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Mon podcast IMO.
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode de mon podcast IMMO, votre rendez-vous avec l'immobilier. Je suis Ariane Artignan, fondatrice de MySweetImmo. Et aujourd'hui, j'ai le plaisir de retrouver Loïc Quentin pour parler conjoncture, pour parler formation. Bonjour.
- LoĂŻc Cantin (FNAIM)
Bonjour Ariane.
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
Vous êtes président de la FNAIM, Fédération Nationale de l'Immobilier. On va parler du décret formation. Vous venez d'obtenir une victoire qui vous tient très à cœur. Mais avant, est-ce qu'on ne ferait pas un petit point conjoncture ? Il se porte comment ce marché ? Est-ce qu'il repart vraiment aussi fort que certains le clament ?
- LoĂŻc Cantin (FNAIM)
Optimisme mesuré de la part de la FNIM depuis quatre mois, que nous l'avons indiqué, parce que je crois que le marché a... atteint un palier. Certes, il est vrai que le marché est plus favorisé aujourd'hui depuis le deuxième semestre, avec quatre baisses successives du taux de la BCE, qui s'est conjuguée avec une baisse de prix et qui a permis aux acquéreurs de retrouver un pouvoir d'achat. La vraie question, s'agit-il d'un rattrapage, d'intention préalable non exécutée ou d'un véritable redémarrage ? Je crois que les périodes à venir vont nous le confirmer. Il ne faut pas crier victoire. Vous savez, les marchés de l'immobilier sont extrêmement sujets à variation et à imprécision. Et aujourd'hui, la période que nous traversons n'est pas de nature non plus à considérer que nous sommes sur, je dirais, une stratégie de reprise. Oui, il y a un palier préalable à une reprise progressive, certaine, mais je dirais que nous n'avons pas retrouvé un trend d'équilibre que nous pourrions avoir. Et certainement pas. Tous les indicateurs sont sensiblement entre l'orange et le vert, mais ne sont pas complètement allumés au vert. Selon les territoires, il y a de grandes variations.
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
Alors pourquoi est-ce que certains de vos adhérents surjouent un peu la reprise ? C'est dans l'ADN de l'agent immobilier de voir le vert à moitié plein ?
- LoĂŻc Cantin (FNAIM)
Je crois qu'il faut être raisonnable dans l'analyse et puis aussi ne pas voir de victoire avant d'avoir des certitudes. Le marché de l'immobilier est un temps long et demande que ces tendances soient confirmées au moins sur plusieurs mois avant de l'afficher. S'il s'agit des retrapages, aujourd'hui en réalité, qu'observons-nous ? Les derniers chiffres d'actes publiés à fin janvier 2025 font apparaître 794 000 transactions conclues. Je rappelle, je rappelle qu'au 1er janvier 2024... Nous étions à 869 000 transactions. Donc nous pourrions considérer que nous sommes véritablement sur une stratégie de reprise définitivement acquise lorsque nous aurons au moins atteint le cap des 850 000 transactions à l'année observées sur une année. Aujourd'hui, les indicateurs laissent présager et montrent que nous évoluons progressivement. Ce n'est pas une reprise foudroyante. Donc c'était un palier nécessaire à une reprise, aujourd'hui qui est confirmé, qui n'est pas non plus... Une panacée, je dirais, qui n'est pas semblable aux périodes que nous avons connues.
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
On est autour de 780 000 transactions. On est tombé à combien ?
- LoĂŻc Cantin (FNAIM)
C'est à le plus bas. On était atteint, oui, 778 000. Oui, 780 000 transactions au plus bas. Et on est à 794 000 ventes conclues à fin janvier. Donc déjà , je sais, j'entendais déjà certains au mois mai 2024, et y compris des grandes enseignes, voire des grandes plateformes, comme se loger et dire la reprise est acquise au mois de mai 2024. Non, il faut être un peu sérieux dans l'analyse économique. ne pas se baser, non pas sur des annonces ou des intentions d'acquérir, mais sur des actes transformés. Je crois que c'est absolument indispensable de raisonner et de garder la raison.
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
Donc c'est bien de remettre les pendules à l'heure. Et au niveau des pertes, des défaillances d'agences immobilières, on en est où ?
