- Speaker #0
Bienvenue dans Mosaïque Salsa, le podcast qui t'emmène au cœur de la salsa. Dans cet épisode, j'ai le plaisir d'accueillir Aude, qui nous parle des incroyables bienfaits de la salsa, bien au-delà de la danse. Une discussion sur la connexion, la créativité et l'impact de cette danse sur notre corps et notre esprit. On s'est retrouvés dans un petit jardin parisien pour enregistrer cet épisode. L'atmosphère y était propice et inspirante. Alors installe-toi confortablement et laisse-toi emporter par cette conversation pleine de poésie et d'énergie positive.
- Speaker #1
Bonjour Aude. Bonjour Manon.
- Speaker #0
Est-ce que tu peux te présenter ?
- Speaker #1
Alors, je m'appelle Aude. On me connaît sur les réseaux sociaux sous le nom de Aude M. Parfois, c'est la lettre M. Parfois, c'est le mot aime, comme aimer. C'est la première lettre de mon nom de famille. On me connaît aussi sous ce nom-là, Michon. Mais je trouvais beaucoup plus doux, plus agréable et beaucoup plus aligné avec ce que je suis de m'intéresser à cette lettre du M qui me fait penser à l'amour. Je danse à salsa depuis, je dirais, 25 ans. Je l'ai vraiment pratiquée et apprise avec Mouaze, ça remonte là aussi. Et puis je me suis émancipée il y a je dirais 12 ans pour aller vers l'enseignement dans ce qu'on n'appelait pas encore à cette époque-là le lady styling, mais ça me tenait à cœur de faire des choses pour les femmes. En fait pour resituer, ça faisait des années que je travaillais dans le notariat, j'étais diplômée notaire. Et je... Je dansais avec Mouaze le soir, le week-end, etc. jusqu'au moment où j'ai dit ça suffit avec le notariat. Ce sera la danse et comme la salsa avait pris beaucoup de place dans ma vie, alors même que j'ai un prix de conservatoire en danse classique, que je dansais les danses swing, j'allais même dans des ateliers de danse qui n'avaient rien à voir avec la salsa, c'est quand même la salsa qui a pris le dessus. Et dans cette émancipation-là, j'ai eu envie de donner aux femmes. Donc, c'était un peu les prémices de quelque chose qui existait quand même un peu, qui était un peu présent. On avait Magna Gopal à l'époque, qui était déjà cette artiste qui tournait en solo. Il y avait un ou deux exemples comme ça, mais pas suffisamment à mes yeux. Alors voilà, j'ai eu envie de faire ces choses-là, puis hop, ça s'est développé. C'était le moment, je pense que c'était la vague. De là, j'ai créé une association en voulant associer à l'idée de faire un festival. Donc, vraiment une action culturelle, artistique dédiée à l'expression des femmes dans les danses latines. J'ai adjoint une action solidaire, au départ dédiée aux femmes, puis ça s'ouvre, parce que la salsa c'est quand même homme et femme, pour accompagner les personnes touchées par le cancer. Et tout ça grâce, alors je dis à la danse, mais en fait, la danse qui accompagne cette association depuis le début, c'est la salsa. Donc voilà, le contexte de cette salsa, c'est finalement 25 ans de vie déjà. Et c'est une expérience de danseuse, de chorégraphe et de professeur. Et on rajoute, depuis six ans je crois, l'organisation mensuelle et pendant l'été hebdomadaire de soirées salsa avec mon partenaire qui s'appelle Loïc, qui est DJ, DJ Loïc. Et l'événement s'appelle Latinbox.
- Speaker #0
Plein de choses, plein de projets.
- Speaker #1
Et plein de projets. On n'a pas tout dit encore.
- Speaker #0
Ah ! Des choses à venir alors. Oui,
- Speaker #1
super. Au moment où je monte ce festival, il y a cette observation que dans la salsa, c'est culturel. Ce n'est pas français la salsa. Ce sont des cultures qui ne sont pas les nôtres où, comme pour le tango, on est sur une culture plus machiste. Il n'y a rien d'exceptionnel à dire ça. Il n'y a pas à tirer dessus à boulet rouge. Il y a juste qu'il y a ce constat quand même que les hommes font la politique dans la salsa, décident, font les choix, décident entre eux et les femmes, on prend, on ne prend plus, on en veut, on n'en veut plus. Et ça, à cette époque-là, c'est quelque chose qui, à un moment donné, m'épuise. Entre autres parce que je suis qui je suis.
