- Speaker #0
Bonjour et bienvenue sur Objectif Mental. Je suis Kevin Rich, cofondateur de Kairn, K A I R N, une application mobile qui démocratise l'accès au coaching mental d'élite. Chaque semaine, je partage des conseils pratiques, des interviews d'experts ainsi que des témoignages inspirants d'entrepreneurs, de sportifs et d'artistes. Mon objectif est de vous aider à développer votre mental pour performer en toute sérénité, que ce soit dans votre vie professionnelle ou extra-professionnelle. Je vous souhaite une excellente écoute. Salut Manon.
- Speaker #1
Salut.
- Speaker #0
Comment vas-tu ?
- Speaker #1
Très très bien, et toi ?
- Speaker #0
Très très bien, merci de venir sur Objectif Mental. Je sais que tu as une vie très très intense et très occupée en ce moment. J'ai vu sur Insta que tu étais un tirage au sort de la Coupe de France.
- Speaker #1
Ouais.
- Speaker #0
À midi.
- Speaker #1
Écoute, je me suis fait inviter par la Fédé de foot. à faire le tirage au sort de Coupe de France et je trouvais ça trop fun et j'étais honorée, tu vois, je me suis dit ça va être un bel événement, c'était au comité olympique, donc j'étais là ce matin.
- Speaker #0
Je vois que tu es toujours à droite et à gauche, mais je te remercie d'être là. Aujourd'hui, on va couvrir évidemment ta carrière d'ex-handballeuse professionnelle et championne. Pour faire un peu ton point de maraisse, parce qu'il faut quand même que tout le monde voit l'ampleur de la carrière, donc vice-championne olympique avec l'équipe de France, championne du monde. championne d'Europe. Ça, c'est pour la carrière avec les Bleus. Tu as fait 104 sélections.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
248 buts, j'ai vu. Énorme. Et en club, de ce que j'ai retenu, tu as été trois fois championne de France,
- Speaker #1
c'est ça ? Oui, je crois. Je ne sais même pas. Oui, ça doit être ça.
- Speaker #0
Et individuelle aussi, tu as eu des titres donc meilleur et l'air gauche en Ligue des Champions et cinq fois en championnat de France. Il y a plein d'autres choses, j'ai pris l'essentiel de ton palmarès, il y a plein de coups, plein de choses en plus. Et donc la première question que j'ai envie de te poser Manon, c'est de te présenter sans parler de handball.
- Speaker #1
C'est la question qui tue. Non, en fait, moi, je suis née dans un petit village, dans la Sarthe, avec mes parents. Puis voilà, il y avait mon frère et ma sœur et j'ai toujours été très famille, très attachée à mes racines, à mes origines. Donc pour moi, je suis toujours la petite Manon du village qui n'était pas du tout... prédestinée à un petit peu tout ce qui s'est passé. Après, j'étais extrêmement timide, introvertie. Chose qui, à force de vivre en collectif, c'est progressivement... Alors, c'est ce que je suis, mais c'est profondément... Je me suis ouverte aussi à plein d'autres choses. C'est ce que m'a permis le sport. Et ça, je pense que c'est l'un des énormes avantages du sport, de découvrir plein d'autres personnes qui viennent d'un peu partout et d'aller vers un objectif commun. Donc, c'est ça qui m'a... qui m'a animée et qui m'anime toujours, c'est-à-dire d'aller vers des nouvelles expériences, vers des nouvelles personnes, et avec des nouveaux objectifs. J'ai un gros goût du défi. Et voilà, ce qui me guide globalement, c'est un peu tout ça.
- Speaker #0
Et tu disais que tu n'avais pas l'impression d'être prédestinée à faire cette grande carrière de hand. Déjà, comment tu tombes dans le handball ? Comment tu t'inscris à ce sport ? Est-ce que tu as fait d'autres sports avant ?
- Speaker #1
Mon papa était président du club de mon village. et après pour tous ceux qui ont grandi dans des villages vous savez qu'il n'y a pas 150 sports possibles donc j'ai commencé par le tennis, j'ai fait un peu de foot et en fait je m'y suis retrouvée sur le sport co et vraiment pour moi le hand c'était un sport qui a tout puisque t'attaques, tu défends, ça va vite tu sautes,
- Speaker #0
tu débordes je me suis très vite beaucoup amusée c'est physique aussi pour en avoir fait un tout petit peu au collège ouais c'est très physique Merci.
- Speaker #1
Mais c'est cool, tu te dépenses, pour moi c'était ça, une heure condensée, tac, j'ai toujours adoré ça.
- Speaker #0
À quel moment tu te dis que tu peux faire carrière dans le hand ? À quel âge et comment le déclic arrive ?
- Speaker #1
C'est ultra progressif et c'est ça que j'ai adoré aussi, il n'y a rien eu de violent. Mais quand on me propose d'aller en sport-études, quand j'intègre les équipes départementales, puis régionales, puis le premier stage en équipe de France. Mais voilà, sorti du sport-études, pendant le sport-études, pendant mes années lycées, j'ai ma première sélection avec France Jeune, l'équipe de France Jeune, et là je commence à goûter à ça, au maillot de l'équipe de France, je fais ouais d'accord ok ça c'est fou.
- Speaker #0
T'es dans la Marseillaise ?
- Speaker #1
Ouais bien sûr, bah ouais on part au championnat d'Europe. Le rêve de tous. Et là en fait je goûte à ça, déjà à l'équipe de France, et je me dis ok ça c'est magique et j'adore ça. Mais j'ai pas encore de vision de ce qu'est le haut niveau, Je suis dans un sport-études qui est loin d'une équipe de D1 ou même de D2. Donc je ne sais pas à quoi ça ressemble. Et j'ai la chance d'intégrer le club de Fleury à 18 ans. Et je vois les filles qui vivent de ça. C'est la première fois que je capte, parce qu'à mon époque, même si c'est pas si loin, il n'y avait pas de diffusion télé, il n'y avait pas de match sur Internet. Donc en fait, on ne voyait pas quoi. Et puis je découvre tranquillement à quoi ressemble le métier. Et puis après, c'était parti.
- Speaker #0
Donc quand tu jouais en de plus jeune, tu ne rêvais pas forcément d'être aux Jeux Olympiques à Rio, de faire des grandes carrières dans des clubs. Pour toi, c'est venu vraiment au fur et à mesure comme ça ? Ouais,
- Speaker #1
parce que c'était... Ça pouvait pas vraiment être un rêve, puisque ça existait pas pour moi. Ça pouvait pas être un métier. Donc, depuis que je suis haute comme trois pommes, j'ai un esprit de compétition extrêmement développé. Donc, c'était pas non plus une énorme surprise par rapport à ça. Mais non, de me retrouver au JO et tout, c'était insensé, quoi.
- Speaker #0
Ouais, à ce moment-là, tu l'imaginais pas vraiment, quoi.
- Speaker #1
Ah non.
- Speaker #0
Et pour toi, on va faire ta carrière, tu vois... on va dire chronologiquement, mais quelle a été l'émotion la plus forte que tu as eue en équipe de France ?
- Speaker #1
C'est le championnat du monde en 2017. Moi, c'est ma plus belle compétition individuelle. Il faut dire que ça compte aussi sur une compétition. Je suis meilleure buteuse de l'équipe de France sur ce mondial. Il s'est passé plein de choses avant. En club, en équipe de France, il y a eu des victoires, des défaites, des choses qui m'ont construite. Et là, je sens que je suis un peu à l'apogée de ce que je vais faire. Et en fait, à la finale, je fais une finale incroyable. J'ai mon père et ma sœur en tribune. On gagne la Norvège, qui est la meilleure équipe à ce moment-là. Donc voilà,
- Speaker #0
c'est dingue. Et on peut aller plus dans le détail sur cette finale. Comment tu te prépares mentalement à cette finale ? Alors, en parenthèse, tu es devenue aussi préparatrice mentale. Là, entre-temps, c'est pour ça qu'on va aborder beaucoup ce sujet du mental. Mais qu'est-ce qui se passe dans ta tête la veille de cette finale, en disant que c'est peut-être le match le plus important de ta vie ? Et au final, le résultat fait que tu as fait un match exceptionnel. Mais comment tu t'es préparée à ça ?
