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Mon podcast IMO.
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode de mon podcast IMMO. On est en live du congrès FNAIM IMMO au Carousel du Louvre et j'ai l'immense plaisir de recevoir Philippe Briand. Bonjour.
- Philippe Briand (Arche)
Bonjour.
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
Philippe, vous êtes président du groupe Arche. Je suis très curieuse d'avoir votre regard sur la... l'absence de Premier ministre, l'absence de gouvernement, à quel point c'est pénalisant pour la France et aussi pour le logement ?
- Philippe Briand (Arche)
Alors moi, je fais un rapprochement entre l'inauguration de Notre-Dame et la vie politique en France. L'inauguration de Notre-Dame, c'était somptueux. On a réussi à rebâtir une cathédrale en cinq ans. Formidable modèle. Pour ça, on a fait une loi d'exception. Le président a décidé qu'il n'y avait plus rien qui s'interférait, mais un général. s'occupant de tout, et on a reconstruit une cathédrale quasi identique, avec des talents extraordinaires. On a reconstitué ce qu'on appelle la charpente de Notre-Dame, ce qu'on appelle la forêt de Notre-Dame. On a reconstitué toutes les pièces, tous les sites, tous les lieux, et il y a eu un enthousiasme formidable pour cela. Ça, c'est la belle France. Mais pour faire cela, on a fait la France des compagnons. On a fait la France de ceux qui sont initiés à leur métier, qui ont travaillé, qui savent cuber un chêne, qui savent sortir des statues, les redresser, les redorer, qui savent faire quoi. C'est-à -dire toute une population qui est une population qui a travaillé, qui a reçu un enseignement, qui a grandi et qui développe son talent. Depuis le président de la République, on a une classe politique et une classe politique différentes. D'abord, il a recruté ses candidats parlementaires sur Internet. Alors on équilibre les âges, les sexes, les tempéraments, les situations, les lieux. Dans la construction de la cathédrale, on a sélectionné les talents. Dans la sélection du monde politique d'aujourd'hui, on a sélectionné... que dire ? Un vaste équilibre politique qui ne s'y est pas. La différence entre Notre-Dame et la République aujourd'hui, c'est qu'en Notre-Dame, on a pris des gens compétents dans la politique. Aujourd'hui, on a beaucoup d'apprentis. Et on ne fait pas un chef-d'œuvre avec des apprentis. Donc le monde politique aujourd'hui a disparu.
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
Et en même temps, j'ai envie de dire sans mauvais jeu de mots, Notre-Dame, le rôle de l'État était quasi insignifiant.
- Philippe Briand (Arche)
Oui, mais quand même, ils ont accepté de faire une loi d'exception. Et cette loi d'exception a permis de le faire. En fait, qu'est-ce qu'emmerdent tous les Français quand même de la France aujourd'hui ? C'est toutes ces lois, tous ces organismes, tous ces gens qui parasitent, qui vivent et qui pour exister vont nous créer des conditions de dire non, des conditions de ne pas accepter, des questions à poser, des délais supplémentaires et puis rien. Je me suis beaucoup marré en regardant... Comme vous, samedi l'inauguration, quoi. Le grand héros, c'était Donald Trump. Il était voué aux Gémonies il y a trois mois. On lui trouvait tous les travers de la Terre. Il était orgueilleux, puissant, désagréable, phallocratique, tout ce que vous voulez. La presse d'ailleurs française était unanime, parce que la presse française, c'est une presse de suiveurs. C'est pas une presse critique. Malheureusement, on aurait pu avoir... quelques médias, qu'il trouve quelques qualités, d'autres médias, qu'il trouve que des défauts. Mais quand même, à l'unisson, on a suivi ça. C'est la plus belle élection de président des États-Unis depuis bien des années. Depuis bien des années. Et le type, il a une espèce de forme là , un peu forte. Et c'était très rigolo de regarder samedi, au moment de l'inauguration de la cathédrale, tous ceux qui se précipitaient pour être en photo avec lui, lui serrer la main. La difficulté, c'est que sur le monde politique français, plus personne se précipite pour être en photo avec les nôtres ou serrer les mains. On a un peu disparu. Faire de la politique, c'est avoir des convictions. Or, dans le domaine de l'immobilier, la conviction principale, c'est de penser que quand les gens ont la chance d'avoir un petit chez eux, avec un petit jardin ou un petit appartement avec un petit balcon, ils sont infiniment plus heureux que quand ils payent un loyer sans fin sans savoir pourquoi. Et on a oublié tout ça. Je pense qu'aujourd'hui nous sommes dans un monde d'une théocratie absolue. qui a oublié le citoyen et c'est ce dont nous souffrons.