- Speaker #0
À cette époque-là, aujourd'hui ?
- Speaker #1
À l'époque où je vais monter le festival. D'accord. Et où je vais m'intéresser aux femmes et vouloir, dans mon émancipation par rapport à... au couple, la danse en couple, l'enseignement tout court même. Je me dis, je suis moi probablement plus légitime dans un truc que je connais qui est l'expression en tant que femme. Donc je vais donner aux femmes. Et puis surtout, je vois bien que toutes les femmes que je rencontre dans le monde entier, elles pourraient avoir une expression beaucoup plus personnelle. Magna est un exemple, mais il y en a d'autres depuis qui ont fait leur chemin. Et ça ne veut pas dire être seule, c'est juste peut-être être un leader dans une troupe, être le nom à l'affiche, tout simplement. Et je me dis, elle, j'ai envie de leur permettre de s'exprimer. Alors c'est sûr, à ce moment-là, ce n'est pas hyper répandu, mais c'est quand même ça qui m'anime. C'était mon moteur et ça m'animait. Depuis, les choses se sont développées comme on l'a dit, et je suis bien contente qu'on puisse trouver un plus grand équilibre. Je ne cherche pas à transformer la salsa et la culture de la salsa et ces cultures-là. Ce n'est pas du tout mon credo, ça ne m'intéresse pas, mais je sais qu'on a beaucoup de choses aussi à apporter et ça se voit maintenant. Et c'est très agréable. Moi, j'aimerais juste que ce soit beaucoup plus cool et qu'on arrête de se regarder en chien de faïence comme si on était des ennemis alors qu'en fait, on a juste à faire l'amour. On pourrait presque arrêter là. On pourrait arrêter là mais c'est parce qu'on a dansé en couple c'est juste une rencontre voilà c'est un moment d'unité en théorie quoi c'était une belle phrase presque de conclusion tu la prendras pour la conclusion.
- Speaker #0
Du coup on va discuter ensemble le thème qu'on a choisi c'était vraiment de discuter autour des bienfaits de la danse des bienfaits de la salsa de manière plus spécifique et si on démarre j'ai envie de dire après plus petite échelle, c'est-à-dire au soi, à l'individu. Pour toi, justement, qu'est-ce que ça peut nous apporter la danse ?
- Speaker #1
Tu veux dire à l'humain ?
- Speaker #0
À l'humain et à l'individu.
- Speaker #1
À l'individu. Oui,
- Speaker #0
à l'individu.
- Speaker #1
Moi, je nais danseuse, je crois. Je ne le savais pas, mais c'est arrivé avec une telle évidence, sans même trop savoir d'où c'est venu, que je pense que nous naissons avec un rythme intérieur déjà, une musique intérieure, qui fait que de toute façon, on est relié à ce qu'on va appeler la musique. Et puis le corps, ce n'est pas de la pierre, ce n'est pas du marbre, ce n'est pas un arbre, ce n'est pas du bois, ce n'est pas figé, c'est du mouvement. Donc pour moi, déjà d'emblée, nous sommes faits de musique et de mouvement. Si tu mets les deux ensemble, ça va finir par s'appeler la danse, puisque nous sommes des êtres d'expression, nous avons des émotions, nous les ressentons, nous les exprimons. Et après, ça passe par le corps tout ça. Donc, on en arrive à la danse et puis on en arrive à... À l'origine, on est d'abord sur de la danse libre et on en arrive à des danses plus codifiées parce que l'humain va écrire, va composer, on va arriver à des chorégraphies puis on va arriver aussi, quand on danse à deux, vraiment à mettre des codes précis pour pouvoir se comprendre et danser à deux. Et là,
- Speaker #0
dans le cadre de l'individu, les codes, ça permet aussi...
