- Speaker #0
Bienvenue dans Mosaïque Salsa, le podcast qui t'emmène au cœur de la salsa et de toutes ses facettes. Dans cet épisode, j'accueille Annabelle pour parler d'un sujet essentiel : l'image du corps et l'estime de soi dans la danse. On parle aussi du regard des autres, de la place des tenues vestimentaires et de l'importance de prendre soin de son corps. Annabelle partage également son expérience sur l'arrêt temporaire de la danse, notamment en cas de blessure, et sur la possibilité d'explorer d'autres manières de rester connectée à cet univers. C'est à la maison, à Bordeaux, que nous nous sommes retrouvées. Alors toi aussi, installe-toi confortablement, profiter de cette discussion.
- Speaker #1
Bonjour Annabelle.
- Speaker #2
Bonjour Manon.
- Speaker #1
Est-ce que tu peux te présenter avant qu'on commence, s'il te plaît ?
- Speaker #2
Oui, bien sûr. Alors, je suis Annabelle, danseuse à mes heures perdues. Dans la vie, je suis ergothérapeute. C'est mon métier et à côté de ça, je danse énormément. Depuis toute petite, je suis passée par différents styles de danse, le classique, le modern jazz, beaucoup, beaucoup de modern jazz. J'ai fait du cabaret, un petit peu de heels. Et j'ai découvert les danses latines vers 2015, si je ne dis pas de bêtises.
- Speaker #1
Donc il y a presque dix ans.
- Speaker #2
Oui,c'est ça. Ça date. J'ai commencé par la salsa cubaine, puis la porto. J'ai découvert la bachata, la kizomba. aussi. J'adore apprendre tout style de danse pour mélanger un petit peu ma personnalité de danse.
- Speaker #1
Aujourd'hui, on va parler ensemble de l'image du corps, de l'estime de soi dans la danse. Pourquoi c'est un sujet que tu avais envie de développer ?
- Speaker #2
Parce que pour moi, il y a vraiment un gros lien entre la façon dont on se perçoit dans notre corps, mais aussi dans l'image qu'on renvoie à travers la danse. Je trouve que c'est quelque chose de très facilitateur. Quand on a cette appétence pour la danse, on a une autre vision de notre corps, pour ma part, qui l'enjolive, qui le rend plus beau. C'est aussi pour moi un moment où je m'apprête un petit peu, je me fais belle, j'ai envie d'y aller, etc. Alors que dans mon quotidien, que ce soit par mon métier ou en tout cas toutes les activités que je fais, je suis plutôt sur un... Un style un peu casual avec une tenue décontractée, etc. Et c'est vraiment les soirées ou les festivals, le moment où je vais m'apprêter, choisir mes tenues un peu en avance, ou les coudres aussi, ça c'est un autre sujet. En tout cas pour moi, je trouve que ça aide à valoriser son image et à aussi comprendre son corps, comment il fonctionne, comment il bouge, ce qu'il ressent, etc. Et de se connecter un peu plus justement aux sensations de son corps, et faire le lien entre le mental et le corps.
- Speaker #1
Est-ce que cette valorisation de ta perception de toi-même, tu l'as sentie dès le début ou c'est venu progressivement ?
- Speaker #2
C'est venu très rapidement.
- Speaker #1
D'accord.
- Speaker #2
Comme je danse depuis très longtemps. Alors oui, du coup, c'est vrai que là, je pense à la salsa du coup, puisqu'on est dans le thème de la salsa. Oui. Donc, c'est venu rapidement pour la salsa parce que j'ai justement cette connexion avec mon corps depuis des années. Mais en effet, de toute petite, ça a pris du temps, de la construction. Parce que comme j'ai commencé très jeune, ça allait avec aussi l'évolution de mon corps. L'apparition des formes, de la poitrine, le développement du corps. Et donc je trouve que la danse a aidé aussi à accompagner ces changements hormonaux, etc. Et ce n'était pas simple non plus. Mais en tout cas, ça me permettait de me connecter vraiment à mon corps pendant cette évolution. Et du coup, quand j'ai commencé la salsa, j'ai rapidement été dans cette valorisation du corps qui, je trouve, est présente dans toute forme de danse. Mais pour le coup, encore plus sur la salsa, le fait d'être en couple et d'avoir le côté leader et follow, où il y a du styling, il y a de la présentation.