- Speaker #1
Ce qui est fou, c'est qu'en fait, après, quand je me suis formée en préparation mentale sur l'année passée, on commence à apprendre un peu des outils et des techniques. Et c'est des choses, en fait, que quand tu es athlète, tu te retrouves face à des problématiques et que des fois, tu fais inconsciemment. Donc, il y a plein de choses que j'ai fait inconsciemment pour préparer ce genre de grand moment. Déjà, je n'envisage pas de perdre. C'est-à-dire qu'un an avant, on perd les Norvégiennes en... Demi-finale de l'Euro. Et je me souviens que je pleure une partie de la nuit pour cette défaite. Et je ne me dis plus jamais que je perds contre cette équipe dans ces conditions. Et donc du coup, moi, ça fait un an que j'ai ce match dans la tête et que finalement, on les tombe en finale. Et moi, ce match, vraiment, il n'y a pas d'option. On ne peut pas le perdre. Ensuite, comment je me prépare pour ce match ? En fait, je suis sur un nuage, la préparation, et on le sait, ce n'est pas le jour pour le lendemain. Pour le coup, ça fait des mois et des mois et des mois que je me prépare et que je suis conditionnée pour vivre ce genre de moment.
- Speaker #0
Tu surfais d'une très belle saison, déjà, individuellement en club. Est-ce que tu surfais sur la confiance que tu avais pendant la saison en club pour ensuite venir au Mondial ?
- Speaker #1
La compétition était au mois de décembre. Sur la première partie de saison, je suis en Allemagne, dans un club, où je fais une bonne saison. Et après, je suis arrivée à Metz. Et en effet, dès septembre à Metz, je cartonne. Je suis vraiment bien sur mon arrivée à Metz. Mon niveau d'exigence, il est très haut. Ma condition physique est très bonne. Et psychologiquement, je me sens bien. Je me sens au bon endroit, au bon moment. Je ne suis pas en train de me dire peut-être que je n'ai pas ma place. Non, je suis là et c'est OK. Je n'ai rien volé à personne. Donc déjà, j'arrive extrêmement prête, je pense. Et puis, je me souviens, je rentre dans la salle, il doit y avoir 20 000 personnes. Et je me souviens que je me dis, tout ce que tu as fait, c'est pour ce moment-là. Donc, si tu ne le kiffes pas, ça n'a pas de sens, tu vois. Donc, je dis non, tout ce que tu as fait, c'est pour vivre ça, là. Et là, vraiment, je me souviens, le smile, le truc de... Waouh, il faut que j'embrasse vraiment ce moment-là, ce public, que ce soit au contraire, il y a 20 000. C'est que des Norvégiens, des Suédois. Ah ouais, il y avait 30 Français qui étaient dans un coin. Et justement, pareil, je les regarde, je me dis, mais oui, j'ai envie d'être à cette place-là, avec juste les 30 Français, en mode, personne ne croit en nous, mais on va gagner quand même. Et j'ai tellement kiffé. Si tu fais un focus sur moi, sur ce match, je suis quasi possédée, tellement je suis dans l'instant présent. Et là, il n'y a plus rien qui existe, ni avant, ni après.
- Speaker #0
Super intéressant. En fait, tu parles de plaisir. sur l'instant T, ce qui est très difficile à faire dans ces moments cruciaux. Toi, tu as remis tout le sens de cette finale sur la notion de plaisir en disant qu'il faut que je kiffe le moment.
- Speaker #1
Oui, et je savais que pour kiffer, il faut que je sois dans l'initiative. Il ne faut pas du tout que je subisse, moi particulièrement, il faut que je sois proactive sur le terrain, il faut que je produise des choses, il faut que je dégage de la confiance aussi, et pour moi et pour les gens autour. Et du coup, j'étais là. observe, regarde, agis. J'étais vraiment tellement concentrée. C'était comme si j'appliquais simplement tout ce que j'avais appris et que j'étais pas dans la réflexion, j'étais que dans l'action et c'était tellement agréable.
- Speaker #0
J'ai l'impression que t'avais quand même un gros niveau de confiance en toi. Est-ce que ça a toujours été le cas ? Est-ce que tu l'as construit au fur et à mesure ? De ce que j'entends, c'est quand même que t'es venue avec... Tu connaissais tes compétences, tu savais le niveau que t'avais, t'as appris tout justement cette finale comme du plaisir. J'ai l'impression que pour toi, ça coulait de source. Est-ce que tu as toujours été comme ça ?
- Speaker #1
Ah non, pas du tout. Là, je te parle vraiment du match apogée du truc et comment j'ai réussi à la vivre. Et c'est très agréable de réussir à vivre une finale du Mondial comme ça. Mais non, après, ça a été que du doute. Avant, après, c'est du doute tout le temps. Là, juste sur la demi-finale, juste avant de cette compète, je ne suis pas bien, je dois me prendre un deux minutes. Je crois que je marque, enfin je sais, j'arrive même plus �� me souvenir, mais j'étais pas, j'ai pas été très bonne. Tu es exclue quand tu fais une faute. Ouais, je me fais exclure parce que j'avais pas posé la balle au bon endroit, tu vois, pour un truc un peu nul. Ça me sort de mon match, je suis pas. Donc non, non, non, tu vois, juste deux jours avant, compliqué. Mais, enfin compliqué. Je sens qu'en fait, je suis pas friable, tu vois. C'est pas le moindre truc qui va me faire douter. Non, je suis quand même bien ancrée. Et après, non, ça a été du doute sur les années d'avant, sur les années d'après, bien sûr.
- Speaker #0
Ok, donc il y en a eu quand même... Parce que de l'extérieur, souvent, on voit que ce soit sur les réseaux, tu lis les journaux, tu regardes... Enfin, moi, quand je me suis renseigné sur ta carrière, j'ai vu si la carrière est ouf. Et on dirait que tu as traversé ça, tu vois, d'une ligne droite, comme si c'était évident, quoi. C'est ce qu'on se dit toujours après coup, c'est sur une carrière. Enfin, quand on voit une carrière de l'extérieur. Mais de ce que tu me racontes, c'est pas du tout ça. T'as eu des moments difficiles ?
- Speaker #1
Oui, tout l'inverse. C'est des montagnes russes, une carrière. Et très tôt, il faut accepter ça. Accepter que même une saison, même un match, à l'échelle de n'importe quelle échelle de temps, ça ne va être que comme ça. Et des fois, ce sera comme ça, et des fois, ce sera comme ça. Et le but, justement, c'est que ça ne descende pas trop bas. On m'avait dit ça. Ça peut fluctuer et ça va fluctuer. Mais le but, c'est qu'il y ait un niveau minimum de performance qui soit minimum à ce niveau-là. Et ensuite... Et non, ça a été des fluctuations de performance, des fluctuations d'état physique, d'état mentaux, tout le temps. Puis nous, on change beaucoup de clubs, donc beaucoup d'entraîneurs, de coéquipières, de manières de travailler, de villes, de contextes, de tout. Donc c'est une adaptation permanente.
- Speaker #0
D'ailleurs, tu as fait un passage en Allemagne, tu l'as mentionné. Tu es restée un an, pourquoi pas plus ? L'Allemagne, c'est un peu le pays du hand aussi, non ?
