- Speaker #0
Certains voient l'activité physique comme un investissement pour leur santé et leur bien-être. Vous voulez en faire partie ? Bienvenue chez Mouvementale. Je m'appelle Magali Dubois et je m'adresse particulièrement aux non-sportifs et à tous ceux qui aimeraient enfin réussir à adopter un mode de vie actif dans la durée. C'est en vous partageant des connaissances, des expériences et des points de vue différents que j'ai l'intention de vous aider à bâtir l'état d'esprit et la motivation nécessaire pour le faire. Alors j'espère que ça vous aidera et que vous aurez envie d'en parler autour de vous. Est-ce que c'est si facile d'adopter un mode de vie actif quand on a été sportif de haut niveau ? J'adore ce sujet et je suis vraiment trop contente de l'aborder aujourd'hui. En fait, je suis vraiment super enthousiaste à l'idée de parler de ça, parce que je sais que pour beaucoup d'entre vous qui essayez de vous remettre à l'activité physique ou tout simplement de vous mettre au sport, je sais que vous avez en tête... une sorte de décalage entre vous et peut-être les sportifs ou ceux que vous considérez comme sportifs, en pensant que peut-être que pour les sportifs, tout est facile, tout est fluide, tout est, on va dire, simple, naturel. Et justement, c'est ce qu'on va un peu explorer ensemble aujourd'hui. Parce que peut-être que ce n'est pas le cas. Peut-être que par moments, ce n'est pas toujours facile. Et j'aimerais vraiment que vous vous enleviez un petit peu ce poids-là que vous pouvez avoir. de toujours vous comparer à des personnes qui sont très sportives et peut-être de justement pouvoir un peu souffler, souffler et de se dire que tout le monde a ses propres difficultés. Et c'est ce qu'on va découvrir aujourd'hui. Je suis ravie de t'accueillir. Je suis avec Faïsa Boudéra, qui est une copine depuis maintenant plus de dix ans. On s'est connues au basket, d'ailleurs. Faïsa a été basketteuse professionnelle. Donc, dans son ancienne vie, si je peux le dire comme ça. Et je sais que tu as sillonné quand même pas mal de chemins, pas mal de routes jusqu'aux US, en Italie, en Espagne, un peu partout aussi en France pour pouvoir jouer au basket. Et maintenant, ta vie a bien sûr changé puisque ta carrière de basketeuse est derrière toi. C'est ce qu'on va découvrir aujourd'hui. Je suis ravie que tu sois avec moi aujourd'hui. Merci beaucoup, beaucoup.
- Speaker #1
Bonjour Mag, et puis bonjour à tous. Merci de me recevoir, moi je suis très ravie d'être là avec toi aujourd'hui.
- Speaker #0
Écoute, c'est super, on va pouvoir découvrir un petit peu ton univers. Et par rapport aux autres invités que j'ai pu avoir par le passé, ce qui m'intéresse particulièrement, c'est justement ton parcours de sportive de haut niveau. Et justement, maintenant, ta vie de maman, ton travail, voir comment est ton mode de vie actuellement et comment est-ce que tu as vécu aussi cette transition entre ta carrière sportive et ta carrière pro, on va dire un peu plus classique, si je peux le dire comme ça. Donc, je te remercie encore d'être avec moi. Est-ce que tu pourrais prendre juste une petite minute pour te présenter à ta sauce ?
- Speaker #1
Alors, je suis originaire de Mulhouse. Et je fais partie d'une fratrie de cinq sœurs. Et je suis maman d'un petit garçon de cinq ans qui s'appelle Liam. Et je suis anciennement sportive de haut niveau, plus précisément basketteuse professionnelle.
- Speaker #0
Et bien justement, on va parler de ça, puisque moi, ça m'intéresse de savoir un petit peu, d'une part, ton parcours sportif, ta carrière sportive. Et puis après, petit à petit, on ira aborder plus ta vie de maintenant. Et on va parler de l'évolution au global. Donc là, moi, ce qui m'intéresse particulièrement, c'est déjà de savoir comment ça s'est fait le basket. C'est-à-dire, quand tu étais jeune, est-ce que tu as toujours été sportive ? Comment ça s'est fait pour toi ?
- Speaker #1
Alors, pour la petite histoire, je n'ai pas démarré par le basket, mais par la gymnastique. C'était surtout pour suivre une copine de classe et aussi parce que nos parents voulaient qu'on soit actifs. et cassé un petit peu avec cette sédentarité. Et donc, à côté de l'école, ils nous ont poussé vers différentes activités. Et donc, moi, j'ai démarré par la gymnastique. Bon, je me suis rendu compte rapidement que ce n'était pas fait pour moi. Et donc, comme je disais, j'ai quatre sœurs. Donc, moi, je suis au milieu. Donc, j'ai deux grandes sœurs qui, elles, avaient déjà démarré le basket puisqu'on avait une cousine qui en faisait. Donc en fait, on est vraiment tombé dans le basket par hasard. Moi, une fois que j'avais terminé la gymnastique, pour des raisons pratiques, on ne va pas se le cacher, pour mon papa, c'était plus facile de nous emmener toutes au même endroit. Donc j'ai naturellement démarré le basket une fois la gymnastique terminée. Et il s'est avéré que j'ai tout de suite accroché et aimé ce sport. et qu'en plus, j'étais pas si mal que ça.
- Speaker #0
Et quand tu dis que tes parents avaient envie justement que vous soyez plutôt active, comment est-ce qu'ils le manifestaient ? Est-ce qu'ils vous le disaient tout simplement ? Est-ce qu'ils vous poussaient à faire quelque chose ? Est-ce qu'ils ont voulu absolument vous inscrire dans une activité ?
- Speaker #1
Alors, mes parents n'étaient pas des sportifs de haut niveau, loin de là. Ils avaient fait du sport. Mon papa faisait du foot. Ma maman avait touché à plusieurs sports. dont le basket un petit peu. Et en fait, pour eux, c'était vraiment un équilibre à trouver entre l'école et une activité hors école. Et c'est vrai que je pense que le fait que ma cousine ait été au basket, ils nous l'ont fait comprendre, surtout mes grandes sœurs, que le sport pouvait apporter un équilibre dans notre quotidien.
- Speaker #0
Oui, d'accord. Donc, assez rapidement, toi, tu as été... Tu as été baignée là-dedans. Tu avais quel âge quand tu as démarré le basket ?
- Speaker #1
J'ai démarré le basket, j'avais 10 ans. Et c'est vrai que naturellement, je pense que mes parents ne se sont pas posé tant de questions que ça finalement. On n'était pas la génération comme aujourd'hui où on essaye de faire essayer plein de sports à nos enfants. Encore une fois, c'était pour des raisons pratiques. On est tombé dedans. autant mes grandes sœurs et moi, ça a été... Pour des raisons très pratiques, autant mes deux petites sœurs, qui aujourd'hui, une est professionnelle et l'autre semi-professionnelle, elles sont nées sur des terrains de basket, puisqu'on a eu la chance d'avoir nos parents qui nous ont toujours soutenus et accompagnés aux différentes compétitions. Et ma maman, elle trimbalait les poussettes, les landaux, là où on était. Donc, j'aime bien raconter l'anecdote que ma petite sœur Amel, on disait toujours qu'elle est... qu'en fait, elle savait dribbler avant de savoir marcher.
- Speaker #0
Oui, et tu vois, en t'écoutant, je me dis, mais en fait, vous êtes une vraie équipe. À vous cinq.
- Speaker #1
En fait, on est un cinq majeur. Il faut cinq... En plus. Voilà. Au moins, il n'y a pas de compétition, pas de remplaçante. Alors, mon seul regret, enfin, le regret de mes sœurs et moi, c'est qu'avec les écartages, on n'aura malheureusement jamais joué dans la même équipe. Mais pourquoi pas, pour un événement, on pourrait essayer un jubilé.
- Speaker #0
On essaie.
- Speaker #1
Voilà, tout à fait.
- Speaker #0
Ça, c'est génial, je trouve. C'est vraiment une belle anecdote, tu vois, de se dire que peut-être qu'un jour, vous allez pouvoir faire un tournoi ou jouer par le plaisir. Mais j'imagine que vous avez déjà joué ensemble juste par plaisir en famille. Oui,
- Speaker #1
on sait déjà, on a plein d'anecdotes. Peut-être les cinq, c'était un peu plus compliqué parce qu'encore une fois, il y a des écartages. Mais on a plein de souvenirs avec mes sœurs où on se retrouvait sur les playgrounds l'été à jouer contre les garçons. Et puis même les garçons qui râlaient et qui disaient « Mais vous vous faites battre par des filles ! » Et puis bon, on a joué à certains tournois d'été. C'est vrai que... Et puis c'est sympa d'avoir cette même passion. Moi, je dis toujours qu'on est... Entre nous, on est nos meilleures supportrices et nos number one fans. On a toujours été sur les compétitions des unes et des autres, à s'envoyer des textos avant les matchs pour s'encourager. C'est vrai que c'est chouette de pouvoir partager une passion commune.
- Speaker #0
C'est chouette et c'est rare à ce point.
