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Officieux

"Exerce ton métier de façon passionnée et en faveur de l'intérêt collectif" - Xavier et Guillaume, transmettre une éthique de travail

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40min |09/07/2025
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40min |09/07/2025
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Description

Transmission, liberté et éthique : la vision d'un duo père/fils


Cet épisode d'Officieux inaugure la série estivale 2025 : trois épisodes, trois duos parent/enfant pour explorer autrement les métiers de l'immobilier et de la construction.


Ici, je reçois Xavier et Guillaume Duplantier, père et fils, qui ont notamment en commun des carrières chez les majors du BTP.

Xavier, 71 ans, a dédié sa carrière aux grands et petits projets au sein de groupes comme Vinci, dont il a notamment dirigé la structure de développement immobilier, ADIM. Il a vécu l’intrapreneuriat avant même qu’on lui donne un nom. Guillaume, 31 ans, a travaillé chez Bouygues avant de co-fonder récemment En’tropie, une jeune structure d’AMO engagée dans la transition écologique.


💬 "Exerce ton métier de façon passionnée et en faveur de l'intérêt collectif"

🎧 Tout au long de notre échange, ils racontent ce qui se transmet (ou pas) au fil des générations : la passion du métier, le goût de la liberté, la place de l’éthique dans la réussite. Ils évoquent également des sujets très concrets qui les rassemblent professionnellement, comme par exemple l’importance de l’amont dans un projet immobilier. Ce qui les lie n’est pas tant un héritage de savoir-faire qu’une philosophie de travail partagée.


🔎 Au programme de cet épisode :

Carrières croisées : Deux générations, deux parcours dans le BTP, mais un même attachement à la phase de conception et au lien avec les maîtres d’ouvrage.


Transmission familiale : Ce qu’on transmet sans s’en rendre compte et l'influence de l'environnement familial. Comment Xavier et Guillaume s'inspirent-ils d'artisans, d’architectes et d’artistes ?


Réussir par l'éthique : Comment garder son intégrité dans un environnement parfois contraignant, et pourquoi l’éthique peut être source d’innovation.


🌞 Pourquoi cette série estivale en duo ?
Parce que l’été est un moment idéal pour ralentir, ressentir, écouter autrement. Parce que notre secteur regorge d’histoires de transmission, souvent discrètes, mais touchantes.

🤝 Vous souhaitez échanger avec Guillaume ? Retrouvez-le sur LinkedIn juste ici : 🔗Guillaume


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Transcription

  • Salomé

    Hello à tous, ici Salomé, j'ai 26 ans, je suis ingénieure en bâtiment et je suis surtout ravie de vous accueillir sur Officieux, le podcast qui vous livre les confidences de ceux qui font l'immobilier d'entreprise. Je vous propose de changer votre regard sur cet univers en vous emmenant avec moi pour en découvrir les coulisses. Tous les 15 jours, je vais à la rencontre d'archis, de constructeurs, d'investisseurs pour leur poser toutes mes questions et discuter ensemble des tendances qui font bouger le marché. Bienvenue dans les vacances d'Officieux. Pour cet été, je vous propose une série d'épisodes un peu différents de ceux que je vous partage habituellement, puisqu'il s'agit d'une série d'interviews en duos, et pas n'importe quel duos. Le podcast est un formidable outil de transmission, et quoi de plus symbolique que de le mettre au service d'une autre forme de transmission, celle qui circule entre les générations, entre un parent et son enfant. Pour cet été, je vous propose donc de plonger dans des échanges à la fois personnels et professionnels, qui racontent une histoire commune, un regard croisé sur un même secteur, un même métier, même parfois, et deux visions qui se confrontent ou se complètent. Dans cet épisode, je reçois Xavier et Guillaume Duplantier. Xavier, le père de Guillaume, a passé l'essentiel de sa carrière dans les grands groupes du BTP. Un secteur que Guillaume connaît bien, lui aussi, puisqu'il y a fait ses premiers pas dans une entreprise concurrente de celle de son père, avant de lancer récemment sa propre structure. Avec eux, on a parlé d'influence familiale, de transmission bien sûr, mais aussi des valeurs qui se partagent consciemment ou inconsciemment. Mais je ne vous en dis pas plus, et je vous souhaite une très bonne écoute. Bonjour Guillaume, bonjour Xavier, je suis ravie de vous recevoir sur le podcast pour cette série estivale. Est-ce que vous pourriez commencer chacun par vous présenter, s'il vous plaît ?

  • Xavier

    On commence par qui ?

  • Guillaume

    Vas-y.

  • Xavier

    Donc moi je suis Xavier Duplantier, j'ai 71 ans, j'ai un parcours essentiellement dans le BTP, malgré que j'ai commencé en 80, donc il y a 45 ans, par la création d'un bureau d'études pour le syndicat des carrières qui s'appelait Ensem. Après, j'ai un parcours essentiellement dans les grands groupes de BTP. J'ai travaillé six ans à la SAE, qui est devenue Eiffage après. Et dans le cadre de la SAE, j'ai eu deux activités principales. Ma première activité, qui a consisté à répondre à des concours en gré à gré pour réaliser des collèges et des écoles. Et les trois années suivantes, je suis parti chez Socae Atlantique, à l'agence de la Rochelle. Et là, j'ai fait essentiellement du chantier et un peu d'études de prix, puisqu'on m'a demandé d'étudier d'abord les bâtiments avant de les prendre en chantier. Et dans ce cadre-là, j'ai négocié le Futuroscope de Poitiers et j'ai été patron du chantier jusqu'à ce que je quitte SAE pour rentrer chez Dumez. Je suis resté 15 années, 18 ans exactement, chez Dumez comme directeur commercial du développement et des études. Et dans ce cadre là, j'ai négocié beaucoup de contrats parce que j'ai tout de suite compris que les contrats en conception construction étaient extrêmement importants donc je suis resté 18 ans dans ce poste là et finalement après j'ai été nommé directeur du développement de GTM bâtiment, de GTM construction et après directeur général adjoint de GTM avec pour mission principale de créer la structure de montage de de GTM, c'est-à-dire Adim, qui s'est appelé après Adim Conseil. Donc j'étais directeur général de cette société que j'ai créée depuis zéro et quand je suis parti en 2000, elle faisait à peu près 300 millions de chiffres d'affaires avec une bonne rentabilité. Donc dans ce cadre-là, j'ai eu l'occasion de développer la structure sur les marchés de contrats de partenariat, puisqu'en fait on faisait 50% de notre activité sur ces marchés-là et 50% sur des marchés privés dont quelques projets un peu emblématiques comme le siège de deux tours à la Défense, le siège de la Société Générale, la Tour Granit, la Tour Saint-Gobain.

  • Guillaume

    Bonjour Salomé, moi je m'appelle Guillaume Duplantier, j'ai 31 ans. J'ai une carrière bien moins longue que Papa vu que moi ça fait 7 ans que j'ai commencé à travailler. Je suis ingénieur de formation, j'ai fait une école d'ingénieur parisienne. A l'époque, je voulais faire de l'aérospatial. Et finalement, durant mes études, j'ai fait un stage ouvrier dans le sud-ouest sur un chantier. Et j'ai découvert la richesse humaine du métier de l'immobilier et des travaux. Du coup, ça m'a donné très envie d'en connaître un peu plus. Du coup, durant mes études, ils m'ont permis de faire une année de césure. Du coup, je suis parti à Londres, chez Bouygues UK à l'époque, pour faire des travaux. Et j'ai adoré ce métier. Du coup, en rentrant en France, pour ma dernière année d'études, je me spécialisais dans la partie BTP, immobilier et développement durable. Et à la fin de mes études, je suis rentré chez Bouygues, en Ile-de-France, dans la branche tertiaire de Bouygues, sur l'immobilier privé. Et j'ai accompagné LinkCity dans le développement de leurs opérations, de l'amont jusqu'au début de l'exécution. Petit à petit, j'ai pris des projets variés, à la fois des bureaux, des zones commerciales, des hôtels. C'était très varié. Et au fur et à mesure de mes années, chez Bouygues, on m'a fait confiance. Et du coup, j'ai commencé à gérer les équipes qui géraient les projets en conception et en réalisation. Et un fait marquant aussi de cette année, c'est qu'avec d'autres collègues chez Bouygues, on a créé ArchiSobre, qui était un mouvement sur comment on conçoit des bâtiments ultra bas carbone dans le contexte actuel, notamment avec l'arrivée de la réglementation environnementale en 2022. Et du coup, c'est rigolo, avec ce que Papa vient de dire, j'en ai appris un peu sur sa carrière et c'est rigolo qu'il ait fait à la fois de l'environnement et à la fois il a pris la tête de tout ce qui était les sujets en conception, comme quoi les chats ne font pas des chiens forcément. Et là depuis en cette année 2025 j'ai quitté Bouygues avec un associé, qui était aussi chez Bouygues et on a décidé de créer notre entreprise qui s'appelle En'tropie et qui fait de l'assistance à maîtrise d'ouvrage ou plus communément appelé AMO dans le milieu. Et du coup, ça fait maintenant peu de mois qu'on a quitté Bouygues et du coup, qu'on se lance à notre compte. L'idée est d'accompagner vraiment nos clients sur tout le développement de leurs opérations et avec une grosse appétence environnementale qui est ajoutée à ça.

  • Salomé

    On voit déjà beaucoup de choses qui se recoupent entre vos deux parcours. J'aimerais qu'on commence d'abord par parler de l'influence de l'environnement familial sur une activité professionnelle. Vous m'avez dit lors de la préparation... de l'interview, que vous venez d'une famille d'artistes, d'artisans. Comment ça a influencé votre rapport à votre propre métier et votre regard sur l'immobilier ?

  • Guillaume

    Si je commence, au final, je pense que le fait d'aujourd'hui de créer mon entreprise, c'est fortement une influence familiale. Déjà à travers mes parents. Papa, je pense que dans toute ma vie à domicile, j'ai quand même vu un père qui était épanoui dans son travail et qui était quand même très libre dans son travail, malgré la présence forcément d'un grand groupe. Mais je pense qu'au travers de ce qu'il a dit avant, il a bien vécu l'intrapreneuriat chez Vinci. Et on lui a offert quand même beaucoup de liberté. Et ça se ressentait aussi dans sa manière d'être, dans sa manière de vivre. Et je pense que c'est quelque chose qui m'a inspiré. De l'autre côté, ma mère est architecte et a créé son agence depuis que je suis né, je pense. Et donc, du coup, j'ai quand même vécu aussi avec une mère... Avant que tu sois né. Avant que je sois né, qui était à son compte, qui a toujours eu pareil, qui a vécu une certaine liberté, alors avec des hauts et des bas, parce que la vie d'entrepreneur, c'est quand même aussi des hauts et des bas et des moments qui sont difficiles. Mais encore une fois, avec cette notion de liberté, cette notion de vouloir faire ce qu'elle voulait, à son compte. Et puis, ce qui est marrant aussi dans notre famille, c'est qu'on a fait des artistes. L'un des cousins de papa est artiste peintre, qui s'appelle Jofo Duplantier. Il avait été peintre pour la Coupe du Monde 98, si je me rappelle bien. Les deux enfants de Jofo ont créé un groupe de métal. C'est Dominique. Ah c'est Dominique ? Oui. Un des frères de Jofo, c'est deux enfants.

  • Xavier

    Cousin Germain.

  • Guillaume

    Cousin Germain de Jofo, pardon. L'arbre généalogique de cette famille est compliqué. Cousin Germain de Jofo a deux enfants qui ont créé un groupe de métal, qui est Gojira, qui est passé durant l'ouverture des JO à Paris 2024. Donc voilà, il y avait quand même une notion autour de moi qui était très entreprenante, très libre. Et je pense que c'est un peu tout ça, moi, qui m'a poussé aujourd'hui à me dire, pourquoi pas me lancer à mon compte et pourquoi pas essayer, entreprendre. Et c'était quelque chose qui m'animait depuis toujours. J'avais toujours été très transparent au sein de Bouygues à dire, je pense qu'un jour, j'aurai cette vérité de vouloir me lancer à mon compte. Et je pense que là, c'est quelque chose qui est transmis par son cadre familial, par son entourage et par ce qui nous entoure au jour le jour.

  • Xavier

    Moi, je pense qu'il a surtout été marqué par un événement qu'il conteste, c'est le 12 juin 1993. Sa mère et moi, en fait, puisqu'il est né le 21 juin 1993, mais sa mère et moi avons défendu un projet dans un jury, en fait, pendant trois heures. C'était le premier concours lancé en conception-construction pour du logement social. Et en fait, on a été lauréats. Donc je pense que... Cette joie a été ressentie par Guillaume, qui est arrivé dix jours plus tard.

  • Guillaume

    En tant qu'embryon.

  • Xavier

    Il a compris que ses parents étaient solidaires dans un métier qu'ils partageaient, en fait.

  • Guillaume

    C'est vrai. Mais c'est intéressant.

  • Xavier

    C'est revenu quand tu avais 20 ans.

  • Guillaume

    Oui, c'est vrai. Même toi, tu as quand même vécu l'entreprenariat chez Vinci aussi, un peu.

  • Xavier

    Oui, c'est-à-dire que moi, en fait, mon parcours, c'est que je voulais être architecte et que mon père est issu d'une des plus grandes écoles françaises, si ce n'est la plus grande école française. Comme j'étais très bon en maths et physique, ils ont négocié pendant deux mois le fait que je fasse une école d'ingénieur plutôt que de partir au Beaux-Arts faire de l'architecture. Et finalement, j'ai passé les concours. J'ai passé que trois écoles qui donnaient des équivalences en architecture, c'est-à-dire l'X, les ponts et les TP. J'ai complètement loupé le concours des ponts et l'X, j'ai été admissible, mais je n'ai pas été reçu après l'oral. Donc j'ai accepté tout de suite de partir aux TP, où je suis rentré à l'époque, je crois, major. Premier élève, en fait, premier élève dans la liste qui a accepté de rentrer aux TP. Je ne l'ai jamais regretté. Et en fait, ce qui s'est passé, c'est qu'après être sorti de l'armée, mon père ne m'a pas souhaité m'aider à faire mes études d'archi. Donc j'ai été obligé de travailler quasiment immédiatement. Et je suis rentré comme ça chez Ensem, puis après, j'ai été dans la création d'Ensem, puis après je suis rentré à la SAE donc au moment où j'ai terminé mes études d'archi j'avais déjà pas mal, je m'étais pas mal développé dans les groupes de BTP et j'étais rentré déjà chez Dumez et en fait j'avais un boulot qui était hyper intéressant donc ce qui fait que j'ai continué dans ce parcours et comme elle l'a très bien dit Guillaume, moi j'ai passé ma vie quasiment comme un indépendant dans un grand groupe. Alors c'est vrai que c'est compliqué parce que dans les grands groupes, on n'aime pas trop les gens indépendants. Mais en même temps, ça voulait dire que j'étais conscient qu'il fallait absolument que mon travail soit irréprochable, c'est-à-dire que la rentabilité soit systématiquement au rendez-vous. Donc c'est ça qui m'a permis aussi d'avoir une forme de liberté dans les grands groupes qui a duré pendant 35-40 ans.

  • Salomé

    Est-ce qu'il y a autre chose que la volonté d'indépendance que vous alliez chercher, surtout toi Guillaume, chez En'tropie ?

  • Guillaume

    Donc, dans En'tropie, c'est la boîte que j'ai créé avec un associé qui s'appelle Adrien Sanchez, qui était directeur d'ingénierie chez Bouygues. Et qu'est-ce qu'on allait chercher ? On allait chercher la volonté de toucher un peu à tout. Parce que néanmoins, dans tout groupe, et surtout dans les groupes de cette échelle-là, à un moment, on est quand même dans des... pas forcément dans des silos, mais on est axé sur certains produits et en créant notre boîte on peut toucher à tout en fait c'est ça qui est assez agréable c'est toucher à la fois au monde public à la fois au monde privé, toucher à différents types de produits que ce soit des logements, du bureau, de l'hôtellerie faire un peu c'est élargir son terrain de jeu je pense que c'est la première chose qu'on allait chercher et c'est aussi chercher une liberté, une liberté de pouvoir faire nos choix se tromper aussi par nous-mêmes mais en tout cas pouvoir avoir la chance de faire ce qu'on a envie de faire on va dire Je pense que autant Adrien que moi, et même papa chez Vinci, on a eu une liberté assez folle. On a des groupes qui nous ont donné beaucoup d'autonomie, qui nous ont fait vraiment confiance. Donc là-dessus, on a été très chanceux de ça. Maintenant, c'est toujours un cadre quand même. On fait quand même partie d'une entreprise qui est soumise à un cadre. Il y a certaines choses où parfois, on a été envie de sortir du cadre. Et au travers de cette aventure, c'est un peu ça aussi. Et je pense que la dernière chose, c'est vouloir accompagner nos clients comme on a envie de le faire. Pas être soumis à certaines obligations d'un groupe, à être vraiment tourné vers nos clients, dans la manière dont on veut le faire, et la manière dont on l'entend. Je pense que c'est la principale raison.

  • Salomé

    Qu'est-ce qui se transmet dans une famille comme la vôtre ?

  • Xavier

    Je pense que c'est la façon de vivre. Moi, je n'ai pas imposé à mes enfants de travailler dans le même milieu que moi. Je trouve que le devoir d'un père ou d'une mère, c'est d'accompagner ses enfants à l'âge adulte et qu'ils puissent être autonomes et faire leurs choix par eux-mêmes et que ce ne soient pas des choix qui soient faits par nous. Nous, ce qu'on a transmis, c'est une forme de liberté, une forme d'autonomie aussi. Et à la fin, ils font leur parcours. Guillaume, il voulait faire un parcours dans l'aviation. On voit où il aboutit. Donc, on s'aperçoit que c'est pas forcément le choix qu'on fait à 18 ans, n'est pas celui qu'on veut faire forcément à 25 ans. Mais je pense que c'est intéressant qu'ils fassent leur parcours par eux-mêmes, et qu'il y ait une autonomie. Après, moi, ce que j'apporte, c'est une forme de sécurité, c'est-à-dire essayer de leur donner une sécurité. S'ils font des erreurs et qu'ils se retrouvent en difficulté, ils savent qu'on est là, ils savent qu'on sera là pour les aider à rebondir et que leur vie ne sera pas terminée. C'est une chance, je pense, pour eux, par rapport à des familles moins privilégiées.

  • Guillaume

    C'est vrai qu'on a beaucoup de liberté, je pense, dans nos choix. Ce qui est marrant, c'est qu'au-delà de moi, même l'un de mes frères est dans l'immobilier.

  • Xavier

    T'as ton demi-frère aussi.

  • Guillaume

    Mon demi-frère aussi, c'est vrai. Tout ça fait que c'est vrai que c'est rigolo de voir... Je pense que quand on est jeune, on a pas envie d'être comme nos parents. C'est pour ça que je pense que quand j'étais jeune, je voulais faire de l'aérospatial. Je les vois dans l'immobilier tous les deux, ça a l'air vraiment dur. En fait, c'est pas si dur que ça. Mais je pense que quand on est jeune, on a envie de se différencier de ses parents. Je pense que c'est aussi le choix que j'ai fait en sortant de Centrale, parce qu'en soi, papa est encore chez Vinci à ce moment-là. Et j'aurais pu faire le choix d'aller chez Vinci, mais dans ma tête, c'était sûr que je ne voulais pas aller chez Vinci. Justement pour encore, je pense, trouver mon chemin, apprendre par moi-même, me faire ma propre ligne directrice et mon propre chemin. Il s'avère que pour l'anecdote, le premier jour où je suis arrivé, la personne qui m'a recruté m'a dit « tu ressembles beaucoup à ton père » . Donc comme quoi, on ne pouvait pas totalement s'extraire apparemment. Mais je pense que j'avais besoin au début de faire mon bout de chemin tout seul, éloigné de mes deux parents et au final à travers cette nouvelle aventure qu'est En'tropie, je me suis rapproché beaucoup plus professionnellement de mes deux parents à travailler avec eux sur des projets, à entreprendre avec eux, à être à l'écoute aussi de ce qu'ils ont à m'apprendre parce qu'ils ont une carrière bien plus longue que la mienne moi au de mes 7 ans de carrière, je pense que j'ai pas tout appris, loin de là.

  • Xavier

    Tu as beaucoup appris, je l'ai observé

  • Guillaume

    Oui, mais il me reste encore beaucoup à apprendre. Et au final, c'est hyper enrichissant aujourd'hui de pouvoir apprendre autant de Maman que de Papa et de pouvoir maintenant profiter de cet enseignement. Du coup, c'est assez intéressant aujourd'hui d'avoir une entreprise dans laquelle je peux travailler avec mes deux parents sur différents projets.

  • Xavier

    Moi, je trouve ce qui est intéressant, parce que j'ai observé de loin, parce qu'on a très peu parlé de son métier qu'il faisait chez Bouygues, mais je sentais quand même qu'il faisait un métier similaire à celui que j'exerçais quand je suis rentré chez Dumez. Et j'avais l'impression qu'il revivait ce que j'avais vécu à la même période. C'est-à-dire que c'était intéressant, j'avais l'impression de me revoir il y a 35 ans et je me disais mais c'est incroyable parce qu'il vit les mêmes sujets que moi et il a les mêmes problématiques que moi en fait quand il en parlait un peu. Et je lui ai dit plusieurs fois, je lui ai dit "Mais c'est dingue avec 40 ans d'écart ou 35 ans d'écart que tu fasses quasiment le même métier que moi avec les mêmes problématiques, les mêmes succès, les mêmes inconvénients de ton succès et les mêmes contraintes", les mêmes contraintes que je subissais en fait.

  • Guillaume

    C'est vrai qu'au final, on a eu des parcours similaires, surtout quand tu racontes ce que tu as fait dans toute ta carrière, c'est vrai que c'est rigolo. Je n'ai pas fait quelque chose de si éloigné que ça, quand tu vois mon petit bout de chemin pour l'instant.