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
Qu'est-ce qu'il faut faire ? Est-ce que le cours des choses peut changer ?
- Philippe Briand (Arche)
De toute façon, le cours des choses changera, parce que c'est quelque chose d'insupportable. Parce qu'on est là , le président de la République a décidé d'ignorer l'immobilier depuis son élection, de massacrer l'immobilier. C'est l'investissement le plus fiscalisé en France, en gros. Vous achetez de l'immobilier, vous pouvez payer bientôt 100% d'impôts, vous achetez une action IBM, vous êtes limité à 30. IBM, c'est une entreprise américaine, non le siège aux États-Unis, qui pèche ses impôts aux États-Unis, qui emploie du monde aux États-Unis. Mais là , vous payez 30% sur votre plus-value. L'immobilier, c'est un architecte français sur un terrain français avec une entreprise française qui construit et qui est gérée par des Français. Là , vous pouvez payer 100%. C'est je n'ai jamais vu de ma vie Et vous le savez, j'ai fait de la politique pendant 25 ans à un niveau formidable. Je n'ai jamais vu une ineptie pareille. Donc à un moment, les inepties, elles s'arrêtent. Et je pense qu'aujourd'hui, nous avons un monde politique prétentieux, arrogant et insupportable. Je ne parle pas de rapport droite-gauche, d'efficience entre les sensibilités politiques. Je parle de l'arrogance de ces petits marques. qui n'existent que par les fonctions qu'on leur donne qu'ils seraient incapables de conquérir. Et quand je les regarde les uns les autres, moi qui ai le plaisir de présider une grande société, je me demande lequel j'embaucherai. Et alors ? Il n'y en a pas beaucoup, et pour dire la vérité, je n'en ai discerné aucun.
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
Tiens, si vous deviez nommer un premier ministre, qu'est-ce que vous feriez aujourd'hui ?
- Philippe Briand (Arche)
Quelqu'un qui me gagne du temps. La France est devenue ingouvernable. La dissolution est un phénomène politique raté qui nous donne une situation dans laquelle nous sommes. J'aimais beaucoup Michel Barnier. C'est un homme d'une très grande élégance, non seulement physique, mais aussi morale et intellectuelle. On l'a tué en peu de temps. Personne ne pourra résister. Ils dureront quelques temps, quelques semaines, quelques mois. Il faudra aller jusqu'en septembre 2025 pour qu'il y ait une nouvelle élection. D'ici là , on ne peut rien faire, rien bouger, rien construire. Vous savez, le monde avance à une vitesse phénoménale. La Chine ne s'arrête pas. L'Amérique construit et bâtit encore. La Turquie est très forte et très présente. Dans le monde, dans le Moyen-Orient, il se passe des choses extraordinaires. Et l'Europe est absente, totalement absente. Cette pauvre Madame van der Leyen, qui va en douce passer un accord avec le maire Cossure, ne peut même plus venir pour inaugurer la cathédrale Notre-Dame de Paris. Parce qu'elle a peur, peur des huées, peur des réactions et injuste effet. L'Europe existe peu. L'Amérique défend l'Amérique. L'Amérique du Sud défend l'Amérique du Sud. La Chine défend la Chine. L'Europe veut donner une leçon au monde entier. La leçon, aujourd'hui, plus personne ne l'apprend.
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
Et malgré ça, vous croyez que les choses sont condamnées à bouger et donc rendez-vous en septembre 2025 parce qu'on n'a pas le choix ?
- Philippe Briand (Arche)
Oui, parce que c'est une situation qui est une situation temporaire et que la France est la France et la France, ce n'est pas rien. La France, c'est un pays qui met un genou en terre, mais qui est capable de se relever très vite, de se relever très fort. J'ai confiance en la France et les Français. Je n'ai plus confiance dans l'élite française. J'ai confiance en la France et les Français. Il est un moment où les choses vont s'arrêter. Quand on critique les institutions, on se trompe. Les institutions permettent de stabiliser les choses. Encore six mois à attendre. et la France renaîtra.
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
Merci pour ce message positif. Ça fait du bien, un peu d'optimisme quand même. J'aimerais qu'on revienne sur l'immobilier, sur les professionnels de l'immobilier. C'est des professions d'indépendants. Et tout à l'heure, en préparant cet entretien, vous disiez que les agriculteurs ont un sens du ensemble qu'on n'a pas dans l'immobilier.