- Speaker #1
Ça peut s'appliquer à l'expression. Ça sert l'expression et ça sert à être en relation. Danser, c'est... chez Yuri Buenaventura, je me souviens, quand on a monté l'association Elles Dansent, c'était une des phrases qu'on avait gardées, tout de suite mise en valeur, disons. Ils disaient que la danse, c'est s'exprimer en silence, en fait. C'est tout ce qu'on pourrait dire par les mots, sauf qu'on va choisir de l'exprimer par le mouvement. Bah voilà, on sait ce que c'est que de dire, que d'échanger, que d'écouter quelqu'un qui s'exprime. On sait ce que c'est que poser des mots sur des situations, sur des émotions. Il y a des personnes qui préfèrent le faire par le corps directement, sans passer par les mots. On est très nombreux. Et donc, déjà individuellement, c'est quand même un moyen d'expression énorme et très libérateur. Ensuite, je pense qu'à titre individuel, on est quand même à la fois dans une activité qui est physique et dans une activité qui est artistique. Donc, qui dit activité physique dit qu'on fait du bien à son métabolisme en entier. L'association Elles Dansent, je le reprécise, c'est danse et cancer. Ça veut dire que je suis aussi amenée, comme beaucoup d'autres, mais là davantage à coller aussi au bienfait sur le corps et à toutes nos fonctions. Mais si je fais bref, ça travaille notre mémoire, notre attention, notre concentration, notre motricité, tout notre métabolisme qui en bénéficie. C'est une manière de rester en bonne santé. À condition de ne pas faire des choses dans l'excès et de ne pas se nuire, parce que comme toute forme excessive, c'est nuisible, mais si on le fait avec intelligence et écoute, alors les bienfaits pour le corps sont énormes. D'ailleurs, ça fait partie, on dit toujours, soyons en mouvement, ayez une activité physique. Après la marche, qui est l'activité physique par excellence, pour moi, il y a la danse. Et puis l'aspect artistique, c'est tout l'aspect créatif. Ok, c'est exprimer, mais la créativité, c'est dans notre essence. Quotidiennement, on est en relation les uns avec les autres, on est forcément créatif. Sinon, on ne pourrait pas être en relation. Et je ne veux même pas m'atteler sur les tâches du quotidien où on est amené à être dans la créativité pour pouvoir gérer. Maintenant, je crois qu'avec la danse, on démultiplie cette capacité-là. Et avec la danse en couple, surtout avec ces danses sociales comme la salsa, on est tout le temps dans la créativité parce qu'on est dans l'impro. Donc... Pour moi, on est sur une activité qui est complète. La danse, c'est les bienfaits pour le corps, les bienfaits pour tout ce qui est cognitif, mémoire, attention, concentration, pour le soi, l'image, la confiance, l'estime, le sentiment d'unité, d'intégrité, et pour la créativité, c'est pour toute l'expression.
- Speaker #0
C'est marrant, tu mets en avant la créativité et le côté artistique, et ça prend vraiment sens, je trouve. Mais j'ai aussi l'impression que si on parle avec certaines personnes, ce n'est pas évident pour tous les danseurs qui sont créatifs. Je trouve que toi, ça t'apparaît comme une évidence. Et pourtant, c'est vrai que quand on danse, on amène beaucoup de soi et il y a beaucoup d'improvisation. Mais je ne sais pas si c'est évident pour tout le monde.
- Speaker #1
Je ne vois pas pourquoi ce serait évident dans la mesure où on a un rapport à... à qui nous sommes intrinsèquement dans cette société qui est beaucoup liée à faut faire attention, faut pas faire de vagues, on est jugé, beaucoup regardé voilà donc si t'es pas avec du talent, t'es pas un créatif et donc t'es pas artiste et donc bref on peut accumuler comme ça tous les ne pas et les n'est pas moi encore une fois je prends les choses à rebours ça veut pas dire que ça a été simple et que ça reste simple c'est juste en l'exprimant. Pour moi, il n'y a rien que parce qu'on est en improvisation dans les danses sociales, on est dans la créativité. Et la créativité, c'est quelque chose qui n'est pas là parce que je l'ai décidé forcément en claquant des doigts. Il faut que j'élague un certain nombre de concepts, de préceptes, d'interdits, d'empêchements, de jugements et de culpabilités, et j'en passe, pour arriver à ce moment où tout est possible et où j'ose. Et si ce n'est pas osé, c'est parce que ça s'impose. Donc, je n'ai pas le choix, j'y vais. Et dans l'impro qu'on a en étant dans la danse à deux, il y a de ça. Bien sûr, on a appris avec la salsa à apprendre à danser la salsa. Mais à un moment donné, on n'est plus en train d'apprendre. On n'est plus en train de reproduire quelque chose qu'on a appris. On est en train de danser. Et donc, on est dans cette créativité qui se renouvelle en permanence. Et donc, je comprends bien que ce ne soit pas une évidence au départ. Sauf qu'au fur et à mesure... qu'on l'expérimente, on finit par s'en rendre compte. Si on parle de la créativité qui consiste à créer une chorégraphie, alors à ce moment-là, on parle d'autre chose. C'est encore autre chose. Mais pour moi, nous sommes dans... On crée. On est en train de créer quand on danse ensemble.