- Speaker #1
Oui, c'est sûr que c'est assez étonnant. Il y a souvent, on parle de fratrie dans certains sports. les sœurs Williams. Vous êtes cinq. Effectivement, pour que les cinq, on tombe dans le même sport et qu'on soit toutes plus ou moins douées pour ce sport. Encore une fois, je le répète, mes deux petites sœurs, il y en a une qui est professionnelle et l'autre qui est semi-professionnelle. C'est vrai que souvent, à l'époque, quand on se faisait interviewer par les journalistes, on nous disait comment c'est possible et comment on a atterri et comment on est tombé dans ce sport-là. Mais c'est vrai que c'est atypique. Oui,
- Speaker #0
complètement. Et toi, comment ça s'est fait ? Donc, tu démarres à 10 ans et après ?
- Speaker #1
Je démarre à 10 ans dans mon club formateur à Mulhouse, donc au FCM. J'y ai fait mes années Poussines, Benjamin. Et derrière ça, j'ai été recrutée assez rapidement par un club de la région qui s'appelle l'US Vitenheim et qui jouait en National 2. En fait, ils avaient une équipe senior et rapidement, les dirigeants du club sont venus voir mes parents. puisque leur meneuse titulaire avait un désir d'avoir un enfant. Et ils recherchaient une jeune pour assurer la succession. Donc après, ce qui était assez surprenant, c'est que j'étais très jeune. En fait, j'avais 14 ans et j'ai dû passer tout un tas d'examens et j'ai dû avoir la validation des médecins pour pouvoir avoir ce qu'on appelle un double surclassement, pour pouvoir jouer en senior. J'y ai joué pendant quatre ans. Il y avait un double projet. Je jouais en National 2 avec des filles qui avaient le double de mon âge. Et en même temps, je jouais avec l'équipe cadette en championnat de France. Et pour la petite anecdote, on a remporté, à 17 ans, la Coupe de France à Bercy. C'est ça. Donc, à 17 ans... On s'est retrouvés dans cette immense gymnase remplie d'histoires. Autant dire que j'étais tellement stressée que la première action de mon match a été catastrophique, puisque j'ai fait ce qu'on appelle une tranche, c'est-à-dire qu'au lieu de viser le panier, j'ai visé le côté de la planche. Mais si je raconte cette anecdote, c'est pour dire à quel point c'était impressionnant de jouer dans une immense salle. mais ça reste un... Un super souvenir d'avoir pu gagner la Coupe de France à Bercy.
- Speaker #0
Oui, j'imagine. Puis ça ne faisait pas non plus 15 ans que tu jouais au basket. Ça faisait 7 ans.
- Speaker #1
Oui, c'est ça. Ça faisait 7 ans. C'est vrai qu'aujourd'hui, on parle toujours de démarrer le sport très tôt. Alors, je reste persuadée que c'est important d'inculquer à nos enfants cette notion du sport. Mais c'est vrai qu'en démarrant à 10 ans, ça pourrait peut-être paraître un petit peu tardif. Mais ça ne m'a pas empêchée justement de gravir les échelons dans un parcours un peu atypique en fait.
- Speaker #0
Complètement, très rapidement. Et à cette époque-là, c'est quoi ton rêve ? Est-ce que tu rêves d'être basketteuse ? Parce que quand tu as démarré à 10 ans, tu as démarré en découvrant le basket, mais tu avais... pas directement cette passion ou ce rêve-là d'être basketteuse professionnelle. Peut-être que je me trompe.
- Speaker #1
Non, tu as raison. Pareil, je vais raconter une petite anecdote, mais je n'avais pas du tout cette culture basket. En fait, je ne regardais pas les matchs à la télé et j'ai ce souvenir où j'avais été recrutée, j'avais été sélectionnée parmi certaines joueuses pour participer à un camp avec l'équipe de France. Et je me rappelle que le sélectionnaire nous avait posé la question en nous disant « quel est votre joueur ou votre joueuse préférée ? » Mais moi, j'en étais incapable, je ne connaissais pas de… Alors, je ne me rappelle plus quel nom j'ai dû sortir, mais j'ai dû essayer de trouver une entourloupe. Mais je n'avais pas du tout cette culture basket. Et puis, rapidement, les choses se sont enchaînées. C'est vrai que je n'ai pas réalisé ce qui m'arrivait. Quand je dis que tout s'est enchaîné, c'est qu'à 17 ans, j'ai été vue par des sélectionneurs nationaux. Donc, j'ai fait partie de l'équipe de France, jeune. J'avais même participé à un championnat d'Europe en Hongrie. On avait terminé troisième. C'était chouette d'entendre la Marseillaise, de vivre une expérience à l'international. Et puis ensuite, j'ai été recrutée par le club de Reims, qui... Pareil, il souhaitait me faire signer mon premier contrat pro à 18 ans. Et pareil, dans un double projet, c'était d'intégrer l'équipe Espoir. L'équipe Espoir, c'est ce qu'on appelle la réserve de l'équipe pro. Et donc, à l'époque dans laquelle je jouais, il y avait un championnat Espoir. Et donc, malheureusement, je me suis blessée. Je me suis fait une rupture du ligament croisé. Donc, au lieu de signer mon premier contrat pro avec ce club de Reims, ils ont toujours souhaité me recruter, mais au final, que pour l'équipe Espoir. Donc là, ça a été, et on en parlera, mais c'est vrai que mon parcours n'a pas été tout à fait linéaire. J'ai eu énormément de blessures, mais je pense que ces blessures font partie de mon parcours. Elles m'ont aidée à me construire et puis elles m'ont aussi... permises de prendre certains chemins que je n'aurais sûrement pas pris si je n'avais pas été blessée.
- Speaker #0
Oui, complètement. Et je trouve ça chouette. Non, ce n'est pas chouette que tu te sois blessée, mais c'est intéressant de comprendre comment à chaque fois, tu as pu rebondir aussi. Parce que c'est comme, là, je vais faire le parallèle avec des personnes qui se mettent au sport ou qui essayent d'être actives. Ce n'est pas linéaire, quoi qu'il arrive. La vie n'est pas linéaire. On peut avoir des obstacles, il peut se passer des moments où on est obligé de lâcher un peu pour X ou Y raisons. La blessure, ça fait partie du jeu aussi, et ça peut arriver même quand on n'est pas sportif de haut niveau. Mais du coup, toi, dans ce contexte-là, comment tu gères ta première blessure ? Alors, j'ai cette question-là en tête et j'en ai une autre qui est peut-être à répondre un peu en amont. Est-ce que, donc on te propose ce premier contrat pro, tu te blesses conjointement ? mais ce que toi, là, tu te projettes dans ta vie comme basketteuse professionnelle.
- Speaker #1
Alors, je commence à rêver du projet d'être basketteuse professionnelle. Et en même temps, j'ai des parents qui sont très terre à terre et qui nous ont toujours dit « Ok, c'est bien le basket, mais tu ne gagneras pas ta vie grâce au basket. Donc, tant que tu arrives à joindre cet équilibre entre faire des études et le basket, nous, on est ok. » Parce qu'en fait, ce qui n'a pas été simple... J'ai été la première de mes cinq sœurs, finalement, à ouvrir cette voie du professionnalisme. Mes deux grandes sœurs étaient douées, mais elles n'ont pas eu le même parcours que moi. Et c'est vrai que c'était tout nouveau pour mes parents de se dire, attention, là, ma fille, elle peut gagner de l'argent avec le sport. C'était ni dans notre culture, ni dans notre éducation. Donc, à 17 ans, je commençais à avoir des appels de centres de formation. Mes parents voulaient parler justement avec ses dirigeants en disant, OK, mais c'est quoi le projet études aussi pour ma fille ? Moi, je veux bien qu'elle aille dans votre club, mais elle va sortir avec quel diplôme ? Quelle place va prendre les études dans sa vie ? Et puis aussi, j'ai ce souvenir en stage avec l'équipe de France. Le sélectionneur de l'époque nous disait « Vous pourrez gagner votre vie grâce au basket, mais vous ne pourrez pas, comme un footballeur, être à la retraite et gagner assez d'argent pour ne plus jamais travailler. Donc, en fait, ce double projet était toujours quelque part dans ma tête. Donc, je commençais à rêver du projet basketeuse professionnelle, mais sans me dire je ne vais faire que ça. Je savais qu'il y avait les études et c'est ce qui me permettait de garder un certain équilibre et de ne pas ni prendre la grosse tête, ni... ni à envisager de lâcher mes études.
- Speaker #0
Oui, complètement. Donc là, tu te projettes sur ça un peu, mais en même temps, tu as cette blessure qui arrive.
- Speaker #1
Là, c'est un peu le drame, parce que je suis au bord de l'équipe de France. Alors, pour la petite anecdote, le championnat d'Europe que j'avais vécu, c'était avec des filles qui avaient un an de plus que moi. Et l'année où je me fais mon ligament croisé, je devais partir avec l'équipe de France de mon année. au championnat du monde. Donc là, c'est mon monde qui s'effondre parce que non seulement je devais signer un contrat pro, je devais partir au championnat du monde avec l'équipe de France. C'est l'année, parce que j'avais sauté une classe, donc j'avais 17 ans à ce moment-là, je passais mon bac. Donc c'était comment on fait, qu'est-ce qui se passe ? Et j'ai le souvenir, on était dans la salle d'attente du chirurgien, on a eu une discussion avec mes parents parce que... En fait, je voulais me faire opérer le plus rapidement possible parce que derrière, je voulais récupérer le plus rapidement possible pour pouvoir rejouer au basket. Mais on en revient encore aux études. Pour mes parents, c'était important que j'ai mon bac. Donc, il y a eu une grosse réflexion sur le fait qu'il fallait que je passe mon bac. Mais mes parents ont quand même fait un cheminement en se disant « Bon, j'ai un an d'avance. » on t'autorise à te faire opérer au mois de juin. Mais au mois de juin, ça voulait dire un mois avant les épreuves du baccalauréat, me faire louper des cours. Donc voilà, j'avais le soutien de mes parents, mais moi, je l'ai très mal vécu. Cette période a été très compliquée, en fait.