  • Xavier

    Ce qui est sûr aussi, c'est que moi j'ai fait trois ans de chantier et je me suis orienté au bout de ces trois ans vers la partie amont de l'entreprise. J'ai toujours considéré que dans l'entreprise, il y avait deux fonctions opérationnelles. La fonction amont, c'est-à-dire les gens qui négocient, qui mettent au point, et la fonction aval qui est le chantier. Le chantier est stratégique parce que si on ne sait pas gérer un chantier, ça peut être une catastrophe. Par contre, la partie amont est tout aussi stratégique. Je trouve que dans les grands groupes, c'est mis un peu de côté, c'est-à-dire que ce n'est pas aussi valorisé que ça devrait l'être. Parce qu'en fait, dans cette partie, il y a une capacité à créer de la valeur de façon très forte et de façon très rapide, en ayant une intelligence vis-à-vis du client, vis-à-vis du projet. Et ça, en fait, le chantier a beaucoup de mal à le faire après. Et je crois qu'en plus, mon tempérament, il est plus de travailler sur beaucoup de projets en même temps, plutôt que de me trouver immobilisé sur un projet pendant 5 ans, ou 4, ou 3 ans sur un chantier. Je crois que j'ai un tempérament qui est plus d'avoir une culture diversifiée, de travailler sur des sujets totalement différents. Et c'est vrai que la partie amont, elle m'a permis de travailler sur des dizaines et des dizaines de projets. Je crois que c'est même plus de 200, en fait, quand je regarde mon parcours. Alors, je n'en ai pas traité autant, mais il y en a quand même un nombre impressionnant sur des sujets différents, que ça va être du bâtiment logistique, au bureau, au logement, à l'hôtel, à la prison. ça m'a permis par exemple de Je peux prendre un exemple tout simple. J'ai été l'interculteur de l'État pour les établissements pénitentiaires pour mineurs. Et en fait, ce concours-là, c'est un des premiers. C'est un concours qui m'a vraiment marqué parce qu'enfermer des mineurs, c'est un sujet extrêmement violent. Et c'est vrai qu'on avait quatre mois pour répondre à ce projet. Et avec l'architecte, on se posait la question pendant les quatre mois. Pendant les deux premiers mois et demi, on n'avait pas dessiné un trait. On n'a pas fait un trait parce qu'en fait... La seule question qu'on se posait, c'est est-ce qu'on répond parce qu'on n'a pas une idée humaniste sur le sujet ? Et puis c'est un soir avec l'architecte qui était Pierre Vurpas, on va dîner tous les deux à Lyon dans un bouchon. Et en fait, on sort un peu, on avait bu pas mal et en fait, à un moment, je lui dis, mais pourquoi on ne ferait pas comme un monastère ? Tous les bâtiments sont tournés vers l'intérieur. Et en fait, le lendemain matin, il me dit : "Oui, c'est une bonne idée." Le lendemain matin, j'ai regardé si on nous interdisait d'appuyer les bâtiments sur le mur d'enceinte. Parce que dans la plupart des établissements, il ne faut pas que les bâtiments. Et en fait, j'ai vu qu'il n'y a rien qui interdisait dans le concours d'appuyer les bâtiments sur le mur d'enceinte. Donc du coup, on a fait tous les bâtiments autour du mur d'enceinte. Finalement, ça a fait disparaître le mur d'enceinte depuis l'intérieur. Ça a permis de ne plus avoir de concertina, parce qu'en fait, on peut dire que la qualité d'un établissement pénitentiaire, est inversement proportionnelle au linéaire de concertinas qu'on y met. Et la troisième chose, c'est que vis-à-vis des familles, le bâtiment, quand on vient de l'extérieur, on peut presque penser que c'est un établissement scolaire et non pas un établissement pénitentiaire. Donc ça, ça nous a permis de gagner sans problème, puisque le ministre de l'époque de la justice, quand il a vu notre projet, il a tout de suite dit, il n'a même pas regardé le prix, il a dit... ce projet-là qui sera lauréat. Donc c'est aussi ce regard un peu différent qu'on peut avoir sur les projets, sur des stratégies, sur un regard philosophique, social, sociétal qui est extrêmement intéressant, qu'on peut avoir sur tout ce travail qu'on peut faire en amont des chantiers.

  • Salomé

    Et ça, c'est ce que vous avez transmis à Guillaume ?

  • Xavier

    Je ne sais pas si je lui ai transmis. Je ne sais pas si... Mais c'est lui qui peut le dire.

  • Guillaume

    Je partage l'avis de dire que la valeur ajoutée des groupes du BTP, c'est surtout dans la phase amont. Parce qu'en fait, c'est là où on peut modifier plus facilement un certain nombre de sujets en exécution. Outre le fait que les plannings sont de plus en plus serrés, du coup, les équipes ont de moins en moins de temps de prendre du recul sur ce qu'elles font. C'est très difficile, une fois le chantier lancé, de faire des modifications majeures. Donc ça je suis totalement d'accord sur le fait que la valeur ajoutée d'un groupe du BTP dans la partie amont, je trouve que pour le coup Bouygues l'a bien pensé ça parce qu'ils mettent énormément d'énergie sur leurs équipes d'ingénierie, sur leurs équipes à mon justement pour mettre en valeur cette expertise après oui je trouve et je le vois de plus en plus aussi au travers de ma nouvelle aventure, la notion en fait de ce qu'on construit c'est pas à l'échelle juste d'une parcelle c'est à l'échelle d'une ville en fait, de comprendre en fait que comment nos projets impactent les alentours. Comment un projet ne doit pas être pensé juste à l'échelle d'une parcelle, mais doit être pensé avec son environnement, avec ce qui va autour. Ça, c'est hyper intéressant. Et je trouve qu'on ressent plus quand on travaille avec des entités publiques qui pensent ville, qui pensent à comment un maire réfléchit à ses citoyens, à comment fonctionne sa ville, etc. Alors que quand on travaille uniquement avec du privé, et surtout sur du privé où on est l'entreprise de construction, On a moins cet aussi recul sur la ville et sur l'impact qu'ont les projets. Et ça, je le retrouve beaucoup plus aujourd'hui. C'est quelque chose d'assez magique, en fait. On a l'impression de créer quelque chose, vraiment, et de réfléchir à l'échelle d'une ville. Et c'est quelque chose d'assez incroyable.

  • Salomé

    Avant de passer aux questions signatures du podcast, j'aimerais qu'on aborde une dernière thématique. Lors de la préparation de l'interview, vous m'avez beaucoup parlé de vous, de vos parcours, de ce qui vous animait, de ce que vous souhaitiez transmettre professionnellement et personnellement. Et c'est à ce moment-là, Xavier, que tu m'as parlé d'une valeur qui est la réussite par l'éthique. Qu'est-ce que ça signifie ?

  • Xavier

    Moi, je pense que l'éthique, c'est essentiel dans nos métiers. On sait très bien que ce sont des métiers qui sont confrontés parfois à des sujets un peu problématiques. Et moi, j'ai toujours lutté contre ça parce que je pense que d'abord, ma liberté, elle vaut plus cher que l'intérêt de l'entreprise. Et après, moi, je pense que l'éthique, elle est créatrice de valeur et non pas perte de valeur. Avec la non-éthique, au contraire, elle correspond à une perte de valeur. Puisqu'en fait, plus on est éthique, plus on cherche des solutions qui nous permettent de gagner des concours, parce qu'il n'y a plus de débat, et plus les opérations sont saines, et plus le rapport avec nos clients est équilibré. Et c'est dans cet équilibre qu'on trouve toujours la meilleure rentabilité. Je pense qu'en plus... On fait un métier qui n'est pas que construire, comme l'a dit Guillaume, très bien Guillaume, en fait on intervient sur la ville, sur la collectivité, sur l'usage, et que ce travail, ce regard qu'on a sur ces éléments de notre acte, ils sont extrêmement importants pour nous, pour les maîtres d'ouvrage qu'on a en face de nous, et pour les utilisateurs futurs. Et quand ils prennent conscience qu'on a pris en main ces dimensions-là, en fait tout d'un coup les rapports changent. Il y a une espèce d'équilibre qui se crée et qui fait que quand on est face à un problème, le problème se résout avec le maître d'ouvrage de façon beaucoup plus fluide. Et donc, du coup, il est créateur de valeur à la fois pour le maître d'ouvrage, mais pour nous, parce qu'en fait, on ne se retrouve pas dans des conflits qui sont finalement stériles et qui coûtent de l'argent à tout le monde. Et puis en plus, je pense que plus on est éthique, plus on est créateur d'innovation.

  • Guillaume

    Je partage surtout ce qui a été dit à la fin. Je pense que c'est un truc chez Bouygues, ce qui m'a marqué, ce que je me suis transmis à mes équipes à la fin, c'est de dire on gagne des projets par l'innovation. On gagne des projets parce qu'on a des idées disruptives et en tout cas parce qu'on pense un peu out of the box sur certains projets et parce qu'on les reconçoit un peu. Donc ça, je suis totalement d'accord et surtout, je suis d'accord que ça crée un lien très fort avec le maître d'ouvrage parce qu'en fait, le maître d'ouvrage comprend qu'en un sens, tu as amélioré son projet à la fin. Que ce soit d'un point de vue financier, d'un point de vue carbone, d'un point de vue... On est sur plein d'aspects différents. Il y a un projet qui m'a marqué, il y a un projet où le client avait un budget, on va dire, autour de 30 millions. Toutes les entreprises ont répondu à 35-36 millions. Et à la fin, on est venu avec une vraie idée, une vraie idée disruptive où on a permis de descendre notre prix à 31 millions. Du coup, le client est passé d'un projet qu'il allait abandonner à un projet qu'il a fait parce qu'on a amené de l'innovation, justement. Donc ça, je suis totalement d'accord sur le fait que l'innovation aujourd'hui c'est un peu, pour moi, la meilleure manière de remporter des opérations est la meilleure manière de créer du lien avec nos clients. On devient plus qu'un constructeur, on devient quelqu'un qui leur a amélioré leur projet ou permis de sortir leur projet. Et donc on crée un vrai lien, un lien qui est assez fort et qui permet en effet de perdurer durant toute l'opération et qui permet parfois de sortir quand il y a des impasses ou quand il y a des conflits durant le chantier. Avoir créé ce lien permet parfois justement de dénouer la situation et de trouver un consensus qui permet d'arranger les deux parties. Et surtout, l'innovation est la meilleure manière de générer du résultat pour l'entreprise à la fin. Parce que sur les opérations, on apporte peu d'innovation, on se trouve à se baser que sur des sujets de marge. Or, on sait quand même que la plupart des entreprises aujourd'hui en France n'ont pas des marges énormes quand elles répondent à des opérations. Donc c'est l'innovation qui va pas mal aussi venir créer de la marge à la fin.

  • Xavier

    Je crois qu'en plus, quand on tient ces valeurs-là, Finalement, on marque aussi les esprits de nos clients en face. Et finalement, ils en redemandent. Et finalement, c'est aussi créateur de récurrence. C'est-à-dire que moi, je l'ai vécu récemment, j'étais même plus chez Vinci. J'ai gagné un concours avec un partenaire immobilier. Et le client, il se rappelait de projets que j'avais fait avec eux. Et c'est quelque chose qui a permis de rassurer complètement tout de suite parce qu'ils savaient que j'étais là pour essayer de les aider aussi, eux, clients, face à un problème compliqué, à résoudre leur sujet. Et sans chercher à essayer de raconter une histoire qui était fausse. Et du reste, depuis qu'on a gagné ce concours, on s'est retrouvés dans des situations un peu compliquées pour des problèmes qui n'avaient pas été vus aussi bien par le client que par nous. Et finalement, on les a résolus de façon simple, dans un discours partagé, où chacun est gagnant dans les solutions qui ont été trouvées. Et je pense que c'est paradoxal, parce que je ne suis plus chez Vinci, et que finalement, cette histoire, elle existe encore en fait.

  • Guillaume

    Je rejoins que c'est vrai que la notion d'éthique, le fait d'avoir créé ces liens avec ses clients, c'est une vraie force. Aujourd'hui, je vois tous nos premiers clients chez En'tropie, c'est des anciens... Ce sont des gens avec qui j'ai travaillé quand j'étais chez Bouygues. C'est assez rigolo de voir que oui, cette manière de voir les projets, que ce soit par l'aspect de l'éthique ou de l'innovation, permet de créer des liens forts avec nos interlocuteurs et de créer un vrai climat de confiance et un vrai climat dans lequel nos clients ont envie de retravailler avec nous et dans lequel ils souhaitent avoir une vision à plus long terme.

  • Xavier

    Un autre exemple, c'est G50. L'appel à idées qui a été lancé par Grand Paris Aménagement. Finalement, c'est une idée que j'avais développée quand j'étais président de la Fondation Architecte de l'Urgence. Et j'avais développé cette idée dans le cadre de Réinventer Paris. En fait, moi je disais juste, Réinventer Paris, c'est rendre accessible Paris aux Parisiens. Donc la première façon de Réinventer Paris, c'est de faire que pour le parisien moyen qui gagne ou le couple gagne 8000 euros il puisse au moins se pouvoir s'acheter un logement dans paris et donc on avait répondu avec un montage un peu particulier pour pour réaliser une opération avec une accessibilité à moins de 5000 euros là où le marché était à 8000 euros et il se trouve qu'on n'a pas été l'horaire on a été on est on a terminé deuxième sur 40 ce qui était déjà pas mal mais on n'a pas été lauréat. L'appel à l'idée qui a été lancé par Grand Paris Aménagement, en fait, quand je l'ai vu arriver, je me suis dit mais c'est exactement l'idée qu'on a développée il y a 7 ou 8 ans dans Réinventer Paris. Et donc moi, je l'ai proposé à IN'LI, avec qui j'avais fait le campus HEC. Et en fait, ils se sont enthousiasmés pour cette idée. Et donc finalement, on a déposé un dossier et on a été lauréat. Donc ça montre que... pour essayer de faire que le pouvoir d'achat des franciliens en matière immobilière augmente de façon forte.

  • Salomé

    Alors, merci beaucoup à tous les deux. J'aimerais qu'on passe aux questions signatures du podcast. Donc, pour cette série un petit peu différente, j'en ai ajouté une par rapport aux questions que vous connaissez habituellement. La première question, c'est une question pour toi, Xavier. Si tu devais transmettre une seule leçon de ton métier à Guillaume, laquelle serait-elle ?

  • Xavier

    Fais-le de façon passionnée, c'est-à-dire en essayant de... de comprendre, en essayant de comprendre ce que tu fais pour l'intérêt collectif, et non pas l'intérêt particulier que tu es censé, sur le papier on te dit que tu dois défendre, mais c'est d'abord l'intérêt collectif qui permet de défendre l'intérêt particulier.

  • Salomé

    Y a-t-il une maxime, un mantra, une phrase qui vous accompagne au quotidien ou qui vous inspire ?

  • Guillaume

    Moi je considère que la vie doit être un jeu. J'adore penser qu'en fait... La vie, au final, c'est court. Donc autant s'amuser, autant faire des choses qui nous plaisent, et autant la voir comme un jeu. Mais ça peut être du bon et du mauvais côté. Un jeu, il y a des règles, il y a des consignes, mais en tout cas, avoir toujours la volonté de faire ce qui me plaît, avoir toujours la volonté de faire des choses qui m'animent au jour le jour. Et j'ai la chance de faire un métier qui me plaît, qui m'anime au jour le jour, et j'espère pouvoir le faire longtemps. Et donc, avoir vraiment cette volonté de toujours continuer de m'amuser dans ce que je fais.

  • Xavier

    En fait, il y a un film qui m'avait marqué quand j'étais jeune, parce que ça fait 55 ans que je suis surfeur, et qui était The Endless Summer. Et en fait, ça veut dire l'été éternel. Et en fait, c'est des surfers qui tournent à travers le monde avec leurs planches, mais qui sont toujours sur la partie été du pays où ils se trouvent. Donc, ils sont tout le temps dans la saison d'été, ou printemps en fait. et en fait moi j'ai trouvé que c'était C'était une façon de vivre qui montrait de façon positive. C'est-à-dire qu'en fait, moi, je pense que la vie, c'est toujours être projeté vers l'avenir, que le passé, bon, il existe, mais c'est derrière nous, que c'est important, c'est la journée de demain, c'est demain. Et qu'en même temps, il y a des tas de choses à vivre. Bon, il y a le travail, il y a la famille, mais il y a aussi les loisirs, il y a les engagements autres. Et que finalement, la vie, c'est vivre des aventures diverses, différentes. dans des domaines différents et dans des endroits différents.

  • Salomé

    Quelle a été la chose la plus inattendue que vous ayez faite dans vos carrières ? Un moment décisif ou un moment fort ?

  • Xavier

    Moi, je vais parler d'une expérience où j'étais jeune, j'avais 27 ou 28 ans. J'étais chargé de négocier le Futuroscope de Poitiers. C'est pour ça que je vais parler de cette expérience, parce qu'elle était assez amusante. En fait, je fais l'étude de prix du projet. Je me rappelle très bien des chiffres, c'était des chiffres pratiquement à l'euro près. À l'époque, on était en France, donc le premier projet qui était la boule avec la verrière. J'avais fait une étude et j'arrivais à 21 millions à peu près de coûts travaux. Et je suis convoqué par la direction de la SAE. À l'époque, c'était Pierre Bentata qui était le patron de la SAE en France. Donc Pierre Bentata m'appelle dans son bureau, il me dit... Je lui présente le projet et il me dit "Xavier qu'est-ce que vous en pensez ?" Je lui dis "écoutez, à ce prix-là on n'aura pas l'affaire, parce que le budget du client est à 13,5 millions, et la PME locale je pense qu'elle sera entre 17 et 18". Et il me dit "Mais qu'est-ce qu'il faut faire alors ?" Je lui dis "Moi je vous conseille de vous mettre à 13,5 millions." Et il me dit "pourquoi ?" Je lui dis "parce que moi j'ai bien regardé le projet, je pense que le projet ne fonctionne pas, donc 13,5 millions ça va permettre de lancer le chantier. Et ce chantier, il va... Il va s'arrêter de lui-même parce qu'en fait ça ne fonctionne pas. Donc on va casser les fondations, on va refaire autre chose, j'en suis quasiment persuadé". Et en fait ça l'a amusé, il m'a dit "ok vous répondez à 13,5 millions." Donc on a bien répondu à 13,5 millions. Le concurrent local était à 17,18 millions. Et on a été titulaire, on a ouvert le chantier, on a fait les fondations. Et à la fin des fondations il est arrivé ce que j'avais prévu, c'est-à-dire qu'on a refait le projet. Ce projet, en fait, il a permis de... D'abord, on a renégocié complètement le projet. Et puis, du coup, mais surtout, en fait, je crois... Alors, je n'étais plus à la SAE, mais je crois qu'ils ont eu en gré à gré entre 500 et 600 millions de travaux derrière pour réaliser le parc. Donc, on voit bien qu'avec un regard différent sur un projet, parce qu'en fait, c'est ma culture d'architecte qui m'a fait comprendre tout de suite que ça ne marchait pas. Et donc, avec ce regard-là... Et puis la confiance d'un patron, on peut arriver à des choses incroyables. Et donc ça m'a montré que la vérité d'un jour n'était pas forcément la vérité du lendemain.

  • Guillaume

    Moi, c'est le premier projet sur lequel j'ai travaillé en autonomie complète chez Bouygues. C'est un projet où on avait dit, on va répondre en faisant juste une estimation. Donc l'estimation, c'était moi qui la faisais. Et on avait répondu, on avait gagné. Et moi, très confiant de mon estimation, du coup. Et en fait, on reçoit l'étude de prix du coup, de la direction d'ingénierie chez Bouygues. Et là, je me rends compte qu'on perd des millions. Et là, j'avoue, intérieurement, je me dis, qu'est-ce que je fais ?

  • Xavier

    Tu as eu l'angoisse.

  • Guillaume

    Ah là, j'ai passé des très mauvaises nuits. Mais pendant un mois, je ne l'ai pas dit. C'est peut-être une erreur, d'ailleurs, avec du recul. Mais du coup, j'ai passé des nuits, j'ai passé mes journées. Mais ça m'a appris une chose, c'est qu'en fait, dans ce métier-là... Les projets sont tellement complexes, en fait, et quand on regarde les études de prix, je pense qu'il y a plus de 100 000 lignes avec des prix. Et en fait, on est capable, en gardant l'âme d'un projet, d'avoir deux prix totalement différents. Et du coup, vraiment, en se retroussant les manches, on a trouvé plein d'idées et on a réussi à faire en sorte de conserver vraiment l'âme du projet, l'engagement du client, la volonté du client, et retrouver le prix qui était notre engagement initial. Donc ça m'a vraiment appris à quel point c'est un métier hyper riche et c'est un métier dans lequel il y a plein de solutions et plein de chemins. Et qu'on peut réussir à trouver un chemin qui permet de revenir à un prix qui était bien déconnant.

  • Xavier

    C'est intéressant ce que tu viens de dire parce que moi il m'est arrivé il y a à peu près dix ans, à peu près la même aventure. C'est-à-dire que j'avais monté une opération d'immeubles de logement et bureaux, un mixte, et l'entreprise avait chiffré sur... APS l'opération, donc on avait développé le PC et au moment de... puis l'APD pendant la phase administrative et puis jusqu'à ce que les conditions suspensives d'achat du terrain, puisque c'était un montage qu'on faisait, soient bouclées. Et le jour où on obtient tout, je dois aller signer le lendemain matin l'achat du terrain et la vente de l'opération à un investisseur. Et je vois à 19h le directeur des études de l'entreprise... qui rentre dans mon bureau, qui me dépose un dossier de 1000 pages, il me dit c'est l'étude du projet en question. Donc j'ouvre le dossier, je m'aperçois qu'en fait, il m'annonce quasiment 40% de perte. Donc là je me dis, est-ce que je vais négocier le projet demain ? Donc je reprends tout le projet, et je me dis, mais c'est pas possible, on peut pas être à ce prix-là. Donc le lendemain matin, je vais signer, en n'ayant pas de contre-étude en fait. Je reviens, je vais voir mon président, je lui dis, j'ai une bonne et une mauvaise nouvelle. Je lui dis, la bonne c'est qu'on a signé le contrat ce matin, la mauvaise c'est que c'est pas ton entreprise qui va la réaliser. Et donc je vais faire l'opération en pilotant moi-même tous les travaux et en faisant l'opération. Donc en fait j'ai repiloté en lots séparés toute l'opération et finalement c'est une opération qui a dégagé plus de 15% de résultats nets en mettant le gros œuvre à une entreprise du groupe. Donc ça montre qu'il peut y avoir des différences de résultats. Alors on se demande pourquoi il y avait un tel écart.

  • Salomé

    Qui est-ce que vous aimeriez entendre sur le podcast ?

  • Guillaume

    Moi, j'aimerais bien entendre l'un des fondateurs de Iroko. C'est une nouvelle SCPI qui a été créée, je crois, il y a deux ou trois ans, qui marche du feu de Dieu. Je trouve ça hyper intéressant, parce qu'au final, ils se sont quand même lancés dans un contexte qui était loin d'être favorable. Ils en font pour l'instant une vraie réussite. Je trouverais ça hyper intéressant de comprendre un peu leur parcours, pourquoi ils ont décidé de se lancer là-dedans. Le président fondateur s'appelle Gauthier Delabrousse. Donc voilà, ça serait lui.

  • Xavier

    Moi, je trouve qu'il y a une... Il y a une agence d'archi, en fait, c'est l'agence Patriarche, qui a été fondée par, pas été fondée, mais qui a été développée par Jean-Loup Patriarche, et aujourd'hui qui est reprise, en fait, même si Jean-Loup est toujours là, par Damien. Moi, je trouve que c'est intéressant d'avoir ce regard de gens qui ne sont finalement pas très connus, qui ont une des agences, peut-être la première agence, ou la deuxième agence en France en matière d'architecture et d'ingénierie. qui ont une forme de modestie. Moi, j'ai travaillé avec eux. Il y a toujours une forme de modestie dans leur travail, avec leurs clients. Et finalement, je trouve que c'est intéressant d'en savoir plus sur la façon dont ils raisonnent, quelles sont leurs valeurs, quelles sont leurs façons de voir le métier. Et la dernière question, où est-ce qu'on peut vous suivre ou vous retrouver ?

  • Guillaume

    Pour nous suivre pour l'instant, moi de mon côté, En'tropie sera sur LinkedIn principalement. On commence à communiquer avec ce nom-là.

  • Xavier

    On ne m'a jamais suivi, donc ce n'est pas aujourd'hui que j'ai commencé.

  • Salomé

    Merci beaucoup à tous les deux. C'est de vraiment pédir.

  • Guillaume

    Merci Salomé.

  • Xavier

    Merci.

  • Salomé

    Allez, c'est la fin de cet épisode. Je remercie encore une fois Xavier et Guillaume qui ont accepté de se prêter à cet exercice et de nous partager leur histoire. Je vous remercie mille fois de nous avoir écoutés jusqu'au bout. Si vous voulez me poser des questions, me faire vos retours ou me proposer de nouveaux invités, je vous attends sur LinkedIn, mais aussi sur Instagram, où je vous livre les coulisses du podcast. Enfin, je remercie chaleureusement Bouygues Construction, qui soutient le podcast et sans qui il n'existerait pas. J'espère que cet épisode vous a plu. N'hésitez pas à me laisser des étoiles et des commentaires sur Spotify et Apple Podcast, ça m'aide beaucoup. On se retrouve dans 15 jours pour un nouvel épisode d'Officieux, le podcast qui vous livre les confidences de ceux qui font l'immobilier d'entreprise.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • 🔗 Parcours croisés : 2 parcours différents, animés par une passion commune

    01:40

  • 🏡 L'influence de l'environnement familial : liberté, inspiration et héritage

    06:13

  • 👥 Transmission père-fils : Autonomie et choix assumés

    13:05

  • 🧭 Une valeur boussole : l'éthique comme moteur d'innovation et de confiance

    22:42

  • 🎙️ Les questions signatures du podcast

    30:13

  • Conclusion

    40:15

Description

Transmission, liberté et éthique : la vision d'un duo père/fils


Cet épisode d'Officieux inaugure la série estivale 2025 : trois épisodes, trois duos parent/enfant pour explorer autrement les métiers de l'immobilier et de la construction.


