que plus je crée, plus ça appelle de nouvelles créations et ça c'est chouette donc je ne me laisse pas non plus vivre en me disant ah oui ok aujourd'hui je m'étais prévu 4 tâches mais si j'en ai fait qu'une et demie, c'est pas très grave il y a des jours c'est pas très grave et quand même globalement je m'instreins à avoir un rythme élevé Heureux soient les fêlés,

  • Speaker #1

    c'est le titre de ton spectacle Oui Merci. Comment s'est passé le processus d'écriture ? Parce que tu as dit que tu l'avais réécrit. Et est-ce que tu peux raconter un petit peu la ligne du temps de l'écriture, de la naissance de ce spectacle et puis de son évolution, par rapport à ce qui a certainement, j'imagine, co-évolué avec toi ? Est-ce que tu peux nous en parler ?

  • Speaker #0

    Oui, alors le spectacle que je joue actuellement... c'est un deuxième spectacle c'est en fait à force d'avoir vraiment modifié, modifié, modifié, modifié le premier qui parlait beaucoup de sensibilité avec en plus les périodes de confinement où du coup j'ai pu prendre du recul et où je pense que ça a été un peu mes premières ce qu'on appelle résidence artistique c'est à dire ce genre de période à la fois de jachère où tu prends le temps de poser les choses et de prendre du recul et ensuite de te remettre dans un processus créatif assez intensif de plusieurs jours d'affilée où tu te dis ok J'ai pris du recul. En fait, j'étais tête baissée depuis plusieurs mois en jouant ça, en disant ça sur scène. Mais je crois que ça, ça ne me correspond plus. Ce n'est plus d'actualité. Il faut que je change. Il y a d'autres choses qui m'animent. Mais en tout cas, c'est un deuxième spectacle. Il a commencé à naître dans mon esprit, on va dire en fin 2021, début 2022, au moment où je me suis dit « Ok, je crois que je suis prêt à parler vraiment de diverses thématiques de santé mentale, mais principalement de ma bipolarité. » Pas de celle du voisin, pas de sel des Français et Françaises qui souffrent de bipolarité, non, de ma bipolarité, comment ça peut aller impacter ou toucher les gens ou les intéresser. Et donc ça, ça a pris bien plusieurs mois d'écriture et depuis le printemps 2022 où ça a été l'éclosion de ce spectacle, maintenant on est à l'automne 2025, ça fait trois ans et demi, et je me dis que je fonctionnerais différemment pour le spectacle suivant et que je fonctionnerais comme ce que j'ai fait pour le livre, C'est-à-dire... par système de résidence et d'un temps donné et entre guillemets on se laisse le temps pendant trois mois six mois un an de faire une énorme résidence et de bouger des choses forcément il ya des choses qui bougeront après parce que les premières réactions du public t'amène à bouger mais là avec ce spectacle ce qui commence à devenir un peu fatigant pour moi je le conçois et surtout pour mon équipe artistique le metteur en scène et le chorégraphe c'est que assez régulièrement j'ai envie de bouger des choses je bouge des choses et du coup c'est un peu sans fin donc à la fois je trouve que c'est cool parce que je ne m'ennuie pas Et que ça apporte de la fraîcheur, y compris pour le public, et une amélioration, je l'espère. Et en même temps, il est sans cesse en évolution, et ça en devient presque un peu fatigant. Donc j'ai l'impression que ça fait trois ans que je suis dans une réécriture permanente.

  • Speaker #1

    Est-ce que ce n'est pas normal, quelque part, dans la mesure où toi aussi tu co-évolues ? Si,

  • Speaker #0

    je continue d'évoluer.

  • Speaker #1

    Où tu n'es vraisemblablement plus le même homme que tu étais il y a trois ans ?

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et qu'en même temps, tu découvres encore plein d'autres choses sur toi-même, sur le trouble. Et alors, même si on te laissera, enfin, je ne sais pas, peut-être que oui, mais même si j'imagine que peut-être qu'on ne te laissera pas arriver jusqu'à la salle en tyrolienne, il y a certainement plein de choses encore qui sont faisables en fonction de la personne que tu continues de devenir chaque jour.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Je crois que j'ai vu une version, parce que j'ai fait des recherches, on trouve très peu d'extraits du spectacle sur Internet. Oui, mais il me semble avoir vu un extrait de quelque chose, enfin un très petit extrait de quelque chose où c'était joué sur glace.

  • Speaker #0

    Oui, absolument. Et ça, puisque tu en parles, c'est un projet qu'on a de recréer parce qu'on avait fait vraiment une transposition. de ce qui existe sur scène sur glace. Pour le dire très simplement et vulgairement, on avait adapté les chorégraphies qui existent sur scène sur glace, mais on n'avait pas eu énormément le temps de retravailler la mise en scène. Or, la glace, sans doute, avec des patins aux pieds, offre des possibilités de mise en scène et puis de réinsister. C'est-à-dire la version que j'imagine sur glace pour peut-être dans un an ou deux, et c'est encore à l'état d'embryon, mais il faut que ça se fasse parce que ça ne s'est jamais fait. et que je pense qu'on a vraiment des choses à raconter et à apporter, je pense qu'il faudra qu'il y ait un focus. Ce sera une version de « Reçois les fêlés » , mais je pense modifiée, avec un focus particulier sur le parcours de patineur, notamment jusqu'à aujourd'hui. Mais effectivement, il y a quelques extraits qui circulent, et je me dis que de faire cette version-là, ce sera peut-être la fin de la boucle de ce spectacle, parce que ce spectacle parle principalement de mon trouble bipolaire, mais qui est intimement lié aussi à comment j'ai grandi. à ce rêve de patinage qui se brise du jour au lendemain et qui, du coup, laisse la porte à un vide, donc à la dépression qui arrive et que c'est le début du parcours de soins en psychiatrie. Donc oui, il y a un peu d'extraits et on peut tomber là-dessus.

  • Speaker #1

    Ah, mais voilà pourquoi le spectacle ne cesse d'évoluer. Parce que le final, tu sais déjà où il est.

  • Speaker #0

    En tout cas, ce serait l'idée. Le producteur ne le sait pas encore. J'en ai parlé un petit peu, mais voilà. Mais ouais, je pense que ça serait un bel aboutissement pour ce spectacle.

  • Speaker #1

    On commence tous le théâtre pour de mauvaises raisons.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    On commence tous le théâtre pour de mauvaises raisons. Justement, moi, c'est pour faire mon intéressant. Vouloir plaire en est une autre. On fait pas un spectacle pour trouver un mec.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    On fait un spectacle pour quoi, alors ?

  • Speaker #0

    En fait, plus j'avance, plus je me rends compte qu'on fait un spectacle, on fait des spectacles, on crée de manière générale pour servir un propos, pour défendre une idée, quel que soit le style de spectacle, quel que soit le registre. et pas mais j'ai aucun mal et puis si je le dis aussi honnêtement dans le livre c'est que je pense qu'on est nombreux et nombreuses à être dans ce cas là avec le côté en plus moi qui je pense me vient du patinage aussi ou très jeune tu es tout seul, tu es jugé, tu es au milieu d'une énorme arène, ça fait quand même 1800 m² de glace, et le patinage répond encore à des codes, où en termes d'interprétation, c'est un peu le show, on essaye d'en mettre plein la vue, c'est la danse de salon version plus plus plus, donc je pense que quand je suis arrivé sur les planches, il y avait ce côté de, ok, maintenant je vais mieux, je suis dans mon processus de rétablissement, ... J'ai envie de montrer à quel point je vais bien. J'ai envie d'en mettre plein les yeux aux gens. Et du coup, tu n'es pas dans… Enfin, j'étais déjà, je pense, en train de construire le début d'un propos, mais tu es plus dans de la démonstration et de la paillette et de se vanter un peu. Regardez-moi, regardez-moi, regardez-moi que dans un propos où tu peux avoir des parties où tu es dans un délire mégalo, mais où des parties où tu es aussi plus dans la sincérité. Donc, c'est dans ce sens-là. Et puis, c'est un moment où j'ai commencé la scène, où effectivement, je sors de plusieurs années de dépression, je sors de plusieurs mois d'hospitalisation, j'entame mon rétablissement, je me sens quand même déjà stabilisé. Et globalement, je n'ai pas fait beaucoup de rencontres, notamment amoureuses. J'assume depuis peu... complètement mon homosexualité. Donc, je me dis, tiens, être sur scène, c'est quand même un truc que les gens... Enfin, tu vois, on voit quand même dans le discours encore global, je le vois encore aujourd'hui dans les yeux des gens, de, ouais, monter sur scène, c'est quand même énorme, cette mise à nu. Beaucoup de gens qui te disent, moi, je ne pourrais pas. Et souvent, je leur réponds, mais ce n'est pas une question. Moi, je ne pourrais pas être sur une chaise dans un open space 9 heures par jour. Et du coup, je pense que tu joues aussi peut-être consciemment ou inconsciemment au début sur ce truc de, wow. C'est moi qui maîtrise, j'ai du sex-appeal, on va me regarder, donc je vais me servir de ce côté aussi, seul sur scène, pour en mettre plein les yeux et pour montrer que je suis un mec sexy. Et que du coup, en l'occurrence, pour boucler la boucle, on ne fait pas un spectacle pour ça, il me semble.

  • Speaker #1

    J'entends que le fait d'arriver, de venir du patinage aussi, où c'est un monde très waouh, très paillette, effectivement, c'est de la danse de salon, mais en beaucoup plus beau, beaucoup plus vite. Beaucoup plus d'adrénaline, en fait. Beaucoup plus spectaculaire et sensationnel. Et il y a un moment dans ton livre, tu dis « cours d'EPS, on fait du demi-fond, ça ne m'intéresse pas. Depuis quand on fait les choses à moitié ? Ça sera sprint pour moi. » Et quand je t'entends parler, j'ai l'impression qu'il y a une partie de toi qui se dit « ouais, mais marathon, c'est bien aussi,

  • Speaker #0

    quoi. » Oui, de plus en plus. Je pensais, j'ai découvert, et notamment avec la pratique artistique et le premier spectacle où... C'est vraiment l'école de l'humilité. C'est-à-dire qu'au début, tu te dis, je vais monter sur scène pour faire rire les gens, trouver un mec, trouver des potes. Et puis assez rapidement, tu te rends compte que ce n'est pas suffisamment bien écrit, que globalement, à part faire rire tes deux potes avec tes private jokes, ça ne fait rire personne, tu n'as qu'il y a personne dans ta salle et tu t'envoies mille misères pour avoir ton intermittence. Assez rapidement, si tu as l'ego assez bien placé, tu redescends vite et tu te mets au boulot et tu apprends l'humilité. continue d'apprendre l'humilité. Et je pense que moi, c'est ce qui s'est passé et je l'apprends encore au quotidien. Et du coup, j'ai découvert que l'endurance pouvait être chouette, qu'on pouvait trouver du plaisir et dans la discipline et dans l'endurance de dire, OK, en fait, étape par étape, personne n'est bon. Il y a des gens qui ont plus de facilité que d'autres. Mais après, encore une fois, je crois vraiment dur comme fer au fait que le talent, c'est le travail. et que voilà t'arrives à faire passer des émotions en le travaillant, tu arrives à être percutant dans ton écriture en la travaillant régulièrement et qu'il n'y a pas de secret et que du coup c'est très bien je resterai toujours quelqu'un qui adore le sprint qui adore les effets qui adore les coups d'éclat d'où l'envie des fois de retrouver un peu les phases hypomaniaques ou maniaques mais que ouais l'endurance mais même dans les relations, j'étais quelqu'un qui avait des relations même amicales très très en surface parce que pas le temps, il fallait que ça aille vite, il fallait que ça soit la performance. Et je pense qu'on peut avoir envie d'être performant et d'être bon tout en prenant le temps d'avoir des relations professionnelles et personnelles qui tiennent la route.

  • Speaker #1

    C'est quoi tes plus grosses claques artistiques, les personnes qui t'ont le plus inspiré, influencé en tant qu'homme, mais aussi en tant qu'artiste ?

  • Speaker #0

    Récemment, Constance, qui est humoriste et qui a été diagnostiquée d'un trouble bipolaire il y a quelques années. Je suis allé voir son spectacle au début et j'avais un peu des appréhensions parce que je me suis dit qu'elle est aussi plus connue que moi, le spectacle aura forcément un retentissement plus important que le mien et du coup j'espère qu'on ne parle pas de la même chose. En fait non, parce que chaque parcours est différent et j'aimais déjà beaucoup cet artiste avec ses chroniques de France Inter. Je n'avais pas vu ses précédents spectacles et j'ai vraiment adoré. Donc Constance. J'aime beaucoup la manière dont elle crée Valérie Lemercier. Vincent Daudienne aussi, j'aime beaucoup. Je trouve que c'est très drôle et que c'est très classe. Alexandra Pizzagalli, humoriste aussi, qui avait un spectacle qui s'appelait « C'est dans la tête » . Je n'ai pas énormément de références, mais en tout cas, c'est plus des personnes. en tout cas c'est pas spécialement des références dans le stand-up, c'est des références voilà moi je considère je sais pas trop si je me considère encore humoriste ou pas en tout cas comédien qui principalement fait rire dans son spectacle mais pas que et du coup je suis très inspiré par les comédiens et comédiennes ce qui me fait rire je suis plus du côté théâtre que du côté stand-up ok

  • Speaker #1

    demain tu peux partager une scène avec un artiste ça serait lequel ?

  • Speaker #0

    pour faire un spectacle ensemble c'est ça ? ouais ouais euh Ouais, bonne question. J'adorerais faire un spectacle avec Laure Calami, qui est une actrice que j'adore, qui jouait Noémie dans 10%, Antoinette dans les Seven. Ouais, Laure Calami, mais ça, c'est de l'or du rêve, quoi.

  • Speaker #1

    Et ça ne commence pas par là, par un rêve ?

  • Speaker #0

    Bah si,

  • Speaker #1

    si, si. OK, c'est tout ce que je peux te souhaiter. La question à mille points. S'il y avait un film... ou une série qui représentait ce qui se passe dans ton cerveau, ça serait laquelle ou lequel ?

  • Speaker #0

    J'allais dire le cœur à ses raisons, la parodie des Feux de l'amour québécoise, mais pour le côté vraiment grotesque et un peu fucked up. Ouais, ouais, un mélange du cœur à ses raisons. des Hercule Poirot dont je suis ultra fan pour le côté anglais qui permet de faire des siestes et de s'endormir devant et c'est dur parce que je regarde et

  • Speaker #1

    Kill Bill wow joli joli joli joli ça peut illustrer ça peut bien illustrer les personnages oui François nous arrivons déjà à la fin de cette interview est-ce que tu peux nous dire où on peut te retrouver,

  • Speaker #0

    où se joue ton spectacle et où est-ce qu'on peut te trouver sur les réseaux bien sûr du coup on peut se retrouver tous les samedis au Théâtre du Marais, donc c'est à Paris dans le 3ème arrondissement vers République à Arrêt Métier exactement c'est les samedis à 18h, ça c'est pour le spectacle Reçois les fêlés, c'est prolongé au moins jusqu'à la fin du mois de mars 2026 Merci. Et sur les réseaux, c'est François Malet, M-A-L-E-T, sur Instagram. J'ai nouvellement un compte TikTok et j'avais l'impression d'être un gros boomer qui découvre TikTok. Mais voilà, mais c'est principalement sur Instagram. Et le livre Félé, on peut le trouver en librairie, notamment dans les grandes librairies et puis sur Internet aussi.

  • Speaker #1

    Super. Et je laisserai tous les liens en description de l'épisode pour qu'on puisse te retrouver. Un grand merci encore une fois d'avoir accepté. Merci, c'était super chouette. de porter ton témoignage ici. Un grand merci pour tout ça, François. Et à bientôt.

  • Speaker #0

    À bientôt. Salut.

  • Speaker #1

    J'espère que cet épisode t'aura aidé à mieux comprendre ce qu'est et surtout ce que n'est pas le trouble bipolaire. Ce que j'ai aimé chez François, c'est sa façon d'en parler avec simplicité et sans drame. Avec sa lucidité tranquille, son humour et cette manière de transformer ce qu'il a traversé en force créative. Il nous rappelle qu'on peut être fragile et solide à la fois. vulnérable tout en étant brillant. Comme quoi, être né à Bourg-en-Bresse n'empêche pas de devenir une icône. Tu retrouveras tous les liens pour suivre François, découvrir son livre « Fêlé » et son spectacle « Heureux soient les fêlés » directement dans la description de l'épisode. Encore un grand merci à FSI Lorraine, centre de formation spécialisé dans la prévention des risques, pour leur confiance et leur soutien sur cet épisode. Et pour continuer ton chemin vers plus de clarté mentale, pense à télécharger ton template d'autothérapie, le patch Anxiété Zéro, via le lien dans la description. Si cet épisode t'a plu, pense à t'abonner pour ne pas rater les prochains et surtout, je serai gratitude que tu lui laisses 5 étoiles sur ta plateforme d'écoute préférée ou que tu le partages à quelqu'un qui pourrait avoir besoin d'entendre ça aujourd'hui. Et comme toujours, viens me dire ce que tu en as pensé sur Instagram ou LinkedIn. D'ici le prochain épisode, je te souhaite tout le meilleur. Et n'oublie pas, quoi que tu traverses, tu n'es pas seul. Cet épisode était dédié à mon ami Philippe. Anophilure

Description

Dans cet épisode, on plonge au cœur du trouble bipolaire avec l’humoriste François Mallet, auteur du spectacle Heureux soient les Fêlés et auteur du livre Fêlé.
Il partage avec une sincérité rare son parcours lumineux, entre phases maniaques, dépressions, stabilisation et reconstruction — loin des clichés et du sensationnalisme.


On parle de ce que ça fait vraiment de vivre avec un trouble de l’humeur, de ce qui se joue derrière le mot “bipo”, de la créativité comme moteur de soin, des relations, du travail, de l’identité, et de comment retrouver du sens et de la stabilité après les tempêtes.


🎧 Dans l’épisode :
• les signes du trouble bipolaire et le diagnostic
• la réalité émotionnelle des phases maniaques et dépressives
• le rôle de l’humour et de la création dans la guérison
• comment en parler autour de soi
• la nuance, la vulnérabilité, la beauté de pouvoir être soi


Une discussion profonde, honnête et accessible, pour toutes les personnes concernées par la bipolarité ou les troubles de l’humeur — ou qui souhaitent mieux comprendre un proche.


Cet épisode est soutenu par SFI Lorraine, centre de formation spécialisé dans la prévention des risques.


Pour retrouver François : 

Instagram

LinkedIn

Son livre Fêlé

Son spectacle Heureux soient les fêlés



🌱 TES RESSOURCES : 


☎️ L'Antidote

Réserve ton appel découverte avec moi pour enfin dompter l'anxiété et reprendre le contrôle sur tes émotions.


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Si tu as aimé cet épisode, n’oublie pas de me laisser 5 étoiles et de t’abonner pour ne pas manquer les prochaines sorties.

Et surtout viens me dire ce que tu en as pensé sur Instagram et LinkedIn   


@crédits audio du générique : Anthony Chognard CHS Prod 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Un coup tu rigoles, un coup tu fais la gueule, mais t'es bipolaire ou quoi ? Cette phrase, on l'entend partout. Comme si le mot bipolaire, c'était devenu une façon tendance pour dire changeant ou instable. Sauf que la bipolarité, ce n'est pas ça. C'est un vrai trouble, complexe, profond et surtout humain. Alors si tu te poses des questions sur le trouble bipolaire, que tu sois concerné en recherche de réponses ou proche d'une personne qui vit avec, cet épisode est pour toi. Aujourd'hui, François Mallet, comédien. patineur artistique et auteur, nous explique la bipolarité avec simplicité et humanité. On va parler parcours de soins, processus créatif et de cette vie intérieure en clair-obscur qu'on peut apprendre à apprivoiser. Cet épisode est soutenu par FSI Lorraine, centre de formation spécialisé dans la prévention des risques. On se retrouve juste après le générique pour ce 45e épisode de Mission Anxiété Zéro. Bienvenue dans Mission Anxiété Zéro. Ici, c'est ton safe space sans langue de bois dans lequel je vais t'aider à questionner tes automatismes émotionnels. Moi, c'est Sandra, je suis sophro-analyste et ma mission, c'est d'accompagner mes clients à prendre soin de leur bien-être mental pour être plus heureux, mieux concentrés et mettre plus de sens dans leur quotidien.

  • Speaker #1

    Alors si toi aussi, tu cherches des solutions concrètes et actionnables pour gérer tes émotions et mettre ton anxiété à zéro, installe-toi, tu es au bon endroit.

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode de Mission Anxiété Zéro. Aujourd'hui, je suis avec François Mallet. Il est bipolaire, gay, patineur artistique. S'il était né aux États-Unis, il serait une icône. C'est ainsi qu'il se décrit sur la couverture de son livre « Fais-les » , paru le mois dernier aux éditions Larousse. François, bienvenue ici. Je suis vraiment heureuse de t'accueillir pour cette interview. Et pendant la prochaine heure, on va lever les tabous autour du trouble bipolaire et... parler du processus créatif et du parcours de soins. Comment vas-tu ce matin, François ?

  • Speaker #1

    Merci, c'est chouette d'être là. Bien, bien, bien. Bon, on est début novembre, donc c'est clairement un mois dont je ne comprends pas vraiment l'intérêt. Mais voilà, disons-le clairement. Mais bien, bien, ça va bien.

  • Speaker #0

    Oui, je plus sois. Tu n'as pas allumé ta petite lampe de luminothérapie et tout ça ?

  • Speaker #1

    Non, non. Alors, j'ai pas de lampe de luminothérapie, mais j'ai des lunettes. Mais sans trop en parler, je les utilise pas encore. Et je pense que je pourrais m'y mettre. En fait, c'est un accessoire qui me sert artistiquement, sans trop en dire, mais que je ferais peut-être bien d'utiliser, surtout vu le prix, quoi.

  • Speaker #0

    Oui, mais j'allais dire, la question, c'est, je crois que tous les gens... atteints d'un trouble de l'humeur, quels qu'ils soient, vont te dire « Alors, pour toi, ça marche ou pas ? »

  • Speaker #1

    Ouais, voilà. Pas de réponse parce que surtout, je n'ai pas essayé.

  • Speaker #0

    Ah, mince ! Ok. Pour remettre un peu de contexte, nous, on s'est connus par le biais d'Alain Raymond, qui est un de mes consultants en communication. Et donc, je lui avais parlé de ma volonté sur ma prochaine saison de pouvoir aller un petit peu plus deep autour des troubles de l'humeur et d'inviter plus de personnes ... concernés et puis aussi beaucoup plus de personnes impliquées dans un processus créatif pour pouvoir en parler et dédramatiser et puis un petit peu re-challenger les notions de normalité sociétale qu'on a pu se laisser inculquer simplement dans le monde dans lequel on vit par notre éducation. Et il m'a dit « Ah, moi je connais un mec ! » Alors, je n'ai pas eu la chance de venir voir ton spectacle encore à Paris. En revanche... J'ai lu ton livre qui m'a profondément touchée. Mon trouble bipolaire ne me permet pas de dévorer un livre. Je ne sais pas ce que c'est. Les gens qui disent « Ah, je l'ai dévoré en… » Moi, ça m'arrive très rarement. Si je suis motivée à lire, je vais le lire vite. Mais moi, c'est impossible de dire « Ah, je l'ai lu en trois jours. » Voilà. Et pourtant, le tien, je l'ai lu en une semaine. Ce qui est…

  • Speaker #1

    Super ! Qui est un exploit.

  • Speaker #0

    À mon niveau ?

  • Speaker #1

    Olympique.

  • Speaker #0

    Oui, clairement. Clairement. parce que j'ai tellement apprécié que tu commences par, disons, je ne vais pas dire que j'ai apprécié que tu commences par une scène dramatique, mais ce que j'ai apprécié, c'est que tu commences par une scène dramatique et que tu termines avec un message d'espoir tellement fort, tellement immense, tellement... avec une très jolie plume qui est très juste, sans pour autant en faire des caisses, sans mots inutiles, mais... à la fois très juste et très poétique. J'ai vraiment adoré « Lire ta plume » , que j'ai trouvé très... très humble, même quand tu parles des différentes phases, quand on va explorer un petit peu les failles narcissiques, etc., qui vont être liées aux troubles et notamment dans les phases euphoriques. Mais bravo pour ça. Vraiment, ce livre est juste merveilleux pour parler du trouble bipolaire. Donc, ma question, enfin, mes questions, parce qu'en fait, il y en a plein et sans spoiler le livre, mais... dans la façon dont tu t'es construit depuis ton enfance, à quel moment tu t'es rendu compte que chez toi, il y avait un truc qui ne fonctionnait pas comme chez les autres ?

  • Speaker #1

    C'est difficile à dire, j'avoue. C'est d'ailleurs en écrivant le livre, et en l'écrivant et en le relisant. qui était d'ailleurs quelque chose de très particulier, qui m'a interrogé et qui m'a fait rire. Je me suis dit « Waouh ! » J'ai trouvé ça dingue d'avoir le livre, l'objet dans la main. J'avoue que ça me fait quelque chose. Contrairement au spectacle, il y a des preuves, il y a des vidéos qui existent. Donc, c'est des éléments quand même qui existent, mais ce n'est pas la même chose que d'avoir quelque chose dans la main. Et en fait, en le relisant, et le récit sans tout dévoiler est quand même globalement chronologique, tu l'as vu, même s'il y a pas mal de flashbacks, Et en l'écrivant et en le relisant, je me suis dit, tiens, là, je sens qu'il y a un peu un point de bascule. Mais je me suis rendu compte qu'il était un peu flou. Mais parce que je considère que pour moi, la manière dont je le conscientise, dont je le réfléchis, il est flou. C'est-à-dire que pour moi, on va dire qu'à l'adolescence, je crois que je commence à en parler dans le livre en me disant, tiens, notamment, je sens que je suis très soumis au cycle des saisons. Peut-être plus que les gens, alors c'est toujours difficile parce qu'on ne connaît jamais la vie vraiment privée des gens, mais je me dis tiens, j'ai l'impression que moi, il y a quand même un truc de à chaque fois que l'automne arrive, où automatiquement, presque du jour au lendemain, je rentre un peu dans un down qui est maîtrisé à l'adolescence, qui n'est pas du tout les downs que j'ai pu connaître après, qui ont été des vraies dépressions caractérisées et très violentes. mais Ouais, sur les coups, je dirais de 13-14 ans, je me dis tiens, comment ça se fait que tu sois si motivé, avec beaucoup d'entrain, si jovial, si déterminé au printemps et à l'été et que quand t'arrives l'automne, bon, t'as toujours des bons résultats à l'école, tu restes quelqu'un de social, mais il y a quand même un peu comme un blues indescriptible qui s'installe. alors je le questionne encore est-ce que c'est mon côté nostalgique que j'ai toujours mais en tout cas c'est plein de choses qui se mêlent que je n'arrive pas forcément à déceler à ce moment-là, mais en écrivant le livre et en le relisant, c'est ce que je te disais. Ouais, comme ça, j'aurais tendance à dater, on va dire, à la fin du collège, donc vers 14 ans. Après, est-ce que c'est vraiment quelque chose ? Je me dis, tiens, je me sens différent des autres. On utilise le terme qu'on veut, mais voilà, je suis à côté, je suis atypique, il y a quelque chose qui cloche chez moi. Je n'avais pas ce sentiment-là. Je ne pourrais pas dire que j'avais l'impression d'être à côté, qu'il y avait quelque chose de très différent. Je me souviens de moi qui était… Peut-être que j'avais l'impression que ce qui me différenciait, c'est que j'avais cet objectif. Je patinais beaucoup à ce moment-là. Et mon objectif, c'était de toute façon de rentrer en équipe de France, d'être champion olympique. Je vivais pour le patinage. Je mangeais patinage, je dormais patinage. Et que c'était plus ça qui me différenciait des autres. J'avais l'impression d'être un peu exceptionnel, mais dans le sens littéraire du terme. Plus que des petites variations d'humeur que je remarquais, mais sans plus.

  • Speaker #0

    D'accord. Est-ce que tu peux nous dire ce qui caractérise le trouble bipolaire ? Pour les personnes qui vont dire, mais on est tous sensibles à la variation des saisons. On est tous un peu.

  • Speaker #1

    La déprime saisonnière. Voilà, c'est d'ailleurs toute la différence entre la déprime et la dépression. Donc sans être médecin, j'ai évidemment appris avec mon trouble, globalement, quelles étaient les définitions et les symptômes. Et voilà, la dépression, c'est pas la déprime. La déprime, tout le monde peut y être sujet, et c'est vraiment une tristesse passagère, et qui peut notamment survenir avec l'heure d'hiver, la diminution de la lumière. Voilà, c'est un mécanisme quelque part qui est physiologique. La bipolarité, qui est donc l'alternance de phases dites dépressives et de phases maniaques, ce qu'on appelle les phases maniaques, c'est les phases d'euphorie, d'excitation, on va utiliser ces termes-là, et les phases dépressives, comme pour les phases maniaques, ça répond à plusieurs critères, plusieurs symptômes qu'il faut avoir en même temps et qui sont d'intensité modérée à sévère. Pour la dépression, on sait par exemple qu'il faut plusieurs symptômes parmi les suivants, à savoir... Une grosse fatigue, une perte de motivation, une humeur dépressive et triste, des troubles de l'appétit dans un sens ou dans l'autre, des troubles du sommeil dans un sens ou dans l'autre, la perte d'intérêt dans les activités qui habituellement nous font du bien, les idées noires aussi, et à différencier il y a idées noires et idées suicidaires, c'est deux choses différentes, et il faut avoir plusieurs de ces symptômes-là pendant plusieurs jours d'affilée. et on dit même souvent en général au moins deux semaines. Donc en fait, si ça peut permettre de comprendre, c'est-à-dire que ce n'est pas juste se sentir triste pendant deux semaines, ce n'est pas une dépression. Avoir des troubles du sommeil pendant deux semaines d'affilée, ce n'est pas une dépression. Il faut vraiment plusieurs de ces manifestations. Et pareil pour les phases d'excitation et d'euphorie, où là, il va y avoir une accélération du rythme psychique et physique. un emballement des idées, une logorée, c'est-à-dire un flux de paroles permanents et incontrôlés et incontrôlables, potentiellement des conduites à risque aussi, plus de sorties, potentiellement prise de risque avec des stupéfiants, prise de risque vitesse au volant, prise de risque des comportements à risque sexuel aussi avec multiplication des partenaires, dépenses excessives, et ça peut aller jusqu'au bout d'un moment. Il y a aussi en général l'irritabilité qui arrive. qui peut amener des phases de paranoïa ou alors des bouffées délirantes aussi. Et encore une fois, il faut avoir plusieurs de ces symptômes-là pendant plusieurs jours d'affilée. Et après, les phases, c'est ça qui est… J'allais dire, le mot… Enfin, je ne sais pas si le mot est bien choisi, mais j'allais dire ce qui est un peu magique parce que c'est quand même très chouette, la phase maniaque, en tout cas au début. Moi, le souvenir que j'ai de ma phase hypomaniaque, donc qui est un peu moins violent qu'une phase réellement maniaque, mais… T'es tellement bien, tout te réussit tellement, tellement d'énergie, tout est facile. Voilà, il y a un vrai délire mégalo et presque christique là-dedans qui est très agréable à vivre. Et ça peut durer de, comme les dépressions, de deux semaines à plusieurs mois. C'est ça qui est à la fois magique et à la fois très violent, c'est-à-dire qu'on ne sait pas en fonction des personnes combien de temps ça va durer. Et en général, plus on monte. haut, plus proportionnellement on va descendre bas et globalement sur la même durée.

  • Speaker #0

    Oui, en t'entendant parler, je pense effectivement à ces périodes euphoriques, à ces périodes maniaques où un de mes amis était bipolaire, donc je dis bien était parce qu'il a choisi dans une phase dépressive de mettre fin à ses jours. Mais je me souviens qu'à une époque, c'est vrai que moi aussi avec le TDAH, donc trouble de l'humeur aussi, mais qui ne fonctionne pas de la même façon. mais quand je le voyais dans ces phases high, je l'enviais presque de me dire putain mais... C'est ultra grisant de me dire mais le mec il s'arrête jamais et il a toujours de l'énergie sous la pédale sauf que ce qu'on voyait pas c'était qu'on vit pas avec les gens et quand il était dans une phase dépressive il disparaissait et son métier parce que nous avons aussi un peu le chic Merci. pour trouver les métiers qui vont nous permettre de bloquer la misère sous le tapis. Et son métier de steward sur des vols long courrier ont rendu très difficile la détection du trouble bipolaire. Parce qu'on se disait, bon, il se tape des vols vers l'Asie, donc il y a le jet lag.

  • Speaker #1

    C'est normal qu'il ait des moments où il soit fatigué, il disparaît, puis il revient de plus belle.