- LoĂŻc Cantin (FNAIM)
Les défaillances d'entreprises, malheureusement, vont continuer à se poursuivre en 2025. C'est un fun période, je dirais. C'est comme un promoteur qui n'arrive pas à couler et à vendre le dernier appartement. C'est celui-là qui provoque sa chute. Eh bien en matière notamment de difficultés dans nos entreprises, aujourd'hui c'est là que les trésoreries sont les plus tendues et c'est là qu'il faut le plus d'énergie pour redresser et affronter la conjoncture. Oui, la conjoncture va mieux, mais par contre aujourd'hui on en est rendu quand même à 10% des entreprises qui ont disparu du paysage de l'immobilier. Donc 2500 entreprises cumulées sur 3 ans, c'est dramatique, c'est beaucoup plus ! qu'au moment de la crise des suprêmes, on avait atteint 1 369 liquidations judiciaires. Et ce qui m'a voulu dire, en juillet 2023, nous ne serons pas en deçà du chiffre que nous avons connu au moment de la crise des suprêmes. La vérité, aujourd'hui, s'affiche, 2 500 liquidations judiciaires d'entreprise.
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
En tout cas, ça fait du bien d'entendre une analyse qui sonne juste avec ce qu'on entend dans les couloirs, mais pas forcément au micro. Alors vous, à titre personnel, Alaphnaïm, vous êtes... très satisfait d'avoir obtenu Gannes-Cos face au Conseil d'État ?
- LoĂŻc Cantin (FNAIM)
Optimiste, bien évidemment, et ravi et enchanté, enfin, enfin, 11 ans qu'on attendait ce décret sur la formation, enfin le Conseil d'État nous a donné raison et en juin le Premier ministre a publié ce décret. Bon, dernières informations que j'ai eues avec les conseillers de logement de François Béroud et d'Emmanuel Macron, c'est que ce décret sera connu dans le courant mail. Voilà , il sera rédigé et publié dans le courant mail. Voilà , c'est une avancée importante pour la profession. Nous attendions ça depuis la promulgation de la loi Allure.
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
C'est-à -dire depuis quelques années.
- LoĂŻc Cantin (FNAIM)
11 ans. Tout simplement, 11 ans pour plier un décret quand le délai normal en France, dans la Ve République, est 6 mois. Et 11 ans après une procédure que nous avons engagée en avril 2024.
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
Pourquoi c'est si important pour vous ?
- LoĂŻc Cantin (FNAIM)
C'est très important parce que nous vivons une période où les métiers immobiliers se transforment. Je crois que nous ne pouvons pas sacrifier notamment la démarche et la défense du consommateur sur une absence de compétences. Je l'explique très simplement. Aujourd'hui, exercer le métier d'agent immobilier, de négociateur habilité, exige des connaissances et une compétence qui doit être notamment vérifiée et acquise avant de s'entremettre. Vous savez qu'un professionnel titulaire d'une carte a la capacité à pouvoir habiliter un collaborateur à s'entremettre, négocier, s'engager pour le compte de celui-ci. Mais simplement, la loi Allure avait prévu que la formation professionnelle initialement est prérequise pour exercer cette habilitation. soit accompagné d'une formation minimum qui devait être définie par décret, dont le décret n'a jamais été publié. Enfin, nous allons pouvoir l'avoir. Et simplement, ce qu'on demande tout simplement, vous savez, dans la loi Allure, il existe que le collaborateur habilité doit avoir 42 heures de formation au bout de 3 ans, qui n'est jamais vérifiée par personne, et jamais contrôlée, ou jamais respectée. Alors la vérité est simple. Nous, on demande simplement, c'est qu'avant de s'entremettre et de s'engager, dans un métier de la transaction, qu'on puisse justifier de ces 42 heures de formation dans un délai de 6 mois, 21 une heure par trimestre, dont les deux tiers en présentiel et un tiers en distanciel. C'est un minimum préalable pour accompagner l'acquéreur dans son parcours résidentiel, et pas uniquement dans ce métier-là . Et je veux le dire très simplement, est-ce qu'aujourd'hui, on peut se permettre d'exercer un métier de négociateur, et notamment en n'ayant aucune connaissance sur la discrimination ? sur la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, sur la loi climat résilience, sans avoir des connaissances, un tronc juridique commun minimum, sur la déontologie pour accompagner les acquéreurs, et être notamment respecté et identifique en matière de confiance que nous revendiquons. Oui, il faut que les professionnels se forment, et c'est impréalable. Alors vous savez, il n'y a pas de peur dans la matière, ceux qui sont déjà en place n'ont rien à craindre, ils ont déjà notamment cette expérience et ils sont maintenus. se comptent que pour les nouvelles recrues.