Ici, je reçois Xavier et Guillaume Duplantier, père et fils, qui ont notamment en commun des carrières chez les majors du BTP.

Xavier, 71 ans, a dédié sa carrière aux grands et petits projets au sein de groupes comme Vinci, dont il a notamment dirigé la structure de développement immobilier, ADIM. Il a vécu l’intrapreneuriat avant même qu’on lui donne un nom. Guillaume, 31 ans, a travaillé chez Bouygues avant de co-fonder récemment En’tropie, une jeune structure d’AMO engagée dans la transition écologique.


💬 "Exerce ton métier de façon passionnée et en faveur de l'intérêt collectif"

🎧 Tout au long de notre échange, ils racontent ce qui se transmet (ou pas) au fil des générations : la passion du métier, le goût de la liberté, la place de l’éthique dans la réussite. Ils évoquent également des sujets très concrets qui les rassemblent professionnellement, comme par exemple l’importance de l’amont dans un projet immobilier. Ce qui les lie n’est pas tant un héritage de savoir-faire qu’une philosophie de travail partagée.


🔎 Au programme de cet épisode :

Carrières croisées : Deux générations, deux parcours dans le BTP, mais un même attachement à la phase de conception et au lien avec les maîtres d’ouvrage.


Transmission familiale : Ce qu’on transmet sans s’en rendre compte et l'influence de l'environnement familial. Comment Xavier et Guillaume s'inspirent-ils d'artisans, d’architectes et d’artistes ?


Réussir par l'éthique : Comment garder son intégrité dans un environnement parfois contraignant, et pourquoi l’éthique peut être source d’innovation.


🌞 Pourquoi cette série estivale en duo ?
Parce que l’été est un moment idéal pour ralentir, ressentir, écouter autrement. Parce que notre secteur regorge d’histoires de transmission, souvent discrètes, mais touchantes.

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Transcription

  • Salomé

    Hello à tous, ici Salomé, j'ai 26 ans, je suis ingénieure en bâtiment et je suis surtout ravie de vous accueillir sur Officieux, le podcast qui vous livre les confidences de ceux qui font l'immobilier d'entreprise. Je vous propose de changer votre regard sur cet univers en vous emmenant avec moi pour en découvrir les coulisses. Tous les 15 jours, je vais à la rencontre d'archis, de constructeurs, d'investisseurs pour leur poser toutes mes questions et discuter ensemble des tendances qui font bouger le marché. Bienvenue dans les vacances d'Officieux. Pour cet été, je vous propose une série d'épisodes un peu différents de ceux que je vous partage habituellement, puisqu'il s'agit d'une série d'interviews en duos, et pas n'importe quel duos. Le podcast est un formidable outil de transmission, et quoi de plus symbolique que de le mettre au service d'une autre forme de transmission, celle qui circule entre les générations, entre un parent et son enfant. Pour cet été, je vous propose donc de plonger dans des échanges à la fois personnels et professionnels, qui racontent une histoire commune, un regard croisé sur un même secteur, un même métier, même parfois, et deux visions qui se confrontent ou se complètent. Dans cet épisode, je reçois Xavier et Guillaume Duplantier. Xavier, le père de Guillaume, a passé l'essentiel de sa carrière dans les grands groupes du BTP. Un secteur que Guillaume connaît bien, lui aussi, puisqu'il y a fait ses premiers pas dans une entreprise concurrente de celle de son père, avant de lancer récemment sa propre structure. Avec eux, on a parlé d'influence familiale, de transmission bien sûr, mais aussi des valeurs qui se partagent consciemment ou inconsciemment. Mais je ne vous en dis pas plus, et je vous souhaite une très bonne écoute. Bonjour Guillaume, bonjour Xavier, je suis ravie de vous recevoir sur le podcast pour cette série estivale. Est-ce que vous pourriez commencer chacun par vous présenter, s'il vous plaît ?

  • Xavier

    On commence par qui ?

  • Guillaume

    Vas-y.

  • Xavier

    Donc moi je suis Xavier Duplantier, j'ai 71 ans, j'ai un parcours essentiellement dans le BTP, malgré que j'ai commencé en 80, donc il y a 45 ans, par la création d'un bureau d'études pour le syndicat des carrières qui s'appelait Ensem. Après, j'ai un parcours essentiellement dans les grands groupes de BTP. J'ai travaillé six ans à la SAE, qui est devenue Eiffage après. Et dans le cadre de la SAE, j'ai eu deux activités principales. Ma première activité, qui a consisté à répondre à des concours en gré à gré pour réaliser des collèges et des écoles. Et les trois années suivantes, je suis parti chez Socae Atlantique, à l'agence de la Rochelle. Et là, j'ai fait essentiellement du chantier et un peu d'études de prix, puisqu'on m'a demandé d'étudier d'abord les bâtiments avant de les prendre en chantier. Et dans ce cadre-là, j'ai négocié le Futuroscope de Poitiers et j'ai été patron du chantier jusqu'à ce que je quitte SAE pour rentrer chez Dumez. Je suis resté 15 années, 18 ans exactement, chez Dumez comme directeur commercial du développement et des études. Et dans ce cadre là, j'ai négocié beaucoup de contrats parce que j'ai tout de suite compris que les contrats en conception construction étaient extrêmement importants donc je suis resté 18 ans dans ce poste là et finalement après j'ai été nommé directeur du développement de GTM bâtiment, de GTM construction et après directeur général adjoint de GTM avec pour mission principale de créer la structure de montage de de GTM, c'est-à-dire Adim, qui s'est appelé après Adim Conseil. Donc j'étais directeur général de cette société que j'ai créée depuis zéro et quand je suis parti en 2000, elle faisait à peu près 300 millions de chiffres d'affaires avec une bonne rentabilité. Donc dans ce cadre-là, j'ai eu l'occasion de développer la structure sur les marchés de contrats de partenariat, puisqu'en fait on faisait 50% de notre activité sur ces marchés-là et 50% sur des marchés privés dont quelques projets un peu emblématiques comme le siège de deux tours à la Défense, le siège de la Société Générale, la Tour Granit, la Tour Saint-Gobain.

  • Guillaume

    Bonjour Salomé, moi je m'appelle Guillaume Duplantier, j'ai 31 ans. J'ai une carrière bien moins longue que Papa vu que moi ça fait 7 ans que j'ai commencé à travailler. Je suis ingénieur de formation, j'ai fait une école d'ingénieur parisienne. A l'époque, je voulais faire de l'aérospatial. Et finalement, durant mes études, j'ai fait un stage ouvrier dans le sud-ouest sur un chantier. Et j'ai découvert la richesse humaine du métier de l'immobilier et des travaux. Du coup, ça m'a donné très envie d'en connaître un peu plus. Du coup, durant mes études, ils m'ont permis de faire une année de césure. Du coup, je suis parti à Londres, chez Bouygues UK à l'époque, pour faire des travaux. Et j'ai adoré ce métier. Du coup, en rentrant en France, pour ma dernière année d'études, je me spécialisais dans la partie BTP, immobilier et développement durable. Et à la fin de mes études, je suis rentré chez Bouygues, en Ile-de-France, dans la branche tertiaire de Bouygues, sur l'immobilier privé. Et j'ai accompagné LinkCity dans le développement de leurs opérations, de l'amont jusqu'au début de l'exécution. Petit à petit, j'ai pris des projets variés, à la fois des bureaux, des zones commerciales, des hôtels. C'était très varié. Et au fur et à mesure de mes années, chez Bouygues, on m'a fait confiance. Et du coup, j'ai commencé à gérer les équipes qui géraient les projets en conception et en réalisation. Et un fait marquant aussi de cette année, c'est qu'avec d'autres collègues chez Bouygues, on a créé ArchiSobre, qui était un mouvement sur comment on conçoit des bâtiments ultra bas carbone dans le contexte actuel, notamment avec l'arrivée de la réglementation environnementale en 2022. Et du coup, c'est rigolo, avec ce que Papa vient de dire, j'en ai appris un peu sur sa carrière et c'est rigolo qu'il ait fait à la fois de l'environnement et à la fois il a pris la tête de tout ce qui était les sujets en conception, comme quoi les chats ne font pas des chiens forcément. Et là depuis en cette année 2025 j'ai quitté Bouygues avec un associé, qui était aussi chez Bouygues et on a décidé de créer notre entreprise qui s'appelle En'tropie et qui fait de l'assistance à maîtrise d'ouvrage ou plus communément appelé AMO dans le milieu. Et du coup, ça fait maintenant peu de mois qu'on a quitté Bouygues et du coup, qu'on se lance à notre compte. L'idée est d'accompagner vraiment nos clients sur tout le développement de leurs opérations et avec une grosse appétence environnementale qui est ajoutée à ça.

  • Salomé

    On voit déjà beaucoup de choses qui se recoupent entre vos deux parcours. J'aimerais qu'on commence d'abord par parler de l'influence de l'environnement familial sur une activité professionnelle. Vous m'avez dit lors de la préparation... de l'interview, que vous venez d'une famille d'artistes, d'artisans. Comment ça a influencé votre rapport à votre propre métier et votre regard sur l'immobilier ?

  • Guillaume

    Si je commence, au final, je pense que le fait d'aujourd'hui de créer mon entreprise, c'est fortement une influence familiale. Déjà à travers mes parents. Papa, je pense que dans toute ma vie à domicile, j'ai quand même vu un père qui était épanoui dans son travail et qui était quand même très libre dans son travail, malgré la présence forcément d'un grand groupe. Mais je pense qu'au travers de ce qu'il a dit avant, il a bien vécu l'intrapreneuriat chez Vinci. Et on lui a offert quand même beaucoup de liberté. Et ça se ressentait aussi dans sa manière d'être, dans sa manière de vivre. Et je pense que c'est quelque chose qui m'a inspiré. De l'autre côté, ma mère est architecte et a créé son agence depuis que je suis né, je pense. Et donc, du coup, j'ai quand même vécu aussi avec une mère... Avant que tu sois né. Avant que je sois né, qui était à son compte, qui a toujours eu pareil, qui a vécu une certaine liberté, alors avec des hauts et des bas, parce que la vie d'entrepreneur, c'est quand même aussi des hauts et des bas et des moments qui sont difficiles. Mais encore une fois, avec cette notion de liberté, cette notion de vouloir faire ce qu'elle voulait, à son compte. Et puis, ce qui est marrant aussi dans notre famille, c'est qu'on a fait des artistes. L'un des cousins de papa est artiste peintre, qui s'appelle Jofo Duplantier. Il avait été peintre pour la Coupe du Monde 98, si je me rappelle bien. Les deux enfants de Jofo ont créé un groupe de métal. C'est Dominique. Ah c'est Dominique ? Oui. Un des frères de Jofo, c'est deux enfants.

  • Xavier

    Cousin Germain.

  • Guillaume

    Cousin Germain de Jofo, pardon. L'arbre généalogique de cette famille est compliqué. Cousin Germain de Jofo a deux enfants qui ont créé un groupe de métal, qui est Gojira, qui est passé durant l'ouverture des JO à Paris 2024. Donc voilà, il y avait quand même une notion autour de moi qui était très entreprenante, très libre. Et je pense que c'est un peu tout ça, moi, qui m'a poussé aujourd'hui à me dire, pourquoi pas me lancer à mon compte et pourquoi pas essayer, entreprendre. Et c'était quelque chose qui m'animait depuis toujours. J'avais toujours été très transparent au sein de Bouygues à dire, je pense qu'un jour, j'aurai cette vérité de vouloir me lancer à mon compte. Et je pense que là, c'est quelque chose qui est transmis par son cadre familial, par son entourage et par ce qui nous entoure au jour le jour.

  • Xavier

    Moi, je pense qu'il a surtout été marqué par un événement qu'il conteste, c'est le 12 juin 1993. Sa mère et moi, en fait, puisqu'il est né le 21 juin 1993, mais sa mère et moi avons défendu un projet dans un jury, en fait, pendant trois heures. C'était le premier concours lancé en conception-construction pour du logement social. Et en fait, on a été lauréats. Donc je pense que... Cette joie a été ressentie par Guillaume, qui est arrivé dix jours plus tard.

  • Guillaume

    En tant qu'embryon.

  • Xavier

    Il a compris que ses parents étaient solidaires dans un métier qu'ils partageaient, en fait.

  • Guillaume

    C'est vrai. Mais c'est intéressant.

  • Xavier

    C'est revenu quand tu avais 20 ans.

  • Guillaume

    Oui, c'est vrai. Même toi, tu as quand même vécu l'entreprenariat chez Vinci aussi, un peu.

  • Xavier

    Oui, c'est-à-dire que moi, en fait, mon parcours, c'est que je voulais être architecte et que mon père est issu d'une des plus grandes écoles françaises, si ce n'est la plus grande école française. Comme j'étais très bon en maths et physique, ils ont négocié pendant deux mois le fait que je fasse une école d'ingénieur plutôt que de partir au Beaux-Arts faire de l'architecture. Et finalement, j'ai passé les concours. J'ai passé que trois écoles qui donnaient des équivalences en architecture, c'est-à-dire l'X, les ponts et les TP. J'ai complètement loupé le concours des ponts et l'X, j'ai été admissible, mais je n'ai pas été reçu après l'oral. Donc j'ai accepté tout de suite de partir aux TP, où je suis rentré à l'époque, je crois, major. Premier élève, en fait, premier élève dans la liste qui a accepté de rentrer aux TP. Je ne l'ai jamais regretté. Et en fait, ce qui s'est passé, c'est qu'après être sorti de l'armée, mon père ne m'a pas souhaité m'aider à faire mes études d'archi. Donc j'ai été obligé de travailler quasiment immédiatement. Et je suis rentré comme ça chez Ensem, puis après, j'ai été dans la création d'Ensem, puis après je suis rentré à la SAE donc au moment où j'ai terminé mes études d'archi j'avais déjà pas mal, je m'étais pas mal développé dans les groupes de BTP et j'étais rentré déjà chez Dumez et en fait j'avais un boulot qui était hyper intéressant donc ce qui fait que j'ai continué dans ce parcours et comme elle l'a très bien dit Guillaume, moi j'ai passé ma vie quasiment comme un indépendant dans un grand groupe. Alors c'est vrai que c'est compliqué parce que dans les grands groupes, on n'aime pas trop les gens indépendants. Mais en même temps, ça voulait dire que j'étais conscient qu'il fallait absolument que mon travail soit irréprochable, c'est-à-dire que la rentabilité soit systématiquement au rendez-vous. Donc c'est ça qui m'a permis aussi d'avoir une forme de liberté dans les grands groupes qui a duré pendant 35-40 ans.

  • Salomé

    Est-ce qu'il y a autre chose que la volonté d'indépendance que vous alliez chercher, surtout toi Guillaume, chez En'tropie ?

  • Guillaume

    Donc, dans En'tropie, c'est la boîte que j'ai créé avec un associé qui s'appelle Adrien Sanchez, qui était directeur d'ingénierie chez Bouygues. Et qu'est-ce qu'on allait chercher ? On allait chercher la volonté de toucher un peu à tout. Parce que néanmoins, dans tout groupe, et surtout dans les groupes de cette échelle-là, à un moment, on est quand même dans des... pas forcément dans des silos, mais on est axé sur certains produits et en créant notre boîte on peut toucher à tout en fait c'est ça qui est assez agréable c'est toucher à la fois au monde public à la fois au monde privé, toucher à différents types de produits que ce soit des logements, du bureau, de l'hôtellerie faire un peu c'est élargir son terrain de jeu je pense que c'est la première chose qu'on allait chercher et c'est aussi chercher une liberté, une liberté de pouvoir faire nos choix se tromper aussi par nous-mêmes mais en tout cas pouvoir avoir la chance de faire ce qu'on a envie de faire on va dire Je pense que autant Adrien que moi, et même papa chez Vinci, on a eu une liberté assez folle. On a des groupes qui nous ont donné beaucoup d'autonomie, qui nous ont fait vraiment confiance. Donc là-dessus, on a été très chanceux de ça. Maintenant, c'est toujours un cadre quand même. On fait quand même partie d'une entreprise qui est soumise à un cadre. Il y a certaines choses où parfois, on a été envie de sortir du cadre. Et au travers de cette aventure, c'est un peu ça aussi. Et je pense que la dernière chose, c'est vouloir accompagner nos clients comme on a envie de le faire. Pas être soumis à certaines obligations d'un groupe, à être vraiment tourné vers nos clients, dans la manière dont on veut le faire, et la manière dont on l'entend. Je pense que c'est la principale raison.

  • Salomé

    Qu'est-ce qui se transmet dans une famille comme la vôtre ?

  • Xavier

    Je pense que c'est la façon de vivre. Moi, je n'ai pas imposé à mes enfants de travailler dans le même milieu que moi. Je trouve que le devoir d'un père ou d'une mère, c'est d'accompagner ses enfants à l'âge adulte et qu'ils puissent être autonomes et faire leurs choix par eux-mêmes et que ce ne soient pas des choix qui soient faits par nous. Nous, ce qu'on a transmis, c'est une forme de liberté, une forme d'autonomie aussi. Et à la fin, ils font leur parcours. Guillaume, il voulait faire un parcours dans l'aviation. On voit où il aboutit. Donc, on s'aperçoit que c'est pas forcément le choix qu'on fait à 18 ans, n'est pas celui qu'on veut faire forcément à 25 ans. Mais je pense que c'est intéressant qu'ils fassent leur parcours par eux-mêmes, et qu'il y ait une autonomie. Après, moi, ce que j'apporte, c'est une forme de sécurité, c'est-à-dire essayer de leur donner une sécurité. S'ils font des erreurs et qu'ils se retrouvent en difficulté, ils savent qu'on est là, ils savent qu'on sera là pour les aider à rebondir et que leur vie ne sera pas terminée. C'est une chance, je pense, pour eux, par rapport à des familles moins privilégiées.

  • Guillaume

    C'est vrai qu'on a beaucoup de liberté, je pense, dans nos choix. Ce qui est marrant, c'est qu'au-delà de moi, même l'un de mes frères est dans l'immobilier.

  • Xavier

    T'as ton demi-frère aussi.

  • Guillaume

    Mon demi-frère aussi, c'est vrai. Tout ça fait que c'est vrai que c'est rigolo de voir... Je pense que quand on est jeune, on a pas envie d'être comme nos parents. C'est pour ça que je pense que quand j'étais jeune, je voulais faire de l'aérospatial. Je les vois dans l'immobilier tous les deux, ça a l'air vraiment dur. En fait, c'est pas si dur que ça. Mais je pense que quand on est jeune, on a envie de se différencier de ses parents. Je pense que c'est aussi le choix que j'ai fait en sortant de Centrale, parce qu'en soi, papa est encore chez Vinci à ce moment-là. Et j'aurais pu faire le choix d'aller chez Vinci, mais dans ma tête, c'était sûr que je ne voulais pas aller chez Vinci. Justement pour encore, je pense, trouver mon chemin, apprendre par moi-même, me faire ma propre ligne directrice et mon propre chemin. Il s'avère que pour l'anecdote, le premier jour où je suis arrivé, la personne qui m'a recruté m'a dit « tu ressembles beaucoup à ton père » . Donc comme quoi, on ne pouvait pas totalement s'extraire apparemment. Mais je pense que j'avais besoin au début de faire mon bout de chemin tout seul, éloigné de mes deux parents et au final à travers cette nouvelle aventure qu'est En'tropie, je me suis rapproché beaucoup plus professionnellement de mes deux parents à travailler avec eux sur des projets, à entreprendre avec eux, à être à l'écoute aussi de ce qu'ils ont à m'apprendre parce qu'ils ont une carrière bien plus longue que la mienne moi au de mes 7 ans de carrière, je pense que j'ai pas tout appris, loin de là.

  • Xavier

    Tu as beaucoup appris, je l'ai observé

  • Guillaume

    Oui, mais il me reste encore beaucoup à apprendre. Et au final, c'est hyper enrichissant aujourd'hui de pouvoir apprendre autant de Maman que de Papa et de pouvoir maintenant profiter de cet enseignement. Du coup, c'est assez intéressant aujourd'hui d'avoir une entreprise dans laquelle je peux travailler avec mes deux parents sur différents projets.

  • Xavier

    Moi, je trouve ce qui est intéressant, parce que j'ai observé de loin, parce qu'on a très peu parlé de son métier qu'il faisait chez Bouygues, mais je sentais quand même qu'il faisait un métier similaire à celui que j'exerçais quand je suis rentré chez Dumez. Et j'avais l'impression qu'il revivait ce que j'avais vécu à la même période. C'est-à-dire que c'était intéressant, j'avais l'impression de me revoir il y a 35 ans et je me disais mais c'est incroyable parce qu'il vit les mêmes sujets que moi et il a les mêmes problématiques que moi en fait quand il en parlait un peu. Et je lui ai dit plusieurs fois, je lui ai dit "Mais c'est dingue avec 40 ans d'écart ou 35 ans d'écart que tu fasses quasiment le même métier que moi avec les mêmes problématiques, les mêmes succès, les mêmes inconvénients de ton succès et les mêmes contraintes", les mêmes contraintes que je subissais en fait.

  • Guillaume

    C'est vrai qu'au final, on a eu des parcours similaires, surtout quand tu racontes ce que tu as fait dans toute ta carrière, c'est vrai que c'est rigolo. Je n'ai pas fait quelque chose de si éloigné que ça, quand tu vois mon petit bout de chemin pour l'instant.

  • Xavier

    Ce qui est sûr aussi, c'est que moi j'ai fait trois ans de chantier et je me suis orienté au bout de ces trois ans vers la partie amont de l'entreprise. J'ai toujours considéré que dans l'entreprise, il y avait deux fonctions opérationnelles. La fonction amont, c'est-à-dire les gens qui négocient, qui mettent au point, et la fonction aval qui est le chantier. Le chantier est stratégique parce que si on ne sait pas gérer un chantier, ça peut être une catastrophe. Par contre, la partie amont est tout aussi stratégique. Je trouve que dans les grands groupes, c'est mis un peu de côté, c'est-à-dire que ce n'est pas aussi valorisé que ça devrait l'être. Parce qu'en fait, dans cette partie, il y a une capacité à créer de la valeur de façon très forte et de façon très rapide, en ayant une intelligence vis-à-vis du client, vis-à-vis du projet. Et ça, en fait, le chantier a beaucoup de mal à le faire après. Et je crois qu'en plus, mon tempérament, il est plus de travailler sur beaucoup de projets en même temps, plutôt que de me trouver immobilisé sur un projet pendant 5 ans, ou 4, ou 3 ans sur un chantier. Je crois que j'ai un tempérament qui est plus d'avoir une culture diversifiée, de travailler sur des sujets totalement différents. Et c'est vrai que la partie amont, elle m'a permis de travailler sur des dizaines et des dizaines de projets. Je crois que c'est même plus de 200, en fait, quand je regarde mon parcours. Alors, je n'en ai pas traité autant, mais il y en a quand même un nombre impressionnant sur des sujets différents, que ça va être du bâtiment logistique, au bureau, au logement, à l'hôtel, à la prison. ça m'a permis par exemple de Je peux prendre un exemple tout simple. J'ai été l'interculteur de l'État pour les établissements pénitentiaires pour mineurs. Et en fait, ce concours-là, c'est un des premiers. C'est un concours qui m'a vraiment marqué parce qu'enfermer des mineurs, c'est un sujet extrêmement violent. Et c'est vrai qu'on avait quatre mois pour répondre à ce projet. Et avec l'architecte, on se posait la question pendant les quatre mois. Pendant les deux premiers mois et demi, on n'avait pas dessiné un trait. On n'a pas fait un trait parce qu'en fait... La seule question qu'on se posait, c'est est-ce qu'on répond parce qu'on n'a pas une idée humaniste sur le sujet ? Et puis c'est un soir avec l'architecte qui était Pierre Vurpas, on va dîner tous les deux à Lyon dans un bouchon. Et en fait, on sort un peu, on avait bu pas mal et en fait, à un moment, je lui dis, mais pourquoi on ne ferait pas comme un monastère ? Tous les bâtiments sont tournés vers l'intérieur. Et en fait, le lendemain matin, il me dit : "Oui, c'est une bonne idée." Le lendemain matin, j'ai regardé si on nous interdisait d'appuyer les bâtiments sur le mur d'enceinte. Parce que dans la plupart des établissements, il ne faut pas que les bâtiments. Et en fait, j'ai vu qu'il n'y a rien qui interdisait dans le concours d'appuyer les bâtiments sur le mur d'enceinte. Donc du coup, on a fait tous les bâtiments autour du mur d'enceinte. Finalement, ça a fait disparaître le mur d'enceinte depuis l'intérieur. Ça a permis de ne plus avoir de concertina, parce qu'en fait, on peut dire que la qualité d'un établissement pénitentiaire, est inversement proportionnelle au linéaire de concertinas qu'on y met. Et la troisième chose, c'est que vis-à-vis des familles, le bâtiment, quand on vient de l'extérieur, on peut presque penser que c'est un établissement scolaire et non pas un établissement pénitentiaire. Donc ça, ça nous a permis de gagner sans problème, puisque le ministre de l'époque de la justice, quand il a vu notre projet, il a tout de suite dit, il n'a même pas regardé le prix, il a dit... ce projet-là qui sera lauréat. Donc c'est aussi ce regard un peu différent qu'on peut avoir sur les projets, sur des stratégies, sur un regard philosophique, social, sociétal qui est extrêmement intéressant, qu'on peut avoir sur tout ce travail qu'on peut faire en amont des chantiers.