  • Speaker #0

    Et ça expliquait même les abus. puisque l'équipage sur place de l'autre côté ne peut pas repartir tout de suite donc il reste trois jours sur place donc c'est la fête avec des consommations à tout va même ces phases anxieuses quand il appelait au milieu de la nuit parce que ça n'allait plus parce qu'il ne savait plus où il était parce que ça a rendu le truc super difficile à détecter et c'est vrai que de le voir quand il revenait dans ces phases euphoriques putain mais en fait le mec c'est un surhomme et c'était je me dis mais Merci. « Waouh ! Mais en fait, c'est génial d'être comme ça ! » Et puis, quand il nous a parlé de son diagnostic, c'était une toute autre chose. On s'est dit « Ah putain ! En fait, quand ça ne va pas, c'est le même, mais dans l'autre sens. »

  • Speaker #1

    C'est la même intensité, c'est la même… Encore une fois, je ne suis pas médecin, mais en tout cas, après… Oui, enfin si, quand même, il y a une question de proportionnalité, de plus tu montes haut, plus tu redescends bas, ça va. varier en fonction des personnes, mais... En général, si tu fais une phase maniaque de six mois, la dépression qui suit, elle ne dure pas trois semaines, pour le coup.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et ça, c'est très dur. Et aussi, même si je parle un peu de toute proportion gardée, mais de ce que je connais, je me suis quand même beaucoup renseigné puisque je suis concerné. Ce qui est compliqué aussi, c'est que, par exemple, moi, je suis ce qu'on appelle bipolaire de type 2. Donc, pour en parler rapidement, c'est que... j'ai bien les phases dépressives et qui peuvent être d'intensité et moi j'ai vécu vraiment des dépressions d'intensité sévère et par contre à ce jour là on n'a détecté chez moi qu'une seule phase hypomaniaque, donc hypo c'est à dire en dessous de la phase réellement maniaque, donc on va dire d'intensité plus modérée qui est d'autant plus difficile à détecter parce que il y a un regain d'énergie mais ça semble pas non plus forcément démesuré oui il y a plus de ... de rencontres, de sorties, mais ce n'est pas démesuré. Il y a des dépenses, mais ce n'est pas démesuré. Et ce qui est violent dans ce type-là, en fait, il n'y a pas de hiérarchie du tout à faire entre la souffrance et la violence de différents types, mais on peut très bien avoir une bipolarité, et c'est mon cas, où on est surtout très sujet aux phases dépressives qui sont très, très violentes et où, dommage pour nous, les phases sont pas des phases ultra-maniaques, Elles sont des phases... hypomaniaque d'intensité moyenne où c'est déjà très cool et où c'est déjà de la surénergie et ouais une facilité une facilité et un charisme et un délire mégalo et où tout le monde vous suit dans votre délire mais moins grisant qu'une phase réellement maniaque et ça franchement c'est un peu la double peine quoi

  • Speaker #0

    Est-ce que ça manque quand c'est entre guillemets juste une phase hypo ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est drôle parce que j'ai un peu considéré, moi ça fait 7 ans maintenant que je suis diagnostiqué, 7 ans et demi, et je pense que tout de suite avec le diagnostic, ça a été un énorme soulagement, et j'en parle dans le livre et dans le spectacle, et parallèlement à ce soulagement-là, du coup je pense que je suis rentré un peu dans un mécanisme de surprotection où je me disais, ok, il faut vraiment maintenant être ultra vigilant, même si j'ai un suivi, un traitement qui me soutienne et qui se passe très bien. vraiment d'attention. Le but dans la vie, c'est vraiment d'être stabilisé au niveau des émotions, sans m'en rendre compte qu'il y avait un peu un truc de « Ok, si je suis anesthésié au niveau des émotions, ça a tellement été le yo-yo qu'au final, ça me va très bien. » Et puis, plus les années passent, plus tu te rétablis. En plus, avec la découverte du théâtre, où mon métier, c'est quand même de traverser différentes émotions. Alors, on n'est pas obligé de jouer dans des tragédies grecques et de devoir passer par des ascenseurs émotionnels. Et mon but, notamment sur scène, je parle principalement du trouble bipolaire. De plus en plus, c'est quand même la manière dont j'ai modifié le spectacle récemment, d'essayer de faire voyager les gens dans un espace safe, mais de faire voyager les gens plutôt que d'être dans une description, d'être dans une démonstration de qu'est-ce que ça peut être un up, qu'est-ce que ça peut être un down, qu'est-ce que c'est la stabilisation. Et de plus en plus, il y a deux choses. Et ça, j'y travaille notamment en thérapie avec l'adaptation du traitement qui, effectivement, m'empêche de redescendre très bas, mais a pour effet à certains moments d'anesthésier un peu les émotions naturellement fortes que je pourrais avoir. Et ça, je continue de travailler parce qu'en fait, quand j'ai des bonnes nouvelles et que c'est des choses qui sont très positives et très joyeuses, j'ai envie de pouvoir continuer à me sentir dans quelque chose de positif et joyeux et pas de me dire. Alors, j'exagère un peu, je n'ai jamais été quelqu'un d'apathique et je ne le serai jamais. Je ne serai jamais neurasthénique, mais... Un peu d'un truc en mode « Ah oui, ok, bon, c'est cool, alors qu'avant, j'aurais sauté au plafond. » Et la deuxième chose, c'est que oui, depuis quelques années, mais je pense que c'est une réflexion parallèle qui va avec l'âge. C'est-à-dire qu'avec la trentaine qui arrive, la phase hypomaniaque, ça correspond au début de la vingtaine, à la fin des études, à tout aussi un imaginaire, enfin un imaginaire, une réalité, plutôt pas un imaginaire étudiante. ou moins de responsabilité d'adulte, même si tu es déjà adulte, mais voilà, pas les mêmes responsabilités au niveau du boulot, pas les mêmes responsabilités en termes relationnels si tu es en relation longue. Et du coup, de temps en temps, ça m'arrive, et je m'en suis rendu compte en écrivant le livre, quand je décris ces passages-là et dans lesquels je me suis replongé, c'est que, ouais, je... J'ai très envie de dire que je ne serais pas contre revivre une ou deux phases hypomaniacs, alors même que c'est facile de le dire, et que malheureusement on sait que ce qui arrive après, inévitablement, au moins d'intensité modérée et assez longue, c'est une dépression, et qu'en l'occurrence, j'en ai tellement souffert que non. Non, non, non et non. Mais évidemment que ce serait ultra facile de dire si je peux revivre juste une phase hypomaniaque, là de ne serait-ce que trois semaines, un mois. surtout vu mon métier, d'avoir les idées créatives et artistiques qui fusent, pouvoir écrire, j'en sais rien, un nouveau spectacle en un mois, avoir des idées brillantes, moins dormir, aller faire la fête, t'as envie de dire, bah évidemment que ça fait envie. Juste la phase hypomaniaque. Exactement, exactement. Et j'accepte de plus en plus de me dire, enfin ça fait très développement personnel, mais que j'ai le droit de m'autoriser à dire, ouais ok, ça pourrait être chouette. de retrouver la sensation de ce qu'est une phase hypomaniaque sans me sentir coupable et de me dire « Ah oui, d'accord, donc en fait, t'en as chié pendant plusieurs années, t'étais hyper content d'avoir un diagnostic et d'être stabilisé, et maintenant, tu veux de nouveau sauter la barrière. » C'est deux choses différentes pour moi.

  • Speaker #0

    Ah oui, tout à fait. D'ailleurs, on a une mode facile à l'autodiagnostic en ce moment. Et ouais,

  • Speaker #1

    tu as utilisé les mots.

  • Speaker #0

    Mais quand il est question d'y aller réellement... finalement, il y a toujours une excuse. Soit oui, j'ai pas le temps, soit oui, c'est trop cher. Enfin, il y a toujours une excuse. Est-ce que c'est important d'aller se faire diagnostiquer quand on pense qu'on a peut-être un trouble bipolaire ?

  • Speaker #1

    Oui. Oui. Oui, et d'autant plus que, et moi le premier, quand je dis oui, c'est-à-dire que je trouve que ce qui est difficile là-dedans, enfin moi en tout cas, si je parle de mon parcours personnel, c'est parce que quand même, au bout de ces cinq grosses dépressions qu'ont duré plusieurs mois, ma maman qui était mon aidante en fait la personne en première ligne pendant toutes ces années pour m'aider m'a dit après ma phase hypomaniaque et à ce moment là on savait pas que j'avais fait une phase hypomaniaque mais on avait pu finir par observer qu'effectivement ça faisait plusieurs mois que j'étais dans une énergie très haute les cours, une tournée de spectacle de Noël, de patinage en même temps des soirées, plein de choses. En tout cas, ça a commencé à être visible et que je retombe en quelques jours vraiment dans une dépression profonde. Là, ma maman me dit, encore une fois, je ne suis pas médecin. Et puis, il y a sept ans, on en parlait encore moins qu'aujourd'hui. Et de santé mentale et de dépression, il y a encore plus de bipolarité. Elle me dit, je ne sais pas, ça me fait penser en tout cas à des up and down maintenant que j'arrive à voir. Peut-être que c'est de la bipolarité, on n'en sait rien, puisque tu es à Paris, est-ce que tu n'irais pas ? demander des rendez-vous ou te faire hospitaliser au centre expert Fernand Vidal dans le 10e, qui est un des centres experts bipolaires. Donc à la fois, l'autodiagnostic est hyper dangereux et je trouve que ça ne fonctionne pas et que ce n'est vraiment pas à conseiller. Et en même temps, des fois, ce qui nous pousse à aller prendre rendez-vous, à nous faire diagnostiquer, c'est quand même une intuition. Mais je pense qu'il faut différencier intuition et autodiagnostic. Parce que l'autodiagnostic, c'est globalement, tu t'auto-persuades, tu vas chercher des choses sur Internet et des fois, il y a des choses qui décrivent très bien. n'importe quel site je veux dire mais ça reste factuel et en fait ce que tu trouves sur internet c'est pas du tout adapté à ton environnement et on sait que dans les troubles de l'humeur on va te poser beaucoup de questions sur comment t'as grandi sur comment était ton entourage familial notamment stable ou pas stable qu'il y a tout un aspect aussi chimique où il faut faire des tests à te suivre et c'est pas juste en lisant bon oui vous êtes bipolaire si vous pleurez le matin et que vous êtes joyeux le soir c'est pas du tout ça Comme tu le dis, on a le mot facile en plus. Et donc oui, non, l'autodiagnostic n'a jamais fonctionné. Et en même temps, je pense qu'il ne faut pas se culpabiliser. Enfin, je veux dire, moi, en parallèle du diagnostic qui a été posé, combien de fois je suis retourné voir un peu les définitions, mais sans les demander aux médecins et en allant m'informer sur Internet, combien de fois je suis allé voir, un peu en complément, quand bien même j'avais été diagnostiqué. Mais oui. De toute façon, et puis en plus, la relation thérapeutique, les médecins n'ont pas la science infuse, même les médecins qui sont spécialistes. Donc globalement, il faut leur faire confiance, mais des fois, il y a un premier avis qui n'est pas le bon. Déjà, le diagnostic, quand on s'en remet à la médecine généraliste traditionnelle occidentale, c'est déjà quelque chose qui peut être soumis à interprétation sans prendre le risque de se dire « Ok, je vais faire mon autodiagnostic. »

  • Speaker #0

    Tu as demandé plusieurs avis toi, Médico ?

  • Speaker #1

    Eh bien alors... Oui et non. Pas vraiment. Quand je me suis fait hospitaliser à Paris, au centre expert Fernand Vidal, qui est dans le 10e, j'ai été en observation pendant plusieurs semaines. On ne peut pas poser un diagnostic comme ça. J'étais en dépression profonde. C'était criant, tout le monde était d'accord. Mais on a revisité, j'ai dû parler de mon parcours, des dernières années, les moments où j'avais eu l'impression d'être up ou pas, les moments en dépression ou pas. Ils ont interrogé avec plusieurs entretiens téléphoniques quelques amis proches, ma maman du côté de ma famille. Et au bout d'un mois, et encore une fois, on sait qu'un diagnostic c'est valable à un instant T, même si aujourd'hui je suis persuadé que le diagnostic est le bon et qu'on le sait dans le cadre de la bipolarité, en général c'est un diagnostic à vie et que le traitement est recommandé à vie aussi, mais il y a certainement des gens qui s'en sortent sans. Mais voilà, ça prend déjà un mois et je me souviens que quand on vient m'annoncer le diagnostic, on me dit, on se base sur ce que vous nous avez raconté et sur ce qu'on observe depuis un mois. Ils ne l'ont pas dit comme ça, mais en gros, ça veut dire qu'on n'a pas la science infuse. Quelqu'un aurait peut-être un autre avis. Et en tout cas, à ce moment-là, ce qui était marqué comme avis, c'est que c'était de la cyclotimie, c'est-à-dire, pour parler vulgairement, on va dire une forme atténuée de bipolarité. qui à la fois, je trouve, me correspond bien. Et aujourd'hui, quand je dis que je suis bipolaire de type 2, c'est parce que c'est le diagnostic qui a été posé quand j'ai continué mon parcours en clinique privée. Aussi bien parce que mon nouveau psychiatre était d'accord, mais aussi, je me le souviens, parce que moi, j'avais un peu insisté en disant la cyclotimie, ça me semble un peu faible par rapport à ce que j'ai eu. Moi, je suis sûr que je suis bipolaire de type 2. J'aimerais bien que vous abondiez un peu dans ce sens-là. et il n'a pas abondé dans ce sens-là pour me faire plaisir. C'est que pour lui, effectivement, il considérait que ça allait un peu plus loin que la cyclotimie. Et au final, aujourd'hui, je ne me pose pas la question au quotidien. Peut-être que c'est entre les deux. Dans tous les cas, c'est un trouble du spectre, ce qu'on appelle du spectre bipolaire. Et au final, j'ai envie de dire, c'est un peu dit grossièrement, mais on s'en fiche. Moi, je considère que je m'en fiche que je sois cyclotimique ou même bipolaire de type 1 si demain… Alors que ce n'est pas censé arriver, vraiment, je ne me le souhaite pas, mais je fais une phase réellement maniaque. Voilà, la vie est longue, on ne sait pas ce qui peut se passer.

  • Speaker #0

    Comment tu te stabilises aujourd'hui ? Est-ce qu'il y a des choses qui t'aident à te stabiliser ?

  • Speaker #1

    Oui, plusieurs. Je pense que c'est une combinaison, une chouette combinaison de plein de choses. Il y a la thérapie, que je continue avec la thérapeute, que je vois depuis ma sortie de clinique en 2017. Voilà, tu vois, là, je suis à Paris. Elle, elle est... Excuse-moi. Elle est en région lyonnaise. Et je continue à, maintenant que je suis stabilisé et que je n'ai pas forcément besoin de la voir toutes les semaines, on se voit en général une fois par mois. Et je descends en région lyonnaise, des fois pour voir de la famille, des amis, et j'en profite pour aller la voir. Donc ça, cette relation marche toujours bien, parce qu'on se connaît bien et qu'on se dit tout. Le traitement qui a été instauré à l'hôpital, qui est intimo-régulateur et qui fonctionne bien. quand quand Je vais vraiment bien, ou en tout cas ça fait un certain nombre d'années que je suis stabilisé, donc j'ai envie de dire de temps en temps, on n'hésite pas à revoir le traitement un peu à la baisse parce qu'on voit qu'il me soutient bien et que naturellement j'ai repris du poil de la bête et que du coup ça ne sert à rien d'être en surdosage. Et puis le fait d'avoir trouvé, alors à la fois ça peut être dangereux parce que le milieu artistique par essence fait que tu alternes des périodes où tu travailles beaucoup et d'autres moins. des périodes où il faut aller voir beaucoup de spectacles et rencontrer beaucoup de monde et d'autres moins. Et en même temps, c'est là-dedans que je trouve, je pense que c'est mon troisième axe d'équilibre, que je trouve mon équilibre parce que, et on le sait qu'il y a aussi un vrai lien, ce n'est pas de non-sens là, mais on le sait en tout cas que la cyclotimie, la bipolarité à la fois est un ennemi de la créativité et en même temps... temps son meilleur ami. Voilà, avec cette faillure-là, et qu'aujourd'hui, étant stabilisé, je pense que je fais en plus le bon métier pour me permettre de me réaliser. Et que c'est tout ça qui fait que je vais bien.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que tu conseillerais aux personnes qui ont peur d'aller au diagnostic, peur de pousser les recherches pour celles qui ont un doute ?

  • Speaker #1

    J'ai envie de dire qu'on se sent tellement, enfin, ça fait un peu fleur bleue dit comme ça, mais qu'on se sent tellement mieux après. Encore une fois, un diagnostic ne vient pas changer, enfin, ne vient pas changer, enfin, si et non. Moi, vraiment, je pense que ça a changé ma vie, que c'était un vrai soulagement. Mais il ne suffit pas de poser un diagnostic. Il faut après que concrètement, dans la vie, il y ait des choses qui se passent. Mais on le sait globalement, dans les cas des troubles de l'humeur, dont la bipolarité fait partie, je ne vois pas comment... Sans être pro-médecin à 1000%, je ne vois pas comment on peut être stabilisé et qu'on peut vivre bien avec s'il n'y a pas de diagnostic ou s'il n'y a pas d'accompagnement. Mettre des mots dessus et une réalité médicale dessus.

  • Speaker #0

    Ça me semble hyper important, on va le dire grossièrement, à part quelques personnes qui s'en sortent avec des décoctions de millepertuis parce qu'on s'est rendu compte que le millepertuis avait des effets régulateurs pour l'humeur. En fait, globalement, en général, la bipolarité se stabilise avec un traitement médicamenteux, pas forcément avec des doses de cheval et de poney. Et que du coup, je trouve ça un peu illusoire de ne s'en remettre qu'à soi. c'est déjà... hyper compliqué et hyper courageux de vivre avec un trouble de l'humeur pour ne pas en plus se dire ouais ok en fait j'ai ça, c'est irrémédiable je serai sans arrêt soumis à des up and down, je dois vivre avec et advienne que pourra. Moi je trouve ça dommage.

  • Speaker #1

    On doit accepter qu'on n'est pas tout seul sur ce chemin. Ouais !

  • Speaker #0

    Oui, par contre, l'acceptation de la maladie est un vrai sujet. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, si je me pose la question « est-ce que j'ai complètement accepté que j'étais bipolaire ? » , je ne suis pas sûr que je puisse répondre « oui » à 100%. Mais ça, c'est différent. C'est une question différente pour moi de « j'accepte, par contre, que j'ai besoin d'un accompagnement et d'être aidé » . Par exemple, peut-être que si j'avais complètement accepté, on peut se poser la question que c'est une pathologie et que je souffre d'un handicap invisible. peut-être que j'aurais demandé la RQTH, la reconnaissance de qualité de travailleurs handicapés. Et je ne l'ai pas fait. Donc, ça veut bien dire que peut-être qu'il y a une partie de moi qui me considère malade, mais pas trop ou malade, mais moins qu'un tel ou une telle. Mais par contre, j'ai complètement accepté que… Un peu, j'ai envie de dire comme dans le milieu artistique où tu te construis ta team, avec un metteur en scène, un chorégraphe, une production qui t'accompagne. J'ai complètement accepté que j'avais un peu une team… team psychique médical autour de moi et que c'est pas des gens qui prennent le pouvoir sur moi et qui décident pour moi, c'est juste des gens qui sont là pour m'aider à vivre au maximum de mon potentiel.

  • Speaker #1

    Tu dis, si tu me demandais si j'accepte aujourd'hui la maladie, je sais pas ce que je dirais, et pourtant le fait d'avoir écrit ce livre, d'avoir monté ce spectacle, c'est quand même exposé. ta vulnérabilité, puisque tu viens, tu dis moi, François, coucou. Coucou. Je suis Bipo.

  • Speaker #0

    Et tout va bien.

  • Speaker #1

    Je suis Bipo, tout va bien. Je vous en prie, prenez une chaise, installez-vous, ça va bien se passer.

  • Speaker #0

    Exactement. Oui, oui, si. Si, si, non, c'est très vrai, bien sûr. En tout cas, il y a forcément une énorme acceptation. J'en ai conscience doublée de... comme tu le dis, de ne pas avoir peur de montrer ses failles et sa vulnérabilité, et donc d'une prise de recul. Je vois bien que si ce deuxième spectacle est aussi la version 1000.0 du premier que je jouais, et on va dire qu'il parlait de sensibilité, mais où je ne venais pas au cœur de mon diagnostic, de ma bipolarité, des thématiques de santé mentale, c'est parce que même si j'avais déjà beaucoup d'humour à l'époque où j'allais mal, où j'étais en clinique, en hôpital psy, sur ce qui m'arrivait, j'avais pas encore le recul nécessaire pour en parler peut-être de manière... safe et humoristique sans que ça soit cringe et que maintenant c'est le cas donc c'est forcément une preuve d'acceptation et de recul mais je pense que c'est toujours difficile de se dire et puis je ne sais pas trop ce que ça veut dire ce mot en tout cas je préfère pathologie que maladie alors que c'est juste un terme différent médical pour dire la même chose mais ouais je... Je ne sais pas trop ce que ça veut dire au quotidien de se sentir malade, alors que je le suis.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui t'a permis de te sentir en sécurité pour monter ce spectacle ?

  • Speaker #0

    Juste de sentir. En fait, je pense que ce spectacle est arrivé parce que je me sentais en sécurité avec moi-même et le rétablissement. Parce que je me souviens que je me suis dit « waouh, quand même petit challenge d'aller dans le fond de ces sujets. Est-ce qu'il va y avoir un public pour ça ? » Le public n'est pas forcément roi. on ne... Je considère que la création artistique doit exister indépendamment des attentes d'un futur public. Et en même temps, après notre boulot, qu'est-ce qui te fait vivre ? Qu'est-ce qui fait que tu peux continuer à jouer ? C'est parce que ta salle se remplit progressivement. Donc, la question est un peu épineuse. Mais je me souviens m'être dit, pour moi, je sens que c'est le bon moment de parler de ces sujets-là. Let's go ! Et je me sens suffisamment capé pour jouer une consultation avec mon psychiatre, jouer la bipolarité. Et encore une fois, c'est venu petit à petit. je suis pas arrivé tout de suite avec la version actuelle du spectacle je pense que je me serais pas senti dès le départ d'exposer vraiment sur scène ce que c'est un up un down, de pas avoir peur de plonger les gens dans un mal-être puis après de les rattraper, de les rechoper avec une blague et que ça c'est un processus et que plus on avance plus je suis au clair avec moi sur le fait voilà on en discutait tout à l'heure de il faut aussi montrer aux gens ce que c'est pour que on peut... puisse démystifier ces sujets-là. Et que si c'est fait avec cœur et avec sincérité, il n'y a pas de raison que ça soit mal pris et que ça soit mal interprété et que ça soit violent pour les gens, quand bien même on parle de maladies qui sont très difficiles et très violentes.

  • Speaker #1

    Oui, je trouve que ça demande beaucoup de stabilité intérieure que d'être capable de faire vivre ce processus-là. aux personnes pour leur montrer une réalité sans avoir forcément la volonté de les choquer. Est-ce que tu estimes que ton entourage, que ce soit privé et ou professionnel, t'a permis, t'a aidé à te sentir en sécurité pour dire « Ok, là, j'ai la bonne équipe, on y va parce que je sais qu'on peut le faire » .

  • Speaker #0

    Oui. Alors, pour ce qui est de l'entourage vraiment… Enfin, on va dire, dans l'entourage privé, qu'il y ait de la famille hum hum J'allais dire, ce n'était pas spécialement une question, c'est-à-dire que je ne me suis pas posé la question de comment ils vont le prendre, est-ce qu'ils vont trouver que c'est impudique. Je me suis vraiment lancé moi tout seul. Professionnellement, j'ai toujours eu des gens qui m'ont soutenu et qui sont là pour faire en sorte qu'on construise un spectacle complet, à dominant humoristique, mais pas que. Et oui, je me suis... Toujours senti soutenu. Et quand ces personnes-là avaient des interrogations parce que pas forcément concernées par ce qu'est le trouble bipolaire, donc du coup un peu interrogatif de « Ok, mais quand tu veux insister sur ce point-là, moi j'ai besoin de comprendre ça correspond à quoi ? » Parce que du coup ça va influer sur comment on peut mettre en scène ça, comment est-ce qu'on peut écrire ça. Mais oui, tout de suite soutenu. À partir du moment où moi je me suis senti prêt, les gens ont suivi.

  • Speaker #1

    C'est ta posture intérieure, c'est partie de ta posture intérieure, du fait que tu sois prêt intérieurement pour que l'équipe autour de toi, du moins professionnellement, puisque c'est vers des personnes sensibles à ton sujet et avec qui tu as des affinités forcément, que le reste a suivi.

  • Speaker #2

    Oui,

  • Speaker #1

    oui,

  • Speaker #2

    oui, oui, voilà, que du oui.

  • Speaker #1

    Est-ce que quelque part... Est-ce que, quelque part, c'est ce genre de relation-là qu'on construit à côté, avec des personnes qui vont être sur la même longueur d'onde que nous, qui permettent parfois d'absorber le fait que ce soit compliqué du côté famille, où on n'accepte pas nécessairement de la même façon, où on peut se retrouver parfois dans des cellules familiales qui ne vont pas être forcément soutenantes ?

  • Speaker #0

    Oui, oui. moi euh je pense En fait, c'est comme, c'est complètement ça, je suis complètement d'accord, c'est-à-dire que si ça, on va résumer avec des gros mots, si ça se passait mal avec ma famille à ce niveau-là, c'est-à-dire qu'il n'y avait pas un niveau de compréhension satisfaisant, que je ne me sentais pas soutenu, je pense que l'entourage professionnel serait d'autant plus important et que c'est ce qui me permettrait de me sentir quand même validé au quotidien et que je suis légitime et que j'ai le droit de parler de ça et que c'est bien et qu'en plus… potentiellement on est plein à avoir des troubles de psy et qu'en plus, je fais du bien à une certaine partie de la population en exposant ça et en montrant qu'on peut en rire et qu'il y a de l'espoir. Et en même temps, moi en ce qui me concerne, même si on ne passe pas notre temps à en parler, je n'ai pas l'impression au quotidien qu'il y a un tabou à ce sujet-là, mais si c'était le cas… Si c'était le cas, évidemment que je m'en remettrais encore plus à mon entourage professionnel et aux personnes qui me soutiennent dans cette démarche.

  • Speaker #1

    Ok. Il y a un très beau passage dans ton livre, moi, qui m'a marqué beaucoup.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Page 58.

  • Speaker #0

    Ah, de mémoire, attends, page 58. Je ne sais pas si on se joue à ce jeu-là.

  • Speaker #1

    Vas-y.

  • Speaker #0

    Vas-y,

  • Speaker #1

    lequel c'est à ton avis ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas pourquoi, le jeu est très très naze. Page 58, j'imagine qu'on doit en être en termes d'âge. Attends, il fait 224 pages. Le psychopathe, quoi. J'imagine qu'on en est peut-être dans le cœur de l'adolescence, là.

  • Speaker #1

    Moi, je trouve que c'est un très beau monologue qui... C'est un monologue que je vois super bien présenté sur les cours de diction au conservatoire. Est-ce que tu me permets de le lire ? Bien sûr,

  • Speaker #0

    mais je pense que du coup, c'est peut-être après.

  • Speaker #1

    Il fait une page.

  • Speaker #0

    Ok, vas-y.

  • Speaker #1

    Un dernier mot sur l'endroit que tu penses que c'est ou pas ?

  • Speaker #0

    Quand je dis, putain, j'ai envie d'aller prendre le livre et de regarder. Non ! Un monologue disait que c'est l'adolescence. J'imagine que je pense qu'on est encore dans les années... patins et avant la terminale, je sais même pas si on est au lycée, je pense que c'est dans l'adolescence.

  • Speaker #1

    À la réplique, François on se réveille, tu réponds, évidemment je suis réveillé, figure-toi que je peux penser à la condition misérable de l'être humain et faire une pirouette en même temps, contrairement à toi qui est bien passé à côté de ta carrière, caché dans ta doudoune coach et retranché derrière la balustrade. C'est tellement plus simple de donner des ordres aux autres. alors qu'on n'a même pas été fichu de se les appliquer à soi-même. Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? Tu vas me sortir de la glace ? Regarde-moi quand je te parle. Tu vas me sortir de la glace ? Je paie 200 euros par mois. Une fois sur deux, un partenaire n'est pas là et tout le monde s'en fout. Je garde le sourire et tu veux me sortir de la glace ? Mais viens Cyril, il n'y a pas de problème. On va discuter dans ton bureau. Laisse les autres. Il n'y en a pas un qui tient la route de toute façon. Viens, on va discuter. Mais viens ! T'as peur de quoi ? Que je fasse une scène ? Là, je fais une scène. Là, je fais une scène. Mais t'as rien vu, mon pauvre ? Moi, j'ai grandi dans un monde où les gens se balancent des meubles à la gueule. Quand est-ce que quelqu'un va me prendre au sérieux ? Putain ! Hein ? Regarde-moi quand je te parle, Cyril. Vous en faites quoi de votre petit champion adoré ? Vous en faites quoi ? Mais réponds ! Vous en faites quoi ?

  • Speaker #0

    C'est un peu facile maintenant à dire, mais vraiment, je n'ai pas osé le dire tout à l'heure. Quand tu as dit monologue, je me suis dit, est-ce que ça serait cet endroit-là ?

  • Speaker #1

    C'est cet endroit-là qui, moi, m'a profondément touchée. Parce que comme ça, c'est juste un mec qui pète une coche. C'est juste un ado qui pète une coche. Et en même temps, ça m'a touchée à la fois parce que toutes les personnes avec un trouble de l'humeur, Peuvent expérimenter ça vraiment super souvent et c'est super difficile de se rattraper, de se ravoir après être monté comme ça dans les tours.

  • Speaker #0

    Évidemment, ça te dépasse.

  • Speaker #1

    Ah oui !

  • Speaker #0

    Après, je pense qu'il n'y a pas que les personnes qui ont des troubles de l'humeur. Tu as des personnes qui sont profondément caractérielles et colériques et ça peut tous nous arriver de dépasser les bornes. Mais en l'occurrence, là, même si à ce moment-là, je ne sais pas encore que potentiellement j'ai un trouble de l'humeur, on peut se poser en tout cas la question de est-ce que ça n'est pas une caractéristique.

  • Speaker #1

    Et en même temps... Oui. Et en même temps, en lisant ce passage-là, ça m'a... Alors, me demande pas pourquoi, parce que sur les mots, forcément, je lis ça. Moi, je vois un mec sur la glace. Et en même temps, à ce moment-là, je vois l'image du regard qui tourne soit de mon ami qui est atteint du trouble bipolaire ou de ma sœur dans mon enfance, puisqu'une de mes frangines est atteinte du trouble également, de voir ces moments-là où tu sens... qu'il y a un switch où tu vois qu'il y a un truc qui change. C'est eux, mais c'est pas eux. À ce moment-là, il y a un truc dans le regard qui change. Et en lisant ça, je me dis, waouh, ça aurait pu être pareil. Ça aurait pu être le même genre de scène. Alors que c'est pas spécialement ce type de caractère-là qui les caractérise d'ordinaire. Et ce moment-là du livre m'a beaucoup touchée. Si tu vis de l'anxiété, tu as sûrement tout essayé. Des psys, du coaching, des applis, des rituels anti-stress. Et la vérité, c'est que ça n'a jamais vraiment marché. Tu veux savoir pourquoi ? Parce que la plupart de ces approches ne font que mettre un pansement sur la plaie sans aller voir ce qui se joue en profondeur. J'ai été, cette personne, anxieuse, épuisée, à bout. J'ai testé mille choses sans jamais trouver une solution qui tienne. Jusqu'au jour où j'ai compris que je n'étais pas... cassé et que je n'avais pas besoin d'entrer dans un moule trop petit pour moi. Depuis, je suis devenue thérapeute et après des années de pratiques et d'expériences personnelles, j'ai créé l'Antidote. Une approche concrète, inclusive, éthique, sans jugement ni case à cocher, pensée pour t'aider à explorer les racines de ton anxiété, mieux la comprendre et avoir les bons outils pour qu'elle n'ait plus d'emprise sur ta vie. T'en as pas marre d'investir dans des thérapies qui traînent en longueur et qui ne donnent pas de résultats ? Mais attention, je ne suis pas en train de te promettre une baguette magique. Mais ce que je peux te garantir, c'est qu'en 4 mois, tu vas enfin transformer ta relation à ton stress et te reconnecter à qui tu es vraiment. Il ne te reste qu'à cliquer sur le lien dans la description de l'épisode pour prendre ton appel avec moi et faire ton premier pas maintenant. Toutes les personnes concernées par un trouble de l'humeur vont juste... ça va forcément parler à toutes ces personnes-là. En même temps, je me dis, est-ce qu'il n'y a pas, derrière les troubles de l'humeur, est-ce qu'il n'y a pas une vérité qui explose dans ces moments-là ? À garder trop pour soi les choses qui ne vont pas, à garder trop pour soi les choses qui nous agacent. Et que plutôt que de les sortir de façon spontanée pour réguler les émotions, on va juste laisser un truc exploser à un moment donné.

  • Speaker #0

    Bien sûr, et ça je l'expérimente encore, enfin tu vois, c'est trop chouette comme question parce qu'actuellement, sans entrer dans les détails, enfin voilà, on s'en fiche de ma vie, mais notamment professionnelle. Il y a plein de moments où je me dis, est-ce qu'en termes de thérapie, j'ai suffisamment travaillé là-dessus ? Parce qu'il y a plein de choses sur lesquelles j'ai beaucoup travaillé et je vois que ça paye ses fruits, je vois les résultats. Et que sur cet aspect-là, à la fois je considère que je suis quelqu'un qui n'a pas de difficultés à communiquer et qui arrive, alors tu vois, encore une fois, tu t'es relative, mais j'ai tendance à me définir comme quelqu'un qui arrive assez bien à dire les choses. et à les dire rapidement, notamment, ça, ça me convient, ça, ça ne me convient pas. Et en même temps, je vois bien et je sais qu'on est tous sujet, mais c'est difficile de faire la part des choses parce qu'en même temps, personne n'a envie de se friter avec quelqu'un et de mettre les pendules à l'heure au début, au bout du deuxième rendez-vous, au bout de la deuxième entrevue, au bout du deuxième café ou du deuxième thé. Et en même temps, des fois, force est de constater que je me dis, waouh, j'ai 30 ans et j'ai l'impression que ça fait quand même globalement 30 ans. que sur certaines situations, je laisse le bénéfice du doute, des fois, à certaines situations ou certaines personnes, où je me dis, OK, ça va aller, ça va aller. Et en fait, tu accumules, tu accumules, tu accumules. Et que pour le coup, ça m'arrive encore. Alors, des fois, et c'est le sketch, et je crois qu'on est nombreux et nombreux à faire ça, c'est sous ma douche ou quand je suis en train de faire le ménage ou de cuisiner, où tu te fais, tu sais, toi-même l'engueulade avec l'autre personne et où tu fais les questions et les réponses et les répliques. Mais je vois bien que ça m'arrive encore, soit tout seul de mon côté, soit directement avec la personne. d'exploser comme ça peut être le cas là dans ce monologue et que pour le coup t'as envie de dire malheureusement c'est horrible parce que rien de constructif ne va en ressortir alors que je considère que la violence ou la mise au point de la violence ou il y a une vraie légitimité à faire cette mise au point là mais qui dans tous les cas ne peut pas être entendue parce que comme tu le dis tu switches et en fait en face de toi t'as juste quelqu'un qui est survolté et qui balance des punchlines et de Et ça m'interroge sur le fait que, en même temps, on est nombreux et nombreuses. Et est-ce que ce n'est pas le propre de l'humain d'être aussi dans les relations humaines ? Ok, je vais m'adapter, je vais tâter le terrain. Et du coup, tu prends sur toi et que, naturellement, le craquage est profondément humain. Mais est-ce qu'il y a des moments… Et ça, tu vois, je n'ai pas l'impression que ça fasse partie de mon trouble de l'humeur. Mais peut-être, peut-être que le fait d'avoir un trouble de l'humeur, ça renforce ça. parce que j'ai grandi aussi dans un milieu où ça pouvait gueuler comme ça et exploser, où je pouvais voir mes parents vraiment se transformer en aliens. Je ne sais pas. Mais en tout cas, c'est vraiment quelque chose sur lequel j'essaye de continuer de travailler, mais où assez fréquemment, je peux me mettre dans les situations du type du monologue que tu viens de dire.