- Speaker #0
On s'exprime et on crée. Du coup, là, ce que tu dis, c'est que c'est important de le différencier de la performance.
- Speaker #1
Ah, clairement.
- Speaker #0
C'est deux choses différentes et c'est chouette de le valoriser aussi. Oui. Pour chacun.
- Speaker #1
Oui. Mais si c'est quelque chose qui est tapis au fond et qu'on a peur d'aller mettre au grand jour parce que c'est une partie de soi qui se met à nu, je comprends que ce ne soit pas une évidence. Et je dis toujours, quand on a peur de quelque chose, c'est que forcément, dans ce quelque chose, il y a nous. Donc il faut y aller. La peur au ventre, mais il faut y aller. Si ça ne nous procure rien du tout, alors c'est que ce n'est pas le bon endroit. Et je pense que cette créativité qu'on a au fond, qui est là, qui pétille, qui bouillonne, qui voudrait, qui n'ose pas, qu'on ne laisse pas, en y allant, on va se rendre compte de ce que je suis en train de dire. On n'est pas dans la performance, on est en train d'exprimer quelque chose de soi, de le partager avec l'autre. Et alors, on peut être sur des instants d'une grande magie parce qu'on voit se dérouler sous nos yeux avec les échanges de passes, d'écoute de la musique, de ce qu'on offre à l'autre, de ce que l'autre nous renvoie. Et ça fait une grande conversation et une grande création. Une danse, c'est une création. Et c'est très fort. C'est unique aussi. C'est unique à chaque fois. Et c'est comme ça que je conçois la créativité. Performance, c'est une autre histoire. Créer une chorégraphie, c'en est encore une autre. Bien que ce soit un vrai sujet de créativité, mais ce n'est pas de ça dont je parle.
- Speaker #0
Et là, on a commencé à partir sur une échelle un peu plus large avec le couple. Tu as commencé à parler de plusieurs choses, d'échanges, de co-création. Pour toi, quels sont les bienfaits de la danse, de la salsa, justement dans la dynamique de couple ou l'inverse ?
- Speaker #1
Enfin comment tu situes les choses ? C'est à dire que moi ce qui m'intéresse dans le couple il peut être mixte comme il peut ne pas l'être c'est la relation à deux c'est à dire ce que je trouve formidable qu'on voit encore plus dans certaines danses mais qu'on peut percevoir dans la salsa assez bien si on s'y intéresse c'est qu'à un moment donné c'est pas parce qu'il y a un leader et un follower qu'on est enfermé dans des dans des rôles où l'un domine et l'autre est dominé. Déjà, pour commencer, je crois que ça, on peut commencer à le mettre de côté pour entrer dans Waouh, être un follower, c'est énorme ! Être un leader, c'est énorme ! Et d'ailleurs, j'adore les deux. J'ai une petite expérience de leader, elle est toute petite, mais le peu de fois où je suis dans ce rôle, je trouve ça exceptionnel. Et quand je suis un follower, je peux même rêver. Donc, ça veut dire que dans cette relation... où on est quand même chacun dans un rôle, où on est dans un échange qui est très nourrissant, où celui qui apporte, parce qu'il guide, une information à celui qui va la recevoir et qui va la suivre, et qui va renvoyer ce qu'il a compris à celui qui a donné, qui a émis la première information. On va commencer à entrer dans quelque chose de très circulant. Je rêve de ça pour les couples dans la vie, en fait, et dans toutes formes de relations. C'est être dans cette capacité de donner, recevoir, écouter, suivre. C'est un grand oui, être un follower. C'est magnifique, en fait. Il n'y a pas de non. C'est un grand oui. Ça nous change quand même de ces relations. On est tout le temps en conflit. Et il y a beaucoup de non. Et du coup, c'est bien mignon. Le non, ça peut construire, mais en fait, on ne va pas très, très loin. Avec le oui, il y a un grand champ d'expérience possible. Et c'est ça qu'on nous demande en tant que followers, je trouve. Tout en ayant sa personnalité à l'intérieur.