- Speaker #1
Du hand masculin, en l'occurrence.
- Speaker #0
Ah ok.
- Speaker #1
le hand masculin dans la Bundesliga, c'est pareil chez les filles, mais eux remplissent des salles de 10, 15, 20 minutes, je ne sais pas, mais voilà, c'est plein et c'est vraiment une fête. Chez les filles, ce n'est pas du tout les mêmes conditions. Je m'en suis très vite rendue compte. Donc c'est une équipe dans laquelle je me sentais bien, dans laquelle j'ai performé, mais j'avais besoin, moi, d'un niveau de professionnalisme supérieur. J'en avais envie, en tout cas. Et donc, au bout de quelques mois en Allemagne, quand Metz m'appelle, Je me dis, ce niveau d'exigence et de professionnalisme, je pense que je vais le trouver à Metz. Donc j'ai saisi l'occasion.
- Speaker #0
Ok, intéressant. Et donc tu disais par exemple, tu as eu des pépins physiques, tu as eu une blessure grave au ligament, tu as fait les ligaments genoux. Comment, alors quand ça arrive, qu'est-ce qui se passe dans ta tête ? Parce que pour un sportif, c'est quand même ton petit travail, ton corps, tu vois. Est-ce que tu ne te dis pas, ben là c'est foutu ?
- Speaker #1
Ouais, je me fais les croiser à Ausha 18 ans et à droite à 28 ans.
- Speaker #0
À 18 ans, t'as déjà fait ? Ok, j'avais noté la deuxième et pas la première. Ouais,
- Speaker #1
du coup, ça a été... Ouais, c'est des choses qui te mettent un sacré coup, surtout que forcément, c'est toujours dans des moments où il ne faut pas. C'était des moments... À 18 ans, je me l'ai fait, je suis à deux mois de partir au championnat du monde. C'était aux Antilles à l'époque avec France Junior, donc avec France Jeune. Donc voilà, tu te dis, ça y est, ma carrière est finie, ça arrive au pire moment. J'étais censée signer dans un centre de formation une semaine après. Donc je me dis, tout s'écroule. Au final, pas du tout. Le centre de formation me signe et puis un an après, je suis au championnat d'Europe avec France Junior. Donc voilà, les choses évoluent. Et à 28 ans, c'est un coup dur quand même, puisque c'est la conséquence de plusieurs mois de grandes douleurs physiques et mentales, à savoir... Est-ce que c'est la douleur physique qui m'a fait mal à la tête ou est-ce que c'est parce que j'étais fatiguée mentalement que j'avais mal au corps ? Ça, on a conclu que ça venait, que ça allait un peu ensemble. Et ouais, j'étais très fatiguée, j'étais en pernoque depuis longtemps, j'avais des grosses grosses douleurs et du coup mon genou a cassé.
- Speaker #0
Parce que tu étais en burn-out, tu en avais marre de jouer ? Tu t'es fatiguée de la pression, de l'enchaînement des matchs ? De l'enchaînement.
- Speaker #1
J'étais touchée par l'enchaînement. J'avais le sentiment d'être dans la machine à laver. De jouer, de jouer, de jouer, de jouer. Je pense qu'il y a beaucoup d'athlètes qui témoignent de ça. De l'intensité des calendriers, de la répétition des efforts. Je regardais derrière, je regardais devant, je ne voyais pas de repos, je ne voyais pas de moment où je pouvais souffler. Et les moments où je pouvais souffler, je n'arrivais pas à récupérer parce que psychologiquement, j'étais là, mais j'ai pas fait ça, est-ce que j'ai fait ça, est-ce que ça c'est assez ? En fait, je n'optimisais pas non plus mes moments de récup. Et donc, ce n'était même pas la problématique de l'exigence qui venait de l'extérieur, puisque celle-ci, je la connaissais. Puis c'était ce que j'étais venue chercher, et en équipe de France et dans l'un des plus grands clubs. Mais c'était que je n'étais plus capable de l'encaisser, j'avais besoin de repos. et que je n'arrivais pas à m'en accorder, et que l'environnement dans lequel j'étais était dans un enchaînement maximal.
- Speaker #0
C'est intéressant parce que tu vois pareil, quand on est jeune, on se dit que la sportive professionnelle, c'est incroyable comme vie, ils gagnent de l'argent pour leur passion, etc. Mais il y a aussi ça derrière, c'est en fait l'intensité, la répétition des efforts. Ton corps ne se repose quasiment pas, et tu enchaînes les matchs du coup. Les entraînements, les matchs, c'est quand même super dur. Il faut aussi le rappeler. On parle beaucoup de santé mentale en ce moment. Est-ce que c'était quelque chose qui était pris en compte à ton époque, entre guillemets, dans les clubs ou en équipe de France ?
- Speaker #1
En équipe de France, c'est à la demande des Jeux qu'un préparateur mental est arrivé en 2016. Et en club, il y a des clubs dans lesquels j'ai connu des préparateurs mentaux. Ou alors, tu sais, tu as toujours une psychologue référente. Et ensuite, après, bientôt, j'ai connu à Bourg-de-Péage. J'ai connu à Bourg-de-Péage, c'est tout. Non, en fait, pour le moment, ce n'est pas encore du tout démocratisé et normalisé. Parce que c'est toujours pareil, en fait. On est dans du sport féminin, ça se budgétise. Il faut investir sur ça. Alors, ce n'est pas que les clubs n'ont pas conscience de l'importance de ça. C'est juste simplement qu'aujourd'hui, ils ne peuvent pas nécessairement le faire. Donc c'est aussi aux joueuses, si elles en ont la capacité, d'essayer de se prendre en charge individuellement. Mais c'est vrai que l'idéal quand même dans un fonctionnement collectif, ce serait que le préparateur mental puisse aussi intervenir sur le staff et en collectif.
- Speaker #0
Mais toi, quand tu es fatigué mentalement, est-ce que tu as quelqu'un vers qui tu peux aller ? Tu peux tirer la sonnette d'alarme, tu peux en parler et dire « là je suis fatigué, j'en peux plus » . Ou est-ce que juste tu le caches ? Tu rentres chez toi le soir et tu te dis, allez, il faut que ça passe, quoi.
- Speaker #1
Ça dépendait quand dans ma carrière, ça dépendait dans quel contexte, mais...
- Speaker #0
Et quand tu t'es fait le genou à 28 ans ?
- Speaker #1
Ouais, c'était difficile. J'avais peu de relais. J'avais pas le sentiment d'avoir énormément de relais. Ou en tout cas, il y avait beaucoup ce truc de... Tu sais, dans le sport de haut niveau, c'est beaucoup ça, quand même. T'as pas envie qu'on te prenne ta place, t'as envie de jouer, t'as... Voilà, et puis il y a une équipe qui t'attend, il y a des exigences. coach, président, etc. Et ouais, ça peut être perçu. En tout cas, la peur, c'est que ce soit perçu comme une faiblesse et du coup, tu te tais. C'est une énorme erreur, en fait. Soit tu te tais, soit tu parles et t'es pas nécessairement entendu. Je voulais te parler de ça.
- Speaker #0
Tu parlais justement de ne pas perdre sa place, etc. Comment on vit la compétition dans une équipe avec quelqu'un qui a son poste et en fait, tes collègues, puisque tu es dans la même équipe et en même temps... La réalité, c'est qu'il n'y en a qu'une qui joue à ce poste-là.
