undefined cover
undefined cover
#21 - Christian Prouteau - Fondateur du GIGN - Garder son sang-froid dans la gestion de crise cover
#21 - Christian Prouteau - Fondateur du GIGN - Garder son sang-froid dans la gestion de crise cover
Objectif Mental

#21 - Christian Prouteau - Fondateur du GIGN - Garder son sang-froid dans la gestion de crise

#21 - Christian Prouteau - Fondateur du GIGN - Garder son sang-froid dans la gestion de crise

45min |16/06/2025
Play
undefined cover
undefined cover
#21 - Christian Prouteau - Fondateur du GIGN - Garder son sang-froid dans la gestion de crise cover
#21 - Christian Prouteau - Fondateur du GIGN - Garder son sang-froid dans la gestion de crise cover
Objectif Mental

#21 - Christian Prouteau - Fondateur du GIGN - Garder son sang-froid dans la gestion de crise

#21 - Christian Prouteau - Fondateur du GIGN - Garder son sang-froid dans la gestion de crise

45min |16/06/2025
Play

Description

Dans cet épisode exceptionnel d’Objectif Mental, j’ai l’immense honneur de recevoir Christian Prouteau, fondateur du GIGN (Groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale) et du GSPR (Groupe de sécurité de la présidence de la République).

Une voix rare, un regard lucide, une expérience hors norme : à 81 ans, Christian Prouteau revient avec humilité et précision sur la création de deux unités d’élite qui ont marqué l’histoire de la sécurité en France. Mais surtout, il nous livre une leçon de leadership, de préparation mentale, et de résilience applicable à tous les univers, bien au-delà des interventions militaires.

🧠 Dans cet épisode, vous découvrirez :

  • Pourquoi et comment il a fondé le GIGN après l’échec tragique de Munich en 1972.

  • Les principes fondamentaux qui ont guidé sa sélection des hommes : volontariat, formation, équipement – un triptyque valable dans n’importe quelle équipe, entreprise ou projet entrepreneurial.

  • La puissance de l’entraînement mental, de la mise en situation et de la visualisation pour affronter l’imprévisible.

  • Sa vision du leadership par l’exemple, de la confiance en soi, et de la place du groupe comme principal levier de soutien psychologique.

  • Ce qu’il appelle « l’état d’exception » : ce moment suspendu où la peur disparaît et où seule compte la mission.

  • Des parallèles saisissants entre les unités d’élite et le monde de l’entreprise, notamment autour de la gestion du stress, de la prévention de l’épuisement, et du rôle du collectif.

💡 Une phrase à retenir ?

« Le plus grand danger, c’est l’habitude. Dans une opération comme dans une entreprise. »

Cet échange est bien plus qu’un témoignage militaire. C’est une source d’inspiration pour celles et ceux qui veulent progresser mentalement, renforcer leur posture de leader, faire face à l’adversité, renforcer sa résilience, ou simplement mieux se connaître.

👤 Que vous soyez entrepreneur, salarié, sportif ou simplement passionné par le développement personnel, vous trouverez ici des repères puissants pour affûter votre mental.

Thématiques clés abordées :

  • Confiance en soi et gestion de crise

  • Résilience individuelle et collective

  • Leadership, transmission et responsabilité

  • Préparation mentale et visualisation

  • Entrepreneuriat et efficacité en équipe

🔗 Pour aller plus loin :
➡️ Abonnez-vous au podcast pour ne pas manquer les prochains épisodes.
➡️ Notez-le 5 ⭐ sur Spotify ou Apple Podcasts si l’épisode vous a plu.
➡️ Partagez-le à un proche, un collègue ou un.e manager : ce sont des paroles qui méritent d’être entendues.

Pour recevoir des tips, suivez la page instagram d'Objectif Mental : https://www.instagram.com/objectif_mental_podcast/


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue sur Objectif Mental, le podcast où l'on explore le coaching et la préparation mentale. Je suis Kevin et chaque semaine je partage des conseils pratiques, des interviews d'experts, ainsi que des témoignages inspirants d'entrepreneurs, de sportifs et d'artistes. Mon objectif est de vous aider à débloquer votre potentiel pour performer en toute sérénité, que ce soit dans votre vie professionnelle ou... extra-professionnels. Je vous souhaite une excellente écoute. Bonjour M. Proutot. Bonjour. Comment allez-vous ?

  • Speaker #1

    Comme quelqu'un qui a un certain nombre d'années mais qui essaye de les supporter et de faire un peu de vision du mieux possible.

  • Speaker #0

    En tout cas, avec le nombre d'années, vous êtes toujours pris. Là, vous venez d'un tournage à l'instant. C'est un honneur de vous recevoir. Quand j'ai créé ce podcast, je voulais absolument recevoir une personne du GGN. Et là, j'ai le fondateur, donc pour moi, c'est vraiment un honneur. Je vous remercie pour le temps que vous m'accordez. Aujourd'hui, l'idée, c'est de voir votre expérience, évidemment, à travers ce groupe qui est spécial quand même, et surtout l'aspect mental. Selon vous, votre retour d'expérience ? Avant de commencer et d'aller plus dans le détail sur ce que vous avez créé, comme vous l'aviez fait, j'aimerais que vous vous présentiez, en fait.

  • Speaker #1

    Alors, je m'appelle Christian Proutot, j'ai 81 ans, j'ai fondé le GIGN en 1973. J'ai eu un parcours militaire qui m'a conduit à la gendarmerie parce que je l'avais décidé quand je suis devenu militaire. Je suis fils de militaire, petit-fils de militaire. Donc j'ai eu un ADN, on va dire, de soldat, mais avec un côté un peu atypique, ce qui explique peut-être un certain nombre de choses. Je suis donc actuellement et depuis pas mal d'années à la retraite. J'avais terminé comme préfet en mission de service public. C'est-à-dire, l'État vous envoie faire un certain nombre de choses. Je n'ai jamais voulu être territorialisé. Donc, même si j'étais 20 ans préfet, je n'ai jamais assuré de fonction préfectorale en tant que tel. Par contre, j'ai assuré des missions, dont la sécurité des Jeux Olympiques d'hiver à Albertville. Et bien évidemment, j'ai commandé le GIGN. J'ai eu l'honneur de le commander pendant 10 ans, de sa création en 1983 jusqu'en presque 10 ans. en 1973 pendant sa création, jusqu'en juin 1983. Et ensuite, j'ai créé le GSPR, et surtout une autre mission qui était en parallèle du GSPR, qui a été commandée, lui, par un officier de gendarmerie, puisque j'ai formé les gens, préparé l'unité, fait le lien avec le président de la République, puisque mes bureaux étaient à la présidence. Et je suis resté à la fois patron de cette entité, le GSPR, pour tout ce qui est d'ordre technique, tactique et logistique. Mais il y avait plusieurs officiers qui commandaient directement sur le terrain. En parallèle, j'ai assuré la première coordination de la lutte antiterroriste, puisque c'était un problème qui se posait à l'époque et sur lequel personne n'avait véritablement travaillé. Je suis donc à la retraite depuis un certain nombre d'années, puisque la retraite du corps préféré... préfectorale, c'est 65 ans. D'accord. Voilà.

  • Speaker #0

    Le GSPR, juste pour préciser, c'est le groupe de sécurité du président de la République.

  • Speaker #1

    Absolument.

  • Speaker #0

    Donc c'est vous qui l'avez créé, avant ça n'existait pas.

  • Speaker #1

    Absolument. Il n'existait pas d'unité spécifique pour assurer la sécurité du président, avant que cette mission me soit confiée.

  • Speaker #0

    Soumise à Terran.

  • Speaker #1

    Soumise à Terran par M. Arnus, qui était ministre de la Défense à l'époque.

  • Speaker #0

    Super intéressant. On va couvrir cette partie-là. Avant d'aller sur le GSPR, on va commencer par le GGN. Oui. Pourquoi avoir créé le GIGN ? J'imagine qu'il y avait déjà un groupe de commandos avant qui s'appelait autrement. Mais ce n'était pas tout à fait le GIGN. Vous avez créé vraiment une unité spéciale là-dessus. Qu'est-ce qui vous différencie ?

  • Speaker #1

    Le GIGN est à l'origine de beaucoup d'unités dans le monde. Mais ce qui a été à l'origine, qui a déclenché la réflexion tactique sur les unités spéciales de type GIGN, c'est l'affaire de Munich, la prise d'otage. malheureuse qui s'est déroulée à Munich pendant les JO. Oui, en 72. De Munich en 72. Oui. La prise d'otage a eu lieu au début septembre. Et où la police allemande, mal formée, quand je dis mal formée, ce n'est pas formée du tout, a malgré tout essayé sur ordre de monter une opération dans des conditions complètement impensables, quand on y réfléchit, qui a conduit à l'échec que l'on connaît et au décès des otages qui étaient 11 athlètes israéliens. qui avait été pris en otage par un commando du FPLP, le Front de Libération de la Palestine, qui était composé de 8 hommes.

  • Speaker #0

    D'accord. Et donc, à la suite de cette opération, vous, vous êtes en France à ce moment-là, et vous vous dites qu'il faut créer un groupe spécial pour former une unité qui est capable d'intervenir sur ce type d'événement ?

  • Speaker #1

    Voilà, pour faire court et comprendre... Ce qui m'a amené là, ce n'est pas simplement le fait que j'ai voulu m'imposer. C'est que la gendarmerie avait déjà eu deux problèmes de prise d'otages qui ne sont pas des prises d'otages politiques, mais c'est à peu près la même chose sur les... les auteurs et les intervenants dans la prise d'otages, c'était Sestas, qui est un père de famille, qui se retranche avec ses enfants, et il menace de tuer ses enfants. Si on intervient, les gens interviennent sans analyse psychologique, et comme souvent les forcenés, qui sont à bout, ils mettent à... leur menace à exécution. Et une autre qui était une prise d'otage dans une prison à Clairvaux. Elle s'est déroulée en 71. Sesta, c'était en 69. Où là, également, on n'a pas compris ce qui se passait. On ne savait pas gérer la crise. on n'avait pas les moyens pour, les gens entraînaient on a dit, comme il y avait une femme dans les otages qui était assistante sociale et deux otages, un gardien de prison et une assistante sociale les autorités se sont dit ils n'allent pas assassiner, ils n'avaient qu'un couteau ils ne vont pas assassiner de sang froid une femme avec cette idée préconçue. Et malheureusement, au bout de l'intervention, qui en plus a été très longue du fait du manque de technicité du personnel employé, ils finiront par arriver, c'est-à-dire une quinzaine de minutes après le début de l'opération. Opération dans lesquelles on découvre tout de suite que c'est la vitesse d'exécution qui compte, la rapidité. Malheureusement, quand ils sont arrivés, les deux otages avaient été égorgés. Et ces échecs pour la gendarmerie ont été dramatiques. Moi, j'étais en gendarmerie en 71, à l'école des officiers, et tout de suite, ça m'a interpellé. Comme l'année suivante, alors que j'étais en unité, en escadron, alors que nous avions une formation qui commençait déjà à se pencher sur ces problèmes particuliers d'arrestation. difficultes, de preneurs d'otages. Il y avait beaucoup de prises d'otages dans les banques à l'époque.

  • Speaker #0

    Oui, pour les braquages.

  • Speaker #1

    Oui, parce qu'il y avait de l'argent dans les banques. Ce n'était pas des cartes de crédit. Et il y avait beaucoup de braquages dans les banques, ce qu'on voit actuellement sous une autre forme avec... les gens qui ont les nouvelles monnaies, les crypto-monnaies, les deux exemples, à Grèce on le montre, ou la dernière qui était une tentative, les malfrats vont où il y a du pognon. on ne pêche pas en endroit où il n'y a pas de poisson.

  • Speaker #0

    C'est vrai.

  • Speaker #1

    Essayer de faire un sourire sur des événements dramatiques. Et moi, j'étais en charge de l'instruction d'une de ces unies, dans le centre qui formait ces personnels un peu plus aguerris, parce qu'également, le but était de former des gens qui avaient des problèmes, il y avait beaucoup de problèmes dans le maintien de l'ordre, difficiles, ce que l'on connaît également actuellement. Vous savez, l'histoire se répète, voire elle bégaye. Et en tant qu'instructeur, j'ai été remarqué, et j'avais fait un petit mémo sur ce qu'on appelle maintenant le rétexte, le retour sur l'expérience de Munich, en disant pourquoi, selon moi, Munich avait échoué, et pourquoi, si on ne formait pas, on ne préparait pas les gens avec une approche tactique spécifique à la prise d'otages, dans un contexte de paix, on aurait les mêmes résultats que les Allemands, c'est-à-dire un échec. Alors on a dû penser que peut-être ma forfanterie pouvait être utile, comme le commandant du centre, pendant les périodes où j'encadrais, avait remarqué que j'avais une approche un peu particulière. Lorsque la Gendarmerie a décidé de former cette unité, il a donné mon nom, j'étais un jeune lieutenant, et j'ai eu l'honneur de mettre en place ce que j'ai fait. ce que je pensais être indispensable pour réussir au niveau professionnel.

  • Speaker #0

    C'est le cas. J'aimerais bien comprendre à ce moment-là, quand vous êtes en charge justement de former cette équipe ou ce groupe, quels sont les critères que vous vous imposez, ou en tout cas que vous décidez important dans la sélection des hommes pour former justement cette équipe au niveau physique, mental, etc.

  • Speaker #1

    Alors, j'aime bien dire que c'est bien de... de regarder sur une unité comme le giligène, avec tout ce qu'elle représente, mais dans le fond, ce n'est jamais que de l'humain. et qu'on retrouve à peu près les mêmes choses dans tous les corps de métier. Parce que vous n'obligez pas quelqu'un à faire quelque chose qu'il n'a pas envie de faire. Or, à Munich, on a choisi des gens pas vraiment volontaires. Une partie du commando d'ailleurs, pour l'anecdote, mais qui explique cela. ceux-ci expliquant cela, à quitter l'avion qui servait de leurre dans lequel ils étaient censés représenter un équipage et neutraliser une partie du commando. sentant qu'ils n'avaient pas les moyens de faire ce pour quoi ils avaient été désignés, même s'ils avaient accepté, ils étaient obligés d'obéir, ils sont partis. Ce qui fait que l'intervention n'a plus reposé que sur des pseudo-tireurs de litre qui n'étaient pas entraînés. Il en restait cinq qui se sont retrouvés à devoir intervenir. sans formation, sans préparation initiale, sauf une préparation qu'ils avaient dans des clubs de tir, puisque c'est comme ça, malheureusement, qu'ils ont été choisis. Et comme il y avait huit terroristes et qu'ils étaient cinq, il n'y a pas besoin d'être… d'avoir Bac plus 5 antiterrorisme, pour comprendre, ça a posé un problème. À la fois, donc, le manque de détermination, le manque de formation et le manque d'équipement. Alors, vous avez ce triptyque. C'est pour ça que je dis qu'il est valable partout. Si au départ, d'une mission, quelle qu'elle soit, vous n'avez pas des gens qui sont volontaires, qui acceptent la mission en connaissance de cause, c'est un deal entre vous et eux. eh bien, vous n'y arrivez pas. Si en plus, vous ne les formez pas, c'est la double peine. Et si en plus, ils y vont en maillot de bain face à des gens armés, on voit le résultat. Ou pour autre chose, si par exemple, ils ne maîtrisent pas le dossier technique sur lequel ils sont chargés d'intervenir dans une entreprise, vous conduisez la mission à l'échec.

  • Speaker #0

    Complètement. C'est super intéressant cette partie entreprise. on pourra... on va en parler un peu plus tard sur les parallèles, sur la partie sélection des personnes, donc triptyque, formation, détermination, formation et outils. Sur la partie formation, comment vous mettez en place les premières actions pour justement former ces personnes ? Comment se passent les entraînements ? Qu'est-ce que vous choisissez ? Voilà, c'est la question qui me vient à l'esprit.

  • Speaker #1

    Alors, la phase de formation est d'autant plus importante. Alors, bien sûr, au départ, on a gagné, vous avez des volontaires, donc vous avez des gens. qui savent où ils vont et où ils y vont. C'est déjà pas mal. Ça, c'est une première chose. Ensuite, vous les avez sélectionnés en fonction de critères qui ne sont pas forcément objectifs, qui sont des critères physiques, dans la mesure où vous essayez de ne pas partir de trop bas. On peut faire un très bon opérationnel de quelqu'un, mais s'il a des bases physiques, ça aide. Bien sûr. Surtout dans ces métiers. ces bases physiques pour être autre chose, ce qu'on appelle l'aptitude, à une mission. Et cette aptitude, comment on la définit ? Suivant le sujet de la mission, un certain nombre d'aptitudes sont indispensables. Par exemple, et puisqu'il s'agit de ça, dans une approche tactique, ce qui est important... Ce n'est pas le cheminement. Ce n'est pas d'aller du point A au point B. C'est au moment où vous êtes devant la porte et qu'il faut intervenir. Mais en allant du point A au point B, vous avez des obstacles qui peuvent être des obstacles de l'ordre du temps. Il y a un temps pourri, il fait froid. Donc, il faut que les gens aient une résistance. C'est bête. Sur certaines opérations... une emblématique très connue à Djibouti dans l'opération de l'Oyada. On était en plein désert. Si les gens ne résistent pas sous le cagnard… Ça,

  • Speaker #0

    c'était un bus.

  • Speaker #1

    C'était un bus,

  • Speaker #0

    absolument.

  • Speaker #1

    Si les gens ne résistent pas, n'ont pas la formation initiale qui leur permet d'être, comme on dit tout le temps, ils ont beau être peut-être les meilleurs techniquement, S'ils n'ont pas cette résistance, la résistance également par rapport à la volonté de pouvoir poursuivre la mission. Je vous donne un exemple tout bête. Si les gens ont une tendance à baisser les bras tout de suite, donc ce qu'on appelle dans d'autres sujets la résilience, se mettre en perspective que ça peut durer une heure, que ça peut durer trois jours, et qu'il faudra avoir à peu près... la même aptitude, détermination. Et surtout, l'avoir conservé au bout de trois jours.

  • Speaker #0

    Vous l'aviez naturellement, ça ?

  • Speaker #1

    Pardon ?

  • Speaker #0

    Vous l'aviez naturellement, vous, cette forme de détermination, de résilience ? Vous l'avez aussi développée ?

  • Speaker #1

    Je pense que je l'avais, parce que tout ce que j'ai conçu... est mis en place, j'ai copié personne. J'ai créé une unité à part entière. Et pour en revenir au franchissement, par exemple, il y a un élément qui n'a rien à voir avec l'élément technique, un élément technique, mais qui est un élément physiologique. On ne prend pas les gens qui ont une tendance au vertige. C'est ce que je vous disais par rapport au franchissement. Si vous devez aborder un immeuble par les balcons, si tout d'un coup, le... La personne que vous avez mise au poste B, qui doit faire une diversion par exemple, est prise de vertige, elle perd complètement ses capacités, votre opération est foutue. Donc c'est un des exemples avec la résistance physique, avec un niveau d'entraînement régulier. Il ne suffit pas de sélectionner les gens comme ça se fait dans certaines unités que je ne citerai pas, où tout d'un coup on dit, on a sélectionné des gens. Et puis après, à partir du moment où ils sont rentrés, c'est acquis pour la vie. Pas du tout. Au GGN, on a mis en place, et je l'ai fait quand j'ai formé les premiers, on a mis en place des thèses de sélection. Des gens ont été pris en fonction de certaines aptitudes. Mais après, on entretient cette formation, cet entraînement, avec ensuite tout un tas de techniques destinées à leur donner confiance à eux. C'est un élément majeur de la formation, c'est la confiance en soi. Et pour avoir confiance en soi, il faut qu'ensuite, quand vous arrivez dans la deuxième phase préparatoire, c'est la mise en condition. On se les exclutionne les bonnes personnes et on les met en condition. Et ensuite, on leur apporte l'aptitude tactique, technique et tactique. Mais il faut avant que les gens soient en condition de résistance, je l'évoquais. Et dans l'aptitude tactique, il y a des choses auxquelles vous pensez bien évidemment, s'agissant du gégène, c'est le tir, etc. Mais il y a beaucoup d'éléments dans beaucoup de métiers où c'est prépondérant du boulot. C'est que les gens sachent le faire et le connaissent. Mais surtout, un élément qui est important, c'est que quand les gens ont acquis ces compétences, qu'ils ont un savoir-faire, Il faut les mettre en situation. Faire découvrir aux gens, comme ça s'est passé à Munich, quand ils se sont retrouvés dans cet avion déguisés en pilote et en steward, les types se sont dit « Ah ben non, quand ils vont rentrer, on va peut-être pas être capables. » C'est comme ça qu'ils ont fait un abandon de poste. Si vous ne mettez pas les gens en situation, c'est criminel. Et il est donc important que les gens, pendant leur préparation, découvrent ce que va être leur métier et ne le découvrent pas le jour où vous les mettez face à une porte derrière laquelle les attendent un type avec une arme.

  • Speaker #0

    Est-ce que l'exercice en situation que vous créez pour reproduire ce qui potentiellement peut arriver, mentalement, est-ce que c'est quand même la même chose ? Est-ce que les opérateurs arrivent à se mettre dans ces conditions de terrain ? Parce que j'ai l'impression qu'il y a quand même une différence entre la réalité et ce que vous faites en entraînement. Ou est-ce qu'ils sont capables justement d'aller chercher cette...

  • Speaker #1

    Vous avez tout à fait raison. Même si on approche les gens de la réalité, puisque les exercices sont faits à balles réelles.

  • Speaker #0

    Ah oui, d'accord. C'est ça déjà, je ne savais pas.

  • Speaker #1

    Donc, ça permet de mettre les gens, d'ailleurs, dans des endroits qui ont été conçus pour ça. que nous n'avions pas au départ, mais nous utilisions des immeubles désinfectés. Et quand j'ai construit la caserne de GIGN, on a construit à l'intérieur ce qu'on appelle les salles de situation dans lesquelles vous pouvez tirer, où vous savez qu'il n'y aura pas de ricochet, que l'exercice ne mettra pas en danger vos hommes. Mais vous avez cette mise en situation, on dit, à double effet. Parce qu'on fait du jeu de rôle, puisqu'on met en place des gens qui sont GIGN, mais qui doivent jouer les otages. Alors, au départ, ça a été relativement compliqué. Il n'y avait que moi qui savais où je voulais aller et qui ai construit mes jeux de rôle.

  • Speaker #0

    Le metteur en scène.

  • Speaker #1

    Mais après chaque opération, et il y en a eu assez rapidement, on a gardé ces opérations comme étant des modèles, à la fois dans ce qu'elles avaient de bon. Et surtout parce qu'on apprend plus des échecs.

  • Speaker #0

    bien sûr

  • Speaker #1

    Des points qui n'ont pas bien fonctionné. Et tout le GIGN actuel bénéficie de 50 ans d'expertise.

  • Speaker #0

    D'expérience.

  • Speaker #1

    D'expérience.