  • Salomé

    Et ça, c'est ce que vous avez transmis à Guillaume ?

  • Xavier

    Je ne sais pas si je lui ai transmis. Je ne sais pas si... Mais c'est lui qui peut le dire.

  • Guillaume

    Je partage l'avis de dire que la valeur ajoutée des groupes du BTP, c'est surtout dans la phase amont. Parce qu'en fait, c'est là où on peut modifier plus facilement un certain nombre de sujets en exécution. Outre le fait que les plannings sont de plus en plus serrés, du coup, les équipes ont de moins en moins de temps de prendre du recul sur ce qu'elles font. C'est très difficile, une fois le chantier lancé, de faire des modifications majeures. Donc ça je suis totalement d'accord sur le fait que la valeur ajoutée d'un groupe du BTP dans la partie amont, je trouve que pour le coup Bouygues l'a bien pensé ça parce qu'ils mettent énormément d'énergie sur leurs équipes d'ingénierie, sur leurs équipes à mon justement pour mettre en valeur cette expertise après oui je trouve et je le vois de plus en plus aussi au travers de ma nouvelle aventure, la notion en fait de ce qu'on construit c'est pas à l'échelle juste d'une parcelle c'est à l'échelle d'une ville en fait, de comprendre en fait que comment nos projets impactent les alentours. Comment un projet ne doit pas être pensé juste à l'échelle d'une parcelle, mais doit être pensé avec son environnement, avec ce qui va autour. Ça, c'est hyper intéressant. Et je trouve qu'on ressent plus quand on travaille avec des entités publiques qui pensent ville, qui pensent à comment un maire réfléchit à ses citoyens, à comment fonctionne sa ville, etc. Alors que quand on travaille uniquement avec du privé, et surtout sur du privé où on est l'entreprise de construction, On a moins cet aussi recul sur la ville et sur l'impact qu'ont les projets. Et ça, je le retrouve beaucoup plus aujourd'hui. C'est quelque chose d'assez magique, en fait. On a l'impression de créer quelque chose, vraiment, et de réfléchir à l'échelle d'une ville. Et c'est quelque chose d'assez incroyable.

  • Salomé

    Avant de passer aux questions signatures du podcast, j'aimerais qu'on aborde une dernière thématique. Lors de la préparation de l'interview, vous m'avez beaucoup parlé de vous, de vos parcours, de ce qui vous animait, de ce que vous souhaitiez transmettre professionnellement et personnellement. Et c'est à ce moment-là, Xavier, que tu m'as parlé d'une valeur qui est la réussite par l'éthique. Qu'est-ce que ça signifie ?

  • Xavier

    Moi, je pense que l'éthique, c'est essentiel dans nos métiers. On sait très bien que ce sont des métiers qui sont confrontés parfois à des sujets un peu problématiques. Et moi, j'ai toujours lutté contre ça parce que je pense que d'abord, ma liberté, elle vaut plus cher que l'intérêt de l'entreprise. Et après, moi, je pense que l'éthique, elle est créatrice de valeur et non pas perte de valeur. Avec la non-éthique, au contraire, elle correspond à une perte de valeur. Puisqu'en fait, plus on est éthique, plus on cherche des solutions qui nous permettent de gagner des concours, parce qu'il n'y a plus de débat, et plus les opérations sont saines, et plus le rapport avec nos clients est équilibré. Et c'est dans cet équilibre qu'on trouve toujours la meilleure rentabilité. Je pense qu'en plus... On fait un métier qui n'est pas que construire, comme l'a dit Guillaume, très bien Guillaume, en fait on intervient sur la ville, sur la collectivité, sur l'usage, et que ce travail, ce regard qu'on a sur ces éléments de notre acte, ils sont extrêmement importants pour nous, pour les maîtres d'ouvrage qu'on a en face de nous, et pour les utilisateurs futurs. Et quand ils prennent conscience qu'on a pris en main ces dimensions-là, en fait tout d'un coup les rapports changent. Il y a une espèce d'équilibre qui se crée et qui fait que quand on est face à un problème, le problème se résout avec le maître d'ouvrage de façon beaucoup plus fluide. Et donc, du coup, il est créateur de valeur à la fois pour le maître d'ouvrage, mais pour nous, parce qu'en fait, on ne se retrouve pas dans des conflits qui sont finalement stériles et qui coûtent de l'argent à tout le monde. Et puis en plus, je pense que plus on est éthique, plus on est créateur d'innovation.

  • Guillaume

    Je partage surtout ce qui a été dit à la fin. Je pense que c'est un truc chez Bouygues, ce qui m'a marqué, ce que je me suis transmis à mes équipes à la fin, c'est de dire on gagne des projets par l'innovation. On gagne des projets parce qu'on a des idées disruptives et en tout cas parce qu'on pense un peu out of the box sur certains projets et parce qu'on les reconçoit un peu. Donc ça, je suis totalement d'accord et surtout, je suis d'accord que ça crée un lien très fort avec le maître d'ouvrage parce qu'en fait, le maître d'ouvrage comprend qu'en un sens, tu as amélioré son projet à la fin. Que ce soit d'un point de vue financier, d'un point de vue carbone, d'un point de vue... On est sur plein d'aspects différents. Il y a un projet qui m'a marqué, il y a un projet où le client avait un budget, on va dire, autour de 30 millions. Toutes les entreprises ont répondu à 35-36 millions. Et à la fin, on est venu avec une vraie idée, une vraie idée disruptive où on a permis de descendre notre prix à 31 millions. Du coup, le client est passé d'un projet qu'il allait abandonner à un projet qu'il a fait parce qu'on a amené de l'innovation, justement. Donc ça, je suis totalement d'accord sur le fait que l'innovation aujourd'hui c'est un peu, pour moi, la meilleure manière de remporter des opérations est la meilleure manière de créer du lien avec nos clients. On devient plus qu'un constructeur, on devient quelqu'un qui leur a amélioré leur projet ou permis de sortir leur projet. Et donc on crée un vrai lien, un lien qui est assez fort et qui permet en effet de perdurer durant toute l'opération et qui permet parfois de sortir quand il y a des impasses ou quand il y a des conflits durant le chantier. Avoir créé ce lien permet parfois justement de dénouer la situation et de trouver un consensus qui permet d'arranger les deux parties. Et surtout, l'innovation est la meilleure manière de générer du résultat pour l'entreprise à la fin. Parce que sur les opérations, on apporte peu d'innovation, on se trouve à se baser que sur des sujets de marge. Or, on sait quand même que la plupart des entreprises aujourd'hui en France n'ont pas des marges énormes quand elles répondent à des opérations. Donc c'est l'innovation qui va pas mal aussi venir créer de la marge à la fin.

  • Xavier

    Je crois qu'en plus, quand on tient ces valeurs-là, Finalement, on marque aussi les esprits de nos clients en face. Et finalement, ils en redemandent. Et finalement, c'est aussi créateur de récurrence. C'est-à-dire que moi, je l'ai vécu récemment, j'étais même plus chez Vinci. J'ai gagné un concours avec un partenaire immobilier. Et le client, il se rappelait de projets que j'avais fait avec eux. Et c'est quelque chose qui a permis de rassurer complètement tout de suite parce qu'ils savaient que j'étais là pour essayer de les aider aussi, eux, clients, face à un problème compliqué, à résoudre leur sujet. Et sans chercher à essayer de raconter une histoire qui était fausse. Et du reste, depuis qu'on a gagné ce concours, on s'est retrouvés dans des situations un peu compliquées pour des problèmes qui n'avaient pas été vus aussi bien par le client que par nous. Et finalement, on les a résolus de façon simple, dans un discours partagé, où chacun est gagnant dans les solutions qui ont été trouvées. Et je pense que c'est paradoxal, parce que je ne suis plus chez Vinci, et que finalement, cette histoire, elle existe encore en fait.

  • Guillaume

    Je rejoins que c'est vrai que la notion d'éthique, le fait d'avoir créé ces liens avec ses clients, c'est une vraie force. Aujourd'hui, je vois tous nos premiers clients chez En'tropie, c'est des anciens... Ce sont des gens avec qui j'ai travaillé quand j'étais chez Bouygues. C'est assez rigolo de voir que oui, cette manière de voir les projets, que ce soit par l'aspect de l'éthique ou de l'innovation, permet de créer des liens forts avec nos interlocuteurs et de créer un vrai climat de confiance et un vrai climat dans lequel nos clients ont envie de retravailler avec nous et dans lequel ils souhaitent avoir une vision à plus long terme.

  • Xavier

    Un autre exemple, c'est G50. L'appel à idées qui a été lancé par Grand Paris Aménagement. Finalement, c'est une idée que j'avais développée quand j'étais président de la Fondation Architecte de l'Urgence. Et j'avais développé cette idée dans le cadre de Réinventer Paris. En fait, moi je disais juste, Réinventer Paris, c'est rendre accessible Paris aux Parisiens. Donc la première façon de Réinventer Paris, c'est de faire que pour le parisien moyen qui gagne ou le couple gagne 8000 euros il puisse au moins se pouvoir s'acheter un logement dans paris et donc on avait répondu avec un montage un peu particulier pour pour réaliser une opération avec une accessibilité à moins de 5000 euros là où le marché était à 8000 euros et il se trouve qu'on n'a pas été l'horaire on a été on est on a terminé deuxième sur 40 ce qui était déjà pas mal mais on n'a pas été lauréat. L'appel à l'idée qui a été lancé par Grand Paris Aménagement, en fait, quand je l'ai vu arriver, je me suis dit mais c'est exactement l'idée qu'on a développée il y a 7 ou 8 ans dans Réinventer Paris. Et donc moi, je l'ai proposé à IN'LI, avec qui j'avais fait le campus HEC. Et en fait, ils se sont enthousiasmés pour cette idée. Et donc finalement, on a déposé un dossier et on a été lauréat. Donc ça montre que... pour essayer de faire que le pouvoir d'achat des franciliens en matière immobilière augmente de façon forte.

  • Salomé

    Alors, merci beaucoup à tous les deux. J'aimerais qu'on passe aux questions signatures du podcast. Donc, pour cette série un petit peu différente, j'en ai ajouté une par rapport aux questions que vous connaissez habituellement. La première question, c'est une question pour toi, Xavier. Si tu devais transmettre une seule leçon de ton métier à Guillaume, laquelle serait-elle ?

  • Xavier

    Fais-le de façon passionnée, c'est-à-dire en essayant de... de comprendre, en essayant de comprendre ce que tu fais pour l'intérêt collectif, et non pas l'intérêt particulier que tu es censé, sur le papier on te dit que tu dois défendre, mais c'est d'abord l'intérêt collectif qui permet de défendre l'intérêt particulier.

  • Salomé

    Y a-t-il une maxime, un mantra, une phrase qui vous accompagne au quotidien ou qui vous inspire ?

  • Guillaume

    Moi je considère que la vie doit être un jeu. J'adore penser qu'en fait... La vie, au final, c'est court. Donc autant s'amuser, autant faire des choses qui nous plaisent, et autant la voir comme un jeu. Mais ça peut être du bon et du mauvais côté. Un jeu, il y a des règles, il y a des consignes, mais en tout cas, avoir toujours la volonté de faire ce qui me plaît, avoir toujours la volonté de faire des choses qui m'animent au jour le jour. Et j'ai la chance de faire un métier qui me plaît, qui m'anime au jour le jour, et j'espère pouvoir le faire longtemps. Et donc, avoir vraiment cette volonté de toujours continuer de m'amuser dans ce que je fais.

  • Xavier

    En fait, il y a un film qui m'avait marqué quand j'étais jeune, parce que ça fait 55 ans que je suis surfeur, et qui était The Endless Summer. Et en fait, ça veut dire l'été éternel. Et en fait, c'est des surfers qui tournent à travers le monde avec leurs planches, mais qui sont toujours sur la partie été du pays où ils se trouvent. Donc, ils sont tout le temps dans la saison d'été, ou printemps en fait. et en fait moi j'ai trouvé que c'était C'était une façon de vivre qui montrait de façon positive. C'est-à-dire qu'en fait, moi, je pense que la vie, c'est toujours être projeté vers l'avenir, que le passé, bon, il existe, mais c'est derrière nous, que c'est important, c'est la journée de demain, c'est demain. Et qu'en même temps, il y a des tas de choses à vivre. Bon, il y a le travail, il y a la famille, mais il y a aussi les loisirs, il y a les engagements autres. Et que finalement, la vie, c'est vivre des aventures diverses, différentes. dans des domaines différents et dans des endroits différents.

  • Salomé

    Quelle a été la chose la plus inattendue que vous ayez faite dans vos carrières ? Un moment décisif ou un moment fort ?

  • Xavier

    Moi, je vais parler d'une expérience où j'étais jeune, j'avais 27 ou 28 ans. J'étais chargé de négocier le Futuroscope de Poitiers. C'est pour ça que je vais parler de cette expérience, parce qu'elle était assez amusante. En fait, je fais l'étude de prix du projet. Je me rappelle très bien des chiffres, c'était des chiffres pratiquement à l'euro près. À l'époque, on était en France, donc le premier projet qui était la boule avec la verrière. J'avais fait une étude et j'arrivais à 21 millions à peu près de coûts travaux. Et je suis convoqué par la direction de la SAE. À l'époque, c'était Pierre Bentata qui était le patron de la SAE en France. Donc Pierre Bentata m'appelle dans son bureau, il me dit... Je lui présente le projet et il me dit "Xavier qu'est-ce que vous en pensez ?" Je lui dis "écoutez, à ce prix-là on n'aura pas l'affaire, parce que le budget du client est à 13,5 millions, et la PME locale je pense qu'elle sera entre 17 et 18". Et il me dit "Mais qu'est-ce qu'il faut faire alors ?" Je lui dis "Moi je vous conseille de vous mettre à 13,5 millions." Et il me dit "pourquoi ?" Je lui dis "parce que moi j'ai bien regardé le projet, je pense que le projet ne fonctionne pas, donc 13,5 millions ça va permettre de lancer le chantier. Et ce chantier, il va... Il va s'arrêter de lui-même parce qu'en fait ça ne fonctionne pas. Donc on va casser les fondations, on va refaire autre chose, j'en suis quasiment persuadé". Et en fait ça l'a amusé, il m'a dit "ok vous répondez à 13,5 millions." Donc on a bien répondu à 13,5 millions. Le concurrent local était à 17,18 millions. Et on a été titulaire, on a ouvert le chantier, on a fait les fondations. Et à la fin des fondations il est arrivé ce que j'avais prévu, c'est-à-dire qu'on a refait le projet. Ce projet, en fait, il a permis de... D'abord, on a renégocié complètement le projet. Et puis, du coup, mais surtout, en fait, je crois... Alors, je n'étais plus à la SAE, mais je crois qu'ils ont eu en gré à gré entre 500 et 600 millions de travaux derrière pour réaliser le parc. Donc, on voit bien qu'avec un regard différent sur un projet, parce qu'en fait, c'est ma culture d'architecte qui m'a fait comprendre tout de suite que ça ne marchait pas. Et donc, avec ce regard-là... Et puis la confiance d'un patron, on peut arriver à des choses incroyables. Et donc ça m'a montré que la vérité d'un jour n'était pas forcément la vérité du lendemain.

  • Guillaume

    Moi, c'est le premier projet sur lequel j'ai travaillé en autonomie complète chez Bouygues. C'est un projet où on avait dit, on va répondre en faisant juste une estimation. Donc l'estimation, c'était moi qui la faisais. Et on avait répondu, on avait gagné. Et moi, très confiant de mon estimation, du coup. Et en fait, on reçoit l'étude de prix du coup, de la direction d'ingénierie chez Bouygues. Et là, je me rends compte qu'on perd des millions. Et là, j'avoue, intérieurement, je me dis, qu'est-ce que je fais ?

  • Xavier

    Tu as eu l'angoisse.

  • Guillaume

    Ah là, j'ai passé des très mauvaises nuits. Mais pendant un mois, je ne l'ai pas dit. C'est peut-être une erreur, d'ailleurs, avec du recul. Mais du coup, j'ai passé des nuits, j'ai passé mes journées. Mais ça m'a appris une chose, c'est qu'en fait, dans ce métier-là... Les projets sont tellement complexes, en fait, et quand on regarde les études de prix, je pense qu'il y a plus de 100 000 lignes avec des prix. Et en fait, on est capable, en gardant l'âme d'un projet, d'avoir deux prix totalement différents. Et du coup, vraiment, en se retroussant les manches, on a trouvé plein d'idées et on a réussi à faire en sorte de conserver vraiment l'âme du projet, l'engagement du client, la volonté du client, et retrouver le prix qui était notre engagement initial. Donc ça m'a vraiment appris à quel point c'est un métier hyper riche et c'est un métier dans lequel il y a plein de solutions et plein de chemins. Et qu'on peut réussir à trouver un chemin qui permet de revenir à un prix qui était bien déconnant.

  • Xavier

    C'est intéressant ce que tu viens de dire parce que moi il m'est arrivé il y a à peu près dix ans, à peu près la même aventure. C'est-à-dire que j'avais monté une opération d'immeubles de logement et bureaux, un mixte, et l'entreprise avait chiffré sur... APS l'opération, donc on avait développé le PC et au moment de... puis l'APD pendant la phase administrative et puis jusqu'à ce que les conditions suspensives d'achat du terrain, puisque c'était un montage qu'on faisait, soient bouclées. Et le jour où on obtient tout, je dois aller signer le lendemain matin l'achat du terrain et la vente de l'opération à un investisseur. Et je vois à 19h le directeur des études de l'entreprise... qui rentre dans mon bureau, qui me dépose un dossier de 1000 pages, il me dit c'est l'étude du projet en question. Donc j'ouvre le dossier, je m'aperçois qu'en fait, il m'annonce quasiment 40% de perte. Donc là je me dis, est-ce que je vais négocier le projet demain ? Donc je reprends tout le projet, et je me dis, mais c'est pas possible, on peut pas être à ce prix-là. Donc le lendemain matin, je vais signer, en n'ayant pas de contre-étude en fait. Je reviens, je vais voir mon président, je lui dis, j'ai une bonne et une mauvaise nouvelle. Je lui dis, la bonne c'est qu'on a signé le contrat ce matin, la mauvaise c'est que c'est pas ton entreprise qui va la réaliser. Et donc je vais faire l'opération en pilotant moi-même tous les travaux et en faisant l'opération. Donc en fait j'ai repiloté en lots séparés toute l'opération et finalement c'est une opération qui a dégagé plus de 15% de résultats nets en mettant le gros œuvre à une entreprise du groupe. Donc ça montre qu'il peut y avoir des différences de résultats. Alors on se demande pourquoi il y avait un tel écart.

  • Salomé

    Qui est-ce que vous aimeriez entendre sur le podcast ?

  • Guillaume

    Moi, j'aimerais bien entendre l'un des fondateurs de Iroko. C'est une nouvelle SCPI qui a été créée, je crois, il y a deux ou trois ans, qui marche du feu de Dieu. Je trouve ça hyper intéressant, parce qu'au final, ils se sont quand même lancés dans un contexte qui était loin d'être favorable. Ils en font pour l'instant une vraie réussite. Je trouverais ça hyper intéressant de comprendre un peu leur parcours, pourquoi ils ont décidé de se lancer là-dedans. Le président fondateur s'appelle Gauthier Delabrousse. Donc voilà, ça serait lui.

  • Xavier

    Moi, je trouve qu'il y a une... Il y a une agence d'archi, en fait, c'est l'agence Patriarche, qui a été fondée par, pas été fondée, mais qui a été développée par Jean-Loup Patriarche, et aujourd'hui qui est reprise, en fait, même si Jean-Loup est toujours là, par Damien. Moi, je trouve que c'est intéressant d'avoir ce regard de gens qui ne sont finalement pas très connus, qui ont une des agences, peut-être la première agence, ou la deuxième agence en France en matière d'architecture et d'ingénierie. qui ont une forme de modestie. Moi, j'ai travaillé avec eux. Il y a toujours une forme de modestie dans leur travail, avec leurs clients. Et finalement, je trouve que c'est intéressant d'en savoir plus sur la façon dont ils raisonnent, quelles sont leurs valeurs, quelles sont leurs façons de voir le métier. Et la dernière question, où est-ce qu'on peut vous suivre ou vous retrouver ?

  • Guillaume

    Pour nous suivre pour l'instant, moi de mon côté, En'tropie sera sur LinkedIn principalement. On commence à communiquer avec ce nom-là.

  • Xavier

    On ne m'a jamais suivi, donc ce n'est pas aujourd'hui que j'ai commencé.

  • Salomé

    Merci beaucoup à tous les deux. C'est de vraiment pédir.

  • Guillaume

    Merci Salomé.

  • Xavier

    Merci.

  • Salomé

    Allez, c'est la fin de cet épisode. Je remercie encore une fois Xavier et Guillaume qui ont accepté de se prêter à cet exercice et de nous partager leur histoire. Je vous remercie mille fois de nous avoir écoutés jusqu'au bout. Si vous voulez me poser des questions, me faire vos retours ou me proposer de nouveaux invités, je vous attends sur LinkedIn, mais aussi sur Instagram, où je vous livre les coulisses du podcast. Enfin, je remercie chaleureusement Bouygues Construction, qui soutient le podcast et sans qui il n'existerait pas. J'espère que cet épisode vous a plu. N'hésitez pas à me laisser des étoiles et des commentaires sur Spotify et Apple Podcast, ça m'aide beaucoup. On se retrouve dans 15 jours pour un nouvel épisode d'Officieux, le podcast qui vous livre les confidences de ceux qui font l'immobilier d'entreprise.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • 🔗 Parcours croisés : 2 parcours différents, animés par une passion commune

    01:40

  • 🏡 L'influence de l'environnement familial : liberté, inspiration et héritage

    06:13

  • 👥 Transmission père-fils : Autonomie et choix assumés

    13:05

  • 🧭 Une valeur boussole : l'éthique comme moteur d'innovation et de confiance

    22:42

  • 🎙️ Les questions signatures du podcast

    30:13

  • Conclusion

    40:15

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Description

Transmission, liberté et éthique : la vision d'un duo père/fils


Cet épisode d'Officieux inaugure la série estivale 2025 : trois épisodes, trois duos parent/enfant pour explorer autrement les métiers de l'immobilier et de la construction.