- Speaker #1
Comment tu gères ça ? Moi, je l'ai vécu différemment parce qu'on a toujours été deux au poste. Déjà, deux, c'est OK. Quand tu joues tous les trois jours, et je sais que j'ai toujours joué toute ma carrière, j'ai eu de la chance, j'étais sur le terrain, je n'ai pas eu de problème de rester sur le banc et tout. Et souvent, on se partageait le temps de jeu. Donc, que ce soit en équipe nationale... C'est vrai qu'on a beaucoup de rotation quand même. Oui, c'est ça, on peut tourner beaucoup. Après, tu as certaines filles qui sont impactées beaucoup par ça, qui restent sur le banc et tout. Je sais que ça n'a pas été une problématique en carrière. Les coachs m'ont toujours mise sur le terrain et ça aurait été dur à vivre pour moi.
- Speaker #0
Tu avais des rituels d'avant-match pour gérer la pression, le stress ?
- Speaker #1
Ça a été hyper évolutif. Pour moi, tu n'as pas besoin des mêmes choses à 20 ans, à 25 ou à 30. Ce que j'avais besoin, c'était de prendre connaissance de l'environnement. Donc j'aimais bien arriver avant, regarder un peu les lieux, l'ambiance, le positionnement. Vraiment, prendre possession de ça. Pareil dans le vestiaire, jamais j'avais de casque ou de musique, etc. Je voulais me connecter à mes coéquipières, à l'ambiance, essayer de prendre un peu la température. Ça, c'était vraiment important pour moi. Après, les échauffements, par exemple, c'est assez codifié. Tout le monde fait un peu la même chose. Et sur mon échauffement individuel, ça ressemblait toujours un peu à la même chose. Mais pour l'anecdote, le prep mental en équipe de France, je lui avais demandé, je vois que les filles ont beaucoup d'habitude sur les avant-matchs. Moi, je vois que ça les rassure, est-ce que je pourrais faire pareil ? Ils m'avaient dit, mais pas du tout, c'est toi dans ta personnalité, t'es quelqu'un de très spontané, donc toutes tes préparations de match seront différentes. Ça m'avait pas mal rassurée, ça m'avait enlevé de la pression. Donc il y a des choses qui se font parce que c'est inconscient, instinctif, et parce que tu le fais tous les trois jours. Mais globalement, je sais que j'avais besoin plus de me détendre et de calme, parce que moi, l'activation, la motivation, l'excitation, c'était des choses qui venaient naturellement. justement par tout cet environnement. Du coup, j'avais plus besoin de me détendre et de me focus sur mon plaisir à moi.
- Speaker #0
Super intéressant de ne pas copier-coller des recettes. Je ne sais pas, la musique ou la méditation. Chacun est différent. C'est ce que tu dis, en gros. Toi, tu faisais comme tu le sentais.
- Speaker #1
Ouais. Après, je pense que j'ai testé plein de trucs. Franchement, c'est sûr que quand j'étais plus jeune, je ne m'en rappelle pas précisément, mais oui, dans le vestiaire à fleuries. Au tout début de ma carrière, je vois des filles avec de la musique, donc... Quand t'es nouvelle dans un vestiaire de pro, tu regardes ce que font les autres et tu fais pareil. Enfin, moi, en tout cas, c'était mon instinct, quoi. Et puis, je me disais, OK, bon, voilà, mon début de match, comment il se passe ? Est-ce que j'ai envie de changer quelque chose ? Dans quoi je me sens mieux ? Et c'est tout l'avantage de l'expérience, c'est de tester plein de trucs et de voir ce qui fonctionne pour toi.
- Speaker #0
Carrément. Tu parles de vestiaire, c'est intéressant quand t'arrives dans un vestiaire, quand t'es jeune comme ça, comment... Enfin, il y a deux questions. Comment tu fais ta place, tu vois, sans... J'ai l'impression qu'il y a des hiérarchies quand même parfois dans les vestiaires.
- Speaker #1
Ah ouais, de fou !
- Speaker #0
Ça, ça m'intéresse. Comment ça se passe dans un vestiaire ? Parce que nous, on voit sur le terrain, mais on voit pas ce qui se passe réellement derrière.
- Speaker #1
Mais tu sais que c'est intéressant, il y a peu de gens qui parlent du vestiaire, mais c'est tout un monde, c'est tout un truc. Et en effet, dans le sport... Moi, j'apprécie ça, ce truc de hiérarchie. Ça me semble important. Mais en effet, déjà, tu as des habitudes. Tu arrives, tu es nouvelle dans un club. Donc, il y a des filles qui ont leur place, leur truc. Il ne faut pas prendre sa place. Oui, c'est ça. Il y avait même, en l'occurrence à Metz, il y avait même des habitudes sur qui sort du vestiaire en premier, taper dans les mains comme ça, à l'échauffement de la gardienne, par exemple, dans cet ordre-là. Il y avait plein de... Deux choses, parce qu'encore une fois, dans les rituels, dans les habitudes, il y a des filles qui ont besoin de ça, qui vont être superstitieuses aussi. Et vu que moi, je m'en fichais, ça ne me dérangeait pas de le faire, parce que je sentais qu'elles, ça les aidait, tu vois. Mais ouais, dans le vestiaire, il y a un gros, gros respect des anciennes, parce qu'il y a du respect, puis à la fois, tu as un peu ce truc de « Ok, je regarde comment elle fait pour aussi prendre les tips, apprendre, et puis à un moment donné, pouvoir concurrencer. »
- Speaker #0
T'as eu des modèles ? Enfin, modèles, c'est un grand mot, mais des inspirations plutôt ?
- Speaker #1
Ouais, moi, vraiment, c'était Syrah Badembele, en équipe de France, qui était la capitaine, par son attitude, parce que j'ai toujours été inspirée par des attitudes, plus que par des... C'était toutes des filles très fortes, évidemment. Mais dans l'attitude, c'était la classe. Moi, la classe, c'est quelque chose qui me parlait. Je dirais que j'arrive en équipe de France, elle me dit, si t'as besoin d'aide pour quoi que ce soit, tu me demandes, je dis... Tu vois, c'était même pas de la concurrence à ce stade. C'est la classe, elle installe même pas une concurrence, elle installe un partenariat. Et j'ai dit, ok, ça j'adore. Donc, quand je serai plus âgée dans l'équipe, je voudrais faire ça, tu vois. C'est comme ça que je prenais les modèles. Je voyais très appliqué sur le terrain, tu vois, sur les détails, toujours regarder, faire en sorte de se connecter aux autres. C'était que des choses qui me plaisaient, qui m'interpellaient, tu vois.
- Speaker #0
Et super intéressant. le... Du coup, la différence entre une joueuse moyenne, mais une moyenne dans le très haut niveau, donc attention, on ne prend pas avec des pincettes quand je dis moyenne, une joueuse moyenne et une joueuse d'exception comme elle, pour toi, quelles sont les grandes caractéristiques qui font que ce sont des joueuses d'exception ? Le sens du détail, j'ai l'impression.
- Speaker #1
Il y a deux choses. Ce que je pense est la plus grande qualité, c'est la connaissance de soi. Pour moi, toutes les plus grandes joueuses, c'est des filles qui se connaissent. Et ça, je te parle de ça dans un process qui sont en recherche de qu'est-ce qui me fait le plus de bien, quelle est ma zone de performance, comment je l'atteins, comment je la répète, etc. Donc la connaissance d'elle-même. Et la discipline. Parce que là, il faut s'entraîner tous les jours. Et qu'on parle énormément, tu vois, c'est les frères Lebrun qu'on gagne. Et on leur a parlé de nouveau de leur mental, de la force de leur mental. Évidemment, et ce n'est pas moi qui vais dire le contraire, c'est clé. Mais la discipline dans le travail, la répétition. Et eux, en fait, la quotidienne, ils disent oui, il y a le mental. Mais on a produit un tennis de table incroyable aussi. Et il faut... C'est important d'en parler.