- Philippe Briand (Arche)
C'est toujours deux mondes différents. L'immobilier c'est un monde, je vais dire, de petites... de petits entrepreneurs, de petits commerçants, etc., qui se battent pour leur quotidien et tout. Les agriculteurs ont une puissance collective beaucoup plus forte. Il faut qu'on apprenne aussi dans l'immobilier à réagir globalement plutôt qu'on ne le fait. Les gens de l'immobilier sont des gens, comment dire, discrets, pudiques, qui ne sont pas provocateurs. Ceux du monde agricole peuvent être volontiers provocateurs. Je les connais bien, j'étais parlementaire avec eux pendant des années, ils peuvent être beaucoup plus provocateurs que les nôtres. Les nôtres, il faut qu'on dise les choses. Il faut qu'on dise que 200 000 logements mis en production, c'est un manque, il nous en faut 450 000. Il faut qu'on dise que 16% des jeunes qui ont réussi par cours su pour renoncer à leurs études parce qu'ils n'ont pas trouvé de logement. Il faut qu'on dise que des femmes qui sont dans un climat de violence ne peuvent pas divorcer. parce qu'elles n'arrivent pas à trouver de logement. Il faut qu'on dise que des entreprises qui créent des emplois ne peuvent plus créer, ne peuvent plus accueillir les nouveaux salariés parce qu'il n'y a plus de logement, voire même avec le zéro artificialisation des sols, ils ne peuvent plus construire. Il faut qu'on dise que nous sommes dans une société bloquée. Le blocage, il est administratif, il est la superposition, la surstratisation des normes. Des gouvernements qui n'ont pas fait l'équilibre entre leurs différents ministères pour avoir une politique cohérente. Et aujourd'hui, un maire sur le terrain, je suis encore maire, on se bat entre de l'incohérence et la nécessité de nos populations. On ne peut plus répondre aux populations et les gens viennent nous voir et nous disent Monsieur le maire, mais si vous voulez ! Eh bien, si on veut, on ne peut plus.
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
Qui est-ce qui peut ?
- Philippe Briand (Arche)
Les organismes professionnels, on pense à la FNIM puisqu'on est au Congrès, ils font tout ce qu'ils peuvent. On a la chance d'avoir un grand président de la FNIM, d'avoir un bureau formidable, ils se battent tant qu'ils peuvent. Après, vous avez toujours le problème de l'émetteur et du récepteur, ce sont des émetteurs. Mais les récepteurs, ce sont ces pouvoirs publics qui changent tout le temps, avec ces petits minets, ces petits hommes gris, comme on dit, qui sont là . qui reçoivent les messages, qui n'écoutent personne, qui changent en permanence, des ministres qui n'ont d'une durée de vie que de six mois, qui ne connaissent pas forcément leur sujet quand ils arrivent, qui se plaisent à passer dans Paris Match ou autre chose, allongés sur le canapé pour raconter leur vie, plutôt que de s'occuper des problèmes qu'on leur a confiés. Et ça, c'est maintenant insupportable.
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
Mais ça, ça ne va pas changer tout de suite, quoi qu'on en dise.
- Philippe Briand (Arche)
Je pense que ça va changer parce qu'il y a un moment donné où les sentiments explosent. Moi, je suis révulsé que chacun raconte sa vie, etc. Je ne vais pas vous parler de ma sexualité, je ne vais pas vous parler de mes envies culinaires, je ne vais pas vous parler de tout ça. Moi, je charge une entreprise de 24 000 personnes, je vous parle des problèmes que l'on a, de savoir comment on fait de la formation, de savoir comment on accueille des jeunes. de savoir comment on se bat au quotidien. Et quand je vois tous ces gens-là qui font des repos tard dans la presse en pensant à des intérêts sans, finalement, je vais dire un vilain gros mot, ça me dégoûte et ça dégoûte tous les Français. Et vous ne pouvez pas demander aux Français d'avoir confiance dans cette classe politique-là . Les affaires de slips sales ou de nourriture bâclée, ça n'intéresse personne. Ce qui intéresse les gens, c'est ce que vous faites pour nous. Qu'est-ce que vous faites pour que mes enfants aient un logement ? Qu'est-ce que vous faites pour que mon logement soit accessible ? Qu'est-ce que vous faites pour la population ? Il faut arrêter l'exhibitionnisme. Il faut retourner au travail. Allez ! Les valeurs fondamentales de ce qu'on appelait l'ancien monde politique. Du travail au quotidien. De se lever tôt, de se coucher tard. D'être peiné par la situation des gens que vous rencontrez. De construire des lois. Parce que vous avez compris que ces gens-là peinent beaucoup. ça a du sens. Et il faut redonner du sens à la politique, ce qu'elle a perdu aujourd'hui.
- Ariane Artinian (MySweetImmo)
Merci beaucoup Philippe Briand pour cette interview sans langue de bois.
- Philippe Briand (Arche)
Merci Ă vous. Mon podcast immo.