  • Speaker #0

    OK. J'aimerais bien savoir ce qui se passait, vous, dans votre esprit, parce que vous commandiez le groupe. Ce qui passait dans votre esprit avant une opération ? Alors, c'est compliqué, parce que c'est toujours de la crise. Donc, en fait, vous êtes appelé dans l'heure. Il faut intervenir très rapidement. Ça doit être compliqué de garder son sang froid. Quand on vous appelle sur une situation de crise, comment vous faisiez-vous ? Qu'est-ce qui se passait dans votre esprit à ce moment-là ? Si vous aviez un exemple aussi pour illustrer la chose. Pour ne pas paniquer, en fait, c'est ça la question.

  • Speaker #1

    Quand vous êtes sûr que vous êtes... Ma force, moi, c'était mes hommes. Pour mes hommes, mon surnom au groupe, c'est Le Grand. Le Grand est là, donc ça va bien se passer. Donc c'est dual, c'est bien univoque. Ça joue sur les deux. Et après, vous êtes trascendé par la mission. C'est ce qu'on appelle dans notre jargon les états d'exception. Mais malheureusement, ça se produit également en face de nous. Les gens contre lesquels on est amené à intervenir pour les interpeller, ils ont dans leur esprit une mission, qu'elle soit divine si c'est pour des gens qui se revendiquent de Dieu, ou des gens parce qu'ils sont obsédés par une situation personnelle, familiale. ou parce qu'ils se sont mis eux-mêmes dans une situation, dans le cas d'une prise d'otages due à, on pourrait dire une attaque de banque, ou même dans une entreprise, parce que, du coup, il y a des gens qui, comme on dit, pètent un plomb dans une entreprise, et se mettent dans une situation infernale, où ils ont l'impression que seule la confrontation verbale et physique frontale, c'est la seule chose qui va... répondre à leurs questions. Donc c'est ce qu'on appelle dans notre jargon des états d'exception, où tout un tas de données que vous connaissez, qui sont apparemment formelles et immuables, le temps par exemple, ne sont plus les mêmes. La faim, le froid, la peur, la peur n'existe pas. Et les gens qui sont en état d'exception, vous l'avez peut-être vécu sans vous en rendre compte, dans un réflexe que vous avez eu en conduisant une voiture, vous avez évité un accident. Et vous avez eu une partie de vous, qu'on appelle le cerveau reptilien, qui à travers les acquis de la formation, mais également des acquis qui nous viennent de Cro-Magnon, font que votre corps réagit avec un temps d'avance par rapport à une analyse. vous auriez. Par contre, et pour répondre à votre question, vous n'en faites pas, je suis toujours...

  • Speaker #0

    Je suis avec vous.

  • Speaker #1

    Par rapport à votre question, le fait de partir en alais, déjà, ça vous met en état d'exception. D'accord. Le bip qui sonne, maintenant, c'est un bip. À l'époque, c'était un deux-tons ou un coup de téléphone, puisque il n'y a pas de téléphone sans fil. Mais tout de suite, vous êtes mobilisés. Vous savez que vous allez sur une opération. Et ça change complètement la donne. Et ça, c'est quelque chose qui est connu, mais qu'il faut cultiver. D'accord. Et on essaye de mettre les gens à travers des départs artificiels aussi, ça peut se faire. Ah d'accord, ok. Pour voir s'il y a une réactivité qui est importante, quitte à ce que les gens après découvrent que c'est un exercice.

  • Speaker #0

    Intéressant. Ah oui, d'accord, c'est un posteriori. Oui, oui. Pour vraiment simuler le départ.

  • Speaker #1

    C'est la mise en œuvre qui est artificielle, mais ça met les gens en situation. Oui. Et puis après, vous avez toute la dynamique où vous chargez les véhicules, parce qu'il y en a qui sont préchargés, ils sont, comme on dit, sur roues. D'accord. Mais les hommes amènent leur propre équipement et on voit la vitesse d'exécution pour la mise en place. Ça met les gens en difficulté, c'est intéressant.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous faisiez de la visualisation, une forme de préparation mentale pour s'entraîner aussi quand vous n'aviez pas des entraînements physiques ou réels ? Est-ce que vous imaginiez certaines situations pour essayer de, pas d'anticiper, mais en tout cas, peut-être de vous améliorer sur certains sujets, comme le tir, comme le franchissement ?

  • Speaker #1

    Alors après, l'important, quand on a donné un moyen aux gens, les gens techniques, combat à main nue, tir de précision, apprendre à désarmer quelqu'un. Après, vous faites des mises en situation. On l'évoquait tout à l'heure. Mais également, vous essayez d'anticiper sur la forme de la menace. Je vous donne un exemple tout bête. La menace existait, elle était réelle. C'était les détournements d'avions. À l'époque de Munich, au début de l'histoire du GIGN, il y avait à peu près dans le monde entre 80 et 100 détournements d'avions par an. Tout le monde l'a oublié.

  • Speaker #0

    80 et 100 détournements par an ?

  • Speaker #1

    Oui, oui. les chiffres et petit à petit on a durci les contrôles les accès nous mais malgré tout en 94 marignane s'est déroulé mais avant nous avions fait d'autres détournements d'avion donc on entraîner les gens sur des avions. On entraînait les gens sur des Caravans, sur des 747, sur des Boeing, sur tous les modèles. Et en même temps, on avait mis en place des protocoles avec Air France, après avec Airbus, pour à la fois donner aux gens qui font les avionneurs, essayer de faire évoluer la configuration des appareils pour anticiper sur une... intervention éventuelle.

  • Speaker #0

    D'accord, ok, donc les avions sont contribués.

  • Speaker #1

    Il y a une dualité qui se fait entre les constructeurs, et puis, avoir les moyens que l'on nous prêtait, bien sûr, pour ne pas les démolir, mais sur certaines fois, dès le début du groupe, d'ailleurs, on a eu le premier avion à démolir qui était un DC-8, on l'a démoli à Orly, pour savoir ce que faisait un impact de balle, comment faisait un ricochet, comment fonctionnait, on pouvait fonctionner avec les... le CB en poudre à l'intérieur des avions pour créer cette angoisse respiratoire qui donne un avantage tactique la poudre de CB un peu comme de la farine pas les gaz que l'on voit en maintien de l'ordre mais vraiment une haute concentration dans un avion ça fait un effet de piston parce que l'avion est fermé donc le jet de poudre pose problème donc il faut aller calculer tout ça, le vérifier être sûr de soi et ces entraînements sur avion avec le soutien à la fois d'Air France, d'Air Inter à l'époque aussi, mais également Airbus, a permis d'être en configuration. Mais également, travailler sur des pétroliers, travailler sur des bateaux de croisière, etc.

  • Speaker #0

    Il y a eu des interventions sur des bateaux ?

  • Speaker #1

    L'entraînement, d'opération. Mais par exemple, avant Marignane, il y a eu trois prises d'otages dans les dix ans. dans les 94. Donc, dans les 20 ans qui ont précédé Marignane, il y a eu trois détournements d'avions importants qui ont été résolus. Donc, c'est l'expertise du GGN qui a fait qu'ils ont pu faire Marignane. Ça ne vient pas de nulle part.

  • Speaker #0

    C'est sûr. Donc, beaucoup de préparation de ce que j'entends pour essayer de contrôler l'imprévisible. Oui. Éviter ça. Est-ce que vous aviez... Alors, il y a quand même des situations parfois dramatiques. J'imagine, est-ce que vous aviez des suivis psychologiques déjà dans ces cellules-là, ou en fait vous considériez que c'est des personnes de toute façon entraînées et suffisamment fortes psychologiquement pour résister à tout ?

  • Speaker #1

    Alors, on a considéré nous que ce qui est salvateur au GIGN, c'est le GIGN. C'est-à-dire que quand les gens ne sont pas bien, la solution doit être au GIGN. Sinon, les gens ne peuvent pas rester. Si vous avez quelqu'un qui est déstabilisé et qui est obligé d'être allé chez un psy pour savoir comment il va, vous ne pouvez pas lui demander d'être dans ce qu'on appelle un binôme, puisque vous voyez toujours dans les images les gens qui font le petit train. Mais a priori, au départ, les gens travaillent toujours à deux. Il y a un qui est devant et l'autre qui l'appuie. S'il y a une rupture dans le binôme... Ce n'est pas le quatrième ou le cinquième de la colonne qui va résoudre le problème. Donc, cet aspect de confiance de l'un en l'autre, avec un exercice que vous avez sûrement vu à travers les images, du tir de confiance, qui fait qu'on doit tirer sur quelqu'un avec lequel on va travailler pour qu'il ait la confiance dans votre qualité de tireur, bien sûr avec des protections et tout, mais qui montre que vous apportez votre confiance à celui qui sera à côté de vous et dont... pourra dépendre de votre vie au moment où c'est vous qui serez, comme on dit dans notre jargon, le premier à marcher.

  • Speaker #0

    Alors ça,

  • Speaker #1

    c'est la partie qui concerne le soutien de chacun. Mais, je comprends tout à fait votre question, elle peut venir d'après une opération où il y a une rupture. C'est arrivé avec un garçon qui a été le premier blessé au GIGN avec son 1GD par balle. on s'est rendu compte, et sur tout ce qui était important, et c'est là où la formation au groupe est nécessaire, il s'est rendu compte lui-même qu'il était fragilisé et qu'il ne les retournerait plus. Il n'a pas été tu

  • Speaker #0

    Il a été sauvé par son gilet pare-balles. Et malgré tout, il est venu me voir pour me dire, mon capitaine, je devais être capitaine à l'époque, mon capitaine, je ne pourrais plus y aller, je veux mettre mes camarades en danger. Alors, c'est une forme de courage. C'est monstrueux.

  • Speaker #1

    De l'assumer.

  • Speaker #0

    De l'assumer. Et c'est également, on s'en rend compte. Vous voyez, ça répond à votre question. Le regard que pourrait avoir ou son binôme ou un autre garçon du groupe sur une hésitation dans le cadre de la mise en place d'une opération, qui fait qu'il n'aurait pas envie d'aborder cette situation. Alors vous pourriez me dire, à juste titre, mais il est possible qu'il y en ait. qui se voilent la face et qui se montent à eux-mêmes. Je suis tout à fait d'accord, mais on se connaît suffisamment gros. Il y a une telle... C'est très, très particulier. Si on ne connaît pas ce fonctionnement, on ne peut pas le comprendre. Mais on sait, par exemple, quand un type a son fils, un de ses enfants malades... on lui évite de le mettre en situation d'être vulnérable.

  • Speaker #1

    Donc le groupe fait qu'il y a une forme de protection et d'entraide et de prévention.

  • Speaker #0

    Et sur des éléments que seul le groupe peut comprendre. Si vous êtes obligé de faire une analyse à un type pour savoir s'il va repartir en opération, vous avez déjà perdu.

  • Speaker #1

    Donc le groupe est le meilleur psychologue du groupe.

  • Speaker #0

    Absolument, c'est le meilleur psychologue. et ça a permis... à certains garçons de surmonter leur handicap, de l'accepter, et à ce moment-là, de décider de ne plus continuer.

  • Speaker #1

    Ça m'inspire énormément sur d'autres sujets, en plus dans le civil, dans l'entreprise, à des niveaux moindres, évidemment. Oui, absolument. C'est de l'inspiration. Ok. Je vois que le temps file. On va passer sur la partie GSPR. Oui.

  • Speaker #0

    Alors, juste, la formule... est bonne pour tout le monde, ça lui vient toujours de l'intérieur.

  • Speaker #1

    C'est vrai.

  • Speaker #0

    Parce que, quel que soit le psy, quand vous en êtes là, vous en êtes, vous sortez du cadre dans lequel la personne a été déstabilisée. Et avec quelqu'un qui connaît l'humain, c'est sûr, mais qui ne connaît pas les situations dans lesquelles il a été perturbé. C'est valable pour une entreprise. Si on ne fait pas partager au sein de l'entreprise cette problématique, eh bien, les problèmes arriveront avant qu'ils soient révélés.

  • Speaker #1

    Ça, c'est les dirigeants qui essayent de mettre sous le tapis des situations critiques, parfois. Et en fait, les collaborateurs s'en rendent compte forcément à un moment qu'il n'y a plus de capitaine.

  • Speaker #0

    Il faut être à l'écoute, ça fait partie du job. Moi, j'aime bien les formules un peu courtes. Les militaires, on est un peu spécialistes. Peut-être parce que, comme disent ceux qui nous aiment moins, on a 20 mots de vocabulaire tantôt nomatopés.

  • Speaker #1

    J'ai pas l'impression, là. Et qu'inscrit Clituron.

  • Speaker #0

    Mais je pense que ça a l'avantage d'éviter les circonvolutions et de partir dans tous les sens. On dit une troupe manœuvre à l'image de son chef. Et c'est valable partout. Complètement. Une équipe manœuvre à l'image de celui qui la commande.

  • Speaker #1

    On le voit dans beaucoup de domaines.

  • Speaker #0

    L'anime.

  • Speaker #1

    Complètement.

  • Speaker #0

    Bon, on peut passer à la...

  • Speaker #1

    Oui, mais merci pour cette précision. Pour le GSPR, moi, ce qui m'intéresse, c'est la partie stress. Parce qu'en fait, j'ai l'impression qu'on... Quelque part, on ne peut pas dormir sur ses deux oreilles quand on est en protection du président. Alors, quelque part, on dit que c'est la personne la plus importante de l'État. Alors, deux questions. La première, c'est pourquoi vous avez créé cette protection spéciale ? Je pense que ça vient aussi de votre expérience avec le GGN. Et en fait, deuxièmement, comment on fait au quotidien pour gérer ça ? Puisque pour moi, il y a une forme d'inquiétude constante. La menace peut venir de partout et tout le temps.

  • Speaker #0

    Alors, vous avez tout à fait raison. Être aux aguets, c'est difficile et usant. Et ce qui est terrible, c'est que c'est quand vous ne l'êtes plus que ça arrive. et amener les gens à travailler. Alors qu'au GIGN, les opérations, il y a l'entraînement, mais je mets à l'épreuve cet entraînement par les opérations. Donc il y a la preuve par neuf. Au GSPR, si la preuve par neuf arrive, c'est qu'on a raté quelque chose. Sauf si on a anticipé, et qu'effectivement, une attaque... a été neutralisée. Alors, pour faire en sorte que cette espèce de perception continue de la menace, puisque c'est une menace continue, ait amené les gens à être osagués, elle passe, on en revient à la même chose, à la formation. le GSPR, contrairement à ce qu'imagine certains, c'est pas simplement avoir un truc dans l'oreille.

  • Speaker #1

    C'est ce qu'on imagine un peu.

  • Speaker #0

    Des belles Ray-Bans, un beau costume, et puis une arme que l'on ne voit pas. et que l'on sait rassurante parce qu'elle est au holster. Non, c'est quelqu'un qui prépare et qui fait des exercices à la fois au niveau de la conduite, si l'agression peut être, mais au niveau du déplacement de la personnalité et mettre en place un certain nombre de réactions pour avoir la réactivité adaptée à la menace, ce qui n'est pas forcément au départ une menace due à une arme d'assaut ou à une arme de poids, mais qui peut l'être. par l'enthousiasme d'une foule. Ah oui.

  • Speaker #1

    Déplacement du président au salon de l'agriculture.

  • Speaker #0

    Voilà. Tout ça est assez compliqué et ne peut fonctionner qu'avec un entraînement. Et cet entraînement, tel que je l'avais mis en place sur le GESPR, qui était que version gendarmerie, comme je ne sais pas comment ça se passe actuellement, je ne vais pas vous en parler, mais comme c'est moi qui ai donné le nom à cette unité, j'en parle tel qu'il a été conçu. On travaille sur ce qu'on appelle la théorie des cercles. quatre cercles concentriques autour de la personnalité. Donc, ce point de vue tactique est important. Le premier cercle, le contact, celui qu'on évoquait, qui est les hommes qui sont soit trois, soit cinq. On appelle ça le triangle ou le diamant, s'ils sont cinq. Et ces personnes... On dit que c'est le premier cercle, mais en fait, dans la réalité, c'est le dernier. Parce que c'est au moment où ce cercle intervient...

  • Speaker #1

    Oui, d'accord, c'est dans l'autre sens que ça... Oui, oui, c'est vers le centre.

  • Speaker #0

    Pour que ça soit plus explicite au niveau des gens, on dit le premier parce qu'il est le premier au contact. Mais c'est le dernier. Ça veut dire que tous les autres ont failli avant. Donc le deuxième cercle correspond non plus à une agression, à une attaque. ou verbales, ou sacs de farine, ou même parce que personne ne veut faire la bise au président, parce qu'il ne faut pas oublier, ou on a tendance à l'oublier, que la sécurité telle qu'on l'imagine, ce n'est pas la seule problématique de la protection d'une autre personnalité. Vous avez l'atteinte à l'image, qui est très importante. Cette personnalité, surtout quand c'est en régime présidentiel, cette personnalité... une atteinte à son image peut être dévastatrice. Donc, il y a tout un tas d'éléments qu'il faut prendre en compte. Donc, ce premier cercle est important par rapport à la riposte. Si elle est trop violente, par exemple, alors que ce n'est pas une agression, qu'on n'a pas mesuré que l'agression, c'était un manque, une manifestation d'affection démesurée, c'est contre-productif. Oui,

  • Speaker #1

    oui, oui. Ah oui, d'accord, oui. Je prends un exemple, c'est pas ce que je pense à ça, mais quelqu'un tout nu qui vient essayer de prendre une photo avec le président, si vous faites une riposte trop violente, c'est pas adapté. Absolument.

  • Speaker #0

    Et le deuxième cercle, à ce moment-là, c'est plus ce type d'agression, mais on est tout de suite sur une arme. Donc c'est suivant ce qu'on appelle la cathédrale de tir, c'est-à-dire la distance qui est entre l'agresseur et l'objectif. C'est entre... suivant qu'il y a du monde, qu'il y en a moins, qu'il y a des immeubles, qu'il y a des espaces. C'est entre, disons, 15 et 50 mètres. Donc, c'est évalué, ce deuxième cercle, en fonction des lieux. Après, vous avez le troisième cercle, ce qui est arrivé à Trump.

  • Speaker #1

    Oui. Ah oui,

  • Speaker #0

    oui. Un tireur longue distance. Oui. Là, en l'occurrence, il n'était pas à très longue distance, mais quand même.

  • Speaker #1

    Sur l'oreille,

  • Speaker #0

    oui. Il y aurait eu, dans un schéma de type... j'espère, ça aurait été fouillé et tenu. Parce qu'il ne s'agit pas que de fouiller, il s'agit de tenir, pour ne pas que pendant que vous tournez le dos, quelqu'un vienne prendre la place. Et il y a un quatrième cercle, qui est prépondérant, qui est virtuel, c'est le renseignement. Donc le renseignement d'ambiance, pour savoir qui va assister à la venue de l'autorité. un renseignement sur la politique intérieure et un renseignement sur la politique internationale et la géopolitique. Et ce renseignement permet d'anticiper un certain nombre de situations où, si on n'avait pas ce renseignement... Si on n'avait pas pu anticiper, à ce moment-là, on serait retrouvé au contact de l'agression, et peut-être un peu trop tard. Quand vous voyez ce qui s'est passé dans l'histoire des agressions des différentes personnalités, je sais à chaque fois, ce que je viens de vous expliquer, une rupture d'un de ces quatre cercles. Chose qui n'existait pas quand j'ai créé le GESPER. Donc j'ai conçu le GESPER, à l'instar du GIGN, en me mettant en situation par rapport à une problématique particulière, en me disant qu'est-ce qu'on a fait jusqu'à présent qui ne fonctionne pas, pourquoi ça ne fonctionne pas, ce qu'il faut faire pour que ça fonctionne.

  • Speaker #1

    Et pendant tout, je ne sais pas si c'est un mandat, mais je vais appeler ça le mandat, vous avez protégé le président, vous n'avez pas eu d'intervention, vous n'avez pas eu à intervenir, je veux dire ?

  • Speaker #0

    Non, le GSPR n'a pas eu à intervenir. Tant mieux,

  • Speaker #1

    mais...

  • Speaker #0

    Avec un réflexe, et là c'est une atteinte à l'image, où un de mes hommes a attrapé une tomate qui était jetée sur le prénom.

  • Speaker #1

    Le réflexe.

  • Speaker #0

    Et je peux vous dire que pour le président de la République, il me l'a dit d'ailleurs. Il ne m'a pas dit ce que je vais vous dire, mais dans son esprit, ça aurait été aussi grave que de prendre une balle.

  • Speaker #1

    Ah oui, d'accord. L'humiliation. Oui, à ces niveaux de responsabilité, je pense qu'on ne se rend pas compte de l'importance de l'image. Je vois que le temps est passé très, très vite.

  • Speaker #0

    Alors, juste une question que c'est moi qui aurais dû vous le préciser. Allez-y. Ils sont tous volontaires.

  • Speaker #1

    Ah oui, très bonne question.

  • Speaker #0

    On en revient. aux triptiques que vous avez bien noté tout à l'heure, donc des volontaires, des gens formés et des gens équipés.

  • Speaker #1

    J'allais vous poser la question pour terminer, à destination des civils, donc de mes auditeurs, comment peut-on progresser aussi mentalement, à l'instar de l'équipe du GGN, comme vous l'aviez fait ? Est-ce que vous auriez des conseils pour essayer de renforcer son mental ? Parce que vous, finalement, ça a été aussi... via l'expérience, mais si vous avez des décisions.

  • Speaker #0

    Je pense que tout démarre de soi. Or, la mise en situation, se mettre en perspective, ne rien attendre. Bien sûr, on est dans une équipe, on va fonctionner dans une équipe. Mais se dire qu'au départ, une partie du fonctionnement, elle vient de vous. La manière dont... Vous vous mettez dans votre travail. Faites en sorte que vous êtes perméable à ce qui doit se passer autour. Et à ce moment-là, ne pas hésiter à dire quand ça ne fonctionne pas bien. Et souvent, on a une espèce de pudeur ou peut-être même un manque de confiance en soi. qui fait qu'on est en deçà du rôle que l'on a, et de ce fait-là, on rend vulnérable l'ensemble du dispositif. Et vous voyez bien que ça s'applique à beaucoup de choses. La vulnérabilité dans une entreprise, étant la manière dont la mission est exécutée, et donc à ce moment-là, l'entreprise est efficace ou elle l'est moins. Et chacun a dans cette entreprise et à son poste un rôle. qui est bien sûr à la mesure de ce qu'on lui confie, mais qui peut légèrement être meilleure, si tout d'un coup, on a une vision et on n'ose pas le dire, alors que peut-être on a vu quelque chose que d'autres personnes ne l'avaient pas vu. Et pour en revenir à soi, comment se former ? Eh bien, il faut se remettre en cause. C'est une remise en cause. Et c'est ça, par rapport au GSPR, qui est important. Le plus grand danger au GSPR, c'est l'habitude. Le plus grand danger pour tous les métiers. C'est l'habitude. C'est un danger quand on conduit. C'est un danger dans son métier parce que ça ronronne et on ne voit pas venir ce qui,

  • Speaker #1

    d'un coup,

  • Speaker #0

    va déstabiliser ou mettre en défi. Donc, évitez de faire en sorte que, selon le terme qui va dans les deux langues, ça devienne une routine.

  • Speaker #1

    Super intéressant. Je pense qu'on peut terminer là-dessus.

  • Speaker #0

    Merci de m'avoir suivi.