- Speaker #0
Quand tu parles de discipline, ça se matérialise comment pour toi, dans ta carrière ? Est-ce que c'était le sommeil, la nutrition, les entraînements ? J'aimerais bien que tu nous parles dans le détail pour qu'on comprenne ce que ça veut dire, la discipline.
- Speaker #1
J'avoue que c'était plutôt dans les intentions. Pourquoi tu y vas ? Et du coup, quelle énergie tu mets sur tes séances ? Parce que tu peux très bien vivre des séances sans... en te faisant traverser un peu par le truc. Et moi, toutes les filles que j'ai admirées, c'est les filles qui venaient en séance, en mode, tu vois, sur un jeu d'échauffement, sur un truc qui peut sembler lambda, sur une séance de muscu, sur un exercice à fond. Mais à fond. Encore une fois, ce sera ton à fond du jour. Mais tu sens que sur le mouvement de muscu, le truc, tac.
- Speaker #0
Ça ne triche pas, quoi.
- Speaker #1
Ben non. C'est un peu ça, le truc, tu vois. Tu peux tricher, tu peux. Mais à un moment donné, si tu veux arriver au très haut niveau, et là, en effet, on peut faire la différence entre le haut niveau et le très haut niveau. Au très haut niveau, il n'y a pas de tricheur. Ça n'existe plus, tu vois. Et la triche, ça peut se situer en effet dans des petits détails. Après, le sommeil, l'alimentation. Oui, mais ça, honnêtement, quand je dis discipline, ça voudrait dire qu'il faut tous qu'on ait le quotidien de Cristiano Ronaldo. Mais pas du tout, pas du tout. J'ai connu des filles très fortes. Et moi, la première, quand j'étais au max, je ne dormais pas toujours très bien. Je mangeais beaucoup de sucre. Tu sortais ? Je sortais, je suis beaucoup sortie sur mon début de carrière.
- Speaker #0
Ah ouais,
- Speaker #1
ok.
- Speaker #0
Je repensais que c'était l'inverse, en fin de carrière.
- Speaker #1
Ah non, j'étais fatiguée. Ah non, je ne pouvais pas du tout faire les deux. Ah ouais, même avant. Non, non, au tout début de carrière. Quand j'étais jeune, j'intègre le milieu pro, mais ne sachant pas trop ce que ça demandait en termes de discipline, j'étais là, moi, je ne vais pas faire une croix sur les soirées, sur les copains, sur tout ça. Donc non, j'ai réussi à faire les deux pendant un moment. Et après, quand j'ai commencé à goûter à l'équipe de France, je me suis dit, ah oui, là, il va falloir remettre une couche. Je ne vais pas pouvoir jongler entre tout.
- Speaker #0
Ce qui est intéressant, c'est que tu n'as pas non plus dit... Ok, en fait, moi, ça me suffit. Tu pourrais te dire, je vais en championnat de France, je suis payé, je peux sortir. Ah oui,
- Speaker #1
mais ça, c'est trop important. Et je pense qu'en effet, encore une fois, chacun va mettre son intention et ses objectifs à des niveaux différents et du coup, va caler son niveau d'exigence en fonction de ça. Et c'est ok. Mais moi, en fait, je disais ça depuis que je suis jeune et pour moi, c'était le cas un peu de tout le monde, mais je voulais être la meilleure. Je voulais... Sur le terrain, je voulais faire la différence. Je voulais qu'on me voit, faire des choses surprenantes, faire des interceptions, marquer plein de buts. Et du coup, j'ai toujours voulu être la meilleure, peu importe l'environnement où je me trouvais. Tu vois, quand je recevais des trophées de meilleure élière gauche du championnat, ça validait... Évidemment, il y a l'objectif collectif. Évidemment qu'on est là pour gagner des titres et tout. Mais moi, je n'ai jamais craché sur les récompenses individuelles parce que c'était aussi mon intention, tu vois.
- Speaker #0
Super intéressant. Parce que dans le foot, tu entends, ou même dans plein d'autres sports, quand tu entends des sportifs qui ont des récompenses individuelles, ils sont là, oui, moi, ça ne m'intéresse pas. Ce qui est important, c'est que l'équipe gagne et tout. Mais quand même, quand tu travailles à fond pour quelque chose et que tu es récompensé de ça, c'est quand même super.
- Speaker #1
Ah ouais, franchement, aussi, j'ai un gros respect pour le championnat de France et pour les autres ailières qui sont à mon poste. Donc, le fait qu'on me décerne ça et que je... Je savoure ça, c'est aussi pour toutes les élire qui sont là, et c'est une marque de respect pour moi de dire, ah ouais, je me suis battue, et après évidemment...
- Speaker #0
Je suis hélière, donc je suis très dépendante de l'entièreté de mon collectif, tu vois. Donc évidemment que je suis reconnaissante auprès de mon équipe. Et évidemment qu'au quotidien, c'est un sport collectif, ça n'enlève rien, tu vois.
- Speaker #1
Oui, c'est pas incompatible en fait, clairement. Non, non,
- Speaker #0
pas du tout.
- Speaker #1
Alors, je vais te poser une question qui pique un peu. Il y a eu Tokyo aussi.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Elles ont gagné. Toi, tu as eu le titre 4 ans avant de vice-championne olympique. Oui. Tu étais encore dans l'âge où tu aurais pu y aller. Comment tu as vécu ce moment-là ? Puisque du coup, tu n'as pas pu participer à Tokyo. Comment tu vis ce...
- Speaker #0
Je me suis blessée en 2020. Je me fais le croisé, mais aussi l'interne, les ménisques, les muscles du mollet qui se désinsèrent. Vraiment, le genou casse en totalité. C'était à ce moment-là où j'avais aussi les antécédents un peu compliqués. donc je mets beaucoup de temps à revenir et quand je reviens je suis pas à fond donc je participe à la prépa olympique à Tokyo mais c'est beaucoup trop juste et du coup ça fait mal au coeur quand même de pas pouvoir être là avec les filles et de vivre cette aventure mais les deux filles pour le coup là y'a pas photo elles sont vraiment meilleures que moi elles sont là-bas, elles performent donc la question se pose pas puis moi je suis là, je les suis sur toute la compète et... C'est un mélange d'émotions, de les voir gagner, de se dire que tu es trop contente pour elles, et à la fois, j'ai les boules de ne pas en faire partie.
- Speaker #1
Oui, c'est ça. Là, tu aurais pu aussi te dire que ton genou est foutu. Comment tu retrouves la force pour continuer à jouer, parce qu'après, tu reprends ta carrière. Je ne sais pas, est-ce que les médecins t'ont dit que c'était faisable ? Non, ce n'est pas faisable. Comment mentalement tu y retournes ? Parce qu'il y en a plein qui auraient arrêté.
- Speaker #0
Oui, il a été question de ça. Les médecins ont eu des doutes aussi. Parce que je mettais beaucoup de temps à me remettre et j'avais encore beaucoup de douleurs. Donc il y a eu pas mal de doutes autour de ça. Et moi, c'est mon choix de signer dans un plus petit club qui était huitième du championnat à cette époque. J'arrivais chez le premier. Et ça a été le meilleur choix à faire.
- Speaker #1
Ok.
- Speaker #0
Puisque je suis arrivée là-bas, j'ai été prise en charge. Je leur ai expliqué tout le cheminement, tout ce qui s'était passé sur les derniers mois, les dernières années, dans quel état j'arrivais, pour qu'ils puissent me prendre en charge en connaissance de cause. Je suis arrivée dans un club avec énormément de valeur. Ils m'ont dit qu'ils allaient s'occuper de moi, qu'ils allaient contribuer à ma reconstruction en tant que Manouette d'aujourd'hui, et pas la Manouette d'il y a quelques années. Donc là, il faut que tu acceptes aussi. que tu es une autre joueuse, que tu attaques peut-être une deuxième partie de carrière. Et en fait, ils ont été super. Je me suis retrouvée avec un collectif incroyable et on a fait une saison magnifique.