- Speaker #0
Parce que tu as eu le temps de faire monter, on va dire, un rêve. Et en même temps, aussi vite monter, c'est retombé, quoi. À cause de cette blessure qui... Ce genre de blessure, c'est donc une blessure qui prend des mois et des mois à se rétablir derrière. C'est vrai qu'on ne sait pas ce qui peut se passer sur ces mois et puis qu'est-ce que va donner l'après-blessure. Et toi, comment est-ce que tu traverses cette blessure ? Et derrière, comment tu arrives à rechausser un peu les baskets et à repartir dans l'évolution de ta carrière ?
- Speaker #1
Alors, je pense que déjà, il y a eu le soutien de mes proches. J'ai été très bien entourée. Et puis ensuite, tout s'est plus ou moins enchaîné. J'ai eu la chance d'aller faire ma rééducation dans un centre de rééducation dans le sud-ouest, à Cap-Breton. Mais c'est vrai qu'on est à l'hôpital, on se réveille avec une attelle, on n'arrive plus à marcher. Et puis les premiers pas sont douloureux, il n'y a plus de muscles, le doute s'installe. Et puis après, on se dit, on n'a pas fait tout ça pour s'arrêter là. donc c'est beaucoup de moi alors après je pense qu'on passe par toutes les étapes un peu comme les étapes du deuil il y a la colère, il y a le déni puis après il y a l'acceptation et puis après c'est de se dire le rêve est toujours là et j'en ai les capacités j'en ai les je vais me donner les moyens de revenir à mon niveau en travaillant dur et puis je pense que toutes ces années avant m'ont permis aussi de me Et... de créer peut-être une armure et puis aussi une certaine façon d'avancer. Et donc, on reprend, on redémarre à zéro et on redémarre étape après étape. Et on se dit, comme on dit en anglais, des baby steps. Et donc, ça a démarré chez mes parents. D'abord, d'aller chez le kiné tous les jours et puis de se dire, on arrive à marcher. Puis après, quelques mois après, on arrive finalement à courir. Puis après, il y a de l'appréhension qui se met un petit peu en place. Et puis, c'est de se dire, voilà, j'arrive à reprendre des appuis latéraux. Puis on reprend les entraînements tout doucement, sans contact. Puis après, avec du contact. Et puis après, c'est reparti. Mais c'est vrai que c'est un long cheminement qui n'est pas linéaire parce qu'au final, c'est six mois de rééducation. Et pendant ces six mois, on a des périodes de doute, des périodes où on a mal. Et puis, il y a des périodes où on régresse aussi un petit peu. En fait, la rééducation, elle est progressive, mais il y a des retours en arrière.
- Speaker #0
C'est ça, oui. C'est que tu peux contrôler une certaine partie, mais il y a quand même une partie qui est que ça peut ne pas se passer forcément comme prévu ou comme on aimerait le mieux possible. Et justement, comme ce n'est pas linéaire, même cette rééducation, il se passe plein de choses, comme tu dis, tu passes par des phases de doute, etc. En fait, qu'est-ce qui te motive autant ? Sur quoi tu t'accroches ? Quelles sont tes motivations à ce moment ? Puisque justement, tu pourrais choisir la voie simple qui est... d'abandonner, de lâcher ?
- Speaker #1
Comme je l'ai dit, à ce moment-là, j'aurais dû signer mon premier contrat pro. Donc, ce qui me motive à ce moment-là, c'est de me dire, les copines avec qui j'avais été en équipe de France, elles avaient déjà aussi signé leur premier contrat. Et alors que moi, j'étais un peu en attente, finalement, de ce premier contrat. Je pense qu'au fond, c'est de me dire, le projet Basquetteuse Professionnelle a mûri et le rêve, il est là. C'est de se dire, Je veux y arriver, j'ai fait beaucoup de sacrifices, parce que ça, on n'en a pas parlé, mais quand on choisit la voie du haut niveau, les week-ends, on les consacre. Encore une fois, il y avait ce double projet que mes parents voulaient absolument, c'était les études et le sport. moi j'étais un peu une extraterrestre quand j'arrivais à l'école on me disait tu as fait quoi ce week-end ? moi je disais j'ai joué au basket et j'ai fait mes devoirs en fait j'ai pas eu l'adolescence classiques où on va faire du shopping avec les copines, où on va au cinéma. Mes week-ends étaient rythmés et dictés par le sport et par les études. Donc, c'était aussi quelque part des sacrifices qui ont été faits pendant toute ma construction, toute mon adolescence. Et c'était de se dire, je n'ai pas fait tout ce parcours-là pour m'arrêter maintenant si proche de mon but. Donc, en fait, la motivation, elle était là. La plus grande,
- Speaker #0
en plus, peut-être.
- Speaker #1
C'est ça. Et puis, c'était de prouver. Quelque part, j'avais quelque chose à prouver, de dire que j'en étais capable. Et même après une blessure, j'étais capable de revenir.
- Speaker #0
C'était double challenge, presque. Quand on est en plus sportive et sportive de haut niveau, on a cette âme de compétitrice. Et le challenge, c'est quelque chose qui nous anime. Et là, en l'occurrence, c'est un gros challenge que tu as à surmonter, cette blessure, pour pouvoir retourner derrière, pour déjà vérifier que tu en es encore capable et surtout pas rester sur ta faim. Parce que je pense que tu restes sur ta faim au moment où tu te blesses par rapport à ton contrat pro qui te passe un peu sous le nez.
- Speaker #1
Clairement. clairement, tu te dis, les doutes s'installent. Et puis, quand tu commences à chasser les doutes, tu te dis, non, je suis capable de le faire et je vais prouver, alors peut-être pas à la terre entière, mais déjà me prouver à moi que je suis capable de revenir et de revenir encore plus forte. Et derrière, comme je dis, le fait d'être accompagnée, d'être soutenue par la famille, par le soutien des coéquipières. Et puis, l'avantage, c'est que quand on rentre dans une structure de haut niveau, on est quand même très bien encadré par les médecins, les kinés. Il y a un suivi. Et je n'étais pas seule, en fait, dans cette épreuve.
- Speaker #0
Et tu as parlé un peu plus tôt des sacrifices que ça implique, tu vois, d'être sportif de haut niveau. Moi, il y a une question que j'ai en tête et que je sais que beaucoup de gens se posent, c'est quand on est sportif et qu'il peut plus être de haut niveau, est-ce qu'on est vraiment tout le temps motivé ? Est-ce qu'on a tout le temps, tout le temps, tout le temps envie ? d'aller s'entraîner, d'aller, je ne sais pas moi, à ces matchs. Dis-nous la vérité !
- Speaker #1
Non mais je rigole, mais parce que c'est un mythe. Que la première personne, que le premier sportif de haut niveau qui me dit qu'il a été motivé à chaque entraînement à 100%, mais c'est un menteur ! On reste des personnes humaines, comme il y a des matins où on se lève, on n'a pas le... Alors en plus... notre corps est notre outil de travail. Il y a des matins où on se lève, le corps fait mal. Il y a des matins où la motivation n'y est pas. Donc, nous, on reste humains. C'est impossible d'être motivé à 100% pour chaque entraînement. Par contre, effectivement, il y a la notion de groupe et puis il y a la notion de l'objectif. commun qui fait que la motivation en fait, elle se gagne au fur et à mesure des semaines et du challenge sportif qu'il y a dans une saison. Après, il y a le challenge collectif et il y a le challenge aussi individuel. On cherche toujours à être le meilleur, mais à être meilleur que la veille. meilleure que la saison d'avant. Et puis, on ne va pas se le cacher non plus. On a un peu une épée de Damoclès sur la tête. Si on veut, le sport de haut niveau reste aussi un milieu où il faut être compétitif si on veut pouvoir avoir des comptes, pas les années qui suivent.
- Speaker #0
En fait, tu n'as pas trop le choix, d'une certaine manière. C'est un peu ça que je me dis, parce que dans le sport co, encore plus, sport collectif, tu ne peux pas... dire non, je ne vais pas à l'entraînement, parce qu'en fait, c'est tous tes coéquipiers qui font l'effort d'y aller. C'est un peu ce truc-là de « je participe au groupe et au collectif, donc je n'ai pas le choix que de me motiver à y aller » . Et en plus, comme tu dis, les contrats pros, ils tombent que si tu mets les moyens derrière. Donc il y a un peu une forme d'obligation, ou en tout cas tu te sens obligé de le faire, parce que sinon derrière, il n'y aura pas ce que tu veux.