  • Speaker #1

    Merci à vous d'être venu.

  • Speaker #0

    Et d'avoir partagé avec vous ces considérations de quelqu'un qui a quelques heures de vol, un peu d'expérience. Mais je pense que, contrairement à ce que disait Mao, l'expérience des autres n'est pas un peigne pour les chauves. En condition qu'on les écoute.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Je vous en prie, c'est moi qui vous remercie.

  • Speaker #2

    Merci d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. J'espère qu'il vous a plu. et que vous avez appris des choses. Si c'est le cas, merci de mettre 5 étoiles sur Apple Podcasts ou Spotify et surtout de partager cet épisode autour de vous. N'hésitez pas à me faire part de vos retours pour les prochains épisodes. Je vous dis à bientôt sur Objectif Mental.

Description

Dans cet épisode exceptionnel d’Objectif Mental, j’ai l’immense honneur de recevoir Christian Prouteau, fondateur du GIGN (Groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale) et du GSPR (Groupe de sécurité de la présidence de la République).

Une voix rare, un regard lucide, une expérience hors norme : à 81 ans, Christian Prouteau revient avec humilité et précision sur la création de deux unités d’élite qui ont marqué l’histoire de la sécurité en France. Mais surtout, il nous livre une leçon de leadership, de préparation mentale, et de résilience applicable à tous les univers, bien au-delà des interventions militaires.

🧠 Dans cet épisode, vous découvrirez :

  • Pourquoi et comment il a fondé le GIGN après l’échec tragique de Munich en 1972.

  • Les principes fondamentaux qui ont guidé sa sélection des hommes : volontariat, formation, équipement – un triptyque valable dans n’importe quelle équipe, entreprise ou projet entrepreneurial.

  • La puissance de l’entraînement mental, de la mise en situation et de la visualisation pour affronter l’imprévisible.

  • Sa vision du leadership par l’exemple, de la confiance en soi, et de la place du groupe comme principal levier de soutien psychologique.

  • Ce qu’il appelle « l’état d’exception » : ce moment suspendu où la peur disparaît et où seule compte la mission.

  • Des parallèles saisissants entre les unités d’élite et le monde de l’entreprise, notamment autour de la gestion du stress, de la prévention de l’épuisement, et du rôle du collectif.

💡 Une phrase à retenir ?

« Le plus grand danger, c’est l’habitude. Dans une opération comme dans une entreprise. »

Cet échange est bien plus qu’un témoignage militaire. C’est une source d’inspiration pour celles et ceux qui veulent progresser mentalement, renforcer leur posture de leader, faire face à l’adversité, renforcer sa résilience, ou simplement mieux se connaître.

👤 Que vous soyez entrepreneur, salarié, sportif ou simplement passionné par le développement personnel, vous trouverez ici des repères puissants pour affûter votre mental.

Thématiques clés abordées :

  • Confiance en soi et gestion de crise

  • Résilience individuelle et collective

  • Leadership, transmission et responsabilité

  • Préparation mentale et visualisation

  • Entrepreneuriat et efficacité en équipe

🔗 Pour aller plus loin :
➡️ Abonnez-vous au podcast pour ne pas manquer les prochains épisodes.
➡️ Notez-le 5 ⭐ sur Spotify ou Apple Podcasts si l’épisode vous a plu.
➡️ Partagez-le à un proche, un collègue ou un.e manager : ce sont des paroles qui méritent d’être entendues.

Pour recevoir des tips, suivez la page instagram d'Objectif Mental : https://www.instagram.com/objectif_mental_podcast/


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue sur Objectif Mental, le podcast où l'on explore le coaching et la préparation mentale. Je suis Kevin et chaque semaine je partage des conseils pratiques, des interviews d'experts, ainsi que des témoignages inspirants d'entrepreneurs, de sportifs et d'artistes. Mon objectif est de vous aider à débloquer votre potentiel pour performer en toute sérénité, que ce soit dans votre vie professionnelle ou... extra-professionnels. Je vous souhaite une excellente écoute. Bonjour M. Proutot. Bonjour. Comment allez-vous ?

  • Speaker #1

    Comme quelqu'un qui a un certain nombre d'années mais qui essaye de les supporter et de faire un peu de vision du mieux possible.

  • Speaker #0

    En tout cas, avec le nombre d'années, vous êtes toujours pris. Là, vous venez d'un tournage à l'instant. C'est un honneur de vous recevoir. Quand j'ai créé ce podcast, je voulais absolument recevoir une personne du GGN. Et là, j'ai le fondateur, donc pour moi, c'est vraiment un honneur. Je vous remercie pour le temps que vous m'accordez. Aujourd'hui, l'idée, c'est de voir votre expérience, évidemment, à travers ce groupe qui est spécial quand même, et surtout l'aspect mental. Selon vous, votre retour d'expérience ? Avant de commencer et d'aller plus dans le détail sur ce que vous avez créé, comme vous l'aviez fait, j'aimerais que vous vous présentiez, en fait.

  • Speaker #1

    Alors, je m'appelle Christian Proutot, j'ai 81 ans, j'ai fondé le GIGN en 1973. J'ai eu un parcours militaire qui m'a conduit à la gendarmerie parce que je l'avais décidé quand je suis devenu militaire. Je suis fils de militaire, petit-fils de militaire. Donc j'ai eu un ADN, on va dire, de soldat, mais avec un côté un peu atypique, ce qui explique peut-être un certain nombre de choses. Je suis donc actuellement et depuis pas mal d'années à la retraite. J'avais terminé comme préfet en mission de service public. C'est-à-dire, l'État vous envoie faire un certain nombre de choses. Je n'ai jamais voulu être territorialisé. Donc, même si j'étais 20 ans préfet, je n'ai jamais assuré de fonction préfectorale en tant que tel. Par contre, j'ai assuré des missions, dont la sécurité des Jeux Olympiques d'hiver à Albertville. Et bien évidemment, j'ai commandé le GIGN. J'ai eu l'honneur de le commander pendant 10 ans, de sa création en 1983 jusqu'en presque 10 ans. en 1973 pendant sa création, jusqu'en juin 1983. Et ensuite, j'ai créé le GSPR, et surtout une autre mission qui était en parallèle du GSPR, qui a été commandée, lui, par un officier de gendarmerie, puisque j'ai formé les gens, préparé l'unité, fait le lien avec le président de la République, puisque mes bureaux étaient à la présidence. Et je suis resté à la fois patron de cette entité, le GSPR, pour tout ce qui est d'ordre technique, tactique et logistique. Mais il y avait plusieurs officiers qui commandaient directement sur le terrain. En parallèle, j'ai assuré la première coordination de la lutte antiterroriste, puisque c'était un problème qui se posait à l'époque et sur lequel personne n'avait véritablement travaillé. Je suis donc à la retraite depuis un certain nombre d'années, puisque la retraite du corps préféré... préfectorale, c'est 65 ans. D'accord. Voilà.

  • Speaker #0

    Le GSPR, juste pour préciser, c'est le groupe de sécurité du président de la République.

  • Speaker #1

    Absolument.

  • Speaker #0

    Donc c'est vous qui l'avez créé, avant ça n'existait pas.

  • Speaker #1

    Absolument. Il n'existait pas d'unité spécifique pour assurer la sécurité du président, avant que cette mission me soit confiée.

  • Speaker #0

    Soumise à Terran.

  • Speaker #1

    Soumise à Terran par M. Arnus, qui était ministre de la Défense à l'époque.

  • Speaker #0

    Super intéressant. On va couvrir cette partie-là. Avant d'aller sur le GSPR, on va commencer par le GGN. Oui. Pourquoi avoir créé le GIGN ? J'imagine qu'il y avait déjà un groupe de commandos avant qui s'appelait autrement. Mais ce n'était pas tout à fait le GIGN. Vous avez créé vraiment une unité spéciale là-dessus. Qu'est-ce qui vous différencie ?

  • Speaker #1

    Le GIGN est à l'origine de beaucoup d'unités dans le monde. Mais ce qui a été à l'origine, qui a déclenché la réflexion tactique sur les unités spéciales de type GIGN, c'est l'affaire de Munich, la prise d'otage. malheureuse qui s'est déroulée à Munich pendant les JO. Oui, en 72. De Munich en 72. Oui. La prise d'otage a eu lieu au début septembre. Et où la police allemande, mal formée, quand je dis mal formée, ce n'est pas formée du tout, a malgré tout essayé sur ordre de monter une opération dans des conditions complètement impensables, quand on y réfléchit, qui a conduit à l'échec que l'on connaît et au décès des otages qui étaient 11 athlètes israéliens. qui avait été pris en otage par un commando du FPLP, le Front de Libération de la Palestine, qui était composé de 8 hommes.

  • Speaker #0

    D'accord. Et donc, à la suite de cette opération, vous, vous êtes en France à ce moment-là, et vous vous dites qu'il faut créer un groupe spécial pour former une unité qui est capable d'intervenir sur ce type d'événement ?

  • Speaker #1

    Voilà, pour faire court et comprendre... Ce qui m'a amené là, ce n'est pas simplement le fait que j'ai voulu m'imposer. C'est que la gendarmerie avait déjà eu deux problèmes de prise d'otages qui ne sont pas des prises d'otages politiques, mais c'est à peu près la même chose sur les... les auteurs et les intervenants dans la prise d'otages, c'était Sestas, qui est un père de famille, qui se retranche avec ses enfants, et il menace de tuer ses enfants. Si on intervient, les gens interviennent sans analyse psychologique, et comme souvent les forcenés, qui sont à bout, ils mettent à... leur menace à exécution. Et une autre qui était une prise d'otage dans une prison à Clairvaux. Elle s'est déroulée en 71. Sesta, c'était en 69. Où là, également, on n'a pas compris ce qui se passait. On ne savait pas gérer la crise. on n'avait pas les moyens pour, les gens entraînaient on a dit, comme il y avait une femme dans les otages qui était assistante sociale et deux otages, un gardien de prison et une assistante sociale les autorités se sont dit ils n'allent pas assassiner, ils n'avaient qu'un couteau ils ne vont pas assassiner de sang froid une femme avec cette idée préconçue. Et malheureusement, au bout de l'intervention, qui en plus a été très longue du fait du manque de technicité du personnel employé, ils finiront par arriver, c'est-à-dire une quinzaine de minutes après le début de l'opération. Opération dans lesquelles on découvre tout de suite que c'est la vitesse d'exécution qui compte, la rapidité. Malheureusement, quand ils sont arrivés, les deux otages avaient été égorgés. Et ces échecs pour la gendarmerie ont été dramatiques. Moi, j'étais en gendarmerie en 71, à l'école des officiers, et tout de suite, ça m'a interpellé. Comme l'année suivante, alors que j'étais en unité, en escadron, alors que nous avions une formation qui commençait déjà à se pencher sur ces problèmes particuliers d'arrestation. difficultes, de preneurs d'otages. Il y avait beaucoup de prises d'otages dans les banques à l'époque.

  • Speaker #0

    Oui, pour les braquages.

  • Speaker #1

    Oui, parce qu'il y avait de l'argent dans les banques. Ce n'était pas des cartes de crédit. Et il y avait beaucoup de braquages dans les banques, ce qu'on voit actuellement sous une autre forme avec... les gens qui ont les nouvelles monnaies, les crypto-monnaies, les deux exemples, à Grèce on le montre, ou la dernière qui était une tentative, les malfrats vont où il y a du pognon. on ne pêche pas en endroit où il n'y a pas de poisson.

  • Speaker #0

    C'est vrai.

  • Speaker #1

    Essayer de faire un sourire sur des événements dramatiques. Et moi, j'étais en charge de l'instruction d'une de ces unies, dans le centre qui formait ces personnels un peu plus aguerris, parce qu'également, le but était de former des gens qui avaient des problèmes, il y avait beaucoup de problèmes dans le maintien de l'ordre, difficiles, ce que l'on connaît également actuellement. Vous savez, l'histoire se répète, voire elle bégaye. Et en tant qu'instructeur, j'ai été remarqué, et j'avais fait un petit mémo sur ce qu'on appelle maintenant le rétexte, le retour sur l'expérience de Munich, en disant pourquoi, selon moi, Munich avait échoué, et pourquoi, si on ne formait pas, on ne préparait pas les gens avec une approche tactique spécifique à la prise d'otages, dans un contexte de paix, on aurait les mêmes résultats que les Allemands, c'est-à-dire un échec. Alors on a dû penser que peut-être ma forfanterie pouvait être utile, comme le commandant du centre, pendant les périodes où j'encadrais, avait remarqué que j'avais une approche un peu particulière. Lorsque la Gendarmerie a décidé de former cette unité, il a donné mon nom, j'étais un jeune lieutenant, et j'ai eu l'honneur de mettre en place ce que j'ai fait. ce que je pensais être indispensable pour réussir au niveau professionnel.

  • Speaker #0

    C'est le cas. J'aimerais bien comprendre à ce moment-là, quand vous êtes en charge justement de former cette équipe ou ce groupe, quels sont les critères que vous vous imposez, ou en tout cas que vous décidez important dans la sélection des hommes pour former justement cette équipe au niveau physique, mental, etc.

  • Speaker #1

    Alors, j'aime bien dire que c'est bien de... de regarder sur une unité comme le giligène, avec tout ce qu'elle représente, mais dans le fond, ce n'est jamais que de l'humain. et qu'on retrouve à peu près les mêmes choses dans tous les corps de métier. Parce que vous n'obligez pas quelqu'un à faire quelque chose qu'il n'a pas envie de faire. Or, à Munich, on a choisi des gens pas vraiment volontaires. Une partie du commando d'ailleurs, pour l'anecdote, mais qui explique cela. ceux-ci expliquant cela, à quitter l'avion qui servait de leurre dans lequel ils étaient censés représenter un équipage et neutraliser une partie du commando. sentant qu'ils n'avaient pas les moyens de faire ce pour quoi ils avaient été désignés, même s'ils avaient accepté, ils étaient obligés d'obéir, ils sont partis. Ce qui fait que l'intervention n'a plus reposé que sur des pseudo-tireurs de litre qui n'étaient pas entraînés. Il en restait cinq qui se sont retrouvés à devoir intervenir. sans formation, sans préparation initiale, sauf une préparation qu'ils avaient dans des clubs de tir, puisque c'est comme ça, malheureusement, qu'ils ont été choisis. Et comme il y avait huit terroristes et qu'ils étaient cinq, il n'y a pas besoin d'être… d'avoir Bac plus 5 antiterrorisme, pour comprendre, ça a posé un problème. À la fois, donc, le manque de détermination, le manque de formation et le manque d'équipement. Alors, vous avez ce triptyque. C'est pour ça que je dis qu'il est valable partout. Si au départ, d'une mission, quelle qu'elle soit, vous n'avez pas des gens qui sont volontaires, qui acceptent la mission en connaissance de cause, c'est un deal entre vous et eux. eh bien, vous n'y arrivez pas. Si en plus, vous ne les formez pas, c'est la double peine. Et si en plus, ils y vont en maillot de bain face à des gens armés, on voit le résultat. Ou pour autre chose, si par exemple, ils ne maîtrisent pas le dossier technique sur lequel ils sont chargés d'intervenir dans une entreprise, vous conduisez la mission à l'échec.

  • Speaker #0

    Complètement. C'est super intéressant cette partie entreprise. on pourra... on va en parler un peu plus tard sur les parallèles, sur la partie sélection des personnes, donc triptyque, formation, détermination, formation et outils. Sur la partie formation, comment vous mettez en place les premières actions pour justement former ces personnes ? Comment se passent les entraînements ? Qu'est-ce que vous choisissez ? Voilà, c'est la question qui me vient à l'esprit.

  • Speaker #1

    Alors, la phase de formation est d'autant plus importante. Alors, bien sûr, au départ, on a gagné, vous avez des volontaires, donc vous avez des gens. qui savent où ils vont et où ils y vont. C'est déjà pas mal. Ça, c'est une première chose. Ensuite, vous les avez sélectionnés en fonction de critères qui ne sont pas forcément objectifs, qui sont des critères physiques, dans la mesure où vous essayez de ne pas partir de trop bas. On peut faire un très bon opérationnel de quelqu'un, mais s'il a des bases physiques, ça aide. Bien sûr. Surtout dans ces métiers. ces bases physiques pour être autre chose, ce qu'on appelle l'aptitude, à une mission. Et cette aptitude, comment on la définit ? Suivant le sujet de la mission, un certain nombre d'aptitudes sont indispensables. Par exemple, et puisqu'il s'agit de ça, dans une approche tactique, ce qui est important... Ce n'est pas le cheminement. Ce n'est pas d'aller du point A au point B. C'est au moment où vous êtes devant la porte et qu'il faut intervenir. Mais en allant du point A au point B, vous avez des obstacles qui peuvent être des obstacles de l'ordre du temps. Il y a un temps pourri, il fait froid. Donc, il faut que les gens aient une résistance. C'est bête. Sur certaines opérations... une emblématique très connue à Djibouti dans l'opération de l'Oyada. On était en plein désert. Si les gens ne résistent pas sous le cagnard… Ça,

  • Speaker #0

    c'était un bus.

  • Speaker #1

    C'était un bus,

  • Speaker #0

    absolument.

  • Speaker #1

    Si les gens ne résistent pas, n'ont pas la formation initiale qui leur permet d'être, comme on dit tout le temps, ils ont beau être peut-être les meilleurs techniquement, S'ils n'ont pas cette résistance, la résistance également par rapport à la volonté de pouvoir poursuivre la mission. Je vous donne un exemple tout bête. Si les gens ont une tendance à baisser les bras tout de suite, donc ce qu'on appelle dans d'autres sujets la résilience, se mettre en perspective que ça peut durer une heure, que ça peut durer trois jours, et qu'il faudra avoir à peu près... la même aptitude, détermination. Et surtout, l'avoir conservé au bout de trois jours.

  • Speaker #0

    Vous l'aviez naturellement, ça ?

  • Speaker #1

    Pardon ?

  • Speaker #0

    Vous l'aviez naturellement, vous, cette forme de détermination, de résilience ? Vous l'avez aussi développée ?

  • Speaker #1

    Je pense que je l'avais, parce que tout ce que j'ai conçu... est mis en place, j'ai copié personne. J'ai créé une unité à part entière. Et pour en revenir au franchissement, par exemple, il y a un élément qui n'a rien à voir avec l'élément technique, un élément technique, mais qui est un élément physiologique. On ne prend pas les gens qui ont une tendance au vertige. C'est ce que je vous disais par rapport au franchissement. Si vous devez aborder un immeuble par les balcons, si tout d'un coup, le... La personne que vous avez mise au poste B, qui doit faire une diversion par exemple, est prise de vertige, elle perd complètement ses capacités, votre opération est foutue. Donc c'est un des exemples avec la résistance physique, avec un niveau d'entraînement régulier. Il ne suffit pas de sélectionner les gens comme ça se fait dans certaines unités que je ne citerai pas, où tout d'un coup on dit, on a sélectionné des gens. Et puis après, à partir du moment où ils sont rentrés, c'est acquis pour la vie. Pas du tout. Au GGN, on a mis en place, et je l'ai fait quand j'ai formé les premiers, on a mis en place des thèses de sélection. Des gens ont été pris en fonction de certaines aptitudes. Mais après, on entretient cette formation, cet entraînement, avec ensuite tout un tas de techniques destinées à leur donner confiance à eux. C'est un élément majeur de la formation, c'est la confiance en soi. Et pour avoir confiance en soi, il faut qu'ensuite, quand vous arrivez dans la deuxième phase préparatoire, c'est la mise en condition. On se les exclutionne les bonnes personnes et on les met en condition. Et ensuite, on leur apporte l'aptitude tactique, technique et tactique. Mais il faut avant que les gens soient en condition de résistance, je l'évoquais. Et dans l'aptitude tactique, il y a des choses auxquelles vous pensez bien évidemment, s'agissant du gégène, c'est le tir, etc. Mais il y a beaucoup d'éléments dans beaucoup de métiers où c'est prépondérant du boulot. C'est que les gens sachent le faire et le connaissent. Mais surtout, un élément qui est important, c'est que quand les gens ont acquis ces compétences, qu'ils ont un savoir-faire, Il faut les mettre en situation. Faire découvrir aux gens, comme ça s'est passé à Munich, quand ils se sont retrouvés dans cet avion déguisés en pilote et en steward, les types se sont dit « Ah ben non, quand ils vont rentrer, on va peut-être pas être capables. » C'est comme ça qu'ils ont fait un abandon de poste. Si vous ne mettez pas les gens en situation, c'est criminel. Et il est donc important que les gens, pendant leur préparation, découvrent ce que va être leur métier et ne le découvrent pas le jour où vous les mettez face à une porte derrière laquelle les attendent un type avec une arme.

  • Speaker #0

    Est-ce que l'exercice en situation que vous créez pour reproduire ce qui potentiellement peut arriver, mentalement, est-ce que c'est quand même la même chose ? Est-ce que les opérateurs arrivent à se mettre dans ces conditions de terrain ? Parce que j'ai l'impression qu'il y a quand même une différence entre la réalité et ce que vous faites en entraînement. Ou est-ce qu'ils sont capables justement d'aller chercher cette...

  • Speaker #1

    Vous avez tout à fait raison. Même si on approche les gens de la réalité, puisque les exercices sont faits à balles réelles.

  • Speaker #0

    Ah oui, d'accord. C'est ça déjà, je ne savais pas.

  • Speaker #1

    Donc, ça permet de mettre les gens, d'ailleurs, dans des endroits qui ont été conçus pour ça. que nous n'avions pas au départ, mais nous utilisions des immeubles désinfectés. Et quand j'ai construit la caserne de GIGN, on a construit à l'intérieur ce qu'on appelle les salles de situation dans lesquelles vous pouvez tirer, où vous savez qu'il n'y aura pas de ricochet, que l'exercice ne mettra pas en danger vos hommes. Mais vous avez cette mise en situation, on dit, à double effet. Parce qu'on fait du jeu de rôle, puisqu'on met en place des gens qui sont GIGN, mais qui doivent jouer les otages. Alors, au départ, ça a été relativement compliqué. Il n'y avait que moi qui savais où je voulais aller et qui ai construit mes jeux de rôle.

  • Speaker #0

    Le metteur en scène.

  • Speaker #1

    Mais après chaque opération, et il y en a eu assez rapidement, on a gardé ces opérations comme étant des modèles, à la fois dans ce qu'elles avaient de bon. Et surtout parce qu'on apprend plus des échecs.

  • Speaker #0

    bien sûr

  • Speaker #1

    Des points qui n'ont pas bien fonctionné. Et tout le GIGN actuel bénéficie de 50 ans d'expertise.

  • Speaker #0

    D'expérience.

  • Speaker #1

    D'expérience.

  • Speaker #0

    OK. J'aimerais bien savoir ce qui se passait, vous, dans votre esprit, parce que vous commandiez le groupe. Ce qui passait dans votre esprit avant une opération ? Alors, c'est compliqué, parce que c'est toujours de la crise. Donc, en fait, vous êtes appelé dans l'heure. Il faut intervenir très rapidement. Ça doit être compliqué de garder son sang froid. Quand on vous appelle sur une situation de crise, comment vous faisiez-vous ? Qu'est-ce qui se passait dans votre esprit à ce moment-là ? Si vous aviez un exemple aussi pour illustrer la chose. Pour ne pas paniquer, en fait, c'est ça la question.