  • Speaker #1

    c'est une réflexion intéressante parce que c'est vrai que quand on est concerné par un trouble de l'humeur, quel qu'il soit j'observe en tout cas dans mon cas de me dire, mais ok, bon, là, si je m'emporte, qu'est-ce que je fais ? Tout en sachant que, est-ce que ça va être fini après et que je vais passer à autre chose ou est-ce que je vais ruminer ce machin-là ? Et si je le dis maintenant...

  • Speaker #3

    Moi, je continue à ruminer pendant... Je me dis, waouh, mais en fait, j'ai oublié des trucs en plus.

  • Speaker #1

    Mais c'est ça ! Et dans la gestion émotionnelle, tu dis, bon, si je lui dis maintenant, ça ne va pas le faire parce que je vais le couper en cubes, comment ? Et de dire, ok, bon... de poser la limite quand même, mais de trouver le bon moment pour pouvoir la poser de la bonne façon. Puisque le but, ce n'est pas forcément d'abîmer la relation, mais c'est vrai que j'ai l'impression que quand on sait qu'on est atteint d'un trouble de l'humeur, on va plus facilement dire, laisser le truc dire, bon, attends, le bon moment, le bon moment, le bon moment. Sauf que le bon moment, des fois, c'est important aussi de se mettre en colère un peu pour éviter de péter une coche plus tard.

  • Speaker #0

    Plus tard, oui.

  • Speaker #1

    Ouais. Comment est-ce que tu penses, toi, que ton trouble influence ton processus créatif ?

  • Speaker #0

    Alors déjà, premièrement, en tout cas, une observation, voilà, une observation, et ce n'est pas immuable, peut-être que ça changera plus tard. J'observe que globalement, même si je suis globalement stabilisé, je suis toujours soumis, et encore une fois, comme tout le monde, c'est-à-dire que je pense que ça m'arrive encore d'avoir des déprimes saisonnières, notamment en automne et en hiver, et qu'en général, je dis bien en général, je suis quand même quelqu'un de... plus créatif quand l'humeur est haute que quand l'humeur est basse. Et quand je dis plus créatif, c'est que ça m'arrive d'être créatif, évidemment, l'automne et l'hiver, parce que sinon, globalement, ça va dire que la moitié du temps, je les arde. Mais c'est moins percutant. Il me semble, ça c'est mon auto-analyse, peut-être que les gens avec qui je travaille diraient la même chose, mais en tout cas, je parle pour le spectacle, c'est-à-dire à dominante humoristique. C'est un peu binaire ou plutôt simpliste. La blagounette va venir plus facilement au printemps et à l'été qu'en automne et en hiver. Et le livre a été beaucoup écrit à l'automne et à l'hiver, et peut-être que quelque part, moi qui me connais, le François qui se connaît bien le ressent aussi. Je pense fondamentalement, attention, que le fait de l'écrire juste, par exemple en un été, n'aurait pas changé fondamentalement ni le propos, ni la manière dont c'est raconté, mais en tout cas, tout ça pour dire, pour résumer, je fais un peu une digression, les moments où je suis triste, où je suis en souffrance, parce que ça m'arrive, Évidemment, encore beaucoup. Ce ne sont pas des moments où je suis dans la capacité de créer, ou en tout cas, pas dans la capacité de créer quelque chose qui va pouvoir être entendable. Entendable, ça ne veut pas forcément dire drôle ou pas drôle, c'est juste que je ne vais pas avoir du recul et que si je crée, je ne crois pas du tout, par exemple, à l'artiste torturé. L'artiste aux fêlures, oui, mais on est plein à avoir des fêlures, y compris des gens qui ne se définissent pas comme artistes. Et si je crée... Dans des moments où je suis en proie à des angoisses, à des insomnies, à des rapports conflictuels, que ce soit avec la famille, avec les amis, avec qui on veut, ce n'est pas une création où j'ai suffisamment de recul pour qu'elle puisse être exposée correctement. Donc c'est globalement ça, c'est-à-dire mon trouble de l'humeur. Après, je suis stabilisé, donc on me pose des fois la question. Il n'y a plus de moments, et j'en suis ultra ravi, où je suis dans un... telle dinde, une telle dépression que je ne suis plus en mesure de jouer mon spectacle. Ça ne m'est pas arrivé et ça c'est génial et j'espère que ça continuera. Mais je sais que si ça devait arriver, en profonde dépression, je pense que je ne serais pas capable de jouer mon spectacle, par exemple.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui te sécurise dans ton processus créatif ? Parce que j'imagine que tout ça aussi, c'est parce que tu as mis en place toutes les choses dont tu as besoin pour que ça se passe bien. Comment tu fais pour sécuriser ton... Oui, vraiment ton processus créatif. Donc, tu nous expliquais déjà que tu ne crées pas les mêmes choses au même moment de l'année.

  • Speaker #0

    Eh bien, alors je dirais, oui, il n'y a pas de miracle, une certaine régularité. J'ai toujours été quelqu'un qui aimait bien planifier, on va dire s'y prendre à l'avance. Et en même temps, il y a la dualité, c'est-à-dire je continue à être quelqu'un qui fait beaucoup de rétro-planning, de m'y prendre à l'avance pour ne pas être dans le… Je suis quelqu'un qui a beaucoup besoin de répéter pour être en confiance. et des fois du coup le pendant c'est que je pense que globalement le talent, enfin moi c'est ma conviction, le talent c'est le travail et que du coup je serais pas capable d'aller sur scène au talent comme on dit parce que je pense que tu finis vite par te planter si tu ne travailles pas assez mais que du coup des fois je fais peut-être pas suffisamment confiance à mon intuition ou à ma personnalité qui pourrait permettre un petit twist intéressant qui ramènerait du naturel ou de l'originalité tu vois sur scène c'est pas un spectacle où il y a de l'interaction mais Merci. c'était quand même en lien avec les gens. Mais globalement, ce qui me sécurise, c'est de savoir que je me fais des sessions d'écriture régulières, de savoir que j'ai le temps de répéter et que je ne sais pas créer dans le rush. Globalement, le fait de créer des fois dans le rush peut être intéressant pour des parties un peu discours que j'ai pu faire, rien à voir pour des cérémonies de mariage, d'amis. et où du coup tu es obligé de créer mais ça va parce que c'est sur des formes courtes je pense que si j'avais la chance de faire des chroniques radio c'est aussi intéressant des fois d'avoir un temps limité et ça te muscle différemment c'est à dire quand tu as un temps limité et que les phrases doivent être courtes ça te muscle différemment mais le spectacle je ne peux pas me dire ouais vas-y je ne fais rien et en fait je joue le samedi le vendredi soir je me mets à écrire un nouveau sketch que je teste demain moi ce n'est pas du tout quelque chose qui me sécurise je vais arriver en stress oui je comprends

  • Speaker #1

    Donc, la... En fait, c'est une forme de discipline.

  • Speaker #0

    Oui, la discipline. Et que je tiens, globalement, j'étais déjà quelqu'un comme ça à l'école et ça a été accentué par le sport de haut niveau. La discipline, elle me vient et elle me reste de là.

  • Speaker #1

    Comment tu rends la discipline agréable ? Donc ça, je précise la question. C'est pour les personnes qui vont voir la discipline comme quelque chose qui fait mal, comme une souffrance. Est-ce que tu as des trucs pour nous aider à rendre ça agréable, en fait ?

  • Speaker #0

    disons que moi en tout cas j'ai senti qu'elle devenait qu'à la fin elle était vraiment plus du tout agréable les dernières années dont je parle beaucoup d'ailleurs je pense que plus que dans le spectacle, dans le livre j'ai vraiment beaucoup parlé de ces périodes de patinage à haut niveau où en fait la passion devient vraiment quelque chose de destructeur parce que une discipline à toute épreuve qui fait que il n'y a plus beaucoup de place pour l'humain et pour le ressenti et pour le cœur Et aujourd'hui, ce qui fait que la discipline, elle est agréable, c'est que j'ai trouvé, enfin, ouais, oui, et ça, ce n'est pas du tout de moi, je l'ai entendu dans plusieurs interviews, je vois que je trouve ma liberté, encore une fois, pour revenir sur ce que je disais avant, dans le travail. C'est-à-dire, c'est le fait d'avoir la discipline et que les choses soient carrées. qui, dans ce cadre-là, m'autorise à dépasser. Et comme je me sens en confiance, je me dis, la discipline fait que je sais que j'ai mon rétro-planning, que dans une semaine, j'ai des répètes, et que du coup, la semaine suivante, je joue, et que du coup, je suis sécure. Et à l'intérieur de ça, du coup, je m'autorise des folies parce que je sais que c'est de ces folies-là, de ces impros-là, de trucs que je vais voir et que je vais dire, attends, mais ça serait complètement dingue peut-être de partir dans telle ou telle direction, que ça va fonctionner parce que j'ai quand même la discipline. Voilà. Donc, le fait que le cadre soit là, je ne le vois plus comme quelque chose de limitant, en fait.

  • Speaker #1

    C'est le cadre, en fait, qui te libère.

  • Speaker #0

    Exactement. Le cadre, peut-être de manière assez paradoxale, me libère.

  • Speaker #1

    OK. Question de TDAH à Bipo. Comment tu maintiens ta capacité ? de concentration dans les moments où ça va moyen bof ?

  • Speaker #0

    Dormir.

  • Speaker #1

    Ah, trop bien.

  • Speaker #0

    Du coup, ça ne répond peut-être pas à la question parce que si ta question, c'est sur le moment où tu n'arrives plus à bosser, à être concentré sur une tâche, si tu dois vraiment finir la tâche et que tu vas dormir, c'est mort. La tâche n'est pas terminée, mais je suis de base un gros dormeur. Des fois, on ne va pas se mentir, c'est accentué par le traitement. que je crois qui à la fois stabilise l'humeur, mais qui peut avoir un effet légèrement soporifique, on va dire.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    Ça se dit, j'espère. Oui, je pense. Oui, je crois que ça se dit.

  • Speaker #1

    On considère que oui.

  • Speaker #0

    Voilà, on considère que oui, on a compris l'idée. Mais oui, globalement, encore une fois, c'est double. C'est pénible, j'ai toujours l'impression de me faire l'avocat du diable, ou en tout cas de poser le pour le contre. C'est mon côté science-po, ça. Non mais globalement, j'ai envie de dire dormir. Je pense que globalement, même sans parler des troubles de l'humeur, les gens, et je me compte dedans, même si je fais partie des gens qui dorment beaucoup, on ne dort pas assez. Vraiment, je pense qu'il y a beaucoup de problèmes. Mais même si on prend tout le monde, je veux dire ce qui se passe au niveau politique, géopolitique.

  • Speaker #1

    Merci de le dire.

  • Speaker #0

    Ce qui se passe avec les collègues dans un open space. En vrai, si on avait une meilleure… Il ne faut pas forcément se culpabiliser. On a des rythmes de vie aussi où… Ce qui est valorisé socialement, c'est de ne pas beaucoup dormir, c'est de sortir, c'est de voir du monde. Mais je pense que globalement, si chacun dormait une heure de plus chaque nuit, déjà, ça irait beaucoup mieux. Mais globalement, c'est vraiment un truc que je sacralise un peu, c'est-à-dire que je ne vais pas pouvoir tout le temps le faire. Mais ce que j'aime dans mon rythme d'indépendant et de création, c'est que oui, des fois, ce n'est pas assez cadré et je vais avoir tendance à traîner à la maison, mais que je reste globalement quelqu'un qui arrive à se mettre un cadre et qui est actif et que par contre, je… pas à aller faire une sieste d'une heure et demie où je me dis, ok, là je sens que ça ne va pas, je sens que ça ne va pas, je sens que je n'arrive pas à me concentrer suffisamment, je sens que en fait j'ai écrit dix minutes et je m'énerve parce que soi-disant ça ne va pas assez vite. Bon, des fois il faut se faire un peu violence et dans la fatigue, ce que j'aime bien dans la fatigue, des fois quand je n'ai pas assez dormi et notamment pour la scène, il ne faut pas que ça soit une fatigue extrême, mais du coup ton corps c'est physiologique, on le sait, il est un peu plus détendu et du coup ça donne des choses et assez drôle et intéressante artistiquement d'être dans une détente. Des fois, quand j'ai trop dormi, du coup, je suis en mode pile électrique, tout est très tendu, voilà. Mais globalement, quand, je le dis d'ailleurs dans le livre aussi, il me semble quand je suis à bout de souffle et que ça ne fonctionne pas assez au niveau créatif, je vais dormir. Parce que j'ai la chance de pouvoir, dans ma journée, si je n'ai pas de rendez-vous prévu, En fait, si j'ai envie de créer de 16h à 20h après être allé faire une énorme sieste de 14h à 16h, j'ai la possibilité de le faire et c'est une chance et vraiment, je ne m'en prive pas.

  • Speaker #1

    Comment tu t'en... Là, c'est la question un peu pratico-pratique. Comment est-ce que tu t'en sors dans tes to-do list ? Est-ce que tu arrives à te maintenir à jour ? Déjà, merci de le dire, mais quand ça ne va plus, en fait, on vit dans un monde de gens fatigués. Donc, si j'ai besoin, je vais dormir. Merci de le dire, puisque les gens sont épuisés.

  • Speaker #0

    On est crevés, on est crevés.

  • Speaker #1

    Les gens sont épuisés. Je n'ai pas une personne en consultation qui arrive en cabinet et qui me dit...

  • Speaker #0

    « Je dors bien. »

  • Speaker #1

    Tu me dis « Je dors bien. » Donc, merci de le dire. Mais du coup, comment tu gères ? Parce que tu sais, par rapport à l'anxiété de… Parce qu'on a tous des choses à faire, en fait,

  • Speaker #0

    quel que soit nos métiers.

  • Speaker #1

    Comment tu gères une to-do list en retard, par exemple ?

  • Speaker #0

    Encore une fois, j'allais dire la discipline en priorisant. C'est-à-dire si vraiment je prends du retard sur une to-do list. J'ai accepté que la Toulouse, de toute façon, elle n'est jamais terminée. Tu vois, j'en ai une, c'est ma note qui est épinglée sur mon ordi, mon téléphone. Et globalement, je change plus souvent de titre en haut, à savoir le mois. Là, on est passé d'octobre à novembre. Il reste des tâches que je voulais finir en octobre et qui sont encore en novembre. Mais la priorité, la priorité de santé, notamment, voilà, c'est si jamais je suis en retard sur des choses. En termes créatifs, mais tu vois, le spectacle continue à exister toutes les semaines. Si je n'ai pas fait cette tâche créative-là, ça ne m'empêche pas d'aller jouer samedi prochain. Ce n'est pas la priorité ultime. Et en tout cas, sauf Ultra Deadline, parce qu'elle met en plus en jeu d'autres personnes et que du coup, tu as une responsabilité collective où tu ne peux pas lâcher les gens, sauf si tu as un énorme pépin de santé et une urgence, ça, ça va être la priorité. Mais des choses qui vont me concerner. Moi, tu vois, je me dis, ouais, j'aurais voulu. plus avancé sur de la réécriture de spectacles ou de livres ou de chroniques cette semaine, mais au final, il y a d'autres choses qui sont prioritaires, franchement, ce n'est pas grave. Et du coup, l'aspect créatif, à la fois, il faut que je fasse attention parce que c'est mon métier, il faut que je sois régulièrement créatif, et en même temps, si c'est reporté à six jours après, vraiment, il n'y a rien de grave.

  • Speaker #1

    D'accord. Donc, ça te demande aussi de la souplesse pour réorganiser en fonction des vrais détails. Oui, et ça,

  • Speaker #0

    ça me demande un vrai travail parce que j'ai tendance quand même dans la discipline à avoir un côté assez, dans la discipline, quand même rigide. mais j'espère pas rigide dans le sens chiant, mais rigide dans le sens il y a un moment c'est aussi en travaillant que le goût du travail vient de plus en plus et que plus je crée, plus ça appelle de nouvelles créations et ça c'est chouette donc je ne me laisse pas non plus vivre en me disant ah oui ok aujourd'hui je m'étais prévu 4 tâches mais si j'en ai fait qu'une et demie, c'est pas très grave il y a des jours c'est pas très grave et quand même globalement je m'instreins à avoir un rythme élevé Heureux soient les fêlés,

  • Speaker #1

    c'est le titre de ton spectacle Oui Merci. Comment s'est passé le processus d'écriture ? Parce que tu as dit que tu l'avais réécrit. Et est-ce que tu peux raconter un petit peu la ligne du temps de l'écriture, de la naissance de ce spectacle et puis de son évolution, par rapport à ce qui a certainement, j'imagine, co-évolué avec toi ? Est-ce que tu peux nous en parler ?

  • Speaker #0

    Oui, alors le spectacle que je joue actuellement... c'est un deuxième spectacle c'est en fait à force d'avoir vraiment modifié, modifié, modifié, modifié le premier qui parlait beaucoup de sensibilité avec en plus les périodes de confinement où du coup j'ai pu prendre du recul et où je pense que ça a été un peu mes premières ce qu'on appelle résidence artistique c'est à dire ce genre de période à la fois de jachère où tu prends le temps de poser les choses et de prendre du recul et ensuite de te remettre dans un processus créatif assez intensif de plusieurs jours d'affilée où tu te dis ok J'ai pris du recul. En fait, j'étais tête baissée depuis plusieurs mois en jouant ça, en disant ça sur scène. Mais je crois que ça, ça ne me correspond plus. Ce n'est plus d'actualité. Il faut que je change. Il y a d'autres choses qui m'animent. Mais en tout cas, c'est un deuxième spectacle. Il a commencé à naître dans mon esprit, on va dire en fin 2021, début 2022, au moment où je me suis dit « Ok, je crois que je suis prêt à parler vraiment de diverses thématiques de santé mentale, mais principalement de ma bipolarité. » Pas de celle du voisin, pas de sel des Français et Françaises qui souffrent de bipolarité, non, de ma bipolarité, comment ça peut aller impacter ou toucher les gens ou les intéresser. Et donc ça, ça a pris bien plusieurs mois d'écriture et depuis le printemps 2022 où ça a été l'éclosion de ce spectacle, maintenant on est à l'automne 2025, ça fait trois ans et demi, et je me dis que je fonctionnerais différemment pour le spectacle suivant et que je fonctionnerais comme ce que j'ai fait pour le livre, C'est-à-dire... par système de résidence et d'un temps donné et entre guillemets on se laisse le temps pendant trois mois six mois un an de faire une énorme résidence et de bouger des choses forcément il ya des choses qui bougeront après parce que les premières réactions du public t'amène à bouger mais là avec ce spectacle ce qui commence à devenir un peu fatigant pour moi je le conçois et surtout pour mon équipe artistique le metteur en scène et le chorégraphe c'est que assez régulièrement j'ai envie de bouger des choses je bouge des choses et du coup c'est un peu sans fin donc à la fois je trouve que c'est cool parce que je ne m'ennuie pas Et que ça apporte de la fraîcheur, y compris pour le public, et une amélioration, je l'espère. Et en même temps, il est sans cesse en évolution, et ça en devient presque un peu fatigant. Donc j'ai l'impression que ça fait trois ans que je suis dans une réécriture permanente.

  • Speaker #1

    Est-ce que ce n'est pas normal, quelque part, dans la mesure où toi aussi tu co-évolues ? Si,

  • Speaker #0

    je continue d'évoluer.

  • Speaker #1

    Où tu n'es vraisemblablement plus le même homme que tu étais il y a trois ans ?

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et qu'en même temps, tu découvres encore plein d'autres choses sur toi-même, sur le trouble. Et alors, même si on te laissera, enfin, je ne sais pas, peut-être que oui, mais même si j'imagine que peut-être qu'on ne te laissera pas arriver jusqu'à la salle en tyrolienne, il y a certainement plein de choses encore qui sont faisables en fonction de la personne que tu continues de devenir chaque jour.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Je crois que j'ai vu une version, parce que j'ai fait des recherches, on trouve très peu d'extraits du spectacle sur Internet. Oui, mais il me semble avoir vu un extrait de quelque chose, enfin un très petit extrait de quelque chose où c'était joué sur glace.

  • Speaker #0

    Oui, absolument. Et ça, puisque tu en parles, c'est un projet qu'on a de recréer parce qu'on avait fait vraiment une transposition. de ce qui existe sur scène sur glace. Pour le dire très simplement et vulgairement, on avait adapté les chorégraphies qui existent sur scène sur glace, mais on n'avait pas eu énormément le temps de retravailler la mise en scène. Or, la glace, sans doute, avec des patins aux pieds, offre des possibilités de mise en scène et puis de réinsister. C'est-à-dire la version que j'imagine sur glace pour peut-être dans un an ou deux, et c'est encore à l'état d'embryon, mais il faut que ça se fasse parce que ça ne s'est jamais fait. et que je pense qu'on a vraiment des choses à raconter et à apporter, je pense qu'il faudra qu'il y ait un focus. Ce sera une version de « Reçois les fêlés » , mais je pense modifiée, avec un focus particulier sur le parcours de patineur, notamment jusqu'à aujourd'hui. Mais effectivement, il y a quelques extraits qui circulent, et je me dis que de faire cette version-là, ce sera peut-être la fin de la boucle de ce spectacle, parce que ce spectacle parle principalement de mon trouble bipolaire, mais qui est intimement lié aussi à comment j'ai grandi. à ce rêve de patinage qui se brise du jour au lendemain et qui, du coup, laisse la porte à un vide, donc à la dépression qui arrive et que c'est le début du parcours de soins en psychiatrie. Donc oui, il y a un peu d'extraits et on peut tomber là-dessus.

  • Speaker #1

    Ah, mais voilà pourquoi le spectacle ne cesse d'évoluer. Parce que le final, tu sais déjà où il est.

  • Speaker #0

    En tout cas, ce serait l'idée. Le producteur ne le sait pas encore. J'en ai parlé un petit peu, mais voilà. Mais ouais, je pense que ça serait un bel aboutissement pour ce spectacle.

  • Speaker #1

    On commence tous le théâtre pour de mauvaises raisons.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    On commence tous le théâtre pour de mauvaises raisons. Justement, moi, c'est pour faire mon intéressant. Vouloir plaire en est une autre. On fait pas un spectacle pour trouver un mec.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    On fait un spectacle pour quoi, alors ?

  • Speaker #0

    En fait, plus j'avance, plus je me rends compte qu'on fait un spectacle, on fait des spectacles, on crée de manière générale pour servir un propos, pour défendre une idée, quel que soit le style de spectacle, quel que soit le registre. et pas mais j'ai aucun mal et puis si je le dis aussi honnêtement dans le livre c'est que je pense qu'on est nombreux et nombreuses à être dans ce cas là avec le côté en plus moi qui je pense me vient du patinage aussi ou très jeune tu es tout seul, tu es jugé, tu es au milieu d'une énorme arène, ça fait quand même 1800 m² de glace, et le patinage répond encore à des codes, où en termes d'interprétation, c'est un peu le show, on essaye d'en mettre plein la vue, c'est la danse de salon version plus plus plus, donc je pense que quand je suis arrivé sur les planches, il y avait ce côté de, ok, maintenant je vais mieux, je suis dans mon processus de rétablissement, ... J'ai envie de montrer à quel point je vais bien. J'ai envie d'en mettre plein les yeux aux gens. Et du coup, tu n'es pas dans… Enfin, j'étais déjà, je pense, en train de construire le début d'un propos, mais tu es plus dans de la démonstration et de la paillette et de se vanter un peu. Regardez-moi, regardez-moi, regardez-moi que dans un propos où tu peux avoir des parties où tu es dans un délire mégalo, mais où des parties où tu es aussi plus dans la sincérité. Donc, c'est dans ce sens-là. Et puis, c'est un moment où j'ai commencé la scène, où effectivement, je sors de plusieurs années de dépression, je sors de plusieurs mois d'hospitalisation, j'entame mon rétablissement, je me sens quand même déjà stabilisé. Et globalement, je n'ai pas fait beaucoup de rencontres, notamment amoureuses. J'assume depuis peu... complètement mon homosexualité. Donc, je me dis, tiens, être sur scène, c'est quand même un truc que les gens... Enfin, tu vois, on voit quand même dans le discours encore global, je le vois encore aujourd'hui dans les yeux des gens, de, ouais, monter sur scène, c'est quand même énorme, cette mise à nu. Beaucoup de gens qui te disent, moi, je ne pourrais pas. Et souvent, je leur réponds, mais ce n'est pas une question. Moi, je ne pourrais pas être sur une chaise dans un open space 9 heures par jour. Et du coup, je pense que tu joues aussi peut-être consciemment ou inconsciemment au début sur ce truc de, wow. C'est moi qui maîtrise, j'ai du sex-appeal, on va me regarder, donc je vais me servir de ce côté aussi, seul sur scène, pour en mettre plein les yeux et pour montrer que je suis un mec sexy. Et que du coup, en l'occurrence, pour boucler la boucle, on ne fait pas un spectacle pour ça, il me semble.

  • Speaker #1

    J'entends que le fait d'arriver, de venir du patinage aussi, où c'est un monde très waouh, très paillette, effectivement, c'est de la danse de salon, mais en beaucoup plus beau, beaucoup plus vite. Beaucoup plus d'adrénaline, en fait. Beaucoup plus spectaculaire et sensationnel. Et il y a un moment dans ton livre, tu dis « cours d'EPS, on fait du demi-fond, ça ne m'intéresse pas. Depuis quand on fait les choses à moitié ? Ça sera sprint pour moi. » Et quand je t'entends parler, j'ai l'impression qu'il y a une partie de toi qui se dit « ouais, mais marathon, c'est bien aussi,

  • Speaker #0

    quoi. » Oui, de plus en plus. Je pensais, j'ai découvert, et notamment avec la pratique artistique et le premier spectacle où... C'est vraiment l'école de l'humilité. C'est-à-dire qu'au début, tu te dis, je vais monter sur scène pour faire rire les gens, trouver un mec, trouver des potes. Et puis assez rapidement, tu te rends compte que ce n'est pas suffisamment bien écrit, que globalement, à part faire rire tes deux potes avec tes private jokes, ça ne fait rire personne, tu n'as qu'il y a personne dans ta salle et tu t'envoies mille misères pour avoir ton intermittence. Assez rapidement, si tu as l'ego assez bien placé, tu redescends vite et tu te mets au boulot et tu apprends l'humilité. continue d'apprendre l'humilité. Et je pense que moi, c'est ce qui s'est passé et je l'apprends encore au quotidien. Et du coup, j'ai découvert que l'endurance pouvait être chouette, qu'on pouvait trouver du plaisir et dans la discipline et dans l'endurance de dire, OK, en fait, étape par étape, personne n'est bon. Il y a des gens qui ont plus de facilité que d'autres. Mais après, encore une fois, je crois vraiment dur comme fer au fait que le talent, c'est le travail. et que voilà t'arrives à faire passer des émotions en le travaillant, tu arrives à être percutant dans ton écriture en la travaillant régulièrement et qu'il n'y a pas de secret et que du coup c'est très bien je resterai toujours quelqu'un qui adore le sprint qui adore les effets qui adore les coups d'éclat d'où l'envie des fois de retrouver un peu les phases hypomaniaques ou maniaques mais que ouais l'endurance mais même dans les relations, j'étais quelqu'un qui avait des relations même amicales très très en surface parce que pas le temps, il fallait que ça aille vite, il fallait que ça soit la performance. Et je pense qu'on peut avoir envie d'être performant et d'être bon tout en prenant le temps d'avoir des relations professionnelles et personnelles qui tiennent la route.

  • Speaker #1

    C'est quoi tes plus grosses claques artistiques, les personnes qui t'ont le plus inspiré, influencé en tant qu'homme, mais aussi en tant qu'artiste ?

  • Speaker #0

    Récemment, Constance, qui est humoriste et qui a été diagnostiquée d'un trouble bipolaire il y a quelques années. Je suis allé voir son spectacle au début et j'avais un peu des appréhensions parce que je me suis dit qu'elle est aussi plus connue que moi, le spectacle aura forcément un retentissement plus important que le mien et du coup j'espère qu'on ne parle pas de la même chose. En fait non, parce que chaque parcours est différent et j'aimais déjà beaucoup cet artiste avec ses chroniques de France Inter. Je n'avais pas vu ses précédents spectacles et j'ai vraiment adoré. Donc Constance. J'aime beaucoup la manière dont elle crée Valérie Lemercier. Vincent Daudienne aussi, j'aime beaucoup. Je trouve que c'est très drôle et que c'est très classe. Alexandra Pizzagalli, humoriste aussi, qui avait un spectacle qui s'appelait « C'est dans la tête » . Je n'ai pas énormément de références, mais en tout cas, c'est plus des personnes. en tout cas c'est pas spécialement des références dans le stand-up, c'est des références voilà moi je considère je sais pas trop si je me considère encore humoriste ou pas en tout cas comédien qui principalement fait rire dans son spectacle mais pas que et du coup je suis très inspiré par les comédiens et comédiennes ce qui me fait rire je suis plus du côté théâtre que du côté stand-up ok

  • Speaker #1

    demain tu peux partager une scène avec un artiste ça serait lequel ?

  • Speaker #0

    pour faire un spectacle ensemble c'est ça ? ouais ouais euh Ouais, bonne question. J'adorerais faire un spectacle avec Laure Calami, qui est une actrice que j'adore, qui jouait Noémie dans 10%, Antoinette dans les Seven. Ouais, Laure Calami, mais ça, c'est de l'or du rêve, quoi.

  • Speaker #1

    Et ça ne commence pas par là, par un rêve ?

  • Speaker #0

    Bah si,

  • Speaker #1

    si, si. OK, c'est tout ce que je peux te souhaiter. La question à mille points. S'il y avait un film... ou une série qui représentait ce qui se passe dans ton cerveau, ça serait laquelle ou lequel ?

  • Speaker #0

    J'allais dire le cœur à ses raisons, la parodie des Feux de l'amour québécoise, mais pour le côté vraiment grotesque et un peu fucked up. Ouais, ouais, un mélange du cœur à ses raisons. des Hercule Poirot dont je suis ultra fan pour le côté anglais qui permet de faire des siestes et de s'endormir devant et c'est dur parce que je regarde et

  • Speaker #1

    Kill Bill wow joli joli joli joli ça peut illustrer ça peut bien illustrer les personnages oui François nous arrivons déjà à la fin de cette interview est-ce que tu peux nous dire où on peut te retrouver,

  • Speaker #0

    où se joue ton spectacle et où est-ce qu'on peut te trouver sur les réseaux bien sûr du coup on peut se retrouver tous les samedis au Théâtre du Marais, donc c'est à Paris dans le 3ème arrondissement vers République à Arrêt Métier exactement c'est les samedis à 18h, ça c'est pour le spectacle Reçois les fêlés, c'est prolongé au moins jusqu'à la fin du mois de mars 2026 Merci. Et sur les réseaux, c'est François Malet, M-A-L-E-T, sur Instagram. J'ai nouvellement un compte TikTok et j'avais l'impression d'être un gros boomer qui découvre TikTok. Mais voilà, mais c'est principalement sur Instagram. Et le livre Félé, on peut le trouver en librairie, notamment dans les grandes librairies et puis sur Internet aussi.

  • Speaker #1

    Super. Et je laisserai tous les liens en description de l'épisode pour qu'on puisse te retrouver. Un grand merci encore une fois d'avoir accepté. Merci, c'était super chouette. de porter ton témoignage ici. Un grand merci pour tout ça, François. Et à bientôt.

  • Speaker #0

    À bientôt. Salut.

  • Speaker #1

    J'espère que cet épisode t'aura aidé à mieux comprendre ce qu'est et surtout ce que n'est pas le trouble bipolaire. Ce que j'ai aimé chez François, c'est sa façon d'en parler avec simplicité et sans drame. Avec sa lucidité tranquille, son humour et cette manière de transformer ce qu'il a traversé en force créative. Il nous rappelle qu'on peut être fragile et solide à la fois. vulnérable tout en étant brillant. Comme quoi, être né à Bourg-en-Bresse n'empêche pas de devenir une icône. Tu retrouveras tous les liens pour suivre François, découvrir son livre « Fêlé » et son spectacle « Heureux soient les fêlés » directement dans la description de l'épisode. Encore un grand merci à FSI Lorraine, centre de formation spécialisé dans la prévention des risques, pour leur confiance et leur soutien sur cet épisode. Et pour continuer ton chemin vers plus de clarté mentale, pense à télécharger ton template d'autothérapie, le patch Anxiété Zéro, via le lien dans la description. Si cet épisode t'a plu, pense à t'abonner pour ne pas rater les prochains et surtout, je serai gratitude que tu lui laisses 5 étoiles sur ta plateforme d'écoute préférée ou que tu le partages à quelqu'un qui pourrait avoir besoin d'entendre ça aujourd'hui. Et comme toujours, viens me dire ce que tu en as pensé sur Instagram ou LinkedIn. D'ici le prochain épisode, je te souhaite tout le meilleur. Et n'oublie pas, quoi que tu traverses, tu n'es pas seul. Cet épisode était dédié à mon ami Philippe. Anophilure

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Description

Dans cet épisode, on plonge au cœur du trouble bipolaire avec l’humoriste François Mallet, auteur du spectacle Heureux soient les Fêlés et auteur du livre Fêlé.
Il partage avec une sincérité rare son parcours lumineux, entre phases maniaques, dépressions, stabilisation et reconstruction — loin des clichés et du sensationnalisme.