- Speaker #1
La notion d'engagement est très forte, en fait, à ce niveau-là. Tu t'engages pour une équipe, tu t'engages pour un objectif. Et puis, effectivement, c'est ce que je disais un peu plus tôt, on n'a pas les salaires comme des footballeurs où on peut faire vivre une famille entière et toute une vie, mais on gagne quand même confortablement nos vies. Donc, ça reste notre gagne-pain. Donc, effectivement, si on n'est pas motivé ou si on ne performe pas, derrière, il n'y a pas de contrat, en fait. Donc, même quand la motivation, elle n'est pas là, on est obligé de se mettre le petit coup de pied au derrière et d'y aller. Mais après, pour en revenir sur la notion du sacrifice, c'est vrai que c'est chouette que tu en parles, puisque... Tu en as beaucoup qui disent, oh là là, la vie de sportif, de haut niveau, c'est chouette, vous vivez... Ça fait rêver. Ça fait rêver, vous vivez de votre passion, vous gagnez de l'argent. Moi, il y en a souvent qui me disaient, mais tu ne peux pas te plaindre. Alors, ce n'est pas se plaindre, mais quand on parle de sacrifice, il faut savoir qu'on peut avoir soit une carrière nationale ou internationale, et on peut être amené à être loin de nos familles. On est souvent, pendant la carrière, on n'est pas là pour les anniversaires, pour certains moments familiaux, certains Noël. On en reparlera. Mais moi, dans mon parcours, j'ai vécu quatre ans aux États-Unis. On avait des compétitions à la période de Noël. Pendant quatre ans, je n'ai pas fêté Noël avec ma famille. Donc, il y a une notion de sacrifice. On l'a voulu. Je ne regrette absolument pas la carrière que j'ai vécue. Et effectivement, elle était fantastique. mais il y a eu quand même des sacrifices qui ont été faits tout au long de cette carrière.
- Speaker #0
Et ce que tu soulignes, moi j'adore ça, c'est que pour obtenir ce qu'on veut, et là en l'occurrence, pour obtenir une belle carrière comme tu l'as vécue, t'es obligée de passer par des sacrifices. Et je pense que c'est la même chose pour tout dans la vie. C'est-à-dire que pour obtenir des choses qui nous procurent du plaisir, du bonheur, etc., on ne peut pas ne pas faire d'efforts. et ça coûte forcément... sur certains aspects de la vie. Et c'est pareil pour l'activité physique. Et moi, j'adore cette phrase-là, je le dis tout le temps aux personnes que j'accompagne. « Choix facile, vie difficile. Choix difficile, vie facile. » C'est-à-dire que si tu... Comment dire ? Tu as en tête que ce que tu fais maintenant, même si ça te demande des efforts, ça te coûte sur différents aspects. Si tu as en tête que derrière, ça va t'amener des belles choses, franchement, fais-le. Et l'activité physique, c'est pareil. C'est dur de s'y mettre, c'est dur de se motiver, c'est dur quand on n'a pas d'appétence spécialement pour le sport, etc. Mais petit à petit, c'est pour du bon plus tard. Et je pense qu'on l'oublie. Et on l'oublie beaucoup chez les sportifs de haut niveau, parce que pour avoir une belle carrière, t'es obligée de passer par, comme tu dis, tous ces sacrifices.
- Speaker #1
Toi, tu utilises et j'aime beaucoup ce que tu dis. Et moi, ce que je garde toujours en tête, c'est choisir, c'est renoncer. Donc, à un moment donné, tu es obligé de renoncer sur quelque chose. Et donc, effectivement, ces sacrifices, ils ont fait que ça fait partie intégrante de la vie d'un sportif. Et pour revenir à la pratique du sport, effectivement, sans vouloir répéter ce que tu as dit, c'est toujours, je pense, garder en tête que tous ces petits sacrifices, tous ces... petits choix qu'on fait, même si c'est pas simple, derrière ça va payer, derrière tous ces efforts-là vont amener quelque part.
- Speaker #0
Oui, ça amène à une meilleure condition physique, ça amène peut-être à un meilleur sommeil, à un meilleur bien-être, une meilleure santé, mais on ne peut pas obtenir tout ça sans ces fameux sacrifices ou ces efforts en fait, et on l'oublie, on l'oublie beaucoup. Donc c'est bien qu'on le rappelle à ce moment-là. Donc, tu parlais effectivement que tu as vécu à l'étranger, donc aux US, mais aussi en Italie, mais aussi en Espagne. Donc, ça fait quand même beaucoup, beaucoup de temps passé éloigné de ta famille, de ton entourage proche, on va dire. Et en même temps, tu as toujours gardé quand même quelque chose d'assez soudé. Ça a certainement un peu oscillé, mais c'est ça en fait. Est-ce que tu as toujours gardé quand même un socle ? au niveau de ton entourage et de tes relations sociales. Ton environnement social ?
- Speaker #1
En fait, tu as utilisé le mot que j'allais utiliser, socle. Ma famille est mon socle. J'ai toujours été très proche de mes sœurs, très proche de mes parents, très proche de ma maman. Je me vois encore quand j'étais aux États-Unis. À l'époque, il n'y avait pas FaceTime, je n'avais pas de portable. Donc, j'allais à la cabine téléphonique avec mes petits coins pour appeler mes parents, pour appeler mes sœurs. J'avais besoin de cet équilibre-là familial. Ça venait de mon éducation et de la proximité que j'ai toujours eue avec ma famille. Maintenant que je suis maman, je réalise ce que j'ai fait endurer à mes parents en partant à l'autre bout du monde.
- Speaker #0
Le sacrifice qu'ils ont fait eux.
- Speaker #1
Voilà, de me laisser partir. Mais c'est hyper formateur et je les remercierai. Toute ma vie, j'ai vécu une expérience incroyable, tant sur un plan humain, sur un plan sportif, et ça m'a ouvert tellement de portes derrière que oui, les sacrifices en valaient la peine. Et puis, on m'a toujours dit, tu verras, cette carrière, elle ne durera qu'un temps. Et effectivement, ça passe tellement vite, ça va faire bientôt dix ans que j'ai arrêté la pratique de haut niveau. Et je suis revenue en France et je me suis rapprochée. Alors, on ne vit toujours pas dans la même ville, ni avec mes parents, ni avec mes sœurs, mais on se voit très régulièrement. Et je ne regrette en rien toutes ces absences ou ces longs voyages, ces longues périodes où j'étais loin d'eux, parce qu'au final, ça m'a ouvert tellement de portes que j'en saurais... Je leur en serais toujours reconnaissante.
- Speaker #0
Oui, c'est sûr que ça valait tellement le coup. Et même, tu vois, je pense que ça contribue au fait de rester proche. Quand tu es éloigné, tu as encore plus besoin de faire d'efforts, tu vois, pour entretenir tes relations. Alors que parfois, quand tu n'es pas trop loin, tu fais moins l'effort. Donc, je suis sûre que ça contribue aussi. Et quand on parlait de sacrifice, est-ce que tu as vécu d'autres difficultés que la blessure ? pendant ton parcours de sportive de haut niveau ? Je pense notamment à des doutes, mais des gros doutes qui auraient pu, au-delà de la blessure, te faire arrêter.
- Speaker #1
Alors, on a vécu... Alors, moi, j'ai eu beaucoup de blessures. Donc, vraiment, les blessures auront vraiment été le plus gros doute de ma carrière. Mais oui, en étant sportive de haut niveau, j'ai vécu ce que j'appellerais une désillusion. c'est que... Malheureusement, j'ai vécu la liquidation d'un club sportif dans lequel je jouais. Ce club s'appelait l'Étoile de Voiron. Et pour un mauvais, enfin on ne va pas rentrer dans les détails, mais pour un mauvais management des problèmes financiers, le club a été rétrogradé à un niveau régional, alors que nous étions à un niveau professionnel. Et là, ça a été très compliqué parce que j'avais à peu près 30 ans à ce moment-là, donc j'étais plus proche de la fin de ma carrière que le début de ma carrière. Mais en même temps, j'avais tellement voyagé que je voulais un petit peu de stabilité et j'avais commencé à réfléchir et préparer mon après-carrière. Et donc, quand la décision du club est tombée, Il y a eu un choix très difficile à prendre, c'était est-ce que je reste dans la ville de Voiron où j'ai construit des choses en termes d'amitié, de stabilité, ou est-ce que je relance ma carrière en repartant ailleurs, parce que 30 ans au final ça reste encore jeune. Et puis j'ai eu aussi des appels de certains entraîneurs, d'autres équipes professionnelles qui avaient appris. la nouvelle du club de Voiron et donc était intéressée pour me recruter. Et ça, ça a été très difficile parce que c'est au final ce qui a déterminé le reste de ma carrière au final.
- Speaker #0
Oui, parce que finalement, tu as choisi de rester.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
Et c'est d'ailleurs grâce à ce choix-là que nous nous sommes rencontrées.
- Speaker #1
Tout à fait.
- Speaker #0
Donc, bon, j'aurais peut-être aimé que tu puisses, on va dire, rêver jusqu'au bout en jouant à ce top niveau si le club n'avait pas coulé. Mais en tout cas, je suis très contente qu'on ait eu l'occasion de se rencontrer comme ça. Donc, c'est chouette. Et qu'est-ce qui a fait finalement que tu as choisi de rester ? Puisque tu avais des opportunités potentielles ailleurs. C'était le fait d'avoir un entourage déjà construit à ce niveau.