  • Speaker #1

    Quand vous êtes sûr que vous êtes... Ma force, moi, c'était mes hommes. Pour mes hommes, mon surnom au groupe, c'est Le Grand. Le Grand est là, donc ça va bien se passer. Donc c'est dual, c'est bien univoque. Ça joue sur les deux. Et après, vous êtes trascendé par la mission. C'est ce qu'on appelle dans notre jargon les états d'exception. Mais malheureusement, ça se produit également en face de nous. Les gens contre lesquels on est amené à intervenir pour les interpeller, ils ont dans leur esprit une mission, qu'elle soit divine si c'est pour des gens qui se revendiquent de Dieu, ou des gens parce qu'ils sont obsédés par une situation personnelle, familiale. ou parce qu'ils se sont mis eux-mêmes dans une situation, dans le cas d'une prise d'otages due à, on pourrait dire une attaque de banque, ou même dans une entreprise, parce que, du coup, il y a des gens qui, comme on dit, pètent un plomb dans une entreprise, et se mettent dans une situation infernale, où ils ont l'impression que seule la confrontation verbale et physique frontale, c'est la seule chose qui va... répondre à leurs questions. Donc c'est ce qu'on appelle dans notre jargon des états d'exception, où tout un tas de données que vous connaissez, qui sont apparemment formelles et immuables, le temps par exemple, ne sont plus les mêmes. La faim, le froid, la peur, la peur n'existe pas. Et les gens qui sont en état d'exception, vous l'avez peut-être vécu sans vous en rendre compte, dans un réflexe que vous avez eu en conduisant une voiture, vous avez évité un accident. Et vous avez eu une partie de vous, qu'on appelle le cerveau reptilien, qui à travers les acquis de la formation, mais également des acquis qui nous viennent de Cro-Magnon, font que votre corps réagit avec un temps d'avance par rapport à une analyse. vous auriez. Par contre, et pour répondre à votre question, vous n'en faites pas, je suis toujours...

  • Speaker #0

    Je suis avec vous.

  • Speaker #1

    Par rapport à votre question, le fait de partir en alais, déjà, ça vous met en état d'exception. D'accord. Le bip qui sonne, maintenant, c'est un bip. À l'époque, c'était un deux-tons ou un coup de téléphone, puisque il n'y a pas de téléphone sans fil. Mais tout de suite, vous êtes mobilisés. Vous savez que vous allez sur une opération. Et ça change complètement la donne. Et ça, c'est quelque chose qui est connu, mais qu'il faut cultiver. D'accord. Et on essaye de mettre les gens à travers des départs artificiels aussi, ça peut se faire. Ah d'accord, ok. Pour voir s'il y a une réactivité qui est importante, quitte à ce que les gens après découvrent que c'est un exercice.

  • Speaker #0

    Intéressant. Ah oui, d'accord, c'est un posteriori. Oui, oui. Pour vraiment simuler le départ.

  • Speaker #1

    C'est la mise en œuvre qui est artificielle, mais ça met les gens en situation. Oui. Et puis après, vous avez toute la dynamique où vous chargez les véhicules, parce qu'il y en a qui sont préchargés, ils sont, comme on dit, sur roues. D'accord. Mais les hommes amènent leur propre équipement et on voit la vitesse d'exécution pour la mise en place. Ça met les gens en difficulté, c'est intéressant.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous faisiez de la visualisation, une forme de préparation mentale pour s'entraîner aussi quand vous n'aviez pas des entraînements physiques ou réels ? Est-ce que vous imaginiez certaines situations pour essayer de, pas d'anticiper, mais en tout cas, peut-être de vous améliorer sur certains sujets, comme le tir, comme le franchissement ?

  • Speaker #1

    Alors après, l'important, quand on a donné un moyen aux gens, les gens techniques, combat à main nue, tir de précision, apprendre à désarmer quelqu'un. Après, vous faites des mises en situation. On l'évoquait tout à l'heure. Mais également, vous essayez d'anticiper sur la forme de la menace. Je vous donne un exemple tout bête. La menace existait, elle était réelle. C'était les détournements d'avions. À l'époque de Munich, au début de l'histoire du GIGN, il y avait à peu près dans le monde entre 80 et 100 détournements d'avions par an. Tout le monde l'a oublié.

  • Speaker #0

    80 et 100 détournements par an ?

  • Speaker #1

    Oui, oui. les chiffres et petit à petit on a durci les contrôles les accès nous mais malgré tout en 94 marignane s'est déroulé mais avant nous avions fait d'autres détournements d'avion donc on entraîner les gens sur des avions. On entraînait les gens sur des Caravans, sur des 747, sur des Boeing, sur tous les modèles. Et en même temps, on avait mis en place des protocoles avec Air France, après avec Airbus, pour à la fois donner aux gens qui font les avionneurs, essayer de faire évoluer la configuration des appareils pour anticiper sur une... intervention éventuelle.

  • Speaker #0

    D'accord, ok, donc les avions sont contribués.

  • Speaker #1

    Il y a une dualité qui se fait entre les constructeurs, et puis, avoir les moyens que l'on nous prêtait, bien sûr, pour ne pas les démolir, mais sur certaines fois, dès le début du groupe, d'ailleurs, on a eu le premier avion à démolir qui était un DC-8, on l'a démoli à Orly, pour savoir ce que faisait un impact de balle, comment faisait un ricochet, comment fonctionnait, on pouvait fonctionner avec les... le CB en poudre à l'intérieur des avions pour créer cette angoisse respiratoire qui donne un avantage tactique la poudre de CB un peu comme de la farine pas les gaz que l'on voit en maintien de l'ordre mais vraiment une haute concentration dans un avion ça fait un effet de piston parce que l'avion est fermé donc le jet de poudre pose problème donc il faut aller calculer tout ça, le vérifier être sûr de soi et ces entraînements sur avion avec le soutien à la fois d'Air France, d'Air Inter à l'époque aussi, mais également Airbus, a permis d'être en configuration. Mais également, travailler sur des pétroliers, travailler sur des bateaux de croisière, etc.

  • Speaker #0

    Il y a eu des interventions sur des bateaux ?

  • Speaker #1

    L'entraînement, d'opération. Mais par exemple, avant Marignane, il y a eu trois prises d'otages dans les dix ans. dans les 94. Donc, dans les 20 ans qui ont précédé Marignane, il y a eu trois détournements d'avions importants qui ont été résolus. Donc, c'est l'expertise du GGN qui a fait qu'ils ont pu faire Marignane. Ça ne vient pas de nulle part.

  • Speaker #0

    C'est sûr. Donc, beaucoup de préparation de ce que j'entends pour essayer de contrôler l'imprévisible. Oui. Éviter ça. Est-ce que vous aviez... Alors, il y a quand même des situations parfois dramatiques. J'imagine, est-ce que vous aviez des suivis psychologiques déjà dans ces cellules-là, ou en fait vous considériez que c'est des personnes de toute façon entraînées et suffisamment fortes psychologiquement pour résister à tout ?

  • Speaker #1

    Alors, on a considéré nous que ce qui est salvateur au GIGN, c'est le GIGN. C'est-à-dire que quand les gens ne sont pas bien, la solution doit être au GIGN. Sinon, les gens ne peuvent pas rester. Si vous avez quelqu'un qui est déstabilisé et qui est obligé d'être allé chez un psy pour savoir comment il va, vous ne pouvez pas lui demander d'être dans ce qu'on appelle un binôme, puisque vous voyez toujours dans les images les gens qui font le petit train. Mais a priori, au départ, les gens travaillent toujours à deux. Il y a un qui est devant et l'autre qui l'appuie. S'il y a une rupture dans le binôme... Ce n'est pas le quatrième ou le cinquième de la colonne qui va résoudre le problème. Donc, cet aspect de confiance de l'un en l'autre, avec un exercice que vous avez sûrement vu à travers les images, du tir de confiance, qui fait qu'on doit tirer sur quelqu'un avec lequel on va travailler pour qu'il ait la confiance dans votre qualité de tireur, bien sûr avec des protections et tout, mais qui montre que vous apportez votre confiance à celui qui sera à côté de vous et dont... pourra dépendre de votre vie au moment où c'est vous qui serez, comme on dit dans notre jargon, le premier à marcher.

  • Speaker #0

    Alors ça,

  • Speaker #1

    c'est la partie qui concerne le soutien de chacun. Mais, je comprends tout à fait votre question, elle peut venir d'après une opération où il y a une rupture. C'est arrivé avec un garçon qui a été le premier blessé au GIGN avec son 1GD par balle. on s'est rendu compte, et sur tout ce qui était important, et c'est là où la formation au groupe est nécessaire, il s'est rendu compte lui-même qu'il était fragilisé et qu'il ne les retournerait plus. Il n'a pas été tu

  • Speaker #0

    Il a été sauvé par son gilet pare-balles. Et malgré tout, il est venu me voir pour me dire, mon capitaine, je devais être capitaine à l'époque, mon capitaine, je ne pourrais plus y aller, je veux mettre mes camarades en danger. Alors, c'est une forme de courage. C'est monstrueux.

  • Speaker #1

    De l'assumer.

  • Speaker #0

    De l'assumer. Et c'est également, on s'en rend compte. Vous voyez, ça répond à votre question. Le regard que pourrait avoir ou son binôme ou un autre garçon du groupe sur une hésitation dans le cadre de la mise en place d'une opération, qui fait qu'il n'aurait pas envie d'aborder cette situation. Alors vous pourriez me dire, à juste titre, mais il est possible qu'il y en ait. qui se voilent la face et qui se montent à eux-mêmes. Je suis tout à fait d'accord, mais on se connaît suffisamment gros. Il y a une telle... C'est très, très particulier. Si on ne connaît pas ce fonctionnement, on ne peut pas le comprendre. Mais on sait, par exemple, quand un type a son fils, un de ses enfants malades... on lui évite de le mettre en situation d'être vulnérable.

  • Speaker #1

    Donc le groupe fait qu'il y a une forme de protection et d'entraide et de prévention.

  • Speaker #0

    Et sur des éléments que seul le groupe peut comprendre. Si vous êtes obligé de faire une analyse à un type pour savoir s'il va repartir en opération, vous avez déjà perdu.

  • Speaker #1

    Donc le groupe est le meilleur psychologue du groupe.

  • Speaker #0

    Absolument, c'est le meilleur psychologue. et ça a permis... à certains garçons de surmonter leur handicap, de l'accepter, et à ce moment-là, de décider de ne plus continuer.

  • Speaker #1

    Ça m'inspire énormément sur d'autres sujets, en plus dans le civil, dans l'entreprise, à des niveaux moindres, évidemment. Oui, absolument. C'est de l'inspiration. Ok. Je vois que le temps file. On va passer sur la partie GSPR. Oui.

  • Speaker #0

    Alors, juste, la formule... est bonne pour tout le monde, ça lui vient toujours de l'intérieur.

  • Speaker #1

    C'est vrai.

  • Speaker #0

    Parce que, quel que soit le psy, quand vous en êtes là, vous en êtes, vous sortez du cadre dans lequel la personne a été déstabilisée. Et avec quelqu'un qui connaît l'humain, c'est sûr, mais qui ne connaît pas les situations dans lesquelles il a été perturbé. C'est valable pour une entreprise. Si on ne fait pas partager au sein de l'entreprise cette problématique, eh bien, les problèmes arriveront avant qu'ils soient révélés.

  • Speaker #1

    Ça, c'est les dirigeants qui essayent de mettre sous le tapis des situations critiques, parfois. Et en fait, les collaborateurs s'en rendent compte forcément à un moment qu'il n'y a plus de capitaine.

  • Speaker #0

    Il faut être à l'écoute, ça fait partie du job. Moi, j'aime bien les formules un peu courtes. Les militaires, on est un peu spécialistes. Peut-être parce que, comme disent ceux qui nous aiment moins, on a 20 mots de vocabulaire tantôt nomatopés.

  • Speaker #1

    J'ai pas l'impression, là. Et qu'inscrit Clituron.

  • Speaker #0

    Mais je pense que ça a l'avantage d'éviter les circonvolutions et de partir dans tous les sens. On dit une troupe manœuvre à l'image de son chef. Et c'est valable partout. Complètement. Une équipe manœuvre à l'image de celui qui la commande.

  • Speaker #1

    On le voit dans beaucoup de domaines.

  • Speaker #0

    L'anime.

  • Speaker #1

    Complètement.

  • Speaker #0

    Bon, on peut passer à la...

  • Speaker #1

    Oui, mais merci pour cette précision. Pour le GSPR, moi, ce qui m'intéresse, c'est la partie stress. Parce qu'en fait, j'ai l'impression qu'on... Quelque part, on ne peut pas dormir sur ses deux oreilles quand on est en protection du président. Alors, quelque part, on dit que c'est la personne la plus importante de l'État. Alors, deux questions. La première, c'est pourquoi vous avez créé cette protection spéciale ? Je pense que ça vient aussi de votre expérience avec le GGN. Et en fait, deuxièmement, comment on fait au quotidien pour gérer ça ? Puisque pour moi, il y a une forme d'inquiétude constante. La menace peut venir de partout et tout le temps.

  • Speaker #0

    Alors, vous avez tout à fait raison. Être aux aguets, c'est difficile et usant. Et ce qui est terrible, c'est que c'est quand vous ne l'êtes plus que ça arrive. et amener les gens à travailler. Alors qu'au GIGN, les opérations, il y a l'entraînement, mais je mets à l'épreuve cet entraînement par les opérations. Donc il y a la preuve par neuf. Au GSPR, si la preuve par neuf arrive, c'est qu'on a raté quelque chose. Sauf si on a anticipé, et qu'effectivement, une attaque... a été neutralisée. Alors, pour faire en sorte que cette espèce de perception continue de la menace, puisque c'est une menace continue, ait amené les gens à être osagués, elle passe, on en revient à la même chose, à la formation. le GSPR, contrairement à ce qu'imagine certains, c'est pas simplement avoir un truc dans l'oreille.

  • Speaker #1

    C'est ce qu'on imagine un peu.

  • Speaker #0

    Des belles Ray-Bans, un beau costume, et puis une arme que l'on ne voit pas. et que l'on sait rassurante parce qu'elle est au holster. Non, c'est quelqu'un qui prépare et qui fait des exercices à la fois au niveau de la conduite, si l'agression peut être, mais au niveau du déplacement de la personnalité et mettre en place un certain nombre de réactions pour avoir la réactivité adaptée à la menace, ce qui n'est pas forcément au départ une menace due à une arme d'assaut ou à une arme de poids, mais qui peut l'être. par l'enthousiasme d'une foule. Ah oui.

  • Speaker #1

    Déplacement du président au salon de l'agriculture.

  • Speaker #0

    Voilà. Tout ça est assez compliqué et ne peut fonctionner qu'avec un entraînement. Et cet entraînement, tel que je l'avais mis en place sur le GESPR, qui était que version gendarmerie, comme je ne sais pas comment ça se passe actuellement, je ne vais pas vous en parler, mais comme c'est moi qui ai donné le nom à cette unité, j'en parle tel qu'il a été conçu. On travaille sur ce qu'on appelle la théorie des cercles. quatre cercles concentriques autour de la personnalité. Donc, ce point de vue tactique est important. Le premier cercle, le contact, celui qu'on évoquait, qui est les hommes qui sont soit trois, soit cinq. On appelle ça le triangle ou le diamant, s'ils sont cinq. Et ces personnes... On dit que c'est le premier cercle, mais en fait, dans la réalité, c'est le dernier. Parce que c'est au moment où ce cercle intervient...

  • Speaker #1

    Oui, d'accord, c'est dans l'autre sens que ça... Oui, oui, c'est vers le centre.

  • Speaker #0

    Pour que ça soit plus explicite au niveau des gens, on dit le premier parce qu'il est le premier au contact. Mais c'est le dernier. Ça veut dire que tous les autres ont failli avant. Donc le deuxième cercle correspond non plus à une agression, à une attaque. ou verbales, ou sacs de farine, ou même parce que personne ne veut faire la bise au président, parce qu'il ne faut pas oublier, ou on a tendance à l'oublier, que la sécurité telle qu'on l'imagine, ce n'est pas la seule problématique de la protection d'une autre personnalité. Vous avez l'atteinte à l'image, qui est très importante. Cette personnalité, surtout quand c'est en régime présidentiel, cette personnalité... une atteinte à son image peut être dévastatrice. Donc, il y a tout un tas d'éléments qu'il faut prendre en compte. Donc, ce premier cercle est important par rapport à la riposte. Si elle est trop violente, par exemple, alors que ce n'est pas une agression, qu'on n'a pas mesuré que l'agression, c'était un manque, une manifestation d'affection démesurée, c'est contre-productif. Oui,

  • Speaker #1

    oui, oui. Ah oui, d'accord, oui. Je prends un exemple, c'est pas ce que je pense à ça, mais quelqu'un tout nu qui vient essayer de prendre une photo avec le président, si vous faites une riposte trop violente, c'est pas adapté. Absolument.

  • Speaker #0

    Et le deuxième cercle, à ce moment-là, c'est plus ce type d'agression, mais on est tout de suite sur une arme. Donc c'est suivant ce qu'on appelle la cathédrale de tir, c'est-à-dire la distance qui est entre l'agresseur et l'objectif. C'est entre... suivant qu'il y a du monde, qu'il y en a moins, qu'il y a des immeubles, qu'il y a des espaces. C'est entre, disons, 15 et 50 mètres. Donc, c'est évalué, ce deuxième cercle, en fonction des lieux. Après, vous avez le troisième cercle, ce qui est arrivé à Trump.

  • Speaker #1

    Oui. Ah oui,

  • Speaker #0

    oui. Un tireur longue distance. Oui. Là, en l'occurrence, il n'était pas à très longue distance, mais quand même.

  • Speaker #1

    Sur l'oreille,

  • Speaker #0

    oui. Il y aurait eu, dans un schéma de type... j'espère, ça aurait été fouillé et tenu. Parce qu'il ne s'agit pas que de fouiller, il s'agit de tenir, pour ne pas que pendant que vous tournez le dos, quelqu'un vienne prendre la place. Et il y a un quatrième cercle, qui est prépondérant, qui est virtuel, c'est le renseignement. Donc le renseignement d'ambiance, pour savoir qui va assister à la venue de l'autorité. un renseignement sur la politique intérieure et un renseignement sur la politique internationale et la géopolitique. Et ce renseignement permet d'anticiper un certain nombre de situations où, si on n'avait pas ce renseignement... Si on n'avait pas pu anticiper, à ce moment-là, on serait retrouvé au contact de l'agression, et peut-être un peu trop tard. Quand vous voyez ce qui s'est passé dans l'histoire des agressions des différentes personnalités, je sais à chaque fois, ce que je viens de vous expliquer, une rupture d'un de ces quatre cercles. Chose qui n'existait pas quand j'ai créé le GESPER. Donc j'ai conçu le GESPER, à l'instar du GIGN, en me mettant en situation par rapport à une problématique particulière, en me disant qu'est-ce qu'on a fait jusqu'à présent qui ne fonctionne pas, pourquoi ça ne fonctionne pas, ce qu'il faut faire pour que ça fonctionne.

  • Speaker #1

    Et pendant tout, je ne sais pas si c'est un mandat, mais je vais appeler ça le mandat, vous avez protégé le président, vous n'avez pas eu d'intervention, vous n'avez pas eu à intervenir, je veux dire ?

  • Speaker #0

    Non, le GSPR n'a pas eu à intervenir. Tant mieux,

  • Speaker #1

    mais...

  • Speaker #0

    Avec un réflexe, et là c'est une atteinte à l'image, où un de mes hommes a attrapé une tomate qui était jetée sur le prénom.

  • Speaker #1

    Le réflexe.

  • Speaker #0

    Et je peux vous dire que pour le président de la République, il me l'a dit d'ailleurs. Il ne m'a pas dit ce que je vais vous dire, mais dans son esprit, ça aurait été aussi grave que de prendre une balle.

  • Speaker #1

    Ah oui, d'accord. L'humiliation. Oui, à ces niveaux de responsabilité, je pense qu'on ne se rend pas compte de l'importance de l'image. Je vois que le temps est passé très, très vite.

  • Speaker #0

    Alors, juste une question que c'est moi qui aurais dû vous le préciser. Allez-y. Ils sont tous volontaires.

  • Speaker #1

    Ah oui, très bonne question.

  • Speaker #0

    On en revient. aux triptiques que vous avez bien noté tout à l'heure, donc des volontaires, des gens formés et des gens équipés.

  • Speaker #1

    J'allais vous poser la question pour terminer, à destination des civils, donc de mes auditeurs, comment peut-on progresser aussi mentalement, à l'instar de l'équipe du GGN, comme vous l'aviez fait ? Est-ce que vous auriez des conseils pour essayer de renforcer son mental ? Parce que vous, finalement, ça a été aussi... via l'expérience, mais si vous avez des décisions.

  • Speaker #0

    Je pense que tout démarre de soi. Or, la mise en situation, se mettre en perspective, ne rien attendre. Bien sûr, on est dans une équipe, on va fonctionner dans une équipe. Mais se dire qu'au départ, une partie du fonctionnement, elle vient de vous. La manière dont... Vous vous mettez dans votre travail. Faites en sorte que vous êtes perméable à ce qui doit se passer autour. Et à ce moment-là, ne pas hésiter à dire quand ça ne fonctionne pas bien. Et souvent, on a une espèce de pudeur ou peut-être même un manque de confiance en soi. qui fait qu'on est en deçà du rôle que l'on a, et de ce fait-là, on rend vulnérable l'ensemble du dispositif. Et vous voyez bien que ça s'applique à beaucoup de choses. La vulnérabilité dans une entreprise, étant la manière dont la mission est exécutée, et donc à ce moment-là, l'entreprise est efficace ou elle l'est moins. Et chacun a dans cette entreprise et à son poste un rôle. qui est bien sûr à la mesure de ce qu'on lui confie, mais qui peut légèrement être meilleure, si tout d'un coup, on a une vision et on n'ose pas le dire, alors que peut-être on a vu quelque chose que d'autres personnes ne l'avaient pas vu. Et pour en revenir à soi, comment se former ? Eh bien, il faut se remettre en cause. C'est une remise en cause. Et c'est ça, par rapport au GSPR, qui est important. Le plus grand danger au GSPR, c'est l'habitude. Le plus grand danger pour tous les métiers. C'est l'habitude. C'est un danger quand on conduit. C'est un danger dans son métier parce que ça ronronne et on ne voit pas venir ce qui,

  • Speaker #1

    d'un coup,

  • Speaker #0

    va déstabiliser ou mettre en défi. Donc, évitez de faire en sorte que, selon le terme qui va dans les deux langues, ça devienne une routine.

  • Speaker #1

    Super intéressant. Je pense qu'on peut terminer là-dessus.

  • Speaker #0

    Merci de m'avoir suivi.

  • Speaker #1

    Merci à vous d'être venu.

  • Speaker #0

    Et d'avoir partagé avec vous ces considérations de quelqu'un qui a quelques heures de vol, un peu d'expérience. Mais je pense que, contrairement à ce que disait Mao, l'expérience des autres n'est pas un peigne pour les chauves. En condition qu'on les écoute.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Je vous en prie, c'est moi qui vous remercie.