On parle de ce que ça fait vraiment de vivre avec un trouble de l’humeur, de ce qui se joue derrière le mot “bipo”, de la créativité comme moteur de soin, des relations, du travail, de l’identité, et de comment retrouver du sens et de la stabilité après les tempêtes.


🎧 Dans l’épisode :
• les signes du trouble bipolaire et le diagnostic
• la réalité émotionnelle des phases maniaques et dépressives
• le rôle de l’humour et de la création dans la guérison
• comment en parler autour de soi
• la nuance, la vulnérabilité, la beauté de pouvoir être soi


Une discussion profonde, honnête et accessible, pour toutes les personnes concernées par la bipolarité ou les troubles de l’humeur — ou qui souhaitent mieux comprendre un proche.


Cet épisode est soutenu par SFI Lorraine, centre de formation spécialisé dans la prévention des risques.


Pour retrouver François : 

Instagram

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Son livre Fêlé

Son spectacle Heureux soient les fêlés



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@crédits audio du générique : Anthony Chognard CHS Prod 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Un coup tu rigoles, un coup tu fais la gueule, mais t'es bipolaire ou quoi ? Cette phrase, on l'entend partout. Comme si le mot bipolaire, c'était devenu une façon tendance pour dire changeant ou instable. Sauf que la bipolarité, ce n'est pas ça. C'est un vrai trouble, complexe, profond et surtout humain. Alors si tu te poses des questions sur le trouble bipolaire, que tu sois concerné en recherche de réponses ou proche d'une personne qui vit avec, cet épisode est pour toi. Aujourd'hui, François Mallet, comédien. patineur artistique et auteur, nous explique la bipolarité avec simplicité et humanité. On va parler parcours de soins, processus créatif et de cette vie intérieure en clair-obscur qu'on peut apprendre à apprivoiser. Cet épisode est soutenu par FSI Lorraine, centre de formation spécialisé dans la prévention des risques. On se retrouve juste après le générique pour ce 45e épisode de Mission Anxiété Zéro. Bienvenue dans Mission Anxiété Zéro. Ici, c'est ton safe space sans langue de bois dans lequel je vais t'aider à questionner tes automatismes émotionnels. Moi, c'est Sandra, je suis sophro-analyste et ma mission, c'est d'accompagner mes clients à prendre soin de leur bien-être mental pour être plus heureux, mieux concentrés et mettre plus de sens dans leur quotidien.

  • Speaker #1

    Alors si toi aussi, tu cherches des solutions concrètes et actionnables pour gérer tes émotions et mettre ton anxiété à zéro, installe-toi, tu es au bon endroit.

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode de Mission Anxiété Zéro. Aujourd'hui, je suis avec François Mallet. Il est bipolaire, gay, patineur artistique. S'il était né aux États-Unis, il serait une icône. C'est ainsi qu'il se décrit sur la couverture de son livre « Fais-les » , paru le mois dernier aux éditions Larousse. François, bienvenue ici. Je suis vraiment heureuse de t'accueillir pour cette interview. Et pendant la prochaine heure, on va lever les tabous autour du trouble bipolaire et... parler du processus créatif et du parcours de soins. Comment vas-tu ce matin, François ?

  • Speaker #1

    Merci, c'est chouette d'être là. Bien, bien, bien. Bon, on est début novembre, donc c'est clairement un mois dont je ne comprends pas vraiment l'intérêt. Mais voilà, disons-le clairement. Mais bien, bien, ça va bien.

  • Speaker #0

    Oui, je plus sois. Tu n'as pas allumé ta petite lampe de luminothérapie et tout ça ?

  • Speaker #1

    Non, non. Alors, j'ai pas de lampe de luminothérapie, mais j'ai des lunettes. Mais sans trop en parler, je les utilise pas encore. Et je pense que je pourrais m'y mettre. En fait, c'est un accessoire qui me sert artistiquement, sans trop en dire, mais que je ferais peut-être bien d'utiliser, surtout vu le prix, quoi.

  • Speaker #0

    Oui, mais j'allais dire, la question, c'est, je crois que tous les gens... atteints d'un trouble de l'humeur, quels qu'ils soient, vont te dire « Alors, pour toi, ça marche ou pas ? »

  • Speaker #1

    Ouais, voilà. Pas de réponse parce que surtout, je n'ai pas essayé.

  • Speaker #0

    Ah, mince ! Ok. Pour remettre un peu de contexte, nous, on s'est connus par le biais d'Alain Raymond, qui est un de mes consultants en communication. Et donc, je lui avais parlé de ma volonté sur ma prochaine saison de pouvoir aller un petit peu plus deep autour des troubles de l'humeur et d'inviter plus de personnes ... concernés et puis aussi beaucoup plus de personnes impliquées dans un processus créatif pour pouvoir en parler et dédramatiser et puis un petit peu re-challenger les notions de normalité sociétale qu'on a pu se laisser inculquer simplement dans le monde dans lequel on vit par notre éducation. Et il m'a dit « Ah, moi je connais un mec ! » Alors, je n'ai pas eu la chance de venir voir ton spectacle encore à Paris. En revanche... J'ai lu ton livre qui m'a profondément touchée. Mon trouble bipolaire ne me permet pas de dévorer un livre. Je ne sais pas ce que c'est. Les gens qui disent « Ah, je l'ai dévoré en… » Moi, ça m'arrive très rarement. Si je suis motivée à lire, je vais le lire vite. Mais moi, c'est impossible de dire « Ah, je l'ai lu en trois jours. » Voilà. Et pourtant, le tien, je l'ai lu en une semaine. Ce qui est…

  • Speaker #1

    Super ! Qui est un exploit.

  • Speaker #0

    À mon niveau ?

  • Speaker #1

    Olympique.

  • Speaker #0

    Oui, clairement. Clairement. parce que j'ai tellement apprécié que tu commences par, disons, je ne vais pas dire que j'ai apprécié que tu commences par une scène dramatique, mais ce que j'ai apprécié, c'est que tu commences par une scène dramatique et que tu termines avec un message d'espoir tellement fort, tellement immense, tellement... avec une très jolie plume qui est très juste, sans pour autant en faire des caisses, sans mots inutiles, mais... à la fois très juste et très poétique. J'ai vraiment adoré « Lire ta plume » , que j'ai trouvé très... très humble, même quand tu parles des différentes phases, quand on va explorer un petit peu les failles narcissiques, etc., qui vont être liées aux troubles et notamment dans les phases euphoriques. Mais bravo pour ça. Vraiment, ce livre est juste merveilleux pour parler du trouble bipolaire. Donc, ma question, enfin, mes questions, parce qu'en fait, il y en a plein et sans spoiler le livre, mais... dans la façon dont tu t'es construit depuis ton enfance, à quel moment tu t'es rendu compte que chez toi, il y avait un truc qui ne fonctionnait pas comme chez les autres ?

  • Speaker #1

    C'est difficile à dire, j'avoue. C'est d'ailleurs en écrivant le livre, et en l'écrivant et en le relisant. qui était d'ailleurs quelque chose de très particulier, qui m'a interrogé et qui m'a fait rire. Je me suis dit « Waouh ! » J'ai trouvé ça dingue d'avoir le livre, l'objet dans la main. J'avoue que ça me fait quelque chose. Contrairement au spectacle, il y a des preuves, il y a des vidéos qui existent. Donc, c'est des éléments quand même qui existent, mais ce n'est pas la même chose que d'avoir quelque chose dans la main. Et en fait, en le relisant, et le récit sans tout dévoiler est quand même globalement chronologique, tu l'as vu, même s'il y a pas mal de flashbacks, Et en l'écrivant et en le relisant, je me suis dit, tiens, là, je sens qu'il y a un peu un point de bascule. Mais je me suis rendu compte qu'il était un peu flou. Mais parce que je considère que pour moi, la manière dont je le conscientise, dont je le réfléchis, il est flou. C'est-à-dire que pour moi, on va dire qu'à l'adolescence, je crois que je commence à en parler dans le livre en me disant, tiens, notamment, je sens que je suis très soumis au cycle des saisons. Peut-être plus que les gens, alors c'est toujours difficile parce qu'on ne connaît jamais la vie vraiment privée des gens, mais je me dis tiens, j'ai l'impression que moi, il y a quand même un truc de à chaque fois que l'automne arrive, où automatiquement, presque du jour au lendemain, je rentre un peu dans un down qui est maîtrisé à l'adolescence, qui n'est pas du tout les downs que j'ai pu connaître après, qui ont été des vraies dépressions caractérisées et très violentes. mais Ouais, sur les coups, je dirais de 13-14 ans, je me dis tiens, comment ça se fait que tu sois si motivé, avec beaucoup d'entrain, si jovial, si déterminé au printemps et à l'été et que quand t'arrives l'automne, bon, t'as toujours des bons résultats à l'école, tu restes quelqu'un de social, mais il y a quand même un peu comme un blues indescriptible qui s'installe. alors je le questionne encore est-ce que c'est mon côté nostalgique que j'ai toujours mais en tout cas c'est plein de choses qui se mêlent que je n'arrive pas forcément à déceler à ce moment-là, mais en écrivant le livre et en le relisant, c'est ce que je te disais. Ouais, comme ça, j'aurais tendance à dater, on va dire, à la fin du collège, donc vers 14 ans. Après, est-ce que c'est vraiment quelque chose ? Je me dis, tiens, je me sens différent des autres. On utilise le terme qu'on veut, mais voilà, je suis à côté, je suis atypique, il y a quelque chose qui cloche chez moi. Je n'avais pas ce sentiment-là. Je ne pourrais pas dire que j'avais l'impression d'être à côté, qu'il y avait quelque chose de très différent. Je me souviens de moi qui était… Peut-être que j'avais l'impression que ce qui me différenciait, c'est que j'avais cet objectif. Je patinais beaucoup à ce moment-là. Et mon objectif, c'était de toute façon de rentrer en équipe de France, d'être champion olympique. Je vivais pour le patinage. Je mangeais patinage, je dormais patinage. Et que c'était plus ça qui me différenciait des autres. J'avais l'impression d'être un peu exceptionnel, mais dans le sens littéraire du terme. Plus que des petites variations d'humeur que je remarquais, mais sans plus.

  • Speaker #0

    D'accord. Est-ce que tu peux nous dire ce qui caractérise le trouble bipolaire ? Pour les personnes qui vont dire, mais on est tous sensibles à la variation des saisons. On est tous un peu.

  • Speaker #1

    La déprime saisonnière. Voilà, c'est d'ailleurs toute la différence entre la déprime et la dépression. Donc sans être médecin, j'ai évidemment appris avec mon trouble, globalement, quelles étaient les définitions et les symptômes. Et voilà, la dépression, c'est pas la déprime. La déprime, tout le monde peut y être sujet, et c'est vraiment une tristesse passagère, et qui peut notamment survenir avec l'heure d'hiver, la diminution de la lumière. Voilà, c'est un mécanisme quelque part qui est physiologique. La bipolarité, qui est donc l'alternance de phases dites dépressives et de phases maniaques, ce qu'on appelle les phases maniaques, c'est les phases d'euphorie, d'excitation, on va utiliser ces termes-là, et les phases dépressives, comme pour les phases maniaques, ça répond à plusieurs critères, plusieurs symptômes qu'il faut avoir en même temps et qui sont d'intensité modérée à sévère. Pour la dépression, on sait par exemple qu'il faut plusieurs symptômes parmi les suivants, à savoir... Une grosse fatigue, une perte de motivation, une humeur dépressive et triste, des troubles de l'appétit dans un sens ou dans l'autre, des troubles du sommeil dans un sens ou dans l'autre, la perte d'intérêt dans les activités qui habituellement nous font du bien, les idées noires aussi, et à différencier il y a idées noires et idées suicidaires, c'est deux choses différentes, et il faut avoir plusieurs de ces symptômes-là pendant plusieurs jours d'affilée. et on dit même souvent en général au moins deux semaines. Donc en fait, si ça peut permettre de comprendre, c'est-à-dire que ce n'est pas juste se sentir triste pendant deux semaines, ce n'est pas une dépression. Avoir des troubles du sommeil pendant deux semaines d'affilée, ce n'est pas une dépression. Il faut vraiment plusieurs de ces manifestations. Et pareil pour les phases d'excitation et d'euphorie, où là, il va y avoir une accélération du rythme psychique et physique. un emballement des idées, une logorée, c'est-à-dire un flux de paroles permanents et incontrôlés et incontrôlables, potentiellement des conduites à risque aussi, plus de sorties, potentiellement prise de risque avec des stupéfiants, prise de risque vitesse au volant, prise de risque des comportements à risque sexuel aussi avec multiplication des partenaires, dépenses excessives, et ça peut aller jusqu'au bout d'un moment. Il y a aussi en général l'irritabilité qui arrive. qui peut amener des phases de paranoïa ou alors des bouffées délirantes aussi. Et encore une fois, il faut avoir plusieurs de ces symptômes-là pendant plusieurs jours d'affilée. Et après, les phases, c'est ça qui est… J'allais dire, le mot… Enfin, je ne sais pas si le mot est bien choisi, mais j'allais dire ce qui est un peu magique parce que c'est quand même très chouette, la phase maniaque, en tout cas au début. Moi, le souvenir que j'ai de ma phase hypomaniaque, donc qui est un peu moins violent qu'une phase réellement maniaque, mais… T'es tellement bien, tout te réussit tellement, tellement d'énergie, tout est facile. Voilà, il y a un vrai délire mégalo et presque christique là-dedans qui est très agréable à vivre. Et ça peut durer de, comme les dépressions, de deux semaines à plusieurs mois. C'est ça qui est à la fois magique et à la fois très violent, c'est-à-dire qu'on ne sait pas en fonction des personnes combien de temps ça va durer. Et en général, plus on monte. haut, plus proportionnellement on va descendre bas et globalement sur la même durée.

  • Speaker #0

    Oui, en t'entendant parler, je pense effectivement à ces périodes euphoriques, à ces périodes maniaques où un de mes amis était bipolaire, donc je dis bien était parce qu'il a choisi dans une phase dépressive de mettre fin à ses jours. Mais je me souviens qu'à une époque, c'est vrai que moi aussi avec le TDAH, donc trouble de l'humeur aussi, mais qui ne fonctionne pas de la même façon. mais quand je le voyais dans ces phases high, je l'enviais presque de me dire putain mais... C'est ultra grisant de me dire mais le mec il s'arrête jamais et il a toujours de l'énergie sous la pédale sauf que ce qu'on voyait pas c'était qu'on vit pas avec les gens et quand il était dans une phase dépressive il disparaissait et son métier parce que nous avons aussi un peu le chic Merci. pour trouver les métiers qui vont nous permettre de bloquer la misère sous le tapis. Et son métier de steward sur des vols long courrier ont rendu très difficile la détection du trouble bipolaire. Parce qu'on se disait, bon, il se tape des vols vers l'Asie, donc il y a le jet lag.

  • Speaker #1

    C'est normal qu'il ait des moments où il soit fatigué, il disparaît, puis il revient de plus belle.

  • Speaker #0

    Et ça expliquait même les abus. puisque l'équipage sur place de l'autre côté ne peut pas repartir tout de suite donc il reste trois jours sur place donc c'est la fête avec des consommations à tout va même ces phases anxieuses quand il appelait au milieu de la nuit parce que ça n'allait plus parce qu'il ne savait plus où il était parce que ça a rendu le truc super difficile à détecter et c'est vrai que de le voir quand il revenait dans ces phases euphoriques putain mais en fait le mec c'est un surhomme et c'était je me dis mais Merci. « Waouh ! Mais en fait, c'est génial d'être comme ça ! » Et puis, quand il nous a parlé de son diagnostic, c'était une toute autre chose. On s'est dit « Ah putain ! En fait, quand ça ne va pas, c'est le même, mais dans l'autre sens. »

  • Speaker #1

    C'est la même intensité, c'est la même… Encore une fois, je ne suis pas médecin, mais en tout cas, après… Oui, enfin si, quand même, il y a une question de proportionnalité, de plus tu montes haut, plus tu redescends bas, ça va. varier en fonction des personnes, mais... En général, si tu fais une phase maniaque de six mois, la dépression qui suit, elle ne dure pas trois semaines, pour le coup.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et ça, c'est très dur. Et aussi, même si je parle un peu de toute proportion gardée, mais de ce que je connais, je me suis quand même beaucoup renseigné puisque je suis concerné. Ce qui est compliqué aussi, c'est que, par exemple, moi, je suis ce qu'on appelle bipolaire de type 2. Donc, pour en parler rapidement, c'est que... j'ai bien les phases dépressives et qui peuvent être d'intensité et moi j'ai vécu vraiment des dépressions d'intensité sévère et par contre à ce jour là on n'a détecté chez moi qu'une seule phase hypomaniaque, donc hypo c'est à dire en dessous de la phase réellement maniaque, donc on va dire d'intensité plus modérée qui est d'autant plus difficile à détecter parce que il y a un regain d'énergie mais ça semble pas non plus forcément démesuré oui il y a plus de ... de rencontres, de sorties, mais ce n'est pas démesuré. Il y a des dépenses, mais ce n'est pas démesuré. Et ce qui est violent dans ce type-là, en fait, il n'y a pas de hiérarchie du tout à faire entre la souffrance et la violence de différents types, mais on peut très bien avoir une bipolarité, et c'est mon cas, où on est surtout très sujet aux phases dépressives qui sont très, très violentes et où, dommage pour nous, les phases sont pas des phases ultra-maniaques, Elles sont des phases... hypomaniaque d'intensité moyenne où c'est déjà très cool et où c'est déjà de la surénergie et ouais une facilité une facilité et un charisme et un délire mégalo et où tout le monde vous suit dans votre délire mais moins grisant qu'une phase réellement maniaque et ça franchement c'est un peu la double peine quoi

  • Speaker #0

    Est-ce que ça manque quand c'est entre guillemets juste une phase hypo ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est drôle parce que j'ai un peu considéré, moi ça fait 7 ans maintenant que je suis diagnostiqué, 7 ans et demi, et je pense que tout de suite avec le diagnostic, ça a été un énorme soulagement, et j'en parle dans le livre et dans le spectacle, et parallèlement à ce soulagement-là, du coup je pense que je suis rentré un peu dans un mécanisme de surprotection où je me disais, ok, il faut vraiment maintenant être ultra vigilant, même si j'ai un suivi, un traitement qui me soutienne et qui se passe très bien. vraiment d'attention. Le but dans la vie, c'est vraiment d'être stabilisé au niveau des émotions, sans m'en rendre compte qu'il y avait un peu un truc de « Ok, si je suis anesthésié au niveau des émotions, ça a tellement été le yo-yo qu'au final, ça me va très bien. » Et puis, plus les années passent, plus tu te rétablis. En plus, avec la découverte du théâtre, où mon métier, c'est quand même de traverser différentes émotions. Alors, on n'est pas obligé de jouer dans des tragédies grecques et de devoir passer par des ascenseurs émotionnels. Et mon but, notamment sur scène, je parle principalement du trouble bipolaire. De plus en plus, c'est quand même la manière dont j'ai modifié le spectacle récemment, d'essayer de faire voyager les gens dans un espace safe, mais de faire voyager les gens plutôt que d'être dans une description, d'être dans une démonstration de qu'est-ce que ça peut être un up, qu'est-ce que ça peut être un down, qu'est-ce que c'est la stabilisation. Et de plus en plus, il y a deux choses. Et ça, j'y travaille notamment en thérapie avec l'adaptation du traitement qui, effectivement, m'empêche de redescendre très bas, mais a pour effet à certains moments d'anesthésier un peu les émotions naturellement fortes que je pourrais avoir. Et ça, je continue de travailler parce qu'en fait, quand j'ai des bonnes nouvelles et que c'est des choses qui sont très positives et très joyeuses, j'ai envie de pouvoir continuer à me sentir dans quelque chose de positif et joyeux et pas de me dire. Alors, j'exagère un peu, je n'ai jamais été quelqu'un d'apathique et je ne le serai jamais. Je ne serai jamais neurasthénique, mais... Un peu d'un truc en mode « Ah oui, ok, bon, c'est cool, alors qu'avant, j'aurais sauté au plafond. » Et la deuxième chose, c'est que oui, depuis quelques années, mais je pense que c'est une réflexion parallèle qui va avec l'âge. C'est-à-dire qu'avec la trentaine qui arrive, la phase hypomaniaque, ça correspond au début de la vingtaine, à la fin des études, à tout aussi un imaginaire, enfin un imaginaire, une réalité, plutôt pas un imaginaire étudiante. ou moins de responsabilité d'adulte, même si tu es déjà adulte, mais voilà, pas les mêmes responsabilités au niveau du boulot, pas les mêmes responsabilités en termes relationnels si tu es en relation longue. Et du coup, de temps en temps, ça m'arrive, et je m'en suis rendu compte en écrivant le livre, quand je décris ces passages-là et dans lesquels je me suis replongé, c'est que, ouais, je... J'ai très envie de dire que je ne serais pas contre revivre une ou deux phases hypomaniacs, alors même que c'est facile de le dire, et que malheureusement on sait que ce qui arrive après, inévitablement, au moins d'intensité modérée et assez longue, c'est une dépression, et qu'en l'occurrence, j'en ai tellement souffert que non. Non, non, non et non. Mais évidemment que ce serait ultra facile de dire si je peux revivre juste une phase hypomaniaque, là de ne serait-ce que trois semaines, un mois. surtout vu mon métier, d'avoir les idées créatives et artistiques qui fusent, pouvoir écrire, j'en sais rien, un nouveau spectacle en un mois, avoir des idées brillantes, moins dormir, aller faire la fête, t'as envie de dire, bah évidemment que ça fait envie. Juste la phase hypomaniaque. Exactement, exactement. Et j'accepte de plus en plus de me dire, enfin ça fait très développement personnel, mais que j'ai le droit de m'autoriser à dire, ouais ok, ça pourrait être chouette. de retrouver la sensation de ce qu'est une phase hypomaniaque sans me sentir coupable et de me dire « Ah oui, d'accord, donc en fait, t'en as chié pendant plusieurs années, t'étais hyper content d'avoir un diagnostic et d'être stabilisé, et maintenant, tu veux de nouveau sauter la barrière. » C'est deux choses différentes pour moi.

  • Speaker #0

    Ah oui, tout à fait. D'ailleurs, on a une mode facile à l'autodiagnostic en ce moment. Et ouais,

  • Speaker #1

    tu as utilisé les mots.

  • Speaker #0

    Mais quand il est question d'y aller réellement... finalement, il y a toujours une excuse. Soit oui, j'ai pas le temps, soit oui, c'est trop cher. Enfin, il y a toujours une excuse. Est-ce que c'est important d'aller se faire diagnostiquer quand on pense qu'on a peut-être un trouble bipolaire ?

  • Speaker #1

    Oui. Oui. Oui, et d'autant plus que, et moi le premier, quand je dis oui, c'est-à-dire que je trouve que ce qui est difficile là-dedans, enfin moi en tout cas, si je parle de mon parcours personnel, c'est parce que quand même, au bout de ces cinq grosses dépressions qu'ont duré plusieurs mois, ma maman qui était mon aidante en fait la personne en première ligne pendant toutes ces années pour m'aider m'a dit après ma phase hypomaniaque et à ce moment là on savait pas que j'avais fait une phase hypomaniaque mais on avait pu finir par observer qu'effectivement ça faisait plusieurs mois que j'étais dans une énergie très haute les cours, une tournée de spectacle de Noël, de patinage en même temps des soirées, plein de choses. En tout cas, ça a commencé à être visible et que je retombe en quelques jours vraiment dans une dépression profonde. Là, ma maman me dit, encore une fois, je ne suis pas médecin. Et puis, il y a sept ans, on en parlait encore moins qu'aujourd'hui. Et de santé mentale et de dépression, il y a encore plus de bipolarité. Elle me dit, je ne sais pas, ça me fait penser en tout cas à des up and down maintenant que j'arrive à voir. Peut-être que c'est de la bipolarité, on n'en sait rien, puisque tu es à Paris, est-ce que tu n'irais pas ? demander des rendez-vous ou te faire hospitaliser au centre expert Fernand Vidal dans le 10e, qui est un des centres experts bipolaires. Donc à la fois, l'autodiagnostic est hyper dangereux et je trouve que ça ne fonctionne pas et que ce n'est vraiment pas à conseiller. Et en même temps, des fois, ce qui nous pousse à aller prendre rendez-vous, à nous faire diagnostiquer, c'est quand même une intuition. Mais je pense qu'il faut différencier intuition et autodiagnostic. Parce que l'autodiagnostic, c'est globalement, tu t'auto-persuades, tu vas chercher des choses sur Internet et des fois, il y a des choses qui décrivent très bien. n'importe quel site je veux dire mais ça reste factuel et en fait ce que tu trouves sur internet c'est pas du tout adapté à ton environnement et on sait que dans les troubles de l'humeur on va te poser beaucoup de questions sur comment t'as grandi sur comment était ton entourage familial notamment stable ou pas stable qu'il y a tout un aspect aussi chimique où il faut faire des tests à te suivre et c'est pas juste en lisant bon oui vous êtes bipolaire si vous pleurez le matin et que vous êtes joyeux le soir c'est pas du tout ça Comme tu le dis, on a le mot facile en plus. Et donc oui, non, l'autodiagnostic n'a jamais fonctionné. Et en même temps, je pense qu'il ne faut pas se culpabiliser. Enfin, je veux dire, moi, en parallèle du diagnostic qui a été posé, combien de fois je suis retourné voir un peu les définitions, mais sans les demander aux médecins et en allant m'informer sur Internet, combien de fois je suis allé voir, un peu en complément, quand bien même j'avais été diagnostiqué. Mais oui. De toute façon, et puis en plus, la relation thérapeutique, les médecins n'ont pas la science infuse, même les médecins qui sont spécialistes. Donc globalement, il faut leur faire confiance, mais des fois, il y a un premier avis qui n'est pas le bon. Déjà, le diagnostic, quand on s'en remet à la médecine généraliste traditionnelle occidentale, c'est déjà quelque chose qui peut être soumis à interprétation sans prendre le risque de se dire « Ok, je vais faire mon autodiagnostic. »

  • Speaker #0

    Tu as demandé plusieurs avis toi, Médico ?

  • Speaker #1

    Eh bien alors... Oui et non. Pas vraiment. Quand je me suis fait hospitaliser à Paris, au centre expert Fernand Vidal, qui est dans le 10e, j'ai été en observation pendant plusieurs semaines. On ne peut pas poser un diagnostic comme ça. J'étais en dépression profonde. C'était criant, tout le monde était d'accord. Mais on a revisité, j'ai dû parler de mon parcours, des dernières années, les moments où j'avais eu l'impression d'être up ou pas, les moments en dépression ou pas. Ils ont interrogé avec plusieurs entretiens téléphoniques quelques amis proches, ma maman du côté de ma famille. Et au bout d'un mois, et encore une fois, on sait qu'un diagnostic c'est valable à un instant T, même si aujourd'hui je suis persuadé que le diagnostic est le bon et qu'on le sait dans le cadre de la bipolarité, en général c'est un diagnostic à vie et que le traitement est recommandé à vie aussi, mais il y a certainement des gens qui s'en sortent sans. Mais voilà, ça prend déjà un mois et je me souviens que quand on vient m'annoncer le diagnostic, on me dit, on se base sur ce que vous nous avez raconté et sur ce qu'on observe depuis un mois. Ils ne l'ont pas dit comme ça, mais en gros, ça veut dire qu'on n'a pas la science infuse. Quelqu'un aurait peut-être un autre avis. Et en tout cas, à ce moment-là, ce qui était marqué comme avis, c'est que c'était de la cyclotimie, c'est-à-dire, pour parler vulgairement, on va dire une forme atténuée de bipolarité. qui à la fois, je trouve, me correspond bien. Et aujourd'hui, quand je dis que je suis bipolaire de type 2, c'est parce que c'est le diagnostic qui a été posé quand j'ai continué mon parcours en clinique privée. Aussi bien parce que mon nouveau psychiatre était d'accord, mais aussi, je me le souviens, parce que moi, j'avais un peu insisté en disant la cyclotimie, ça me semble un peu faible par rapport à ce que j'ai eu. Moi, je suis sûr que je suis bipolaire de type 2. J'aimerais bien que vous abondiez un peu dans ce sens-là. et il n'a pas abondé dans ce sens-là pour me faire plaisir. C'est que pour lui, effectivement, il considérait que ça allait un peu plus loin que la cyclotimie. Et au final, aujourd'hui, je ne me pose pas la question au quotidien. Peut-être que c'est entre les deux. Dans tous les cas, c'est un trouble du spectre, ce qu'on appelle du spectre bipolaire. Et au final, j'ai envie de dire, c'est un peu dit grossièrement, mais on s'en fiche. Moi, je considère que je m'en fiche que je sois cyclotimique ou même bipolaire de type 1 si demain… Alors que ce n'est pas censé arriver, vraiment, je ne me le souhaite pas, mais je fais une phase réellement maniaque. Voilà, la vie est longue, on ne sait pas ce qui peut se passer.

  • Speaker #0

    Comment tu te stabilises aujourd'hui ? Est-ce qu'il y a des choses qui t'aident à te stabiliser ?

  • Speaker #1

    Oui, plusieurs. Je pense que c'est une combinaison, une chouette combinaison de plein de choses. Il y a la thérapie, que je continue avec la thérapeute, que je vois depuis ma sortie de clinique en 2017. Voilà, tu vois, là, je suis à Paris. Elle, elle est... Excuse-moi. Elle est en région lyonnaise. Et je continue à, maintenant que je suis stabilisé et que je n'ai pas forcément besoin de la voir toutes les semaines, on se voit en général une fois par mois. Et je descends en région lyonnaise, des fois pour voir de la famille, des amis, et j'en profite pour aller la voir. Donc ça, cette relation marche toujours bien, parce qu'on se connaît bien et qu'on se dit tout. Le traitement qui a été instauré à l'hôpital, qui est intimo-régulateur et qui fonctionne bien. quand quand Je vais vraiment bien, ou en tout cas ça fait un certain nombre d'années que je suis stabilisé, donc j'ai envie de dire de temps en temps, on n'hésite pas à revoir le traitement un peu à la baisse parce qu'on voit qu'il me soutient bien et que naturellement j'ai repris du poil de la bête et que du coup ça ne sert à rien d'être en surdosage. Et puis le fait d'avoir trouvé, alors à la fois ça peut être dangereux parce que le milieu artistique par essence fait que tu alternes des périodes où tu travailles beaucoup et d'autres moins. des périodes où il faut aller voir beaucoup de spectacles et rencontrer beaucoup de monde et d'autres moins. Et en même temps, c'est là-dedans que je trouve, je pense que c'est mon troisième axe d'équilibre, que je trouve mon équilibre parce que, et on le sait qu'il y a aussi un vrai lien, ce n'est pas de non-sens là, mais on le sait en tout cas que la cyclotimie, la bipolarité à la fois est un ennemi de la créativité et en même temps... temps son meilleur ami. Voilà, avec cette faillure-là, et qu'aujourd'hui, étant stabilisé, je pense que je fais en plus le bon métier pour me permettre de me réaliser. Et que c'est tout ça qui fait que je vais bien.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que tu conseillerais aux personnes qui ont peur d'aller au diagnostic, peur de pousser les recherches pour celles qui ont un doute ?

  • Speaker #1

    J'ai envie de dire qu'on se sent tellement, enfin, ça fait un peu fleur bleue dit comme ça, mais qu'on se sent tellement mieux après. Encore une fois, un diagnostic ne vient pas changer, enfin, ne vient pas changer, enfin, si et non. Moi, vraiment, je pense que ça a changé ma vie, que c'était un vrai soulagement. Mais il ne suffit pas de poser un diagnostic. Il faut après que concrètement, dans la vie, il y ait des choses qui se passent. Mais on le sait globalement, dans les cas des troubles de l'humeur, dont la bipolarité fait partie, je ne vois pas comment... Sans être pro-médecin à 1000%, je ne vois pas comment on peut être stabilisé et qu'on peut vivre bien avec s'il n'y a pas de diagnostic ou s'il n'y a pas d'accompagnement. Mettre des mots dessus et une réalité médicale dessus.

  • Speaker #0

    Ça me semble hyper important, on va le dire grossièrement, à part quelques personnes qui s'en sortent avec des décoctions de millepertuis parce qu'on s'est rendu compte que le millepertuis avait des effets régulateurs pour l'humeur. En fait, globalement, en général, la bipolarité se stabilise avec un traitement médicamenteux, pas forcément avec des doses de cheval et de poney. Et que du coup, je trouve ça un peu illusoire de ne s'en remettre qu'à soi. c'est déjà... hyper compliqué et hyper courageux de vivre avec un trouble de l'humeur pour ne pas en plus se dire ouais ok en fait j'ai ça, c'est irrémédiable je serai sans arrêt soumis à des up and down, je dois vivre avec et advienne que pourra. Moi je trouve ça dommage.

  • Speaker #1

    On doit accepter qu'on n'est pas tout seul sur ce chemin. Ouais !