- Speaker #1
C'était un tout. Il y avait aussi un contexte économique qui faisait qu'on était en pleine crise économique et que finalement, les contrats étaient très fragiles. Il faut savoir qu'un contrat de basketteuse, c'est un contrat de dix mois qui peut être renouvelable ou pas. Donc, il y avait vraiment une remise en question de se dire, j'ai vécu une belle première partie de carrière. On est dans un contexte économique pas terrible. J'avais créé un cercle d'amis à Voiron, sachant que jusqu'à présent, j'avais pas mal bougé dans ma carrière et que malgré tout, ces relations-là restent éphémères, puisqu'elles sont très fortes sur le moment, mais une fois parties ailleurs. Ces relations, elles ne tiennent pas. Donc là, j'avais vraiment construit des relations solides. Et puis, c'était aussi le projet de ma reconversion professionnelle, en fait.
- Speaker #0
Oui, à laquelle tu pensais de plus en plus.
- Speaker #1
Exactement. Et c'est ce qui m'a fait rester. Par contre, ça a été très compliqué parce qu'on est reparti à un niveau très bas. Complètement, oui. Ce qui m'a aidée à tenir, encore une fois, parce que c'était l'entourage. Le professionnalisme dans l'amateurisme du club, puisqu'on a continué à s'entraîner comme si on était des pros. On avait un groupe et un entraîneur qui étaient exceptionnels et qui nous a permis de sortir la tête de l'eau. Et au final, c'était un nouveau challenge. Donc, c'était être amateur. Et en même temps, notre objectif, c'était d'aider le club à remonter. au plus haut niveau possible. Et ce qui est marrant, c'est que j'aime dire que j'ai vécu des moments incroyables pendant ma carrière, mais mes deux plus belles années, ça a été mes deux dernières années et notamment la dernière année dans le club de Voiron où on a pu non seulement monter en National 1, gagner la Coupe de France et gagner le championnat de France.
- Speaker #0
Tu sais, pour la petite anecdote, Moi, ce que tu me racontes, ça me touche. Et ça me touche aussi de mon côté, parce qu'en fait, moi, je suis arrivée au club de Voiron avant qu'il coule. Donc, sans savoir qu'il allait couler. Et en ayant en tête un peu, tu vois, le rêve de jouer à plus haut niveau. Et toi, ça a été dans l'autre sens, mine de rien, parce que tu venais du haut niveau et puis t'as rétrogradé. Et moi, potentiellement, je pouvais augmenter un petit peu, enfin, grimper les échelons. Donc, on partage un truc commun sur une dimension complètement différente. Mais ce que j'ai remarqué, en fait, c'est qu'il y avait vraiment une énergie qui était incroyable. Et comme toi, moi, parce que j'aurais pu faire le choix de partir. En fait, il y avait aussi d'autres clubs qui m'avaient proposé des choses. Mais en fait, j'ai adoré ces années, malgré tout. Même si c'était un peu un rêve qui s'envolait pour moi aussi. mais mais Je trouve que, comme tu dis, le professionnalisme, et au-delà de ça, c'est une vraie famille. Moi, c'est ce qui m'a bluffée en arrivant dans ce club-là, c'est la cohésion générale, au-delà de l'équipe. Il y en a vraiment la cohésion du club qui était impressionnante.
- Speaker #1
Moi, je pense que ce que je retiens, c'est l'expérience et l'aventure humaine. C'était... On venait d'apprendre une terrible nouvelle pour le club, pour la ville. Et puis, derrière ça, il y a eu un soutien incroyable. J'ai le souvenir d'être dans un gymnase, plein de gens qui croyaient en nous. C'était le soutien d'un club, mais d'une ville. Et puis, quelque part, mes plus belles amitiés et celles qui ont duré proviennent de mes années dans ce club. Donc, c'était plus qu'une aventure. ça a été... Cette ville fait partie de... de moi intégrante et m'a aidée à grandir. Et puis, c'est aussi là-bas que j'ai rencontré le papa de mon enfant. Donc, non, c'est vrai qu'on a vécu une aventure humaine incroyable.
- Speaker #0
Oui, c'était particulièrement marquant, je pense, dans notre vie. En tout cas, on s'en rappellera jusqu'au bout. Et donc, après, c'est en 2015 que ta carrière s'arrête, je crois. Donc oui, ça fait dix ans.
- Speaker #1
Tout à fait, dix ans.
- Speaker #0
Donc, dix ans que ta carrière s'est terminée. Comment ça s'est passé après ? Fin du basket. On fait quoi ? On arrête le sport ? On fait quoi ?
- Speaker #1
Et bien, c'est là où les choses se sont corsées. Alors, c'était un choix d'arrêter ma carrière parce que j'avais de... Malheureusement, avec toutes les blessures que j'ai eues, j'avais de gros problèmes au niveau de mon genou qui me faisaient souffrir et il n'y avait plus autant de plaisir dans la pratique. Et là, j'avais toujours lu et... entendu parler de la mort du sportif, de faire son deuil. Et j'y croyais sans y croire, mais c'est comme tout, tant qu'on ne l'a pas vécu, on ne peut pas le comprendre. Et je me suis retrouvée à Voiron, donc en plus, on avait eu un super bel hommage, on était deux coéquipières à s'arrêter. Donc, en plus, on s'est arrêtées, on ne pouvait pas faire mieux sur un doublé. On venait de gagner la Coupe de France, le championnat, donc on était un peu sur notre petit nuage. Arrive l'été, donc c'est l'intersaison. On ne se rend pas trop compte de ce qui nous arrive, parce que finalement, l'intersaison, tout le monde s'arrête. Et là, le mois de septembre arrive. même un peu avant le mois d'août en général, le mois d'août, c'est là où tu reprends la prépa physique. Et là, tu vois toutes tes coéquipières, toutes tes copines, même mon conjoint, Fred, qui lui jouait au rugby, partir à leur entraînement. Et là, je me suis pris une espèce de claque en me disant, mais je fais quoi, moi, maintenant ? Toute ma vie, je n'ai connu que le basket. C'est ce qui m'a permis de me construire. Toutes les valeurs... hors valeur familiale, mais toutes les valeurs que j'ai eues, que j'ai apprises, elles me sont venues de ce sport. Et là, je suis là, chez moi, je ne sais pas ce que j'aime faire d'autre que le basket. Donc, je suis là, grosse remise en question à me dire... Et puis, il n'y a plus surtout l'appartenance à un groupe. Moi, je suis issue d'une famille nombreuse, c'était toujours très bruyant chez moi. Derrière, j'ai commencé rapidement un sport collectif. Donc, cette notion d'appartenance à un groupe, elle n'était plus là. En fait, j'étais seule chez moi à me dire. Et puis en plus, j'étais aussi en pleine reconversion sportive. Donc en fait, ça a été une année très difficile parce que je suis partie dans tous les sens à me dire. Mais en fait, OK, j'ai un diplôme en Porsche que j'ai eu depuis longtemps. J'ai arrêté le basket. Qu'est-ce que j'aime faire ? Qu'est-ce que je veux faire ? Et que ce soit tant sur un plan professionnel que sportif. Et honnêtement, c'était le néant. Je n'ai pas su quoi faire.
- Speaker #0
Tu n'avais plus de repères, en fait, plus de rythme.
- Speaker #1
Puis j'ai ce souvenir où ma vie a tellement été calée par rapport à mes soirées basket. Pour la petite anecdote, le samedi, je savais que le matin, j'étais à la salle, que l'après-midi, je faisais ma petite sieste, que le samedi soir, il y avait mon match. Les premiers samedis où il n'y avait plus tout ça, je ne savais pas quoi faire de ma journée. et ça m'a j'ai été attirée peuré. Et en même temps, je me suis dit, tu ne vas pas pouvoir rester comme ça. En fait, il va falloir trouver ce qui te donne encore envie d'avancer. Et puis après, tout s'est un peu enchaîné parce que j'ai eu l'opportunité de trouver un travail dans la gestion locative, un métier où j'étais gestionnaire de résidence étudiante dans une ville à côté de Voiron. Donc, tout s'est enchaîné. Je me suis retrouvée rapidement dans une vie un peu lambda, mais pareil avec toutes ces difficultés.
- Speaker #0
Tu découvrais, toi, en plus.
- Speaker #1
Ce que c'était de travailler 8 heures par jour, la fatigue en fin de journée.
- Speaker #0
Un travail plus sédentaire.
- Speaker #1
Plus sédentaire, un travail moins bien rémunéré, plus de factures à payer, parce qu'on n'en a pas parlé et ce n'est pas l'objet de l'épisode d'aujourd'hui. dans la vie d'un sportif de haut niveau. Les appartements sont pris en charge par le club. Donc, effectivement, je me suis retrouvée dans cette vie un peu, encore une fois, où il fallait que je trouve ma motivation et un nouveau rythme. Donc, ce qui s'est passé, je me suis inscrite rapidement dans une salle de sport pour faire du fitness, de la musculation. Mais je n'y ai pas tout de suite, je n'ai pas trouvé... ce que je voulais, en fait. Et je me rendais compte que ce que j'avais besoin, c'était l'appartenance, encore une fois, à un groupe, cette vie sociale et ce que je n'ai pas retrouvé dans la salle de sport où j'ai trouvé que c'était quand même assez impersonnel. Oui,
- Speaker #0
plus individualiste.