Ici, je reçois Xavier et Guillaume Duplantier, père et fils, qui ont notamment en commun des carrières chez les majors du BTP.

Xavier, 71 ans, a dédié sa carrière aux grands et petits projets au sein de groupes comme Vinci, dont il a notamment dirigé la structure de développement immobilier, ADIM. Il a vécu l’intrapreneuriat avant même qu’on lui donne un nom. Guillaume, 31 ans, a travaillé chez Bouygues avant de co-fonder récemment En’tropie, une jeune structure d’AMO engagée dans la transition écologique.


💬 "Exerce ton métier de façon passionnée et en faveur de l'intérêt collectif"

🎧 Tout au long de notre échange, ils racontent ce qui se transmet (ou pas) au fil des générations : la passion du métier, le goût de la liberté, la place de l’éthique dans la réussite. Ils évoquent également des sujets très concrets qui les rassemblent professionnellement, comme par exemple l’importance de l’amont dans un projet immobilier. Ce qui les lie n’est pas tant un héritage de savoir-faire qu’une philosophie de travail partagée.


🔎 Au programme de cet épisode :

Carrières croisées : Deux générations, deux parcours dans le BTP, mais un même attachement à la phase de conception et au lien avec les maîtres d’ouvrage.


Transmission familiale : Ce qu’on transmet sans s’en rendre compte et l'influence de l'environnement familial. Comment Xavier et Guillaume s'inspirent-ils d'artisans, d’architectes et d’artistes ?


Réussir par l'éthique : Comment garder son intégrité dans un environnement parfois contraignant, et pourquoi l’éthique peut être source d’innovation.


🌞 Pourquoi cette série estivale en duo ?
Parce que l’été est un moment idéal pour ralentir, ressentir, écouter autrement. Parce que notre secteur regorge d’histoires de transmission, souvent discrètes, mais touchantes.

🤝 Vous souhaitez échanger avec Guillaume ? Retrouvez-le sur LinkedIn juste ici : 🔗Guillaume


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Transcription

  • Salomé

    Hello à tous, ici Salomé, j'ai 26 ans, je suis ingénieure en bâtiment et je suis surtout ravie de vous accueillir sur Officieux, le podcast qui vous livre les confidences de ceux qui font l'immobilier d'entreprise. Je vous propose de changer votre regard sur cet univers en vous emmenant avec moi pour en découvrir les coulisses. Tous les 15 jours, je vais à la rencontre d'archis, de constructeurs, d'investisseurs pour leur poser toutes mes questions et discuter ensemble des tendances qui font bouger le marché. Bienvenue dans les vacances d'Officieux. Pour cet été, je vous propose une série d'épisodes un peu différents de ceux que je vous partage habituellement, puisqu'il s'agit d'une série d'interviews en duos, et pas n'importe quel duos. Le podcast est un formidable outil de transmission, et quoi de plus symbolique que de le mettre au service d'une autre forme de transmission, celle qui circule entre les générations, entre un parent et son enfant. Pour cet été, je vous propose donc de plonger dans des échanges à la fois personnels et professionnels, qui racontent une histoire commune, un regard croisé sur un même secteur, un même métier, même parfois, et deux visions qui se confrontent ou se complètent. Dans cet épisode, je reçois Xavier et Guillaume Duplantier. Xavier, le père de Guillaume, a passé l'essentiel de sa carrière dans les grands groupes du BTP. Un secteur que Guillaume connaît bien, lui aussi, puisqu'il y a fait ses premiers pas dans une entreprise concurrente de celle de son père, avant de lancer récemment sa propre structure. Avec eux, on a parlé d'influence familiale, de transmission bien sûr, mais aussi des valeurs qui se partagent consciemment ou inconsciemment. Mais je ne vous en dis pas plus, et je vous souhaite une très bonne écoute. Bonjour Guillaume, bonjour Xavier, je suis ravie de vous recevoir sur le podcast pour cette série estivale. Est-ce que vous pourriez commencer chacun par vous présenter, s'il vous plaît ?

  • Xavier

    On commence par qui ?

  • Guillaume

    Vas-y.

  • Xavier

    Donc moi je suis Xavier Duplantier, j'ai 71 ans, j'ai un parcours essentiellement dans le BTP, malgré que j'ai commencé en 80, donc il y a 45 ans, par la création d'un bureau d'études pour le syndicat des carrières qui s'appelait Ensem. Après, j'ai un parcours essentiellement dans les grands groupes de BTP. J'ai travaillé six ans à la SAE, qui est devenue Eiffage après. Et dans le cadre de la SAE, j'ai eu deux activités principales. Ma première activité, qui a consisté à répondre à des concours en gré à gré pour réaliser des collèges et des écoles. Et les trois années suivantes, je suis parti chez Socae Atlantique, à l'agence de la Rochelle. Et là, j'ai fait essentiellement du chantier et un peu d'études de prix, puisqu'on m'a demandé d'étudier d'abord les bâtiments avant de les prendre en chantier. Et dans ce cadre-là, j'ai négocié le Futuroscope de Poitiers et j'ai été patron du chantier jusqu'à ce que je quitte SAE pour rentrer chez Dumez. Je suis resté 15 années, 18 ans exactement, chez Dumez comme directeur commercial du développement et des études. Et dans ce cadre là, j'ai négocié beaucoup de contrats parce que j'ai tout de suite compris que les contrats en conception construction étaient extrêmement importants donc je suis resté 18 ans dans ce poste là et finalement après j'ai été nommé directeur du développement de GTM bâtiment, de GTM construction et après directeur général adjoint de GTM avec pour mission principale de créer la structure de montage de de GTM, c'est-à-dire Adim, qui s'est appelé après Adim Conseil. Donc j'étais directeur général de cette société que j'ai créée depuis zéro et quand je suis parti en 2000, elle faisait à peu près 300 millions de chiffres d'affaires avec une bonne rentabilité. Donc dans ce cadre-là, j'ai eu l'occasion de développer la structure sur les marchés de contrats de partenariat, puisqu'en fait on faisait 50% de notre activité sur ces marchés-là et 50% sur des marchés privés dont quelques projets un peu emblématiques comme le siège de deux tours à la Défense, le siège de la Société Générale, la Tour Granit, la Tour Saint-Gobain.

  • Guillaume

    Bonjour Salomé, moi je m'appelle Guillaume Duplantier, j'ai 31 ans. J'ai une carrière bien moins longue que Papa vu que moi ça fait 7 ans que j'ai commencé à travailler. Je suis ingénieur de formation, j'ai fait une école d'ingénieur parisienne. A l'époque, je voulais faire de l'aérospatial. Et finalement, durant mes études, j'ai fait un stage ouvrier dans le sud-ouest sur un chantier. Et j'ai découvert la richesse humaine du métier de l'immobilier et des travaux. Du coup, ça m'a donné très envie d'en connaître un peu plus. Du coup, durant mes études, ils m'ont permis de faire une année de césure. Du coup, je suis parti à Londres, chez Bouygues UK à l'époque, pour faire des travaux. Et j'ai adoré ce métier. Du coup, en rentrant en France, pour ma dernière année d'études, je me spécialisais dans la partie BTP, immobilier et développement durable. Et à la fin de mes études, je suis rentré chez Bouygues, en Ile-de-France, dans la branche tertiaire de Bouygues, sur l'immobilier privé. Et j'ai accompagné LinkCity dans le développement de leurs opérations, de l'amont jusqu'au début de l'exécution. Petit à petit, j'ai pris des projets variés, à la fois des bureaux, des zones commerciales, des hôtels. C'était très varié. Et au fur et à mesure de mes années, chez Bouygues, on m'a fait confiance. Et du coup, j'ai commencé à gérer les équipes qui géraient les projets en conception et en réalisation. Et un fait marquant aussi de cette année, c'est qu'avec d'autres collègues chez Bouygues, on a créé ArchiSobre, qui était un mouvement sur comment on conçoit des bâtiments ultra bas carbone dans le contexte actuel, notamment avec l'arrivée de la réglementation environnementale en 2022. Et du coup, c'est rigolo, avec ce que Papa vient de dire, j'en ai appris un peu sur sa carrière et c'est rigolo qu'il ait fait à la fois de l'environnement et à la fois il a pris la tête de tout ce qui était les sujets en conception, comme quoi les chats ne font pas des chiens forcément. Et là depuis en cette année 2025 j'ai quitté Bouygues avec un associé, qui était aussi chez Bouygues et on a décidé de créer notre entreprise qui s'appelle En'tropie et qui fait de l'assistance à maîtrise d'ouvrage ou plus communément appelé AMO dans le milieu. Et du coup, ça fait maintenant peu de mois qu'on a quitté Bouygues et du coup, qu'on se lance à notre compte. L'idée est d'accompagner vraiment nos clients sur tout le développement de leurs opérations et avec une grosse appétence environnementale qui est ajoutée à ça.

  • Salomé

    On voit déjà beaucoup de choses qui se recoupent entre vos deux parcours. J'aimerais qu'on commence d'abord par parler de l'influence de l'environnement familial sur une activité professionnelle. Vous m'avez dit lors de la préparation... de l'interview, que vous venez d'une famille d'artistes, d'artisans. Comment ça a influencé votre rapport à votre propre métier et votre regard sur l'immobilier ?

  • Guillaume

    Si je commence, au final, je pense que le fait d'aujourd'hui de créer mon entreprise, c'est fortement une influence familiale. Déjà à travers mes parents. Papa, je pense que dans toute ma vie à domicile, j'ai quand même vu un père qui était épanoui dans son travail et qui était quand même très libre dans son travail, malgré la présence forcément d'un grand groupe. Mais je pense qu'au travers de ce qu'il a dit avant, il a bien vécu l'intrapreneuriat chez Vinci. Et on lui a offert quand même beaucoup de liberté. Et ça se ressentait aussi dans sa manière d'être, dans sa manière de vivre. Et je pense que c'est quelque chose qui m'a inspiré. De l'autre côté, ma mère est architecte et a créé son agence depuis que je suis né, je pense. Et donc, du coup, j'ai quand même vécu aussi avec une mère... Avant que tu sois né. Avant que je sois né, qui était à son compte, qui a toujours eu pareil, qui a vécu une certaine liberté, alors avec des hauts et des bas, parce que la vie d'entrepreneur, c'est quand même aussi des hauts et des bas et des moments qui sont difficiles. Mais encore une fois, avec cette notion de liberté, cette notion de vouloir faire ce qu'elle voulait, à son compte. Et puis, ce qui est marrant aussi dans notre famille, c'est qu'on a fait des artistes. L'un des cousins de papa est artiste peintre, qui s'appelle Jofo Duplantier. Il avait été peintre pour la Coupe du Monde 98, si je me rappelle bien. Les deux enfants de Jofo ont créé un groupe de métal. C'est Dominique. Ah c'est Dominique ? Oui. Un des frères de Jofo, c'est deux enfants.

  • Xavier

    Cousin Germain.

  • Guillaume

    Cousin Germain de Jofo, pardon. L'arbre généalogique de cette famille est compliqué. Cousin Germain de Jofo a deux enfants qui ont créé un groupe de métal, qui est Gojira, qui est passé durant l'ouverture des JO à Paris 2024. Donc voilà, il y avait quand même une notion autour de moi qui était très entreprenante, très libre. Et je pense que c'est un peu tout ça, moi, qui m'a poussé aujourd'hui à me dire, pourquoi pas me lancer à mon compte et pourquoi pas essayer, entreprendre. Et c'était quelque chose qui m'animait depuis toujours. J'avais toujours été très transparent au sein de Bouygues à dire, je pense qu'un jour, j'aurai cette vérité de vouloir me lancer à mon compte. Et je pense que là, c'est quelque chose qui est transmis par son cadre familial, par son entourage et par ce qui nous entoure au jour le jour.

  • Xavier

    Moi, je pense qu'il a surtout été marqué par un événement qu'il conteste, c'est le 12 juin 1993. Sa mère et moi, en fait, puisqu'il est né le 21 juin 1993, mais sa mère et moi avons défendu un projet dans un jury, en fait, pendant trois heures. C'était le premier concours lancé en conception-construction pour du logement social. Et en fait, on a été lauréats. Donc je pense que... Cette joie a été ressentie par Guillaume, qui est arrivé dix jours plus tard.

  • Guillaume

    En tant qu'embryon.

  • Xavier

    Il a compris que ses parents étaient solidaires dans un métier qu'ils partageaient, en fait.

  • Guillaume

    C'est vrai. Mais c'est intéressant.

  • Xavier

    C'est revenu quand tu avais 20 ans.

  • Guillaume

    Oui, c'est vrai. Même toi, tu as quand même vécu l'entreprenariat chez Vinci aussi, un peu.

  • Xavier

    Oui, c'est-à-dire que moi, en fait, mon parcours, c'est que je voulais être architecte et que mon père est issu d'une des plus grandes écoles françaises, si ce n'est la plus grande école française. Comme j'étais très bon en maths et physique, ils ont négocié pendant deux mois le fait que je fasse une école d'ingénieur plutôt que de partir au Beaux-Arts faire de l'architecture. Et finalement, j'ai passé les concours. J'ai passé que trois écoles qui donnaient des équivalences en architecture, c'est-à-dire l'X, les ponts et les TP. J'ai complètement loupé le concours des ponts et l'X, j'ai été admissible, mais je n'ai pas été reçu après l'oral. Donc j'ai accepté tout de suite de partir aux TP, où je suis rentré à l'époque, je crois, major. Premier élève, en fait, premier élève dans la liste qui a accepté de rentrer aux TP. Je ne l'ai jamais regretté. Et en fait, ce qui s'est passé, c'est qu'après être sorti de l'armée, mon père ne m'a pas souhaité m'aider à faire mes études d'archi. Donc j'ai été obligé de travailler quasiment immédiatement. Et je suis rentré comme ça chez Ensem, puis après, j'ai été dans la création d'Ensem, puis après je suis rentré à la SAE donc au moment où j'ai terminé mes études d'archi j'avais déjà pas mal, je m'étais pas mal développé dans les groupes de BTP et j'étais rentré déjà chez Dumez et en fait j'avais un boulot qui était hyper intéressant donc ce qui fait que j'ai continué dans ce parcours et comme elle l'a très bien dit Guillaume, moi j'ai passé ma vie quasiment comme un indépendant dans un grand groupe. Alors c'est vrai que c'est compliqué parce que dans les grands groupes, on n'aime pas trop les gens indépendants. Mais en même temps, ça voulait dire que j'étais conscient qu'il fallait absolument que mon travail soit irréprochable, c'est-à-dire que la rentabilité soit systématiquement au rendez-vous. Donc c'est ça qui m'a permis aussi d'avoir une forme de liberté dans les grands groupes qui a duré pendant 35-40 ans.

  • Salomé

    Est-ce qu'il y a autre chose que la volonté d'indépendance que vous alliez chercher, surtout toi Guillaume, chez En'tropie ?

  • Guillaume

    Donc, dans En'tropie, c'est la boîte que j'ai créé avec un associé qui s'appelle Adrien Sanchez, qui était directeur d'ingénierie chez Bouygues. Et qu'est-ce qu'on allait chercher ? On allait chercher la volonté de toucher un peu à tout. Parce que néanmoins, dans tout groupe, et surtout dans les groupes de cette échelle-là, à un moment, on est quand même dans des... pas forcément dans des silos, mais on est axé sur certains produits et en créant notre boîte on peut toucher à tout en fait c'est ça qui est assez agréable c'est toucher à la fois au monde public à la fois au monde privé, toucher à différents types de produits que ce soit des logements, du bureau, de l'hôtellerie faire un peu c'est élargir son terrain de jeu je pense que c'est la première chose qu'on allait chercher et c'est aussi chercher une liberté, une liberté de pouvoir faire nos choix se tromper aussi par nous-mêmes mais en tout cas pouvoir avoir la chance de faire ce qu'on a envie de faire on va dire Je pense que autant Adrien que moi, et même papa chez Vinci, on a eu une liberté assez folle. On a des groupes qui nous ont donné beaucoup d'autonomie, qui nous ont fait vraiment confiance. Donc là-dessus, on a été très chanceux de ça. Maintenant, c'est toujours un cadre quand même. On fait quand même partie d'une entreprise qui est soumise à un cadre. Il y a certaines choses où parfois, on a été envie de sortir du cadre. Et au travers de cette aventure, c'est un peu ça aussi. Et je pense que la dernière chose, c'est vouloir accompagner nos clients comme on a envie de le faire. Pas être soumis à certaines obligations d'un groupe, à être vraiment tourné vers nos clients, dans la manière dont on veut le faire, et la manière dont on l'entend. Je pense que c'est la principale raison.

  • Salomé

    Qu'est-ce qui se transmet dans une famille comme la vôtre ?

  • Xavier

    Je pense que c'est la façon de vivre. Moi, je n'ai pas imposé à mes enfants de travailler dans le même milieu que moi. Je trouve que le devoir d'un père ou d'une mère, c'est d'accompagner ses enfants à l'âge adulte et qu'ils puissent être autonomes et faire leurs choix par eux-mêmes et que ce ne soient pas des choix qui soient faits par nous. Nous, ce qu'on a transmis, c'est une forme de liberté, une forme d'autonomie aussi. Et à la fin, ils font leur parcours. Guillaume, il voulait faire un parcours dans l'aviation. On voit où il aboutit. Donc, on s'aperçoit que c'est pas forcément le choix qu'on fait à 18 ans, n'est pas celui qu'on veut faire forcément à 25 ans. Mais je pense que c'est intéressant qu'ils fassent leur parcours par eux-mêmes, et qu'il y ait une autonomie. Après, moi, ce que j'apporte, c'est une forme de sécurité, c'est-à-dire essayer de leur donner une sécurité. S'ils font des erreurs et qu'ils se retrouvent en difficulté, ils savent qu'on est là, ils savent qu'on sera là pour les aider à rebondir et que leur vie ne sera pas terminée. C'est une chance, je pense, pour eux, par rapport à des familles moins privilégiées.

  • Guillaume

    C'est vrai qu'on a beaucoup de liberté, je pense, dans nos choix. Ce qui est marrant, c'est qu'au-delà de moi, même l'un de mes frères est dans l'immobilier.

  • Xavier

    T'as ton demi-frère aussi.

  • Guillaume

    Mon demi-frère aussi, c'est vrai. Tout ça fait que c'est vrai que c'est rigolo de voir... Je pense que quand on est jeune, on a pas envie d'être comme nos parents. C'est pour ça que je pense que quand j'étais jeune, je voulais faire de l'aérospatial. Je les vois dans l'immobilier tous les deux, ça a l'air vraiment dur. En fait, c'est pas si dur que ça. Mais je pense que quand on est jeune, on a envie de se différencier de ses parents. Je pense que c'est aussi le choix que j'ai fait en sortant de Centrale, parce qu'en soi, papa est encore chez Vinci à ce moment-là. Et j'aurais pu faire le choix d'aller chez Vinci, mais dans ma tête, c'était sûr que je ne voulais pas aller chez Vinci. Justement pour encore, je pense, trouver mon chemin, apprendre par moi-même, me faire ma propre ligne directrice et mon propre chemin. Il s'avère que pour l'anecdote, le premier jour où je suis arrivé, la personne qui m'a recruté m'a dit « tu ressembles beaucoup à ton père » . Donc comme quoi, on ne pouvait pas totalement s'extraire apparemment. Mais je pense que j'avais besoin au début de faire mon bout de chemin tout seul, éloigné de mes deux parents et au final à travers cette nouvelle aventure qu'est En'tropie, je me suis rapproché beaucoup plus professionnellement de mes deux parents à travailler avec eux sur des projets, à entreprendre avec eux, à être à l'écoute aussi de ce qu'ils ont à m'apprendre parce qu'ils ont une carrière bien plus longue que la mienne moi au de mes 7 ans de carrière, je pense que j'ai pas tout appris, loin de là.

  • Xavier

    Tu as beaucoup appris, je l'ai observé

  • Guillaume

    Oui, mais il me reste encore beaucoup à apprendre. Et au final, c'est hyper enrichissant aujourd'hui de pouvoir apprendre autant de Maman que de Papa et de pouvoir maintenant profiter de cet enseignement. Du coup, c'est assez intéressant aujourd'hui d'avoir une entreprise dans laquelle je peux travailler avec mes deux parents sur différents projets.

  • Xavier

    Moi, je trouve ce qui est intéressant, parce que j'ai observé de loin, parce qu'on a très peu parlé de son métier qu'il faisait chez Bouygues, mais je sentais quand même qu'il faisait un métier similaire à celui que j'exerçais quand je suis rentré chez Dumez. Et j'avais l'impression qu'il revivait ce que j'avais vécu à la même période. C'est-à-dire que c'était intéressant, j'avais l'impression de me revoir il y a 35 ans et je me disais mais c'est incroyable parce qu'il vit les mêmes sujets que moi et il a les mêmes problématiques que moi en fait quand il en parlait un peu. Et je lui ai dit plusieurs fois, je lui ai dit "Mais c'est dingue avec 40 ans d'écart ou 35 ans d'écart que tu fasses quasiment le même métier que moi avec les mêmes problématiques, les mêmes succès, les mêmes inconvénients de ton succès et les mêmes contraintes", les mêmes contraintes que je subissais en fait.

  • Guillaume

    C'est vrai qu'au final, on a eu des parcours similaires, surtout quand tu racontes ce que tu as fait dans toute ta carrière, c'est vrai que c'est rigolo. Je n'ai pas fait quelque chose de si éloigné que ça, quand tu vois mon petit bout de chemin pour l'instant.

  • Xavier

    Ce qui est sûr aussi, c'est que moi j'ai fait trois ans de chantier et je me suis orienté au bout de ces trois ans vers la partie amont de l'entreprise. J'ai toujours considéré que dans l'entreprise, il y avait deux fonctions opérationnelles. La fonction amont, c'est-à-dire les gens qui négocient, qui mettent au point, et la fonction aval qui est le chantier. Le chantier est stratégique parce que si on ne sait pas gérer un chantier, ça peut être une catastrophe. Par contre, la partie amont est tout aussi stratégique. Je trouve que dans les grands groupes, c'est mis un peu de côté, c'est-à-dire que ce n'est pas aussi valorisé que ça devrait l'être. Parce qu'en fait, dans cette partie, il y a une capacité à créer de la valeur de façon très forte et de façon très rapide, en ayant une intelligence vis-à-vis du client, vis-à-vis du projet. Et ça, en fait, le chantier a beaucoup de mal à le faire après. Et je crois qu'en plus, mon tempérament, il est plus de travailler sur beaucoup de projets en même temps, plutôt que de me trouver immobilisé sur un projet pendant 5 ans, ou 4, ou 3 ans sur un chantier. Je crois que j'ai un tempérament qui est plus d'avoir une culture diversifiée, de travailler sur des sujets totalement différents. Et c'est vrai que la partie amont, elle m'a permis de travailler sur des dizaines et des dizaines de projets. Je crois que c'est même plus de 200, en fait, quand je regarde mon parcours. Alors, je n'en ai pas traité autant, mais il y en a quand même un nombre impressionnant sur des sujets différents, que ça va être du bâtiment logistique, au bureau, au logement, à l'hôtel, à la prison. ça m'a permis par exemple de Je peux prendre un exemple tout simple. J'ai été l'interculteur de l'État pour les établissements pénitentiaires pour mineurs. Et en fait, ce concours-là, c'est un des premiers. C'est un concours qui m'a vraiment marqué parce qu'enfermer des mineurs, c'est un sujet extrêmement violent. Et c'est vrai qu'on avait quatre mois pour répondre à ce projet. Et avec l'architecte, on se posait la question pendant les quatre mois. Pendant les deux premiers mois et demi, on n'avait pas dessiné un trait. On n'a pas fait un trait parce qu'en fait... La seule question qu'on se posait, c'est est-ce qu'on répond parce qu'on n'a pas une idée humaniste sur le sujet ? Et puis c'est un soir avec l'architecte qui était Pierre Vurpas, on va dîner tous les deux à Lyon dans un bouchon. Et en fait, on sort un peu, on avait bu pas mal et en fait, à un moment, je lui dis, mais pourquoi on ne ferait pas comme un monastère ? Tous les bâtiments sont tournés vers l'intérieur. Et en fait, le lendemain matin, il me dit : "Oui, c'est une bonne idée." Le lendemain matin, j'ai regardé si on nous interdisait d'appuyer les bâtiments sur le mur d'enceinte. Parce que dans la plupart des établissements, il ne faut pas que les bâtiments. Et en fait, j'ai vu qu'il n'y a rien qui interdisait dans le concours d'appuyer les bâtiments sur le mur d'enceinte. Donc du coup, on a fait tous les bâtiments autour du mur d'enceinte. Finalement, ça a fait disparaître le mur d'enceinte depuis l'intérieur. Ça a permis de ne plus avoir de concertina, parce qu'en fait, on peut dire que la qualité d'un établissement pénitentiaire, est inversement proportionnelle au linéaire de concertinas qu'on y met. Et la troisième chose, c'est que vis-à-vis des familles, le bâtiment, quand on vient de l'extérieur, on peut presque penser que c'est un établissement scolaire et non pas un établissement pénitentiaire. Donc ça, ça nous a permis de gagner sans problème, puisque le ministre de l'époque de la justice, quand il a vu notre projet, il a tout de suite dit, il n'a même pas regardé le prix, il a dit... ce projet-là qui sera lauréat. Donc c'est aussi ce regard un peu différent qu'on peut avoir sur les projets, sur des stratégies, sur un regard philosophique, social, sociétal qui est extrêmement intéressant, qu'on peut avoir sur tout ce travail qu'on peut faire en amont des chantiers.