- Speaker #0
Et des propositions.
- Speaker #1
Et des propositions qui ne sont pas forcément de remettre en cause le guidage et donc pas forcément de remettre en cause ce qui est amené par le leader. Mais il peut y avoir comme ça, grâce à cette créativité, à cette place qui est laissée par le leader à l'autre, on va y venir juste après, cette possibilité de... d'apporter aussi quelque chose au leader. Alors le leader, pour moi, s'il est juste dans c'est moi qui décide et toi tu dois suivre, bon là, moi je sors. Je suis dans l'ennui d'office. On est sur des rôles figés. Follower, tu suis leader, tu guides et tu décides. C'est vrai que pour moi là, il n'y a pas de circulation, il n'y a pas d'échange, il n'y a pas de conversation, il n'y a pas d'ouverture, il n'y a pas de oui, il n'y a pas de non, il n'y a que de la dictature. C'est mort, je m'en vais.
- Speaker #0
peu d'intérêt.
- Speaker #1
Et puis ça ne m'intéresse pas et je souhaite que ça disparaisse le plus vite. Quand on est dans l'apprentissage, je comprends qu'on apprenne ses rôles et qu'on soit un peu figé dans son rôle, mais à un moment donné, si on peut commencer à s'ouvrir et se dire tiens, peut-être que quand même, je suis dans une relation nouvelle à chaque danse, ce n'est pas la même personne, donc allons voir comment elle va prendre les choses, comment elle va les recevoir et comment elle va me renvoyer. Je pense que là, on commence à trouver deux entités qui vont pouvoir converser et créer quelque chose de très fort. Donc pour moi, le leader, il est dans la proposition. Il est aussi dans l'attention. Et il est très important qu'il s'amuse. Donc il ne doit pas juste être en train de s'occuper. C'est l'opposé de ce que je viens de dire. S'il est juste en train de s'occuper de l'autre, c'est pareil. Il est à côté de la plaque. Il a aussi sa personnalité, son mode d'expression. Et avec ça, on va commencer à créer quelque chose. Donc ça me semble très fort. Et quand on arrive à calquer ça... sur ses relations et notamment son couple dans sa vie. Je trouve ça extraordinaire et c'est en ça que pour moi, la danse à deux a vraiment des qualités énormes pour la vie en général. Et j'ajouterais que parfois, même quand on a été dans la proposition avec quelqu'un en face qui a dit oui, qui a redonné quelque chose qui fait qu'on est dans quelque chose de bien circulant, malgré tout, on peut ne pas avoir... Et ça, c'est indépendant de nous, en fait. Ce petit truc qui me fait dire waouh finalement, ça passe quand même pas super. Il y a des cailloux dans la chaussure, quoi. Ça ripe, c'est pas constant. On continue à donner ce meilleur-là, mais pour que ça se fasse. Et pourtant, c'est pas waouh c'est pas ouf. Eh bien, c'est comme ça. Parce que ça, c'est quelque chose qu'on vit quotidiennement. Il y a des gens avec qui ça match et des gens avec qui ça ne match pas. Quand bien même on fait l'effort de s'intéresser, d'écouter, on n'y reviendra pas et c'est comme ça. Et la danse nous permet, je crois, justement d'expérimenter ça et de le prendre comme c'est, sans en faire un plat.
- Speaker #0
C'est surtout que ça rajoute aussi de la valeur aux interactions qui matchent bien,
- Speaker #1
finalement. Oui, on peut le dire comme ça.
- Speaker #0
Il y a aussi certaines affinités qui peuvent se créer.