- Speaker #1
Plus individualiste, effectivement, mais ça me permettait de me maintenir en forme. Et puis après, par contre, on a rapidement déménagé sur Lyon pour le travail. Et là, ça a été encore un autre changement, une désillusion complète. Parce que malgré tout, même s'il n'y avait plus l'appartenance à ce groupe à Voiron, mes copines restaient mes copines. J'allais les voir jouer. Alors, j'ai mis un peu de temps à retourner dans la salle de basket, parce que c'était très dur pour moi de remettre les pieds dans la salle. Mais j'avais encore mon cercle d'amis que je n'avais plus du tout à Lyon. Et à Lyon, j'étais venue pour le travail. Et puis, c'est tout. En fait, je n'avais pas d'amis.
- Speaker #0
Tu as dû tout construire.
- Speaker #1
J'ai dû tout reconstruire. Et puis, encore une fois, un questionnement sur la place du sport. Qu'est-ce que je fais ? Où je vais ? Donc, pareil, j'ai choisi un petit peu... Alors que j'aimais bien courir, donc j'avais la chance... Enfin, j'habite toujours au même endroit, mais de ne pas habiter trop loin du parc de la Tête d'Or. Donc, c'est vrai que c'était un peu mon objectif de descendre au parc. En parallèle, je me suis inscrite dans une salle de sport. Mais c'était encore une fois pour me maintenir en forme, mais il n'y avait pas cette notion de plaisir en fait. La course à pied me permettait de retrouver ce plaisir.
- Speaker #0
Des sensations un peu plus... proche de ce que tu avais pu expérimenter.
- Speaker #1
Exactement. Mais en même temps, la course à pied me faisait souffrir parce que j'avais mal aux genoux, parce que mes articulations ne suivaient pas. Et donc, en fait, c'était devenu un petit peu mon... La course à pied était devenue mon ennemi. Et en fait, là, je suis rentrée dans cette phase. Donc là, on est juste avant le Covid où je suis en plein questionnement parce que j'ai un corps qui me fait souffrir. J'ai un corps qui se transforme. parce qu'on ne va pas se le cacher. Quand on est plus sportif de haut niveau, le corps se transforme. On n'a plus les mêmes muscles qu'avant. Et puis, il n'y a plus cette... Avant, c'était entre guillemets simple parce que j'avais, comme on en a parlé plus tôt, il y avait cette notion d'engagement. J'étais obligée d'aller aux entraînements. Je savais que mon emploi du temps était inscrit, était bien en avance. Là, je me retrouvais face à moi-même et face à un peu... pas à mes démons, mais un peu à la facilité. « Oh, je n'irai pas à la salle demain. » Puis demain, « Je n'ai pas envie ce soir, j'irai le jour d'après. » Puis mon genou me faisait un peu mal. Il n'y avait plus cette notion de dépassement de soi. Et puis, il n'y avait plus cette notion d'engagement. Donc, j'allais à la salle si j'en avais envie. Sauf que petit à petit, je me suis retrouvée prise au piège où je sentais que l'envie n'était pas aussi présente.
- Speaker #0
Tu n'arrivais plus trop à y aller ?
- Speaker #1
J'arrivais plus trop à y aller, en fait.
- Speaker #0
Et tu as eu une période où vraiment tu as coupé ? C'est-à-dire que tu n'y es plus allée pendant...
- Speaker #1
Alors oui, tout de suite après... L'année tout de suite après l'arrêt de la carrière. C'est vrai que j'ai dit que je m'étais inscrite dans la salle de sport, mais pas tout de suite. En fait, j'avais tellement mal aux genoux que je me suis dit qu'il fallait faire une pause. Et donc là, j'ai fait une pause. Mais encore une fois, c'est dur d'accepter de faire une pause parce que le corps change, parce que malgré tout, le sommeil n'est plus le même. La gestion, l'évacuation du stress, il est plus difficile quand on n'a plus cet échappatoire qui est le sport. Donc oui, j'ai fait une coupure. Mais rapidement, je me suis dit qu'il fallait que je reprenne le sport, sinon j'allais devenir folle, littéralement.
- Speaker #0
Oui, parce que tu avais ce besoin-là de décharger dans une activité qui soit physique.
- Speaker #1
qui soit physique. Et puis, c'était un vrai bouleversement, un vrai changement de vie, de ne plus être sportive de haut niveau, de devenir une personne totalement lambda où il y avait tout à construire, en fait.
- Speaker #0
Et maintenant, alors, on en est où ? En termes d'activité et d'équilibre un peu de vie au sens où tu as ton travail qui te prend le temps que ça prend de travailler sur des heures et des heures sur une journée. Quelle place a l'activité physique dans ton quotidien maintenant ?
- Speaker #1
Avant de parler tout de suite de mon activité actuelle, je voulais quand même juste te dire que j'avais eu un autre bouleversement, c'était l'arrivée de mon fils, qui, une fois que la grossesse passait, là, ça a été compliqué, parce qu'on s'occupe de ce petit être qui demande énormément de temps, et là, la place du sport est complètement réduite à néant.
- Speaker #0
Ce n'est plus la priorité.
- Speaker #1
Ce n'est plus la priorité. Et là, ça a été compliqué parce qu'après une grossesse, le corps change à nouveau. Donc, on a du mal à accepter le corps qu'on a. On se demande comment trouver un équilibre entre la maternité et la vie de femme et de trouver du temps pour soi. Et puis, j'ai ce souvenir où... Petit à petit, je me suis dit, mais Feiza, tu as été sportive de haut niveau. Il y a eu un vrai cas de conscience et de se dire, ce n'est pas possible. Le sport t'a apporté tellement que ce soit mentalement, physiquement, il ne peut plus ne plus faire partie de ta vie. Et j'ai ce souvenir qu'au tout début, quand j'avais l'IAM, j'avais des petites plages horaires, mais de 20 minutes. Et moi, j'avais tellement toujours fait une pratique de minimum deux heures à chaque fois. Je me disais, mais c'est ridicule, qu'est-ce que je vais faire en 20 minutes de temps ? Et donc, à chaque fois, je me disais, bon, ce n'est pas grave, j'attendrai le jour où j'aurai plus de temps. Et puis, un jour, je me suis mise un coup de pied au derrière et je me suis dit, mais si tu veux faire du sport, il va falloir que tu acceptes de prendre ce peu de temps que tu as. Et donc, petit à petit, j'ai commencé à me dire, ces 20 minutes, va marcher. Ou alors... J'avais entendu des gens ou lu des choses qui disaient de descendre un arrêt avant le métro, marcher un petit peu plus. J'avais des haltères chez moi. Puis après, j'ai commencé à suivre des programmes sur différents comptes. Et puis, je prenais les demi-heures par-ci, par-là. Et puis, j'ai commencé à reprendre goût au sport. Et puis après, le déclic, ça a été comme quoi, des fois, c'est des rencontres, c'est des discussions. Et j'ai le souvenir, on était avec deux copines, on marchait dans la ville de Lyon. Et j'étais encore une fois en train, alors peut-être me plaindre, mais encore en train de leur dire, j'ai du mal à trouver cet équilibre entre ma vie de famille, ma vie de sportive. Enfin, parce que le sport a toujours eu une place importante dans ma vie. Et puis, en fait, il a fallu que ce soit une de ses deux copines qui me fasse réaliser des choses en me disant « Mais tu sais, Faisa, sur ton lieu de travail, tu as un gymnase, tu as une salle de sport. » Elle me dit « Toi, tu es une lefto. Tu travailles de 8h à 17h. » C'est elle qui m'a fait le constat. Elle m'a dit « Ok, le soir, tu ne peux pas faire de sport. Mais à quel moment tu peux faire du sport ? » Alors, je lui disais « Le matin, avant. » Elle me disait « Qu'est-ce qui t'empêche de prendre les transports ? » et d'aller à la salle le matin. Et en fait, du moment où elle m'a dit ça, c'est comme s'il y avait un tapis, une scène qui s'est déroulée devant moi. Et je me suis dit, OK, je vais essayer. Et puis, j'ai essayé. Et puis, je me levais. Alors, ça demande de la rigueur. Mais j'ai commencé à me lever à 6h du matin. Alors, les petits tips, c'était, il fallait que ma tenue de sport, elle soit prête. Parce que quand le réveil sonne à 6h du matin, tout doit être prêt et tu ne te poses pas de questions. Donc, ça sonnait. Mes affaires étaient préparées la veille. Ma tenue de sport était sur mon sac, même pas sur une chaise. Je me levais, j'allais me rincer le visage pour me réveiller. Je m'habillais et je sortais de chez moi. Ça prenait un quart d'heure, mais je savais que si j'hésitais un moment, que je n'allais pas y aller.
- Speaker #0
Donc, comment tu faisais ? Parce qu'entre le moment où le réveil sonne, tu sais, on peut repousser le réveil. le repousser. Toi, c'est quoi ton petit tips pour ne pas rentrer dans ce cercle-là où c'est sans fin derrière ?