- Speaker #1
C'est dans la Drôme ? C'est beau quand même parce que ça fait deux fois que tu dis que les clubs ne t'ont pas lâché. À 18 ans, tu t'es fait un genou. C'est le centre de formation qui te dit ok, on continue. C'est quand même magnifique. Et là aussi, plus tard... Ce club qui te prend en charge et qui te dit « Ok, on te fait confiance, on mise sur toi toujours, et let's go ! » Parce que tu vois, on a toujours l'impression aussi que les clubs, c'est invituéable. Enfin, moi je suis plus le foot, mais quand tu baisses, après, c'est fini. Mais là, il faut quand même reconnaître que, pour le coup, ils t'ont encore soutenu.
- Speaker #0
Ouais, complètement. Je suis hyper reconnaissante des mains tendues qu'il y a eu en carrière, et notamment dans les moments compliqués, en effet. Et c'est pour ça que je parle beaucoup du comportement. Parce que j'essaye d'avoir un comportement aussi qui tend vers ça, vers je me donne à fond, je suis disponible et pour les sponsors et pour les volontaires et pour les bénévoles et pour les filles de l'équipe. Et j'ai le sentiment qu'en envoyant du positif aussi, à un moment donné, ça revient à toi. Et du coup, je suis très reconnaissante que dans les moments compliqués, il y a eu des belles mains tendues comme ça.
- Speaker #1
Alors. La blessure me fait penser à la transition sur l'approche de la fin de ta carrière. Tu as eu des moments de blessure, est-ce que ça t'a permis de réfléchir à la suite ? Comment tu anticipes la fin ? C'est pour ça que j'ai voulu commencer l'intro comme ça, ça définit toute ta vie, tu y es à 200%. Comment, vers la fin, quand tu sens que ça va être la fin, comment tu te prépares à la suite ? Est-ce que tu avais anticipé plein de choses ? Est-ce que tu t'es la formée dans la préparation mentale ? Instinctif, est-ce que c'est venu au fur et à mesure de la carrière ?
- Speaker #0
En effet, c'est les bienfaits des blessures aussi, c'est la prise de recul. obligatoire qu'on t'impose à un moment donné. Tu te dis, ah oui, d'accord, donc là, de ne plus rien faire de mes journées ou de me focus sur la rééducation, d'avoir des doutes sur la reprise de ta carrière, fait que tu es obligé de réfléchir autrement. Après, moi, honnêtement, j'ai toujours eu beaucoup d'envie, beaucoup d'envie de monter des projets. J'avais plein d'idées de voyager, de frustration aussi. J'avais des frustrations de ne pas passer assez de temps avec mes proches. Donc, je me suis dit, l'après-carrière sera une porte ouverte. vers autre chose. Ça a été en parallèle aussi une paire de repères, évidente, puisque depuis que j'avais 11 ans, j'étais partie prenante d'une équipe, d'un collectif avec un maillot, un logo, quelque chose à défendre, une mission chaque semaine, chaque week-end. Et là, du coup, d'un coup, et puis d'un coup aussi, on ne me disait plus quoi faire, comment le faire, pourquoi le faire.
- Speaker #1
Tu n'avais pas ton emploi du temps qui était timé, la journée, entraînement kiné, etc.
- Speaker #0
Mais à la fois, c'est aussi des choses que j'avais déplorées par moments. à me dire j'en ai marre donc là voilà je me retrouvais là et le champ des possibles était un peu infini donc c'était chouette mais il fallait commencer à faire des choix donc des choix pour moi et du coup de réfléchir à commencer à me poser la question de quoi j'ai vraiment envie, de quoi j'ai vraiment besoin, vers quoi je m'oriente et encore une fois les bienfaits des blessures ou des coups durs en carrière m'ont amenée vers la préparation mentale et le L'admiration que j'avais pour les joueuses qui se connaissaient très bien m'a amenée à me dire c'est un chemin aussi, parce que plus tu te connais, plus tu vas être en capacité d'éviter les blessures, les choses comme ça, mais surtout de pouvoir t'affirmer dans certains moments, parce que tu vois, dans certains moments de pression, etc. Et puis voilà, de te construire un projet de vie au-delà du projet de carrière. Donc en fait quand j'ai commencé à m'intéresser vraiment à la prép mentale, à me former et tout, je me suis dit ouais c'est vraiment ça qui m'intéresse. C'est évident quoi.
- Speaker #1
Tu suis des joueuses que dans le hand ? Enfin je dis joueuse ou joueur, peu importe d'ailleurs, mais c'est que dans le hand ou tu prends tous les sports ?
- Speaker #0
Même pas que tous les sports, c'est que je prends tout le monde.
- Speaker #1
Ok, tu prends aussi des personnes, on va l'appeler civiles, du monde de l'entreprise.
- Speaker #0
Je ne savais pas,
- Speaker #1
je pensais que c'était que des sportifs de haut niveau.
- Speaker #0
Non, l'idée, c'était de me former pour m'ouvrir encore une fois. Je ne voulais pas du tout me limiter. C'est un truc vraiment qui me tenait à cœur, c'était d'avoir la liberté d'accompagner qui je voulais, quand je voulais, au rythme que la personne voulait, etc. Et du coup, je me suis formée pour tous les profils, on va dire. Et là, du coup, j'ai eu des chefs d'entreprise, des athlètes femmes, des athlètes hommes, dans des sports indifs, dans des sports co. Et en fait, je me rends compte que c'est aussi cette diversité qui... me nourrit.
- Speaker #1
Ça m'intéresse de voir les parallèles que tu vois entre le monde de l'entreprise et le sport de haut niveau vu que tu as suivi des chefs d'entreprise. Est-ce que tu vois des similarités ?
- Speaker #0
Je vois des similarités dans les problématiques parce qu'en fait, c'est pareil. C'est pareil. Puisqu'on en est tous là à devoir vivre en communauté, à devoir dealer avec des gens autour de nous et à devoir jongler entre notre vie pro, notre vie perso, notre sport. et réussir pour chacun à trouver un équilibre en essayant de se concentrer un maximum sur ce qui va plutôt que sur ce qui ne va pas dans une société qui peut être anxiogène. Et voilà, le De Dealer, j'ai été formée par Thomas Samuth dans la méthode de Thomas. Il dit qu'il y a vraiment deux problématiques qui reviennent qui sont la peur de l'échec et le regard des autres. Et que ça, pour le coup, ce sont des problématiques...
- Speaker #1
universelle et on y revient souvent ok mais t'accompagnes aussi des personnes dans le hand ouais c'est pas trop dur de projeter ce que toi t'as vécu en fait c'est ça paradoxalement on pourrait se dire accompagner quelqu'un dans le hand c'est plus simple mais
- Speaker #0
en fait j'ai moins de recul parce qu'évidemment des fois je projette sans faire exprès et justement c'est là où il faut que l'idée c'est de de ne pas le faire, de garder toujours cette distance. Mais voilà, chaque situation est différente. Là où je me projette, enfin, comment dire, un garçon qui va me parler de natation, évidemment, je vais avoir moins de projections perso. Mais là, j'ai pas mal de jeunes filles qui viennent de Bâle. En fait, la génération qui arrive n'est pas du tout notre génération. Donc, l'idée, c'est de ne pas faire de transfert, bien évidemment. Mais c'est assez naturel de ne pas le faire, puisque leurs problématiques sont uniques et singulières. Et du coup, je les accompagne. Franchement, c'est génial. En fait, j'aurais rêvé d'avoir ça à 15 ans. J'aurais rêvé justement d'avoir cette personne neutre, puisque c'est ce que je m'efforce d'être, vraiment cette neutralité de... Je ne suis pas ta famille, je ne suis pas ton staff. Tu n'as pas de pression et pas de stress. Tu n'as rien à me prouver. On est vraiment là pour te créer un cadre rassurant, pour que tu puisses te confier et qu'on puisse développer tes compétences mentales et casser un petit peu ce que tu... pourrait considérer comme des blocages et t'accompagner à améliorer ta connaissance de toi pour te construire une carrière qui te ressemble complètement et justement qu'est-ce que tu dirais à des jeunes balleuses,
- Speaker #1
tu as une jeune balleuse qui a 12 ans, qui rêve dans sa chambre de devenir la future Manon Houette qu'est-ce que tu lui conseillerais là pour qu'elle arrive au bout de son rêve ?