  • Salomé

    Et ça, c'est ce que vous avez transmis à Guillaume ?

  • Xavier

    Je ne sais pas si je lui ai transmis. Je ne sais pas si... Mais c'est lui qui peut le dire.

  • Guillaume

    Je partage l'avis de dire que la valeur ajoutée des groupes du BTP, c'est surtout dans la phase amont. Parce qu'en fait, c'est là où on peut modifier plus facilement un certain nombre de sujets en exécution. Outre le fait que les plannings sont de plus en plus serrés, du coup, les équipes ont de moins en moins de temps de prendre du recul sur ce qu'elles font. C'est très difficile, une fois le chantier lancé, de faire des modifications majeures. Donc ça je suis totalement d'accord sur le fait que la valeur ajoutée d'un groupe du BTP dans la partie amont, je trouve que pour le coup Bouygues l'a bien pensé ça parce qu'ils mettent énormément d'énergie sur leurs équipes d'ingénierie, sur leurs équipes à mon justement pour mettre en valeur cette expertise après oui je trouve et je le vois de plus en plus aussi au travers de ma nouvelle aventure, la notion en fait de ce qu'on construit c'est pas à l'échelle juste d'une parcelle c'est à l'échelle d'une ville en fait, de comprendre en fait que comment nos projets impactent les alentours. Comment un projet ne doit pas être pensé juste à l'échelle d'une parcelle, mais doit être pensé avec son environnement, avec ce qui va autour. Ça, c'est hyper intéressant. Et je trouve qu'on ressent plus quand on travaille avec des entités publiques qui pensent ville, qui pensent à comment un maire réfléchit à ses citoyens, à comment fonctionne sa ville, etc. Alors que quand on travaille uniquement avec du privé, et surtout sur du privé où on est l'entreprise de construction, On a moins cet aussi recul sur la ville et sur l'impact qu'ont les projets. Et ça, je le retrouve beaucoup plus aujourd'hui. C'est quelque chose d'assez magique, en fait. On a l'impression de créer quelque chose, vraiment, et de réfléchir à l'échelle d'une ville. Et c'est quelque chose d'assez incroyable.

  • Salomé

    Avant de passer aux questions signatures du podcast, j'aimerais qu'on aborde une dernière thématique. Lors de la préparation de l'interview, vous m'avez beaucoup parlé de vous, de vos parcours, de ce qui vous animait, de ce que vous souhaitiez transmettre professionnellement et personnellement. Et c'est à ce moment-là, Xavier, que tu m'as parlé d'une valeur qui est la réussite par l'éthique. Qu'est-ce que ça signifie ?

  • Xavier

    Moi, je pense que l'éthique, c'est essentiel dans nos métiers. On sait très bien que ce sont des métiers qui sont confrontés parfois à des sujets un peu problématiques. Et moi, j'ai toujours lutté contre ça parce que je pense que d'abord, ma liberté, elle vaut plus cher que l'intérêt de l'entreprise. Et après, moi, je pense que l'éthique, elle est créatrice de valeur et non pas perte de valeur. Avec la non-éthique, au contraire, elle correspond à une perte de valeur. Puisqu'en fait, plus on est éthique, plus on cherche des solutions qui nous permettent de gagner des concours, parce qu'il n'y a plus de débat, et plus les opérations sont saines, et plus le rapport avec nos clients est équilibré. Et c'est dans cet équilibre qu'on trouve toujours la meilleure rentabilité. Je pense qu'en plus... On fait un métier qui n'est pas que construire, comme l'a dit Guillaume, très bien Guillaume, en fait on intervient sur la ville, sur la collectivité, sur l'usage, et que ce travail, ce regard qu'on a sur ces éléments de notre acte, ils sont extrêmement importants pour nous, pour les maîtres d'ouvrage qu'on a en face de nous, et pour les utilisateurs futurs. Et quand ils prennent conscience qu'on a pris en main ces dimensions-là, en fait tout d'un coup les rapports changent. Il y a une espèce d'équilibre qui se crée et qui fait que quand on est face à un problème, le problème se résout avec le maître d'ouvrage de façon beaucoup plus fluide. Et donc, du coup, il est créateur de valeur à la fois pour le maître d'ouvrage, mais pour nous, parce qu'en fait, on ne se retrouve pas dans des conflits qui sont finalement stériles et qui coûtent de l'argent à tout le monde. Et puis en plus, je pense que plus on est éthique, plus on est créateur d'innovation.

  • Guillaume

    Je partage surtout ce qui a été dit à la fin. Je pense que c'est un truc chez Bouygues, ce qui m'a marqué, ce que je me suis transmis à mes équipes à la fin, c'est de dire on gagne des projets par l'innovation. On gagne des projets parce qu'on a des idées disruptives et en tout cas parce qu'on pense un peu out of the box sur certains projets et parce qu'on les reconçoit un peu. Donc ça, je suis totalement d'accord et surtout, je suis d'accord que ça crée un lien très fort avec le maître d'ouvrage parce qu'en fait, le maître d'ouvrage comprend qu'en un sens, tu as amélioré son projet à la fin. Que ce soit d'un point de vue financier, d'un point de vue carbone, d'un point de vue... On est sur plein d'aspects différents. Il y a un projet qui m'a marqué, il y a un projet où le client avait un budget, on va dire, autour de 30 millions. Toutes les entreprises ont répondu à 35-36 millions. Et à la fin, on est venu avec une vraie idée, une vraie idée disruptive où on a permis de descendre notre prix à 31 millions. Du coup, le client est passé d'un projet qu'il allait abandonner à un projet qu'il a fait parce qu'on a amené de l'innovation, justement. Donc ça, je suis totalement d'accord sur le fait que l'innovation aujourd'hui c'est un peu, pour moi, la meilleure manière de remporter des opérations est la meilleure manière de créer du lien avec nos clients. On devient plus qu'un constructeur, on devient quelqu'un qui leur a amélioré leur projet ou permis de sortir leur projet. Et donc on crée un vrai lien, un lien qui est assez fort et qui permet en effet de perdurer durant toute l'opération et qui permet parfois de sortir quand il y a des impasses ou quand il y a des conflits durant le chantier. Avoir créé ce lien permet parfois justement de dénouer la situation et de trouver un consensus qui permet d'arranger les deux parties. Et surtout, l'innovation est la meilleure manière de générer du résultat pour l'entreprise à la fin. Parce que sur les opérations, on apporte peu d'innovation, on se trouve à se baser que sur des sujets de marge. Or, on sait quand même que la plupart des entreprises aujourd'hui en France n'ont pas des marges énormes quand elles répondent à des opérations. Donc c'est l'innovation qui va pas mal aussi venir créer de la marge à la fin.

  • Xavier

    Je crois qu'en plus, quand on tient ces valeurs-là, Finalement, on marque aussi les esprits de nos clients en face. Et finalement, ils en redemandent. Et finalement, c'est aussi créateur de récurrence. C'est-à-dire que moi, je l'ai vécu récemment, j'étais même plus chez Vinci. J'ai gagné un concours avec un partenaire immobilier. Et le client, il se rappelait de projets que j'avais fait avec eux. Et c'est quelque chose qui a permis de rassurer complètement tout de suite parce qu'ils savaient que j'étais là pour essayer de les aider aussi, eux, clients, face à un problème compliqué, à résoudre leur sujet. Et sans chercher à essayer de raconter une histoire qui était fausse. Et du reste, depuis qu'on a gagné ce concours, on s'est retrouvés dans des situations un peu compliquées pour des problèmes qui n'avaient pas été vus aussi bien par le client que par nous. Et finalement, on les a résolus de façon simple, dans un discours partagé, où chacun est gagnant dans les solutions qui ont été trouvées. Et je pense que c'est paradoxal, parce que je ne suis plus chez Vinci, et que finalement, cette histoire, elle existe encore en fait.

  • Guillaume

    Je rejoins que c'est vrai que la notion d'éthique, le fait d'avoir créé ces liens avec ses clients, c'est une vraie force. Aujourd'hui, je vois tous nos premiers clients chez En'tropie, c'est des anciens... Ce sont des gens avec qui j'ai travaillé quand j'étais chez Bouygues. C'est assez rigolo de voir que oui, cette manière de voir les projets, que ce soit par l'aspect de l'éthique ou de l'innovation, permet de créer des liens forts avec nos interlocuteurs et de créer un vrai climat de confiance et un vrai climat dans lequel nos clients ont envie de retravailler avec nous et dans lequel ils souhaitent avoir une vision à plus long terme.

  • Xavier

    Un autre exemple, c'est G50. L'appel à idées qui a été lancé par Grand Paris Aménagement. Finalement, c'est une idée que j'avais développée quand j'étais président de la Fondation Architecte de l'Urgence. Et j'avais développé cette idée dans le cadre de Réinventer Paris. En fait, moi je disais juste, Réinventer Paris, c'est rendre accessible Paris aux Parisiens. Donc la première façon de Réinventer Paris, c'est de faire que pour le parisien moyen qui gagne ou le couple gagne 8000 euros il puisse au moins se pouvoir s'acheter un logement dans paris et donc on avait répondu avec un montage un peu particulier pour pour réaliser une opération avec une accessibilité à moins de 5000 euros là où le marché était à 8000 euros et il se trouve qu'on n'a pas été l'horaire on a été on est on a terminé deuxième sur 40 ce qui était déjà pas mal mais on n'a pas été lauréat. L'appel à l'idée qui a été lancé par Grand Paris Aménagement, en fait, quand je l'ai vu arriver, je me suis dit mais c'est exactement l'idée qu'on a développée il y a 7 ou 8 ans dans Réinventer Paris. Et donc moi, je l'ai proposé à IN'LI, avec qui j'avais fait le campus HEC. Et en fait, ils se sont enthousiasmés pour cette idée. Et donc finalement, on a déposé un dossier et on a été lauréat. Donc ça montre que... pour essayer de faire que le pouvoir d'achat des franciliens en matière immobilière augmente de façon forte.

  • Salomé

    Alors, merci beaucoup à tous les deux. J'aimerais qu'on passe aux questions signatures du podcast. Donc, pour cette série un petit peu différente, j'en ai ajouté une par rapport aux questions que vous connaissez habituellement. La première question, c'est une question pour toi, Xavier. Si tu devais transmettre une seule leçon de ton métier à Guillaume, laquelle serait-elle ?

  • Xavier

    Fais-le de façon passionnée, c'est-à-dire en essayant de... de comprendre, en essayant de comprendre ce que tu fais pour l'intérêt collectif, et non pas l'intérêt particulier que tu es censé, sur le papier on te dit que tu dois défendre, mais c'est d'abord l'intérêt collectif qui permet de défendre l'intérêt particulier.

  • Salomé

    Y a-t-il une maxime, un mantra, une phrase qui vous accompagne au quotidien ou qui vous inspire ?

  • Guillaume

    Moi je considère que la vie doit être un jeu. J'adore penser qu'en fait... La vie, au final, c'est court. Donc autant s'amuser, autant faire des choses qui nous plaisent, et autant la voir comme un jeu. Mais ça peut être du bon et du mauvais côté. Un jeu, il y a des règles, il y a des consignes, mais en tout cas, avoir toujours la volonté de faire ce qui me plaît, avoir toujours la volonté de faire des choses qui m'animent au jour le jour. Et j'ai la chance de faire un métier qui me plaît, qui m'anime au jour le jour, et j'espère pouvoir le faire longtemps. Et donc, avoir vraiment cette volonté de toujours continuer de m'amuser dans ce que je fais.

  • Xavier

    En fait, il y a un film qui m'avait marqué quand j'étais jeune, parce que ça fait 55 ans que je suis surfeur, et qui était The Endless Summer. Et en fait, ça veut dire l'été éternel. Et en fait, c'est des surfers qui tournent à travers le monde avec leurs planches, mais qui sont toujours sur la partie été du pays où ils se trouvent. Donc, ils sont tout le temps dans la saison d'été, ou printemps en fait. et en fait moi j'ai trouvé que c'était C'était une façon de vivre qui montrait de façon positive. C'est-à-dire qu'en fait, moi, je pense que la vie, c'est toujours être projeté vers l'avenir, que le passé, bon, il existe, mais c'est derrière nous, que c'est important, c'est la journée de demain, c'est demain. Et qu'en même temps, il y a des tas de choses à vivre. Bon, il y a le travail, il y a la famille, mais il y a aussi les loisirs, il y a les engagements autres. Et que finalement, la vie, c'est vivre des aventures diverses, différentes. dans des domaines différents et dans des endroits différents.

  • Salomé

    Quelle a été la chose la plus inattendue que vous ayez faite dans vos carrières ? Un moment décisif ou un moment fort ?

  • Xavier

    Moi, je vais parler d'une expérience où j'étais jeune, j'avais 27 ou 28 ans. J'étais chargé de négocier le Futuroscope de Poitiers. C'est pour ça que je vais parler de cette expérience, parce qu'elle était assez amusante. En fait, je fais l'étude de prix du projet. Je me rappelle très bien des chiffres, c'était des chiffres pratiquement à l'euro près. À l'époque, on était en France, donc le premier projet qui était la boule avec la verrière. J'avais fait une étude et j'arrivais à 21 millions à peu près de coûts travaux. Et je suis convoqué par la direction de la SAE. À l'époque, c'était Pierre Bentata qui était le patron de la SAE en France. Donc Pierre Bentata m'appelle dans son bureau, il me dit... Je lui présente le projet et il me dit "Xavier qu'est-ce que vous en pensez ?" Je lui dis "écoutez, à ce prix-là on n'aura pas l'affaire, parce que le budget du client est à 13,5 millions, et la PME locale je pense qu'elle sera entre 17 et 18". Et il me dit "Mais qu'est-ce qu'il faut faire alors ?" Je lui dis "Moi je vous conseille de vous mettre à 13,5 millions." Et il me dit "pourquoi ?" Je lui dis "parce que moi j'ai bien regardé le projet, je pense que le projet ne fonctionne pas, donc 13,5 millions ça va permettre de lancer le chantier. Et ce chantier, il va... Il va s'arrêter de lui-même parce qu'en fait ça ne fonctionne pas. Donc on va casser les fondations, on va refaire autre chose, j'en suis quasiment persuadé". Et en fait ça l'a amusé, il m'a dit "ok vous répondez à 13,5 millions." Donc on a bien répondu à 13,5 millions. Le concurrent local était à 17,18 millions. Et on a été titulaire, on a ouvert le chantier, on a fait les fondations. Et à la fin des fondations il est arrivé ce que j'avais prévu, c'est-à-dire qu'on a refait le projet. Ce projet, en fait, il a permis de... D'abord, on a renégocié complètement le projet. Et puis, du coup, mais surtout, en fait, je crois... Alors, je n'étais plus à la SAE, mais je crois qu'ils ont eu en gré à gré entre 500 et 600 millions de travaux derrière pour réaliser le parc. Donc, on voit bien qu'avec un regard différent sur un projet, parce qu'en fait, c'est ma culture d'architecte qui m'a fait comprendre tout de suite que ça ne marchait pas. Et donc, avec ce regard-là... Et puis la confiance d'un patron, on peut arriver à des choses incroyables. Et donc ça m'a montré que la vérité d'un jour n'était pas forcément la vérité du lendemain.

  • Guillaume

    Moi, c'est le premier projet sur lequel j'ai travaillé en autonomie complète chez Bouygues. C'est un projet où on avait dit, on va répondre en faisant juste une estimation. Donc l'estimation, c'était moi qui la faisais. Et on avait répondu, on avait gagné. Et moi, très confiant de mon estimation, du coup. Et en fait, on reçoit l'étude de prix du coup, de la direction d'ingénierie chez Bouygues. Et là, je me rends compte qu'on perd des millions. Et là, j'avoue, intérieurement, je me dis, qu'est-ce que je fais ?

  • Xavier

    Tu as eu l'angoisse.

  • Guillaume

    Ah là, j'ai passé des très mauvaises nuits. Mais pendant un mois, je ne l'ai pas dit. C'est peut-être une erreur, d'ailleurs, avec du recul. Mais du coup, j'ai passé des nuits, j'ai passé mes journées. Mais ça m'a appris une chose, c'est qu'en fait, dans ce métier-là... Les projets sont tellement complexes, en fait, et quand on regarde les études de prix, je pense qu'il y a plus de 100 000 lignes avec des prix. Et en fait, on est capable, en gardant l'âme d'un projet, d'avoir deux prix totalement différents. Et du coup, vraiment, en se retroussant les manches, on a trouvé plein d'idées et on a réussi à faire en sorte de conserver vraiment l'âme du projet, l'engagement du client, la volonté du client, et retrouver le prix qui était notre engagement initial. Donc ça m'a vraiment appris à quel point c'est un métier hyper riche et c'est un métier dans lequel il y a plein de solutions et plein de chemins. Et qu'on peut réussir à trouver un chemin qui permet de revenir à un prix qui était bien déconnant.

  • Xavier

    C'est intéressant ce que tu viens de dire parce que moi il m'est arrivé il y a à peu près dix ans, à peu près la même aventure. C'est-à-dire que j'avais monté une opération d'immeubles de logement et bureaux, un mixte, et l'entreprise avait chiffré sur... APS l'opération, donc on avait développé le PC et au moment de... puis l'APD pendant la phase administrative et puis jusqu'à ce que les conditions suspensives d'achat du terrain, puisque c'était un montage qu'on faisait, soient bouclées. Et le jour où on obtient tout, je dois aller signer le lendemain matin l'achat du terrain et la vente de l'opération à un investisseur. Et je vois à 19h le directeur des études de l'entreprise... qui rentre dans mon bureau, qui me dépose un dossier de 1000 pages, il me dit c'est l'étude du projet en question. Donc j'ouvre le dossier, je m'aperçois qu'en fait, il m'annonce quasiment 40% de perte. Donc là je me dis, est-ce que je vais négocier le projet demain ? Donc je reprends tout le projet, et je me dis, mais c'est pas possible, on peut pas être à ce prix-là. Donc le lendemain matin, je vais signer, en n'ayant pas de contre-étude en fait. Je reviens, je vais voir mon président, je lui dis, j'ai une bonne et une mauvaise nouvelle. Je lui dis, la bonne c'est qu'on a signé le contrat ce matin, la mauvaise c'est que c'est pas ton entreprise qui va la réaliser. Et donc je vais faire l'opération en pilotant moi-même tous les travaux et en faisant l'opération. Donc en fait j'ai repiloté en lots séparés toute l'opération et finalement c'est une opération qui a dégagé plus de 15% de résultats nets en mettant le gros œuvre à une entreprise du groupe. Donc ça montre qu'il peut y avoir des différences de résultats. Alors on se demande pourquoi il y avait un tel écart.

  • Salomé

    Qui est-ce que vous aimeriez entendre sur le podcast ?

  • Guillaume

    Moi, j'aimerais bien entendre l'un des fondateurs de Iroko. C'est une nouvelle SCPI qui a été créée, je crois, il y a deux ou trois ans, qui marche du feu de Dieu. Je trouve ça hyper intéressant, parce qu'au final, ils se sont quand même lancés dans un contexte qui était loin d'être favorable. Ils en font pour l'instant une vraie réussite. Je trouverais ça hyper intéressant de comprendre un peu leur parcours, pourquoi ils ont décidé de se lancer là-dedans. Le président fondateur s'appelle Gauthier Delabrousse. Donc voilà, ça serait lui.

  • Xavier

    Moi, je trouve qu'il y a une... Il y a une agence d'archi, en fait, c'est l'agence Patriarche, qui a été fondée par, pas été fondée, mais qui a été développée par Jean-Loup Patriarche, et aujourd'hui qui est reprise, en fait, même si Jean-Loup est toujours là, par Damien. Moi, je trouve que c'est intéressant d'avoir ce regard de gens qui ne sont finalement pas très connus, qui ont une des agences, peut-être la première agence, ou la deuxième agence en France en matière d'architecture et d'ingénierie. qui ont une forme de modestie. Moi, j'ai travaillé avec eux. Il y a toujours une forme de modestie dans leur travail, avec leurs clients. Et finalement, je trouve que c'est intéressant d'en savoir plus sur la façon dont ils raisonnent, quelles sont leurs valeurs, quelles sont leurs façons de voir le métier. Et la dernière question, où est-ce qu'on peut vous suivre ou vous retrouver ?

  • Guillaume

    Pour nous suivre pour l'instant, moi de mon côté, En'tropie sera sur LinkedIn principalement. On commence à communiquer avec ce nom-là.

  • Xavier

    On ne m'a jamais suivi, donc ce n'est pas aujourd'hui que j'ai commencé.

  • Salomé

    Merci beaucoup à tous les deux. C'est de vraiment pédir.

  • Guillaume

    Merci Salomé.

  • Xavier

    Merci.

  • Salomé

    Allez, c'est la fin de cet épisode. Je remercie encore une fois Xavier et Guillaume qui ont accepté de se prêter à cet exercice et de nous partager leur histoire. Je vous remercie mille fois de nous avoir écoutés jusqu'au bout. Si vous voulez me poser des questions, me faire vos retours ou me proposer de nouveaux invités, je vous attends sur LinkedIn, mais aussi sur Instagram, où je vous livre les coulisses du podcast. Enfin, je remercie chaleureusement Bouygues Construction, qui soutient le podcast et sans qui il n'existerait pas. J'espère que cet épisode vous a plu. N'hésitez pas à me laisser des étoiles et des commentaires sur Spotify et Apple Podcast, ça m'aide beaucoup. On se retrouve dans 15 jours pour un nouvel épisode d'Officieux, le podcast qui vous livre les confidences de ceux qui font l'immobilier d'entreprise.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • 🔗 Parcours croisés : 2 parcours différents, animés par une passion commune

    01:40

  • 🏡 L'influence de l'environnement familial : liberté, inspiration et héritage

    06:13

  • 👥 Transmission père-fils : Autonomie et choix assumés

    13:05

  • 🧭 Une valeur boussole : l'éthique comme moteur d'innovation et de confiance

    22:42

  • 🎙️ Les questions signatures du podcast

    30:13

  • Conclusion

    40:15

Description

Transmission, liberté et éthique : la vision d'un duo père/fils


Cet épisode d'Officieux inaugure la série estivale 2025 : trois épisodes, trois duos parent/enfant pour explorer autrement les métiers de l'immobilier et de la construction.