- Speaker #1
Tu trouves que dans la danse de couple, l'autre peut être support aussi ?
- Speaker #2
Oui, complètement, quand ça se passe bien haha mais oui je trouve que le leader peut être support de la follow pour mettre en valeur justement le corps et la danse .
- Speaker #1
Dans ce que tu dis moi ce que ça m'évoque aussi c'est que ça peut être assez, je sais pas si c'est "paradoxal" le mot, mais là pour toi tu expliques que la danse t'a permis de te sentir valorisée aussi au niveau de ton estime de toi. Mais parfois, quand on n'a pas une bonne estime de soi, qu'on ne se sent pas bien dans son corps, on a aussi beaucoup de mal à se mettre dans ce genre d'activité ou que ce soit dans les salles de danse où là, pour la salsa en social, finalement, on est assez exposé. Et du coup, c'est dommage ou en tout cas, c'est parfois une barrière qui est difficile de passer.
- Speaker #2
Je pense que ça se travaille aussi. Il y a beaucoup de professionnels qui proposent de la danse thérapie aussi, ou d'autres formes en tout cas de médiation artistique et corporelle. Mais en effet, oui, je pense qu'il y a certaines personnes qui ne sont pas à l'aise avec leur corps et bien dans leur peau et qui du coup, ça se ressent après dans la danse.
- Speaker #1
Je trouve qu'autant ça peut donner confiance, mais il faut passer ce premier pas de prendre le premier cours.
- Speaker #2
C'est ça. Et c'est pas évident et ça peut aider si on y va avec quelqu'un qu'on connaît. Ou en tout cas, de trouver le style de danse qui nous correspond. D'être dans une tenue confortable aussi.
- Speaker #1
On va arriver sur les tenues après, mais c'est vrai que ça peut jouer.
- Speaker #2
Ça peut jouer.
- Speaker #1
Et pour rebondir sur ce que tu disais tout à l'heure, le fait d'être à deux, peut-être que ça peut aider aussi. De se concentrer plus sur la connexion, sur ce que l'autre propose, plutôt que sur les blocages qu'on peut avoir.
- Speaker #2
Ça, je dirais que c'est à double tranchant pour ma part. Le fait de danser depuis toute petite, des danses solo, je trouve que ça a été compliqué pour moi au début, en salsa, de faire confiance aux autres.
- Speaker #1
D'accord.
- Speaker #2
Et de lâcher prise aussi, de ne pas être dans le contrôle de mes propres pas. Bien sûr, on gère nos propres pas, mais d'être à l'écoute du guidage et de ne pas anticiper, de ne pas nous-mêmes, finalement, driver la danse. Donc oui ça peut être double tranchant mais ça peut aussi en effet nous permettre de poser le cerveau et de se connecter un peu plus à nos ressentis corporels.
- Speaker #1
Et justement comment on fait pour se connecter un peu plus, qu'est-ce que tu penses toi ? Avec aussi tout l'impact du regard de l'autre,que ce soit du partenaire ou même plus généralement des gens qu'il y a autour?
- Speaker #2
Alors pour ma part c'est beaucoup la musique qui m'aide à me connecter Enfin, la salsa, je l'écoute en dehors des soirées aussi, quand je conduis, quand je fais plein de choses. Et donc, j'aime vraiment la musique elle-même. En dehors de la danse, vraiment, c'est quelque chose qui m'anime et ça me donne envie du coup de danser dessus. Et donc, quand je suis en soirée, je prends le temps vraiment de m'imprégner de la musique et de voir ce que ça me procure dans mon corps. Et après, en effet, ça prend du temps de se dire, on enlève cette barrière sociale, de se dire si j'ai l'air ridicule, si je fais pas trop bien mes mouvements, s'ils sont pas terminés, si mes pieds sont pas pointés. Bon, on n'est pas sur un show, on est sur du social. Le show, c'est autre chose. Mais voilà, de se dire bon, ben là, c'est mon moment à moi et avec mon partenaire. Et donc, ça dépend que de moi, en fait, d'en profiter. Je trouve que de se connecter au moins à la musique, ça permet déjà, dans un premier temps, de...D'alléger aussi.Et d'alléger un petit peu la pression qu'on peut se mettre vis-à-vis du regard des autres ou de ses propres capacités ou performances, en tout cas le côté esthétique de la danse.