- Speaker #0
Déjà de ne pas devenir moi parce que vraiment on m'a beaucoup dit j'aimerais bien, mais je dis franchement Ça n'aurait pas de sens déjà, parce que là, on n'est pas les mêmes personnes, pas la même perso, pas la même génération. Ça n'a rien à voir. Donc, de réussir à, encore une fois, apprendre à se connaître pour se construire son propre parcours. Et tu sais, c'est tellement instable. Parce que c'est beaucoup des gens qui vont décider si toi, tu es dans le groupe, si toi, tu es prise, si toi, tu es sélectionnée. Comme s'ils pouvaient décider de ta valeur. Donc, ça serait vraiment beaucoup plus de toi te définir ta valeur et que ce ne soit pas dépendant des autres. On bosse beaucoup là-dessus, forcément, sur qu'est-ce qui est entre tes mains, qu'est-ce que toi, tu peux faire pour pouvoir donner du sens à ce que tu fais tous les jours et puis surtout le plaisir. Quel plaisir tu y prends parce que, encore une fois, quand tu veux que ça devienne ton métier, ça commence à devenir... C'est Thomas Monconduit qui le disait dans mon podcast, le sport passion est devenu sport pression. J'étais là...
- Speaker #1
C'est une belle formule.
- Speaker #0
Je la comprends, je l'entends.
- Speaker #1
C'est dur,
- Speaker #0
quoi. Justement, de garder cette passion, même quand c'est dur, même quand t'es en concurrence, même quand t'es pas sélectionné, même quand t'as mal, tu vois, et c'est un travail, mais je pense que ça vaut le coup.
- Speaker #1
Non, mais c'est clair. En fait, d'avoir le même smile que t'as eu quand t'es rentré dans la salle en finale de prison, mais ça va être dur de l'avoir constamment dans sa carrière.
- Speaker #0
Et puis accepter que tu vas pas l'avoir constamment, c'est pas linéaire du tout. Oui, c'est ça, l'accepter. C'est plutôt ça, accepter et d'essayer de... de jongler avec ça, de construire avec ça même. Et ça, pour le coup, c'est propre à chacun.
- Speaker #1
J'ai vu que tu vis au Maroc. J'ai l'impression que tu y es beaucoup. C'est juste une introduction pour la question suivante. De quoi rêves-tu maintenant ? Quelle est la vie idéale de Manon à l'avenir ?
- Speaker #0
Franchement, je ne suis pas loin.
- Speaker #1
Tu n'es pas loin ?
- Speaker #0
La vie idéale ? Mais tu sais, ça a été ça, c'était vraiment cette réflexion en carrière de me dire qu'est-ce qui m'a manqué et du coup, qu'est-ce que j'ai envie de privilégier pour l'après-carrière. Et en effet, je rêvais de soleil, je rêvais d'océan, je rêvais de pouvoir faire mon emploi du temps, de pouvoir avoir toujours des défis et de privilégier ma vie privée. En fait, il y a beaucoup de choses qui sont alignées.
- Speaker #1
Est-ce que tu es dans la performance encore ? Parce que tu as quand même un instinct de compétition très très fort, on le sent. Est-ce que tu l'as quand même dans ta nouvelle carrière ?
- Speaker #0
Oui, mais c'est intéressant. Alors là, je le vis forcément à travers les gens que j'accompagne aussi. Et c'est aussi hyper stimulant. J'en avais parlé avec Grégory Mallet, un prêtre mental, et il dit, je te jure, de vivre une compète aussi sur le côté, en tant qu'accompagnant, et c'est hyper aussi hyper stimulant. Donc je le vis aussi un peu à travers. à travers les jeunes que j'accompagne. Mais en effet, j'ai l'impression que là, tu vois, je suis qu'à un an, un peu plus d'un an d'après carrière. Donc c'est encore OK. Mais si on me propose un gros défi, c'est sûr que ça va... Tu vas y aller. Ah ouais, ouais, ouais. Ouais, ouais, je sens... C'est comme si j'avais eu besoin de me renouveler aussi, de récupérer de l'énergie. Parce que quand j'ai fini, j'étais vraiment rincée et j'ai dû me reposer beaucoup. Et physiquement et mentalement, me reconstruire. Et là, je pense que dans les mois à venir, je vais retrouver une stabilité. Je vais me reconstruire sur une seconde carrière qui me convient, dans un endroit qui me convient, avec un rythme qui me convient. Et là, il sera temps de le faire bouger de nouveau. Parce que j'adore pouvoir ressortir de ma zone de confort. Et du coup, l'idée, c'est de construire un truc que je vais, à un moment donné, redéstabiliser.
- Speaker #1
Ça me parle, tu vois, parce que moi, je suis plus dans le monde des startups et j'ai fait un burn-out après cinq ans, après cinq ans très intense dans une startup. Et après, je me suis posé comme toi, six mois, un an. J'étais eu ce temps un peu plus chill, tu réfléchis, tu te remontes. Mais en fait, sauf que le naturel, après, il revient. Si tu as ce truc de compétition, de chercher toujours plus, c'est la performance. Il y a un moment... Mais toi, je le sens que t'es pas loin, là. Tu vas y retourner bientôt.
- Speaker #0
Je n'étais pas du tout là-dedans juste après carrière. Je me suis dit, ah non, en fait, si tu veux, je ne voulais plus aucune obligation. Je ne voulais plus qu'on me dise ce que je devais faire, quand je devais le faire et comment je voulais. Donc j'ai fui tout ça. Je me suis dit, non, non, non. Et progressivement, je me ressens prête à le faire. Par exemple, au mois de septembre, je dis... Asics m'a proposé de participer à une course.
- Speaker #1
J'ai vu. Autour du lac d'Aincy. Oui,
- Speaker #0
autour du lac d'Element à Genève. Donc j'ai pris ce défi-là et j'ai adoré ça. En plus, c'était en collectif, donc forcément. Et juste avant, j'ai été invitée sur un séminaire à parler devant 250 personnes et ensuite à organiser des petites sessions d'initiation à la Prêpe Mentale avec des big boss de grosses compagnies et tout. Et j'étais là. Et en fait, j'ai ressenti de nouveau ce stress, cette adrénaline, ce public, ce partage. Et je me suis dit, ah ouais, ça m'avait manqué, ça m'a vachement stimulée. Et dans la préparation, et dans le fait de le vivre, et dans l'adrénaline d'après, parce que ça me nourrit. Donc, je ne veux plus ça toutes les semaines, mais je veux ça. De nouveau, oui, ça va revenir.
- Speaker #1
Un truc que ça revienne un peu, avec un équilibre, mais que ça revienne quand même un peu...
- Speaker #0
C'est ça. Maintenant, je me connais et je ne veux pas recharger comme je le faisais avant. mais Mais oui, ça me redonne envie.
- Speaker #1
Mais déjà, la différence, c'est quand même que tu seras maître de ton agenda. Ça, c'est quand même une énorme diff. Tu disais au tout début que tu étais timide et introvertie.