  • Speaker #2

    Merci d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. J'espère qu'il vous a plu. et que vous avez appris des choses. Si c'est le cas, merci de mettre 5 étoiles sur Apple Podcasts ou Spotify et surtout de partager cet épisode autour de vous. N'hésitez pas à me faire part de vos retours pour les prochains épisodes. Je vous dis à bientôt sur Objectif Mental.

Share

Embed

You may also like

Description

Dans cet épisode exceptionnel d’Objectif Mental, j’ai l’immense honneur de recevoir Christian Prouteau, fondateur du GIGN (Groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale) et du GSPR (Groupe de sécurité de la présidence de la République).

Une voix rare, un regard lucide, une expérience hors norme : à 81 ans, Christian Prouteau revient avec humilité et précision sur la création de deux unités d’élite qui ont marqué l’histoire de la sécurité en France. Mais surtout, il nous livre une leçon de leadership, de préparation mentale, et de résilience applicable à tous les univers, bien au-delà des interventions militaires.

🧠 Dans cet épisode, vous découvrirez :

  • Pourquoi et comment il a fondé le GIGN après l’échec tragique de Munich en 1972.

  • Les principes fondamentaux qui ont guidé sa sélection des hommes : volontariat, formation, équipement – un triptyque valable dans n’importe quelle équipe, entreprise ou projet entrepreneurial.

  • La puissance de l’entraînement mental, de la mise en situation et de la visualisation pour affronter l’imprévisible.

  • Sa vision du leadership par l’exemple, de la confiance en soi, et de la place du groupe comme principal levier de soutien psychologique.

  • Ce qu’il appelle « l’état d’exception » : ce moment suspendu où la peur disparaît et où seule compte la mission.

  • Des parallèles saisissants entre les unités d’élite et le monde de l’entreprise, notamment autour de la gestion du stress, de la prévention de l’épuisement, et du rôle du collectif.

💡 Une phrase à retenir ?

« Le plus grand danger, c’est l’habitude. Dans une opération comme dans une entreprise. »

Cet échange est bien plus qu’un témoignage militaire. C’est une source d’inspiration pour celles et ceux qui veulent progresser mentalement, renforcer leur posture de leader, faire face à l’adversité, renforcer sa résilience, ou simplement mieux se connaître.

👤 Que vous soyez entrepreneur, salarié, sportif ou simplement passionné par le développement personnel, vous trouverez ici des repères puissants pour affûter votre mental.

Thématiques clés abordées :

  • Confiance en soi et gestion de crise

  • Résilience individuelle et collective

  • Leadership, transmission et responsabilité

  • Préparation mentale et visualisation

  • Entrepreneuriat et efficacité en équipe

🔗 Pour aller plus loin :
➡️ Abonnez-vous au podcast pour ne pas manquer les prochains épisodes.
➡️ Notez-le 5 ⭐ sur Spotify ou Apple Podcasts si l’épisode vous a plu.
➡️ Partagez-le à un proche, un collègue ou un.e manager : ce sont des paroles qui méritent d’être entendues.

Pour recevoir des tips, suivez la page instagram d'Objectif Mental : https://www.instagram.com/objectif_mental_podcast/


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue sur Objectif Mental, le podcast où l'on explore le coaching et la préparation mentale. Je suis Kevin et chaque semaine je partage des conseils pratiques, des interviews d'experts, ainsi que des témoignages inspirants d'entrepreneurs, de sportifs et d'artistes. Mon objectif est de vous aider à débloquer votre potentiel pour performer en toute sérénité, que ce soit dans votre vie professionnelle ou... extra-professionnels. Je vous souhaite une excellente écoute. Bonjour M. Proutot. Bonjour. Comment allez-vous ?

  • Speaker #1

    Comme quelqu'un qui a un certain nombre d'années mais qui essaye de les supporter et de faire un peu de vision du mieux possible.

  • Speaker #0

    En tout cas, avec le nombre d'années, vous êtes toujours pris. Là, vous venez d'un tournage à l'instant. C'est un honneur de vous recevoir. Quand j'ai créé ce podcast, je voulais absolument recevoir une personne du GGN. Et là, j'ai le fondateur, donc pour moi, c'est vraiment un honneur. Je vous remercie pour le temps que vous m'accordez. Aujourd'hui, l'idée, c'est de voir votre expérience, évidemment, à travers ce groupe qui est spécial quand même, et surtout l'aspect mental. Selon vous, votre retour d'expérience ? Avant de commencer et d'aller plus dans le détail sur ce que vous avez créé, comme vous l'aviez fait, j'aimerais que vous vous présentiez, en fait.

  • Speaker #1

    Alors, je m'appelle Christian Proutot, j'ai 81 ans, j'ai fondé le GIGN en 1973. J'ai eu un parcours militaire qui m'a conduit à la gendarmerie parce que je l'avais décidé quand je suis devenu militaire. Je suis fils de militaire, petit-fils de militaire. Donc j'ai eu un ADN, on va dire, de soldat, mais avec un côté un peu atypique, ce qui explique peut-être un certain nombre de choses. Je suis donc actuellement et depuis pas mal d'années à la retraite. J'avais terminé comme préfet en mission de service public. C'est-à-dire, l'État vous envoie faire un certain nombre de choses. Je n'ai jamais voulu être territorialisé. Donc, même si j'étais 20 ans préfet, je n'ai jamais assuré de fonction préfectorale en tant que tel. Par contre, j'ai assuré des missions, dont la sécurité des Jeux Olympiques d'hiver à Albertville. Et bien évidemment, j'ai commandé le GIGN. J'ai eu l'honneur de le commander pendant 10 ans, de sa création en 1983 jusqu'en presque 10 ans. en 1973 pendant sa création, jusqu'en juin 1983. Et ensuite, j'ai créé le GSPR, et surtout une autre mission qui était en parallèle du GSPR, qui a été commandée, lui, par un officier de gendarmerie, puisque j'ai formé les gens, préparé l'unité, fait le lien avec le président de la République, puisque mes bureaux étaient à la présidence. Et je suis resté à la fois patron de cette entité, le GSPR, pour tout ce qui est d'ordre technique, tactique et logistique. Mais il y avait plusieurs officiers qui commandaient directement sur le terrain. En parallèle, j'ai assuré la première coordination de la lutte antiterroriste, puisque c'était un problème qui se posait à l'époque et sur lequel personne n'avait véritablement travaillé. Je suis donc à la retraite depuis un certain nombre d'années, puisque la retraite du corps préféré... préfectorale, c'est 65 ans. D'accord. Voilà.

  • Speaker #0

    Le GSPR, juste pour préciser, c'est le groupe de sécurité du président de la République.

  • Speaker #1

    Absolument.

  • Speaker #0

    Donc c'est vous qui l'avez créé, avant ça n'existait pas.

  • Speaker #1

    Absolument. Il n'existait pas d'unité spécifique pour assurer la sécurité du président, avant que cette mission me soit confiée.

  • Speaker #0

    Soumise à Terran.

  • Speaker #1

    Soumise à Terran par M. Arnus, qui était ministre de la Défense à l'époque.

  • Speaker #0

    Super intéressant. On va couvrir cette partie-là. Avant d'aller sur le GSPR, on va commencer par le GGN. Oui. Pourquoi avoir créé le GIGN ? J'imagine qu'il y avait déjà un groupe de commandos avant qui s'appelait autrement. Mais ce n'était pas tout à fait le GIGN. Vous avez créé vraiment une unité spéciale là-dessus. Qu'est-ce qui vous différencie ?

  • Speaker #1

    Le GIGN est à l'origine de beaucoup d'unités dans le monde. Mais ce qui a été à l'origine, qui a déclenché la réflexion tactique sur les unités spéciales de type GIGN, c'est l'affaire de Munich, la prise d'otage. malheureuse qui s'est déroulée à Munich pendant les JO. Oui, en 72. De Munich en 72. Oui. La prise d'otage a eu lieu au début septembre. Et où la police allemande, mal formée, quand je dis mal formée, ce n'est pas formée du tout, a malgré tout essayé sur ordre de monter une opération dans des conditions complètement impensables, quand on y réfléchit, qui a conduit à l'échec que l'on connaît et au décès des otages qui étaient 11 athlètes israéliens. qui avait été pris en otage par un commando du FPLP, le Front de Libération de la Palestine, qui était composé de 8 hommes.

  • Speaker #0

    D'accord. Et donc, à la suite de cette opération, vous, vous êtes en France à ce moment-là, et vous vous dites qu'il faut créer un groupe spécial pour former une unité qui est capable d'intervenir sur ce type d'événement ?

  • Speaker #1

    Voilà, pour faire court et comprendre... Ce qui m'a amené là, ce n'est pas simplement le fait que j'ai voulu m'imposer. C'est que la gendarmerie avait déjà eu deux problèmes de prise d'otages qui ne sont pas des prises d'otages politiques, mais c'est à peu près la même chose sur les... les auteurs et les intervenants dans la prise d'otages, c'était Sestas, qui est un père de famille, qui se retranche avec ses enfants, et il menace de tuer ses enfants. Si on intervient, les gens interviennent sans analyse psychologique, et comme souvent les forcenés, qui sont à bout, ils mettent à... leur menace à exécution. Et une autre qui était une prise d'otage dans une prison à Clairvaux. Elle s'est déroulée en 71. Sesta, c'était en 69. Où là, également, on n'a pas compris ce qui se passait. On ne savait pas gérer la crise. on n'avait pas les moyens pour, les gens entraînaient on a dit, comme il y avait une femme dans les otages qui était assistante sociale et deux otages, un gardien de prison et une assistante sociale les autorités se sont dit ils n'allent pas assassiner, ils n'avaient qu'un couteau ils ne vont pas assassiner de sang froid une femme avec cette idée préconçue. Et malheureusement, au bout de l'intervention, qui en plus a été très longue du fait du manque de technicité du personnel employé, ils finiront par arriver, c'est-à-dire une quinzaine de minutes après le début de l'opération. Opération dans lesquelles on découvre tout de suite que c'est la vitesse d'exécution qui compte, la rapidité. Malheureusement, quand ils sont arrivés, les deux otages avaient été égorgés. Et ces échecs pour la gendarmerie ont été dramatiques. Moi, j'étais en gendarmerie en 71, à l'école des officiers, et tout de suite, ça m'a interpellé. Comme l'année suivante, alors que j'étais en unité, en escadron, alors que nous avions une formation qui commençait déjà à se pencher sur ces problèmes particuliers d'arrestation. difficultes, de preneurs d'otages. Il y avait beaucoup de prises d'otages dans les banques à l'époque.

  • Speaker #0

    Oui, pour les braquages.

  • Speaker #1

    Oui, parce qu'il y avait de l'argent dans les banques. Ce n'était pas des cartes de crédit. Et il y avait beaucoup de braquages dans les banques, ce qu'on voit actuellement sous une autre forme avec... les gens qui ont les nouvelles monnaies, les crypto-monnaies, les deux exemples, à Grèce on le montre, ou la dernière qui était une tentative, les malfrats vont où il y a du pognon. on ne pêche pas en endroit où il n'y a pas de poisson.

  • Speaker #0

    C'est vrai.

  • Speaker #1

    Essayer de faire un sourire sur des événements dramatiques. Et moi, j'étais en charge de l'instruction d'une de ces unies, dans le centre qui formait ces personnels un peu plus aguerris, parce qu'également, le but était de former des gens qui avaient des problèmes, il y avait beaucoup de problèmes dans le maintien de l'ordre, difficiles, ce que l'on connaît également actuellement. Vous savez, l'histoire se répète, voire elle bégaye. Et en tant qu'instructeur, j'ai été remarqué, et j'avais fait un petit mémo sur ce qu'on appelle maintenant le rétexte, le retour sur l'expérience de Munich, en disant pourquoi, selon moi, Munich avait échoué, et pourquoi, si on ne formait pas, on ne préparait pas les gens avec une approche tactique spécifique à la prise d'otages, dans un contexte de paix, on aurait les mêmes résultats que les Allemands, c'est-à-dire un échec. Alors on a dû penser que peut-être ma forfanterie pouvait être utile, comme le commandant du centre, pendant les périodes où j'encadrais, avait remarqué que j'avais une approche un peu particulière. Lorsque la Gendarmerie a décidé de former cette unité, il a donné mon nom, j'étais un jeune lieutenant, et j'ai eu l'honneur de mettre en place ce que j'ai fait. ce que je pensais être indispensable pour réussir au niveau professionnel.

  • Speaker #0

    C'est le cas. J'aimerais bien comprendre à ce moment-là, quand vous êtes en charge justement de former cette équipe ou ce groupe, quels sont les critères que vous vous imposez, ou en tout cas que vous décidez important dans la sélection des hommes pour former justement cette équipe au niveau physique, mental, etc.

  • Speaker #1

    Alors, j'aime bien dire que c'est bien de... de regarder sur une unité comme le giligène, avec tout ce qu'elle représente, mais dans le fond, ce n'est jamais que de l'humain. et qu'on retrouve à peu près les mêmes choses dans tous les corps de métier. Parce que vous n'obligez pas quelqu'un à faire quelque chose qu'il n'a pas envie de faire. Or, à Munich, on a choisi des gens pas vraiment volontaires. Une partie du commando d'ailleurs, pour l'anecdote, mais qui explique cela. ceux-ci expliquant cela, à quitter l'avion qui servait de leurre dans lequel ils étaient censés représenter un équipage et neutraliser une partie du commando. sentant qu'ils n'avaient pas les moyens de faire ce pour quoi ils avaient été désignés, même s'ils avaient accepté, ils étaient obligés d'obéir, ils sont partis. Ce qui fait que l'intervention n'a plus reposé que sur des pseudo-tireurs de litre qui n'étaient pas entraînés. Il en restait cinq qui se sont retrouvés à devoir intervenir. sans formation, sans préparation initiale, sauf une préparation qu'ils avaient dans des clubs de tir, puisque c'est comme ça, malheureusement, qu'ils ont été choisis. Et comme il y avait huit terroristes et qu'ils étaient cinq, il n'y a pas besoin d'être… d'avoir Bac plus 5 antiterrorisme, pour comprendre, ça a posé un problème. À la fois, donc, le manque de détermination, le manque de formation et le manque d'équipement. Alors, vous avez ce triptyque. C'est pour ça que je dis qu'il est valable partout. Si au départ, d'une mission, quelle qu'elle soit, vous n'avez pas des gens qui sont volontaires, qui acceptent la mission en connaissance de cause, c'est un deal entre vous et eux. eh bien, vous n'y arrivez pas. Si en plus, vous ne les formez pas, c'est la double peine. Et si en plus, ils y vont en maillot de bain face à des gens armés, on voit le résultat. Ou pour autre chose, si par exemple, ils ne maîtrisent pas le dossier technique sur lequel ils sont chargés d'intervenir dans une entreprise, vous conduisez la mission à l'échec.

  • Speaker #0

    Complètement. C'est super intéressant cette partie entreprise. on pourra... on va en parler un peu plus tard sur les parallèles, sur la partie sélection des personnes, donc triptyque, formation, détermination, formation et outils. Sur la partie formation, comment vous mettez en place les premières actions pour justement former ces personnes ? Comment se passent les entraînements ? Qu'est-ce que vous choisissez ? Voilà, c'est la question qui me vient à l'esprit.

  • Speaker #1

    Alors, la phase de formation est d'autant plus importante. Alors, bien sûr, au départ, on a gagné, vous avez des volontaires, donc vous avez des gens. qui savent où ils vont et où ils y vont. C'est déjà pas mal. Ça, c'est une première chose. Ensuite, vous les avez sélectionnés en fonction de critères qui ne sont pas forcément objectifs, qui sont des critères physiques, dans la mesure où vous essayez de ne pas partir de trop bas. On peut faire un très bon opérationnel de quelqu'un, mais s'il a des bases physiques, ça aide. Bien sûr. Surtout dans ces métiers. ces bases physiques pour être autre chose, ce qu'on appelle l'aptitude, à une mission. Et cette aptitude, comment on la définit ? Suivant le sujet de la mission, un certain nombre d'aptitudes sont indispensables. Par exemple, et puisqu'il s'agit de ça, dans une approche tactique, ce qui est important... Ce n'est pas le cheminement. Ce n'est pas d'aller du point A au point B. C'est au moment où vous êtes devant la porte et qu'il faut intervenir. Mais en allant du point A au point B, vous avez des obstacles qui peuvent être des obstacles de l'ordre du temps. Il y a un temps pourri, il fait froid. Donc, il faut que les gens aient une résistance. C'est bête. Sur certaines opérations... une emblématique très connue à Djibouti dans l'opération de l'Oyada. On était en plein désert. Si les gens ne résistent pas sous le cagnard… Ça,

  • Speaker #0

    c'était un bus.

  • Speaker #1

    C'était un bus,

  • Speaker #0

    absolument.

  • Speaker #1

    Si les gens ne résistent pas, n'ont pas la formation initiale qui leur permet d'être, comme on dit tout le temps, ils ont beau être peut-être les meilleurs techniquement, S'ils n'ont pas cette résistance, la résistance également par rapport à la volonté de pouvoir poursuivre la mission. Je vous donne un exemple tout bête. Si les gens ont une tendance à baisser les bras tout de suite, donc ce qu'on appelle dans d'autres sujets la résilience, se mettre en perspective que ça peut durer une heure, que ça peut durer trois jours, et qu'il faudra avoir à peu près... la même aptitude, détermination. Et surtout, l'avoir conservé au bout de trois jours.

  • Speaker #0

    Vous l'aviez naturellement, ça ?

  • Speaker #1

    Pardon ?

  • Speaker #0

    Vous l'aviez naturellement, vous, cette forme de détermination, de résilience ? Vous l'avez aussi développée ?

  • Speaker #1

    Je pense que je l'avais, parce que tout ce que j'ai conçu... est mis en place, j'ai copié personne. J'ai créé une unité à part entière. Et pour en revenir au franchissement, par exemple, il y a un élément qui n'a rien à voir avec l'élément technique, un élément technique, mais qui est un élément physiologique. On ne prend pas les gens qui ont une tendance au vertige. C'est ce que je vous disais par rapport au franchissement. Si vous devez aborder un immeuble par les balcons, si tout d'un coup, le... La personne que vous avez mise au poste B, qui doit faire une diversion par exemple, est prise de vertige, elle perd complètement ses capacités, votre opération est foutue. Donc c'est un des exemples avec la résistance physique, avec un niveau d'entraînement régulier. Il ne suffit pas de sélectionner les gens comme ça se fait dans certaines unités que je ne citerai pas, où tout d'un coup on dit, on a sélectionné des gens. Et puis après, à partir du moment où ils sont rentrés, c'est acquis pour la vie. Pas du tout. Au GGN, on a mis en place, et je l'ai fait quand j'ai formé les premiers, on a mis en place des thèses de sélection. Des gens ont été pris en fonction de certaines aptitudes. Mais après, on entretient cette formation, cet entraînement, avec ensuite tout un tas de techniques destinées à leur donner confiance à eux. C'est un élément majeur de la formation, c'est la confiance en soi. Et pour avoir confiance en soi, il faut qu'ensuite, quand vous arrivez dans la deuxième phase préparatoire, c'est la mise en condition. On se les exclutionne les bonnes personnes et on les met en condition. Et ensuite, on leur apporte l'aptitude tactique, technique et tactique. Mais il faut avant que les gens soient en condition de résistance, je l'évoquais. Et dans l'aptitude tactique, il y a des choses auxquelles vous pensez bien évidemment, s'agissant du gégène, c'est le tir, etc. Mais il y a beaucoup d'éléments dans beaucoup de métiers où c'est prépondérant du boulot. C'est que les gens sachent le faire et le connaissent. Mais surtout, un élément qui est important, c'est que quand les gens ont acquis ces compétences, qu'ils ont un savoir-faire, Il faut les mettre en situation. Faire découvrir aux gens, comme ça s'est passé à Munich, quand ils se sont retrouvés dans cet avion déguisés en pilote et en steward, les types se sont dit « Ah ben non, quand ils vont rentrer, on va peut-être pas être capables. » C'est comme ça qu'ils ont fait un abandon de poste. Si vous ne mettez pas les gens en situation, c'est criminel. Et il est donc important que les gens, pendant leur préparation, découvrent ce que va être leur métier et ne le découvrent pas le jour où vous les mettez face à une porte derrière laquelle les attendent un type avec une arme.

  • Speaker #0

    Est-ce que l'exercice en situation que vous créez pour reproduire ce qui potentiellement peut arriver, mentalement, est-ce que c'est quand même la même chose ? Est-ce que les opérateurs arrivent à se mettre dans ces conditions de terrain ? Parce que j'ai l'impression qu'il y a quand même une différence entre la réalité et ce que vous faites en entraînement. Ou est-ce qu'ils sont capables justement d'aller chercher cette...

  • Speaker #1

    Vous avez tout à fait raison. Même si on approche les gens de la réalité, puisque les exercices sont faits à balles réelles.

  • Speaker #0

    Ah oui, d'accord. C'est ça déjà, je ne savais pas.

  • Speaker #1

    Donc, ça permet de mettre les gens, d'ailleurs, dans des endroits qui ont été conçus pour ça. que nous n'avions pas au départ, mais nous utilisions des immeubles désinfectés. Et quand j'ai construit la caserne de GIGN, on a construit à l'intérieur ce qu'on appelle les salles de situation dans lesquelles vous pouvez tirer, où vous savez qu'il n'y aura pas de ricochet, que l'exercice ne mettra pas en danger vos hommes. Mais vous avez cette mise en situation, on dit, à double effet. Parce qu'on fait du jeu de rôle, puisqu'on met en place des gens qui sont GIGN, mais qui doivent jouer les otages. Alors, au départ, ça a été relativement compliqué. Il n'y avait que moi qui savais où je voulais aller et qui ai construit mes jeux de rôle.

  • Speaker #0

    Le metteur en scène.

  • Speaker #1

    Mais après chaque opération, et il y en a eu assez rapidement, on a gardé ces opérations comme étant des modèles, à la fois dans ce qu'elles avaient de bon. Et surtout parce qu'on apprend plus des échecs.

  • Speaker #0

    bien sûr

  • Speaker #1

    Des points qui n'ont pas bien fonctionné. Et tout le GIGN actuel bénéficie de 50 ans d'expertise.

  • Speaker #0

    D'expérience.

  • Speaker #1

    D'expérience.

  • Speaker #0

    OK. J'aimerais bien savoir ce qui se passait, vous, dans votre esprit, parce que vous commandiez le groupe. Ce qui passait dans votre esprit avant une opération ? Alors, c'est compliqué, parce que c'est toujours de la crise. Donc, en fait, vous êtes appelé dans l'heure. Il faut intervenir très rapidement. Ça doit être compliqué de garder son sang froid. Quand on vous appelle sur une situation de crise, comment vous faisiez-vous ? Qu'est-ce qui se passait dans votre esprit à ce moment-là ? Si vous aviez un exemple aussi pour illustrer la chose. Pour ne pas paniquer, en fait, c'est ça la question.