- Speaker #1
Et justement, par rapport à ce côté esthétique, là, on parle d'image de soi, de comment on ressent notre corps. Donc ça part beaucoup de l'intérieur. Mais un des outils qu'on a aussi à disposition pour se sentir bien, ça va être la tenue. Et là, on retrouve plusieurs possibilités en fonction des contextes.
- Speaker #2
Oui, tout à fait. Ce qui est chouette dans la danse latine, en tout cas, et je vais parler de la salsa, on a un panel vestimentaire qui est très large. Je prends un exemple bête, mais quand je vais en festival, je vais emmener énormément d'affaires. Donc, je vais en utiliser souvent la moitié. Mais c'est au cas où. On peut autant être sur un workshop ou des cours, avec un legging, un jogging, un short. Peu importe, quelque chose de très confortable.
- Speaker #1
De très sport, en fait. Lié à l'activité, vraiment, le côté sportif de notre activité.
- Speaker #2
Personnellement, je vais rarement me mettre en jean, par exemple, parce que j'aime bien être à l'aise. Tout dépend de ce qu'on va me demander de faire. Souvent, c'est enchaîné aussi avec les sociales. Et donc là, à ce moment-là, soit je reste aussi dans la tenue confortable, soit je vais me prendre un petit haut ou quelque chose de sympa pour ... Deja pour me changer parce qu'entre temps on a transpiré quand même pour le côté potable. Et après il y a aussi les soirées. Et donc là, c'est ce que je disais tout à l'heure, c'est vraiment le côté, le moment où j'aime bien, où je prends le temps de me maquiller, de mettre une belle tenue que j'ai préparée plus ou moins à l'avance. Et j'aime bien aussi me référer souvent au dress code qu'on propose au festival. Je trouve que ça aide aussi à choisir une tenue. Et voilà, c'est le moment je trouve où on peut se sentir bien aussi dans notre corps, dans ce qu'on renvoie. Et ça nous met en confiance aussi dans la suite de la soirée. Moi, ça m'est déjà arrivé de ne pas être du tout à l'aise dans une tenue que j'avais prévu. C'est pas que ça m'a gâché la soirée, mais pour le coup, j'étais soit pas à l'aise dans mes mouvements, soit pas en confiance, parce que j'avais l'impression que ça ne m'allait pas. Et en fait, ça renvoie vraiment... Je pense que ça projette aussi sur les autres ce qu'on peut ressentir et ce que ça peut nous renvoyer derrière. Donc, il y a cette partie-là. Et puis après, il y a les shows aussi, avec les costumes, et donc là, complètement différent. C'est large le panel.
- Speaker #1
Là, tu parlais des dress codes, mais quelles sont les autres caractéristiques pour toi dans tes choix d'une tenue qui te permet de te sentir en confiance ? Comment tu choisis ? Je parle plutôt pour les soirées.
- Speaker #2
Alors, j'aime bien porter des robes parce que du coup, au quotidien, je n'ai pas trop l'occasion d'en porter.
- Speaker #1
Donc plutôt une tenue qui change ?
- Speaker #2
Oui,
- Speaker #1
Une tenue qui sort de ton quotidien ?
- Speaker #2
Une tenue assez féminine, mais ça peut être aussi un jean ou un pantalon bien centré qui peut faire très féminin, etc. Mais toujours avec une touche soit... de paillettes, soit de couleurs, quelque chose qui peut être... Quelque chose que j'ai pas l'habitude de porter et que je réserve pour ce genre d'occasion. Et aussi le fait d'être confortable. Je parlais des robes, par exemple. Une robe moulante et courte, clairement, je le ferai pas. Sauf si derrière, par exemple, je porte des collants résilles sur lesquels je mets soit de la colle, soit des épingles à nourrice, quelque chose que je travaille un petit peu avant. Pareil au niveau du décolleté, j'essaie de faire attention à ce que ce soit pas trop plongeant non plus. Que vous voyez qu'il n'y ait pas trop d'accidents pendant la danse. Ça peut être le risque. Quelque chose qui ne tienne pas trop chaud aussi. Un revêtement qui ne soit pas une matière qui soit pas trop chaude. Aussi parce que je suis quelqu'un qui transpire facilement quand je danse. Et donc ça c'est quelque chose aussi qui peut vite être inconfortable. Et j'aime bien aussi tout ce qui va faire du mouvement, qui va être souple, qui va voler plus ou moins. Parce qu'en salsa, on fait tellement de mouvements, de tours, etc. Je trouve ça joli quand ça bouge un petit peu. Et quelque chose aussi d'assez stretch pour que justement, je puisse faire ce que j'adore dans la salsa, le body move, des fois du style un peu afrocubain, etc. Et donc, être à l'aise dans mes appuis, dans le fait de plier les genoux, lever les hanches. de bouger le buste, les bras. Voilà, quelque chose qui ne me contraint pas non plus.