  • Speaker #0

    Oui, par contre, l'acceptation de la maladie est un vrai sujet. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, si je me pose la question « est-ce que j'ai complètement accepté que j'étais bipolaire ? » , je ne suis pas sûr que je puisse répondre « oui » à 100%. Mais ça, c'est différent. C'est une question différente pour moi de « j'accepte, par contre, que j'ai besoin d'un accompagnement et d'être aidé » . Par exemple, peut-être que si j'avais complètement accepté, on peut se poser la question que c'est une pathologie et que je souffre d'un handicap invisible. peut-être que j'aurais demandé la RQTH, la reconnaissance de qualité de travailleurs handicapés. Et je ne l'ai pas fait. Donc, ça veut bien dire que peut-être qu'il y a une partie de moi qui me considère malade, mais pas trop ou malade, mais moins qu'un tel ou une telle. Mais par contre, j'ai complètement accepté que… Un peu, j'ai envie de dire comme dans le milieu artistique où tu te construis ta team, avec un metteur en scène, un chorégraphe, une production qui t'accompagne. J'ai complètement accepté que j'avais un peu une team… team psychique médical autour de moi et que c'est pas des gens qui prennent le pouvoir sur moi et qui décident pour moi, c'est juste des gens qui sont là pour m'aider à vivre au maximum de mon potentiel.

  • Speaker #1

    Tu dis, si tu me demandais si j'accepte aujourd'hui la maladie, je sais pas ce que je dirais, et pourtant le fait d'avoir écrit ce livre, d'avoir monté ce spectacle, c'est quand même exposé. ta vulnérabilité, puisque tu viens, tu dis moi, François, coucou. Coucou. Je suis Bipo.

  • Speaker #0

    Et tout va bien.

  • Speaker #1

    Je suis Bipo, tout va bien. Je vous en prie, prenez une chaise, installez-vous, ça va bien se passer.

  • Speaker #0

    Exactement. Oui, oui, si. Si, si, non, c'est très vrai, bien sûr. En tout cas, il y a forcément une énorme acceptation. J'en ai conscience doublée de... comme tu le dis, de ne pas avoir peur de montrer ses failles et sa vulnérabilité, et donc d'une prise de recul. Je vois bien que si ce deuxième spectacle est aussi la version 1000.0 du premier que je jouais, et on va dire qu'il parlait de sensibilité, mais où je ne venais pas au cœur de mon diagnostic, de ma bipolarité, des thématiques de santé mentale, c'est parce que même si j'avais déjà beaucoup d'humour à l'époque où j'allais mal, où j'étais en clinique, en hôpital psy, sur ce qui m'arrivait, j'avais pas encore le recul nécessaire pour en parler peut-être de manière... safe et humoristique sans que ça soit cringe et que maintenant c'est le cas donc c'est forcément une preuve d'acceptation et de recul mais je pense que c'est toujours difficile de se dire et puis je ne sais pas trop ce que ça veut dire ce mot en tout cas je préfère pathologie que maladie alors que c'est juste un terme différent médical pour dire la même chose mais ouais je... Je ne sais pas trop ce que ça veut dire au quotidien de se sentir malade, alors que je le suis.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui t'a permis de te sentir en sécurité pour monter ce spectacle ?

  • Speaker #0

    Juste de sentir. En fait, je pense que ce spectacle est arrivé parce que je me sentais en sécurité avec moi-même et le rétablissement. Parce que je me souviens que je me suis dit « waouh, quand même petit challenge d'aller dans le fond de ces sujets. Est-ce qu'il va y avoir un public pour ça ? » Le public n'est pas forcément roi. on ne... Je considère que la création artistique doit exister indépendamment des attentes d'un futur public. Et en même temps, après notre boulot, qu'est-ce qui te fait vivre ? Qu'est-ce qui fait que tu peux continuer à jouer ? C'est parce que ta salle se remplit progressivement. Donc, la question est un peu épineuse. Mais je me souviens m'être dit, pour moi, je sens que c'est le bon moment de parler de ces sujets-là. Let's go ! Et je me sens suffisamment capé pour jouer une consultation avec mon psychiatre, jouer la bipolarité. Et encore une fois, c'est venu petit à petit. je suis pas arrivé tout de suite avec la version actuelle du spectacle je pense que je me serais pas senti dès le départ d'exposer vraiment sur scène ce que c'est un up un down, de pas avoir peur de plonger les gens dans un mal-être puis après de les rattraper, de les rechoper avec une blague et que ça c'est un processus et que plus on avance plus je suis au clair avec moi sur le fait voilà on en discutait tout à l'heure de il faut aussi montrer aux gens ce que c'est pour que on peut... puisse démystifier ces sujets-là. Et que si c'est fait avec cœur et avec sincérité, il n'y a pas de raison que ça soit mal pris et que ça soit mal interprété et que ça soit violent pour les gens, quand bien même on parle de maladies qui sont très difficiles et très violentes.

  • Speaker #1

    Oui, je trouve que ça demande beaucoup de stabilité intérieure que d'être capable de faire vivre ce processus-là. aux personnes pour leur montrer une réalité sans avoir forcément la volonté de les choquer. Est-ce que tu estimes que ton entourage, que ce soit privé et ou professionnel, t'a permis, t'a aidé à te sentir en sécurité pour dire « Ok, là, j'ai la bonne équipe, on y va parce que je sais qu'on peut le faire » .

  • Speaker #0

    Oui. Alors, pour ce qui est de l'entourage vraiment… Enfin, on va dire, dans l'entourage privé, qu'il y ait de la famille hum hum J'allais dire, ce n'était pas spécialement une question, c'est-à-dire que je ne me suis pas posé la question de comment ils vont le prendre, est-ce qu'ils vont trouver que c'est impudique. Je me suis vraiment lancé moi tout seul. Professionnellement, j'ai toujours eu des gens qui m'ont soutenu et qui sont là pour faire en sorte qu'on construise un spectacle complet, à dominant humoristique, mais pas que. Et oui, je me suis... Toujours senti soutenu. Et quand ces personnes-là avaient des interrogations parce que pas forcément concernées par ce qu'est le trouble bipolaire, donc du coup un peu interrogatif de « Ok, mais quand tu veux insister sur ce point-là, moi j'ai besoin de comprendre ça correspond à quoi ? » Parce que du coup ça va influer sur comment on peut mettre en scène ça, comment est-ce qu'on peut écrire ça. Mais oui, tout de suite soutenu. À partir du moment où moi je me suis senti prêt, les gens ont suivi.

  • Speaker #1

    C'est ta posture intérieure, c'est partie de ta posture intérieure, du fait que tu sois prêt intérieurement pour que l'équipe autour de toi, du moins professionnellement, puisque c'est vers des personnes sensibles à ton sujet et avec qui tu as des affinités forcément, que le reste a suivi.

  • Speaker #2

    Oui,

  • Speaker #1

    oui,

  • Speaker #2

    oui, oui, voilà, que du oui.

  • Speaker #1

    Est-ce que quelque part... Est-ce que, quelque part, c'est ce genre de relation-là qu'on construit à côté, avec des personnes qui vont être sur la même longueur d'onde que nous, qui permettent parfois d'absorber le fait que ce soit compliqué du côté famille, où on n'accepte pas nécessairement de la même façon, où on peut se retrouver parfois dans des cellules familiales qui ne vont pas être forcément soutenantes ?

  • Speaker #0

    Oui, oui. moi euh je pense En fait, c'est comme, c'est complètement ça, je suis complètement d'accord, c'est-à-dire que si ça, on va résumer avec des gros mots, si ça se passait mal avec ma famille à ce niveau-là, c'est-à-dire qu'il n'y avait pas un niveau de compréhension satisfaisant, que je ne me sentais pas soutenu, je pense que l'entourage professionnel serait d'autant plus important et que c'est ce qui me permettrait de me sentir quand même validé au quotidien et que je suis légitime et que j'ai le droit de parler de ça et que c'est bien et qu'en plus… potentiellement on est plein à avoir des troubles de psy et qu'en plus, je fais du bien à une certaine partie de la population en exposant ça et en montrant qu'on peut en rire et qu'il y a de l'espoir. Et en même temps, moi en ce qui me concerne, même si on ne passe pas notre temps à en parler, je n'ai pas l'impression au quotidien qu'il y a un tabou à ce sujet-là, mais si c'était le cas… Si c'était le cas, évidemment que je m'en remettrais encore plus à mon entourage professionnel et aux personnes qui me soutiennent dans cette démarche.

  • Speaker #1

    Ok. Il y a un très beau passage dans ton livre, moi, qui m'a marqué beaucoup.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Page 58.

  • Speaker #0

    Ah, de mémoire, attends, page 58. Je ne sais pas si on se joue à ce jeu-là.

  • Speaker #1

    Vas-y.

  • Speaker #0

    Vas-y,

  • Speaker #1

    lequel c'est à ton avis ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas pourquoi, le jeu est très très naze. Page 58, j'imagine qu'on doit en être en termes d'âge. Attends, il fait 224 pages. Le psychopathe, quoi. J'imagine qu'on en est peut-être dans le cœur de l'adolescence, là.

  • Speaker #1

    Moi, je trouve que c'est un très beau monologue qui... C'est un monologue que je vois super bien présenté sur les cours de diction au conservatoire. Est-ce que tu me permets de le lire ? Bien sûr,

  • Speaker #0

    mais je pense que du coup, c'est peut-être après.

  • Speaker #1

    Il fait une page.

  • Speaker #0

    Ok, vas-y.

  • Speaker #1

    Un dernier mot sur l'endroit que tu penses que c'est ou pas ?

  • Speaker #0

    Quand je dis, putain, j'ai envie d'aller prendre le livre et de regarder. Non ! Un monologue disait que c'est l'adolescence. J'imagine que je pense qu'on est encore dans les années... patins et avant la terminale, je sais même pas si on est au lycée, je pense que c'est dans l'adolescence.

  • Speaker #1

    À la réplique, François on se réveille, tu réponds, évidemment je suis réveillé, figure-toi que je peux penser à la condition misérable de l'être humain et faire une pirouette en même temps, contrairement à toi qui est bien passé à côté de ta carrière, caché dans ta doudoune coach et retranché derrière la balustrade. C'est tellement plus simple de donner des ordres aux autres. alors qu'on n'a même pas été fichu de se les appliquer à soi-même. Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? Tu vas me sortir de la glace ? Regarde-moi quand je te parle. Tu vas me sortir de la glace ? Je paie 200 euros par mois. Une fois sur deux, un partenaire n'est pas là et tout le monde s'en fout. Je garde le sourire et tu veux me sortir de la glace ? Mais viens Cyril, il n'y a pas de problème. On va discuter dans ton bureau. Laisse les autres. Il n'y en a pas un qui tient la route de toute façon. Viens, on va discuter. Mais viens ! T'as peur de quoi ? Que je fasse une scène ? Là, je fais une scène. Là, je fais une scène. Mais t'as rien vu, mon pauvre ? Moi, j'ai grandi dans un monde où les gens se balancent des meubles à la gueule. Quand est-ce que quelqu'un va me prendre au sérieux ? Putain ! Hein ? Regarde-moi quand je te parle, Cyril. Vous en faites quoi de votre petit champion adoré ? Vous en faites quoi ? Mais réponds ! Vous en faites quoi ?

  • Speaker #0

    C'est un peu facile maintenant à dire, mais vraiment, je n'ai pas osé le dire tout à l'heure. Quand tu as dit monologue, je me suis dit, est-ce que ça serait cet endroit-là ?

  • Speaker #1

    C'est cet endroit-là qui, moi, m'a profondément touchée. Parce que comme ça, c'est juste un mec qui pète une coche. C'est juste un ado qui pète une coche. Et en même temps, ça m'a touchée à la fois parce que toutes les personnes avec un trouble de l'humeur, Peuvent expérimenter ça vraiment super souvent et c'est super difficile de se rattraper, de se ravoir après être monté comme ça dans les tours.

  • Speaker #0

    Évidemment, ça te dépasse.

  • Speaker #1

    Ah oui !

  • Speaker #0

    Après, je pense qu'il n'y a pas que les personnes qui ont des troubles de l'humeur. Tu as des personnes qui sont profondément caractérielles et colériques et ça peut tous nous arriver de dépasser les bornes. Mais en l'occurrence, là, même si à ce moment-là, je ne sais pas encore que potentiellement j'ai un trouble de l'humeur, on peut se poser en tout cas la question de est-ce que ça n'est pas une caractéristique.

  • Speaker #1

    Et en même temps... Oui. Et en même temps, en lisant ce passage-là, ça m'a... Alors, me demande pas pourquoi, parce que sur les mots, forcément, je lis ça. Moi, je vois un mec sur la glace. Et en même temps, à ce moment-là, je vois l'image du regard qui tourne soit de mon ami qui est atteint du trouble bipolaire ou de ma sœur dans mon enfance, puisqu'une de mes frangines est atteinte du trouble également, de voir ces moments-là où tu sens... qu'il y a un switch où tu vois qu'il y a un truc qui change. C'est eux, mais c'est pas eux. À ce moment-là, il y a un truc dans le regard qui change. Et en lisant ça, je me dis, waouh, ça aurait pu être pareil. Ça aurait pu être le même genre de scène. Alors que c'est pas spécialement ce type de caractère-là qui les caractérise d'ordinaire. Et ce moment-là du livre m'a beaucoup touchée. Si tu vis de l'anxiété, tu as sûrement tout essayé. Des psys, du coaching, des applis, des rituels anti-stress. Et la vérité, c'est que ça n'a jamais vraiment marché. Tu veux savoir pourquoi ? Parce que la plupart de ces approches ne font que mettre un pansement sur la plaie sans aller voir ce qui se joue en profondeur. J'ai été, cette personne, anxieuse, épuisée, à bout. J'ai testé mille choses sans jamais trouver une solution qui tienne. Jusqu'au jour où j'ai compris que je n'étais pas... cassé et que je n'avais pas besoin d'entrer dans un moule trop petit pour moi. Depuis, je suis devenue thérapeute et après des années de pratiques et d'expériences personnelles, j'ai créé l'Antidote. Une approche concrète, inclusive, éthique, sans jugement ni case à cocher, pensée pour t'aider à explorer les racines de ton anxiété, mieux la comprendre et avoir les bons outils pour qu'elle n'ait plus d'emprise sur ta vie. T'en as pas marre d'investir dans des thérapies qui traînent en longueur et qui ne donnent pas de résultats ? Mais attention, je ne suis pas en train de te promettre une baguette magique. Mais ce que je peux te garantir, c'est qu'en 4 mois, tu vas enfin transformer ta relation à ton stress et te reconnecter à qui tu es vraiment. Il ne te reste qu'à cliquer sur le lien dans la description de l'épisode pour prendre ton appel avec moi et faire ton premier pas maintenant. Toutes les personnes concernées par un trouble de l'humeur vont juste... ça va forcément parler à toutes ces personnes-là. En même temps, je me dis, est-ce qu'il n'y a pas, derrière les troubles de l'humeur, est-ce qu'il n'y a pas une vérité qui explose dans ces moments-là ? À garder trop pour soi les choses qui ne vont pas, à garder trop pour soi les choses qui nous agacent. Et que plutôt que de les sortir de façon spontanée pour réguler les émotions, on va juste laisser un truc exploser à un moment donné.

  • Speaker #0

    Bien sûr, et ça je l'expérimente encore, enfin tu vois, c'est trop chouette comme question parce qu'actuellement, sans entrer dans les détails, enfin voilà, on s'en fiche de ma vie, mais notamment professionnelle. Il y a plein de moments où je me dis, est-ce qu'en termes de thérapie, j'ai suffisamment travaillé là-dessus ? Parce qu'il y a plein de choses sur lesquelles j'ai beaucoup travaillé et je vois que ça paye ses fruits, je vois les résultats. Et que sur cet aspect-là, à la fois je considère que je suis quelqu'un qui n'a pas de difficultés à communiquer et qui arrive, alors tu vois, encore une fois, tu t'es relative, mais j'ai tendance à me définir comme quelqu'un qui arrive assez bien à dire les choses. et à les dire rapidement, notamment, ça, ça me convient, ça, ça ne me convient pas. Et en même temps, je vois bien et je sais qu'on est tous sujet, mais c'est difficile de faire la part des choses parce qu'en même temps, personne n'a envie de se friter avec quelqu'un et de mettre les pendules à l'heure au début, au bout du deuxième rendez-vous, au bout de la deuxième entrevue, au bout du deuxième café ou du deuxième thé. Et en même temps, des fois, force est de constater que je me dis, waouh, j'ai 30 ans et j'ai l'impression que ça fait quand même globalement 30 ans. que sur certaines situations, je laisse le bénéfice du doute, des fois, à certaines situations ou certaines personnes, où je me dis, OK, ça va aller, ça va aller. Et en fait, tu accumules, tu accumules, tu accumules. Et que pour le coup, ça m'arrive encore. Alors, des fois, et c'est le sketch, et je crois qu'on est nombreux et nombreux à faire ça, c'est sous ma douche ou quand je suis en train de faire le ménage ou de cuisiner, où tu te fais, tu sais, toi-même l'engueulade avec l'autre personne et où tu fais les questions et les réponses et les répliques. Mais je vois bien que ça m'arrive encore, soit tout seul de mon côté, soit directement avec la personne. d'exploser comme ça peut être le cas là dans ce monologue et que pour le coup t'as envie de dire malheureusement c'est horrible parce que rien de constructif ne va en ressortir alors que je considère que la violence ou la mise au point de la violence ou il y a une vraie légitimité à faire cette mise au point là mais qui dans tous les cas ne peut pas être entendue parce que comme tu le dis tu switches et en fait en face de toi t'as juste quelqu'un qui est survolté et qui balance des punchlines et de Et ça m'interroge sur le fait que, en même temps, on est nombreux et nombreuses. Et est-ce que ce n'est pas le propre de l'humain d'être aussi dans les relations humaines ? Ok, je vais m'adapter, je vais tâter le terrain. Et du coup, tu prends sur toi et que, naturellement, le craquage est profondément humain. Mais est-ce qu'il y a des moments… Et ça, tu vois, je n'ai pas l'impression que ça fasse partie de mon trouble de l'humeur. Mais peut-être, peut-être que le fait d'avoir un trouble de l'humeur, ça renforce ça. parce que j'ai grandi aussi dans un milieu où ça pouvait gueuler comme ça et exploser, où je pouvais voir mes parents vraiment se transformer en aliens. Je ne sais pas. Mais en tout cas, c'est vraiment quelque chose sur lequel j'essaye de continuer de travailler, mais où assez fréquemment, je peux me mettre dans les situations du type du monologue que tu viens de dire.

  • Speaker #1

    c'est une réflexion intéressante parce que c'est vrai que quand on est concerné par un trouble de l'humeur, quel qu'il soit j'observe en tout cas dans mon cas de me dire, mais ok, bon, là, si je m'emporte, qu'est-ce que je fais ? Tout en sachant que, est-ce que ça va être fini après et que je vais passer à autre chose ou est-ce que je vais ruminer ce machin-là ? Et si je le dis maintenant...

  • Speaker #3

    Moi, je continue à ruminer pendant... Je me dis, waouh, mais en fait, j'ai oublié des trucs en plus.

  • Speaker #1

    Mais c'est ça ! Et dans la gestion émotionnelle, tu dis, bon, si je lui dis maintenant, ça ne va pas le faire parce que je vais le couper en cubes, comment ? Et de dire, ok, bon... de poser la limite quand même, mais de trouver le bon moment pour pouvoir la poser de la bonne façon. Puisque le but, ce n'est pas forcément d'abîmer la relation, mais c'est vrai que j'ai l'impression que quand on sait qu'on est atteint d'un trouble de l'humeur, on va plus facilement dire, laisser le truc dire, bon, attends, le bon moment, le bon moment, le bon moment. Sauf que le bon moment, des fois, c'est important aussi de se mettre en colère un peu pour éviter de péter une coche plus tard.

  • Speaker #0

    Plus tard, oui.

  • Speaker #1

    Ouais. Comment est-ce que tu penses, toi, que ton trouble influence ton processus créatif ?

  • Speaker #0

    Alors déjà, premièrement, en tout cas, une observation, voilà, une observation, et ce n'est pas immuable, peut-être que ça changera plus tard. J'observe que globalement, même si je suis globalement stabilisé, je suis toujours soumis, et encore une fois, comme tout le monde, c'est-à-dire que je pense que ça m'arrive encore d'avoir des déprimes saisonnières, notamment en automne et en hiver, et qu'en général, je dis bien en général, je suis quand même quelqu'un de... plus créatif quand l'humeur est haute que quand l'humeur est basse. Et quand je dis plus créatif, c'est que ça m'arrive d'être créatif, évidemment, l'automne et l'hiver, parce que sinon, globalement, ça va dire que la moitié du temps, je les arde. Mais c'est moins percutant. Il me semble, ça c'est mon auto-analyse, peut-être que les gens avec qui je travaille diraient la même chose, mais en tout cas, je parle pour le spectacle, c'est-à-dire à dominante humoristique. C'est un peu binaire ou plutôt simpliste. La blagounette va venir plus facilement au printemps et à l'été qu'en automne et en hiver. Et le livre a été beaucoup écrit à l'automne et à l'hiver, et peut-être que quelque part, moi qui me connais, le François qui se connaît bien le ressent aussi. Je pense fondamentalement, attention, que le fait de l'écrire juste, par exemple en un été, n'aurait pas changé fondamentalement ni le propos, ni la manière dont c'est raconté, mais en tout cas, tout ça pour dire, pour résumer, je fais un peu une digression, les moments où je suis triste, où je suis en souffrance, parce que ça m'arrive, Évidemment, encore beaucoup. Ce ne sont pas des moments où je suis dans la capacité de créer, ou en tout cas, pas dans la capacité de créer quelque chose qui va pouvoir être entendable. Entendable, ça ne veut pas forcément dire drôle ou pas drôle, c'est juste que je ne vais pas avoir du recul et que si je crée, je ne crois pas du tout, par exemple, à l'artiste torturé. L'artiste aux fêlures, oui, mais on est plein à avoir des fêlures, y compris des gens qui ne se définissent pas comme artistes. Et si je crée... Dans des moments où je suis en proie à des angoisses, à des insomnies, à des rapports conflictuels, que ce soit avec la famille, avec les amis, avec qui on veut, ce n'est pas une création où j'ai suffisamment de recul pour qu'elle puisse être exposée correctement. Donc c'est globalement ça, c'est-à-dire mon trouble de l'humeur. Après, je suis stabilisé, donc on me pose des fois la question. Il n'y a plus de moments, et j'en suis ultra ravi, où je suis dans un... telle dinde, une telle dépression que je ne suis plus en mesure de jouer mon spectacle. Ça ne m'est pas arrivé et ça c'est génial et j'espère que ça continuera. Mais je sais que si ça devait arriver, en profonde dépression, je pense que je ne serais pas capable de jouer mon spectacle, par exemple.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui te sécurise dans ton processus créatif ? Parce que j'imagine que tout ça aussi, c'est parce que tu as mis en place toutes les choses dont tu as besoin pour que ça se passe bien. Comment tu fais pour sécuriser ton... Oui, vraiment ton processus créatif. Donc, tu nous expliquais déjà que tu ne crées pas les mêmes choses au même moment de l'année.

  • Speaker #0

    Eh bien, alors je dirais, oui, il n'y a pas de miracle, une certaine régularité. J'ai toujours été quelqu'un qui aimait bien planifier, on va dire s'y prendre à l'avance. Et en même temps, il y a la dualité, c'est-à-dire je continue à être quelqu'un qui fait beaucoup de rétro-planning, de m'y prendre à l'avance pour ne pas être dans le… Je suis quelqu'un qui a beaucoup besoin de répéter pour être en confiance. et des fois du coup le pendant c'est que je pense que globalement le talent, enfin moi c'est ma conviction, le talent c'est le travail et que du coup je serais pas capable d'aller sur scène au talent comme on dit parce que je pense que tu finis vite par te planter si tu ne travailles pas assez mais que du coup des fois je fais peut-être pas suffisamment confiance à mon intuition ou à ma personnalité qui pourrait permettre un petit twist intéressant qui ramènerait du naturel ou de l'originalité tu vois sur scène c'est pas un spectacle où il y a de l'interaction mais Merci. c'était quand même en lien avec les gens. Mais globalement, ce qui me sécurise, c'est de savoir que je me fais des sessions d'écriture régulières, de savoir que j'ai le temps de répéter et que je ne sais pas créer dans le rush. Globalement, le fait de créer des fois dans le rush peut être intéressant pour des parties un peu discours que j'ai pu faire, rien à voir pour des cérémonies de mariage, d'amis. et où du coup tu es obligé de créer mais ça va parce que c'est sur des formes courtes je pense que si j'avais la chance de faire des chroniques radio c'est aussi intéressant des fois d'avoir un temps limité et ça te muscle différemment c'est à dire quand tu as un temps limité et que les phrases doivent être courtes ça te muscle différemment mais le spectacle je ne peux pas me dire ouais vas-y je ne fais rien et en fait je joue le samedi le vendredi soir je me mets à écrire un nouveau sketch que je teste demain moi ce n'est pas du tout quelque chose qui me sécurise je vais arriver en stress oui je comprends

  • Speaker #1

    Donc, la... En fait, c'est une forme de discipline.

  • Speaker #0

    Oui, la discipline. Et que je tiens, globalement, j'étais déjà quelqu'un comme ça à l'école et ça a été accentué par le sport de haut niveau. La discipline, elle me vient et elle me reste de là.

  • Speaker #1

    Comment tu rends la discipline agréable ? Donc ça, je précise la question. C'est pour les personnes qui vont voir la discipline comme quelque chose qui fait mal, comme une souffrance. Est-ce que tu as des trucs pour nous aider à rendre ça agréable, en fait ?

  • Speaker #0

    disons que moi en tout cas j'ai senti qu'elle devenait qu'à la fin elle était vraiment plus du tout agréable les dernières années dont je parle beaucoup d'ailleurs je pense que plus que dans le spectacle, dans le livre j'ai vraiment beaucoup parlé de ces périodes de patinage à haut niveau où en fait la passion devient vraiment quelque chose de destructeur parce que une discipline à toute épreuve qui fait que il n'y a plus beaucoup de place pour l'humain et pour le ressenti et pour le cœur Et aujourd'hui, ce qui fait que la discipline, elle est agréable, c'est que j'ai trouvé, enfin, ouais, oui, et ça, ce n'est pas du tout de moi, je l'ai entendu dans plusieurs interviews, je vois que je trouve ma liberté, encore une fois, pour revenir sur ce que je disais avant, dans le travail. C'est-à-dire, c'est le fait d'avoir la discipline et que les choses soient carrées. qui, dans ce cadre-là, m'autorise à dépasser. Et comme je me sens en confiance, je me dis, la discipline fait que je sais que j'ai mon rétro-planning, que dans une semaine, j'ai des répètes, et que du coup, la semaine suivante, je joue, et que du coup, je suis sécure. Et à l'intérieur de ça, du coup, je m'autorise des folies parce que je sais que c'est de ces folies-là, de ces impros-là, de trucs que je vais voir et que je vais dire, attends, mais ça serait complètement dingue peut-être de partir dans telle ou telle direction, que ça va fonctionner parce que j'ai quand même la discipline. Voilà. Donc, le fait que le cadre soit là, je ne le vois plus comme quelque chose de limitant, en fait.

  • Speaker #1

    C'est le cadre, en fait, qui te libère.

  • Speaker #0

    Exactement. Le cadre, peut-être de manière assez paradoxale, me libère.

  • Speaker #1

    OK. Question de TDAH à Bipo. Comment tu maintiens ta capacité ? de concentration dans les moments où ça va moyen bof ?

  • Speaker #0

    Dormir.

  • Speaker #1

    Ah, trop bien.

  • Speaker #0

    Du coup, ça ne répond peut-être pas à la question parce que si ta question, c'est sur le moment où tu n'arrives plus à bosser, à être concentré sur une tâche, si tu dois vraiment finir la tâche et que tu vas dormir, c'est mort. La tâche n'est pas terminée, mais je suis de base un gros dormeur. Des fois, on ne va pas se mentir, c'est accentué par le traitement. que je crois qui à la fois stabilise l'humeur, mais qui peut avoir un effet légèrement soporifique, on va dire.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    Ça se dit, j'espère. Oui, je pense. Oui, je crois que ça se dit.

  • Speaker #1

    On considère que oui.

  • Speaker #0

    Voilà, on considère que oui, on a compris l'idée. Mais oui, globalement, encore une fois, c'est double. C'est pénible, j'ai toujours l'impression de me faire l'avocat du diable, ou en tout cas de poser le pour le contre. C'est mon côté science-po, ça. Non mais globalement, j'ai envie de dire dormir. Je pense que globalement, même sans parler des troubles de l'humeur, les gens, et je me compte dedans, même si je fais partie des gens qui dorment beaucoup, on ne dort pas assez. Vraiment, je pense qu'il y a beaucoup de problèmes. Mais même si on prend tout le monde, je veux dire ce qui se passe au niveau politique, géopolitique.

  • Speaker #1

    Merci de le dire.

  • Speaker #0

    Ce qui se passe avec les collègues dans un open space. En vrai, si on avait une meilleure… Il ne faut pas forcément se culpabiliser. On a des rythmes de vie aussi où… Ce qui est valorisé socialement, c'est de ne pas beaucoup dormir, c'est de sortir, c'est de voir du monde. Mais je pense que globalement, si chacun dormait une heure de plus chaque nuit, déjà, ça irait beaucoup mieux. Mais globalement, c'est vraiment un truc que je sacralise un peu, c'est-à-dire que je ne vais pas pouvoir tout le temps le faire. Mais ce que j'aime dans mon rythme d'indépendant et de création, c'est que oui, des fois, ce n'est pas assez cadré et je vais avoir tendance à traîner à la maison, mais que je reste globalement quelqu'un qui arrive à se mettre un cadre et qui est actif et que par contre, je… pas à aller faire une sieste d'une heure et demie où je me dis, ok, là je sens que ça ne va pas, je sens que ça ne va pas, je sens que je n'arrive pas à me concentrer suffisamment, je sens que en fait j'ai écrit dix minutes et je m'énerve parce que soi-disant ça ne va pas assez vite. Bon, des fois il faut se faire un peu violence et dans la fatigue, ce que j'aime bien dans la fatigue, des fois quand je n'ai pas assez dormi et notamment pour la scène, il ne faut pas que ça soit une fatigue extrême, mais du coup ton corps c'est physiologique, on le sait, il est un peu plus détendu et du coup ça donne des choses et assez drôle et intéressante artistiquement d'être dans une détente. Des fois, quand j'ai trop dormi, du coup, je suis en mode pile électrique, tout est très tendu, voilà. Mais globalement, quand, je le dis d'ailleurs dans le livre aussi, il me semble quand je suis à bout de souffle et que ça ne fonctionne pas assez au niveau créatif, je vais dormir. Parce que j'ai la chance de pouvoir, dans ma journée, si je n'ai pas de rendez-vous prévu, En fait, si j'ai envie de créer de 16h à 20h après être allé faire une énorme sieste de 14h à 16h, j'ai la possibilité de le faire et c'est une chance et vraiment, je ne m'en prive pas.

  • Speaker #1

    Comment tu t'en... Là, c'est la question un peu pratico-pratique. Comment est-ce que tu t'en sors dans tes to-do list ? Est-ce que tu arrives à te maintenir à jour ? Déjà, merci de le dire, mais quand ça ne va plus, en fait, on vit dans un monde de gens fatigués. Donc, si j'ai besoin, je vais dormir. Merci de le dire, puisque les gens sont épuisés.

  • Speaker #0

    On est crevés, on est crevés.

  • Speaker #1

    Les gens sont épuisés. Je n'ai pas une personne en consultation qui arrive en cabinet et qui me dit...

  • Speaker #0

    « Je dors bien. »

  • Speaker #1

    Tu me dis « Je dors bien. » Donc, merci de le dire. Mais du coup, comment tu gères ? Parce que tu sais, par rapport à l'anxiété de… Parce qu'on a tous des choses à faire, en fait,

  • Speaker #0

    quel que soit nos métiers.

  • Speaker #1

    Comment tu gères une to-do list en retard, par exemple ?

  • Speaker #0

    Encore une fois, j'allais dire la discipline en priorisant. C'est-à-dire si vraiment je prends du retard sur une to-do list. J'ai accepté que la Toulouse, de toute façon, elle n'est jamais terminée. Tu vois, j'en ai une, c'est ma note qui est épinglée sur mon ordi, mon téléphone. Et globalement, je change plus souvent de titre en haut, à savoir le mois. Là, on est passé d'octobre à novembre. Il reste des tâches que je voulais finir en octobre et qui sont encore en novembre. Mais la priorité, la priorité de santé, notamment, voilà, c'est si jamais je suis en retard sur des choses. En termes créatifs, mais tu vois, le spectacle continue à exister toutes les semaines. Si je n'ai pas fait cette tâche créative-là, ça ne m'empêche pas d'aller jouer samedi prochain. Ce n'est pas la priorité ultime. Et en tout cas, sauf Ultra Deadline, parce qu'elle met en plus en jeu d'autres personnes et que du coup, tu as une responsabilité collective où tu ne peux pas lâcher les gens, sauf si tu as un énorme pépin de santé et une urgence, ça, ça va être la priorité. Mais des choses qui vont me concerner. Moi, tu vois, je me dis, ouais, j'aurais voulu. plus avancé sur de la réécriture de spectacles ou de livres ou de chroniques cette semaine, mais au final, il y a d'autres choses qui sont prioritaires, franchement, ce n'est pas grave. Et du coup, l'aspect créatif, à la fois, il faut que je fasse attention parce que c'est mon métier, il faut que je sois régulièrement créatif, et en même temps, si c'est reporté à six jours après, vraiment, il n'y a rien de grave.

  • Speaker #1

    D'accord. Donc, ça te demande aussi de la souplesse pour réorganiser en fonction des vrais détails. Oui, et ça,

  • Speaker #0

    ça me demande un vrai travail parce que j'ai tendance quand même dans la discipline à avoir un côté assez, dans la discipline, quand même rigide. mais j'espère pas rigide dans le sens chiant, mais rigide dans le sens il y a un moment c'est aussi en travaillant que le goût du travail vient de plus en plus et que plus je crée, plus ça appelle de nouvelles créations et ça c'est chouette donc je ne me laisse pas non plus vivre en me disant ah oui ok aujourd'hui je m'étais prévu 4 tâches mais si j'en ai fait qu'une et demie, c'est pas très grave il y a des jours c'est pas très grave et quand même globalement je m'instreins à avoir un rythme élevé Heureux soient les fêlés,

  • Speaker #1

    c'est le titre de ton spectacle Oui Merci. Comment s'est passé le processus d'écriture ? Parce que tu as dit que tu l'avais réécrit. Et est-ce que tu peux raconter un petit peu la ligne du temps de l'écriture, de la naissance de ce spectacle et puis de son évolution, par rapport à ce qui a certainement, j'imagine, co-évolué avec toi ? Est-ce que tu peux nous en parler ?