  • Speaker #1

    Quand vous êtes sûr que vous êtes... Ma force, moi, c'était mes hommes. Pour mes hommes, mon surnom au groupe, c'est Le Grand. Le Grand est là, donc ça va bien se passer. Donc c'est dual, c'est bien univoque. Ça joue sur les deux. Et après, vous êtes trascendé par la mission. C'est ce qu'on appelle dans notre jargon les états d'exception. Mais malheureusement, ça se produit également en face de nous. Les gens contre lesquels on est amené à intervenir pour les interpeller, ils ont dans leur esprit une mission, qu'elle soit divine si c'est pour des gens qui se revendiquent de Dieu, ou des gens parce qu'ils sont obsédés par une situation personnelle, familiale. ou parce qu'ils se sont mis eux-mêmes dans une situation, dans le cas d'une prise d'otages due à, on pourrait dire une attaque de banque, ou même dans une entreprise, parce que, du coup, il y a des gens qui, comme on dit, pètent un plomb dans une entreprise, et se mettent dans une situation infernale, où ils ont l'impression que seule la confrontation verbale et physique frontale, c'est la seule chose qui va... répondre à leurs questions. Donc c'est ce qu'on appelle dans notre jargon des états d'exception, où tout un tas de données que vous connaissez, qui sont apparemment formelles et immuables, le temps par exemple, ne sont plus les mêmes. La faim, le froid, la peur, la peur n'existe pas. Et les gens qui sont en état d'exception, vous l'avez peut-être vécu sans vous en rendre compte, dans un réflexe que vous avez eu en conduisant une voiture, vous avez évité un accident. Et vous avez eu une partie de vous, qu'on appelle le cerveau reptilien, qui à travers les acquis de la formation, mais également des acquis qui nous viennent de Cro-Magnon, font que votre corps réagit avec un temps d'avance par rapport à une analyse. vous auriez. Par contre, et pour répondre à votre question, vous n'en faites pas, je suis toujours...

  • Speaker #0

    Je suis avec vous.

  • Speaker #1

    Par rapport à votre question, le fait de partir en alais, déjà, ça vous met en état d'exception. D'accord. Le bip qui sonne, maintenant, c'est un bip. À l'époque, c'était un deux-tons ou un coup de téléphone, puisque il n'y a pas de téléphone sans fil. Mais tout de suite, vous êtes mobilisés. Vous savez que vous allez sur une opération. Et ça change complètement la donne. Et ça, c'est quelque chose qui est connu, mais qu'il faut cultiver. D'accord. Et on essaye de mettre les gens à travers des départs artificiels aussi, ça peut se faire. Ah d'accord, ok. Pour voir s'il y a une réactivité qui est importante, quitte à ce que les gens après découvrent que c'est un exercice.

  • Speaker #0

    Intéressant. Ah oui, d'accord, c'est un posteriori. Oui, oui. Pour vraiment simuler le départ.

  • Speaker #1

    C'est la mise en œuvre qui est artificielle, mais ça met les gens en situation. Oui. Et puis après, vous avez toute la dynamique où vous chargez les véhicules, parce qu'il y en a qui sont préchargés, ils sont, comme on dit, sur roues. D'accord. Mais les hommes amènent leur propre équipement et on voit la vitesse d'exécution pour la mise en place. Ça met les gens en difficulté, c'est intéressant.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous faisiez de la visualisation, une forme de préparation mentale pour s'entraîner aussi quand vous n'aviez pas des entraînements physiques ou réels ? Est-ce que vous imaginiez certaines situations pour essayer de, pas d'anticiper, mais en tout cas, peut-être de vous améliorer sur certains sujets, comme le tir, comme le franchissement ?

  • Speaker #1

    Alors après, l'important, quand on a donné un moyen aux gens, les gens techniques, combat à main nue, tir de précision, apprendre à désarmer quelqu'un. Après, vous faites des mises en situation. On l'évoquait tout à l'heure. Mais également, vous essayez d'anticiper sur la forme de la menace. Je vous donne un exemple tout bête. La menace existait, elle était réelle. C'était les détournements d'avions. À l'époque de Munich, au début de l'histoire du GIGN, il y avait à peu près dans le monde entre 80 et 100 détournements d'avions par an. Tout le monde l'a oublié.

  • Speaker #0

    80 et 100 détournements par an ?

  • Speaker #1

    Oui, oui. les chiffres et petit à petit on a durci les contrôles les accès nous mais malgré tout en 94 marignane s'est déroulé mais avant nous avions fait d'autres détournements d'avion donc on entraîner les gens sur des avions. On entraînait les gens sur des Caravans, sur des 747, sur des Boeing, sur tous les modèles. Et en même temps, on avait mis en place des protocoles avec Air France, après avec Airbus, pour à la fois donner aux gens qui font les avionneurs, essayer de faire évoluer la configuration des appareils pour anticiper sur une... intervention éventuelle.

  • Speaker #0

    D'accord, ok, donc les avions sont contribués.

  • Speaker #1

    Il y a une dualité qui se fait entre les constructeurs, et puis, avoir les moyens que l'on nous prêtait, bien sûr, pour ne pas les démolir, mais sur certaines fois, dès le début du groupe, d'ailleurs, on a eu le premier avion à démolir qui était un DC-8, on l'a démoli à Orly, pour savoir ce que faisait un impact de balle, comment faisait un ricochet, comment fonctionnait, on pouvait fonctionner avec les... le CB en poudre à l'intérieur des avions pour créer cette angoisse respiratoire qui donne un avantage tactique la poudre de CB un peu comme de la farine pas les gaz que l'on voit en maintien de l'ordre mais vraiment une haute concentration dans un avion ça fait un effet de piston parce que l'avion est fermé donc le jet de poudre pose problème donc il faut aller calculer tout ça, le vérifier être sûr de soi et ces entraînements sur avion avec le soutien à la fois d'Air France, d'Air Inter à l'époque aussi, mais également Airbus, a permis d'être en configuration. Mais également, travailler sur des pétroliers, travailler sur des bateaux de croisière, etc.

  • Speaker #0

    Il y a eu des interventions sur des bateaux ?

  • Speaker #1

    L'entraînement, d'opération. Mais par exemple, avant Marignane, il y a eu trois prises d'otages dans les dix ans. dans les 94. Donc, dans les 20 ans qui ont précédé Marignane, il y a eu trois détournements d'avions importants qui ont été résolus. Donc, c'est l'expertise du GGN qui a fait qu'ils ont pu faire Marignane. Ça ne vient pas de nulle part.

  • Speaker #0

    C'est sûr. Donc, beaucoup de préparation de ce que j'entends pour essayer de contrôler l'imprévisible. Oui. Éviter ça. Est-ce que vous aviez... Alors, il y a quand même des situations parfois dramatiques. J'imagine, est-ce que vous aviez des suivis psychologiques déjà dans ces cellules-là, ou en fait vous considériez que c'est des personnes de toute façon entraînées et suffisamment fortes psychologiquement pour résister à tout ?

  • Speaker #1

    Alors, on a considéré nous que ce qui est salvateur au GIGN, c'est le GIGN. C'est-à-dire que quand les gens ne sont pas bien, la solution doit être au GIGN. Sinon, les gens ne peuvent pas rester. Si vous avez quelqu'un qui est déstabilisé et qui est obligé d'être allé chez un psy pour savoir comment il va, vous ne pouvez pas lui demander d'être dans ce qu'on appelle un binôme, puisque vous voyez toujours dans les images les gens qui font le petit train. Mais a priori, au départ, les gens travaillent toujours à deux. Il y a un qui est devant et l'autre qui l'appuie. S'il y a une rupture dans le binôme... Ce n'est pas le quatrième ou le cinquième de la colonne qui va résoudre le problème. Donc, cet aspect de confiance de l'un en l'autre, avec un exercice que vous avez sûrement vu à travers les images, du tir de confiance, qui fait qu'on doit tirer sur quelqu'un avec lequel on va travailler pour qu'il ait la confiance dans votre qualité de tireur, bien sûr avec des protections et tout, mais qui montre que vous apportez votre confiance à celui qui sera à côté de vous et dont... pourra dépendre de votre vie au moment où c'est vous qui serez, comme on dit dans notre jargon, le premier à marcher.

  • Speaker #0

    Alors ça,

  • Speaker #1

    c'est la partie qui concerne le soutien de chacun. Mais, je comprends tout à fait votre question, elle peut venir d'après une opération où il y a une rupture. C'est arrivé avec un garçon qui a été le premier blessé au GIGN avec son 1GD par balle. on s'est rendu compte, et sur tout ce qui était important, et c'est là où la formation au groupe est nécessaire, il s'est rendu compte lui-même qu'il était fragilisé et qu'il ne les retournerait plus. Il n'a pas été tu

  • Speaker #0

    Il a été sauvé par son gilet pare-balles. Et malgré tout, il est venu me voir pour me dire, mon capitaine, je devais être capitaine à l'époque, mon capitaine, je ne pourrais plus y aller, je veux mettre mes camarades en danger. Alors, c'est une forme de courage. C'est monstrueux.

  • Speaker #1

    De l'assumer.

  • Speaker #0

    De l'assumer. Et c'est également, on s'en rend compte. Vous voyez, ça répond à votre question. Le regard que pourrait avoir ou son binôme ou un autre garçon du groupe sur une hésitation dans le cadre de la mise en place d'une opération, qui fait qu'il n'aurait pas envie d'aborder cette situation. Alors vous pourriez me dire, à juste titre, mais il est possible qu'il y en ait. qui se voilent la face et qui se montent à eux-mêmes. Je suis tout à fait d'accord, mais on se connaît suffisamment gros. Il y a une telle... C'est très, très particulier. Si on ne connaît pas ce fonctionnement, on ne peut pas le comprendre. Mais on sait, par exemple, quand un type a son fils, un de ses enfants malades... on lui évite de le mettre en situation d'être vulnérable.

  • Speaker #1

    Donc le groupe fait qu'il y a une forme de protection et d'entraide et de prévention.

  • Speaker #0

    Et sur des éléments que seul le groupe peut comprendre. Si vous êtes obligé de faire une analyse à un type pour savoir s'il va repartir en opération, vous avez déjà perdu.

  • Speaker #1

    Donc le groupe est le meilleur psychologue du groupe.

  • Speaker #0

    Absolument, c'est le meilleur psychologue. et ça a permis... à certains garçons de surmonter leur handicap, de l'accepter, et à ce moment-là, de décider de ne plus continuer.

  • Speaker #1

    Ça m'inspire énormément sur d'autres sujets, en plus dans le civil, dans l'entreprise, à des niveaux moindres, évidemment. Oui, absolument. C'est de l'inspiration. Ok. Je vois que le temps file. On va passer sur la partie GSPR. Oui.

  • Speaker #0

    Alors, juste, la formule... est bonne pour tout le monde, ça lui vient toujours de l'intérieur.

  • Speaker #1

    C'est vrai.

  • Speaker #0

    Parce que, quel que soit le psy, quand vous en êtes là, vous en êtes, vous sortez du cadre dans lequel la personne a été déstabilisée. Et avec quelqu'un qui connaît l'humain, c'est sûr, mais qui ne connaît pas les situations dans lesquelles il a été perturbé. C'est valable pour une entreprise. Si on ne fait pas partager au sein de l'entreprise cette problématique, eh bien, les problèmes arriveront avant qu'ils soient révélés.

  • Speaker #1

    Ça, c'est les dirigeants qui essayent de mettre sous le tapis des situations critiques, parfois. Et en fait, les collaborateurs s'en rendent compte forcément à un moment qu'il n'y a plus de capitaine.

  • Speaker #0

    Il faut être à l'écoute, ça fait partie du job. Moi, j'aime bien les formules un peu courtes. Les militaires, on est un peu spécialistes. Peut-être parce que, comme disent ceux qui nous aiment moins, on a 20 mots de vocabulaire tantôt nomatopés.

  • Speaker #1

    J'ai pas l'impression, là. Et qu'inscrit Clituron.

  • Speaker #0

    Mais je pense que ça a l'avantage d'éviter les circonvolutions et de partir dans tous les sens. On dit une troupe manœuvre à l'image de son chef. Et c'est valable partout. Complètement. Une équipe manœuvre à l'image de celui qui la commande.

  • Speaker #1

    On le voit dans beaucoup de domaines.

  • Speaker #0

    L'anime.

  • Speaker #1

    Complètement.

  • Speaker #0

    Bon, on peut passer à la...

  • Speaker #1

    Oui, mais merci pour cette précision. Pour le GSPR, moi, ce qui m'intéresse, c'est la partie stress. Parce qu'en fait, j'ai l'impression qu'on... Quelque part, on ne peut pas dormir sur ses deux oreilles quand on est en protection du président. Alors, quelque part, on dit que c'est la personne la plus importante de l'État. Alors, deux questions. La première, c'est pourquoi vous avez créé cette protection spéciale ? Je pense que ça vient aussi de votre expérience avec le GGN. Et en fait, deuxièmement, comment on fait au quotidien pour gérer ça ? Puisque pour moi, il y a une forme d'inquiétude constante. La menace peut venir de partout et tout le temps.

  • Speaker #0

    Alors, vous avez tout à fait raison. Être aux aguets, c'est difficile et usant. Et ce qui est terrible, c'est que c'est quand vous ne l'êtes plus que ça arrive. et amener les gens à travailler. Alors qu'au GIGN, les opérations, il y a l'entraînement, mais je mets à l'épreuve cet entraînement par les opérations. Donc il y a la preuve par neuf. Au GSPR, si la preuve par neuf arrive, c'est qu'on a raté quelque chose. Sauf si on a anticipé, et qu'effectivement, une attaque... a été neutralisée. Alors, pour faire en sorte que cette espèce de perception continue de la menace, puisque c'est une menace continue, ait amené les gens à être osagués, elle passe, on en revient à la même chose, à la formation. le GSPR, contrairement à ce qu'imagine certains, c'est pas simplement avoir un truc dans l'oreille.

  • Speaker #1

    C'est ce qu'on imagine un peu.

  • Speaker #0

    Des belles Ray-Bans, un beau costume, et puis une arme que l'on ne voit pas. et que l'on sait rassurante parce qu'elle est au holster. Non, c'est quelqu'un qui prépare et qui fait des exercices à la fois au niveau de la conduite, si l'agression peut être, mais au niveau du déplacement de la personnalité et mettre en place un certain nombre de réactions pour avoir la réactivité adaptée à la menace, ce qui n'est pas forcément au départ une menace due à une arme d'assaut ou à une arme de poids, mais qui peut l'être. par l'enthousiasme d'une foule. Ah oui.

  • Speaker #1

    Déplacement du président au salon de l'agriculture.

  • Speaker #0

    Voilà. Tout ça est assez compliqué et ne peut fonctionner qu'avec un entraînement. Et cet entraînement, tel que je l'avais mis en place sur le GESPR, qui était que version gendarmerie, comme je ne sais pas comment ça se passe actuellement, je ne vais pas vous en parler, mais comme c'est moi qui ai donné le nom à cette unité, j'en parle tel qu'il a été conçu. On travaille sur ce qu'on appelle la théorie des cercles. quatre cercles concentriques autour de la personnalité. Donc, ce point de vue tactique est important. Le premier cercle, le contact, celui qu'on évoquait, qui est les hommes qui sont soit trois, soit cinq. On appelle ça le triangle ou le diamant, s'ils sont cinq. Et ces personnes... On dit que c'est le premier cercle, mais en fait, dans la réalité, c'est le dernier. Parce que c'est au moment où ce cercle intervient...

  • Speaker #1

    Oui, d'accord, c'est dans l'autre sens que ça... Oui, oui, c'est vers le centre.

  • Speaker #0

    Pour que ça soit plus explicite au niveau des gens, on dit le premier parce qu'il est le premier au contact. Mais c'est le dernier. Ça veut dire que tous les autres ont failli avant. Donc le deuxième cercle correspond non plus à une agression, à une attaque. ou verbales, ou sacs de farine, ou même parce que personne ne veut faire la bise au président, parce qu'il ne faut pas oublier, ou on a tendance à l'oublier, que la sécurité telle qu'on l'imagine, ce n'est pas la seule problématique de la protection d'une autre personnalité. Vous avez l'atteinte à l'image, qui est très importante. Cette personnalité, surtout quand c'est en régime présidentiel, cette personnalité... une atteinte à son image peut être dévastatrice. Donc, il y a tout un tas d'éléments qu'il faut prendre en compte. Donc, ce premier cercle est important par rapport à la riposte. Si elle est trop violente, par exemple, alors que ce n'est pas une agression, qu'on n'a pas mesuré que l'agression, c'était un manque, une manifestation d'affection démesurée, c'est contre-productif. Oui,

  • Speaker #1

    oui, oui. Ah oui, d'accord, oui. Je prends un exemple, c'est pas ce que je pense à ça, mais quelqu'un tout nu qui vient essayer de prendre une photo avec le président, si vous faites une riposte trop violente, c'est pas adapté. Absolument.

  • Speaker #0

    Et le deuxième cercle, à ce moment-là, c'est plus ce type d'agression, mais on est tout de suite sur une arme. Donc c'est suivant ce qu'on appelle la cathédrale de tir, c'est-à-dire la distance qui est entre l'agresseur et l'objectif. C'est entre... suivant qu'il y a du monde, qu'il y en a moins, qu'il y a des immeubles, qu'il y a des espaces. C'est entre, disons, 15 et 50 mètres. Donc, c'est évalué, ce deuxième cercle, en fonction des lieux. Après, vous avez le troisième cercle, ce qui est arrivé à Trump.

  • Speaker #1

    Oui. Ah oui,

  • Speaker #0

    oui. Un tireur longue distance. Oui. Là, en l'occurrence, il n'était pas à très longue distance, mais quand même.

  • Speaker #1

    Sur l'oreille,

  • Speaker #0

    oui. Il y aurait eu, dans un schéma de type... j'espère, ça aurait été fouillé et tenu. Parce qu'il ne s'agit pas que de fouiller, il s'agit de tenir, pour ne pas que pendant que vous tournez le dos, quelqu'un vienne prendre la place. Et il y a un quatrième cercle, qui est prépondérant, qui est virtuel, c'est le renseignement. Donc le renseignement d'ambiance, pour savoir qui va assister à la venue de l'autorité. un renseignement sur la politique intérieure et un renseignement sur la politique internationale et la géopolitique. Et ce renseignement permet d'anticiper un certain nombre de situations où, si on n'avait pas ce renseignement... Si on n'avait pas pu anticiper, à ce moment-là, on serait retrouvé au contact de l'agression, et peut-être un peu trop tard. Quand vous voyez ce qui s'est passé dans l'histoire des agressions des différentes personnalités, je sais à chaque fois, ce que je viens de vous expliquer, une rupture d'un de ces quatre cercles. Chose qui n'existait pas quand j'ai créé le GESPER. Donc j'ai conçu le GESPER, à l'instar du GIGN, en me mettant en situation par rapport à une problématique particulière, en me disant qu'est-ce qu'on a fait jusqu'à présent qui ne fonctionne pas, pourquoi ça ne fonctionne pas, ce qu'il faut faire pour que ça fonctionne.

  • Speaker #1

    Et pendant tout, je ne sais pas si c'est un mandat, mais je vais appeler ça le mandat, vous avez protégé le président, vous n'avez pas eu d'intervention, vous n'avez pas eu à intervenir, je veux dire ?

  • Speaker #0

    Non, le GSPR n'a pas eu à intervenir. Tant mieux,

  • Speaker #1

    mais...

  • Speaker #0

    Avec un réflexe, et là c'est une atteinte à l'image, où un de mes hommes a attrapé une tomate qui était jetée sur le prénom.

  • Speaker #1

    Le réflexe.

  • Speaker #0

    Et je peux vous dire que pour le président de la République, il me l'a dit d'ailleurs. Il ne m'a pas dit ce que je vais vous dire, mais dans son esprit, ça aurait été aussi grave que de prendre une balle.

  • Speaker #1

    Ah oui, d'accord. L'humiliation. Oui, à ces niveaux de responsabilité, je pense qu'on ne se rend pas compte de l'importance de l'image. Je vois que le temps est passé très, très vite.

  • Speaker #0

    Alors, juste une question que c'est moi qui aurais dû vous le préciser. Allez-y. Ils sont tous volontaires.

  • Speaker #1

    Ah oui, très bonne question.

  • Speaker #0

    On en revient. aux triptiques que vous avez bien noté tout à l'heure, donc des volontaires, des gens formés et des gens équipés.

  • Speaker #1

    J'allais vous poser la question pour terminer, à destination des civils, donc de mes auditeurs, comment peut-on progresser aussi mentalement, à l'instar de l'équipe du GGN, comme vous l'aviez fait ? Est-ce que vous auriez des conseils pour essayer de renforcer son mental ? Parce que vous, finalement, ça a été aussi... via l'expérience, mais si vous avez des décisions.

  • Speaker #0

    Je pense que tout démarre de soi. Or, la mise en situation, se mettre en perspective, ne rien attendre. Bien sûr, on est dans une équipe, on va fonctionner dans une équipe. Mais se dire qu'au départ, une partie du fonctionnement, elle vient de vous. La manière dont... Vous vous mettez dans votre travail. Faites en sorte que vous êtes perméable à ce qui doit se passer autour. Et à ce moment-là, ne pas hésiter à dire quand ça ne fonctionne pas bien. Et souvent, on a une espèce de pudeur ou peut-être même un manque de confiance en soi. qui fait qu'on est en deçà du rôle que l'on a, et de ce fait-là, on rend vulnérable l'ensemble du dispositif. Et vous voyez bien que ça s'applique à beaucoup de choses. La vulnérabilité dans une entreprise, étant la manière dont la mission est exécutée, et donc à ce moment-là, l'entreprise est efficace ou elle l'est moins. Et chacun a dans cette entreprise et à son poste un rôle. qui est bien sûr à la mesure de ce qu'on lui confie, mais qui peut légèrement être meilleure, si tout d'un coup, on a une vision et on n'ose pas le dire, alors que peut-être on a vu quelque chose que d'autres personnes ne l'avaient pas vu. Et pour en revenir à soi, comment se former ? Eh bien, il faut se remettre en cause. C'est une remise en cause. Et c'est ça, par rapport au GSPR, qui est important. Le plus grand danger au GSPR, c'est l'habitude. Le plus grand danger pour tous les métiers. C'est l'habitude. C'est un danger quand on conduit. C'est un danger dans son métier parce que ça ronronne et on ne voit pas venir ce qui,

  • Speaker #1

    d'un coup,

  • Speaker #0

    va déstabiliser ou mettre en défi. Donc, évitez de faire en sorte que, selon le terme qui va dans les deux langues, ça devienne une routine.

  • Speaker #1

    Super intéressant. Je pense qu'on peut terminer là-dessus.

  • Speaker #0

    Merci de m'avoir suivi.

  • Speaker #1

    Merci à vous d'être venu.

  • Speaker #0

    Et d'avoir partagé avec vous ces considérations de quelqu'un qui a quelques heures de vol, un peu d'expérience. Mais je pense que, contrairement à ce que disait Mao, l'expérience des autres n'est pas un peigne pour les chauves. En condition qu'on les écoute.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Je vous en prie, c'est moi qui vous remercie.