- Speaker #1
Donc là, si je résume, toi tu mises sur sortir du quotidien, donc des tenues qui changent, qui restent confortables et qui répondent à certains de tes critères plutôt esthétiques. Donc tu as parlé de la féminité, etc. C'est vrai que le confort, c'est important et je pense qu'on a tous ou toutes au moins vécu des scènes dans les cabines d'essayage, vraiment à se projeter dans certains mouvements, pour être sûre qu'il n'y a pas une bretelle ou une robe qui remonte qui pourrait gâcher la soirée. Et c'est vrai que d'arriver dans une tenue qu'on apprécie, quelles que soient ses caractéristiques, ça peut vraiment jouer, je pense, sur l'état d'esprit et sur la confiance qu'on va avoir en nous.
- Speaker #2
Vraiment.
- Speaker #1
Et au-delà de ta tenue, est-ce qu'il y a quelque chose d'autre qui fait partie de ta routine, par exemple, quand tu pars en festival, pour te sentir bien dans ton corps ?
- Speaker #2
Bonne question. Alors oui, ça va être aussi un temps où je vais prévoir du stretching, de la mobilité.
- Speaker #1
D'accord.
- Speaker #2
C'est quelque chose que je faisais pas du tout avant. J'ai eu des petits problèmes de dos il y a quelques temps qui se sont arrangés, mais qui ont fait que j'ai pas pu danser pendant huits mois. Et donc, depuis, j'essaie d'intégrer des routines de mobilité, d'étirement, etc. pour préparer un peu mon corps à la contrainte physique parce que l'air de rien on danse beaucoup beaucoup beaucoup d'heures sur un week-end.
- Speaker #1
Et on a un rythme en plus souvent décalé avec peu de sommeil.
- Speaker #2
Exactement, il y a peu de sommeil, les temps de repas sont pas non plus bien consacrés, bien définis. En tout cas, pour moi ce n'est pas la priorité on va dire de sommeil et alimentation sur ce genre de week-end. Donc voilà, j'essaie de préparer mon corps, de l'étirer aussi après. Donc j'essaie de respecter plus ou moins. Des fois, ça passe ou ça casse. Mais on se rend compte que souvent, c'est quand on a la douleur qui peut apparaître que là, on va faire quelque chose. Et l'idée, c'est plus de faire de la prévention pour éviter justement d'être engourdie, d'avoir une apparition de douleur et de pouvoir tenir quand même le week-end, puis le suivant et ainsi de suite.
- Speaker #1
Donc, c'est prendre soin aussi de ton corps, vraiment de la mécanique du corps.
- Speaker #2
Tout à fait.
- Speaker #1
Je sais que tu voulais aussi aborder le côté inclusif ou non. Je ne sais pas, tu vas nous dire. de la salsa par rapport à la diversité des corps. Est-ce que tu penses qu'on est dans une ère inclusive ou qu'il y a encore du travail ?
- Speaker #2
Je pense qu'il y a encore du travail. Pour moi, il y a déjà toute forme de corps, de morphologie dans la danse, de manière générale. Dans la salsa, de plus en plus, je pense qu'il y a encore du travail à faire sur, comme tu dis, l'inclusion. Pour moi, c'est vraiment une mentalité à changer. Alors, je ne sais pas comment ça pourrait être traité. Par exemple, j'étais à Lisbonne et j'avais été toute seule en voyage là-bas. J'avais décidé de faire une soirée et j'ai un gars en fauteuil roulant qui m'avait invité à danser. Moi, ça ne m'a pas du tout posé de problème. J'ai dit oui sans hésiter. Mais c'est vrai que les gens autour de moi étaient, je ne vais pas dire choqués, mais en tout cas étaient très surpris de voir que c'était possible de danser en fauteuil. Là, je parle du fauteuil, mais ça peut être aussi... tous les handicaps invisibles, par exemple.