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
Mais qu'est-ce qui va apporter concrètement ce décret ? Il va sanctionner ceux qui ne respectent pas la loi ?
- LoĂŻc Cantin (FNAIM)
Ça veut dire tout simplement que quelqu'un qui est recruté ne peut justifier de se maintenir à ce poste s'il ne justifie pas de ses 42 heures de formation, chose que nous demandons. Je le rappelle qu'il est strictement identique aux 42 heures de formation exigées au bout de trois ans et qui doivent être respectées par toutes les agences immobilières de France. On demande uniquement qu'il soit accompli dans les six mois et pour pouvoir permettre d'avoir un minimum, je dirais, de connaissances juridiques et d'accompagnement des clients. S'il n'y a pas au bout des six mois, bien évidemment, ils ne peuvent plus continuer à travailler. C'est une suspension du contrat. Et on souhaite notamment que ce contrôle soit effectué par les chambres de commerce et d'industrie tous les trois ans avec une portabilité de la connaissance et des attestations, notamment pour un collaborateur habilité, qu'il soit agent commercial ou notamment salarié. Je crois qu'il faut changer de braquet dans le développement de notre profession et sur la compétence qui doit être affichée, et ça dans l'intérêt du consommateur.
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
Et vous travaillez avec les équipes de Matignon sur le contenu du décret ?
- LoĂŻc Cantin (FNAIM)
Bien évidemment, si la FNIM a obtenu cette victoire, il n'en demeure pas moins que d'autres modèles économiques ne sont pas forcément favorables à ces 42 heures. Et c'est là que la bataille s'engage. Eh bien je dis oui à certains qui préfèrent avoir 14h ou 21h, qui préfèrent le distanciel bien évidemment pour des raisons économiques bien comprises, et non pas le présentiel. Oui, bien évidemment, je crois qu'il y a un travail de conviction et le travail de conviction il nous verra tous.
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
Derrière, il y a un business aussi de formation qui va se développer à vitesse grand V et qui risque d'être considérable, non ?
- LoĂŻc Cantin (FNAIM)
Pas forcément, vous savez. Aujourd'hui, il y a environ 140 000 collaborateurs habilités dans nos cabinets, 80 000 agents commerciaux, 60 000 salariés dans toutes les agences immobilières, quels que soient les modèles. La rotation, on l'estime environ à 6-8% par an, c'est-à -dire qu'on a environ 7 à 8 000 nouvelles recrues chaque année qui devront s'exposer. Mais dans ces 7 à 8 000 recrues, il y en a déjà qui sont formées. Donc je dirais qu'il n'y a pas une augmentation substantielle. de la masse, je dirais, des collaborateurs habilités dans nos cabinets. Ce ne sont que pour les nouvelles recrues, donc ça pèse très peu, notamment sur le modèle de nos cabinets. Bien évidemment, je le comprends, j'entends certains, quand on a un phénomène de massification, il faut en retenir 10 pour en garder qu'un. Bien évidemment, ça coûte cher et je comprends la mise de fond, mais simplement c'est une question d'équilibre et de combat pour une efficience et une compétence affichées.
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
Et aujourd'hui, en période de possiblement sortie de crise, la formation c'est hyper important.
- LoĂŻc Cantin (FNAIM)
C'est fondamental. Vous savez, aujourd'hui, le consommateur, il a carrément la possibilité d'être rassuré sur tous les plans, et à tous les sujets, et d'avoir des professionnels. D'ailleurs, il en va de la survie de la profession. Si la profession ne saisit pas cette opportunité qui lui est donnée d'accompagner et de solliciter une formation pour tout collaborateur qui s'engage, eh bien je crois que cette profession, dans 10 ou 15 ans, Elle pourra se poser les questions de la justification de son existence. Je l'ai dit souvent, on ne peut pas être chauffeur Uber le matin et négociateur l'après-midi. A nous de choisir.
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
Merci beaucoup Loïc Cantin, président de la FNAIM.
- LoĂŻc Cantin (FNAIM)
Merci Ariane. Mon podcast immo.