- Speaker #1
Alors, je n'ai jamais été quelqu'un qui rappuyait sur le réveil.
- Speaker #0
C'est ça.
- Speaker #1
Je ne me posais pas de questions. C'est que j'appuyais sur éteindre et puis je me levais du lit. D'un bond,
- Speaker #0
quoi. C'est la meilleure technique,
- Speaker #1
je crois. Et le fait que la tenue de sport soit prête. Parce que du coup, je partais habillée en tenue de sport. Et après, effectivement, j'aime beaucoup la musculation. Donc, j'alternais entre la musculation et tout ce qui était sport de cardio. Et puis, j'avais lu quelque part qu'il fallait 30 jours pour que ça devienne une habitude. Enfin, après, je ne suis peut-être pas très bon sur les chiffres. Mais effectivement, c'est devenu une habitude. Et puis après, il ne faut pas se le cacher, il y a aussi d'autres motivations. Ayant fait un enfant tardivement, je voulais que mon enfant soit fier de sa maman, au-delà du corps et de l'aspect physique. Mais je voulais que mon enfant ait une maman dynamique, active, et puis surtout que les enfants marchent avec les neurones miroirs. Donc pour que lui aime le sport, il fallait qu'il voit ses parents sportifs. C'est une action, quoi ! en action.
- Speaker #0
Et donc, c'est une manière pour toi, et on en avait parlé, je me rappelle, de lui transmettre ta passion pour le sport et des valeurs qui vont avec.
- Speaker #1
Le sport m'a tellement apporté. Alors, après, je ne le pousserai jamais à faire du sport de haut niveau. Il fera bien ce qu'il voudra. Mais dans la société dans laquelle on est actuellement, et pour briser cette sédentarité, et comme dit, le sport m'a tellement apporté que je veux qu'il puisse connaître ce milieu-là. que ce soit un sport individuel. Après, forcément, j'aurais une préférence pour le sport co parce qu'il y a cette notion de groupe et d'appartenance qui me sont chères. Mais effectivement, c'était important. La prise de conscience a eu lieu aussi au moment où je suis devenue maman et aussi cet objectif de rester en bonne santé le plus longtemps possible. On parle d'esprit... Alors... J'ai oublié en anglais comment ça se dit, mais j'aime bien chez les anglo-saxons, ils ont deux mots pour parler de l'espérance de vie, c'est-à-dire la notion de la durée de vie qu'on a, mais ils ont un autre mot, alors je ne me rappelle plus, mais pour dire, pour mesurer en fait la durée de vie en bonne santé. Et pour moi, c'est important aujourd'hui et c'est ce qui me... permet aujourd'hui de vouloir aussi continuer le sport. Quand on voit aujourd'hui toutes les études qui ont été faites, que ce soit pour la diminution des maladies, pour un meilleur sommeil, pour la diminution du stress, je me dis que ce serait quand même dommage, surtout en ayant été une ancienne sportive de haut niveau, de ne pas continuer. Voilà.
- Speaker #0
Hyper intéressant ce que tu partages, parce qu'on voit que tu es passé de motivation et d'objectif de performance à là plutôt des motivations orientées sur la santé, sur la transmission pour ton fils. Donc, c'est vraiment des choses qui n'ont rien à voir. Et on voit qu'on peut justement évoluer au niveau de nos motivations. Et il faut l'avoir en tête. C'est-à-dire que la motivation, ce n'est pas un truc qui est non plus linéaire. C'est quelque chose qui avance avec la vie, qui avance avec l'âge, et c'est OK d'avoir des motivations qui évoluent au fil du temps. Donc, ayez vraiment ça en tête, parce que parfois, on pense que toute notre vie, il faut qu'on ait la même motivation, mais non, ce n'est vraiment pas le cas. Et là, c'est chouette que toi, tu aies réussi à faire ce chemin et de trouver d'autres motivations, alors que tu aurais pu, à un moment donné, te dire « Non, mais là, plus de performance, ça ne me correspond plus, ça ne me convient plus, ça ne m'intéresse plus » . Et ce n'est pas le cas. Donc, c'est génial. Et ça me fait penser depuis tout à l'heure que tu parles de ça. Parce que oui, tu fais de l'activité avant ton boulot. Mais maintenant, il y a des choses qui ont peut-être un peu bougé. Parce que dans ta tête, tu as envie de le faire aussi pour la santé. Tu vois où je veux en venir là ou pas ?
- Speaker #1
Non !
- Speaker #0
Puisque je sais que tu travailles beaucoup de manière sédentaire. Il me semble bien que tu as investi dans quelque chose il y a quelques mois en arrière.
- Speaker #1
Alors, oui, tout à fait. Mais c'est comme quand je disais que ça peut partir d'une rencontre ou d'une inspiration. Moi, il a fallu le déclic en ayant une marche avec deux copines. Mais on ne va pas se le cacher, l'inspiration est aussi venue de toi. Dans la mesure où, effectivement, depuis peu, j'ai investi dans un tapis roulant et dans un bureau. Réglable, voilà. Et en fait, quand on parlait de ses motivations, c'était aujourd'hui... Alors, s'il y avait une chose aussi que je voulais dire avant, et je reviendrai sur le tapis, c'est que par rapport à la motivation, il ne faut pas se dire, allez, aujourd'hui, je suis motivée deux heures, mais pendant quatre jours, je ne fais plus rien. C'est plutôt de se dire, peut-être qu'aujourd'hui, je suis motivée que pour 20 minutes et demain que 20 minutes. C'est OK, en fait, d'être motivée que 20 minutes. pneus. Et je me dis... C'est plus important que ce soit sur de la...
- Speaker #0
Plus fréquent.
- Speaker #1
Plus fréquent que plutôt sur une amplitude de temps, en fait. Et j'en reviens au tapis, c'est qu'un jour, j'ai fait le constat de me dire comment, tous les jours, je peux apporter de l'activité physique à mon quotidien. Alors aujourd'hui, j'ai la chance de travailler qu'à 20 minutes de mon lieu de travail. je pourrais y aller en métro. J'ai fait le choix d'acheter un vélo. Donc, je vais en vélo à mon travail. Et comme tu le disais, je fais du télétravail et j'ai un métier qui est très sédentaire puisque je fais un travail de bureau. Mais c'était comment briser cette sédentarité en étant chez moi. Et effectivement, j'avais vu sur une de tes stories que tu travaillais avec un bureau, avec un tapis, pardon. Et je me suis dit, mais c'est génial, en fait. Et c'est comme ça que je t'ai contactée en te disant, ça m'intéresse. Et voilà. Et depuis peu, je travaille. Mes jours où je suis en télétravail, je travaille sur le tapis. J'essaye de marcher au maximum. Alors, je ne fais pas huit heures par jour sur le tapis. Je ne pense pas. Mais par contre, c'est génial de se dire qu'en fin de journée, on a pu, dans sa journée de travail, rajouter des pas et avoir été actif.
- Speaker #0
Oui, finalement, c'est de le faire presque sans rendre compte et de se dire, j'ai un travail qui est sédentaire, donc normalement, je ne peux pas bouger sur ce temps-là et ça peut être frustrant. quand on a envie d'en faire plus. Mais finalement, j'arrive à enlever cette frustration parce que je trouve une solution qui est toute trouvée, en l'occurrence le tapis de marche. Et toi, ça t'apporte quoi, le tapis de marche ? Moi, je sais que ça me rend ultra créative souvent. Quand je crée des épisodes de podcast et que je me pose pour les préparer, je sais que là, ça fait fuser mon cerveau. Mais pour d'autres personnes, ça apporte d'autres choses. Toi, ça t'apporte quoi ?
- Speaker #1
Alors moi, c'est surtout la satisfaction de me dire que je suis en mouvement. Et c'est à la fin de la journée, c'est de me dire j'ai brisé ma sédentarité. Et juste en restant chez moi et en n'ayant pas eu besoin de trouver du temps pour aller encore refaire une séance de sport. Je me dis qu'en fait, au final, c'est tellement simple de l'intégrer,
- Speaker #0
de le rajouter complètement. Complètement, je suis d'accord. C'est une superbe solution, franchement. Foncez regarder parce qu'on pense que tout de suite, ça demande une énorme organisation. Ça demande de créer une habitude, oui, et puis effectivement d'investir quand même un peu dans du matériel. Mais quand on télétravaille beaucoup, ça vaut le coup.
- Speaker #1
Mais après, c'est sûr que c'est un investissement. Et même moi, au départ, mon premier effet, ça a été « est-ce que j'ai vraiment envie de mettre cet argent-là ? » dans un tapis et au final on se cache derrière des excuses. On est capable de mettre cet argent pour aller se faire un petit séjour, un petit week-end qui reste éphémère, les souvenirs sont dans la tête, mais cet investissement-là, il est durable. Je parle du tapis, il est durable, il est permanent et c'est surtout qu'il apporte une satisfaction, qu'elle soit mentale ou physique, d'avoir... pu pratiquer une activité et d'avoir brisé cette sédentarité. Après, sans aller au-delà du tapis, ne serait-ce que travailler aussi debout. Moi, au début, c'est ce que je faisais chez moi. J'alternais les positions assises ou debout parce qu'il a été prouvé que même en étant juste debout, ça apportait du bien.