- Speaker #1
En fait, toi, tu es sensibilisée aussi par ton métier. J'imagine qu'aussi à ce moment-là, c'est sûrement une approche plus commune pour toi.
- Speaker #2
Bien sur,mais en tout cas, c'est quelque chose que je soutiens, comme tu dis, par rapport à mes valeurs professionnelles. Mais c'est aussi l'idée de se dire que la danse apporte tellement, en fait, sur ce qu'on disait, l'estime de soi, le bien-être, etc. Donc c'est dommage entre guillemets que quelqu'un qui a un handicap, enfin je parle d'handicap, mais quelqu'un qui aussi a une morphologie qui est pas à l'aise dans son corps, de se dire qu'on va s'interdire d'aller danser à cause de ça. Mais en effet je pense qu'on a un gros travail à faire là-dessus, parce que l'air de rien en soirée, comme je disais tout à l'heure, c'est le moment où les gens s'apprêtent, essayent d'être beaux, etc. Et donc on est aussi beaucoup dans l'apparence, dans le côté visuel, et l'air de rien, de se faire inviter aussi, je pense que ça met en jeu aussi le côté esthétique, en tout cas le visuel. Donc je peux comprendre que quelqu'un qui n'a pas confiance en soi, qui a un vide, qui n'est pas à l'aise dans son corps par rapport à sa morphologie, ne soit pas du tout à l'aise à l'idée d'aller en soirée, ni même d'inviter, et de se mettre en valeur derrière.
- Speaker #1
Comme tu dis, la danse, dans son essence, c'est quelque chose de très esthétique. Après, le fait que ce soit un bel esthétisme ou pas, c'est très subjectif, mais c'est quelque chose qui se regarde, donc forcément, ça joue. Et je trouve qu'il y a parfois vraiment une dualité entre... Dans les artistes, notamment, il y a beaucoup de corps très filiformes. Je pense notamment aux partenaires féminines. Mais il y a encore des standards qui sont très poussés, qui correspondent aux standards de la danseuse. tels qu'on les imagine et qui sont présents depuis de nombreuses années. Et en même temps, je trouve que face à ça, il y a quand même aussi beaucoup plus de personnes qui s'exposent, sur les réseaux notamment, parce que c'est un vecteur de partage, avec de plus en plus de diversité. Donc, j'ai l'impression que ça va aller de mieux en mieux.
- Speaker #2
J'espère.
- Speaker #1
Tout à l'heure, tu as commencé à parler de ta blessure. Et je crois que tu voulais parler aussi de l'impact plutôt de la santé ou de la forme mentale, justement dans la danse ou l'inverse de la danse sur la santé mentale
- Speaker #2
C'est vrai que du coup je danse depuis toute petite donc ça fait partie de ma vie de mon quotidien avec des périodes où j'ai plus ou moins dansé aussi en fonction de mes études de mon travail de mes voyages etc mais c'est vrai que quand c'est imposé à nous et qu'on ne l'a pas décidé c'est complètement différent. J'ai eu des soucis de dos qui sont apparus à un moment donné, qui m'ont du coup contrainte d'arrêter la danse pendant huit mois. Donc ça, c'était, on va dire, la décision du médecin du sport que je voyais, que j'ai suivie parce que, voilà, je fais confiance. Mais pour le coup, ça m'a, comment dire, je ne vais pas dire le mot dévastée, mais presque, parce que pour le coup, j'avais l'impression d'avoir perdu une part de mon identité. J'avais toutes mes autres identités, tous mes autres rôles au quotidien. Je fais beaucoup de lien avec l'ergotherapie, mais je ne pouvais pas combler forcément cette part du coup de danseuse. Et donc ça, c'était très difficile pour moi. C'était très difficile. Ça a duré 8 mois quand même. Il a fallu que je gère ma frustration. De ne pas trop, parfois même, regarder les réseaux sociaux. Pas trop... écouter la musique non plus parce qu'il fallait pas que dessus je puisse danser, etc. Donc j'ai... essayé d'être dans des stratégies d'évitement de plus en plus mais ça a été quand même très difficile et à un moment donné je me suis dit la danse fait partie de toi continue à écouter la musique continue à regarder des vidéos voilà il faut être patient il faut continuer à travailler et donc dans ma rééducation j'ai été hyper assidue hyper motivée parce que justement j'avais cette carotte de la danse qui me donnait un objectif et un but à atteindre. Et donc, on va dire, grâce à la danse, j'ai pu me rétablir et dans ma projection, et dans ma civilité, dans la rééducation, et aussi sur le plan du moral. Je réfléchissais à des chorégraphies, je visualisais des projets, je me suis mise à la couture pour commencer à travailler sur des costumes de danse. J'essayais toujours de rester en lien avec la danse, mais pas trop non plus.