- Speaker #1
C'est très, très fort. C'est beau. C'est très, très fort. J'insiste quand même sur le fait que si ça ne matche pas, ce n'est pas grave. Pourquoi ? Parce qu'on reste dans du sociale. Restons des êtres sociaux avec bienveillance. On n'est pas toujours le bon émetteur. On n'est pas toujours le bon récepteur. Et inversement. Et donc, si ça ne matche pas, eh bien, voilà, ça ne matche pas et on n'en fait pas un drame, on passe à autre chose. On ne stigmatise pas la personne. on ne s'auto-juge pas parce qu'on n'a pas été je ne sais pas comme il aurait fallu ou je ne sais quoi ça ne matche pas et hop ça enchaîne et prochaine danse, ce n'est pas de la consommation c'est de l'expression c'est la vie c'est rester libre d'être soi que les autres soient libres aussi d'être eux-mêmes c'est un point de vue mais j'ai toujours extrêmement bien vécu j'ai toujours très bien vécu la salsa pour ces raisons.
- Speaker #0
Et là, on commence encore à s'éloigner un peu plus, parce que justement, on est dans une communauté, donc avec plein d'autres personnes autour.
- Speaker #1
Et donc effectivement, quand le couple,
- Speaker #0
il n'y a pas cette étincelle, malgré toutes les conditions qui sont réunies,
- Speaker #1
comme tu dis, c'est ok.
- Speaker #0
Mais il y a une dynamique effectivement de groupe qui se crée, et qu'est-ce que la danse et la salsa en particulier amènent là-dedans.
- Speaker #1
On se regroupe tous parce qu'on a une même passion, un même goût pour cette danse, un même goût pour cette musique, un même goût pour une salsa en particulier, un même goût de danser à deux. Peut-être même qu'on aime tous passer d'un danseur et d'une danseuse à l'autre. Ça nous donne ce sentiment de liberté, ça nous donne cette richesse, ça foisonne. Et je crois que, sans se le dire, on est tellement tous accro à cette liberté qu'on trouve, qu'il y a une mayonnaise qui a pris entre nous et on se retrouve dans le monde entier. On se retrouve dans les soirées qui sont près de chez nous. On est prêts à faire des kilomètres pour pouvoir aller vivre ça. Donc, il n'y a pas que la salsa qui fait ça. Mais clairement, notre salsa, elle nous met quand même dans des états qui sont très forts et qui nous réunissent. Donc, c'est un bon liant. C'est de la danse sociale avec la chaleur, le cœur, les rythmes solaires. On aime ce qui est tactile dans cette danse. Et puis, on aime s'amuser. On aime jouer avec la musique qu'on entend. Encore une fois, dès qu'on se passe des mots, on est les plus heureux. Je ne sais pas ce que je peux ajouter plus à ça.
- Speaker #0
C'est déjà plein de choses.
- Speaker #1
Je vais même glisser sur le fait que, et ça fera peut-être le lien avec la question d'après, qui est pourquoi j'ai choisi la salsa pour aller dans la santé. Parce que c'est tout ça, la salsa. Parce que c'est des amitiés qui se créent, parce que c'est une grande sauce. Salsa, c'est sauce, et à l'intérieur, c'est la sauce musicale, c'est la sauce humaine, c'est tous ces liens qui se créent grâce à elle. Et c'est plein de rythmes divers et variés, donc c'est très très riche. Et donc ça peut donner de la satisfaction à beaucoup de personnes. Et je l'ai voulu pour pouvoir accompagner les personnes dans la maladie, parce qu'elle est... Elle est vraiment unique cette salsa, elle est dans le monde entier, on la connaît partout, on sait que demain si on n'est plus malade on peut aller la danser, on l'aura appris quand on est malade on peut aller la danser n'importe où, on l'entend pendant les vacances alors qu'on est en train de manger sa glace, on se fait une petite salsa sans en faire des caisses et puis elle fait un bien fou partout dans le corps, dans les cellules, dans la tête. On le disait tout à l'heure, en bonne santé ou pas en fait, elle a tous les bienfaits et je crois que j'ai pas plus à dire. C'est ça t'as vraiment évoqué des bienfaits sur plusieurs temps vraiment on a parlé du physique au début, les émotions, le lien social,la valeur que ça peut avoir pour soi, pour le couple, ouais c'est vrai que comme ça mis bout à bout ça paraît être comment je peux dire ça... C'est une chose magique.