  • Speaker #0

    Oui, alors le spectacle que je joue actuellement... c'est un deuxième spectacle c'est en fait à force d'avoir vraiment modifié, modifié, modifié, modifié le premier qui parlait beaucoup de sensibilité avec en plus les périodes de confinement où du coup j'ai pu prendre du recul et où je pense que ça a été un peu mes premières ce qu'on appelle résidence artistique c'est à dire ce genre de période à la fois de jachère où tu prends le temps de poser les choses et de prendre du recul et ensuite de te remettre dans un processus créatif assez intensif de plusieurs jours d'affilée où tu te dis ok J'ai pris du recul. En fait, j'étais tête baissée depuis plusieurs mois en jouant ça, en disant ça sur scène. Mais je crois que ça, ça ne me correspond plus. Ce n'est plus d'actualité. Il faut que je change. Il y a d'autres choses qui m'animent. Mais en tout cas, c'est un deuxième spectacle. Il a commencé à naître dans mon esprit, on va dire en fin 2021, début 2022, au moment où je me suis dit « Ok, je crois que je suis prêt à parler vraiment de diverses thématiques de santé mentale, mais principalement de ma bipolarité. » Pas de celle du voisin, pas de sel des Français et Françaises qui souffrent de bipolarité, non, de ma bipolarité, comment ça peut aller impacter ou toucher les gens ou les intéresser. Et donc ça, ça a pris bien plusieurs mois d'écriture et depuis le printemps 2022 où ça a été l'éclosion de ce spectacle, maintenant on est à l'automne 2025, ça fait trois ans et demi, et je me dis que je fonctionnerais différemment pour le spectacle suivant et que je fonctionnerais comme ce que j'ai fait pour le livre, C'est-à-dire... par système de résidence et d'un temps donné et entre guillemets on se laisse le temps pendant trois mois six mois un an de faire une énorme résidence et de bouger des choses forcément il ya des choses qui bougeront après parce que les premières réactions du public t'amène à bouger mais là avec ce spectacle ce qui commence à devenir un peu fatigant pour moi je le conçois et surtout pour mon équipe artistique le metteur en scène et le chorégraphe c'est que assez régulièrement j'ai envie de bouger des choses je bouge des choses et du coup c'est un peu sans fin donc à la fois je trouve que c'est cool parce que je ne m'ennuie pas Et que ça apporte de la fraîcheur, y compris pour le public, et une amélioration, je l'espère. Et en même temps, il est sans cesse en évolution, et ça en devient presque un peu fatigant. Donc j'ai l'impression que ça fait trois ans que je suis dans une réécriture permanente.

  • Speaker #1

    Est-ce que ce n'est pas normal, quelque part, dans la mesure où toi aussi tu co-évolues ? Si,

  • Speaker #0

    je continue d'évoluer.

  • Speaker #1

    Où tu n'es vraisemblablement plus le même homme que tu étais il y a trois ans ?

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et qu'en même temps, tu découvres encore plein d'autres choses sur toi-même, sur le trouble. Et alors, même si on te laissera, enfin, je ne sais pas, peut-être que oui, mais même si j'imagine que peut-être qu'on ne te laissera pas arriver jusqu'à la salle en tyrolienne, il y a certainement plein de choses encore qui sont faisables en fonction de la personne que tu continues de devenir chaque jour.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Je crois que j'ai vu une version, parce que j'ai fait des recherches, on trouve très peu d'extraits du spectacle sur Internet. Oui, mais il me semble avoir vu un extrait de quelque chose, enfin un très petit extrait de quelque chose où c'était joué sur glace.

  • Speaker #0

    Oui, absolument. Et ça, puisque tu en parles, c'est un projet qu'on a de recréer parce qu'on avait fait vraiment une transposition. de ce qui existe sur scène sur glace. Pour le dire très simplement et vulgairement, on avait adapté les chorégraphies qui existent sur scène sur glace, mais on n'avait pas eu énormément le temps de retravailler la mise en scène. Or, la glace, sans doute, avec des patins aux pieds, offre des possibilités de mise en scène et puis de réinsister. C'est-à-dire la version que j'imagine sur glace pour peut-être dans un an ou deux, et c'est encore à l'état d'embryon, mais il faut que ça se fasse parce que ça ne s'est jamais fait. et que je pense qu'on a vraiment des choses à raconter et à apporter, je pense qu'il faudra qu'il y ait un focus. Ce sera une version de « Reçois les fêlés » , mais je pense modifiée, avec un focus particulier sur le parcours de patineur, notamment jusqu'à aujourd'hui. Mais effectivement, il y a quelques extraits qui circulent, et je me dis que de faire cette version-là, ce sera peut-être la fin de la boucle de ce spectacle, parce que ce spectacle parle principalement de mon trouble bipolaire, mais qui est intimement lié aussi à comment j'ai grandi. à ce rêve de patinage qui se brise du jour au lendemain et qui, du coup, laisse la porte à un vide, donc à la dépression qui arrive et que c'est le début du parcours de soins en psychiatrie. Donc oui, il y a un peu d'extraits et on peut tomber là-dessus.

  • Speaker #1

    Ah, mais voilà pourquoi le spectacle ne cesse d'évoluer. Parce que le final, tu sais déjà où il est.

  • Speaker #0

    En tout cas, ce serait l'idée. Le producteur ne le sait pas encore. J'en ai parlé un petit peu, mais voilà. Mais ouais, je pense que ça serait un bel aboutissement pour ce spectacle.

  • Speaker #1

    On commence tous le théâtre pour de mauvaises raisons.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    On commence tous le théâtre pour de mauvaises raisons. Justement, moi, c'est pour faire mon intéressant. Vouloir plaire en est une autre. On fait pas un spectacle pour trouver un mec.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    On fait un spectacle pour quoi, alors ?

  • Speaker #0

    En fait, plus j'avance, plus je me rends compte qu'on fait un spectacle, on fait des spectacles, on crée de manière générale pour servir un propos, pour défendre une idée, quel que soit le style de spectacle, quel que soit le registre. et pas mais j'ai aucun mal et puis si je le dis aussi honnêtement dans le livre c'est que je pense qu'on est nombreux et nombreuses à être dans ce cas là avec le côté en plus moi qui je pense me vient du patinage aussi ou très jeune tu es tout seul, tu es jugé, tu es au milieu d'une énorme arène, ça fait quand même 1800 m² de glace, et le patinage répond encore à des codes, où en termes d'interprétation, c'est un peu le show, on essaye d'en mettre plein la vue, c'est la danse de salon version plus plus plus, donc je pense que quand je suis arrivé sur les planches, il y avait ce côté de, ok, maintenant je vais mieux, je suis dans mon processus de rétablissement, ... J'ai envie de montrer à quel point je vais bien. J'ai envie d'en mettre plein les yeux aux gens. Et du coup, tu n'es pas dans… Enfin, j'étais déjà, je pense, en train de construire le début d'un propos, mais tu es plus dans de la démonstration et de la paillette et de se vanter un peu. Regardez-moi, regardez-moi, regardez-moi que dans un propos où tu peux avoir des parties où tu es dans un délire mégalo, mais où des parties où tu es aussi plus dans la sincérité. Donc, c'est dans ce sens-là. Et puis, c'est un moment où j'ai commencé la scène, où effectivement, je sors de plusieurs années de dépression, je sors de plusieurs mois d'hospitalisation, j'entame mon rétablissement, je me sens quand même déjà stabilisé. Et globalement, je n'ai pas fait beaucoup de rencontres, notamment amoureuses. J'assume depuis peu... complètement mon homosexualité. Donc, je me dis, tiens, être sur scène, c'est quand même un truc que les gens... Enfin, tu vois, on voit quand même dans le discours encore global, je le vois encore aujourd'hui dans les yeux des gens, de, ouais, monter sur scène, c'est quand même énorme, cette mise à nu. Beaucoup de gens qui te disent, moi, je ne pourrais pas. Et souvent, je leur réponds, mais ce n'est pas une question. Moi, je ne pourrais pas être sur une chaise dans un open space 9 heures par jour. Et du coup, je pense que tu joues aussi peut-être consciemment ou inconsciemment au début sur ce truc de, wow. C'est moi qui maîtrise, j'ai du sex-appeal, on va me regarder, donc je vais me servir de ce côté aussi, seul sur scène, pour en mettre plein les yeux et pour montrer que je suis un mec sexy. Et que du coup, en l'occurrence, pour boucler la boucle, on ne fait pas un spectacle pour ça, il me semble.

  • Speaker #1

    J'entends que le fait d'arriver, de venir du patinage aussi, où c'est un monde très waouh, très paillette, effectivement, c'est de la danse de salon, mais en beaucoup plus beau, beaucoup plus vite. Beaucoup plus d'adrénaline, en fait. Beaucoup plus spectaculaire et sensationnel. Et il y a un moment dans ton livre, tu dis « cours d'EPS, on fait du demi-fond, ça ne m'intéresse pas. Depuis quand on fait les choses à moitié ? Ça sera sprint pour moi. » Et quand je t'entends parler, j'ai l'impression qu'il y a une partie de toi qui se dit « ouais, mais marathon, c'est bien aussi,

  • Speaker #0

    quoi. » Oui, de plus en plus. Je pensais, j'ai découvert, et notamment avec la pratique artistique et le premier spectacle où... C'est vraiment l'école de l'humilité. C'est-à-dire qu'au début, tu te dis, je vais monter sur scène pour faire rire les gens, trouver un mec, trouver des potes. Et puis assez rapidement, tu te rends compte que ce n'est pas suffisamment bien écrit, que globalement, à part faire rire tes deux potes avec tes private jokes, ça ne fait rire personne, tu n'as qu'il y a personne dans ta salle et tu t'envoies mille misères pour avoir ton intermittence. Assez rapidement, si tu as l'ego assez bien placé, tu redescends vite et tu te mets au boulot et tu apprends l'humilité. continue d'apprendre l'humilité. Et je pense que moi, c'est ce qui s'est passé et je l'apprends encore au quotidien. Et du coup, j'ai découvert que l'endurance pouvait être chouette, qu'on pouvait trouver du plaisir et dans la discipline et dans l'endurance de dire, OK, en fait, étape par étape, personne n'est bon. Il y a des gens qui ont plus de facilité que d'autres. Mais après, encore une fois, je crois vraiment dur comme fer au fait que le talent, c'est le travail. et que voilà t'arrives à faire passer des émotions en le travaillant, tu arrives à être percutant dans ton écriture en la travaillant régulièrement et qu'il n'y a pas de secret et que du coup c'est très bien je resterai toujours quelqu'un qui adore le sprint qui adore les effets qui adore les coups d'éclat d'où l'envie des fois de retrouver un peu les phases hypomaniaques ou maniaques mais que ouais l'endurance mais même dans les relations, j'étais quelqu'un qui avait des relations même amicales très très en surface parce que pas le temps, il fallait que ça aille vite, il fallait que ça soit la performance. Et je pense qu'on peut avoir envie d'être performant et d'être bon tout en prenant le temps d'avoir des relations professionnelles et personnelles qui tiennent la route.

  • Speaker #1

    C'est quoi tes plus grosses claques artistiques, les personnes qui t'ont le plus inspiré, influencé en tant qu'homme, mais aussi en tant qu'artiste ?

  • Speaker #0

    Récemment, Constance, qui est humoriste et qui a été diagnostiquée d'un trouble bipolaire il y a quelques années. Je suis allé voir son spectacle au début et j'avais un peu des appréhensions parce que je me suis dit qu'elle est aussi plus connue que moi, le spectacle aura forcément un retentissement plus important que le mien et du coup j'espère qu'on ne parle pas de la même chose. En fait non, parce que chaque parcours est différent et j'aimais déjà beaucoup cet artiste avec ses chroniques de France Inter. Je n'avais pas vu ses précédents spectacles et j'ai vraiment adoré. Donc Constance. J'aime beaucoup la manière dont elle crée Valérie Lemercier. Vincent Daudienne aussi, j'aime beaucoup. Je trouve que c'est très drôle et que c'est très classe. Alexandra Pizzagalli, humoriste aussi, qui avait un spectacle qui s'appelait « C'est dans la tête » . Je n'ai pas énormément de références, mais en tout cas, c'est plus des personnes. en tout cas c'est pas spécialement des références dans le stand-up, c'est des références voilà moi je considère je sais pas trop si je me considère encore humoriste ou pas en tout cas comédien qui principalement fait rire dans son spectacle mais pas que et du coup je suis très inspiré par les comédiens et comédiennes ce qui me fait rire je suis plus du côté théâtre que du côté stand-up ok

  • Speaker #1

    demain tu peux partager une scène avec un artiste ça serait lequel ?

  • Speaker #0

    pour faire un spectacle ensemble c'est ça ? ouais ouais euh Ouais, bonne question. J'adorerais faire un spectacle avec Laure Calami, qui est une actrice que j'adore, qui jouait Noémie dans 10%, Antoinette dans les Seven. Ouais, Laure Calami, mais ça, c'est de l'or du rêve, quoi.

  • Speaker #1

    Et ça ne commence pas par là, par un rêve ?

  • Speaker #0

    Bah si,

  • Speaker #1

    si, si. OK, c'est tout ce que je peux te souhaiter. La question à mille points. S'il y avait un film... ou une série qui représentait ce qui se passe dans ton cerveau, ça serait laquelle ou lequel ?

  • Speaker #0

    J'allais dire le cœur à ses raisons, la parodie des Feux de l'amour québécoise, mais pour le côté vraiment grotesque et un peu fucked up. Ouais, ouais, un mélange du cœur à ses raisons. des Hercule Poirot dont je suis ultra fan pour le côté anglais qui permet de faire des siestes et de s'endormir devant et c'est dur parce que je regarde et

  • Speaker #1

    Kill Bill wow joli joli joli joli ça peut illustrer ça peut bien illustrer les personnages oui François nous arrivons déjà à la fin de cette interview est-ce que tu peux nous dire où on peut te retrouver,

  • Speaker #0

    où se joue ton spectacle et où est-ce qu'on peut te trouver sur les réseaux bien sûr du coup on peut se retrouver tous les samedis au Théâtre du Marais, donc c'est à Paris dans le 3ème arrondissement vers République à Arrêt Métier exactement c'est les samedis à 18h, ça c'est pour le spectacle Reçois les fêlés, c'est prolongé au moins jusqu'à la fin du mois de mars 2026 Merci. Et sur les réseaux, c'est François Malet, M-A-L-E-T, sur Instagram. J'ai nouvellement un compte TikTok et j'avais l'impression d'être un gros boomer qui découvre TikTok. Mais voilà, mais c'est principalement sur Instagram. Et le livre Félé, on peut le trouver en librairie, notamment dans les grandes librairies et puis sur Internet aussi.

  • Speaker #1

    Super. Et je laisserai tous les liens en description de l'épisode pour qu'on puisse te retrouver. Un grand merci encore une fois d'avoir accepté. Merci, c'était super chouette. de porter ton témoignage ici. Un grand merci pour tout ça, François. Et à bientôt.

  • Speaker #0

    À bientôt. Salut.

  • Speaker #1

    J'espère que cet épisode t'aura aidé à mieux comprendre ce qu'est et surtout ce que n'est pas le trouble bipolaire. Ce que j'ai aimé chez François, c'est sa façon d'en parler avec simplicité et sans drame. Avec sa lucidité tranquille, son humour et cette manière de transformer ce qu'il a traversé en force créative. Il nous rappelle qu'on peut être fragile et solide à la fois. vulnérable tout en étant brillant. Comme quoi, être né à Bourg-en-Bresse n'empêche pas de devenir une icône. Tu retrouveras tous les liens pour suivre François, découvrir son livre « Fêlé » et son spectacle « Heureux soient les fêlés » directement dans la description de l'épisode. Encore un grand merci à FSI Lorraine, centre de formation spécialisé dans la prévention des risques, pour leur confiance et leur soutien sur cet épisode. Et pour continuer ton chemin vers plus de clarté mentale, pense à télécharger ton template d'autothérapie, le patch Anxiété Zéro, via le lien dans la description. Si cet épisode t'a plu, pense à t'abonner pour ne pas rater les prochains et surtout, je serai gratitude que tu lui laisses 5 étoiles sur ta plateforme d'écoute préférée ou que tu le partages à quelqu'un qui pourrait avoir besoin d'entendre ça aujourd'hui. Et comme toujours, viens me dire ce que tu en as pensé sur Instagram ou LinkedIn. D'ici le prochain épisode, je te souhaite tout le meilleur. Et n'oublie pas, quoi que tu traverses, tu n'es pas seul. Cet épisode était dédié à mon ami Philippe. Anophilure

Description

Dans cet épisode, on plonge au cœur du trouble bipolaire avec l’humoriste François Mallet, auteur du spectacle Heureux soient les Fêlés et auteur du livre Fêlé.
Il partage avec une sincérité rare son parcours lumineux, entre phases maniaques, dépressions, stabilisation et reconstruction — loin des clichés et du sensationnalisme.


On parle de ce que ça fait vraiment de vivre avec un trouble de l’humeur, de ce qui se joue derrière le mot “bipo”, de la créativité comme moteur de soin, des relations, du travail, de l’identité, et de comment retrouver du sens et de la stabilité après les tempêtes.


🎧 Dans l’épisode :
• les signes du trouble bipolaire et le diagnostic
• la réalité émotionnelle des phases maniaques et dépressives
• le rôle de l’humour et de la création dans la guérison
• comment en parler autour de soi
• la nuance, la vulnérabilité, la beauté de pouvoir être soi


Une discussion profonde, honnête et accessible, pour toutes les personnes concernées par la bipolarité ou les troubles de l’humeur — ou qui souhaitent mieux comprendre un proche.


Cet épisode est soutenu par SFI Lorraine, centre de formation spécialisé dans la prévention des risques.


Pour retrouver François : 

Instagram

LinkedIn

Son livre Fêlé

Son spectacle Heureux soient les fêlés



🌱 TES RESSOURCES : 


☎️ L'Antidote

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Si tu as aimé cet épisode, n’oublie pas de me laisser 5 étoiles et de t’abonner pour ne pas manquer les prochaines sorties.

Et surtout viens me dire ce que tu en as pensé sur Instagram et LinkedIn   


@crédits audio du générique : Anthony Chognard CHS Prod 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Un coup tu rigoles, un coup tu fais la gueule, mais t'es bipolaire ou quoi ? Cette phrase, on l'entend partout. Comme si le mot bipolaire, c'était devenu une façon tendance pour dire changeant ou instable. Sauf que la bipolarité, ce n'est pas ça. C'est un vrai trouble, complexe, profond et surtout humain. Alors si tu te poses des questions sur le trouble bipolaire, que tu sois concerné en recherche de réponses ou proche d'une personne qui vit avec, cet épisode est pour toi. Aujourd'hui, François Mallet, comédien. patineur artistique et auteur, nous explique la bipolarité avec simplicité et humanité. On va parler parcours de soins, processus créatif et de cette vie intérieure en clair-obscur qu'on peut apprendre à apprivoiser. Cet épisode est soutenu par FSI Lorraine, centre de formation spécialisé dans la prévention des risques. On se retrouve juste après le générique pour ce 45e épisode de Mission Anxiété Zéro. Bienvenue dans Mission Anxiété Zéro. Ici, c'est ton safe space sans langue de bois dans lequel je vais t'aider à questionner tes automatismes émotionnels. Moi, c'est Sandra, je suis sophro-analyste et ma mission, c'est d'accompagner mes clients à prendre soin de leur bien-être mental pour être plus heureux, mieux concentrés et mettre plus de sens dans leur quotidien.

  • Speaker #1

    Alors si toi aussi, tu cherches des solutions concrètes et actionnables pour gérer tes émotions et mettre ton anxiété à zéro, installe-toi, tu es au bon endroit.

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode de Mission Anxiété Zéro. Aujourd'hui, je suis avec François Mallet. Il est bipolaire, gay, patineur artistique. S'il était né aux États-Unis, il serait une icône. C'est ainsi qu'il se décrit sur la couverture de son livre « Fais-les » , paru le mois dernier aux éditions Larousse. François, bienvenue ici. Je suis vraiment heureuse de t'accueillir pour cette interview. Et pendant la prochaine heure, on va lever les tabous autour du trouble bipolaire et... parler du processus créatif et du parcours de soins. Comment vas-tu ce matin, François ?

  • Speaker #1

    Merci, c'est chouette d'être là. Bien, bien, bien. Bon, on est début novembre, donc c'est clairement un mois dont je ne comprends pas vraiment l'intérêt. Mais voilà, disons-le clairement. Mais bien, bien, ça va bien.

  • Speaker #0

    Oui, je plus sois. Tu n'as pas allumé ta petite lampe de luminothérapie et tout ça ?

  • Speaker #1

    Non, non. Alors, j'ai pas de lampe de luminothérapie, mais j'ai des lunettes. Mais sans trop en parler, je les utilise pas encore. Et je pense que je pourrais m'y mettre. En fait, c'est un accessoire qui me sert artistiquement, sans trop en dire, mais que je ferais peut-être bien d'utiliser, surtout vu le prix, quoi.

  • Speaker #0

    Oui, mais j'allais dire, la question, c'est, je crois que tous les gens... atteints d'un trouble de l'humeur, quels qu'ils soient, vont te dire « Alors, pour toi, ça marche ou pas ? »

  • Speaker #1

    Ouais, voilà. Pas de réponse parce que surtout, je n'ai pas essayé.

  • Speaker #0

    Ah, mince ! Ok. Pour remettre un peu de contexte, nous, on s'est connus par le biais d'Alain Raymond, qui est un de mes consultants en communication. Et donc, je lui avais parlé de ma volonté sur ma prochaine saison de pouvoir aller un petit peu plus deep autour des troubles de l'humeur et d'inviter plus de personnes ... concernés et puis aussi beaucoup plus de personnes impliquées dans un processus créatif pour pouvoir en parler et dédramatiser et puis un petit peu re-challenger les notions de normalité sociétale qu'on a pu se laisser inculquer simplement dans le monde dans lequel on vit par notre éducation. Et il m'a dit « Ah, moi je connais un mec ! » Alors, je n'ai pas eu la chance de venir voir ton spectacle encore à Paris. En revanche... J'ai lu ton livre qui m'a profondément touchée. Mon trouble bipolaire ne me permet pas de dévorer un livre. Je ne sais pas ce que c'est. Les gens qui disent « Ah, je l'ai dévoré en… » Moi, ça m'arrive très rarement. Si je suis motivée à lire, je vais le lire vite. Mais moi, c'est impossible de dire « Ah, je l'ai lu en trois jours. » Voilà. Et pourtant, le tien, je l'ai lu en une semaine. Ce qui est…

  • Speaker #1

    Super ! Qui est un exploit.

  • Speaker #0

    À mon niveau ?

  • Speaker #1

    Olympique.

  • Speaker #0

    Oui, clairement. Clairement. parce que j'ai tellement apprécié que tu commences par, disons, je ne vais pas dire que j'ai apprécié que tu commences par une scène dramatique, mais ce que j'ai apprécié, c'est que tu commences par une scène dramatique et que tu termines avec un message d'espoir tellement fort, tellement immense, tellement... avec une très jolie plume qui est très juste, sans pour autant en faire des caisses, sans mots inutiles, mais... à la fois très juste et très poétique. J'ai vraiment adoré « Lire ta plume » , que j'ai trouvé très... très humble, même quand tu parles des différentes phases, quand on va explorer un petit peu les failles narcissiques, etc., qui vont être liées aux troubles et notamment dans les phases euphoriques. Mais bravo pour ça. Vraiment, ce livre est juste merveilleux pour parler du trouble bipolaire. Donc, ma question, enfin, mes questions, parce qu'en fait, il y en a plein et sans spoiler le livre, mais... dans la façon dont tu t'es construit depuis ton enfance, à quel moment tu t'es rendu compte que chez toi, il y avait un truc qui ne fonctionnait pas comme chez les autres ?

  • Speaker #1

    C'est difficile à dire, j'avoue. C'est d'ailleurs en écrivant le livre, et en l'écrivant et en le relisant. qui était d'ailleurs quelque chose de très particulier, qui m'a interrogé et qui m'a fait rire. Je me suis dit « Waouh ! » J'ai trouvé ça dingue d'avoir le livre, l'objet dans la main. J'avoue que ça me fait quelque chose. Contrairement au spectacle, il y a des preuves, il y a des vidéos qui existent. Donc, c'est des éléments quand même qui existent, mais ce n'est pas la même chose que d'avoir quelque chose dans la main. Et en fait, en le relisant, et le récit sans tout dévoiler est quand même globalement chronologique, tu l'as vu, même s'il y a pas mal de flashbacks, Et en l'écrivant et en le relisant, je me suis dit, tiens, là, je sens qu'il y a un peu un point de bascule. Mais je me suis rendu compte qu'il était un peu flou. Mais parce que je considère que pour moi, la manière dont je le conscientise, dont je le réfléchis, il est flou. C'est-à-dire que pour moi, on va dire qu'à l'adolescence, je crois que je commence à en parler dans le livre en me disant, tiens, notamment, je sens que je suis très soumis au cycle des saisons. Peut-être plus que les gens, alors c'est toujours difficile parce qu'on ne connaît jamais la vie vraiment privée des gens, mais je me dis tiens, j'ai l'impression que moi, il y a quand même un truc de à chaque fois que l'automne arrive, où automatiquement, presque du jour au lendemain, je rentre un peu dans un down qui est maîtrisé à l'adolescence, qui n'est pas du tout les downs que j'ai pu connaître après, qui ont été des vraies dépressions caractérisées et très violentes. mais Ouais, sur les coups, je dirais de 13-14 ans, je me dis tiens, comment ça se fait que tu sois si motivé, avec beaucoup d'entrain, si jovial, si déterminé au printemps et à l'été et que quand t'arrives l'automne, bon, t'as toujours des bons résultats à l'école, tu restes quelqu'un de social, mais il y a quand même un peu comme un blues indescriptible qui s'installe. alors je le questionne encore est-ce que c'est mon côté nostalgique que j'ai toujours mais en tout cas c'est plein de choses qui se mêlent que je n'arrive pas forcément à déceler à ce moment-là, mais en écrivant le livre et en le relisant, c'est ce que je te disais. Ouais, comme ça, j'aurais tendance à dater, on va dire, à la fin du collège, donc vers 14 ans. Après, est-ce que c'est vraiment quelque chose ? Je me dis, tiens, je me sens différent des autres. On utilise le terme qu'on veut, mais voilà, je suis à côté, je suis atypique, il y a quelque chose qui cloche chez moi. Je n'avais pas ce sentiment-là. Je ne pourrais pas dire que j'avais l'impression d'être à côté, qu'il y avait quelque chose de très différent. Je me souviens de moi qui était… Peut-être que j'avais l'impression que ce qui me différenciait, c'est que j'avais cet objectif. Je patinais beaucoup à ce moment-là. Et mon objectif, c'était de toute façon de rentrer en équipe de France, d'être champion olympique. Je vivais pour le patinage. Je mangeais patinage, je dormais patinage. Et que c'était plus ça qui me différenciait des autres. J'avais l'impression d'être un peu exceptionnel, mais dans le sens littéraire du terme. Plus que des petites variations d'humeur que je remarquais, mais sans plus.

  • Speaker #0

    D'accord. Est-ce que tu peux nous dire ce qui caractérise le trouble bipolaire ? Pour les personnes qui vont dire, mais on est tous sensibles à la variation des saisons. On est tous un peu.

  • Speaker #1

    La déprime saisonnière. Voilà, c'est d'ailleurs toute la différence entre la déprime et la dépression. Donc sans être médecin, j'ai évidemment appris avec mon trouble, globalement, quelles étaient les définitions et les symptômes. Et voilà, la dépression, c'est pas la déprime. La déprime, tout le monde peut y être sujet, et c'est vraiment une tristesse passagère, et qui peut notamment survenir avec l'heure d'hiver, la diminution de la lumière. Voilà, c'est un mécanisme quelque part qui est physiologique. La bipolarité, qui est donc l'alternance de phases dites dépressives et de phases maniaques, ce qu'on appelle les phases maniaques, c'est les phases d'euphorie, d'excitation, on va utiliser ces termes-là, et les phases dépressives, comme pour les phases maniaques, ça répond à plusieurs critères, plusieurs symptômes qu'il faut avoir en même temps et qui sont d'intensité modérée à sévère. Pour la dépression, on sait par exemple qu'il faut plusieurs symptômes parmi les suivants, à savoir... Une grosse fatigue, une perte de motivation, une humeur dépressive et triste, des troubles de l'appétit dans un sens ou dans l'autre, des troubles du sommeil dans un sens ou dans l'autre, la perte d'intérêt dans les activités qui habituellement nous font du bien, les idées noires aussi, et à différencier il y a idées noires et idées suicidaires, c'est deux choses différentes, et il faut avoir plusieurs de ces symptômes-là pendant plusieurs jours d'affilée. et on dit même souvent en général au moins deux semaines. Donc en fait, si ça peut permettre de comprendre, c'est-à-dire que ce n'est pas juste se sentir triste pendant deux semaines, ce n'est pas une dépression. Avoir des troubles du sommeil pendant deux semaines d'affilée, ce n'est pas une dépression. Il faut vraiment plusieurs de ces manifestations. Et pareil pour les phases d'excitation et d'euphorie, où là, il va y avoir une accélération du rythme psychique et physique. un emballement des idées, une logorée, c'est-à-dire un flux de paroles permanents et incontrôlés et incontrôlables, potentiellement des conduites à risque aussi, plus de sorties, potentiellement prise de risque avec des stupéfiants, prise de risque vitesse au volant, prise de risque des comportements à risque sexuel aussi avec multiplication des partenaires, dépenses excessives, et ça peut aller jusqu'au bout d'un moment. Il y a aussi en général l'irritabilité qui arrive. qui peut amener des phases de paranoïa ou alors des bouffées délirantes aussi. Et encore une fois, il faut avoir plusieurs de ces symptômes-là pendant plusieurs jours d'affilée. Et après, les phases, c'est ça qui est… J'allais dire, le mot… Enfin, je ne sais pas si le mot est bien choisi, mais j'allais dire ce qui est un peu magique parce que c'est quand même très chouette, la phase maniaque, en tout cas au début. Moi, le souvenir que j'ai de ma phase hypomaniaque, donc qui est un peu moins violent qu'une phase réellement maniaque, mais… T'es tellement bien, tout te réussit tellement, tellement d'énergie, tout est facile. Voilà, il y a un vrai délire mégalo et presque christique là-dedans qui est très agréable à vivre. Et ça peut durer de, comme les dépressions, de deux semaines à plusieurs mois. C'est ça qui est à la fois magique et à la fois très violent, c'est-à-dire qu'on ne sait pas en fonction des personnes combien de temps ça va durer. Et en général, plus on monte. haut, plus proportionnellement on va descendre bas et globalement sur la même durée.

  • Speaker #0

    Oui, en t'entendant parler, je pense effectivement à ces périodes euphoriques, à ces périodes maniaques où un de mes amis était bipolaire, donc je dis bien était parce qu'il a choisi dans une phase dépressive de mettre fin à ses jours. Mais je me souviens qu'à une époque, c'est vrai que moi aussi avec le TDAH, donc trouble de l'humeur aussi, mais qui ne fonctionne pas de la même façon. mais quand je le voyais dans ces phases high, je l'enviais presque de me dire putain mais... C'est ultra grisant de me dire mais le mec il s'arrête jamais et il a toujours de l'énergie sous la pédale sauf que ce qu'on voyait pas c'était qu'on vit pas avec les gens et quand il était dans une phase dépressive il disparaissait et son métier parce que nous avons aussi un peu le chic Merci. pour trouver les métiers qui vont nous permettre de bloquer la misère sous le tapis. Et son métier de steward sur des vols long courrier ont rendu très difficile la détection du trouble bipolaire. Parce qu'on se disait, bon, il se tape des vols vers l'Asie, donc il y a le jet lag.

  • Speaker #1

    C'est normal qu'il ait des moments où il soit fatigué, il disparaît, puis il revient de plus belle.