- Speaker #1
En trouvant d'autres alternatives que le mouvement à proprement parlé c'est ça ?
- Speaker #2
Exactement, le mouvement que je continuais à faire mais d'une autre façon très protocolaire par la rééducation par les protocoles qu'on te proposait exactement et d'essayer justement au lieu de passer par la danse de passer par d'autres médiations artistiques pour justement gérer cette frustration et cette canalisation voilà une fois que j'ai repris la danse ça a été un pur bonheur, j'avais l'impression d'être complète. Je crois même que j'ai pleuré ce soir-là.
- Speaker #1
D'émotion. Et est-ce que pour faire le lien avec ce dont tu parlais au début, est-ce que là, sur la période où tu as arrêté de danser, où tu as été contrainte d'arrêter de danser, tu as senti aussi que tu avais une image de toi, de ton corps qui changeait ou pas ?
- Speaker #2
Alors c'est vrai que pour le coup, j'ai essayé de trouver d'autres moyens d'être féminine. J'étais plus sur la partie, oui, vestimentaire au quotidien, mais encore une fois, par rapport à ma routine de vie, c'est pas du tout ma personnalité de m'habiller trop féminine, donc je ne suis pas trop partie dessus.
- Speaker #1
Est-ce que le fait que ton corps soit au repos, ou en tout cas soit blessé, t'as ressenti un manque de confiance en toi ? Ou justement, avec le fait que tu ais trouvé d'autres alternatives, tu l'as pas ressenti ? Est-ce que là, à posteriori, t'arrives à répondre ou pas ?
- Speaker #2
Pas forcément. J'ai du mal à répondre. Parce que je me suis pas forcément posé cette question, du coup. Ce que je sais, c'est que oui, j'ai retrouvé par contre, quand j'ai repris la danse, cette part de féminité. Mais après, l'estime de moi, on va dire que non, je pense que j'ai pu la conserver de par mes autres rôles au quotidien, dans mon métier, dans mon couple, etc. Donc ça, je pense pas que ça a été touché. Mais on va dire que la danse ajoute un élément supplémentaire à la mon estime de moi et que j'ai pu vraiment, on va dire, terminer le puzzle ou rejoindre les bouts quand j'ai pu reprendre la danse.
- Speaker #1
J'ai une dernière question pour toi, Annabelle. Est-ce qu'il y a quelque chose que tu as appris par le biais de la danse et de la salsa en particulier dont tu te sers dans ton quotidien en dehors de la danse ?
- Speaker #2
Je dirais la patience. L'apprentissage de la danse pour moi c'est vraiment un long chemin, c'est pas un fleuve tranquille. Je ne considère pas du tout qu'on a atteint un stade aussi où on est un bon danseur. Pour moi il y a plusieurs paliers à passer et continuer à se former, à apprendre, en tout cas pour moi c'est super important. Ça permet d'être justement un bon danseur, en tout cas c'est ma vision des choses. Et donc voilà le côté... croissant de se dire qu'il y a toujours à faire et toujours à améliorer. Ça demande du coup beaucoup de patience et ça, je pense que j'en ai besoin.
- Speaker #1
De développer ça.
- Speaker #2
Oui,concrètement.
- Speaker #1
Merci Annabelle.
- Speaker #2
Merci à toi Manon.
- Speaker #0
Merci d'avoir écouté cet épisode. J'espère qu'il t'a plu. Moi c'est Manon et on se retrouve dans 15 jours avec un nouvel invité. Nous discuterons ensemble de la compétition en salsa et des clés de l'entraînement spécifique pour y participer. En attendant, n'hésite pas à soutenir le podcast. Partage l'épisode autour de toi ou laisse un commentaire, ça aide énormément. Et si tu veux découvrir les bonus de l'épisode, rendez-vous sur Instagram. A bientôt !