  • Speaker #2

    Merci d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. J'espère qu'il vous a plu. et que vous avez appris des choses. Si c'est le cas, merci de mettre 5 étoiles sur Apple Podcasts ou Spotify et surtout de partager cet épisode autour de vous. N'hésitez pas à me faire part de vos retours pour les prochains épisodes. Je vous dis à bientôt sur Objectif Mental.

Description

Dans cet épisode exceptionnel d’Objectif Mental, j’ai l’immense honneur de recevoir Christian Prouteau, fondateur du GIGN (Groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale) et du GSPR (Groupe de sécurité de la présidence de la République).

Une voix rare, un regard lucide, une expérience hors norme : à 81 ans, Christian Prouteau revient avec humilité et précision sur la création de deux unités d’élite qui ont marqué l’histoire de la sécurité en France. Mais surtout, il nous livre une leçon de leadership, de préparation mentale, et de résilience applicable à tous les univers, bien au-delà des interventions militaires.

🧠 Dans cet épisode, vous découvrirez :

  • Pourquoi et comment il a fondé le GIGN après l’échec tragique de Munich en 1972.

  • Les principes fondamentaux qui ont guidé sa sélection des hommes : volontariat, formation, équipement – un triptyque valable dans n’importe quelle équipe, entreprise ou projet entrepreneurial.

  • La puissance de l’entraînement mental, de la mise en situation et de la visualisation pour affronter l’imprévisible.

  • Sa vision du leadership par l’exemple, de la confiance en soi, et de la place du groupe comme principal levier de soutien psychologique.

  • Ce qu’il appelle « l’état d’exception » : ce moment suspendu où la peur disparaît et où seule compte la mission.

  • Des parallèles saisissants entre les unités d’élite et le monde de l’entreprise, notamment autour de la gestion du stress, de la prévention de l’épuisement, et du rôle du collectif.

💡 Une phrase à retenir ?

« Le plus grand danger, c’est l’habitude. Dans une opération comme dans une entreprise. »

Cet échange est bien plus qu’un témoignage militaire. C’est une source d’inspiration pour celles et ceux qui veulent progresser mentalement, renforcer leur posture de leader, faire face à l’adversité, renforcer sa résilience, ou simplement mieux se connaître.

👤 Que vous soyez entrepreneur, salarié, sportif ou simplement passionné par le développement personnel, vous trouverez ici des repères puissants pour affûter votre mental.

Thématiques clés abordées :

  • Confiance en soi et gestion de crise

  • Résilience individuelle et collective

  • Leadership, transmission et responsabilité

  • Préparation mentale et visualisation

  • Entrepreneuriat et efficacité en équipe

🔗 Pour aller plus loin :
➡️ Abonnez-vous au podcast pour ne pas manquer les prochains épisodes.
➡️ Notez-le 5 ⭐ sur Spotify ou Apple Podcasts si l’épisode vous a plu.
➡️ Partagez-le à un proche, un collègue ou un.e manager : ce sont des paroles qui méritent d’être entendues.

Pour recevoir des tips, suivez la page instagram d'Objectif Mental : https://www.instagram.com/objectif_mental_podcast/


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue sur Objectif Mental, le podcast où l'on explore le coaching et la préparation mentale. Je suis Kevin et chaque semaine je partage des conseils pratiques, des interviews d'experts, ainsi que des témoignages inspirants d'entrepreneurs, de sportifs et d'artistes. Mon objectif est de vous aider à débloquer votre potentiel pour performer en toute sérénité, que ce soit dans votre vie professionnelle ou... extra-professionnels. Je vous souhaite une excellente écoute. Bonjour M. Proutot. Bonjour. Comment allez-vous ?

  • Speaker #1

    Comme quelqu'un qui a un certain nombre d'années mais qui essaye de les supporter et de faire un peu de vision du mieux possible.

  • Speaker #0

    En tout cas, avec le nombre d'années, vous êtes toujours pris. Là, vous venez d'un tournage à l'instant. C'est un honneur de vous recevoir. Quand j'ai créé ce podcast, je voulais absolument recevoir une personne du GGN. Et là, j'ai le fondateur, donc pour moi, c'est vraiment un honneur. Je vous remercie pour le temps que vous m'accordez. Aujourd'hui, l'idée, c'est de voir votre expérience, évidemment, à travers ce groupe qui est spécial quand même, et surtout l'aspect mental. Selon vous, votre retour d'expérience ? Avant de commencer et d'aller plus dans le détail sur ce que vous avez créé, comme vous l'aviez fait, j'aimerais que vous vous présentiez, en fait.

  • Speaker #1

    Alors, je m'appelle Christian Proutot, j'ai 81 ans, j'ai fondé le GIGN en 1973. J'ai eu un parcours militaire qui m'a conduit à la gendarmerie parce que je l'avais décidé quand je suis devenu militaire. Je suis fils de militaire, petit-fils de militaire. Donc j'ai eu un ADN, on va dire, de soldat, mais avec un côté un peu atypique, ce qui explique peut-être un certain nombre de choses. Je suis donc actuellement et depuis pas mal d'années à la retraite. J'avais terminé comme préfet en mission de service public. C'est-à-dire, l'État vous envoie faire un certain nombre de choses. Je n'ai jamais voulu être territorialisé. Donc, même si j'étais 20 ans préfet, je n'ai jamais assuré de fonction préfectorale en tant que tel. Par contre, j'ai assuré des missions, dont la sécurité des Jeux Olympiques d'hiver à Albertville. Et bien évidemment, j'ai commandé le GIGN. J'ai eu l'honneur de le commander pendant 10 ans, de sa création en 1983 jusqu'en presque 10 ans. en 1973 pendant sa création, jusqu'en juin 1983. Et ensuite, j'ai créé le GSPR, et surtout une autre mission qui était en parallèle du GSPR, qui a été commandée, lui, par un officier de gendarmerie, puisque j'ai formé les gens, préparé l'unité, fait le lien avec le président de la République, puisque mes bureaux étaient à la présidence. Et je suis resté à la fois patron de cette entité, le GSPR, pour tout ce qui est d'ordre technique, tactique et logistique. Mais il y avait plusieurs officiers qui commandaient directement sur le terrain. En parallèle, j'ai assuré la première coordination de la lutte antiterroriste, puisque c'était un problème qui se posait à l'époque et sur lequel personne n'avait véritablement travaillé. Je suis donc à la retraite depuis un certain nombre d'années, puisque la retraite du corps préféré... préfectorale, c'est 65 ans. D'accord. Voilà.

  • Speaker #0

    Le GSPR, juste pour préciser, c'est le groupe de sécurité du président de la République.

  • Speaker #1

    Absolument.

  • Speaker #0

    Donc c'est vous qui l'avez créé, avant ça n'existait pas.

  • Speaker #1

    Absolument. Il n'existait pas d'unité spécifique pour assurer la sécurité du président, avant que cette mission me soit confiée.

  • Speaker #0

    Soumise à Terran.

  • Speaker #1

    Soumise à Terran par M. Arnus, qui était ministre de la Défense à l'époque.

  • Speaker #0

    Super intéressant. On va couvrir cette partie-là. Avant d'aller sur le GSPR, on va commencer par le GGN. Oui. Pourquoi avoir créé le GIGN ? J'imagine qu'il y avait déjà un groupe de commandos avant qui s'appelait autrement. Mais ce n'était pas tout à fait le GIGN. Vous avez créé vraiment une unité spéciale là-dessus. Qu'est-ce qui vous différencie ?

  • Speaker #1

    Le GIGN est à l'origine de beaucoup d'unités dans le monde. Mais ce qui a été à l'origine, qui a déclenché la réflexion tactique sur les unités spéciales de type GIGN, c'est l'affaire de Munich, la prise d'otage. malheureuse qui s'est déroulée à Munich pendant les JO. Oui, en 72. De Munich en 72. Oui. La prise d'otage a eu lieu au début septembre. Et où la police allemande, mal formée, quand je dis mal formée, ce n'est pas formée du tout, a malgré tout essayé sur ordre de monter une opération dans des conditions complètement impensables, quand on y réfléchit, qui a conduit à l'échec que l'on connaît et au décès des otages qui étaient 11 athlètes israéliens. qui avait été pris en otage par un commando du FPLP, le Front de Libération de la Palestine, qui était composé de 8 hommes.

  • Speaker #0

    D'accord. Et donc, à la suite de cette opération, vous, vous êtes en France à ce moment-là, et vous vous dites qu'il faut créer un groupe spécial pour former une unité qui est capable d'intervenir sur ce type d'événement ?

  • Speaker #1

    Voilà, pour faire court et comprendre... Ce qui m'a amené là, ce n'est pas simplement le fait que j'ai voulu m'imposer. C'est que la gendarmerie avait déjà eu deux problèmes de prise d'otages qui ne sont pas des prises d'otages politiques, mais c'est à peu près la même chose sur les... les auteurs et les intervenants dans la prise d'otages, c'était Sestas, qui est un père de famille, qui se retranche avec ses enfants, et il menace de tuer ses enfants. Si on intervient, les gens interviennent sans analyse psychologique, et comme souvent les forcenés, qui sont à bout, ils mettent à... leur menace à exécution. Et une autre qui était une prise d'otage dans une prison à Clairvaux. Elle s'est déroulée en 71. Sesta, c'était en 69. Où là, également, on n'a pas compris ce qui se passait. On ne savait pas gérer la crise. on n'avait pas les moyens pour, les gens entraînaient on a dit, comme il y avait une femme dans les otages qui était assistante sociale et deux otages, un gardien de prison et une assistante sociale les autorités se sont dit ils n'allent pas assassiner, ils n'avaient qu'un couteau ils ne vont pas assassiner de sang froid une femme avec cette idée préconçue. Et malheureusement, au bout de l'intervention, qui en plus a été très longue du fait du manque de technicité du personnel employé, ils finiront par arriver, c'est-à-dire une quinzaine de minutes après le début de l'opération. Opération dans lesquelles on découvre tout de suite que c'est la vitesse d'exécution qui compte, la rapidité. Malheureusement, quand ils sont arrivés, les deux otages avaient été égorgés. Et ces échecs pour la gendarmerie ont été dramatiques. Moi, j'étais en gendarmerie en 71, à l'école des officiers, et tout de suite, ça m'a interpellé. Comme l'année suivante, alors que j'étais en unité, en escadron, alors que nous avions une formation qui commençait déjà à se pencher sur ces problèmes particuliers d'arrestation. difficultes, de preneurs d'otages. Il y avait beaucoup de prises d'otages dans les banques à l'époque.

  • Speaker #0

    Oui, pour les braquages.

  • Speaker #1

    Oui, parce qu'il y avait de l'argent dans les banques. Ce n'était pas des cartes de crédit. Et il y avait beaucoup de braquages dans les banques, ce qu'on voit actuellement sous une autre forme avec... les gens qui ont les nouvelles monnaies, les crypto-monnaies, les deux exemples, à Grèce on le montre, ou la dernière qui était une tentative, les malfrats vont où il y a du pognon. on ne pêche pas en endroit où il n'y a pas de poisson.

  • Speaker #0

    C'est vrai.

  • Speaker #1

    Essayer de faire un sourire sur des événements dramatiques. Et moi, j'étais en charge de l'instruction d'une de ces unies, dans le centre qui formait ces personnels un peu plus aguerris, parce qu'également, le but était de former des gens qui avaient des problèmes, il y avait beaucoup de problèmes dans le maintien de l'ordre, difficiles, ce que l'on connaît également actuellement. Vous savez, l'histoire se répète, voire elle bégaye. Et en tant qu'instructeur, j'ai été remarqué, et j'avais fait un petit mémo sur ce qu'on appelle maintenant le rétexte, le retour sur l'expérience de Munich, en disant pourquoi, selon moi, Munich avait échoué, et pourquoi, si on ne formait pas, on ne préparait pas les gens avec une approche tactique spécifique à la prise d'otages, dans un contexte de paix, on aurait les mêmes résultats que les Allemands, c'est-à-dire un échec. Alors on a dû penser que peut-être ma forfanterie pouvait être utile, comme le commandant du centre, pendant les périodes où j'encadrais, avait remarqué que j'avais une approche un peu particulière. Lorsque la Gendarmerie a décidé de former cette unité, il a donné mon nom, j'étais un jeune lieutenant, et j'ai eu l'honneur de mettre en place ce que j'ai fait. ce que je pensais être indispensable pour réussir au niveau professionnel.

  • Speaker #0

    C'est le cas. J'aimerais bien comprendre à ce moment-là, quand vous êtes en charge justement de former cette équipe ou ce groupe, quels sont les critères que vous vous imposez, ou en tout cas que vous décidez important dans la sélection des hommes pour former justement cette équipe au niveau physique, mental, etc.

  • Speaker #1

    Alors, j'aime bien dire que c'est bien de... de regarder sur une unité comme le giligène, avec tout ce qu'elle représente, mais dans le fond, ce n'est jamais que de l'humain. et qu'on retrouve à peu près les mêmes choses dans tous les corps de métier. Parce que vous n'obligez pas quelqu'un à faire quelque chose qu'il n'a pas envie de faire. Or, à Munich, on a choisi des gens pas vraiment volontaires. Une partie du commando d'ailleurs, pour l'anecdote, mais qui explique cela. ceux-ci expliquant cela, à quitter l'avion qui servait de leurre dans lequel ils étaient censés représenter un équipage et neutraliser une partie du commando. sentant qu'ils n'avaient pas les moyens de faire ce pour quoi ils avaient été désignés, même s'ils avaient accepté, ils étaient obligés d'obéir, ils sont partis. Ce qui fait que l'intervention n'a plus reposé que sur des pseudo-tireurs de litre qui n'étaient pas entraînés. Il en restait cinq qui se sont retrouvés à devoir intervenir. sans formation, sans préparation initiale, sauf une préparation qu'ils avaient dans des clubs de tir, puisque c'est comme ça, malheureusement, qu'ils ont été choisis. Et comme il y avait huit terroristes et qu'ils étaient cinq, il n'y a pas besoin d'être… d'avoir Bac plus 5 antiterrorisme, pour comprendre, ça a posé un problème. À la fois, donc, le manque de détermination, le manque de formation et le manque d'équipement. Alors, vous avez ce triptyque. C'est pour ça que je dis qu'il est valable partout. Si au départ, d'une mission, quelle qu'elle soit, vous n'avez pas des gens qui sont volontaires, qui acceptent la mission en connaissance de cause, c'est un deal entre vous et eux. eh bien, vous n'y arrivez pas. Si en plus, vous ne les formez pas, c'est la double peine. Et si en plus, ils y vont en maillot de bain face à des gens armés, on voit le résultat. Ou pour autre chose, si par exemple, ils ne maîtrisent pas le dossier technique sur lequel ils sont chargés d'intervenir dans une entreprise, vous conduisez la mission à l'échec.

  • Speaker #0

    Complètement. C'est super intéressant cette partie entreprise. on pourra... on va en parler un peu plus tard sur les parallèles, sur la partie sélection des personnes, donc triptyque, formation, détermination, formation et outils. Sur la partie formation, comment vous mettez en place les premières actions pour justement former ces personnes ? Comment se passent les entraînements ? Qu'est-ce que vous choisissez ? Voilà, c'est la question qui me vient à l'esprit.

  • Speaker #1

    Alors, la phase de formation est d'autant plus importante. Alors, bien sûr, au départ, on a gagné, vous avez des volontaires, donc vous avez des gens. qui savent où ils vont et où ils y vont. C'est déjà pas mal. Ça, c'est une première chose. Ensuite, vous les avez sélectionnés en fonction de critères qui ne sont pas forcément objectifs, qui sont des critères physiques, dans la mesure où vous essayez de ne pas partir de trop bas. On peut faire un très bon opérationnel de quelqu'un, mais s'il a des bases physiques, ça aide. Bien sûr. Surtout dans ces métiers. ces bases physiques pour être autre chose, ce qu'on appelle l'aptitude, à une mission. Et cette aptitude, comment on la définit ? Suivant le sujet de la mission, un certain nombre d'aptitudes sont indispensables. Par exemple, et puisqu'il s'agit de ça, dans une approche tactique, ce qui est important... Ce n'est pas le cheminement. Ce n'est pas d'aller du point A au point B. C'est au moment où vous êtes devant la porte et qu'il faut intervenir. Mais en allant du point A au point B, vous avez des obstacles qui peuvent être des obstacles de l'ordre du temps. Il y a un temps pourri, il fait froid. Donc, il faut que les gens aient une résistance. C'est bête. Sur certaines opérations... une emblématique très connue à Djibouti dans l'opération de l'Oyada. On était en plein désert. Si les gens ne résistent pas sous le cagnard… Ça,

  • Speaker #0

    c'était un bus.

  • Speaker #1

    C'était un bus,

  • Speaker #0

    absolument.

  • Speaker #1

    Si les gens ne résistent pas, n'ont pas la formation initiale qui leur permet d'être, comme on dit tout le temps, ils ont beau être peut-être les meilleurs techniquement, S'ils n'ont pas cette résistance, la résistance également par rapport à la volonté de pouvoir poursuivre la mission. Je vous donne un exemple tout bête. Si les gens ont une tendance à baisser les bras tout de suite, donc ce qu'on appelle dans d'autres sujets la résilience, se mettre en perspective que ça peut durer une heure, que ça peut durer trois jours, et qu'il faudra avoir à peu près... la même aptitude, détermination. Et surtout, l'avoir conservé au bout de trois jours.

  • Speaker #0

    Vous l'aviez naturellement, ça ?

  • Speaker #1

    Pardon ?

  • Speaker #0

    Vous l'aviez naturellement, vous, cette forme de détermination, de résilience ? Vous l'avez aussi développée ?

  • Speaker #1

    Je pense que je l'avais, parce que tout ce que j'ai conçu... est mis en place, j'ai copié personne. J'ai créé une unité à part entière. Et pour en revenir au franchissement, par exemple, il y a un élément qui n'a rien à voir avec l'élément technique, un élément technique, mais qui est un élément physiologique. On ne prend pas les gens qui ont une tendance au vertige. C'est ce que je vous disais par rapport au franchissement. Si vous devez aborder un immeuble par les balcons, si tout d'un coup, le... La personne que vous avez mise au poste B, qui doit faire une diversion par exemple, est prise de vertige, elle perd complètement ses capacités, votre opération est foutue. Donc c'est un des exemples avec la résistance physique, avec un niveau d'entraînement régulier. Il ne suffit pas de sélectionner les gens comme ça se fait dans certaines unités que je ne citerai pas, où tout d'un coup on dit, on a sélectionné des gens. Et puis après, à partir du moment où ils sont rentrés, c'est acquis pour la vie. Pas du tout. Au GGN, on a mis en place, et je l'ai fait quand j'ai formé les premiers, on a mis en place des thèses de sélection. Des gens ont été pris en fonction de certaines aptitudes. Mais après, on entretient cette formation, cet entraînement, avec ensuite tout un tas de techniques destinées à leur donner confiance à eux. C'est un élément majeur de la formation, c'est la confiance en soi. Et pour avoir confiance en soi, il faut qu'ensuite, quand vous arrivez dans la deuxième phase préparatoire, c'est la mise en condition. On se les exclutionne les bonnes personnes et on les met en condition. Et ensuite, on leur apporte l'aptitude tactique, technique et tactique. Mais il faut avant que les gens soient en condition de résistance, je l'évoquais. Et dans l'aptitude tactique, il y a des choses auxquelles vous pensez bien évidemment, s'agissant du gégène, c'est le tir, etc. Mais il y a beaucoup d'éléments dans beaucoup de métiers où c'est prépondérant du boulot. C'est que les gens sachent le faire et le connaissent. Mais surtout, un élément qui est important, c'est que quand les gens ont acquis ces compétences, qu'ils ont un savoir-faire, Il faut les mettre en situation. Faire découvrir aux gens, comme ça s'est passé à Munich, quand ils se sont retrouvés dans cet avion déguisés en pilote et en steward, les types se sont dit « Ah ben non, quand ils vont rentrer, on va peut-être pas être capables. » C'est comme ça qu'ils ont fait un abandon de poste. Si vous ne mettez pas les gens en situation, c'est criminel. Et il est donc important que les gens, pendant leur préparation, découvrent ce que va être leur métier et ne le découvrent pas le jour où vous les mettez face à une porte derrière laquelle les attendent un type avec une arme.

  • Speaker #0

    Est-ce que l'exercice en situation que vous créez pour reproduire ce qui potentiellement peut arriver, mentalement, est-ce que c'est quand même la même chose ? Est-ce que les opérateurs arrivent à se mettre dans ces conditions de terrain ? Parce que j'ai l'impression qu'il y a quand même une différence entre la réalité et ce que vous faites en entraînement. Ou est-ce qu'ils sont capables justement d'aller chercher cette...

  • Speaker #1

    Vous avez tout à fait raison. Même si on approche les gens de la réalité, puisque les exercices sont faits à balles réelles.

  • Speaker #0

    Ah oui, d'accord. C'est ça déjà, je ne savais pas.

  • Speaker #1

    Donc, ça permet de mettre les gens, d'ailleurs, dans des endroits qui ont été conçus pour ça. que nous n'avions pas au départ, mais nous utilisions des immeubles désinfectés. Et quand j'ai construit la caserne de GIGN, on a construit à l'intérieur ce qu'on appelle les salles de situation dans lesquelles vous pouvez tirer, où vous savez qu'il n'y aura pas de ricochet, que l'exercice ne mettra pas en danger vos hommes. Mais vous avez cette mise en situation, on dit, à double effet. Parce qu'on fait du jeu de rôle, puisqu'on met en place des gens qui sont GIGN, mais qui doivent jouer les otages. Alors, au départ, ça a été relativement compliqué. Il n'y avait que moi qui savais où je voulais aller et qui ai construit mes jeux de rôle.

  • Speaker #0

    Le metteur en scène.

  • Speaker #1

    Mais après chaque opération, et il y en a eu assez rapidement, on a gardé ces opérations comme étant des modèles, à la fois dans ce qu'elles avaient de bon. Et surtout parce qu'on apprend plus des échecs.

  • Speaker #0

    bien sûr

  • Speaker #1

    Des points qui n'ont pas bien fonctionné. Et tout le GIGN actuel bénéficie de 50 ans d'expertise.

  • Speaker #0

    D'expérience.

  • Speaker #1

    D'expérience.

  • Speaker #0

    OK. J'aimerais bien savoir ce qui se passait, vous, dans votre esprit, parce que vous commandiez le groupe. Ce qui passait dans votre esprit avant une opération ? Alors, c'est compliqué, parce que c'est toujours de la crise. Donc, en fait, vous êtes appelé dans l'heure. Il faut intervenir très rapidement. Ça doit être compliqué de garder son sang froid. Quand on vous appelle sur une situation de crise, comment vous faisiez-vous ? Qu'est-ce qui se passait dans votre esprit à ce moment-là ? Si vous aviez un exemple aussi pour illustrer la chose. Pour ne pas paniquer, en fait, c'est ça la question.