- Speaker #0
C'est une chose magique. Mais de toute façon,
- Speaker #1
on pense qu'on est tous un peu attirés dedans, pas forcément par hasard,
- Speaker #0
mais sans s'imaginer ce qui allait suivre sur toutes ces années et ce n'est pas pour rien.
- Speaker #1
Je sais que quand j'ai créé Elles Dansent, la première chose qui m'est venue, mais OK, donner des cours de salsa à des femmes en grande vulnérabilité, bien sûr, ça fonctionne. Mais pourquoi ? Il y a tout ce que je viens d'exprimer, mais... Pour mieux me justifier tout ça, je me suis très vite recalée sur mon entourage dans la salsa à ce moment-là. Et depuis les 10-15 années que je la pratiquais et que je la vivais quotidiennement, c'est qu'elle me faisait aller dans le monde entier. C'est qu'en fait, j'ai croisé énormément de personnes qui ont été touchées par des violences masculines, qui ont été touchées par des maladies, des pertes de travail, d'isolement, etc. Et ces personnes... que j'avais croisé, avaient eu l'occasion de me témoigner de ce que la salsa leur avait appris. Et là, je me suis dit, c'est une évidence, on va l'emmener là où il y a de la vulnérabilité parce qu'elle va aider ces gens-là à se construire, se reconstruire, à continuer à tenir bon dans les tempêtes, à ne pas être seule, peut-être même à braver certains traitements très lourds, à se reconstruire une image, une identité, une conscience, parce que ça a été bafoué, égratiné, violé. Enfin, ça a été vraiment pour moi des témoins forts qui m'ont convaincue que j'avais vraiment tout intérêt. C'était mon désir, mais ça me tenait, ça me confortait, ça me donnait une solidité supplémentaire. J'avais des témoins que ça avait été vraiment le support phare dans la nuit. J'ai une autre question pour toi.
- Speaker #0
Aujourd'hui, quelle est la place de la salsa dans ton quotidien ?
- Speaker #1
Alors, c'est intéressant parce que... Si je pouvais avoir toujours 35 ans, j'adorerais courir le monde entier. Je pourrais à 50 ans, je ne les ais pas, mais je finirais par en approcher quand même d'ici 2-3 ans. Je pourrais continuer à courir le monde entier pour elle. Après, à titre personnel, je donne beaucoup pour une association qui prend quand même tellement de temps et d'énergie que courir le monde m'épuiserait. Et donc je n'y tiens pas en particulier, même s'il y a des moments où ça me manque tout ce dont on a parlé. Danser à deux, tout ça. Et comme je sais que c'est quelque chose qui s'entretient, je sens bien qu'en en faisant moins, ça ne va pas être forcément toujours un kiff dingue. Je nuance en disant qu'il y a quelques danses que je fais me ramènent tellement vite à ça que c'est comme si les circuits étaient déjà ouverts et qu'il y avait juste à appuyer sur on. Mais bon, je tiens à rester mesurée pour ne pas .. Avoir des déceptions au cas où. Et puis, il n'y a que... Je suis une gourmande de découvertes. Et donc, si je me contente de la salsa, je sais que je vais être frustrée. Donc, j'ai besoin d'aller voir ailleurs si j'y suis. Et j'ai des attirances folles pour la comédie, pour le théâtre, pour le clown. Mais je ne peux pas passer à côté de ça. Donc, la salsa est dans ma vie. La preuve, c'est que je donne des cours de salsa. La preuve, c'est que j'organise des événements de salsa. Je ne risque pas de la lâcher. Mais l'artiste a besoin d'aller se voir ailleurs. Merci. C'est moi qui t'en remercie. Merci beaucoup.
- Speaker #0
Merci d'avoir écouté cet épisode. J'espère qu'il t'a plu. Moi, c'est Manon. Et on se retrouve dans 15 jours avec un nouvel invité. En attendant, n'hésite pas à soutenir le podcast. Partage l'épisode autour de toi ou laisse un commentaire. Ça aide énormément. Et si tu veux découvrir les bonus de l'épisode, rendez-vous sur Instagram. À bientôt.