- Speaker #0
En variant, en fait, plus on varie dans sa journée la position. Donc, ça peut être, tu vois, assise, après assise sur un gros ballon, après se lever, après se mettre en mouvement, marcher. Le fait de changer fréquemment, c'est ça qui est super intéressant, ne serait-ce que pour tous les troubles musculosquelétiques qu'on peut avoir, toutes les douleurs au niveau des cervicales, ce genre de trucs, de dos aussi. C'est super important de varier la position. Donc, même si on n'investit pas tout de suite dans un tapis, je pense que, par contre, le bureau qui se règle, Ça, c'est vraiment génial, au moins au début, parce qu'on peut le mettre à plein de hauteur, se mettre sur un truc un peu plus haut, un tabouret un peu plus haut, après une chaise, après...
- Speaker #1
Ergonomiquement parlant, c'est incroyable. C'est vrai que, encore une fois, ça reste quelque chose de coûteux, mais c'est quelque chose de durable et de permanent. Et sur le long terme, au final, l'investissement n'en sera que bénéfique.
- Speaker #0
Complètement, oui. Oui, on pense toujours au coût que ça a au niveau financier, mais on ne pense pas toujours au coût que ça a de ne pas investir dans ce genre de trucs. Au niveau, par exemple, des épaules, du dos, tout ça, ça vaut cher aussi.
- Speaker #1
Oui, une séance chez l'ostéo, ça coûte cher.
- Speaker #0
Souvent, il n'en faut pas qu'une.
- Speaker #1
Et puis, c'est du temps passé chez les kinés et autres qui peuvent être évités avec ce genre de bureau.
- Speaker #0
Complètement. Donc, tu vois, je trouve ça incroyable de voir tout ton parcours et toute ton évolution. Et là, on en arrive progressivement à la fin de l'épisode. On a partagé beaucoup de choses. Tu as partagé énormément de choses pendant tout cet épisode. Je te remercie. Et peut-être que tu as en tête d'autres petits conseils ou d'autres petites choses qui pourraient aider quelqu'un qui, justement, n'arrive pas trop à s'y mettre ou qui repousse un peu au lendemain et au lendemain et au lendemain et au surlendemain, etc. Qu'est-ce que tu aurais envie de dire à quelqu'un qui... Voilà, vient de voir, il dit, Faïsa, je n'arrive pas à m'en sortir. Comment je m'y prends, quoi ?
- Speaker #1
Cette question, elle n'est pas simple, parce qu'on est tous différents et on a tous une histoire par rapport au sport. Déjà, je lui dirais d'être indulgente envers elle-même, parce que, comme je le disais au début de l'épisode, ça faisait partie de ma famille. Mes parents n'étaient pas sportifs de haut niveau, mais ils nous ont inculqué ça. Enfin, ils nous ont inculqué la notion du sport depuis notre... de plus jeune âge. Donc, j'ai envie de dire, moi, j'ai presque choisi la voie facile puisque c'était ancré en moi. Mais il y a beaucoup de gens qui, au final, sont très sédentaires depuis leur plus jeune âge et de se faire mal, ce n'est pas quelque chose de simple. Donc, déjà, je dirais d'être indulgent envers eux-mêmes et puis, surtout, de se dire que c'est OK d'essayer et même si on n'y arrive pas, de toujours vouloir recommencer. Puis après, les petits conseils, comme dit, c'est d'avoir la tenue prête pour pouvoir être motivée, d'avoir la paire de baskets qui est devant la porte, qui peut être un rappel de se dire « Tiens, ma paire de baskets me rappelle qu'il faut bouger. » Et puis, pour l'avoir vécu, et pourtant j'étais sportive de haut niveau, j'ai dû quand même me dire Ce serait peut-être bien d'aller à l'arrêt de bus, de descendre d'un arrêt plus tôt pour finir le parcours à pied. Puis, je ne prends jamais l'ascenseur. Je monte les escaliers. Et puis, je trouve que... Alors après, c'est peut-être parce que j'ai pratiqué un sport co, mais à deux, on est toujours plus fort et on se motive toujours plus. C'est essayer de se trouver, si on n'est pas capable... Parce que c'est facile de dire, allez, mets tes baskets et va courir. Mais quand on ne sait pas faire, quand on est seul, c'est difficile. Alors que quand on appartient à un groupe, je trouve qu'on est entouré et on a de l'entraide. Et on se soutient. Et moi, je mettrais toujours en avant cette notion de groupe. Donc, j'irais chercher un partenaire ou alors tenter... La salle de fitness, elle n'est pas faite pour tout le monde. Donc, Pourquoi pas aller se trouver une association sportive et puis tenter ? Et puis surtout de se dire que si ça ne marche pas du premier coup, ce n'est pas grave, on réessaye, on tente ailleurs, on tente une autre pratique, une autre manière de faire. Mais c'est OK de ne pas y arriver du premier coup et c'est OK de réessayer. Par contre, c'est intéressant et important de réessayer.
- Speaker #0
Oui, parce qu'en fait, l'échec en lui-même, c'est si on ne réessaye plus jamais. Ce n'est pas de se tromper ou d'arrêter un peu et de reprendre derrière. C'est vraiment de laisser complètement tomber, je dirais. Sinon, c'est des petites erreurs, mais qui nous permettent d'ailleurs de réajuster le tir, d'aller vers quelque chose qui nous convient un peu plus. Et donc, au final, il faut vraiment chercher à parsemer un peu d'activité physique dans son quotidien, dans sa semaine. Tout à l'heure, tu parlais du fait que tu prends les escaliers plus tôt que l'ascenseur, que tu descends un arrêt plus tôt, ce genre de... petite action, on a tendance à se dire que ça ne sert à rien. Mais en fait, mis bout à bout, ça sert à quelque chose. Tout comme les fameuses 20 minutes dont tu parlais tout à l'heure. Moi, déjà, je suis une grande adepte de ça, mais c'est vrai qu'on a toujours tendance à me dire, ouais, mais si j'en fais pas une heure, finalement, ça va servir à rien. Mais ça va servir à rien par rapport à quoi ? En fait, tout dépend derrière quel est l'objectif. Mais si l'objectif, c'est déjà de s'y mettre un peu, en fait, ça va servir à quelque chose.
- Speaker #1
Je pense qu'il ne faut pas attendre le créneau parfait. Le créneau parfait, il n'existe pas. Et si on l'attend, plus on l'attendra et moins il arrivera. Donc, c'est vraiment de garder en tête, de se dire, j'ai ces 20 minutes devant moi, qu'est-ce que je peux en faire ? Puisque au final, de se dire, d'être dans l'attente de ces deux heures qui n'arriveront pas, les 20 minutes mises bout à bout tous les jours, vous vous rendrez compte qu'au final, à la fin de la semaine, vous aurez fait plus de sport que ces fameuses deux heures que vous n'aurez jamais eues, en fait.
- Speaker #0
C'est ça, parce que je pense qu'on court après quelque chose qui n'est pas forcément toujours réalisable. Et à force d'espérer quelque chose qui n'arrive pas, ça n'arrive jamais. Et au final, on n'atteint pas plus l'objectif en attendant que le créneau parfait soit là. Donc, tu as raison de le préciser. Et je voulais vraiment te remercier pour tous ces conseils que tu as pu donner. Là, à la fin, tu as donné énormément de conseils. mais aussi tout au long de l'échange. Je trouve que ça... C'est incroyable d'avoir pu écouter tout ton parcours de ta carrière de sportive jusqu'à maintenant, où tu as dû apprendre à réadapter, réajuster, à vivre autrement le sport. Parce que tu es quand même passé d'objectifs de performance, de motivation, vraiment orienté sur la compétition, la performance, le groupe, comme tu en parlais beaucoup. Et maintenant, on est sur d'autres choses. Tu as parlé de la transmission à ton fils, tu as parlé des objectifs de santé, de la motivation, on est avec la santé. Et c'est important de garder ça en tête, que ça peut évoluer et que ça doit évoluer pour qu'à un moment donné, on reste actif et qu'on puisse le faire le plus longtemps possible. Donc, merci encore d'avoir osé te livrer, d'avoir partagé aussi tes difficultés et tes réajustements. Je pense que c'est une belle dose d'inspiration pour beaucoup. J'espère que ça vous aidera, que ça vous inspirera et surtout que ça vous donnera un petit peu envie d'aller... tester deux trois petites choses, d'aller essayer autrement et surtout de mettre le pied à l'étrier. Donc merci beaucoup et j'espère qu'on se retrouvera peut-être plus tard derrière le micro ou en tout cas on se retrouvera autrement, ça c'est sûr. Merci à toi.
- Speaker #1
Merci à toi de m'avoir donné ce temps-là.
- Speaker #0
C'est tout pour aujourd'hui, enfin presque. Avant de partir, j'ai deux questions pour vous. La première c'est quelle est la chose que vous pourriez retenir de cet épisode ? Et la deuxième, à qui vous pourriez la raconter ? En partageant ce podcast et en lui attribuant la meilleure note possible, vous inspirez d'autres personnes à être plus actives. Et comme votre avis compte beaucoup pour moi, n'hésitez pas à me faire part de vos réflexions, j'essaierai de vous répondre. À bientôt !