  • Speaker #1

    Quand vous êtes sûr que vous êtes... Ma force, moi, c'était mes hommes. Pour mes hommes, mon surnom au groupe, c'est Le Grand. Le Grand est là, donc ça va bien se passer. Donc c'est dual, c'est bien univoque. Ça joue sur les deux. Et après, vous êtes trascendé par la mission. C'est ce qu'on appelle dans notre jargon les états d'exception. Mais malheureusement, ça se produit également en face de nous. Les gens contre lesquels on est amené à intervenir pour les interpeller, ils ont dans leur esprit une mission, qu'elle soit divine si c'est pour des gens qui se revendiquent de Dieu, ou des gens parce qu'ils sont obsédés par une situation personnelle, familiale. ou parce qu'ils se sont mis eux-mêmes dans une situation, dans le cas d'une prise d'otages due à, on pourrait dire une attaque de banque, ou même dans une entreprise, parce que, du coup, il y a des gens qui, comme on dit, pètent un plomb dans une entreprise, et se mettent dans une situation infernale, où ils ont l'impression que seule la confrontation verbale et physique frontale, c'est la seule chose qui va... répondre à leurs questions. Donc c'est ce qu'on appelle dans notre jargon des états d'exception, où tout un tas de données que vous connaissez, qui sont apparemment formelles et immuables, le temps par exemple, ne sont plus les mêmes. La faim, le froid, la peur, la peur n'existe pas. Et les gens qui sont en état d'exception, vous l'avez peut-être vécu sans vous en rendre compte, dans un réflexe que vous avez eu en conduisant une voiture, vous avez évité un accident. Et vous avez eu une partie de vous, qu'on appelle le cerveau reptilien, qui à travers les acquis de la formation, mais également des acquis qui nous viennent de Cro-Magnon, font que votre corps réagit avec un temps d'avance par rapport à une analyse. vous auriez. Par contre, et pour répondre à votre question, vous n'en faites pas, je suis toujours...

  • Speaker #0

    Je suis avec vous.

  • Speaker #1

    Par rapport à votre question, le fait de partir en alais, déjà, ça vous met en état d'exception. D'accord. Le bip qui sonne, maintenant, c'est un bip. À l'époque, c'était un deux-tons ou un coup de téléphone, puisque il n'y a pas de téléphone sans fil. Mais tout de suite, vous êtes mobilisés. Vous savez que vous allez sur une opération. Et ça change complètement la donne. Et ça, c'est quelque chose qui est connu, mais qu'il faut cultiver. D'accord. Et on essaye de mettre les gens à travers des départs artificiels aussi, ça peut se faire. Ah d'accord, ok. Pour voir s'il y a une réactivité qui est importante, quitte à ce que les gens après découvrent que c'est un exercice.

  • Speaker #0

    Intéressant. Ah oui, d'accord, c'est un posteriori. Oui, oui. Pour vraiment simuler le départ.

  • Speaker #1

    C'est la mise en œuvre qui est artificielle, mais ça met les gens en situation. Oui. Et puis après, vous avez toute la dynamique où vous chargez les véhicules, parce qu'il y en a qui sont préchargés, ils sont, comme on dit, sur roues. D'accord. Mais les hommes amènent leur propre équipement et on voit la vitesse d'exécution pour la mise en place. Ça met les gens en difficulté, c'est intéressant.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous faisiez de la visualisation, une forme de préparation mentale pour s'entraîner aussi quand vous n'aviez pas des entraînements physiques ou réels ? Est-ce que vous imaginiez certaines situations pour essayer de, pas d'anticiper, mais en tout cas, peut-être de vous améliorer sur certains sujets, comme le tir, comme le franchissement ?

  • Speaker #1

    Alors après, l'important, quand on a donné un moyen aux gens, les gens techniques, combat à main nue, tir de précision, apprendre à désarmer quelqu'un. Après, vous faites des mises en situation. On l'évoquait tout à l'heure. Mais également, vous essayez d'anticiper sur la forme de la menace. Je vous donne un exemple tout bête. La menace existait, elle était réelle. C'était les détournements d'avions. À l'époque de Munich, au début de l'histoire du GIGN, il y avait à peu près dans le monde entre 80 et 100 détournements d'avions par an. Tout le monde l'a oublié.

  • Speaker #0

    80 et 100 détournements par an ?

  • Speaker #1

    Oui, oui. les chiffres et petit à petit on a durci les contrôles les accès nous mais malgré tout en 94 marignane s'est déroulé mais avant nous avions fait d'autres détournements d'avion donc on entraîner les gens sur des avions. On entraînait les gens sur des Caravans, sur des 747, sur des Boeing, sur tous les modèles. Et en même temps, on avait mis en place des protocoles avec Air France, après avec Airbus, pour à la fois donner aux gens qui font les avionneurs, essayer de faire évoluer la configuration des appareils pour anticiper sur une... intervention éventuelle.

  • Speaker #0

    D'accord, ok, donc les avions sont contribués.

  • Speaker #1

    Il y a une dualité qui se fait entre les constructeurs, et puis, avoir les moyens que l'on nous prêtait, bien sûr, pour ne pas les démolir, mais sur certaines fois, dès le début du groupe, d'ailleurs, on a eu le premier avion à démolir qui était un DC-8, on l'a démoli à Orly, pour savoir ce que faisait un impact de balle, comment faisait un ricochet, comment fonctionnait, on pouvait fonctionner avec les... le CB en poudre à l'intérieur des avions pour créer cette angoisse respiratoire qui donne un avantage tactique la poudre de CB un peu comme de la farine pas les gaz que l'on voit en maintien de l'ordre mais vraiment une haute concentration dans un avion ça fait un effet de piston parce que l'avion est fermé donc le jet de poudre pose problème donc il faut aller calculer tout ça, le vérifier être sûr de soi et ces entraînements sur avion avec le soutien à la fois d'Air France, d'Air Inter à l'époque aussi, mais également Airbus, a permis d'être en configuration. Mais également, travailler sur des pétroliers, travailler sur des bateaux de croisière, etc.

  • Speaker #0

    Il y a eu des interventions sur des bateaux ?

  • Speaker #1

    L'entraînement, d'opération. Mais par exemple, avant Marignane, il y a eu trois prises d'otages dans les dix ans. dans les 94. Donc, dans les 20 ans qui ont précédé Marignane, il y a eu trois détournements d'avions importants qui ont été résolus. Donc, c'est l'expertise du GGN qui a fait qu'ils ont pu faire Marignane. Ça ne vient pas de nulle part.

  • Speaker #0

    C'est sûr. Donc, beaucoup de préparation de ce que j'entends pour essayer de contrôler l'imprévisible. Oui. Éviter ça. Est-ce que vous aviez... Alors, il y a quand même des situations parfois dramatiques. J'imagine, est-ce que vous aviez des suivis psychologiques déjà dans ces cellules-là, ou en fait vous considériez que c'est des personnes de toute façon entraînées et suffisamment fortes psychologiquement pour résister à tout ?

  • Speaker #1

    Alors, on a considéré nous que ce qui est salvateur au GIGN, c'est le GIGN. C'est-à-dire que quand les gens ne sont pas bien, la solution doit être au GIGN. Sinon, les gens ne peuvent pas rester. Si vous avez quelqu'un qui est déstabilisé et qui est obligé d'être allé chez un psy pour savoir comment il va, vous ne pouvez pas lui demander d'être dans ce qu'on appelle un binôme, puisque vous voyez toujours dans les images les gens qui font le petit train. Mais a priori, au départ, les gens travaillent toujours à deux. Il y a un qui est devant et l'autre qui l'appuie. S'il y a une rupture dans le binôme... Ce n'est pas le quatrième ou le cinquième de la colonne qui va résoudre le problème. Donc, cet aspect de confiance de l'un en l'autre, avec un exercice que vous avez sûrement vu à travers les images, du tir de confiance, qui fait qu'on doit tirer sur quelqu'un avec lequel on va travailler pour qu'il ait la confiance dans votre qualité de tireur, bien sûr avec des protections et tout, mais qui montre que vous apportez votre confiance à celui qui sera à côté de vous et dont... pourra dépendre de votre vie au moment où c'est vous qui serez, comme on dit dans notre jargon, le premier à marcher.

  • Speaker #0

    Alors ça,

  • Speaker #1

    c'est la partie qui concerne le soutien de chacun. Mais, je comprends tout à fait votre question, elle peut venir d'après une opération où il y a une rupture. C'est arrivé avec un garçon qui a été le premier blessé au GIGN avec son 1GD par balle. on s'est rendu compte, et sur tout ce qui était important, et c'est là où la formation au groupe est nécessaire, il s'est rendu compte lui-même qu'il était fragilisé et qu'il ne les retournerait plus. Il n'a pas été tu

  • Speaker #0

    Il a été sauvé par son gilet pare-balles. Et malgré tout, il est venu me voir pour me dire, mon capitaine, je devais être capitaine à l'époque, mon capitaine, je ne pourrais plus y aller, je veux mettre mes camarades en danger. Alors, c'est une forme de courage. C'est monstrueux.

  • Speaker #1

    De l'assumer.

  • Speaker #0

    De l'assumer. Et c'est également, on s'en rend compte. Vous voyez, ça répond à votre question. Le regard que pourrait avoir ou son binôme ou un autre garçon du groupe sur une hésitation dans le cadre de la mise en place d'une opération, qui fait qu'il n'aurait pas envie d'aborder cette situation. Alors vous pourriez me dire, à juste titre, mais il est possible qu'il y en ait. qui se voilent la face et qui se montent à eux-mêmes. Je suis tout à fait d'accord, mais on se connaît suffisamment gros. Il y a une telle... C'est très, très particulier. Si on ne connaît pas ce fonctionnement, on ne peut pas le comprendre. Mais on sait, par exemple, quand un type a son fils, un de ses enfants malades... on lui évite de le mettre en situation d'être vulnérable.

  • Speaker #1

    Donc le groupe fait qu'il y a une forme de protection et d'entraide et de prévention.

  • Speaker #0

    Et sur des éléments que seul le groupe peut comprendre. Si vous êtes obligé de faire une analyse à un type pour savoir s'il va repartir en opération, vous avez déjà perdu.

  • Speaker #1

    Donc le groupe est le meilleur psychologue du groupe.

  • Speaker #0

    Absolument, c'est le meilleur psychologue. et ça a permis... à certains garçons de surmonter leur handicap, de l'accepter, et à ce moment-là, de décider de ne plus continuer.

  • Speaker #1

    Ça m'inspire énormément sur d'autres sujets, en plus dans le civil, dans l'entreprise, à des niveaux moindres, évidemment. Oui, absolument. C'est de l'inspiration. Ok. Je vois que le temps file. On va passer sur la partie GSPR. Oui.

  • Speaker #0

    Alors, juste, la formule... est bonne pour tout le monde, ça lui vient toujours de l'intérieur.

  • Speaker #1

    C'est vrai.

  • Speaker #0

    Parce que, quel que soit le psy, quand vous en êtes là, vous en êtes, vous sortez du cadre dans lequel la personne a été déstabilisée. Et avec quelqu'un qui connaît l'humain, c'est sûr, mais qui ne connaît pas les situations dans lesquelles il a été perturbé. C'est valable pour une entreprise. Si on ne fait pas partager au sein de l'entreprise cette problématique, eh bien, les problèmes arriveront avant qu'ils soient révélés.

  • Speaker #1

    Ça, c'est les dirigeants qui essayent de mettre sous le tapis des situations critiques, parfois. Et en fait, les collaborateurs s'en rendent compte forcément à un moment qu'il n'y a plus de capitaine.

  • Speaker #0

    Il faut être à l'écoute, ça fait partie du job. Moi, j'aime bien les formules un peu courtes. Les militaires, on est un peu spécialistes. Peut-être parce que, comme disent ceux qui nous aiment moins, on a 20 mots de vocabulaire tantôt nomatopés.

  • Speaker #1

    J'ai pas l'impression, là. Et qu'inscrit Clituron.

  • Speaker #0

    Mais je pense que ça a l'avantage d'éviter les circonvolutions et de partir dans tous les sens. On dit une troupe manœuvre à l'image de son chef. Et c'est valable partout. Complètement. Une équipe manœuvre à l'image de celui qui la commande.

  • Speaker #1

    On le voit dans beaucoup de domaines.

  • Speaker #0

    L'anime.

  • Speaker #1

    Complètement.

  • Speaker #0

    Bon, on peut passer à la...

  • Speaker #1

    Oui, mais merci pour cette précision. Pour le GSPR, moi, ce qui m'intéresse, c'est la partie stress. Parce qu'en fait, j'ai l'impression qu'on... Quelque part, on ne peut pas dormir sur ses deux oreilles quand on est en protection du président. Alors, quelque part, on dit que c'est la personne la plus importante de l'État. Alors, deux questions. La première, c'est pourquoi vous avez créé cette protection spéciale ? Je pense que ça vient aussi de votre expérience avec le GGN. Et en fait, deuxièmement, comment on fait au quotidien pour gérer ça ? Puisque pour moi, il y a une forme d'inquiétude constante. La menace peut venir de partout et tout le temps.

  • Speaker #0

    Alors, vous avez tout à fait raison. Être aux aguets, c'est difficile et usant. Et ce qui est terrible, c'est que c'est quand vous ne l'êtes plus que ça arrive. et amener les gens à travailler. Alors qu'au GIGN, les opérations, il y a l'entraînement, mais je mets à l'épreuve cet entraînement par les opérations. Donc il y a la preuve par neuf. Au GSPR, si la preuve par neuf arrive, c'est qu'on a raté quelque chose. Sauf si on a anticipé, et qu'effectivement, une attaque... a été neutralisée. Alors, pour faire en sorte que cette espèce de perception continue de la menace, puisque c'est une menace continue, ait amené les gens à être osagués, elle passe, on en revient à la même chose, à la formation. le GSPR, contrairement à ce qu'imagine certains, c'est pas simplement avoir un truc dans l'oreille.

  • Speaker #1

    C'est ce qu'on imagine un peu.

  • Speaker #0

    Des belles Ray-Bans, un beau costume, et puis une arme que l'on ne voit pas. et que l'on sait rassurante parce qu'elle est au holster. Non, c'est quelqu'un qui prépare et qui fait des exercices à la fois au niveau de la conduite, si l'agression peut être, mais au niveau du déplacement de la personnalité et mettre en place un certain nombre de réactions pour avoir la réactivité adaptée à la menace, ce qui n'est pas forcément au départ une menace due à une arme d'assaut ou à une arme de poids, mais qui peut l'être. par l'enthousiasme d'une foule. Ah oui.

  • Speaker #1

    Déplacement du président au salon de l'agriculture.

  • Speaker #0

    Voilà. Tout ça est assez compliqué et ne peut fonctionner qu'avec un entraînement. Et cet entraînement, tel que je l'avais mis en place sur le GESPR, qui était que version gendarmerie, comme je ne sais pas comment ça se passe actuellement, je ne vais pas vous en parler, mais comme c'est moi qui ai donné le nom à cette unité, j'en parle tel qu'il a été conçu. On travaille sur ce qu'on appelle la théorie des cercles. quatre cercles concentriques autour de la personnalité. Donc, ce point de vue tactique est important. Le premier cercle, le contact, celui qu'on évoquait, qui est les hommes qui sont soit trois, soit cinq. On appelle ça le triangle ou le diamant, s'ils sont cinq. Et ces personnes... On dit que c'est le premier cercle, mais en fait, dans la réalité, c'est le dernier. Parce que c'est au moment où ce cercle intervient...

  • Speaker #1

    Oui, d'accord, c'est dans l'autre sens que ça... Oui, oui, c'est vers le centre.

  • Speaker #0

    Pour que ça soit plus explicite au niveau des gens, on dit le premier parce qu'il est le premier au contact. Mais c'est le dernier. Ça veut dire que tous les autres ont failli avant. Donc le deuxième cercle correspond non plus à une agression, à une attaque. ou verbales, ou sacs de farine, ou même parce que personne ne veut faire la bise au président, parce qu'il ne faut pas oublier, ou on a tendance à l'oublier, que la sécurité telle qu'on l'imagine, ce n'est pas la seule problématique de la protection d'une autre personnalité. Vous avez l'atteinte à l'image, qui est très importante. Cette personnalité, surtout quand c'est en régime présidentiel, cette personnalité... une atteinte à son image peut être dévastatrice. Donc, il y a tout un tas d'éléments qu'il faut prendre en compte. Donc, ce premier cercle est important par rapport à la riposte. Si elle est trop violente, par exemple, alors que ce n'est pas une agression, qu'on n'a pas mesuré que l'agression, c'était un manque, une manifestation d'affection démesurée, c'est contre-productif. Oui,

  • Speaker #1

    oui, oui. Ah oui, d'accord, oui. Je prends un exemple, c'est pas ce que je pense à ça, mais quelqu'un tout nu qui vient essayer de prendre une photo avec le président, si vous faites une riposte trop violente, c'est pas adapté. Absolument.

  • Speaker #0

    Et le deuxième cercle, à ce moment-là, c'est plus ce type d'agression, mais on est tout de suite sur une arme. Donc c'est suivant ce qu'on appelle la cathédrale de tir, c'est-à-dire la distance qui est entre l'agresseur et l'objectif. C'est entre... suivant qu'il y a du monde, qu'il y en a moins, qu'il y a des immeubles, qu'il y a des espaces. C'est entre, disons, 15 et 50 mètres. Donc, c'est évalué, ce deuxième cercle, en fonction des lieux. Après, vous avez le troisième cercle, ce qui est arrivé à Trump.

  • Speaker #1

    Oui. Ah oui,

  • Speaker #0

    oui. Un tireur longue distance. Oui. Là, en l'occurrence, il n'était pas à très longue distance, mais quand même.

  • Speaker #1

    Sur l'oreille,

  • Speaker #0

    oui. Il y aurait eu, dans un schéma de type... j'espère, ça aurait été fouillé et tenu. Parce qu'il ne s'agit pas que de fouiller, il s'agit de tenir, pour ne pas que pendant que vous tournez le dos, quelqu'un vienne prendre la place. Et il y a un quatrième cercle, qui est prépondérant, qui est virtuel, c'est le renseignement. Donc le renseignement d'ambiance, pour savoir qui va assister à la venue de l'autorité. un renseignement sur la politique intérieure et un renseignement sur la politique internationale et la géopolitique. Et ce renseignement permet d'anticiper un certain nombre de situations où, si on n'avait pas ce renseignement... Si on n'avait pas pu anticiper, à ce moment-là, on serait retrouvé au contact de l'agression, et peut-être un peu trop tard. Quand vous voyez ce qui s'est passé dans l'histoire des agressions des différentes personnalités, je sais à chaque fois, ce que je viens de vous expliquer, une rupture d'un de ces quatre cercles. Chose qui n'existait pas quand j'ai créé le GESPER. Donc j'ai conçu le GESPER, à l'instar du GIGN, en me mettant en situation par rapport à une problématique particulière, en me disant qu'est-ce qu'on a fait jusqu'à présent qui ne fonctionne pas, pourquoi ça ne fonctionne pas, ce qu'il faut faire pour que ça fonctionne.

  • Speaker #1

    Et pendant tout, je ne sais pas si c'est un mandat, mais je vais appeler ça le mandat, vous avez protégé le président, vous n'avez pas eu d'intervention, vous n'avez pas eu à intervenir, je veux dire ?

  • Speaker #0

    Non, le GSPR n'a pas eu à intervenir. Tant mieux,

  • Speaker #1

    mais...

  • Speaker #0

    Avec un réflexe, et là c'est une atteinte à l'image, où un de mes hommes a attrapé une tomate qui était jetée sur le prénom.

  • Speaker #1

    Le réflexe.

  • Speaker #0

    Et je peux vous dire que pour le président de la République, il me l'a dit d'ailleurs. Il ne m'a pas dit ce que je vais vous dire, mais dans son esprit, ça aurait été aussi grave que de prendre une balle.

  • Speaker #1

    Ah oui, d'accord. L'humiliation. Oui, à ces niveaux de responsabilité, je pense qu'on ne se rend pas compte de l'importance de l'image. Je vois que le temps est passé très, très vite.

  • Speaker #0

    Alors, juste une question que c'est moi qui aurais dû vous le préciser. Allez-y. Ils sont tous volontaires.

  • Speaker #1

    Ah oui, très bonne question.

  • Speaker #0

    On en revient. aux triptiques que vous avez bien noté tout à l'heure, donc des volontaires, des gens formés et des gens équipés.

  • Speaker #1

    J'allais vous poser la question pour terminer, à destination des civils, donc de mes auditeurs, comment peut-on progresser aussi mentalement, à l'instar de l'équipe du GGN, comme vous l'aviez fait ? Est-ce que vous auriez des conseils pour essayer de renforcer son mental ? Parce que vous, finalement, ça a été aussi... via l'expérience, mais si vous avez des décisions.

  • Speaker #0

    Je pense que tout démarre de soi. Or, la mise en situation, se mettre en perspective, ne rien attendre. Bien sûr, on est dans une équipe, on va fonctionner dans une équipe. Mais se dire qu'au départ, une partie du fonctionnement, elle vient de vous. La manière dont... Vous vous mettez dans votre travail. Faites en sorte que vous êtes perméable à ce qui doit se passer autour. Et à ce moment-là, ne pas hésiter à dire quand ça ne fonctionne pas bien. Et souvent, on a une espèce de pudeur ou peut-être même un manque de confiance en soi. qui fait qu'on est en deçà du rôle que l'on a, et de ce fait-là, on rend vulnérable l'ensemble du dispositif. Et vous voyez bien que ça s'applique à beaucoup de choses. La vulnérabilité dans une entreprise, étant la manière dont la mission est exécutée, et donc à ce moment-là, l'entreprise est efficace ou elle l'est moins. Et chacun a dans cette entreprise et à son poste un rôle. qui est bien sûr à la mesure de ce qu'on lui confie, mais qui peut légèrement être meilleure, si tout d'un coup, on a une vision et on n'ose pas le dire, alors que peut-être on a vu quelque chose que d'autres personnes ne l'avaient pas vu. Et pour en revenir à soi, comment se former ? Eh bien, il faut se remettre en cause. C'est une remise en cause. Et c'est ça, par rapport au GSPR, qui est important. Le plus grand danger au GSPR, c'est l'habitude. Le plus grand danger pour tous les métiers. C'est l'habitude. C'est un danger quand on conduit. C'est un danger dans son métier parce que ça ronronne et on ne voit pas venir ce qui,

  • Speaker #1

    d'un coup,

  • Speaker #0

    va déstabiliser ou mettre en défi. Donc, évitez de faire en sorte que, selon le terme qui va dans les deux langues, ça devienne une routine.

  • Speaker #1

    Super intéressant. Je pense qu'on peut terminer là-dessus.

  • Speaker #0

    Merci de m'avoir suivi.

  • Speaker #1

    Merci à vous d'être venu.

  • Speaker #0

    Et d'avoir partagé avec vous ces considérations de quelqu'un qui a quelques heures de vol, un peu d'expérience. Mais je pense que, contrairement à ce que disait Mao, l'expérience des autres n'est pas un peigne pour les chauves. En condition qu'on les écoute.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Je vous en prie, c'est moi qui vous remercie.

  • Speaker #2

    Merci d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. J'espère qu'il vous a plu. et que vous avez appris des choses. Si c'est le cas, merci de mettre 5 étoiles sur Apple Podcasts ou Spotify et surtout de partager cet épisode autour de vous. N'hésitez pas à me faire part de vos retours pour les prochains épisodes. Je vous dis à bientôt sur Objectif Mental.

Share

Embed

You may also like