  • Speaker #0

    Et ça expliquait même les abus. puisque l'équipage sur place de l'autre côté ne peut pas repartir tout de suite donc il reste trois jours sur place donc c'est la fête avec des consommations à tout va même ces phases anxieuses quand il appelait au milieu de la nuit parce que ça n'allait plus parce qu'il ne savait plus où il était parce que ça a rendu le truc super difficile à détecter et c'est vrai que de le voir quand il revenait dans ces phases euphoriques putain mais en fait le mec c'est un surhomme et c'était je me dis mais Merci. « Waouh ! Mais en fait, c'est génial d'être comme ça ! » Et puis, quand il nous a parlé de son diagnostic, c'était une toute autre chose. On s'est dit « Ah putain ! En fait, quand ça ne va pas, c'est le même, mais dans l'autre sens. »

  • Speaker #1

    C'est la même intensité, c'est la même… Encore une fois, je ne suis pas médecin, mais en tout cas, après… Oui, enfin si, quand même, il y a une question de proportionnalité, de plus tu montes haut, plus tu redescends bas, ça va. varier en fonction des personnes, mais... En général, si tu fais une phase maniaque de six mois, la dépression qui suit, elle ne dure pas trois semaines, pour le coup.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et ça, c'est très dur. Et aussi, même si je parle un peu de toute proportion gardée, mais de ce que je connais, je me suis quand même beaucoup renseigné puisque je suis concerné. Ce qui est compliqué aussi, c'est que, par exemple, moi, je suis ce qu'on appelle bipolaire de type 2. Donc, pour en parler rapidement, c'est que... j'ai bien les phases dépressives et qui peuvent être d'intensité et moi j'ai vécu vraiment des dépressions d'intensité sévère et par contre à ce jour là on n'a détecté chez moi qu'une seule phase hypomaniaque, donc hypo c'est à dire en dessous de la phase réellement maniaque, donc on va dire d'intensité plus modérée qui est d'autant plus difficile à détecter parce que il y a un regain d'énergie mais ça semble pas non plus forcément démesuré oui il y a plus de ... de rencontres, de sorties, mais ce n'est pas démesuré. Il y a des dépenses, mais ce n'est pas démesuré. Et ce qui est violent dans ce type-là, en fait, il n'y a pas de hiérarchie du tout à faire entre la souffrance et la violence de différents types, mais on peut très bien avoir une bipolarité, et c'est mon cas, où on est surtout très sujet aux phases dépressives qui sont très, très violentes et où, dommage pour nous, les phases sont pas des phases ultra-maniaques, Elles sont des phases... hypomaniaque d'intensité moyenne où c'est déjà très cool et où c'est déjà de la surénergie et ouais une facilité une facilité et un charisme et un délire mégalo et où tout le monde vous suit dans votre délire mais moins grisant qu'une phase réellement maniaque et ça franchement c'est un peu la double peine quoi

  • Speaker #0

    Est-ce que ça manque quand c'est entre guillemets juste une phase hypo ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est drôle parce que j'ai un peu considéré, moi ça fait 7 ans maintenant que je suis diagnostiqué, 7 ans et demi, et je pense que tout de suite avec le diagnostic, ça a été un énorme soulagement, et j'en parle dans le livre et dans le spectacle, et parallèlement à ce soulagement-là, du coup je pense que je suis rentré un peu dans un mécanisme de surprotection où je me disais, ok, il faut vraiment maintenant être ultra vigilant, même si j'ai un suivi, un traitement qui me soutienne et qui se passe très bien. vraiment d'attention. Le but dans la vie, c'est vraiment d'être stabilisé au niveau des émotions, sans m'en rendre compte qu'il y avait un peu un truc de « Ok, si je suis anesthésié au niveau des émotions, ça a tellement été le yo-yo qu'au final, ça me va très bien. » Et puis, plus les années passent, plus tu te rétablis. En plus, avec la découverte du théâtre, où mon métier, c'est quand même de traverser différentes émotions. Alors, on n'est pas obligé de jouer dans des tragédies grecques et de devoir passer par des ascenseurs émotionnels. Et mon but, notamment sur scène, je parle principalement du trouble bipolaire. De plus en plus, c'est quand même la manière dont j'ai modifié le spectacle récemment, d'essayer de faire voyager les gens dans un espace safe, mais de faire voyager les gens plutôt que d'être dans une description, d'être dans une démonstration de qu'est-ce que ça peut être un up, qu'est-ce que ça peut être un down, qu'est-ce que c'est la stabilisation. Et de plus en plus, il y a deux choses. Et ça, j'y travaille notamment en thérapie avec l'adaptation du traitement qui, effectivement, m'empêche de redescendre très bas, mais a pour effet à certains moments d'anesthésier un peu les émotions naturellement fortes que je pourrais avoir. Et ça, je continue de travailler parce qu'en fait, quand j'ai des bonnes nouvelles et que c'est des choses qui sont très positives et très joyeuses, j'ai envie de pouvoir continuer à me sentir dans quelque chose de positif et joyeux et pas de me dire. Alors, j'exagère un peu, je n'ai jamais été quelqu'un d'apathique et je ne le serai jamais. Je ne serai jamais neurasthénique, mais... Un peu d'un truc en mode « Ah oui, ok, bon, c'est cool, alors qu'avant, j'aurais sauté au plafond. » Et la deuxième chose, c'est que oui, depuis quelques années, mais je pense que c'est une réflexion parallèle qui va avec l'âge. C'est-à-dire qu'avec la trentaine qui arrive, la phase hypomaniaque, ça correspond au début de la vingtaine, à la fin des études, à tout aussi un imaginaire, enfin un imaginaire, une réalité, plutôt pas un imaginaire étudiante. ou moins de responsabilité d'adulte, même si tu es déjà adulte, mais voilà, pas les mêmes responsabilités au niveau du boulot, pas les mêmes responsabilités en termes relationnels si tu es en relation longue. Et du coup, de temps en temps, ça m'arrive, et je m'en suis rendu compte en écrivant le livre, quand je décris ces passages-là et dans lesquels je me suis replongé, c'est que, ouais, je... J'ai très envie de dire que je ne serais pas contre revivre une ou deux phases hypomaniacs, alors même que c'est facile de le dire, et que malheureusement on sait que ce qui arrive après, inévitablement, au moins d'intensité modérée et assez longue, c'est une dépression, et qu'en l'occurrence, j'en ai tellement souffert que non. Non, non, non et non. Mais évidemment que ce serait ultra facile de dire si je peux revivre juste une phase hypomaniaque, là de ne serait-ce que trois semaines, un mois. surtout vu mon métier, d'avoir les idées créatives et artistiques qui fusent, pouvoir écrire, j'en sais rien, un nouveau spectacle en un mois, avoir des idées brillantes, moins dormir, aller faire la fête, t'as envie de dire, bah évidemment que ça fait envie. Juste la phase hypomaniaque. Exactement, exactement. Et j'accepte de plus en plus de me dire, enfin ça fait très développement personnel, mais que j'ai le droit de m'autoriser à dire, ouais ok, ça pourrait être chouette. de retrouver la sensation de ce qu'est une phase hypomaniaque sans me sentir coupable et de me dire « Ah oui, d'accord, donc en fait, t'en as chié pendant plusieurs années, t'étais hyper content d'avoir un diagnostic et d'être stabilisé, et maintenant, tu veux de nouveau sauter la barrière. » C'est deux choses différentes pour moi.

  • Speaker #0

    Ah oui, tout à fait. D'ailleurs, on a une mode facile à l'autodiagnostic en ce moment. Et ouais,

  • Speaker #1

    tu as utilisé les mots.

  • Speaker #0

    Mais quand il est question d'y aller réellement... finalement, il y a toujours une excuse. Soit oui, j'ai pas le temps, soit oui, c'est trop cher. Enfin, il y a toujours une excuse. Est-ce que c'est important d'aller se faire diagnostiquer quand on pense qu'on a peut-être un trouble bipolaire ?

  • Speaker #1

    Oui. Oui. Oui, et d'autant plus que, et moi le premier, quand je dis oui, c'est-à-dire que je trouve que ce qui est difficile là-dedans, enfin moi en tout cas, si je parle de mon parcours personnel, c'est parce que quand même, au bout de ces cinq grosses dépressions qu'ont duré plusieurs mois, ma maman qui était mon aidante en fait la personne en première ligne pendant toutes ces années pour m'aider m'a dit après ma phase hypomaniaque et à ce moment là on savait pas que j'avais fait une phase hypomaniaque mais on avait pu finir par observer qu'effectivement ça faisait plusieurs mois que j'étais dans une énergie très haute les cours, une tournée de spectacle de Noël, de patinage en même temps des soirées, plein de choses. En tout cas, ça a commencé à être visible et que je retombe en quelques jours vraiment dans une dépression profonde. Là, ma maman me dit, encore une fois, je ne suis pas médecin. Et puis, il y a sept ans, on en parlait encore moins qu'aujourd'hui. Et de santé mentale et de dépression, il y a encore plus de bipolarité. Elle me dit, je ne sais pas, ça me fait penser en tout cas à des up and down maintenant que j'arrive à voir. Peut-être que c'est de la bipolarité, on n'en sait rien, puisque tu es à Paris, est-ce que tu n'irais pas ? demander des rendez-vous ou te faire hospitaliser au centre expert Fernand Vidal dans le 10e, qui est un des centres experts bipolaires. Donc à la fois, l'autodiagnostic est hyper dangereux et je trouve que ça ne fonctionne pas et que ce n'est vraiment pas à conseiller. Et en même temps, des fois, ce qui nous pousse à aller prendre rendez-vous, à nous faire diagnostiquer, c'est quand même une intuition. Mais je pense qu'il faut différencier intuition et autodiagnostic. Parce que l'autodiagnostic, c'est globalement, tu t'auto-persuades, tu vas chercher des choses sur Internet et des fois, il y a des choses qui décrivent très bien. n'importe quel site je veux dire mais ça reste factuel et en fait ce que tu trouves sur internet c'est pas du tout adapté à ton environnement et on sait que dans les troubles de l'humeur on va te poser beaucoup de questions sur comment t'as grandi sur comment était ton entourage familial notamment stable ou pas stable qu'il y a tout un aspect aussi chimique où il faut faire des tests à te suivre et c'est pas juste en lisant bon oui vous êtes bipolaire si vous pleurez le matin et que vous êtes joyeux le soir c'est pas du tout ça Comme tu le dis, on a le mot facile en plus. Et donc oui, non, l'autodiagnostic n'a jamais fonctionné. Et en même temps, je pense qu'il ne faut pas se culpabiliser. Enfin, je veux dire, moi, en parallèle du diagnostic qui a été posé, combien de fois je suis retourné voir un peu les définitions, mais sans les demander aux médecins et en allant m'informer sur Internet, combien de fois je suis allé voir, un peu en complément, quand bien même j'avais été diagnostiqué. Mais oui. De toute façon, et puis en plus, la relation thérapeutique, les médecins n'ont pas la science infuse, même les médecins qui sont spécialistes. Donc globalement, il faut leur faire confiance, mais des fois, il y a un premier avis qui n'est pas le bon. Déjà, le diagnostic, quand on s'en remet à la médecine généraliste traditionnelle occidentale, c'est déjà quelque chose qui peut être soumis à interprétation sans prendre le risque de se dire « Ok, je vais faire mon autodiagnostic. »

  • Speaker #0

    Tu as demandé plusieurs avis toi, Médico ?

  • Speaker #1

    Eh bien alors... Oui et non. Pas vraiment. Quand je me suis fait hospitaliser à Paris, au centre expert Fernand Vidal, qui est dans le 10e, j'ai été en observation pendant plusieurs semaines. On ne peut pas poser un diagnostic comme ça. J'étais en dépression profonde. C'était criant, tout le monde était d'accord. Mais on a revisité, j'ai dû parler de mon parcours, des dernières années, les moments où j'avais eu l'impression d'être up ou pas, les moments en dépression ou pas. Ils ont interrogé avec plusieurs entretiens téléphoniques quelques amis proches, ma maman du côté de ma famille. Et au bout d'un mois, et encore une fois, on sait qu'un diagnostic c'est valable à un instant T, même si aujourd'hui je suis persuadé que le diagnostic est le bon et qu'on le sait dans le cadre de la bipolarité, en général c'est un diagnostic à vie et que le traitement est recommandé à vie aussi, mais il y a certainement des gens qui s'en sortent sans. Mais voilà, ça prend déjà un mois et je me souviens que quand on vient m'annoncer le diagnostic, on me dit, on se base sur ce que vous nous avez raconté et sur ce qu'on observe depuis un mois. Ils ne l'ont pas dit comme ça, mais en gros, ça veut dire qu'on n'a pas la science infuse. Quelqu'un aurait peut-être un autre avis. Et en tout cas, à ce moment-là, ce qui était marqué comme avis, c'est que c'était de la cyclotimie, c'est-à-dire, pour parler vulgairement, on va dire une forme atténuée de bipolarité. qui à la fois, je trouve, me correspond bien. Et aujourd'hui, quand je dis que je suis bipolaire de type 2, c'est parce que c'est le diagnostic qui a été posé quand j'ai continué mon parcours en clinique privée. Aussi bien parce que mon nouveau psychiatre était d'accord, mais aussi, je me le souviens, parce que moi, j'avais un peu insisté en disant la cyclotimie, ça me semble un peu faible par rapport à ce que j'ai eu. Moi, je suis sûr que je suis bipolaire de type 2. J'aimerais bien que vous abondiez un peu dans ce sens-là. et il n'a pas abondé dans ce sens-là pour me faire plaisir. C'est que pour lui, effectivement, il considérait que ça allait un peu plus loin que la cyclotimie. Et au final, aujourd'hui, je ne me pose pas la question au quotidien. Peut-être que c'est entre les deux. Dans tous les cas, c'est un trouble du spectre, ce qu'on appelle du spectre bipolaire. Et au final, j'ai envie de dire, c'est un peu dit grossièrement, mais on s'en fiche. Moi, je considère que je m'en fiche que je sois cyclotimique ou même bipolaire de type 1 si demain… Alors que ce n'est pas censé arriver, vraiment, je ne me le souhaite pas, mais je fais une phase réellement maniaque. Voilà, la vie est longue, on ne sait pas ce qui peut se passer.

  • Speaker #0

    Comment tu te stabilises aujourd'hui ? Est-ce qu'il y a des choses qui t'aident à te stabiliser ?

  • Speaker #1

    Oui, plusieurs. Je pense que c'est une combinaison, une chouette combinaison de plein de choses. Il y a la thérapie, que je continue avec la thérapeute, que je vois depuis ma sortie de clinique en 2017. Voilà, tu vois, là, je suis à Paris. Elle, elle est... Excuse-moi. Elle est en région lyonnaise. Et je continue à, maintenant que je suis stabilisé et que je n'ai pas forcément besoin de la voir toutes les semaines, on se voit en général une fois par mois. Et je descends en région lyonnaise, des fois pour voir de la famille, des amis, et j'en profite pour aller la voir. Donc ça, cette relation marche toujours bien, parce qu'on se connaît bien et qu'on se dit tout. Le traitement qui a été instauré à l'hôpital, qui est intimo-régulateur et qui fonctionne bien. quand quand Je vais vraiment bien, ou en tout cas ça fait un certain nombre d'années que je suis stabilisé, donc j'ai envie de dire de temps en temps, on n'hésite pas à revoir le traitement un peu à la baisse parce qu'on voit qu'il me soutient bien et que naturellement j'ai repris du poil de la bête et que du coup ça ne sert à rien d'être en surdosage. Et puis le fait d'avoir trouvé, alors à la fois ça peut être dangereux parce que le milieu artistique par essence fait que tu alternes des périodes où tu travailles beaucoup et d'autres moins. des périodes où il faut aller voir beaucoup de spectacles et rencontrer beaucoup de monde et d'autres moins. Et en même temps, c'est là-dedans que je trouve, je pense que c'est mon troisième axe d'équilibre, que je trouve mon équilibre parce que, et on le sait qu'il y a aussi un vrai lien, ce n'est pas de non-sens là, mais on le sait en tout cas que la cyclotimie, la bipolarité à la fois est un ennemi de la créativité et en même temps... temps son meilleur ami. Voilà, avec cette faillure-là, et qu'aujourd'hui, étant stabilisé, je pense que je fais en plus le bon métier pour me permettre de me réaliser. Et que c'est tout ça qui fait que je vais bien.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce que tu conseillerais aux personnes qui ont peur d'aller au diagnostic, peur de pousser les recherches pour celles qui ont un doute ?

  • Speaker #1

    J'ai envie de dire qu'on se sent tellement, enfin, ça fait un peu fleur bleue dit comme ça, mais qu'on se sent tellement mieux après. Encore une fois, un diagnostic ne vient pas changer, enfin, ne vient pas changer, enfin, si et non. Moi, vraiment, je pense que ça a changé ma vie, que c'était un vrai soulagement. Mais il ne suffit pas de poser un diagnostic. Il faut après que concrètement, dans la vie, il y ait des choses qui se passent. Mais on le sait globalement, dans les cas des troubles de l'humeur, dont la bipolarité fait partie, je ne vois pas comment... Sans être pro-médecin à 1000%, je ne vois pas comment on peut être stabilisé et qu'on peut vivre bien avec s'il n'y a pas de diagnostic ou s'il n'y a pas d'accompagnement. Mettre des mots dessus et une réalité médicale dessus.

  • Speaker #0

    Ça me semble hyper important, on va le dire grossièrement, à part quelques personnes qui s'en sortent avec des décoctions de millepertuis parce qu'on s'est rendu compte que le millepertuis avait des effets régulateurs pour l'humeur. En fait, globalement, en général, la bipolarité se stabilise avec un traitement médicamenteux, pas forcément avec des doses de cheval et de poney. Et que du coup, je trouve ça un peu illusoire de ne s'en remettre qu'à soi. c'est déjà... hyper compliqué et hyper courageux de vivre avec un trouble de l'humeur pour ne pas en plus se dire ouais ok en fait j'ai ça, c'est irrémédiable je serai sans arrêt soumis à des up and down, je dois vivre avec et advienne que pourra. Moi je trouve ça dommage.

  • Speaker #1

    On doit accepter qu'on n'est pas tout seul sur ce chemin. Ouais !

  • Speaker #0

    Oui, par contre, l'acceptation de la maladie est un vrai sujet. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, si je me pose la question « est-ce que j'ai complètement accepté que j'étais bipolaire ? » , je ne suis pas sûr que je puisse répondre « oui » à 100%. Mais ça, c'est différent. C'est une question différente pour moi de « j'accepte, par contre, que j'ai besoin d'un accompagnement et d'être aidé » . Par exemple, peut-être que si j'avais complètement accepté, on peut se poser la question que c'est une pathologie et que je souffre d'un handicap invisible. peut-être que j'aurais demandé la RQTH, la reconnaissance de qualité de travailleurs handicapés. Et je ne l'ai pas fait. Donc, ça veut bien dire que peut-être qu'il y a une partie de moi qui me considère malade, mais pas trop ou malade, mais moins qu'un tel ou une telle. Mais par contre, j'ai complètement accepté que… Un peu, j'ai envie de dire comme dans le milieu artistique où tu te construis ta team, avec un metteur en scène, un chorégraphe, une production qui t'accompagne. J'ai complètement accepté que j'avais un peu une team… team psychique médical autour de moi et que c'est pas des gens qui prennent le pouvoir sur moi et qui décident pour moi, c'est juste des gens qui sont là pour m'aider à vivre au maximum de mon potentiel.

  • Speaker #1

    Tu dis, si tu me demandais si j'accepte aujourd'hui la maladie, je sais pas ce que je dirais, et pourtant le fait d'avoir écrit ce livre, d'avoir monté ce spectacle, c'est quand même exposé. ta vulnérabilité, puisque tu viens, tu dis moi, François, coucou. Coucou. Je suis Bipo.

  • Speaker #0

    Et tout va bien.

  • Speaker #1

    Je suis Bipo, tout va bien. Je vous en prie, prenez une chaise, installez-vous, ça va bien se passer.

  • Speaker #0

    Exactement. Oui, oui, si. Si, si, non, c'est très vrai, bien sûr. En tout cas, il y a forcément une énorme acceptation. J'en ai conscience doublée de... comme tu le dis, de ne pas avoir peur de montrer ses failles et sa vulnérabilité, et donc d'une prise de recul. Je vois bien que si ce deuxième spectacle est aussi la version 1000.0 du premier que je jouais, et on va dire qu'il parlait de sensibilité, mais où je ne venais pas au cœur de mon diagnostic, de ma bipolarité, des thématiques de santé mentale, c'est parce que même si j'avais déjà beaucoup d'humour à l'époque où j'allais mal, où j'étais en clinique, en hôpital psy, sur ce qui m'arrivait, j'avais pas encore le recul nécessaire pour en parler peut-être de manière... safe et humoristique sans que ça soit cringe et que maintenant c'est le cas donc c'est forcément une preuve d'acceptation et de recul mais je pense que c'est toujours difficile de se dire et puis je ne sais pas trop ce que ça veut dire ce mot en tout cas je préfère pathologie que maladie alors que c'est juste un terme différent médical pour dire la même chose mais ouais je... Je ne sais pas trop ce que ça veut dire au quotidien de se sentir malade, alors que je le suis.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui t'a permis de te sentir en sécurité pour monter ce spectacle ?

  • Speaker #0

    Juste de sentir. En fait, je pense que ce spectacle est arrivé parce que je me sentais en sécurité avec moi-même et le rétablissement. Parce que je me souviens que je me suis dit « waouh, quand même petit challenge d'aller dans le fond de ces sujets. Est-ce qu'il va y avoir un public pour ça ? » Le public n'est pas forcément roi. on ne... Je considère que la création artistique doit exister indépendamment des attentes d'un futur public. Et en même temps, après notre boulot, qu'est-ce qui te fait vivre ? Qu'est-ce qui fait que tu peux continuer à jouer ? C'est parce que ta salle se remplit progressivement. Donc, la question est un peu épineuse. Mais je me souviens m'être dit, pour moi, je sens que c'est le bon moment de parler de ces sujets-là. Let's go ! Et je me sens suffisamment capé pour jouer une consultation avec mon psychiatre, jouer la bipolarité. Et encore une fois, c'est venu petit à petit. je suis pas arrivé tout de suite avec la version actuelle du spectacle je pense que je me serais pas senti dès le départ d'exposer vraiment sur scène ce que c'est un up un down, de pas avoir peur de plonger les gens dans un mal-être puis après de les rattraper, de les rechoper avec une blague et que ça c'est un processus et que plus on avance plus je suis au clair avec moi sur le fait voilà on en discutait tout à l'heure de il faut aussi montrer aux gens ce que c'est pour que on peut... puisse démystifier ces sujets-là. Et que si c'est fait avec cœur et avec sincérité, il n'y a pas de raison que ça soit mal pris et que ça soit mal interprété et que ça soit violent pour les gens, quand bien même on parle de maladies qui sont très difficiles et très violentes.

  • Speaker #1

    Oui, je trouve que ça demande beaucoup de stabilité intérieure que d'être capable de faire vivre ce processus-là. aux personnes pour leur montrer une réalité sans avoir forcément la volonté de les choquer. Est-ce que tu estimes que ton entourage, que ce soit privé et ou professionnel, t'a permis, t'a aidé à te sentir en sécurité pour dire « Ok, là, j'ai la bonne équipe, on y va parce que je sais qu'on peut le faire » .

  • Speaker #0

    Oui. Alors, pour ce qui est de l'entourage vraiment… Enfin, on va dire, dans l'entourage privé, qu'il y ait de la famille hum hum J'allais dire, ce n'était pas spécialement une question, c'est-à-dire que je ne me suis pas posé la question de comment ils vont le prendre, est-ce qu'ils vont trouver que c'est impudique. Je me suis vraiment lancé moi tout seul. Professionnellement, j'ai toujours eu des gens qui m'ont soutenu et qui sont là pour faire en sorte qu'on construise un spectacle complet, à dominant humoristique, mais pas que. Et oui, je me suis... Toujours senti soutenu. Et quand ces personnes-là avaient des interrogations parce que pas forcément concernées par ce qu'est le trouble bipolaire, donc du coup un peu interrogatif de « Ok, mais quand tu veux insister sur ce point-là, moi j'ai besoin de comprendre ça correspond à quoi ? » Parce que du coup ça va influer sur comment on peut mettre en scène ça, comment est-ce qu'on peut écrire ça. Mais oui, tout de suite soutenu. À partir du moment où moi je me suis senti prêt, les gens ont suivi.

  • Speaker #1

    C'est ta posture intérieure, c'est partie de ta posture intérieure, du fait que tu sois prêt intérieurement pour que l'équipe autour de toi, du moins professionnellement, puisque c'est vers des personnes sensibles à ton sujet et avec qui tu as des affinités forcément, que le reste a suivi.

  • Speaker #2

    Oui,

  • Speaker #1

    oui,

  • Speaker #2

    oui, oui, voilà, que du oui.

  • Speaker #1

    Est-ce que quelque part... Est-ce que, quelque part, c'est ce genre de relation-là qu'on construit à côté, avec des personnes qui vont être sur la même longueur d'onde que nous, qui permettent parfois d'absorber le fait que ce soit compliqué du côté famille, où on n'accepte pas nécessairement de la même façon, où on peut se retrouver parfois dans des cellules familiales qui ne vont pas être forcément soutenantes ?

  • Speaker #0

    Oui, oui. moi euh je pense En fait, c'est comme, c'est complètement ça, je suis complètement d'accord, c'est-à-dire que si ça, on va résumer avec des gros mots, si ça se passait mal avec ma famille à ce niveau-là, c'est-à-dire qu'il n'y avait pas un niveau de compréhension satisfaisant, que je ne me sentais pas soutenu, je pense que l'entourage professionnel serait d'autant plus important et que c'est ce qui me permettrait de me sentir quand même validé au quotidien et que je suis légitime et que j'ai le droit de parler de ça et que c'est bien et qu'en plus… potentiellement on est plein à avoir des troubles de psy et qu'en plus, je fais du bien à une certaine partie de la population en exposant ça et en montrant qu'on peut en rire et qu'il y a de l'espoir. Et en même temps, moi en ce qui me concerne, même si on ne passe pas notre temps à en parler, je n'ai pas l'impression au quotidien qu'il y a un tabou à ce sujet-là, mais si c'était le cas… Si c'était le cas, évidemment que je m'en remettrais encore plus à mon entourage professionnel et aux personnes qui me soutiennent dans cette démarche.

  • Speaker #1

    Ok. Il y a un très beau passage dans ton livre, moi, qui m'a marqué beaucoup.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Page 58.

  • Speaker #0

    Ah, de mémoire, attends, page 58. Je ne sais pas si on se joue à ce jeu-là.

  • Speaker #1

    Vas-y.

  • Speaker #0

    Vas-y,

  • Speaker #1

    lequel c'est à ton avis ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas pourquoi, le jeu est très très naze. Page 58, j'imagine qu'on doit en être en termes d'âge. Attends, il fait 224 pages. Le psychopathe, quoi. J'imagine qu'on en est peut-être dans le cœur de l'adolescence, là.

  • Speaker #1

    Moi, je trouve que c'est un très beau monologue qui... C'est un monologue que je vois super bien présenté sur les cours de diction au conservatoire. Est-ce que tu me permets de le lire ? Bien sûr,

  • Speaker #0

    mais je pense que du coup, c'est peut-être après.

  • Speaker #1

    Il fait une page.

  • Speaker #0

    Ok, vas-y.

  • Speaker #1

    Un dernier mot sur l'endroit que tu penses que c'est ou pas ?

  • Speaker #0

    Quand je dis, putain, j'ai envie d'aller prendre le livre et de regarder. Non ! Un monologue disait que c'est l'adolescence. J'imagine que je pense qu'on est encore dans les années... patins et avant la terminale, je sais même pas si on est au lycée, je pense que c'est dans l'adolescence.

  • Speaker #1

    À la réplique, François on se réveille, tu réponds, évidemment je suis réveillé, figure-toi que je peux penser à la condition misérable de l'être humain et faire une pirouette en même temps, contrairement à toi qui est bien passé à côté de ta carrière, caché dans ta doudoune coach et retranché derrière la balustrade. C'est tellement plus simple de donner des ordres aux autres. alors qu'on n'a même pas été fichu de se les appliquer à soi-même. Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? Tu vas me sortir de la glace ? Regarde-moi quand je te parle. Tu vas me sortir de la glace ? Je paie 200 euros par mois. Une fois sur deux, un partenaire n'est pas là et tout le monde s'en fout. Je garde le sourire et tu veux me sortir de la glace ? Mais viens Cyril, il n'y a pas de problème. On va discuter dans ton bureau. Laisse les autres. Il n'y en a pas un qui tient la route de toute façon. Viens, on va discuter. Mais viens ! T'as peur de quoi ? Que je fasse une scène ? Là, je fais une scène. Là, je fais une scène. Mais t'as rien vu, mon pauvre ? Moi, j'ai grandi dans un monde où les gens se balancent des meubles à la gueule. Quand est-ce que quelqu'un va me prendre au sérieux ? Putain ! Hein ? Regarde-moi quand je te parle, Cyril. Vous en faites quoi de votre petit champion adoré ? Vous en faites quoi ? Mais réponds ! Vous en faites quoi ?

  • Speaker #0

    C'est un peu facile maintenant à dire, mais vraiment, je n'ai pas osé le dire tout à l'heure. Quand tu as dit monologue, je me suis dit, est-ce que ça serait cet endroit-là ?

  • Speaker #1

    C'est cet endroit-là qui, moi, m'a profondément touchée. Parce que comme ça, c'est juste un mec qui pète une coche. C'est juste un ado qui pète une coche. Et en même temps, ça m'a touchée à la fois parce que toutes les personnes avec un trouble de l'humeur, Peuvent expérimenter ça vraiment super souvent et c'est super difficile de se rattraper, de se ravoir après être monté comme ça dans les tours.

  • Speaker #0

    Évidemment, ça te dépasse.

  • Speaker #1

    Ah oui !

  • Speaker #0

    Après, je pense qu'il n'y a pas que les personnes qui ont des troubles de l'humeur. Tu as des personnes qui sont profondément caractérielles et colériques et ça peut tous nous arriver de dépasser les bornes. Mais en l'occurrence, là, même si à ce moment-là, je ne sais pas encore que potentiellement j'ai un trouble de l'humeur, on peut se poser en tout cas la question de est-ce que ça n'est pas une caractéristique.

  • Speaker #1

    Et en même temps... Oui. Et en même temps, en lisant ce passage-là, ça m'a... Alors, me demande pas pourquoi, parce que sur les mots, forcément, je lis ça. Moi, je vois un mec sur la glace. Et en même temps, à ce moment-là, je vois l'image du regard qui tourne soit de mon ami qui est atteint du trouble bipolaire ou de ma sœur dans mon enfance, puisqu'une de mes frangines est atteinte du trouble également, de voir ces moments-là où tu sens... qu'il y a un switch où tu vois qu'il y a un truc qui change. C'est eux, mais c'est pas eux. À ce moment-là, il y a un truc dans le regard qui change. Et en lisant ça, je me dis, waouh, ça aurait pu être pareil. Ça aurait pu être le même genre de scène. Alors que c'est pas spécialement ce type de caractère-là qui les caractérise d'ordinaire. Et ce moment-là du livre m'a beaucoup touchée. Si tu vis de l'anxiété, tu as sûrement tout essayé. Des psys, du coaching, des applis, des rituels anti-stress. Et la vérité, c'est que ça n'a jamais vraiment marché. Tu veux savoir pourquoi ? Parce que la plupart de ces approches ne font que mettre un pansement sur la plaie sans aller voir ce qui se joue en profondeur. J'ai été, cette personne, anxieuse, épuisée, à bout. J'ai testé mille choses sans jamais trouver une solution qui tienne. Jusqu'au jour où j'ai compris que je n'étais pas... cassé et que je n'avais pas besoin d'entrer dans un moule trop petit pour moi. Depuis, je suis devenue thérapeute et après des années de pratiques et d'expériences personnelles, j'ai créé l'Antidote. Une approche concrète, inclusive, éthique, sans jugement ni case à cocher, pensée pour t'aider à explorer les racines de ton anxiété, mieux la comprendre et avoir les bons outils pour qu'elle n'ait plus d'emprise sur ta vie. T'en as pas marre d'investir dans des thérapies qui traînent en longueur et qui ne donnent pas de résultats ? Mais attention, je ne suis pas en train de te promettre une baguette magique. Mais ce que je peux te garantir, c'est qu'en 4 mois, tu vas enfin transformer ta relation à ton stress et te reconnecter à qui tu es vraiment. Il ne te reste qu'à cliquer sur le lien dans la description de l'épisode pour prendre ton appel avec moi et faire ton premier pas maintenant. Toutes les personnes concernées par un trouble de l'humeur vont juste... ça va forcément parler à toutes ces personnes-là. En même temps, je me dis, est-ce qu'il n'y a pas, derrière les troubles de l'humeur, est-ce qu'il n'y a pas une vérité qui explose dans ces moments-là ? À garder trop pour soi les choses qui ne vont pas, à garder trop pour soi les choses qui nous agacent. Et que plutôt que de les sortir de façon spontanée pour réguler les émotions, on va juste laisser un truc exploser à un moment donné.

  • Speaker #0

    Bien sûr, et ça je l'expérimente encore, enfin tu vois, c'est trop chouette comme question parce qu'actuellement, sans entrer dans les détails, enfin voilà, on s'en fiche de ma vie, mais notamment professionnelle. Il y a plein de moments où je me dis, est-ce qu'en termes de thérapie, j'ai suffisamment travaillé là-dessus ? Parce qu'il y a plein de choses sur lesquelles j'ai beaucoup travaillé et je vois que ça paye ses fruits, je vois les résultats. Et que sur cet aspect-là, à la fois je considère que je suis quelqu'un qui n'a pas de difficultés à communiquer et qui arrive, alors tu vois, encore une fois, tu t'es relative, mais j'ai tendance à me définir comme quelqu'un qui arrive assez bien à dire les choses. et à les dire rapidement, notamment, ça, ça me convient, ça, ça ne me convient pas. Et en même temps, je vois bien et je sais qu'on est tous sujet, mais c'est difficile de faire la part des choses parce qu'en même temps, personne n'a envie de se friter avec quelqu'un et de mettre les pendules à l'heure au début, au bout du deuxième rendez-vous, au bout de la deuxième entrevue, au bout du deuxième café ou du deuxième thé. Et en même temps, des fois, force est de constater que je me dis, waouh, j'ai 30 ans et j'ai l'impression que ça fait quand même globalement 30 ans. que sur certaines situations, je laisse le bénéfice du doute, des fois, à certaines situations ou certaines personnes, où je me dis, OK, ça va aller, ça va aller. Et en fait, tu accumules, tu accumules, tu accumules. Et que pour le coup, ça m'arrive encore. Alors, des fois, et c'est le sketch, et je crois qu'on est nombreux et nombreux à faire ça, c'est sous ma douche ou quand je suis en train de faire le ménage ou de cuisiner, où tu te fais, tu sais, toi-même l'engueulade avec l'autre personne et où tu fais les questions et les réponses et les répliques. Mais je vois bien que ça m'arrive encore, soit tout seul de mon côté, soit directement avec la personne. d'exploser comme ça peut être le cas là dans ce monologue et que pour le coup t'as envie de dire malheureusement c'est horrible parce que rien de constructif ne va en ressortir alors que je considère que la violence ou la mise au point de la violence ou il y a une vraie légitimité à faire cette mise au point là mais qui dans tous les cas ne peut pas être entendue parce que comme tu le dis tu switches et en fait en face de toi t'as juste quelqu'un qui est survolté et qui balance des punchlines et de Et ça m'interroge sur le fait que, en même temps, on est nombreux et nombreuses. Et est-ce que ce n'est pas le propre de l'humain d'être aussi dans les relations humaines ? Ok, je vais m'adapter, je vais tâter le terrain. Et du coup, tu prends sur toi et que, naturellement, le craquage est profondément humain. Mais est-ce qu'il y a des moments… Et ça, tu vois, je n'ai pas l'impression que ça fasse partie de mon trouble de l'humeur. Mais peut-être, peut-être que le fait d'avoir un trouble de l'humeur, ça renforce ça. parce que j'ai grandi aussi dans un milieu où ça pouvait gueuler comme ça et exploser, où je pouvais voir mes parents vraiment se transformer en aliens. Je ne sais pas. Mais en tout cas, c'est vraiment quelque chose sur lequel j'essaye de continuer de travailler, mais où assez fréquemment, je peux me mettre dans les situations du type du monologue que tu viens de dire.