- Speaker #0
Ouais.
- Speaker #1
Mais là, tu me parlais de conférences devant 200, 300 personnes. Comment t'as géré ça, du coup ?
- Speaker #0
Mais tu sais que j'en parle. Parce que c'est pareil, tu vois. Je peux dégager de la confiance. Mais à l'intérieur, toi, quelqu'un d'introverti, ça reste quelqu'un d'introverti. Et pour le coup, j'en ai parlé avec un... un des dirigeants sur ce séminaire, me dit « comment tu fais ? Moi, il y a plein de monde, je suis déstabilisée. » Je fais que dès que j'ai cinq minutes, je retourne dans ma chambre, parce que c'était un hôtel et tout, et je me pose toute seule. Dès que je peux, je m'isole, parce que je sais que c'est ça qui me recharge en énergie. Dès que je peux, je vais passer un petit coup de fil à mes parents ou à mon mari, à quelqu'un qui me rassure. Et c'est trop cool. Et en fait, c'est des détails, mais juste avant de rentrer sur scène, devant tous ces gens, sur le groupe famille, mon père qui dit « Allez, ma bichette ! » Comme un match, quoi. Ben voilà. Et puis, dans ma tête, je visualise mon père en train de me dire « Allez, ma bichette ! » Trop bien. Quelque chose de jamais jugeant, de truc vraiment d'accompagnement. Et mon mari, au téléphone, il me dit « Juste profite. »
- Speaker #1
Trop bien.
- Speaker #0
« Juste profite, profite. » Et du coup, j'ai ce mot-là dans la tête.
- Speaker #1
C'est trop bien, ça.
- Speaker #0
Ah ouais. Et du coup, je me disais, mais oui, c'est ces gens-là. Juste profite, tu vas être là. Puis je monte sur scène. Les gens qui sont là...
- Speaker #1
Ils sont là pour toi.
- Speaker #0
Surtout, je me dis que les vrais gens importants sont à la maison.
- Speaker #1
C'est beau ça, carrément. Si on te propose une place dans un club, tu as déjà traversé l'esprit ?
- Speaker #0
Coacher en bas les deux ?
- Speaker #1
Pas du tout,
- Speaker #0
c'est vrai. Honnêtement, les filles qui vont jouer avec moi rigoleront, mais moi, toute la partie... analyse vidéo, prépa... Oui,
- Speaker #1
parce qu'il y a tout ça aussi, en fait. C'est pas que gueuler sur le terrain.
- Speaker #0
Ouais, en fait, moi, du coup, tout ce qui m'intéresse, c'est la partie en effet motivationnelle, pourquoi tu fais les choses, les intentions, la grinta et tout. Du coup, c'est vraiment plus le mental, mais la partie technique, tactique, blabla.
- Speaker #1
Bureau, les systèmes, les trucs.
- Speaker #0
Mais non, ça me file les boutons, quoi. Et du coup, c'est ça. C'était ça qui était trop cool dans une équipe. Tu vois, t'as besoin de tout. mais combien de coéquipières m'ont vu m'endormir en salle vidéo des 10 cases quoi je suis mort,
- Speaker #1
c'est marrant il faut des joueuses créatives aussi dans l'équipe HP c'est comme au foot ou les ailiers c'est les joueurs créatifs qui doivent un peu dynamiter le jeu et créer des trucs c'était ça,
- Speaker #0
très créatif après j'ai connu des filles aussi en capacité d'être très créative et puis aussi d'être très stratège tu vois c'est vraiment le niveau ultime du truc. Ça dépend de la personnalité des gens. Mais c'est vrai qu'en fait, vu que j'avais besoin de beaucoup de spontanéité, il m'est arrivé de préparer, et notamment des gros matchs, là je pense à la demi-finale avec des champions, de la préparer en faisant beaucoup de vidéos, beaucoup d'analyses, d'observer vraiment ce que mon élire faisait, quand est-ce qu'elle le faisait, pourquoi elle le faisait. Évidemment, je suis passée partout. C'est pour ça que je peux te dire un peu plus. Et je suis arrivée au match, j'étais comme ça, du coup j'ai vu ça, et puis quand elle fait ça, peut-être qu'elle va faire ça. Et du coup, j'avais une demi-seconde de retard sur tout ce qu'elle faisait. Parce que j'intellectualisais beaucoup. Et en fait, alors que quand j'analysais mes... En surface, plutôt, en me disant « Ok, je sais que cette joueuse, elle fait ça, ça, ça. J'ai pas besoin de le voir 50 fois. » Et du coup, je me préparais à tout. Je rentrais sur le terrain vraiment en étant prête à tout. Et du coup, j'étais aussi plus focus sur moi, mon positionnement, ce que je fais pour empêcher, et moins sur les capacités de la fille en face.
- Speaker #1
Faire plus confiance à ton instinct ?
- Speaker #0
Ouais, j'étais très instinctive. Et quand je commençais à être trop dans l'analyse, ça me bloquait. Mais pour certaines, c'était ça qui était intéressant. Pour certaines, elles en avaient besoin. Donc c'est quelque chose qu'il faut fournir pour un collectif. Mais je sais que pour moi, c'était pas mon truc.
- Speaker #1
Est-ce que tu as envie de conclure cet épisode ? Je vois que ça se termine. Tu as envie de conclure cet épisode avec un conseil, une phrase sur le mental. Quelque chose que l'on pourrait s'appliquer dans n'importe quel milieu.
- Speaker #0
Non, moi, globalement, la chose la plus importante, qui a été la plus importante pour moi du début jusqu'à aujourd'hui, et j'en suis sûre dans les années qui viennent, ça a été l'entourage. Et je ne remercierai jamais assez ma famille, mon mari, mes amis, les gens qui sont là depuis le début, pour l'accompagnement, tu vois, parce qu'il y a l'accompagnement mental, technique, tactique, les kinés, etc., mais alors, quand tu rentres chez toi, quoi. et des fois quand tu rentres chez toi et qu'il n'y a personne parce que tu es loin dans un club vraiment le soutien de la famille et des proches c'est ce qu'il y a de plus important donc je pense que s'appliquer à s'entourer de gens qui nous tirent vers le haut nous concentrent sur le positif c'est je pense la clé du kiff on peut terminer là dessus tu avais gardé tes amis d'enfance ? où tu avais tes amis du hand je sais pas si tu gardais tes différents cercles ouais ouais je garde c'est très marrant parce que j'ai plein de cercles d'amis pour te dire l'été qui vient de passer on a fait 3 mois de road trip en France en partant de Marseille en arrivant jusqu'à Saint-Jean-de-Luz et on a vécu dans 17 maisons différentes et on a visité entre 80 et 100 personnes et c'était Tous les gens à un moment donné que j'ai croisés sur ces 30 dernières années, que j'ai aimés profondément à des moments, mais avec qui j'ai gardé contact et que ça m'a fait tellement plaisir de revoir. C'était des fois des gens que j'ai connus pendant plusieurs années, et puis des fois simplement quelques jours. Mais c'était magique. C'était magique de voir les souvenirs qu'on avait en commun. Donc non, je garde les gens que j'aime vraiment près de moi. Et voilà, c'est le plus important.
- Speaker #1
Génial. L'entourage, on retient ça. Merci Manon, à bientôt.
- Speaker #0
Merci à toi.
- Speaker #1
Salut.
- Speaker #0
Salut.
- Speaker #1
Merci d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. J'espère qu'il vous a plu et que vous avez appris des choses. Si c'est le cas, merci de mettre 5 étoiles sur Apple Podcasts ou Spotify et surtout de partager cet épisode autour de vous. N'hésitez pas à me faire part de vos retours pour les prochains épisodes. Je vous dis à bientôt sur Objectif Mental.