Ici, je reçois Xavier et Guillaume Duplantier, père et fils, qui ont notamment en commun des carrières chez les majors du BTP.

Xavier, 71 ans, a dédié sa carrière aux grands et petits projets au sein de groupes comme Vinci, dont il a notamment dirigé la structure de développement immobilier, ADIM. Il a vécu l’intrapreneuriat avant même qu’on lui donne un nom. Guillaume, 31 ans, a travaillé chez Bouygues avant de co-fonder récemment En’tropie, une jeune structure d’AMO engagée dans la transition écologique.


💬 "Exerce ton métier de façon passionnée et en faveur de l'intérêt collectif"

🎧 Tout au long de notre échange, ils racontent ce qui se transmet (ou pas) au fil des générations : la passion du métier, le goût de la liberté, la place de l’éthique dans la réussite. Ils évoquent également des sujets très concrets qui les rassemblent professionnellement, comme par exemple l’importance de l’amont dans un projet immobilier. Ce qui les lie n’est pas tant un héritage de savoir-faire qu’une philosophie de travail partagée.


🔎 Au programme de cet épisode :

Carrières croisées : Deux générations, deux parcours dans le BTP, mais un même attachement à la phase de conception et au lien avec les maîtres d’ouvrage.


Transmission familiale : Ce qu’on transmet sans s’en rendre compte et l'influence de l'environnement familial. Comment Xavier et Guillaume s'inspirent-ils d'artisans, d’architectes et d’artistes ?


Réussir par l'éthique : Comment garder son intégrité dans un environnement parfois contraignant, et pourquoi l’éthique peut être source d’innovation.


🌞 Pourquoi cette série estivale en duo ?
Parce que l’été est un moment idéal pour ralentir, ressentir, écouter autrement. Parce que notre secteur regorge d’histoires de transmission, souvent discrètes, mais touchantes.

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Transcription

  • Salomé

    Hello à tous, ici Salomé, j'ai 26 ans, je suis ingénieure en bâtiment et je suis surtout ravie de vous accueillir sur Officieux, le podcast qui vous livre les confidences de ceux qui font l'immobilier d'entreprise. Je vous propose de changer votre regard sur cet univers en vous emmenant avec moi pour en découvrir les coulisses. Tous les 15 jours, je vais à la rencontre d'archis, de constructeurs, d'investisseurs pour leur poser toutes mes questions et discuter ensemble des tendances qui font bouger le marché. Bienvenue dans les vacances d'Officieux. Pour cet été, je vous propose une série d'épisodes un peu différents de ceux que je vous partage habituellement, puisqu'il s'agit d'une série d'interviews en duos, et pas n'importe quel duos. Le podcast est un formidable outil de transmission, et quoi de plus symbolique que de le mettre au service d'une autre forme de transmission, celle qui circule entre les générations, entre un parent et son enfant. Pour cet été, je vous propose donc de plonger dans des échanges à la fois personnels et professionnels, qui racontent une histoire commune, un regard croisé sur un même secteur, un même métier, même parfois, et deux visions qui se confrontent ou se complètent. Dans cet épisode, je reçois Xavier et Guillaume Duplantier. Xavier, le père de Guillaume, a passé l'essentiel de sa carrière dans les grands groupes du BTP. Un secteur que Guillaume connaît bien, lui aussi, puisqu'il y a fait ses premiers pas dans une entreprise concurrente de celle de son père, avant de lancer récemment sa propre structure. Avec eux, on a parlé d'influence familiale, de transmission bien sûr, mais aussi des valeurs qui se partagent consciemment ou inconsciemment. Mais je ne vous en dis pas plus, et je vous souhaite une très bonne écoute. Bonjour Guillaume, bonjour Xavier, je suis ravie de vous recevoir sur le podcast pour cette série estivale. Est-ce que vous pourriez commencer chacun par vous présenter, s'il vous plaît ?

  • Xavier

    On commence par qui ?

  • Guillaume

    Vas-y.

  • Xavier

    Donc moi je suis Xavier Duplantier, j'ai 71 ans, j'ai un parcours essentiellement dans le BTP, malgré que j'ai commencé en 80, donc il y a 45 ans, par la création d'un bureau d'études pour le syndicat des carrières qui s'appelait Ensem. Après, j'ai un parcours essentiellement dans les grands groupes de BTP. J'ai travaillé six ans à la SAE, qui est devenue Eiffage après. Et dans le cadre de la SAE, j'ai eu deux activités principales. Ma première activité, qui a consisté à répondre à des concours en gré à gré pour réaliser des collèges et des écoles. Et les trois années suivantes, je suis parti chez Socae Atlantique, à l'agence de la Rochelle. Et là, j'ai fait essentiellement du chantier et un peu d'études de prix, puisqu'on m'a demandé d'étudier d'abord les bâtiments avant de les prendre en chantier. Et dans ce cadre-là, j'ai négocié le Futuroscope de Poitiers et j'ai été patron du chantier jusqu'à ce que je quitte SAE pour rentrer chez Dumez. Je suis resté 15 années, 18 ans exactement, chez Dumez comme directeur commercial du développement et des études. Et dans ce cadre là, j'ai négocié beaucoup de contrats parce que j'ai tout de suite compris que les contrats en conception construction étaient extrêmement importants donc je suis resté 18 ans dans ce poste là et finalement après j'ai été nommé directeur du développement de GTM bâtiment, de GTM construction et après directeur général adjoint de GTM avec pour mission principale de créer la structure de montage de de GTM, c'est-à-dire Adim, qui s'est appelé après Adim Conseil. Donc j'étais directeur général de cette société que j'ai créée depuis zéro et quand je suis parti en 2000, elle faisait à peu près 300 millions de chiffres d'affaires avec une bonne rentabilité. Donc dans ce cadre-là, j'ai eu l'occasion de développer la structure sur les marchés de contrats de partenariat, puisqu'en fait on faisait 50% de notre activité sur ces marchés-là et 50% sur des marchés privés dont quelques projets un peu emblématiques comme le siège de deux tours à la Défense, le siège de la Société Générale, la Tour Granit, la Tour Saint-Gobain.

  • Guillaume

    Bonjour Salomé, moi je m'appelle Guillaume Duplantier, j'ai 31 ans. J'ai une carrière bien moins longue que Papa vu que moi ça fait 7 ans que j'ai commencé à travailler. Je suis ingénieur de formation, j'ai fait une école d'ingénieur parisienne. A l'époque, je voulais faire de l'aérospatial. Et finalement, durant mes études, j'ai fait un stage ouvrier dans le sud-ouest sur un chantier. Et j'ai découvert la richesse humaine du métier de l'immobilier et des travaux. Du coup, ça m'a donné très envie d'en connaître un peu plus. Du coup, durant mes études, ils m'ont permis de faire une année de césure. Du coup, je suis parti à Londres, chez Bouygues UK à l'époque, pour faire des travaux. Et j'ai adoré ce métier. Du coup, en rentrant en France, pour ma dernière année d'études, je me spécialisais dans la partie BTP, immobilier et développement durable. Et à la fin de mes études, je suis rentré chez Bouygues, en Ile-de-France, dans la branche tertiaire de Bouygues, sur l'immobilier privé. Et j'ai accompagné LinkCity dans le développement de leurs opérations, de l'amont jusqu'au début de l'exécution. Petit à petit, j'ai pris des projets variés, à la fois des bureaux, des zones commerciales, des hôtels. C'était très varié. Et au fur et à mesure de mes années, chez Bouygues, on m'a fait confiance. Et du coup, j'ai commencé à gérer les équipes qui géraient les projets en conception et en réalisation. Et un fait marquant aussi de cette année, c'est qu'avec d'autres collègues chez Bouygues, on a créé ArchiSobre, qui était un mouvement sur comment on conçoit des bâtiments ultra bas carbone dans le contexte actuel, notamment avec l'arrivée de la réglementation environnementale en 2022. Et du coup, c'est rigolo, avec ce que Papa vient de dire, j'en ai appris un peu sur sa carrière et c'est rigolo qu'il ait fait à la fois de l'environnement et à la fois il a pris la tête de tout ce qui était les sujets en conception, comme quoi les chats ne font pas des chiens forcément. Et là depuis en cette année 2025 j'ai quitté Bouygues avec un associé, qui était aussi chez Bouygues et on a décidé de créer notre entreprise qui s'appelle En'tropie et qui fait de l'assistance à maîtrise d'ouvrage ou plus communément appelé AMO dans le milieu. Et du coup, ça fait maintenant peu de mois qu'on a quitté Bouygues et du coup, qu'on se lance à notre compte. L'idée est d'accompagner vraiment nos clients sur tout le développement de leurs opérations et avec une grosse appétence environnementale qui est ajoutée à ça.

  • Salomé

    On voit déjà beaucoup de choses qui se recoupent entre vos deux parcours. J'aimerais qu'on commence d'abord par parler de l'influence de l'environnement familial sur une activité professionnelle. Vous m'avez dit lors de la préparation... de l'interview, que vous venez d'une famille d'artistes, d'artisans. Comment ça a influencé votre rapport à votre propre métier et votre regard sur l'immobilier ?

  • Guillaume

    Si je commence, au final, je pense que le fait d'aujourd'hui de créer mon entreprise, c'est fortement une influence familiale. Déjà à travers mes parents. Papa, je pense que dans toute ma vie à domicile, j'ai quand même vu un père qui était épanoui dans son travail et qui était quand même très libre dans son travail, malgré la présence forcément d'un grand groupe. Mais je pense qu'au travers de ce qu'il a dit avant, il a bien vécu l'intrapreneuriat chez Vinci. Et on lui a offert quand même beaucoup de liberté. Et ça se ressentait aussi dans sa manière d'être, dans sa manière de vivre. Et je pense que c'est quelque chose qui m'a inspiré. De l'autre côté, ma mère est architecte et a créé son agence depuis que je suis né, je pense. Et donc, du coup, j'ai quand même vécu aussi avec une mère... Avant que tu sois né. Avant que je sois né, qui était à son compte, qui a toujours eu pareil, qui a vécu une certaine liberté, alors avec des hauts et des bas, parce que la vie d'entrepreneur, c'est quand même aussi des hauts et des bas et des moments qui sont difficiles. Mais encore une fois, avec cette notion de liberté, cette notion de vouloir faire ce qu'elle voulait, à son compte. Et puis, ce qui est marrant aussi dans notre famille, c'est qu'on a fait des artistes. L'un des cousins de papa est artiste peintre, qui s'appelle Jofo Duplantier. Il avait été peintre pour la Coupe du Monde 98, si je me rappelle bien. Les deux enfants de Jofo ont créé un groupe de métal. C'est Dominique. Ah c'est Dominique ? Oui. Un des frères de Jofo, c'est deux enfants.

  • Xavier

    Cousin Germain.

  • Guillaume

    Cousin Germain de Jofo, pardon. L'arbre généalogique de cette famille est compliqué. Cousin Germain de Jofo a deux enfants qui ont créé un groupe de métal, qui est Gojira, qui est passé durant l'ouverture des JO à Paris 2024. Donc voilà, il y avait quand même une notion autour de moi qui était très entreprenante, très libre. Et je pense que c'est un peu tout ça, moi, qui m'a poussé aujourd'hui à me dire, pourquoi pas me lancer à mon compte et pourquoi pas essayer, entreprendre. Et c'était quelque chose qui m'animait depuis toujours. J'avais toujours été très transparent au sein de Bouygues à dire, je pense qu'un jour, j'aurai cette vérité de vouloir me lancer à mon compte. Et je pense que là, c'est quelque chose qui est transmis par son cadre familial, par son entourage et par ce qui nous entoure au jour le jour.

  • Xavier

    Moi, je pense qu'il a surtout été marqué par un événement qu'il conteste, c'est le 12 juin 1993. Sa mère et moi, en fait, puisqu'il est né le 21 juin 1993, mais sa mère et moi avons défendu un projet dans un jury, en fait, pendant trois heures. C'était le premier concours lancé en conception-construction pour du logement social. Et en fait, on a été lauréats. Donc je pense que... Cette joie a été ressentie par Guillaume, qui est arrivé dix jours plus tard.

  • Guillaume

    En tant qu'embryon.

  • Xavier

    Il a compris que ses parents étaient solidaires dans un métier qu'ils partageaient, en fait.

  • Guillaume

    C'est vrai. Mais c'est intéressant.

  • Xavier

    C'est revenu quand tu avais 20 ans.

  • Guillaume

    Oui, c'est vrai. Même toi, tu as quand même vécu l'entreprenariat chez Vinci aussi, un peu.

  • Xavier

    Oui, c'est-à-dire que moi, en fait, mon parcours, c'est que je voulais être architecte et que mon père est issu d'une des plus grandes écoles françaises, si ce n'est la plus grande école française. Comme j'étais très bon en maths et physique, ils ont négocié pendant deux mois le fait que je fasse une école d'ingénieur plutôt que de partir au Beaux-Arts faire de l'architecture. Et finalement, j'ai passé les concours. J'ai passé que trois écoles qui donnaient des équivalences en architecture, c'est-à-dire l'X, les ponts et les TP. J'ai complètement loupé le concours des ponts et l'X, j'ai été admissible, mais je n'ai pas été reçu après l'oral. Donc j'ai accepté tout de suite de partir aux TP, où je suis rentré à l'époque, je crois, major. Premier élève, en fait, premier élève dans la liste qui a accepté de rentrer aux TP. Je ne l'ai jamais regretté. Et en fait, ce qui s'est passé, c'est qu'après être sorti de l'armée, mon père ne m'a pas souhaité m'aider à faire mes études d'archi. Donc j'ai été obligé de travailler quasiment immédiatement. Et je suis rentré comme ça chez Ensem, puis après, j'ai été dans la création d'Ensem, puis après je suis rentré à la SAE donc au moment où j'ai terminé mes études d'archi j'avais déjà pas mal, je m'étais pas mal développé dans les groupes de BTP et j'étais rentré déjà chez Dumez et en fait j'avais un boulot qui était hyper intéressant donc ce qui fait que j'ai continué dans ce parcours et comme elle l'a très bien dit Guillaume, moi j'ai passé ma vie quasiment comme un indépendant dans un grand groupe. Alors c'est vrai que c'est compliqué parce que dans les grands groupes, on n'aime pas trop les gens indépendants. Mais en même temps, ça voulait dire que j'étais conscient qu'il fallait absolument que mon travail soit irréprochable, c'est-à-dire que la rentabilité soit systématiquement au rendez-vous. Donc c'est ça qui m'a permis aussi d'avoir une forme de liberté dans les grands groupes qui a duré pendant 35-40 ans.

  • Salomé

    Est-ce qu'il y a autre chose que la volonté d'indépendance que vous alliez chercher, surtout toi Guillaume, chez En'tropie ?

  • Guillaume

    Donc, dans En'tropie, c'est la boîte que j'ai créé avec un associé qui s'appelle Adrien Sanchez, qui était directeur d'ingénierie chez Bouygues. Et qu'est-ce qu'on allait chercher ? On allait chercher la volonté de toucher un peu à tout. Parce que néanmoins, dans tout groupe, et surtout dans les groupes de cette échelle-là, à un moment, on est quand même dans des... pas forcément dans des silos, mais on est axé sur certains produits et en créant notre boîte on peut toucher à tout en fait c'est ça qui est assez agréable c'est toucher à la fois au monde public à la fois au monde privé, toucher à différents types de produits que ce soit des logements, du bureau, de l'hôtellerie faire un peu c'est élargir son terrain de jeu je pense que c'est la première chose qu'on allait chercher et c'est aussi chercher une liberté, une liberté de pouvoir faire nos choix se tromper aussi par nous-mêmes mais en tout cas pouvoir avoir la chance de faire ce qu'on a envie de faire on va dire Je pense que autant Adrien que moi, et même papa chez Vinci, on a eu une liberté assez folle. On a des groupes qui nous ont donné beaucoup d'autonomie, qui nous ont fait vraiment confiance. Donc là-dessus, on a été très chanceux de ça. Maintenant, c'est toujours un cadre quand même. On fait quand même partie d'une entreprise qui est soumise à un cadre. Il y a certaines choses où parfois, on a été envie de sortir du cadre. Et au travers de cette aventure, c'est un peu ça aussi. Et je pense que la dernière chose, c'est vouloir accompagner nos clients comme on a envie de le faire. Pas être soumis à certaines obligations d'un groupe, à être vraiment tourné vers nos clients, dans la manière dont on veut le faire, et la manière dont on l'entend. Je pense que c'est la principale raison.

  • Salomé

    Qu'est-ce qui se transmet dans une famille comme la vôtre ?

  • Xavier

    Je pense que c'est la façon de vivre. Moi, je n'ai pas imposé à mes enfants de travailler dans le même milieu que moi. Je trouve que le devoir d'un père ou d'une mère, c'est d'accompagner ses enfants à l'âge adulte et qu'ils puissent être autonomes et faire leurs choix par eux-mêmes et que ce ne soient pas des choix qui soient faits par nous. Nous, ce qu'on a transmis, c'est une forme de liberté, une forme d'autonomie aussi. Et à la fin, ils font leur parcours. Guillaume, il voulait faire un parcours dans l'aviation. On voit où il aboutit. Donc, on s'aperçoit que c'est pas forcément le choix qu'on fait à 18 ans, n'est pas celui qu'on veut faire forcément à 25 ans. Mais je pense que c'est intéressant qu'ils fassent leur parcours par eux-mêmes, et qu'il y ait une autonomie. Après, moi, ce que j'apporte, c'est une forme de sécurité, c'est-à-dire essayer de leur donner une sécurité. S'ils font des erreurs et qu'ils se retrouvent en difficulté, ils savent qu'on est là, ils savent qu'on sera là pour les aider à rebondir et que leur vie ne sera pas terminée. C'est une chance, je pense, pour eux, par rapport à des familles moins privilégiées.

  • Guillaume

    C'est vrai qu'on a beaucoup de liberté, je pense, dans nos choix. Ce qui est marrant, c'est qu'au-delà de moi, même l'un de mes frères est dans l'immobilier.

  • Xavier

    T'as ton demi-frère aussi.

  • Guillaume

    Mon demi-frère aussi, c'est vrai. Tout ça fait que c'est vrai que c'est rigolo de voir... Je pense que quand on est jeune, on a pas envie d'être comme nos parents. C'est pour ça que je pense que quand j'étais jeune, je voulais faire de l'aérospatial. Je les vois dans l'immobilier tous les deux, ça a l'air vraiment dur. En fait, c'est pas si dur que ça. Mais je pense que quand on est jeune, on a envie de se différencier de ses parents. Je pense que c'est aussi le choix que j'ai fait en sortant de Centrale, parce qu'en soi, papa est encore chez Vinci à ce moment-là. Et j'aurais pu faire le choix d'aller chez Vinci, mais dans ma tête, c'était sûr que je ne voulais pas aller chez Vinci. Justement pour encore, je pense, trouver mon chemin, apprendre par moi-même, me faire ma propre ligne directrice et mon propre chemin. Il s'avère que pour l'anecdote, le premier jour où je suis arrivé, la personne qui m'a recruté m'a dit « tu ressembles beaucoup à ton père » . Donc comme quoi, on ne pouvait pas totalement s'extraire apparemment. Mais je pense que j'avais besoin au début de faire mon bout de chemin tout seul, éloigné de mes deux parents et au final à travers cette nouvelle aventure qu'est En'tropie, je me suis rapproché beaucoup plus professionnellement de mes deux parents à travailler avec eux sur des projets, à entreprendre avec eux, à être à l'écoute aussi de ce qu'ils ont à m'apprendre parce qu'ils ont une carrière bien plus longue que la mienne moi au de mes 7 ans de carrière, je pense que j'ai pas tout appris, loin de là.

  • Xavier

    Tu as beaucoup appris, je l'ai observé

  • Guillaume

    Oui, mais il me reste encore beaucoup à apprendre. Et au final, c'est hyper enrichissant aujourd'hui de pouvoir apprendre autant de Maman que de Papa et de pouvoir maintenant profiter de cet enseignement. Du coup, c'est assez intéressant aujourd'hui d'avoir une entreprise dans laquelle je peux travailler avec mes deux parents sur différents projets.

  • Xavier

    Moi, je trouve ce qui est intéressant, parce que j'ai observé de loin, parce qu'on a très peu parlé de son métier qu'il faisait chez Bouygues, mais je sentais quand même qu'il faisait un métier similaire à celui que j'exerçais quand je suis rentré chez Dumez. Et j'avais l'impression qu'il revivait ce que j'avais vécu à la même période. C'est-à-dire que c'était intéressant, j'avais l'impression de me revoir il y a 35 ans et je me disais mais c'est incroyable parce qu'il vit les mêmes sujets que moi et il a les mêmes problématiques que moi en fait quand il en parlait un peu. Et je lui ai dit plusieurs fois, je lui ai dit "Mais c'est dingue avec 40 ans d'écart ou 35 ans d'écart que tu fasses quasiment le même métier que moi avec les mêmes problématiques, les mêmes succès, les mêmes inconvénients de ton succès et les mêmes contraintes", les mêmes contraintes que je subissais en fait.

  • Guillaume

    C'est vrai qu'au final, on a eu des parcours similaires, surtout quand tu racontes ce que tu as fait dans toute ta carrière, c'est vrai que c'est rigolo. Je n'ai pas fait quelque chose de si éloigné que ça, quand tu vois mon petit bout de chemin pour l'instant.

  • Xavier

    Ce qui est sûr aussi, c'est que moi j'ai fait trois ans de chantier et je me suis orienté au bout de ces trois ans vers la partie amont de l'entreprise. J'ai toujours considéré que dans l'entreprise, il y avait deux fonctions opérationnelles. La fonction amont, c'est-à-dire les gens qui négocient, qui mettent au point, et la fonction aval qui est le chantier. Le chantier est stratégique parce que si on ne sait pas gérer un chantier, ça peut être une catastrophe. Par contre, la partie amont est tout aussi stratégique. Je trouve que dans les grands groupes, c'est mis un peu de côté, c'est-à-dire que ce n'est pas aussi valorisé que ça devrait l'être. Parce qu'en fait, dans cette partie, il y a une capacité à créer de la valeur de façon très forte et de façon très rapide, en ayant une intelligence vis-à-vis du client, vis-à-vis du projet. Et ça, en fait, le chantier a beaucoup de mal à le faire après. Et je crois qu'en plus, mon tempérament, il est plus de travailler sur beaucoup de projets en même temps, plutôt que de me trouver immobilisé sur un projet pendant 5 ans, ou 4, ou 3 ans sur un chantier. Je crois que j'ai un tempérament qui est plus d'avoir une culture diversifiée, de travailler sur des sujets totalement différents. Et c'est vrai que la partie amont, elle m'a permis de travailler sur des dizaines et des dizaines de projets. Je crois que c'est même plus de 200, en fait, quand je regarde mon parcours. Alors, je n'en ai pas traité autant, mais il y en a quand même un nombre impressionnant sur des sujets différents, que ça va être du bâtiment logistique, au bureau, au logement, à l'hôtel, à la prison. ça m'a permis par exemple de Je peux prendre un exemple tout simple. J'ai été l'interculteur de l'État pour les établissements pénitentiaires pour mineurs. Et en fait, ce concours-là, c'est un des premiers. C'est un concours qui m'a vraiment marqué parce qu'enfermer des mineurs, c'est un sujet extrêmement violent. Et c'est vrai qu'on avait quatre mois pour répondre à ce projet. Et avec l'architecte, on se posait la question pendant les quatre mois. Pendant les deux premiers mois et demi, on n'avait pas dessiné un trait. On n'a pas fait un trait parce qu'en fait... La seule question qu'on se posait, c'est est-ce qu'on répond parce qu'on n'a pas une idée humaniste sur le sujet ? Et puis c'est un soir avec l'architecte qui était Pierre Vurpas, on va dîner tous les deux à Lyon dans un bouchon. Et en fait, on sort un peu, on avait bu pas mal et en fait, à un moment, je lui dis, mais pourquoi on ne ferait pas comme un monastère ? Tous les bâtiments sont tournés vers l'intérieur. Et en fait, le lendemain matin, il me dit : "Oui, c'est une bonne idée." Le lendemain matin, j'ai regardé si on nous interdisait d'appuyer les bâtiments sur le mur d'enceinte. Parce que dans la plupart des établissements, il ne faut pas que les bâtiments. Et en fait, j'ai vu qu'il n'y a rien qui interdisait dans le concours d'appuyer les bâtiments sur le mur d'enceinte. Donc du coup, on a fait tous les bâtiments autour du mur d'enceinte. Finalement, ça a fait disparaître le mur d'enceinte depuis l'intérieur. Ça a permis de ne plus avoir de concertina, parce qu'en fait, on peut dire que la qualité d'un établissement pénitentiaire, est inversement proportionnelle au linéaire de concertinas qu'on y met. Et la troisième chose, c'est que vis-à-vis des familles, le bâtiment, quand on vient de l'extérieur, on peut presque penser que c'est un établissement scolaire et non pas un établissement pénitentiaire. Donc ça, ça nous a permis de gagner sans problème, puisque le ministre de l'époque de la justice, quand il a vu notre projet, il a tout de suite dit, il n'a même pas regardé le prix, il a dit... ce projet-là qui sera lauréat. Donc c'est aussi ce regard un peu différent qu'on peut avoir sur les projets, sur des stratégies, sur un regard philosophique, social, sociétal qui est extrêmement intéressant, qu'on peut avoir sur tout ce travail qu'on peut faire en amont des chantiers.