  • Speaker #1

    c'est une réflexion intéressante parce que c'est vrai que quand on est concerné par un trouble de l'humeur, quel qu'il soit j'observe en tout cas dans mon cas de me dire, mais ok, bon, là, si je m'emporte, qu'est-ce que je fais ? Tout en sachant que, est-ce que ça va être fini après et que je vais passer à autre chose ou est-ce que je vais ruminer ce machin-là ? Et si je le dis maintenant...

  • Speaker #3

    Moi, je continue à ruminer pendant... Je me dis, waouh, mais en fait, j'ai oublié des trucs en plus.

  • Speaker #1

    Mais c'est ça ! Et dans la gestion émotionnelle, tu dis, bon, si je lui dis maintenant, ça ne va pas le faire parce que je vais le couper en cubes, comment ? Et de dire, ok, bon... de poser la limite quand même, mais de trouver le bon moment pour pouvoir la poser de la bonne façon. Puisque le but, ce n'est pas forcément d'abîmer la relation, mais c'est vrai que j'ai l'impression que quand on sait qu'on est atteint d'un trouble de l'humeur, on va plus facilement dire, laisser le truc dire, bon, attends, le bon moment, le bon moment, le bon moment. Sauf que le bon moment, des fois, c'est important aussi de se mettre en colère un peu pour éviter de péter une coche plus tard.

  • Speaker #0

    Plus tard, oui.

  • Speaker #1

    Ouais. Comment est-ce que tu penses, toi, que ton trouble influence ton processus créatif ?

  • Speaker #0

    Alors déjà, premièrement, en tout cas, une observation, voilà, une observation, et ce n'est pas immuable, peut-être que ça changera plus tard. J'observe que globalement, même si je suis globalement stabilisé, je suis toujours soumis, et encore une fois, comme tout le monde, c'est-à-dire que je pense que ça m'arrive encore d'avoir des déprimes saisonnières, notamment en automne et en hiver, et qu'en général, je dis bien en général, je suis quand même quelqu'un de... plus créatif quand l'humeur est haute que quand l'humeur est basse. Et quand je dis plus créatif, c'est que ça m'arrive d'être créatif, évidemment, l'automne et l'hiver, parce que sinon, globalement, ça va dire que la moitié du temps, je les arde. Mais c'est moins percutant. Il me semble, ça c'est mon auto-analyse, peut-être que les gens avec qui je travaille diraient la même chose, mais en tout cas, je parle pour le spectacle, c'est-à-dire à dominante humoristique. C'est un peu binaire ou plutôt simpliste. La blagounette va venir plus facilement au printemps et à l'été qu'en automne et en hiver. Et le livre a été beaucoup écrit à l'automne et à l'hiver, et peut-être que quelque part, moi qui me connais, le François qui se connaît bien le ressent aussi. Je pense fondamentalement, attention, que le fait de l'écrire juste, par exemple en un été, n'aurait pas changé fondamentalement ni le propos, ni la manière dont c'est raconté, mais en tout cas, tout ça pour dire, pour résumer, je fais un peu une digression, les moments où je suis triste, où je suis en souffrance, parce que ça m'arrive, Évidemment, encore beaucoup. Ce ne sont pas des moments où je suis dans la capacité de créer, ou en tout cas, pas dans la capacité de créer quelque chose qui va pouvoir être entendable. Entendable, ça ne veut pas forcément dire drôle ou pas drôle, c'est juste que je ne vais pas avoir du recul et que si je crée, je ne crois pas du tout, par exemple, à l'artiste torturé. L'artiste aux fêlures, oui, mais on est plein à avoir des fêlures, y compris des gens qui ne se définissent pas comme artistes. Et si je crée... Dans des moments où je suis en proie à des angoisses, à des insomnies, à des rapports conflictuels, que ce soit avec la famille, avec les amis, avec qui on veut, ce n'est pas une création où j'ai suffisamment de recul pour qu'elle puisse être exposée correctement. Donc c'est globalement ça, c'est-à-dire mon trouble de l'humeur. Après, je suis stabilisé, donc on me pose des fois la question. Il n'y a plus de moments, et j'en suis ultra ravi, où je suis dans un... telle dinde, une telle dépression que je ne suis plus en mesure de jouer mon spectacle. Ça ne m'est pas arrivé et ça c'est génial et j'espère que ça continuera. Mais je sais que si ça devait arriver, en profonde dépression, je pense que je ne serais pas capable de jouer mon spectacle, par exemple.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui te sécurise dans ton processus créatif ? Parce que j'imagine que tout ça aussi, c'est parce que tu as mis en place toutes les choses dont tu as besoin pour que ça se passe bien. Comment tu fais pour sécuriser ton... Oui, vraiment ton processus créatif. Donc, tu nous expliquais déjà que tu ne crées pas les mêmes choses au même moment de l'année.

  • Speaker #0

    Eh bien, alors je dirais, oui, il n'y a pas de miracle, une certaine régularité. J'ai toujours été quelqu'un qui aimait bien planifier, on va dire s'y prendre à l'avance. Et en même temps, il y a la dualité, c'est-à-dire je continue à être quelqu'un qui fait beaucoup de rétro-planning, de m'y prendre à l'avance pour ne pas être dans le… Je suis quelqu'un qui a beaucoup besoin de répéter pour être en confiance. et des fois du coup le pendant c'est que je pense que globalement le talent, enfin moi c'est ma conviction, le talent c'est le travail et que du coup je serais pas capable d'aller sur scène au talent comme on dit parce que je pense que tu finis vite par te planter si tu ne travailles pas assez mais que du coup des fois je fais peut-être pas suffisamment confiance à mon intuition ou à ma personnalité qui pourrait permettre un petit twist intéressant qui ramènerait du naturel ou de l'originalité tu vois sur scène c'est pas un spectacle où il y a de l'interaction mais Merci. c'était quand même en lien avec les gens. Mais globalement, ce qui me sécurise, c'est de savoir que je me fais des sessions d'écriture régulières, de savoir que j'ai le temps de répéter et que je ne sais pas créer dans le rush. Globalement, le fait de créer des fois dans le rush peut être intéressant pour des parties un peu discours que j'ai pu faire, rien à voir pour des cérémonies de mariage, d'amis. et où du coup tu es obligé de créer mais ça va parce que c'est sur des formes courtes je pense que si j'avais la chance de faire des chroniques radio c'est aussi intéressant des fois d'avoir un temps limité et ça te muscle différemment c'est à dire quand tu as un temps limité et que les phrases doivent être courtes ça te muscle différemment mais le spectacle je ne peux pas me dire ouais vas-y je ne fais rien et en fait je joue le samedi le vendredi soir je me mets à écrire un nouveau sketch que je teste demain moi ce n'est pas du tout quelque chose qui me sécurise je vais arriver en stress oui je comprends

  • Speaker #1

    Donc, la... En fait, c'est une forme de discipline.

  • Speaker #0

    Oui, la discipline. Et que je tiens, globalement, j'étais déjà quelqu'un comme ça à l'école et ça a été accentué par le sport de haut niveau. La discipline, elle me vient et elle me reste de là.

  • Speaker #1

    Comment tu rends la discipline agréable ? Donc ça, je précise la question. C'est pour les personnes qui vont voir la discipline comme quelque chose qui fait mal, comme une souffrance. Est-ce que tu as des trucs pour nous aider à rendre ça agréable, en fait ?

  • Speaker #0

    disons que moi en tout cas j'ai senti qu'elle devenait qu'à la fin elle était vraiment plus du tout agréable les dernières années dont je parle beaucoup d'ailleurs je pense que plus que dans le spectacle, dans le livre j'ai vraiment beaucoup parlé de ces périodes de patinage à haut niveau où en fait la passion devient vraiment quelque chose de destructeur parce que une discipline à toute épreuve qui fait que il n'y a plus beaucoup de place pour l'humain et pour le ressenti et pour le cœur Et aujourd'hui, ce qui fait que la discipline, elle est agréable, c'est que j'ai trouvé, enfin, ouais, oui, et ça, ce n'est pas du tout de moi, je l'ai entendu dans plusieurs interviews, je vois que je trouve ma liberté, encore une fois, pour revenir sur ce que je disais avant, dans le travail. C'est-à-dire, c'est le fait d'avoir la discipline et que les choses soient carrées. qui, dans ce cadre-là, m'autorise à dépasser. Et comme je me sens en confiance, je me dis, la discipline fait que je sais que j'ai mon rétro-planning, que dans une semaine, j'ai des répètes, et que du coup, la semaine suivante, je joue, et que du coup, je suis sécure. Et à l'intérieur de ça, du coup, je m'autorise des folies parce que je sais que c'est de ces folies-là, de ces impros-là, de trucs que je vais voir et que je vais dire, attends, mais ça serait complètement dingue peut-être de partir dans telle ou telle direction, que ça va fonctionner parce que j'ai quand même la discipline. Voilà. Donc, le fait que le cadre soit là, je ne le vois plus comme quelque chose de limitant, en fait.

  • Speaker #1

    C'est le cadre, en fait, qui te libère.

  • Speaker #0

    Exactement. Le cadre, peut-être de manière assez paradoxale, me libère.

  • Speaker #1

    OK. Question de TDAH à Bipo. Comment tu maintiens ta capacité ? de concentration dans les moments où ça va moyen bof ?

  • Speaker #0

    Dormir.

  • Speaker #1

    Ah, trop bien.

  • Speaker #0

    Du coup, ça ne répond peut-être pas à la question parce que si ta question, c'est sur le moment où tu n'arrives plus à bosser, à être concentré sur une tâche, si tu dois vraiment finir la tâche et que tu vas dormir, c'est mort. La tâche n'est pas terminée, mais je suis de base un gros dormeur. Des fois, on ne va pas se mentir, c'est accentué par le traitement. que je crois qui à la fois stabilise l'humeur, mais qui peut avoir un effet légèrement soporifique, on va dire.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    Ça se dit, j'espère. Oui, je pense. Oui, je crois que ça se dit.

  • Speaker #1

    On considère que oui.

  • Speaker #0

    Voilà, on considère que oui, on a compris l'idée. Mais oui, globalement, encore une fois, c'est double. C'est pénible, j'ai toujours l'impression de me faire l'avocat du diable, ou en tout cas de poser le pour le contre. C'est mon côté science-po, ça. Non mais globalement, j'ai envie de dire dormir. Je pense que globalement, même sans parler des troubles de l'humeur, les gens, et je me compte dedans, même si je fais partie des gens qui dorment beaucoup, on ne dort pas assez. Vraiment, je pense qu'il y a beaucoup de problèmes. Mais même si on prend tout le monde, je veux dire ce qui se passe au niveau politique, géopolitique.

  • Speaker #1

    Merci de le dire.

  • Speaker #0

    Ce qui se passe avec les collègues dans un open space. En vrai, si on avait une meilleure… Il ne faut pas forcément se culpabiliser. On a des rythmes de vie aussi où… Ce qui est valorisé socialement, c'est de ne pas beaucoup dormir, c'est de sortir, c'est de voir du monde. Mais je pense que globalement, si chacun dormait une heure de plus chaque nuit, déjà, ça irait beaucoup mieux. Mais globalement, c'est vraiment un truc que je sacralise un peu, c'est-à-dire que je ne vais pas pouvoir tout le temps le faire. Mais ce que j'aime dans mon rythme d'indépendant et de création, c'est que oui, des fois, ce n'est pas assez cadré et je vais avoir tendance à traîner à la maison, mais que je reste globalement quelqu'un qui arrive à se mettre un cadre et qui est actif et que par contre, je… pas à aller faire une sieste d'une heure et demie où je me dis, ok, là je sens que ça ne va pas, je sens que ça ne va pas, je sens que je n'arrive pas à me concentrer suffisamment, je sens que en fait j'ai écrit dix minutes et je m'énerve parce que soi-disant ça ne va pas assez vite. Bon, des fois il faut se faire un peu violence et dans la fatigue, ce que j'aime bien dans la fatigue, des fois quand je n'ai pas assez dormi et notamment pour la scène, il ne faut pas que ça soit une fatigue extrême, mais du coup ton corps c'est physiologique, on le sait, il est un peu plus détendu et du coup ça donne des choses et assez drôle et intéressante artistiquement d'être dans une détente. Des fois, quand j'ai trop dormi, du coup, je suis en mode pile électrique, tout est très tendu, voilà. Mais globalement, quand, je le dis d'ailleurs dans le livre aussi, il me semble quand je suis à bout de souffle et que ça ne fonctionne pas assez au niveau créatif, je vais dormir. Parce que j'ai la chance de pouvoir, dans ma journée, si je n'ai pas de rendez-vous prévu, En fait, si j'ai envie de créer de 16h à 20h après être allé faire une énorme sieste de 14h à 16h, j'ai la possibilité de le faire et c'est une chance et vraiment, je ne m'en prive pas.

  • Speaker #1

    Comment tu t'en... Là, c'est la question un peu pratico-pratique. Comment est-ce que tu t'en sors dans tes to-do list ? Est-ce que tu arrives à te maintenir à jour ? Déjà, merci de le dire, mais quand ça ne va plus, en fait, on vit dans un monde de gens fatigués. Donc, si j'ai besoin, je vais dormir. Merci de le dire, puisque les gens sont épuisés.

  • Speaker #0

    On est crevés, on est crevés.

  • Speaker #1

    Les gens sont épuisés. Je n'ai pas une personne en consultation qui arrive en cabinet et qui me dit...

  • Speaker #0

    « Je dors bien. »

  • Speaker #1

    Tu me dis « Je dors bien. » Donc, merci de le dire. Mais du coup, comment tu gères ? Parce que tu sais, par rapport à l'anxiété de… Parce qu'on a tous des choses à faire, en fait,

  • Speaker #0

    quel que soit nos métiers.

  • Speaker #1

    Comment tu gères une to-do list en retard, par exemple ?

  • Speaker #0

    Encore une fois, j'allais dire la discipline en priorisant. C'est-à-dire si vraiment je prends du retard sur une to-do list. J'ai accepté que la Toulouse, de toute façon, elle n'est jamais terminée. Tu vois, j'en ai une, c'est ma note qui est épinglée sur mon ordi, mon téléphone. Et globalement, je change plus souvent de titre en haut, à savoir le mois. Là, on est passé d'octobre à novembre. Il reste des tâches que je voulais finir en octobre et qui sont encore en novembre. Mais la priorité, la priorité de santé, notamment, voilà, c'est si jamais je suis en retard sur des choses. En termes créatifs, mais tu vois, le spectacle continue à exister toutes les semaines. Si je n'ai pas fait cette tâche créative-là, ça ne m'empêche pas d'aller jouer samedi prochain. Ce n'est pas la priorité ultime. Et en tout cas, sauf Ultra Deadline, parce qu'elle met en plus en jeu d'autres personnes et que du coup, tu as une responsabilité collective où tu ne peux pas lâcher les gens, sauf si tu as un énorme pépin de santé et une urgence, ça, ça va être la priorité. Mais des choses qui vont me concerner. Moi, tu vois, je me dis, ouais, j'aurais voulu. plus avancé sur de la réécriture de spectacles ou de livres ou de chroniques cette semaine, mais au final, il y a d'autres choses qui sont prioritaires, franchement, ce n'est pas grave. Et du coup, l'aspect créatif, à la fois, il faut que je fasse attention parce que c'est mon métier, il faut que je sois régulièrement créatif, et en même temps, si c'est reporté à six jours après, vraiment, il n'y a rien de grave.

  • Speaker #1

    D'accord. Donc, ça te demande aussi de la souplesse pour réorganiser en fonction des vrais détails. Oui, et ça,

  • Speaker #0

    ça me demande un vrai travail parce que j'ai tendance quand même dans la discipline à avoir un côté assez, dans la discipline, quand même rigide. mais j'espère pas rigide dans le sens chiant, mais rigide dans le sens il y a un moment c'est aussi en travaillant que le goût du travail vient de plus en plus et que plus je crée, plus ça appelle de nouvelles créations et ça c'est chouette donc je ne me laisse pas non plus vivre en me disant ah oui ok aujourd'hui je m'étais prévu 4 tâches mais si j'en ai fait qu'une et demie, c'est pas très grave il y a des jours c'est pas très grave et quand même globalement je m'instreins à avoir un rythme élevé Heureux soient les fêlés,

  • Speaker #1

    c'est le titre de ton spectacle Oui Merci. Comment s'est passé le processus d'écriture ? Parce que tu as dit que tu l'avais réécrit. Et est-ce que tu peux raconter un petit peu la ligne du temps de l'écriture, de la naissance de ce spectacle et puis de son évolution, par rapport à ce qui a certainement, j'imagine, co-évolué avec toi ? Est-ce que tu peux nous en parler ?

  • Speaker #0

    Oui, alors le spectacle que je joue actuellement... c'est un deuxième spectacle c'est en fait à force d'avoir vraiment modifié, modifié, modifié, modifié le premier qui parlait beaucoup de sensibilité avec en plus les périodes de confinement où du coup j'ai pu prendre du recul et où je pense que ça a été un peu mes premières ce qu'on appelle résidence artistique c'est à dire ce genre de période à la fois de jachère où tu prends le temps de poser les choses et de prendre du recul et ensuite de te remettre dans un processus créatif assez intensif de plusieurs jours d'affilée où tu te dis ok J'ai pris du recul. En fait, j'étais tête baissée depuis plusieurs mois en jouant ça, en disant ça sur scène. Mais je crois que ça, ça ne me correspond plus. Ce n'est plus d'actualité. Il faut que je change. Il y a d'autres choses qui m'animent. Mais en tout cas, c'est un deuxième spectacle. Il a commencé à naître dans mon esprit, on va dire en fin 2021, début 2022, au moment où je me suis dit « Ok, je crois que je suis prêt à parler vraiment de diverses thématiques de santé mentale, mais principalement de ma bipolarité. » Pas de celle du voisin, pas de sel des Français et Françaises qui souffrent de bipolarité, non, de ma bipolarité, comment ça peut aller impacter ou toucher les gens ou les intéresser. Et donc ça, ça a pris bien plusieurs mois d'écriture et depuis le printemps 2022 où ça a été l'éclosion de ce spectacle, maintenant on est à l'automne 2025, ça fait trois ans et demi, et je me dis que je fonctionnerais différemment pour le spectacle suivant et que je fonctionnerais comme ce que j'ai fait pour le livre, C'est-à-dire... par système de résidence et d'un temps donné et entre guillemets on se laisse le temps pendant trois mois six mois un an de faire une énorme résidence et de bouger des choses forcément il ya des choses qui bougeront après parce que les premières réactions du public t'amène à bouger mais là avec ce spectacle ce qui commence à devenir un peu fatigant pour moi je le conçois et surtout pour mon équipe artistique le metteur en scène et le chorégraphe c'est que assez régulièrement j'ai envie de bouger des choses je bouge des choses et du coup c'est un peu sans fin donc à la fois je trouve que c'est cool parce que je ne m'ennuie pas Et que ça apporte de la fraîcheur, y compris pour le public, et une amélioration, je l'espère. Et en même temps, il est sans cesse en évolution, et ça en devient presque un peu fatigant. Donc j'ai l'impression que ça fait trois ans que je suis dans une réécriture permanente.

  • Speaker #1

    Est-ce que ce n'est pas normal, quelque part, dans la mesure où toi aussi tu co-évolues ? Si,

  • Speaker #0

    je continue d'évoluer.

  • Speaker #1

    Où tu n'es vraisemblablement plus le même homme que tu étais il y a trois ans ?

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et qu'en même temps, tu découvres encore plein d'autres choses sur toi-même, sur le trouble. Et alors, même si on te laissera, enfin, je ne sais pas, peut-être que oui, mais même si j'imagine que peut-être qu'on ne te laissera pas arriver jusqu'à la salle en tyrolienne, il y a certainement plein de choses encore qui sont faisables en fonction de la personne que tu continues de devenir chaque jour.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Je crois que j'ai vu une version, parce que j'ai fait des recherches, on trouve très peu d'extraits du spectacle sur Internet. Oui, mais il me semble avoir vu un extrait de quelque chose, enfin un très petit extrait de quelque chose où c'était joué sur glace.

  • Speaker #0

    Oui, absolument. Et ça, puisque tu en parles, c'est un projet qu'on a de recréer parce qu'on avait fait vraiment une transposition. de ce qui existe sur scène sur glace. Pour le dire très simplement et vulgairement, on avait adapté les chorégraphies qui existent sur scène sur glace, mais on n'avait pas eu énormément le temps de retravailler la mise en scène. Or, la glace, sans doute, avec des patins aux pieds, offre des possibilités de mise en scène et puis de réinsister. C'est-à-dire la version que j'imagine sur glace pour peut-être dans un an ou deux, et c'est encore à l'état d'embryon, mais il faut que ça se fasse parce que ça ne s'est jamais fait. et que je pense qu'on a vraiment des choses à raconter et à apporter, je pense qu'il faudra qu'il y ait un focus. Ce sera une version de « Reçois les fêlés » , mais je pense modifiée, avec un focus particulier sur le parcours de patineur, notamment jusqu'à aujourd'hui. Mais effectivement, il y a quelques extraits qui circulent, et je me dis que de faire cette version-là, ce sera peut-être la fin de la boucle de ce spectacle, parce que ce spectacle parle principalement de mon trouble bipolaire, mais qui est intimement lié aussi à comment j'ai grandi. à ce rêve de patinage qui se brise du jour au lendemain et qui, du coup, laisse la porte à un vide, donc à la dépression qui arrive et que c'est le début du parcours de soins en psychiatrie. Donc oui, il y a un peu d'extraits et on peut tomber là-dessus.

  • Speaker #1

    Ah, mais voilà pourquoi le spectacle ne cesse d'évoluer. Parce que le final, tu sais déjà où il est.

  • Speaker #0

    En tout cas, ce serait l'idée. Le producteur ne le sait pas encore. J'en ai parlé un petit peu, mais voilà. Mais ouais, je pense que ça serait un bel aboutissement pour ce spectacle.

  • Speaker #1

    On commence tous le théâtre pour de mauvaises raisons.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    On commence tous le théâtre pour de mauvaises raisons. Justement, moi, c'est pour faire mon intéressant. Vouloir plaire en est une autre. On fait pas un spectacle pour trouver un mec.

  • Speaker #0

    Ouais.

  • Speaker #1

    On fait un spectacle pour quoi, alors ?

  • Speaker #0

    En fait, plus j'avance, plus je me rends compte qu'on fait un spectacle, on fait des spectacles, on crée de manière générale pour servir un propos, pour défendre une idée, quel que soit le style de spectacle, quel que soit le registre. et pas mais j'ai aucun mal et puis si je le dis aussi honnêtement dans le livre c'est que je pense qu'on est nombreux et nombreuses à être dans ce cas là avec le côté en plus moi qui je pense me vient du patinage aussi ou très jeune tu es tout seul, tu es jugé, tu es au milieu d'une énorme arène, ça fait quand même 1800 m² de glace, et le patinage répond encore à des codes, où en termes d'interprétation, c'est un peu le show, on essaye d'en mettre plein la vue, c'est la danse de salon version plus plus plus, donc je pense que quand je suis arrivé sur les planches, il y avait ce côté de, ok, maintenant je vais mieux, je suis dans mon processus de rétablissement, ... J'ai envie de montrer à quel point je vais bien. J'ai envie d'en mettre plein les yeux aux gens. Et du coup, tu n'es pas dans… Enfin, j'étais déjà, je pense, en train de construire le début d'un propos, mais tu es plus dans de la démonstration et de la paillette et de se vanter un peu. Regardez-moi, regardez-moi, regardez-moi que dans un propos où tu peux avoir des parties où tu es dans un délire mégalo, mais où des parties où tu es aussi plus dans la sincérité. Donc, c'est dans ce sens-là. Et puis, c'est un moment où j'ai commencé la scène, où effectivement, je sors de plusieurs années de dépression, je sors de plusieurs mois d'hospitalisation, j'entame mon rétablissement, je me sens quand même déjà stabilisé. Et globalement, je n'ai pas fait beaucoup de rencontres, notamment amoureuses. J'assume depuis peu... complètement mon homosexualité. Donc, je me dis, tiens, être sur scène, c'est quand même un truc que les gens... Enfin, tu vois, on voit quand même dans le discours encore global, je le vois encore aujourd'hui dans les yeux des gens, de, ouais, monter sur scène, c'est quand même énorme, cette mise à nu. Beaucoup de gens qui te disent, moi, je ne pourrais pas. Et souvent, je leur réponds, mais ce n'est pas une question. Moi, je ne pourrais pas être sur une chaise dans un open space 9 heures par jour. Et du coup, je pense que tu joues aussi peut-être consciemment ou inconsciemment au début sur ce truc de, wow. C'est moi qui maîtrise, j'ai du sex-appeal, on va me regarder, donc je vais me servir de ce côté aussi, seul sur scène, pour en mettre plein les yeux et pour montrer que je suis un mec sexy. Et que du coup, en l'occurrence, pour boucler la boucle, on ne fait pas un spectacle pour ça, il me semble.

  • Speaker #1

    J'entends que le fait d'arriver, de venir du patinage aussi, où c'est un monde très waouh, très paillette, effectivement, c'est de la danse de salon, mais en beaucoup plus beau, beaucoup plus vite. Beaucoup plus d'adrénaline, en fait. Beaucoup plus spectaculaire et sensationnel. Et il y a un moment dans ton livre, tu dis « cours d'EPS, on fait du demi-fond, ça ne m'intéresse pas. Depuis quand on fait les choses à moitié ? Ça sera sprint pour moi. » Et quand je t'entends parler, j'ai l'impression qu'il y a une partie de toi qui se dit « ouais, mais marathon, c'est bien aussi,

  • Speaker #0

    quoi. » Oui, de plus en plus. Je pensais, j'ai découvert, et notamment avec la pratique artistique et le premier spectacle où... C'est vraiment l'école de l'humilité. C'est-à-dire qu'au début, tu te dis, je vais monter sur scène pour faire rire les gens, trouver un mec, trouver des potes. Et puis assez rapidement, tu te rends compte que ce n'est pas suffisamment bien écrit, que globalement, à part faire rire tes deux potes avec tes private jokes, ça ne fait rire personne, tu n'as qu'il y a personne dans ta salle et tu t'envoies mille misères pour avoir ton intermittence. Assez rapidement, si tu as l'ego assez bien placé, tu redescends vite et tu te mets au boulot et tu apprends l'humilité. continue d'apprendre l'humilité. Et je pense que moi, c'est ce qui s'est passé et je l'apprends encore au quotidien. Et du coup, j'ai découvert que l'endurance pouvait être chouette, qu'on pouvait trouver du plaisir et dans la discipline et dans l'endurance de dire, OK, en fait, étape par étape, personne n'est bon. Il y a des gens qui ont plus de facilité que d'autres. Mais après, encore une fois, je crois vraiment dur comme fer au fait que le talent, c'est le travail. et que voilà t'arrives à faire passer des émotions en le travaillant, tu arrives à être percutant dans ton écriture en la travaillant régulièrement et qu'il n'y a pas de secret et que du coup c'est très bien je resterai toujours quelqu'un qui adore le sprint qui adore les effets qui adore les coups d'éclat d'où l'envie des fois de retrouver un peu les phases hypomaniaques ou maniaques mais que ouais l'endurance mais même dans les relations, j'étais quelqu'un qui avait des relations même amicales très très en surface parce que pas le temps, il fallait que ça aille vite, il fallait que ça soit la performance. Et je pense qu'on peut avoir envie d'être performant et d'être bon tout en prenant le temps d'avoir des relations professionnelles et personnelles qui tiennent la route.

  • Speaker #1

    C'est quoi tes plus grosses claques artistiques, les personnes qui t'ont le plus inspiré, influencé en tant qu'homme, mais aussi en tant qu'artiste ?

  • Speaker #0

    Récemment, Constance, qui est humoriste et qui a été diagnostiquée d'un trouble bipolaire il y a quelques années. Je suis allé voir son spectacle au début et j'avais un peu des appréhensions parce que je me suis dit qu'elle est aussi plus connue que moi, le spectacle aura forcément un retentissement plus important que le mien et du coup j'espère qu'on ne parle pas de la même chose. En fait non, parce que chaque parcours est différent et j'aimais déjà beaucoup cet artiste avec ses chroniques de France Inter. Je n'avais pas vu ses précédents spectacles et j'ai vraiment adoré. Donc Constance. J'aime beaucoup la manière dont elle crée Valérie Lemercier. Vincent Daudienne aussi, j'aime beaucoup. Je trouve que c'est très drôle et que c'est très classe. Alexandra Pizzagalli, humoriste aussi, qui avait un spectacle qui s'appelait « C'est dans la tête » . Je n'ai pas énormément de références, mais en tout cas, c'est plus des personnes. en tout cas c'est pas spécialement des références dans le stand-up, c'est des références voilà moi je considère je sais pas trop si je me considère encore humoriste ou pas en tout cas comédien qui principalement fait rire dans son spectacle mais pas que et du coup je suis très inspiré par les comédiens et comédiennes ce qui me fait rire je suis plus du côté théâtre que du côté stand-up ok

  • Speaker #1

    demain tu peux partager une scène avec un artiste ça serait lequel ?

  • Speaker #0

    pour faire un spectacle ensemble c'est ça ? ouais ouais euh Ouais, bonne question. J'adorerais faire un spectacle avec Laure Calami, qui est une actrice que j'adore, qui jouait Noémie dans 10%, Antoinette dans les Seven. Ouais, Laure Calami, mais ça, c'est de l'or du rêve, quoi.

  • Speaker #1

    Et ça ne commence pas par là, par un rêve ?

  • Speaker #0

    Bah si,

  • Speaker #1

    si, si. OK, c'est tout ce que je peux te souhaiter. La question à mille points. S'il y avait un film... ou une série qui représentait ce qui se passe dans ton cerveau, ça serait laquelle ou lequel ?

  • Speaker #0

    J'allais dire le cœur à ses raisons, la parodie des Feux de l'amour québécoise, mais pour le côté vraiment grotesque et un peu fucked up. Ouais, ouais, un mélange du cœur à ses raisons. des Hercule Poirot dont je suis ultra fan pour le côté anglais qui permet de faire des siestes et de s'endormir devant et c'est dur parce que je regarde et

  • Speaker #1

    Kill Bill wow joli joli joli joli ça peut illustrer ça peut bien illustrer les personnages oui François nous arrivons déjà à la fin de cette interview est-ce que tu peux nous dire où on peut te retrouver,

  • Speaker #0

    où se joue ton spectacle et où est-ce qu'on peut te trouver sur les réseaux bien sûr du coup on peut se retrouver tous les samedis au Théâtre du Marais, donc c'est à Paris dans le 3ème arrondissement vers République à Arrêt Métier exactement c'est les samedis à 18h, ça c'est pour le spectacle Reçois les fêlés, c'est prolongé au moins jusqu'à la fin du mois de mars 2026 Merci. Et sur les réseaux, c'est François Malet, M-A-L-E-T, sur Instagram. J'ai nouvellement un compte TikTok et j'avais l'impression d'être un gros boomer qui découvre TikTok. Mais voilà, mais c'est principalement sur Instagram. Et le livre Félé, on peut le trouver en librairie, notamment dans les grandes librairies et puis sur Internet aussi.

  • Speaker #1

    Super. Et je laisserai tous les liens en description de l'épisode pour qu'on puisse te retrouver. Un grand merci encore une fois d'avoir accepté. Merci, c'était super chouette. de porter ton témoignage ici. Un grand merci pour tout ça, François. Et à bientôt.

  • Speaker #0

    À bientôt. Salut.

  • Speaker #1

    J'espère que cet épisode t'aura aidé à mieux comprendre ce qu'est et surtout ce que n'est pas le trouble bipolaire. Ce que j'ai aimé chez François, c'est sa façon d'en parler avec simplicité et sans drame. Avec sa lucidité tranquille, son humour et cette manière de transformer ce qu'il a traversé en force créative. Il nous rappelle qu'on peut être fragile et solide à la fois. vulnérable tout en étant brillant. Comme quoi, être né à Bourg-en-Bresse n'empêche pas de devenir une icône. Tu retrouveras tous les liens pour suivre François, découvrir son livre « Fêlé » et son spectacle « Heureux soient les fêlés » directement dans la description de l'épisode. Encore un grand merci à FSI Lorraine, centre de formation spécialisé dans la prévention des risques, pour leur confiance et leur soutien sur cet épisode. Et pour continuer ton chemin vers plus de clarté mentale, pense à télécharger ton template d'autothérapie, le patch Anxiété Zéro, via le lien dans la description. Si cet épisode t'a plu, pense à t'abonner pour ne pas rater les prochains et surtout, je serai gratitude que tu lui laisses 5 étoiles sur ta plateforme d'écoute préférée ou que tu le partages à quelqu'un qui pourrait avoir besoin d'entendre ça aujourd'hui. Et comme toujours, viens me dire ce que tu en as pensé sur Instagram ou LinkedIn. D'ici le prochain épisode, je te souhaite tout le meilleur. Et n'oublie pas, quoi que tu traverses, tu n'es pas seul. Cet épisode était dédié à mon ami Philippe. Anophilure

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