  • Salomé

    Et ça, c'est ce que vous avez transmis à Guillaume ?

  • Xavier

    Je ne sais pas si je lui ai transmis. Je ne sais pas si... Mais c'est lui qui peut le dire.

  • Guillaume

    Je partage l'avis de dire que la valeur ajoutée des groupes du BTP, c'est surtout dans la phase amont. Parce qu'en fait, c'est là où on peut modifier plus facilement un certain nombre de sujets en exécution. Outre le fait que les plannings sont de plus en plus serrés, du coup, les équipes ont de moins en moins de temps de prendre du recul sur ce qu'elles font. C'est très difficile, une fois le chantier lancé, de faire des modifications majeures. Donc ça je suis totalement d'accord sur le fait que la valeur ajoutée d'un groupe du BTP dans la partie amont, je trouve que pour le coup Bouygues l'a bien pensé ça parce qu'ils mettent énormément d'énergie sur leurs équipes d'ingénierie, sur leurs équipes à mon justement pour mettre en valeur cette expertise après oui je trouve et je le vois de plus en plus aussi au travers de ma nouvelle aventure, la notion en fait de ce qu'on construit c'est pas à l'échelle juste d'une parcelle c'est à l'échelle d'une ville en fait, de comprendre en fait que comment nos projets impactent les alentours. Comment un projet ne doit pas être pensé juste à l'échelle d'une parcelle, mais doit être pensé avec son environnement, avec ce qui va autour. Ça, c'est hyper intéressant. Et je trouve qu'on ressent plus quand on travaille avec des entités publiques qui pensent ville, qui pensent à comment un maire réfléchit à ses citoyens, à comment fonctionne sa ville, etc. Alors que quand on travaille uniquement avec du privé, et surtout sur du privé où on est l'entreprise de construction, On a moins cet aussi recul sur la ville et sur l'impact qu'ont les projets. Et ça, je le retrouve beaucoup plus aujourd'hui. C'est quelque chose d'assez magique, en fait. On a l'impression de créer quelque chose, vraiment, et de réfléchir à l'échelle d'une ville. Et c'est quelque chose d'assez incroyable.

  • Salomé

    Avant de passer aux questions signatures du podcast, j'aimerais qu'on aborde une dernière thématique. Lors de la préparation de l'interview, vous m'avez beaucoup parlé de vous, de vos parcours, de ce qui vous animait, de ce que vous souhaitiez transmettre professionnellement et personnellement. Et c'est à ce moment-là, Xavier, que tu m'as parlé d'une valeur qui est la réussite par l'éthique. Qu'est-ce que ça signifie ?

  • Xavier

    Moi, je pense que l'éthique, c'est essentiel dans nos métiers. On sait très bien que ce sont des métiers qui sont confrontés parfois à des sujets un peu problématiques. Et moi, j'ai toujours lutté contre ça parce que je pense que d'abord, ma liberté, elle vaut plus cher que l'intérêt de l'entreprise. Et après, moi, je pense que l'éthique, elle est créatrice de valeur et non pas perte de valeur. Avec la non-éthique, au contraire, elle correspond à une perte de valeur. Puisqu'en fait, plus on est éthique, plus on cherche des solutions qui nous permettent de gagner des concours, parce qu'il n'y a plus de débat, et plus les opérations sont saines, et plus le rapport avec nos clients est équilibré. Et c'est dans cet équilibre qu'on trouve toujours la meilleure rentabilité. Je pense qu'en plus... On fait un métier qui n'est pas que construire, comme l'a dit Guillaume, très bien Guillaume, en fait on intervient sur la ville, sur la collectivité, sur l'usage, et que ce travail, ce regard qu'on a sur ces éléments de notre acte, ils sont extrêmement importants pour nous, pour les maîtres d'ouvrage qu'on a en face de nous, et pour les utilisateurs futurs. Et quand ils prennent conscience qu'on a pris en main ces dimensions-là, en fait tout d'un coup les rapports changent. Il y a une espèce d'équilibre qui se crée et qui fait que quand on est face à un problème, le problème se résout avec le maître d'ouvrage de façon beaucoup plus fluide. Et donc, du coup, il est créateur de valeur à la fois pour le maître d'ouvrage, mais pour nous, parce qu'en fait, on ne se retrouve pas dans des conflits qui sont finalement stériles et qui coûtent de l'argent à tout le monde. Et puis en plus, je pense que plus on est éthique, plus on est créateur d'innovation.

  • Guillaume

    Je partage surtout ce qui a été dit à la fin. Je pense que c'est un truc chez Bouygues, ce qui m'a marqué, ce que je me suis transmis à mes équipes à la fin, c'est de dire on gagne des projets par l'innovation. On gagne des projets parce qu'on a des idées disruptives et en tout cas parce qu'on pense un peu out of the box sur certains projets et parce qu'on les reconçoit un peu. Donc ça, je suis totalement d'accord et surtout, je suis d'accord que ça crée un lien très fort avec le maître d'ouvrage parce qu'en fait, le maître d'ouvrage comprend qu'en un sens, tu as amélioré son projet à la fin. Que ce soit d'un point de vue financier, d'un point de vue carbone, d'un point de vue... On est sur plein d'aspects différents. Il y a un projet qui m'a marqué, il y a un projet où le client avait un budget, on va dire, autour de 30 millions. Toutes les entreprises ont répondu à 35-36 millions. Et à la fin, on est venu avec une vraie idée, une vraie idée disruptive où on a permis de descendre notre prix à 31 millions. Du coup, le client est passé d'un projet qu'il allait abandonner à un projet qu'il a fait parce qu'on a amené de l'innovation, justement. Donc ça, je suis totalement d'accord sur le fait que l'innovation aujourd'hui c'est un peu, pour moi, la meilleure manière de remporter des opérations est la meilleure manière de créer du lien avec nos clients. On devient plus qu'un constructeur, on devient quelqu'un qui leur a amélioré leur projet ou permis de sortir leur projet. Et donc on crée un vrai lien, un lien qui est assez fort et qui permet en effet de perdurer durant toute l'opération et qui permet parfois de sortir quand il y a des impasses ou quand il y a des conflits durant le chantier. Avoir créé ce lien permet parfois justement de dénouer la situation et de trouver un consensus qui permet d'arranger les deux parties. Et surtout, l'innovation est la meilleure manière de générer du résultat pour l'entreprise à la fin. Parce que sur les opérations, on apporte peu d'innovation, on se trouve à se baser que sur des sujets de marge. Or, on sait quand même que la plupart des entreprises aujourd'hui en France n'ont pas des marges énormes quand elles répondent à des opérations. Donc c'est l'innovation qui va pas mal aussi venir créer de la marge à la fin.

  • Xavier

    Je crois qu'en plus, quand on tient ces valeurs-là, Finalement, on marque aussi les esprits de nos clients en face. Et finalement, ils en redemandent. Et finalement, c'est aussi créateur de récurrence. C'est-à-dire que moi, je l'ai vécu récemment, j'étais même plus chez Vinci. J'ai gagné un concours avec un partenaire immobilier. Et le client, il se rappelait de projets que j'avais fait avec eux. Et c'est quelque chose qui a permis de rassurer complètement tout de suite parce qu'ils savaient que j'étais là pour essayer de les aider aussi, eux, clients, face à un problème compliqué, à résoudre leur sujet. Et sans chercher à essayer de raconter une histoire qui était fausse. Et du reste, depuis qu'on a gagné ce concours, on s'est retrouvés dans des situations un peu compliquées pour des problèmes qui n'avaient pas été vus aussi bien par le client que par nous. Et finalement, on les a résolus de façon simple, dans un discours partagé, où chacun est gagnant dans les solutions qui ont été trouvées. Et je pense que c'est paradoxal, parce que je ne suis plus chez Vinci, et que finalement, cette histoire, elle existe encore en fait.

  • Guillaume

    Je rejoins que c'est vrai que la notion d'éthique, le fait d'avoir créé ces liens avec ses clients, c'est une vraie force. Aujourd'hui, je vois tous nos premiers clients chez En'tropie, c'est des anciens... Ce sont des gens avec qui j'ai travaillé quand j'étais chez Bouygues. C'est assez rigolo de voir que oui, cette manière de voir les projets, que ce soit par l'aspect de l'éthique ou de l'innovation, permet de créer des liens forts avec nos interlocuteurs et de créer un vrai climat de confiance et un vrai climat dans lequel nos clients ont envie de retravailler avec nous et dans lequel ils souhaitent avoir une vision à plus long terme.

  • Xavier

    Un autre exemple, c'est G50. L'appel à idées qui a été lancé par Grand Paris Aménagement. Finalement, c'est une idée que j'avais développée quand j'étais président de la Fondation Architecte de l'Urgence. Et j'avais développé cette idée dans le cadre de Réinventer Paris. En fait, moi je disais juste, Réinventer Paris, c'est rendre accessible Paris aux Parisiens. Donc la première façon de Réinventer Paris, c'est de faire que pour le parisien moyen qui gagne ou le couple gagne 8000 euros il puisse au moins se pouvoir s'acheter un logement dans paris et donc on avait répondu avec un montage un peu particulier pour pour réaliser une opération avec une accessibilité à moins de 5000 euros là où le marché était à 8000 euros et il se trouve qu'on n'a pas été l'horaire on a été on est on a terminé deuxième sur 40 ce qui était déjà pas mal mais on n'a pas été lauréat. L'appel à l'idée qui a été lancé par Grand Paris Aménagement, en fait, quand je l'ai vu arriver, je me suis dit mais c'est exactement l'idée qu'on a développée il y a 7 ou 8 ans dans Réinventer Paris. Et donc moi, je l'ai proposé à IN'LI, avec qui j'avais fait le campus HEC. Et en fait, ils se sont enthousiasmés pour cette idée. Et donc finalement, on a déposé un dossier et on a été lauréat. Donc ça montre que... pour essayer de faire que le pouvoir d'achat des franciliens en matière immobilière augmente de façon forte.

  • Salomé

    Alors, merci beaucoup à tous les deux. J'aimerais qu'on passe aux questions signatures du podcast. Donc, pour cette série un petit peu différente, j'en ai ajouté une par rapport aux questions que vous connaissez habituellement. La première question, c'est une question pour toi, Xavier. Si tu devais transmettre une seule leçon de ton métier à Guillaume, laquelle serait-elle ?

  • Xavier

    Fais-le de façon passionnée, c'est-à-dire en essayant de... de comprendre, en essayant de comprendre ce que tu fais pour l'intérêt collectif, et non pas l'intérêt particulier que tu es censé, sur le papier on te dit que tu dois défendre, mais c'est d'abord l'intérêt collectif qui permet de défendre l'intérêt particulier.

  • Salomé

    Y a-t-il une maxime, un mantra, une phrase qui vous accompagne au quotidien ou qui vous inspire ?

  • Guillaume

    Moi je considère que la vie doit être un jeu. J'adore penser qu'en fait... La vie, au final, c'est court. Donc autant s'amuser, autant faire des choses qui nous plaisent, et autant la voir comme un jeu. Mais ça peut être du bon et du mauvais côté. Un jeu, il y a des règles, il y a des consignes, mais en tout cas, avoir toujours la volonté de faire ce qui me plaît, avoir toujours la volonté de faire des choses qui m'animent au jour le jour. Et j'ai la chance de faire un métier qui me plaît, qui m'anime au jour le jour, et j'espère pouvoir le faire longtemps. Et donc, avoir vraiment cette volonté de toujours continuer de m'amuser dans ce que je fais.

  • Xavier

    En fait, il y a un film qui m'avait marqué quand j'étais jeune, parce que ça fait 55 ans que je suis surfeur, et qui était The Endless Summer. Et en fait, ça veut dire l'été éternel. Et en fait, c'est des surfers qui tournent à travers le monde avec leurs planches, mais qui sont toujours sur la partie été du pays où ils se trouvent. Donc, ils sont tout le temps dans la saison d'été, ou printemps en fait. et en fait moi j'ai trouvé que c'était C'était une façon de vivre qui montrait de façon positive. C'est-à-dire qu'en fait, moi, je pense que la vie, c'est toujours être projeté vers l'avenir, que le passé, bon, il existe, mais c'est derrière nous, que c'est important, c'est la journée de demain, c'est demain. Et qu'en même temps, il y a des tas de choses à vivre. Bon, il y a le travail, il y a la famille, mais il y a aussi les loisirs, il y a les engagements autres. Et que finalement, la vie, c'est vivre des aventures diverses, différentes. dans des domaines différents et dans des endroits différents.

  • Salomé

    Quelle a été la chose la plus inattendue que vous ayez faite dans vos carrières ? Un moment décisif ou un moment fort ?

  • Xavier

    Moi, je vais parler d'une expérience où j'étais jeune, j'avais 27 ou 28 ans. J'étais chargé de négocier le Futuroscope de Poitiers. C'est pour ça que je vais parler de cette expérience, parce qu'elle était assez amusante. En fait, je fais l'étude de prix du projet. Je me rappelle très bien des chiffres, c'était des chiffres pratiquement à l'euro près. À l'époque, on était en France, donc le premier projet qui était la boule avec la verrière. J'avais fait une étude et j'arrivais à 21 millions à peu près de coûts travaux. Et je suis convoqué par la direction de la SAE. À l'époque, c'était Pierre Bentata qui était le patron de la SAE en France. Donc Pierre Bentata m'appelle dans son bureau, il me dit... Je lui présente le projet et il me dit "Xavier qu'est-ce que vous en pensez ?" Je lui dis "écoutez, à ce prix-là on n'aura pas l'affaire, parce que le budget du client est à 13,5 millions, et la PME locale je pense qu'elle sera entre 17 et 18". Et il me dit "Mais qu'est-ce qu'il faut faire alors ?" Je lui dis "Moi je vous conseille de vous mettre à 13,5 millions." Et il me dit "pourquoi ?" Je lui dis "parce que moi j'ai bien regardé le projet, je pense que le projet ne fonctionne pas, donc 13,5 millions ça va permettre de lancer le chantier. Et ce chantier, il va... Il va s'arrêter de lui-même parce qu'en fait ça ne fonctionne pas. Donc on va casser les fondations, on va refaire autre chose, j'en suis quasiment persuadé". Et en fait ça l'a amusé, il m'a dit "ok vous répondez à 13,5 millions." Donc on a bien répondu à 13,5 millions. Le concurrent local était à 17,18 millions. Et on a été titulaire, on a ouvert le chantier, on a fait les fondations. Et à la fin des fondations il est arrivé ce que j'avais prévu, c'est-à-dire qu'on a refait le projet. Ce projet, en fait, il a permis de... D'abord, on a renégocié complètement le projet. Et puis, du coup, mais surtout, en fait, je crois... Alors, je n'étais plus à la SAE, mais je crois qu'ils ont eu en gré à gré entre 500 et 600 millions de travaux derrière pour réaliser le parc. Donc, on voit bien qu'avec un regard différent sur un projet, parce qu'en fait, c'est ma culture d'architecte qui m'a fait comprendre tout de suite que ça ne marchait pas. Et donc, avec ce regard-là... Et puis la confiance d'un patron, on peut arriver à des choses incroyables. Et donc ça m'a montré que la vérité d'un jour n'était pas forcément la vérité du lendemain.

  • Guillaume

    Moi, c'est le premier projet sur lequel j'ai travaillé en autonomie complète chez Bouygues. C'est un projet où on avait dit, on va répondre en faisant juste une estimation. Donc l'estimation, c'était moi qui la faisais. Et on avait répondu, on avait gagné. Et moi, très confiant de mon estimation, du coup. Et en fait, on reçoit l'étude de prix du coup, de la direction d'ingénierie chez Bouygues. Et là, je me rends compte qu'on perd des millions. Et là, j'avoue, intérieurement, je me dis, qu'est-ce que je fais ?

  • Xavier

    Tu as eu l'angoisse.

  • Guillaume

    Ah là, j'ai passé des très mauvaises nuits. Mais pendant un mois, je ne l'ai pas dit. C'est peut-être une erreur, d'ailleurs, avec du recul. Mais du coup, j'ai passé des nuits, j'ai passé mes journées. Mais ça m'a appris une chose, c'est qu'en fait, dans ce métier-là... Les projets sont tellement complexes, en fait, et quand on regarde les études de prix, je pense qu'il y a plus de 100 000 lignes avec des prix. Et en fait, on est capable, en gardant l'âme d'un projet, d'avoir deux prix totalement différents. Et du coup, vraiment, en se retroussant les manches, on a trouvé plein d'idées et on a réussi à faire en sorte de conserver vraiment l'âme du projet, l'engagement du client, la volonté du client, et retrouver le prix qui était notre engagement initial. Donc ça m'a vraiment appris à quel point c'est un métier hyper riche et c'est un métier dans lequel il y a plein de solutions et plein de chemins. Et qu'on peut réussir à trouver un chemin qui permet de revenir à un prix qui était bien déconnant.

  • Xavier

    C'est intéressant ce que tu viens de dire parce que moi il m'est arrivé il y a à peu près dix ans, à peu près la même aventure. C'est-à-dire que j'avais monté une opération d'immeubles de logement et bureaux, un mixte, et l'entreprise avait chiffré sur... APS l'opération, donc on avait développé le PC et au moment de... puis l'APD pendant la phase administrative et puis jusqu'à ce que les conditions suspensives d'achat du terrain, puisque c'était un montage qu'on faisait, soient bouclées. Et le jour où on obtient tout, je dois aller signer le lendemain matin l'achat du terrain et la vente de l'opération à un investisseur. Et je vois à 19h le directeur des études de l'entreprise... qui rentre dans mon bureau, qui me dépose un dossier de 1000 pages, il me dit c'est l'étude du projet en question. Donc j'ouvre le dossier, je m'aperçois qu'en fait, il m'annonce quasiment 40% de perte. Donc là je me dis, est-ce que je vais négocier le projet demain ? Donc je reprends tout le projet, et je me dis, mais c'est pas possible, on peut pas être à ce prix-là. Donc le lendemain matin, je vais signer, en n'ayant pas de contre-étude en fait. Je reviens, je vais voir mon président, je lui dis, j'ai une bonne et une mauvaise nouvelle. Je lui dis, la bonne c'est qu'on a signé le contrat ce matin, la mauvaise c'est que c'est pas ton entreprise qui va la réaliser. Et donc je vais faire l'opération en pilotant moi-même tous les travaux et en faisant l'opération. Donc en fait j'ai repiloté en lots séparés toute l'opération et finalement c'est une opération qui a dégagé plus de 15% de résultats nets en mettant le gros œuvre à une entreprise du groupe. Donc ça montre qu'il peut y avoir des différences de résultats. Alors on se demande pourquoi il y avait un tel écart.

  • Salomé

    Qui est-ce que vous aimeriez entendre sur le podcast ?

  • Guillaume

    Moi, j'aimerais bien entendre l'un des fondateurs de Iroko. C'est une nouvelle SCPI qui a été créée, je crois, il y a deux ou trois ans, qui marche du feu de Dieu. Je trouve ça hyper intéressant, parce qu'au final, ils se sont quand même lancés dans un contexte qui était loin d'être favorable. Ils en font pour l'instant une vraie réussite. Je trouverais ça hyper intéressant de comprendre un peu leur parcours, pourquoi ils ont décidé de se lancer là-dedans. Le président fondateur s'appelle Gauthier Delabrousse. Donc voilà, ça serait lui.

  • Xavier

    Moi, je trouve qu'il y a une... Il y a une agence d'archi, en fait, c'est l'agence Patriarche, qui a été fondée par, pas été fondée, mais qui a été développée par Jean-Loup Patriarche, et aujourd'hui qui est reprise, en fait, même si Jean-Loup est toujours là, par Damien. Moi, je trouve que c'est intéressant d'avoir ce regard de gens qui ne sont finalement pas très connus, qui ont une des agences, peut-être la première agence, ou la deuxième agence en France en matière d'architecture et d'ingénierie. qui ont une forme de modestie. Moi, j'ai travaillé avec eux. Il y a toujours une forme de modestie dans leur travail, avec leurs clients. Et finalement, je trouve que c'est intéressant d'en savoir plus sur la façon dont ils raisonnent, quelles sont leurs valeurs, quelles sont leurs façons de voir le métier. Et la dernière question, où est-ce qu'on peut vous suivre ou vous retrouver ?

  • Guillaume

    Pour nous suivre pour l'instant, moi de mon côté, En'tropie sera sur LinkedIn principalement. On commence à communiquer avec ce nom-là.

  • Xavier

    On ne m'a jamais suivi, donc ce n'est pas aujourd'hui que j'ai commencé.

  • Salomé

    Merci beaucoup à tous les deux. C'est de vraiment pédir.

  • Guillaume

    Merci Salomé.

  • Xavier

    Merci.

  • Salomé

    Allez, c'est la fin de cet épisode. Je remercie encore une fois Xavier et Guillaume qui ont accepté de se prêter à cet exercice et de nous partager leur histoire. Je vous remercie mille fois de nous avoir écoutés jusqu'au bout. Si vous voulez me poser des questions, me faire vos retours ou me proposer de nouveaux invités, je vous attends sur LinkedIn, mais aussi sur Instagram, où je vous livre les coulisses du podcast. Enfin, je remercie chaleureusement Bouygues Construction, qui soutient le podcast et sans qui il n'existerait pas. J'espère que cet épisode vous a plu. N'hésitez pas à me laisser des étoiles et des commentaires sur Spotify et Apple Podcast, ça m'aide beaucoup. On se retrouve dans 15 jours pour un nouvel épisode d'Officieux, le podcast qui vous livre les confidences de ceux qui font l'immobilier d'entreprise.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • 🔗 Parcours croisés : 2 parcours différents, animés par une passion commune

    01:40

  • 🏡 L'influence de l'environnement familial : liberté, inspiration et héritage

    06:13

  • 👥 Transmission père-fils : Autonomie et choix assumés

    13:05

  • 🧭 Une valeur boussole : l'éthique comme moteur d'innovation et de confiance

    22:42

  • 🎙️ Les questions signatures du podcast

    30:13

  • Conclusion

    40:15

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